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Document J 1111111111111 liii III III 1111111 L........900005782390 (3J4ÇAV LA VÉRITÉ SUR LÀ RACE LIMOUSINE PAR M. EDMOND TEISSERENG DE BORT PRÉSIOI•;NT OU COIICE AGRICOLE OÀMIIA7.'C (Extrait du Journal d'Agriculture prutiquc) LIMOGES 1M PR1MERI E-LI BRAI RIE LI M O US! NF Va H. DUCOURTIEUX Libraire de la SocléLé achéologique et de La Société Gay-LIISaae - 7 1(0E DES ARkNES, 7 1889

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Document

J1111111111111 liii III III 1111111L........900005782390

(3J4ÇAV

LA VÉRITÉSUR LÀ

RACE LIMOUSINEPAR

M. EDMOND TEISSERENG DE BORT

PRÉSIOI•;NT OU COIICE AGRICOLE OÀMIIA7.'C

(Extrait du Journal d'Agriculture prutiquc)

LIMOGES1M PR1MERI E-LI BRAI RIE LI M O US! NF

Va H. DUCOURTIEUXLibraire de la SocléLé achéologique et de La Société Gay-LIISaae

-7 1(0E DES ARkNES, 7

1889

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LA VÉRITÉ' SUR LA RAGE LIMOUSINE

ORIGINE DE LA RACE

La race d'Aquitaine peut être considérée comme une des racesbovines les plus importantes de la France.

Elle occupe, en ce moment, les étables de la Hante-Vienne dela Corrèze, de la Gironde, de la Charcute, du Périgord, du Lot-et-Garonne, du Tarn-et-Garonne, ainsi qu'une partie de cellesde la Haute-Garonne, de la Charente-Inférieure, du Tarn, du Lot,de l'Aveyron, du Gers, des Hautes-Pyrénées, des Basses-Pyrénées,de la Creuse et de l'Indre.

Elle comprend les variétés agenaise, garonnaise, limousine etlourdaise, mais ces quatre types, quoique très distincts, ont lesnièmes caractères zootechniques généraux.

Le pelage est toujours d'une seule couleur qui varie du fromentclair au froment foncé.

Les cornes sont toujours (l'un blanc jaunàte dans la plus grandepartie de leur longueur, à peine plus foncées à la pointe.

Elles sont plus ou moins dirigées vers le haut ou vers le bas, etparfois en arrière, selon que l'animal appartient plus spécialementau type limousin, garonnais ou lourdais.

C'est parmi tes races dolichocéphales, dit M. Sanson, la seulequi soit blonde, la seule chez laquelle tous les sujets purs, salisexception, aient le mufle, les paupières, le pourtour de toutes lesouvertures naturelles toujours d'une teinte rosée, la seule où lepigment noir soit complètement absent. »

(I) Journal d'Agriculture pratique, 1888 (n" 48, 69, 50, 5e).

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—Û---Le taureau, et parfois les vaches, ont souvent le fanon assez

développé.-Le clos est souvent fléchi, la croupe élevée, la queue attachée

haut et à hase très saillante; le passage des sangles défectueux.Les vaches auxqunlles on demande une assez grande somme de

travail ne sont pas de très bonnes laitières; aussi est-il indispen-sable de laisser les veaux boire tout le lait de leur mères.

Les plaines calcaires du Midi ont donné au t ype agenais etgaronnais une forte ossature, un développement, plus grand et unenuance de pelage plus Glaire; pendant que ]es t y pes limousins et

• lourdais, qui vivent sur les coteau, granitiques ou schisteux, ontun pelage d'un froment plus foncé; leur structure est plus légère,et, par contre, les sujets arrivent à une moins grande taille.

Nous n'avons point é rechercher icisi la variété limousine estla race mère, où si ce titre appartient plutôt i la variété agenaiseou garonnaise.

Les auteurs ne sont pas. d'ailleurs, d'accord à cet égard.Nous avons reçu mission 'de parler des animaux limousins, et

maintenant que nous avons indiqué les principaux caractères géné-raux de la race d'Aquitaine nous entrons dans notre sujet.

Il y a quarante ou cinquante ans, plusieurs agriculteurs desenvirons de Limoges, entre autres MM. Henri Michel, Barnyde Ronianet, 'iflaithard de la Couture, trouvant que les animaux deleurs étables laissaient à dénier au point de vue du développement,eurent l'idée «acheter des étalons agenais. Les animaux issus (letette alliance étaient hauts sur jambes et péchaient souvent parl'ampleur de la culotte.

Leurs hanches étaient saillantes, leurs flancs plus grands, leurscornes presque toujours inflécltics vers le sol.

Plus exigeants comme nourriture que n'étaient les animaux depa ys, ils ne pouvaient s'entretenir convenablement que dans lespropriétés de la banlieue de Limoges, là où, grâce à l'abondancedes fumiers et tics éngrais de toute espèce, la culture des fourra-gères et des légumineuses commençait à se répandre, et lit où lessoins aicordésaux prairies avaicntrendu les herbagespius nutritifs.

l'elie est ta seule infusion qui ait dt,i fuite dans le sang (1mW trèspetite partie de ta race limousine, infusion dont on retrouve parfoisles traces sur certains animaux. Nais, quelle était la nécessité dedonner à la variété limousine un plus grand volume, une plusgrande taille, alors qu'à cette époque surlout tes ne'hf dixièmesdes pâturages et des exploitations du département n'étaient pas enétat d'en assurer le maintien ?

Ces essais furent heureusement très limités, et au bout de peu

M

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- •1 -

(Je temps, reconnaissant lerreur commise, nos bons éleveurs s'enfurent chercher, dans les canions oit race n'avait pas été altérée,les types de race pure, qu'ils s'appliquèrent à améliorer par lasélection.

On répudia tout étalon présentant un caractère quelconque dela variété agenaise. On exigea un poil plus rouge, plus uniforme,nie direction plus élevée dans les cornes, une ossature plus fine,un corps Plus près de terre;

Bref, oit à l'ancien type, dont on n'aurait pas dû s'écarter.On peut affirmer, à cette heure, qu'il n'est plus entré depuis trente

ans un seul reproducteur agenais clans aucune étable limousine, eton a fini par où l'on aurait dé commencer immédiatement, c'est-à-dire par procéder à (arnéhoration de notre race par la sélection.

Comme le dit fort bien notre excellent professeur d'agriculture,M. Reclus (Journal dAoriculture pratique, 3juin 4880)

« Ayant à notre disposition des sujets tout acclimatés qui peu-vent acquérir prom p ernen t, par l'alimentation et l'hygiène, sansle secours d'aucun sang étrange;-, les" péffèctions vers lesquellesnous devons tendre, il serait imprudent de se lancer dans la pra-tique des croisements qui viendraient altérer la pureté de notrei-ace et nous conduiraient dans une voie pleine d'incertitudes etpeut-être de déboires

Cette question de développement de la race préoccupait , déjànos ancétres au siècle dernier.

-La grande Statistique générale de la France publiée en 1808'nousapprend « qu'on avait cherché vainement à introduire des espècesde plus haut corsage, mais qu'elles dégénéraient, dès la secondeportée, et qu'à la quatrième, elles ne pouvaient pas être distin-guées o.

Les boeufs gras d'alors ne dépassaient pas 300 ou 350 kilogr. (I);que devaient peser les maigres

Comment pouvait-il en étre autrement avec l'absence complètedes plantes fourragèi'és et le mauvais état des pâturages?

Les boeufs valaient 160 francs, les uelles 130, le cheptel d'undomaine (le 56 hectares s'élevait environ à 2,400 francs.

Les herd-books n'étaient pas encore de mode et le cultivateurne réservait comme étalons o que les taueaux dont il ne trouvaitlias nu débit avantageux ».

On exigeait d'un boeuf « qu'il eût de grosses cornes, etc., etcun fanon tombant presqu'à terre et le museau noirâtre».

(I) Nos bieufs altignent actuellement de 800 à 900 kilog. facilement.

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— s —(Ce qui nous explique fort bien comment lise fait que, dans nos

animaux, un assez grand nombre ait actuellement le fanon encoreassez développé et quelques taches noires sur les muqueuses dumufle.)

« Et si, à (otites ces qualités, le boeuf réunissait un poil d'unrouge clair, ou couleur froment, s'il avait deux ou trois dents delait, il n'avait d'autre prix que celui que le caprice voulait bien ymettre. (Texier Olivier.).

Le mode d'exploitation du bétail n'a pas toujours été le mêmeeu Limousin.

Avant la Révolution, l'élevage du boeuf et son engraissement,lorsqu'il était arrivé à l'âge de huit ou dix ans, étaient la préoccu-pation de nos cultivateurs. -- Les vaches travaillaient moins que maintenant, et par contre,elles étaient fort mal nourries.

On ne leur donne, pendant l'hiver, dit Texier Olivier dans lagrande Statistique, qu'un mélange de paille tic seigle et d'avoine,tes restes des boeufs à l'engrais et le plus mauvais foin qu'oii ré-colte on les mène chaquejour dans les champs depuis neuf heuresdu matin jusqu'à cinq heures du soir, mais ces bêtes affamées,trouvant des pâturages maigres, presque nus, sont réduites, dansla plupart des cantons, à dévorer ce quelles peuvent arracher deshaies, des broussailles et des arbustes, et à surcharger ainsi leurestomac d'une nourriture peu subtantielle et indigeste; dans lesautres saisons de l'année, elles vont pacager deux fois par jour, lematin tic bonne heure et le soir vers trois heures ; on ne leurdonne rien & l'étable, à moins qu'on ne se propose de les faire tra-vailler. »

La circulation du papier-monnaie, l'émission furtive de piècesrognées et altérées, la mauvaise foi des marchands et leurs fré-quentes banqueroutes rendirent peu à peu le commerce des boeufsmoins florissant qu'avant la Révolution.

Nos agriculleurs chaug?3re1t leur système et s'occupèrent dol'élevage du veau.

« Ces différentes circonstances, dit encore Tester Olivier, ontintimidé un grand nombre de propriétaires, qui se bornent anjour-d'hui à l'élève (lu veau, qui leur offre moins de danger et qui leu,procure h peu près les mêms bénéticea. »-

Cet usage a p.rsisté, et la Haute-Vienne est restée le lieu deproduction de la plupart des veaux limousins.

C'est de ce commerce que nous tirons le plus c1aide nos revenus.La vache est devenue par ce fait le premier animal de la ferme.

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-9—.

On a, pour la mieux soigner, elle et sa suite, modifié le systèmede culture.

Sans parler de ceux qui ont adopté un assolement de trois ansou de quatre ans, la plupart des agriculteurs dont les terres étaientseulement divisées eu deux chedais, le premier réservé au seigle,le second au blé noir et aux pommes de terre, ont diminué consi-dérablement leurs ensemencements de sarrasin, CL ont avantageu-sement remplacé cette céréale par le trèfle, la betterave, la luzerne,le topinambour, la jarosse, le maïs-fourrage, etc., etc.

Tous les efforts se sont portés sur lauginentation du nombre defemelles, nombre qui sest d'ailleurs considérablement accro,pendant que le chiffre de boeufs ou de bouvillons a relativemehipeu varié depuis la fin du xvsir siècle.

La comparaison de la statistique de 1808 avec celle, de 4886est très intéressante. 'sos

Boeufs ordinaires ............1 8 . 404 j-i .i9 boeufs.— à l'engrais ............8fb

2

Vaches de travail ............65.836 49.190 vaches.-à l'engrais ............3.363 t

Veaux et génisses ..........36.66036.66Q suites

Total ...........413.051I §S6

Taureaux ..................5.1665.166 taureaux.Boeufs de travail ...........16.314- à l'engrais ...........6.75034.433 boeufs.

Bouvillons., ...............J,4.074Vaches ....................85.83485.834 vaches.Génisses ..................47,fi54 jElè'es ....................

ç 66 986 suites.

Total .............49L'724

Comme on peut le voir, les boeufs ont passé du chiffre de 27,492à celui de 34,438 e en comptant dans ce nombre 13,000 bouvillons,tandis que les vaches ont passé de 49,409 à 85,834, et ]es suitesde 36,000 à 66,000.

Pour avoir une idée bien exacte rie la production actuelle dubétail, comparativement à ce qu'elle éait en 4808, il ne suffit pasde rapprocher le nombre d'existences d'alors avec celui d'aujour-d'hui (t), 492,724 au lieu de 413,000, bu bien encore le chiffre

(I) Je ne parle ici que des animaux de la llaute-Vienné, car si oncompte ceux des autres déparlemenls le nombre d'animaux de race limou-sine doit s'élever â pins de 350,000.-

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- ICI -des vaches et des produits que nous citions plus haut; il faut aussitenir compte du poids moyen par tête, poids qui a presque triplé,et surtout de la précocité de nos animaux, qui est certainementbien plus élevée quelle ne l'était jadis; autant de qualités quenous avons obtenues par la progression constante des prairies arti-ficielles et des racines de tout genre, par l'extension et le meilleuraménagement donnés aux prairies naturelles.

Cette extension et cette progression sont frappantes, et, dans sonrapport si complet sur Pagriculture et lesprairies de laHaute-Vienne,le regretté secrétaire perpétuel dela Société nationale d'agriculture,M. Barrai, ne peut s'empêcher d'en faire la remarque. Comparantl'état de la culture en 1878 avec ce qu'elle était ai, siècle dernier,il résume l'ensemble de ses déductions dans le tableau suivant,qui donne une idée fort exacte de ce qu'était l'étendue des princi-pales cultures à l'époque de la tournée (le la prime dhonneur.

Hectares.Terres labourables ............................... 240.000Prairies arrosées ou non arrosées ................... 144.000Châtaigneraies (elles diminuent de plus en plus) ......35. 000Cultures maratchéres .............................i.5ooVignes. . — . .................... .................2.100Arbres fruitiers, jardins. . . .......6 500Bois............................................Landes et pacages (eu grande diminution) ......... . 62. 000Etangs et pûcheries ....... ............... ...... . . 1.500Terrains bâtis, chemins ............................ 16.000

Total ......................554.500Et, il ajoute: -« Un fait remarquable, caractéristique ressort de ce tableau:

c'est la grande étendue occupée paria prairie et en général par la'production fourragère.

» En effet, si l'on ajoute aux 144,000 hect. de prés les 11,000hectares consacrés au trèfle et aux racines faites en cultures prin-cipales (ce nombre peut certainement dépasser 45,000 en 1888),on a 45,000 hectares directement employés à l'alimentation dubétail contre 460,000 hectares consacrés à fournir des alimentspour la subsistance des habitants ou pour l'exportation. On pour-rait même dire qu'il y a égalité entre les deux surfaces, peut-êtremême prépondérance pour la production fourragère, en tenantcompte de ce que les landes et pâtis fournissent un contingent dequelque importance à l'entretien des animaux domestiques. ' -

Dans tous les cas, en ne s'occupant que (les terres attribuéesaux prodetions agricoles proprement dites, la surface qui sert

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Il -à donner du foin est à celle consacrée aux autres cultures dans laproportion de 12 contre 208, ou de 1 q contre 26, ou, si l'on veut.à pou près 2 contre 3.

» C'est un fait quise rencontre dans un bien petit nombre dedépartements »

Grûce à ces progrès réalisés dans l'exploitation de noire sol,nous avons pu mieux nourrir nos animaux, et, aidés par une sélec-Lion intelligemment dirigée, nous avons transformé notre race. Depresque inconnue qu'elle était il y a trente ou quarante ans, nousla voyons occuper maintenant un des Premiers rangs parmi lesraces françaises.

Ces dernières-années elle a reçu trois prix -d'honneur aux con-cours du palais dcl' Industrie.

En 1886, le magnifique étalon de M. Caillaud, Conquérant, rem-porte le prix d'honneur attribué, pour la première fois, au plusbeau taureau du concours général de reproducteurs (races élrangéreset races françaises réunies).

On avait compté sans le Limousin, et on fut tellement surpris devoir une race française pure oser enlever un -prix considéré

jusqu'alors comme lapavage des races dites améliora trices, qu'onréclama et qu'on obtint l'année suivante deux prix d'honneur unpour les

, races étrangères, un pour les races françaises. Nousétions loin de nous croire des concurrents aussi redoutés, etcette mesure nous a vivement flattés.-

En 4887, le prix d'honneur des vaches grasses fut attribué à lacoquette vache de M. le comte de Briey.

En 4888, Baron, le remarquable taureau de M. Charrain, estresté grand vainqueur des races françaises.

C'était, comme l'a fort bien dit M. Sabatier dans un article trèsjudicieux sui' nos races indigènes, le roi du concours; les laurierslui avaient d'ailleurs été attribués à l'unanimité et sans discussion.

Je ne cite que pour mémoire, e t c omme une nouvelle preuve desprogrès constants accomplis par noire race, les nombreux prixsupplémentaires que le jury des concours régionaux se trouve dansl'obligation de créer et d'ajouter ait sa faveur aux'prix des pro- -grammes, Min (le récompenser d'une manière plus équitable unplus grand nombre de sujets méritants.

Fiers des qualités de leurs anciens animaux et désireux de con-server à leur race son caractère propre, les agriculteurs de laHaute-Vienne ont créé un herd-book.

Après (leux ans d'existence, on ne compte pas moins de 479bêtes inscrites à titre d'origine.• 96 étalons et 383 femelles (plus toutes les inscriptionslesienfles

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svasuites, qui ne seront admises qu'après«u'aprè confirmation de la commis-sion). -

La commission, dirigée par le sympathique vice-président de laSociété d'agriculture, M. Eugène Muret, a établi un règlementtrès sévère:

Ne sont inscrits au herd-book parzuil les animaux amenés parles agriculteurs, que les sujets ayant une bonne conformation etprésentant surtout les caractères d'une race absolument pure detout mélange.

Muqueuses rose tendre, pelage uniforme, bonne direction dansles cornes, etc., etc. Une tache qu1conque sur les muqueusesou sur le pelage empêche l'inscription dun animal, quelle quesoit sa performance.

Tout le -monde cornait les avantages de ce livre généalogique.La race Durham ne doit-elle pas en grande partie ses succès et le

degré de perfection auquel elle est arrivée aux soins intelligentsqu'on u pris de conserver les détails les plus précis sur les carac-tères et les mérites de ces animaux

Ainsi renseigné par le herd-book et la tradition, l'éleveur peutvenir choisir des reproducteurs là où ïl est sûr de trouver bienfixés les caractères qui font défaut à son étable.

Nous voulons qu'il en soit ainsi dans la liante-Vienne, et avecIF dévouement de tous, nous sommes certains d'arrvei d'ici peu àd'exceltènts résultats.

Il

AMÉLIORATION DE LA RACE LIMOUSINE PAR LA SÉLECTION.

L'amélioration, par l'infusion du sang durham, n'a jamais ététentée; nous l'affirmons de nouveau, avec la même assurance quele faisait si éloquemment mon ami, M. Charles de Léobard y , dans lenuméro du Journal d'agriculture pratique du 24 février 4887.

- Mais, me direz-vous, n'y a1-il donc jamais eu du durham dansla Haute-Vienne? - Certainement.

Pourquoi l'engouement pour le durham n'aurait-il pas eu sonheure en Limousin?

Le journal du Syndicat de la boucherie de Paris publiait, à ladate du 20 septembre 1888, un article où l'enthousiasme subit pourIr sliortjjorn est fort bien décrit,

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- 13 -

Nous laissons parler raûteur (1) -« L'engouement qui s'est produit chez les cultivateurs et éle-,

veurs français pour le durham n'a pas eu de précédent. Son appa-rition fut saluée par des transports d'enthousiasre.-

» Le taureau fut regardé comme un rénovateur destiné à trans-former d'une manière subite et inespérée toutes nos races françai-ses, à leur prodiguer en abondance et sous tous les rap-ports les qualités qui letir manquaient poids - précocité -perfection de formes —aptitudes à l'engraissement, et tant d'autresencore, dont il faudrait chercher l'énumération parmi les illusionsde ses importateurs.

n Le durham a eu ce sort heureux d'être regardé comme unmortel destiné à ramener l'espérance et d'étre comme une corned'abondance pour les contrées privilégiées assez avisées pours'adresser à lui, la fortune rapide pour les éleveurs qui lui,ouvri-t'aient toutes grandes les poiles de leurs étables. -

C'était, en mot, comme une panacée universelle destinée à porterremède à tous les mau,c passés, à guérir toutes les plaies dont souf-frait notre agriculture, à ouvrir un horizon large et fécond à lagénération dont il devenait spontanément le contemporain et le.remorqueur. -q

» Semblables en cela à certaines personnalités humaines dont lafoule se passionne., sans qu'elles aient à leur actif aucun servicerendu, aucune action d'éclat authentique, mais seulement les éclatsd'une vanité tapageuse le durham était devancé par la renommée;sa réputation était faite avant son apparition: son renom devan-çait les services rendus, ou ceux qu'on te croyait destiné à rendre.

o C'était à qui pourrait le posséder le premier, se le procurerpromptement. On n'hésitait ni devant les difficultés ni devant lessacrifices.

Nos grands propriétaires fonciers,peu habitués même aux faiblesdépenses, lorsqu'il s'agissaie d'améliorer nos races indigènes, se prirentpour lui d'un bel enthousiasme.,, -

A cet enthousiasme dont personne ne peut nier l'existence, àcette mode bien portée, d'élever chez soi des shorthorns, la Haute-Vienne ne put résister.

D'autre part, l'administration e l'agriculture, à toit ou à raison,poussait vivement dans cette voie. -

Les concours régionaux étaient créés et offraient' aux éleveurs

(I) Co journal est rédigé par M. Bruneau, président du Syndicat, etM. Briotet, vice-préidenL. - Tout le monde connaît leur hante compé-tence en matière de boucherie.

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-14—ou importateurs des prix assez élevés pour.ies rémunérer (le leurssacrifices.

MM. Lasserre, deFombelle, Heurt. Miche], Daubin profitèrentdes primes qui leur étaient offertes.-

-Ils se livrèrent à l'élevage du durham et remportèrent dans lesconcours de boucherie et de reproducteurs de nombreuses récom-penses, soit avec des pni sang. soit avec des croisements.

Un de nos grands agriculteurs, M. Léon I)nbreuil, avait même enune idée assez ingénieuse. Les agronomes du Nivernais recher-chaient à une certaine époque des reproducteurs durham Wanà,afin d'améliorer leur race charolaise sans en modifier le pelage (1).

Mais, personne ne voulant être soupçonné d'infuser du sangétranger, on cherchait à acheter au loin des reproducteurs, afin dene pas éveiller l'attention.

M. Léon Dubreuil avait organisé à cet effet une écurie de shor-thoras blancs, et tarit que dura cette pratique, il en tira un assezgrand profit.

Une autre raison militait à cette époque, il faut bien le dire, enfaveur du durham

Le marché de Paris, eu particulier, ne s'approvisionnait qu'enanimaux adultes. -

On prétendait que la viande des sujets non formés n'était pasfaite..

Le durham et les croisements durham, soit par la précocité, soitpar l'alimentation substantielle qu'ils recevaient à l'étable, répon-daienlà ce besoin, à cette nécessité.

•Le cultivateur, avec leur aide, arrivait en moins de t&mps à pro-duire des animaux de boucherie ayant atteint tout leur développe-ment. Mais depuis les goûts ont changé, ta plus-value qu'a prise lebétail a engagé-les agriculteurs à minis nourrir les animaux indi-gènes.

Les prêfdrencçs de la boucherie se sont portées sur la jeunesse,témoin la faveur obtenue par les génisses grasses dans l'espècebovine, et les agneaux dàns lesdvidés.

Puis les prix du concours ont été toujours en décroissant.

(I) À celte heure, dans quelques étables, tes vaches blanches du Niver-nais sont, dit-on, croisées avec un durham rouge les suites de ce croi-scoient sont jaunes ou mouchetées de blanc et de rouge. Elles sont, àleur âge de puberté, couvertes à leur tour par un étalon charolais.

La génération qui en découle reprend son pelage blanc uniforme, touten s'appropriant une partie des belles lignes du durham. Mais ce moded'opérer est lexception. -

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Les grands éleveurs-du Nivernais et de l'Ouest de la France ontorganisé leurs écuries, écuries dont la renomméclsi justement mé-ritée s'est rapidement étendue jusqu'en Amérique et en Australie,et dont la célébrité est l'honneur et la fortune de leurs créateurs.

Les agriculteurs que j'ai cités plus haut ne pouvant plus lutteravantageusement dans les concours, et ne trouvant plus de bénéficeréel à employer le durham en Limousin, l'ont abandonné et sontrevenus à la race du pays.

La Haute-Vienne nest malheureusement lias propice à l'élevagedu shorthorn, le sol n'est pas assez riche pour l'entretenir conve-nablement et économiquement (4).

Ainsi, par suite de l'élevage coûteux et peu rémunérateur du pursang durham, nos écuries ont disparu.

J'ai maintenant à dire pourquoi les croisements, essayés chez lesmêmes éleveurs, n'ont pas été continués, croisements qui, d'aprèsmes aimables contradicteurs, doivent certainement être Ici pre-mière (le lanwLio;'a tion de la race limousine, le- durham selon euxétant seul susceptible de produire de beaux animaux.

Grâce aux essais de croisements qui oui été faits, tant au pointde vue des concours do boucherie qu'au point de.vue (les concoursde reproducteurs, nos éleveurs ont pu voir que l'infusion du sangdurham imprime aux animauf limousins (lui en proviennent, nonseulement un cachet particulierqui trahit immédiatement leur ori-gine, mais aussi les rend plus délicats et modifie profondément la

(I) En 4801, l'administration de l'agriculture envoya à Pompadour unmagnifique troupeau de durhams, composé de cinq ta,,reaux, vingt vacheset dix génisses.

Malgré des soinstout spéciaux, ces animaux habitués au doux eliffat deleur pava maritime,' souffrirent beaucoup du froid. Neuf vaches périrentde maladies de poitrine en peu de temps.

Il est vrai que les produits du troupeau se montrèrent plus résistants auclimat; mais, malgré une succulente alimentation tic racines et de tour-teaux, ces produits furent plus grêles que leurs pareut, plus hauts surjambes et moins cubiques. C'est la montagne qui, dès leur .naissance, leurimprimait ce cachet caractéristique de formes légères qu'elle donne àtoutes ses races.

Le troupeau, ainsi décimé et dégradé, fut vendu op rau,ené vers desrégions plus propices après un séjour de huit ans.

Un essaï ,d'importation d'un troupeau devon, à la ferme- école de Saint-Angeau, dans l'âpre climat du Cantal, ne réussit pas mieux. En pou d'an-nées, la phtisie pulmonaire n détruit les bêtes nées eu Angleterre, ainsique la phipart des métis (devon-salers) issus des taureaux importés.

- F. Vin,i,s,

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nuance deteur robe, introduit presque toujours des taches blanchesdans le pelage et donne à la tête une apparence fumée.

Le rouge dit ne peut, quoi qu'on en dise, s'allier cE sefondre dans la couleur froment de nos animaux.

Nous sommes spécialement un pays d'élevage; nous élevons pourvendre nos produits aux cultivateurs de la Charente, de la Dordo-gne, etc., etc.

Or, nous savons par l'expérience journalière que les acheteursqui viennent s'approvisionner sur nos marchés veulent des sujetsdapparence robuste et rustique, car nos animaux sont destinés àtravailler sur le sol de ces départements.

Les acheteurs qui suivent nos foires ne veulent que des animauxpurs limousins. Toute tache déprécie nos bêtes de 30 et toutanimal d'un pelage différent ne trouve que très difficilement pre-neur.

Cette moins-value ne date d'ailleurs pas d'aujourd'hui, puisqu'en1830, M. Judde de la Judie écrivait que les vaches portant des mar-ques blanches à la queue, ou sur toute autre partie du corps, et unetête brune tirant sur le noir étaient très dépréciées sur les marchéset dans les foires.

Pratiquer des croisements aurait donc été travailler contre notreintérM.

Les éleveurs limousins qui avaient fait ces essais étaient obligés,pour se défaire de leurs animaux, de les expédier directement àPoissy.

Si cependant, tout en préparant leurs bêtes pour les concours, etmalgré les inconvénients que je viens de signaler, ces éleveurseussent trouvé ni) avantage quelconque à continuer cette tentative;si leurs animaux n'avaient pas réclamé une alimentation plus ahon-dante, plus coûteuse et de meilleure qualité que celle que nousdonnons à la race de notre pays; si enfin, tout en s'occupant deleurs croisements, ces éleveurs étaient arrivés à faire des animauxayant exactement la /obe du limousin, ses aptitudes, s'a eten même temps la forme et la grande précocité du durham, il est àcroire qu'ils eussent persévéré, et que leur exemple eût été rapide-ment suivi.

Le contraire est survenu.En dehors de cette question de modification de pelage (et en sup-

posant que notre clientèle s'en fût accomodée, ou bien encore quenos éleveurs fussent parvenus à fixer la robe limousinb dans lesdescendants de leurs croisements), je me permettrai (le dire que lasoi-disant amélioration du charolais parle durham, et ]a créationpar ce moyen de la i'ace dite nivernaise pure, ne sont pas faites pour

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- li -nous encourager ii suivie le môme chemin dans le but de régénérernos animaux.

Tout le monde a pu voir les spécimens de nivernais envoyés dansles concours de reproducteurs, ces dernières années. C'était évi-demment l'élite de l'espèce. On peut dire, sans esprit de parti,qu'ils laissaient vraiment à désirer.

On était habitué jusqu'ici -,i-considérer le charolais tin peu commele durham français, c'est-à-dire comme un animal approchaotde laperfection.

 l'exhibition de Châteauroux en 1888, qu'avons-nous admiré?Les splendides durhams de nos grands éleveurs- Mais nous ne pour-i'ions en conscience réserver une partie de cet enthousiasme pont-la catègotie chârolaise-nivernaise qui, ce inc semble,' est loin defaire de grands progrès depuis quelques années. A part quelquesfort belles vaches, que d'animaux décousus dans te reste, que dbpassages de sangle défectueux.

Si comme on nOUS t'affirme, le durham améliore les races, t'exem-pte eût 6W mat chisi pour nous convaincre.

À part la couleur du pelage, il y avait peu d'homogénéité danscette catégorie.

Gomment pourrait-il d'ailleurs en être autrement.« Les hasards de l'hérédité en ces opérations de métissage ren-

dent le succès précaire. Si grande que soit l'habileté pratique deséleveurs, il leur échappe forcément h un moment, donné, et il fautrecommencer sur de nouveaux frais en revenant sur-le choix destaureaux, soit au type de durham, soit à celui du charolais, selonle sens dans lequel ta réversion s'est prononcée.

» Les uns s'en tiennent néanmoins au métis, les autres retour-nent résolument au pur durham. -

» Et ainsi se perpétue Je mode de reproduction aussi aléatoireque compliqué. -

» Telle qu'elle se présente aujourd'liui,la population nivernaise,,.quels que soient ses mérites à beaucoup d'égards, ne peut êtreconsidérée autrement au point de vue zoologique que comme ungroupe de métis en état de variation désordonnée» - SANS0N,P. 207.

Les premiers essais des agriculteurs du Nivernais avaient étéabsolument remarquables, et ils étaient en droit d'en concevoir lesplus belles espérances.-

Leu" illusion fut de courte durée. Les animaux issus de ces croi-sements perdirent leur ampleur, leur taille, leur vigueur, devin-rent mous, lymphatiques, incapables de résister aux fatigues,

« Le Nivernais primitif, en disparaissant, ne laissait pas dans son

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- 18 -

successeur métis mi animal capable de rendre, comme travailleur,les services qu'on était habitué à lui demander. » - ( 13810TET).

Ces boeufs charolais, si appréciés jadis par les industiiels duNord, ont failli pour ces causes devenir d'une vente moins facile.

Reconnaissant leur erreur, les propriétaires du Nivernais se sont,parait-il, arrêtés dans la voie qu'ils s'étainI efforcés (le suivre pen-dant une période assez longue, lis sont rentrés à leur tour dans lesvrais principes qui reposent sur l'amélioration de la Lace par'elle-même.

lis ont aussi organisé un herd-book.Ils répudient les étalons durham et recherchent avec soin les

sujets dans lesquels lapueté du type est restée la plus intacte.Les agiiculteurs limousins ne se sont pas livrés à ces coûteux

essais sur une aussi vaste échelle.Trois ou quatre «entre eux ont servi d'expérience pour tous.i)ésirant suivre les concours dans% toutes les catégories, oit

exclusivement des bêtes très précoces en vue de la houcherie,et Bonpour améliorer la race limousine, ils ont introduit quelques animaux'le sang étranger.

Ces résultats, il faut le croire, «ont point été si lucratifs, puis--que la race indigène a reconquis peu de temps après toutes les

places perdues.Avons-nous à nous en repentir?Si nous prétendons ne pas avoir. os

é d'un sang étranger pour

transformer rapidement nos animaux, cela ne veut pas dire que ledurham ne nous ait été d'aucune utilité.

Nous nous sommes servis du shorthorn comme d'un modèle, et«est h copier ce typa que nous travaillons chaque jour. - Dansnos reproducteurs nous cherchons un rein droit et un passage desangle comme en a le durham; une tête fine, une bonne attache-jequeue, une poitrine ouverte, un cou court et sans fanôn, etc.,comme le durham, .loi1jûUi8 comm e le (l:U?'hOfl?

Le plaisir que nous prenons chaque fois qu'il nous est donnéd'admirer un de ces beaux spécimens de la race des Colling, a dé-veloppé en nous l'amour des betlés lignes.

Le durham est devenu pour nous le type parfait de la forme àacquérir.

Jelis la forme, car nous tenons à conserver à notre race sescaractères et ses aptitudes propres. -

Voilà ce à quoi nous a réellement servi le durham en Limousin.Dans, notre département, tout le monde s'occupe de 'améliora-

Lion du bétail, et, utalgré cela; nous avons encore bien du cheminû parcourir pour atteindre le but que nous poursuivons.

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- i -Notre- sysème de culture, la division. du sol nous a empêchés

d'arriver promptement h nos fins, et de diriger notre sélection avecautant d'esprit de .çuiie qu'ont pu le faire les grands propriétairesanglais qui se passent de père en fils leurs exploitations et se transmettent également leur mode de direction.

En Limousin, un assez grand nombre de propriétaires exploitentun petit faire-valoir direct avec des domestiques, des bordiers oudes ouvriers, afin de pouvoir donner it leurs colons de bons exem-pies (le culture, et ils donnent le reste de leurs terres â un ou plu-sieurs métayers, selon l'étendue.

Ces domaines sont surveillés, soit par le propriétaire lui-même,soit par un régiseur, soit encore par un fermier général qui sesubstitue dans ce cas au possesseur dit

Dans les faire valoir directs, le bétail est généralement bien tenu,et c'est là que se trouve ordinairement l'étalon qui sert aux vachesde la propriété.

Mais personne n'ignore combien ce mode dexploitation est dis-pendieux, lorsque le travail en est fait par des manoeuvres et nonpar le propriétaire lui-même, comme cela a lieu dans la très petitePropriété- Il arrive souvent qu'à la mort du père de famille, del'organisaient, (Te ces étables, ces ritserves sont converties par leshéritiers eu métairies.

Le joli bétail est alors vendu et disséminé, ou lorsqu'il reste dansle nouveau domaine, malheur à lui s'il n'a pas la chance de tomberentre bonnes mains, -

Il perd air de peu d'années toutes ses qualités si Laborieu-sement acquises. -

La Plus grande partie des terres est cultivée par les soins descolons.

Les cheptels sont stimè.!'entrée et à la sortie, sous barge aucours de foire (1).

(I) L'estimation sous barge qui existe encore-dans beaucoup (le damai-ries avait sa raison dïire autrefois, lorsque le foin n'était pas comprisdans le cheptel.

Les experts estimaient alors le bétail au cours de foire et aginentn ientic chiffre selon que le foin contenu dans les barges était ou n'était passuffisant pour nourrir le bétail jnsqn' la récoll.e prochaine.

Cette plus-value était généralement d'un dixième en mo y enne en plèsde lit réelle. Ce dixième était en conséquence la représentation dufoin non estimé, et c'était justice.

Aujourd'hui ce mode de procéder n'a plusaucune raison d'ôtre, puisquel'estimation embrasse tout ce que contiennent les bâtiments d'exploitation

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- QQ -

Les produits de toutes espèces sont partagés par moitié; le pro-priétaire fournit l'outillage, le cheptel, les pailles, les fourrages, lebois de chauffage, etc., etc.

Le métayer représente seulement une main-d'œuvre intéressée.Lorsque ce mode d'exploitation est sagement conduit, il est le

meilleur de tous les systèmes, car avec soif parvient trèsbien à améliorer le sol, ainsi que la valeur et la qualité du cheptel.chepteL

à l'époque des expertises bétail, foin, pailles, légumes, etc. Il ne sertqu'à amener des différends entre le bailleur, le preneur et le métayersortant. -

L'expert des deux premiers ne cherche pas à surfaire le cheptel pen-dant que leur adversaire se croit obligé de lui donner une valeur que rienne justifie. -

De là conflit. -L'estimation est alors révisée par un tiers qui au Heu de donner ail

cheptel une valeur suivant sa conscience se contente souvent, après soninspection, de partager simplement en deux la différence, quand parfoisil ne prend pas le chiffre le plus élevé.

Il se forme des spécialités dans les experts.Il y n des experts de propriétaires et des experts (le colons.Un expert qui estime très cher te cheptel d'un métayer sortant se fait

rapidement une belle clientèle-au détriment de ses collègues.Quelqu'un me faisait à cbt égard une réflexion qui me semble assez

juste.Les experts sont presque tous fermiers-lis ont donc tout avantage à faire entrer dans les usages cette façon

d'expertiser les cheptels, car ils seront les premiers à en bénéficier, lejour où ils viendront à fin de bail.

Cette façon d'agir, pratiquée depuis seulement plusieurs années, détruit.de jour en jour la confiance que les agriculteurs peuvent avoir dans lesexperts et ils seront certainement obligés de prendre des mesures pour nepas côntinuer à se laisser tondre de la sorte.•

La plus-value sous barge qui était, comme je l'ai dit, représentée parun dixième, arrive maintenant à trois et quatre dixièmes. Pourquoi cesécarts considérables entre les chiffres des estimateurs?

Deux expeils peuvent différer de 20 ou 30 francs sur , une bote, maislorsque l'écart se chiffre par 60 francs, 100 francs et même plus, ou ilsn'y entendent rien, ou l'un des deux nest pas consciencieux.

Le bétail ne peut avoir deux sortes de valeurs selon qu'il est estimé parl'un, ou évalué par l'autre.

Les expertises devraient toutes être faites au cours de foire, mais aucours réel, soit en prenant comme bas les prix de la dernière foirede Limoges, soit en ètblissant une moyenne des principales foires del'année.

Dans ce seul procédé, l'expert ne pourrait être soupçonné de donner aux

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t— 21 -

II suffit de visiter la propriété du Yignaud pour s'en convaincre.Les domaines comme ceux de Pierre Rayer sont malheureuse-

ment trop rares. Oi'a y trouve une étable de bêtes limousines cornac-,quables.

A l'air de famille qui existe entre les animaux, hla finesse dessujets et à leurs belles formes, il est facile de reconnaitre que lasélection est pratique dans cette écurie depuis plus de cinquanteans et suivant les mêmes règles.

Mais tous les propriétaires n'ont pas, comme M. de Léobardy, lemême amont et la même connaissance approfondie du bétail, clsurtout, hélas 1 nos colons ne sont pas tous de bons cultivateurs etdes soigneurs émérites. ---

D'autre part ils-sont loin d'être fortunés. Lorsqu'ils entrent dansun domaine; ils n'y apportent souvent avec eux que leur famille;c'est là leur unique richesse. Il est donc impossible de leur deman-der de grands sacrifices pour remonter leur cheptel lorsque ce der-nier est médiocre. C'est done très lentement qu'il faut opérer. Bienheureuses sont les exploitations lorsqu'elles se trouvent entrete-nues 'depuis de longues années par de bons travailleurs et lorsque,

animaux une valeur pins ou moins grande, selon qu'il représente telle outelle des partis, et lorsque le chiffre paraitra trop élevé au preneur, cedernier en sera quitte pour laisser à l'expert la faculté de s'adjuger lebétail au prix qu'il l'aura coté.

Les intérêts du métayer entrant seront ainsi mieux sauvegardés. li de-viendra à sa prise eu charge possesseur d'une valeur marchande et nond'une valeur fictive.

Les experts devraient être plus ou moins responsables de leurs évalua-tions.

L'estimation sous barge et l'estimation au soi-disant cours de foire,pratiquées comme elles te sont depuis trois ou quatre ans, ne valent pasmieux l'une que l'autre.

J'ai vu, il n'y a pas longtemps, des expertises absolument étonnantes. -Je me rappelle entre autres un certain animal qu'un expert cotait, dans

une estimation au cours de foire, 450 fr.Au cours de barge, 500 fr.Et qu'il avouait ne valoir en foire que 35 pistoles (350 fr.). Il donnait

donc à cet animal dans le premier cas, 30 pour ccnt;' et dans le second,H o/ en plus de la valeur qu'il lui reconnaissait réellement en foire.

On vous répond c'est la coutume depuis ces dernières années. C'estpossible, mais ne pourrait-on pas changer ces habitudes absurdes etrécentes.

C'est aux agriculteurs de réagir et de prendre des mesures en consé-quence, - -

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- 22 -pour une cause ou pour une autre, leur direction n'a pas à changerde mains. -

Quoi qu'il en-soit, les efforts faits jusqu'à ce jour ont porté leursfruits, et je puis, ce me semble, sans crainte d'être contredit,avancer que notre expositioirdans les concours régionaux n'a paslaissé que d'étonner cejn qui avaient connu ce qu'étaient autrefoisnos animaux. -

M. Le Manceau, dont personne ne contestera la haute compé-tencè en matière de shorthorn, admirait à Poitiers la catégorielimousine et disait à mon ami C. de Léobardy et à moi

n Les progrès que vous avez faits sont absolument renversants, etquand j'entends dire que vous vous êtes servis du durham pouraméliorer votre race je ne puis m'empêcher de sourire.

li y a autant de durham dans vos animaux que de limousin clansnos durhams. Continuez à bien soigner vos animaux et à bien dirigervotre sélection, et gardez-vous d'introduire dans votre belle raceun sang étranger quelconque. o

Cette appréciation (l'un homme dont l'impartialité est notoire envaut bien une autre sans doute.

La sélection a certes produit de bons effets, maisla plus large- part de l'amélioration de notre race revient certainement à l'em-

ploi des calcaires, des phosphates; aux bons soins reçus par lesanimaux dans des étables bien disposées, éclairées, aérées ;àl'ex-tension donnée depuis vingt ans aux fourrages, à l'assainissementdes prairies humides, k la transformation de la nature des herbes.

« C'est grâce à l'amélioration des prairies ainsi produite, dit Bar-ral, que la race bovine a pu se multiplier si heureusement et obéirà la science des éleveurs pour devenir entre leurs mains cette racede plus en plus précoce, aujourd'hui l'admiration de tous les con-naisseurs. n

• La sélection, en effet, quelque parfaite qu'elle soit, ne sauraitdonner à elle seule, sans le concours dune alimentation rationnelle,la bonne conformation, la précocité, la qualité de viande et lepoids, autant de caractères que nous avons singulièrement modifiésà l'avantage de noire raEe. -

La première n'est efficace qu'avec l'aide de la seconde ;c'estpouquoi nous n'avons négligé ni l'une ni l'autre, eCnos noussom-mes bien gardés d'employer le mode de croisement, comme le faitsi justement remarquer un des inspecteuFs généraux qui a laissé le_plus de sympathies et de lions souvenirs, M. Heuzé.

Dans un article fort bien fait sur la race limousine, il fait l'élogede nos animaux et continue ainsi - -

« De nos jours comme il y a un siècle, le Haut et le Bas-Limousin

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possèdent une belle race bovine qui s'améliore en se perfection-nant d'années en années d'une manière remarquable sans le con-cours du sang durham. à-

Et plus loinLes limousins qu'on admire chaque année dans les concours ré-

gionaux du Centre et au Palais (le l'industrie, à l'époque du con-cours général, ont un ensemble si satisfaisant qu'on est forcé- dereconnaitre que la l'ace a fait depuis trente ans, par la sélection,autant de progrès que les racs mancelle et charolaise en ont faits parsuite de leur alliance avec le durham. ii

Et pourtant, que de fais j'ai entendu d'aimables contradicteursattribuer à l'infusion (lu sang charolais ou durham les améliora-lions obtenues, et refuser absolument à notre sélection les mérites(le cette transformatioi.

i3audement aune plus hante idée des principes dont nous noussommes fait une règle.

Ôn a contesté, dit-il, à la sélection le pouvoir de modifier laconformation d'une racejusquà la rendre semblable A celle du typele plus perfectionné.

Une pareille objection tombe devant, ce seul fait, que les racessupérieures doivent leur naissance aux procédés de l'améliorationsélective; -

» Les lois physiologiques ajoutent aussi leur autorité à celle de«'l'expérience pour établir k même conclusion seule la sélection• est capable d'améliorer, de ;ierfectionizei, de transformer les• races. »

Baudement, dont le nom, en pareille matière, fait autorité,, nefait point ici mention de la bonne alimentation, car la chose est tel-lement naturelle et indispensable pour atteindre le hutvisé,qu'ilconsidère inutile d'en parler. Voici son opinion sur les races soi-disant régénérées par le croisement.:

Le croisement anéantit les races par absorption, s'il est suiviet s'il est diffus, par la substitution dune population incertaine sûrlaquelle on est constamment forcé de revenir avec dqs reproduc-teurs du dehors. , -

» Dans ce cas, toute base d'opération fait défaut, et il ne resteplu qu'à se tirer d'affaire par des expédients qui pallient le malsans l'atténuer. »-

En résumé, il faut ne jamais avoir visité nos étables, il faut nejamais être venu à nos foires et à nôs concours locaux, il faut nepas connaître le premier mot de notre race limousine, pour pré-tendre ou pour affirmer (lue flOS animaux améliorés doivent leur

t.

L

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-24bonne conformation ou Murs autres qualités à l'infusion d'un sangétranger.

Les résultats obtenus sont dus à la sélection et à hi meilleure ali-mentation; ce sont les vraies et les seules causes de nos progrès.

J''

DE LA RACE LIMOUSINE AU POINT DE VUE DE LA PRÉCOCITÉ

ET DES QUALITÉS LAITIÈRES

Le durham est l'animal précoce par excellence, et personne nesaurait lui contester cette merveilleuse aptitude.

u Cette qualité se rencontre parfois au même degré ailleurs quesur les sujets de cette variété, mais nulle part elle n'est aussi gêné-rate, et elle ne se manifeste qu'à a condition d'une continuité desinfluences extérieures qui l'ont fait acquérir, et elle disparaitpromp-tement lorsque ces influences cessent d'agir. » - ( SNsoN).

Pour arriver à développer cette précieuse qualité, les frèresColling ont détruit chez le durham toute énergie et toute prédispo-sition au travail. -

Ne pouvant lui demander de son vivait aucun service, l'éleveur -le considère spécialement et uniquement comme un animal devente et lui prodigue tout ce qui peut développer en luilapréeocité,hâter l'embonpoint. Ii arrive par ce moyen à en faire très promp-tement un animal bon à tire livré à la consommation, grâce àl'abondance au milieu de laquelle il a toujours vécu.

Cette aptitude est la résultante d'une bonne alimentation dès lejeune âge et de la suppression complète de toute fatigue, et celapendant un certain nombre de générations.

- Devons-nous nous attacher d'une façon toute spéciale à accroîtrechez l'animal limousin cette précieuse qualité, si tant est que cettequalité soit' si peu developpée citez lui. (Nous démontrerons lecontraire plus loin-) '-

La race limousine est peut-être la race française la plus com-plète; elle est très rustique de tempérament. Ses femelles sontfortes et douées d'une grande vivacieé; pendant que nos boeufs vbntopérer les labours dans, les départements voisins, elles suffisentdans la plupart des exploitations aux travaux de toutes espèces, etmalgré tes fatigues qui en sont les conséquences, elles arriventà nourrir leurs suites d'une manière encore passable.

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25,-« Légères et adroites à la marche, elles font mieux que ne

le feraient des boeufs plus lourds les nombreux charrois nécessitéspar la petite dimension des charrettes et par un pays très souventet très fortement accidenté. n (La race bovine limousine, par leMarquis oz DAMPIERRE (t).

Une précocité trop Miive se ferait aux dépens de notre bourse,puisqu'il faudrait (nos pâturages n'étant pas encore assez riches)nous prémunir d'une alimentation plus abondante et plus substan-tielle; nous serions obligés en outre de supprimer le travail denos femelles, ou tout au moins de le diminuer dans une notableproportion. -

Nous enlèverions rapidement ainsi à notre race sa robuste cons-titution, sa rusticité, sa sobriété et sa force musculaire, trois qua-lités qui la font apprécier par tous ceux qui lêlèvcntou l'emploient.

Ce serait donc travailler à noire détriment (lue de tourner nosefforts du côté d'une trop grande précocité.

La race limousiné, à c& égard, s'et bien améliorée depuis vingtans.

N'était-ce-pas au concours (le Saintes, qu'un éleveur distinguéde shorthorns, M. Biavier, alors maire d'Angers, parlait de la pré-cocité des animaux durham, et comme preuve à -l'appui nous mon-trait un étalon de son écurie, nous eu indiquait le poids et l'âge?

L'étable si renommée de M. Oscar Cuyhert avait amené de soncôté un taureau limousin qui n'avait même pas encore débouché,et dont le poids était supérieur de dix kilogr. à celui du durhamprécité. - -

Les personnes qui assistaient à cette discussion, conversationd'ailleurs fort courtoise de part et d'autre, doivont parfaitement sesouvenir du fait.

M. du Cluzeaud, un de nos meilleurs agriculteurs de la Haute-Vienne et fort expert en matière dengraissement, ne s'est-il paslivré à une expérience fort intéressante?

pas engraissé sirnultanéihent une bande de génissesdurhams et une bande de génisses l imousines , de même age bienentendu, et n'est-il pas arrivé pour les unes et les autres au mêmepoids?

Je me permets de citer ces exemples, pour montrer que la pré-cocité de nos animaux n'est pas aussi en retard qu'on pourrait le

(4) Nos tombereaux tiennent un mètre cube; il n'est pas rare dc fairetramer à nos vaches _des poids de 1,400 à 1,500 kilogr. (foin, fumier,terre, pierres on autre). -

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croire, mais je n'irai cependant pas jusqu'à en faire une règle gé-nérale.

Dans notre travail de perfectionnement nous aurons, j'en con-viens, h augmenter cette aptitude chez la généralité de nos sujets,mais nous aurons aussi à surveiller le côté laitier; c'est, à monavis, la partie . la plus faible. Nous rencontrons parfois des bêtestrès laitières, mais c'est là l'exception.-

Pour atteindre rapidement ce but, nous trouvons devant -nousles mêmes obstacles dont nous parlions à l'instant au sujet de laprécocité, c'est-à-dire le peu de qualité de nos pâturages et surtoutle travail peut-être exagéré que nous demandons h nos vaches.

Le premier problème est-facile à-résoudre avec , le temps, lessoins assidus donnés de toutes parts aux prairies et l'extension desfourragères et des légumineuses.

Je n'en dirai pas de même dh second, car il ne dépend de per-sonne d'en changer les facteurs. La propriété est très diviséedans la haute-Vienne, ainsi qu'on peut ren juger par le tableausuivant

Nombre Etend,ioNombredocdo.

d'hectares propriéc" propHétésGrande propriété au-'dessus de lO hectares... 160.000. 900 477,78Propriété moyenne, 40 h 50 hectares ........ . 241,000 41 1 00058,78Petite propriété, 45 û 40 hectares ............ 5i3OO02,60021,16Très petite propriété, au-dessous de 15 hectares80,00 28,0002,80

Totaux en moyenne .... . b36,000 72,5007,39

Nos métairies se composant de 28 â 30 hectares en moyenne,terres ambles, près, pacages, bruyères, châtaigneraies, tout com-pris; nos cultivateurs ne peuvent avoir dans leurs étables desanimaux de travail comme le boeuf et des animaux de rentecomme la vache.

La même réflexion s'applique à plus forte raison à la petite cul-ture, qui entre dans la composition de notre territoire pour uneassez forte proportion.

Aussi le travail est-il fait presque exclusivement par des vaches.;les boeufs, on peut le dire sont l'exception.

On ne peut réellement tout demander h un animal.Il faut savoir choisir parmi ses qualités celles qu'on tient le plus

à conserver on à développer.Personne ne serait assez insensé d'exiger d'un durham, qui est

à cette heure l'animal le plus précoce et le plus parfait commeformes, qu'il fût en même temps l'animal le plus rustique, le plussobre et le meilleur au point de vue du lait et de la force motrice.

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Les qualités qui répondent le- mieux aux besoins les plus urgents.des contrées dans lesquelles les races sont appelées à vivre, doi-vent seules être recherchées.

C'est pour cela que nous nous sommes contentés jusqu'ici d'avoirla race de travail par excellence et la meilleure pour la boucherie.

C'est aussi pour cette raison que noirs avons tenu à conservernotre race absolument pure dc tout sang étran ger.-

Désormais, grâce k notre herd-book, il nous sera facÎl& de sur-veiller de près les dispositions laitières chez tes animaux limousins.

Le travail des vaches est si bien la véritable cause de ce man-que d'aptitude, que, dans nos réserves où nous nourrissons il estvrai, davantage nos animaux et où nous lions surtout beaucoupmoins souvent nos femelles, celles-ci ont une bien plus grandequantité de lait.

Cette aptitude s'est d'ailleurs bien rencontrée et développée danscertaines familles de durham, comme nous le faisait remarquertout dernièrement encore M. Grollier, un des éleveurs de slror-thoras quieontribue le plus pù ses écrits k la réputation du durhamfrançais.-

Pourquoi ne tenterions-flous pas à notre tour l'expérience?

1V

DU LA RACE LIMOUSINE COMME BÊTE 0E BOUCHERIE.

Il ne nous reste plus qu'à examiner l'animal limousin au pointde vue de son utilisation dernière.

C'est-à-dire de la boucherie.Autrefois tes départements formant la province du Limousin se

livraient surtout à J'en graissiflent des boeufs, lorsque ceux-ciarrivés à huit ou dix ans avaient atteint toute leur force et leurcorpulence.

En 1674, Colbert écrit à l'intendant de Limoges (Lettre 1V-167)« Je suis bien ayse d'apprendre par votre lettre du 17 du présent

mois (mars) que le-débit des bestiaux ait commencé à estre avan-tageux dans la généralité de Limoges et que vous voyez beaucoupd'apparence qu'il y rapportera de l'argent.

Les routes n'étaient pas alors ce que nous les connaissons main-tenant, et dans un mémoire sur la -généralité de Paris (p. 360 do

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- 28 -l'édit. de M. (lc Boislille), on se préoccupait de lotir viabilité relati-vement à l'alimentation de la capitale.

Le pont de bois de Vaux, h deux lieues au-dessous d'Estampes,est en très mauvais état, il serait nécessaire de le construire depierd parce qua c'est un grand passage pour les bestiaux qui vien-nent du Limousin au mai-cité de Sceaux. » _-

En 1770, le bétail était devenu rare et par conséquent avaitaugmenté de prix.

Le lieutenant général de police, M. de Sartine, commençait àcraindre pour Parisr

Turgot transmet au-bureau de Drive et de Limoges une note dece magistrat lui demandant « quelles étaient les causes de la chertéet de la rareté du bétail, et pouvait-on compte;' après Pâques sin' lesLimousins pour l'approvisionnement de Paris». (Extrait de la Sociétéd'agriculture du Limousin, par M. E. Taillehois, p' 18 (de 1783h 179f).

Ce nest donc pas d'hier que Le boeuf limousin a L'honneur denourrir les habitants de la capitale. -- Mais l'animal actuel ressemble peu à celui d'autrefois.

Grâce au développement d'une agricullure raisonnée et progres-sive, son poids a été doublé, sa précocité singulièrement accrue,et la qualité de sa viande le place désormais au premier rang desraces de boucherie, ce qui a pcinis à notre grand zootechnicienSanson de s'exprimer en ces termes sur sou compte.

«'- Comme Wtes de boucherie, les boeufs limousins comptent vraimentparmi les plus remarquables qui existent, sous le double rapport de,la quantité et de la qualité de viande produite.

» Des recherches directes et comparatives faites sur les animauxprimés au concours -général de Paris l'ont mis en évidence d'unefaçon péremptoire, au grand déplaisir, il faut bien te dire, 'des parti-sans exclusifs des animaux durhdms, »

Cette supériorité comme bête ' de boucherie ne date pas d'au-jourd'hui, comme nous le prouvent les rapports de la commissionde rendement des concours de boucherie de Poissy.

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CONCOURS DE BOUCHERIE 0E 1857.

(Extraite des rapports de la commission de rendement.)

A la page 267 dc son rapport, le regretté Baudement écrit« Cette, année, comme l'année dernière, la race limousine prend

rang avant le croisement durham limousin. il semblerait que sile croisement durham peut apporlr quelque modification heureusedans la race limousine et dans ses aptitudes, il ne conserverait pasla quantité de viande propre h cette race, une des plus justementestimées parmi nos races indigènes. »

CONCOURS DlI1858.

- (Ce rapport ne porte as l'appréciation de la viande de chaque année.)

• Dans son appréciation sur ce concours, Baudenient dit, page 233:« Les quatre limousins ayant pris part au concours reçoivent en

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• —30—.commun l'annotation 17,25 (le maximum étant 20), mais l'un (Veuxu. mérité le chiffre 19, deux ont obtenu 18, et un seul auquel est dûl'abaissement de la moyenne de la race o reçu 14 ».

Au concours de 1859 nous relevons, pour un boeuf limousin, âgéde cinq , ans six mois, un rendement de 69 p. o/ (poids des quatrequartiers seuls au poids vif); la proportion du suif au poids vif estdc 7,70 et la proportion du cuir au poids vif 680.

Les boeufs de même âge (charolais de cinq ans et demi etdurham charolais de six ans) ont des rendements variant entre63,40 et 65,71.

Les autres limousins exposés donnent comme proportion desquatre quartiers seuls au poids vif

Boeufs limousins de 48 mois., ........ ........ 66.84- - de 5ans .................... 63.03--dc 5 ans .................... 65.03

Dans l'appréciation de la qulité de •la viande (tableau p. 424)-les limousins arrivent avec 16,958, comme moyenne de qualité

par tête.

Les durhams les suivent avec .. ..................16.50Le croisement durham-charolais avec ........... 16.316Et les charolais avec... .......................16.12

A partir de 1860, le rapport sur l'appréciation à l'étal n'existeplus, mais dans le compte-rendu du concours de 4862, nous trou-vons pour un limousin de quarante-sept mois un rendement de66,138 et de 64,7.62 pour un boeuf limousin de cinq ans.

Le rapport entre le poids du suif et le poids vif varie entre 11,485et 11 ,524alors que nous le trouvons de 14,205 pour un durham-cha-rolais de cinq ans, ayant donné 64,486 comme rendement et 16,885pour lin durham de trois ans neuf mois ayant donné un rende-ment del5,574.

N'était-ce pas l'an dernier que, dans une très intéressante confé-rence faite au Palais de l'industrie, M. Baillet, un de nos savantsvétérinaires, en ce moment inspecteur général de abattoirs deBordeaux, formulait ainsi sa fa çon de penser sur la race limousine:

-En résumé, mon appréciation personnelle et impartiale sur larace limousine est, qu'au point (le vue de la boucherie, elle est unedes premières du monde.- M. Sanson, dans son Traitd de zootechnie, nous fournit encoreune preuve dela supériorité du limousin comme animal de bou-cherie (p. 427).

En comparant à un boeuf durham-charolais DiT ' NIVERNAIS, prix

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d'honneur du concours, un boeuf limousin, premier prix.de sacatégorie, on n constaté les résultats suivants:

Le nivernais, âgé (le quarante-sept mois, pesait vif dans un

état d'extrême engraissement 965 kilogr. -n Il a rendu 620 kilogr. de viande nette, 84 kilogr. 500 de suif

et 50 kilogr. de cuir.• Il y avait 32kilogr. de dégras.• Sur ces 620 kilgr. de viande nette, il y avait:

25 kil. 809 dc première catégorie,192 kil.de seconde-190 kil,de troisième-

avec une certaine perte, comme on voit. -n Cela fait, suivant les anciens errements, un rendement de

68,71 p, 010. Mais l'analyse montre que sur 100 kitogr. (le cetteviande nette, il n'y avait que 75,7 de comestible, contenant ieule-ment 31,45 de matière nutritive p, 100.

a Le limousin, âgé de soixante-six mois, pesait vif 967 kilogr.;-il a rendu 666 kilogr. de viande nette, 77 kilogr. de suif et 68 kil.de cuir.

» il n'y avait que O kilogr. de dégras.Sur tes 666 kilogr. de viande nette, il y en avait

21 kil, de première catégorie,.181 kil, de seconde-189 MI. de troisième -

o Ce rendement était donc de '71 p. 0/; maison outré, sur 100 deviande nette, il y avait 86,87 (le comestible, contenant 36 dematière nutritive p. 100.

» Le boeuf limousin a donc rendu à la fois plus de viande cornes-tille et plus de matière; nutritive, et cela dans des proportions no-tables.

» il s'est montré ainsi supérieur sous tous les rapports, car dansles détails ainsi exprimés se trouve impliquée en outre la saveur dela viande. -.

o Du reste, en faisant la même comparaison avec les durhams purs,la supériorité des limousins au même dge est encore plus marquée.

n Pour le méconnaître, il faut laisser tout à fait de côté le point devue pratique.. »

Comme on pourrait m'objecter que M. Sanson est plutôt un théo-ricien qu'un praticien, je tiens à reproduire ici l'appréciation dunepersonne très impartiale, connaissant très bien la valeur desdifférentes races comme hôtes de boucherie, et très au courant dece qui se passe journellément à La Villette.

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- 32 -« La comparaison du durham et des croisés durham avec le limou-

sfti, au point de vue de l'alimentation et du travail dl! botdteric,est incontestablement à l'avantage de ce dernier.-

» Pour toutraticicn, le limousin est d'une supériorité complète.C'est en in mot l'animal rendant le plus et la meilleure viande entant que viande comestible.

» Sans rival aucun pour l'époque de l'année k laquelle il paraitsur le marché, soit pendant tout l'hiver, de forme parfaite, avecune structure fine et légère (peu d'os), bas sur pattes, le ventrepeu développé, la tôle fine, accusant l'élégance de la race, lafinesse de qualité, il est un des plus appréciés et des plus recherchéspar la boucherie et les consommateurs.

» Sa viande toujours tendre, juteuse et de bon goût, n'est pasgarnie de bourrelets (le graisse comme le durham.

» (11 n'est question ici que des jeunes animaux.) Sa coupe per-sillée qui représente un marbre k mille dessins impossible û imiter,en fait un animal essentiellement fin et coquet, appelé par les détail-lants animal de luxe et d'étalage, pouvant satisfaire le goût, lepalais et l'oeil tout k la fois.

Il est supérieur au durham, ou croisé durham par presque tousles points expliqués ci-dessus, et principalement par son engraisse-ment bien moins disgracieux.

» Le limousin a une pureté de ligues et de formes bien définie,tandis que le durham .et ses dérivés manquent presque toujoursdans les quartiers de derrière, dont la coupe (le culotte est absolu-ment verticale an 'lieu dôtre arrondie.

Le limousin, dans ses reins et filets, est plein d'une chair savou-reuse et délicate, légèrement recouverte de graisse.

» Le durham, au contraire, est exagérément recouvert de graisse,laquelle dissimule k l'oeil, par ce moyen, les parties manquantde viande.

» Encore dans ces mémes parties (dessus de filet et noix decôtes) rencontre-t-on des bourrelets et des noix de graisse absôr-haut la place d'une partie de 'chair au détriment du consommateur(défaut ne se rencontrant dans les limousins on autres races indi-gènes que dans les très vieux sujets).

Tous les renseignements expliqués ci-dessus sont purement techni-ques à ta boucherie de Paris et de la plus exacte vérité. »

Nos animaux, à cause de ces qualités, sont très estimés sur lemarché de La Villette. s

Il suffit, pour s'en convaincre, de jeter les yeux sur une mer-curiale quelconque; je prends au hasard.

ç 20 septembre, par exemple,

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Ç:;- 13 -

' Les différentes provenances ont obtenu par clemikilogramme

Italiens ....... ....................... .. ..i à o- Sucriers ... ....................... ..... . 55 à 63

Quercinois ................................ 58 à 68Bretons ................................. 60 à 6Cholelais ................................ Go à 65Auvergnats ............................. . . 60 à 65Nantais, Vendéens ....................... 60 à 65Charolais, Nivernais, Bourbonnai s .........62 à 72-Manceaux .............................. . . 65 à 70charentais, EimoiiBtfl ............on à voNormands .............................. 68 à 73

Après les animaux engraissés clans les gras pâturages de la Nor-mandie, la plus.forte moyenne appartient aux animaux manceaux etaux animaux limousins.

Notez que nos meilleurs sujets n'apparaissent que l'hiver, c'est-à-dire de novembre à fin avril.

On m'affirme, mais je n'ai pu vérifier le fait, (lue devant ces prixde vente plus rémunérateurs, plusieurs agriculteurs du Nord ontcommencé à engraisser des boeufs de notre. contrée.

Nous souhaitons, cela va sans dire, la réussite de semblablesessais.-

La plus-value sur le prix de vente obtenue par notre race sur lemarché de Paris par comparaison avec les autres races indi-gènes donnant à la mêm e époque de l'année) se maintient assezrégulièrement pendant toute la saison dans laquelle cette race seprésente sur nos marchés.

Les chiffres ci-desous sont ba gés sur les cours moyens (le l'en-semble de chaque qualité. Par tOC au. -

Boeufs' de choix .............................deà 10k.Première qualité. .. ....................... . 4 à6»Génisses choisies, pesant à 700 livres ....... 4 0 à 45Génisses légères et %rchcs première qualité..2 à 5 »

Avec dents de lait.

Taureaux choisis ...................... .... .-12 à 15n

--première qualité ...... ........ .... S à 40 »

Pour justifier tIc cette faveur il est bon de citer le rendementmoyen.

J'en exclus les bêtes de concours n'obtenant souvent un rende-ment bien supérieur que parleur appoint d'engraissement extràoi-dinaire, ce fui en réalité ne constitue pas le rendement exact en

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- 34—viande comestible, et ne peut servir de base bien précise aurendement de la race en général.

Je ne parle donc pas des animaux ordinaires.Par 100 kil, vifs.

Boeufs choisis..... ...................... .....62 à 06 122-qualité......... ...... ................57 à—Q—...................... .. ... . ...50à56

Génisses lourdes ..............................69 à 66—légères, .............................oo à 62

Vaches jeunes, Ire qualité

......... .............54 à 58——2—.. ...................46à52

Taureaux avec dents de laiL; ch oisis ..........;. . 434 à67———I" qualité ...........58 à 6

—............50à56J'ai dit, dans le cours de cette notice, que !a Haute-Vienne four-

nissait de jeunes -élèves à une grande quantité de départements ducentre, du midi et de l'ouest.

Là, ces animaux arrivés â croissance complète et après avoiraccompli les travaux agricoles des contrées où ils sont transférés,sont engraissés et livrés sous le nom de limousins, charentais,saintongeais ou périgourdin, aux boucheries des villes telles queParis, Bordeaux, Lyon, Orléans, Périgueux,' Tulle,, Toulouse,Nantes, etc., etc.

Les départements du Limousin, du Périgord et des Charentes enfournissent à eux seuls une grande quantité.

Pour Pais seulement, la moyenne des envois des huit dernièresannées dépasse 33,000 par an. ,-

Si l'on ajoute àd'ce chiffre animaux expédiés h La Villetteceux achetés directement dans les trois provinces précitées, par laboucherie de Paris seule (je tiens cesrenseignements de l'aveu desprincipaux acquéreurs et des relevés de chemin de fer), on peutévaluer ce nombre à plus de 45,000 têtes (et encore j'omets danscette évaluation les animaux qui sont expédiés pour être vendus kla criée, les jeunes veaux notamment).

Depuis quelques années, il s'est produit ufl fhii assez curieuxet qui mérite d'être relaté en faveur de la race'limousine.

Les trois provinces que je citais plus haut, comme étant en quel-que sorte Je lieu d'approvisionnement en bêles limousines, soutientrain de devenir, à notre grand avantage, le vrai S marché centralde nos animaux de boucherie.

Facilitées par les moyens de transports qui ont été créés etaugmentés de tous côtés,-les villes du centre (L yon compris),'unebonne partie du midi, Bordeaur;. l'ouest et le un' rd-oSst viennent

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- 25 -y faire leurs acquisitions et diminuent ainsi le nombre d&têtesdisponibles que nous aurions pour le marché de Paris. On peutévaluer à 12,000 têtes par an la diminution de nos expéditions surParis depuis huit ans (4). (Bordeaux à lui seul tue en moyenne16,000 bêtes limousines.) - (Limoges, en 1888, 23,605 (êtes).

Mais que nous importe nos lieux de débit lorsque nous voyonsnos débouchés s'accroître ainsi rapidement, et nos animaux êtretoujours recherchés t Paris aussi bien qu'ailleurs comme fournis-sant non-seulement la viande de luxe et d'étalage, mais encore lameilleure-viande comestible. -.

Nous avons vu avec regret le Ministère de l'agriculture aban-donner depuis quelques années les expériences si instructives dela commission de rendement.

Ces recherches permettaient de se rendre compte chaqueannée de la qualité des sujets exposés, et des progrès accomplispar les différentes races.

A ce titre elles étaient très précieuses elle seraient encore biendavantage, maintenant que toutes ces grandes questions d'économierurale sont à l'ordre du jour.

Quelle que soit la race que le résultat de ces recherches estappelé à recommander à l'attention des éleveurs, quels que soientles frais qu'une semblable expérience peut toujours occasionner,il y avait un intérêt général à maintenir ces études sur les l'en-dernenls.

Nous espérons que notre éminent directeur de l'agriculture,M. Tisserand, saisira la première occasion qui lui sera offertepour les rétablir.

Il es( utile, en effet, d'éclairer le consommateur sur les meil-leures provenances de bétail, afin qu'il devienne plus exigeantenvers les fourniseurs parisiens qui lui livrent chaque jour uneviande dont les tissus sont entrelardés de suif, conséquence forcéedune aptitude trop grande prendre de la graiss6 d'un engra1sse-ment immodéré ou encore des croisements répétés des animauxfrançais avec les races dites amélioratrices. -

Cette manière de voir est partagée par l'auteur que je citais plushaut, et dans le même journal-du Syndicat de la boucherie, ilexprime ainsi son avis sur la viande de l'animal limousin:

<'Le système adipeux est très développé chez le boeuf durham, etla couverture de graisse est souvent très épaisse.

(I) En 1808, l'exportation de la haute-Vienne ne s'élevait pas an-dessusde 8,CoO têtes pour Bordeaux et Paris réunis. -

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- 36 -• - La viande est parsemée d'amas graisseux qui ne ressembknt entien au persillé de nos limousins, de nos boeufs du Quercy, de nôsCotentins. --

n Chez nous, l'animal qui • se trouve dans ces -conditions n'estavantageux ni pour le commerçant ni pour ,Ie productènr.

» Toutes ces parties eoftsLituent un déchet en pure perte.n Nous aimons la viande mûre, juteuse, arrivée h un degré d'en-

graissement suffisant, mais. notre tempéramen't ne nous permet pasd'aimer la viande grasses comme les Anglais; nous ne l'apprécionsnullement.....

n Le boeuf limousin parvient à un poids considérable, et acquiertdes qualités auxquelles, peu de races peuvent prétendre.

n il est sans contredit le meilleur boeuf de boucherie expédié l'hiverà Paris. .

» Sa viande rosée, marbrée, persillée de fibres aussi minces quedélicates ne le cède en rien aux meilleurs normands, aux nivernaisles plus accomplis.

n Après avoir, été l'engouement général universel, les croise-ments durhams subissent un moment d'arrêt ; nôus pourrions mêmedire qu'il sont à la période descendante. La race limousine estâssezappréciée, sa réputation est assez répandue pour qu'elle n'aspirequ'à la conserver et à continuer à doter les gourmets parisiens de cesrôtis'qui font leu' joie ti leurs délices. Nous ne faisons ici que cons-tater les éminentes qualités de cette race .superhe, nous n'en som-mes ni les adulateurs ni les-flatteurs. n - ( 1311I0TET.)

Pendant que je suis sur le chapitre des réclamations susceptiblesd'être présentées à l'administration centrale, je no puis passer soussilence quelques réflexions que nous a suggérées le lecture du pro-gramme du concours d'animaux reproducteurs de, 4889.

Nous l'avons comparé avec celui de 1878. Quelle diminution dans.l'importance des récompenses I! -

Nous avons cependant été heureux-de voir nos durhams françaisaussi bien partagés qu'en 1878,et vraiment ce n'est que justice.

Pourra-t-on même avec 9,100 francs couronner bus les sujetsdignes d'être remarqués?-

J'en cloute beaucoup, car l'exhibition des shorlhorns s'annoncecomme devbnt être très brillante.

Eu ce qui concerne la race limousine, elle n'arrive qu'en cin-quième rang avec quinze prix seulement.

Race normande .................7.550 francs.- 20 prix.- charolaise .................1.550-20 -- flamande ....... ..........6460-17 -— bretonne' ................. 5.325-22 -- limousine ..... .......... z,soo --

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Nus succès à Amsterdam, à Anvers, nos progrès constatés dansles concours régionaux, nos lauriers aux concours de reproducteurstic Paris, où nous n'avons Pas eu moins de trente animaux priméssur cinquante étalons amenés en trois ans (4) et Dit avonsi'emporté deux fois le prix d'honneur pendant que les prix attribuésà plusieurs de no grandes races n'arrivaient pas quelquefois àêtre distribués faute d'animaux islêritaiiis (2), n'était-ce donc paslà autant de raisons pour être mieux traités dans lit desPrix.

C' EST L'AVIS DE NOTRE 5OÔiiïÈ DAGnIcuLTUnE, DE TOUS NOS CO-

MICES ET DE TOUS NOS ÉLEVEURS LIMOUSINS, JE M ' EN FAIS VOLON-

TIERS 'EcHO.

Et pourquoi (l'antre part notre seconde section de mâles s ' arrMe-t-elle à trois ans, pendant que les éleveurs de durham ont le droitde conduire des étalons de quatre ans.

C'est justement la raceréputée la plus précoce qui est autoriséeà présenter les plis vieux spécimens! -

Lors du tournoi (lu prix d'honneur, les races françaises se trouve-ront, par celte cause, dans une situation d'infésioi'itû notoire.

Les raisons qui ont dû certainement guider ladniirustratiori dansa rédaction de cet arrêté peuvent, je puis-nie permettre de le dire,

s'appliquer aussi bien aux races fraucaises qu'aux i-aces étrangères.Ce qui est bon et utile pour les uns est-IL moins nécessaire auxautres? -

Pourquofrefuser l'entrée du concours à un animal qui a /hit sespreuves, et qu'on a j ustenien t tout in lérét à conserver le purs long-temps possible?

Cette mesure restrictive exclura certainement de l'exposition

(I) 4856, - O étalons, 5 prix; ptt d'honneur de tout le concours (G ré-coru penses). - -

1887. - 22 étalons, S prix; 4 prix supplémentaires, 2 rnentions( 14 ,-éconr'penses).

1888. - 9 étalons, 8 prix I rappel, 1 supplé men taire, I mention, prixd'honneur des races françaises (42 récompenses).

En tout, 50 étalons, 30 prix, 2 prix d'honneur en trois ans.(2) Pendant ces trois ans, les étalons nivernais conduits à Paris sont au

nombre de 45, et n'ont obtenu que 21 prix1886 ----------------------19 têtes.9 prix.4881 ........................ 20-ô-1888 -----------------------6-6--

Totaux ................. 45 têtes.21 prix.

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- -Une. certaine quantité de fort beaux sujets charolais, normands (I)et limousins, animaux qui, ;par leur masse et leur belle perfor-mance, auraient fait honneur la réputation de nos vieilles racesfrançaises. -

Je me suis fait ici ['avocat de la race de nos contrées montagneu-ses, race trop longtemps méconnue. Afin que. le lec1cur.-pit se con-vaincre que l'opinion émise clans cette notice était loin de mètrepersonnelle, j'ai toujours fait suivre on précMer mes assertions (lestémoignages de ju ges compétents et impartiaux, n'ayant pas,comme moi, mission de patronner une race plutôt qu'une autre.

Je désirerais ccpéndantque ces tiques ne fussent pas mal inter-prétées et qu'on ne me considérdi pas comme l'adversaire , d'une racequelconque.

Je suis au contraire l'admirateur passionné et sans esprit 'leparti de tons les beaux animaux, do tneIqite provenance qu'ilssoient, et en particulier des sliorthorns.. .

Le durham ayant été considéré jusqu'ici comme l'animai le plusparfait, je l'ai toujours pris comme terme de comparaison niaispins une race est réputée, plus j'ai le droit de me montrer difficiledans mes appréciations.

J'ai oui dire e Hors le durham pas de salut. » Je ne vous diraipas « Hors le limousin les autres races sont sans valeur. »

EST AUSSI AB S URDE QUE L ' AUTRE, car il 1J a place SOU-S teso le i l - pour tout le-monde, et chaque rare o- sa- raison d'être 'dansles pays où la Providence t'a. placée, dans la contrée ois le climat.tes ,herbages, '.les ' .condùions..locali's en Un',jnot-,. lui permettent (tvivre et de prospérer avec avantage.

Appelé à parler dc notre race limousine, j'ai dit qu'elle était,unedes meilleures racesfrançaises;. que: pour t'asnéliorer.nous ne,jiousétions jamais servis du durham,- mais bien, de ta. sélection.

J'ai parlé de sa pureté comme race, car je ne considère pas l'infu-sion du sang-agenais pratiquéedans six ou sept étables de la ban-lieue de Limoges comme ayant pu allérer son sang, cette alliancene pouvant, k mon avis, passer pour un croisement, le type limon-sin et le type agenais sortant de la même souche, et, ayant les mé-

(I) Depuis le jour où ces quelques lignes ont été écrites, l'adminishationde l'agriculture a apporté quelques modifications au dispositif-du règlementdu àojuin 1888.

La deuxième section de la catégorie 'des races normandes comprendradésormais les taureaux de 2 à 4 ans au lieu do 2 à 3 ans. Nul doutequ'armées de cet heureux précédent la race charolaise et la race limousinene parviennpnt,à bénfieier du mérite avantage.

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— . 39 -mes caractères zootechniques généraux, comme je l'ai démontréplus haut.

J'ai fait des réserves quant àsa précocité et à ses qualités laitiè-res; CL j'avoue que malgré les exemples que j'ai cités, elle n quel-que amélioration à acquérir à cet égard.

J'ai ensuite présenté la race limousine comme étant une trèsbonne race de travail. Par des chiffres dont on ne peut contester lavaleur, j'ai été amené à a ffirmer- qu'elle est une race de. boucherieparfaite, ses animaux s'engraissani très facile.ntentà l'étable, donnantle rendement le plus élevé et fournissant à l'étalage des bouchers tic.Paris la viande dite de luxe.

J'ai donc terminé ma lâche.Quoi qu'il on soit, je suis obligé de convenir que notre race a,

dans son ensemble et quant à sa forme, bien des modifications àsubir pour arriver à ce qu'elle devrait être et à ce qu'elle sera,j'espère, dans peu d'armées. -

Elle a encore (le nombreux défauts. Mais le plus grand est, jecrois, (le ne point avoir eu, pour la faire connaitre, valoir et appré-eh r, de grands et riches agriculteurs comme messieurs les éleveursde shorthorns et de charolais, et polir la défendre un plume éloquenle comme celle de notre savant durhamiste, M. Groflier.

Notre l'ace a droit à plus de réputation, car elle est, comme bdit l3audornent, u REMARQUABLE par la qualité de sa viande », et,comme dit M. Sanson, u une des meilleures races que nous ayons en,France, et elle n'a pas dit son deinier mot o.

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