manuel de l'assainissement total pilote par la communaute

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Manuel de l’Assainissement Total Piloté par la Communauté Kamal Kar et Robert Chambers Manuel de l’Assainissement Total Piloté par la Communauté Kamal Kar

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Ce manuel a été conçu à partir d’expériences en matière d’Assainissement Total Piloté par la Communauté (ATPC) au Bangladesh, en Inde, au Cambodge, en Indonésie, en Mongolie, au Népal, en Chine et au Pakistan pour l’Asie ; en Ouganda, en Zambie, en Ethiopie, en Tanzanie, au Kenya et en Sierra Léone pour l’Afrique ; en Bolivie pour l’Amérique latine ; au Yémen pour le Moyen-Orient ; et dans d’autres pays encore. Nous encourageos les utilisateurs de ce manuel à exploiter les directives présentées de la manière qui leur convient le mieux. Les méthodes décrites ici ne sont pas les seules permettant de mettre en oeuvre l’ATPC. Nous les encourageons à constamment user de leur bon sens et à innover avec des approches et des outils adaptés au contexte local afin d’encourager et de renforcer la participation et l’autonomisation communautaire nécessaire à l’atteinte des objectifs recherchés à travers le concept d’Assainissement Total Piloté par la Communauté.

TRANSCRIPT

  • Plan UK5-6 Underhill StreetLondon NW1 7HS, UKTel: +44 (0) 20 7482 9777Fax: +44 (0) 20 7482 9778Email: [email protected] www.plan-uk.org

    Registered charity No. 276035

    ISBN 978-0-9550479-5-4

    Manuel de lAssainissement Total

    Pilot par la Communaut

    Kamal Karet

    Robert Chambers

    Institute of Development Studiesat the University of Sussex,Brighton, BN1 9RE, [email protected]: +44 (0)1273 606261,F: +44 (0)1273 621202/691647.

    Manuel de lAssainissem

    ent Total Pilot par la Communaut

    Kamal Kar

    et Robert Chambers

    Imprim sur papier rutilis dune source soutenable

  • A propos des auteurs

    Dr. Kamal Kar Expert en levage, agriculture et ressourcesnaturelles, il est consultant et formateur au Dveloppement Social etParticipatif en Asie du Sud et du Sud-est, en Afrique et en Amriquelatine auprs dorganisations bilatrales, multilatrales et internationales.Parmi ces organisations figurent la Banque Mondiale, WSP, la BanqueAsiatique de Dveloppement, le DFID, lUNICEF, le PNUD, Ireland Aid, laGTZ ainsi que dautres ONG internationales telles que CARE, PlanInternational et WaterAid. Le Dr Kar est linitiateur dun certain nombredapproches innovantes en matire de gestion des ressources naturelles etde technologies agricoles adaptes et peu coteuses. Il a par ailleurs tune figure de proue en matire de gestion collective des pturages etdes ressources naturelles (Nukhurluls) dans la rgion du Gobi enMongolie et de lAssainissement Total Pilot par la Communaut (ATPC)au Bangladesh, en Inde, au Pakistan, en Indonsie, au Cambodge, auNpal, en Ethiopie, au Kenya, en Zambie, en Ouganda et en Tanzanie. Il agalement travaill dans dautres domaines, notamment celui de lapauvret urbaine, lamlioration des bidonvilles et la gouvernance localeen Inde, en Mongolie, au Bangladesh et au Cambodge. Le Dr. Kar estactuellement Professeur associ auprs de lEquipe Connaissance,Technologie et Socit de lIDS, lUniversit de Sussex. Il est galementmembre fondateur de la Fdration Internationale des Femmes uvrant dans lAgriculture (New Delhi).

    Prof. Robert Chambers Chercheur associ l'Institut des Etudessur le Dveloppement (IDS) de lUniversit de Sussex au Royaume Uni, o il

    est membre de lEquipe de Participation, son profil acadmique est orient

    sur les Sciences Naturelles, lHistoire et lAdministration publique. Il est

    particulirement comptent en matire dadministration, de formation et de

    recherche en Afrique de lEst et en Asie du Sud. Parmi les ouvrages quil a

    publis, on peut citer Managing Rural Development (1974), Rural

    Development: Putting the Last First (1983), Challenging the Professions

    (1993), Whose Reality Counts? Putting the First Last (1997), Participatory

    Workshops (2002) et Ideas for Development (2005). Son travail actuel

    est ax sur la mthodologie participative, le professionnalisme, les

    perceptions de la pauvret et enfin, le pouvoir et les relations. Il est

    membre de lquipe IDS dirige par Lyla Mehta, laquelle collabore avec des

    partenaires dans les domaines de la recherche, de lapprentissage par

    laction et de la mise en rseau en matire dAssainissement Total Pilot par

    la Communaut.

    Plan UK est une organisation de mobilisation communautaire centre sur lenfance, sans affiliationpolitique ni religieuse. Nous nous engageons de manire durable envers les enfants vivant dans la pauvret, leur

    famille, leur communaut, la socit civile et le gouvernement de leur pays en vue de construire des relations

    productives et de faire en sorte que leur voix soit entendue et reconnue.

    CI-DESSUS Festivits de la Fin de Dfcation lAir Libre(FDAL) lors de la Journe internationale des toilettes Kilifi,Kenya. Photo : Jonathan Mativo, Plan Kenya.

    PAGE DE COUVERTURE Cartographie des zones de Dfcation lAir Libre Tororo, Ouganda. Photo : Philip Otieno, PlanKenya.

    A DROITE Des matriaux locaux bon march sont utiliss avecdu matriel dassainissement import pour concevoir destoilettes amliores dans des villages FDAL au Bangladesh.

  • Manuel delAssainissement Total Pilot

    par la Communaut

    Kamal Kar et Robert Chambers

    Prpar avec lappui de Plan International (UK) Mars 2008

  • 2 Remerciements

    RemerciementsLa rdaction et la prparation de ce manuel ont bnfici de lappui de Plan International (GB). Nous remercions RoseNierras pour les encouragements, la patience et la comprhension dont elle a fait preuve pendant toute la dure de laprparation, ainsi que Sameer Sah, Alex Betti et dautres encore pour leur soutien lors des dernires phases. Noustenons remercier galement Judith Robertson pour la qualit de la mise en page et Petra Bongartz pour son soutienet son aide lors des phases finales de la prparation du manuscrit. Peter Feldman nous a fait part de commentaires etsuggestions pertinents qui nous ont permis damliorer la qualit du document. La plupart des informations figurantdans les encadrs ont t fournies par ceux qui sont cits dans les exemples voqus. Merci tous les hrosmconnus de lATPC et aux nombreux collgues, collaborateurs et informateurs de nombreux pays, auxcommunauts, aux leaders dopinion, au personnel des ONG, aux donateurs, aux hauts responsables, aux lus locauxet bien dautres encore. Ils sont trop nombreux pour tre tous cits et il serait dommage den citer certains et denoublier dautres. Nous esprons nanmoins quils se reconnatront et quils nous comprendront. Certaines exprienceset documentations ont t possibles grce au concours du programme de recherche de lInstitut d'Etudes sur leDveloppement financ par le DFID sur le Passage lchelle de lAssainissement Total Pilot par la Communaut .

    Ce manuel a t conu partir dexpriences en matire dAssainissement Total Pilot par la Communaut (ATPC)vcues depuis dcembre 1999 au Bangladesh, en Inde, au Cambodge, en Indonsie, en Mongolie, au Npal, en Chineet au Pakistan pour lAsie ; en Ouganda, en Zambie, en Ethiopie, en Tanzanie, au Kenya et en Sierra Lone pourlAfrique ; en Bolivie pour lAmrique latine ; au Ymen pour le Moyen-Orient ; et dans dautres pays encore. Nousencourageons les utilisateurs de ce manuel exploiter les directives prsentes de la manire qui leur convient le mieux.Les mthodes dcrites ici ne sont pas les seules permettant de mettre en uvre lATPC. Nous les encourageons constamment user de leur bon sens et innover avec des approches et des outils adapts au contexte local afindencourager et de renforcer la participation et lautonomisation communautaire ncessaire latteinte des objectifsrecherchs travers le concept dAssainissement Total Pilot par la Communaut.Kamal KarMars 2008

    Sauf indication contraire, toutes les photographies ont t prises par Kamal Kar.Ce manuel a t traduit par lUNICEF a partir de la version orginale anglaise

  • Manuel de lAssainissement Total Pilot par la Communaut 3

    Sommaire 2 Remerciements3 Sommaire4 Dfinitions5 Abrviations

    6 CHAPITRE 1. INTRODUCTION ET CONTEXTE7 Gense, diffusion et volution de lapproche ATPC8 Pourquoi ce manuel ?8 LAssainissement Total Pilot par la Communaut11 Les diffrentes tapes

    12 CHAPITRE 2. AVANT LE DCLENCHEMENT13 Le choix de la communaut14 Les conditions favorables15 Les conditions prsentant des dfis17 Les conditions favorables ou prsentant des dfis18 Etablir et entretenir de bons rapports avant

    lvaluation du Dclenchement

    20 CHAPITRE 3. Le DCLENCHEMENT21 Accompagner la communaut dans lvaluation et

    lanalyse22 Contexte et principes de base du Dclenchement de

    lapproche ATPC27 Marche travers les zones de dfcation29 Cartographie des zones de dfcation32 Identification des voisinages les plus sales33 Calcul des crottes et des dpenses mdicales34 Comment susciter le dgot : les voies de

    contamination fcale35 Le moment du Dclenchement38 Comment grer les diffrentes ractions38 Les rponses suggres 39 Des flammes prometteuses39 Des tincelles parpilles39 Des allumettes humides39 Tester la contamination de leau40 Aider au plan daction de la communaut40 Cartographie du contrle communautaire41 Le Dclenchement dans les coles

    42 CHAPITRE 4. INSTRUCTIONS POUR LAPRES-DECLENCHEMENT

    44 Suivi et encouragement immdiats44 Suivi de laction communautaire46 Suivi participatif et indicateurs47 Suivi du processus et des progrs48 Leaders Naturels potentiels48 Rechercher, encourager et soutenir les femmes Leaders

    Naturels

    49 Reconnatre et encourager le rle de la religion et deschefs religieux

    50 Encourager laide aux membres les plus vulnrables etdmunis de la communaut

    50 Impliquer les enfants dans la campagne53 Faciliter laccs au matriel dassainissement54 Vrification et certification de ltat FDAL55 Clbrer la ralisation de ltat FDAL55 Suivi et prennisation de ltat FDAL

    58 CHAPITRE 5. PASSER A LECHELLE ET ALLER AU-DELA DE LATPC

    60 Actions recommandes et dconseilles en matire deformation et de diffusion

    60 Actions stratgiques mener par et pour le personneldes agences et les personnes influentes

    62 Formation des quipes de facilitateurs auDclenchement du processus dans les villages

    64 Assurance qualit pour la formation lapproche ATPC65 Campagnes66 Promouvoir lorgueil et la comptition67 Promouvoir laccs et lapprovisionnement en matriel69 Quelques enseignements72 Au-del de lapproche ATPC72 Initier et accompagner un mouvement de propagation

    75 ANNEXES.76 ANNEXE A. Gnese, contexte, dveoppement et

    passage lchelle de lATPC80 ANNEXE B. Lettre ouverte sur le passage lchelle de

    lAssainissement Total Pilot par la Communaut(ATPC)

    81 ANNEXE C. Dclenchement dans des conditionsparticulires

    83 ANNEXE D. Exemple de questions destines susciterle dgot

    83 ANNEXE E. Exemple de liste de vrificaton standard etde suivi des activits (Immdiatement apres leDclenchement de lATPC)

    84 ANNEXE F : Comparaison entre lAssainissement cibl,partiel et subventionn at ATPC

    85 ANNEXE G : Sources et contacts, y compris sites Web,vidos, forums de travail, etc.

    87 Innovations et adaptations locales

  • 4 Dfinitions

    DfinitionsLa Certification est la confirmation et la reconnaissanceofficielles de ltat de Fin de la Dfcation lAir Libre(FDAL).

    LATPC correspond lAssainissement Total Pilot parla Communaut (CLTS en anglais). Il sagit duneapproche intgre permettant la ralisation de la FDAL(Fin de la Dfcation lAir Libre) et le maintien de cettat. LATPC consiste encourager la communaut analyser sa propre situation en matiredassainissement, ses pratiques en matire de dfcationet leurs consquences, suscitant ainsi une actioncollective visant atteindre ltat FDAL. Les approchesfondes sur l enseignement dispens par despersonnes extrieures une communaut donne sesmembres ne participent pas de lapproche ATPC dans lesens donn par ce manuel.

    Les processus ATPC peuvent soit prcder, soit sedrouler de faon simultane avec les actions suivantes :- Lamlioration de la conception des latrines ;- Ladoption et lamlioration des pratiques en matiredhygine ;

    - Une gestion cohrente des dchets ; - Llimination des eaux uses ; - La prservation, la protection et lentretien des sourcesdeau potable ;

    - Dautres mesures de protection de lenvironnement. Dans de nombreux cas, lATPC encourage lescommunauts FDAL entreprendre une srie dactionscollectives innovantes en matire de dveloppementlocal.

    Latrines et Toilettes: Alors quune latrine dsignegnralement un simple trou, les toilettes comportent defaon gnrale un dispositif dot dune chasse deau.Dans ce manuel, le mot latrine est parfois utilisdans les deux cas. Le mot toilettes est utilis pourles zones o la chasse deau est priori plus courammentutilise que le simple trou.

    Les Chefs naturels (NC) (galement appels Chefsspontans au Bengale) sont des activistes et desenthousiastes qui se dmarquent et assument unleadership au cours des processus ATPC. Hommes,femmes, jeunes et enfants peuvent tous tre des chefsnaturels. Certains chefs naturels deviennent desconsultants communautaires, provoquant des actions denature encourager et soutenir dautrescommunauts que la leur.

    DAL signifie Dfcation lAir Libre dfquer etlaisser les dchets exposs lair libre. FDAL renvoie la Fin de la Dfcation lAir Libre, cest--dire lorsqueles matires fcales ne sont plus directement exposes lair libre. Une latrine sans couvercle reprsente uneforme de Dfcation lAir Libre (Dfcation lAirLibre un point fixe) ; si elle est munie dun couvercleempchant les mouches dentrer en contact avec lesmatires fcales, (recouvertes ou non de cendre aprs ladfcation), elle peut alors tre qualifie de FDAL. Le faitde dfquer dans une tranche et de recouvrir lesmatires fcales peut constituer une transition du statutDAL vers celui de FDAL.

    La Vrification consiste en linspection dunecommunaut dans le but dvaluer son tat FDAL(certification de comparaison).

  • Manuel de lAssainissement Total Pilot par la Communaut 5

    AbrviationsATPC Assainissement Total Pilot par la Communaut (CLTS)PIAR Programme Intgr dAppui Rural (Mardan, Pakistan)ONG Organisation Non GouvernementaleNEWA Eau pour la sant du Npal ( Nepal Water for Health )LN Leader NaturelPFNO Province de la Frontire du Nord Ouest, PakistanDAL Dfcation lAir LibreFDAL Fin de la Dfcation lAir LibreERP Evaluation Rurale ParticipativeRAEA Bureau Afrique de lEst et australe de Plan International (RESA - Regional Eastern and Southern

    Africa )RTI Refugee Trust International UDS Unit pour le Dveloppement SocialFSD Fonds Social pour le Dveloppement (Ymen)SNNPR Southern Nations Nationalities and Peoples Region ( Rgion des nations, nationalits et peuples du

    Sud , Ethiopie) RCFROD Renforcement des Capacits des Foyers Rpondre aux Opportunits de DveloppementUNICEF Fonds des Nations Unies pour lEnfance ( United Nations Childrens Fund )CVRE Centre Villageois pour les Ressources Educationnelles (Bangladesh)EACFR Eau et Assainissement pour les Communauts Faibles RevenusPEA-AEP Programme Eau et Assainissement - Asie de lEst et PacifiquePEA-AS Programme Eau et Assainissement - Asie du Sud

    Creuser pour la dignit, Homa Bay, Kenya.Photo : Philip Otieno, Plan Kenya

  • Chapitre 1.

    INTRODUCTION ET CONTEXTE

    Gense, diffusion et volution de lapproche ATPC

    Les origines de lapproche ATPC remontent lvaluation du programmetraditionnel deau et dassainissement faite par Kamal Kar pour le compte deWaterAid Bangladesh, de son partenaire local VERC (Village EducationRessources Center) ainsi que des travaux quil a effectus par la suite auBangladesh entre fin 99 et 2000. Ces travaux ont men la dcouverte delapproche ATPC dans laquelle lutilisation des mthodes dERP (EvaluationRurale Participative) permet aux communauts locales danalyser leursconditions sanitaires et de prendre conscience collectivement du terribleimpact de la Dfcation lAir Libre (DAL) sur la sant publique et sur leurproche environnement. (Voir ANNEXE A, p. 76 pour plus de dtails).Lorsquelle est dclenche de manire systmatique, combine la fois une politique de non subvention de matriel et une approche de nonintervention du facilitateur, lapproche ATPC peut impulser une action localecollective et rapide de la part des communauts pour atteindre ltat FDAL.Un nouveau modle de facilitation est apparu, dans lequel le terme local cru caca est utilis et qui encourage les communauts locales se rendresur les zones les plus sales et les plus dgotantes du voisinage. Le faitdvaluer et danalyser leurs propres pratiques choque, dgote et fait honteaux gens. Ce style provocateur, amusant et non interventionniste rservelinitiative de la prise de dcision et de laction la communaut.

    Qui fait ses besoins et o les fait-il ? Membres de la communaut Tororo, Ouganda, endroits de Dfcation lAir Libre rpertoris.

    Photo : Philip Otieno, Plan Kenya.

  • 8 Introduction et Contexte

    Depuis lan 2000, travers des formations pratiquesdispenses par Kamal Kar, travers le soutien denombreuses agences et travers les rencontres inter-pays, lapproche ATPC a t tendue dautresorganisations au Bangladesh ainsi qu dautres pays enAsie du Sud et du Sud Est, en Afrique, en AmriqueLatine et au Moyen Orient. Limplication de champions ajou un grand rle dans cette expansion. LapprocheATPC a pris de limportance surtout au Bangladesh, enInde, au Cambodge, en Indonsie et au Pakistan. Elle agalement t introduite travers ces formations avecdes degrs diffrents dassimilation en Chine, enMongolie et au Npal. Plus rcemment, elle a tdclenche et a connu un dbut prometteur enEthiopie, au Kenya, en Zambie et dans dautres paysdAfrique, en Amrique du Sud (Bolivie) et au MoyenOrient (Ymen), Parmi les agences qui sponsorisent cesformations, on peut citer : le WSP (Programme pourlEau et lAssainissement de la Banque Mondiale), CARE,Concern, WSLIC II (Eau et Assainissement pour lesCommunauts Faibles Revenus en Indonsie), laFondation Bill et Melinda Gates (qui a soutenu le projetdAssainissement Total et de Marketing delAssainissement lEst de Java), le Fonds Social pour leDveloppement au Ymen, lONG irlandaise Vita RefugeeTrust International qui travaille en Ethiopie, PlanInternational et lUNICEF.

    Pourquoi ce manuel ?

    A lorigine, lapproche ATPC se focalisait sur leDclenchement, ou coup denvoi . Le Guide Pratiquede Kamal Kar pour le Dclenchement du conceptdAssainissement Total Pilot par la Communaut (ATPC)publi par lInstitut dEtudes sur le Dveloppement ennovembre 2005 traite de la manire de lancer la mthodeATPC. Ce guide pratique a connu un grand succs et aainsi t traduit en amharique, arabe, indonsien, chinois,bengalais, hindi, khmer, marathi, npalais, espagnol,swahili, urdu et bien dautres langues. Cependant, leDclenchement spectaculaire de la pratique ATPC ne suffitpas lui seul la rendre efficace. Un besoin et unedemande grandissants se sont fait ressentir de rassemblerles expriences et les conseils des activits lies au pr-Dclenchement, lAprs-Dclenchement, au passage lchelle et au dpassement de lATPC. Au mme moment,la mthodologie de Dclenchement a t affine etenrichie.

    Ce manuel tente de rassembler des expriences, pratiquesdiverses et innovations locales de diffrents pays et desources varies tout en tentant de rpondre certains de

    ces besoins. Il remplace les conseils jusque l prns, lexception de ceux produits au niveau national ou localpar les formateurs et les praticiens qui les ont transformset adapts au contexte local. Cependant, quelqueslments du prsent manuel pourraient leur tre utiles silsveulent oprer des mises jour. Ce manuel savre treune source dides et dexpriences qui peuvent treutilises pour la conception dateliers ATPC et la mise enuvre des activits qui en dcoulent, la sensibilisation desintervenants aussi bien que la formation des facilitateurs etdes Leaders Naturels. Il sagit dun livre-ressources quisadresse tout spcialement au personnel de terrain, auxfacilitateurs et aux formateurs pour la planification, la miseen uvre et le suivi de lapproche ATPC.

    Les utilisateurs de ce manuel peuvent utiliser librement lesconseils qui y sont prodigus et de la faon qui leur paraittre la meilleure. Les mthodes qui y sont dcrites ne sontpas les seules permettant la mise en uvre de lATPC. Lesutilisateurs sont donc encourags explorer dautres voiespour la prparation, le Dclenchement, lAprs-Dclenchement et le suivi de lATPC ainsi que sapromotion et son expansion en adquation avec lecontexte local. Les facilitateurs doivent tre inventifs etflexibles et user de leur bon sens pour dcider des choses faire. Les ides et conseils suivants ont t mis enpratique mais cest aux facilitateurs eux-mmes de dciderdes pratiques mettre en place. Toutefois, le principeessentiel est de responsabiliser les communauts localesafin quelles fassent leur propre critique et prennent leurspropres mesures pour saffranchir du phnomne de laDfcation lAir Libre .

    LAssainissement Total Pilot par laCommunaut

    LAssainissement Total Pilot par la Communaut (ATPC)vise principalement susciter un changement dans lecomportement sanitaire plutt qu construire destoilettes. Cela passe par un processus de sensibilisationsociale stimul par des facilitateurs lintrieur ou lextrieur de la communaut.

    Lapproche est communautaire plutt quindividuelle. Eneffet, les avantages collectifs dcoulant de larrt de laDAL peuvent encourager une approche plus cooprative.Les gens dcident ensemble de la manire dont ils vontcrer un environnement propre et hyginique qui profite tous. Il est fondamental que lATPC nimplique pas desubvention en matriel pour les mnages et quil segarde de prescriptions pour des modles de latrines. Parailleurs, la solidarit sociale, lentraide et la coopration

  • Manuel de lAssainissement Total Pilot par la Communaut 9

    entre les foyers de la communaut sont des lmentscruciaux de lapproche. Les autres caractristiquesessentielles sont lapparition spontane de LeadersNaturels (LN) dans le processus dvolution vers ltatFDAL, les innovations locales en matire de modles detoilettes bas prix utilisant des matriaux locaux et enfindes systmes de rcompenses, de sanctions, de diffusionet damlioration de lATPC. En somme, lapproche ATPCencourage la communaut prendre ses responsabilitset mener ses propres actions. Dans son sens le pluscomplet, lassainissement total inclut une srie decomportements tels que :- Arrter de dfquer lair libre ;- Sassurer que tout le monde utilise des toiletteshyginiques ;

    - Se laver les mains avec du savon avant de cuisiner oude manger et aprs avoir utilis les toilettes ou t encontact avec les matires fcales des bbs, desoiseaux et autres animaux ;

    - Manipuler les aliments et leau de manire hyginique ; - Traiter de faon saine les dchets animaux etdomestiques afin de crer un environnement sain.Lapproche ATPC se focalise sur lradication de laDfcation lAir Libre comme premier pas significatifet point de dpart du changement des comportements.Dans un premier temps, elle permet aux gens dtablirleur propre profil sanitaire travers une valuation, une

    observation et une analyse de leurs pratiques de DALet des consquences qui en dcoulent. Cela provoquedes sentiments de honte et de dgot et suscitesouvent un dsir de mettre un terme la DAL etdassainir leur environnement.

    Une bonne approche ATPC est uneapproche qui

    Est totale, cest--dire qui concerne toute lacommunaut ainsi que ses visiteurs ;

    Est base sur une prise de dcision et des actionscollectives ;

    Est guide par un sens de laccomplissement collectifet par des motivations qui sont propres auxcommunauts, et non par des subventions oupressions externes ;

    Favorise lapparition de Leaders Naturels et/ouencourage de nouveaux engagements de la part desleaders existants qui nont pas besoin de suivre unmodle mais qui font les choses leur manire ;

    Favorise diverses actions et innovations locales ;Ravive les pratiques traditionnelles dentraide et decoopration communautaire et cre de nouveauxexemples de solidarit sociale et de coopration entreriches et pauvres dans la recherche de ltat FDAL ;

    Implique les hommes, les femmes, les jeunes et lesenfants dans une campagne temporaire dactionslocales visant mettre un terme la DAL, suivie dunnettoyage gnral ;

    Incite souvent, travers un mouvement collectif de lacommunaut, les leaders locaux et les ONG aider,soutenir, encourager et diffuser les ides qui vont dansle sens de la FDAL ;

    Fait progresser les communauts FDAL sur lchellede lassainissement et amliore la structure et le designde leurs toilettes en promouvant de meilleuresrelations avec les hommes daffaires locaux et lescommerants/ngociants dquipements sanitaires ;

    Stend dautres projets collectifs ayant pourobjectifs, par exemple, lradication de la faim et de lafamine dans le village, lcole pour tous, lgalit dansles salaires et la rduction de lingalit entre le travaildes hommes et celui des femmes, etc.

    Tout comme avec la diffusion de lERP (Evaluation RuraleParticipative) dans les annes 90, les nom et label ontprogressivement t adopts sans que lon puisse en direautant du contenu. Ce manuel a pour dessein, dune

    Dfil denfants criant des slogans contre la Dfcation lAir Libre dans un village du gouvernorat dIbb, au Ymen.

  • 10 Introduction et Contexte

    LES BASES : ATTITUDES ET COMPORTEMENTS CLS

    A NE PAS FAIRE

    Eduquer, donner des leons ou dire auxgens ce quils doivent faire

    Dire aux gens ce qui est bien et ce quiest mal

    Exiger des gens quils agissent

    Prendre les choses en mains

    Intervenir lorsque des membres de lacommunaut en charge du sujetcommencent en blmer dautres

    Dcourager trop vite (en invoquant desraisons culturelles) les membres de lacommunaut lorsquils se disputent et sefont honte les uns les autres

    Ngliger lapparition spontane desLeaders Naturels

    Ne pas donner dimportance auxfemmes, aux enfants et ceux qui sontsouvent oublis

    Ne pas donner dimportance auxmembres de la communaut quiproposent leur aide

    Promouvoir un type de latrineparticulier

    Offrir des subventions pour du matriel

    Etre trop humble ou trop poli. Ne pasessayer pas de convaincre trop poliment

    Intervenir

    A FAIRE

    Faciliter une auto valuation et uneanalyse de leur profil sanitaire.

    Laisser les gens raliser par eux-mmes travers leur propre analyse.

    Faciliter le Dclenchement de lauto-mobilisation

    Rester en retrait et favoriser lesmeneurs locaux

    Rester calme et laisser faire les dbatsentre les membres des communautsquand le moment du Dclenchementapproche

    Rester neutre et susciter des dbatsanims pour et contre la DAL. Sesouvenir que ces dbats sont de bonsindicateurs et des signes de limminencedu moment de Dclenchement

    Etre reconnaissant envers ceux quiprennent les choses en mains et quisimpliquent

    Toujours encourager les femmes et lesplus pauvres de la communaut participer

    Etre reconnaissant des initiatives desmembres de la communaut qui aidentdes membres plus pauvres

    Laisser les gens crer des latrinessimples

    Provoquer des actions locales,encourager lentraide

    Etre audacieux mais prudent

    Ecouter attentivement

  • Manuel de lAssainissement Total Pilot par la Communaut 11

    part, dinciter les formateurs, les praticiens, lesexploitants et les dcideurs dfinir des critres pour laprparation, la facilitation et lappui en matire de suivi.Dautre part, il vise dcourager les approches ciblesqui se rsument faire le dcompte des latrines et envisager leur construction au lieu dvaluer sur la basede critres rigoureux le nombre de communauts quiatteignent rellement ltat FDAL.

    Deux conditions sont pourtantincontournables

    1. Les attitudes et comportements desfacilitateurs

    Il nest pas donn nimporte qui dtre un bonfacilitateur. Animer lATPC relve dune aptitudeparticulire. Elle peut tre enseigne, mais sera plusnaturelle chez certaines personnes plutt que chezdautres. Elle diffre des processus participatifsconventionnels comme lERP. Les comportements et lesattitudes sont dterminants dans le Dclenchement delATPC et ce qui marche le mieux est une combinaisondaudace, dempathie, dhumour et de jeux. Lattitude adopter est une attitude non interventionniste, quinenseigne ni ne donne de leon, mais qui permet pluttaux gens de se confronter leur dsagrable ralit.

    2. Le soutien institutionnel, dune importancemajeure

    Toutes les organisations ne sont pas en mesure depromouvoir lapproche ATPC. Le soutien institutionneldoit donc tre permanent et souple. Toute approche quiserait dicte par les formateurs ou fonde sur unesubvention est susceptible de saper lATPC. Nanmoins,on reconnait aux campagnes classiques dassainissementune certaine efficacit si elles visent renforcer lescapacits des communauts et non les prescrire. Deuxgrands dangers guettent lapproche ATPC. Dabord,lexcs de fonds car lapproche ATPC en ncessiterelativement peu, ensuite, un recrutement du personneltrop htif qui aurait pour consquences une formationmal assimile et une orientation et une socialisationinappropries au contexte. Ceci exige un certain contrlequil est difficile dobtenir dans de nombreusesbureaucraties. (Voir lencadr gauche : Bases : lesattitudes et les comportements cls)

    Les diffrentes tapesVoici pour rsumer les diffrentes tapes de lATPC quilest propos de suivre ainsi que certains outils. Il ne sagitbien videmment pas de la seule et unique manire de

    procder, il est mme recommand de la modifier selonla situation, mais les choses faire et ne pas faire sont dune importance capitale.

    Avant le DclenchementChoisir une communaut,Se prsenter et tablir de bonnes relations.

    DclenchementAnalyse participative du profil sanitaire de lacommunaut,Lancement.

    Aprs le DclenchementPlanification des actions par la communaut,Suivi.

    Amliorer lapproche ATPC et aller au-del

    Passage lchelle

    Aprs-Dclenchement

    Dclenchement

    Pr-Dclenchement

  • Chapitre 2.

    Avant le Dclenchement

    Le choix de la communaut : une tape cruciale

    Les communauts ragissent diffremment au Dclenchement de lATPC.Certaines acceptent plus facilement les changements dhabitudes, alors quedautres se montrent rticentes ou indcises dans un premier temps avant deles accepter une fois quelles ont constat les bienfaits quils apportent dautres communauts.

    En gnral, les villages qui y parviennent le mieux sont ceux qui sont souslinfluence de meneurs enthousiastes. Il sagit parfois de chefs de village (ausens traditionnel), mais le plus souvent, ce sont des Leaders Naturels quimergent. Ces Leaders peuvent appartenir diffrentes catgories depersonnes pauvres, riches, femmes, hommes, jeunes ou personnalitsrespectes qui ont des comptences et qui fournissent des services au village,tels que les sages-femmes, les chefs religieux, les enseignants et dautresencore.

    A ct du leadership, beaucoup dautres conditions locales, physiques etinstitutionnelles affectent le Dclenchement. Les ractions varient, de la plusvive Gratter une allumette dans une station essence la moins vive Desallumettes humides . (Voir pages 38-39). Pour mieux choisir le point dedpart, de nombreuses personnes ont contribu ltablissement de la listequi suit, des conditions les plus favorables et stimulantes. Si leDclenchement a t russi dans des conditions juges peu prometteuses,mieux vaut procder au Dclenchement dans des conditions plus favorablesdans un premier temps. Une fois que lon a enregistr quelques succs, gagnen exprience et en confiance, on peut sappuyer sur ces russites ainsi quesur les Leaders Naturels pour tendre le mouvement aux endroits plusdifficiles. Cette liste peut nous aider dans les choix oprer. Comme toujours,le bon sens est de mise.

    Vestiges de latrines flottantes dtruites par des communautsFDAL. Sambas, Ouest de lIndonsie.

  • 14 Avant le Dclenchement

    A. Les conditions favorablesDe petites installations (des hameaux plutt que de

    gros villages) ;

    Des zones recules plutt que proches des villes etdes grandes routes ;

    Des zones socialement et culturellement homognes ;Une couverture nulle de lassainissement dans la zoneenvironnante ;

    Des conditions dhumidit et de moiteur quidispersent les excrments et dgagent une odeurnausabonde ;

    Des sources dalimentation en eau non protges,vulnrables et pollues, comme dans certaines zonesmontagneuses ;

    Labsence de programme actuel, pralable, voisin ounational de subvention de latrines ;

    Des conditions sales ;Des taux levs de maladies diarrhiques et demortalit infantile ;

    Un leadership local jeune et progressiste ;Lexistence de groupes actifs dans la communaut.

    Le contexte des politiques de programme

    Des zones o aucun programme de subvention enmatriel pour les mnages nest mis en uvre ou surle point dtre propos ;

    Des zones o les facilitateurs de lapproche ATPC sontfortement motivs, bien forms, prsentent desattitudes et des comportements appropris et sontsoutenus par leurs organisations ;

    Des zones o il est possible de prvoir un suivi et unsoutien aprs le Dclenchement ;

    Une coopration des responsables politiques et undispositif gouvernemental favorable.

    Les conditions et pratiques actuelles

    Des conditions dgotantes et curantes, o lacontamination par les matires fcales est flagrante ;

    La dfcation est entrave par un manque dintimit ;Labsence ou la raret dendroits privs, accessibles ouappropris pour dfquer ;

    Les matires fcales nont pas ou peu de valeurconomique ;

    Les conditions et les pratiques prsentent de bonnesopportunits pour susciter des questions et dmarrerle processus de Dclenchement ; par exemple, les

  • Lapproche Panipat : enqute de troisjours sappuyant sur des rencontres et

    des changes

    Dans le district de Panipat Haryana, en Inde, desquipes de 6 7 facilitateurs ATPC temps pleincommencent dans un village une journe denqute. Ilsvisitent, rencontrent et discutent avec chaque mnagepuis enregistrent leurs donnes dans de petits CV. Cecileur fournit des informations de base, mais plus encore,les aide en apprendre davantage sur la communautet tablir des rapports harmonieux avec elle. A la finde lenqute, ils offrent la communaut en signe deremerciement pour le temps consacr et la cooprationdont elle fait preuve lors de lenqute une louche long manche destine empcher la contamination deleau potable par limmersion des mains sales dans lescruches. Ceci constitue une action favorable pour lasuite des vnements. Les membres de la communautsont alors invits une rencontre qui se tientgnralement le lendemain, au cours de laquelle leDclenchement a lieu. Le troisime jour, un Comit delEau et de lAssainissement organise une runion deplanification et daction.

    Source: Dr Amit Agrawal I.A.S.

    Des communauts forte cohsion sociale ;Le dplacement des femmes trs restreint, lesobligeant faire leurs besoins dans des sceaux lintrieur de leurs maisons pour ensuite les viderpendant la nuit ( purdha ) ;

    Une tradition avre pour les actions conjointes ;Les femmes ont leur mot dire ;Un leadership local progressiste.B. Les conditions prsentant des dfis

    Les conditions peuvent prsenter des dfis lorsquellescomprennent un ou plusieurs lment(s) list(s) ci-aprs,surtout lorsquils sont combins. Si la combinaison deces lments rend une zone communautaire moinspropice un Dclenchement prcoce, celui-ci devra alorstre report plus tard.

    Des grands villages ;Des zones proches des villes et des grandes routes ;Des zones socialement et culturellement htrognes ;Une couverture leve de lassainissement dans lesalentours ;

    Des conditions dsertiques dans lesquelles lesexcrtions schent et se dsintgrent ;

    Manuel de lAssainissement Total Pilot par la Communaut 15

    Taudis dans la priphrie dUlaanbaatar, en Mongolie Lorsdune Marche travers les zones de dfcation, il estimportant de sarrter et de discuter avec les communauts lo les sources deau sont contamines par les excrmentshumains.

    gens peuvent analyser comment ils mangent leurpropre caca et baignent dans le caca des autres ;

    Les gens font caca dans les environs, sous la pluie oupendant la nuit.

    Les conditions physiques

    Le sol est stable et facile creuser ;La nappe phratique est relativement basse et lesinondations sont occasionnelles ;

    La typologie du bti offre des espaces adquats ;Les puits environnants ne seront pas pollus ;Les sources dalimentation en eau ne sont pasprotges et sont vulnrables la contamination.

    Les conditions sociales et culturelles

    Beaucoup de maladies, (en particulier la diarrhe) etune mortalit infantile leve ;

    Des communauts de petite taille (des hameaux pluttque de gros villages) ;

  • 16 Avant le Dclenchement

    Des sources deau pure bien protges ;Un programme actuel, pralable, voisin ou national desubventions aux mnages ;

    Des conditions de propret ;Un faible taux de maladies diarrhiques et demortalit infantile ;

    Un leadership local vieux et ractionnaire ;Labsence de groupes actifs dans la communaut.Le contexte des politiques de programme

    Un programme de subvention pour lquipement desmnages est en cours, en projet ou sur le point dtrepropos ;

    Des organisations ayant un gros budget pour desprojets de subventions, soumis des objectifs atteindre et des valuations bases sur le nombre delatrines construites ;

    Une opposition de la part du personnel de cesorganisations ;

    Un manque de perspective pour le suivi et le soutienaprs le Dclenchement ;

    Des faons doprer le Dclenchement imposes auxvillageois ;

    De vastes programmes aux budgets importants pourlachat de matriel cherchant adopter lapprocheATPC sans pour autant assouplir les modles et ordresde flux de financements.

    Les conditions et pratiques actuelles

    Des ressources en eau protges qui ne tireraient pasbnfice du passage ltat FDAL ;

    La proximit de grandes eaux qui emportent lesmatires fcales (courants, rgime haut et bas de larivire ou de la mer) ;

    Lusage des fins conomiques des matires fcalesdans la pisciculture et comme engrais naturel danslagriculture et le maraichage ;

    Des sites privs, accessibles et appropris pourdfquer (ex : latrines suspendues au dessus duneeau qui coule) ;

    Une quantit importante de buissons et darbreset/ou beaucoup de relief dans les alentours.

    Les conditions physiques

    Une roche dure, difficile creuser ;Un sol trs mouvant ;Des typologies de bti qui laissent peu despace libre,lequel est susceptible de se remplir ;

    Le danger provoqu par les latrines qui polluent lespuits environnants ;

    Des zones sches o les excrments schent vite etperdent leur nocivit, par exemple, les dserts desable ;

    Des zones o lon peut dfquer sans tre vu, parexemple, quand on sen va loin chercher de leau,quand on sen va rassembler le btail, quand on vapcher, ou sur le chemin de lcole ;

    Des zones o les fermes sont loignes des villages. Conditions sociales

    Des zones o les populations sont en trs bonne santavec un faible taux de maladies diarrhiques ;

    Des communauts socialement htrognes ;Des zones o il y a une faible tradition dactionconjointe ;

    Des zones o les femmes ont un droit la parolelimit ;

    Des zones o les tabous dissuadent lutilisation desmmes latrines par tous les membres de la famille ;

    Des zones o il y a une population saisonnireinstable; ex : les cultivateurs saisonniers, les tribusnomades, les fermiers pauvres marginaliss quimigrent pendant certaines priodes de lanne pourtravailler ;

    Des zones o la proportion de locataires est plusimportante que celle de propritaires.

    La dfcation dans la rivire (ou le canal) est courante enIndonsie. La mme eau est utilise pour la douche et lalessive.

  • Dclenchements russis dans des contextes combinantdes conditions dfis, y compris dans des zones ayantbnfici dun programme de subvention pourlacquisition dquipement. Les conditions prsentant desdfis sont, par dfinition, des challenges Ils peuvent trerelevs et surmonts grce des moyens que nousverrons un peu plus loin, au chapitre du Dclenchementmais, pour encourager le lecteur poursuivre la lecture,quelques astuces cls sont rassembls ici-bas (voir encadrpage 18/19).

    Etape Planning indicatif Personnel et autres besoins Remarques

    Manuel de lAssainissement Total Pilot par la Communaut 17

    Planning indicatif des tapes de lATPC(Les actions immdiates et prcoces pour la consolidation de lATPC sont cruciales. Beaucoup de choses dpendentdes conditions locales il y aura donc une grande variation dans les mesures appropries prendre)

    Entre une demi-journeet une semaine. Dans lesvillages o il y a desprogrammesdinterventiondONG/Institutions,quelques visites devraientsuffire.

    Une seule journe(souvent entre 3 et 5heures)

    Ltat FDAL est atteintentre trois semaines ettrois mois. Six mois ou unan, cest trop long.Lindicateur de russite,cest quand les gensdisent quils ne veulentpas ingrer le caca desautres. Tout le monde estalors prt faire desefforts pour sortir decette situation.

    Prparations duDclenchement

    Dclenchement

    Aprs-Dclenchement

    Rencontrer les leaders, le chef devillage, visiter les hameaux/sous-hameaux, se faire une ide de la tailledu village, de la population, localiserles zones les plus insalubres et serenseigner sur les subventions sil y ena eu. Evaluer si le village prsente desconditions favorables ou difficiles pourle Dclenchement de lATPC. Eviter defaire concider le Dclenchement avecle jour de march, un mariage ou laprsentation des condolances dans levillage, etc.

    Jouer le rle de facilitateur dans unesprit douverture, sans prjugs sur larussite du Dclenchement. Quitter leslieux joyeusement, mme si, pour uneraison ou pour une autre, leDclenchement naboutit pas uneaction locale collective.

    Etre un soutien, encourager, mais nepas dominer. Si ncessaire, organiserdes visites de Leaders Naturels ou demembres de la communaut devillages o le Dclenchement a t unsuccs. Inviter des LN de villages FDALcomme personnes ressources pour desdmonstrations de latrinesconomiques.

    Normalement, au moins un deux agents de terrain visitentle village/la communaut 1 2fois pour fixer lheure, le lieude la rencontre, expliquer lesobjectifs, etc.

    Une quipe dau moins 3 4facilitateurs, 5 tout au plus,mais il peut y en avoir plusdans un atelier pratique deformation sur lapprocheATPC.

    Selon le contexte local, 1 2membres du personnel visitentla communaut o leDclenchement de lATPC a eulieu au rythme d1 2 fois lapremire semaine. Ensuite, lesintervalles peuvent tre pluslongs ; les visites, pas tropfrquentes, doivent juste viser encourager et soutenir. Sesouvenir quil sagit duneapproche pilote par lacommunaut et non par uneinstitution extrieure.

    C. Les conditions favorables ouprsentant des dfis

    Un village dense compos de plusieurs centres ;Des valeurs culturelles et des croyances religieuses.Lorsque cela est possible, il peut tre judicieux au dbutdun programme de lancer lapproche ATPC dans desvillages qui combinent des conditions favorables. Il y acependant de trs nombreux exemples de

  • 18 Avant le Dclenchement

    Le caractre dfavorable ou dfi desvillages ne signifie pas quil ne faudrait pas essayerd`y mettre en place lapproche ATPC. Il faut savoirque la plupart des villages de Plan au Bangladesh,au Npal, en Tanzanie, en Ethiopie et en Boliviedans lesquels lapproche ATPC a t lance pour lapremire fois, taient considrs comme trsdifficiles . Dans nombre de ces villages, dessubventions pour matriel dassainissement avaientt accordes par Plan travers lapprochetraditionnelle. Nanmoins, la Dfcation lAirLibre tait endmique dans plusieurs de ces villageset de nombreuses toilettes ntaient pas utilises.Ce qui est surprenant, cest que la plupart de cesvillages ont obtenu ltat FDAL aprs leDclenchement de lATPC. Ainsi, une bonnefacilitation du Dclenchement et beaucoup de bonsens peuvent faire aboutir de bons rsultats.

    Voici quelques conseils pour leDclenchement dans ce type de villages :

    Prsenter son quipe comme tant l pourtudier les comportements hyginiques et les

    raisons de la DAL en somme, pour apprendre et non

    comme des agents dassainissement qui viennent

    promouvoir la construction de toilettes (avec ou

    sans subvention).

    Faire comprendre clairement la communautquon nest pas l pour demander qui que ce soit

    darrter la DAL ou de changer ses comportements

    hyginiques actuels. Expliquer clairement quil nest

    pas question de subvention ou de prescription de

    toilettes.

    Pendant le processus de Dclenchement, lorsqueles gens demandent des subventions pour construire

    des toilettes dans leur foyer, leur rpondre poliment

    que notre visite ne vise ni vendre des toilettes, ni

    les convaincre de changer leurs habitudes

    ancestrales. Ils doivent se sentir libres de conserver

    la DAL, sils le souhaitent. Si on veut pousser

    lextrme, on peut leur montrer des latrines non

    utilises offertes par dautres agences dans le pass,

    leur signifier quon comprend quils ont rsolument

    Comment grer les situations quiprsentent des dfis? Quelques astuces

    Etablir et entretenir de bons rapportsavant lvaluation du Dclenchement

    Il existe un nombre incalculable dapproches etdexpriences lies la prparation au Dclenchement,mais peu dentre elles ont t rpertories. Cet aspectmrite dtre creus davantage. En revanche, il y a desconditions qui relvent du bon sens comme par exemple,choisir le bon jour, la bonne saison et le bon momentpour les rencontres. Par ailleurs, dans les zones o une ONG travaille djavec une communaut, moins de temps sera ncessairepour se prsenter et tablir de bons rapports. Dans lecas contraire, il nous faudra plus de temps pourexpliquer la raison de notre prsence.

    Une prparation mticuleuse est toujours utile poursassurer que les participants au Dclenchement sontrellement reprsentatifs de la communaut. Il peutarriver dans certains cas que les seules personnes qui seprsentent ce type de rencontres soient des pauvresou seulement des femmes et des enfants ou encore, despersonnes reprsentant une partie spcifique duvoisinage. Pour diffrentes raisons, les hommes, lesclasses suprieures et moyennes et les membres les plusinfluents de la communaut ne prennent pas part auDclenchement. Or, labsence de personnes provenantde toutes les catgories pourrait amoindrir laspectcollectif de la dcision de Dclenchement .

  • Manuel de lAssainissement Total Pilot par la Communaut 19

    refus de les utiliser pour continuer de dfquer en

    plein air et quon ne veut en aucun cas intervenir

    dans leurs choix. Ils sont libres de continuer la DAL.

    On cherche juste comprendre les raisons qui

    poussent la communaut conserver ce

    comportement. Cest prcisment ce quon est venu

    apprendre deux.

    Aprs le Dclenchement, si on ne remarquetoujours pas denthousiasme dans la communaut

    pour combattre la DAL de manire collective, on leur

    demande si on peut les prendre en photo et publier

    dans notre tude le nom de ce village, dans lequel les

    gens mangent les excrments des autres et sont

    fermement dcids continuer ainsi. Pourquoi en

    effet changer leurs anciennes pratiques puisque cest

    trs bien ainsi ? A ce moment-l, ils devraient

    pouvoir affirmer quils arrteront la DAL bientt.

    Leur dire quils doivent se sentir libres de continuer

    et de ne surtout pas penser quon est venus les voir

    pour les influencer.

    Les encourager et les amener dcider par eux-mmes de ce qui est bien ou mal, sans se laisser

    influencer par des personnes extrieures mme si

    ceux-ci apportent de largent ou du matriel gratuit.

    Les populations locales sont les mieux places pour

    juger le contexte de leur village.

    Dans la plupart des cas, la communaut exprimespontanment une certaine rticence. Leur

    demander de lever la main sils seraient prts

    dfquer lair libre le lendemain. Si personne ne

    lve la main, leur demander ce quils feraient la

    place. Certains diraient quils auraient besoin de

    temps pour construire de simples latrines fosse.

    Dautres diraient quils prendraient une pelle et

    quils creuseraient un petit trou dans le sol quils

    couvriraient de terre aprs la dfcation. Demander

    si tout le monde serait susceptible den faire autant

    et, si tel tait le cas, quel en serait limpact. Les

    encourager et les applaudir.

    Demander tous dapplaudir chaque fois que lundeux mentionne une initiative pour stopper la DAL.

    Les applaudir bien fort et encourager les autres les

    rejoindre en levant la main. Les applaudir tous. Leur

    demander si certains dentre eux agiraient

    autrement.

    Il est fort probable quune personne danslassistance dclare quelle soccuperait de la

    construction latrines fosse simple. Lui demander

    quand il/elle pense pouvoir le faire et sonder si

    dautres seraient intresss de venir visiter la

    construction des latrines fosse simple. Les applaudir

    chaudement et les encourager.

    Inviter savancer tous ceux qui ont pris lacourageuse dcision dinitier des actions prcoces.

    Ensuite, leur demander si on peut prendre une photo

    du petit groupe qui veut arrter la DAL et souhaite

    entamer des actions immdiates. Leur demander de

    lever la main et prendre une photo. Ensuite, leur

    demander la permission de prendre une autre photo

    de la communaut entire avec dun ct le grand

    groupe qui veut continuer la DAL et de lautre, le petit

    groupe qui veut larrter. Une grande confusion

    pourrait commencer ce stade. Ne pas intervenir, les

    laisser rgler cela eux-mmes.

    A ce stade, on peut rencontrer une personne de lacommunaut proche dun parti politique ou du

    pouvoir politique ou associe au gouvernement /

    une subvention offerte par une ONG / un

    programme de distribution de matriel, qui joue le

    rle de garde-fou en essayant dempcher la

    communaut de se mobiliser. En gnral, ces

    personnes sont particulirement intresses par le

    contrle de la communaut et les amadouent en leur

    offrant du matriel et des biens. Faire attention la

    faon de sy prendre avec eux : les loigner du reste

    de la communaut, engager une conversation srieuse

    avec eux, leur dire quils nous sont dune aide

    prcieuse pour comprendre en profondeur le profil

    sanitaire de la communaut et les pratiques locales.

    Leur offrir du th, une cigarette, loin de lvnement

    de Dclenchement puis les couter attentivement et

    prendre des notes de tout ce quils disent.

    Une mthode facile consiste dclencher lATPC enpremier lieu dans une communaut trs proche dun

    village dfi mais qui nest pas concerne par les

    subventions. Une fois quelle aura accd ltat

    FDAL, il sera plus facile de procder au

    Dclenchement dans un village plus difficile.

    Ne pas hsiter innover et trouver de nombreuxautres moyens en utilisant notre bon sens ; ceci est

    loin dtre difficile.

  • Chapitre 3

    Le DCLENCHEMENT Des centaines de Dclenchements de lATPC se sont drouls sans grandedifficult dans de nombreux pays. Il serait intressant de Dclencher lATPCdans des villages vierges de tout projet dassainissement pralable. Desfacilitateurs dj expriments dans lapproche feraient, coup sr, delexcellent travail.

    Accompagner la communaut dans lvaluation et lanalyse Contexte et principes de base du Dclenchement de lapproche ATPC

    Le Dclenchement est fond sur la stimulation dun sentiment collectif dedgot et de honte chez les membres de la communaut en les confrontant la ralit crue de la Dfcation lAir Libre et ses impacts sur lacommunaut tout entire. Le postulat de base est quaucun tre humain nepeut rester indiffrent au fait quil ingre les excrments de ses semblables.Le rle de facilitateur est simplement daider les membres de lacommunaut se rendre compte par eux-mmes que la Dfcation lAirLibre rend lenvironnement curant. Cest alors la communaut dedcider comment rgler ce problme et de prendre les mesures adquates.

    Philip Otieno de Plan Kenya contaminant de leau potable avecdes excrments avant de loffrir boire aux membres de lacommunaut, lors dune formation pratique sur lapproche

    ATPC en Tanzanie. Photo : Samuel Musyoki, Plan Kenya.

  • 22 Le Dclenchement

    Contexte et principes de base duDclenchement de lapproche ATPC

    Certaines composantes de la communaut ont debonnes raisons de vouloir mettre un terme laDfcation lAir Libre. Citons par exemple :

    Les familles, qui possdent des toilettes et qui serendent compte quelles sont exposes lacontamination fcale-orale du fait du comportementdes familles qui en sont dmunies ;

    Les personnes sans terre, qui sont souvent critiqueset injuries parce quelles dfquent sur les terres desautres ;

    Les femmes et les jeunes filles, qui souffrent le plus dumanque dintimit qui caractrise la DAL, car ellesdoivent souvent faire leurs besoins laube ou aucrpuscule uniquement ;

    Les leaders religieux, qui ralisent linutilit de porterdes vtements propres puisquils vont tre salis pardes mouches qui ont t sur des excrmentshumaines.

    Conseils

    La cl rside dans lattitude et lapproche defacilitateur. Celui-ci doit tre suffisamment habile pourexpliquer clairement aux membres de la communautque la dcision darrter de dfquer lair libre nedoit pas venir de lextrieur, mais quil leur revientdanalyser et de prendre des dcisions qui leur sontpropres. Par ailleurs, la dcision des membres de lacommunaut de continuer de pratiquer la DAL etdingrer les excrments des autres ne doit pasheurter les facilitateurs. Le nom du village concernsera par contre consign dans leurs notes de travail, siles membres de la communaut en sont daccord. Il faut prendre la libert dinnover et dessayer denouvelles mthodes en plus de celles dcrites plus bas.

    Les sentiments forts de ces diffrentes composantes de lacommunaut sont des dclencheurs puissants quipoussent les villages devenir des zones FDAL. Ellespeuvent tre encourages former leur propre groupe depression pour inciter les autres changer.

  • Manuel de lAssainissement Total Pilot par la Communaut 23

    EN HAUT, A GAUCHE - Uneanimatrice du Fonds Social

    pour le Dveloppement(FSD) - Sanaa, dclenchantlATPC auprs des femmesdu village du gouvernorat

    dIbb, au Ymen.

    A DROITE - La participationdes facilitateurs fmininsdans chaque quipe de

    Dclenchement delapproche ATPC est

    essentielle au Ymen, auPakistan et dans dautres

    pays islamiques. Silenvironnement est

    propice et si les rencontresde Dclenchement sont

    organises dans desmaisons ou dans des

    endroits inaccessibles auxhommes, les femmes

    participent spontanment,expriment leurs opinions et

    lancent des actionscollectives contre la DAL.

  • CE QUIL EST IMPORTANT DE FAIREPRENDRE avec soi :

    Un tableau feuilles mobiles,Des cartes de couleur,Des ciseaux,Du ruban adhsif,Des marqueurs,Des bouteilles de sulfate hydrogn pour tester lapuret de leau (contamination fcale et prsence desalmonelle et de coliformes),

    Un appareil photo,De la poudre de diffrentes couleurs avec unequantit suffisante de poudre jaune (pour marquer leszones de dfcation),

    Si certains de ces lments ne sont pas disponibles,les matriaux locaux disponibles comme la cendre, lasciure de bois, le son de riz, la paille, les feuilles,lherbe, etc. feront largement laffaire.

    AVOIR DES FEMMES DANS LEQUIPELquipe doit comprendre des facilitateurs fminins.Dans les zones o les femmes sont confines et nepeuvent participer avec les hommes (comme au Ymenet dans la Province de la Frontire du Nord Ouest duPakistan), au moins deux animatrices doivent fairepartie de lquipe.

    ATTRIBUER DES ROLES A LEQUIPE

    De facilitateur principal ;De co-facilitateur. Il peut y en avoir deux dans leszones o le facilitateur principal ne parle pas lalangue locale.

    De secrtaire de sance (qui enregistre le contenu etle processus) ;

    Dagent dambiance (un ou plus) charg dassurer unenvironnement favorable : organiser la cartographiedans un endroit qui sy prte, sassurer quil ny aitpas de remue-mnage, de tlphone portable quisonne, contrler les garde-fous, faire en sorte que lasance ne ressemble pas un cours magistral,organiser les groupes de femmes, dhommes etdenfants, servir des boissons rafraichissantes sincessaire, etc.

    De Leaders Naturels qui vont tre remarqus parlquipe, encourags prendre la parole et prendre les choses en mains.

    LApprocheACCOMPAGNER LANALYSE qui provoque unsentiment de dgot et de honte. Les principauxlments qui suscitent lATPC sont le dgot,lembarras, le sentiment de salet, dimpuret (offensedans de nombreuses religions) et pour les femmes toutparticulirement, la gne due au manque dintimit.Ces lments poussent souvent les gens mettre un

    24 Le Dclenchement

    terme la DAL et utiliser des points de dfcationfixes et hyginiques.

    POSER DES QUESTIONS.Il y a plusieurs maniresdaider dclencher le dgot au sain des membres dela communaut sans pour autant leur faire la leon. Ilfaut tre cratif dans la formulation des questions.(Voir ANNEXE D pour des exemples de questions).

    IMPLIQUER LES ENFANTS dans la discussion et leurdemander sils aiment dfquer en plein air et si cestpour eux dune bonne ou une mauvaise pratique. Dansce dernier cas que feraient-ils pour larrter ? Souvent,les enfants dfilent en criant fort des slogans contre laDAL. Encourager ces activits, cela les amusebeaucoup.

    NE PAS FAIRE DE COURS THEORIQUE. A ce stade, ilne faut pas essayer dduquer la communaut sur lesmaladies causes par la Dfcation lAir Libre, sur lesmouches comme agents de contamination, ou sur lancessit de se laver les mains.

    NE JAMAIS PARLER de subvention. Dire clairementaux gens que notre prsence ne vise ni offrir dessubventions, ni suggrer des modles de latrines.(Consulter lencadr ci-dessus Conseils pour grer lessituations difficiles ).

    COMMENT COMMENCER ?Les rgles classiques pour la mobilisation en milieurural sappliquent ici : Ne pas shabiller de manire ostentatoire. Etreaimable. Rester calme. Ne pas se prcipiter. Fairepreuve douverture. Etablir de bons rapports avec ceuxque lon rencontre. Etre observateur. Ecouter.Apprcier les bons aspects de la communaut. Il seraplus facile de soulever les problmes par la suite, desusciter la honte chez les gens et de leur poser lesquestions directes du Dclenchement de lATPC.

    Ds larrive au village, se prsenter. Expliquerlobjectif de sa visite. Si on nous le demande, il pourraittre utile de rpondre que notre quipe tudie lecomportement sanitaire des villages du district. Onessaie de savoir dans combien de villages les genspratiquent la Dfcation lAir Libre et quels en sontles effets.

    Il y a plusieurs manires de lancer une discussion sur laDAL et lassainissement dun village. On peutcommencer la discussion avec un petit groupe de lacommunaut lors dune promenade informelle dans levillage. On peut galement commencer avec quelquespersonnes rencontres sur le chemin en leurdemandant de venir avec nous derrire les maisons,dans les forts, prs des rivires ou autres endroits(dcouverts) o les gens vont gnralement dfquer.Un rassemblement dans de tels endroits attire vitelattention des autres.

  • Manuel de lAssainissement Total Pilot par la Communaut 25

    On peut commencer par poser des questions telles que : Est-ce lendroit o la plupart des gens de votre villagedfquent ? Dans quel autre endroit ? A quiappartiennent ces excrments ? On peut leurdemander de lever la main sils ont dfqu en plein airce jour-l et leur suggrer de retourner lendroitprcis o ils ont dfqu le matin et de voir si lesexcrments sont toujours l. Nombre dentre eux vousdiront quils ne sont plus l. Si on demande ce qui a puse passer, certains diront que les chiens et les cochonsles ont mangs. Demander alors qui appartiennent leschiens, comment ces derniers sentent quand ilsrentrent la maison et sils lchent les membres de lafamille ou jouent avec les enfants. Une fois leur intrtsuscit, on peut les inciter appeler dautres membresde la communaut. Prvoir cet effet suffisamment deplaces assises ou debout.

    Pour sassurer que la plupart des gens de lacommunaut sont prsents au Dclenchement delATPC et que quasi tous les hameaux sontreprsents, on pourrait :

    Faire sonner une cloche (cette mthode a tefficace dans le district de Kenema, en SierraLeone),

    Passer des annonces au microphone dans lesgurdwara et les temples (efficace dans les Etats dePenjab et Harnyana en Inde),

    Inviter les gens via les communications publiques.Lutilisation des microphones des mosques est trscommune dans certains pays,

    Envoyer les enfants dans divers endroits du villagepour annoncer le dbut de la manifestation. UneMarche travers les zones de dfcation prcdantla cartographie est quelques fois utile pour attirerles gens. Lors de la promenade le long des routes etdes ruelles du village, inviter tous ceux que lonrencontre sur son chemin. Parler aux gens qui nousrejoignent. Dautres voudront nous rejoindre envoyant un tranger parler et marcher avec leursamis et connaissances.

    ORGANISER ET FACILITER.DEMANDER aux gens les traductions locales de caca et de faire caca et utiliser toujours cestermes.NE PAS UTILISER de vocabulaire poli, mais des motscrus que les gens utilisent tout le temps.Une fois que lon a attir lattention dune bonnepartie de la communaut, on organise une rencontre.Idalement, toutes les composantes de la communautviendront : femmes, hommes et enfants. Lobjectif estdamener une valuation et une analyse compltede leurs habitudes, des effets de la dfcation et despratiques sanitaires dans leur communaut, enutilisant les outils et mthodes de lERP (EvaluationRurale Participative).

    En peu de temps, la communaut a emmen lquipe dansun endroit dgotant en bas de la colline, rempli dordure,dexcrments et de dchets plastiques. Ctait galementle principal point de collecte deau du village. Lendroit setrouvait juste en contrebas de la mosque du village quine comportait ni toilettes ni salle deau. Les gens serendaient la mosque plusieurs fois par jour et plusieursdentre eux dfquaient et se lavaient avant daller prier.Les dbats sur lendroit-mme ont servi, avec force, dedclencheur.

    Les endroits qui se prtent la Dfcation lAir Libresont identifis par les communauts locales lors dune Traverse des excrments . Membres de lacommunaut locale dun village du gouvernorat dIbb, auYmen, guidant une quipe dans les zones DAL pourmontrer des endroits potentiels de DAL frquents pas lesgens le matin et le soir.

    Pour commencer, demander aux gens de lever lamain pour rpondre des questions comme : Quia dfqu lair libre aujourdhui ? et Avez-vous vu ou senti une odeur dexcrment humaindans votre village aujourdhui ?

  • 26 Le Dclenchement

    Lors dun Dclenchement, dans un village dHimalachalPradesh, les gens voulaient dissimuler leurs pratiquesen dclarant quil ny avait pas de DAL. Lorsquon leurdemanda de lever la main sils pratiquaient la DAL,aucun deux ne la leva. On leur demanda alors defermer les yeux et de se demander si la DAL causait dutort leurs enfants. On leur demandt une secondefois si daprs eux, la DAL tait pratique dans leurvillage et si ctait le cas, ils devaient lever la main. Etl, 30 personnes sur 50 la levrent.

    Source: Shashi Bhushan Padey, Knowledge Links.

    Les chauffeurs et leurs assistants peuvent aider auDclenchement. Dans un village Himachal Pradesh, lacommunaut revendiquait une zone FDAL, bien que laDAL fut une pratique commune. Le jeune assistant duchauffeur fut brief par un facilitateur pour quil disequil avait un besoin urgent de se soulager. Il demanda un villageois de lui indiquer un endroit lair libre o ilpouvait dfquer. Un villageois lui indiqua discrtementun endroit en le priant de ne le dire personne.Lassistant se rendt lendroit indiqu, il vt quil taitrempli dexcrments et il avertit le facilitateur qui guidala Traverse des excrments vers la zone en question.Seule une femme accepta de ly accompagner, tous lesautres refusrent. Elle venait de se marier et taitarrive au village une semaine avant. Elle fut horrifiepar ce quelle a vt et vomt de dgot des tasdexcrments accumuls sur le pan dun ravin. De leauqui coulait prs du caca tait pompe vers un rservoirpour une distribution par gravit. Elle dt alors quelledemanderait toutes les jeunes filles qui se mariaientdans le village dinsister pour avoir des toilettes et elledfia la communaut dessayer de cacher cela auxtrangers.

    Source: J.P. Shukla, Knowledge Links.

    AU DESSUS Marcher travers la fort pour trouver la chose ! Communaut rurale prs dAwassa en Ethiopie,dirigeant une quipe de Traverse des excrments dans deszones DAL. A GAUCHE Les enfants connaissent trs bien tous les endroitsde DAL. Enfants du village dans le gouvernorat dIbb, Ymen,lors dune marche transversale dans la zone de dfcation.

  • Manuel de lAssainissement Total Pilot par la Communaut 27

    Marche travers les zones dedfcation

    Ces Marches sont loutil le plus important et le plusmotivant. Lembarras ressenti pendant ces marches dedgot peut entraner un dsir immdiat darrter laDfcation lAir Libre et de se dbarrasser de ceszones. Bien quils voient tous la salet et le caca tous lesjours, ils ne semblent en prendre conscience que lorsquedes trangers les forcent regarder et analyser lasituation en dtail. Une marche travers des zones de dfcation impliquede marcher avec des membres de la communaut dunbout lautre du village, en observant, en posant desquestions et en coutant. Pendant cette Promenade, onpeut localiser les zones de DAL et visiter les diffrentstypes de latrines le long du chemin. On doit essayer decomprendre avec la communaut de quoi les latrines hyginiques sont constitues. Il faut ensuite visiterles latrines qui ne sont pas couvertes et o les matiresfcales sont exposes lair libre. Puis, on passe une

    ConseilsDurant la Marche

    Poser des questions telles que : Quelles famillesutilisent quelles zones de dfcation ? O vont les

    femmes ? Et que se passe-t-il lors des dfcations

    urgentes pendant la nuit ou en cas de diarrhes

    frquentes ? Quelques fois les gens rvlent qui les

    excrments appartiennent.

    Ne pas viter les zones de dfcation ; bien aucontraire, y passer le plus de temps possible en posant

    des questions en mme temps que les gens inhalent

    lodeur de leurs excrments et se sentent mal laise

    davoir amen un tranger dans un tel endroit. Cela

    aidera dclencher un sentiment de dgot et de honte

    qui les poussera oprer des changements. Si les

    excrments ne sont pas visibles, il sagit peut-tre de

    diarrhes qui ont simplement t absorbes ou

    emportes par les eaux de pluies.

    Attirer lattention sur les mouches prsentes sur lecaca et sur les volailles qui picorent et mangent le caca.

    Demander combien de fois ils retrouvent des mouches

    sur leurs aliments ou sur ceux de leurs enfants et sils

    aiment manger ce type de poulet local.

    Rechercher les excrments solides et liquides etdemander pourquoi ils nont pas tous les mmes forme

    et consistance. Souvent, le liquide est plus proche des

    maisons, l o les enfants et les adultes sont le plus

    susceptibles dtre infects.

    Dans un village Mardan, dans une province de lafrontire du Nord Ouest du Pakistan, un groupe deMarche travers les zones de dfcation a dcouvertune grande quantit de caca semi-solide et liquide trsprs des maisons. Un des membres de la communautqui faisait partie de cette marche en a conclu que letaux de diarrhe tait trs lev et que parconsquent, les enfants et les hommes dfquaient durgence tout prs des maisons car ils navaientpas le temps de sloigner. Ceci a clairement indiquque la moiti de la population souffrait de maladiesdiarrhiques des niveaux clinique et sous-clinique.

    torche travers le trou des latrines fosses ouvertes eton demande une personne de regarder lintrieur etde dire ce quelle voit et enfin, on demande si la fosseattire des mouches et sil leur semble sain de laisser leslatrines ouvertes. La cl est de rester dans la zone de DAL inhaler lodeurnausabonde, dans un dcor dexcrments rpandus unpeu partout dans les alentours. Si les gens, embarrasss,tentent de nous en loigner, il faut insister pour restersur place. Cette exprience, mene collectivement et enprsence dun visiteur extrieur de la communaut, estun lment cl dclencheur de mobilisation.

    La communaut rurale de Hetauda au Npal a utilis descartes de couleur pour indiquer les endroits o se trouventles foyers les plus riches, ceux des classes moyennes et lespauvres. Remarquer que les cartes jaunes indiquant lesmaisons pauvres sont groupes la marge du village et dansla priphrie. Les familles les mieux loties y vont tous lesmatins pour y dfquer (dans la nature). Pour la premirefois, les castes moyennes et les plus pauvres ont comprispourquoi leur environnement tait si dgotant. Ils ontgalement compris pourquoi les gens des castes plus levesvisitaient les zones o de nombreuses familles levaient descochons en pleine nature. Les pauvres ont alors ordonn auxplus aiss darrter la DAL dans leur voisinage partir dulendemain sous peine den subir les consquence.

  • 28 Le Dclenchement

    AU DESSUS Un exercice decartographie avec lesenfants est en cours auvillage de Shebadino, dansla rgion SSNP dEthiopie.Le Dclenchement est iciiniti par des enfants et desLeaders Naturels enfantstrs actifs ont merggrce cet exercice.

    A GAUCHE Dans lesDclenchements bienanims, de nombreusespersonnes travaillentensemble sur lacartographie, indiquent leurmaison, les zones dedfcation et calculent laquantit de caca produitepar les mnages respectifs.Cartographie en cours dansun village du gouvernoratdIbb au Ymen.

  • Manuel de lAssainissement Total Pilot par la Communaut 29

    Cartographie des zones de dfcation

    Aider la communaut raliser une carte simple sur lesol indiquant les maisons, les ressources, les zones dedfcation, les points deau et les problmes, afin destimuler la discussion. Leur demander de choisir unendroit dgag adapt cet exercice. La cartographieimplique tous les membres de la communaut dans uneanalyse pratique et visuelle de la situation sanitaire de lacommunaut.Dans lexercice de cartographie, tous les mnagesdevraient tre invits :- Indiquer leur maison sur la carte, laide dunmarquage au sol par exemple, ou en plaant une feuilleou un caillou,

    - Indiquer sils ont des latrines. Les zones de Dfcation lAir Libre peuvent treindiques avec une poudre de couleur et des lignesdevraient tre traces pour les connecter aux mnagesqui les utilisent. La carte peut tre utilise biendautres fins. Mettre laccent sur la distance que certainespersonnes doivent parcourir pour dfquer et lheure laquelle ils le font. Ya-t-il des problmes de scurit ?

    EN HAUT A GAUCHE Des femmes dans des villages dEthiopie etde Tanzanie soccupent de la cartographie des zones dedfcation, incluant les zones de dfcation durgence. Lessommes dpenses pour le traitement de la diarrhe, de ladysenterie, etc. est galement inscrit sur les cartes face chaque maison.

    CI-DESSOUS Alors que des facilitateurs de lATPC demandaientdindiquer les zones de dfcation durgence et de dfcationau travail, la carte du village sest tendue bien au-del deslimites initialement indiques. Ceci a rvl des nouvellesralits de la dfcation Samba (ferme agricole).

    Demander aux gens de schmatiser le mouvement desexcrments depuis les endroits DAL jusquaux bassins etautres points deau, entranant ainsi leur contamination.

  • 30 Le Dclenchement

    CI-DESSUS Des femmes dans un village des Andes en Boliviecartographiant leurs zones de dfcation : Qui fait caca eto le fait-il ?

    A DROITE Des femmes dans un village en Bolivie utilisant desfils de laine pour tracer une carte du village sur le sol etmontrer les zones de DAL.

    AU DESSUS A DROITE La poudre jaune sur la carte montre leszones de dfcation. Alors que le processus deDclenchement de lapproche ATPC avance et que lacommunaut indique les zones de dfcation durgence, lestches jaunes sur la carte augmentent et stendent. Dans unvillage en Bolivie, des membres de la communaut regardent,anxieux. Il faut capter les commentaires spontans de dgotet de volont que cela cesse.

  • Manuel de lAssainissement Total Pilot par la Communaut 31

    d. Leur signaler que la carte reprsente leur maison.Leur demander ensuite dutiliser de la craie pour tracerdes lignes sur le sol reliant leur maison aux zones deDAL. Cela suscitera certainement des rires et delamusement, il faudra laisser faire. Surtout ne pastendre les cartes ou la craie aux membres de lacommunaut. Conserver ce matriel dans un coin de lacarte et leur demander daller le prendre eux-mmes.Encourager les dplacements et la crativit,e. En indiquant le sachet contenant la poudre jaune, leurdire de montrer les endroits o ils dfquent en pleinair. Leur dire de rpandre plus de poudre jaune l o il ya plus dexcrments. Cela suscitera encore plus de rire !Les laisser prendre eux-mmes le sac de poudre. Il yaura un empressement pour prendre une poigne depoudre jaune. A ce stade, les enfants verseront de lapoudre jaune dans des endroits inconnus des parents,f. Accorder du temps pour terminer cet exercice,g. A prsent, demander chacun de revenir se tenir lemplacement de sa maison. Leur demander o ils vontpour les dfcations urgentes, cest--dire, lorsquilpleut, au milieu de la nuit, pendant les priodes dediarrhe svre ou lorsquils sont malades, etc. Leurdemander de prendre de la poudre jaune et den mettresur les points de dfcation urgente. Il y aura un nouvelclat de rire et de nouveaux tas de poudre jaune autourde leur maison. Les gens peuvent dire quen casdurgence, ils vont derrire la maison de leur voisin, etde mme, leur voisin vient derrire leur jardin. Onnotera que la carte devient de plus en plus jaune. Leurdemander sils ont limpression que le village estentirement rempli dexcrments.h. On peut galement faire le calcul de caca par maisonsur la mme carte et identifier la famille qui, par jour,contribue le plus la pollution de lenvironnement duvillage. Demander tout le monde de la remercierchaleureusement.i. Leur demander tous de sortir du trac sans dplacerles cartes. Ainsi, une carte des maisons a t cre.

    Option. Mettre les cartes de couleur sur le sol. Lescouleurs peuvent reprsenter les catgories aises ouriches, les catgories moyennes et pauvres et quelquesfois, trs pauvres. Demander aux gens de prendre lacouleur qui leur correspond, dajouter le nom de leurmaison et de placer leur carte. Cela montre souvent queles pauvres vivent aux abords de la communaut prsdes zones de dfcation et indique que les plus richesvont dfquer prs des maisons des pauvres.

    Ne pas commettre lerreur de dominer, mmesubtilement, par exemple, en distribuant des cartes oudes marqueurs un par un aux membres de lacommunaut au lieu de les garder quelque part aumilieu et de leur demander de se servir eux-mmes.

    Parfois, lexercice de la cartographie est trs long. Lorsque les gens simpliquent dans la cartographie deleur village, ils ont tendance aller dans les moindresdtails de chaque maison, tel que le nombre dhommes,de femmes et denfants dans chaque famille, chaquechemin et ruelle, etc. Or, souvent, les informationsdtailles sur la dmographie, les aspectssociopolitiques, les infrastructures et les institutions nesont pas vraiment ncessaires au Dclenchement delATPC. Il faut faire attention la gestion du temps carperdre du temps collecter des informations inutilespeut rduire considrablement le temps ncessaire austade crucial du Dclenchement.Afin de dclencher lapproche ATPC dans un laps detemps raisonnable (3 4 heures), la cartographieparticipative des zones de dfcation pourrait treaccomplie, selon une mthodologie plus rapide, en unedemi-heure ou une heure, selon le nombre de foyersdans le village.

    Une mthodologie plus rapide

    Demander aux villageois de se rassembler dans unendroit bien dgag (de prfrence, un endroitpropre et sec, sans gravats, pierres ou herbe),

    Quelques volontaires sont invits baucher unerapide ligne des limites du village en utilisant desbtons, des branches, des poudres de couleur, etc.Dans certains villages en Bolivie dans les HautesAndes, les femmes ont vite sorti des fils de laineprovenant des pelotes (quelles portent gnralementsur elles) pour marquer les frontires du village surlherbe (voir photo),

    Demander quelquun dindiquer quelques points derepre (coles, routes principales, lieux de culte, etc. lintrieur des frontires),

    Ensuite, demander une personne dindiquerlendroit o ils se sont rassembls,

    Demander une jeune personne dindiquer sa maisonet de se tenir devant,

    Demander aux autres de vrifier quelle ne sest pastrompe et si cest le cas, leur demander delapplaudir. Ce travail vise bien sorienter sur leplan,

    Expliquer maintenant chacun les exercices suivants :a. Un seul membre de la famille choisit une carte (Le tasde cartes doit rester lextrieur du plan). Ensuite, ilentre dans le trac et se tient lendroit o sa maisonest indique,b. Un seul membre de la famille choisit une carte (Le tasde cartes doit rester lextrieur du plan). Ensuite, ilentre dans le trac et se tient lendroit o sa maisonest indique,c. Leur demander dinscrire sur la carte le nom du chef defamille et la poser lendroit de la maison, l o il setient (prs de son pied),

    Facilitation de la cartographie pour quelle soit cible, rapide et amusante

  • 32 Le Dclenchement

    Conseils

    Une carte dessine sur le sol peut tre reportesur du papier, ce qui renseignerait sur les maisons

    qui ont des latrines et celles qui nen nont pas.

    Elle peut aussi tre utilise pour le suivi (voir ci-

    dessous).

    On na pas besoin de beaucoup de ressourcespour faire une carte. Encourager les participants

    utiliser des feuilles, des graines, des btons, ou

    dautres matriaux facilement disponibles pour

    reprsenter diffrentes choses. Il faut tre dtaill

    dans ses explications, encourager la crativit et

    rendre lexercice amusant.

    Ltape du codage des couleurs (si elle a lieu)ne doit pas durer longtemps.

    On peut taler de la poudre jaune sur sa mainet demander aux gens de la serrer. Puis leur

    demander ce qui a t transmit leur main.

    Questionner la carte cest--dire poser desquestions et sonder la signification et les

    implications de ce qui est dmontr. La carte est

    un moyen damliorer la comprhension qua la

    communaut de sa situation sanitaire et non une

    fin en soi.

    Identification des voisinages les plussales

    Pendant lexercice de cartographie, demander lacommunaut de se regrouper par voisinage. Leurdemander de discuter entre eux et de dcider duvoisinage le plus sale du village, le deuxime voisinage leplus sale, etc. et de noter cela sur un bout de papier.Collecter et lire les papiers. Dans la plupart des cas, tousles groupes identifient les mmes endroits comme tantles plus sales.

    Puis, demander aux groupes de noter les endroits o ilsvont dfquer. A travers cet exercice, les gens desvoisinages les plus sales ralisent, peut-tre pour lapremire fois, que dautres dfquent dans leur zone etles dsignent galement comme le voisinage le plus sale.Cette dcouverte dclenche gnralement une actionimmdiate pour empcher les trangers de venir dansleur zone pour dfquer. Aprs avoir ralis cela, les pluspauvres du village, donc ceux ayant le statut social leplus bas, se montrent plus actifs et sont les initiateurs lesplus rapides de lapproche ATPC dans de nombreuxvillages. Ce sont galement ceux qui conomisent le pluspour le traitement mdical de la diarrhe et des autresmaladies.

    Analyser la zone de dfcation sur la carte, calculer lesexcrments par maison et dfinir les voies de transmissionfcale-orale en collaboration avec la communaut estextrmement crucial. Calcul de la production dexcrmentspar mnage, dans un village au Ymen.

  • Manuel de lAssainissement Total Pilot par la Communaut 33

    Calcul des crottes et des dpensesmdicales

    Calculer la quantit de matire fcale produite peutaider illustrer lampleur des problmes sanitaires.Quelle quantit dexcrments humains est gnre parchaque individu ou par chaque foyer par jour ? Lesmnages peuvent utiliser leurs propres mthodes etmesures locales pour calculer quel point ils accroissentle problme. La somme des maisons peut alors treadditionne pour produire un chiffre pour lacommunaut entire. Ce chiffre journalier peut tremultipli pour connatre la quantit produite parsemaine, par mois ou par anne. Les quantits peuventatteindre des tonnes, ce qui peut surprendre lescommunauts elles-mmes.

    Demander quelle est la famille qui en produit le plus etdemander tout le monde dapplaudir et de fliciter lafamille pour avoir apport la plus grande quantitdexcrments dans le village. De mme, identifier lesfamilles qui sont en deuxime et troisime position etapprcier leur contribution. Identifier ensuite les famillesqui en produisent le moins. Leur demander pourquoielles en produisent si peu. Leur demander alors demanger plus pour en produire plus. Tout ceci gnre

    beaucoup damusement mais la prise de conscience sefait clairement.

    Demander aux gens combien ils dpensent en traitementde sant. Se tenir autour de la carte. Les agentsdambiance font taire la foule. Dsigner la carte et leurdemander combien ils dpensent en traitements et enmdicaments pour la diarrhe, la dysenterie, le cholra etautres maladies lies la DAL quils ont identifies. Leurdemander de lcrire au marqueur sur la carte de lafamille et de choisir lunit de calcul : par mois ou par an.

    De mme quavec le calcul des matires fcales,demander quelles familles dpensent le plus. Souligner sielles vivent prs des zones de dfcation ou dans lesvoisinages les plus sales. Sont-elles pauvres ou riches ?Qui en souffre le plus les riches, les classes moyennesou les pauvres ? Disposer le tableau feuilles mobile etleur demander de calculer combien la communautdpense par mois, par an et sur dix ans. Mettre cetableau prs du calcul des quantits dexcrments parmois, par an et sur dix ans.

    Lors dune approche ATPC bien facilite, des villageois enTanzanie calculent la quantit dexcrments par mnage. Lepoint de Dclenchement est gnralement atteint pendantcet exercice.

  • 34 Le Dclenchement

    A DROITE Une communautdans un village Mardan,province de la frontireNord Ouest du Pakistan.Tous lvent la main poursignifier leur accord pour

    stopper la DAL.

    CI-DESSOUS La manifestation Des excrments, du painet des mouches , Tororo,Ouganda. Photo : Philip

    Otieno, Plan Kenya.

    Leur dire quils sont trs riches pour pouvoir dpenserautant dargent. Demander sil y a des familles pauvresqui ont d emprunter de largent pour un traitementdurgence de la diarrhe pour un membre de la famille.Si oui, quelle tait la somme emprunte ? A qui a-t-ellet emprunte ? Et o ? Etait-ce facile demprunter delargent et de le rembourser ? Qui prte de largent pourles traitements durgence ? Et quel taux dintrt ? (Ilne faut jamais suggrer darrter la DAL ou de construiredes toilettes. On nest pas cens suggrer ou prescrire).

    Comment susciter le dgot : les voiesde contamination fcale

    De lexposition des excrments lair libre leur transfert dans la boucheDemander o vont ces excrments. Les gens rpondentquils sont emports par leau de pluie ou quilspntrent dans le sol ; dessiner alors un morceau de cacaet le poser par terre. Mettre des cartes et des marqueurstout prs. Demander aux gens de prendre les cartes etde dessiner ou dcrire les diffrents agents ou voies quimnent les excrments vers les maisons. Par exemple :

    Les mouches ;Leau de pluie ;Le vent ;Les sabots des animaux domestiques ;Les poulets qui les picorent et les transportent surleurs pattes ou sur leurs ailes ;

    Les chiens qui les mangent ou les transportent surleurs pattes ou sur leur corps ;

    Les cordes tches de caca (par exemple, cellesutilises pour attacher les animaux) ;

    Les roues de bicyclettes ;Les chaussures ;Les jouets denfants, les ballons de foot, etc. ;Les dchets en plastique transports par le vent ;Les eaux contamines.Ensuite, demander comment ils arrivent dansla bouche. Par exemple :

    Les mains, les ongles ;Les mouches sur les aliments ;Les fruits et les lgumes qui sont tombs dessus ouqui ont t en contact avec et nont pas t lavs (exen Chine) ;

    Les ustensiles de cuisine lavs dans des eauxcontamines ;

    Les chiens qui lchent les gens ;Ne jamais suggrer les voies de contamination. Laisser lesgens discuter, identifier, dessiner et crire.

    Le verre deau !Ensuite demander un verre deau potable. Lorsque leverre deau est apport, loffrir une personne etdemander si elle peut la boire. Si elle acquiesce, poser laquestion dautres jusqu ce que tous reconnaissentquils peuvent boire cette eau-l. Ensuite, sarracher uncheveu et demander ce quon tient dans la main.

  • Manuel de lAssainissement Total Pilot par la Communaut 35

    Demander sils peuvent le voir. Ensuite, toucher du cacasur le sol afin que tous puissent voir. A prsent, plongerle cheveu dans le verre deau et demander sils peuventvoir ce quil y a dans le verre deau. Offrir le verre quelquun qui se trouve prs de soi et lui demander deboire. (Voir galement la page 20). Il refuseraimmdiatement. Passer le verre dautres et leurdemander sils accepteraient de boire. Personne nevoudra boire de cette eau-l. Demander pourquoi ilsrefusent ; ils rpondront quelle est infecte. A prsent,demander : Combien de pattes une mouche possdetelle ? . Si leur rponse est errone, les informer queles mouches ont six pattes et quelles sont toutes endents de scie. Demander si une mouche pourrait prendreplus ou moins dexcrments sur ses pattes que notrecheveu. La rponse serait plus . A prsent leurdemander ce qui se passe lorsque les mouches se posentsur leurs aliments et leurs plats ou les aliments de leursenfants, ce quelles transportent en venant des endroitso la DAL est pratique. Enfin, leur demander ce quilsmangent avec leurs aliments.

    Lorsquune personne dclare quelle mange lecaca des autres, la guider vers le devant de lascne afin quelle le dise tout le monde. Le moment crucial, cest lorsquil est affirm que tout lemonde dans le village absorbe les excrments des autres.Une fois quun membre de la communaut a dit celapubliquement, on peut le rpter de temps en temps. Celadoit rsulter de leur propre analyse et ne doit pas tre unechose quon est venu leur dire. Leur demander dessayer de calculer la quantit de cacaingre chaque jour et ce quils pensent du fait dingrer lecaca des autres cause de la DAL. Ne rien suggrer pourlinstant mais les laisser rflchir et leur rappeler cela aumoment du rsum de la situation la fin de lanalysecommunautaire.

    Le moment du Dclenchement

    Etre trs attentif au moment du Dclenchement. Cest lemoment o ils ralisent de manire collective qu causede la Dfcation lAir Libre, tous ingrent les matiresfcales des autres et que cela continuera aussi longtempsque celle-ci durera. Lorsque ce moment se produit, ilnest plus ncessaire de poursuivre les activits.Souvent, ce stade, les esprits schauffent et deviolents arguments apparaissent sur la manire destopper la Dfcation lAir Libre. Ne pas interrompre,ne pas donner de conseils. Ecouter la discussion ensilence.

    Le moment du Dclenchement ! Miguel Pimentel, unfacilitateur expriment de Plan Bolivie offrant un verredeau contamin avec du caca une femme qui couvre sabouche et son nez avec un geste de dgot. Lhorreur aveclaquelle les gens ralisent quils on mang le caca des autresest le paroxysme du processus. Ce sont l des momentscritiques qui acclrent le processus de Dclenchement.

  • 36 Le Dclenchement

    Quelques astuces et ides

    Soulever un enfant. Chercher des yeux un petitenfant qui joue sur le sol ou qui mange quelquechose avec des mouches sur la figure. Le soulever.Demander qui est cet enfant. Est-ce la faute delenfant sil ingre des salets et des excrments ?A qui donc la faute, si lenfant doit vivre dans unenvironnement sale ? Est-ce normal que lesenfants de ce village grandissent ainsi ? Que lesparents qui ne veulent pas voir leurs enfantsgrandir ainsi veuillent bien lever la main.

    Recouvrir de terre les excrments infests demouches. Sil y a des excrments avec desmouches dessus, les recouvrir de terre. Lesmouches devraient alors sloigner.

    Miroir. Lorsquils ralisent quils sont en traindingrer les excrments des autres et quilschangent leurs sentiments avec les autres, lesvisages des hommes et des femmes changentradicalement et montrent du dgot et dumcontentement. Lorsque cela arrive, prsenterun miroir quelques unes des femmes les mieuxhabilles. Plusieurs dentre elles refuseront de seregarder.

    Excrments, aliments et mouches. Lors duneMarche travers les zones de dfcation dans leDistrict de Solan de Himachal Pradesh en Inde, enmai 2006, une participante audacieuse, Smt NinaGupta, a pris