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Sécurité Alimentaire et
Nutritionnelle au Mali : Cartographie des Acteurs
Moctar TOUNKARA, Samba DIARRA, Ousmane MAIGA, Hadja SANGARE, Souleymane
BENGALY, Seydou DOUMBIA
Décembre 2019
R E S E A R C H T E C H N I C A L A S S I S T A N C E C E N T E R
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Remerciements
Cette étude a été menée en collaboration avec l’Université des Sciences, des Techniques et des
Technologies de Bamako, et avec le Département d’Enseignement et de Recherche en Santé Publique de
la Faculté de Médecine et d’Odontostomatologie de Bamako, en partenariat avec le Centre d’Assistance
Technique et de Recherche de NORC, de l’Université de Chicago, grâce au financement du bureau
Food For Peace de l’USAID Mali. Nous remercions toutes les parties prenantes, à savoir : le
Gouvernement du Mali (en particulier, le Ministère de l’Administration Territoriale, le Commissariat à la
Sécurité Alimentaire, le Système d’Alerte Précoce, l’Observatoire du Marché Agricole, la Direction
Nationale du Développement Social, la Direction Générale de la Santé et de l’Hygiène Publique, la
Direction Nationale de l’Agriculture, de la Pêche, de la Production et de l’Industrie Animale, des
Domaines et du Cadastre, du Commerce, de la Concurrence et de la Consommation, les Directions
Régionales de la Santé, du Développement Social des régions de Mopti, Tombouctou, Gao et Ségou), les
populations des régions de Mopti, Tombouctou, Gao et Ségou.
Nous souhaitons en particulier remercier et exprimer toute notre gratitude à Gabriela Alcaraz Velasco,
Directrice de recherche, pour son travail de supervision, de suivi et d’évaluation du rapport, depuis
l’élaboration du protocole jusqu’à la rédaction finale, ainsi qu’à toute l’équipe du Centre d’Assistance
Technique et de Recherche de NORC de l’Université de Chicago. Nous remercions le bureau de Food
For Peace de l’USAID, qui a financé ce projet et qui nous a accompagnés et soutenus tout au long de ce
travail.
Research Technical Assistance Center
Le Centre d'assistance technique à la recherche (Research Technical Assistance Center) est un réseau
de chercheurs universitaires qui génèrent des données de recherche opportunes pour l'USAID afin de
promouvoir des politiques et des programmes fondés sur des données probantes. Le projet est dirigé
par NORC à l'Université de Chicago en partenariat avec l'Arizona State University, le Centro de
Investigación de la Universidad del Pacifico (à Lima, au Pérou), Davis Management Group, le
DevLab@Duke University, Forum One, l'Institute of International Education, Notre Dame Initiative for
Global Development, Population Reference Bureau, Resilient Africa Network à la Makerere University
(à Kampala, en Uganda), United Negro College Fund, l'Université de Chicago et l'Université de l'Illinois à
Chicago.
Le Centre d'assistance technique à la recherche (RTAC) a été créé grâce au soutien du peuple américain
par le biais de l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) en vertu du
contrat n° 7200AA18C00057. Ce rapport a été produit par des chercheurs de l'Université des Sciences, des Techniques et des Technologies de Bamako (USTTB), sous la seule responsabilité du RTAC et du
NORC de l'Université de Chicago, et ne reflète pas nécessairement les vues de l'USAID ou du
gouvernement américain.
Citation suggérée
Tounkara et al. 2019. Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle au Mali : Cartographie des Acteurs.
Research Technical Assistance Center: Washington, DC.
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Synthèse La sécurité alimentaire est intrinsèquement un sujet interdisciplinaire qui implique un large éventail
d’intervenants. De nombreux acteurs spécialisés dans l'agriculture, la gouvernance, le développement
économique, les marchés, la nutrition, la santé, la protection de l'environnement, pour n'en citer que
certains, sont activement impliqués dans les efforts visant à réduire l'insécurité alimentaire et la
dénutrition au Mali. Tous ces intervenants opèrent dans un cadre institutionnel et politique complexe -
de nombreuses politiques, stratégies et lois définissent leurs mandats. Certaines des politiques adoptées
par le gouvernement du Mali (GdM) au cours des dernières années ont représenté des étapes
importantes vers un cadre cohérent pour parvenir à assurer la sécurité alimentaire, tandis que d'autres
restent incohérentes dans leurs mandats, leurs mécanismes et leur mise en œuvre.
De même, il existe un grand nombre de programmes de développement financés et mis en œuvre par
des entités privées, publiques et internationales dans le centre du Mali. Bien que ces programmes
cherchent à s’aligner sur le cadre général du GdM pour le développement, en pratique, de nombreux
facteurs rendent la mise en œuvre d’une stratégie cohérente difficile.
La cartographie et l'analyse des intervenants se concentrent sur les quatre régions de Gao, Mopti, Ségou
et Tombouctou. Ces régions ont une prévalence élevée d'insécurité alimentaire et de nombreux acteurs
agissent au niveau national, régional et du district pour aborder les problèmes de sécurité alimentaire
sous différents angles. Ces programmes traitent d'agriculture, d'environnement, de la santé, de la
résilience, de la nutrition et des sujets d'urgence.
Les agences donatrices travaillant sur le terrain dans ces régions sont l'USAID, les agences des Nations
Unies (UNICEF, PAM, OCHA) et les Organisations Non Gouvernementales (ONG) (CARE, Save the
Children, World Vision, etc.). À partir de 2013 environ, le financement des bailleurs de fonds est passé
d'une aide agricole à long terme à une aide d'urgence pour soulager les conséquences des sécheresses
fréquentes, des inondations et de l'augmentation des conflits dans les régions.
Ce rapport abordera de façon détaillée les organisations et groupes locaux, nationaux et internationaux
qui travaillent à la sécurité alimentaire dans les quatre régions étudiées au Mali.
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Table des Matières Remerciements ................................................................................................................................................................................... ii
Research Technical Assistance Center......................................................................................................................................... ii
Citation suggérée ............................................................................................................................................................................... ii
Synthèse iii
Table des Matières iv
Table des Chiffres clés vi
Table des Graphiques vi
Liste d’acronymes vii
Glossaire x
I. Introduction 1
Objectifs ............................................................................................................................................................................................... 1
Méthodologie ...................................................................................................................................................................................... 2
2. Lois, politiques, stratégies, et plans clés en matière de sécurité alimentaire et
nutritionnelle 2
3. Acteurs impliqués dans la sécurité alimentaire et nutritionnelle 8
Acteurs ................................................................................................................................................................................................. 8
Mandats ............................................................................................................................................................................................... 16
Alliances et relations entre les différents acteurs .................................................................................................................... 17
4. Projets et Programmes de Sécurité Alimentaire existant dans les régions de Mopti,
Tombouctou, Gao et le cercle de Niono (Ségou) 18
Programme de Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle .......................................................................................................... 20
Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ........................................................................................................ 20
Fonds International de Développement Agricole (FIDA) ...................................................................................................... 20
Projet de services financiers inclusifs dans la filière agricole (INCLUSIF) ......................................................................... 21
Projet de formation professionnelle, insertion et appui à l'entreprenariat des jeunes ruraux (FIER) ....................... 21
Programme Empowerment des Femmes et des Filles-Gouvernance de la Société civile (PEF-GS) .......................... 21
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Projet Harande ................................................................................................................................................................................. 22
Programme de filets Sociaux ......................................................................................................................................................... 22
Les projets humanitaires ................................................................................................................................................................ 22
Transferts monétaires (cash) ........................................................................................................................................................ 23
Lacunes ............................................................................................................................................................................................... 25
6. Recommandations 27
Références 29
Annexe I. Sources d’information 31
Annexe 2. Cartographie des ONG 34
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Table des Chiffres clés
Tableau 1 : Objectifs nationaux et internationaux en matière de sécurité alimentaire et nutritionnelle .... 2
Tableau 2 : Principaux acteurs de la sécurité alimentaire et nutritionnelle. ........................................................ 9
Tableau 3 : ONG présentes dans les zones ciblées de Mopti .............................................................................. 12
Tableau 4 : ONG présentes dans les zones ciblées de Tombouctou ................................................................. 13
Tableau 5 : ONG présentes dans les zones ciblées de Ségou .............................................................................. 14
Tableau 6 : ONG présentes dans les zones ciblées de Gao ................................................................................. 14
Tableau 7 : Exemples d’activités d'aide alimentaire réalisée dans les régions de Mopti, Tombouctou et
Gao. ..................................................................................................................................................................................... 24
Tableau 8 : Taux quotidiens de paiement en espèces pour le travail et les actifs par région, FEWS NET
2019. ................................................................................................................................................................................... 24
Table des Graphiques
Graphique 1: Flux d'aide des donateurs au Mali pour l'agriculture et la sécurité, 2008 – 2017 ................... 16
Graphique 2 : Nombre d’organisations non gouvernementales humanitaires identifiées par cercle dans
les régions de Mopti, Tombouctou, Gao et dans le cercle de Niono au Mali, Septembre 2019. ................ 34
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Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle : Cartographie des Acteurs vii
Liste d’acronymes
AADIS Association des Amis pour le Développement Intégré du Sahel
AAG Association d'Aide de Gao
ACF Action Contre la Faim
ACTED Agence d’aide à la Coopération Technique et au Développement
AEN Aide de l'Église Norvégienne
ALPHALOG Association Libre pour la Promotion de l’Habitat et du Logement
AMID-FJ Association Malienne pour l’Intégration et le Développement
AMODEM Action de Mobilisation des Organisations pour le Développement
Économique du Mali
AMPC ALIMA Alliance Médicale Contre le Paludisme & the Alliance for International Medical
Action
AMPPF Association Malienne pour la Promotion de la Planification Familiale
AMSS Association Malienne pour la Survie au Sahel
APROMOS Association pour la Promotion du Monde Rural au Sahel
ASDAP Association de Soutien au Développement des Activités de Population
AVDR Association des Volontaires pour le Développement Rural
AVRBC Asian Vegetable Research and Development Center
CAECE Caisse Associative d’Épargnes et de Crédits des Entreprises et Commerçants
du Mali
Cash Transfert monétaire
CCSA Conseil Communal de la Sécurité Alimentaire
CECI Centre d’Étude et de Coopération Internationale
CEDEAO Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest
CICR Comité International de la Croix Rouge
CILSS Comité Permanent Inter-États de Lutte contre la Sècheresse dans le Sahel
CLSA Conseil Local de Sécurité Alimentaire
CMC Conseil Communal de Sécurité Alimentaire
CMP Commission des Mouvements de Populations
CNSA Conseil National de Sécurité Alimentaire
CREDD Cadre de Relance Économique pour le Développement Durable
CRS Catholic Relief Services
CSA Commissariat à la Sécurité Alimentaire
CSLP Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté
DDRG Développement Durable de la Région Gao
DIH Droit International de l’Homme
EMOP Enquête Modulaire et Permanente auprès des Ménages
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Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle au Mali : Cartographie des Acteurs| Décembre 2019 viii
FAO Organisation pour l’Alimentation et l’Agriculture
FCFA Franc de la Communauté Financière Africaine
FEWS NET Famine Early Warning Systems Network
FFP Food For Peace
FIDA Fond International pour le Développement de l’Agriculture
GAAS Groupe d’Animation Action au Sahel
GdM Gouvernement du Mali
GRAT Groupe de Recherche et d’Applications Techniques
GREFFA Groupe de Recherche d'Étude et de Formation Femme Action
HARANDE Sécurité alimentaire en langue Peulh
HELP Help-Hilfe zur Seibsthilfe
IMADEL Initiative Malienne d’Appui au Développement Rural
IRC International Rescue Committee
LOA Loi d’Orientation Agricole du Mali
LVIA Association Internationale des Volontaires Laïcs
MSF Médecins Sans Frontières
OCHA Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’Organisation des
Nations Unies
OMA Observatoire des Marchés Agricoles du Mali
OMS Organisation Mondiale de la Santé
ONG Organisation Non Gouvernementale
OPAM Office des Produits Agricoles du Mali
OXFAM Oxford Committee for Famine Relief
PAM Programme Alimentaire Mondial
PASSIP Programme d’Appui au Sous-Secteur de l’Irrigation de Proximité
PAU Politique Agricole de l’UEMOA
PDA Politique de Développement Agricole du Mali
PDDAA Programme Détaillé de Développement de l’Agriculture Africaine
PDIs Populations Déplacées Internes
PolNSAN Politique Nationale de Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle
PRMC Programme de Restructuration du Marché Céréalier du Mali
PSAK Programme de Sécurité Alimentaire de Kidal
PSSA Programme Spécial de Sécurité Alimentaire
PUI Premières Urgences Internationales
SAP Système d’Alerte Précoce
SCI Save The Children International
SMARA Santé Mali Rhône Alpes
SNV Organisation Néerlandaise pour le Développement
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Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle : Cartographie des Acteurs ix
UEMOA Union Économique, Monétaire Ouest-Africaine
UNDP Agence des Nations Unies pour la Population et le Développement
UNFPA Fond des Nations Unies pour la Population
UNICEF Fond des Nations Unies pour l'Enfance
USAID Agence des États Unis d’Amérique pour le Développement International
USAID/KJK USAID Keneya Djemu kan, Projet de communication pour la promotion de la
santé
WHH Welthungerhilfe
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Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle au Mali : Cartographie des Acteurs| Décembre 2019 x
Glossaire Agriculture : la science et les activités liées à la production, à la transformation, à l'emballage, au
transport, au commerce, à la commercialisation, à la consommation et à l'utilisation des denrées
alimentaires, des aliments pour animaux et des végétaux, y compris l'aquaculture, l'agriculture, la pêche,
la sylviculture et l’élevage.
Développement durable : la capacité d'un pays, d'une communauté, d'un partenaire de mise en
œuvre ou d'un bénéficiaire prévu de maintenir, au fil du temps, les programmes autorisés et les résultats
obtenus, d'un point de vue institutionnel et programmatique. La durabilité implique le renforcement des
compétences, des connaissances, des institutions et des incitations qui peuvent rendre les processus de
développement autosuffisants.
Équitable : traiter de manière juste et égale avec toutes les personnes concernées, indépendamment
de leur statut économique, de leur situation géographique, de leur sexe, de leur race, de leur âge ou de
toute autre caractéristique sociale.
Extrême pauvreté : l'incapacité de répondre durablement aux besoins de consommation de base. Les
personnes qui vivent dans l'extrême pauvreté manquent à la fois de revenus et de biens. Ils souffrent
généralement de privations chroniques et interdépendantes, notamment la faim et la malnutrition, une
mauvaise santé, une éducation limitée et la marginalisation ou l'exclusion.
Fragilité : la mesure dans laquelle les relations entre l'État et la Société ne produisent pas de résultats
considérés comme efficaces et légitimes. L'efficacité fait référence à la capacité du gouvernement de
travailler avec la société pour assurer le maintien de l'ordre et la fourniture de biens et services publics.
La légitimité renvoie à la perception par des segments importants de la société du fait que le
gouvernement exerce le pouvoir de l'état de manière raisonnable, équitable, et dans l'intérêt de la nation
dans son ensemble.
Genre : l'ensemble des rôles, des droits, des responsabilités, des avantages et des obligations des
femmes et des hommes tels que définis par la norme sociale. La définitions socio-culturelle de la notion
d’homme ou de femme varie selon les cultures et change avec le temps.
Malnutrition : mauvais état nutritionnel causé par une carence ou un excès nutritionnel. La
malnutrition est un état qui survient lorsque l'alimentation d'une personne ne fournit pas suffisamment
d'éléments nutritifs pour la croissance et le maintien en vie, ou si elle est incapable d'utiliser pleinement
la nourriture qu'elle consomme en raison d'une maladie ; elle consiste à la fois en une sous-alimentation
(insuffisance) et une suralimentation (excès).
Populations vulnérables : les populations les plus à risque de souffrir d'insécurité alimentaire en
raison de leur statut physiologique ou socioéconomique, de leur situation géographique ou de leur
niveau de sécurité physique.
Protection sociale : Une série d’interventions publiques visant à soutenir les membres les plus
pauvres et les plus vulnérables de la société, ainsi qu'à aider les individus, les familles et les communautés
à gérer les risques. La protection sociale comprend les filets de sécurité (assistance sociale), l'assurance
sociale, les lois du travail, les fonds sociaux et les services sociaux.
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Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle : Cartographie des Acteurs xi
Résilience : la capacité des personnes, des ménages, des communautés, des pays et des systèmes à
atténuer les chocs, à s'y adapter et à s'en remettre d'une manière qui réduit la vulnérabilité chronique et
facilite une croissance inclusive.
Responsabilité sociale : la responsabilité sociale fait partie intégrante de la bonne gouvernance. Il
s'agit de l'environnement favorable qui permet aux citoyens, aux utilisateurs des services publics et aux
bénéficiaires des programmes d'exiger des décideurs ou des responsables, la mise en œuvre des
programmes et des prestations de services publics, une meilleure réactivité et une meilleure
responsabilisation. Les quatre piliers de la responsabilité sociale, PITR sont : la participation, l'inclusion,
la transparence et la responsabilité.
Sécurité alimentaire et nutritionnelle : la sécurité alimentaire et nutritionnelle est atteinte lorsque
des aliments adéquats, sains et nutritifs sont disponibles, accessibles et bien utilisés par tous les individus
en permanence, pour leur permettre de mener une vie saine et productive.
Système local : se réfère à l’ensemble des acteurs interconnectés (gouvernements, société civile,
secteur privé, universités, citoyens et autres) qui produisent ensemble un résultat particulier en matière
de développement.
Source : USAID (2016).
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Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle : Cartographie des Acteurs 1
I. Introduction
Le Mali est l'un des pays les plus pauvres au monde. En 2017, il a été classé 182ème sur 189 pays selon
l'indice de développement humain, un classement qui se fonde sur des estimations de l'espérance de vie,
du niveau de formation, et du revenu national brut par habitant (PNUD, 2018). La pauvreté touche
environ 44 pour cent de la population et est restée à des niveaux similaires depuis plus d'une décennie
(EMOP, 2019). Les principales difficultés du pays sont l'accroissement rapide de sa population, sa
dépendance à l'égard des moyens de subsistance agricoles, sa grande vulnérabilité aux changements
climatiques, et la persistance des conflits et de l'insécurité entraînant de nombreux déplacements
internes de la population. Le nombre de déplacés internes (PDI) est en effet passé de 171 437 personnes
à 187 139 en septembre 2019, soit une augmentation de 15 702 personnes (CMP, 2019 ; USAID, 2018).
Les conflits dans les régions du centre et du nord du Mali ont aggravé la vulnérabilité des populations et
l’insécurité alimentaire dans les régions de Mopti, Tombouctou, Gao, et dans le cercle de Niono, dans la
région de Ségou. Les intervenants en matière de sécurité alimentaire et nutritionnelle étant nombreux, il
est important d’identifier chaque acteur et de savoir qui fait quoi, où, et comment les acteurs
s’inscrivent dans une dynamique relationnelle pour la mise en œuvre des interventions.
Le présent document est une cartographie des acteurs afin de faciliter la conception d’une activité
pluriannuelle du bureau Food For Peace (FFP) de l’USAID Mali sur la sécurité alimentaire dans les régions
de Mopti, Tombouctou, Gao et le cercle de Niono, dans la région de Ségou. Les informations contenues
dans ce document aideront les candidats potentiels à l’appel à candidature, ainsi que l'équipe de
conception USAID / FFP Mali à analyser la situation de la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans les
zones géographiques ciblées du Mali.
Le présent document est structuré comme suit : les sections ci-dessous présentent les objectifs de la
cartographie des parties prenantes et l'approche méthodologique. Le chapitre 2 dresse un aperçu des
lois, politiques, stratégies, et plans clés en matière de sécurité alimentaire et nutritionnelle dans le pays.
Le chapitre 3 identifie les parties prenantes participant aux initiatives de sécurité alimentaire et
nutritionnelle, avec une description de leurs zones d'action. Enfin, le chapitre 4 identifie les domaines
dans lesquels de nouvelles activités d’assistance peuvent être mises en place.
Objectifs
Les objectifs de cette cartographie sont :
d’identifier les personnes, les organisations et/ou les groupes impliqué(e)s dans la sécurité
alimentaire et nutritionnelle au niveau local, national et international ;
de fournir une compréhension des perspectives et des intérêts des différentes parties prenantes à
travers une compréhension du système de sécurité alimentaire et nutritionnelle ;
de cartographier les priorités et les programmes existants des donateurs, des gouvernements, du
secteur privé et de la société civile et de mettre en évidence les possibilités de tirer parti des
initiatives en cours.
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Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle au Mali : Cartographie des Acteurs| Décembre 2019 2
Méthodologie
Ce travail est basé sur des recherches documentaires et l'engagement de diverses parties prenantes. La
première étape a consisté, pour l'équipe de recherche, à réaliser une réunion avec les différentes parties
prenantes de la sécurité alimentaire et nutritionnelle au niveau national, dans le but de répertorier les
intervenants de la sécurité alimentaire et nutritionnelle à différents niveaux (au niveau du pays, des
régions, des cercles, et des communautés).
Il a ensuite été procédé à une revue documentaire sur la sécurité alimentaire dans les régions de Mopti,
Tombouctou, Gao et le cercle de Niono, avec une analyse de la littérature scientifique, des notes de
réunion, des rapports, et des bulletins produit(e)s par le Gouvernement du Mali (GdM), l’USAID, les
institutions/organisations nationales et internationales, et les agences des Nations Unies.
Enfin, en septembre – octobre 2019, des entretiens individuels et de groupe ont été réalisés avec les
acteurs clés de la sécurité alimentaire au niveau des communautés, des cercles, et des régions dans les
régions de Mopti, Tombouctou, Gao et de Ségou. De plus amples informations sur les sources
d'information sont disponibles à l'Annexe 1.
2. Lois, politiques, stratégies, et plans clés
en matière de sécurité alimentaire et
nutritionnelle
De nombreux(-ses) lois, politiques, stratégies et plans sont mis(es) en œuvre dans le domaine de la
sécurité alimentaire et nutritionnelle pour réduire la vulnérabilité et l’insécurité alimentaires et
nutritionnelles, et faciliter la résilience des communautés. Certaines politiques nationales s’inspirent des
politiques sous régionales, régionales et internationales.
Cette section présente ces politiques, stratégies et lois sous la forme d'un tableau (Tableau 1), suivi
d'une analyse des synergies, des lacunes et des possibilités.
Politique, plan
ou stratégie
Période
mise en
œuvre
de Principaux objectifs Organisations
chargées de la
mise en
Couverture
géographique
œuvre
NIVEAU NATIONAL
Cadre stratégique
pour la relance
économique et le
développement
durable (CREDD)
2016-2018
2019 – 2023
Le cadre du GdM pour la
conception, la mise en œuvre et le
suivi des politiques et stratégies de
développement aux niveaux
Ministère de
l'Économie et
des Finances
À l'échelle
nationale
Tableau 1 : Objectifs nationaux et internationaux en matière de sécurité alimentaire et nutritionnelle
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Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle : Cartographie des Acteurs 3
Politique, plan
ou stratégie
Période de
mise en
œuvre
Principaux objectifs Organisations
chargées de la
mise en
œuvre
Couverture
géographique
national et sectoriel. Les deux axes
préalables sont :
1. Paix, reconstruction du Nord
et sécurité
2. Stabilité macroéconomique
Les trois axes stratégiques sont :
1. Promouvoir une croissance
inclusive et durable
2. Accès aux services sociaux de
base
3. Développement institutionnel
et bonne gouvernance
La Cellule
technique de
coordination du
cadre stratégique
de lutte contre
la pauvreté (CT-
CSLP)
Loi d’orientation
agricole
De 2005 à ce
jour
Promouvoir une agriculture
durable, moderne et compétitive
basée sur l'agriculture familiale
Ministère de
l'Agriculture
À l'échelle
nationale
Stratégie
nationale
de sécurité
alimentaire
De 2002 à ce
jour
Une sécurité alimentaire durable
fondée sur une croissance
économique axée sur l'agriculture
et la création de dispositifs de
sécurité sociale compatibles avec
le marché
GdM À l'échelle
nationale
Politique
nationale de
sécurité
alimentaire et
nutritionnelle
(PolNSAN)
De 2017 à ce
jour
Améliorer la coordination des
politiques sectorielles, renforcer la
gouvernance en matière de
sécurité alimentaire et de nutrition
et favoriser les processus
d'intégration régionale et
sous-régionale
GdM À l'échelle
nationale
Politique
nationale de
développement
de l’agriculture
2011 – 2020 Passer d'une approche par projet à
une approche sectorielle du
développement agricole par la
promotion de la/du :
Promotion économique et
sociale dans les zones rurales
et suburbaines
Souveraineté nationale et
sécurité alimentaire
Réduction de la pauvreté
rurale
Ministère de
l'Agriculture
À l'échelle
nationale
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Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle au Mali : Cartographie des Acteurs| Décembre 2019 4
Politique, plan
ou stratégie
Période de
mise en
œuvre
Principaux objectifs Organisations
chargées de la
mise en
œuvre
Couverture
géographique
Développement et
modernisation de l'agro-
industrie
Protection de l'environnement
et gestion des ressources
naturelles durable
Augmentation de la
contribution rurale à la
croissance économique
Développement agricole
équilibré et cohérent
Traitement approprié des
questions foncières pour
assurer la sécurité des
producteurs sur leurs terres
Politique
nationale de
développement
de la pêche et de
l’aquaculture
De 2011 à ce
jour
D’augmenter la contribution du
sous-secteur de la pêche à la
croissance économique du pays, à
travers une exploitation durable
des ressources halieutiques et
aquacoles en vue d’améliorer les
conditions de travail et de vie
sociale, économique et écologique
Ministère de
l'Élevage et de la
Pêche
À l'échelle
nationale
Politique
nationale genre
De 2011 à ce
jour
La politique est structurée autour
des six (6) orientations
stratégiques suivantes :
Une protection égale devant
la loi pour les hommes et les
femmes
Développer le capital humain
des hommes et des femmes
Reconnaissance de la
contribution des femmes au
développement économique
Participation égale des
hommes et des femmes aux
processus de prise de décision
nationaux
Ministère de la
Promotion de la
femme, de
l’enfant et de la
famille
À l'échelle
nationale
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Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle : Cartographie des Acteurs 5
Politique, plan
ou stratégie
Période de
mise en
œuvre
Principaux objectifs Organisations
chargées de la
mise en
œuvre
Couverture
géographique
Promotion, sensibilisation et
communication pour
l’enracinement des valeurs et
des comportements égalitaires
au sein de la société malienne
tout en ralliant les traditions
porteuses d’égalité
Intégration de la dimension de
genre
Loi foncière
agricole
De 2017 à ce
jour Désigne les terres
coutumières non enregistrées
comme terres domaniales
Officialise les droits fonciers
coutumiers au moyen de
nouveaux systèmes de titres
fonciers
Reconnaît le droit de
propriété collective des
communautés rurales
Améliore la gouvernance par
la création d'une commission
foncière villageoise et d'un
observatoire national des
terres agricoles
Ministère du
Développement
Rural
À l'échelle
nationale
Plan national
d’investissement
dans le secteur
agricole
2015 – 2025 Identifie les investissements
stratégiques dans cinq chaînes de
valeur : riz, maïs, mil/sorgho,
pêche intérieure et produits de
l'élevage (viande et produits
laitiers).
Ministère du
Développement
Rural
À l'échelle
nationale
Politique
nationale de
nutrition
2012 – 2021 Réduire de moitié la malnutrition
d'ici 2021 par la promotion d'une
approche multisectorielle de la
nutrition
Ministère de la
Santé
À l'échelle
nationale
Politique
nationale de
protection sociale
2016 – 2018 Renforcer les mécanismes de
financement, restructurer les
mécanismes de coordination et
mettre en œuvre des programmes
de protection sociale visant à
Ministère de la
Solidarité, de
l’Action
Humanitaire et
de la
À l'échelle
nationale
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Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle au Mali : Cartographie des Acteurs| Décembre 2019 6
Politique, plan Période de Principaux objectifs Organisations Couverture
ou stratégie mise en chargées de la géographique
œuvre mise en
œuvre
renforcer la résilience, la sécurité Reconstruction
alimentaire et la nutrition. du Nord
Stratégie 2009 – 2018 Accroissement des subventions Ministère de À l'échelle
nationale de pour la fourniture d’intrants aux l’Agriculture nationale
développement producteurs de riz leur
de la riziculture permettant de cultiver le maïs, le
blé, le millet et le sorgho.
Politique De 2009 à ce Gestion durable de l'alimentation GdM À l'échelle
nationale de jour scolaire nationale
l’alimentation
scolaire
Stratégie de De 2013 à ce Accroître l'appropriation nationale Ministère de À l'échelle
pérennisation de jour des programmes d'alimentation l’Education, de nationale
l'alimentation scolaire et réduire la dépendance l’Alphabétisation,
scolaire du pays à l'égard du financement et de la
extérieur. Promotion des
Langues
Nationale
Plan national de De 2016 à ce Améliorer la sécurité alimentaire GdM À l'échelle
réponse aux jour et nutritionnelle par des mesures nationale
difficultés d'urgence et le renforcement de la
alimentaires résilience
INTERNATIONAL/RÉGIONAL
Politique agricole De 2009 à ce Contribuer, de façon durable à la UEMOA Régionale
de l’UEMOA jour satisfaction des besoins
(PAU) alimentaires de la population de la
Région, au développement
économique et social des États
membres et à la réduction de la
pauvreté en milieu rural.
Politique publique S/O Assurer l’accès de tous les CILSS Régionale
en matière de Sahéliens, à tout moment, aux
sécurité aliments nécessaires pour mener
alimentaire dans une vie saine et active à l’horizon
le Sahel (CILSS) 2015 et mise en œuvre de la
Charte pour la prévention et la
gestion des crises alimentaires
(version révisée 2012) qui s’est
imposée comme un code de
bonne conduite en matière de
gestion de l’aide alimentaire
-
Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle : Cartographie des Acteurs 7
Politique, plan
ou stratégie
Période de
mise en
œuvre
Principaux objectifs Organisations
chargées de la
mise en
œuvre
Couverture
géographique
Alliance globale
pour l’initiative
résilience – Sahel
et Afrique de
l’Ouest
De 2012 à ce
jour
Réduire structurellement et de
manière durable la vulnérabilité
alimentaire et nutritionnelle en
accompagnant la mise en œuvre
des politiques sahéliennes et
ouest-africaines
la CEDEAO, le
CILSS et
l’UEMOA
Régionale
Politique agricole
de la CEDEAO
De 2005 à ce
jour
Développement du secteur
agricole et Utilisation maximale de
toutes les potentialités de ce
secteur dans un esprit de
complémentarité des zones
écologiques en vue d’assurer
l’autosuffisance alimentaire au sein
de la sous-région
CEDEAO Régionale
Sur la base des informations présentées ci-dessus, il apparaît que, dans l'ensemble, les stratégies
nationales relatives à la sécurité alimentaire et nutritionnelle se concentrent sur quatre éléments clés :
production alimentaire, consommation, commerce et coordination/gouvernance.
Les politiques axées sur la production met l'accent sur la promotion d'une production agricole
durable, l'accès à la terre et à l'eau, la gestion des ressources naturelles, un meilleur financement des
subventions aux intrants et autres domaines qui permettent d’améliorer la productivité, la recherche
agricole, le conseil agricole et rural, et la mise en place de stratégies pour faire face au changement
climatique (c'est-à-dire l'irrigation) (FAO, 2017).
Les politiques axées sur la consommation mettent l'accent sur l’aide à l'accès des populations
vulnérables à la nourriture et aux dispositifs de sécurité et/ou en cas de crises ou de situations
d'urgence, et sur le soutien aux programmes d'alimentation scolaire.
Les politiques axées sur le commerce mettent l'accent sur la nécessité de développer des chaînes de
valeur compétitives et de tirer parti de l'intégration régionale, de l'appui à l'accès au marché des
produits agricoles, et des investissements dans les infrastructures de transformation, de stockage et
de commercialisation.
Les politiques axées sur la coordination/gouvernance porte sur l'adoption d'une approche
multisectorielle pour réduire la pauvreté, l'insécurité alimentaire et la malnutrition ; l'amélioration de
la gestion de l'aide alimentaire ; l'amélioration des structures de gouvernance ; et la participation
accrue des différentes parties prenantes à la prise de décisions.
En ce qui concerne l’élevage, la politique révisée est davantage orientée sur l’augmentation des
investissements, la réduction des entraves à l’accès au marché (taxes élevées, manque des capacités de
transport, accès insuffisant aux informations aux crédits), et sur une meilleure exploitation du potentiel
laitier et avicole, ainsi que du secteur de la pêche, au Mali, grâce à une politique d’accroissement des
infrastructures, de réduction des coûts élevés des opérations de pêche, de commercialisation, et
d’amélioration des conditions de vie des pêcheurs (GdM, 2019).
-
Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle au Mali : Cartographie des Acteurs| Décembre 2019 8
Une étude réalisée en 2013 par le programme de Suivi et d'analyse des politiques alimentaires et
agricoles (SAPAA) de la FAO a révélée « des incohérences entre les objectifs politiques généraux, les
mesures adoptées pour poursuivre ces objectifs et les effets qu'ils produisent » (SAPAA, 2013). Des
entretiens avec des informateurs clés, ainsi qu’une recherche documentaire, ont confirmé cette
affirmation, soulignant le fait que le pays dispose d’un nombre important de politiques et de plans
couvrant tous les domaines du développement mais que ces politiques et plans manquent de cohérence
les un(e)s avec les autres, ce qui complique la tâche des parties prenantes du développement, et rend
difficile leur mise en œuvre. Ceci, couplé au manque de moyens matériels, entrave la réalisation des
objectifs fixés.
Bien que la mise en place du CREDD représente un pas vers une stratégie cohérente, les difficultés
posées par l'incohérence des politiques nationales persistent. Par exemple, malgré les objectifs
gouvernementaux d'augmentation des exportations, les droits de douane sur le riz importé ont été
supprimés et les exportations de produits de base ont été limitées en période de crise. Il existe
également un conflit entre, d’un côté, les ressources importantes allouées à la production de coton, et,
de l’autre, la stratégie déclarée de diversification des cultures. La transformation structurelle de la
politique de sécurité alimentaire au Mali pourrait être abordée par une intégration ciblée des chaînes de
valeur régionales et mondiales, avec des investissements dans la diversification des productions (World
Bank, 2015).
La Politique nationale de sécurité alimentaire et nutritionnelle (PolNSAN) est conforme aux objectifs du
CREDD en matière de réalisation des objectifs de développement durable, d'amélioration de la sécurité
alimentaire et nutritionnelle pour tous, de protection sociale et de renforcement des actions
humanitaires. En outre, la PolNSAN s'appuie sur d'autres documents sectoriels (et plans connexes) tels
que la Loi d'orientation agricole, la Politique de développement agricole, la Politique nationale de
développement et de l’élevage, le Schéma directeur de développement de la pêche et de l’aquaculture, le
Document cadre de politique nationale de décentralisation, la Politique nationale de l’aménagement du
territoire, les Priorités Résilience du Mali, la Politique nationale de nutrition, la Politique nationale de
protection sociale, la Politique nationale genre, et la Politique nationale de l’alimentation scolaire (GdM,
2017).
La mise en œuvre des politiques et stratégies décrites ci-dessus exige une série de mesures de la part
des ministères concernés, lesquels collaborent ensuite avec les autorités locales et les diverses parties
prenantes pour coordonner la mise en œuvre.
3. Acteurs impliqués dans la sécurité
alimentaire et nutritionnelle
Acteurs
Généralement, les acteurs sont des structures étatiques, des collectivités territoriales, des organisations
de la société civile et des secteurs privés, des partenaires techniques et financiers, et les
bénéficiaires (Tableau 2).
-
Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle : Cartographie des Acteurs 9
Secteur Public Société Civile Secteur Privé
National
Conseil national de sécurité alimentaire ;
Commissariat à la sécurité
alimentaire (CSA) ;
Un conseiller national chargé de
l’approche territoriale ;
Un conseiller national chargé de
l’approche genre.
Collectivités;
Chefs communautaires ;
Organisations Paysannes ;
Groupements et associations de
femmes et de jeunes ;
Ménages et individus.
Chambre régionale de
commerce et de l’industrie ;
Association des
consommateurs ;
Commerçants.
Régional et local
Administration (Gouverneur, Préfet,
Sous-Préfet) ;
Conseil régional ; Direction régionale de
la santé, et du développement social ;
Direction régionale de l’agriculture, de la
pêche, et de l’élevage ;
Direction régionale du
commerce/consommation et de la
concurrence ;
Direction régionale des statistiques et de
l’information ;
Système d'alerte Précoce.
Office régional des produits alimentaires
du Mali (OPAM) ;
Chambre régionale de commerce et de
l’industrie ;
Protection civile ;
Services vétérinaires ;
Eaux et forêts ;
Météorologie ;
OMA : Observatoire du Marché Agricole.
Organisations non
Gouvernementales de
développement et humanitaires.
Agences de développement
(USAID) et Agences des Nations
Unies.
État
L’État élabore la politique nationale de la sécurité alimentaire, et offre les instruments institutionnels
nécessaires à la gestion et au suivi de cette politique. Le dispositif institutionnel de coordination vise à
garantir un leadership national sur la question de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, et à créer les
conditions d’une plus large participation, et d’un partenariat dynamique, entre tous les acteurs du
développement.
Tableau 2 : Principaux acteurs de la sécurité alimentaire et nutritionnelle.
-
Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle au Mali : Cartographie des Acteurs| Décembre 2019 10
Le Commissariat à la sécurité alimentaire (CSA) supervise et coordonne l’ensemble des activités
qu’exigent, d’une part, l’instauration d’une sécurité alimentaire structurelle durable et, d’autre part,
l’exécution des interventions conjoncturelles. Il s’agit :
Pour les activités de veille et de prévention, d’harmoniser, au sein d’une même structure
opérationnelle, les mandats du Système d’alerte précoce (SAP) et de l’Observatoire du marché
agricole (OMA).
Pour la gestion de l’ensemble des interventions structurelles et conjoncturelles, de mette en œuvre
la politique de sécurité alimentaire, notamment par l’approfondissement des acquis du cadre de
concertation État/Partenaires techniques et financiers qu’est le Programme de restructuration du
marché céréalier (PRMC).
En outre, le CSA regroupe aujourd’hui en son sein d’autres structures, telles que :
l’OPAM (Office de produits agricoles du Mali) ;
le PSSA (Programme spécial de sécurité alimentaire) ;
le PSAK (Programme de sécurité alimentaire de Kidal).
Ces structures spécialisées soutiennent aussi la mise en œuvre de la PolNSAN.
Dans l’ensemble, la gouvernance de la sécurité alimentaire est assurée à différents niveaux par :
Le Conseil national de la sécurité alimentaire (CNSA) présidé par le Premier ministre. Ce Conseil
est composé de membres des ministères suivants : ministère de l’Agriculture, ministère de l’Élevage
et de la Pèche, ministère de l’Administration territoriale et la Décentralisation, ministère de la Santé
et de l’Hygiène publique, ministère de la Solidarité et de l’Action humanitaire, ministère de
l’Équipement, ministère du Transport et du Désenclavement, ministère de l’Économie et des
Finances, et ministère de l’Environnement.
Le Comité de coordination et de suivi des programmes de sécurité alimentaire (CCSPPSA), présidé
par le Commissariat à la sécurité alimentaire (CSA) ;
La Commission mixte de concertation (CMC), présidée par le Commissariat à la sécurité
alimentaire (CSA) ;
Le Comité régional de sécurité alimentaire (CRSA), au niveau de chaque région, présidé par le
Gouverneur de région ;
Le Comité local de sécurité alimentaire (CLSA), au niveau de chaque cercle, présidé par le Préfet ;
Le Comité communal de sécurité alimentaire (CCSA), au niveau de chaque commune, présidé par le
Sous-Préfet.
Ces structures servent d’organes de planification, de gestion, et de coordination de la sécurité
alimentaire.
En plus de ces structures, d'autres institutions publiques jouent un rôle important dans la mise en œuvre
de la politique de sécurité alimentaire au Mali au niveau régional et local. Dans le domaine de
l'agriculture, le ministère de l'Agriculture, ainsi que le ministère de l’Élevage, nomment des représentants
dans chaque région chargés de diriger les services de vulgarisation des bonnes pratiques et de
-
Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle : Cartographie des Acteurs 11
réglementation, et de gérer les programmes de subvention des intrants. L'Institut d'économie rurale
(IER) est le principal service de recherche agricole qui effectue des analyses de plantes et de sols. Dans
le delta du Niger, l'Office du Niger (ON) gère les infrastructures d'irrigation, la livraison des intrants et
les services de vulgarisation. L'Office de la Haute Vallée du Niger (OHVN) offre un service similaire dans
les zones en amont du Niger (GdM, 2017).
Des représentants d'autres organismes gouvernementaux (développement social, santé, alerte précoce,
protection civile, pêche, etc.) offrent également des services de soutien aux objectifs de sécurité
alimentaire et nutritionnelle.
Collectivités
Dans le cadre de la mise en œuvre de la politique nationale de sécurité, les collectivités locales jouent le
rôle de « maîtres d’œuvre » du développement local et régional, en : (i) participant à sa conception, à sa
coordination et à son suivi-évaluation, notamment en faisant part de leurs priorités en matière de
développement local lors de concertations organisées aux niveaux régional, local et communal, et des
instances de planification, d’exécution et de coordination de la sécurité nationale ; (ii) en participant à
l’élaboration et à la mise en œuvre des programmes opérationnels et des programmes d’investissement
au niveau régional, départemental et local, à travers les plans de développement de leurs territoires
respectifs, et les schémas/plans d’aménagement et de gestion de l’espace ; et (iii) en mobilisant des
ressources (financières, matérielles et humaines) nécessaires à la réalisation des programmes
opérationnels et des programmes d’investissement (GdM, 2017).
Organisations de la société civile
Ce groupe d’acteurs inclut les organisations professionnelles des différentes filières, les organisations
paysannes faîtières, ainsi que les ONG/Associations. Il a pour rôles, dans la conception et la mise œuvre
de la politique nationale de sécurité alimentaire de : (i) participer à l’élaboration et à la mise en œuvre
des stratégies opérationnelles spécifiques, ainsi qu’à la formulation et la mise en œuvre des programmes
opérationnels et des programmes d’investissement dans le domaine de la sécurité alimentaire et
nutritionnelle ; (ii) participer au financement de certains projets (principe du cofinancement des
investissements à la base) ; (iii) participer à la mise en œuvre des projets et programmes de
sécurité alimentaire ; et (iv) participer au suivi-évaluation de la politique (GdM, 2017).
Les tableaux 3 à 6 ci-dessous offrent une vue d'ensemble des ONG présentes dans chaque cercle et de
leurs secteurs d'intervention, tels qu'identifiés lors du travail de terrain et rapportés par les informateurs
clés. Pour plus de détails, veuillez consulter l'Annexe 2 et le tableau joint aux présentes (fichier Excel).
-
Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle au Mali : Cartographie des Acteurs| Décembre 2019 12
District Organisations Secteurs
Bandiagara Harande (Save the
Children, YAG-TU, CARE
International, Helen Keller
International, Sahel-Eco,
and GRAT)
Catholic Relief Services
(CRS)
CAECE
Plan International
ACTED
PASSIP
GAAS Mali
Kondo Jiguima
YAG-TU
Conseil Norvégien pour
les Réfugiés
COOPI
Environnement
Genre
Résolution des
conflits et des
crises
Gouvernance et
responsabilité
sociale
Microfinance
Résilience
Agriculture
Finance
Nutrition
Éducation
EAH
Douentza ACTED
Médecins Sans Frontières (MSF) -
Harande
International Rescue Committee
Espagne
(IRC)
Nutrition
EAH
Biomédecine
Environnement
Résolution des
conflits et des
crises
Gouvernance et
responsabilité
sociale
Agriculture
Microfinance
Santé
Koro ACTED
World Vision
YAG-TU
AVRBC
Sécurité
alimentaire
Nutrition
Malnutrition
EAH
Éducation
Santé
Djéné COOPI
AVDR
SNV
Fondation Aga Khan
Résilience
climatique
Sécurité
alimentaire
EAH
Éducation
Services sociaux
Santé
Tenenkou Harande
MSF - Espagne
IRC
Mortalité
infantile
Nutrition
EAH
Réfugiés
(Assistance
humanitaire)
Santé
Mopti Coopération Suisse
KINISMONDIO
Fondation Aga Khan
Médecins du Monde
World Vision
Plan Mali
GAAS Mali
COOPI
Conseil Norvégien Pour
les Réfugiés
Conseil Danois pour les
Réfugiés
CRS
Sécurité
alimentaire
Nutrition
Développement
rural
Santé
Services sociaux
Éducation
EAH
Assistance
humanitaire
Environnement
Agriculture
Tableau 3 : ONG présentes dans les zones ciblées de Mopti
-
Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle : Cartographie des Acteurs 13
District Organisations Secteurs
Malnutrition Finance
Youwarou
Harande
AMID-FJ
YAG-TU
IRC
Nutrition
Sécurité
alimentaire
Malnutrition
Microfinance
Santé
EAH
Réfugiés
Bankass COOPI
IMADEL
RESER
YAG-TU
PUI
Mercy Corps
MUSO
Stop Sahel
Plan-Mali
World Vision
EAH
Santé
Sécurité
alimentaire
Microfinance
Assistance
humanitaire
Éducation
District Organisation Secteurs
Tombouctou Solidarité internationale
AMCP/ALIMA
Save the Children
International Medical Corps
Plan Mali
Coopération suisse
Santé
Nutrition
Sécurité alimentaire
Finance
Éducation
EAH
Goundam Solidarité Internationale
AMSS
AMCP/ALIMA
Water borne Diseases
Climate
Nutrition
Gourma
Rhaous
Islamic Relief
CRS
Conseil Norvégien Pour les Réfugiés
International Medical Corps
Humanity Inclusion
Mercy Corps
Autonomisation de la
communauté
Nutrition
EAH
Santé
Résilience
Agriculture
Assistance humanitaire
Diré Plan Mali
AMCP/ALIMA
Solidarité Internationale
Welthungerhilfe (WHH)
Nutrition
Santé
EAH
Agriculture
Sécurité alimentaire
Tableau 4 : ONG présentes dans les zones ciblées de Tombouctou
-
Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle au Mali : Cartographie des Acteurs| Décembre 2019 14
District Organisation Secteurs
Éducation
Niafunké Stop Sahel
Save the Children
SMAM SURCH
CARE International
Santé Mali Rhône-Alpes (SMARA)
Secours Islamique France
APROMOS
Centre d’étude et de coopération internationale (CECI)
HELVETAS Swiss Intercooperation
Malnutrition
Santé
Agriculture
Assistance humanitaire
Développement
EAH
Bétail
District Organisation Secteurs
Niono ASDAP
Terre des hommes
ALPHALOG
Solidarité Internationale
Médecins Sans Frontières Belgique
AMCP/ALIMA
Éducation
Santé
Nutrition
EAH
Sécurité alimentaire
Santé maternelle et infantile
District Organisation Secteurs
Gao Oxfam Comité International de la Agriculture
Terres sans frontières Croix-Rouge (CICR) Sécurité alimentaire
Vétérinaires sans frontières OMS Développement
Action Contre la Faim Groupe de Recherche d’Étude, Nutrition
(ACF) de Formation Femme Action Santé
ACTED (GREFFA)
EAH PAM
Association d’Aide à Gao
(AAG) UNFPA
Médecins du Monde AMODEM
LVIA AADIS Mali
Intrahealth International Zangela partners
DDRG ASD/JEKAFO/AGIFMA
USAID/KJK
Croix-Rouge
Tableau 5 : ONG présentes dans les zones ciblées de Ségou
Tableau 6 : ONG présentes dans les zones ciblées de Gao
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Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle : Cartographie des Acteurs 15
District Organisation Secteurs
Save the Children
Ansongo MSF - Espagne ANE Sécurité alimentaire
PUI PAM Santé
Blanchet Feeding Fonds des Nations Unies Nutrition
ACF UNFPA Migration
Mercy Corps Zangela partners
HELP AMODEM
AMPPF AAG
GREFFA
Secteur privé
Le secteur privé peut jouer un rôle prépondérant dans le financement de la politique nationale de
sécurité alimentaire (financement des projets des populations liés à des interventions dans le secteur de
la sécurité alimentaire), la mise en œuvre des programmes et des projets liés à la sécurité alimentaire
proposés par des acteurs des filières agricoles (fourniture d’intrants, équipements et matériels,
transformation, commercialisation, offre de services aux usagers du secteur) (GdM, 2017).
Parmi toutes les réponses obtenues dans le cadre des entretiens qui ont été effectuées dans les 4
régions auprès d’informateurs clés, le secteur privé n'est jamais cité comme étant un acteur agissant en
faveur de la sécurité alimentaire. Pourtant, il est une partie prenante importante, puisqu’il peut
contribuer dans certaines régions (notamment dans les régions de Gao et de Tombouctou), à pallier le
manque de nourriture.
Partenaires techniques et financiers
Les partenaires techniques et financiers regroupent les agences de coopération bilatérale et
multilatérale, ainsi que les organisations intergouvernementales et régionales. Ce groupe d’acteurs
accompagne l’État et les autres acteurs dans : (i) la conception de la politique de la sécurité
alimentaire et l’élaboration des stratégies opérationnelles spécifiques dans le domaine de la sécurité
alimentaire ; (ii) l’élaboration et à la mise en œuvre des programmes opérationnels et des programmes
d’investissement ; (iii) la mobilisation des ressources financières nécessaires pour la mise en œuvre et le
suivi/évaluation des programmes et projets de sécurité alimentaire et nutritionnelle ; (iv) l’assistance
technique pour le renforcement des capacités institutionnelles et opérationnelles des acteurs (GdM,
2017).
-
Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle au Mali : Cartographie des Acteurs| Décembre 2019 16
Communautés et Bénéficiaires
Les communautés et les personnes bénéficiaires participent à l’élaboration et à la mise en œuvre des
programmes opérationnels et des programmes d’investissement au niveau régional, ainsi que des plans
de développement au niveau local, suivant la communalisation intégrale, dans le domaine de la sécurité
alimentaire et nutritionnelle. Ils participent au ciblage et à l’évaluation des interventions et des projets en
matière de sécurité alimentaire et nutritionnelle. La contribution des femmes et des jeunes occupe une
place prépondérante, ainsi que, au niveau local, les chefs communautaires (chefs de village), les chefs
religieux, les responsables des associations des femmes et des jeunes, et d'autres autorités
traditionnelles (GdM, 2017).
Mandats
L’analyse du contenu des entretiens réalisés auprès des acteurs clés de la sécurité alimentaire et
nutritionnelle dans les régions de Mopti, Tombouctou, Gao, et dans le cercle de Niono, a permis de
d’identifier les missions et les mandats suivants :
L’État garantit la disponibilité des aliments, assure l’encadrement des populations afin d’améliorer
leur productivité, et garantit la sécurité dans toutes ses composantes.
Les collectivités assurent l’identification des personnes vulnérables et des personnes dans le besoin
au niveau communautaire.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) intervient dans la distribution des denrées alimentaires, et
l’UNICEF dans l’appui au gouvernement et dans la prévention et la prise en charge de la
malnutrition.
Les ONG humanitaires réalisent des évaluations des besoins potentiels, gèrent la distribution des
vivres et non vivres, et assurent le suivi des actions.
Le niveau d’intervention du système diffère
d’un acteur à l’autre. Ainsi il existe le niveau
régional, le niveau du cercle, et le niveau
communautaire ou opérationnel (commune
et village). En d’autres termes, le niveau va
de la prise de décision au niveau
opérationnel.
Ce passage illustre les mandats et missions
des acteurs de la sécurité alimentaire et
nutritionnelle : « Je pense que les acteurs
humanitaires sont suffisamment impliqués dans
la sécurité alimentaire au niveau national,
notamment grâce à la mise en place du cadre
harmonisé qui regroupe l’action de plusieurs
acteurs, dont l’État, les agences des Nations
Unies, des ONG, ainsi que d’autres intervenants
humanitaires. C’est dans ce cadre qu’est
déterminé le niveau d’insécurité alimentaire des
Graphique 1: Flux d'aide des donateurs au Mali pour
l'agriculture et la sécurité, 2008 – 2017
Source : Traore et al, 2019. page 3.
-
Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle : Cartographie des Acteurs 17
populations et que sont décidées les actions devant être entreprises par chacun des acteurs. Dans la région, par
exemple, (Mopti), le PAM ou le CICR sont notamment très impliqués dans la gestion de la sécurité alimentaire.
C’est en effet le PAM qui gère les distributions mensuelles, en particulier avant et pendant la période de soudure,
auprès des populations identifiées comme vulnérables. Le PAM et le CICR jouent un rôle vraiment important
dans la sécurité alimentaire » (Agent, Développement Social, Mopti).
Il est important de souligner que l’aide fournie par les bailleurs de fonds au Mali pour la sécurité a
considérablement augmenté ces dernières années, dépassant le niveau de l'aide au développement
agricole, principale source de subsistance. Cette situation reflète l'inquiétude croissante face à la
persistance du conflit et de l'insécurité dans le pays (Graphique 1).
La détérioration continue de la situation sécuritaire et les effets des catastrophes naturelles ont entraîné
la destruction d’infrastructures, de biens et de moyens de production ou de subsistance, des
déplacements forcés, un recul de la présence étatique, et un accès limité des populations aux services
sociaux de base. Ces différents facteurs ont diminué les capacités de résilience des populations
vulnérables.
Alliances et relations entre les différents acteurs
L’analyse des données collectées a permis de mettre en évidence la forte collaboration qui existe entre
les différents acteurs impliqués dans la sécurité alimentaire et nutritionnelle.
Au niveau national, cette collaboration intervient à travers le cadre harmonisé qui a été mis en place et
qui regroupe les différents acteurs (le Commissariat à la sécurité alimentaire (CSA), le conseiller
national chargé de l’approche territoriale, le conseiller national chargé de l’approche genre, les agences
des Nations Unies, et les coordinateurs nationaux des organisations non gouvernementales
internationales humanitaires.
Au niveau régional, la collaboration entre les différents services techniques gouvernementaux est
réalisée au sein du comité du Système d’Alerte Précoce, tandis qu’entre les ONG, elle est réalisée par la
mise en place d’un cadre de concertation, piloté par le OCHA (Bureau de coordination des affaires
humanitaires des Nations Unies).
Enfin, au niveau de certains cercles, comme ceux de Douentza et de Djenné, une plateforme de la
sécurité alimentaire et nutritionnelle est pilotée par le Préfet de cercle.
Parfois des d’ONG interviennent directement au niveau des communautés sans que les services
techniques de l’État impliqués dans la sécurité alimentaire ne soient informés. Ceci dénote un problème
de communication dans la mise en œuvre des interventions sur le terrain : « il y a beaucoup d'ONG qui
interviennent directement sur le terrain sans passer par l'administration voire, parfois, sans passer par le service
technique. Il résulte de cela que le nom des ONG qui interviennent n’apparait pas dans les rapports que nous
produisons puisque nous n’avons connaissance de leurs activités. Nous avons discuté de cela avec les services
techniques de l’administration afin qu’ils insistent auprès des ONG pour qu’elles les informent de leurs activités à
l'avenir ». (Agent, OMA, Diré).
-
Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle au Mali : Cartographie des Acteurs| Décembre 2019 18
4. Projets et Programmes de Sécurité
Alimentaire existant dans les régions de
Mopti, Tombouctou, Gao et le cercle de
Niono (Ségou)
Les acteurs du développement ont d’excellents moyens techniques et fédèrent les acteurs du
développement locaux de manière à créer un réseau dynamique. Dans le cadre de la sécurité
alimentaire, ces acteurs du développement interviennent notamment dans :
Le renforcement des capacités des producteurs et des agents techniques, et l’enseignement des
modes de semence et des pratiques agricoles ;
La diffusion des technologies d’irrigation et des modes de commercialisation ;
L’aménagement hydro-agricole et des espaces pastoraux ;
Le développement de la microfinance et des crédits ;
La lutte contre l’insécurité alimentaire (conjoncturelle et structurelle) ;
La planification du développement local et la gestion des ressources naturelles.
Par exemple, dans la région de Gao, des programmes de résilience et de sécurité alimentaire, ainsi que
le programme de PAM, sont mis en place. Le Programme saisonnier du PAM a été mis en place dans
plusieurs régions : dans le cercle de Niono (par l’ONG ASDAP), à Douentza, et dans la région de
Tombouctou. Dans la région de Mopti, il existe le programme de prévention et de prise en charge de la
malnutrition, ainsi que le programme d’urgence et de développement. Des projets liés à l’éducation, à
l’aide sociale, à la santé et au développement ont été lancés dans le cercle de Bandiagara (Voir fichier
Excel).
Dans la région de Mopti, les acteurs interviennent au niveau de la production, du stockage, et de la
consommation : « Les acteurs, tels que le PAM, ou encore l’ONG COOPI, interviennent au niveau de la
production, du stockage et de la consommation dans le cercle de Djenné. Ils fournissent les intrants aux
communautés, et organisent des activités de démonstrations culinaires, d’information, de sensibilisation et de
changement des comportements » (Agent, Développement Social, Djenné).
Dans la région de Tombouctou, les acteurs interviennent aussi au niveau de la production, de
l’accessibilité et de l’utilisation alimentaire : « Les acteurs interviennent au niveau de la production
alimentaire, notamment par le développement des périmètres irrigués et le maraîchage (principalement par les
femmes). Ils organisent également des activités de sensibilisation et des conseils nutritionnels (par des
professionnels de la) et donnent des cours de cuisine afin d’apprendre aux membres de la communauté à
préparer la production locale. Ces services sont destinés à lutter contre la malnutrition » (Agent, Direction
Régionale de la Santé, Tombouctou).
Dans la région de Gao, les acteurs interviennent dans la production et l’accessibilité alimentaire : « Les
ONG donnent des animaux aux populations afin de les aider à renouveler leur bétail. Cela permet aux
-
Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle : Cartographie des Acteurs 19
communautés d’être plus résilientes, d’améliorer leur productivité, et d’augmenter leur nombre d’agriculteurs »
(Agent, Direction Régionale de la Santé, Gao).
D’une manière générale, les interventions des acteurs de la sécurité alimentaire sont plus fréquemment
dirigées vers les niveaux de production, d’accessibilité et d’utilisation. Compte tenu des situations de
crise qui sévissent dans les régions de Mopti, de Tombouctou, de Gao et une partie du cercle de Niono,
peu d’interventions sont destinées au maintien de la stabilité alimentaire.
La politique nationale en matière de sécurité alimentaire et nutritionnelle destinée à l’amélioration de la
stabilité alimentaire au Mali a permis :
La mise en place d’un régime de protection sociale (assurance contre les risques sociaux et
assurance agricole suite à des chocs et catastrophes) beaucoup plus adapté aux travailleurs du
secteur agricole ;
L’amélioration de la protection sociale des ménages pauvres et vulnérables vivant en milieu rural et
urbain et exposés à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle grâce à des programmes d’aide
d’urgence et/ou d’aide à la production, adaptés au niveau de résilience des populations (résistance,
relèvement, développement) face aux chocs et aux crises ;
La mise en place de programmes de transferts sociaux, monétaires et non monétaires, adaptés aux
différents niveaux de résilience des plus pauvres afin de leur permettre d’accéder de manière
autonome et stable à l’alimentation ;
L’amélioration du système de ciblage par la mise en place du registre social unifié (même base de
référence pour le ciblage des ménages vulnérables), le renforcement des compétences des
intervenants sur les méthodes de ciblage, la mise en place d’un organe de coordination du ciblage et
d’un dispositif de suivi des différents programmes d’aide aux populations (GdM, 2019).
Ainsi, l’intervention des acteurs au niveau de la stabilité alimentaire a contribué au renforcement des
capacités d’adaptation des communautés.
La prise en compte de facteurs tels que les inondations, les sécheresses, les catastrophes naturelles et
les situations de conflits, favorise la résilience des populations. Le financement par le Gouvernement et
ses partenaires (USAID, PAM, UNICEF, FAO) des secteurs impliqués dans la sécurité alimentaire
(agriculture, élevage, pêche, environnement, eau, hygiène et assainissement, santé, développement social,
transport, et commerce) est un élément déterminant dans l’amélioration de la sécurité alimentaire et
nutritionnelle au Mali.
Le nombre croissant des groupes armés dans le centre du pays, la multiplication des opérations
militaires dans le cadre de la lutte antiterroriste dans les zones de conflit, et la mise en place de
certaines mesures de sécurité (telles que, l’interdiction de circuler en moto et pickup dans les régions de
Ségou, Mopti, et Tombouctou, instaurée en 2018) ont compliqué la délivrance de l’aide humanitaire et la
programmation générale du développement. En outre, l’augmentation de la criminalité à l’encontre des
acteurs humanitaires dans certaines régions (Ménaka et Tombouctou) et le détournement de l’aide
(Koro, Bankass) contribuent également à limiter l’accès aux aides humanitaires (OCHA, 2019).
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Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle au Mali : Cartographie des Acteurs| Décembre 2019 20
Programme de Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle
Ce programme cible plus spécifiquement la problématique de l’insécurité alimentaire, récurrente au Mali
en raison de la grande variabilité des conditions agro-climatiques et socio-économiques de production.
Le pays est divisé en quatre (4) grandes zones d’insécurité, incluant au total 166 communes1 classées
comme les plus vulnérables. Il s’agira de consolider les programmes d’’intervention à long terme afin de
renforcer la résilience des populations aux crises.
Objectif du programme : Assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle de l'ensemble de la
population du Mali à l'horizon 2025. Le programme est articulé autour de trois grands axes :
Axe 1 : Évaluation des politiques et stratégies nationales en matière de sécurité alimentaire et nutritionnelle.
Activités : i) Évaluation de la politique et des stratégies de sécurité alimentaire et nutritionnelle ; ii)
Formulation d’un cadre politique et stratégique adapté.
Axe 2 : Prévention et gestion des crises alimentaires.
Activités : i) Opérationnalisation des comités de Sécurité alimentaire et du SAP (système d’alerte
précoce) ; ii) Mise en place et diversification des stocks alimentaires.
Axe 3 : Renforcement de la résilience face aux crises alimentaires et nutritionnelles.
Activités : i) Renforcement des bonnes pratiques de Gestion des risques d’insécurité alimentaire ; ii)
Promotion de l’éducation nutritionnelle.
Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)
Organe des Nations Unies chargé de lutter contre la faim au niveau international. L’objectif de la FAO
est d’instaurer la sécurité alimentaire dans le monde entier et d’assurer un accès régulier et suffisant à
une nourriture de bonne qualité, permettant à tous de mener une vie saine et active.
L'aide de la FAO au Mali s'articule autour de trois domaines principaux : i) l'appui à la production
agricole, à la compétitivité et à la sécurité alimentaire ; ii) la gestion durable des ressources naturelles et
l'amélioration de l'environnement ; iii) la réduction et la gestion des risques de catastrophe, et le
renforcement de la résilience des populations vulnérables affectées par les crises alimentaires et
nutritionnelles et les conflits.
Fonds International de Développement Agricole (FIDA)
Le FIDA intervient là où la pauvreté et la faim sont les plus extrêmes, c’est-à-dire les régions reculées
des pays en développement et les pays présentant des situations de fragilité, où les organismes d’aide et
les institutions financières internationales s’aventurent rarement.
1 Dans les régions de Kayes, Koulikoro, Mopti, Tombouctou, Gao et Kidal
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Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle : Cartographie des Acteurs 21
Projet de services financiers inclusifs dans la filière agricole (INCLUSIF)
Ce Projet vise à améliorer l'inclusion financière des petits exploitants et des petites et moyennes
entreprises agroalimentaires au Mali et à atteindre 440 000 bénéficiaires directs issus de groupes
défavorisés, d'exploitations familiales rurales, d'organisations professionnelles (coopératives, syndicats et
fédérations) et d'entreprises agricoles du secteur privé, en favorisant les femmes et les jeunes âgés de 18
à 40 ans. Ce dernier groupe (femmes et jeunes de 18 à 40 ans) représente au moins 50 pour cent des
bénéficiaires concernés.
Les objectifs d'impact du projet INCLUSIF sont les suivants:
Intégrer 440 000 petits exploitants et 360 organisations professionnelles agricoles dans le système
bancaire ;
Développer cinq produits financiers stables dans les domaines de l’épargne, du crédit et de la micro-
assurance ;
Développer, avec les institutions financières rurales, un portefeuille de crédit rural d'au moins
20 milliards de francs CFA de prêts d'ici la fin du projet (2023) ;
Renforcer les capacités de 36 000 petits exploitants en partenariat avec le secteur privé, augmenter
les revenus d'au moins 22 000 petits exploitants et de 4 500 jeunes ruraux actifs, notamment dans
les micro-entreprises rurales.
Projet de formation professionnelle, insertion et appui à l'entreprenariat des
jeunes ruraux (FIER)
Ce projet, destiné à l'ensemble du pays, sera mis en place de manière progressive et sera d’abord testé
dans les régions de Koulikoro et de Sikasso avant d'être étendu à l’ensemble du territoire malien. Ce
projet s’adresse en priorité aux jeunes – en particulier aux jeunes femmes – qui manquent de
compétences techniques et d'accès au financement d'activités génératrices de revenus. Le projet vise à
faciliter l'accès des jeunes ruraux au marché du travail et à des emplois attractifs et bien rémunérés dans
l'agriculture et les entreprises connexes.
Les objectifs du projet (financés par le FIDA) sont les suivants :
Améliorer les mécanismes régionaux de formation en réponse à la demande des jeunes, en fonction
du marché du travail et des perspectives d'emploi potentielles ;
Promouvoir les initiatives économiques des jeunes ruraux dans les filières agricoles et les activités
économiques connexes, afin de leur permettre d'accéder durablement à l'emploi professionnel.
Programme Empowerment des Femmes et des Filles-Gouvernance de la Société
civile (PEF-GS)
Intervient dans les cercles de Koro, Bankass, Bandiagara, Mopti et Djenné de la région de Mopti . Les
domaines d’intervention sont : la sécurité alimentaire et nutritionnelle, la santé, les violences basées sur
le genre, l’entreprenariat féminin, l’éducation et l’insertion socio professionnelle, et l’investissement dans
les secteurs sociaux de base. Ce programme s’étend de janvier 2009 à décembre 2019.
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Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle au Mali : Cartographie des Acteurs| Décembre 2019 22
Projet Harande
Le projet est mis en œuvre par CARE et intervient dans les cercles de Douentza, Bandiagara, Tenenkou
et Youwarou dans les domaines de la gouvernance/résolution des conflits, les moyens d’existence, la
nutrition, et la résilience (2015 – 2020). Le projet cible 270 000 personnes dans la région de Mopti. Les
cinq composantes du projet sont les suivants
Le renforcement du capital humain ;
La diversification et le renforcement des moyens de subsistance,
La résilience au changement climatique, y compris la réduction des risques de catastrophes,
La prévention et l’atténuation des conflits et
La redevabilité sociale et la gouvernance.
Programme de filets Sociaux
Le projet dénommé « Programme de Filets Sociaux « Jigisemejiri » (Arbre de l’espoir) est une réponse
de la Banque mondiale à la demande du Gouvernement malien, pour lutter contre l’extrême pauvreté. Il
a été institué par Décret du Premier ministre (N°2013-195/PM-RM du 27 février 2013) et est placé sous
l’autorité du Ministre chargé des finances.
Le Programme de Filets « Jigisemejiri» a pour objectif de mettre en place des transferts monétaires
ciblés aux ménages pauvres et souffrants d’insécurité alimentaire, et d’établir les piliers d’un système
national de filets sociaux au Mali. Le Programme « Jigisemejiri » comportera cinq composantes en 2017
(les trois composantes de bases et deux nouvelles composantes) qui sont :
Composante1 : Transfert monétaire et Mesures d’accompagnement ;
Composante 2 : Mise en place d’un système de filets sociaux de base ;
Composante 3 : Gestion du projet ;
Composante 4 : Les Travaux à haute intensité de main d’œuvre ;
Composante 5 : Les Activités génératrices de revenus (RSU, 2013).
Les projets humanitaires
Les interventions des acteurs humanitaires ciblent environs 2,9 millions de personnes dans le besoin,
particulièrement en termes de sécurité alimentaire et nutrition (65 pour cent du financement),
protection (9 pour cent), eau, hygiène et assainissement (8 pour cent), urgences sanitaires (6 pour cent)
et éducation (7 pour cent). Le Plan de réponse humanitaire met l'accent sur les réponses d'urgence, tout
en encourageant l'adoption de solutions durables en lien avec les acteurs du développement. Il cible
principalement les populations les plus vulnérables, en tenant compte de l'évolution du contexte
politique et sécuritaire et de la capacité d'intervention des acteurs sur le terrain. Malgré les difficultés
d'accès, les partenaires humanitaires continuent d'acheminer l'aide dans les zones reculées ou peu sures,
en comptant principalement sur l'ouverture et l'acceptation des communautés.
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Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle : Cartographie des Acteurs 23
Pour avoir accès aux zones ciblées, ils mènent des négociations avec les acteurs armés non étatiques
signataires ou non de l'accord de paix en vertu des principes humanitaires et du droit international
humanitaire. L’accès humanitaire est la capacité des acteurs humanitaires à atteindre les personnes
touchées par une crise, ainsi que la capacité des personnes affectées à accéder à l’aide et aux services
humanitaires. Les acteurs humanitaires opèrent selon les directives du ministère de la Solidarité et de
l'Action humanitaire et « sont les premiers à intervenir sur le terrain pour apporter des vivres et aider les
populations vulnérables. » (Agent, Nutrition, Mopti).
Transferts monétaires (cash)
Le cash (bons d’achat ou liquidités) est l’une des modalités de la réponse humanitaire au Mali. Les
transferts monétaires représentent plus de 60 pour cent de l'aide humanitaire dédiée au secteur de la
sécurité alimentaire (OCHA, 2019). Les mécanismes de transferts utilisés incluent la téléphonie mobile,
les banques, les institutions de micro-finance, et les versements en espèces via les commerçants. Le cash
est maintenant utilisé pour d'autres postes de dépenses tels que la santé, la construction d’abris, l'EHA,
la protection, l'éducation et même les activités économiques de relèvement précoce. L'accroissement du
recours au cash dans l’aide humanitaire provient de plusieurs facteurs, notamment la situation des
marchés, la préférence des bénéficiaires pour le cash plutôt que les vivres dans la plupart des zones, la
possibilité d'acquérir ce que l'on veut sur le marché, ainsi qu'un meilleur coût-efficacité (OCHA, 2018).
Le Cash Working Group a été fondé en 2013 par l'ONG OXFAM et est co-dirigé par le PAM et la
Direction nationale de la protection sociale et de l'économie solidaire (État). Le OCHA appuie ce
groupe à travers l'élaboration de la cartographie des acteurs, le partage d'informations sur la situation
humanitaire dans le pays, et l'implication des membres du groupe dans le processus de planification
humanitaire. Depuis 2015 de nombreux partenaires sont passés de l'argent liquide à l’utilisation de bons
d’achat en raison de la détérioration de la situation sécuritaire. Néanmoins, l’aide versée en liquide reste
prépondérante, représentant 74 pour cent des transactions contre 25 pour cent pour les bons d’achat
(OCHA, 2019).
Le montant des financements attr