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C aravelle La Technique Les progrès des aides auditives Culture Truffaut, l’ami des sourds Technique Les progrès des aides auditives La revue de l’ARDDS | Association pour la réadaptation et la défense des devenus-sourds Culture Truffaut, l’ami des sourds n° 170 | Mars 2005 | 6 euros Dossier Aides au financement © Collection : Les Films du Carrosse. Photo : Pierre Zucca.

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Technique

Les progrès des

aides auditives

Culture

Truffaut, l’ami

des sourds

Technique

Les progrès des

aides auditives

La revue de l’ARDDS | Association pour la réadaptation et la défense des devenus-sourds

Culture

Truffaut, l’ami

des sourds

n° 170 | Mars 2005 | 6 euros

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Brè

ves Le Courage

La plupart de nous tous à l’ARDDSavons été confrontés aux pro-blèmes d’ordre matériel et psy-chologique dus à la perte plus oumoins importante de notre facul-té d’entendre et en conséquencedes difficultés à communiquer.Beaucoup de ceux d’entre vousque je connais ont assumé ce han-dicap avec courage et la volontéde s’en sortir. Mais certains malgrétout se replient sur eux-mêmes etn’arrivent pas à affronter le mondedes « bien entendants ».Il y a deux solutions :• s’enfermer dans sa solitude de

malentendant ;• continuer à vivre en société.Je crois qu’il vaut mieux choisir ladeuxième alternative.Il est très pénible de s’apercevoir,par exemple, que l’on n’entendplus une annonce sur un quai degare. Plus pénible encore d’êtredans un groupe et de ne pas saisiroù en est la conversation généra-le. Pour cela, j’ai décidé un beaujour lorsque j’étais obligée oucontente d’être présente, de« m’enfermer dans ma bulle ».Ainsi de « ma bulle », je pouvaisobserver (avec bienveillance) lesautres, je participais à leur gaieté,j’aimais les voir heureux. Les stoï-ciens ne disaient-ils pas « qu’on nedoit pas se contenter de supporterl’inéluctable, mais l’aimer ». Engénéral dans ce genre de réunion,mon voisin ou ma voisine, sansque je le demande, prend uncrayon ou un papier et me résumeles moments intéressants oudrôles. Et puis avec moi, j’ai tou-jours ma chère ardoise.Grâce à mon handicap, je me suisfait de nouveaux amis, et quelcœur j’ai trouvé chez eux. Mesyeux en ayant également « prisun coup », je ne conduis plus etdans ma résidence les uns ou lesautres se proposent de me véhi-culer. Je ne veux pas en abuser,j’essaye de ne pas être dépen-dante, et je suis devenue cham-

pionne des bus versaillais et destrains de banlieue.Sachez rire ou sourire en disant« excusez-moi, je n’entendspas » et surtout n’ayez pas l’airaccablé par le malheur. J’ai sou-vent remarqué que le courageappelle l’amitié et que ceux quiont toujours tendance à seplaindre restent seuls. Et mêmesi vous n’entendez pas, soyez àl’écoute des autres (par la lectu-re labiale ou l’ardoise), cela faci-lite les échanges.À l’hôpital où j’ai travaillé commebénévole il y a quelques années,j’ai vu arriver des accidentés para-plégiques ou tétraplégiques. Touscroyaient leur vie finie. Et puis cer-tains ont trouvé le réconfortauprès de soignants et la force eneux de s’en sortir le moins malpossible. Je suis toujours subju-guée quand je vois des maratho-niens en fauteuil, des basketteursen fauteuil, des groupes qui parti-cipent à des voyages, tous avecune certaine joie de vivre.Vonnette savait si bien « qu’ilfaut faire avec » et aider ceux quisont plus handicapés que nous.Elle a donné de son temps et deson cœur à ceux qui étaient nonseulement sourds, mais sourds etaveugles. Belle leçon de courage.Voilà où j’en suis de ma petiteexpérience de vieille dame deprès de 84 ans.COURAGE à vous tous. COURAGEet VOLONTE non pas de vivre,mais de VIVRE BIEN.

❏ Edith KAUFFMANN

RechercheRecherche boîtier d’amplificationLEM-P-1883 ainsi qu’un cordonde branchement en Y muni d’unécouteur auxiliaire et d’une priseclipsable petite carrée.

❏ Jean-Claude Skoczylas3, impasse de Montcalm

12000 Rodez

ACA de couleurOui, oui, je suis d'accord, nousn'avons pas à cacher nos aidesauditives. Il m'est arrivé de mettreles miennes uniquement pour mesignaler comme mal-entendantdans un groupe de gens inconnus.Je dis uniquement car elles n'amé-liorent pas ma compréhension.Pour me signaler comme mal-entendant et non pas comme unmufle ou un imbécile ; et aussipour ne pas avoir à supporter pourla énième fois la petite remarque« tu ne mets pas d'appareils ? »(sous-entendu : tu pourrais faireun effort). Alors pourquoi pasrouges, bleues, fluo ? Par ailleurs,vu l'échec des prothèses clas-siques, j'ai bénéficié de la mise enplace d'un implant de l'oreillemoyenne, à Lyon, le mois dernier.Je n'avais encore jamais entenduparler de cette technique.L'appareil est un vibreur insérédans l'os derrière l'oreille de façonà être en contact avec l'enclume ;le signal électrique est transmispar une antenne insérée sous lapeau ; le traitement du son se faitdans un petit boîtier externe qui secolle à la peau derrière l'oreille. Leconduit auditif reste libre. Ce quim'a décidé, c'est qu'il n'y a pas deperte auditive : on garde son audi-tion antérieure. D'après le fabri-cant et le chirurgien, la qualité duson est meilleure que pour uneaide « normale ». Je ne sais pasencore si le résultat sera bon chezmoi car cela ne fait qu'un mois quej'ai été implanté et la mise enmarche se fait au bout de deuxmois. J'en saurai plus dansquelques semaines… Déjà, monaudition est effectivement redeve-nue comme avant au bout de 2-3semaines Documentation en fran-çais sur : www.otologics.com

❏ Georges MAGNIER

Courrier des lecteursÀ chacun sa Caravelle

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170 | La Caravelle | 3

Il s’en passe des choses dans le petit monde de la surdité en l’espa-ce de trois mois ! Depuis la parution de la précédente Caravelle,l’événement le plus important est l’adoption par le Parlement de laloi sur « l’égalité des chances des personnes handicapées ». Grâce àceux d’entre vous qui ont pris la peine d’écrire à leur député, grâce àl’action énergique du Bucodes et surtout de l’Unisda, plusieursarticles de la loi ont pris un tour favorable, en particulier l’article quireconnaît la transcription écrite comme moyen d’accessibilité pour lespersonnes sourdes (alors que jusqu’à présent il n’était question qued’interprètes gestuels). Oh, ne crions pas victoire trop tôt ! Restent lesdécrets d’application. Et quand on sait qu’entre 1997 et 2003, sur 47lois adoptées dans le domaine social, 23 seulement sont entrées envigueur, il y a de quoi rester dubitatif. On se demande, en outre, oùle gouvernement trouvera l’argent nécessaire à l’application. Nousn’avons donc gagné que la première manche et il nous faudra encore nous battre pour gagner la seconde.Le projet de sous-titrage à 100 % des émissions de télévision d’ici àl’an 2010 semble mieux engagé. Aline Ducasse et Brice Meyer-Heinefont partie du groupe d’étude de France Télévision auquel participentles représentants des principales chaînes. Nous espérons atteindreune demi étape en 2006, avec 50 % de sous-titres.Hélas, dans d’autres domaines, les progrès vont plutôt à reculons. Ainsi,nous avons appris que l’AGEFIPH, organisme qui assure une prise encharge complémentaire des prothèses auditives aux handicapés du sec-teur privé, vient d’abaisser ses tarifs. On peut craindre que ce recul nesoit bientôt imité par la Sécurité sociale, dans le cadre des restrictionsbudgétaires. Nous savons qu’en haut lieu sont étudiées des mesuresdiscriminatoires : remboursements des appareils différenciés entreactifs et retraités et selon le degré de surdité. Cette discrimination, nousla refusons : un retraité a autant le droit d’être appareillé qu’un actif, etun malentendant autant qu’un sourd profond ! Ceci d’autant que les prixdes appareils atteignent des sommets vertigineux. Le mot d’ordre detous les devenus-sourds et malentendants doit se faire puissammententendre : « Nous voulons des appareils moins chers et mieux rem-boursés ! »Et comment va l’ARDDS ? Avec près de 600 adhérents, notre associa-tion s’affirme, et de loin, comme la plus grande et la plus solide desassociations françaises de devenus-sourds et malentendants. LaCaravelle tire à 1000 exemplaires et a plus de 800 abonnés. Unexemple de bonne santé : celui de notre section ARDDS 38 qui apresque doublé le nombre de ses membres en un an, grâce à l’actiondynamique de sa responsable Anne-Marie Choupin. Nous espéronsd’ailleurs pouvoir bientôt vous annoncer la naissance d’une nouvellesection. Mais, chut, n’anticipons pas…

❏ René Cottin

L’assemblée générale de l’ARDDS aura lieu le samedi 21 mai à14 heures au siège de l’ARDDS 75, rue Alexandre-Dumas, 75020Paris. Les onze membres du conseil d’administration devrontêtre renouvelés. Dix-huit candidats sont en lice. Les adhérentsà jour de leurs cotisations recevront le matériel de vote et lesdocuments préparatoires à leur domicile fin avril. Votez etvenez nombreux.

Editorial

La Caravelleest une publication trimestrielle de l’ARDDS

75, rue Alexandre-Dumas – 75020 ParisTél. 01 46 42 50 32

Ce numéro a été tiré à 1000 exemplairesDirecteur de la publication :

René CottinRédacteur en chef :Brice Meyer-HeineCollaborateurs :

Patrick Bouaziz, Corentine, René Cottin,Aline Ducasse, Gilles Gotschi, Brenda

Griffiths, Guy Jouannet, Manuella Lefèvre,Jacques Schlosser, Catherine Sermage,

Christelle VauxionCorrecteur : Daniel FontaineMise en page – Impression :

Ouaf ! Ouaf ! Le marchand de couleurs16, passage de l’industrie 92130 Issy-les-Mlx

Tél. : 0140 930 302 – www.lmdc.netCommission paritaire : 0606 G 84996

ISSN : 1154-3655

Dessins et crédits photosRené Cottin, Les films du Carrosse : Pierre Zucca, CNAC/MNAM.

Amis lecteur…Sommairen°170 • Mars 2005

Courrier des lecteurs 2Vie associativeDes ACA moins chers 4France Télévision 5DossierAides au financement

pour l’appareillage auditif 6Les appareils

en Grande-Bretagne 9TechniqueLes progrès des aides auditives10TémoignageSortir de sa bulle 12Paroles, paroles 13CultureVisite du musée

du Centre Pompidou 14Sue-Thomas 15Un long dimanche de fiançailles15François Truffaut 16BrèvesLes prochaines activités

des associations 18

Mars 2005

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Mars 20054 | La Caravelle | 170

Vie Associative

Nous reproduisons un échange,paru dans le courrier des lec-teurs du journal Le Monde, entreJacques Schlosser, animateur dece groupe de travail, et LouisGodinho audioprothésiste.

Jacques Schlosser, BUCODES :(…) Pourquoi la France est-elle l'une des lanternes rougesde l'Europe en matière deconsommation de prothèsesauditives ? La réponse sedécline en plusieurs points :● La distribution des audiopro-

thèsesDans les pays nordiques vouspouvez obtenir, pratiquementcontre remboursement intégral,vos prothèses auditives dans lesecteur public. Si vous souhaitezplus de liberté de choix vousvous tournez alors vers le sec-teur libéral ce qui vous coûteraplus cher.Rien n'empêche dans la régle-mentation française actuelleque des institutions publiquesvendent et distribuent desaudioprothèses. Il leur suffitsimplement d'avoir l'équipe-ment et le personnel qualifiénécessaires.Une concurrence public/privépousserait très probablement lesaudioprothésistes du secteurprivé à avoir une démarche plusscientifique pour l'adaptationdes audioprothèses.● Les ORLQuel contraste entre la visitechez l’ophtalmologiste et la visi-te chez l'ORL ! Dans le premiercas vous ressortez avec uneordonnance précise indiquantexactement la correction dontvous avez besoin. Dans lesecond cas vous ressortez avecun certificat, accompagné d’unaudiogramme, spécifiant quevotre audition nécessite l'achatd'appareils auditifs. Une fois le

malade appareillé, l'ORL pres-cripteur ne teste jamais votreaudition (…), il considère que cen'est pas de son ressort.Pourquoi n'existerait-il pas (…)des ORL audiologistes capables dedéterminer par des essais en cabi-ne les gains et compressionsnécessaires et capables de prescri-re en conséquence. Un légerchangement de la réglementationet tout le monde y gagnerait…Est-il besoin de préciser que cetaudiologiste serait chargé de véri-fier le résultat, c'est-à-dire l'audi-tion du patient appareillé, afin dedéclencher le paiement et le rem-boursement de la prothèse. (…)● L'audioprothésisteD'après les textes la prestationpayée à l'audioprothésiste com-prend le choix du ou des appareils,leur livraison, les séances néces-saires à l'adaptation (réglages) etle suivi du patient pendant toute ladurée de vie de l'appareillage, soitenviron cinq ans.Pourquoi faut-il payer à l'avancecinq ans de prestations ? Onpeut déménager, mourir, sefâcher, ou simplement avoirenvie de changer d'audioprothé-siste. Où est la liberté de choixdu consommateur là dedans ?(…)● Les consommateursIls portent une grosse responsa-bilité car 30 à 50 % d'entre euxpréfèrent (en premier appa-reillage) laisser leurs prothèsesdans le tiroir et se taire, au lieud'aller se plaindre de la médio-crité de la qualité auprès desassociations de consommateursou d’adhérer à nos associationsde malentendants.Même si de gros progrès tech-niques ont été observés dans les30 dernières années, pour quela prothèse auditive se portemieux en France il faut un effortde tous : du secteur public, des

professionnels, du législateur, dela commission d'homologationet des consommateurs.

❏ Jacques SCHLOSSERAix-en-Provence

Le Monde (26-27 septembre 2004)

Réponse de L. Godinho,audioprothésiste :Contrairement à ce que penseM. Jacques Schlosser (le cour-rier des lecteurs daté 26-27septembre 2004), la Francen'est pas « l'une des lanternesrouges de l'Europe » dans ledomaine. Avec 5,3 appareilsauditifs pour 1000 habitants,vendus en 2003, elle se situeplus exactement en milieu depeloton. En retard surl'Allemagne (8,3) ou les Pays-Bas(9,4), mais largement en avancesur l'Italie (3,8) ou l'Espagne(2,8). Le remboursement par lesorganismes sociaux pour lesadultes est proportionnel à ceschiffres : assez bonne prise encharge au nord de l'Europe, plusmédiocre dans les pays du Sud,France y compris.(…)

La France compte de l'ordre de2000 centres d'audioprothèse,70 % environ sont dirigés par desaudioprothésistes indépendantset 30 % par des personnesmorales (sociétés cotées etmutuelles). Le nombre de centresa nettement progressé depuisune dizaine d'années, et la trèsgrande majorité de la populationfrançaise a le choix entre plu-sieurs professionnels. Mais l'expé-rience montre qu'une concurren-ce exacerbée entraîne plus fré-quemment une progression desdépenses publicitaires qu'uninvestissement à long terme dansla qualité. (…) Il faut égalementsavoir que la quasi-totalité desporteurs d'appareils présente une

Des ACA moins chersUn groupe de travail sur le coût des prothèses auditives a été créé au sein du BUCODES.

Il est chargé de proposer un plan d’action pour obtenir une réduction du coût des

prothèses auditives.

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170 | La Caravelle | 5Mars 2005

Vie Associative

France TélévisionLe sous-titrage est un des chantiers majeurs mené par le BUCODES et l’UNISDA. Nous

publions les remarques formulées par l’ARDDS lors de la réunion, sur le sous-titrage,

organisée par France Télévision le 26 janvier 2004. Ces remarques seront reprises dans

le document commun rédigé par l’UNISDA. Faites-nous part de vos expériences

concrètes, elles viendront enrichir notre dossier.

surdité de perception : c'est unedégénérescence variable del'oreille interne, du nerf auditif etdes voies auditives centrales.Chez l'individu âgé, la surdité,appelée presbyacousie, est com-pliquée par d'autres affaiblisse-ments physiologiques dus àl'âge. Pour ces sujets, (…) lesaméliorations que l'on peutapporter grâce à une prothèsesont limitées. Une seule certitu-de : plus la prise en charge estprécoce, meilleur est le résultatà court terme avec, de plus, unetendance à une dégradationmoins marquée que pourl'oreille non appareillée.Enfin, et contrairement à cequ'écrit M. Schlosser, la comparai-

son ophtalmologiste ORL n'estpas pertinente. La majorité desporteurs de lunettes présente uneanomalie de réfraction de l'œil, lacorrection théorique est doncmesurable objectivement. (…)Il n'existe pas de mesure objec-tive de la surdité, ni des résul-tats de l'appareillage. Notre tra-vail passe en grande partie parla compréhension des sensa-tions que nous décrit le malen-tendant qui nous permettra d'in-fluer sur les dizaines de para-mètres réglables offerts par lesappareils auditifs récents.Envisager une prescription d'ap-pareillage avec des indicationsde gain et de compression n'apas de sens aujourd'hui.

Les progrès technologiques desdix dernières années, notam-ment les avancées en traite-ment numérique du son, ontpermis une amélioration trèsnotable de la qualité de la com-préhension de la majorité desmalentendants. Les audiopro-thésistes ont accompagné cetteévolution (…), et ce n'est pas enstigmatisant les audioprothé-sistes que nous ferons progres-ser l'acceptation et la banalisa-tion des appareils auditifsauprès des 80 % de malenten-dants non équipés en France.

❏ Louis GodinhoAudioprothésiste (Paris)

Le Monde (10 octobre 2004)

La population malentendantes’élève en France à 6 millions depersonnes dont :• 2 millions de moins de 55 ans• 1 personne âgée sur 3• 1 adulte sur 10.Elle représente donc un réel pou-voir économique et peut intéres-ser les annonceurs.Le sous-titrage concerne égale-ment la population entendanteen permettant l’accès à la télévi-sion dans les lieux publics : hallsd’hôtel, bars, restaurants, etc.Cette possibilité est largementutilisée aux Etats-Unis. De mêmeelle peut être très utile auxétrangers.Afin de toucher la population laplus large possible il est indis-pensable que le sous-titrage soitde qualité et respecte autant quepossible l’intégralité des discours.Exemple de la qualité de sous-titrage que nous réclamons :celui qui était utilisé au Congrèsdu BUCODES à Paris en mai 2004,congrès auquel les représentantsde France Télévision ont assisté.

Ce sous-titrage ne mobilisaitqu’une seule personne.Nous avons pu noter lors de laréunion organisée par FranceTélévision que la totalité des as-sociations représentées étaienten faveur de la technique duscrolling sur 2 ou 3 lignes sansadaptation du texte et qu’il soitaisé à lire car placé sur un fondcontrasté (ex : fond noir à la téléUS). Le contraste est très impor-tant, il faut aussi penser à tout lepublic qui présente en plus undéficit visuel, comme les per-sonnes âgées.Les malentendants utilisent lalecture sur les lèvres pour com-penser ce qui n’est pas entendu,il est donc préférable que lesous-titrage soit une retransmis-sion la plus fidèle possible, d’àpeu près tout ce qui est dit. Nepas appauvrir systématiquementles sous-titres en résumant, faitaussi partie d’une certaine formed’éducation pour les populationssourdes et malentendantes, enparticulier les plus jeunes.

Pour les sourds-signeurs qui nemaîtrisent pas encore le françaisil serait nécessaire de prévoirune incrustation d’image avectraduction en langue des signes,mais il s’agit là d’un besoin com-plémentaire.

Nous remercions France Télévisiond’avoir prévu un sous–titrage lorsde la réunion organisée le 27 jan-vier mais celui-ci présentait denombreux défauts :• Remplacement des lignes par

bloc ce qui rend un suivi très dif-ficile contrairement au scrolling.

• Trop grand décalage entre lediscours et le sous-titrage.

Il nous semble nécessaire deprévoir une formation de sous-titreurs de manière à obtenirune qualité équivalente auxextraits de la télévision améri-caine projetés en séance.

❏ Aline Ducasseet Brice Meyer-Heine

Pour l’ARDDSwww.ardds.org

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Mars 20056 | La Caravelle | 170

Dossier

Remboursement par l’assurance maladie● AppareillagePour les adultes (à partir de20 ans) : l’assurance Maladieprend en charge les appareilsélectroniques correcteurs de sur-dité (arrêté du 6 mai 1997) surla base d’un forfait :

• 199,71 € par appareil pour lespersonnes prises en charge à100 % par la SS ;

• 129,81 € par appareil pour lesassurés pris en charge à 65 %(taux de remboursement normal).

Le remboursement de l’appareilstéréophonique (2 oreilles) estentré en vigueur depuis l’arrêtédu 23 avril 2002.

Justificatifs à fournir :• facture de l’appareillage auditif ;• feuille de soins ;• prescription médicale ;• audiogramme.

Pour les jeunes de moins de20 ans : un remboursement à65 % est assuré sur la base dutarif T.I.P.S. correspondant à

« l’appareillage prescrit ou àchacun des deux appareils pres-crits » (arrêté du 11 octobre2000).

Justificatifs à fournir :• facture de l’appareillage auditif ;• feuille de soins ou carte d’imma-

triculation et attestation VITALE ;• prescription médicale ;• audiogramme ;• notification d’affectation de

longue durée (ALD) en coursde validité.

L’accord ALD (affection delongue durée) notifié par lemédecin conseil de la caissed’assurance maladie est renou-velable.

Pour les adultes atteints decécité et de déficience auditi-ve : un remboursement à 65 %est assuré sur la base du tarifT.I.P.S. correspondant « à l’appa-reillage prescrit ou à chacun desdeux appareils prescrits » (arrê-té du 11 octobre 2000).

Justificatifs à fournir :• facture de l’appareillage auditif ;• feuille de soins ou carte d’im-

matriculation et attestationVITALE ;

• prescription médicale ;• audiogramme ;• certificat médical de l’ophtal-

mologiste.

Possibilité de facturation tierspayant auprès de la caisse d’as-surance Maladie.

● Forfait entretienUne allocation forfaitaireannuelle couvre l’achat de pileset de produits d’entretien.Sur présentation d’une facture etd’une feuille de soins, la prise encharge est assurée sur la base de :• 36,59 € par appareil pour les

personnes prises en charge à100 %

• 23,78 € par appareil pour lesassurés pris en charge à 65 %.

● Forfait réparationPour les assurés pris en charge à100 % les pièces ci-après don-nent lieu à un remboursement,en plus de l’allocation forfaitaired’entretien, sur présentationd’une facture ou d’une feuille desoins :• Écouteur : 5,32 € ;

Aides au financementpour l’appareillage auditifet démarches administrativesLes appareils de corrections auditives et leurs accessoires sont très onéreux et mal

remboursés par la Sécurité sociale. Encore faut-il connaître toutes les possibilités de

prise en charge et les démarches administratives nécessaires pour les obtenir.

Sur présentation Forfait de prise en charge Nbre limite d’emboutd’une facture ou pris en charge par an

d’une feuille de soinsAdultes à partir de 20 ans 4,91 € 1Patients atteints de cécité 1 par appareilet de déficience auditive 53,36 €

Jeunes de moins 0 à 2 ans 4 par appareilde 20 ans De 2 à 20 ans 1 par appareil

● Forfait renouvellement d’embout Uniquement pour les assurés sociaux pris en charge à 100 % :

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170 | La Caravelle | 7Mars 2005

Dossier

• Microphone : 9,17 € ;• Potentiomètre : 4,52 € ;• Vibrateur : 10,63 €.

● Forfait renouvellement d’em-bout

Uniquement pour les assuréssociaux pris en charge à 100 %(cf. : tableau en page 6)

Couverture Maladie Universelle C.M.U.Justificatifs à fournir :• carte d’immatriculation et

attestation CMU ;• prescription médicale ;• audiogramme.

La prise en charge pour renou-vellement de l’appareillage sté-réophonique est accordée tousles 2 ans.

Facturation tiers payant auprèsde la caisse d’assurance maladie.

ADULTES :(cf. : tableau ci-dessous)Pour les patients désirant êtreappareillés avec une aide auditi-ve hors nomenclature CMU, ladifférence de tarif reste à leurcharge, sans possibilité d’obtenirune aide complémentaire (enfonction des caisses).

Certains étudiants affiliés à laMNEF ou à la SMEREP peuventégalement bénéficier de la com-plémentaire CMU.

ENFANTS :Jusqu’au 20e anniversaire, laprise en charge est assurée à100 % de la base du tarif TIPScorrespondant « à l’appareillageprescrit ou à chacun des deuxappareils prescrits » (arrêté du11 octobre 2000).

Micros et récepteurs HFCes dispositifs ne sont pris encharge ni par la Sécurité socialeni par la CMU mais peuvent êtrefinancés par la mission handicapde votre entreprise ou parl’AGEFIPH.Pour cela il est nécessaire d’avoirle statut de travailleur handicapé.

Autres financements possibles● Mutuelles complémentaires :Ne pas oublier de contactervotre mutuelle complémentaire.

● Missions Handicap et AGEFIPH :Si vous êtes salarié, la missionhandicap de votre entreprise ouà défaut l’AGEFIPH peuvent danscertains cas prendre en chargeune partie du complément dufinancement de votre appa-reillage.

Les contacts au niveau del’AGEFIPH sont :Délégation régionale Ile-de-France192, avenue Aristide-Briand92226 BAGNEUX CEDEXLe site internet est :http://www.agefiph.asso.fr/

Pour bénéficier de ces aides ilest nécessaire d’avoir le statutde travailleur handicapé.Les nouvelles dispositions prisespar l’AGEFIPH limitent la prise encharge à 170€ par oreille appa-reillée.

La carte d’invaliditéLa carte d’invalidité peut êtredemandée par toute personnedont le déficit auditif est impor-tant. Elle est délivrée par :• la COTOREP (commission tech-

nique d'orientation et dereclassement professionnel)

pour les personnes handica-pées de + de 20 ans ;

• la CDES (commission d'éduca-tion spéciale) pour les - de 20 ans.

Elle est de couleur orangelorsque le taux d’invalidité estsupérieure ou égal à 80 % et decouleur verte lorsque le taux estcompris entre 50 % et 80 %.Seule la carte orange donnedroit à certains avantages.

Le taux d’incapacité est détermi-né à partir des pertes auditivesmoyennes de chaque oreille. Onse fonde pour cela sur la courbeaérienne de l’audiogrammeobtenu sans appareils. Lespertes prises en compte sontcelles qui sont constatées sur lesfréquences 500, 1000, 2000 et4000 hertz.Le calcul à faire, pour chaqueoreille, est le suivant :(perte à 500 + perte à 1000+ perte à 2000 + perte à4000)/4.Quand il n’y a aucune réponsesur une fréquence, on considèreque la perte est égale à 120 dB.Pour obtenir un taux d’incapacitéà 80 % il est nécessaire que laperte moyenne de chaque oreillesoit égale ou supérieure à 80 %.

● Comment l’obtenir ?Il vous faut remplir le dossierspécialement prévu à cet effet,à retirer auprès de la COTOREPde votre département ou au bureau d’aide sociale de lamairie.

Une fois rempli, il faut adresserce dossier avec le certificat médi-cal à remplir par le médecin trai-tant à la COTOREP dont vous

● Facturation tiers payant auprès de la caisse d’assuranceMaladie - Adultes (CMU)

Arrêté du Prise en charge par la CNAM31 décembre base Allocation TOTAL

1999 complémentaire1 appareil 199,71€ 243,92€ 443,63€

tous les 2 ansLe 2e appareil 199,71€ - 199,71€

si stéréophonie

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Mars 20058 | La Caravelle | 170

Dossier

dépendez, éventuellement parl’intermédiaire de l’organismequi vous l’a fourni.

Remarque : si vous souffrezd’acouphènes ou de vertiges, ilest bon de le mentionner dansle certificat médical.

Souvent sa décision n’est valableque pour une certaine durée,donc il ne faut pas oublier d’endemander le renouvellement.

● Contestation de la décision :Après avoir reçu la notificationde la décision de la COTOREP,vous pouvez déposer un recourssi vous estimez qu’elle n’est pasconforme à votre état de santé.La procédure à suivre est jointe àla notification de la décision.

● Quels avantages ?L’AAH (Allocation aux AdultesHandicapés) :Toute personne dont le tauxd’incapacité est de 80 % ou pluset dont l’âge est compris entre20 et 60 ans peut y prétendre (àpartir de 16 ans si un jeune n’estplus à la charge de sa famille).Pour l’obtenir il faut en faire lademande. Son attribution estsoumise à des conditions detaux d’invalidité, d’incapacité detravail, d’âge, de ressources, etc.

Impôts locaux :Une exonération totale ou par-tielle de la taxe d’habitation etde la taxe foncière est consentiesi le revenu imposable nedépasse pas un plafond définichaque année.

Exonération de la redevancetélévision :Sont exonérées de la redevancetélévision les personnesatteintes d'une invalidité lesempêchant de subvenir par leurtravail aux nécessités de l'exis-tence à la condition :• de ne pas être imposable sur

le revenu ;• et de vivre seul ou avec

conjoint et enfant à charge, outierce personne, si elles nesont pas elles-mêmes imposables.

Impôt sur le revenu :Attribution d’1/2 part supplé-mentaire pour le calcul de l'im-pôt sur le revenu.Abattement supplémentaire pourla fixation du revenu imposable, àcondition que les ressources soientinférieures à un certain plafond.

● Avantages divers :• Pour les transports en commun

- des places réservées dans lestransports en commun pourles titulaires de la carte por-tant mention « stationdebout pénible » ;

- carte avec mention « cécité »ou « tierce personne » : letitulaire peut obtenir la gra-tuité du transport en cheminde fer d'une personneaccompagnante ou d'unchien guide pour aveugle ;

- carte d'invalidité simple sansmention particulière : demi-tarifpour la personne accompagnan-te lors des transports SNCF ;

• Réductions pour certains spec-tacles, certains musées (enfonction des villes et des lieux)

• En cas de succession, augmen-tation du seuil d’imposition.

Le statut de travailleur handicapéC’est le statut qui permet debénéficier de l’ensemble desaides à l’insertion professionnel-le des personnes handicapées. Ilest attribué par la COTOREP.

● Comment l’obtenir :Demander à la COTOREP le for-mulaire de demande personneadulte handicapée.

Le faire remplir par son médecintraitant et l’envoyer avec unaudiogramme à l’adresse COTO-REP de votre département quevous trouverez dans l’annuaire.

● Les catégories de travailleurshandicapés :

L’attribution du statut de tra-vailleur handicapé est toujoursassortie d’une catégorie :Catégorie A : handicap profes-sionnel léger ;Catégorie B : handicap profes-sionnel modéré ;Catégorie C : handicap profes-sionnel grave.

La COTOREP se prononce enmême temps, si c’est nécessaire,pour une orientation vers unstage de réadaptation ou de for-mation professionnelle.

● On peut être reconnu tra-vailleur handicapé sans avoirdroit à la carte d’invalidité.

Pour prendre ses décisions, lemédecin de la COTOREP doit tenircompte du handicap de la per-sonne, de son poste de travail,des possibilités de réadaptation.

Normalement, la catégorie n’apas d’influence sur les modalitésd’embauche.

● Quels avantages ?Le statut de travailleur handica-pé est strictement personnel.Vous n’avez aucune obligation dele déclarer à votre employeur.Cependant il est judicieux de lefaire pour obtenir un aménage-ment du poste de travail.

Pour vous :• Le bénéfice d’un service d’aide à

l’aménagement de votre postede travail ou au reclassement ausein de votre entreprise. Ce ser-vice est rempli par le « Capemploi » de votre département ;

• En cas de reconversion profes-sionnelle :Des aides à la reconversion età la recherche d’emploi.En particulier si vous devezeffectuer un stage et que votresurdité ne vous permette pasde suivre les cours avec profit,

« Il ne faut pas confondre

carte d’invaliditéet statut

de travailleurhandicapé »

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170 | La Caravelle | 9Mars 2005

Dossier

vous pouvez obtenir une aidetechnique ou le concours d’unpreneur de notes ;

• Le bénéfice de la loi de 1987sur les quotas de travailleurshandicapés (Rappelons que lesentreprises de plus de 20 sala-riés doivent employer 6 % depersonnes handicapées) ;

• Le versement d’une primecomme première embauchecomme travailleur handicapé ;

• Si vous créez votre entreprisevous pouvez bénéficier dediverses primes : subventiond’installation, aide spéciale àl’aménagement du poste detravail en fonction du handicap,prime de premier emploi…

• Une aide financière pour l’acqui-sition des prothèses auditives.

Pour votre employeur :En cas d’embauche, une prime àl’embauche.Pour l’aménagement votreposte de travail.Que ce soit pour un stage dereconversion ou pour un contratde travail, l’employeur peut obte-nir des subventions pour aména-ger votre poste de travail selonvos besoins : système de sécuri-té, téléphone spécial, fax, etc.

Savez-vous que des aides tech-niques bien étudiées et bienchoisies peuvent suffire à undéficient auditif pour occupercertains postes de travail ?

❏ Aline DucasseCatherine SermageBrice Meyer-Heine

Vous trouverez de nombreux ren-seignements utiles dans le livre « Jedeviens sourd, Que faire ? » deJeanne Guigo. Son prix est de 10euros et il peut être commandé àl’ARDDS ou au BUCODES.

Les prestations du NHS ne sontpas les mêmes en tout point dela Grande-Bretagne. Danschaque région du pays, leService de Santé (HealthAuthority) a son propre budgetet peut le dépenser comme bonlui semble.

Les délais pour obtenir un ren-dez-vous avec un médecin ORLdu NHS sont souvent très longs.Un de mes voisins dut attendreprès d'un an. Il en fut de mêmepour un de mes amis d'Oxford.Pour ma part, j'ai commencé parvoir un ORL privé et il me fallutensuite patienter plusieurs moisavant d'obtenir une consultationau NHS. Après, j'ai dû encoreattendre autant pour obtenirune consultation avec l'audiolo-giste de l'hôpital. Ensuite toutalla très vite et j'obtins uncontour d'oreille analogique,mais sans pouvoir choisir lemodèle. À l'époque, il n'y avaitpas d'appareils numériques.Dans ma région, le service ORLdu NHS accueille les personnesappareillées deux après-midispar semaine, sans rendez-vouspréalable pour les réglages, lesembouts et le changement despetits tubes plastiques. Enrevanche, il faut demander unrendez-vous pour passer unaudiogramme. Les piles audi-tives sont fournies gratuite-ment, avec obligation de rap-porter les piles usées. Les pro-thèses « intra » (tout dansl'oreille) ne sont pas fourniescar le NHS considère qu'ellescausent trop de problèmes. Lesappareils numériques sontmaintenant introduits progressi-

vement mais certaines régionsdu sud de l'Angleterre n'en dis-posent pas encore.Pour les implants cochléaires, jen'ai que des informations limi-tées (puisque je me suis faitimplanter en France), mais unaudiologiste m'a dit qu'un sys-tème à points a été instauré :les personnes jeunes et exer-çant un emploi obtiennent leplus de points. Les bébés ontpriorité, ce qui peut allonger lesdélais pour les adultes, délaisqui peuvent dépasser 5 ans.Quant aux personnes âgées,elles ont droit à très peu depoints et leurs chances sontminimes.Personnellement, quand j'aidemandé à être inscrite sur uneliste d'attente pour être implan-tée en Grande-Bretagne, il mefut répondu que j'entendaisencore trop bien du côté opposéà celui de mon oreille opérablepour espérer obtenir un implant.Quand je fus reçue, six mois plustard, par le Professeur Sterkersde l'hôpital Beaujon à Paris,celui-ci me déclara : « Vous enavez besoin Madame… » et onm'opéra.Quelle différence !

❏ Brenda Griffiths

Le système français de rembour-sement partiel avec de bonnesprestations de service se situedonc à mi-chemin entre la solu-tion privée qui ne convient qu’auxgens fortunés et la solution duNHS britannique qui accorde latotale gratuité, mais avec desdélais et des restrictions de choixdifficilement acceptables.

Les appareils auditifs en Grande-BretagneEn Grande-Bretagne le système de santé est très différent

du nôtre. Pour les prothèses auditives, il existe deux

solutions : le privé et le NHS (National Health Service,

équivalent de notre Sécurité sociale).

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Mars 200510 | La Caravelle | 170

Technique

L’appareil auditifSchématiquement, il est toujourscomposé d'un microphone quicapte les sons, d'un circuit qui lesamplifie, et d'un écouteur qui lestransmet dans le système auditifnaturel. On distingue deux tech-nologies de traitement du son,analogique ou numérique, etenfin deux modes de program-mation, manuel ou informatique.À partir de là, toutes les combi-naisons sont possibles.

Analogique ou numérique.Pour traiter les sons, il y a troisapproches : les systèmes analo-giques, les systèmes numé-riques et les systèmes digitauxéquipés de la technologie decommunication sans fil e2e. Enversion « imagée », les sys-tèmes analogiques sont aux sys-tèmes numériques ce que lesvinyles avec tourne-disque sontaux disques CD. Autrement dit,rien à voir au niveau de la quali-té et de la pureté des sons. Lesanalogiques avaient cependantun argument intéressant : leur

prix. Mais aujourd’hui il existedes numériques même enentrée de gamme. Progres-sivement les fabricants rempla-cent les analogiques haut degamme par des numériques dumême type mais avec moins debruit de fond. Cependant unappareil d’entrée de gamme esttrès différent d’un appareil hautde gamme. Nombre de para-mètres de réglages pour uneadaptation personnalisée,nombre de canaux, nombre deprogrammes, et nombre demicrophones.

Comment ça marche ?Analogique, on augmente le son,tous les sons.Un microphone capte les sons etles convertit en signaux élec-triques, renvoyés à un écouteuraprès avoir été amplifiés.L'écouteur convertit alors lessignaux, en vibration. C'est cetteonde, amplifiée en fonction desbesoins, qui est transmise àl'oreille pour suivre son chemine-ment normal.

En conséquen-ce les sonsforts sont sou-vent tropa m p l i f i é s ,alors que lessons faibles nesont pas suffi-s a m m e n tamplifiés.Il y a encorepeu de tempsl ’adaptat ionpar l’audiopro-thésiste était

réglable manuellement, aujour-d'hui une grande majorité desanalogiques sont programmables.Les paramètres sont alors régléssur un ordinateur et permettentainsi d'améliorer sensiblement laqualité du son. Il faut savoir tou-tefois que les possibilités deréglages restent limitées.

En manuel, on peut agir sur l'am-plification, sur les graves, sur lesaigus et on peut également cou-per les sons forts.En programmable par ordinateur,on passe à 10 possibilités.À titre de comparaison, lesnumériques programmablesavec micro-processeur offrentdes performances incompa-rables. Le micro-processeur,autrement dit la puce électro-nique, permet d'effectuer 1 mil-liard d'opérations par seconde.Ce qui offre à l'utilisateur unconfort exceptionnel quel quesoit l'environnement, et uneintelligibilité accrue en milieubruyant. L'audioprothésiste peutagir sur des centaines de para-mètres afin d'optimiser lesréglages à la perte auditive dumalentendant, mais aussi entenant compte de son mode devie, de ses attentes. Les exi-gences sont différentes entre unmusicien, un courtier en bourseou un agriculteur travaillant enpleine nature. Avec cette techno-logie, vous passez du « prêt-à-porter » au « sur-mesure ».

Numérique,« le son sans bruit de fond »Dans un appareil numérique, lesignal analogique émis par lemicro est transformé en signalnumérique qui, après traitementpar une puce électronique, esttransmis par l'amplificateur à

Les progrès des aides auditivesDifficile de parler aujourd’hui de l’évolution technique des aides auditives, tant les

progrès sont importants. C’est le développement de l’informatique qui a permis de faire

évoluer non seulement les techniques d’appareillage mais aussi les performances des

aides auditives. D’une amplification analogique, nous sommes passés à un traitement

de signal numérique.

Ce tableau montre l’évolution des puces électroniques SIEMENS de 1989 à nos jours.Nous pouvons constater non seulement une diminution de taille, mais surtout uneaugmentation du nombre de transistors En 1989 : 1k/mm2 pour une taille de 3.00µEn 2004 : 1024k/mm2 pour une taille de 0.13µ

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170 | La Caravelle | 11Mars 2005

Technique

l'écouteur, à nouveau sousforme analogique. La numérisa-tion permet un traitementincomparable des sons, particu-lièrement au niveau de la paro-le et des bruits perturbants.Concrètement les sons faiblesnécessaires à la compréhensiondu message verbal serontamplifiés au détriment des sonsforts agressifs et au détrimentdes sons faibles apparentés auxbruits de fond.

Il y aura une plus grande émer-gence de la parole par rapportau bruit.

Le signal d'entrée est analysé àintervalles réguliers, c'est ce quel'on appelle l'échantillonnage. Laqualité de reproduction du signald'entrée grandit avec la fréquen-ce de l'échantillonnage. Dessolutions de plus en plus com-plexes sont élaborées, comme letraitement intelligent dessignaux, par exemple, le bruitd'un moteur en voiture sera for-tement atténué pour entendre laparole des passagers, l'adapta-tion automatique de l’appareil àtous les types d’environnementsonore couplé à l’utilisation desystèmes avec deux micro-phones voir trois microphonespermettra « de mieux entendredans le brouhaha ».

Toutes ces solutions nécessitentdes technologies numériquestrès avancées, mais c’est surtoutla miniaturisation des compo-sants électroniques qui ont per-mis leur utilisation dans lesaides auditives.

Programmable ou non ?Les possibilités de réglages sontplus étendues dès lors qu'elless'effectuent sur ordinateur,c'est-à-dire pour des aides audi-

tives programmables. Nousl'avons vu précédemment, lesanalogiques, sont égalementprogrammables sur ordinateur.Les numériques le sont quasi-systématiquement, sauf pourles entrées de gamme.

Dialoguer dans le brouhaha.L’utilisation de deux voire troismicrophones couplés à des cir-cuits automatiques permetd’améliorer le rapport signal surbruit. L’appareil passe d’unmode omnidirectionnel utiledans les environnementscalmes à un mode hyper direc-tionnel pour capter uniquementles sons émis en face de vous.Très pratique pour dialoguer aurestaurant, sur fond de bruitsde couverts ou de conversa-tions animées à la table voisi-ne, car en effet, ces appareilssont programmés pour estom-per les bruits environnants lors-qu'ils sont trop élevés, de façonà rendre parfaitement audiblele discours de votre interlocu-teur.

Nouvel appareil auditif :ACURIS, une aide auditivepour une écoute en relief et en stéréoSiemens Audiologie vient de lan-cer ACURIS : le 1er système équipéde la technologie sans fil e2e.Ces nouvelles aides auditivespeuvent désormais communi-quer entre elles pour reconsti-tuer l’audition en relief commele fait notre cerveau.

ACURIS reconnaît les différentsenvironnements sonores danslesquels vous vous trouvez etadapte en permanence sesréglages de façon à toujoursvous assurer la meilleure com-préhension quelque soit le typed’environnement pour une audi-

tion agréable et équilibrée.Après les appareils auditifsnumériques, voici l’ère de la cor-rection auditive sans fil et del’effet stéréo en son digitalhaute résolution.

De plus, en réglant l’une desaides auditives, vous contrôlezles deux : il suffit de régler levolume ou le programme del’une des aides auditives pourque la deuxième s’adapte ins-tantanément à ce réglage afind’offrir une parfaite harmonie dusystème binaural.C’est enfin l’écoute en stéréopour les malentendants.

Les médecins conseillent d’équi-per les deux oreilles à la fois eten même temps afin d’éviterque le côté non appareillé neperde sa sensibilité.

Avec le nouveau système decommunication sans fil e2e, lesaides auditives ne travaillentplus indépendamment, maisensemble en parfaite harmonie,comme un seul et même systè-me (en réseau) :• Ainsi les deux aides auditives

ACURIS s’ajustent instantané-ment à l’environnement sono-re pour une meilleure intelligi-bilité de la parole et une sen-sation d’équilibre retrouvée ;

• e2e commute simultanémentles deux aides auditives ACU-RIS en mode multidirectionnelou directionnel pour améliorerdavantage la compréhensiondans le bruit et la localisationspatiale (comme l’arrivéed’une voiture ou le bruit d’unemobylette) ;

• ACURIS synchronise les varia-tions d’amplification de laparole et le traitement dusignal pour plus de confort etd’efficacité.

❏ Patrick BouazizAudioprothésiste D.E.

Système auditif binaural : le son desdeux oreilles est analysé par le cer-veau pour créer le relief sonore et per-mettre la localisation spatiale

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Mars 200512 | La Caravelle | 170

Témoignage

J’ai été entendante jusqu'à l'âgede 28 ans.Un audiogramme fait en 1994me révèle une surdité légèreaccompagnée d’acouphènes.Dans ma famille d’autres per-sonnes sont atteintes du mêmeproblème, des recherches ontdonc été faites. C’est une mala-die génétique qui ne se déve-loppe pas obligatoirement maisqui se transmet de générationen génération. Nous souffronsd’un vieillissement précoce del’oreille interne ce qui nousconduit, à plus ou moins longterme, à une surdité profonde.Lorsque I'ORL m'a annoncé cettesurdité, le choc a été terrible. Jesuis devenue agressive, puis peuà peu je me suis renfermée surmoi-même, je ne supportaisaucune réflexion, j'en voulais aumonde entier et je me question-nais toujours sur le fait que cettemaladie soit tombée sur moi.J’étais coiffeuse, j’adorais monmétier. La difficulté de commu-nication entre mon employeuret mes clients a été telle que j’aiété licenciée car la maladie aévolué très vite et devenaitinsupportable à vivre au quoti-dien. J’étais de plus en plusdépressive et invivable. Je refu-sais énergiquement la surdité.Cependant, dans mon isolementtragique, j’ai acquis une force etje l’ai conservée. J’ai d’abord tra-vaillé en usine, je n’avais plus lechoix, tout en attendant unstage de réinsertion profession-nelle ; faire le deuil de la coiffu-

re était très dur mais petit àpetit je me suis orientée vers lemétier de moniteur éducateur.Pour des raisons de finance-ment, j’ai été obligée d’aban-donner ma formation et j’ai tra-vaillé dans un institut de sourds

et déficients auditifs : l'IRESDA(Institution Régional des Sourdset Déficients Auditifs) à Orléans,puis à Tours.

En 2002, je n’entendais plus rienet j’étais une nouvelle fois com-plètement désemparée, retour àla case départ ; ORL et audiopro-thésistes étaient mon lot quoti-dien, impossibilité de régler lesprothèses qui fonctionnaient aumaximum.J’avais entendu parler de l’im-plant en toute connaissance decause, cependant le professeurRobier à Tours a déclaré ne paspouvoir m’opérer ; des essaisont été réalisés avec des pro-thèses surpuissantes qui m’ontredonné un peu de confort audi-tif. Comme j’avais misé beau-coup d’espoir sur l’implant, j’aiété réellement affectée quecette intervention ne soit paspossible sur moi. Pour moi, l’im-plant cochléaire signifiaitentendre de nouveau !En 2003, nouvelle perte auditiveet plus de miracles possiblesavec les prothèses, j’ai fait unegrave dépression qui m’a obligéeà inclure dans mon programmede vie des séances de relaxationpour faire face. Je suis retournéeà Tours à l’hôpital Bretonneau, leprofesseur Robier a accepté dem’opérer. J’allais bénéficier d’unimplant cochléaire bilatéral.J’étais vraiment joyeuse, de nou-veau heureuse.Après la pose de l’implant, j’airéentendu des sons déformés etmétalliques qui, rapidement,sont devenus agréables et lamagie a opéré. J'ai redécouvert

tous les bruits, l'eau, le chantdes oiseaux, le vent quand ilpasse dans les feuilles, les voies,j'écoute maintenant de lamusique, je vais au cinéma, jetéléphone…Ce qui a été le plus merveilleuxpour moi c'était de découvrir lesvoix, de retrouver la compré-hension. Quand j'ai entendupour la première fois la vraievoix de ma nièce et que je l'aicomprise, j’en ai pleuré telle-ment l’émotion était vive.J’arrive maintenant à suivre desconversations entre plusieurspersonnes.J’ai entamé un long travail derééducation avec l'orthophoniste, ce que nous faisons

ensemble donne de bons résul-tats. Les réglages à Bretonneauévoluent et s'affinent douce-ment (il faut environ un an pourobtenir un bon résultat). Unepsychologue m'aide à gérercette nouvelle situation, tout ceque je vis désormais me redon-ne espoir et confiance. Pour moil'implant cochléaire est unenchantement que je conseille àtoute personne devenue sourdeen prenant rendez-vous avec unspécialiste.Aujourd'hui, je vis sur un petitnuage, je suis incapable demettre des mots sur ce qui m'ar-rive. La seule chose que je puis-se dire c'est que la BULLE danslaquelle je vivais jusqu'à main-tenant a explosé. Je réapprendsà vivre et je profite de tous lesinstants.

❏ Christelle Vauxion

Sortir de sa bulle

« Ce qui a été leplus merveilleuxpour moi c'est dedécouvrir la voix

de ma nièce et demon neveu »

« La vue unit leshommes aux

choses, l’auditionunit les hommesaux hommes »Emmanuel Kant

« L’oreille est lechemin du cœur »

Voltaire

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170 | La Caravelle | 13Mars 2005

Paroles, Paroles…

Témoignage

Sourde, solitaire et un peu per-due à Paris où j’arrivais, j’ai déci-dé un beau jour de rejoindremes semblables. Il y a de celavraiment longtemps. J’ai doncescaladé les étages de l’im-meuble de la rue Thérèse. J’aiété accueillie par R.H. Cottin, leprésident de l’époque qui nousa laissé choir pour la mer et sesreflets gris bleu comme sesyeux avant de revenir au port,tel Ulysse après un long voyage,et de reprendre la barre denotre association La Caravelle.Pour accéder au local, on devaittraverser une salle avec un barqu’occupait une amicale desourds de naissance. Ceux-ci dis-cutaient ferme à grand renfortde signes parfois peu esthé-tiques pour ne pas dire cho-quants mais ils étaient très gais.Je passais et ils me montraientune peinture accrochée au murreprésentant des mains en diffé-rentes positions ; je ne savaispas ce que c’était, je souriais, jetraversais vite.Je sentais un certain clivageentre ces sourds et ceux de LaCaravelle. R.H. Cottin, qui lesobservait, m’a, un jour, fait laréflexion : « Ils se comprennentbeaucoup mieux que nous. »Un soir, un de ces sourds d’« àcôté » m’a proposé de prendreun verre avec lui au bar. Je nevoulais pas paraître sectaire, jeme suis assise à une table et jeme suis vite aperçue que c’étaitpour « le bon motif », normalcar j’étais « jeune et bellecomme de bien entendu » et legeste d’enfiler une alliance, c’estfacile à comprendre.Il parlait, le gars, il parlait maisj’étais bien incapable de savoirde quoi. Finalement j’ai cru com-prendre qu’il parlait devacances, qu’il allait à la mer,qu’il mangeait des coquillageset jetait la coquille par-dessusson épaule. Des années plustard, j’ai su que cela signifiait« m’en fiche ». Je ne sauraijamais de quoi il parlait ni de

quoi il se fichait, mais ce brefcontact avec un sourd gestuelm’a marquée. C’était encore pirequ’avec un Iroquois.Mais, initiée malgré moi par uneamie helvète enseignante adep-te du bilinguisme qui signait enbavardant avec moi, j’ai apprisquelques signes et l’alphabetdactylologique (la fameusepeinture de la première pièce dela rue Thérèse) puis d’autressignes par ci par là et aux coursde Simone Billoué et d’AgnèsCouraudon.Les gestes ne me choquent plus.Ai-je vieilli ? Sont-ils devenusplus discrets, plus harmonieux ?Je vais même vous avouer que,lorsque je rencontre un sourd

avec lequel la communicationpar lecture labiale ne passe pasaisément et qui n’a aucun rudi-ment de français signé ni mêmede l’alphabet, je me sens priseau dépourvu.Il m’arrive de rencontrer desentendants qui, au courant dema surdité, se risquent plutôttimidement à tenter quelquessignes pour voir si je les connais.Je sens qu’ils ont vaguementpeur de me blesser. Ce sontprincipalement des enseignants,des éducateurs, des proches desourds de naissance voire ungamin à qui le copain sourd aappris à dire « OK » et qui en esttout fier.Quant aux collègues qui meconnaissent si bien, ils ont ététous étonnés de voir que jecomprenais quelque chose à cessignes ! Comme si j’avais unedouble vie ! Et ils sont intéressés

d’apprendre que le signe a unrapport avec une réalité ?Comme le bonnet des HorseGuards pour signifierl’Angleterre par exemple.Heureusement le travail nousattend sinon ils s’apercevraienttrès vite de la grande pauvretéde mon vocabulaire !Mais pour nous, DSME, tous cessignes ne sont qu’un petit coupde pouce.Notre langue, c’est la languefrançaise. La modestie n’étantpas mon point fort, je suis par-fois éblouie par ma capacité à lacomprendre, à en exprimer lessubtilités, les jeux de mots, lesallégories et, aussi, à la manier,à éviter les pléonasmes et àchercher le mot le plus appro-prié, celui qui réconforte, quiblesse ou qui flatte et, souventaussi, il m’arrive d’être étonnéede pouvoir m’exprimer, quen’importe qui me comprennealors qu’il y a tellement long-temps que je n’ai pas, moi-même, entendu spontanémentune seule phrase.La parole est d’or. « Devenants »sourds veillez bien sur elle, rat-trapez-la vite au moindre signed’hésitation d’un interlocuteur,dès les premiers sursauts devantvotre voix de stentor !Conserver son élocution sembleêtre un sujet rarement évoquéqui a cependant une grandeimportance.

❏ Corentine

« Conserver sonélocution, sujet

rarement évoqué,a cependant une grande

importance »

J. Garric - LECTURE LABIALEpédagogie et méthode

La Méthode de J. GarricEditions 2-AS

12 rue d’Auffargis78690 Les Essarts-le-Roi

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Mars 2005

Nous avons eu un guide, RonanLegrand qui, pour la première fois,accompagnait des malen-tendants ; on aurait pu croire quec’était habituel chez lui : non seu-lement il articulait bien et n’allaitpas trop vite, mais il était aussiattentif à nos réactions, ainsi nousavons presque tous très bien com-pris ; de plus on ressentait sa pas-sion pour transmettre ses connais-sances et son amour de l’art, touten sachant s’adapter au niveau dechacun, répondant à tous nostypes de questions, qui prove-naient aussi bien de ceux qui« découvraient » l’art moderne etcontemporain que de ceux qui enétaient plus familiers ; et tout celaavec une extrême gentillesse, cequi est, bien sûr, beaucoup plusagréable pour les visiteurs !Au début de la visite, il nous ademandé ce que nous souhaitionsvoir dans le musée ; aucun sou-hait particulier n’apparaissant, ilnous a proposé de faire un par-cours qui nous permettrait de voirles principales périodes ou cou-rants de l’art moderne et contem-porain ; avant de pénétrer dans lemusée nous commençons par lagrande « sculpture » de Tinguelysur le mur qui se met en marchepériodiquement, et nous avons

compris d’où venait sontitre « Requiem pour unefeuille morte ». Puis noussommes montés au 5e

étage où sont réunis lesartistes modernes.Là il nous a présentéquelques tableaux signi-ficatifs des mouve-ments : le fauvisme (unautoportrait de Matisseet un tableau de DeVlaminck), le cubisme

avec Braque, puis « œuvres » oupeinture avec Duchamp-Villon et« Le Grand Cheval » et son frère,plus connu : Marcel Duchampavec « Porte-Bouteilles ». Puis,entre autres, Léger, Klee, Picabia,Picasso et sa sculpture « Petitefille qui saute à la corde » dontl’équilibre « ne tient qu’à unfil » : la fleur qui pousse à côté !Puis descente au 4e pour lescontemporains ; là il nous annon-ce qu’il ne va pas nous faire faireun parcours très « facile », maisc’est l’occasion ou jamais de pou-voir « découvrir » le sens de toutcela avec quelqu‘un de compé-tent ! Donc nous continuons !Des œuvres plus énigmatiquesau premier abord pour les-quelles il commence par nousdemander à quoi elles nous fontpenser : « Ronds de fumée » deBruce Nauman, artiste améri-cain ; « Mètre cube d’infini » dePistoletto : il s’agit d’un cubeopaque d’un mètre de côté, fice-lé, dont chacune des surfacesinternes, qu’on ne voit pas, estun miroir, soit 6 miroirs se réflé-chissant à l’infini ! Pour les voir,il faudrait détruire l’œuvre !Deux grands tapis de feutre trèsépais (plus de 2 cm),« Tentures », de Robert Morris,

lacérés au milieu et suspendus à1 ou 2 crochets ; ce qui fait que lepoids du feutre entraînel‘« ouverture » de fentes plus oumoins grandes dont les dimen-sions et les formes varient enfonction du nombre et desemplacements des points d’ac-crochage ; donc ces œuvres nesont nullement figées définitive-ment, un élément très fréquentdans l’art contemporain. Aprèsd’autres présentations, nous ter-minons, tout au fond de la gale-rie du 4e par un ensemble de 12très grandes toiles d’AnselmKieffer, artiste allemand, « La viesecrète des plantes » ; ces toilessont juxtaposées sur chaque murpar 6 sur 2 lignes (palme,branche d’arbre plus habituel,etc.) ; on est donc placé entre ces2 « murs » de tableaux, et on nepeut pas prendre beaucoup derecul pour voir de loin, mais c’estlà une volonté de l’artistepuisque c’est lui qui a fait l’accro-chage ; là encore, par rapport auxœuvres classiques avec les-quelles on prend beaucoup plusde liberté, l’artiste contemporainpeut décider de la vision qu’ilsouhaite qu’on ait de son œuvre.La visite s’est poursuivie par cellede l’atelier de Brancusi, reconsti-tué tel qu’il était lors de sa mort(condition qu’il a mise à sa dona-tion) dans un bâtiment particuliersur la plazza ; là sont réunis desexemples de presque toutes sessculptures aux lignes très épurées.Nous avons quitté notre guide trèsheureux d’avoir pu enfin bénéfi-cier d’une telle visite ! et l’après-midi s’est terminé, comme il sedoit, autour d’un pot !

❏ Catherine Sermage

Visite du musée du Centre PompidouLe samedi 27 novembre 2004, nous nous sommes retrouvés plus d’une douzaine pour

participer à une visite du musée du Centre Pompidou en « lecture labiale ». Cette visite,

organisée par Nicole Hameau responsable des sorties ARDDS et Nicole Fournier responsable

du public sourd et malentendant au Centre Pompidou, était une grande première !

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« La Muse endormie », de Constantin Brancusi

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170 | La Caravelle | 15Mars 2005

Sue ThomasSue Thomas l’œil du FBI. Tous les dimanches à 12h20 sur M6.

Série policière américaine qui met en scène une héroïne sourde.

« Sue Thomas, l’œil du FBI » unesérie policière américaine commeles autres ? À première vue oui :malfrats, intrigues rythmées, rebon-dissements à gogo et une équiped’agents du FBI tous sexy, efficaceset super complices pour résoudretout ça. L’ensemble est politique-ment correct comme il se doit.Où est l’originalité ? Elle est là :Sue Thomas, l’héroïne, est sour-de. Enfin il faut le savoir parcequ’elle est sensée lire si parfaite-ment sur les lèvres qu’elle com-prend tout, tout le temps, commepar magie (ben voyons…). Dansles briefings informels avec sonéquipe par exemple, elle n’en

perd pas une miette alors que çaparle dans tous les sens. Demême dans la rue, un simplecoup d’œil nonchalant de tempsen temps vers son interlocuteurqui marche à côté d’elle lui per-met de converser à bâtons rom-pus. La panoplie de sourde de Sueest par ailleurs très complète :elle signe (et n’hésite pas à seservir de cette langue très télégé-nique pour délivrer des messagessentimentalo-sirupeux très pro-fonds à ses petits camarades), aun chien pour sourds (prévientdes bruits ambiants - assezrépandus aux USA), et sa facultéhors du commun à décrypter ce

qui se dit sur les lèvres lui est par-fois très utile dans les enquêtes.Certes cette vision de la surdité àla sauce américaine est un peucaricaturale et manque beau-coup de réalisme, et alors aprèstout ? Ce n’est pas un documen-taire et Sue Thomas renvoie uneimage valorisante d’une person-ne sourde : belle, gentille, intel-ligente et qui réussit. L’occasionde regarder M6, qui ne sous-titreque 9 % de ses programmes,n’est pas si fréquente (chiffreextrait de La Caravelle 169, p13),alors… pourquoi pas.

❏ Aline Ducasse

Un long dimanche de fiançaillesSecond film à avoir été projeté à l’intention du public sourd et malentendant au

cinéma l’Arlequin (76, rue de Rennes – Paris 6e), du 27 octobre au 2 décembre 2004,

« Un long dimanche de fiançailles » était intégralement sous-titré. Une aubaine pour

les sourds franciliens qui leur a permis d’apprécier ce beau film français en même

temps que tout le monde et sans retard, lors de sa sortie en salles.

Jean-Pierre Jeunet, à qui on doitle réjouissant « Le fabuleux des-tin d’Amélie Poulain », a choisipour son dernier film de porter àl’écran le beau roman du mêmetitre de Sébastien Japrisot. C’estl’histoire de Mathilde, une jeuneBretonne de 19 ans, têtuecomme il se doit, qui ne serésout pas à admettre la dispari-tion de son jeune amant pen-dant la guerre de 1914.Un ancien sergent a beau luiraconter que Manech a subit lesort réservé aux mutilés de 1917et qu’il a été tué. Mathilde refu-

se d’admettre l’évidence et selance dans une véritable contre-enquête pour le retrouver. Defaux espoirs en incertitudes, elleva démêler peu à peu la véritésur le sort de son fiancé.Rarement la sauvagerie de la guer-re de 14 a été rendue avec autantde réalisme : les corps, vivants oumorts, qui gisent dans la boue ; lesaffreuses explosions qui envoienttout valdinguer, chairs et métauxconfondus ; les tranchées. Paropposition à cet enfer, il y a le para-dis représenté par la pittoresquepetite maison bretonne où vitMathilde et sa famille. Elle pourraitêtre celle d’un album pour enfant.Plus loin, ce sont les halles desannées 20, place de l’Opéra à Paris,dont la reconstitution est impres-sionnante. Tout comme leMontmartre d’Amélie Poulain,Jean-Pierre Jeunet a réussi à créerun monde. Les décors évoquant la

Belle Epoque sont soigneusementstylisés.Les films de l’Arlequin ne sont pasrendus accessibles seulement parle sous-titrage, ils sont aussi audiodécrits à l’intention du publicd’aveugles et malvoyants, c’est-à-dire que des casques sont mis àdisposition pour entendre uncommentaire descriptif de l’actionqui est en train de se dérouler àl’écran. Actuellement c’est« Ray » film américain de T. Hackford, qui est à l’affiche. Cefilm raconte la vie exceptionnelledu fameux musicien aveugle RayCharles. Quatre autres films nousont été promis cette année par lamunicipalité de Paris. Un conseil :rendez-vous régulièrement sur lesite de l’ARDDS (www.ardds.org)pour être informé des nouvellessorties.

❏ A. D.

Culture

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Le cinéaste connaissait lui-mêmeune surdité partielle. Il ne s’estjamais répandu sur ce sujet, préfé-rant sans doute donner la parole àses films, par exemple dans « LaNuit américaine » (1972) où ilporte un sonotone. La personnalitémultiple du réalisateur, représen-tant romantique de la NouvelleVague, pamphlétaire acéré, créa-teur de la saga Antoine Doisnel,répartissait ses œuvres autour dethèmes de prédilection commel’amour des femmes, la passiondes livres et des enfants avec unintérêt soutenu pour la pédagogieet le langage. Il y avait de l’institu-teur caché derrière le cinéaste.Truffaut l’a souvent déclaré : seulsles sentiments l’intéressent. Ilsuffit de parcourir sa filmographiepour convenir cependant que lapalette rassemblée sous cethème est très large. La commu-

nication était son grand souci. Elleest pour lui synonyme de langa-ge et de connaissance, donc deliberté et de bonheur.

L’absence de lien ou de contactest un thème récurrent des filmsde Truffaut et fait partie de ceuxqui lui tiennent le plus à cœur. Ils’implique lui-même en tantqu’acteur dans ses films, ainsi leprofesseur Jean-Marc Itard (1)dans « L’Enfant sauvage » (1969),le cinéaste Ferrand dans « La Nuitaméricaine », le journaliste JulienDavenne dans « La Chambreverte » (1978), rien que des êtresde dialogue et de communication.« L’Enfant sauvage » avec Jean-Pierre Cargol dans le rôle deVictor, est né, nous dit Truffaut,d’une thèse de Lucien Maison sur« Les Enfants sauvages » (2)parue dans le monde en 1966 :« Parmi la cinquantaine de casévoqués par L. Maison, l’exemplele plus net et le plus instructifsemble avoir été celui de Victorde l’Aveyron, longuement étudié

François TRUFFAUT (1932-1984)Lors d’un voyage en avion vers la Réunion, Pierre Carré, président de l’ARDDS 56, a été

surpris de constater en feuilletant la presse mise à bord qu’un seul quotidien avait bien

voulu ce jour-là évoquer le XXe anniversaire de la mort de François Truffaut, sans toutefois

rappeler les raisons de la tendresse particulière que les sourds et

malentendants portent à cet auteur. À son retour, il s’en est ouvert à Agnès

Couraudon, notre administratrice aux multiples connaissances, qui s’est

chargée de contacter Guy Jouannet, auteur de « L’Ecran sourd ou les

Représentations du Sourd dans la création cinématographique ou

audiovisuelle » (Editions INJS/CTNERHI.2000).

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Culture

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par le docteur Itard qui s’est inté-ressé à lui dès sa capture par deschasseurs pendant l’été 1798 ».Itard entreprend alors l’éducationd’un être neuf et entend bien luidonner « le libre service de tousses sens. » D’homme « naturel » et« sauvage », il veut le faire accéderau rang d’homme « moral ». Victorest la victime de cette fin du XVIIIe

(était-ce un enfant illégitime ? A-t-il été abandonné ou laissé pourmort ?), il porte sur le corps denombreuses cicatrices dont celleplus profonde à hauteur de la tra-chée-artère qui indique une inten-tion criminelle. Le mystère demeu-re. Le grand combat perpétuelentre la nature et la culture se joueici, ardent, passionné, cachant malles questionnements actuels denotre société. Le film tourné sur leslieux même de l’histoire, des envi-rons de Rodez à l’Institut Nationaldes Jeunes Sourds de Paris estd’un classicisme affirmé (les fon-dus à l’iris ouvrant et fermant lesscènes) et reste néanmoins polé-mique (les notions de civilisation,de bien et de mal, l’enfermementde l’enfant…).De nombreuses scènes de« L’Enfant sauvage », filmé ennoir et blanc, sont absolumentmagnifiques, comme celle où lesenfants sourds, habillés tous deblouses identiques comme il étaitde rigueur à l’époque, commen-tent en geste l’arrivée du Sauvagedans les murs de l’école, celle oùVictor danse sous la pluie dans lejardin, pareil à un petit faunecélébrant quelque divinité païen-ne, etc. Le personnage de MmeGuérin, la gouvernante (FrançoiseSeigner, magnifique) est uneautre approche pédagogique. Elle

oppose la tendresse à la rigueurdu savant. Truffaut la filme avecla générosité qui le caractérise.« L’Enfant sauvage » par l’im-portance des enjeux, des ques-tions qu’il soulève, est le plusbeau film de l’auteur. Il manquecependant un final clair à ce filmmagistral qui souleva à sa sortieet encore aujourd’hui de mul-tiples questions…Il est effectivement difficile d’ac-cepter la mort de François Truffautsurvenue en octobre 1984 à l’âgede 52 ans. Son œuvre, inachevée,se clôt sur « Vivementdimanche » (1983), une ode à lavie, désinvolte qui ne ressembled’aucune façon à un testamentcinématographique.Dix ans après, François Truffautinterroge encore la critique ;« L’une des figures de notre ciné-ma les plus clairement identifiéespar le public », nous dit BertrandBenoliel (« Mensuel du cinéma »,mars 1993). Je n’en suis pas si sûr,

ses zones d’ombre restent peuexplorées. Elles se caractérisentpar des films mal aimés, de « LaPeau douce » (1964) à « La Sirènedu Mississippi » (1968), d’« Unebelle fille comme moi » (1972) à« La Chambre verte » (1978) etpar des prises de position aujour-d’hui douteuses et injustes.La légende de l’homme cinéasteFrançois Truffaut ne fait quecommencer…2004 a été l’année de la com-mémoration de sa mort, leshommages télévisés avec diffu-sion de ses films ont été innom-brables. François Truffaut né àParis le 6 février 1932 et décédéle 21 octobre 1984, devrait êtredécouvert par les nouvellesgénérations.

❏ Guy Jouannet

(1) Jean-Marc Gaspard Itard (1774/1838),premier médecin chef de l’Institut dessourds-muets, nommé par l’abbé Sicard. Ildevient dès 1801 le psychothérapeute del’enfant sauvage. Il rédigera deux rapportssur l’enfant sauvage de l’Aveyron en 1801et en 1806. Le second est un bilan et unconstat d’échec. Il se désintéresse deVictor qui finira sa vie auprès de MmeGuérin, juste en face de l’Institut dessourds-muets au numéro 4 de l’impassedes Feuillantines à Paris. Le sauvagemourra oublié de tous en 1828.(2) Le livre « Les Enfants sauvages » deLucien Maison est disponible dans lacollection 10/18 (1964, Union Généraled’Editions).

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Brèves

ARDDS91 (AAE) :Ce 12 janvier 2005, après envoipar mail à environ 800 élus, etrappel par téléphone de 250 à300 communes, nous nous retrou-vions au Théâtre dans la salle JeanVilar à Saint-Pierre-du-Perray,pour « La Dispute » de Marivaux,pièce revue et corrigée par Fiacre,metteur en scène prometteur.Pourquoi cette soirée pouvaitêtre importante ? Nous y avionsinstallé une boucle magnétiqueaimablement prêtée par leBUCODES, qui fait action enfaveur des DSME, en vue defaire la démonstration de sonutilité pour nous autres, etj’avais même pu obtenir dufabricant/importateur SMS –Audio Electronique à 68170,Rixheim, le prêt d’un casquerécepteur de boucle, pour faireécouter aux entendants ce quenous pouvions percevoir, durantcette pièce, et aussi durant toutautre événement public.La boucle a été concluante, bienqu’un modèle possédant desfonctions étendues de compres-sion soit mieux car les variationsd’intensité des voix du théâtresont importantes, et nos

pauvres oreilles peuvent avoirdu mal à les encaisser.Les élus présents ont salué cetteaction, ont apprécié la réceptiondans le casque, ont bien saisi ceque les malentendants peuventtirer comme avantage de cetteboucle magnétique, et ont bienapplaudi la pièce, qui semblaitêtre un régal.J’ai insisté pour non seulementremercier la troupe de nousavoir offert cette représentationau cours de laquelle la boucle apu être mise en démonstration,mais j’ai également remercié lafaçon de faire de la troupe : c’estelle qui nous a proposé de fairecette démonstration, le fait estsi rare qu’il mérite d’être noté.Le public a donc apprécié l’effortde la compagnie du Pax et achaleureusement applaudi.Après, un buffet préparé parMaud, Geneviève, Yanne etPascale du bureau de l’ARDDS91était à disposition, et n’était dédai-gné par personne. Merci aussi àCatherine Sermage et à FrançoiseQuéruel, Présidente du BUCODESpour leur aide dans cette action.

❏ Gilles Gotschi

Sourds d’Issy et d’ailleurs :Un très sympathique goûter aété organisé par Jeanine Roccale 12 février dans la salle parois-siale d’Issy-les-Moulineaux. Il apermis aux malentendants etleurs amis de se rencontrer etde découvrir les activités duBUCODES et de l’ensemble desassociations adhérentes. Arlette,notre fidèle orthophoniste, a eula gentillesse de venir présenterles cours de lecture labiale et lesstages d’été organisés parl’ARDDS.

Cours d’anglais par l’associa-tion Audio Ile-de-France :20, rue du Château-d'Eau75010 PARISTél. : 01 42 41 74 34E.Mail : [email protected] des cours d’anglaispour malentendants :30 mars ; 13 avril ; 11 mai ; 25 mai de 19h30 à 21 heures

Activités ACTISActis 10, rue DUNOIS - 75013 Paris Tél. : 01 45 36 11 75

Avril

Sam. 16 au dim. 24 Exposition de Samuel Le Tinevez. Tous les jours de 13h à 18h (sauf lundi).Vend. 22 au dim. 24 Voyage à Amsterdam (visite de la ville, musée Van Gogh, croisière sur les canaux…)Samedi 23 Spectacle de contes bilingues (LSF/Français), par Ikko et Myriam – 18h.Jeudi 28 Club des Seniors – 14h à 17h.

Mai

Jeud. 5 au dim. 8 Voyage à Rome (visites de la ville en LS, rencontres avec des sourds italiens.)Sam. 21 au dim. 29 Exposition de Maria Pia Fillippetto. Tous les jours de 13h à 18h (sauf lundi).

Juin

Jeudi 23 Club des Seniors « Voyage » - 14h à 18h.Sam. 18 au dim. 26 Exposition de Nicole Hameau. Tous les jours de 13h à 18h (sauf lundi).Vend. 17 au Jeu. 23 Voyage « St-Raphaël » pour les seniors (repos, soleil, tranquillité…)

Sorties ARDDS du 3e trimestreMercredi 20 avril à 14h Traversée du « Marais » dans le sens verticalSamedi 28 mai à 14h Visite du Musée Rodin, l’hôtel Biron et ses jardinsSamedi 11 juin Une journée à « La Défense » avec entre autres : déjeuner au restaurant et

la Grande Arche avec sa terrasse panoramique.

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Brèves

Bon appétit !Un petit rappel savoureux dustage de l’été dernier :Préparation :1) Lavez, épluchez, épépinezpoivrons, piment et tomates.Épluchez les oignons et l’ail ;ôtez les filaments des poivronset piment.2) Mettez à suer dans l’huile, lespoivrons, le piment, les oignonsémincés et l’ail écrasé du plat ducouteau.3) Incorporez les tomates épépi-nées. Ajoutez thym, laurier enserrés

dans une mousseline. Salez (peu).4) Laissez mijoter 5 à 10 minsans réduire en purée.5) Cassez les œufs, ajoutez selet persil haché.6) Versez l’omelette dans unepoêle, ajoutez et mélangez leslégumes.7) Laissez devenir moelleux.8) Poêlez légèrement les tranchesde jambon. Placez–les sur la pipe-rade avant de servir chaud.

❏ Manuella Lefèvre

La piperadeIngrédients :• 4 tranches de jambon de

Bayonne assez épaisses• 3 gros poivrons verts• poivron rouge• piment fort• 3 tomates• 2 oignons• 1 gousse d’ail• 6 œufs• sel, poivre, persil, thym,

laurier, huile d’olive

Idées lumineuses

170 | La Caravelle | 19Mars 2005

JeuLes sourds totaux n’entendentrien, c’est évident, les DSME,eux, enlèvent leurs ACA la nuit etparfois pour être tranquilles toutsimplement… et ils deviennentalors, eux aussi, sourds totaux,une situation bien embêtante.Je souhaitais trouver un systèmepour être avertie, la nuit, de l’ap-pel d’un proche, malade.Je sais bien qu’il existe des aver-tisseurs perfectionnés (et oné-reux) mais ils ne correspondaientpas à mes besoins.Je me suis donc questionnée etj’ai acheté un système d’allumageà distance avec télécommande.J’ai branché une source lumineuseà mon chevet et déposé la télé-commande sur la table de nuit dumalade. Cela a marché « SUPER » !À partir de là, j’ai pensé qu’avecune lampe et ce simple système,on pouvait faire bien des chosescar cet avertissement passe à tra-vers des portes fermées. Parexemple, si votre moitié s’éterni-se dans la salle de bains et qu’ilvous faut absolument votre fla-con de parfum, vous cliquez surla télécommande et vous levoyez surgir mouillé et furieuxmais, bon… votre parfum, vousl’avez… Et si vous avez la paressed’aller trois fois lui dire que ledîner est prêt ? Vous lui faites desappels de phare répétés, voire…vous lui éteignez carrément sa

lampe et il n’a plus qu’à se guidervers le fumet de votre petit plat.Et à la porte… un jour que vousattendez des amis et que vousn’êtes pas tranquille « quelquepart », vous pouvez accrocher latélécommande à votre porteavec un post-it « Cliquez et labobinette cherra » (cela estvalable dans les immeublescalmes ou les pavillons).Et à l’hôtel donc… Lorsqu’on doitvenir vous réveiller le matin, cequi vous contraint à ne pas ver-rouiller la porte, à passer une nuitblanche de crainte d’être volé ouviolé ou…, vous donnez la télé-commande et « clic », vous neratez pas l’avion de cinq heures.Et dans les maisons de retraiteoù le malheureux sourd n’a rienpour l’avertir qu’on frappe et sur-saute, épouvanté de voir quel-qu’un près de lui.Bien sûr, on peut aussi allumer lacafetière électrique de son lit lematin pour entamer la journéed’un bon pied mais cela n’a rienà voir avec les oreilles.Je laisse le champ libre à votreimagination de tout ce qu’onpeut tirer de ce petit gadget(trente euros pour deux prises etune télécommande à Carrefourou ailleurs).Amusez-vous bien.

❏ Corentine

Yves Delaporte « soi-même » m’aun jour parlé d’un jeu qui existaitau 17e siècle, je crois, dans lessalons, au temps où il n’y avait pasencore de télévision et encoremoins de sous-titrage. Un jeu doncappelé Lipogrammer, c’est-à-direécrire des textes sans jamais utili-serune lettre, ici la lettre « E », laplus utilisée dans la langue françai-se ! Cela paraît bêtement simplemais c’est fort difficile et, pour mepersuader que c’était possible, ilm’a montré sa correspondancelipogrammée. Seuls les « E » desnoms propres ont droit de cité.Depuis, quand je m’ennuie, quel’attente est longue chez un méde-cin ou dans un train, je cherche desphrases sans « E », cela occupe l’es-prit et entretient le vocabulaire.Essayons en prenant un thèmecomme « Jour d’hiver » :« Aujourd’hui il fait froid ; on amis un pantalon, un tricot toutchaud pas trop joli. Allant au tra-vail, j’ai vu un clochard assis surun banc, transi. J’ai sorti un sou. Ilira au bistrot, pas pour un choco-lat chaud mais pour un vin, tantpis… à chacun son truc pour avoirun plaisir par un jour gris, sansmaison, sans amour. »

Voir le livre de Georges Perec « LaDisparition », sans la lettre E.

❏ C.

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Tarifs adhésion 2005Cotisation ARDDS : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 euros(déductibles fiscalement)

Abonnement La Caravelle : . . . . . . . . . 12 euros(4 numéros par an)

Abonnement professionnel : . . . . . . . . . . 25 euros(facture ou reçu fiscal fourni)

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Conformément à la réglementation, la cotisation etl'abonnement sont indépendants. La cotisation ne com-prend pas l'abonnement qui est facultatif.

Et n’oubliez pas de venir voir sur le site de l’ARDDS :

www.ardds.orgde nouvelles informations

sur l’actualité du monde sourd et sur la vie de l’ARDDS

y figurent régulièrement.

Webmaster : Aline [email protected]

www.ardds.org

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ARDDS 75Siège et section parisienne

Secrétaire générale :Nicole Hameau

75, rue Alexandre-Dumas75020 Paris

ou BP 285, 75962 Paris Cedex [email protected]

www.ardds.org

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ARDDS 38 – AlpesResponsable :

Anne-Marie Choupin29, rue des Mûriers

38180 SeyssinsPermanence le troisième lundi de

chaque mois à GrenobleLecture labiale à l’hôpital ou au CPA

Renseignements :Tél./Fax : 04 76 49 79 20

[email protected]

ARDDS 44Loire – Atlantique

Responsable :Huguette Le Corre

4, place des Alouettes44240 La Chapelle-sur-Erdre

Fax : 02 40 93 51 09Accueil

Réunion amicale le 2e samedidu mois, de 14h30 à 18h30Maison des Associations

10 bis, boulevard de Stalingrad44000 Nantes

Repas : le 4e jeudi du moisLecture labiale

Cours bimensuels

ARDDS 45 – CentreResponsable : Annick Berneau

22, rue du Puits-de-Ville45800 [email protected]

ARDDS 56Bretagne – Vannes

Responsable : Pierre Carré106, avenue du 4-Août-1944

56000 VannesTél./Fax : 02 97 42 72 17

AccueilRéunion amicale le mardi

à partir de 17 heuresMaison des Associations

6, rue de la Tannerie56000 Vannes

Lecture labialeMardi à partir de 17 heuresMaison des Associations

6, rue de la Tannerie56000 Vannes

Lundi à 15 heures, salle ArgoatMaison-Mère des Frères

56800 Ploërmel

ARDDS 57Moselle – Bouzonville

Responsable : Gustave FegelMaison Sainte-Croix57320 Bouzonville

Tél./Fax : 03 87 57 99 42Permanence les 1er et 3e lundis de

chaque moisMairie de Bouzonville,

14h à 16hRéunion le 1er lundi

de chaque moisMaison Ste-Croix, 17h15

ARDDS 91 - AAEAction Auditive

en Essonne14, sente des Vignes91480 Varennes-Jarcy

[email protected]

ARDDS 75Accueil

Jeudi de 14 à 18 h 30 (horsvacances scolaires zone C)75, rue Alexandre-Dumas

75020 Paris

Séances d'entraînement à la lecture labiale

Jeudi de 14 à 16 heures(Hors vacances scolaires zone C)

75, rue Alexandre-Dumas75020 Paris

SortiesUn samedi par mois

Nicole Hameau7, rue des Rigoles – 75020 Paris

Fax : 01 44 62 63 [email protected]

LoisirsLes 2e et 4e mardis de chaque

mois de 14h à 18h(Hors vacances scolaires zone C)

44, bd des Batignolles75008 Paris

Tél. : 01 46 42 50 32Gisèle Peuron

Tél. : 01 42 08 75 97Fax : 01 44 84 02 50

Minitel : 01 44 84 02 50