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Lalala Gershwin Création 2010 Dossier pédagogique Un spectacle de José Montalvo et Dominique Hervieu Pièce chorégraphique pour 7 danseurs Contacts : Direction des productions et des tournées | Nathalie DECOUDU [email protected] / 01 53 65 31 20 Diffusion | Mélinda MUSET-CISSE [email protected] / 01 53 65 31 06 CREATION au Théâtre national de Chaillot 21 septembre – 14 Octobre 2010

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Page 1: Lalala Gershwin Dossier p dagogique · réglé, chahute les codes, les conventions, la bienséance. Il en découle une mosaïque de styles et d’interprètes, vêtus aux couleurs

Lalala Gershwin Création 2010

Dossier pédagogique

Un spectacle de José Montalvo et Dominique Hervieu Pièce chorégraphique pour 7 danseurs

Contacts : Direction des productions et des tournées | Nathalie DECOUDU [email protected] / 01 53 65 31 20 Diffusion | Mélinda MUSET-CISSE [email protected] / 01 53 65 31 06

CREATION au Théâtre national de Chaillot 21 septembre – 14 Octobre 2010

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Créé avec et interprété par 7 interprètes, en alternance :

Richard Anegbele/Ernest Bilé N’Draman, Franz Cadich e/Rotha, Clarisse Doukpe/Ibrahim Diame dit Ibougaloo, Christelle Naza rin/Karla Pollux, Priska Caillet/Mansour Abdessadok, Plock/Emeline Co lonna, Arthur

Benhamou

En tournée à partir de novembre 2010 et pendant toute la saison 2010/11 ainsi que sur la saison 2011/12. Nous restons à votre disposition pour tout renseignement complémentaire.

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Contexte historique et esthétique de la création de Lalala Gershwin par la Cie Montalvo Hervieu Depuis plus de vingt ans, José Montalvo et Dominique Hervieu portent le projet d’une danse jubilatoire et iconoclaste, aux images foisonnantes, qui dit le plaisir des corps en mouvement et l’éclat de leur mélange. Déjouant les logiques canoniques, transgressant les hiérarchies convenues des registres et des discours, leur art, quoique précisément réglé, chahute les codes, les conventions, la bienséance. Il en découle une mosaïque de styles et d’interprètes, vêtus aux couleurs du monde dans lequelnous vivons aujourd’hui. A leur actif, plus d’une vingtaine de pièces dont certaines comme Paradis, (une de leur pièce phare qui a commencé à les faire rayonner sur le plan international), font partie du répertoire de la compagnie et sont reprises en France comme à l’étranger. L’originalité de leur démarche continue d’être saluée dans le monde entier avec les pièces suivantes, qu’il s’agisse d’opéras, de pièces tout public ou jeune public. José Montalvo et Dominique Hervieu ont toujours souhaité développer des œuvres en direction du jeune public. Après Holaka Hollala et son univers dadaïste, Un Nioc de Paradis (version jeune public du spectacle Paradis), Le Corbeau et le Renard (adaptation chorégraphique de la fable de La Fontaine), La Bossa Fataka de Rameau (version jeune public de On Danƒe), ils souhaitent aujourd’hui prolonger cette démarche de suites chorégraphiques avec un nouveau spectacle jeune public qui s’inscrirait dans un tryptique consacré au compositeur Georges Gershwin. A la suite de l'opéra Porgy and Bess, mis en scène en juin 2008 à l'Opéra de Lyon, et au spectacle chorégraphique Good morning, Mr. Gershwin qui tourne en France et à l’étranger depuis 2008, Montalvo et Hervieu rendent un véritable hommage au compositeur américain qui sût admirablement écrire pour la danse. Ce nouvel opus qui clôturera le « cycle Gershwinien » des deux chorégraphes, sera à nouveau consacré au compositeur américain enthousiaste, libre et cultivé et dont l’écriture musicale, faite d’exubérances, d’inventivité et de décalages résonne joyeusement avec l’univers de José Montalvo et Dominique Hervieu.

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Hommage au compositeur « Quelle chance d’avoir vingt ans dans les années vingt à New York ! » s’enthousiasmait Ernest Hemingway, grand admirateur du compositeur. Ces années-là furent bien les années Gershwin : naissance de l’art urbain américain au rythme des incessantes mutations des villes, modernisation galopante... autant de phénomènes qui marquèrent le musicien de leur vertige et imprimèrent ses notes de leurs pulsations. Quelques éléments biographiques George Gershwin, né Jacob Gershovitz en septembre1898 et mort en juillet 1937. 1891 Les familles juives Brushkin et Gershovitz vivent à St Petersbourg et y jouissent d’une vie agréable ; elles rejoindront néanmoins la grande vague d’immigration (1881 à 1914) de juifs russes vers les Etats Unis, probablement pour fuir la montée de l’antisémitisme mais aussi dans l’espoir de s’installer dans une société moderne, en devenir, pays du mythe de la liberté et de l’absence de discrimination. 1895 Rose Brushkin et Morris Gershovitz se retrouvent à New York et se marient. Ils s’installent dans l’East Side. Ira, leur fils aîné, naît en 1896, George en 1898 ; deux autres enfants suivront et tous se passionneront de près ou de loin pour la musique. 1898 Naissance de Jacob Gershvin, dit George Gershwin. Il hérite dit-on du caractère fier, ambitieux, nerveux, égoïste, de sa mère qui s’opposera dans un premier temps à son souhait de carière de musicien. Son père plus doux, instable mais compréhensif, encouragera toujours tous les projets et le talent de George. 1904 Les Gershwin emménagent dans Harlem qui, à cette époque, n’est pas encore un ghetto noir. Les enfants passent une grande partie de la journée dans la rue. George s’y imprégne de musique : il entend des airs de jazz, blues, rags, des spirituals et se passionne très tôt pour la musique.Il se lie alors d’amitié avec un jeune prodige du violon qui l’initie à la culture et aux techniques musicales. Les Gershwin achètent un piano pour Ira mais c’est finalement George, très doué, qui étudie passionnément avec plusieurs professeurs, s’intéresse au jazz, à la musique populaire, progresse très vite et se révèle extrêmement talentueux. 1912-1918 Son professeur, Hambitzer, constate qu’il a affaire à un grand virtuose. Il pressent

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également un futur compositeur et lui donne donc à étudier les grands musiciens classiques et modernes mais aussi l’harmonie et l’instrumentalisation. Entre 1912 et 1913, Gershwin assiste aux concerts de grands orchestres symphoniques de New York et y entend des virtuoses. 1913 George compose ses premières chansons et fait une apparition publique comme pianiste ; il a tout juste 15 ans. 1914 Il quitte l’école et commence à gagner sa vie en devenant song plugger. Ambitieux et travailleur, très doué, excellent pianiste, il débute également en tant que compositeur de chansons. 1919 C’est l’année qui marque le vrai début d’une carrière florissante et de son association avec Aarons; il a alors seulement 21 ans. Auteur de chansons qui imprègnent les shows de Broadway et des comédies musicales, il a déjà conquis New York. Cette ville, en pleine mutation, l’inspire profondément : il compose une musique nerveuse, pressée, rythmée, folle, à l’image de cette cité en pleine expansion. 1928 Rencontre avec des compositeurs français tels que Ravel et Debussy dont il admirait la musique moderne classique qui influencera ses œuvres comme « Rhapsodie in blue» tout autant que la musique populaire américaine. 1934 Création de l’Opéra « Porgy and Bess » qui sera monté à Broadway en 1935 en pleine émeutes raciales alors que 50% des familles de Harlem est au chômage. 1937 Victime d’une syncope, George Gershwin meurt à 38 ans, emporté par une tumeur au cerveau.

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Quelques évènements historiques et sociopolitiques de l’époque contemporaine de Gershwin Pour comprendre les œuvres de Gershwin, il faut resituer l’homme dans son contexte : une période de bouleversements politiques, économiques, sociaux et artistiques qui marquent le début du XXème siècle. New York en est le témoin et l’acteur privilégié. Les années 20 Cette époque marque l’arrivée de la modernité triomphante : explosion économique et financière, âge d’or du capitalisme, début d’une société de consommation générée par une production de masse et la publicité. Une culture urbaine naît aux Etats Unis, les villes gagnent du terrain et deviennent des avant-postes du monde moderne. Broadway foisonne de cabarets et de théâtres, les créations de comédies musicales se multiplient. Ces années correspondent aux années folles en France. Elles font preuve d’une grande richesse dans le domaine littéraire (Hemingway, Dos Passos, Faulkner…) et aussi dans les domaines musicaux, architecturaux et picturaux. De 1902 à 1931, les grandes construction s Période marquée par la construction de gratte-ciels qui deviennent le symbole du capitalisme en réponse à une demande de bureaux de plus en plus grande. De grandes tours comme l’Empire State Building sortent de terre en 1931, c’est aussi l’arrivée du métro souterrain et des grandes gares. La ville se couvre d’infrastructures routières, voies rapides, ponts, autoroutes… Les grandes migrations des années 1915-1930 L’effondrement du marché du coton et de son exportation pendant la guerre mondiale, la mécanisation de son exploitation, réduisent le besoin de main d’œuvre non qualifiée. Les difficultés économiques et la ségrégation très forte poussent les populations noires qui vivaient principalement dans les états du Sud Est et du Centre au début du siècle à quitter ces états et à s’installer dans les grandes villes du Nord Est, où la croissance, la production manufacturière et industrielle génèrent de nouveaux emplois. Dans les villes, les noirs font de nouveau face à une discrimination féroce, la population blanche se sentant menacée. 1919 : Explosion du disque et prohibition Début de la RCA, puis NBC et CBS. Naissance et explosion du disque et du phonographe. Adoption du 18ème amendement de la Constitution instaurant la prohibition de la vente et consommation de l’alcool dans le pays. 1920 : Essor de la société de consommation et des l oisirs Essor des grandes compagnies de cinéma comme Paramount, Fox, Metro, Naissance à l’ouest de Hollywood ; à l’est c’est le théâtre qui prédomine. Production en masse de l’automobile qui participe à l’indépendance et à la mobilité de la

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jeunesse. Promulgation du 19ème amendement instaurant le droit de vote des femmes. 1921 : Discrimination Première loi des quotas limitant l’immigration. Banalisation de théories racistes et essor du Klu Klux Klan. 22 mai, « Shuffle Along » est la première revue noire montée à Broadway. 1923 : Inauguration Inauguration de l’Abyssinian Baptist Church, première église, dans Harlem. Ouverture du Cotton Club, cabaret de la 142ème avenue qui n’accepte que des clients blancs mais où jouent nombre de musiciens et chanteurs noirs. Duke Ellington s’y produira fréquemment. 1924-1925 : Mafia, Prohibition, KKK La barre des 12 millions d’immigrants débarqués à New York est atteinte. 5 millions d’Américains sont membres du Ku Klux Klan qui devient une force politique influente. Harlem devient le lieu principal où l’on peut trouver de l’alcool. Al Capone contrôle son commerce clandestin. Naissance du mouvement « Harlem Renaissance » Réalisation du 1er film en couleur. 1925 : La renaissance d’Harlem L’anthologie-manifeste : The New Negro d’Alain Locke marque la naissance officielle du mouvement le « Nègre Nouveau » qui rassemble pour la première fois des œuvres de jeunes auteurs afro-américains. Jeunes artistes et intellectuels convergèrent vers Harlem dans les années 20 qui devient le berceau de la littérature afro-américaine. Une nouvelle culture urbaine de l’Amérique noire favorise l’éveil des Arts et des Lettres. Des dramaturges et des acteurs créent un théâtre authentique, écrit par et pour les Noirs, traitant de thèmes jusque-là inédits. Shuffle Along, revue musicale, donne en quelque sorte le départ de la Renaissance dans le domaine du théâtre populaire. ON PASSE A DES ANNOTATIONS QUI NE SONT PLUS REDIGEES 1927 Sortie du 1er film parlant (chantant et musical) produit par les frères Warner, The jazz singer . Création de l’équipe de basket ball des Harlem Globe Trotters, entièremet composée de joueurs noirs. Exécution des anarchistes italiens Sacco et Vanzetti. 1928 Oscar de Priest est le premier noir élu au Congrès. Première apparition de Mickey Mouse.

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1929 : Crack boursier La bourse s’effondre, la moitié de la population active est touchée par le chômage. La dépression fait ses premières victimes, des musiciens noirs sont forcés de quitter la profession. 1930 : après le jazz, le swing et les comédies musi cales Le Jive, langage argotique des Noirs de Harlem apparaît et aboutira progressivement au rap du début des années 70. Le crack boursier met fin à l’ère du jazz qui tend à devenir américain plutôt que noir, pour laisser place au swing. C’est l’époque des comédies musicales avec Fred Astaire, Ginger Rogers et Gene Kelly. The green Pastures est la première pièce jouée entièrement par des acteurs noirs à être montée à Broadway. 1931 : Charlie Chaplin Chaplin présente Les lumières de la ville et reçoit un accueil triomphal. 1932-1934 : Le New Deal et la fin de la prohibition Le président Franklin Roosevelt développe un programme économique et social, le New Deal, qui entreprend de redresser l’économie par une politique interventionniste du pouvoir fédéral et à régler le problème du chômage. Fin de la prohibition. Walt Disney réalise son premier dessin animé en couleur, les trois petits cochons . 1935 Création de la sécurité sociale. 19 mars, émeute raciale à Harlem. « Porgy and Bess » est monté à Broadway.

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Porgy and Bess, une œuvre novatrice et engagée Musicalement, Porgy and Bess réussit une synthèse innovante entre les techniques orchestrales européennes, le jazz américain et la musique populaire. D’autre part, dans sa forme, c’est un opéra nouveau qui se dit populaire, puisque c’est un conte populaire ayant pour sujet la vie des noirs américains. Cette œuvre introduit des éléments nouveaux dans la forme traditionnelle de l’Opéra, Gershwin utilise les caractéristiques de cette culture, son sens de l’humour, du drame, ses croyances superstitieuses et sa ferveur religieuse, son instinct de la danse et son entrain débordant. Cette nouvelle forme qui allie opéra et théâtre devait pour Gershwin avoir la vocation de divertir le plus grand nombre plutôt que l’élite cultivée. C’est la raison pour laquelle il ne le proposa pas à ceux qui d’ordinaire patronnent l’opéra en Amérique. C’est en assistant à des répétitions de « Oh Kay », adaptation d’un best seller de l’époque, Porgy de Edwin Dubose Heyward que la genèse du projet est née. Le récit est riche sur le plan émotionnel, c’est une histoire humaine qui fait intervenir de nombreux personnages dont la langue bousculée des Noirs du Sud correspond bien à la forme syncopée et rapide de sa musique. La toile de fond sociale omniprésente est celle de l’Amérique des années 30, Amérique de la misère, de la drogue, de l’alcool, du jeu et de la crise dont les premières victimes sont les noirs américains. En 1934 Gershwin proposera donc à Dubose Heyward une adaptation musicale de son roman qui ne verra le jour qu’en 1935. Dans cette œuvre, Gershwin souhaite mêler, le tragique et l’anecdotique, le désuet, l’humour, le pitoyable. Il écrira ses propres « folk songs » et « spirituals » et aura besoin de la collaboration de son frère Ira au piano. Il mettra en place une série de leitmotive dès le début de l’opéra afin d’identifier ses personnages musicalement. L’entrelacement de ses thèmes servira à montrer les conflits entre les personnages. Après la première en 1935, la critique est mitigée, on se questionne sur le genre particulier de Porgy and Bess , opéra, comédie musicale, opérette ? Il lui est reproché aussi bien par la communauté noire que blanche d’avoir traité le problème noir avec superficialité et clichés. Il faudra attendre les années 80 pour l’œuvre soit reconnue comme un véritable chef d’œuvre.

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Toile de fond de Lalala Gershwin José Montalvo et Dominique Hervieu puiseront librement dans l’entertainement américain la fabrique des comédies musicales et du cinéma hollywoodien des années 30, pour offrir au jeune public un poème visuel fait de rêve et de fantaisie. En référence aux Etats-Unis du début du XXème siècle c’est toujours avec cet irrépressible goût pour la vie, un joyeux coup de boost aux émotions, qu’ils s’affranchissant des barrières entre les registres artistiques.

Quelques oeuvres emblématiques du compositeur, comme The man I love ou Strike up the band, viendront témoigner du talent syncrétique de Gershwin. En effet, sa curiosité ne s’arrêtait pas aux frontières de Manhattan, mais empruntait insatiablement à d’autres contextes culturels, dans une translation constante entre art majeur et mineur, musiques savantes et traditionnelles. Il fut le premier compositeur blanc à reconnaître le génie rythmique de la musique noire et à s’en inspirer. A cet idéal d’une musique pour la musique, les deux chorégraphes répondront par une recherche sur le pur mouvement, cette virtuosité qui traverse leur travail depuis ses débuts, et qui trouvera ici à se déployer sur le plateau, convoquant les songs de la musique de Gershwin, les chants live et le slam, les claquettes et les percussions du Shim Sham.

Car chez eux aussi se mêlent depuis des années art majeur et art mineur ; s’entrechoquaient notamment déjà dans Le Jardin Io Io Ito Ito des musiques de Vivaldi avec Prodigy, les arts du cirque ou le hip hop avec la danse classique… Ces deux registres, l’art savant et l’art populaire sans cesse co-présents dans leurs œuvres, sont à la fois antagonistes et complémentaires, et constituent une véritable marque de fabrique, à l’image de la société dans laquelle nous vivons, où la culture quotidienne est fondamentalement hétérogène. On parle alors de transversalité dans l’art, ou de pluridisciplinarité, c’est à dire la cohabitation de différents genres artistiques au sein d’une même œuvre, par un mélange soit d’époques (époque baroque avec époque contemporaine chez José Montalvo et Dominique Hervieu), soit de géographies, soit de domaines d’art (mode et peinture, architecture et design, musique ou vidéo et installation…). On parle aussi d’hybridation des domaines de création et de fusion des styles grâce aux moyens mondiaux de communication et à la mondialisation de la société. Les deux chorégraphes trouvent bien des correspondances entre l’approche du compositeur américain, qui favorisait une certaine porosité entre art majeur et art mineur, et leur conception artistique. « Il y a dans Porgy and Bess du jazz, du charleston, du classique, dans une idée de collecte, voire de collage des cultures, un métissage permanent qui se retrouve dans nos ballets. Nous sommes comme Gershwin dans ce passage du savant au populaire, des registres qui s’entraînent l’un l’autre plutôt qu’ils ne s’ignorent. C’est la grande force de Gershwin » note Dominique Hervieu.

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Ils s’appuieront également sur l'univers et la thématique principale de l'opéra Porgy and Bess: ségrégation et discrimination raciales. Cette référence à l'histoire noire américaine, aura pour source l’unique opéra de Georges Gershwin, œuvre immense du patrimoine musical mondial qui, pour la première fois dans l’histoire, mettait en scène des noirs américains dans les rôles principaux, et évoquera, au cours du spectacle, les grands moments historiques de l'émancipation des noirs jusqu'à aujourd'hui. Héritiers du geste citoyen que fit, avec cette œuvre, Georges Gershwin en 1937, Dominique Hervieu et José Montalvo articuleront, à leur façon, discours historique et esthétique, politique et poétique de l'imagination. Ils feront ainsi réentendre l'utopie positive portée par Gershwin en son temps : l'ouverture aux autres, à leurs différences, le respect d’autrui, une ode à la diversité des origines et la joie de vivre ensemble en toute harmonie, qui seule peut façonner une intelligence de la perception - une généreuse hospitalité du regard.

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Axes de travail et thématiques à aborder en classe Ce spectacle s’adresse aux enfants (à partir de 6 ans) et aux adolescents. Différentes thématiques pourront être abordées en classe pour resituer le contexte historique des œuvres gershwiniennes et ainsi comprendre dans quel état d’esprit Dominique Hervieu et José Montalvo ont abordé la pièce. Gershwin était un homme et un musicien nouveau dans un pays nouveau où il ne pouvait exprimer sa transversalité créative appartenant tout aussi bien au monde du jazz, du classique que de la variété, que dans ce pays moderne, riche et puissant, qui s’ouvrait alors à de nouveaux courants artistiques. Sa vie s’inscrit dans une période de transition, changements, bouleversements politiques, économiques, sociaux et artistiques qui marquent le début du XXème siècle. Au delà d’étudier, il s’agira à travers ses propositions de découvrir et se familiariser avec une autre époque (1900-1930) pour pouvoir faire des allers retours dans le temps, pratique très chère à la Compagnie qui a longtemps puisé son inspiration dans l’époque baroque et tous ses codes pour la confronter à la période contemporaine (cf. Les Paladins de Rameau)

- L’art urbain américain, naissance et construction des gratte-ciel, buildings, métro… - Broadway et ses comédies musicales, cabarets, dancings dans les années 1920-

1930. - Quelques thèmes musicaux de Gershwin : « The man I love », berceuse de

Summertime , Strike up the band, « I got plenty » - Grands artistes du jazz au début du XX ème siècle : Duke Ellington, Billie Holiday,

Louis Amstrong - Translation constante entre art majeur et art mineur, musiques savantes et

traditionnelles, populaires et religieuses avec naissance de formes musicales nouvelles comme le ragtime, le blues, les negro-spirituals puis le jazz.

- Mélange de l’art et du divertissement dans notre société. - Opera Porgy and Bess , et son thème principal, ségrégation et discrimination raciales - Le cinéma des années 1920-1930 : du cinéma muet au cinéma parlé, Charlie

Chaplin… - La revue danse nègre, Josephine Baker et Shuffle Along. - Harlem, de la métropole noire au ghetto. - Le métissage, fruit d’une rencontre avec l’étranger. - Le hip hop, héritage des années 1920.

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Axes de travail et thématiques à aborder en atelier artistique Des actions d’accompagnement de l’œuvre comme « l’art d’être spectateur » sont envisageables autour des pratiques de danse hip hop, africaine ou contemporaine. Lors de ces rencontres, nous proposerons aux enfants et aux adolescents, à travers la pratique de la danse, de vivre l’expérience de la diversité et du plaisir qu’elle suscite. Au cours de ces ateliers, dirigés par les interprètes de la compagnie, artistes qui auront une manière singulière de transmettre, les élèves pourront affiner leur regard sur le mouvement et recevoir des clés pour mieux découvrir et comprendre les principes de composition des deux chorégraphes. Ils se familiariseront avec l’univers de la Compagnie Montalvo-Hervieu en dansant de façon ludique. Ces ateliers peuvent être organisés en amont ou aval du spectacle. Parallèlement les enseignants pourront rencontrer les artistes au cours de stages de formation où ils pourront à leur tour pratiquer la danse toujours autour des références historiques ou esthétiques de la pièce et des valeurs qu’elle défend :

- Clin d’œil aux danses émergentes dans les années 30 aux Etats Unis comme le Shim sham, le Charleston, le Lindy hop, etc

- Diversité des identités, l’ouverture aux autres, à leurs différences - Métissage des styles de danse - La danse expression en rapport avec les deux visages du compositeur américain,

versant léger et pétillant (musiques swing, bonheur de Porgy) et versant sombre et grave (chansons de la fin de l’Opéra Porgy and Bess)

- L’art de la rencontre, avec l’autre, avec soi et avec son environnement, la relation entre dedans et dehors : soi à l'autre / soi à l'espace / intérieur-extérieur. ..

- Le corps, vecteur de communication (regard, émotions, contact, etc…) - L’esprit années 30, le swing, le rythme, l’influence de la musique… - Travail sur les contrastes - Travail sur l’amalgame, l’accumulation, le collage.

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Rencontre après le spectacle Cette création « jeune public » aura une durée d’environ 50 minutes et sera suivie d’une rencontre avec le public, véritable prolongement du spectacle au cours de laquelle les enfants et adolescents pourront aiguiser leur curiosité en posant librement leurs questions et faire part de leurs émotions, surprises, interrogations selon le principe de question/réponse, forme si chère aux deux chorégraphes. Cet échange verbal avec les artistes, en rapport à l’œuvre, est un véritable pont entre l’artiste, l’œuvre et le spectateur, trois entités interactives qui n’existeraient pas les unes sans l’autre. Ce sera là l’occasion de porter un regard actif et critique sur l’œuvre puis d’également en débattre en classe par la suite.