GALERIEODILEOUIZEMAN

Galerie Odile Ouizeman / 10/12 rue des Coutures Saint Gervais // 75003 Paris www. galerieouizeman.com / +33 1 42 71 91 89 // galerieouizeman@gmail.com

Laurent Pernot

The Hope that Still Remains 3 septembre / 29 octobre 2016Interruption 27 septembre / 7 octobre

Pour sa troisième exposition à la Galerie Odile Ouizeman, Laurent Pernot nous invite à méditer sur les formes possibles de l’espérance, en guise de manifeste dans un contexte actuel dominé par la peur et les incertitudes. A titre d’avant-propos, «The Hope That Still Remains» fait écho à une citation célèbre du Journal d’Anne Frank, parole lumineuse jaillie du ventre sombre de l’Histoire: «I don’t think of all the misery but of the beauty that still remains». Conçue comme un vaste paysage au temps suspendu, l’exposition est composée d’oeuvres récentes et inédites qui témoignent d‘un attache-ment continuel à des médiums variés et mêlés de correspondances poétiques. On retrouve des thèmes chers à l’artiste qui sont l’immanence, l’éphémère, la Nature. Au coeur de son projet, l’exposition s’articule autour d’un concept psychanalytique qui prend ici tout son sens au regard des oeuvres présentées: la Sublimation. A l’origine, formulée par Freud dès 1905 dans ses «Trois essais sur la théorie sexuelle», la notion de Sublimation correspond à la conversion de pulsions sexuelles en des expressions qui lui sont étrangères, par exemple les oeuvres de l‘art et de l’esprit. Sans parvenir à édifier une théorie complète, Freud adjoindra aux forces de la libido les pulsions de destruction et de mort. Dans cette perspective, d‘innom-brables chefs d‘oeuvre historiques illustrent ce concept, on pense à des artistes exemplaires comme Bosch, Caravage, Géricault, Picasso et Rodin, parmi les plus célèbres. Dans une société en proie à la confusion, face à l’évolution des extrémismes et des horreurs qu’on pensait relégués aux manuels d‘histoires, et devant les bouleversements que présagent les ciels et les eaux de notre planète, il apparaît nécessaire de ne pas céder à l’effroi mais « de faire face au chaos de nos envies et de nos tourments en leur donnant un ordre symbolique : La sublimation ne nie pas la réalité (…) mais elle passe outre »1.

« Admirer, c’est s’accroître »2 ; voilà comment l’artiste pourrait résumer une démarche toujours influencée par de nombreux philosophes, en particulier ici Lucrèce et son recueil de poèmes intitulé «De Rerum Natura» 2. Selon lui, la connaissance des principes de la Matière et des mé-canismes de l’Univers est une condition nécessaire à la dissipation des terreurs et des croyances des hommes. Admirateur d’Epicure, à une époque marquée par des massacres ethniques et civils, et condamnant les méfaits des religions, des luttes de pouvoirs et de l’argent, la puis-sance poétique de Lucrèce réside dans sa façon d’exposer son amour de la nature et de la vie. Explorant le potentiel entropique du tragique, au sens de Nietzsche, et renouant avec la nature et le sublime, «The Hope That Still Remains» propose de ralentir le temps ; l’exposition rassemble des objets figés dans le vent et la glace, des ciels surgissant de sang humain, des horizons aux rives de la nuit, une plante sauvage qui renaît de cendres de livres…

«Nul homme n’est maître du vent, chacun tient sa voile comme il peut.» Laurent Pernot

1 «La fin du sublime ?», Par Anne Dufourmantelle, article du 9 juin 2016, Libération2 La Nature des choses

Desperately calling aliensEncre sur toile, 201646 x 38 cm

EVEN BLACK TURN COLOURS, 2016Série d’encres sur toiles, dimensions variables

Présentées pour la première fois, ces toiles d’encres colorées sont inspirées des couleurs du spectre solaire qu’on peut observer aux interstices du jour et de la nuit, comme vues d’avion. Il n’y a rien de plus répétitif et banal qu’un coucher ou un lever de soleil. Et pourtant. Au-delà de l’admiration, nous savons aujourd’hui que sans la présence de notre atmosphère au-dessus de la terre, le ciel nous apparaitrait tel qu’il est réellement, c’est-à-dire noir, ce noir qu’occupe la quasi-totalité du cosmos ; la lumière est une denrée rare, elle tend même à disparaître totalement de l’univers en raison de son expansion. Puis, en bas de chaque toile, telles des pensées surgies de la lumière comme chez Platon, tels des fragments d’haïkus ou encore des sous-titres de livres ou de films, j’ai inscrit des textes qui proviennent de notes destinés à devenir un jour peut-être des titres d’œuvres ou d’expositions : il y a des références personnelles à Jeff Buckley, à une chanson de The Smiths, à Beckett, à un célèbre hymne religieux, à John Giorno, etc. Rappelant les écrans mentaux de Fabio Mauri, où les mots constituent ici des lignes d’horizon, cette série appelle à solliciter des thèmes universels qui constituent ma démarche et plus largement l’imaginaire des arts, des sciences et de l’histoire : l’amour, le corps, le sacré, l’absurde, la perception, le beau, l’inconnu, le rêve, le temps, la mort…

Oh please please please Encre sur toile, 201673,5 x 50 cm

Even Black turn ColoursEncres sur toile, 2016Vue d’exposition The Hope that Still Remains, Galerie Odile Ouizeman, Paris

Le ciel sous la peauSang de l’artiste et cendres sur toile, 201622 x 27 cm chaque toile

Vue d’exposition The Hope that Still Remains, Galerie Odile Ouizeman, Paris

LE CIEL SOUS LA PEAU, 2016Sang de l’artiste et cendres sur toile, série, dimensions 22 x 27cm chacune

Le mélange du sang (substance vitale chez de nombreux êtres vivants) et de la cendre (résidus morts de livres personnels) m’a permis d’obtenir un fond qui s’apparente à de la terre. Cette terre, nécessaire à toute vie terrestre, est le résultat de l’accumulation de ma-tières organiques mortes. Elle est donc à la fois support et produit du vivant. Sur ce fond, j’ai dessiné des ciels et des éclairs. De tout temps, les nuages comme la foudre ont été le sujet d’une fascination universelle chez les poètes, les mystiques, les scientifiques et les philosophes. Entre espace et terre, imprévisibles et puissants, ils symbolisent la nature impermanente, énigmatique et complexe du monde. Ainsi, Le Ciel sous la peau invite à méditer sur les liens qui unissent le corps – la terre – le ciel.

Retour sauvagePlante suspendue, matériaux divers et cendres de livres brûlés, 2016250 x 500 x 280 cm env.

Vue d’exposition The Hope that Still Remains, Galerie Odile Ouizeman, Paris

RETOUR SAUVAGE, 2016Sculpture suspendue, cendres de livres, structure en matériaux divers, dimensions environ 2,50m x 5m x 2,80m

En accueillant le visiteur à l’entrée de l’exposition, cette sculpture est installée en suspension, sous laquelle on passe. Les cendres de livres qui la composent, qui proviennent originellement du bois de forêts, reprennent ici la forme d’une plante dressée sur ses racines. Inspirée des temples d’Angkor avec ses arbres géants qui surgissent des ruines, Retour Sauvage rend visible des mécanismes en œuvre à la fois dans le cosmos, dans la nature et chez l’homme : l’éternel retour, le devenir, la porosité de l’être et du non-être.

After RainCadres miniatures, photographies sur papier baryté, 20169 x 25 cm (ensemble)Ed. 250, numérotés et signés

AFTER RAIN, 2016Cadres miniatures, photographies sur papier baryté, dimension de l’ensemble 25 x 9cm

After Rain est composé de fragments d’un arc-en-ciel à recomposer mentalement. Sou-vent visibles à la fin d’un orage, lorsque les rayons de soleil chassent les dernières pluies, les arcs-en-ciel sont des phénomènes célestes qui ont toujours suscité l’admiration. Cette attraction est notamment liée au fait que la perception de ces derniers varie en fonction du point de vue de l’observateur. Ainsi, les arcs-en-ciel n’ont d’existences que subjectives, telles que les œuvres de l’art et de l’esprit.

Fenêtre au ventSculpture murale, bois, résine, peinture, matériaux divers, 2013120 x130 x 30 cmVue d’exposition The Hope that Still Remains, Galerie Odile Ouizeman, Paris

FENETRE AU VENT, 2013Sculpture murale, bois, résine, peinture, matériaux divers, dimensions 120 x 130 x 30 cm

Les voiles de la fenêtre qui composent cette sculpture ont été figés par un processus chimique, afin de fixer littéralement l’action du vent. Dans la continuité de travaux photo-graphiques antérieurs, j’ai souhaité, par l’usage d’une forme simple et répandue dans mon parcours et à travers l’histoire de l’art, matérialiser une force fantôme qui régit la vie, les surfaces du globe, et anime l’imaginaire des hommes depuis l’Antiquité : l’air. Fenêtre au vent ouvre une brèche mentale dans le mur de la galerie, entre intérieur et extérieur, dans un temps suspendu propice à la méditation.

ETOILES MORTES, 2016Installation au sol, feuilles mortes, dimensions variables

A proximité de Fenêtre au vent, des centaines d’étoiles découpées dans des feuilles d’arbre sont dispersées au sol et dans les angles des murs. De façon cyclique, chaque année à l’approche de l’hiver, les feuilles mortes tombent et s’accumulent aux pieds des arbres afin de perpétuer la fertilité et la biodiversité des sols. Les étoiles qui com-posent les galaxies de l’univers meurent aussi, et permettent ainsi à d’autres généra-tions d’étoiles de naître et produire les atomes qui nous constituent. La mort, à toutes les échelles, est source de vie.

NATURES MORTES, 2015-2016

J’ai choisi de présenter ici les dernières et ultimes pièces issues d’une série initiée en 2012, composée d’une variété d’objets figés dans la glace, anéantis. Faisant l’éloge de la nature et questionnant notre précarité, les natures mortes sont des allégories du temps, de la mémoire, de la mort et de la survivance. L’Arbuste (2016) perpétue ce phénomène naturel éphémère qui caractérise le point de rosée, où, au petit matin, la vapeur d’eau contenue dans l’air se matérialise dans la nature. Ici, symbole utilisé depuis des siècles pour représenter l’univers, une toile d’araignée apparait cou-verte de gouttelettes, à la fois menaçante, fragile et majestueuse.Produit à l’occasion de l’exposition personnelle «A Fraction of infinity» au MMOMA de Moscou en 2015, un Vélo (2015) d’origine soviétique est couvert de neige, gelé dans le temps, inerte. Avec la présence d’un bouquet de fleurs abandonnées sur le porte-bagage, le vélo mani-feste l’existence d’une tragédie ou d’un récit passés dont l’origine demeure un mystère, propice à de multiples interprétations historiques, fictionnelles ou métaphysiques. Enfin, emblèmes politiques et symboliques de rébellions et de destructions au cours de l’histoire, associés aujourd’hui à certains mouve-ments islamistes extrémistes, le Drapeau et la Mitraillette (2016) ont été spécialement produits pour l’exposition. Anéantis, figés dans un mouvement, ces deux éléments redeviennent de simples objets soumis à une force naturelle qui les dépasse et les unit.

Vue d’exposition The Hope that Still Remains, Galerie Odile Ouizeman, Paris

Arbuste (détails)Arbuste, fils de soie, résines, neige et givre artificiels, vernis, 2016210 x 125 x 125 cm

VéloVélo soviétique, fleurs séchées, résines, neige et givre artificiels, vernis, 2016

107,5 x 185,5 x 24 cm

Vue d’exposition The Hope that Still Remains, Galerie Odile Ouizeman, Paris

Galerie Odile Ouizeman

10/12 rue des Coutures Saint-Gervais75003 – Paris

Tel: +33 1 42 71 91 89 + 33 6 24 61 10 57

Métro: Filles du Calvaire, Saint Sebastien Froissard et Saint Paul

Du Mardi au Vendredi 14h / 19h et sur Rendez-vousLe Samedi 11h / 19h

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