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Dossier DOSSIER [ [ [ NRP Février 2015, n°25 NRP Juin 2018, n°42 [ CULTURE/MEDIAS « VILLES NOUVELLES EN ALGERIE : POUR LE MEILLEUR ET POUR LE PIRE ! » Mémoire Droit Economie Le bradage des terres agricoles menace la nourriture des générations futures Don croisé, registre de refus : ce que prévoit le projet de loi sur la santé pour les dons d’organes Journée internationale du vivre ensemble en paix Ouargla: l’antique ville de Sedrata menacée par des extensions dans ses alentours Hassane Saadoun Soumia L

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DossierDOSSIER

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NRP Février 2015, n°25NRP Juin 2018, n°42

[

CULTURE/MEDIAS

« VILLES NOUVELLES EN ALGERIE : POUR LEMEILLEUR ET POUR LE PIRE ! »

MĂ©moire

Droit

EconomieLe bradage des terres agricoles menace

la nourriture des générations futures

Don croisé, registre de refus :

ce que prévoit le projet de loi sur la santé pour les dons d’organes

Journée internationale du vivre ensemble en paix

Ouargla: l’antique ville de Sedrata menacée par

des extensions dans ses alentours

Hassane Saadoun

Soumia L

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Sommaire

La NRP est la nouvelle formule de la « Revue de presse », créée en 1956 par le centre des Glycines d’Alger.

[Attestation du ministère de l’information: A1 23, 7 février 1977]

Revue bimensuelle réalisée en collaboration avec le :

Ont collaboré à ce numéroRyad CHIKHI, Bernard JANICOT, Leila TENNCI, Ghalem DOUAR, Omar AOUAB

Halima SOUSSI, Sid Ahmed ABED, Amine BAGHDADI, Laid Nasro OUENZAR, Sofiane BELKACEM

CENTRE DE DOCUMENTATION ECONOMIQUE ET SOCIALE

3, rue Kadiri Sid Ahmed, Oran • Tel: +213 41 40 85 83 •Site web: www.cdesoran.org / Facebook : Cdes Oran

Droit

Don croisé, registre de refus : ce que prévoit le projet deloi sur la santé pour les dons d’organes,Hassane Saadoun .12

Projet de loi sur la santé : recul sur l’avortement et l’aideaux migrants, Achira Mammeri, Achira Mammeri, P.13

Culture/MĂ©dias

Journée internationale du vivre ensemble en paix,Soumia L,P.14

La musique et la gastronomie algériennes à l'honneur à NewYork,P.15

Bedoui procède à la mise en service officielle du tramway deSétif,P.15

Dècès de Marcel Bois, le traducteur de Benhaddougua, Ouettaret Laaredj,P15

MĂ©moire

« UNCOMMON ALGER », un nouveau regard sur la villeantique,P.16

Ouargla: l’antique ville de Sedrata menacée par des exten-sions dans ses alentours,P.16

Bibliographie

Dossier

« VILLES NOUVELLES EN ALGERIE : POUR LE MEILLEURET POUR LE PIRE ! »

Maniers d’habiter et pratiques habitantes, les grands ebsemblescomme cadre de vie , Djounid HADJIDJ, p.4-5

CHAMBOULEMENT DE L’ESPACE HABITE,Amar Naït Messaoud p.5-6

Villes nouvelles :Des lieux de vie... sans vie,Nassima Oulebsir, p.6-7

Ali Dilem,p.7

L’Algérie malade de son urbanisme : Des milliers de bâtimentsnon- conformes aux règles,Nordine Grim, P.7

DEUX MEURTRES ENREGISTRÉS EN UNE SEMAINE À ORANSidi El-Bachir rythmé par la violence,A. Ayoub/S. Ould Ali, p.8

SOIRÉES ESTIVALES À ORAN Le quartier Akid-Lotfi pris d’assaut,LOUKIL D, P.8

Tafilalet : première ville écologique dans le désert algérien,Djamila OuldKhettab, P.9

[email protected]

N° 42, Juin 2018

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NRP, Juin 2018, n°42

Economie

Contribution : Le bradage des terres agricoles menace lanourriture des générations futures, P.10

2018 : près de 300 millions de dollars pour des nouvelles villes quin’ont toujours pas vu le jour, P.11

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Editorial

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NRP, Juin 2018, n°42

Bernard JANICOT

Un grand quotidien oranais titrait, au moment où se bouclaitce dossier : « Nouvelles villes : dossier ouvert », pour préciser en page intérieure qu’un conseilinterministériel allait s’emparer du sujet, avec parmi les sujets à débattre « les enveloppesbudgétaires pour les travaux d’aménagement, et la levée des entraves persistantes. » Ce n’est ni lepremier, ni probablement le dernier !

Comme beaucoup d’autres pays, l’Algérie s’est trouvée dès les années 1970 face à une pénurie delogements. Si elle « hérita » d’un parc de logements vides important après le départ massif deseuropéens en 1962, la situation devint vite préoccupante.

Une croissance démographique forte aux lendemains de l’indépendance, un exode rural important,encouragé par une industrialisation rapide du pays, un changement d’habitude sociale, les jeunescouples aspirant de plus en plus à habiter en dehors de la maison familiale… tout cela contribua àcreuser rapidement le déficit de logements dans les villes.

Il fallait construire beaucoup, et vite. L’argent perçu de la rente pétrolière étant au rendez-vous,des chantiers de construction de logements plus ou moins sociaux furent lancés sur tout le territoire.Pas une ville, même de moindre importante, n’y échappa.

La politique d’éradication de l’habitat précaire, de résorption des « bidonvilles », de destructionsdes quartiers les plus insalubres ou dangereux, fut menée pendant toutes les dernières décennies.

Quantitativement, le résultat est là : des millions de personnes ont été relogées, des centaines demilliers de familles bénéficient d’un habitat plus confortable.

Qualitativement, de nombreuses questions se posent… Et c’est l’objet du dossier qui suit.Si des « villes nouvelles », ou des quartiers nouveaux sont nés dans tous les abords des villes, et

même parfois en pleine campagne, c’est à coup de milliards. Ont-ils été dépensés dans la transparence? Des milliers d’hectare de terres, souvent de bonne qualité, ont été détournées de leur vocationagricole : qu’en est-il de la sécurité alimentaire ?

Et puis, ces villes ou quartiers nouvellement bâtis, tout en offrant un toit à de nombreuses familles,sont le plus souvent très sous-équipés en écoles, dispensaires, équipements sportifs, lieux de loisir,espaces verts, voire franchement laissés à l’abandon… ce que souligne plusieurs des articlesprésentés ici.

Que font les familles de ces logements neufs et « standardisés » ? Comment se les approprient-ils ?Construits par des entreprises étrangères, souvent chinoises, ils ne correspondent pas bien aux uset coutumes de leurs occupants… qui les transforment donc pour se les adapter.

Enfin, tout n’est pas si sombre. Et si beaucoup de quartiers respirent la tristesse et la mal-vie, desinitiatives voient aussi le jour, telle celle de la vallée du Mzab, à Tafilelt, nouveau quartier construitet habité dans un grand respect de l’environnement. D’autres voient le jour ça et là, qui développentles énergies renouvelables, ou des formes de vie plus associatives ou coopératives.

Pour le meilleur et pour le pire, l’Algérie a dû faire face à cette urbanisation rapide… Deux quartiersd’Oran, résument bien ce contraste, Sidi el Bachir, et Akid Lotfi. Chaque ville d’Algérie, et d’ailleurs,pourrait mettre d’autres noms sur des réalités semblables.

« VILLES NOUVELLES EN ALGERIE :

POUR LE MEILLEUR ET POUR LE PIRE ! »

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DOSSIER

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MANIERES D’HABITER ET PRATIQUES HABITANTES,LES GRANDS ENSEMBLES COMME CADRE DE VIE

Support de l’ancrage identitaire, l’es-pace habitable est révélateur d’uneappropriation différenciée des prati-ques sociales prégnantes diverses.De par ses faits et gestes quotidien,l’habitant procède au marquage deson espace logement, une sorte debricolage imaginaire… Dans cetteperspective, le logement représenteun espace privilégié où se matériali-sent des conduites, des styles de vie,des comportements humains visantl’emprise des lieux par la famille etpar chacun de ses membres qui posi-tionne son « moi » dans son espacede vie…

C’est ainsi que nous avons pu… dé-crire et décrypter pour chaque fa-mille interviewée : l’organisation in-térieure du logement, les transforma-tions et réaménagements apportés,l’usage et les fonctions attribués auxdifférentes parties du logements,l’aménagement et la décoration in-térieure réalisés…

L’évolution matérielle des espaceshabités, de plus en plus façonnés parle relogement des familles et leursdésirs toujours présents de s’appro-prier leurs logements nous a conduità utiliser le concept de « mode d’ha-biter » comme révélateur des rap-ports des individus et des groupessociaux à leurs lieux et milieux devie…

Pris sous cet angle, le logement de-vient un lieu de vie où se réalisent etse concrétisent des comportementshumains visant à habiter activementson logement… Le logement, sup-port de l’expression de soi, nous in-

forme sur les manières dont l’espaceest vécu à travers la diversité des at-titudes et des comportements…

Nous avons pu remarquer que lespratiques et conduites de réaména-gement de l’espace logement sontdifférenciés selon les familles. Cha-cune apporte sa touche personnelleen remodelant les différentes partiesdu logement son style, ses valeurs,son rapport à l’environnement et sespropres aspirations, bref, chacun vafaire son bricolage d’un lieu d’an-crage symbolique pour pouvoir êtrepleinement « soi » ou « chez soi » eny mettant son empreinte, en l’agen-çant et le façonnant pour ensuite l’in-vestir et le valoriser mentalement.L’habitant incorpore de la sorte destraits culturels et enracine une mé-moire…

En conséquence, on ne peut isolerl’étude des pratiques sans la référerà l’organisation de la vie familialedans son ensemble. Dans l’organisa-

tion du logement, nous avonsréussi aisément à faire apparaî-tre les variations des compor-tements dans l’affectation desdifférentes pièces, les transfor-mations réalisées, suppressionou rajout de cloisons, les amé-nagements effectués et l’im-portance du décor intérieur…Nous faisons seulement unconstat devenu banal, qui s’ar-ticule autour d’une panoplieassez large de transformationset aménagements d’apportésaux espaces produits : pausede barreaudage, fenêtres ré-duites, parfois supprimées, piè-ces et cuisines agrandies auxbalcons, constructions adven-tices, cloisons détruites, rem-placement de sièges de toilet-tes, déplacements et installa-tions de portes métalliques…Loggias, débarras, vestibules,paliers, coursives sont annexésà l’espace intérieur du loge-ment, et puis utilisés pour desusages liés aux tâches domes-tiques : lessive, étendage dulinge et de tapis, travaux mé-nagers, cuisine lors de cérémo-nies, rangement, installationde réservoir d’eau, dépôtsd’objets d’usage occasion-nel… Cette forme de résis-tance, immédiatement percep-tible dans les logements collec-tifs, montre clairement les réac-tions à la fois individuelles etcollectives de « mal-être urbain».

« La répartition des différentsespaces de l’appartement estmal conçue. Je veux dire la dis-

Djounid HADJIDJ

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position intérieure ne respecte pasl’intimité familiale, surtout de lafemme. En plus, il y a le problème desbalcons, on a l’impression d’être de-hors. » (Ouvrier, niveau primaire, 55ans, logement type F3) « La distribu-tion des différentes parties du loge-ment est mal faite… les toilettes sontdisposées au fond de l’appartement.En plus on n’a pas idée de laisser desbalcons totalement ouverts, où estla protection de l’intimité de l’habi-tant ? » (Fonctionnaire, niveaumoyen, 58 ans, logement type F4)Cette notion d’intimité qu’on cher-che à tout prix à préserver, relèved’une symbolique culturelle s’expri-mant à travers un référentiel socio/religieux, jugé nécessaire à la prisede possession du logement. « J’aifermé les balcons en y apposant desbaies vitrées et des rideaux épais,comme ça le voisin d’en face n’inter-fère pas dans ma vie privée. J’ai en-suite agrandi la cuisine trop exigüeau balcon. Quant à la salle de séjour,je l’ai isolée du reste du logement en

y installant une porte coulissante,comme ça les invités ne peuvent pasvoir les allées et venues des mem-bres de ma famille. » (Enseignant,niveau supérieur, 50 ans, logementde type F3) Ces pratiques sociales,s’articulant autour de l’intime, qui estsuperposé au privé, servent à régu-ler le déroulement de la scène do-mestique quotidienne de l’habitant.Le logement devient de la sorte unepasserelle vers l’inclusion, assurant laprotection et la sécurité d’une abripour soi et pour les membres de lafamille, tout en dénonçant, par là-même, l’œil intrus et les regardsintrusifs. Ceci nous amène à penserqu’habiter, c’est avant tout avoir uneemprise sur son territoire, envisagéici comme le plus privé et le plus in-time… L’appropriation privative desespaces ouverts au nom d’une pu-deur, d’une réserve, voire d’un cer-tain respect désignant la complexitédes rapports humains, sont bien l’ex-pression à la fois d’une fonctionna-lité pratique et d’un marquage sym-

bolique. Si le logement est lelieu de transmission des savoir-faire, des goûts et des tradi-tions, en un mot de manièresd’habiter, il participe en cela àla construction de notre vie pri-vée, de nos « secrets de famille», et de notre intimité… Noustenons cependant à formulerl’hypothèse selon laquelle lafrontière entre le « montré etcaché », entre le privé et le pu-blic tendrait à évoluer dans letemps. Cette notion d’intimitéévoluerait lentement à la faveurd’une modernité rampante,surtout chez les jeunes ména-ges, porteurs d’un capital cul-turel élevé et dont les formesde sociabilité sont quelque peumoins ritualisées par rapport àcelles de la génération desainés…

05 DĂ©cembre 2017

CHAMBOULEMENT DE L’ESPACE HABITEL'espace habité, le logement, leséquipements d'accompagnement ettout ce qui a un rapport avec l'habi-tat, ont été radicalement chambou-lés au cours de ces quinze dernièresannées, pendant lesquelles troisplans quinquennaux ont été mis enœuvre, avec des millions d'unités delogements construits…

L’extension des villes, la consomma-tion des terrains agricoles, les bidon-villes qui se sont métastasés et quirégénèrent à chaque fois qu’ils sontrasés, la créations de «villes nouvel-

les», le capharnaüm architectural, lafréquence alarmante des inonda-tions dans les quartiers, la dégrada-tion générale du cadre de vie (dé-charges sauvages, eaux usées,…), laviolence urbaine (singulièrement

dans les nouvelles cités derecasement), sont autant de réalitéset de phénomènes qui caractérisentla ville algérienne d’aujourd’hui. Unevraie politique de la ville n’existe pas.C’est ce que vient de reconnaître,partiellement, le directeur général dela Ville, au sein du ministère de l’Ha-bitat et de l’Urbanisme, Ammar AliBensaâd… Il parle « d’absence detextes législatifs qui permettent unegestion moderne des villes algérien-nes»…

Que vaut la « lubie» des villesnouvelles?

… Le débat sur la ville algérienne estloin de se confiner dans la probléma-tique des villes nouvelles, bien que

ces dernières soient loin d’êtretoutes un exemple réussi deplanification et d’organisation.A quelques encablures seule-ment de l’amphithéâtre où lereprésentant du ministère del’Habitat a prononcé sa confé-rence, un exemple vivant dugâchis « organisé » en la matièreest illustré par la ville nouvelleAli Mendjeli, un agrégat de plusde 200.000 habitants, venantde tout l’est algérien, et rele-vant de la commune… d’ElKhroub. Le débat sur la ville, s’ilarrive à s’enclencher, est censétoucher l’espace où résidentplus de 24 millions d’Algériens ;espace confiné, à près de 80%,entre les Hauts Plateaux et lelittoral…

Lieu de promiscuité, deviolence et de risques majeurs

…Lieu d’habitat, de travail, deconsommation, de rejets do-mestiques et industriels, la villealgérienne peine à assumertoutes ces missions dans les rè-gles de la convivialité, de la paixsociale, de l’hygiène et de la dé-tente/récréation; comme elleperd de plus en plus ses valeursd’authenticité, de citadinité etde source d’immersion cultu-relle. En résumé, son identités’oblitère chaque jour davan-tage en raison d’une extensionexponentielle qui est rarementsoumise à des plans scientifi-

Amar NaĂŻt Messaoud

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quement préétablis. En outre, le re-cul du pouvoir de l’administration etde l’autorité de l’Etat a fini par con-férer un caractère de « pétaudière »aux grandes villes algériennes, ycompris la capitale et les villes cen-sées être des capitales provinciales(Oran, Constantine, Annaba, Ouar-gla, Bechar). Les données actuellesportant sur la vie des villes algérien-nes établissement que 65% des habi-tants vivent en ville, et que cette po-pulation croîtra de 10 millions d’habi-tants d’ici 2033… Population urbainene signifie pas automatiquement po-pulation citadine. Le premier con-cept a tendance à suggérer le nom-bre, la densité et la concentrationhumaine dans un espace réduit. Lesecond, suppose des pratiques, uneculture, un savoir-vivre, des compor-tements, une mentalité. « Au-delàdu quantitatif, la ville, c’est aussi etsurtout un art de vivre et celui-ci esttoujours local, lié à un site, un climat(dans tous les sens du terme), unehistoire (attestée ou imaginaire), unsystème relationnel plus ou moinsnourri avec d’autres villes et campa-gnes et une culture revendiquée »…

Des agrégats qui remplacent lescités

En effet, le concept de la « culturede la ville » peut assurément résumerà lui seul ce qui manque le plus dansles agrégats urbains que l’on n’acessé d’installer par juxtaposition etsuperposition depuis des décenniesen Algérie. Le cœur de la ville mé-dina arabo-berbère et de la ville colo-niale étant complètement boule-versé par l’arrivée de nouvelles po-pulations rurales ayant subi un exodeéconomique ou sécuritaire, les ex-tensions horizontales et verticales nerépondent presque à aucune norme,ni d’habitat, ni de détente, ni d’acti-vité économique ni d’identité cultu-relle. Dans un cosmopolitisme induitpar une situation d’urgence perma-nente -caser le maximum de mondedans un temps réduit au minimum-,l’anonymat et la violence sociale ontélu domicile pour longtemps. L’idéedes villes nouvelles n’a visiblementpas été bien mûrie ; situation à la-quelle se greffe l’affaiblissement desbureaux d’études algériens par lesdifférentes restructurations écono-miques qui ont touché ce secteur…

21 FĂ©vrier 2016

Villes nouvelles : Des lieux de vie... sans vieOn s’installe un peu partout, les tra-vaux avancent ou pas, mais la vie nes’installe toujours pas. Les villes nou-velles dont beaucoup ont espéréqu’elles allaient remplacer les ancien-

nes villes engorgées, n’ont f inale-ment pas satisfait les habitants…

Des parkings pas très structurés,quelques commerces dans quelquesendroits, dans d’autres des magasinspas encore ouverts et ailleurs inexis-tants. Des routes, parfois même desboulevards entassés de bout en boutet rarement goudronnés. Des bâti-ments uniformisés. Nous sommes là

On ne jure que par l’anarchie

Que vaut ce constat deBouteflika : «Aujourd’hui, la villealgérienne doit faire face à descontraintes multiples et inédi-tes, tels l’étalement urbain, lalittoralisation, l’évolution desmodes de vie, la nécessaire ré-habilitation du patrimoine an-cien et, notamment, le respectdes impératifsenvironnementaux», établidans un message écrit à l’occa-sion de la remise du Prix natio-nal d’architecture et d’urba-nisme, en 2013, dans un paysqui ne jure que par l’anarchieurbanistique et architecturale,les constructions illicites, la di-lapidation des meilleures terresagricoles, la politique du fait ac-compli, la corruption et le reculeffarant de l’autorité de l’Etat?

devant un exemple d’une ville nou-velle…

« En dehors du boulot où les gens font

la navette quotidiennement vers Al-ger ou ailleurs, pour d’autres, il n’y apas de divertissement, pas d’endroitoù réviser en groupe, encore moinsdes stades». Témoignage d’un ado-lescent lycéen qui, chaque matin,doit se rendre à son établissementd’origine, c’est-à-dire à Bainem.

Il n’est pas le seul. Pour un médecin,paiement de facture ou d’autres

courses particulières, ce sontles vieux réflexes qui revien-nent : se rendre à l’ancien quar-tier. Ici à Sidi Abdellah, ou par-tout ailleurs dans les nouvellescités, on y réside mais on ne vitpas. C’est simplement «un dor-toir» avec quelques «muni-tions» d’urgence. Des commer-ces pour du pain ou de l’eau.Même les commerces ne bat-tent pas le plein. C’est au ralenti.Car nous sommes loin d’êtredans une ville.

Rien ne peut attirer ici. Il n’y apas d’espace public propre-ment dit…

Pour savoir et comprendre si onest dans une ville en norme ur-baine, l’architecte Merhoumpropose un test: prenons unmoule d’un km2 d’une ville du19e siècle, à partir de la GrandePoste au centre-ville d’Alger.On trouvera dans ce moule lafaculté centrale, une école, laGrande Poste, un commissariat,des boulevards, des magasins,des habitations, des jardins,des petits commerces et despetites ruelles. Bref, un peu detout.

Nassima Oulebsir

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L’Algérie malade de son urbanisme :Des milliers de bâtiments non- conformes aux règles

L’Algérie est malade de son urbanisme. L’anarchie et lemauvais goût qui affectent pratiquement tous les maillonsde l’aménagement urbain et de la construction, n’aidentpas les autorités concernées à faire respecter les lois dela république. Le pillage des réserves foncières et l’ex-tension anarchique des tissus urbains qui s’étaient exa-cerbés durant la décennie noire, ont porté à l’évidenceun coup fatal à la rigueur urbanistique et à l’esthétiquedes villes.

Aucun quartier d’habitat, aucune zone d’extension ur-baine n’est épargnée par ce phénomène et cette gravedérive est aujourd’hui le lot de toutes les agglomérationsurbaines sans exception. L’absence de contrôle coupléaux passes droits et à la corruption, ont en effet engen-dré en quelques années un désordre urbanistique et ar-chitectural sans précédent…

Une multitude d’institutions (ministères, certaines direc-tions de wilayas, APC, services de sécurité, police de l’ur-banisme, tribunaux) ayant pour vocation de contrôler etde prendre des mesures coercitives à l’encontre des con-trevenants, existent mais semblent impuissantes à jugu-ler cette déferlante de coups portés à l’architecture et àl’urbanisme. L’insuffisance de l’offre d’habitat par rap-port aux immenses besoins en logements induits parl’exode rural et la poussée démographique seraient les

causes principales derrière lesquelles s’abritent leplus souvent les responsables concernées, quandon les interroge sur la question.Leur conviction estqu’il est impossible d’imposer la rigueur des lois ré-gissant l’urbanisme tant que le décalage entre l’of-fre et la demande de logements sera aussi impor-tant…

Mal ou pas du tout intégrés aux tissus urbainsexistants, ces quartiers spontanés constituent de-puis plusieurs années un véritable casse-tête, aussibien, pour l’Etat qui éprouve de grosses difficultésà faire appliquer la loi, que pour les architectes etles urbanistes qui ont du mal à gérer « les coupspartis » qui se sont multipliés à la périphérie danstoutes les agglomérations urbaines.

Les communes qui ceinturent les agglomérationsd’Alger, Oran, Annaba et Constantine, mais ellesne sont pas les seules, sont effectivement toutesatteintes par ces constructions laides et sans âme,qui bien souvent empiètent sur les terres à hautsrendements des plaines environnantes et introdui-sent un irrémédiable désordre dans les ex villagescoloniaux qui disposaient d’une cohérence urba-niste et architecturale qui ne demandait qu’à êtresuivie…

Les instruments de planifications urbaines dont tou-tes les communes concernées sont pourtant do-tées s’avèrent malheureusement inopérants tantles dépassements sont nombreux et la tendance àoutrepasser les lois, fortement présente, notam-ment chez les potentats locaux qui sévissent dansune totale impunité…

Se pose alors la question de savoir que faire pourfreiner l’essor des constructions illicites qui prolifè-rent sous l’effet de l’impunité ? Il est tout à fait clairque l’arsenal juridique actuel ne saurait à lui seulvenir à bout de ce fléau en grande partie générépar l’ampleur des besoins en logements et par lemode de gouvernance peu dissuasif appliqué à lagestion de l’urbanisme…

Le même moule sera placé à la villenouvelle de Sidi Abdellah : on trou-vera des bâtiments pour habitationmonosegmentés, c’est- à-dire de lamême couche sociale, un parking etéventuellement un commerce. Lepremier exemple, contrairement audeuxième, répond parfaitement etsans aucune défaillance à un conceptde la ville. C’est-à-dire, l’espace pu-blic est là et ce n’est pas seulementune concentration de logements, telque conçu aujourd’hui dans plu-sieurs endroits du pays. Les projetsde villes nouvelles sont mal partis dèsle départ en Algérie, toujours selon

l’architecte Merhoum… «Nousn’avons pas réfléchi à l’espace public.»

Autre inexistence dans ces villes nou-velles : chacun pose le programmequi relève de son autorité, sans avoirun espace commun. Autrement dit,le ministère de l’Habitat construit lelogement, puis vient celui de l’Edu-cation pour les écoles, la Santé pourles centres de santé… mais le hic, «ily a une impossibilité de coordonnerles secteurs», explique Merhoum…

Donc ces villes nouvelles sont appe-lées à disparaître ? Pas forcément, ré-

pond-il, dans la mesure où lechoix est fait et des équipe-ments sont en train d’être pla-cés avec l’existence, fort heu-reusement des potentialitéséconomiques qui pourraientsauver cet espace. Mais onreste toujours dans cette poli-tique de logement … quantita-tive».

02 Mars 2018

25 Janvier 2018

Nordine Grim

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DEUX MEURTRES ENREGISTRÉSEN UNE SEMAINE À ORAN

Sidi El-Bachir rythmé par la violence

Considéré comme étant l’un des faubourgs les plus chaudsd’Oran, Sidi El-Bachir, immense conglomérat de constructionsillicites, est souvent le théâtre de violences et d’actes de délin-quance. Sidi El-Bachir, situé à la sortie est d’Oran, a été le théâ-tre de deux crimes survenus en l’espace de quelques jours, lasemaine dernière. Le premier s’est produit lorsqu’un homme apoignardé son ex-femme, en pleine rue, devant des habitantsmédusés par l’ampleur de la violence. La victime a été immédia-tement transférée à l’EHU de l’USTO où le personnel médical atenté de la sauver, en vain. La mère de 45 ans est décédée dessuites de ses multiples et graves blessures à l’épaule et au dos,alors que son présumé assassin s’est rendu de lui-même auxservices de sécurité.

Le second crime est survenu lors d’une bagarre à l’arme blan-che entre deux personnes, au cours de laquelle un sexagénairea été grièvement touché à la tête. Évacué aux urgences del’EHU de l’USTO, l’homme n’a pas survécu à sa blessure, et sadépouille a été transférée à la morgue. Considéré comme étantl’un des faubourgs les plus chauds d’Oran, Sidi El-Bachir, im-

mense conglomérat de constructions illicites abritant plus de100 000 âmes, est très souvent le théâtre de manifestations deviolences et d’actes de délinquance qui atterrissent régulière-ment dans les tribunaux. Guerre des gangs, enlèvements etséquestrations, agressions à l’arme blanche et violences diver-ses font le quotidien des habitants de cette zone périphériqueen raison de la présence de nombreuses bandes de malfaiteursmais aussi des conditions de vie très difficiles. Régulièrement,les services de sécurité effectuent des opérations coup-de-poingqui se soldent généralement par des arrestations d’individusrecherchés ou de suspects en possession de produits illicites etla saisie de produits stupéfiants et armes diverses. Pour ne don-ner qu’un chiffre et à titre illustratif, on peut évoquer un bilanétabli par la Gendarmerie nationale pour le premier semestrede l’année passée dans lequel elle cite Sidi El-Bachir commel’un des foyers de la criminalité à Oran. Différentes opérationsmenées dans ce faubourg et à Hassi Bounif ont permis l’inter-pellation de 830 personnes dans le cadre de 842 affaires crimi-nelles. Onze réseaux criminels, notamment spécialisés dans levol et le trafic de véhicules avaient été démantelés, 1,5 kg dekif, 1 kg de cocaïne et près de 12 000 comprimés psychotropessaisis. Cet effort n’a cependant pas encore mis un terme défini-tif au phénomène de la violence qui continue de rythmer lequotidien des habitants de Sidi El-Bachir.

SOIRÉES ESTIVALES À ORANLe quartier Akid-Lotfi pris d’assaut

En fait, ce quartier à la périphérie est d’Oran détrône lecentre-ville déserté la nuit.

Oran suffoque en cette période estivale et de canicule,qui met à rude épreuve les nerfs des riverains. Pour ceuxqui ont les moyens de se rendre sur une des plages dulittoral, la journée sera malgré tout agréable, à moins dese calfeutrer, en faisant fonctionner au maximum les cli-matiseurs. Nombre d’Oranais doivent supporter en plusle bruit, la circulation infernale et tous les autres désa-gréments induits par des citoyens venant de plusieurswilayas du pays pour séjourner dans la capitale de l’Ouest.Le soir est le seul vrai moment de détente et de plaisirqui s’offre à tout le monde. Mais ces dernières années,l’image éculée d’Oran avec un front de mer balayé par labrise de la Méditerranée, ses glaces aux saveurs multi-ples, est aujourd’hui dépassée. En fait c’est le quartierpériphérique Akid-Lotfi, à l’est d’Oran, qui détrône le cen-tre-ville déserté la nuit. Ce quartier, aujourd’hui, est enquelque sorte victime de sa réputation car jusque tarddans la nuit, les commerces restent ouverts, boutiques

de prêt-à-porter, supérettes... sans oublier la pléthore derestaurants, fats-foods, cafés avec terrasse, rendue possi-ble grâce aux larges trottoirs et boulevards aménagés aucœur du quartier et des espaces agrémentés de fleurs,de pelouse et de bancs pour les riverains ainsi que desjeux installés au profit des enfants. Il est vrai que les auto-rités locales ont tout fait pour améliorer le cadre de viede cette partie Est de la ville d’Oran, où des jardins ontété créés le long des falaises. Conséquence directe, lesoir venu, ce sont des milliers d’estivants qui se ruentvers ce quartier, où la circulation devient infernale. Lesvéhicules, aux immatriculations des 48 wilayas, squattentles moindres espaces, les moindres bouts de trottoirspour se garer. Les jardins sont aussi tous envahis, et onvient même de très loin pour s’y détendre et s’allongersur la pelouse. Les nuisances sonores sont probablementl’un des fléaux les plus terribles à supporter, induit parl’ouverture très tardive de tous les commerces, d’autantplus que le civisme des estivants laisse à désirer de par lesdésagréments liés aux sons de musique qui s’échappentde leurs véhicules. Hélas, aujourd’hui des propriétairesinstallés à El-Akid-Lotfi songent tout simplement à ven-dre et fuir ce quartier victime de son succès, rêvant àpasser ailleurs des nuits apaisées.

A. Ayoub/S. Ould Ali

LOUKIL D

19 Juillet 201701 Aout 2017

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DOSSIER

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Tafilalet : première ville écologique dans le désert algérien

Cette éco-ville dans le Sahara est un projet qui remonte à 20 ansdont l’objectif est de faire fleurir le désert, tous les habitantsaidant à planter des arbres et recyclant leurs déchets…

Cette oasis de calme, c’est Tafilalet, un ensemble de plus de 1000 maisons construites manuellement en pierre locale. Tafila-let est nichée au sommet d’un plateau qui domine la vallée duM’Zab dans la région de Ghardaïa, au sud de l’Algérie…

Ghanya était toujours en train de cuisiner lorsqu’elle a reçuMiddle East Eye. Une chorba, une soupe traditionnelle algé-rienne avec des boulettes de viande, mijotait sur le feu tandisque la jeune femme séparait les déchets alimentaires des autresdéchets. Le recyclage est devenu l’une desnouvelles habitudes de Ghanya depuisqu’elle a emménagé avec son mari et leurpetit garçon à Tafilalet. En échange des dé-chets alimentaires, lesquels sont récupéréspour nourrir les animaux du zoo local ouvertrécemment, elle obtient du lait et des œufsfrais gratuitement, dans le cadre du pro-gramme de recyclage local. « Le recyclageest devenu une habitude à Tafilalet », a ex-pliqué Ghanya à MEE. « C’est un accord équi-table : nous aidons à recycler les déchetsorganiques et, en retour, nous sommes auto-risés à manger ce que la communauté pro-duit. »

Après une montée éprouvante jusqu’ausommet du jardin à flanc de colline,Abdelaziz, coiffé d’un bonnet de laine noirrabattu sur le front et vêtu d’une vestebleue, a commencé à creuser des trous pourplanter des bougainvilliers. « Il n’y a pas as-sez de place pour un potager. Voilà pourquoi nous étendonsl’éco-parc », a indiqué le jardinier de 45 ans à MEE, désignant ungroupe de maçons juste à côté en train de construire des clôtu-res sur un niveau inférieur.

« Une fois l’expansion terminée, les habitants devront faire pous-ser des plantes et des légumes dans le cadre du programme departage de la nourriture de la ville. Les récoltes qui en résulte-ront seront gratuites pour tout le monde », a précisé à MEEl’inspecteur en bâtiment vêtu d’un sarouel, le pantalon tradi-tionnel algérien. « Nous aspirons tous à devenir autosuffisantssur le plan alimentaire. » L’éco-parc de Tafilalet abrite une grandevariété de palmiers dattiers, d’arbres fruitiers et d’arbustes quipoussent sans l’utilisation d’engrais chimiques ou de pesticides.Le jardin présente également un large éventail d’espèces deplantes médicinales, notamment la lavande, la verveine et leromarin…

Cependant, faire fleurir ce désert est difficile à plus d’un titre. «Nous avons dû couvrir entièrement le sol rocheux avec quatrecouches de terre arable. Il nous a fallu trois ans pour être enmesure de commencer à faire pousser la moindre plante enraison de la mauvaise qualité du sol », a expliqué Abdelaziz…

À Tafilalet, le respect de l’environnement est la priorité de tous.Alors que dans le reste du pays des sacs poubelles débordantspolluent encore les trottoirs, les rues étroites de la charmanteville saharienne sont exemptes de détritus. Outre les équipesde ramassage des ordures, les familles sont en charge du net-toyage de leur quartier par rotation d’une semaine…

« Ce qui me plaît le plus à Tafilalet, c’est que personne ici n’a unementalité consumériste. En fait, il n’y a qu’une rue commer-çante dans la ville. Nous nous efforçons de construire une viedurable, mettant l’accent sur ce qui compte vraiment », a af-firmé à MEE Ali Ramdani, un forgeron de 40 ans portant uncalotte mozabite traditionnelle…

Tafilalet n’a pas toujours été une oasis florissante. Il y a vingt

ans, un groupe d’intellectuels, d’architectes et de scienti-fiques originaires du ksar (« château » en arabe) de BeniIsguen, se sont regroupés et ont créé la Fondation Amidouldans le but de lutter contre la crise du logement locale. «À cette époque, des milliers de personnes vivaient dansdes bidonvilles dispersés dans la vallée du M’Zab parcequ’il y avait trop peu de maisons, qui coûtaient souventtrop cher », a raconté à MEE Ahmed Nouh, un ancienpharmacien qui dirige désormais la Fondation Amidoul.Alors que le gouvernement a lancé un programme delogement sans précédent, en utilisant les recettes en-gendrées par le pétrole pour construire des villes-dor-

toirs à travers le pays, la Fondation Amidoul a acheté unecolline rocheuse dans le but de la transformer en une villerespectueuse de l’environnement, en fournissant des lo-gements à des gens à faible revenu.

« Tafilalet est une initiative populaire avec une conscienceà la fois écologique et sociale qui veut reloger les famillessans abri, tout en préservant la façon dont la commu-nauté mozabite [peuple berbère amazighophone origi-naire de la vallée du M’Zab] vivait en harmonie avec lanature », a expliqué Nouh…

Selon le président de la fondation, les studios et villas deTafilalet ont été construits pour un coût « trois fois moinsélevé que la moyenne du pays ». L’organisation à but nonlucratif n’attend pas des habitants que ceux-ci paient enune seule fois. « Nous voulons des jeunes couples et fa-milles qui ont besoin de posséder l’endroit où ils vivent.Voilà pourquoi nous leur donnons la possibilité d’étaler lecoût de la propriété sur des années », a expliqué Nouh.

« Nous n’aurions jamais osé rêver de nous offrir une mai-son aussi confortable, meublée et spacieuse sans cetéchéancier de paiement », a confirmé Meriem, assise dansson magnifique salon…

Mais tout le monde ne peut pas résider dans la premièreville écologique d’Algérie. « La vie à Tafilalet est régie parune charte verte que tous les habitants ont dû signeravant d’acheter une propriété », a signalé Nouh. « Notrecharte verte comprend l’obligation, entre autres, pourtous les occupants de planter et cultiver trois arbres : unpalmier et deux sortes d’arbres fruitiers. »

« Tafilalet a été créée avec l’idée que les humains et lanature peuvent coexister »…

Djamila OuldKhettab

15 FĂ©vrier 2016

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[ECONOMIE]

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Contribution : Le bradage des terres agricoles menacela nourriture des générations futures

C’est incroyable ce qui se passe chez nous, le bardagedes terres agricoles est devenu « monnaie courante ». Achaque fois que l’on se trouve dans le besoin du foncierpour y implanter des projets industriels ou d’urbanisme,on « se rabat » sur les terres agricoles, une proie facilebien que leur protection soit consacrée par la réglemen-tation algérienne.

La constitution dans son article 19 stipule que l’état pro-tège les ressources naturelles dont les terres agricoleset l’eau en les préservant pour les générations futures.Avant c’était au tour de la loi de l’orientation agricolepromulguée en 2016 de consacrer également la protec-tion des terres agricoles et l’interdiction de les détour-ner de leur vocation d’origine.

Le déclassement des terres agricoles est certes con-forme à la législation (qui se fait par arrêté interministé-riel) mais ne renforce aucunement l’idée de faire de l’agri-

culture une alternative aux hydrocarbures, la situationexige le renforcement du secteur avec tous les moyensen notre possession pour connaitre, un jour, l’essor re-cherché.

Une fausse idée tente de nous faire admettre que ledéclassement des terres agricoles ne concerne que lesterres non productives et souvent non exploitées. Com-ment peut-on dire qu’elles sont improductives si ellesn’étaient pas exploitées ?

Pourquoi dans ce cas elles ont été alors classées commeterrains agricoles ?

Quelque soit la nature de ces terres non ou peu pro-ductives, elles sont meilleures que les terrains du sudqu’on « force » à produire en dépit de leur pauvreté enélément nutritifs, par des dépenses exorbitantes !Aucune raison ne peut justifier de telles décisions, Com-ment l’agriculture peut être une alternative aux hydro-carbures alors qu’on la prive du facteur le plus importantet plus déterminant pour produire ?

On se retrouve donc dans le besoin de consacrer beau-coup d’efforts à l’extension de la surface agricole utile(SAU) afin de produire plus pour satisfaire les besoinsalimentaires de la population qui ne cesse de s’accroitre,alors qu’on assiste à leur rétrécissement permanent avecla complicité de tout le monde ! De vastes superficiesterritoriales qui s’étendent sur 238 millions d’hectares,on ne vise que les 8.5 millions hectares de la surface agri-cole utile (SAU) !

Cela peut s’expliquer peut être par le fait que les terresagricoles sont faciles à aménager et ne nécessitent pasde gros œuvres dont des dépenses beaucoup moins !C’est aberrant et incompréhensible !

L’affaire récente de l’agriculteur d’Oran qui se voit con-fisquer la terre agricole qu’il exploite en vue d’y implan-ter un projet industriel est éloquente. Des terres produc-trices de céréale et de surcroit du blé tendre sont mena-

cées de bétonnage ! Le blétendre est importé chaqueannée par l’Algérie à coup demilliards de dollars et sonmanque se fait sentir. Pouravoir une idée de ce marché ;l’on produit 5 millions de quin-taux par an en Algérie et onen importe 60 millions ! Ce quireprésente plus de 10 fois laproduction ! Dans ce con-texte, comment comprendrecette décision de transformercette terre agricole fertile enune zone industrielle ? Lechoix ne peut en aucun casêtre posé à moins que le pro-jet produise de l’or en barres! Combien d’hectares de ter-res agricoles ont été agressés

sans pour autant que l’opinion publique n’en prenne con-naissance ? C’est aberrant et incompréhensible que l’onbrade des terres agricoles sans que personne ne lève lepetit doigt !

Selon un cadre du Ministère de l’agriculture il s’agit de200 000 hectares qui sont concerné par ce phénomènemais je suppose que le nombre et beaucoup plus impor-tant, des villes entières et de nombreuses zones indus-trielles ont été érigées sur des terres agricoles, parfoismême très fertiles !Il est temps que ces pratiques malsaines cessent, il estindispensable de protéger et de préserver les terres agri-coles, il est également impératif à travailler d’arrachepieds pour arriver à l’extension de ces terres afin de pou-voir assurer la nourriture des générations futures. Lesterres agricoles sont le capital essentiel de la nation dontla protection concerne la société toute entière !

02 Mai 2018

AISSA MANSEUR

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[ECONOMIE]2018 : près de 300 millions de dollars pour des nouvelles villes qui

n’ont toujours pas vu le jour

Les nouvelles villes encore et tou-jours. En 2018, l’Etat algérien va dé-bloquer un budget qui avoisine les300 millions de dollars pour les nou-velles villes qui n’existent, pourl’heure, que sur des maquettes.

Des projets qui datent de plusieursannées, pour ne pas dire des décen-nies. Oui, un budget de près de 300millions de dollars.

Rien que cela. Selon les nouvellesdispositions de la Loi de Finances2018, l’autorisation de programmeconcernant les nouvelles villes est es-timée à 31,46 milliards de dinars, soitprès de 300 millions de dollars, desti-nés à la prise en charge de la nou-velle ville de Sidi Abdellah, du pôleurbain de Draa Errich à Annaba (8milliards de dinars) ainsi que les nou-velles villes Ali Mendjeli et Ain Nahasà Constantine pour combler le défi-cit enregistré en matière d’aména-gement.

Un déficit estimé à 3 milliards de di-nars. Il s’agit également de 465 mil-lions de dinars pour la nouvelle villede Boughezoul destinés au raccor-dement au réseau de gaz, 5 milliardsde dinars pour la réévaluation del’opération inscrite au titre du sous-secteur de “l’aménagement du ter-ritoire” pour le parachèvement destravaux dans la nouvelle ville deBouinan et 15 milliards pour la priseen charge des indemnisations dans

le cadre des expropriations pourcause d’utilité publique au niveau dela nouvelle ville de Sidi Abdellah, aexpliqué à ce sujet le ministre de l’Ha-bitat, de l’urbanisme et de la ville,Abdelwahid Temmar.

Tout cet argent sera encore dépensésur ces nouvelles villes alors qu’aucunbilan sérieux et précis n’a été dressépour comprendre pourquoi ces pro-jets tournent au ralenti depuis tou-tes ces années. A titre d’exemple, laNouvelle ville de Sidi Abdellah lancéeen 2004 devait changer le visage del’Algérie. Elle devait permettre d’of-frir un cadre de vie agréable et unenouvelle façon de construire nos vil-les. Malheureusement, cette pro-messe ne se concrétise toujours. Etla nouvelle ville de Sidi Abdellahn’abritera, pour l’heure, que des fu-turs logements AADL !

A Bouinan, dans la wilaya de Blida,le projet de la nouvelle ville est tou-jours une simple maquette et sur leterrain, les autorités n’ont même pasencore réussi à dépasser le stade durèglement administratif de l’expro-priation des terrains pour utilité pu-blique.

Et pourtant, les autorités ont lancéofficiellement ce projet depuis 2006! Le même constat est à dresser pourle projet de la nouvelle ville deBoughezoul, dans la wilaya de Mé-déa, qui date officiellement de 2004. 11 Février 2018

Les travaux de réseaux et de voirien’ont commencé qu’en 2006. Etaujourd’hui, en 2017, les chantiersavancent très modestement. Et làaussi, il n’y a que des maquettes etles Algériens attendent toujours devoir comment sera tenue cette pro-messe faite par les autorités algérien-nes, à savoir transformer la nouvelleville de Boughezoul en un pôle decompétitivité dédié aux technolo-gies de pointe, la recherche et le dé-veloppement, la construction spa-tiale et les technologies de l’informa-tion et de la communication.

En 2015, le directeur général de laCaisse nationale d’équipement pourle développement (CNED), un orga-nisme très méconnu par les Algérienscréé en 2004, a révélé que ces qua-tre projets de nouvelles villes, rele-vant du secteur de l’Habitat, de l’ur-banisme et de la ville, ont bénéficiéd’une dotation financière globale de394 mds de DA, à savoir pas moinsde 4 milliards de dollars.

Un budget immense qui n’a, pour lemoment, donné naissance à aucuneavancée concrète sur le terrain puis-que toutes ces nouvelles villes sontcitées comme projets depuis de plusd’une décennie, voire deux mêmes,mais sans connaître la moindre évo-lution notable.

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[DROIT]

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Don croisé, registre de refus : ce que prévoit le projet de loi sur lasanté pour les dons d’organes

La mouture finale du projet de nouvelle loi de santé quela commission Santé de l’APN soumettra au débat diman-che prochain modifie les modalités de consentementpour le prélèvement d’organes sur les personnes décé-dées.

Un registre de refus pour faciliter la tâche des médecins

L’article 378 modifié par la commission introduit la no-tion de registre de refus de dons d’organes qui sera dé-tenu par la nouvelle Agence nationale des greffes. Toutcitoyen algérien pourra s’inscrire sur ceregistre pour exprimer son refus dedonner ses organes après son décès.Les individus décédés non-inscrits surle registre seront présumés donneursconsentants. Mais, même dans ce cas,le dernier mot reviendra à la famille dudéfunt qui sera consultée par l’équipemédicale.

« L’équipe médicale chargée du prélè-vement est tenue de consulter le re-gistre de refus en vue de chercherl’avis du décédé. En cas de non-inscrip-tion sur le registre, les membres ma-jeurs de la famille du défunt sont con-sultés dans l’ordre suivant : père, mèreconjoint, fils, frères et sœurs ou repré-sentant légal si le défunt n’avait pas defamille, en vue de connaître sa positionsur le don d’organes », stipule l’article378 du projet de loi de Santé. Une dis-position attendue depuis longtemps par les médecinsexerçant dans le domaine et saluée par le Dr ChaterFahed, médecin réanimateur au CHU Frantz Fanon deBlida.

« C’est le modèle français qu’on est en train d’importermais en l’adaptant à la réalité sociale algérienne », expli-que-t-il, ajoutant qu’en France « si le défunt n’est pasinscrit sur le registre de refus, la famille n’est pas consul-tée et les organes sont prélevés ».

L’utilité de cette nouvelle mesure est non pas de préle-ver automatiquement des organes, mais de gagner dutemps et d’aider les médecins à convaincre les familles.« Entre le moment du décès et celui où on demandel’accord de la famille, des analyses et des examensimmunologiques sont lancés, ils prennent beaucoup detemps et ils sont souvent réalisés en vain puisque, dans laplupart des cas, les familles refusent qu’on prélève lesorganes. Avec cette nouvelle loi, nous n’approcheronsles familles des défunts que si leur proche n’était pasinscrit sur le registre, ce qui nous évitera de perdre dutemps », remarque le Dr Chater.

Autorisation du don croisé

Dans l’actuelle législation, la greffe d’organes à partir dedonneurs vivants n’était permise que dans le cadre fami-lial. La loi dispose que le prélèvement d’un organe sur undonneur vivant ne peut être effectué que si le donneurétait un membre de la famille du receveur (le père, lamère, le frère, la sœur, le fils, la fille, la grand-mère, le

grand-père, l’oncle ou la tante paternels et maternels,cousin ou cousine paternels ou maternels, neveu ounièce, conjoint, belle-mère ou beau-père). Cette situa-tion limitait les possibilités de prélèvement d’organes surdes personnes vivantes et compliquait la situation desmalades, notamment lorsqu’aucun des membres de lafamille du receveur autorisés à lui donner un organen’était immunologiquement compatible.

Avec la mise en place du don croisé, il sera possible d’ef-fectuer des « échanges d’organes » entre deux paires

de donneurs et de receveurs issues de deux familles dif-férentes, si la compatibilité immunologique le permet.Le don croisé sera soumis à des règles strictes et seraconditionné par le consentement éclairé des donneurset des receveurs. Un consentement qui devra être ex-primé devant le tribunal territorialement compétent.

Prélèvement de cellules souches hématopoïétiques surles mineurs

Jusqu’à présent, il était interdit de prélever des organes,tissus ou cellules, y compris des cellules souches héma-topoïétiques sur des mineurs. Mais l’article 377 du projetde loi de santé prévoit de l’autoriser, à condition que ledon soit destiné à un frère ou à une sœur. Toutefois,cette autorisation pourra être élargie aux cousins et cou-sines paternels et maternels, dans le cas de « l’absenced’autres solutions thérapeutiques » et à condition d’avoirle consentement éclairé des parents ou du tuteur dudonneur mineur. La greffe de cellules souches hémato-poïétiques est vitale pour les personnes atteintes demaladies causant la destruction ou l’altération du fonc-tionnement de la moelle osseuse à l’origine de la géné-ration des cellules sanguines. C’est le cas notammentdans la leucémie ou cancer du sang et certaines mala-dies héréditaires. Ces maladies touchent très fréquem-ment les enfants et n’ont d’autre traitement que la greffede cellules souches.

Hassane Saadoun

18 Avril 2018

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[DROIT]Projet de loi sur la santé :recul sur l’avortement et l’aide aux migrants

Le gouvernement recule sur la ques-tion de l’avortement. Le projet de loisur la santé actuellement examinépar la commission de la santé del’APN a été modifié, a appris TSA desources parlementaires. Selon NadiaChouitem, députée du PT et mem-bre de ladite commission, les dépu-tés ont tout simplement supprimél’article 81 du projet de loi.Une pratique contraire à la religion

L’article en question permet auxmamans de recourir à cette démar-che, c’est-à-dire l’avortement, (unterme non employé dans le texte) «lorsque les affections dépistées parle diagnostic prénatal attestent aveccertitude que l’embryon ou le fœtusest atteint d’une maladie, ou d’unemalformation grave ne permettantpas son développement viable ». Cetarticle avait suscité une vive polémi-que, plusieurs partiesconsidérant cette pra-tique comme con-traire à la religion. Lesprofessionnels de lasanté à l’image du pré-sident de l’ordre natio-nal des médecinsavaient au contraireapprécié la premièrecopie du gouverne-ment. « Il s’agit d’unegrande avancée »,avait indiqué dans unedéclaration à TSAMohamed BekkatBerkani, ajoutant quece texte « permetd’éviter l’injustice quiconsiste à infliger àune mère l’accouche-ment d’un bébé qui porte des mal-formations parfois graves avec unpronostic vital engagé ». Nadia

Chouitem rappelle que son parti amilité pour « préserver » l’article con-

troversé mais reste«en vain ». Lacommission parlementaire légalisel’interruption de la grossesse dans un

seul et unique cas spécifié dans l’ar-ticle 82. Selon cet article, lorsque «

l’équilibre physiolo-gique ou psycholo-gique et mental »de la mère est «gravement me-nacé », le ou les mé-decins spécialistesconcernés, « en ac-cord avec le méde-cin traitant, doit in-former la mère ete n t r e p r e n d r e ,avec son consente-ment, toute me-sure médicale thé-rapeutique dictéepar les circonstan-ces ».

Les migrants nebénéficieront pasde l’aide de l’État

Autre surprise : la commission parle-mentaire a supprimé, selon la mêmesource, les migrants de la liste despersonnes vulnérables nécessitantune protection sanitaire à la chargede l’État. En effet, l’article 93 du pro-jet de loi sur la santé stipule que « lespersonnes en difficulté ont droit àune protection sanitaire à la chargede l’État ».L’article 94 citait claire-ment les catégories des personnesen difficulté dans laquelle figurentles migrants. Mais pour des raisonsqui restent inconnues, la commissiondécide de ne pas suivre le gouverne-ment sur ce point.

Achira Mammeri

14 Mars 2018

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[CULTURE/MEDIAS]Journée internationaledu vivre ensemble en paix

Aujourd’hui, l’Algérie célèbre la jour-née internationale du vivre-ensem-ble. Cette première édition reste unévénement en consécration de la ré-solution onusienne du 8 décembre2017, sur proposition de l'Algérie por-tant concrétisation de la culture depaix et de coexistence en tant quesolution pacifique au règlement desconflits.

Lors d’une journée d’étude du «vi-vre ensemble», organisée par la ra-dio algérienne, le ministre de la Com-munication, Djamel Kaouane adonné le coup d’envoi de cette jour-née, où il a exprimé sa joie en indi-quant que «Vivre ensemble en paix,est une notion philosophique et exis-tentielle très importante». Par lamême occasion, Henri Teissier, an-cien archevêque d’Alger a affirméque «Aujourd’hui, nous sommes re-connaissons envers l’État Algériend’avoir assuré la promotion de cethème de «Vivre ensemble en paix»devant les Nations unies, et d’avoirréussi à obtenir le 8 décembre 2018,l’accord des 183 nations de l’ONU».

Cette journée a été organisée sousle Haut patronage de Monsieur leministre de la Communication, cetterencontre à laquelle participent plu-

sieurs personnalités nationales : ex-perts, analystes, cadres de la radioalgérienne, représentants de la so-ciété civile et de la presse nationale.Il est à noter qu’un riche programmea été tracé par les autorités publiquespour la célébration de cette Journée,en vue de promouvoir les valeurs dela culture de la paix et de la réconci-liation.

Ce projet avait été formulé en 2014,lors du congrès d’Oran, organisé parl'Association internationale soufiealawiya (Aisa), une ONG affiliée à l'As-sociation du Cheikh El Alawi, KhaledBentounès pour la culture et l'édu-cation soufie, dont le siège se trouveà Mostaganem. Il a été ensuiteadopté par consensus par les paysmembres de l'Organisation des Na-tions unies (ONU) en décembre der-nier (Résolution 72/130 de l'Assem-blée générale). Son objectif tend à lamobilisation continue des effortsdéployés par le président de laRepublique, M. Abdelaziz Bouteflikaet la communauté internationale enfaveur de la paix, de la tolérance, del'inclusion, de la compréhension etde la fraternité.

L’institution de cette journée ne re-flète que la réussite du travail accom-

pli par la diplomatie algérienne qui aobtenu l'adhésion de l'ensemble despays. La résolution 72/130 de l'Assem-blée générale de l'organisation desNations unies vient de proclamer le16 mai, «Journée internationale duvivre-ensemble en paix» en tant quemoyen de mobilisation régulière desefforts de la communauté internatio-nale en faveur de la paix, de la tolé-rance, de l'inclusion, de la compré-hension et de la solidarité.

Cette journée est l'occasion pourtous afin d'exprimer le désir profondde vivre et d'agir ensemble, unis dansla différence et dans la diversité, envue de bâtir un monde viable repo-sant sur la paix, la solidarité et l'har-monie. Aujourd’hui, l’Algérie ne peutqu’être fière de cette nouvelle jour-née, dont elle est l’initiatrice et sur-tout d’être la capitale mondiale de lapaix par le vivre-ensemble, qu’elle atoujours prêché, de par son capitald’expérience en la matière. Pour rap-pel, le ministère des Affaires étran-gères a célébré, hier, cette premièreédition de la journée internationaledu vivre ensemble en paix.

07 Juin 2018

Soumia L

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[CULTURE/MEDIAS]La musique et la gastronomie algériennesà l'honneur à New York

Le siège des Nations Unies à New York a été à l'honneur vendredipour le lancement des journées d'information sur l'Algérie avecdeux évènements culturels marquants visant à faire connaîtrela musique et la gastronomie algériennes aux Etats-Unis.

L'évènement, le premier du genre tenu dans la capitale cultu-relle américaine, a été l'occasion de célébrer l'art culinaire al-gérien lors d'un déjeuner gastronomique offert au siège desNations Unies. Le repas concocté par le chef BenslimaneMohamed a rassemblé près de 300 invités, dont des diplomatesdes Nations-Unies et des membres de la communauté algé-rienne et américaine. Figure montante de la gastronomie algé-rienne, ce chef exécutif aidé par une équipe venue d'Algérie, aprésenté une variété de mets qui font la richesse du patrimoineculinaire algérien, permettant aux nombreux convives de dé-couvrir et savourer les spécialités du pays.

Le déjeuner gastronomique a été suivi dans la soirée par unconcert musical au siège de l'ONU, animée par le maître duMalouf, Salim Fergani, qui a été accompagné lors de ce specta-cle, retransmis en direct sur la Web TV de l'ONU, par le groupemontréalais de musique andalouse…

06 Mai 2018

Bedoui procède à la mise en serviceofficielle du tramway de Sétif

Le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Amé-nagement du territoire, Noureddine Bedoui, a procédé mardià Sétif à la mise en service officielle du tramway de Sétif dans lecadre des festivités commémorant le 73ème anniversaire desmassacres du 8 mai 1945 …Le ministre des Travaux publics etdes Transports Abdelghani Zaâlane a félicité le Sétifiens pourcet acquis qui s’ajoute, a-t-il appuyé "aux multiples réalisationsde l’Algérie indépendante".

"Cet acquis au design futuriste imprimera une note de moder-nité à la ville révolutionnaire de Sétif", a considéré M. Zaâlanequi a mis l’accent sur les avantages offerts par ce nouveau moyende transport en matière de confort, sécurité et gain de temps.Dans ce sens, M. Zaâlane a affirmé que le secteur des transportsa connu "des progrès considérables", soulignant qu’en dépit dela conjoncture économique actuelle, "des projets imposantsont été maintenus et concrétisés conformément aux orienta-tions du président de la République". Le tramway de Sétif dontla réalisation a nécessité un investissement public de 47 mil-liards DA, est géré à hauteur de 99 % par des cadres algériens, aprécisé M. Zaâlane , ajoutant que les rames de ce moyen detransport ont été fabriquées localement à Annaba. Le tramwayde la capitale des Hauts plateaux s’étend sur 15,2 km, depuisl’entrée Est de la ville jusqu’à l’université Sétif 1 et englobe 26stations baptisées au nom de chouhada et dates historiques dela Guerre de libération.

08 Mai 2018

Dècès de Marcel Bois, le traducteur deBenhaddougua, Ouettar et Laaredj

Il était un Algérien de cœur et un traducteur talentueux

Marcel Bois, le traducteur de Abdelhamid Benhaddougua, TaharOuesttar et de WacinyLaardej est décédé ce 4 juin à Alger…

Né en 1925, dans un petit village de Savoie, Marcel Bois quittesa terre natale et entreprend un long périple. Strasbourg, Tu-nis, Beyrouth et Alger pour décrocher une licence de lettresclassique et de lettres arabes.

En 1960, il s’installe définitivement en Algérie et à l’indépen-dance du pays, il décide de rester et contribue à l’effort con-cédé à l’instruction par le jeune Etat.

Il consacra presque 20 ans de sa vie à l’enseignement du fran-çais au lycée El Mokrani à Ben Aknoun. Il enseigne également latraduction à l’université d’Alger. Une caractéristique qui fait delui le traducteur par excellence de la littérature algérienne delangue arabe. Les départements de français s’inspirait de sestravaux de traduction pour dispenser leurs modules sur la litté-rature algérienne d’expression arabe. Marcel Bois permettaitaux francophones de voir cette autre Algérie qui s’exprimaiten langue nationale et la faisait connaitre aux francophones dumonde entier.

C’était lui qui avait révélé le vent du sud de Benhaddouga aumonde entier avant de traduire l’ensemble de l’oeuvre de l’undes pères du roman algérien.

C’est Marcel Bois qui a traduit aussi une partie de l’œuvre deTahar Ouattar notamment Ezzilzel et Noces de mulet.

A 93 ans, Marcel bois tire sa révérence dans un pays qu’il a aiméet parmi des gens qui l’ont beaucoup apprécié.

05 Juin 2018

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NRP, Juin 2018, n°42

[MEMOIRE]

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« UNCOMMON ALGER »,UN NOUVEAU REGARD SUR LA

VILLE ANTIQUE

Après avoir dédié des guides aux villes de Londres, Stokholm,ou encore Le Caire, les éditions Amador consacrent leur der-nier-né à la ville d’Alger, ses secrets, et sa beauté.

Uncommon Alger, avec ses 224 pages, est une véritable mined’or pour tous les amoureux d’Alger la Blanche, sa citadelle, sesquartiers populaires, ses lieux mythiques comme la Casbah, sonport, ou encore ses mosquées.Ainsi, c’est un véritable voyagesensoriel et émotionnel qui est proposé au lecteur, qui « décou-vrira la ville aux milles escaliers, en descendant dans l’histoire àla rencontre de la Bataille d’Alger dans le récit d’un enfant,remontrera les versants d’une ville façonnée par des architec-tes, les uns andalous, les autres résolument haussmanniens».Pour élaborer ce travail minutieux, qui revient non seulementsur la vie et l’effervescence dans la capitale, mais aussi sur sonpassé, lointain ou récent, plusieurs auteurs, écrivains et artistesont pris leurs plumes pour raconter, à travers les quatre chapi-tres que compte le livre, leur enfance et leurs souvenir dans laville. Après une épigraphe rendant un bel hommage à KatebYacine, qui écrivait : « Mon Dieu, c’est la peur, c’est la ville, c’estl’âge-Misère, c’est la première fois que je suis à Alger, tant pis,j’y reviendrai », c’est l’auteur et journaliste Mouloud Achour,qui ouvre le bal des petites anecdotes, confessions et autresréminiscences, en relatant la joie qu’il ressentait lorsque sa fa-mille s’apprêtait à « descendre à Alger ». L’auteur raconte aussi,comment, à son arrivée à Alger, il mit pour la première fois lespieds dans une automobile, une sensation pas trop rassurantepour le jeune Mouloud, âgé alors de dix ans seulement, suivi dece qu’il appelle « le baptême de l’ascenseur », au-dessus duboulevard Carnot, actuel Zighout-Youcef.

À son tour, Ameziane Ferhani, auteur et confrère du quotidienEl Watan, revient sur un souvenir qui le marquera à vie, celui duFestival culturel panafricain ou « Panaf », organisé du 21 au 27juillet 1969 à Alger, où un brassage culturel, idéologique et hu-main eut lieu : « Toute l’Afrique était là dans son extraordinairediversité, en remontant de Cape Town jusqu’à Alger et en tra-versant le continent de Dakar au Golfe d’Aden », se remémoretendrement le journaliste. Quelques légendes de divers domai-nes sont ici célébrées, comme Rabah Madjer, à travers son amiet journaliste, Redouane Bendali, qui évoque les débuts de ce-lui qui deviendra l’un des plus grands joueurs de l’histoire dufootball africain. La première partie du dernier chapitre intitu-lée « Rediriger » est écrite par le journaliste ChawkiAmari, quinous relate, à la manière d’un journal de bord, le quotidientrépidant de la ville.

Ouargla: l’antique ville deSedrata menacée par des exten-

sions dans ses alentours.

Cette ville antique, remontant au 10ème siècle, est exposée àdes extensions effrénées de superficies agricoles et d’activi-tés de services empiétant dangereusement sur ses espaces,entraînant ainsi un rétrécissement de la superficie du site ar-chéologique protégé (4.152 hectares dont 769 ha classés) deSedrata, classé patrimoine national sauvegardé.Les opérationsd’extensions en cours, au détriment de ce repère historique,sont allées au-delà de la zone protégée pour altérer indiffé-remment les importantes caractéristiques archéologiques ethistoriques du site.Ces extensions, menées à titre individuelpar des citoyens, constituent une menace dénaturant ce legsancestral de Sedrata, témoin du passage de civilisations dans larégion et requièrent, par conséquent, une intervention "ur-gente" pour y mettre un terme.Plusieurs mesures sont entre-prises par les pouvoirs publics pour préserver le site archéolo-gique de Sedrata, à travers l’élaboration de plans d’occupationdu sol qui permettent une extension de la commune de Rouissatet son développement socioéconomique, sans porter atteinteau site de Sedrata.L’une des plus anciennes cités, en très grandepartie ensevelie aujourd’hui sous le sable, Sedrata a été érigéeen 909 par les Rostomides fuyant de Tihert (actuelle Tiaret) etqui s’y sont installés sur une période de trois siècles et y ontfondé cette cité, tout près de l’ancienne Wardjelan (actuelleOuargla).Cette ville antique, dont aujourd’hui plusieurs descomposantes sont enfouies sous le sable, du fait d’aléas natu-rels, exceptés certains pans de murailles et de piliers encorevisibles, a connu durant trois siècles une civilisation et un déve-loppement, dans divers domaines notamment scientifiques etartistiques, perceptibles à travers les vestiges collectés et desmanuscrits témoignant encore de son âge d’or. Le site, avecson cimetière, requiert une intervention urgente pour le pré-server, en plus de la conjugaison des efforts de l’ensemble desacteurs pour lui redonner son importance historique, et larecherche de moyens et mécanismes de sauvegarde de ce pa-trimoine séculaire.Les vents qui balaient fréquemment la ré-gion ont largement contribué à déterrer certains vestigesd’Issedraten, à l’instar de pans de la mosquée et de la Mahkama(tribunal)… Suspendues en 2006 après le décès de Ali Hamlaoui,dont la thèse de doctorat, soutenue à la Sorbonne (France),traitait justement de la ville de Sedrata, les fouilles archéologi-ques menées en 1997 et confortant d’autres études, ont con-tribué largement à la valorisation de l’important patrimoineculturel de cette cité antique et qui porte les traces d’unecivilisation ancienne.

Juillet 2017Janvier 2017

Uncommon Alger, Amador Ă©ditions, 224 pages, 2016

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[BIBLIOGRAPHIE]

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« Pourquoi le Persan estime-t-il à tel point ses grandspoètes, lesquels ont acquis chez nous une vénérationquasi religieuse ? Quelle est la nature de ce rapport in-time qui lie le Persan à ses poètes dont les messagesinvestissent tout son être et pénètrent profondémentla substance de son âme ? »C'est à partir de cette inter-rogation que Daryush Shayegan, l'un des plus importantspenseurs iraniens vivants, nous introduit aux cinq grandspoètes persans, dont on pourrait presque dire qu'ils ontacquis un statut mythique

Daryush ShayeganL'Ame poétique persane

Albin Michel, Paris 2017

La Vulnérabilité des jeunes

de 10 à 19 ans à Sidi El Houari, Les Planteurs, Ras El Aîn

(Oran,Algérie)

Une étude réalisée par Abdelkader Lakdjaa

du 15/04 au 15/06/2012

[REVUE]MOYEN-ORIENT N° 38

Golfe Persique : vers une nouvelleguerre froide ?

Areion Group, Paris, avril-juin 2018.

Une journée au Soleil

Arezki Metref ,2018

[FILM]

Un film documentaire sur "l'histoire de l'immigration"algérienne en France et la condition des immigrés à dif-férentes "stations importantes de l'histoire" de l'Algé-rie, a été finalisé et devrait être "présenté prochaine-ment" au public, a-t-on appris auprès de son réalisateur,Arezki Metref.