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( Aquaculture+ PRODUITS DE LA MER N°140 AOûT-SEPTEMBRE 2013  41 TRANSFORMER AQUACULTURE L’âGE DE RAISON ABSTRACT ❘  AQUACULTURE Several organisations already introduced internationally agreed certification programmes for aquaculture products, based on directives from the FAO. Today they are attempting to share their efforts. The ’memorandum of understanding’ requires the organisations to work together in order to achieve more efficient audits. The farm fish boom According to FAO figures, the 2010 world farmed fish production for human consumption stands at 59.9 million tonnes compared with 32.4 million tonnes in 2000. This represents a twelve fold increase over the past three decades (1980-2010). The largest increases are in marine carnivorous fish. The key question of feed Fish farming is, from far, the main, if not exclusive, market for fish meals and fish oil many. Fish feed suppliers are constantly looking for ways to reduce the economic and ecological cost of this activity. And, even if proteins derived from vegetable sources should remain a big ingredient base of this feed, transformed protein from both pigs and chickens offer some alternative to fish oils and meals. Sommaire ^ Certifier pour rassurer Boom piscicole Les protéines marines ^ L’avenir selon l’Inra ^ La question clé de l’aliment ^ Savez-vous traiter les poux… Le compte est bon Dossier : Dominique GUILLOT DR B.V. L.F. L.F. Can you deal wih lice ? Sea lice are natural marine parasites which can sometimes multiply on farmed salmon. Salmon farmers use several means to fight and solve the problem such as good methods of rearing their fish, the exclusive use of natural additives in the feed, letting some breeding areas remain fallow. Medecine can also look as a solution. One, very effective but very controversial, the Diflubenzuron, has to be used within very restrictive guide lines.

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( Aquaculture+

PRODUITS DE LA MER n°140 Août-septembre 2013 ❘ 41 ❘

TRANSFORMER

AqUAcULTURE l’âge de rAison

AbstrAct ❘  AQUACULTUREseveral organisations already introduced internationally agreed certification programmes for aquaculture products, based on directives from the FAo. today they are attempting to share their efforts. the ’memorandum of understanding’ requires the organisations to work together in order to achieve more efficient audits.

The farm fish boom

According to FAO figures, the 2010 world farmed fish production for human consumption stands at 59.9 million tonnes compared with 32.4 million tonnes in 2000. This represents a twelve fold increase over the past three decades (1980-2010). The largest increases are in marine carnivorous fish.

The key question of feed

Fish farming is, from far, the main, if not exclusive, market for fish meals and fish oil many. Fish feed suppliers are constantly looking for ways to reduce the economic and ecological cost of this activity. And, even if proteins derived from vegetable sources should remain a big ingredient base of this feed, transformed protein from both pigs and chickens offer some alternative to fish oils and meals.

sommaire^ Certifier pour rassurer

Boom piscicole Les protéines marines

^ L’avenir selon l’Inra

^ La question clé de l’aliment

^ Savez-vous traiter les poux…Le compte est bon

Dossier : Dominique GUILLOTDR

B.V.

L.F.

L.F.

Can you deal wih lice ?

Sea lice are natural marine parasites which can sometimes multiply on farmed salmon. Salmon farmers use several means to fight and solve the problem such as good methods of rearing their fish, the exclusive use of natural additives in the feed, letting some breeding areas remain fallow. Medecine can also look as a solution. One, very effective but very controversial, the Diflubenzuron, has to be used within very restrictive guide lines.

Creating tasteful solutionCreating tasteful solution

Seafood from the clear and cold fjords of NorwayHallvard Lerøy, c´est depuis 1899, la certitude de trouver la solution adaptée à vos besoins qui vous garantit qualité et sécurité alimentaire.Saumon de Norvège et d´Ecosse, Saumon Label Rouge, Truite des Fjords, Omble Chevalier, Cabillaud, Hareng... Une large gamme qui fait la renommée d’un des pionniers de l’élevage de poisson.

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L’exploitation des richesses halieutiques suscite de nombreux débats d’un point de vue de la durabilité. L’aquaculture, un temps imaginée comme une bonne réponse à l’équation consommation-exploitation, se heurte aux problèmes de rejets, de gestion sanitaire ou d’exploitation des ressources en protéines.

Depuis les années 1970, sommets et traités internatio-naux relatifs à l’environnement émettent une série de direc-tives en faveur d’approches écosystémiques ou intégrées : sommet de Johannesburg en 2002, réforme de la Politique commune de la pêche, lois Grenelle 1 et 2, directive-cadre stratégie pour le milieu marin (DCSMM), qui tend à mainte-nir le bon état écologique du milieu marin en 2020.

Dans cet esprit, la filière aquacole dans son ensemble, fournisseurs d’aliments, écloseurs, éleveurs, transfor-mateurs, distributeurs…, met en avant des certifications basées sur l’aquaculture raisonnée. Son principe s’appuie sur l’amélioration continue des pratiques d’élevage. Global Aquaculture Alliance (GAA) est la principale organisation internationale dédiée à une aquaculture responsable, tant du point de vue de l’environnement que de l’aspect social. Créée en 1997, il s’agit d’une ONG à but non lucratif. Ses principes ? Une collaboration avec les autorités nationales, régionales et locales afin d’élaborer et de mettre en œuvre des politiques, des règlements et procédures efficaces et, surtout, durables. La promotion d’une crevetticulture tro-

plusieurs organismes ont lancé des programmes de certification de l’aquaculture à l’échelle internationale, basés sur les directives de la FAo. ils tentent aujourd’hui de mutualiser leurs efforts.

CertiFier pour RASSURER

protéines mArines : une norme proFessionnelle

L’Iffo RS est un programme de certification sur

l’approvisionnement en farine et huile de poisson créé par le lobby des produc-teurs et transformateurs de protéines marines. La norme assure que l’approvisionnement et la transformation sont effectués de manière responsable : produits de pêche provenant d’exploitations qui respectent les principes clés du code de conduite de la FAO ; traçabilité remontant jusqu’aux pêcheries qui se conforment à cette norme ; production incluant de bonnes pratiques en termes de sécurité, d’innocuité et de traçabilité. Une centaine d’usines dans le monde sont certifiées Iffo RS.

Selon la FAO, en 2010, la production mondiale de poisson d’élevage destiné à la consomma-

tion s’est chiffrée à 59,9 millions de tonnes contre 32,4 millions de tonnes en 2000. Au cours des trois dernières décennies (1980-2010), l’offre a été multipliée par douze. La production de l’aquacul-ture en eau de mer (18,3 millions de tonnes) se compose de mollusques marins (75,4 %), de poissons (18,7 %), de crustacés marins (3,8 %) et autres animaux aquatiques (2,1 %).

La part des mollusques a diminué, reflétant le développement de la pisciculture marine dont le taux de croissance annuel moyen est de 9,3 % entre 1990 et 2010. La production de salmonidés, en particulier le saumon de l’Atlantique, est passée de 299 000 t à 1,9 million de t. Les autres espèces de poissons ont aussi connu un essor rapide : 278 000 t en 1990 et 1,5 million de t en 2010. Il s’agit principalement de sériole, dorade, bar, mérou, ombrine, mulet, turbot et autres poissons plats.

BOOM pisCiCole

Petites sérioles (S.lalandi) en bassin de prégrossissement.

L’ASc a retenu des référentiels pour l’ormeau, les bivalves, la truite d’eau douce, le panga, le tilapia et le saumon. Vont suivre, cette année, les crevettes, la sériole et le cobia.

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B.V

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picale dans des sites adaptés sans destruction de man-groves, est l’un des fers de lance de la démarche GAA. Les systèmes d’élevage doivent également intégrer la préser-vation des ressources en eau. Les adhérents s’engagent par ailleurs à optimiser la consommation d’aliments et à faire « un usage judicieux des agents thérapeutiques » tout en prenant les mesures nécessaires pour éviter les épidémies. Il s’agit aussi de coopérer avec le monde de la recherche et de profiter aux économies locales, en particulier la pêche artisanale.

Le travail de GAA s’articule autour de plusieurs axes. Le Best practices aquaculture certification (BAP) est au cœur de son action. Des comités techniques définissent les normes de sécurité alimentaire et les référents techniques des fermes. GAA organise chaque année une grande conférence, événement stratégique qui réunit les princi-paux acheteurs, producteurs et fournisseurs. Le prochain forum se déroulera à Paris au mois d’oc-tobre, sur le thème : Comment s’assurer que les millions supplémentaires de tonnes de produits de la mer nécessaires pour nourrir le monde, seront produites de manière responsable ? Il met-tra notamment l’accent sur les possibilités d’ac-croître la production en Afrique. La dernière approche du GAA consiste à procurer une information et une documen-tation pertinentes à toute personne ou structure intéres-sée par cette démarche. Principalement centré à l’origine sur l’élevage de crevettes, le GAA compte aujourd’hui plus de 1 100 adhérents de tous les secteurs : pangasius, sau-mon, tilapia… Près de 750 000 t de produits sont certifiées BAP à travers le monde et commercialisées en Europe par Delhaize, Aldi, Metro, Tesco, Waitrose…

Fondé la même année, mais pour l’univers de l’agricul-ture, GlobalGap est un autre organisme du secteur privé qui définit des référentiels sur la base du volontariat pour la certification des produits. En 2005, cette approche ini-

tiée par des distributeurs britanniques a inclus l’aquacul-ture. GlobalGap se présente comme un manuel fonction-nel pour la bonne pratique agricole (Gap). La certification couvre le processus depuis les intrants (aliments, ale-vins) jusqu’au moment où le produit quitte l’exploitation. La certification comprend des contrôles annuels et des contrôles inopinés d’organismes indépendants. Une com-posante importante de l’approche GlobalGap est la certifi-cation de la chaîne d’approvisionnement. Elle impose aux transformateurs des exigences spécifiques pour la mani-pulation et la séparation des produits certifiés et non cer-tifiés. Chaque produit dispose d’un code, et un site inter-net permet aux consommateurs de suivre l’historique des crustacés, coquillages et poissons certifiés.

Né en 2010, l’Aquaculture Stewardship Council (ASC) émane du World Wide Fund for Nature (WWF) et de l’Ini-

tiative pour le commerce durable (IDH). L’ASC suit les mêmes objectifs de développement durable. Une série de huit tables rondes organisées dans le monde entier ont permis de définir comment élever de manière responsable douze types de poissons et de produits de la mer : saumon, cre-vette, tilapia, truite, pangasius, ormeau, moule,

palourde, huître, pétoncle, cobia et seriola. En avril 2012, l’ASC a lancé le premier logo destiné aux consomma-teurs. Depuis l’été 2012, il est visible sur tilapia et panga-sius dans les supermarchés au Canada, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Autriche, Suisse, France, Suède et Danemark.

Enfin, Friend of the sea, fondée par Paolo Bray, directeur européen du programme de sauvetage des dauphins de l’Earth Island Institute, développe aussi des programmes de certification internationaux d’aquaculture durable. Les produits certifiés incluent la plupart des espèces commer-cialisées ainsi que la farine et l’huile de poisson intégrées dans l’aliment pour poissons. Les critères de Friend of the sea découlent directement des directives de la FAO. n

Confusion des

messages

Le vocabulaire du marketing noie le poisson. quelle différence faire entre aquaculture durable, responsable ou raisonnée ?

trAvAiller de ConCert

Conscients de leur posi-tionnement identique

sur l’aquaculture durable, GAA, ASC et GlobalGap ont signé un accord en avril afin d’unir leurs efforts. Le memo-randum of understanding (mémorandum d’entente) engage les organisations de normalisation à travailler ensemble pour accroître leur efficacité dans les audits. Les trois programmes de certification partagent désor-mais des éléments communs, mais continuent à fonction-ner séparément. L’objectif de ce protocole est de rendre la certification plus accessible. Les trois organismes se sont engagés à se réunir régu-lièrement pour explorer les pistes de simplification de leurs processus : réduction des doublons, plateformes informatiques communes, de même que la formation d’auditeurs ou la gestion des réclamations de produits certifiés.

L.F.

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pisCiCulteur DEMAIn

Depuis 2007, l’Inra a impulsé la création de plusieurs groupements d’intérêt scienti-

fique (GIS). « Notre groupement, baptisé Pis-ciculteur demain, détaille Marc Vandeputte, coordinateur des recherches piscicoles à l’Inra, réunit l’interprofession avec le Cipa, la FFA, le Syssaf et l’Itavi avec, côté recherche, l’Inra, l’Ifremer, l’IRD, le Cirad et Agrocampus ouest. Il s’agit d’améliorer le lien entre la recherche et la profession, de construire ensemble des actions partagées pour aider le développe-ment de la filière. Nous en sommes au début, mais trois axes se dégagent : les aliments de demain, la gestion sanitaire et la prise en compte de l’environnement. »Principale espèce élevée en France, la truite représente un intérêt majeur. Mais le groupe-ment s’intéresse aussi aux poissons marins (bar, dorade, turbot…) et même au saumon.

Est-il possible de remplacer les matières premières d’origine marine dans les aliments aquacoles ?Tout dépend des matières premières auto-risées par les autorités. L’Europe auto-rise, depuis le 1er juin 2013, les produits issus d’animaux non ruminants pour les poissons. Cela a créé une polémique. La Fédération européenne de l’aquaculture estime que cela apportera de la flexibi-lité dans les formulations, en termes nutri-tionnels et économiques. Le Cipa (Comité interprofessionnel des produits de l’aqua-culture), en France, a choisi de ne pas en réintroduire dans l’immédiat.La piste des végétaux reste néanmoins la plus accompagnée par l’Europe à travers le soutien de nombreux programmes. Le laboratoire de nutrition aquacole de l’Inra est leader sur Arraina (Advanced Research Initiatives for Nutrition & Aquaculture), qui vise à remplacer le plus possible farine et huile de poisson pour les saumons, truites,

carpes, bars et dorades. L’objectif est de travailler sur l’ensemble du cycle, depuis la larve et pas seulement en grossissement.

De quel ordre peuvent être ces végé-taux et dans quelle proportion ?Au stade de la recherche, il est possible de nourrir la truite essentiellement avec des végétaux. Les farines de poisson sont des matières premières très complexes. Elles apportent des protéines, un profil en acides aminés idéal ainsi que des oméga 3. Pour être complets, nous proposons des mélanges de substitution (gluten de maïs et de blé, soja…) combinés avec des farines moins onéreuses et moins protéinées (blé, lupin, colza…). Ces mélanges permettent aussi de lutter contre les facteurs anti-nutritionnels qui limitent l’appétit des pois-sons ou gênent la digestibilité. Ces fac-teurs empêchent la substitution totale au stade d’un véritable élevage. Nous rempla-çons les huiles par de l’huile de lin, riche en acides gras essentiels. Parallèlement, nous pratiquons la sélection génétique, en triant les familles de poissons qui réagissent le mieux à une alimentation végétale. Nous en sommes à la seconde génération.

Existe-t-il d’autres sources de substi-tution ?Oui, comme les algues, mais nous sommes encore limités par la production. Les macro-algues sont disponibles, mais il est très coû-teux d’extraire les protéines. Quant aux microalgues, nous devons pouvoir en pro-duire de grandes quantités et trouver des procédés techniques de transformation plus performants. Nous en sommes au démarrage. On peut aussi citer l’utilisation de larves d’insectes. n

les recherches appliquées sur la truite concernent surtout l’alimentation et la sélection génétique.

B.V

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TROIS qUESTIOnS à :

« on peut nourrir la truite en grande partie avec des végétaux »

Françoise Médale, chef adjointe du département physiologie animale et système d’élevage (inra).

C’est testé !

De 47 % à 12 % d’incorporation de farine de poisson dans

l’alimentation de la truite arc-en-ciel, les rendements de filetage restent inchangés. Au niveau de l’analyse sensorielle, les critères d’odeur, d’aspect, de texture et de saveur sont identiques. Quant à la couleur des truites nourries avec des protéines végétales, elle est jugée plus intense. Le fait est confirmé par l’analyse de la coloration des filets.

DR

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Longtemps incontournables dans l’alimentation de pois-sons carnivores, les farines issues de la pêche minotière sont limitées mais très demandées. Depuis 2000, les cours mondiaux de ces farines de poisson ont quintuplé. Quant à l’huile de poisson extraite lors de la fabrication des farines, ses prix ont été multipliés par sept sur la même période. Il y a 15 ans, les farines et huiles de poisson représentaient 70 à 80 % de la ration des poissons élevés en Europe. Aujourd’hui, grâce à des programmes comme Aquamax, Vegeaqua, Rafoa, Arraina, il est pos-sible de formuler des aliments pour salmoni-dés avec moins de 10 % de matières premières marines. Plus difficiles à substituer dans l’aliment des bars, dorades et turbots, les ingrédients marins ont vu néanmoins leur part diminuer. En Asie, l’utilisation de farines de volailles et de porcs dans l’aliment crevette est un substitut courant aux protéines marines.

« Avec 100 kg de poisson fourrage, on fait 20 kg de farine et 5 d’huile, rappelle Yann Marchand, qui travaille à la for-mulation des aliments chez Le Gouessant. Les recherches se sont donc d’abord concentrées sur l’huile, très utilisée avec les salmonidés. Il y a eu des essais sur le lin, riche en oméga 3, le soja, le colza… Une autre piste passe par la valorisation des coproduits de l’alimentation humaine. Tête,

viscère, peau, transformés rapidement après le filetage, offrent une matière intéressante. »

Les fabricants d’aliments explorent depuis longtemps toutes les formulations possibles pour satisfaire les besoins nutritionnels des poissons. « Nous engageons de grands efforts dans la recherche et l’expérimentation : végétaux, protéines d’animaux terrestres… si cette dernière voie n’est pas populaire en France, cela ne pose pas de problèmes ail-

leurs, rappelle Henrik Aarestrup, directeur marke-ting chez BioMar. Chaque année, nous testons des centaines de recettes. Il y a 20 ans, nos formulations comprenaient 4 ou 5 ingrédients. Aujourd’hui, nous en avons plus d’une quinzaine. »

Dans ce cadre, malgré la grande prudence des profes-sionnels et le fait établi que l’alimentation d’origine végé-tale devra rester primordiale, les compléments d’origine animale représentent un moyen d’améliorer les rations, en limitant les recours aux matières d’origine marine. L’interdiction des produits issus de porc et de volaille dans l’alimentation des poissons d’élevage est désormais levée, l’Europe considérant que les conditions de production et la méthode de détection de produits bovins garantissent la sécurité de la chaîne alimentaire. Les produits de rumi-nants restent toutefois interdits. n

lA question Clé de l’ALIMEnTl’aquaculture consomme l’essentiel des farines et huiles de poisson. les fabricants d’aliment explorent de nombreuses pistes pour réduire la facture économique et écologique.

le règne végétal

de lA lotte Au menu ?

En Bretagne sud, le volume de coproduits

du mareyage est estimé à 15 000 tonnes. Mais le gisement pourrait être encore plus important avec l’obligation de débarquer les rejets de la pêche. Tête, peau, arête centrale, queue, issues des ateliers de marée sont de plus en plus recher-chées par les transformateurs de coproduits tels que Bioceval ou Copalis.Le projet Pesk and co, labellisé par le pôle Mer Bre-tagne, associe des industriels (Meralliance, Glon, Diana) des laboratoires (Lemar, Yslab, AB Activ) et ID Mer. Il consiste à extraire, à partir de coproduits, des ingrédients actifs pour les cosmétiques, les nutraceutiques et l’alimentation humaine ou animale. Au niveau mondial, la part des farines de poisson produites à partir des coproduits de l’industrie halieutique et de l’aquacul-ture reste inférieure à 30 %.

Poisson carnivore à l’état sauvage, le saumon d’élevage est végétarien à 75 %.

Coproduit de lotte pour poisson d’élevage noble !

L.F.

Thie

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Les poux de mer sont des parasites d’origine naturelle qui peuvent proliférer sur les saumons d’élevage. Ils ne sont pas nocifs pour l’homme, mais une trop forte abon-dance peut influer sur la santé et la survie des poissons. L’échappement de saumons en cage, porteurs de poux, risque également de contaminer les salmonidés sauvages.

Parfois très actif, le petit crustacé parasite est difficile à combattre. Les éleveurs utilisent plusieurs méthodes : bonnes pratiques d’élevage, additifs alimentaires naturel, site en jachère ou médicaments. « Tous doivent être approu-

vés par l’Agence européenne des médicaments (EMEA), signale

Øyvind Oaland, directeur de la recherche et du déve-loppement chez Marine Harvest. Le Diflubenzuron, notamment, appartient à une classe de produits appe-lés inhibiteurs de chitine, approuvés par l’EMEA. »

Les prescriptions sont signées par des vétérinaires agréés et contrôlées par les autorités, qui fixent des délais d’at-tente avant récolte. Antiparasitaire très actif et donc très contesté, le Diflubenzuron doit suivre un protocole d’usage précis. L’élimination de résidus dans la chair du poisson nécessite un délai de 100 jours entre l’administra-tion et la commercialisation.

Tous les centres de recherche aquacole des pays produc-teurs de saumon travaillent sur l’efficacité des traitements médicamenteux à base de Flubenzuron et sur leurs impacts dans l’écosystème marin. D’autant plus activement que des phénomènes de résistance aux traitements antipa-rasitaires apparaissent. De son côté, la Fédération norvé-gienne des produits de la mer (FHL) incite ses adhérents salmoniculteurs à pratiquer la comptabilisation réglemen-taire des poux dans chaque localité et à tenir un registre sanitaire précisant le type d’antiparasite utilisé et les résis-tances enregistrées.

Pour limiter l’emploi des médicaments, les salmoni-culteurs norvégiens élèvent des poissons nettoyeurs. « Le napoléon, que nous élevons, vit avec le saumon et mange les poux. Nous avons aussi plusieurs projets de recherche sur l’épouillage mécanique, le traitement optique, les additifs dans l’alimentation animale… », conclut Øyvind Oaland. n

pour limiter le traitement chimique contre les poux de mer, la lutte intégrée avec des poissons nettoyeurs est l’une des solutions possibles.

sAvez-vous trAiter les POUx…

le Compte est bon

Les comptages fréquents de poux permettent de vérifier que leur niveau reste bas. Non blessés, les saumons peuvent croître sans problème. Lorsque la prolifération s’emballe, notamment l’été, avec la montée de la température de l’eau, des lésions apparaissent sur la peau, les croissances sont moindres et des mortalités peuvent apparaître sur les jeunes saumons.Écologique, la lutte intégrée avec des poissons nettoyeurs est efficace pour maintenir la population de poux au niveau bas. Certaines espèces de vieilles et de lompes peuvent croquer des centaines de poux par jour. Pas de traitements chimiques dont la toxicité sur la faune et la flore marines est indéniable, pas de résidus et donc pas de délai avant abattage, l’éleveur à tout intérêt à développer cette technique de lutte biologique. Et son coût devrait baisser avec le développement d’écloseries spécialisées. (L.F.)

Écloserie de poissons nettoyeurs : ici des lompes. Différentes espèces de vieilles, dont le napoléon, sont aussi élevées à cette fin. Marine Harvest est l’un des actionnaires principaux de cette écloserie, avec nova Sea.

Saumon sauvage touché par des poux.

Lio

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L.F.