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Île-de-France La soutenabilité du Grand Paris L’approvisionnement en matériaux du Grand Paris Note de problématique www.driee.ile-de-france.developpement-durable.gouv.fr Direction Régionale et Interdépartementale de l’Environnement et de l’Énergie d’Île-de-France Décembre 2012

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Île-de-FranceLa soutenabilité du Grand Paris

L’approvisionnement en matériauxdu Grand Paris

Note de problématique

www.driee.ile-de-france.developpement-durable.gouv.fr

Direction régionale et interdépartementale de l’environnement et de l’énergie d’Île-de-France

Décembre 2012

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L’approvisionnement du Grand Paris en matériaux / DRIEE Île-de-France – 18 décembre 2012

Ce travail de diagnostic et de prospective a été piloté par la DRIEE et plus particulièrement par le service nature, paysage et ressources.

Équipe projet DRIEE : Vivien CHAZELLE, Bernard DOROSZCZUK, Philippe DRESS, Sarah GARCIA, Alexis RAFA et Laure TOURJANSKY.

Ont participé aux travaux de réflexions et aux réunions du groupe de travail : Laurent ARMAND (UNICEM/SNBPE), Jacques BENHAROUS (UNICEM), Aurélien BOCQUET (DIRECCTE IdF), François-Xavier BOUSSAGEON (SNIP), Marco CANCCEDA (UNICEM), Marie CARLES (IAU), Margaux CHABARDES (SGP), Claude COTTOUR (DRIEA), Jean-Loup DESTOMBES (SNIP), Christophe DU CHATELIER (Port de Paris), François DUVAL (SRBTP), Eric FLAMAND (SNIP), Ludovic FAYTRE (IAU), Rémi GALIN (MEDDE/DGALN), Eva GRIGON (FNTP IdF), Maud GRILLARD (FEDEREC), Jérôme GRIVET (CNDB), Nadia HERBELOT (DRIEE), Mathieu HIBLOT (SNED), Bruno HUVELIN (UNICEM), Laurent JOFFRE (SNIP), Xavier LASCAUX (UNICEM), Willy MAILLOT (CERC), Jean-Pierre MICOUT (FRTP IdF), Gaëlle PAYEN (MEDDE/DGALN), Jean-Luc POTIER (SNCF), Carole PRAT (SNED), François PRZYBYLCO (SRBTP), Cécile RICHARD (FFB), Jean-Marc SASTRE (SNED), Thierry SENAMAUD (FEDEREC), Olivier TESSIER (CSTB), Christian THIBAULT (IAU), Hervé VIBERT (CERC), Christian VITSE (SRBTP) et Nicolas VUILLIER (UNICEM), qu’ils en soient tous remerciés.

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La soutenabilité du Grand Paris en matériaux, en bref… (résumé)

Le préfet de région a confié à la DRIEE une mission d’expertise sur la soutenabilité du Grand Paris.

Dans le domaine des matériaux de construction, elle a permis de construire, avec les principaux acteurs du secteur, un diagnostic partagé et de dégager des pistes d’action pour anticiper et accompagner la réalisation d’un Grand Paris plus sobre en énergie et en ressources minérales.

Alors que le rythme maximum de construction de logements ces dernières années n’a jamais dépassé les 41 000 unités atteintes en 2008, les objectifs de réalisation du Grand Paris, 70 000 logements/an de manière durable, mais aussi les bureaux, gares, équipements et infrastructures associés, vont entraîner à l’horizon 2030 une consommation annuelle accrue en matériaux de construction estimée globalement à 15 %.

Une nouvelle spatialisation des besoins en matériaux et surtout en granulats

Le diagnostic, réalisé par la DRIEE dans le cadre de la mission d’expertise sur la soutenabilité du Grand Paris, et qui a porté sur l’ensemble des ressources (bois, argile, gypse/plâtre, granulats, etc.) fait ressortir, en premier lieu, un risque avéré de tension sur les ressources en granulats et l’importance de la « solidarité » interrégionale pour pouvoir y faire face. Par ailleurs, il souligne la nécessité d’intégrer dès à présent, dans la réflexion sur les territoires de projet, le foncier nécessaire à l’ensemble de la gestion logistique des matériaux (accès aux voies, plates-formes, etc.).

Dans le domaine de la construction, et de manière encore plus marquée en Île-de-France vu le niveau élevé d’infrastructures existantes, les granulats issus de l’exploitation des carrières sont la ressource la plus fortement consommée, en particulier pour la réalisation des ouvrages neufs. Pour ce qui concerne les autres matériaux bruts ou transformés (gypse/plâtre, ciment, argile et bois), l’approvisionnement ne devrait pas entraîner de fortes tensions soit que la ressource est importante, soit que la croissance de leur utilisation sera plus modérée. Cette croissance devrait toutefois être encouragée par la diversification de nouveaux modes de construction et le respect de normes prenant en compte l’impact environnemental et énergétique des ouvrages.

La mise en œuvre du Grand Paris entraînera surtout une augmentation notable de la consommation en granulats, spécialement pour la fabrication de béton hydraulique nécessaire à la construction de logements.

À mode de construction constant, la hausse des besoins annuels en granulats de qualité béton est estimée à + 29 % par rapport à l’année 20081 (et à + 14 % en granulats totaux), soit une augmentation de + 4,7 Mt/ an qui porterait la consommation totale2 à 37,9 Mt/an.

Alors que, depuis 2000, la consommation régionale de granulats se concentre à 61 % sur les quatre départements de grande couronne, la zone centrale, soit Paris et la petite couronne, concentrera à elle seule 63 % des besoins supplémentaires pour la production de logements.

L’effort conséquent de production supplémentaire de béton hydraulique en zone centrale requerra une logistique et des installations industrielles adaptées. La capacité actuelle des centrales de béton prêt à l’emploi ne permettra pas d’absorber cette demande. En première approximation, de 2 à 4 centrales nouvelles par département seront nécessaires. Elles devront trouver leur place dans une agglomération en densification. Il conviendrait dès à présent de prévoir leurs lieux d’implantation dans les CDT en cours de finalisation.

L’enjeu majeur des ressources en granulats

Pour répondre à la demande supplémentaire en granulats, plusieurs pistes seront à explorer :

- En Île-de-France, la principale ressource de qualité requise pour permettre la production de béton hydraulique est constituée des sables et graviers des vallées alluviales de la Seine et de la Marne, mais dont l’exploitation sera insuffisante pour répondre à la forte demande francilienne. Il apparaît qu’au vu du rythme de production actuel de la région, l’objectif de conservation du taux de dépendance de la région Île-de-France aux apports extérieurs, qui se situe aux alentours de 45 %, n’est pas complètement soutenable sur le long terme.

Un premier enjeu sera d’assurer la meilleure mobilisation possible des gisements locaux en les identifiant efficacement : calcaires de substitution, gisements alluvionnaires dans des secteurs à faibles enjeux écologiques ou précédant des projets

1 L’année 2008 qui précède les effets conjoncturels est prise comme année de référence, la consommation en granulats était de 33,2 Mt dont 16,2 Mt de granulats de qualité béton.

2 Les besoins estimés ne comprennent pas les augmentations liées au secteur des travaux publics qui pourraient représenter de 2 à 3 Mt/an supplémentaires.

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d’urbanisation. Cette gestion optimisée pourrait être favorisée par des évolutions réglementaires dans la lignée de la Stratégie nationale pour la gestion durable des granulats et des matériaux et substances de carrières. Ainsi, une prise en compte réglementaire des schémas des carrières dans les documents d’urbanisme pourrait donner lieu à une définition plus précise des secteurs exploitables à préserver de l’urbanisation diffuse sans préjudice des enjeux environnementaux.

- L’amélioration de la déconstruction et du recyclage verra son importance confirmée. L’Île-de-France produit déjà des matériaux dits alternatifs qui viennent se substituer aux matériaux naturels, principalement pour les usages routiers. Les évolutions normatives attendues de longue date seront nécessaires pour permettre l’incorporation de ces matériaux à hauteur de 10 % dans les bétons hydrauliques destinés aux bâtiments, diminuant d’autant la pression sur les gisements naturels, mais sans pouvoir changer notablement le besoin supplémentaire en granulats.

- Par ailleurs, la « solidarité » interrégionale devra nécessairement s’accentuer et s’organiser, que ce soit pour maintenir le taux de dépendance actuel de l’Île-de-France ou aller un peu au-delà. Cette solidarité souhaitée devra s’accompagner d’une collaboration renforcée dans l’élaboration de la prochaine génération de schémas des carrières qui devra être envisagée sur une échelle interrégionale.

- Les capacités actuelles de production des régions qui assurent l’essentiel de l’approvisionnement extérieur de l’Île-de-France (Haute-Normandie, Centre, Champagne-Ardenne, Nord-Pas-de-Calais, Bourgogne et Picardie) font globalement entrevoir une situation de manque sur le segment des matériaux traditionnels dès 2020. La montée en puissance de matériaux, peu présents sur le marché francilien à l’heure actuelle, tels que les granulats marins offriront à cet égard des perspectives déterminantes.

L’acheminement et le stockage à maintenir au plus près des besoins

Au-delà de la question de la disponibilité de la ressource, l’Île-de-France est confrontée à des contraintes d’acheminement et de stockage. L’enjeu

de massification du transport (fluvial ou ferré) des matériaux va s'accentuer, notamment si le taux de dépendance augmente. Même avec des réseaux très denses, le transport des matériaux vers les zones de consommation devra faire face à la concurrence des sillons sur les réseaux ferroviaires, à l’acceptabilité du transport routiers des derniers kilomètres et à l’articulation avec les projets d’aménagement dans les secteurs de plates-formes multimodales…

Dans le cœur de l’agglomération (Paris et la petite couronne), 90 % des centrales de béton prêt à l’emploi sont situées à proximité directe de voies d’eau. Le maintien et le développement des plates-formes portuaires et multi-modales sont à ce titre primordiaux, et entreront en conflit avec les volontés de réaménagement des berges.

De la soutenabilité en matériaux à la « capacité à construire »

La production, l’acheminement et la transformation des matériaux s’inscrivent dans une filière économique plus large qui comprend l’ensemble des métiers du secteur de la construction et du bâtiment. Leur satisfaction dépendra en grande partie des conditions de l’offre et de la demande étroitement liées à l’organisation de ce secteur. Ainsi, l’analyse menée ici ne saurait s’apparenter à une démarche de programmation. Elle a permis d’élaborer un diagnostic commun et ouvre sur des avancées possibles en matière de partage d’informations, d’opportunités de phasage des projets, de synergies et d’expertises à entreprendre ou à approfondir, entre acteurs (État, collectivités locales, aménageurs, professionnels) et à l’échelle interrégionale en associant les services de l’Etat (DREAL) et les professionnels des régions concernées.

La production de manière durable de 70 000 logements/an pourrait enfin entraîner une modification significative du marché qui concernera l’ensemble des intervenants du secteur de la construction. La question de la soutenabilité du Grand Paris se posera donc aussi en termes de « capacité à construire ». Le secteur du BTP qui emploie actuellement 325 000 personnes sur la région Île-de-France (dont 18 000 maçons) et utilise une forte proportion d’intérimaires devra savoir recruter et former la main d’œuvre nécessaire pour relever ce défi.

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L’approvisionnement du Grand Paris en matériaux / DRIEE Île-de-France – 18 décembre 2012

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Sommaire

Résumé 3

1. Contexte et problématique 5

1.1. L’ambition du Grand Paris 5

1.2. La situation de l’Île-de-France 6

1.3. Les enjeux 7

2. Les ressources nécessaires pour le BTP 9

2.1. La consommation actuelle 9

2.2. L’évolution des besoins en matériaux dans le cadre du Grand Paris 10

2.3. Les capacités de production sont-elles suffisantes ? 11

3. Comment répondre aux besoins en matériaux du Grand Paris ? 17

3.1. L’accès aux gisements franciliens a donné lieu à plusieurs interrogations 17

3.2. Des pistes pour développer la ressource en granulats naturels 20

3.3. Les autres ressources mobilisables 24

4. L’acheminement et le stockage des matériaux au plus près des besoins 27

4.1. Des disparités territoriales 27

4.2. L’acheminement des matériaux 29

4.3. Fiabiliser le traitement des déchets issus de la déconstruction, leur valorisation et leur recyclage 30

5. Conclusion et suites 33

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L’approvisionnement du Grand Paris en matériaux / DRIEE Île-de-France – 18 décembre 2012

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1. Contexte et problématique

1.1. L’ambition du Grand Paris

Le projet Grand Paris s’articule autour de la création d’un réseau de transport structurant et de « pôles de développement » localisés autour de ses futurs nœuds. Ces pôles de développement font l’objet d’un ou plusieurs contrats de développement territorial (CDT), cosignés par l’État et les collectivités locales concernées, pour faciliter l’émergence des aménagements stratégiques nécessaires à l’atteinte des objectifs du Grand Paris. Le projet Grand Paris doit s’accompagner d’une forte croissance urbaine, de populations et d’activité, dans une logique de développement durable pour assurer la notoriété et la compétitivité internationale de la région capitale.

Schéma d’ensemble du grand Paris : réseau de transport et pôles de développement (26 octobre 2012)

Le Grand Paris s’appuie sur des objectifs quantitatifs ambitieux :

• Création de 70 000 logements par an, dont 35 000 pour le renouvellement du parc, 25 000 pour l’accueil de populations nouvelles et 10 000 logements permettant de répondre aux besoins supplémentaires engendrés par la dynamique « Grand Paris » sur les territoires des CDT. Des objectifs annuels de création de logements sont définis à l’échelle des bassins de territorialisation, le différentiel par rapport à la tendance actuelle est concentré sur les territoires des futurs CDT.

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• Création de 800 000 emplois, dont 600 000 localisés dans le périmètre des contrats de développement territorial (CDT) ;

• Réalisation d’ici 2025 de 205 km de lignes nouvelles de métro automatique, s’accompagnant de la construction de 72 nouvelles gares. La maîtrise d’ouvrage de ce réseau de transport express a été confiée à la Société du Grand Paris (SGP) et au Syndicat des transports d’Île-de-France (STIF). Le « Grand Paris Express » est un projet stratégique pour le devenir de l’Île-de-France.

La réalisation de l’ensemble de ces projets de bâtiments (logements, équipements publics, bureaux, gares, etc.) et de travaux publics (voiries, ouvrages d’arts, etc.) devra être réalisée en conformité avec les orientations de sobriété et d’efficacité énergétique (les « 3 x 20 » à échéance 2020 et le « facteur 4 » à l’horizon 2050 compte tenu de l'échelle de temps du Grand Paris), de maîtrise des impacts environnementaux et de préservation des milieux naturels. Elle nécessitera un effort accru d’approvisionnement en matériaux de construction.

Dans ce contexte, le préfet de région a confié à la DRIEE une mission de réflexion sur la soutenabilité et l’accompagnement du Grand Paris. Dans le domaine de matériaux, cette mission consiste à :

- poser un diagnostic partagé avec les principaux acteurs sur les conséquences du Grand Paris ;

- dégager, au vu de ce diagnostic, les pistes à explorer pour rendre soutenable ou pour accompagner la réalisation du Grand Paris et à les faire connaître.

Les différents acteurs associés à la réflexion (voir annexe 1) ont fourni, notamment lors des réunions de travail tenues en décembre 2011, mars, et septembre 2012, des éléments de diagnostic et d’analyse qui sont rassemblés dans la présente note validée collectivement en novembre 2012.

1.2. La situation de l’Île-de-France

L’Île-de-France abrite 20 % de la population française et bénéficie d’une attractivité nationale sans égale (30 % du PIB). Cela se traduit par une demande forte en matériaux de construction et pour la rénovation que l’ambition du Grand Paris devrait encore accroître. Cependant, bénéficiant d’un réseau routier existant déjà dense et d’un fort taux de logements collectifs (73 % dans la région contre 44 % en moyenne nationale), la région Île-de-France présente des ratios de consommation de ressources minérales nettement inférieurs à la moyenne nationale. Ainsi, par exemple, les besoins franciliens en granulats ne sont que de 2,9 t/hab./an au lieu de 6 t/hab./an en moyenne nationale.

Au regard des besoins en matériaux de construction pour le BTP, la région présente des capacités de production contrastées. Pour certains d’entre eux, l’Île-de-France est autosuffisante et contribue même largement aux approvisionnements des autres régions (par exemple, le plâtre est issu de la transformation du gypse dont les réserves nationales se situent pour les 2/3 sur le territoire francilien), pour d’autres la région dépend, pour une proportion significative de ses besoins, d’apports extérieurs (ex. granulats, bois). De l’ensemble des matériaux minéraux nécessaires au BTP (granulats, gypse, argile, etc.), les granulats présentent le plus fort déficit et la plus forte demande. Un enjeu majeur pour la région est de ne pas aggraver son niveau de dépendance en granulats pour approcher les objectifs de constructions neuves.

Au-delà de la faiblesse, voire de l’absence, de gisement de certains matériaux en Île-de-France, c’est surtout la stérilisation des ressources notamment par l’urbanisation et la faible acceptabilité des carrières et de leurs contraintes d’exploitation par les riverains qui contribuent à cette situation contrastée. Ainsi, les espaces urbanisés et les infrastructures couvrent respectivement 17 % et 3 % du territoire régional. Ils constituent le premier obstacle à l’accès à la ressource. À titre d’exemple, une large partie des gisements franciliens de gypse est inaccessible en raison de contraintes de ce type, alors même qu’il s’agit d’une ressource stratégique peu courante et que les 2/3 de la ressource

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nationale sont en Île-de-France. En outre, les zones de gisement sont souvent couvertes par des protections au titre du code de l’environnement qui donnent lieu à des procédures spécifiques.

Par ailleurs, la région d’Île-de-France doit faire face à des contraintes d’acheminement et de stockage. Malgré la densité du réseau routier francilien, le transport des matériaux vers les secteurs de consommation n’est pas aisé, notamment en raison de la saturation du réseau et de la concurrence avec les autres usages. L’approvisionnement de la zone centrale de l’agglomération par voie fluviale est, à ce titre, particulièrement important. Aujourd’hui 28% des granulats consommés en Île-de-France sont transportés par bateau. L’utilisation de matériaux alternatifs (issus de produits de démolition en béton, de mâchefers d’incinération d’ordures ménagères (MIOM), d’agrégats d’enrobés, etc.) représente plus de 15 % de la consommation régionale en granulat, contre 2 % en moyenne nationale. L’existence et la localisation au plus près des secteurs de chantier, de plates-formes de stockage et des centrales de béton prêt à l’emploi (BPE) sont donc des enjeux très forts. Ainsi, 70 % des installations fixes franciliennes utilisant des granulats et 90 % des centrales de béton prêt à l’emploi des départements du cœur de l’agglomération (Paris et petite couronne) sont situés à proximité directe de voies d’eau3.

On note enfin que la région dispose d’atouts significatifs et notamment d’entreprises nombreuses dotées d’un personnel qualifié, dans la plupart des secteurs d’activités concernés : industries extractives, transformation, acheminement, fabrication, etc.

1.3. Les enjeux

Les travaux menés par le groupe de travail montrent que la construction du Grand Paris sollicitera clairement différents flux de matières premières avec plusieurs enjeux majeurs :

a) Atteindre les objectifs de constructions neuves, de rénovation et de réhabilitation, tout en visant à contenir le niveau de dépendance de la région. De l’ensemble des matériaux nécessaires au BTP (gypse, argiles, granulats, etc.), les granulats présentent le plus fort déficit proportionnellement au niveau de demande ;

b) Construire et rénover autrement pour répondre aux défis environnementaux et énergétiques à relever : isolation et performance énergétique des bâtiments (« 3x20 », « facteur 4 », RT 2012), gestion économe des ressources naturelles, préservation du patrimoine naturel et maintien en bon état des milieux naturels et des écosystèmes...

c) Assurer l’approvisionnement de la région en matières premières et matériaux transformés en privilégiant des solutions permettant :

- d’assurer la massification des transports notamment par l’installation de plates-formes multimodales, et l’amélioration des voies et modes d’acheminement,

- de préserver et de développer la part du transport fluvial et ferroviaire des granulats,

- de veiller à ce que l’ensemble du territoire régional bénéficie d’un approvisionnement aisé.

De manière générale, le Grand Paris va se traduire par une tension accrue sur la ressource pour satisfaire l'ensemble des besoins non seulement pour les logements, mais aussi pour les bureaux, les équipements publics et les infrastructures, en particulier sur les granulats et le béton prêt à l’emploi. Trois problématiques se dégagent :

1) Répondre à la demande en expertisant la diversification des apports, par des sources non

3 Le rôle structurant de la voie d’eau et l’intérêt de promouvoir le transport fluvial, notamment pour assurer l’approvisionnement général de la région, a été souligné par le Conseil régional dans son schéma directeur de la région Île-de-France (SDRIF) et par la Ville de Paris.

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exclusives les unes des autres. Il pourra s’agir de s'assurer de l’efficacité de l’exploitation des gisements franciliens, d’expertiser les apports liés aux développements de nouveaux modes de construction, à la généralisation des modes de déconstruction (plutôt que de démolition), ainsi que ceux liés aux ressources provenant de l’extérieur de la région ;

2) Anticiper la répartition géographique des besoins pour faire des propositions permettant de favoriser la proximité et l’amélioration des voies et modes d’acheminement ;

3) Rechercher systématiquement une gestion optimale de la temporalité des projets dans une optique de gestion opérationnelle et efficiente de toutes les ressources (phasages des chantiers, phasage d'exploitation des ouvrages, montée en charge des entreprises en termes de recrutement, de formation ou d’évolution des compétences professionnelles, etc. ).

On notera enfin que la plupart des problématiques soulevées ici relèvent essentiellement des choix des acteurs économiques, en fonction de critères d'appréciation qui leur sont propres. Une avancée possible d'un travail commun sur l'approvisionnement en matériaux du Grand Paris est un diagnostic partagé, des échanges d'information, y compris dans la durée, la recherche de synergies, la préservation de l’accès à la ressource et sa traduction dans les documents de planification (CDT, SCoT, PLU… ). Elle ne pourra en aucun cas relever d’une approche organisée et figée.

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2. Les ressources nécessaires pour le BTP

2.1. La consommation actuelle

D’une manière générale les ressources les plus consommées actuellement, indispensables à la réalisation des immeubles, des ouvrages d’art, des infrastructures ferroviaires et routières, sont les granulats (alluvionnaires, calcaires, sablons, éruptifs), le ciment et l’eau qui servent à fabriquer le béton. Les fondations, les murs porteurs (murs de refends, murs pignons…) des immeubles neufs sont essentiellement réalisés en béton, qu’il s’agisse de béton prêt à l’emploi (BPE), de produits à maçonner (parpaing) ou de produits préfabriqués à mettre en œuvre (poutrelles, voussoirs, etc.). Parmi les autres matériaux nécessaires au BTP on trouvera aussi l’argile (briques traditionnelles, briques à joints mince dites « Monomur », tuiles, etc.), l’argile fine (carrelages, faïences, etc.), le gypse (utilisé sous forme de plâtre, mais rentrant aussi dans la composition des ciments). Le bois peut être utilisé comme bois d’œuvre, par exemple dans les charpentes des maisons individuelles sous forme de fermettes, ou comme parement ou sous forme de produits retravaillés qui vont des poutres en lamellés-collés aux simples panneaux de contre-plaqués. L’acier enfin, est utilisé dans les ouvrages béton (béton armé), en charpente métallique et sous forme de produits manufacturés (bardages, profilés, etc.).

Données IDF 20084 Consommation Production Importation Exportation

Granulats (total) 33 200 000 t 19 060 000 t 14 440 000 t 300 000 t

Granulats alternatifs (recyclés de béton, d’enrobés et mâchefers)

5 320 000 t 5 320 000 t

Granulats naturels 27 880 000 t 13 740 000 t 14 440 000 t 300 000 t

dont alluvionnaires et chailles 14 660 000 t 8 070 000 t 6 690 000 t 100 000 t

dont marins 350 000 t 350 000 t 0 t

dont calcaires massifs 7 180 000 t 2 430 000 t 4 900 000 t 150 000 t

dont sablons 3 190 000 t 3 240 000 t 0 t 50 000 t

dont éruptifs 2 500 000 t 0 t 2 500 000 t

Minéraux industriels

Argiles pour le BTP, y compris argiles fines

1 060 000 t 320 000 t 760 000 t 20 000 t

(argiles fines)

Gypse 1 200 000 t 3 200 000 t 2 000 000 t 5

Silice 320 000 t

y compris autres usages 1 700 000 t

Calcaires cimentiers 2 315 000 t

(ciment) 700 000 t

(calcaires cimentiers)

Source : UNICEM pour les granulats et minéraux industriels. Panorama des minéraux et matériaux industriels en IDF, 2008

4 L’année 2008 qui est l’année du dernier pic de production, est prise comme année de référence dans la suite de la note.

5 Dont environ 400 000 tonnes vers des cimenteries et 1 600 000 de tonnes sous forme de plâtres ou produits à base de plâtre.

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En termes de matériaux, les granulats sont la ressource la plus fortement consommée, très loin devant l’argile ou le bois, notamment pour réaliser des ouvrages neufs. La région Île-de-France est dépendante des « importations » d’autres régions pour 45 % de son approvisionnement en granulats. En rénovation, la part du béton, et donc du granulat est moins considérable, tant les opérations de rénovation se concentrent souvent sur le second œuvre (gypse/plâtre, aciers, bois, verre, etc.), notamment lorsqu’il s’agit de chantiers de rénovation énergétique.

2.2. L’évolution des besoins en matériaux dans le cadre du Grand Paris

Une augmentation de la demande en béton et granulat : L’objectif du Grand Paris de construction de 70 000 logements/an est essentiellement un objectif de production de logements collectifs, compatible avec une recherche de densité urbaine contribuant à limiter la consommation des espaces agricoles et naturels. À mode de construction constant, les projets de réalisation de logements Grand Paris auront pour conséquence d’augmenter notablement la demande en béton et granulats. Les équipements induits et les ouvrages d’art (gares, tunnels, etc.) auront également un impact sur cette demande. Une tendance générale à une plus grande sobriété.

L’estimation de ces besoins doit s’inscrire dans une logique de sobriété tant en matière de ressources minérales consommées que d’efficacité énergétique. Celle-ci peut conduire à une évolution plus ou moins lourde des modes de construction. Ainsi la construction « bois » serait susceptible pour sa part de se développer. Actuellement limitée à 4,2 % du marché francilien de la maison individuelle (11,3 % en moyenne nationale6), la part du bois est en progression lente mais nette. Cette tendance ne devrait ni s’inverser ni s’accélérer fortement dans les prochaines années. La manière d’utiliser le béton pourrait également évoluer. Le béton est aujourd’hui dimensionné pour la construction de logements à la fois pour ses qualités d’affaiblissement acoustique et pour ses qualités structurales. Des économies de matériaux sont ainsi envisageables7. Les projets de réglementation visant à la prise en compte des impacts environnementaux et énergétiques des ouvrages pourraient aussi accélérer une consommation économe en ressources minérales et contribuer à réduire la tension sur les ressources.

Des évolutions dans les manières de construire ?

D’une manière générale et dans l’avenir, selon le CSTB, le gros œuvre continuera à évoluer en termes de masse, d’acheminement et de gestion des chantiers (rapidité d’exécution, bruit, légèreté des matériaux, etc.). Toutefois, les techniques relatives aux filières sèches (ex. bâtiment à ossature métallique) qui induiraient une économie considérable en eau et dont on parle depuis des années ne paraissent pas devoir se diffuser de manière significative à l’échelle du projet Grand Paris. Pour mémoire, la filière dite « sèche » suppose la préfabrication en usine d’éléments constructifs et leur assemblage sur le chantier. Elle présente des gains très importants en termes d’économie d’eau et de rapidité. La filière dite « humide » (béton, maçonnerie traditionnelle, etc.) possède une vertu d’autocorrection extrêmement attractive (toute imperfection, même de l’ordre du centimètre peut être corrigée en cours de chantier). La « filière sèche » suppose par contre des compétences professionnelles spécifiques qui sont celles des charpentiers (assemblages « à sec et au millimètre près »), différentes de celles des maçons (mise en œuvre en eau au centimètre).

6 Source : Observatoire national de la construction bois – juin 2012.

7 Actuellement, les murs en béton sont généralement dimensionnés avec une épaisseur leur permettant d’assurer d’autres fonctions que la seule portance du bâtiment (participation à l’isolation acoustique et thermique, à la sécurité incendie, etc.), Des marges de progrès pour l’économie des matériaux sont possibles sur ce poste.

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Les changements techniques portant sur le gros œuvre qui semblent pouvoir s’étendre ces prochaines années sont plutôt dans le domaine du bois, et dans les solutions innovantes telles que les assemblages de plaques de plâtres sur ossatures métalliques, qui peuvent atteindre 16 m de haut. Par ailleurs, la progression des systèmes d'isolation répartie comme la brique à joints minces (ex. Monomur) devrait continuer dans les prochaines années.

Face à l’objectif d’une industrie décarbonée, le handicap du ciment, et tout particulièrement du CEM I (ciment Portland), est que sa fabrication génère autant de molécules de CO2 que de molécules actives de ciment (C3S)8 soit environ 900 kg/t de ciment. Pour mémoire, le ciment représente généralement 11 % de la masse d’un béton courant, dans la mesure où celui contient environ 280 kg de ciment/m3 pour un poids moyen de 2,4t/m3. À l’opposé, le CEM III, par exemple le ciment issu de laitier de hauts fourneaux, de cendres volantes ou de fillers, rejette presque 10 fois moins de CO2 lors de sa fabrication.

L’acier, quant à lui, présente une « recyclabilité » importante. Aujourd’hui, 40 % de l’acier produit en France provient du recyclage (aciers et ferrailles), dans le secteur de la construction le taux de recyclage de l’acier est de l’ordre de 75 %. Des développements sont en cours sur l’utilisation d’acier sous forme de tôles pliées, éventuellement associées à des plâtres résultant d’une cuisson du gypse plus longue permettant une extraction de la vapeur d’eau plus complète conduisant à une résistance plus élevée.

Une étude QEB « Qualité Environnementale Bâtiment » (ISO 14040 – 14044 ET NF P 01-010) réalisée en 2009 par le CIMbéton9

pour le logement (maison individuelle de plain-pied, maison individuelle à un étage et petit collectif) mais faisant abstraction du caractère renouvelable ou non des ressources10

, montre que quels que soient les systèmes constructifs utilisés (bois, terre cuite, béton), le bilan environnemental du bâtiment est équivalent. La même étude réalisée en 2011 pour les constructions tertiaires conduit aux mêmes conclusions.

2.3. Les capacités de production sont-elles suffisantes ?

La région Île-de-France compte quelques sites de production sidérurgique11 mais elle « importe » la majeure partie de l’acier qu’elle consomme dans le secteur du BTP. Les capacités d’acheminement de l’acier, sous toutes ses formes, ne semblent pas problématiques et n’ont pas été expertisées à ce stade.

2.3.1. Le bois et les charpentes métalliques

La consommation de bois en Île-de-France liée à l'activité du BTP, y compris second œuvre, peut être évaluée à environ un million de m3 (soit de l'ordre de 500 000 tonnes) pour l'année 2010. Selon le CNDB et les acteurs de la filière bois, la forêt francilienne est sous-exploitée et peu adaptée à la production de bois d’œuvre. Pour ce dernier, l’usage privilégié est celui de résineux alors que les forêts franciliennes sont d’abord des forêts de feuillus.

8 Alite (CaO)3(SiO2)

9 Etude réalisée par le CIMbéton (Centre d’information sur le ciment et ses applications) intitulée « Recherche des paramètres influençant la qualité environnementale des bâtiments à basse consommation énergétique - Comparaison des impacts environnementaux » prenant en compte une durée de vie des ouvrages de 100 ans.

10 L’indicateur « épuisement des ressources » issu de la norme NF P 01-010 « Qualité environnementale des produits – Déclaration environnementale et sanitaire des produits de construction » n’a pas été retenu, d’une part car les ressources non énergétiques utilisées dans le secteur du bâtiment ont été considérées comme non épuisables et d’autre part parce que les ressources énergétiques étaient représentées par l’indicateur « Energie primaire totale ».

11 Trois sites produisent de l’acier pour béton armé (à Gargenville et Bonnières-sur-Seine dans les Yvelines, à Montereau-Fault-Yonne en Seine-et-Marne).

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La provenance de la ressource revêt un caractère moins stratégique pour le bois que pour les deux autres grands matériaux de construction que sont les minéraux et les métaux en raison de l'écart de densité entre le premier et les seconds (dans un rapport de 1 à 10, voire plus). Toutefois, le renchérissement tendanciel des coûts de transport et l'importance du débouché que représente le Grand Paris militent dans le sens d'une mobilisation de l'industrie du bois en faveur d'un renforcement de l'exploitation des ressources forestières de la région Île-de-France et des régions voisines d’autant plus qu’elles présentent une marge de manœuvre : de l'ordre d'un tiers de la ressource est exploité contre un peu moins de la moitié pour la France entière. Par ailleurs, les freins à la montée en charge de la construction bois et à l’usage du bois d’œuvre relèvent plutôt de normes techniques peu favorables aux essences locales traditionnelles (qui prennent essentiellement en compte le lamellé-collé à base de résineux) et d’une structuration insuffisante de la filière professionnelle de l’exploitation, de la transformation et de la mise en œuvre du bois. L’Île-de-France ne compte en effet aujourd’hui qu’une seule scierie située en Seine-et-Marne (contre près d’une soixantaine il y a 40 ans) et deux sites de préfabrication d’éléments à assembler. Cela découle du fait qu’au cours des décennies écoulées, les sites de transformation du bois se sont principalement maintenus ou implantés dans les zones à vocation forestière dominante et dans les zones portuaires. Six salariés sur dix de la filière de construction en bois travaillent dans des entreprises de moins de 20 salariés représentant 0,5 % des effectifs du secteur de la construction en Île-de-France (2 % en moyenne nationale)12. Ces entreprises spécialisées dans la surélévation, l’extension et le bardage principalement, sont faiblement positionnées sur les marchés de « charpentiers » (montage de murs à ossature bois) qui sont souvent réalisés par des entreprises provenant de l’extérieur de l’Île-de-France (Centre, Bourgogne, Pays de la Loire, Haute-Normandie, Lorraine…). � Dans le contexte du Grand Paris, la construction bois ne pourra continuer à se développer que

dans la mesure où les normes et les documents techniques seront adaptés aux essences de bois existants en Île-de-France et dans les régions voisines, et où la filière professionnelle bois continuera d’améliorer sa structuration.

La construction bois est traditionnellement plus représentée sur deux marchés qui sont :

- La rénovation de logements intégrant une proportion importante d'ouvrages de charpentes, de menuiserie, de revêtement de sol et mur, d'agencement, etc.

- Les bâtiments non résidentiels tels que les grandes surfaces commerciales, les écoles et les bâtiments sportifs pour lesquels le bois est fortement prescrit en structure et en revêtement extérieur.

Les objectifs du Grand Paris en matière de renouvellement de logements devraient ainsi contribuer à développer la part du bois dans le secteur de la construction.

2.3.2. Le gypse

Le gypse (sulfate de calcium hydraté) est un minéral principalement destiné à la fabrication du plâtre (80 % des usages) et dans une moindre proportion à la fabrication du ciment par addition à d’autres substances pour en augmenter leur volume ou en modifier leurs propriétés (15 %).

� Les gîtes du bassin parisien, d’âge tertiaire, sont les meilleurs gisements français tant en quantité qu’en qualité et de ce fait sont les plus exploités. Ils fournissent plus des deux tiers de la production nationale. Toutefois les réserves importantes qui les constituent sont en grande

12 Etude INSEE/ DRIEA/ DRIAAF/ FRANCILBOIS « La filière bois en Ile-de-France un fonctionnement qui dépasse les limites régionales » - septembre 2012.

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partie stérilisées par l’urbanisation de l’agglomération parisienne. Un rapport du BRGM de 1987 indiquait déjà que des contraintes particulièrement fortes, notamment l’urbanisation, avaient conduit à stériliser, à l’époque, 60 % des réserves géologiquement exploitables. Selon les estimations réalisées à partir de 2008 par l’IAU, dans le cadre de la révision des schémas départementaux des carrières, les gisements accessibles hors contraintes d’urbanisation et protections environnementales représentent, en superficie, de l’ordre de 36 % des réserves géologiquement exploitables.

� En 2010, l’Île-de-France a produit près de 3 Mt de gypse13. Ce chiffre est à peu près stable depuis quelques années. Même si la préservation de l’accès à la ressource est un sujet majeur pour le gypse (pas de matériaux de substitution) et doit être pris en compte dans les projets du Grand Paris, les gisements franciliens sont suffisamment importants pour qu’une augmentation de la production à moyen terme soit possible. Le recyclage du plâtre, aujourd’hui généralement issu des rebuts de chantier, doit être étendu aux produits issus de la déconstruction.

Il est à noter que les industriels de la filière du plâtre se sont engagés à partir de 2008 dans une politique de recyclage et de réduction des déchets sur les chantiers de construction. Ces actions permettent aujourd’hui le réemploi de 41 000 tonnes de matériaux de construction à base de plâtre (chutes de plaques de plâtre). L’objectif de la filière à moyen terme vise à optimiser la récupération et la valorisation sur les chantiers de construction. L’utilisation rationnelle des matériaux devra conduire à étendre le recyclage aux produits issus de la déconstruction.

2.3.3. Les argiles

La région Île-de-France consomme environ 1 Mt/an d’argiles pour le BTP et elle en produit environ 320 000 t/an dont la majeure partie est utilisée pour la fabrication de briques et de tuiles. Les impacts du Grand Paris en termes d’augmentation de la demande pourraient être absorbés par la production locale s’agissant des argiles fines utilisées dans la production de céramiques. L’augmentation de la demande en tuiles et briques reposera sur une hausse des productions franciliennes (actuellement, deux usines dans l’Essonne, une dans les Yvelines et une en Seine-et-Marne) et des importations.

� L’augmentation de la demande induite par la réalisation des projets du Grand Paris ne paraît pas devoir générer de tensions trop fortes sur les approvisionnements en argiles. Toutefois, les besoins supplémentaires en argile fine représenteront l'équivalent d'une nouvelle carrière.

2.3.4. Le béton prêt à l’emploi (BPE) et le ciment

Le béton est constitué d’un mélange de ciment, de sable et graviers (alluvionnaires ou concassés de calcaires), d’eau et d’adjuvants. Le béton prêt à l’emploi (BPE) est un béton préparé dans une centrale, transporté jusqu’au lieu d’utilisation dans des bennes ou des camions malaxeurs (toupies). Les progrès techniques dans l’adjuvantation des bétons permettent de réduire significativement le besoin en eau et en ciment, ce qui permet de répondre à l’objectif d’une plus grande sobriété. À modes de construction

constants, les besoins estimés14 pour le Grand Paris sont les suivants :

• Pour le logement, les besoins en BPE nécessaires pour atteindre l’ambition annuelle de 70 000 logements neufs et rénovés connaîtraient une augmentation de +38 % par rapport à la production totale 2008 de BPE, soit 2,14 Mm3 de BPE supplémentaire.

13 Source : Syndicat national des industries du plâtre. En 2010, Les quantités de gypse extraites des carrières d’Île-de-

France ont représenté 52 % de la production nationale de gypse qui s’est élevée à 5,9 Mt.

14 Source : UNICEM. Les données utilisées par la profession retiennent :

• un ratio de 50 m3 de béton prêt à l’emploi (BPE) par logement et 25 m3 pour les ouvrages annexes, • un ratio de 24 m² de bureau par emploi et de 0,5 m3 de BPE par m² de bureau,

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• Au total l’augmentation de la demande en BPE par rapport à l’année 2008, qui était proche de la saturation des capacités de production, serait de + 47 %, soit une augmentation de 2,64Mm3.

• La croissance de la demande de BPE pour la construction de logements va être plus importante sur la petite couronne (pour 63% de la demande supplémentaire). Paris serait « peu demandeur ». Sur la grande couronne, les besoins les plus importants seront sur le Nord et l’Ouest.

Le BPE nécessite l’usage du ciment, pour lequel les besoins sont de l’ordre de 2,3 Mt/an, en grande partie produits à l’extérieur de la région. Il n’existe plus qu’une seule unité de production de ciment en Île-de-France, localisée dans l’Ouest de la région, près de Mantes-la-Jolie (Yvelines), et qui ne couvre qu’un quart de la consommation francilienne. Cette unité de production est ancienne. Le gisement de Montereau/La Grande Paroisse, qui offre par ailleurs des opportunités en matière de transport multimodal (voie fluviale et voie ferrée), pourrait contribuer, s’il était exploité, à réduire ce déséquilibre. � La mise en œuvre des projets du Grand Paris nécessite un effort très important de production

supplémentaire de BPE, qui ne peut être absorbé que partiellement par les centrales à béton existantes (1,66 Mm3 sur les 2,64 Mm3 de demande supplémentaire). La présence d’une seule cimenterie en Île-de-France présente un risque pour l’approvisionnement des chantiers de la région en ciment. L’augmentation des besoins nécessiterait l’augmentation des capacités de production régionales mais, plus sûrement, l’augmentation des importations par la mise en œuvre de moyens logistiques supplémentaires fluviaux et ferroviaires grâce à des plates-formes tri-modales (embranchées sur des voies routières, fluviales et ferrées).

� Les échanges avec la Société du Grand Paris permettent de considérer que la réalisation du Grand Paris Express nécessitera, pour les tunnels, les gares et les ouvrages annexes, à la fois du béton et des éléments préfabriqués. Ainsi par exemple, les voussoirs et les armatures des tunnels seront livrés directement sur les chantiers. En revanche, la fabrication des radiers nécessitera du béton brut. Il en va de même pour la construction des gares en fonction de la méthode constructive qui sera retenue. Compte tenu de la taille moyenne des gares, à ce stade de définition du projet, les besoins en matériaux pour le BPE générés par le réseau de transport ne devraient pas excéder 500 000 m3.

2.3.5. Les granulats

À partir des mêmes hypothèses de ratios que pour le BPE et considérant le ratio de 1,8 tonnes de

granulats naturels par m3 de béton, les calculs réalisés15 indiquent que :

• Pour le logement, les besoins en granulats connaîtraient une augmentation de + 11,5 % par rapport à la consommation totale de 2008 tous usages confondus, soit 3,85 Mt/an de granulats supplémentaires avec un besoin plus important sur l’Ouest de la région.

• Au total (logements+bureaux) l’augmentation des besoins en granulats est estimée à + 14 % par rapport à la consommation régionale 2008, soit une augmentation de 4,7 Mt/an.

Ces augmentations qui conduisent à une consommation totale de 37,9 Mt/an peuvent paraître raisonnables en regard de la consommation effective de granulats (33,2 Mt en 2008). En supposant le maintien du taux de dépendance à 45 %, la production régionale devrait néanmoins augmenter de 2,58 Mt/an, avec majoritairement une augmentation des granulats alluvionnaires ce qui est très important dans le contexte actuel. De plus, les besoins estimés ne comprennent pas les augmentations liées au secteur des travaux publics (qui pourraient être de 2 à 3 Mt/an supplémentaires). En 2008, la région Île-de-France a consommé 33,2 Mt de granulats et en a produit 19,06 Mt, le solde

15 Source : UNICEM.

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étant constitué par les importations des régions voisines. Seule une partie de ces granulats est utilisée pour la production de béton prêt à l’emploi : pour l’année 2008, cela représente une consommation de 16,21 Mt (centrales à béton, bétons de chantier et bétons industriels) pour une production francilienne de 9,7 Mt de granulat « qualité béton ». La production de béton, qui consomme 48 % des besoins en granulats, est une spécificité de la région. Le reste, et notamment la quasi-totalité des granulats issus du recyclage (5,3 Mt en 2008), est principalement utilisé pour un usage routier. L’utilisation des granulats recyclés pour un usage autre que routier et notamment pour la construction est un enjeu fort, identifié depuis de nombreuses années par les acteurs de la filière et actuellement limité en volume du fait des contraintes techniques et normatives existantes. Son utilisation dans le bâtiment est plus une question de production normalisée et d’amélioration des techniques de déconstruction et de tri que de faiblesse des gisements. Les projets de schémas des carrières de la région Île-de-France, actuellement en cours d’élaboration, ont pris en compte une augmentation des besoins passant de 33,2 Mt/an en 2008 à 35 Mt/an en 2020 (granulats tous usages confondus) et ont pour objectif de maintenir constante la part des apports extérieurs à 45 % de la consommation. Ils prévoient, en outre, un relatif rééquilibrage de la demande entre la grande couronne et la zone centrale. Pour mémoire, les apports extérieurs en granulats proviennent de secteurs d’approvisionnement plus ou moins éloignés (cf. carte ci-après). � Le Grand Paris va solliciter une quantité accrue de granulats qui peut être estimée en grande

masse et qui s’écarte du scénario « fil de l’eau » retenu par les schémas des carrières d’environ 10 à 15 %. Le diagnostic doit être affiné sur :

- l’effort d’une évolution progressive des modes de construction pour répondre aux enjeux de sobriété environnementale et énergétique ;

- les besoins liés au secteur des travaux publics ;

- le calendrier de montée en charge et de réalisation des projets.

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Source : IAU, données UNICEM.

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3. Comment répondre aux besoins en matériaux du Grand Paris ?

Les projets du Grand Paris vont induire un net accroissement de la demande en granulats, et notamment en « granulats qualité béton ».

Des difficultés apparaissent pour faire face à cette situation. Certaines sont liées aux enjeux de production, par exemple le fait que les schémas départementaux des carrières ne soient pas opposables aux tiers, ou l’insuffisance de la prise en compte de l’enjeu d’accès à la ressource dans les documents d’urbanisme. Face aux tensions sur la production de granulats franciliens, une diversification des pistes doit être recherchée pour développer la ressource de manière à répondre à la demande future.

3.1. L’accès aux gisements franciliens

En Île-de-France, les granulats naturels produits regroupent des sables et graviers alluvionnaires, des calcaires, des sablons et des chailles illustrés dans la carte qui suit.

Sources : BRGM 2008 – IAU IDF 2008 IAU IDF 2010

Il existe dans la région plusieurs gisements de sables et graviers alluvionnaires (vallées de la Seine et de la Marne) dont la qualité permet leur incorporation dans les bétons hydrauliques.

Les sablons produits en Île-de-France sont utilisés en technique routière mais servent également à compléter la courbe granulométrique des bétons (sables correcteurs). Les calcaires franciliens produits

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sous la forme de granulats concassés sont quant à eux principalement employés dans les usages routiers et ponctuellement dans les bétons hydrauliques lorsque leur qualité le permet.

Les chailles qui sont des galets siliceux entourés d’une matrice argilo-sableuse servent aussi à la production de bétons hydrauliques mais leur production est limitée.

L’Île-de-France produit également en quantité (de l’ordre de 5 Mt/an) des matériaux élaborés à partir de déchets de chantiers inertes, de mâchefers d’incinération d’ordures ménagères et d’agrégats d’enrobés qui viennent se substituer aux matériaux naturels pour les usages routiers. Ces matériaux sont dits alternatifs.

L’accès aux gisements franciliens a donné lieu à plusieurs interrogations :

3.1.1. La trop faible échelle des schémas départementaux des carrières

La loi du 4 janvier 1993, relative aux carrières, dispose qu'un schéma départemental des carrières soit élaboré et mis en œuvre dans chaque département. La mise en place de ce schéma est l'occasion de conduire une réflexion approfondie et prospective sur les carrières du département tant en ce qui concerne leur impact sur l'environnement qu'en ce qui concerne l'utilisation rationnelle et économe des matières premières. Il s'agit donc d'un document de référence, regroupant l'ensemble des données en relation avec l'activité d'extraction de matériaux de carrières. À partir de ces données, le schéma propose des orientations pour limiter l'impact des carrières sur l'environnement, tant au niveau des sites d’implantation que de la remise en état. Il doit permettre au préfet de se prononcer sur toute demande d'autorisation de carrières dans une cohérence d'ensemble de données économiques et environnementales. � Considérant la « zone de chalandise » de l’agglomération parisienne en matière de ressources

minérales, l’échelle départementale des schémas est inadaptée et ne permet pas d’avoir une vision globale de ces enjeux. C’est pour pallier cette faiblesse que la DRIEE a engagé en 2009 la révision coordonnée des schémas départementaux sur la base d’une étude régionale. Une évolution législative prochaine devrait consacrer le principe de l'approche régionale des approvisionnements en matériaux de carrières. On peut toutefois s’interroger sur le fait que, pour l’Île-de-France, l’échelle régionale soit même suffisante et s’il ne faudrait pas élargir plus encore le périmètre de réflexion lors de la prochaine révision des schémas ou préciser les modalités de coordination des travaux à une échelle suprarégionale (bassin parisien).

3.1.2. Des documents d’urbanisme peu favorables aux carrières

Le schéma départemental des carrières n'est pas opposable aux documents d'urbanisme. Il existe actuellement un certain nombre de plans locaux d’urbanisme qui interdisent l'exploitation de carrières. Dans certains cas, ces interdictions peuvent s'opposer aux orientations et objectifs du schéma départemental des carrières. Il convient de distinguer deux formes d'interdiction et deux types de conduite à tenir : a. En premier lieu, le PLU peut interdire l'exploitation de carrières sur une zone réservée à

l'agriculture et à la forêt. Dans ce cas, l'interdiction n'a pas d'effets irréversibles (en dehors de la construction de bâtiments à vocation agricole) et la demande d'autorisation d'exploitation d'une carrière compatible avec les orientations et objectifs du schéma départemental des carrières doit pouvoir entraîner, sans préjudice des autres réglementations, la révision du plan local d’urbanisme.

b. En second lieu, le PLU peut autoriser, sur l'emplacement de gisement présentant un intérêt particulier - notamment un intérêt économique national - des usages du sol qui rendent pratiquement impossible l'exploitation ultérieure de ce gisement. Dans ce cas, en fonction de l'intérêt du gisement, et afin d'assumer sa pérennité, il convient de modifier le PLU. Cette modification du document d’urbanisme doit être mise en œuvre dès la publication du schéma départemental des carrières, sans attendre une demande d'exploitation de carrière.

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� Face à l’élaboration de documents d’urbanisme « défensifs » vis-à-vis des carrières, il serait souhaitable que les futurs schémas des carrières bénéficient d’un statut d’opposabilité plus fort, par exemple en devant être « pris en compte » par les SCoT et les PLU.

Dans l’attente, lorsqu’un document d’urbanisme a insuffisamment considéré l’intérêt

stratégique d’un gisement, le préfet peut instaurer un périmètre de PIG forçant sa prise en compte (cf. article R. 121-3 du code de l’urbanisme définit que peut constituer « un projet d’intérêt général au sens de l’article L. 121-9 tout projet d’ouvrage, de travaux ou de protection présentant un caractère d’utilité publique et répondant aux conditions suivantes : 1° Etre destiné … à la mise en valeur des ressources naturelles… »). Il faut noter que le recours à cette procédure reste rare car non consensuelle. Elle ne constitue pas une solution satisfaisante d’intégration de l’enjeu matériaux car elle signifie qu’il n’a pas été compris dans l’analyse synthétique des potentialités du territoire du PLU.

3.1.3. L’urbanisation diffuse comme l'un des obstacles à l’accès à la ressource

L’Île-de-France renferme dans son sol et son sous-sol des gisements de ressources minérales sédimentaires qui varient tant dans la nature des roches exploitables que dans leur qualité. L’exploitation historique de ces ressources a engendré un réseau de galeries et de cavités sur lequel l’urbanisation est venue s’étendre alors même que les techniques anciennes d’exploitation n’ont pas permis une valorisation rationnelle des gisements. Il en résulte qu’une part notable des ressources franciliennes, notamment dans la zone centrale de la région, est restée captive de l’étalement urbain.

Certains gisements contigus à des bassins d’exploitation (ou dont l’abondance des réserves permettrait la création de nouvelles zones d’extraction d’importance) sont situés dans des secteurs déjà occupés par une urbanisation diffuse. Sans une planification des usages qui permettrait en premier lieu une exploitation des matériaux suivie d’un réaménagement pensé pour être compatible avec l’utilisation future des terrains, la perte de certains gisements apparaît comme quasi-irréversible, à quelques exceptions près, comme d’anciennes zones urbanisées désaffectées (terrains militaires…) qui pourront donner lieu à une « seconde chance » dans la valorisation des matériaux. Ces gisements potentiels peuvent ainsi être « perdus » s’ils ne sont pas valorisés avant le développement urbain. Ce type de situation est souvent le fruit de projets concomitants sur le même territoire et qui s’ignorent.

� Dans le cas du Grand Paris, une expertise des projets pouvant être phasés en vue d’optimiser l’accessibilité à la ressource serait pertinente, et permettrait de se donner les moyens d’identifier en amont les difficultés et d’y remédier.

3.1.4. Les granulats alluvionnaires et les enjeux environnementaux

a) Les vallées alluvionnaires, des secteurs sensibles qui cristallisent les enjeux environnementaux :

Les carrières engendrent une occupation des sols qui se prolonge jusqu’à la valorisation complète du gisement autorisé à l’exploitation et qui, de facto, couvre une période limitée, contrairement à l’urbanisation. Néanmoins, cet emprunt temporaire n’est pas toujours sans conséquence sur les possibilités d’usage futur des terrains qui ont été exploités. En effet, certains milieux sont parfois difficilement restituables soit en terme de qualité intrinsèque du milieu originel (forêts alluviales, prairies tourbeuses,...) ou de morphologie des terrains (plans d’eau, pentes résiduelles…). Il en va ainsi, par exemple, de l’exploitation intense des granulats alluvionnaires dans les vallées alluviales qui a laissé place à une multitude de plans d’eau qui se sont substitués aux milieux initialement présents. Par ailleurs, l’exploitation d’un sol pour ses ressources naturelles entre de plus en plus clairement en conflit avec l’enjeu de préservation des espaces agricoles.

La préservation du patrimoine naturel intervient à plusieurs niveaux, d’une part au travers des aires d’inventaire ou de protection, d’autre part via des procédures réglementaires s’imposant aux porteurs de projets. Ces dernières peuvent découler ou non des zonages précités. Certains dispositifs

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L’approvisionnement du Grand Paris en matériaux / DRIEE Île-de-France – 18 décembre 2012

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réglementaires, bien que ne revêtant pas de caractère d’interdiction stricte vis-à-vis des activités extractives, présentent cependant des enjeux a priori peu compatibles avec ce type d’activité économique comme par exemple les sites classés, les périmètres de protection de captages AEP voire certaines zones Natura 2000. Il existe ainsi un conflit potentiel entre les projets d’exploitation de carrières de granulats alluvionnaires dans le lit majeur des cours d’eau et les projets publics de préservation des captages d’alimentation en eau potable (AEP), de préservation de la biodiversité et de protection des espèces, et de préservation des zones naturelles d’expansion des crues.

Il faudrait aussi considérer la gestion de l'après-carrière à l'échelle de grands bassins d'extraction (alluvionnaires et gypse en particulier), dans le cadre de schémas d'exploitation à long terme permettant une meilleure appréciation d’une part du cumul des impacts environnementaux, d’autre part de la cohérence globale des remises en état (appréhendées habituellement à l'échelle de chaque exploitation) et de l'adéquation au contexte local de plans de réaménagement imaginés il y a parfois près de 30 ans.

� Au-delà des guides diffusés par l’administration pour permettre la prise en compte des enjeux liés aux espaces naturels (Natura 2000, dérogation à la protection des espèces, etc.) par les exploitants de carrières, l’administration doit continuer à améliorer son travail d’accompagnement des porteurs de projets dans la prise en compte des réglementations. Ainsi un travail a été engagé en Île-de-France sur les conditions de dérogation à l’interdiction de destruction d’individus ou d’habitats d’espèces protégées afin de concilier au mieux les enjeux.

b) Une tendance nationale de baisse des gisements d’alluvionnaires :

Largement exploitées dans les vallées des grands cours d’eau, ces ressources sont considérées aujourd’hui comme étant en voie d’épuisement presque partout en France16 bien qu’il subsiste des gisements notables en hautes terrasses des vallées alluviales (qualité légèrement moindre du matériau et secteurs plus éloignés de la voie d’eau).

Ces évolutions confirment la tendance de baisse d’extraction des granulats alluvionnaires qui pourrait à terme entrer en contradiction avec l’objectif francilien de maintien du taux de dépendance de 45 % en granulats totaux importés, à moins que l’extraction d’autres gisements ne soit développée : calcaires durs prospectés, alluvions des hautes terrasses et chailles.

Le tableau ci-dessous récapitule les productions de granulats alluvionnaires franciliens de ces dernières années ainsi que les volumes potentiellement extractibles à partir de 2011 en fonction du gisement réel, de l’échéance des autorisations d’exploiter, ainsi que des capacités maximales d’extraction pour les sites qui nécessiteront un renouvellement compte-tenu de la faible exploitation de leur gisement. Ces volumes ne tiennent pas compte des demandes d’autorisation en cours d’instruction qui représentent un potentiel de 1 333 000 t/ an à compter de 2015.

Année Production IDF(*) d’alluvionnaires

Volume extractible à partir de 2012 (*)

Volume extractible à partir de 2015

Volume extractible à partir de 2020

2008 7 000 000 t 2009 5 800 000 t 2010 5 600 000 t

7 070 000 t 6 500 000 t 4 400 000 t

* enquête annuelle DRIEE

� Considérant les projets publics de préservation et de protection de l’environnement, qui par

16 « En dehors de la plaine d'Alsace où elle est considérable, la ressource en matériaux alluvionnaires est soit mesurée, soit

déjà largement consommée, soit en voie de disparition » - extrait de la circulaire du 11 janvier 1995 relative à l’élaboration des schémas départementaux des carrières.

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leurs enjeux concernent tout particulièrement les vallées alluviales, le développement de l’exploitation des gisements relictuels de granulats alluvionnaires de ces vallées n’apparaît pas comme l’unique solution à envisager à moyen terme pour faire face à l’accroissement de la demande en granulats induit par la réalisation du Grand Paris. Cela conduit donc à expertiser le recours en complément à d’autres gisements.

3.2. Les pistes pour développer la ressource en granulats naturels

L’augmentation des besoins en granulats (alluvionnaires ou concassés de calcaires) pour la fabrication de BPE, engendrée par le Grand Paris, représente un volume de 4,7 Mt/an par rapport à la consommation de l’année 2008 , soit au total 37,9 Mt/an.

En supposant un maintien du taux de dépendance à 45 %, l’augmentation des besoins supplémentaires pourrait se distribuer de la manière suivante :

Matériau Production IDF Apports extérieurs

Alluvionnaires et chailles

2 000 000 t 1 500 000 t

Sablons 250 000 t -

Roches calcaires 85 000 t 615 000 t

Granulats alternatifs17 « recyclage »

250 000 t -

Total 2 585 000 t 2 115 000 t

� Si l’on suppose que les besoins supplémentaires sont entièrement assurés par les régions extérieures, exception faite des sablons et des granulats alternatifs qui peuvent être produits localement, les volumes additionnels en provenance des autres régions devraient s’élever à 4,2 Mt/an.

17 Des granulats alternatifs pourraient théoriquement être mis en œuvre, toutefois il faut attendre une évolution normative pour préciser les domaines d’usage et les proportions admises (a priori minoritaires).

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L’approvisionnement du Grand Paris en matériaux / DRIEE Île-de-France – 18 décembre 2012

22

3.2.1. Un probable accroissement du taux de dépendance en granulats de la région

Evolution possible des ressources en granulats pour le Grand Paris :

Année

Production IDF de granulats tout type

(hors « recyclage »)

dont alluvionnaires

Potentiel extractible de granulats

tout type selon les réserves autorisées (hors « recyclage »)

Consommation granulats IDF

Contribution IDF selon scénario, hors « recyclage »

2008 Entre 12 400 000 t

et 13 700 000 t Entre 7 000 000 t

et 7 600 000 t 14 000 000 t 33 200 000 t* -

Scénario 1 : 15 300 000 t (taux de dépendance de 45 %)

2020 - - 6 760 000 t 37 900 000 t(*)

(GT Grand Paris) Scénario 2 : de l’ordre de 13 000 000 t (production IDF

identique à 2008)

* Données UNICEM - (*) Hors besoins pour les travaux publics

Le tableau ci-dessus met en perspective :

- la production de granulats tout type (hors « recyclage ») en 2008 et le volume de production potentiel en 2020, à partir des réserves actuellement autorisées ;

- la consommation de granulats en 2008 ainsi que son estimation à partir de 2020, selon deux scénarios d’approvisionnement, pour répondre aux objectifs du Grand Paris.

Scénario 1 Grand Paris : consommation totale de 37,9 Mt/an avec un taux de dépendance maintenu à 45 % et une répartition des apports sur les régions identique en ratio à ce qu’elle était en 2008.

Ce scénario privilégie le maintien du taux actuel de dépendance (45 %), ce qui aura pour conséquence de rechercher et de trouver des ressources nouvelles de qualité béton en Île-de-France de l’ordre de + 1,3 Mt par rapport à 2008 pour contribuer à produire 55 % des besoins supplémentaires, soit 2,58 Mt/an. L’effort de production supplémentaire qui reposerait sur les autres régions serait alors de 2,11 Mt/an. Scénario 2 Grand Paris : consommation totale de 37,9 Mt/an avec des besoins supplémentaires entièrement assurés par les régions extérieures et une répartition des apports sur les régions identique en ratio à ce qu’elle était en 2008.

Le scénario 2 privilégie un maintien de l’effort de production francilien identique en volume à ce qu’il était en 2008. Il suppose ainsi un plus fort accroissement des apports extérieurs, à hauteur de 4,2 Mt/an, qui entraîne une hausse du taux de dépendance de la région vis-à-vis des granulats importés de 6 % d’ici 2020. Au vu des volumes de gisements actuellement autorisés qui offrent en 2012 une capacité de production de 11,5 Mt/an, il apparaît que, pour le scénario 1, ce ne sont pas 1,3 mais 3,8 Mt/an de ressources nouvelles qu’il faudrait autoriser en Île-de-France. De même, pour le scénario 2 on constate un déficit de l’ordre de 1,5 Mt/an pour permettre un retour de la production francilienne à son niveau de 2008. Ainsi, sans nouvelles autorisations, le graphique ci-après illustre que l’objectif de conservation du taux de dépendance de la région Île-de-France n’est pas complètement soutenable sur le long terme.

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L’approvisionnement du Grand Paris en matériaux / DRIEE Île-de-France – 18 décembre 2012

23

Taux de dépendance de l'IDF (%) selon sa capacité d e production

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2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025

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Total granulats naturels Cumul naturels + alternatifs Taux de dépendance (%)

3.2.2. Mobiliser la ressource en granulats à l’échelle interrégionale

Les apports extérieurs étaient de l’ordre de 14 Mt en 2008 et 13,4 Mt en 2009 (chiffres comprenant les apports de Belgique et de granulats éruptifs en provenance des régions de l’Ouest). Le tableau ci-dessous synthétise les productions à destination de l’Île-de-France en provenance des régions extérieures à l’horizon 2020, envisagées à partir des orientations des schémas des carrières en cours de révision, ainsi que les besoins à fournir selon les 2 scénarios présentés plus haut :

� L’analyse du tableau permet d’estimer les ressources que les autres régions pourraient globalement fournir, en tenant à la fois compte de leurs gisements et des orientations retenues par leurs schémas départementaux des carrières, sans se pencher à ce stade, sur la question de l’acheminement.

Par rapport à 2008, des progressions sont envisageables dans les régions Picardie, Bourgogne, Champagne-Ardenne et Nord-Pas-de-Calais. Si l’on considère la somme des approvisionnements plausibles en provenance des régions extérieures, on constate que le volume potentiellement à destination de l’Île-de-France est a minima équivalent aux flux réels en 2008, soit de l’ordre de 11,4 Mt/an.

Ainsi, quel que soit le scénario étudié, (scénario 1 : l'Île-de-France augmente également sa propre production de granulats ou scénario 2 : les besoins supplémentaires sont entièrement couverts par les autres régions), une situation de pénurie relative est à entrevoir.

Si, comme cela paraît envisageable, les potentialités d’exploitation des gisements de granulats marins sont accentuées, les volumes disponibles pour l'Ile-de-France pourraient s’établir entre 14 et 15 Mt/an, étant ainsi largement compatibles avec le scénario 1 et proches des besoins requis dans le cadre du scénario 2. D’une manière générale, il faut noter la tendance générale de décroissance de la production des granulats alluvionnaires dans l’ensemble des régions qui approvisionnent traditionnellement l’Île-de-France, tendance qui résulte des impératifs croissants de préservation des vallées alluviales.

La baisse de production de ces matériaux s’opère au profit de gisements aujourd’hui moins exploités, qui sont identifiés comme des voies de substitution aux granulats alluvionnaires. C’est notamment le cas de certains calcaires durs déjà exploités en Bourgogne (concassés), en Centre (concassés et sables) et en Champagne-Ardenne (concassés).

Les granulats marins de Haute-Normandie qui, jusqu’à aujourd’hui prennent part aux approvisionnements dans une proportion infime (1% pour l’Île-de-France en 2008), confirment leur position d’alternative réelle aux alluvionnaires terrestres, considérant les réserves et les permis d’exploiter accordés ou en cours de délivrance.

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Région

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L’approvisionnement du Grand Paris en matériaux / DRIEE Île-de-France – 18 décembre 2012

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L’approvisionnement en granulats marins devrait ainsi opérer une percée significative et faire basculer la répartition des apports entre les différentes régions.

3.2.3. La piste des granulats marins

Les granulats marins peuvent être extraits par une méthode à poste fixe (drague ancrée, plate-forme), ou par des dragues avec des systèmes d'aspiration en marche. L'extraction de sédiments marins peut avoir des impacts négatifs sur l'environnement et sur les autres activités marines. L'intensité de ces impacts dépend beaucoup du choix de la zone d'extraction, et des modalités d'exploitation. Les granulats marins sont utilisés principalement dans le bâtiment et les travaux publics, où ils remplacent les matériaux terrestres équivalents, notamment pour les usages exigeants (qualité, forme...) comme la confection des bétons hydrauliques (sables siliceux). Il n'y a dans ce domaine aucun inconvénient à utiliser des matériaux marins, pour peu qu'ils soient traités (un simple rinçage suffit le plus souvent). Depuis plusieurs années les exploitants de granulats marins ont anticipé la montée en puissance de cette voie d’approvisionnement. De nouveaux navires sabliers sont construits et livrés chaque année, et constituent maintenant une flotte de taille18 significative qui va continuer à s’accroître. Parallèlement, le volume des autorisations accordées s’accroît fortement. Ainsi en Manche, le total des autorisations est de l’ordre de 10 Mt/an qui devrait être porté à 13 Mt/an avec les instructions en cours. Considérant les besoins propres de la région de Haute-Normandie, 3 à 4 Mt/an seraient ainsi disponibles pour les besoins de la région Île-de-France d’ici 2020. L’enjeu est de déterminer dans quelle mesure ces granulats offriront une ressource supplémentaire au-delà du simple remplacement des granulats alluvionnaires terrestres actuellement fournis par la Normandie à l’Île-de-France.

� Les granulats marins de la baie de Seine (Manche) semblent pouvoir fournir dans les prochaines années le différentiel nécessaire pour permettre la réalisation des projets du Grand Paris. Il s’agit donc d’un enjeu majeur au regard du projet d’ampleur national que représente le Grand Paris. Il est à noter toutefois que la montée en charge de l’approvisionnement de l’agglomération par la Seine aval représente un changement important. Une expertise des contraintes d’acheminement par voie fluviale des granulats en provenance de l’Ouest (trafic et infrastructures portuaires) serait nécessaire dans l’objectif de mettre en place les mesures facilitant la pénétration des granulats marins sur le territoire francilien pour soutenir le Grand Paris.

3.3. Les autres ressources mobilisables

3.3.1. Les calcaires franciliens

En l’état actuel des connaissances, les gisements présentant des masses économiquement accessibles et de qualité acceptable sont les fenêtres géologiques de Château-Landon (Sud Seine-et-Marne), de Champigny (Brie centrale) et les calcaires d’Ecuelles (Sud Seine-et-Marne).

En 2008, la production de calcaires franciliens était de 2 430 000 t. Ils sont produits essentiellement à partir de deux couches géologiques, les calcaires de Château-Landon et les calcaires de Champigny. Il existe par ailleurs des exploitations limitées en volume dans le cadre des travaux de découverte de gisements de sablons à l’est de l’Essonne et au nord de la Seine-et-Marne.

Au regard de leur qualité, l’essentiel des calcaires produits en Île-de-France est destiné actuellement à l’usage de la viabilité. Toutefois, lorsque leurs qualités géotechniques le permettent (dureté et

18 9 navires sabliers sont en activités sur le littoral atlantique et en Manche. Il s’agit en moyenne de navires d’une centaine de mètres de long, capables de draguer jusqu’à 45 m de fond et de stocker 2 000 à 2 500 m3 (soit 3 000 à 3 500 t de granulats par sortie).

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résistance à l'usure), les calcaires une fois concassés représentent un substitut possible aux granulats d'alluvions. L’utilisation de calcaires franciliens pour la fabrication de béton est de l’ordre de 350 000 t en 201219.

Dans le sud du département des Yvelines, les calcaires de Beauce et d'Etampes qui recouvrent les sables de Fontainebleau, peuvent éventuellement renfermer localement des niveaux suffisamment durs pour justifier leur exploitation, comme c'est le cas dans diverses zones des départements du Loiret et de l'Eure-et-Loir.

Le potentiel des calcaires de Beauce et d’Étampes existe mais sa définition précise ainsi que la localisation des aires d'extraction les plus favorables nécessitent une prospection détaillée.

En Seine-et-Marne, dans la moitié sud du département, les calcaires de Champigny et de Château-Landon renferment des niveaux suffisamment purs et durs pour que l'on puisse envisager leur exploitation et nécessitent également des études plus poussées.

� En conclusion, il est important d’initier des études spécifiques de recherche de calcaires durs dans de vastes secteurs recouvrant les territoires du Sud de l’Essonne, des Yvelines et du Sud de la Seine-et-Marne aussi bien dans la perspective d’une production de granulats à usage routier que pour la fabrication de bétons hydrauliques.

3.3.2. Les roches éruptives

On trouve les roches éruptives dans les massifs montagneux anciens ainsi que dans les chaînes récentes (Alpes et Pyrénées). Ce type de matériaux n’est donc pas présent dans le bassin parisien qui est une dépression sédimentaire. Depuis 2000, les apports de roches éruptives vers l’Île-de-France restent stables oscillant entre 2,3 et 2,5 Mt/an, soit 17 % des apports extérieurs. Ces matériaux provenant des régions Ouest ainsi que de la Bourgogne et de l’Auvergne sont livrés pour deux tiers sur la Grande Couronne, le tiers restant alimente Paris et la Petite Couronne. Ils sont employés à 60 % dans les produits hydrocarbonés (enrobés) et à 40 % dans les autres emplois, hors bétons hydrauliques.

� A l’heure actuelle les roches éruptives acheminées vers l’Île-de-France sont réservées à l’usage de viabilité. Néanmoins, la recherche de sources d’approvisionnement en granulats éruptifs compatibles avec la fabrication de bétons hydrauliques ne doit pas être négligée, des exemples récents en Loire et en Haute-Loire confirment qu’il est possible de réaliser des bétons hydrauliques à partir de granulats éruptifs.

3.3.3 Les matériaux alternatifs :

Les matériaux issus de béton recyclé, de mâchefers ou d’agrégats d’enrobés que l’on regroupe sous l’appellation « matériaux alternatifs » offrent des possibilités de valorisation, après traitements, dans certaines applications de travaux publics récapitulées ci-après :

- Remblai technique phonique ou paysager

- Accotement non revêtu

- Piste cyclable et allée piétonne

- Piste de chantier

- Remblai ou assises de parking

- Couche de roulement (agrégats d’enrobés), couche de forme et assise de chaussée

- Remblai de tranchée

19 Source : UNICEM Île-de-France

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Les sites permettant la production de ces matériaux sont schématisés dans la carte ci-dessous :

Sources : Driee – Unicem – IAU Îdf – IGN, Route500, 2005 IAU Îdf 2010

Bien que les volumes valorisés de matériaux alternatifs pèsent significativement sur l’économie des travaux publics, il est reconnu que leur utilisation pourrait être encore élargie, certains maîtres d’ouvrage faisant preuve de réticence à l’égard de ces matériaux perçus comme étant de moindre qualité. À l’heure actuelle, la marge de progrès quant à leur utilisation n’est pas établie avec précision mais les pratiques visibles sur le terrain autorisent à croire que les matériaux alternatifs pourraient être davantage mobilisés, notamment grâce aux évolutions réglementaires récentes relatives à la déconstruction et à la sortie du statut de déchet. Cette progression, si elle se confirme, devra s’accompagner d’une amélioration des méthodes de déconstruction et de recyclage des bétons20 afin d’offrir des volumes de gisement suffisants. Comme on l’a vu plus haut, les besoins supplémentaires en matériaux liés au secteur des travaux publics pourraient être de l’ordre de 2 à 3 Mt/an.

� Il sera nécessaire de quantifier plus précisément les besoins supplémentaires en granulats liés au secteur des travaux publics afin d’estimer les capacités de production additionnelles de matériaux alternatifs et leur distribution géographique (maillage des installations).

� Les évolutions normatives et réglementaires permettront prochainement l’intégration de

20 Pour les matériaux alternatifs issus de béton recyclé la qualité, la composition et l’homogénéité du béton originel sont des critères essentiels de même que la propreté du béton concassé. En effet, dans un béton, les points de faiblesse structurelle ne sont pas tant la résistance du granulat, mais l’interface entre les granulats et la pâte de ciment. De plus, l’extraction des armatures en acier (béton armé) ainsi que la présence de chevilles chimiques, de gaines électriques plastiques, de polystyrène éventuellement noyé dans les dalles, … peuvent limiter la valorisation des bétons de déconstruction.

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matériaux recyclés dans le béton mais dans des proportions limitées en fonction de l’usage du béton. Les premières estimations évaluent à une intégration possible de granulats recyclés de 10 à 15 % dans les besoins en béton pour le logement. Toutefois, la production de tels bétons n’est possible que dans la mesure où les capacités de production sont adaptées à l’intégration de granulats alternatifs dans les formulations et si la demande existe. Une sensibilisation des maîtres d’ouvrages est nécessaire pour développer ce marché.

� A noter enfin, qu’une centrale de production de béton prêt à l’emploi permettant l’incorporation de recyclés occupe une surface plus grande qu’une centrale n’acceptant qu’un seul type de granulat. Des espaces de stockages spécifiques doivent être prévus pour les deux types de granulats ainsi qu’une adaptation du processus de production (naturels et recyclés).

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4. L’acheminement et le stockage au plus près des besoins

4.1 Des disparités territoriales

Les hypothèses suivantes de calcul21 ont été retenues :

- La répartition spatiale des 29 000 logements supplémentaires a été déterminée par soustraction entre les objectifs de construction de la TOL (territorialisation de l’offre de logement) et les logements commencés en 2008 par commune22

- La répartition des besoins pour les bâtiments de bureaux a été fixée en première approche selon les ratios suivants : 30 % pour les zones Nord et Sud-Est et 40 % pour la zone Ouest ;

- Pour les données de référence 2008, une consommation totale de granulats de 33,2 Mt (dont 16,2 Mt de granulats qualité béton), une production de béton prêt à l’emploi de 5,6 Mm3 correspondant à une production de 41 000 logements ;

- Un ratio de 1,8 t de granulat par m3 de béton ;

- Un ratio de 50 m3 de béton prêt à l’emploi (BPE) par logement et 25 m3 pour les ouvrages annexes ;

- Un ratio de 24 m² de bureau par emploi et de 0,5 m3 de BPE par m² de bureau pour 800 000 emplois supplémentaires sur 20 ans.

4.1.1. Une hétérogénéité spatiale des besoins

Suivant ces hypothèses et ces ratios, les calculs réalisés23 indiquent que pour le logement, la construction de 29 000 logements supplémentaires par rapport à 2008 génèrerait une augmentation de 38 % des besoins en béton prêt à l’emploi (BPE) par rapport à la production totale 2008, soit 2,14 Mm3 de béton supplémentaire et 3,85 Mt de granulats qualité béton à produire annuellement.

Cette croissance de la demande de BPE pour la construction de logements serait plus importante sur la petite couronne (pour 63 % de la demande supplémentaire, soit 2,41 Mt/an de granulats ou 1, 340 Mm3/an de BPE supplémentaires) et serait répartie de manière relativement homogène sur les trois départements de la petite couronne, avec toutefois une légère prédominance sur la Seine-Saint-Denis alors que Paris devrait être « peu demandeur ».

Sur la grande couronne, les besoins les plus importants sont prévus sur l’Ouest, particulièrement sur les départements des Yvelines et de l’Essonne.

Au total en intégrant les demandes pour les logements, les gares et les bureaux, il est estimé une augmentation de 54 % de la demande en béton prêt à l’emploi soit 2,6 Mm3/an de BPE et 4,7 Mt/an de granulats pour béton supplémentaires.

On peut découper l’Île-de-France en trois grands secteurs correspondant à une zone

21 Sources : UNICEM et DRIEE

22 Source : SITADEL 23

Source : UNICEM.

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d’approvisionnement : la zone Ouest (granulats provenant de la Seine aval, de Haute-Normandie et du Centre), la zone Nord (granulats provenant de Picardie, du Nord-Pas-de-Calais voire de Belgique) et la zone Sud-Est (granulats de Seine-et-Marne, de Bourgogne et de Champagne-Ardenne). On observe que pour les besoins, les zones Ouest et Nord sont prépondérantes, représentant chacune 36 % de la demande contre 28 % pour la zone Sud-Est.

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source : UNICEM 2012

� Les besoins en granulats et en béton prêt à l’emploi vont augmenter fortement sur l’ensemble de l’Île-de-France mais pas dans la même proportion sur tout le territoire. L’augmentation la plus forte devrait être en petite couronne et sur le secteur Ouest en grande couronne. On notera que c’est surtout la demande en logement qui « tire » le plus la demande en béton prêt à l’emploi (et pas les infrastructures et les ouvrages d’art).

� Les secteurs Ouest et Nord concentrent la majeure partie de la demande.

4.1.2. Une hétérogénéité spatiale des capacités de production en granulats et béton prêt à l’emploi

Les capacités de production de béton prêt à l’emploi existantes ont couvert en 2008 la production de l’ordre de 41 000 logements et seraient capables, d’après les estimations des syndicats professionnels, d’assurer la production de 1,6 Mm3 supplémentaires sur les 2,6 Mm3 nécessaires. Le déficit annuel prévisible serait ainsi de 1 Mm3/an de production de béton prêt à l’emploi, soit près de 15% des capacités maximales actuelles (7,2 Mm3/an).

Toutes les zones présenteraient un déficit de production et plus particulièrement les zones Ouest et Sud-Est. Le secteur de Paris et de la « petite couronne » représenterait 50 % du déficit total avec une situation prévisionnelle particulièrement tendue pour le département de la Seine-Saint-Denis.

Il convient en outre de rappeler que la zone de chalandise d’une centrale à béton est très réduite : de 5 à 7 km en milieu urbain et de 15 à 20 km en milieu rural. La capacité moyenne d’une centrale francilienne se situe entre 70 et 100 000 m3/an pour les installations de la petite couronne et de 40 à 50 000 m3 pour les installations de la grande couronne. Il faudrait donc de 14 à 20 centrales à béton

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L’approvisionnement du Grand Paris en matériaux / DRIEE Île-de-France – 18 décembre 2012

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supplémentaires.

� Afin d’économiser les coûts de transport et l’impact sur les réseaux routiers, il convient de favoriser l’implantation des centrales à béton à proximité des voies d’eau. En première approximation, il faudrait 2 à 4 centrales supplémentaires par département.

Le secteur de Paris et de la « petite couronne » représenterait 50 % du déficit total avec une situation prévisionnelle particulièrement tendue pour le département de la Seine-Saint-Denis.

4.2 L’acheminement des matériaux

4.2.1. Les contraintes relatives à l’acheminement des matériaux

La région Île-de-France dispose de voies fluviales (Seine, Marne, Oise) et d’infrastructures portuaires qui conviennent bien au transport de matériaux, en particulier des granulats alluvionnaires et marins dont les centres de production sont à proximité de voies d’eau (cf. carte en annexe 3 des infrastructures fluviales pour le transport des matériaux).

Cet atout est à promouvoir. En effet, si le transport des granulats par voie d’eau était en 2008 de 9,2 Mt et de 2,4 Mt par voie ferrée, la grande majorité des transports de matériaux se fait par voie routière, généralement indispensable sur les derniers kilomètres mais à réévaluer dans les autres cas.

Suivant les projections des scénarios 1 et 2 relatives aux sources d’approvisionnement, ce seraient entre 0,5 et 0,8 Mt/an de granulats supplémentaires qui devraient provenir de la zone Nord, de 1,1 à 2,35 Mt/an de la zone Ouest et de 0,5 à 1, 1 Mt/an de la zone Sud-Est, alors qu’on l’a vu plus haut les zones Nord et Ouest concentrent la majeure partie des besoins de l’ordre de 1,7 Mt chacune. Or, la traversée du cœur d’agglomération, y compris par la voie fluviale, va compliquer les éventuels transferts d’une zone d’approvisionnement à l’autre.

� L’expertise des contraintes d’acheminement par voie fluviale, notamment pour prendre en compte l’augmentation de l’approvisionnement en granulats provenant de l’Ouest (granulats marins) semble indispensable, au regard des capacités d’accueil des ports fluviaux et de leur interconnexion avec les autres modes de transports.

Pour la zone Nord, on estime que 54 % des matériaux en provenance du Nord-Pas-de-Calais sont acheminés par voie ferrée et 8 % par voie fluviale24. La demande supplémentaire, dans le cadre du scénario 1, semble pouvoir être absorbée par ces modes de transport. Cela représenterait moins d’un train par jour (300 trains par an). La mise en service du Canal Seine Nord prévue pour 2017 pourrait permettre un approvisionnement accru par la voie fluviale.

Pour la zone Ouest, deux contraintes sont à prendre en compte : la demande de plates-formes de transit de grande taille pour les granulats marins dont l’exploitation se développe, ainsi que le maintien des voies fluviales pénétrantes et de quais de déchargement et de stockage dans le cœur d’agglomération.

Pour la zone Sud-Est, les acheminements ferrés sont possibles jusqu’à Montereau-Fault-Yonne mais demandent une rupture de charge pour se rapprocher de Paris par transport fluvial. Les enjeux se porteront donc sur l’extension de plates-formes multimodales et le maintien d’une navigabilité optimale de la Seine amont.

Dans le cas où ces ressources ne pourraient être couvertes à 55 % par les capacités de productions régionales, des moyens de transport et de logistique supplémentaires sont à prévoir et induiront inévitablement une augmentation des coûts des matériaux. Ainsi, le transport fluvial Le Havre/Paris peut être estimé actuellement à entre 7 et 8 €/t alors qu’Achères/Paris représente 3 à 4 €/t. Coté amont un transport de La Bassée (secteur de la Seine en amont de la confluence avec l’Yonne) vers Paris Sud/Est représente un coût d’environ 4 à 5 €/t alors que le même trajet vers Paris aval se montera entre 5 et 6 €/t.

24 Source : Etude sur les modes de transport UNICEM Nord-Pas-de-Calais - 2006

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D’un point de vue logistique, l’augmentation des besoins au sein de l’Île-de-France pourra vraisemblablement être absorbée par les ports fluviaux en projet ou par les ports fluviaux existants qui possèdent des potentialités d’évolution significatives. La partie routière encore majoritaire sera par contre plus difficile à augmenter.

� Le développement du transport ferré reste à étudier sur l’ensemble des secteurs malgré les nombreuses contraintes qui pèsent sur le fret ferroviaire francilien (prédominance du trafic voyageurs, manque de sillons, etc.). En effet, compte tenu de l’épuisement des ressources et de leur situation souvent en concurrence avec une valeur patrimoniale environnementale, les ressources en granulats alluvionnaires vont être amenées à diminuer au profit notamment de carrières de roches massives souvent éloignées de la voie d’eau, et notamment celles présentant une qualité « béton ». Une solution ferrée permettrait de répondre à l’objectif de massification du transport des granulats à condition de disposer en Île-de-France ou à proximité de plates-formes multimodales permettant le stockage et le réacheminement des granulats vers les centres de consommation (cf. carte en annexe 3 des infrastructures ferroviaires pour le transport des matériaux).

4.2.2. Les besoins localisés de nouvelles plates-formes de transit, de production de béton prêt à l’emploi (BPE) ou de déconstruction.

L’acheminement des matériaux (granulats, ciments) vers les centrales de production de béton nécessite des plates-formes de stockage ou de transbordement souvent couplées à une unité de production de béton. Celles-ci se heurtent à la concurrence d’usage de l’espace avec d'autres projets (par exemple la reconquête des berges de Paris) et à la valeur élevée du foncier sur le cœur d’agglomération. En effet, une centrale à béton occupe à elle seule une superficie moyenne de l’ordre de 4 à 5 000 m2. En outre, l’aménagement de plates-formes de transit de matériaux peut générer des oppositions locales vis-à-vis des nuisances qu’elles sont susceptibles de provoquer (circulation de poids-lourds, bruit, envols de poussières, etc.).

Par ailleurs, pour les zones n’étant pas à proximité d’une voie d’eau aménagée, il pourrait exister des zones de fragilité dans les infrastructures (sous dimensionnement, fragilité, vétusté, etc.) permettant l’acheminement des matériaux. Le fret ferroviaire reste une solution à considérer. En tout état de cause, un transfert des besoins supplémentaires sur la partie routière notamment en région centrale n’est pas souhaitable tant pour des raisons de saturation du réseau routier existant qu’en raison de l’exemplarité que doivent constituer les aménagements du Grand Paris.

� Le développement des plates-formes de transit de matériaux et de production de béton, la recherche de synergies avec l’implantation de plate-forme de tri et de valorisation de matériaux de déconstruction ou de déblais, ainsi que leur localisation le long des voies navigables, en particulier celles permettant la pénétration dans la zone centrale, est un sujet majeur de l’approvisionnement du Grand Paris en matériaux. Le nombre, la localisation et la capacité de ces nouvelles plates-formes devraient être étudiés précisément et intégrés dans les contrats de développement territorial, ainsi que leurs interfaces possibles avec les plates-formes existantes (cf. carte en annexe 4 des plates-formes et centrales à béton existantes).

4.3. Fiabiliser le traitement des déchets issus de la déconstruction, leur valorisation et leur élimination

Comme pour l’approvisionnement en matériaux, le tri, la valorisation et l’évacuation des matériaux issus de la démolition ne peuvent désormais plus être considérés comme « allant de soi ». La question des déblais générés par les travaux du Grand Paris est à prendre en compte dès l’élaboration des cahiers des charges des projets afin d’en minimiser leur production et de favoriser la réutilisation sur place des déblais. Il est ici nécessaire de rappeler qu’une fois ces voies explorées, les déblais et

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L’approvisionnement du Grand Paris en matériaux / DRIEE Île-de-France – 18 décembre 2012

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matériaux inertes évacués constituent des déchets, leur gestion est de la responsabilité du producteur qui doit s’assurer que les filières de valorisation ou d’élimination sont réglementairement autorisées. Le tri, la valorisation et l’évacuation des matériaux et déchets issus de la déconstruction des bâtiments qui seront nécessaires dans le cadre du Grand Paris présentent des caractéristiques communes avec l’acheminement des matériaux pour la construction : volumes importants, besoins fonciers élevés (de 4 à 5 000 m² pour une plate-forme de transit) et la possibilité d’utilisation de la voie fluviale pour la massification et l’accès aux exutoires. Bien que les procédés soient différents, des synergies sont possibles : économie d’espace par le partage de linéaire de quai et choix d’implantation des plates-formes proches pour favoriser le bouclage des transports (apport de granulats et évacuation des déblais inertes vers les carrières).

Ces sujets devraient être abordés dans le PREDEC de la région Île-de-France en cours d’élaboration.

� A l’heure actuelle, il n’existe pas de diagnostic sur les enjeux de la déconstruction du Grand Paris, alors même que les territoires de projets des CDT comportent des bâtiments existants qui sont pour partie à réhabiliter ou à démolir/déconstruire. Pour ces opérations de rénovation urbaine deux éléments importants apparaissent d’ores et déjà : d’une part le tri des matériaux contenant de l’amiante représentera un enjeu important, d’autre part le nombre de bâtiments qui seront démolis/déconstruits représente un gisement potentiel significatif en matériaux recyclables ou valorisables. Pour cela il est indispensable de mettre en place un réseau d’installations de traitement permettant un maillage fin du territoire au plus près des lieux de déconstruction et des marchés de consommation.

L’évaluation du gisement et les moyens de valorisation de ces matériaux sur le territoire de l’Île-de-France seront à étudier dans le cadre du PREDEC afin de permettre la structuration d’une chaîne de valeur de la déconstruction. Cette évaluation sera le point de départ pour estimer les besoins en installations de traitement permettant un maillage fin du territoire au plus près des lieux de déconstruction et des marchés de consommation.

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5. Conclusion et suites

Les travaux du groupe de travail permettent de dégager plusieurs points-clef dont certains appellent des expertises ou des études complémentaires. Pour d’autres des actions sont d’ores et déjà en cours, il conviendra de veiller à leur bon avancement et à en valoriser les résultats.

Le diagnostic des usages actuels en matériaux pour le BTP, des tendances d’évolution des modes de construction et l’estimation de l’évolution de la demande font apparaître que :

- le bois présente un enjeu régional, même s’il est en progression son poids dans l’économie de la construction devrait rester globalement limité. Des actions sont déjà en cours au niveau national depuis plusieurs années afin d’améliorer son usage.

- la préservation de l’accès à la ressource du gypse francilien présente un enjeu national de très long terme. Sous réserve que cette accessibilité soit maintenue, les volumes de gisements devraient permettre une augmentation de la production locale pour soutenir une demande supplémentaire liée au Grand Paris.

- les argiles et sablons ne semblent pas présenter d’enjeux rédhibitoires au niveau francilien, des potentialités de nouveaux sites existent. Pour ces matériaux pondéreux peu coûteux, la question est plutôt celle de la proximité des lieux de production et des lieux d’utilisation.

- les granulats de type sables et graviers alluvionnaires ou calcaires durs sont un enjeu majeur pour l’Île-de-France qui est un gros consommateur de béton. Les projets du Grand Paris vont très significativement accroître la demande, alors même que la région est déjà dépendante des régions voisines, voire des pays voisins (Belgique…) à hauteur de 45 % de sa consommation.

Les réflexions sur la soutenabilité du Grand Paris ont conduit à identifier trois types de suites à donner : des études à lancer pour affiner le diagnostic sur des points précis, des évolutions de la réglementation ou des mesures d’accompagnement de leur mise en œuvre et enfin l’intérêt de la poursuite d’un travail partenarial sur certains territoires de projet.

Les besoins d’expertises complémentaires :

Dans plusieurs domaines, le groupe de travail a fait le diagnostic d’une insuffisance des connaissances qui appellerait la réalisation d’études spécifiques. A ce titre on peut citer :

- l’affinement des quantités nécessaires en granulats pour les projets du Grand Paris aussi bien pour la fabrication de béton que pour les autres usages, notamment au regard de l’évolution des exploitations autorisées ;

- l’analyse de la localisation, la quantification et la caractérisation des plates-formes supplémentaires de stockage et des centrales à béton (BPE) qui seraient nécessaires ;

- une expertise des projets pouvant potentiellement porter atteinte à l’accessibilité à la ressource, qui permettrait de se donner les moyens d’identifier en amont ces difficultés et d’y remédier ;

- l’expertise des contraintes d’acheminement par voie fluviale, notamment pour prendre en compte l’augmentation de l’approvisionnement en granulats provenant de l’Ouest (granulats marins), qui semble indispensable, au regard des capacités d’accueil des ports fluviaux et de leur interconnexion avec les autres modes de transports ;

- l’approfondissement de la connaissance des gisements potentiels de calcaires durs dans les secteurs du Sud de l’Essonne, des Yvelines et du Sud de la Seine-et-Marne ;

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- l’amélioration de la connaissance du bâti qui serait démoli ou restructuré en matière notable, dans le cadre des projets d’aménagement et de construction du Grand Paris et dans le but d’évaluer la nature et l’ampleur des gisements potentiels en matériaux recyclés à moyen terme. Cette amélioration de la connaissance permettra aussi de préciser les débouchés pour ces matériaux sur le territoire régional ;

- la gestion sur le moyen et le long terme de l’ « après-carrière » à l’échelle des bassins d’extraction et non plus de l’exploitation.

L’ensemble de ces études et de ces expertises, à affiner ou à initier, devra être mise en relation avec les études déjà lancées, notamment par la DIRECCTE Île-de-France. En effet, une meilleure connaissance des gisements, des flux d’acheminements ou du nombre de nouvelles plates-formes à créer doit être mise en relation avec les enjeux de ressources humaines, nécessaires à la réalisation du Grand Paris.

La prise en compte des données économiques et de ressources humaines

La diversification de l'approvisionnement pour répondre à la demande croissante ne peut se faire que dans la durée. La satisfaction des besoins s’inscrit aussi dans des filières professionnelles : le Grand Paris devra tenir compte de la montée en charge des entreprises du BTP pour répondre à la demande, en particulier en terme de compétences et d’emplois. La filière bois actuellement embryonnaire sur la région devra, par exemple, se structurer pour faire face aux besoins.

La production de 70 000 logements/an pourrait entraîner une modification significative du marché de la construction qui concernera l’ensemble des intervenants du secteur. La question de la soutenabilité du Grand Paris se pose donc aussi en termes de « capacité à construire ». Le secteur du BTP emploie actuellement 325 000 personnes sur la région Île-de-France (dont 18 000 maçons) et utilise une forte proportion d’intérimaires.

Avec 70 000 entreprises dans le secteur de la construction en Île-de-France25, la profession est très atomisée (plus d'une sur deux n’a qu’un seul employé) et le logement neuf ne représente que 20 % de son chiffre d'affaires. En outre, le carnet de commande des entreprises du BTP ne dispose que d’une visibilité à 3 mois.

En cas d’augmentation de la demande, 2 à 3 ans pourraient être nécessaires pour ajuster la demande et l’offre, de la part des entreprises de la filière BTP. Ce délai serait induit par une pénurie de ressources humaines compte tenu de la faible attractivité des métiers du BTP pour les jeunes générations (-7 % cette année et moyenne de 10 000 contrats d'apprentissage/an) et de l’érosion des effectifs des salariés de l’ordre de 2 % par an (départs naturels).

Toute progression d’activité va entraîner une embauche importante, avec un risque de goulet d’étranglement, qui se traduirait alors par un étalement des chantiers. Les évaluations des effectifs nécessaires pour le Grand Paris restent à préciser par domaines : un besoin de main d’œuvre a été estimé à 200 000 personnes en première approche ainsi qu’un accroissement de 15 % dans le secteur des TP qui pourrait être partiellement couvert par des redéploiements de personnels suite à la livraison d’autres grands chantiers à l’échelle nationale26. Afin d’anticiper les besoins en main d’œuvre, plusieurs études ont été lancées par la DIRECCTE et ses partenaires (contrats CONSTRUCTIS et OPCA). Ces études participent de l’analyse de soutenabilité du Grand Paris, notamment en ce qu’elles devraient permettre de lier les enjeux de main d’œuvre et de sa formation, avec les enjeux évoqués en terme d’accroissement des capacités de production et d’amélioration des capacités d’approvisionnement en matériaux et en produits finis.

25 Source : FFTP

26 Flamanville, LGV Bretagne, etc.

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Des évolutions réglementaires ou normatives :

Certains travaux d’évolution réglementaire ou normative en cours auront un impact sur les capacités à réaliser les projets du Grand Paris, et méritent à ce titre d’être soutenues. Il s’agit :

- de l’évolution législative consacrant le principe de l'approche régionale des approvisionnements en matériaux de carrières. On peut toutefois s’interroger sur le fait que, pour l’Île-de-France, l’échelle régionale soit même suffisante et si il ne faudrait pas élargir plus encore le périmètre de réflexion lors de la prochaine révision des schémas ou préciser les modalités de coordination des travaux à une échelle suprarégionale (bassin parisien) ;

- d’une meilleure prise en compte des schémas des carrières dans les documents d’urbanisme, par le biais d’une véritable « opposabilité » ;

- de l’impact pour les modes de construction que représenterait de plus grandes possibilités normatives en matière d’utilisation de bois et notamment de feuillus ;

- de la possibilité annoncée d’incorporation de granulats recyclés dans les bétons ;

- des économies sur les ressources qui seraient induites par une réglementation demandant la prise en compte de l’impact environnemental et énergétique des ouvrages.

Un travail partenarial à poursuivre : Enfin, le groupe de travail a souligné l’intérêt de la réflexion collective et du travail partenarial pour une plus grande synergie et une meilleure articulation des différentes composantes du Grand Paris. À ce titre, le groupe de travail a noté l’importance de :

- sensibiliser les maîtres d’ouvrages et les entreprises pour une utilisation rationnelle des matériaux (utilisation des granulats au plus juste des besoins et en adaptant le choix du matériau à l’usage afin d’éviter la « surqualité ») et pour une évolution des pratiques en matière de déconstruction et de valorisation, qui serait susceptible de représenter un gisement significatif en granulats alternatifs à long terme ; un label pourrait être envisagé à ce titre ;

- trouver des synergies sur les sites de transit des matériaux (apports et déchets) et de transformation (béton prêt à l’emploi), en particulier en bord de fleuve, en articulation éventuellement avec le projet de Grand Paris Express et/ ou les CDT ; ces synergies sont d’ordre géographique (même lieu ou lieux proches) et d’ordre temporel (phasage, montée en charge progressive, etc. ) ;

- poursuivre la promotion des moyens de transports permettant une massification (voie d’eau et fer) en particulier vis-à-vis des conflits d’usages (berges de fleuve, valeur foncière) ;

- promouvoir l’utilisation des matériaux alternatifs pour économiser les ressources (utilisation de granulats issus du recyclage dans les travaux VRD et prochainement béton).

Ces synergies peuvent être à trouver localement, au cas par cas, ou dans le cadre d’expérimentations qui pourraient donner lieu à des retours d’expériences.

Le Grand Paris est un projet qui s'inscrit dans le temps. La question de l'approvisionnement en matériaux doit s'inscrire dans cette temporalité : l'anticiper doit permettre de tirer parti d’un phasage judicieux des différents projets.

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Annexe 1 : Liste des organismes ayant participé aux travaux

CERC

CNDB – FFB bois

CSTB

DGALN/DEB

DRIEE

DRIEA

DIRECCTE

FCBA

FEDEREC

FFB

FTP

IAU

SGP

SNBPE

SNCF

SNED

SNIP

SRBTP

UNICEM

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Annexe 2 : Carte des infrastructures fluviales pour le transport des matériaux

Sources : VNF – Ports de Paris - IAU Îdf - Port autonome de Paris – IGN, Route500, 2005 IAU Îdf 2010

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Annexe 3 : Carte des infrastructures ferroviaires pour le transport des matériaux

Sources : RFF – SNCF – Port autonome de Paris – IGN, Route500, 2005 IAU Îdf 2010

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Annexe 4 : Carte des sites consommateurs de granulats (CBPE…)

Sources : VNF – IAU Îdf – Unicem – DRIEE – RFF – IGN, Route500, 2005 IAU Îdf 2010

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75194 Paris Cedex 04

Service Nature, Paysage et ressources

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Photo de couverture : CeMeX en Bassée avalDriee-iF 2010 - Philippe DreSS