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L’HOMME QUI DIRIGEAIT L’AFRIQUE FOCCART, L’HOMME LE PLUS MYSTERIEUX ET LE PLUS PUISSANT DE LA V e REPUBLIQUE DOCUMENTAIRE DE CEDRIC TOURBE CONSEILLER HISTORIQUE - PIERRE PEAN DUREE - 90’ ECRIT PAR CEDRIC TOURBE ET LAURENT DUCASTEL

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L’HOMME QUI DIRIGEAITL’AFRIQUEFOCCART, L’HOMME LE PLUS MYSTERIEUX ET LE PLUS PUISSANT DE LA Ve REPUBLIQUE

DOCUMENTAIRE DE CEDRIC TOURBECONSEILLER HISTORIQUE - PIERRE PEANDUREE - 90’ECRIT PAR CEDRIC TOURBE ET LAURENT DUCASTEL

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«N’EN PARLEZ A PERSONNE, MEME PAS A FOCCART»

DE GAULLE

HOMMES D’AffAIRES, PARACHUTISTE, AGENT SE-CRET, DIPLOMATE, AvENTURIER: j’AI EU TANT DE vIES QUE jE SUIS AUSSI TROUBLE QU’UNE MARE D’AfRIQUE EQUATORIALE. j’AI éTé L’HOMME LE PLUS PUISSANT D’AfRIQUE. j’AI NOMMé LES PRéSIDENTS. jE LES AI PROTé-GéS. jE LES AI DESTITUéS. j’AI DéCIDé DE QUI POUvAIT vIvRE, QUI DEvAIT MOURIR. j’AI DéCIDé DE QUI S’ENRICHISSAIT. j’AI TISSé UN RéSEAU DE RENSEIGNEMENT SI vASTE QUE j’AI NARGUé à LA fOIS LE KGB, LA CIA ET LE MI-5. j’AI PARfOIS

PERDU, SOUvENT GAGNé. AU SERvICE DE LA fRANCE, j’AI vENDU DES ARMES à L’AfRIQUE DU SUD DE L’APARTHEID, j’AI EMPLOyé DES ARMéES PRIvéES AU BIAfRA, AU CONGO, ET AILLEURS. j’AI jALOUSEMENT PROTéGé L’AfRIQUE DE L’OUEST ET L’AfRIQUE EQUATORIALE DE TOUTE INfLUEN-CE éTRANGèRE. EN AfRIQUE, TOUT LE MONDE ME CRAI-GNAIT, ET jE NE RENDAIS DE COMPTES à PERSONNE. MON NOM SENT ENCORE LE SOUffRE CHEz LES INITIéS.

jE M’APPELAIS jACQUES fOCCART.

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NOTE D’INTENTION

DECOR

SEQUENCIER

NOTE ARTISTIQUE

TEMOINS-CLES

BIOGRAPHIE DES AUTEURS

L’ANGLE : FOCCART L’AFRICAIN

SOURCES PRINCIPALES

ARCHIVES FILMéES INA

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SOMMAIRE

La mauvaise réputation de Jacques Foccart (1913-1997) est établie. Il est celui qui tire les ficelles, le manipulateur d’un réseau

mystérieux et protéiforme, le fomentateur de coups d’Etat. Il a fait de l’Afrique Subsaharienne son domaine réservé, et, sous le contrôle dis-tant de deux présidents de la République, il en était le seul maître à bord. Tout cela est incon-testable.

Quel regard peut-on poser sur un tel person-nage ?

On pourrait tout à loisir tirer à bout portant sur les complots, les dictateurs corrompus, bref, le «mal» que Foccart a ordonné. Cette approche est évidemment stérile : ce qui est «mal», com-me ce qui est «bien», n’appelle aucune compré-hension. Le pamphlet, à charge ou à décharge, n’a jamais éclairé personne.

On pourrait opposer les gaullistes (Foccart) aux anti-gaullistes, ou bien encore la droite forcé-ment néocolonialiste à la gauche inévitable-ment humaniste. La rancune contre Foccart est toujours vivace au sein d’une partie de la droite. Quant à la gauche, Foccart n’était rien moins que sa bête noire. Mais cette grille de lecture est erronée : elle néglige la continuité de la po-

litique française à l’égard de l’Afrique, qui n’a pas varié d’un iota de 1958 à 1993, que Foccart ait été ou non aux commandes.

On peut, enfin, et c’est ma vision, mettre en scène Foccart dans son environnement histori-que et le montrer tel qu’il est : un produit de son époque, une époque pas si éloignée où la France s’accrochait bec et ongles à l’Afrique.

La politique Franco-africaine, la protection ja-louse du « pré carré », la fusion charnelle des élites blanches et noires, la francophonie, mais aussi la coopération économique et éducative (qui se souvient qu’il y avait 250 000 coopérants français en Afrique dans les années 1980 ?) n’avaient qu’une seule finalité : permettre à la France de conserver son rang de grande puis-sance. La politique décidée par De Gaulle, mise en œuvre par Foccart, poursuivie par Pompidou, Giscard, et Mitterrand, affiche clairement une volonté de puissance et de fierté nationale.

L’action de Foccart ? Elle est intégralement au service de cette politique. Une politique impé-rialiste assumée, exigeant par des méthodes généralement amicales, mais brutales si né-cessaire, une fidélité sans faille des dirigeants africains. Une politique d’opposition frontale

aux Etats-Unis et à l’Union Soviétique. Une po-litique, enfin, qui imposait une voie française de développement : zone franc, accords militaires, coopération civile.

Ce temps est révolu et appartient aujourd’hui à l’Histoire. Foccart est mort. Il n’a eu ni enfant, ni successeur. Son « réseau », il le tissait in-lassablement à coup de relations personnelles. C’était un artisan et un homme seul. Le systè-me, c’était lui-même et il ne pouvait lui survivre. Sans tête, les « réseaux » Foccart se sont mor-celés, puis ont disparu.

La France a changé et regarde vers l’Europe. L’Afrique a changé aussi et, pour son malheur, ses élites périssent en mer par centaines. Les reconduites à la frontière tiennent désormais lieu de politique africaine, et la «Françafrique», vocable fourre-tout et au moralisme suspect n’existe plus. Les maigres reliquats au Gabon, au Sénégal, au Cameroun, sont partagés en-tre Bolloré, Bouygues, Alcatel, et Total mais le cœur, si je puis dire, n’y est plus, et seuls comp-tent les chiffres. Ces multinationales ne sont là que parce que l’Afrique est un continent pauvre où l’on gagne paradoxalement de l’argent. Elles partent dès que les taux de profit sont jugés in-suffisants.

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NOTE D’INTENTION

A l’inverse, et ce n’est pas un hasard, Foccart appartenait par ses origines puis ses propres activités à ce patronat colonial au comportement certes discutable, mais qui a aimé l’Afrique.

Au travers de la vie de Foccart, retracée par des témoins directs uniquement et par des images d’archive, ce film dépeindra une histoire d’hom-mes dont l’action a marqué l’Afrique pour le meilleur et pour le pire, mais dont on peut dire qu’ils ont tous été sentimentalement attachés à ce continent. Il va mettre en lumière des aspects méconnus de notre Histoire, et, porté par une voix-off très écrite, une mise en scène relevée et palpitante, rendre le parfum d’une époque. Des aspects sombres, mystérieux, insolites, tous passionnants, seront évoqués. Le synopsis documenté et précis qui suit vous en donnera un avant-goût.

Ni ange, ni démon, Jacques Foccart est un hom-me de son siècle entouré de pénombres et de mystères. Ce film lève, sans concession, une partie du voile.

Il va sans dire que l’apport de Pierre Péan en tant que conseiller historique est primordial. Unique biographe de Foccart et très fin connais-seur de la politique africaine et de ses hommes, «l’homme de l’ombre» est véritablement «son» homme

Cédric Tourbe

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NOTE D’INTENTION

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DECOR

IMAGES D’ARCHIVE & VOIX-OFF

Paris. 15 août 1963. La France est en vacan-ces.Mais, alors que les vacanciers insouciants se prélassent dans la chaleur estivale, on s’agite frénétiquement dans les couloirs presque vi-des de l’Elysée. L’affaire est grave : au Congo-Brazzaville, un coup d’Etat est en cours. Déjà six mois plus tôt, la France est restée mysté-rieusement silencieuse après l’assassinat du leader togolais, Sylvanius Olympio. Les chefs d’Etat du «pré carré» africain s’inquiètent! A quoi servent les accords secrets de protec-tion si Paris ne lève pas le petit doigt lorsque leur pouvoir est menacé ?

Témoin-cléAlain

Planteyancien ambassadeur, adjoint de Foccart (1961-1967)

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SéQUENCIERPRE-GENERIQUE : CA BARDE A BRAZZA !

TEMOIGNAGEL’ambassadeur de France au Congo est en vacances. Le général de Gaulle, dérangé dans sa villégiature de Co-lombey, est hors de lui et par dessus tout très indécis. Joint par téléphone, l’ambassadeur de France estime qu’une intervention armée de la France ferait de nom-breuses victimes, tant la population congolaise semble soutenir les insurgés, fatiguée et outrée des frasques du président-abbé Youlou.

Il faut dire que l’abbé Youlou est un sacré personnage. Il porte des soutanes de chez Dior et pour un ecclésias-tique ses mœurs sont particulièrement débridées. Et surtout, la corruption qui règne dans son entourage a excédé la rue congolaise. Mais Youlou est un ami de la France, et de plus c’est un gaulliste fervent. Si fervent, qu’au moment de l’indépendance, il a proposé d’adopter le drapeau français et la Marseillaise ! Et puis le Congo-Brazzaville, c’est un symbole. En 1944, Brazzaville était la capitale officielle de la France Libre.

«Combien de morts risque-t-on ?» demande De Gaulle à l’ambassadeur«Peut-être trois mille» se hasarde ce dernier

TEMOIGNAGE (suite)

De Gaulle fulmine. Si l’armée française in-tervient et que ça tourne au bain de sang, on risque la Une de « Paris-Match » ! Mais d’un autre côté, lâcher Youlou enverrait un signal très négatif en Afrique. Youlou, effrayé, ap-pelle directement De Gaulle. Pour le tran-quilliser, le président français l’assure du soutien des troupes françaises stationnées sur place. Le général français Kergaravat déploie ses hommes autour du palais pré-sidentiel de Brazzaville et dispose ses chars aux points stratégiques.

VOIX-OFF

Tout est prêt, mais quels sont les ordres ?

vOIX-Off(SOLEIL COUCHANT SUR L’OCEAN, PUIS PALAIS DE L’ELySEE, PUIS PLUSIEURS PHOTOS DE fOCCART)

… Il n’y a pas d’ordres…

Non. Il n’y a pas d’ordres parce qu’un petit homme est parti pêcher tranquillement en Méditerranée et qu’il n’est pas joignable !

Le coup d’Etat est rapidement plié. Les insurgés entrent dans le palais présidentiel. youlou est déposé et promis à une exécution rapide. Les soldats français n’ont pas bougé, De Gaulle, comme paralysé, est demeuré dans son indécision.

Le lendemain, le petit homme rentre précipitamment à Paris. Depuis son bureau de l’Elysée, il s’occupe du cas de l’ambassadeur incompétent, contacte les insurgés Congolais et obtient un sursis pour l’abbé youlou. Il passe quelques minutes au téléphone avec un mystérieux « Monsieur jean » qui lui propose un plan pour exfiltrer youlou… Mais chut ! Personne ne doit être mis au courant et il n’en parlera au Général que si l’action réussit. Une fois la situation sous contrôle, il s’entretient avec De Gaulle. «Il aurait suffit de tirer en l’air mon général. je vous assure qu’il n’y aurait probablement pas eu de morts.» «je ne pouvais pas le savoir ! vous n’étiez pas là !» rétorque De Gaulle, furieux.

Le petit homme s’appelle jacques foccart.

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SéQUENCIER

GENERIQUE

IMAGES D’ARCHIvE MITRAILLETTE UzI AU POING, SIX HOMMES COU-RENT. ILS SE METTENT EN POSITION RéGULIèRE DE TIR, LES GENOUX LéGè-REMENT fLéCHIS, LE POI-GNET fERME MAIS DéTEN-DU, POUR TIRER jUSTE.vACARME. LES CIBLES - EN CARTON - SE CRIBLENT D’ IMPACTS.QUELQUES STAGIAIRES AfRICAINS S’ESSAIENT AU COLT 45. ILS NE SONT PAS MAUvAIS.

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vOIX Off L’Afrique, sa compétence personnelle, son jardin privé...

vOIX OffMelun, championnat de tir de la sécurité nationale, 24 octobre 1963. A côté du ministre de l’Intérieur, Roger frey, venu admirer ses troupes, est assis foccart. Ce n’est pas la star. Le cadreur de l’ORTf n’en fait pas son per-sonnage principal. Etonnante image du pouvoir: tout converge vers le mi-nistre alors que la réalité du pouvoir se trouve, discrètement, juste à côté de lui. foccart a 50 ans. Il est Secrétaire général aux Affaires Africaines et Malgaches, une fonction somme toute modeste. Mais il règne sur une centaine de collaborateurs et ne répond de son action que devant un seul homme : le président.

IMAGES D’ARCHIvEIMAGES BUCCOLIQUES D’AfRIQUE. PUIS, LE BRUIT D’UN HELICOPTèRE MONTE jUSQU’à PRENDRE TOUT L’ESPACE SONORE. IL SURvOLE DES éLé-PHANTS. LES PACHIDER-MES, EffRAyéS, vONT SE CACHER DANS LA fORêT.

Car c’est foccart qui a l’oreille du Grand Patron. Il s’entretient avec De Gaulle tous les jours, aux environ de 17 heures selon un rituel immuable. Tout y passe : affaires intérieures, sécurité, élections… Il partage le pouvoir avec d’autres sur les affaires françai-ses. Mais il a son domaine réservé, où il est le seul à conseiller et influencer De Gaulle : l’Afrique.

SéQUENCIER

vOIX OffMais que fait-il exactement ? Tout ! Concernant l’Afrique, foccart sait tout, foccart voit tout, foccart organise tout !C’est foccart qui s’occupe du courrier pour De Gaulle (qu’il peut retenir ou retarder), de tous les voyages, de toutes les réceptions, des déjeuners, des audiences (qu’il peut accorder ou refuser), des décorations des chefs d’Etat africains, des grandes et des petites attentions (avions du GLAM, cadeaux, etc…), des ambassadeurs français en Afrique, des services secrets extérieurs.

Il travaille la semaine, et le week-end, il reçoit à son domicile de Luzarches

vOIX OffOuvrons, presque au hasard, son « Journal de l’Elysée » :« Samedi 23 septembre 1967. Luzarches. Bokassa est venu déjeuner. Il avait été entendu qu’il serait seul avec sa femme. Il est bien arrivé seul avec elle, mais accompagné d’une suite absolument extravagante. Il m’appelle « Jacques » et il appelle le Général « le pater ». Au fond, on sent le type un peu primaire, mais très décidé et ayant de la personnalité. Après le déjeuner, nous avons eu une heure de conversation dans mon bureau, ce bureau où tous les chefs africains sont venus, à tour de rôle, pour des entretiens serrés et sérieux. »

Paragraphe suivant du Journal :« Dimanche 24 septembre 1967. Luzarches. Cette fois, ce sont Houphouët et sa femme qui sont venus déjeuner. Houphouët très détendu, très gentil, très gai. Après le déjeuner, nous avons passé une heure à faire les cent pas sous les arbres pour parler de tous ces problèmes forts importants qui conditionnent l’avenir de toute l’Afrique. »

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SéQUENCIERIMAGES D’ARCHIvE 12 NOvEMBRE 1968. PALAIS DE L’ELySéE. OMAR BONGO, jEUNE PRéSIDENT DU GABON SORT D’UNE ENTREvUE AvEC DE GAULLE. IL EST ACCOMPAGNé DE SON éPOUSE ET ESCORTé PAR fOCCART. CE DER-NIER S’EffACE ALORS QUE LES jOURNALISTES SE RUENT SUR BONGO. LE PRéSIDENT GABONAIS DéMENT TOUTE IMPLICATION DE SON PAyS DANS LES LIvRAISONS D’ARMES fRANçAISES AU BIA-fRA...

IMAGES LUzARCHES AUjOURD’HUI.

Témoin-clé Guy Le Bellec

Témoin-clé Maurice Delauney

Guy Le BellecHaut FonctionnaireChargé de mission pour Foccart

Ancien ambassadeur en AfriqueTrès proche de J. Foccart

vOIX OffBokassa, félix Houphouët-Boigny, Omar Bongo, Mobutu, … Et tant d’autres. Tous les autres. Tout ce que l’Afrique compte de chefs d’Etat s’est des années durant pressé dans la belle maison de Luzarches, pour se délasser et pour parler de l’avenir.

foccart se rend fréquemment en Afrique pour des visites privées et de courtoisie. Là, sous la quiétude nocturne des tropiques, il pa-labre sans cesse, s’informant de tous les bruits de l’Afrique : influences étrangères, opposants, rumeurs de coup d’Etat, problèmes de santé, humeurs des uns et des autres, questions privées, voire intimes. Chacun sait que parler à foccart, c’est parler à De Gaulle. Il est l’homme qui peut tout arranger, l’homme par qui le pouvoir - et sa conservation - passe. En Afrique, foccart c’est la france. Et la france, c’est le patron. foccart dispose d’un réseau de renseignement incroyablement performant et unique en son genre, une toile relationnelle dont il est le centre et qu’il tisse sans cesse. Il s’informe en permanence par tous les canaux à sa disposition : ses amis africains, les ambassades, le SDECE, l’armée, les conseillers techniques, les hommes d’affaires de passage. Comment une telle concentration de pouvoir a-t-elle été possible ?

SéQUENCIERTEMOIGNAGE INTERvIEwS D’INTIMES DE LUzARCHES. DESCRIPTION DE L’IN-TIMITé DE fOCCART. COMMENT SE COMPORTAIT-IL ? ANECDO-TES ET SOUvENIRS MARQUANTS. DESCRIPTION DE L’INCROyA-BLE CENTRAL TéLéPHONIQUE PRIvé DE LUzARCHES, DIGNE DES MEILLEURS fILMS D’ESPIONNAGE.

IMAGES LUzARCHES AUjOURD’HUI.

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vOIX OffNous sommes le 16 mai 1933, non pas au Gabon, mais en Mayenne. jacques foccart a 20 ans. Ancien élève et pensionnaire au collè-ge Immaculée-Conception de Laval, il assiste fidèlement à la fête de son ancien établissement. Dans la salle de classe transformée en salle de cinéma, le père blanc Herriau projette un film sur l’Afrique Equatoriale française. A quoi pense le jeune homme ?

Ce film lui rappelle-t-il les premières années de sa vie ? Car il est le fils de riches planteurs de la Guadeloupe originaires de Mayen-ne. Il passera ses six premières années à gambader librement sur l’île, puis sera rendu à la Mayenne pour recevoir une éducation jugée digne de ce nom par son père, c’est-à-dire catholique, rigide et réactionnaire. jacques foccart, qui pourtant organisera la décolonisation de l’Afrique était l’un des plus fidèles représentants du parti colonialiste traditionnel, et restera toute sa vie fidèle à ses convictions.

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SéQUENCIERIMAGES IMAGES SAUTILLANTES DE L’AfRIQUE DES ANNéES 1930.PUIS LE COLLèGE IMMACULéE CONCEPTION à LAvAL, DE NOS jOURS.

FOCCART APPARTIENT à UNE FAMILLE POLITIQUE POUR LAQUELLE L’ORDRE ET LE RESPECT DES TRADITIONS EST PRIMORDIAL. FOCCART EST VISCéRALEMENT ANTI-COM-MUNISTE ET PASSERA SA VIE à COMBATTRE ET TENTER D’éLIMINER TOUT CE QUE SON PRé CARRé AFRICAIN COMP-TE DE RéVOLUTIONNAIRES.

Témoin-clé : Béchir Ben Yahmed

TEMOIGNAGEfoccart est resté très discret sur sa jeunesse comme sur le reste de sa vie d’ailleurs. Son silence entretient évidemment son mystère et donc sa légende. La période d’avant-guerre – pourtant essentielle pour comprendre l’homme – est tellement occultée qu’il n’y en a pas de traces tangibles. Reste ces quelques mots, prononcés à la fin de sa vie devant le journaliste Philippe Gaillard. Laissons le parler : « (après mon service militaire), je suis entré dans une affaire d’exportation vers les Antilles, qui appartenait à une relation de ma famille, jacques Borel, 9, rue fortuny à Paris. C’est ainsi que je suis devenu importateur-exportateur, ce qui est toujours resté ma profession. »

« …Ce qui est toujours resté ma profession. ». Ce point est essentiel. Est-ce parce que foccart se voyait comme un négociant professionnel en premier lieu, ou bien est-ce une façon de couper court à toute contradiction, histoire de dire : « oui, je fais des affaires, et alors ? ». On sait qu’il créera à Paris et sous son nom propre sa société d’import-export, le 16 mai 1944. A ce moment, fait étrange, Paris n’est pas encore libéré. La société prendra le nom de Safiex, en octobre 1945.

S’il peut exercer ses fonctions au parti gaulliste puis à l’Elysée sans se faire rémunérer, c’est qu’il n’abandonnera jamais le monde des affaires. De Gaulle tentera bien de régulariser sa situation. Il essaiera même de le faire nommer au Conseil d’Etat. Peine per-due, et le Général abandonnera de guerre lasse devant l’obstination de foccart à conserver son indépendance. foccart restera toute sa vie très susceptible sur les activités de la Safiex. Est-ce par cette tradition catholique qui jette un voile pudique sur les affaires d’argent ? Ou bien avait-il des choses ou des transactions peu avouables à dissimuler ?

Témoin-clé : Philippe Gaillard

Journaliste Tunisienancien P-DG du groupe Jeune AfriqueA bien connu Foccart

Journaliste spécialiste de l’AfriqueFoccart s’est confié à lui à la fin de sa vie

SéQUENCIER

QUOIQU’IL EN SOIT, VOICI QU’éMERGE LE SECOND FOCCART : L’HOMME D’AFFAIRES.

MYSTèRES à éCLAIRCIR AVEC LES TéMOINS : COMMENT FOCCART GAGNAIT-IL SA VIE ? QUELLES éTAIENT LES AF-FAIRES RéALISéES PAR LA SAFIEx ? SE SERVAIT-IL DE SES FONCTIONS OFFICIELLES POUR FAIRE DES AFFAIRES ? QUEL éTAIT SON RAPPORT à L’ARGENT ?

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vOIX Offjacques foccart a fait la connaissance de Henri Tournet lors de son service militaire. Démobilisés en août 1940 après la débâcle, les deux hommes, qui ne se sont pas perdus de vue, s’associent pour exploiter une coupe de bois de 40 ha à Ranes en Normandie. C’est alors que débute une bien mystérieuse affaire...

FAITS DE RESISTANCE OU COLLABORATION ? QUESTION : FOCCART éTAIT-IL DéJà DANS LES «SERVICES» à CETTE éPOQUE ? SINON COM-MENT ExPLIQUER QU’IL AIT PU ETOUFFER CETTE HISTOIRE ?

SéQUENCIER

Témoin-clé Pierre Péan

Journaliste, biographe, Pierre Péan connaît très bien l’Afrique. Spécialiste des «affaires africaines» de la Ve Répu-blique, il est notamment l’unique biogra-phe de Foccart. A la fin de sa vie, Foccart lui a pardonné la biographie non autori-sée, et les deux hommes se sont vus à plusieurs reprises, notamment dans la maison de Luzarches où Foccart avait rangé ses souvenirs

TEMOIGNAGEUn collaborateur notoire, Georges Desprez, les introduit auprès de l’Organisation Todt (l’OT). Cette organisation avait pour mission de construire des moyens de communication et des structures défensives, y compris les usines d’armement, les camps de concentra-tion, les abris de sous-marins, et les lignes de fortifications. Les deux hommes vendent donc du bois à l’OT. Collaboration active ou contrainte ? Toujours est-il qu’en 1943, ils sont suspectés d’escroquerie par les Allemands. foccart et son associé Tournet sont empri-sonnés. Ils risquent gros.

Intervient à ce moment un passage rocambolesque : Tournet propose aux Allemands de les libérer sous caution, ce que, contre toute attente, les Allemands acceptent ! Une cau-tion d’un million de francs est versée le 23 août 1943 à la feldgendarmerie de Saint Malo. Comme les deux hommes ne possédaient pas une telle somme, l’argent a été empruntée à un notable de la région. Autre fait troublant : ce bienfaiteur sera remboursé à la Libéra-tion par le gouvernement français et non par les deux associés...

IMAGES PHOTOGRAPHIE DE HENRI TOUR-NET, IMAGES DE fORET DANS L’ORNE, PHOTOGRAPHIE DE fELDGENDARMES PENDANT LA SECONDE GUERRE MONDIALE

SéQUENCIER

TEMOIGNAGESL’été 1943 marque un tournant dans la vie de foccart. Sous le nom de «Binot», il monte un réseau de résistance pour le compte du Bureau Central de Renseignements et d’Action (BCRA) : le BCRA est le service de renseignement des gaullistes. Comment en est-il arrivé là ? Mystère. Mais ce faisant, foccart n’est pas seulement un résistant. Il vient de mettre un pied dans le monde des services secrets, monde que l’on ne quitte jamais vraiment une fois entré dedans.

C’est un haut responsable et il se retrouve au cœur de l’action et du danger. Il est chargé de la mise en place et de l’exécution du « Plan Tortue » pour quatre départements : l’Orne, la Mayenne, La Sarthe et le Calvados. Le plan Tortue est le plan visant à retarder le plus possible l’acheminement des renforts allemands dès que le débarquement sera annoncé. foccart se bat avec acharnement et courage. Dans son groupe c’est l’hécatombe, et il échappe de peu à la mort. foccart reçoit la croix de guerre et la Médaille de la Résistance avant même la fin des combats. C’est ainsi qu’il commence son irrésistible ascension. foccart gardera de très solides amitiés au sein des réseaux du BCRA, futurs services secrets français de la france Libérée, le SDECE. Il restera commandant de réserve, et effectuera ses périodes militaires au camp de Cercottes même lorsqu’il exercera ses fonctions à l’Elysée. C’est certainement là, sautant en parachute et s’entraînant avec ses frères d’armes, que se trouve le «vrai» foccart. Ses amitiés au sein « du service » comme on dit, lui fourniront un véritable réseau de renseignement à la fois officiel et parallèle. Ce système de renseignement et d’influence se révèlera très efficace dans la reconquête du pouvoir par les gaullistes en 1958.

Témoin-Clé Bob Maloubier

Ancien SAS (commando anglais) pendant la 2de Guerre Mondiale, Ancien para, nageur de combat, agent du SDECE, ancien du Biafra, ancien reponsable de la sécu-rité d’Omar Bongo. Proche de Foccart.

Témoin-clé : x (à trouver)

ancien résistant ou enfant de résistant dans l’Orne ayant connu Foccart à l’époque

PHOTOGRAPHIEfOCCART EN TENUE DE PARA-CHUTISTE PENDANT LA GUERRE

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vOIX Offjuillet 1944. foccart debout, au centre. Uniforme de para, parachute sur le dos. Il prend la pose au milieu de ses camarades, à la fois martial et détendu, un sourire énigmatique aux lèvres. La photo a été prise juste avant le premier saut.

« C’est la guerre qui me formera et qui me propulsera dans des activités auxquelles je n’avais pas pensé. », ainsi s’exprime foccart. Comme pour tous les gens de sa génération, la Résistance – et ses mythes – est l’élément fondateur et structurant. C’est ici que débute la légende officielle de foccart. Mais c’est également ici que le mystère s’épaissit ! En effet, un flou complet plane sur son entrée en Résistance puisque la date officielle est toujours couverte par le secret Défense !

SéQUENCIER

AINSI EST Né LE TROISIèME FOCCART, L’HOMME D’ACTION ET DES SERVI-CES SECRETS, SON TROISIèME CERCLE RELATIONNEL OU RéSEAU.

DANS LES ANNéES 60, FOCCART PREND SECRèTEMENT LA DIRECTION DU SERVICE D’ACTION CIVIQUE, LE SAC. SERVICE DE SéCURITé GAULLISTE, LE SAC FERA TRISTEMENT PARLER DE LUI TOUT AU LONG DES ANNéES 60 ET 70.

MYSTèRES à éCLAIRCIR AVEC LES TéMOINS : COMMENT FOCCART A-T-IL éTé RECRUTé PAR LES SERVICES SECRETS ? QUELS Y éTAIENT SA VRAIE PLACE ET SON VRAI POUVOIR? POURQUOI SA DATE D’ENTRéE EN RéSISTAN-CE EST-ELLE ENCORE SECRET DéFENSE ? QUEL A éTé LE RôLE DE FOCCART DANS LA VIOLENTE éPURATION EN MAYENNE ET DANS L’ORNE ?

PHOTOGRAPHIEfOCCART, POSE MARTIALE AvEC UN fUSIL DE CHASSE DANS LES ANNéES 60

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Témoin-clé Pierre Lefranc

vOIX Off21 août 1944. Laval enfin libérée panse ses plaies. L’occupation a été longue, et les combats depuis juin très âpres. Mais l’information a couru la campagne : De Gaulle arrive ! foccart le sait car c’est déjà un homme bien renseigné. Il est à Ambrières et il travaille avec le contre-espionnage américain de la first Army.

La foule s’amasse pour voir le grand homme au balcon de la mairie de Laval. De Gaulle achève son discours dans lequel il martèle sa doctrine immuable : « Les épreuves n’ont pas touché l’essence de ce vieil et noble pays. A vous, français rassemblés de le faire exister, c’est-à-dire de lui redonner sa grandeur, celle qui vient de l’Empire et celle qui a surgi ici du sol national… ».

Cette référence à l’Empire comme source primordiale de la grandeur de la france doit combler d’aise celui qui garde la nostalgie de la Guade-loupe de son enfance. foccart a-t-il pu ou a-t-il osé en parler à De Gaulle au cours de la réception qui suit dans les locaux de la préfecture de Laval ? Nous n’en savons rien. Aucun compte rendu ne fixe pour l’Histoire cette première rencontre, ce jour-là, entre jacques foccart et le Général.

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Gaulliste historiqueCompagnon de route de Foccart

IMAGES D’ARCHIvELIBéRATION EN NORMANDIE, DE GAULLE, LA fOULE EN LIESSE.

SéQUENCIER

Pendant la traversée du désert de De Gaulle, de 1946 à 1958, foccart fera partie du cercle des intimes avec Soustelle, Malraux, Pierre Lefranc, jac-ques Baumel, Georges Pompidou, Roger frey. foccart, s’imposera rapidement comme un collaborateur-clé de De Gaulle.

UN GAULLISTE, L’UN DES PLUS ACHARNéS VIENT DE NAîTRE. C’EST LE QUATRIèME VISAGE DE FOCCART.MYSTèRE à éCLAIRCIR : COMMENT UN OBSCUR OFFICIER DES SERVICES SECRETS AU PASSé TROUBLE PEUT-IL APPROCHER DE GAULLE JUSQU’à DEVENIR EN QUELQUES MOIS SON PLUS PROCHE COLLABORATEUR ?

TEMOIGNAGEPour De Gaulle foccart est une bête curieuse : d’un côté foccart a le goût du pouvoir, le vrai pouvoir, pas celui d’un simple ministre, et d’un autre côté il ne veut pas «apparaître». Un homme qui ne cherche pas les honneurs, cela lui confère un énorme crédit auprès de De Gaulle !

Si foccart met en oeuvre la politique africaine tout à loisir, le chef, reste le président. Le couple De Gaulle / foccart peut s’assimiler à un couple père / fils. Quand foccart déborde de son territoire, De Gaulle le rappelle à l’ordre en lui disant que c’est lui qui commande. foccart n’a pas le droit de parler en public (seul De Gaulle, le père, a ce privilège), mais, en échange il y a une grande liberté de ton entre les deux hommes dès qu’ils sont en tête à tête.

La puissance de foccart tient en premier lieu a ce lien filial avec l’homme du 18 juin. foccart, qui a eu une relation très distante avec son père a trouvé en De Gaulle une figure paternelle. De Gaulle, qui avait une relation très distante avec tout le monde et une vision des hommes très pessimiste, s’est sans doute laissé prendre au jeu.

Images de De Gaulle le 18 juin 1968 sur la route du Mont valérien. Le Général debout dans la décapotable salue la foule. Assis à l’arrière, foccart, que De Gaulle, bouleversant le protocole, a pris dans sa voiture. Quelques jours auparavant, au plus fort des événements de Mai 68, De Gaulle a disparu 24 heures en ayant ses mots «Ne le dites à personne, même pas à foccart !». foccart a très mal pris d’avoir été mis à l’écart comme les autres. Le Général, qui n’était pourtant pas homme à s’excuser, a-t-il voulu se faire pardonner de sa «trahison symbolique» envers foccart ?

Ainsi, de Gaulle le place «au-dessus des hiérarchies traditionnelles» et lui laisse la gestion du domaine africain, comme un empereur délèguerait une partie de son empire à un fils, c’est-à-dire en n’abandonnant pas le pouvoir formel, et en montrant, de temps en temps, qui est le vrai chef.

Témoin-clé Me Robert Bourgi

AvocatFils de Mahmoud Bourgi, ami et associé de Foccart au Sénégal. Robert Bourgi a été le missi dominici de Foccart à la fin de sa vie.

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SéQUENCIERPHOTOGRAPHIESDISCOURS DE DE GAULLE DANS LES ANNéES 50, fOCCART SE TIENT EN CONTREBAS.

jUIN 1968, DE GAULLE EN ROUTE POUR LE MONT vALéRIEN. fOC-CART EST ASSIS à L’ARRIèRE DE LA vOITURE.

vOIX OffIl y a un partage des tâches : à De Gaulle la haute politique et les discours tiers-mondistes, à foccart la politique réelle, avec tout ce qu’elle implique de salissant. Pour De Gaulle, c’est très pratique, sa main gauche peut paraître ignorer ce que fait sa main droite. Et dans les affaires courantes, cela confère à foccart un pouvoir considérable.

Témoin-Clé Me Robert Bourgi

vOIX OffCurieusement, la dernière partie des réseaux foccart, la part « africaine », arrive bien tard dans le parcours de l’homme de Luzarches. Ses premiers contacts avec l’Afrique vont passer par le réseau gaulliste et son parti : le RPf.

Lancé en avril 1947, le Rassemblement du Peuple français (RPf) est une machine de guerre contre la Ive République dont l’objectif est de ramener De Gaulle au pouvoir. En 1949 foccart prend en main le secteur Outre-Mer du RPf. Il n’est pas un spécialiste de l’Afrique Noire, loin s’en faut.

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TEMOIGNAGEPour tout dire, le futur « Monsieur Afrique » n’y connait rien !

foccart commence alors à sillonner inlassablement l’Afrique. Comme à son habitude, il se jette à corps perdu dans sa nouvelle mission, et pendant 10 ans, va se faire connaître auprès de tous les futurs dirigeants africains. Confronté à ses supporters gaullistes jugés trop réactionnaires, de son aveu même, il comprend qu’il faut « africaniser » ses relations. jacques foccart apprend à connaître l’Afrique et les Africains et développe de vraies relations d’amitié.

L’homme le plus important du système foccart est l’ivoirien félix Houphouët-Boigny. Pendant 40 ans, les deux hom-mes n’auront pas de secret l’un pour l’autre. Houphouët servira d’émissaire discret et très efficace entre la france, c’est-à-dire foccart, et de nombreux chefs d’Etat africains.

En 1967, foccart s’occupera personnellement de rapprocher les époux Houphouët, alors en pleine crise de couple…

SéQUENCIERFOCCART L’AFRICAIN

IMAGES D’ARCHIvE1954. LE NOUvEAU GOUvERNEUR DE COTE D’IvOIRE PREND SES fONCTIONS. L’AfRIQUE, C’EST LA fRANCE.1965. HOUPHOUET-BOIGNy ET SON EPOUSE à PARIS

VOICI LE CINQUIèME FOCCART : L’AFRICAIN.

QUESTION : QUELLE éTAIT LA VRAIE NATURE DU RAPPORT ENTRE FOCCART, LE COLONIA-LISTE, ET L’AFRIQUE, ET LES AFRICAINS ?

SéQUENCIERIMAGES D’ARCHIvE22 NOvEMBRE 1972, CONTRE-CHAMP DE LA vISITE DE MME POMPIDOU SUR LE MARCHé DE OUGADOUGOU. LES CURIEUX SE PRESSENT POUR APERCEvOIR LA PREMIèRE DAME DE fRANCE.

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TEMOIGNAGESEn août 1958, le général de Gaulle s’embarque dans un périple qui le mène de fort Lamy (le futur N’Dja-mena) à Dakar via Tananarive, Brazzaville, Abidjan et Conakry pour faire adopter par les 14 colonies afri-caines la «Communauté française», sorte de Commonwealth francophone. C’est naturellement foccart qui s’occupe des préparatifs. L’adhésion massive des colonisés n’était pas acquise d’avance. foccart doit mobiliser tous ses réseaux africains pour faire pression sur les indécis.

finalement, seule la Guinée de Sékou Touré refuse la communauté française et prend son indépen-dance. De Gaulle, piqué au vif, le prend comme un affront personnel.

Mais la Communauté française, édifice d’un autre âge, est décidément un moule trop étroit pour les di-rigeants d’Afrique noire. Dès la fin de l’année 1959, la demande malienne d’accession à l’indépendance rend l’indépendance de tous les autres inévitable. Mais qu’importe. Paris prend tout en main : des juris-tes français sont chargés de confectionner des constitutions à la carte, voire à la chaîne, sur le modèle de la constitution de la ve République. Les gouverneurs préparent leurs valises dans le calme, et sont remplacés par des ambassadeurs. Car il s’agit d’un changement de forme, et non de fond.

Quelques semaines voire quelques jours après chaque indépendance des traités bilatéraux de coopé-ration sont signés avec chaque Etat. Ces traités prévoient tous la même chose : assistance civile et mi-litaire, appartenance à la zone franc et espace monétaire protégé et garanti par Paris. L’indépendance des Etats africains est purement formelle.

Témoin-clé Jean Lacouture

Témoin-clé Abdou Diouf

Ancien Président du Sénégal (1981-2000)Ancien Premier minis-tre (1970-1981)Ancien directeur de cabinet de Senghor(1963-1970)

Journaliste, biographe, il a couvert la campa-gne de De Gaulle en Afrique en 1958 pour le compte du journal Le Monde

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SéQUENCIERCOMMENT FOCCART ORGANISE DES INDéPENDANCES QUI N’EN SONT PAS

vOIX OffLe projet gaulliste est simple : il faut maintenir l’influence de la fran-ce en Afrique, qu’elle soit indépendante ou non. C’est une question de prestige national et d’indépendance énergétique et militaire !

SéQUENCIERIMAGES D’ARCHIvE1958. DE GAULLE EN TOURNéE EN AfRIQUE NOIRE POUR Dé-fENDRE SON PROjET D’UNION fRANçAISE. fOCCART EST DE DOS, à L’EXTRêME DROITE, SUR LA DERNIèRE vIGNETTE.

MYSTèRES à éCLAIRCIR : COMMENT FOCCART A-T-IL FAIT PRESSION SUR LES «INDéCIS» AFRICAINS ? QUEL A éTé SON RôLE DANS LA PRéPARATION DES INDéPENDANCES ? QUEL-LES éTAIENT SES RELATIONS AVEC LES NOUVEAUx CHEFS D’ETAT AFRICAINS ?

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VOILà. NOUS SOMMES EN 1960, ET L’Ex-AFRIQUE FRANçAISE SIGNE SON INDéPEN-DANCE, COMME ICI LE MALI, SOUS LES BONS OFFICES DE FOCCART, QUI SE TIENT, COMME à SON HABITUDE, EN RETRAIT.IL EST DEVENU SECRéTAIRE GéNéRAL AUx AFFAIRES AFRICAINES ET MALGA-CHES, POSTE QU’IL NE QUITTERA PLUS. IL DEVIENT LE GARDIEN DU TEMPLE AFRICAIN DE LA FRANCE. MALGRé SON FAUx-AIR DE BERNARD BLIER, IL N’EST PAS DU GENRE à PLAISANTER.SES RéSEAUx SONT EN PLACE.IL A 47 ANS.SA MISSION : QUE L’AFRIQUE NOIRE RESTE DANS LE GIRON FRANçAIS, COûTE QUE COûTE.

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SéQUENCIER

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TEMOIGNAGESLa signature des indépendances, qui dans l’esprit de De Gaulle sont octroyées par la france, est conditionnée par la négocia-tion et la signature de traités dits de «coopération». Ces traités ont trois branches : ils maintiennent les Africains dans la zone franc (c’est la france qui dicte la politique monétaire), ils développent la coopération civile et la coopération militaire.

Présent au moment des signatures des traités de coopération, Alain Plantey se souvient : «C’est là qu’on a vu les capacités exceptionnelles de foccart. Tout en représentant la ligne du Général - qui ne souffre aucune exception - il était capable de dire aux Africains : «voyons, c’est votre intérêt». Tous les Etats ont signé, de 1960 à 1961.»

La coopération civile n’est pas un vain mot. En effet, la france se donne les moyens de sa politique. Au plus fort, quelques 250 000 français, soit quatre fois plus qu’avant les indépendances, travaillent en Afrique noire. 28 000 intituteurs et professeurs français enseignent en Afrique.

La france dépense 1% de son produit intérieur brut pour sa politique de coopération. Contre De Gaulle, qui voulait rattacher la Coopération aux Affaires Etrangères, foccart plaidera inlassablement pour le maintien d’un ministère à part entière, symbo-lisant toute l’importance que revêt cette politique aux yeux de la france. Aider l’Afrique, ce n’est pas de la politique étrangère, c’est cultiver un pré carré.

En contrepartie, la france accède de façon prioritaire aux marchés stratégiques... On a pu dire, à raison, que les « indépen-dances » africaines étaient surtout une indépendance de la france par rapport aux grandes puissances. Et si ce ne sont pas les richesses qui dictent l’attitude de la france, De Gaulle et foccart se montrent très attentifs à bien en conserver l’exclusi-vité : pétrole gabonais et nigérian, uranium du Niger et de la Centrafrique.

Témoin-cléAlain Plantey

ancien ambassadeur, adjoint de Foccart (1961-1967)

Témoin-clé Jacques Godfrain

ancien ministre de la coopération

SéQUENCIERCONSERVER L’AFRIQUE DANS LE GIRON FRANçAIS, C’EST BIEN BEAU. MAIS COMMENT FAIRE ? IL Y A DE NOMBREUx MOYENS. COMMENçONS PAR LES MOYENS LéGAUx.

SéQUENCIER

vOIX OffAinsi, le Gabon est la principale source d’approvisionnement de la toute nouvelle compagnie pétrolière française : Elf. Cette société n’est pas seulement une société pétrolière, c’est une diplomatie parallèle destinée à garder le contrôle sur un certain nombre d’Etat africains. La cellule Protection et Sécurité Administrative (PSA) de Elf est dirigée par Guy Ponsaillé, un homme du SDECE. Maurice Robert, lui-même, a terminé sa carrière chez Elf. Au nom de tous ces mélan-ges des genres, le Gabon recevra, au cours des années 70, le surnom de « foccartland » !

vOIX OffDe tous, c’est la Côte d’Ivoire qui se taille la part du lion : 60 000 français y travaillent au milieu des années 70. Cela est dû pour beaucoup aux relations personnelles entretenues entre foccart et félix Houphouët-Boigny. La Côte d’Ivoire est, avec le Gabon, la pièce maîtresse de la france en Afrique, la fierté de notre modèle de coopération. Et cela marche un temps : on parle de «miracle ivoirien».

Il faut dire un mot de la singulière relation entre jacques foccart et félix Houphouët-Boigny. Ensemble il assurèrent pendant 16 ans la cogestion de l’Etat franco-africain. Michel Dupuch, ancien ambassadeur en Côte d’Ivoire, en parle.

IMAGES D’ARCHIvEANNéES 70. vU DE PORT-GEN-TIL AU GABON ET D’UNE PLATE-fORME PéTROLIèRE ELf

IMAGES D’ARCHIvE1970. SUR LE THEME «LES IN-DéPENDANCES, 10 ANS APRèS» LE jT fAIT UN SUjET SUR LA COOPéRATION CIvILE EN CôTE D’IvOIRE

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vOIX Off14 ans. Michel Dupuch aura été ambassadeur de france en Côte d’Ivoire pendant 14 ans. Il a assisté à la fin du vieux chef, Houphouët-Boigny, dont il fut tout autant le confident que «l’otage». Houphouët ne voulait pas d’un autre ambassadeur, et on ne saurait lui dire non !

TEMOIGNAGELes deux hommes se sont connus au début des années 50, alors que foccart écumait l’Afrique au nom du RPf. Tout d’abord opposés, ils sont rapidement devenus alliés, puis complices et amis. Né en 1905 à yamoussoukro, de noble ascendance, félix Houphouët-Boigny est un chef de clan de l’ethnie Baoulé. Riche planteur, très brièvement compagnon de route des communis-tes français – à Paris, il se rendait à l’école des cadres du Parti en Limousine noire – il se fait un nom en politique en créant un syndicat de planteurs indigènes opposé au travail forcé. Elu député français d’AOf, il en obtient l’abolition en 1946.

Devenu président (1960-1993) de la prospère Côte d’Ivoire, «fHB» a été le plus fidèle intendant de cet Etat franco-Africain désiré par De Gaulle. Houphouët était entouré de collaborateurs français, et plus qu’un «partenaire» de la politique française en Afrique, il était un véritable acteur. Servant de base arrière aux opérations militaires, influençant sans relâche les autres chefs d’Etat africains, il a également su capter la majeure partie de l’aide française à la coopération pendant plus de trente ans. Encore plus que le Gabon, la Côte d’Ivoire était la perle de l’Etat franco-africain. foccart et «fBH» s’appelaient chaque mer-credi pour faire le point. Le coup de fil hebdomadaire continua après que foccart ait quitté l’Elysée, jusqu’à la mort de «fBH» en 1994.

Témoin-clé Michel Dupuch

Ambassadeur de France en Côte d’Ivoire, de 1979 à 1993, soit 14 ans

SéQUENCIERPHOTOGRAPHIEfOCCART ET féLIX HOUPHOUëT-BOIGNy MONTENT LES MARCHES DE L’éLySéE DANS LES ANNéES 60.

Témoin-clé Pierre Joxe

ancien ministre de la défense

vOIX Offvoici le volet militaire de la Coopération. La france se pose en gendarme de l’Afrique. Elle parvient à étendre son influence au-delà du pré carré. C’est une stratégie, et la réalité des temps : il s’agit non seulement d’élargir son accès aux ressources de l’Afrique, mais de se présenter comme une alternative aux anciennes tutelles. C’est ainsi que la france a pris pied au Rwanda, au zaïre et au Burundi après le départ des Belges. Elle s’est substituée aux Soviétiques dans les Etats ancienne-ment marxistes (Guinée, Congo ...). Dans la moiteur équatoriale, c’est aussi la Guerre froide qui bat son plein !

Paradoxalement, le Général de Gaulle, puis le président Pompidou sont plutôt réservés sur les actions de l’armée française en Afrique. foccart s’accroche fréquemment avec eux sur ce sujet ; il parvient à conserver la base militaire de Port-Bouët (Côte d’Ivoire) alors que De Gaulle veut la supprimer. foccart prend systématiquement la défense des militaires français en Afrique. C’est pour cette raison qu’on peut dire qu’une certaine diplomatie « armée et secrète » porte clairement la signature de foccart !

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TEMOIGNAGELa présence militaire française en Afrique repose sur des accords signés discrètement avec nos alliés africains, mais, encore aujourd’hui, l’opacité continue à régner concernant leur nombre et leur contenu précis. Pierre joxe : « Personnellement, je n’ai jamais réussi à obtenir la totalité des accords et leurs clauses secrètes, tellement secrètes que je ne sais même pas qui les connaît ! » Et c’est un ancien ministre de la Défense qui parle !

C’est sur la base de ces accords de défense que de 1960 à 1990, la france interviendra militairement en Afrique 50 fois, dont une bonne quinzaine de fois dans des opérations d’envergure. La france, en effet, se doit de garantir le pouvoir de ses alliés et amis.

foccart est le maître d’oeuvre de cette politique dont la connaissance est réservée au seuls chefs d’Etat.

SéQUENCIERIMAGES D’ARCHIvEANNéES 1970. DES LéGIONNAI-RES fRANçAIS DANS LES SA-BLES DU TCHAD. UN jAGUAR fRANçAIS SE POSE SUR L’AéRO-PORT DE LIBREvILLE AU GABON.

vOIX Off1964, Libreville, Gabon. Sans un seul coup de feu, des militaires gabonais dirigés par les lieutenants Mombo et Essone renversent le président M’Ba, l’ami de la france. Ils placent à la tête de l’Etat le dernier opposant à M’Ba, jean-Hilaire Aubame. Celui-ci s’empresse de rassurer l’ambassadeur de france : il ne remettra pas en cause les rapports existant entre Paris et Libreville. Mais l’armée française intervient. Il y a des tués des deux côtés. Léon M’Ba retrouve le pouvoir.

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LES CAMéRAS DE L’ORTF éTAIENT PRéSENTES ET MINIMISENT L’INTER-VENTION FRANçAISE. PIERRE PéAN, PRéSENT SUR PLACE AU MOMENT DES FAITS RACONTE UNE HISTOIRE MOINS «éDULCORéE.»

MAîTRISER LES PUTCHS

IMAGES D’ARCHIvE1964. LES PARAS fRANçAIS DU 7e R.P.I.M.A. RéTABLISSENT L’ORDRE à LIBREvILLE.

SéQUENCIER

SéQUENCIERTEMOIGNAGE«Les militaires putschistes ont prévenu leurs frères d’armes français : n’intervenez pas, c’est une affaire in-térieure gabonaise. Les officiers gabonais ont reçu la même formation saint-cyrienne que leurs homologues français. Ils se connaissent bien, et sont amis. Les Gabonais en avaient assez des trucages électoraux de M’Ba, qui avait en plus éliminé presque toute l’opposition. Bref, les militaires s’entendent entre eux ; l’armée française fait le gros dos.Mais foccart ne l’entend pas de cette oreille et reprend les choses en mains : le précédent de l’abbé youlou doit être effacé, il faut montrer que la france protège ses amis. jacques foccart prend sur lui de déclencher l’intervention militaire. « C’était tôt dans la nuit, je n’ai pas voulu réveiller le Général » expliquera-t-il plus tard. Il délègue immédiatement Maurice Robert, patron du service Afrique du SDECE et Guy Ponsaillé. Les deux hommes débarquent dans la nuit du 19 février à Libreville, avec des paras du 7e R.P.I.M.A, et se rendent maître de l’aéroport. je me souviens encore du bruit du DC8 qui atterrit au petit matin. Les putschistes ont immédiatement compris, et vont se retrancher dans le camp militaire de Lalala.Les militaires français traînent les pieds. Ils pensent que l’affaire peut se résoudre pacifiquement avec un peu de temps. Mais Maurice Robert et Guy Ponsaillé, futur responsable de la sécurité de Elf-Aquitaine, ont les ordres de foccart : tout doit être « normalisé » aujourd’hui ! Les français attaquent. Mitrailleuses et mor-tiers secouent Libreville. Un officier français reconnaît alors un officier gabonais, un camarade de promotion. Commence entre eux un dialogue dramatique :« Rends-toi, nous te traiterons en officier.Non. vous humiliez le peuple gabonais, je ne me rendrai pas !je t’ai en ligne de mire, je vais te tuer si tu ne viens pas…Tue-moi. je préfère la mort à la honte !C’est idiot… »Tout va très vite. L’officier gabonais est abattu ainsi qu’une quinzaine de ses hommes. Deux militaires fran-çais sont tués. Les officiers français étaient écoeurés de ce gâchis.»

Témoin-clé Pierre Péan

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TEMOIGNAGEPour foccart, M’Ba n’est plus l’homme de la situation. Mais son directeur de cabinet, un certain Omar Bongo, un jeune homme brillant, pourrait faire l’affaire. Or, M’Ba, atteint d’un cancer, doit se faire soigner en france. Le Gabon est désormais administré comme avant l’indépendance selon la chaîne d’autorité suivante : foccart-Delauney-Bongo.

Mais cela ne suffit pas : encore faut-il donner une apparence de légalité à tout ça. foccart souhaite une réforme de la constitution du Gabon qui ferait du vice-président le successeur automatique du président. Il suffirait pour cela de nommer Bongo vice-président. Mais Léon M’Ba de sa chambre d’hôpital, résiste.

foccart, Delauney et Bongo filent à Paris, hôpital Claude Bernard, pour faire le siège de la chambre du vieil homme. Il va très mal. Il est en train de mourir. Delauney se rend dans sa chambre et tente de le convaincre, pendant que foccart et Bongo attendent dans la chambre voisine. Les médecins s’agacent : Delauney est en train de l’achever. Epuisé, M’Ba finit par accepter de se présenter à de nouvelles élections présidentielles, avec Bongo comme colistier. Mais cela ne suffit toujours pas : il faut, dans l’intérêt supérieur de la france, faire des photos officielles. Mourant, M’Ba est conduit en ambulance à l’ambassade du Gabon pour faire les photos de campagne. A bout de force, M’Ba doit ensuite enregistrer une déclaration officelle pour couper court aux rumeurs sur sa mort. En mars 1967, alors qu’il est hospitalisé, M’ba est réélu président du Gabon avec Bongo comme vice-président. Il n’y a pas d’autre candidat. En novembre, il meurt, et Bongo le remplace automatiquement. Le tour est joué.

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Témoin-Clé Bob Maloubier

SéQUENCIERIMAGES D’ARCHIvEOCTOBRE 1967. éPUISé, RONGé PAR LE CANCER, LéON M’BA QUITTE L’éLySéE.

«FAIRE» LES PRéSIDENTS

vOIX OffLes images montrent Léon M’Ba, reçu à l’Elysée en octobre 1967. Epuisé par la maladie, il se traine littéralement vers sa voiture. Pudiquement, le cadreur de l’ORTf ne montre pas la descente des marches. Léon M’Ba va mourrir dans un mois. foccart, présent, le regarde s’éloigner. Bientôt Omar Bongo va devenir président. C’est l’oeuvre de foccart.

En effet, à peine l’ordre revenu à Libreville, les hommes de foccart, Maurice Robert et Guy Ponsaillé prennent des décisions : à leur demande, Léon M’Ba fait em-prisonner 150 opposants. Une fois l’opposition muselée, ils décident de créer une garde présidentielle - une garde prétorienne anti-putch - dirigée par un de leurs hommes : Bob Maloubier. C’est foccart, lui-même qui s’occupe d’équiper la trentaine d’hommes recrutés par Maloubier. Bob devient le garant de la pérennité du nouveau Gabon. Mais l’ambassadeur de france au Gabon, De Quirielle, est un gêneur. C’est un homme du Quai d’Orsay, du genre légaliste. Qu’importe, foccart fait nommer son ami Delauney, un ancien de la «Coloniale», un «Dur». M’Ba l’apprécie.

vOIX Offjacques foccart divise les pays et les chefs d’Etat africains en deux catégories : « ceux qui se conduisent bien », c’est à dire ceux qui écoutent la france (f. Houphouët-Boigny l’ivoirien, Omar Bongo le gabonais, et Senghor le Sénégalais), et « ceux qui se conduisent mal ».

Son action : récompenser les premiers, ses frères, et punir – au besoin par des méthodes brutales et illicites – les seconds.

Un exemple ? Il peut nous venir du Cameroun, où, justement, le temple est menacé. Le pouvoir du président Ahidjo, l’homme des français, est remis en cause par une révolte de l’ethnie Bamiléké.

Les français n’en n’ont rien su, mais l’armée française intervient durement entre 1960 et 1964, causant officiellement plus de 3000 morts chez les Bamilékés. Mais la violente répression ne suffit pas. La révolte continue, alimentée par un homme au caractère fort : félix Moumié. Moumié a pris la succession d’un autre rebelle, Nyobé, tué dans le maquis par des soldats français. A Paris, foccart tranche. Il faut éliminer Moumié. Le SDECE décide donc de monter une opération «homo» (pour « homicide»). Laissons la parole à foccart lui-même, interrogé par un journaliste peu avant sa mort (voir ci-contre)

vOIX DE fOCCART OU BIEN LEC-TURE PAR UN COMEDIENJOURNALISTEfélix Moumié, président de l’Union des populations du Cameroun (UPC) a été empoisonné à Genève, le 15 no-vembre 1960, par un agent du SDECE. vous dites « exécution ». Décidée par qui ? A la demande de qui ?

FOCCARTLes archives répondront un jour à vo-tre question.

JOURNALISTELes faits sont maintenant connus. C’est le processus de décision qui manque pour l’histoire. Pascal Krop a écrit : « Debré, conseillé par foccart, décide d’éliminer le gêneur. »

FOCCARTPas spécialement moi.

JOURNALISTEAlors qui ?

FOCCARTPermettez-moi de m’en tenir là.

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SéQUENCIER ELIMINER LES OPPOSANTS

IMAGESAfRIQUE AUjOURD’HUI. (ICI, LIBREvILLE).

vOIX OffBob Maloubier peut en sourire dans sa moustache : une opération « homo » ne peut être décidée qu’au sommet du pouvoir. Et c’est évidemment foccart qui donne le feu vert pour toute opération en Afrique.

IMAGESBOB MALOUBIER SOURIANT

TEMOIGNAGEL’assassinat de Moumié mérite d’être raconté. Moumié se sait menacé et c’est un homme prudent. Il ne se trouve pas au Cameroun, et lorsqu’il voyage, il prend soin de ne pas survoler le territoire français ou un pays appar-tenant à l’Union française. Le Sdece apprend que Moumié doit se rendre en Suisse. L’affaire est délicate : les Suisses n’apprécient guère que des services étrangers effectuent des opérations « homicide » sur leur terri-toire. Aussi est-il imaginé un processus «ingénieux» : un empoisonnement différé. Moumié sera empoisonné en Suisse, mais ira mourir ailleurs. Le Sdece va utiliser du thallium, une substance qui ne tue pas immédiatement mais prend quelques jours.Un agent du Sdece se fait passer pour un journaliste « ami ». Il rencontre Moumié dans le hall d’un hôtel de Genève. Ils commandent des apéritifs, et Moumié ne se méfie pas. Appelé au téléphone, l’homme s’éloigne un moment. L’agent secret en profite pour empoisonner l’apéritif. Mais le coup de fil dure plus longtemps que prévu, et lorsqu’il revient, le révolutionnaire oublie son verre, et demande à passer directement à table. Habilement, l’agent parvient alors à empoisonner le verre de vin de Moumié. Mais, contre toute attente, Moumié se lève, re-prend son apéritif, qu’il boit d’un trait, puis boit son verre de vin. Il s’est empoisonné deux fois !

Moumié va mourir dans la nuit, à Genève. Médecin de profession, il comprend immédiatement ce qui lui arrive, et a le temps de dénoncer son assassin. La Suisse émet immédiatement un mandat d’arrêt international.

L’homme du SDECE s’appelle william Bechtel, dit «le Grand Bill». Ancien des forces françaises Libres, c’est un ami de foccart, un habitué de Cercottes, la base d’entraînement du SDECE. Il coule des jours paisibles, jusqu’en 1975 où il est arrêté en Belgique, car le mandat international, pourtant vieux de 15 ans, court toujours : inculpé d’homicide volontaire, le vieux baroudeur est acquitté au bénéfice du doute en 1980, après que des pressions aient été excercées sur la justice suisse. Bechtel meurt au début des années 1990.

Témoin-clé x. ex-SDECE

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PHOTOGRAPHIESwILLIAM BECHTEL, féLIX MOUMIé

SéQUENCIERCOMMENT FéLIx MOUMIé S’EST EMPOISONNé DEUx FOIS !

TEMOIGNAGESParfois, l’armée ne peut pas intervenir. Parfois même, le SDECE ne doit pas être mis en cause. C’est pourquoi les «réseaux foccart» se dotent d’une part d’ombre, plus sombre et plus secrète encore que les services secrets : ceux qu’on a appelé les barbouzes, ou encore les «Affreux». Au début, nombre de ces soldats de fortune sont recrutés dans les rangs de l’OAS en déroute. Les hommes ne peuvent rentrer en france mais sont en quelque sorte protégés par foccart et sauvent leur tête en acceptant de travailler pour lui. On trouve également des anciens militaires belges, sud-africains ou rhodésiens. Bien sûr, entre hommes du SDECE, mercenaires, responsables de la sécurité des chefs d’Etat africain, tout un petit monde secret se croise et les parois entre les différents compartiments secrets ne sont pas étanches !

Ces hommes s’illustrent d’abord au Katanga, cette riche province du Congo (futur zaïre). On y croise celui qui devait devenir le vice-roi des Comores : Bob Denard, mercenaire médiatique et aujourd’hui décédé. Les « Affreux » se mettent au service de Moïse Tschombé, le séces-sionniste katangais, soutenu par Paris contre le progressiste Patrice Lumumba. L’enjeu : les formidables richesses de l’ancienne colonie belge. Les Affreux de Bob Denard feront même le coup de feu contre les casques bleus de l’ONU, tuant une centaine d’entre-eux !

Non loin du bureau de jacques foccart au Secrétariat Général des Affaires Africaines et Malgaches se trouvait celui d’un certain jean Mau-richeau-Beaupré, alias « Monsieur jean ». Il n’appartient à aucun service, il n’est investi d’aucune mission. D’ailleurs, on ne le trouve que rarement au bureau. Et pour cause ! Il passe sa vie en Afrique. jean Mauricheau-Beaupré est malheureusement décédé il y a quatre ans. Pierre Péan l’a bien connu. Il était responsable de la sécurité de l’Abbé youlou, affilié au SDECE, mais aussi un électron libre et homme de foccart. Au moment de l’affaire du Katanga, c’est lui qui va coordonner pour le compte des services de foccart toute l’action clandestine de la france dans cette région.

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Témoin-clé x. ex-SDECE

vOIX Off : foccart, à la fin de sa vie, parle avec une distance prudente de Mauricheau-Beaupré :Il était un peu marginal. C’était un homme très entreprenant qui vivait pour l’action et le secret. Il aimait bien les «coups».

jacques foccart est bien laconique ! C’est « Monsieur jean » qui va faire évader l’abbé youlou de sa prison en 1965 en montant une opération commando très audacieuse sur les ordres de foccart. Il paraît que ça a beaucoup amusé De Gaulle lorsqu’il a été mis au courant du succès de l’opération. « Monsieur jean » est mêlé à tous les soubresauts du continent noir. Partout où la france hésite à intervenir officiellement, apparaît sa silhouette. Il est là où les services secrets français ne sont pas. On le retrouvera ensuite organisant l’intervention secrète au Biafra.

SéQUENCIERLA PART D’OMBRE : LES BARBOUZES, OU L’ART DE L’ILLICITEPHOTOGRAPHIE

BOB DENARD (PHOTO SANS DATE)

Témoin-clé Pierre Péan

vOIX OffOn entre ici de plain-pied dans l’arrière-cour de la politique française en Afrique qui s’illustre au Biafra.

L’affaire du Biafra est assez simple. Le Biafra est une province orientale du Nigeria, ancienne colonie britannique. La région est riche en pétrole, et la france aimerait mettre la main dessus et par la même occasion donner un coup de dent à la pré-sence américaine en Afrique. L’occasion se présente en mai 1967. Après de violentes émeutes qui ont éclaté au Biafra, la ré-gion fait sécession et se proclame « République du Biafra ». Paradoxalement c’est De Gaulle qui est plutôt va-t-en guerre, et foccart prudent. La machine est lancée : il faut soutenir la jeune République du Biafra. Mais pas officiellement, bien entendu. véritable cheville ouvrière de l’Etat «franco-africain», c’est félix Houphouët-Boigny qui se charge de prendre contact avec la jeune République. De son côté, depuis Abidjan, « Monsieur jean » va tout organiser de main de maître. Il dispose de moyens financiers très importants – les fonds secrets de l’Etat français – et recrute des mercenaires, dont l’inévitable Bob Denard.

Puis les armes commencent à affluer vers le Biafra depuis Abidjan, et surtout depuis Libreville, où Omar Bongo a remplacé Léon M’Ba. L’armement est livré via les avions de la Croix Rouge. Il s’avère que le responsable local de la Croix Rouge est également le responsable local ... du SDECE.

SéQUENCIERIMAGES D’ARCHIvEAOûT 1967. LA GUER-RE BAT SON PLEIN AU BIAfRA.

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Témoin-clé Claude Wauthier

JournalisteConfesseur de Maurice RobertResponsable Afrique du SDECE

Témoin-Clé Bob Maloubier

TEMOIGNAGESBob Maloubier, dans son langage « fleuri » :« C’est un type de la grenouille* qui supervise l’acheminement au Biafra des équipements «spéciaux». Tu vois ce que je veux dire : pétoires et munitions dans des caisses de lait concentré de la Croix-Rou-ge.»

Au début, Omar Bongo est prudent. Mais félix Houphouët-Boigny, infatiguable, va s’efforcer de convain-cre pour le compte de foccart, le jeune chef d’Etat. Exemple typique de l’Etat franco-africain.

Les services français ont cherché à utiliser la famine du Biafra pour rallier le monde à la cause séces-sionniste. A la fin de sa vie, Maurice Robert, l’adjoint de foccart, s’en est confié : « Nous voulions un mot choc pour sensibiliser l’opinion. «Génocide» nous a paru parlant. Nous avons communiqué à la presse des renseignements précis sur les pertes biafraises et nous avons fait en sorte qu’elle reprenne rapi-dement l’expression « génocide ». Le Monde a été le premier. Les autres ont suivi. »

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* «la grenouille» = le groupe des nageurs de combat

vOIX Off Guerre perdue, morts inutiles. La sécession échoue militaire-ment. L’immense Nigeria reprend le contrôle de sa province, pen-dant que le Biafra s’enfonce dans une famine qui fait un million de morts. Tout un mouvement humanitaire va naître de ce conflit.

SéQUENCIER

PHOTOGRAPHIEBIAfRA. vICTIMES DES COMBATS.

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PHOTOGRAPHIEMOBUTU SESE SEKO

PHOTOGRAPHIERéféRUNDUM DE 1969

IMAGES ARCHIvENOvEMBRE 1972, POMPIDOU EN vOyA-GE OffICIEL EN HAU-TE-vOLTA (BURKINA). fOCCART EST à SES CôTéS EN LUNETTES NOIRES. PUIS, Ré-CEPTION à L’AMBAS-SADE DE fRANCE. DISCOURS DE POM-PIDOU, éCOUTé PAR fOCCART

vOIX Off Désavoué par le référendum de 1969, De Gaulle quitte le pouvoir. Pompidou, le dauphin déclaré, fait campagne. Alors qu’Alain Poher assure l’intérim à l’Elysée, une commode qui permettait d’enregistrer ce qui se disait dans les autres pièces du palais est découverte. L’affaire, dévoilée par le Canard Enchaîné est connue sous le nom de «Commode à foccart». Quelle était cette com-mode ? foccart enregistrait-il réellement des conversations dans l’Elysée ? Si tel est le cas, le pouvait-il sans l’accord de De Gaulle ? Peu probable. Quoiqu’il en soit, l’affaire gêne le candidat gaulliste Pompidou qui doit prendre ses distances avec ces «anciennes pratiques».

D’ailleurs, une fois élu, Pompidou hésite. La figure tutélaire de De Gaulle disparue, les langues se délient. Pompidou sait que foccart n’est pas très apprécié par toute une frange de la droite que le nouveau président veut rallier. foccart fait peur. Il embarrasse jusqu’à son propre camp.

finalement, c’est félix Houphouët-Boigny qui impose le retour de son vieux complice après un mois de flottement. Tout au plus déplace-t-on symboliquement la cellule africaine au 2 rue de l’Elysée. Pour Pompidou, l’Afrique n’est pas un souci majeur. Il laisse volontiers foccart manœu-vrer. L’évolution politique des Etats donne l’impression à Pompidou que l’Afrique se désagrège, et que la france ne peut pas tout régler. D’où un sentiment de lassitude qui ira en s’accentuant.

foccart, lui, continue comme avant. Il voyage même de plus en plus, protégeant et entretenant ses réseaux plus que jamais. De 1969 à 1974, il a les coudées franches.La grande affaire du mo-ment est de faire enfin la nique aux Anglo-saxons au zaïre. foccart parvient à séduire Mobutu, le chef incontesté de l’immense et richissime Etat. La france pousse ses billes en Afrique.

C’EST SANS DOUTE LE MOMENT DE DéCRYPTER LA VRAIE NATURE DE CE SYSTèME FRANCO-AFRICAIN ET LE RE-GARD QUE LES RESPONSABLES FRANçAIS PORTAIENT DESSUS.

Témoin-clé : Béchir Ben Yahmed

Témoin-clé : Philippe Gaillard

TEMOIGNAGESAvant même que l’on ne parle de «françafrique», terme employé dans les années 1990 pour dénoncer la corruption et l’immoralité d’un système, tous les chefs de la ve République, De Gaulle en tête, connaissaient parfaitement les vicissitudes de l’Etat franco-africain.

L’Etat-franco africain est un appendice de l’Etat français, dans lequel se retrouvent une élite franco-africaine, hauts-fonctionnaires, militaires, chefs d’Etat, entreprises minières et pétrolières. Construit dans l’intérêt de la france, cet Etat reposait sur un échange de bons procédés, garantissant l’accès aux richesses d’un côté (france) et conservation du pouvoir et développement de l’autre (Afrique). Dès le début, la france garde le silence sur les manquements à la démocratie, sur la violation permanente des droits de l’homme. foccart lui même plaide avec véhémence pour l’aide au développement, mais dans l’arrière boutique, il se tait sur le gaspillage des ressources financières des jeunes Etats. Pourquoi ? Parce que c’est une manière de les tenir sous perfusion et de s’assurer de leur dépendance. voilà le système, somme toute assez simple. La corrup-tion n’est pas inhérente à l’Etat franco-africain, mais elle permet de «verrouiller» le système.

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IMAGESBASILIQUE DE LA PAIX, yAMASSOUKRO

PHOTOGRAPHIESACRE DE BOKASSA

... / ...

SéQUENCIER

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TEMOIGNAGES (suite)foccart nous a dit que De Gaulle et Pompidou étaient effarés par les dépenses inutiles des chefs d’Etats africains. Mais jamais ils n’ont tenté de conditionner l’aide française à sa bonne gestion. bien au contraire: lorsque David Dacko (Centrafrique) demande un hélicoptère Alouette à De Gaulle, celui-ci s’empresse de le lui offrir. Pour des raisons politiques, on critiquera de manière véhémente le sacre de Bokassa, qui coûte à son pays l’équivalent d’une année d’aide française, mais on fermera les yeux lorsque Houphouët-Boigny construit la Basilique de la Paix à yamassoukro, dont le coût est si faramineux pour la Côte d’Ivoire que le Pape hésite à venir la consacrer. Alors ?

Alors, foccart estime à l’époque que les «petits cadeaux», tout comme l’aide au développement qui remplit les comptes en banque des chefs d’Etat et tout comme l’absence de démocratie ne pèsent pas bien lourd au regard du bénéfice retiré par la france : indépendance énergétique renforcée, plus de pouvoir dans les instances inter-nationales (en effet, la france ne vote pas à 1 voix, mais à 14 !), prestige et francophonie préservée face à une Afrique de plus en plus anglophone.

Alors la question se pose : et foccart ? Corrompu lui aussi ? Il y a au moins deux arguments contre. Première-ment, foccart ne s’est pas enrichi. Il vivait bien : le manoir de Luzarches, un maison sur la Côte d’Azur et un ba-teau de pêche, mais rien de l’ordre du détournement de fonds. Deuxièmement, cela ne l’intéressait simplement pas. Son moteur était le pouvoir, pas l’argent. foccart n’était pas un ange. Mais, corrupteur dans l’exercice de ses fonctions, ce n’était pas lui-même un corrompu.

La «françafrique» n’est pas la continuation du système foccart, c’en est la parodie. Elle s’est épanouie au mo-ment où quelques français en charge de la politique africaine, regardant l’enrichissement colossal de certains chefs d’Etat et des intermédiaires en tous genres, se sont dits : «pourquoi pas nous ?»

Témoin-clé : Béchir Ben Yahmed

Témoin-clé : Philippe Gaillard

SéQUENCIER

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1974. A 61 ANS, JACQUES FOCCART EST POUSSé VERS LA SORTIE.

IL N’EST PAS DU GENRE à SE LAISSER ABATTRE. DANS L’OMBRE, IL LUTTE CONTRE LE NOUVEAU POUVOIR EN PLACE, EN UTILISANT NOTAMMENT LE SAC, QU’IL CONTINUE à DIRIGER SECRèTEMENT. CELA DIT, SON POUVOIR RéEL S’AMENUISE DèS LORS QU’IL N’A PLUS L’OREILLE DU PRINCE. SANS FONCTIONS OFFICIELLES, FOC-CART N’EST PLUS FOCCART.

PHOTOGRAPHIEvALERy GISCARD D’ESTAING, CANDI-DAT AUX PRéSIDEN-TIELLES, ATTEND LES RéSULTATS DU vOTE.(© DAvID BURNETT 1974)

SéQUENCIER

vOIX OffQuant à l’Afrique, le nouveau président, valéry Giscard D’Estaing en fait une affaire personnelle, ha-bilement conseillé par René journiac, un ancien collaborateur de foccart «passé chez Giscard». Il connaît bien ce continent, et sa politique poursuivra celle de De Gaulle et Pompidou. Au cours des an-nées 70, les relations entre la france et ses partenaires africains sont au beau fixe, notamment avec le zaïre de Mobutu. Les services secrets français sont «défoccartisés»...

SéQUENCIER

IMAGES ARCHIvENOvEMBRE 1978. COURS MAGISTRAL D’ETAT fRANCO-AfRICAIN ! LE PRé-SIDENT GISCARD EXPLIQUE LA SITUA-TION AU zAïRE AU MOyEN D’UNE CAR-TE. LE REPORTAGE S’éTEND ENSUITE SUR LES RICHESSES DU PAyS, PUIS MONTRE LES PARAS DU 2E R.E.P. QUI DéBARQUENT à KINSHASA POUR SOU-TENIR LE RéGIME DE MOBUTU.

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Témoin-clé x. ex-SDECE

TEMOIGNAGESCOMMENT FOCCART A-T-IL VéCU CETTE MISE à L’éCART ? COMMENT S’EST PASSéE LA «DéFOCCARTISATION» DES SERVICES ? QUEL TYPE D’INFLUENCE A SU GARDER FOCCART AU SEIN DES SERVICES ? ET EN AFRIQUE ?

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Témoin-clé x. ex-SDECE

TEMOIGNAGESfoccart ne pardonne pas la trahison de ceux des gaullistes qui ont permis l’élection de Giscard contre le dauphin désigné, Chaban. Une lutte souterraine s’engage dans laquelle jacques foccart mobilise ses forces. En 1979, le Canard Enchaîné révèle que Giscard a reçu en cadeau une plaquette de diamants afri-cains, de la part du président centrafricain Bokassa. L’affaire au départ très banale (ce cadeau était géné-ralement réservé à ses hôtes de marque, Henry Kissinger notamment avait reçu une plaquette similaire), tourne au scandale du fait notamment de la défense maladroite de Giscard D’Estaing. Cette affaire montée en épingle après la destitution de Bokassa par les paras français à Bangui, coûtera en partie la réélection au Président français. Giscard D’Estaing s’est fait piégé. Les informations étaient arrivées au Canard En-chaîné via des fidèles d’un certain... jacques foccart.

Ajoutons qu’au cours de la campagne de 1981, les hommes du SAC ont collé des diamants à la place des yeux sur les affiches de Giscard D’Estaing. Comme toutes les actions du SAC, foccart ne pouvait pas ne pas être au courant...

Témoin-clé x. ex-Commissaireex-SAC

LA DENT DURE !

SéQUENCIERIMAGE«UNE» DU CANARD ENCHAINé SUR L’AffAIRE DES DIAMANTS

QUESTIONS : ExISTE-T-IL DES PREUVES DE L’IMPLICATION DE FOCCART DANS L’AFFAIRE DES DIAMANTS ? ON DIT QU’APRèS LA MORT ACCIDENTELLE DE SON CONSEILLER JOURNIAC, VGE AURAIT REçU FOCCART à L’éLYSéE POUR LUI DEMANDER CONSEIL. EST-CE VRAI ?

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vOIX OffConcernant l’Afrique, françois Miterrand, lové dans les institutions de la ve Ré-publique se comporte comme ses prédécesseurs. Il fait appelle à Guy Penne, qui devient le «nouveau monsieur Afrique», dans la droite ligne de journiac et de foccart. L’adjoint de Guy Penne est jean-Christophe Mitterrand.

Quant à jacques foccart, c’est l’heure des comptes. Ce n’est pas l’Afrique qu’on lui reproche, mais ses activités en métropole : le SAC est dissout et une com-mission d’enquête parlementaire est créée. Son objectif : faire le procès des méthodes des services de sécurité gaullistes.

IMAGELE vISAGE DE fRANçOIS MIT-TERRAND, NOUvEAU PRéSIDENT DE LA vE RéPUBLIQUE, APPARAîT PEU à PEU

SéQUENCIER

1981, L’HEURE DES COMPTES ?

Témoin-clé Fernand Wibaux

AmbassadeurAdjoint de Michel Dupuch qui fut «Mon-sieur Afrique» de J. Chirac

Témoin-clé François Massot

Ancien DéputéVice-Pd de la commission d’enquête par-lementaire sur le SAC

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TEMOIGNAGESfrançois Massot qui fut le vice-président de la commission d’enquête parlementaire sur le SAC en 1982 ne décolère pas. Pourtant le temps a passé. Après six mois d’enquête, les députés se sont fait une idée précise de l’association. A l’origine, en 1959, il s’agissait d’un service d’ordre gaulliste. Puis le SAC a in-filtré la police, le monde des affaires et aussi le «milieu lyonnais» dans lequel il a recruté des hommes de main. Le SAC est impliqué dans 65 affaires judiciaires qui vont de violences en réunion à l’homicide. C’est de-venu une véritable police parallèle et une milice privée. Dans la région marseillaise, environ 30% des membres du SAC étaient dans la police.foccart est auditionné, en tant «qu’inspirateur» de l’organisation. En effet, le SAC est officiellement dirigé par Pierre Debizet. En 1995, foccart admettra avoir été le vrai dirigeant du SAC. Mais c’était un secret de polichinelle.

SéQUENCIER

QUESTIONS : QUEL A éTé LE COMPORTEMENT DE FOCCART DEVANT LA COMMISSION PARLE-MENTAIRE ? QUELLES éTAIENT SON INFLUENCE ET SON AURA AU SEIN DU SAC ?

TOUCHé MAIS PAS COULé !

vOIX Off1986. foccart, à 73 ans, fait adouber son poulain gaul-liste, Chirac, par Houphouët-Boigny. jacques Chirac se prête au jeu, autant par fidélité gaulliste que par intérêt. Le vieux foccart a gardé quelques uns de ses réseaux. Mais de l’avis de tous, ce qui reste des réseaux éclate littéralement dans la lutte fraticide que se livrent en 1993-1994 les deux candidats gaullistes, jacques Chirac et Edouard Balladur. foccart, vieillissant, regarde som-brer son héritage.

SéQUENCIERPHOTOGRAPHIEfOCCART, HOUPHOUëT ET CHIRAC, EN 1986

QUESTIONS : QUELLE éTAIT LA NATURE DES RELATIONS ENTRE FOCCART ET CHIRAC ? FOC-CART A-T-IL PRIS PART AU COMBAT ENTRE CHIRAQUIENS ET BALLADURIENS ? A-T-IL RéUSSI à TRANSMETTRE UN HéRITAGE ?

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MAIS QUEL HéRITAGE ?

vOIX OffAu début de l’année 1994, Houphouët-Boigny meurt. La ve République au grand complet, ce qui en dit long sur l’importance accordée à cette disparition, embarque dans le même Airbus pour yamassoukro. Tout cela au mépris des règles élémentaires de sécurité nationale !Même françois Mitterrand, rongé par le cancer, fait le déplacement. Le commentaire des images tragi-comiques nous ap-prend que Giscard est placé à l’avant à côté de Mitterrand, pour éviter Chirac, et que Chirac et Balladur s’échangent quel-ques froides politesses. Dans un an, l’un des deux sera président. Balladur, à l’aise, domine dans les sondages. foccart, bien entendu, est du voyage. Les caméras surprennent un vieillard renfrogné. Il ne peut presque plus marcher. Il s’en va assister à l’enterrement de son plus vieux complice et de l’oeuvre de sa vie.

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SéQUENCIERIMAGES D’ARCHIvE1994. fUNéRAILLES D’HOUPHOUëT-BOIGNy

IMAGES D’ARCHIvEAU MêME MOMENT, TOUTE LA RéPUBLIQUE fRANçAISE EMBARQUE DANS LE MêME AIRBUS

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1996. JACQUES CHIRAC, PRéSIDENT DE LA RéPUBLIQUE, EN DéPLACEMENT EN GUADELOUPE.FOCCART EST Là. LA GUADELOUPE, C’EST SON îLE.

HAGARD, SE DéPLAçANT AVEC DIFFICULTé, L’HOMME DE L’OMBRE N’EST PLUS QUE L’OMBRE DE LUI-MêME.

IL MEURT LE 19 MARS 1997. SON éPOUSE EST DéCéDéE QUELQUES ANNéES PLUS TôT. ILS N’ONT PAS EU D’EN-FANT.

IL EMPORTE BEAUCOUP DE SECRETS AVEC LUI.

SéQUENCIER

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TEMOIGNAGEEn 2002, les français sont chassés de Côte d’Ivoire. S’en est fini de la perle de l’Etat franco-africain.Mais tout était déjà terminé depuis longtemps. En 1990, françois Mitterrand, devant un parterre littéralement médusé de chefs d’Etat Africains, en appelait à la démocratisation de leurs régimes. Chose insensée et impensable ! Ce n’était sans doute que pour mieux préparer le revirement de 1994, et la dévaluation du franc CfA : la france affirme officielle-ment ne plus avoir les moyens de sa politique africaine. Il faut que chacun se conforme désormais aux obligations internationales de la Banque Mondiale et du fMI, dont on sait maintenant quelles conséquences elles ont eu en Amérique latine et en Afrique. Mais c’est un autre débat. La voie française de développement a elle aussi échoué. L’Etat-franco africain est abandonné par son actionnaire principal et ne trouve pas de repreneur.

Et au fond, tout cela est très logique. L’Afrique n’est plus la même. Depuis les indépendances de 1960, sa population a été multipliée par cinq, passant de 150 millions à 800 millions d’habitants. Le continent à l’exception - espérons durable - de l’Afrique du Sud s’enfonce dans le chaos le plus total. Etait-ce évitable ? A l’heure des comptes, fait intéressant, la Guinée de Sékou Touré qui a pris son indépendance en 1958 fait jeu égal en terme de mortalité, de désorganisation et de sous-développement - osons le mot ! - que ses voisins qui ont choisi la france. Match nul ?

foccart a accompli sa mission, mais il s’est trompé.

Il a construit et maintenu un réseau de chefs d’Etats et d’amis, une sorte d’organisation collective franco-africaine mais ne concernant que les élites et oubliant que sans sûreté des biens et des personnes, sans éducation, sans respect du droit et sans justice, bref, sans Etat, le développement et la paix sont impossibles. En Afrique comme ailleurs.

SéQUENCIERIMAGES D’ARCHIvE2002. LES CIvILS fRAN-çAIS fUIENT LA CôTE D’IvOIRE

Témoin-clé Hubert Védrine

Ancien ministre des Affaires Etrangères

SéQUENCIER

FIN

vOIX OffLe 8 juin 2009, Omar Bongo s’éteint dans une chambre d’hôpital de Barcelone. Depuis l’affaire dite des «biens mal acquis», le vieux chef gabonais se méfie des hôpitaux français. Ironie ou bégaiement de l’histoire, Bongo, qui avait succédé à Léon M’Ba en 1967, meurt dans des circonstances identiques et de la même maladie. A l’époque, le jeune Bongo, accompagné de foccart, avait arraché son trône au vieux M’Ba mourant d’un cancer généralisé.

«C’est un grand ami de la france qui nous a quitté» souligne sobrement - et prudemment - le communiqué de l’Elysée.

Omar Bongo n’était pas le gardien d’un temple franco-africain qui avait déjà disparu. Mais c’était le dernier des Mohicans de notre histoire franco-africaine.

-47 bis-

Raconter Jacques Foccart c’est enquêter sur un univers et tenter de percer des mystères. En la matière, il est la généro-

sité incarnée.

D’abord parce que, comme tout bon personnage de documentaire, la réalité de ses actes dépasse la fiction. Ensuite parce que ses apparitions au gré des images d’archive sont de véritables ca-deaux offerts au documentariste. En plus d’avoir la tête de l’emploi - l’homme est un espion très photogénique – il en a le comportement. Pour avoir passé quelques temps à le pister dans les archives de l’INA, je sais qu’il n’est pas tou-jours «référencé». Et pour cause. Le malicieux se tient en retrait, littéralement dans l’ombre, il n’est jamais au centre de l’action, mais toujours aux alentours. Parfois de dos, souvent de ma-nière si fugace qu’il faut vraiment savoir où le traquer. A tel point que je le soupçonne d’avoir été le meilleur metteur en scène de sa légende ! Il faut savoir deviner Foccart pour le trouver.

Ce sera mon parti pris de réalisation : on croise rarement Foccart, mais on est souvent confron-té aux conséquences de ses actes. Foccart se raconte par les contours, par l’ombre qu’il lais-se planer sur ses actions, par l’arrière-plan où il

est toujours posté. Foccart ne se montre pas du doigt, il se chuchote.

Voilà pourquoi le film démarre par l’absence du protagoniste : il a disparu en Méditerranée et le vide qu’il laisse paralyse De Gaulle, alors confronté à une crise majeure. Démonstration par l’absurde de l’immense pouvoir d’un hom-me jamais ni élu, ni rémunéré par la Républi-que française.

C’est dans la construction narrative, dans l’al-ternance des récits épiques à partir des images d’archive et des confidences livrées au cours des entretiens que se noue la tension dramatique du film. Chaque séquence comporte une den-sité propre, faite de mystère et/ou de révélation, afin de tenir le spectateur en haleine, et de le faire progresser dans les méandres de la vie de Foccart. Chaque séquence raconte également en parallèle un morceau de la grande Histoire. Celle de la France en Afrique. Ces deux fils nar-ratifs sont indissociablement liés : comprendre Foccart, c’est découvrir ce que la France a fait en Afrique pendant 40 ans. Et pourquoi.

Je vais disposer de sources visuelles hétérogè-nes : archives en noir et blanc, archives en cou-

leur, entretiens avec des témoins et enfin images actuelles, tournées en France et en Afrique.

Je vais tourner de nombreux plans pour illus-trer le commentaire. Je ne conçois pas ces plans comme de simple « plans de coupe », mais comme des éléments constitutifs et signi-ficatifs du film. Cette partie est facile à expliquer mais délicate à « prouver » a priori. Je vais bien entendu filmer certains des lieux où l’action se déroule (Luzarches, L’Elysée, Libreville, Braz-zaville, etc...). Mais je vais dans le contenu des plans chercher ce que j’appelle des « correspon-dances ». Ces correspondances peuvent être de toute nature : sémantiques (des écriteaux dans une rue africaine), sensitives, absurdes (la pau-vreté pour illustrer la corruption par exemple), etc, etc. Il est difficile, en dehors du contexte du tournage de dire ce qui se produira par avance, mais mon intention est claire : chaque plan de ce film aura une signification forte.

Je ne vais pas modifier la texture des ima-ges, qu’il s’agisse des archives ou des images d’aujourd’hui. Mais je veux que le film ait sa pro-pre identité visuelle, évoquant la période cen-trale du documentaire : 1960/1974. Je vais donc

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NOTE ARTISTIQUE

« marier » ces différentes sources visuelles en jouant sur les différences de texture. Je pense notamment avoir recours au split screen. Cette technique, vieille comme le cinéma mais stylis-tiquement révolutionnée par L’Affaire Thomas Crown de Norman Jewison (1968) – 1968, l’odeur visuelle de notre documentaire ! - est remise au goût du jour par des séries TV comme « 24 heu-res ». Sans en abuser, elle permet de dynami-ser l’action, créer des attentes, confronter des personnages, et bénéficier de plusieurs points de vue. Elle a à la fois le parfum des années 60, du monde de l’espionnage, et du dynamisme.

Pour ceux qui ont croisé sa route, Foccart se ra-conte sur le ton du secret, du silence entendu, du sourire complice. J’aimerais des entretiens les plus dynamiques possibles, proches du mode de la conversation (mes questions seront par contre toujours « off »). Je voudrais garder chaque « confident » dans son « jus », dans un endroit qu’il affectionne et où il se sent bien. Je ne vais pas chercher que des anecdotes : mes confidents sont également des acteurs de l’his-toire que raconte le film. Nombre d’entre eux ont agi (et parfois « salement ») sous les ordres de Foccart : je m’intéresse à ce qu’ils racontent mais également à ce qu’ils sont. Je vais donc

traquer leurs réactions, la façon dont le regard se détourne ou l’oeil se mouille. Si Foccart est le protagoniste, ils sont tous des seconds ou troi-sièmes rôles, dont la qualité est indispensable à la réussite du film.

Je voudrais enfin dire un mot de l’ambiance so-nore. En matière de musique, mon choix n’est pas arrêté, mais je sais déjà ce que je ne veux pas : pas de musique grandiloquente du genre James Bond, mais plutôt des ambiances mar-quant les années qui passent : fifties, sixties, se-venties, etc... Enfin, je souhaite une voix-off de ma génération – trentenaire – et pas une voix de « vieux baroudeur ». Une voix jeune, vive, au dé-bit à la fois calme et alerte ne « jouant » pas les situations, mais s’emparant tout simplement d’un sujet qui appartient à notre Histoire et qui nous concerne tous

Cédric Tourbe

NOTE ARTISTIQUE

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Pour l’écriture du dossier et dans le cadre de nos recherches, nous avons pu prendre certains contacts, et identifier les premiers témoins évidents. Malheureusement, Pierre Messmer, Jacques Chaban-Del-mas et Maurice Robert, l’adjoint de Foccart pour l’Afrique, nous ont tous quitté. Il en va de même pour le mythique «Monsieur Jean» (Mau-richaux-Beaupré), mort il y a quatre ans, mais qui en aurait eu tant à dire. Nous disposons néanmoins d’un contact qui l’a bien connu.

Le contact avec les ex-agents du SDECE, ainsi que le contact stratégi-que avec Me Robert Bourgi, passent directement par Pierre Péan.

Nous avons par ailleurs des contacts avec d’anciens policiers mem-bres du SAC.

Il va sans dire que les premiers entretiens permettront rapidement d’identifier de nouveaux témoins, et ainsi de suite.

Enfin, nous avons établi la liste des 40 collaborateurs principaux de Jacques Foccart au Secrétariat Général aux Affaires Africaines et Mal-gaches, de 1960 à 1974.

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TEMOINS-CLé (LISTE NON LIMITATIVE EN COURS D’éLABORATION)

POUR L’HEURE, ET PAR ORDRE D’APPARITION DANS LE SéQUENCIER :

ALAIN PLANTEYNé en 1924. Ancien Ambassadeur, adjoint de foccart (1961-1967)

MAURICE DELAUNEYNé en 1919. Ancien Ambassadeur en Afrique. Très proche de foccart

GUY LE BELLECHaut fonctionnaire. Chargé de mission pour foccart

BéCHIR BEN YAHMEDNé en 1928. journaliste tunisien. Ancien PDG du groupe jeune Afri-que. A bien connu foccart

PHILIPPE GAILLARDjournaliste spécialiste de l’Afrique. Confident de foccart à la fin de sa vie.

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TEMOINS-CLé (LISTE NON LIMITATIVE EN COURS D’éLABORATION)

PIERRE PéANNé en 1938. journaliste, biographe, spécialiste de l’Afrique. A ce jour le seul biographe de jacques foccart. Présent en Afrique dès le début des années 60, Pierre Péan a été le témoin direct de la politique gaul-lienne mise en oeuvre par jacques foccart.

BOB MALOUBIERNé en 1923. Ancien SAS (commando anglais) pendant la 2de Guerre Mondiale, parachutiste, nageur de combat, agent du SDECE. Ancien du Biafra, responsable de la sécurité d’Omar Bongo, très proche de foccart.

PIERRE LEFRANCNé en 1922. Gaulliste historique, compagnon de route de foccart.

ROBERT BOURGINé en 1946. Avocat. fils de Mahmoud Bourgi, ami et associé de foc-cart au Sénégal. Robert Bourgi a été le missi dominici de foccart à la fin de sa vie.

ABDOU DIOUFNé en 1935. Ancien Président du Sénégal (1981-2000). Ancien Premier Ministre (1970-1981). Ancien directeur de cabinet de Senghor.

JACQUES GODFRAINNé en 1943. Ancien ministre de la coopération (de 1995 à 1997)

MICHEL DUPUCHAmbassadeur de france en Côte d’Ivoire de 1979 à 1993. Conseiller aux affaires africaines du Président Chirac.

PIERRE JOxENé en 1934. Ancien ministre de la défense.

CLAUDE WAUTHIERjournaliste. Confesseur de Maurice Robert. Responsable Afrique du SDECE.

FRANçOIS MASSOTNé en 1940. Ancien Député. vice Président de la commission d’enquê-te parlementaire sur le SAC.

FERNAND WIBAUxAmbassadeur. Adjoint de Michel Dupuch, le Monsieur Afrique de jac-ques Chirac.(ambassadeur au Tchad durant plusieurs années et un très proche conseiller diplomatique de Chirac de 1986 à 1988)

HUBERT VéDRINEDiplomate, conseiller à la cellule diplomatique de Mitterrand dès 1981, puis ministre des affaires étrangères de 1997 à 2002. Il a vécu en direct la fin de l’Etat franco-africain et la fin de la vision «foccar-tienne» des relations entre la france et l’Afrique.

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Cédric Tourbe, 37 ans, est auteur et réalisateur

Diplômé de Sciences-Po Paris, il exerce pen-dant quelques années le métier de consultant en management au sein de grands groupes internationaux (france, Belgique, Etats-Unis, Grande-Bretagne, Suède, Norvège). Puis il re-vient à sa première passion, l’image, devenant successivement chargé de développement, puis directeur de production et producteur exécutif pour le compte de plusieurs sociétés de productions.

Réalisateur de plusieurs courts-métrages de fiction et de nombreux films institutionnels (dans tous les domaines), il se consacre dé-sormais à l’écriture et à la réalisation de docu-mentaires. «Quand foccart dirigeait l’Afrique» est son premier documentaire d’envergure en tant que réalisateur.

C’est un fin connaisseur des «affaires» politi-ques de la ve République et et notamment des affaires africaines.

BIOGRAPHIES DES AUTEURSLaurent Ducastel, 43 ans, co-auteur, est ancien journaliste issu du monde de la musique (Best, Hf Magazine, Europe 2). Col-laborateur régulier de Pierre Péan avec qui il a cosigné un thriller «Une affaire africaine». Il poursuit actuellement sa collaboration avec Pierre Péan autour de plusieurs affaires ayant trait à la france et à l’Afrique. Par ailleurs auteur de polars, une adaptation en bande des-sinée de sa dernière publication « La conjura-tion des vengeurs » est en cours aux éditions Glénat.

Pierre Péan, conseiller historique.

journaliste d’investigation, il est l’un des meilleurs spécialistes des affaires africaines et plus généralement des affaires de la ve Ré-publique. Pierre Péan a mené une enquête de très longue haleine sur jacques foccart. Cette enquête a donné lieu à la parution en 1990 de la biogaphie non autorisée, ‘L’Homme de l’om-bre», aux éditions fayard. jacques foccart a poursuivi l’auteur en justice mais a été dé-bouté. Par la suite, foccart rencontrera Péan à plusieurs reprises mais leurs échanges sont demeurés secrets, jusqu’à aujourd’hui.

Pierre Péan a publié une trentaine d’ouvrages dont :

L’Argent noir : corruption et sous-développe-ment, éditions Fayard, Paris, 1988L’Homme de l’ombre : éléments d’enquête autour de Jacques Foccart, l’homme le plus mystérieux et le plus puissant de la Ve Répu-blique, éditions Fayard, Paris, 1990,Une jeunesse française : François Mitterrand, 1934-1947, éditions Fayard, Paris, 1994,TF1, un pouvoir, éditions Fayard, Paris, 1997,Manipulations africaines : l’attentat contre le DC 10 d’UTA, 170 morts, éditions Plon, Paris, 2001,La Face cachée du Monde: du contre-pouvoir aux abus de pouvoir, éditions Mille et une nuits, Paris, 2003,Noires fureurs, blancs menteurs : Rwanda, 1990-1994, éditions Mille et une nuits, Paris, 2005,Chirac, l’Inconnu de l’élysée, éditions Fayard, Paris, 2007,Une blessure française : les soulèvements populaires dans l’Ouest sous la Révolution, éditions Fayard, Paris, 2008Le Monde selon K., éd. Fayard, Paris, 2009.

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Bien entendu, le documentaire doit retracer toute la vie de l’homme sur toute sa durée. Mais, personnage à la fois mythique et ambi-

valent, Foccart est un homme complexe. Tout l’en-jeu de ce film biographique est de permettre aux té-léspectateurs d’aborder cet homme mystérieux, de donner la mesure de son pouvoir réel, et de pein-dre, ce faisant, le tableau d’une certaine époque.

Ce n’est pas simple, parce que Foccart a eu une longue vie et a beaucoup agi. Mais la réalité de son pouvoir tient à ses fonctions officielles auprès des deux premiers présidents de la Ve République. D’ailleurs, dès lors que Foccart est mis à la porte par VGE en 1974 et qu’il perd toute fonction offi-cielle, son influence se réduit considérablement : que sont les réseaux privés, les amitiés personnel-les voire fraternelles quand on n’a plus l’oreille du président ?

voilà pourquoi, axer prioritairement le film sur la période 1958-1974, à une époque où foc-cart, cumulant réseaux publics/officiels et pri-vés/officieux, est au sommet de sa puissance, permettrait à mon sens de saisir le mieux de la

complexité du personnage.

Foccart, lorsqu’il était secrétaire général aux Af-faires Africaines ne s’occupait pas que d’Afrique. Il a créé et dirigé le SAC, et lorsqu’on lit le Journal de l’Elysée, on se rend compte que ses journées étaient remplies par les questions électorales et la gestion du parti gaulliste. Pourquoi privilégier alors l’axe «africain» ? Je vois deux bonnes raisons.

1) L’Afrique est le domaine réservé de l’Exécutif. C’est en ce domaine que la pratique politique a été la plus débridée. Et c’est, je crois, dans la gestion des affaires africaines que l’on prend la dimension réelle du personnage Foccart, le maître d’œuvre d’une politique dessinée par De Gaulle. Si la stra-tégie est gaullienne, il est le tacticien. C’est lui qui joue des faveurs et des défaveurs à l’encontre des chefs d’Etat africains.

2) Sous le règne de Foccart, existe une adéqua-tion quasi-parfaite entre les «réseaux Foccart» et ce que l’on nommera plus tard la «Françafrique». D’ailleurs, la Françafrique n’est-elle pas aussi am-bivalente que Foccart, puisqu’elle repose à la fois sur des institutions officielles (Coopération, ac-cords civils et militaires, zone franc, francophonie) et des infrastructures de réseaux très variés, par-

fois occultes, voire totalement illégaux ? C’est aussi par ce biais qu’il est possible d’évoquer son passé résistant, et le fonctionnement secret des réseaux gaullistes qui a perduré jusque-là.

foccart prend donc toute sa dimension dans la peau de «foccart l’africain». C’est aussi entre 1960 et 1974, alors qu’il est en poste à l’Elysée, qu’il représente l’homme d’une époque, celle du gaullisme triomphant. Plus jamais par la

suite on ne retrouvera une telle adéquation.

FOCCART EST UN HOMME COMPLExE, MAIS C’EST SURTOUT L’HOMME D’UNE éPOQUE (1958-1974) ET D’UNE PRATIQUE, LA POLITIQUE AFRICAINE DE LA FRANCE MUE PAR L’OBSESSION GAULLIENNE DE CONSERVER SON RANG DE GRANDE PUISSANCE

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L’ANGLE : FOCCART L’AFRICAIN

CHRONOLOGIE (NON LIMITATIVE !) TOUS CES FAITS PORTENT, à UN DE-GRé OU UN AUTRE, LA SIGNATURE DE JACQUES FOCCART.1958. Il faut éliminer Sékou Touré ! L’homme qui a dit non à De Gaulle est devenu la bête noire de Foccart. Pendant plus de 10 ans, les services français tentent de l’éliminer sans succès, dans des tentatives aussi mala-droites que sanglantes.

1960. Les indépendances de quatorze pays des anciennes AEF et AOF sont organisées de main de maître : la monnaie, la défense et le développement sont assurés par la France. C’est le temps du «Partir pour mieux rester».

1960-1961. «Affreux» au Katanga. De Gaulle lorgne sur la riche province du tout nou-veau Zaïre (ancienne colonie Belge). Paris joue un rôle très important en soutenant le séces-sionniste Moïse Tchombé contre le progres-siste Lumumba. Tchombé finira enlevé par les services français (il menaçait de devenir un homme des Américains ce qui rendit De gaulle furieux), puis assassiné par son ex-ami Mobu-tu. La bataille d’Elizabethville oppose les for-ces de l’ONU aux rebelles katangais. On croise Bob Denard pour la première fois : 180 casques bleus sont tués par des mercenaires (les «Af-freux»)armés et dirigés par la France.

1961-1963. Massacre au Cameroun. Dans un Etat indépendant depuis un an, l’ar-

mée française a massacré à tour de bras l’eth-nie Bamiléké, avec des avions et des chars ; cet événement est passé sous silence dans le va-carme de la guerre d’Algérie. Sous les ordres du général Briant, 3 000 personnes sont tuées selon le commandement français, mais des ob-servateurs parlent de 40 000 morts Bamilékés. Des dizaines de villages sont rasés. Ce massa-cre est tout à fait inconnu des Français.

1963. Assassinat du président togolais Sylvanus Olympio, exécuté personnelle-ment par son successeur, le président Eyadé-ma.

1963. Premier accroc qui fera date : le fantasque Abbé Youlou, père de l’indépendan-ce du Congo-Brazzaville est déposé, sans que la France ne réagisse. En effet, Foccart est à la pêche en mer et injoignable ! Foccart fera ensuite évader l’abbé Youlou dans des condi-tions rocambolesques, au cours d’une opé-ration commando des services. L’absence de réaction de la France a eu un effet désatreux auprès de tous les chefs d’Etat africains. C’est la première et la dernière fois que la France de Foccart commettra une telle erreur.

1964 et 1967. L’affaire du Gabon et la dra-matique reprise en main du camp retranché de Lalala, où les paras Français exécutent leurs frères d’armes Gabonais, sans parler des élec-tions organisées depuis Paris, dans la chambre d’hôpital d’un Léon M’Ba moribond.

1965. Bokassa en Centrafrique sous l’impul-

sion directe des services français.

1967. Biafra. SDECE contre CIA. Les avions de la Croix Rouge sont discrètement réaména-gés pour apporter du matériel militaire fran-çais aux rebelles biafrais. Première campagne médiatique, orchestrée par le SDECE, autour de la famine du Biafra. Création de MSF. Envi-ron 2 millions de biafrais mourront de faim.

1967. Création d’Elf. Un seul but : assurer l’indépendance énergétique de la France. Quit-te à mener une périlleuse diplomatie parallèle en Afrique, après la perte du Sahara algérien. Au cours des années 70, Maurice Robert, an-cien bras droit de Foccart, deviendra chef de la sécurité d’Elf.

1968-1975. Afrique du Sud. Le soutien sans faille apporté à l’Afrique du Sud de l’Apar-theid par des livraisons secrètes d’armes (Hé-licoptères, blindés, Mirages, missiles Crotale) depuis les Comores. Bob Denard, encore...

1973. Assassinat de l’opposant tcha-dien Bono.

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PRINCIPALES SOURCES BIOGRAPHIQUES :

«journal de l’Elysée», 5 tomes, 1965-1974, jacques foccart, éditions fayard

«foccart Parle», 2 tomes, 1995-1998, entretiens avec Philippe Gaillard, éditions fayard

«L’homme de l’ombre», biographie non autorisée, Pierre Péan 1990, éditions fayard

«Affaires africaines», Pierre Péan, 1983, éditions fayard

«foccart, entre france et Afrique», actes du colloque EHESS, 2002

«Ministre de l’Afrique», Maurice Robert, 2004, Le Seuil

«Mémoires de l’ombre», Pierre Marion, 1999, flamarion

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SOURCES PRINCIPALES

ARCHIVES FILMéES INA

1 janvier 1960

26 avril 1961

8 juin 1961

23 août 1961

29 novembre 1961

4 juillet 1962

15 mars 1963

16 mars 1963

24 octobre 1963

1 décembre 1964

13 juillet 1965

10 septembre 1965

15 mars 1966

5 juillet 1966

23 novembre 1967

26 novembre 1967

5 janvier 1968

22 avril 1968

12 septembre 1968

Actualités françaises

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MONSIEUR MOKTAR A L’HOTEL MATIGNON

LA vISITE DU PRESIDENT SENGHOR A PARIS

RECEPTION HOUPHOUET BOIGNy A L’ELySEE

LIBREvILLE fETE UN AN D’INDEPENDANCE GABONAISE

ANNIvERSAIRE DE L’INDEPENDANCE DU CONGO

EDITION SPéCIALE : LA DéCOLONISATION

LE PRESIDENT TSIRANANA A L’ELySEE

fULBERT yOULOU A LA NOUvELLE AMBASSADE CONGO

CONCOURS TIR A MELUN

MONSIEUR TSCHOMBE A L’ELySEE

LE GENERAL DE GAULLE A LA COMMUNAUTE ET CHEz jACQUINOT

vISITE CyRANKIEwICz A PARIS

RECEPTION MINISTRES AfRICAINS

LA POLyNESIE fRANCAISE A L’HEURE ATOMIQUE

LE PRESIDENT A CHAMPS SUR MARNE

ASSISES UNR - UD vEME

LE PRESIDENT GABONAIS OMAR BONGO RECU A PARIS PAR DE GAULLE

CONfERENCE MINISTRES fRANCOPHONES

CONGRES UDR

IL ExISTE 80 DOCUMENTS INA AVEC FOCCART

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ARCHIVES FILMéES INA2 octobre 1968

9 juin 1969

13 juin 1969

1 septembre 1969

2 février 1971

9 février 1971

9 novembre 1971

19 janvier 1973

22 mars 1973

19 août 1973

24 janvier 1974

30 mai 1974

13 mai 1975

8 janvier 1979

17 août 1981

24 juin 1982

28 juillet 1982

28 juillet 1982

28 juillet 1982

12 avril 1986

13 avril 1986

22 avril 1986

29 août 1986

13 novembre 1986

Actualités françaises

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Méditerranée

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LE RENDEz vOUS DES PARLEMENTAIRES DE LANGUE fRANCAISE

ALAIN POHER

M. DEBRE A MONTROUGE - ELECTIONS PRESIDENTIELLES

vISITES A L’ELySEE

AvANT SUjET vOyAGE EN AfRIQUE DE MONSIEUR POMPIDOU

MONSIEUR POMPIDOU EN AfRIQUE

MESSE EN LA CHAPELLE ST LOUIS DES INvALIDES

DéCLARATION POMPIDOU : vOyAGE EN ETHIOPIE

COMITE CENTRAL UDR

fETE INDEPENDANCE GABON

LE PRéSIDENT MOBUTU DE PASSAGE à STRASBOURG

Tv GRAMMES fRANCE

INTERvIEw LéON DELBEQUE

OLIvIER GUICHARD ET j P CHEvENEMENT SUR LES CONSEILLERS OCCULTES

PORTRAIT DEBIzET

LES RéSULTATS DE LA COMMISSION D’ENQUêTE PARLEMENTAIRE SUR LE SAC

RéTRO SAC

SAC

HISTORIQUE DU SAC

ENCADRE féLIX HOUPHOUET BOIGNy

jACQUES CHIRAC EN AfRIQUE

L’éQUIPE DE jACQUES CHIRAC

jACQUES CHIRAC EN NOUvELLE CALéDONIE

LE COûT DU SOMMET

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LE RENDEz vOUS DES PARLEMENTAIRES DE LANGUE fRANCAISE

ALAIN POHER

M. DEBRE A MONTROUGE - ELECTIONS PRESIDENTIELLES

vISITES A L’ELySEE

AvANT SUjET vOyAGE EN AfRIQUE DE MONSIEUR POMPIDOU

MONSIEUR POMPIDOU EN AfRIQUE

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DéCLARATION POMPIDOU : vOyAGE EN ETHIOPIE

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LE PRéSIDENT MOBUTU DE PASSAGE à STRASBOURG

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LE COûT DU SOMMET

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19 novembre 1986

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9 juillet 1990

10 mars 1993

1 mars 1994

10 février 1995

12 mai 1995

17 mai 1995

21 juillet 1995

22 juillet 1995

22 juillet 1995

23 juillet 1995

19 mars 1997

19 mars 1997

19 mars 1997

19 mars 1997

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CONféRENCE LOMé : COHABITATION

L’AvENIR NOUvELLE CALéDONIE

CHIRAC AUX ANTILLES

UNE CERTAINE IDéE DU POUvOIR

ADIEUX A L’EMPIRE

PROCèS BOB DENARD

CHARLES L’AfRICAIN : DE GAULLE ET L’AfRIQUE NOIRE 1940 1969

fOCCART/MEMOIRES

OBSèQUES DE ROBERT ANDRé vIvIEN

PLATEAU jARDIN ELySEE

CHIRAC EN CôTE D’IvOIRE

[REPORTAGE : jACQUES CHIRAC AU GABON]

CHIRAC CHEz BONGO

BILAN CHIRAC/AfRIQUE

Off/MORT DE jACQUES fOCCART A AGE DE 83 ANS.

Tf1 13 HEURES : [éMISSION DU 19 MARS 1997]

[DéCèS jACQUES fOCCART]

Tf1 20 HEURES : [éMISSION DU 19 MARS 1997]

DéCèS jACQUES fOCCART

TOUT IMAGES : DéCèS fOCCART

DéCèS DE jACQUES fOCCART

DéCèS fOCCART

MORT jACQUES fOCCART

DéCèS fOCCART

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24 mars 1997

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24 mars 1997

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16 octobre 1997

1 mai 1998

12 janvier 2001

7 février 2002

3 mai 2006

13 février 2007

14 février 2007

16 janvier 2008

ARCHIVES FILMéES INATf1 actualités

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[PLATEAU BRèvES]

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Off OBSEQUES jACQUES fOCCART

Tf1 13 HEURES : [éMISSION DU 24 MARS 1997]

TOUT IMAGES : OBSèQUES fOCCART

OBSèQUES fOCCART

CONGO PETROLE/N’GUESSO

PLATEAU ROMAIN GOUPIL jEAN PAUL OLLIvIER

[LES RéSEAUX DE TRAfIC D’ARMES EN AfRIQUE]

HISTOIRES SECRèTES DU BIAfRA : fOCCART S’EN vA T’EN GUERRE

LES AffAIRES D’ETAT

LES RAPPORTS DE LA fRANCE AvEC L’AfRIQUE

[LES RELATIONS ENTRE LA fRANCE ET L’AfRIQUE]

[fRANçAfRIQUE]

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Tf1 13 HEURES : [éMISSION DU 24 MARS 1997]

TOUT IMAGES : OBSèQUES fOCCART

OBSèQUES fOCCART

CONGO PETROLE/N’GUESSO

PLATEAU ROMAIN GOUPIL jEAN PAUL OLLIvIER

[LES RéSEAUX DE TRAfIC D’ARMES EN AfRIQUE]

HISTOIRES SECRèTES DU BIAfRA : fOCCART S’EN vA T’EN GUERRE

LES AffAIRES D’ETAT

LES RAPPORTS DE LA fRANCE AvEC L’AfRIQUE

[LES RELATIONS ENTRE LA fRANCE ET L’AfRIQUE]

[fRANçAfRIQUE]

ARCHIVES FILMéES INA

27 août 1958

4 juillet 1958

9 juillet 1959

21 juin 1960

17 janvier 1961

24 mars 1961

14 mars 1963

14 novembre 1965

22 septembre 1967

5 janvier 1968

22 novembre 1972

7 février 1994

Actualités françaises

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LE vOyAGE DE DE GAULLE à BRAzzAvILLE

LE GéNéRAL DE GAULLE à DjIBOUTI

LE GENERAL DE GAULLE à MADAGASCAR

INDéPENDANCE DU MALI

MR HOUPHOUET-BOIGNy à L’éLySéE

LE SéjOUR DE M’BA à PARIS

fULBERT yOULOU à L’éLySéE

MR AHIDO à L’éLySéE

DéjEUNER DES PRéSIDENTS AfRICAINS

OMAR BONGO REçU PAR DE GAULLE

vOyAGE POMPIDOU HAUTE-vOLTA

yAMASSOUCKRO COHABITATION

IL ExISTE AU MOINS 12 DOCUMENTS INA Où FOCCART EST PRéSENT MAIS NON RéFéRENCé (LISTE NON LIMI-TATIVE !), LES ARCHIVES SOULIGNéES éTANT PARTICULIèREMENT INTéRESSANTES VISUELLEMENT

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L’HOMME QUI DIRIGEAIT L’AFRIQUE

24 rue Meslay, 75003 Paris www.kien.frtel. +33(0)1 44 54 15 15 - fax +33(0)1 44 54 15 20

BELIANE VENTES INTERNATIONALES

Durée : 90 mnRéalisation : Cédric TourbeEcrit par Cédric Tourbe et Laurent DucastelConseiller : Pierre PéanProduction :K’IEN PRODUCTIONSJan Vasak+33 (0)6 07 72 70 [email protected]

L’HOMME QUI DIRI-GEAIT L’AFRIQUE

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