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Résumé à l’intention des décideurs METTRE EN VALEUR LE CAPITAL NATUREL : Le soutien que l’initiative REDD+ peut apporter à l’Économie Verte

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Page 1: Mettre en valeur le capital naturel

ISBN: 978-92-807-3352-5DTI / 1725 / PA

Pour plus d’information, contacter:

International Resource Panel SecretariatUNEP DTIESustainable Consumption and Production Branch15, rue de Milan75441 Paris CEDEX 09FranceTel: +33 1 4437 1450Fax: +33 1 4437 1474Email: [email protected]/resourcepanel

UN-REDD Programme SecretariatInternational Environment House11-13 Chemin des AnémonesCH-1219 ChâtelaineGeneva, SwitzerlandTel: +41 229 178 946Email: [email protected]

Mettre en valeur le Capital Naturel : Le soutien que l’initiative REDD+ peut apporter à l’Économie VerteCETTE BROCHURE est un résumé du rapport : Mettre en valeur le capital naturel : le soutien que l’initiative REDD+ peut apporter à l’Économie Verte. Elle a été produite par un groupe de travail au sein du Groupe international d’experts sur la gestion durable des ressources. Le rapport, portant sur le statut actuel et les possibilités que la REDD+ peut offrir dans le futur, décrit les nombreux béné�ces des forêts et des autres écosystèmes. Il démontre que la valeur des forêts ne se limite pas au stockage de carbone et que les forêts constituent un véritable fondement pour les sociétés durables.

Le rapport recommande d’envisager la REDD+ dans un cadre plus large de plani�cation à l’échelle du paysage qui peut, et devrait, impliquer de nombreux secteurs (notamment ceux qui contribuent à la déforestation, parfois par mégarde). Au-delà de la forêt, cela permettrait de répondre aux besoins énergétiques, en ressources en eau, de l’agriculture, de la �nance, des transports, de l’industrie, du commerce, des villes ; en�n, de tous les secteurs d’une économie moderne. La REDD+ pourrait ainsi apporter une valeur ajoutée aux nombreuses autres initiatives qui sont mises en place dans ces secteurs. La REDD+ ne serait plus un simple projet pilote intéressant, mais deviendrait un élément clé de l’économie verte.

En se basant sur des efforts qui ont déjà cours dans plusieurs pays, le rapport se conclut en suggérant les prochaines étapes d’un processus d’adaptation des sociétés aux nouvelles conditions, qui sera sûrement très long. La REDD+ devra faire partie de la réponse sociale face à la demande croissante en produits agricoles et forestiers liée aux besoins futurs, tout en améliorant la préservation des forêts et des services écosystémiques.

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des décideurs

METTRE EN VALEUR LE CAPITAL NATUREL :Le soutien que l’initiative REDD+ peut apporter à l’Économie Verte

www.unep.orgProgramme des Nations Unies pour l’environnement

P.O. Box 30552 Nairobi 00100, Kenya

Tél.: +254 (0) 20 762 1234

Fax: +254 (0) 20 762 3927

Courriel: [email protected]

Page 2: Mettre en valeur le capital naturel

Le présent rapport est le résultat de contributions de l’ensemble des membres du Groupe de travail sur l’initiative REDD+ et l’Économie verte du Groupe international d’experts sur la gestion durable des ressources du PNUE. Parmi les membres du Groupe de travail figuraient Peter Besseau*, Ralph Blaney, Jane Feehan*, James Griffiths, Pablo Gutman, Jeff Herrick*, Xiaoting Hou, Val Kapos, Pushpam Kumar, Mette Loyche-Wilkie*, Will McFarland*, Tim Mealy, Lera Miles*, Akong Peter Minang, Samuel Murithi*, Ulf Narloch, Mattia Romani*, Seth Shames*, Fulai Sheng*, Ian Thompson, Adam Tomasek, Charlene Watson*, Chris Webb*, Grace Wong* et Dingfang Wu*. Des contributions particulièrement importantes ont été apportées par Peter Besseau, Jane Feehan, Pablo Gutman et collègues, Valerie Kapos et collègues, Ulf Narloch, Charlene Watson et collègues, et Grace Wong et collègues. Des observations du Groupe international d’experts sur la gestion durable des ressources ont été transmises par Jeffrey Herrick, Stefan Bringezu, Yvan Hardy, Yonglong Lu, Jacqueline Aloisi et Tom Graedel, ainsi que par des membres du Comité directeur des Pays-Bas, de la Commission européenne, de l’Allemagne et du Conseil mondial des entreprises pour le développement durable. Le Groupe de travail était co-présidé par Jeffrey McNeely* et Ravi Prabhu*.

Le présent rapport étant un rapport indépendant du Groupe international d’experts sur la gestion durable des ressources, nous souhaiterions remercier les membres du Programme ONU-REDD pour le soutien inestimable qu’ils ont apporté à son élaboration.

L’équipe du secrétariat du PNUE a fourni un soutien essentiel, en particulier Tim Christophersen*, Shaoyi Li*, Lowri Angharad Rees*, John Erik Prydz, Julie Greenwalt*, Gabriel Labbate* et Steven Stone.

Le rapport a grandement bénéficié d’une réunion du Groupe de travail qui s’est tenue à Jakarta (Indonésie) le 21 juin 2013. Les personnes dont les noms sont marqués d’un astérisque* ont participé à la réunion de Jakarta.

Nous souhaiterions également remercier les pairs qui ont consacré un temps précieux à la réalisation de l’examen externe du rapport : Glenn-Marie Lange, Tracy Johns, Gabrielle Kissinger, Swapan Mehra et Simone Lovera.

Copyright © Programme des Nations Unies pour l’environnement, 2014La présente publication peut être reproduite en totalité ou en partie et sous quelque forme que ce soit à des fins éducatives ou non lucratives sans permission spéciale du détenteur des droits d’auteur, à condition d’en citer la source. Le PNUE souhaiterait recevoir une copie de toute publication qui utilise la présente publication comme source. La présente publication ne peut être revendue ni utilisée à quelque fin commerciale que ce soit sans la permission préalable écrite de la part du Programme des Nations Unies pour l’environnement.

Rédactrice photo : Suzannah GossConception/mise en page: Amina DaraniImpression: Publishing Services Section, UNON, Nairobi, Kenya, ISO 14001: 2004 certifiedInfographie : William Orlale

Photos de couverture © : (en haut) archipel d’Anavilhanas (Amazonie) – Kevin Schafer/Getty; (au milieu) Jeune grimpeur récoltant des fruits d’açaï – Kate Evans/CIFOR; (en-dessous) la plus haute passerelle piétonne de Singapoure, le Henderson Waves Bridge, fait de bois et d’acier - Wilson Gonzales / Shutterstock..

Avertissement Les appellations employées dans la présente publication et la présentation des données qui y figurent n’impliquent de la part du Programme des Nations Unies pour l’environnement aucune prise de position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites. De plus, les vues exprimées ne reflètent pas nécessairement la décision ou la politique déclarée du Programme des Nations Unies pour l’environnement, de même que la mention de noms ou processus commerciaux ne constitue en rien une approbation.

Le PNUE encourage les bonnes pratiques environnementales dans le monde comme dans ses propres activités. Cette publication est imprimée sur du papier 100% recyclé, en utilisant des encres végétales et autres pratiques respectueuses de l’environnement. Notre politique de distribution vise à limiter l’empreinte écologique du PNUE.

Remerciements

Il conviendrait de citer le rapport complet comme suit :PNUE (2014) Mettre en valeur le capital naturel : le soutient que l’initiative REDD+ peut apporter à l’Économie verte, Rapport du Groupe international d’experts sur la gestion durable des ressources.

Numéro ISBN : 978-92-807-3352-5Numéro de série : DTI / 1725 / PA

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METTRE EN

VALEUR LE

CAPITAL NATUREL :

Produit par le Groupe international d’experts sur la gestion durable des ressources.

Ce résumé présente les conclusions du rapport du Groupe international d’experts sur la gestion durable des ressources : Mettre en valeur le capital naturel : le soutien que l’initiative REDD+ peut apporter à l’économie verte. Il doit être lu parallèlement au rapport complet.

Les sources et références accompagnant le texte et les figures sont indiquées dans le rapport intégral établi par le Groupe international d’experts sur la gestion des ressources et publié par le PNUE en 2014 sous le titre Mettre en valeur le capital naturel : le soutien que l’initiative REDD+ peut apporter à l’économie verte (www.unep.org)

United Nations Environment Programme Division of Technology, Industry and Economics 15 rue de Milan, 75441 Paris CEDEX 09, France

Résumé à l’intention des décideurs

Le soutien que l’initiative REDD+ peut apporter à l’Économie Verte

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Les changements climatiques représentent un problème de plus en plus grave, qui nécessite une réponse concertée de l’ensemble des citoyens. Malgré la gravité du problème, les efforts de collaboration nécessaires semblent rares sur le terrain. Une exception heureuse est l’initiative REDD+, un effort mené par la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques visant la réduction des émissions de gaz à effet de serre liées à la déforestation et à la dégradation des forêts dans les pays en développement, ainsi que la conservation, la gestion durable des forêts et l’accroissement des stocks de carbone forestiers.

Si elle est mise en œuvre systématiquement, l’initiative REDD+ pourrait non seulement permettre de lutter contre les changements climatiques mais également d’agir en faveur de la préservation des forêts tropicales du monde, tout en protégeant la diversité biologique et en améliorant les cycles hydrologiques et la stabilité des sols. Pour autant, l’initiative vient juste d’être lancée, et la plupart des pays qui collaborent à l’effort sont encore en train de mettre en place les capacités et les politiques permettant de mettre REDD+ en pratique sur le terrain.

Les 19 et 20 juin 2013, le Programme ONU-REDD a organisé un Symposium mondial sur l’initiative REDD+ dans une Économie Verte, qui a étudié les moyens par lesquels l’initiative REDD+ pourrait être liée à un effort accéléré qui a été initié lors de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20) de 2012 afin de pousser les gouvernements du monde et le secteur privé sur la voie d’une Économie verte. Des gouvernements soucieux et des entreprises progressistes prennent certaines mesures initiales dans cette direction et font des investissements majeurs afin de fonder leurs économies et leurs activités sur des bases plus durables.

S’appuyant sur les conclusions du Symposium, le Groupe international d’experts sur la gestion durable de ressources du PNUE a réuni un Groupe de travail international sur REDD+ dans une Économie verte, composé d’experts d’un large éventail de domaines techniques pertinents, notamment des économistes, des spécialistes en sciences sociales, des forestiers et des experts en aménagement du territoire. Au cours des six derniers mois, le Groupe de travail a synthétisé les vues d’une partie de la grande diversité des parties prenantes intéressées par REDD+ et l’Économie verte, ou par une de ces deux initiatives apparemment distinctes, aboutissant au présent rapport. La vision était que l’initiative REDD+ pourrait être un catalyseur

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Préface des co-présidents du Groupe international d’experts sur la gestion durable des ressources

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pour favoriser un soutien plus large en faveur d’une Économie verte et que l’intérêt mondial accordé à une Économie verte pourrait appuyer l’initiative REDD+ et contribuer à sa mise en œuvre.

Les principales conclusions montrent que l’initiative REDD+ peut aider à corriger des défaillances du marché, des politiques et des institutions qui sous-évaluent les services d’atténuation des changements climatiques de plus grande portée fournis par les écosystèmes forestiers, ainsi que les services secondaires. Si elle est bien conçue, l’initiative REDD+ peut ainsi contribuer aux éléments clés d’une Économie verte : développement à faible intensité de carbone, intégration sociale, amélioration du bien-être humain et respect du capital naturel. Elle peut donc directement servir les intérêts des millions de personnes dans les pays en développement qui dépendent directement des forêts pour leur survie. Nous pensons que le présent rapport stimulera d’autres réflexions concernant l’initiative REDD+ dans le contexte plus large du développement durable, auxquelles il peut apporter une contribution essentielle.

Ernst Ulrich von Weizsacker Emmendingen (Allemagne)

Ashok KhoslaNew Delhi (Inde)

Co-présidents du Groupe international d’experts sur la gestion durable de ressources

janvier 2014

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Les forêts et les services qu’elles fournissent sont indispensables au développement durable et au bien-être humain, que ce soit en termes de stockage du carbone, de soutien des réserves de diversité biologique terrestre les plus riches au monde, de régulation des flux d’eau, de réduction de l’érosion des sols ou de la fourniture d’une source de nutrition, de bois et de ressources génétiques précieuses. Les services écosystémiques fournis par les forêts tropicales sont estimés à 6 120 dollars par hectare par an.

Malgré ces arguments macroéconomiques de poids, les pertes forestières annuelles totales s’élèvent, en moyenne, à 13 millions d’hectares par an –ce qui équivaut à la surface d’un terrain de football détruit toutes les trois secondes. L’ampleur de la régression et de la dégradation des forêts met en évidence le fait que les institutions ne prennent pas suffisamment en compte la valeur du capital naturel lors de la planification et de la mise en œuvre de politiques et projets économiques et de développement nationaux.

Le PNUE s’emploie à résoudre ce problème dans le cadre d’initiatives de gouvernance mondiales, notamment : l’Économie des Écosystèmes et de la Biodiversité, le Groupe Intergouvernemental sur la Biodiversité et les Services Écosystémiques et la Déclaration du Capital Naturel De plus - dans l’ensemble du système des Nations Unies, des progrès en matière de lutte contre la déforestation des forêts tropicales sont en cours grâce à des efforts tels que le Global Compact et le Programme ONU-REDD, une initiative de collaboration entre le PNUE, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

Le rapport examine certaines des causes profondes de la déforestation et de la dégradation des forêts. Il décrit des solutions possibles dans le contexte d’une transition plus large vers une Économie verte inclusive, qui est indispensable à la réalisation du nouveau programme de

Avant-propos

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développement durable pour l’après 2015.Le rapport est publié à un moment où l’approche des Nations Unies en vue de la réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts dans les pays en développement (REDD+) au titre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques prend toute sa dimension. À la dix-neuvième session de la Conférence des Parties qui s’est tenue à Varsovie, les États membres ont adopté le « règlement » pour la mise en œuvre de REDD+.

Les annonces de contributions faites par des pays donateurs tels que les États-Unis, la Norvège et le Royaume-Uni ont pour conséquence que l’initiative est à présent financée à hauteur de 6,27 milliards de dollars. Ce signal politique clair donne une impulsion supplémentaire à l’initiative REDD+ et offre de nouvelles opportunités pour attirer des investissements du secteur privé en vue de conserver les forêts du monde.

REDD+ est un projet pilote audacieux qui offre aux pays une voie de développement alternative par le biais de la conservation, de la restauration et de la gestion durable des forêts. REDD+ est un catalyseur important pour parvenir à une Économie verte inclusive. La véritable valeur des forêts est révélée lorsque les processus décisionnels nationaux et locaux sont orientés vers des investissements dans le capital naturel, soutenant les moyens de subsistance et permettant une croissance économique durable.

Parallèlement, il est nécessaire de mettre en place les conditions requises pour que l’initiative REDD+ puisse porter ses fruits, allant de mécanismes de bonne gouvernance et de financement durable à la répartition équitable des bénéfices. Ces conditions constituent les fondements mêmes d’une Économie verte inclusive.

Le rapport cherche à améliorer les connaissances concernant la manière dont les initiatives REDD+ et une transition vers une Économie verte peuvent mieux s’informer mutuellement et contribuer à la réduction de la pauvreté et au développement durable. Il s’agit du premier numéro d’une série de produits qui visent à aider les pays à obtenir des rendements socioéconomiques élevés pour leurs investissements dans l’initiative REDD+ et un développement économique vert.

Achim Steiner

Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l’environnement

Secrétaire Général adjoint de l’Organisation des Nations Unies

Avant-propos

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1. Le développement durable et les forêts face aux changements climatiques

Grenouille aux yeux rouges (Agalychnis

callidryas), Costa Rica. Les amphibiens sont très

sensibles aux risques environnementaux tels

que le défrichement de la forêt et le

changement climatique. Daniel N. Proud

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L’expansion agricole engendrée par la croissance démographique et la recherche du bien-être s’est faite jusqu’ici au détriment des forêts. Avec une population dépassant les sept milliards et s’approchant des neuf milliards, la demande de ressources naturelles augmente rapidement.

L’Évaluation des écosystèmes pour le millénaire réalisée en 2005 a révélé que plus de 60 % des services écosystémiques étaient ou bien en voie de dégradation ou bien surexploités. Le rapport 2012 de la série L’Avenir de l’environnement mondial a confirmé des tendances préoccupantes pour un certain nombre de services écosystémiques, notamment l’assèchement et la pollution des zones humides; l’association délétère entre les pénuries d’eau, le surpâturage et la surexploitation des forêts dans les régions les plus arides du monde; l’exploitation abusive des forêts tropicales et leur abattage pour faire place à l’agriculture, menaçant aussi bien le climat planétaire que les communautés locales et conduisant à une perte irréversible de diversité biologique, à la dégradation des sols et à la perturbation des flux d’eau. Certaines de ces tendances contribuent aux changements climatiques, tandis que d’autres sont exacerbées par ces mêmes changements, ou encore diminuent la capacité des écosystèmes à s’adapter à l’évolution du climat.

La déforestation et la dégradation des forêts sont responsables pour près de 17 % des émissions globales de gaz à effet de serre. Le couvert forestier et les sols demeurent les principaux puits de carbone. Les forêts tropicales et subtropicales recèlent plus de la moitié du carbone atmosphérique. Cependant, globalement, les forêts ne sont pas gérées durablement et les pertes en couvert forestier se sont chiffrées à 13 millions d’hectares par an en moyenne entre 2000 et 2010. Selon l’Évaluation des écosystèmes pour le millénaire, les forêts ont disparu dans 25 pays et plus de 90 % du couvert forestier a été perdu dans 29 autres. L’abattage sans répit des forêts est une source anthropique majeure de rejets de dioxyde de carbone dans l’atmosphère, après la combustion des combustibles fossiles.

Les effets négatifs en retour qui résulteraient des changements climatiques induits par l’homme, tels que la mort des forêts et le rejet de quantités encore plus grandes de CO2, sont l’un des « points de basculement » les plus évidents que l’humanité se doit d’anticiper et de prévenir. Une bonne partie de la forêt amazonienne pourrait ainsi se transformer en une savane boisée possédant une bien moindre capacité de stockage du carbone et une biodiversité appauvrie, si la déforestation venait à dépasser 20 % du couvert forestier et si la hausse de la température mondiale dépassait 2 °C.

Le développement durable et les forêts face aux changements climatiques

Les forêts ont disparu dans

25 pays et plus de

90 % du couvert

forestier a été perdu dans

29 autres.

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L’évolution de l’initiative REDD+Ayant pris conscience du rôle critique des forêts dans la régulation du climat mondial, la communauté internationale s’est mise à leur accorder une attention considérable, notamment au titre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC). En 2005, cette prise de conscience a débouché sur une initiative dénommée «Réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts dans les pays en développement (REDD) », faisant suite à une proposition de la Coalition des nations abritant des forêts ombrophiles. En 2010, cette initiative a été élargie au rôle de la conservation, à la gestion durable des forêts et à l’accroissement des stocks de carbone forestier. Cette approche élargie est connue sous le nom de REDD+. Dès le début, l’initiative REDD+ est apparue comme une source de financement capable de faire de la gestion des forêts l’une des composantes de l’économie verte. À ce jour, plus de 6,27 milliards de dollars de fonds publics ont été alloués aux activités REDD+ par la communauté internationale.

Les investissements et revenus au titre de l’initiative REDD+ permettent non seulement de calculer la valeur des services rendus par les écosystèmes forestiers en matière d’atténuation des changements climatiques, et donc de déterminer le paiement à demander pour ces services, mais aussi d’apporter un soutien financier à la gestion durable des forêts et des paysages. Par-delà l’atténuation des changements climatiques, REDD+ apporte de multiples bénéfices à la société en termes de réduction de la pauvreté, d’avantages procurés

par la diversité biologique et de résilience des écosystèmes.

Beaucoup de pays se sont déjà dotés d’une législation, d’une réglementation et d’une politique suffisamment complètes pour pouvoir s’orienter vers une exploitation rationnelle des écosystèmes forestiers. Toutefois, leur mise en pratique se heurte souvent à des difficultés. L’initiative REDD+ est à même de susciter une nouvelle volonté politique et de mobiliser de nouveaux financements pour améliorer la mise en œuvre des politiques. Cette initiative, conçue au premier chef pour aider les pays en développement dont les forêts sont en danger, pourrait bénéficier à tous les pays, qui devraient s’inspirer des démarches qu’elle préconise, comme par exemple encourager le secteur privé à se tourner vers des modes de production à faibles émissions de carbone, réduire les émissions provenant de l’agriculture et d’autres utilisations des terres, et utiliser les ressources plus efficacement.

L’initiative REDD+ n’en est encore qu’aux premiers stades de sa mise en œuvre et bon nombre des 48 pays partenaires du programme ONU-REDD n’en sont encore qu’au stade initial dit « préparation à l’initiative REDD+ ». Suivront deux autres stades : « mise en œuvre de l’initiative REDD+ » et « paiements basés sur la performance ». La mise en place d’un mécanisme global REDD+ devrait marquer l’aboutissement de ce processus, qui sera soumis à l’approbation des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et qui devrait faire évoluer les investissements vers l’inclusion d’une dimension écologique significative dans l’économie mondiale.

Le développement durable et les forêts face aux changements climatiques

L’initiative REDD+

apparaît comme une

source de financement

capable de faire de la gestion des forêts l’une des

composantes de l’Économie

Verte.

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Déjà, l’initiative REDD+ est parvenue à susciter partout dans le monde un plus grand intérêt pour la conservation des forêts tropicales, la surveillance de l’état du patrimoine forestier et la contribution des populations qui vivent dans la forêt ou à la périphérie. Dès lors que sa portée sera élargie, elle pourra :

• Entretenir et améliorer les nombreux bénéfices que procurent les forêts sur pied et appeler l’attention sur l’ensemble des coûts économiques et sociaux de leur dégradation ou de leur destruction, et plus largement sur l’impact environnemental de ces phénomènes;

• Encourager les gouvernements à clarifier les régimes d’occupation des terres et à améliorer la gouvernance des forêts et de l’utilisation des terres;

• Créer de nouvelles sources de financement en faveur d’une gestion durable des forêts;

• Démontrer qu’une gestion durable des forêts fait partie intégrante de la gestion globale des paysages et qu’elle implique de nombreux secteurs gouvernementaux et de multiples parties prenantes représentant des intérêts publics et privés et offrant des solutions intégrées;

• Mobiliser, par effet de levier, d’autres investissements, en particulier auprès du secteur privé;

• Instaurer un mode de prise de décision qui soit inclusif, participatif et éclairé,

et qui permette de mieux comprendre les liens ou les compromis entre les objectifs du développement et ceux de la conservation.

• Renforcer et sécuriser le capital naturel • Améliorer l’efficacité de l’utilisation des ressources• Partager équitablement les bénéfices

• Préciser le régime d’occupation des terres et améliorer la gouvernance• Modifier le cadre d'incitations fiscales• Assurer la permanence des stocks de carbone forestiers et éviter les fuites

Figure 3.1 Relations pouvant être mutuellement bénéfiques entre REDD+ et l’économie verte

Augmentation des investissements

Établissement de conditions favorables aux investissements REDD+

REDD+ Économie Verte

Figure 1 Relations pouvant être mutuellement bénéfiques entre REDD+ et l’économie verte

Le développement durable et les forêts face aux changements climatiques

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2. L’économie verte en pratique

Rosita, une fillette de trois ans, montrant un semis à planter,

Sumatra, Indonésie. Ricky Martin / CIFOR

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Le PNUE définit ainsi l’économie verte : « une économie qui permet d’améliorer le bien-être humain et l’équité sociale, tout en réduisant sensiblement les risques pour l’environnement et les pénuries écologiques. Au sens strict, une économie verte est une économie à faibles émissions de carbone, utilisant efficacement les ressources et socialement inclusive ». L’économie verte est une notion évolutive qui, par-delà le développement à faible émissions de carbone, tient compte des dimensions sociale et environnementale du développement et considère les ressources naturelles comme des sources de richesse, de création d’emplois et de prospérité.

L’économie verte sous-tend le développement durable en s’appuyant sur une politique qui vise à canaliser davantage de fonds publics et de capitaux privés vers les secteurs écologiques émergents et vers la conversion des secteurs « bruns » en secteurs « verts ». Le but de cette réorientation des investissements est de transformer les économies nationales et, en ultime analyse, l’économie mondiale, en faisant en sorte que la croissance soit tirée par l’activité économique « verte » et, ce qui est peut-être plus important encore, en veillant à ce que les bienfaits de la croissance soient partagés équitablement.

Une économie verte, cela suppose de dissocier le développement humain de la consommation non durable des ressources naturelles et de le subordonner au bon fonctionnement des écosystèmes dans la durée.

Pour y parvenir, un train de mesures doit être mis en place : planification intersectorielle

et gestion des ressources, innovations dans le domaine de l’extraction minière, systèmes d’utilisation et de recyclage, utilisation plus efficace des ressources renouvelables, et envoi au marché de signaux qui donnent une valeur appropriée aux services écosystémiques.

Pour encourager les investissements dans l’économie verte et l’innovation, un éventail d’instruments peut être mis en place comprenant : des réformes institutionnelles (portant notamment sur le régime d’occupation des terres), des règlementations (normes et mesures de sauvegarde), une politique en matière d’information (éco-certification, divulgation publique, marketing et lancement de nouvelles marques, campagnes d’éducation, etc.), l’atténuation des risques (par le biais de garanties, notamment), l’intégration de l’environnement et du climat dans les politiques de planification économique (au moyen d’évaluations stratégiques de l’environnement, par exemple), et des politiques tarifaires, fiscales et commerciales comprenant des mesures d’incitation ou de dissuasion appropriées (permis, impôts et réforme des systèmes de subventions).

L’initiative REDD+ et l’économie verteLes activités REDD+ peuvent être conçues à différentes fins : accroître les revenus grâce à un meilleur rendement des cultures, lancer de nouvelles industries vertes, promouvoir l’écotourisme forestier et assurer une production durable des produits de base dont la demande est en augmentation. Ces flux de

L’économie verte en pratique

L’économie verte

sous-tend le développement

durable en s’appuyant sur

une politique qui vise à canaliser

davantage de fonds publics

et de capitaux privés vers

les secteurs écologiques émergents

et vers la conversion des

secteurs « bruns »

en secteurs « verts ».

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Production et consommation de biens et services

Grande efficacité dans l'utilisation des ressources

Recyclage

L'Économie verte

Conservation et gestion durable des forêts grâce à REDD+

Déchets

Déchets

Production et consommation de biens et services

Recul des actifs forestiers

Économie actuelle

Produits naturels

Produits naturels

Travail et ressources créées par l'homme

Travail et ressources créées par l'homme

Fonctions de gestion des ressources

Fonctions de gestion des ressources

Assimilation du carbone

Assimilation du carbone

Fonctionsde piégeage

Fonctionsde piégeage

Déchets

Déchets

Bois, produits forestiers non ligneux, espèces

charismatiques pour le tourisme, plantes

médicinales, eau potable et nouveaux gènes

Bois, produits forestiers non ligneux, espèces

charismatiques pour le tourisme, plantes

médicinales, eau potable et nouveaux gènes

Services écosystémiques contribuant directement à l'économie menacés par la déforestation et la dégradation des forêts

Figure 2 Comparaison du rôle des forêts dans l’économie du laisser-faire et dans l’économie verte

L’économie verte en pratique

SOURCE: PNUE-WCMC, d’après OCDE (2011)

revenus complémentaires ont pour effet non seulement d’augmenter la valeur des forêts sur pied (notamment par le biais des paiements REDD+) mais aussi d’aider à remédier aux facteurs de déforestation (en encourageant une intensification du rendement des terres déjà cultivées). La diversification des sources de revenu engendrée par ce type de projet tend à rassurer les investisseurs potentiels.

L’initiative REDD+ peut aussi faciliter la transition vers une économie verte en démontrant la valeur du capital naturel dans l’économie mondiale. Une telle prise de conscience aiderait à modifier les tendances des investissements et à incorporer le capital naturel dans les politiques économiques au lieu de traiter l’environnement comme une externalité.

L’initiative REDD+ n’en est encore qu’à un stade préliminaire. Toutefois, il semble acquis qu’elle pourra, en tant que source de financement, jouer un rôle de levier, faisant de la gestion des forêts une composante de l’économie verte. À ce jour, la communauté internationale a alloué plus de 6,27 milliards de dollars de fonds publics aux activités REDD+; selon les projections, les paiements pour réductions d’émissions seront de l’ordre de 30 milliards de dollars par an à compter de 2020.

Cela étant, l’initiative REDD+ ne pourra réussir que si elle se déroule dans un environnement favorable comportant des éléments de l’économie verte tels une bonne gouvernance, le respect des lois, une réforme des régimes d’occupation des terres, des mécanismes de soutien financier durables, une répartition équitable des bénéfices, l’évaluation du

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L’économie verte en pratique

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capital naturel et la reconnaissance de cette valeur.

L’intégration de l’initiative REDD+ dans le cadre plus vaste de l’économie verte, et donc dans les plans économiques, est essentielle parce que : a) la déforestation et la dégradation des forêts sont, à terme, entraînées par les modes de consommation prévalant dans la quasi-totalité des secteurs économiques; et b) les innovations en matière d’économie verte découlant du programme REDD+ peuvent permettre d’ améliorer l’utilisation des ressources dans de nombreux secteurs.

La mise en œuvre de l’initiative REDD+ exigera un ensemble d’instruments, dont le choix devra être fait rationnellement et en connaissance de cause, avec le soutien actif de nombreux groupes d’intérêts, y compris le secteur privé. Au nombre de ces instruments, qui seront promus par l’économie verte, on peut citer :

• Les instruments et mesures d’incitation à caractère fiscal (paiements à l’aide de fonds publics tels que ceux fournis par l’initiative REDD+, marchés pour la séquestration du carbone, autres services écosystémiques, etc.), complétés par une réduction des incitations économiques à l’origine de la déforestation;

• Une politique de l’information qui vise à faire en sorte que les décideurs, aussi bien que le grand public, soient conscients de la valeur multiple des forêts, appuyée par des mesures telles que les systèmes de certification;

• Une réglementation comportant éventuellement de nouvelles lois, des mécanismes plus robustes pour l’application des lois, de nouveaux régimes d’occupation des terres en forêt, et des mesures de sauvegarde contraignantes;

• La multiplication des options de financement par-delà l’initiative REDD+ incluant les paiements à l’aide de fonds privés pour d’autres services écosystémiques, des abattements d’impôt, des compensations volontaires, et des ressources à l’appui des stratégies d’atténuation des risques financiers, telles que les mécanismes de garantie de marchés, notamment;

• La poursuite des travaux de recherche visant à quantifier les coûts de l’inaction, mieux faire comprendre la valeur des bénéfices multiples que procurent les forêts, encourager l’élaboration de stratégies novatrices et développer les services rendus par les écosystèmes de forêts.

• Une augmentation des investissements et un soutien politique accru à l’initiative REDD+ sont indispensables pour créer des paysages productifs, profitables et durables qui permettent de séquestrer et de stocker davantage de carbone et d’améliorer la fourniture des services écosystémiques qui sont au cœur de l’économie verte.

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La déforestation et la

dégradation des forêts

sont, à terme, entraînés parles modes de

consommation prévalant dans

la quasi-totalité des secteurs

économiques.

Les innovations en matière

d’économie verte découlant du programme

REDD+ peuvent permettre

d’améliorer l’utilisation des

ressources dans de nombreux

secteurs.

Page 16: Mettre en valeur le capital naturel

3. L’initiative REDD+ met à la disposition de l’économie verte de multiples

services écosystémiques

Produits Forestiers Non Ligneux (PFNL) en vente sur le marché du village Sabo Ouagadougou, Burkina Faso.Ollivier Girard / CIFOR

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L’initiative REDD+ met à la disposition de l’économie verte de multiples services écosystémiquesL’initiative REDD+ contribue à l’atténuation des changements climatiques et à l’avènement d’un développement à faibles émissions de carbone. Plusieurs pays ont déjà lancé des projets pilotes REDD+ débouchant sur l’émission de certificats carbone qui sont échangés sur le marché volontaire du carbone. C’est ainsi que le projet REDD+ du couloir de Kasigau au Kenya a émis les premières compensations REDD+ en 2009 (selon les Normes carbone vérifié, VCS) pour le compte de 4 800 propriétaires terriens et communautés, les principaux acheteurs venant du privé (Microsoft, BNP Paribas et La Poste). Les recettes (environ 2 millions de dollars par an) sont affectées au développement communautaire, notamment à des projets d’approvisionnement en eau.

Les bénéfices de l’initiative REDD+ vont au-delà du simple stockage du carbone. En effet, les forêts apportent, avec le concours d’autres écosystèmes, une contribution non négligeable à l’entretien des services écosystémiques importants pour les ressources en eau, en particulier le filtrage et la purification de l’eau; la stabilisation des sols et l’atténuation de l’érosion, permettant de réduire la sédimentation des cours d’eau; et la régulation de la quantité d’eau qui se déverse dans les cours d’eau, réduisant ainsi

les risques d’inondation. Ces bénéfices sont essentiels non seulement pour les populations vivant dans les forêts mais aussi pour les populations vivant en aval, y compris dans les villes situées à distance qui dépendent d’elles pour leur approvisionnement en eau potable. Ainsi, 33 des 105 plus grandes métropoles (telles que Rio de Janeiro, New Delhi, Nairobi et Djakarta) obtiennent une grande partie de leur eau auprès de zones protégées et de bassins versants forestiers qui pourraient bénéficier d’investissements au titre de l’initiative REDD+.

Gérées durablement, les forêts pourraient produire du bois et des fibres sans discontinuer

L’initiative REDD+ met à la disposition de l’économie verte de multiples services écosystémiques

Soutien des liens entre REDD+ et

une économie verte

Coordination intersectorielle

Utilisation d’instruments

d’action ef�caces Gouvernance

Figure 5.1 Comment le mécanisme REDD+ va-t-il favoriser de nombreux facteurs favorables à une économie verte

Engagement, soutien et

mobilisation du secteur privé

Production de connaissances

pouvant enrichir la prise

de décisions

Figure 3 Comment le mécanisme REDD+ contribuera à la mise en place de nombreux éléments favorables à une Économie verte

Les bénéfices de la REDD+

vont au-delà du simple stockage

du carbone, et comprennent

également les services

écosystémiques importants

pour lesressources

en eau, l’approvisionnement

en bois et en produits à

base de fibres, ainsi que la

préservation de la biodiversité.

Page 18: Mettre en valeur le capital naturel

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Transition vers des énergies renouvelables durables

PRINCIPALES CARACTÉRISTIQUES D'UNE TRANSITION VERS L’ÉCONOMIE VERTE

Transition vers une production à faible intensité de carbone

Accroître l’ef�cacité de l’utilisation des ressources, notamment en réduisant les pressions insoutenables à long terme sur l'environnement

Reconnaître et rémunérer la fourniture de services écosystémiques

Améliorer le bien-être humain grâce à la croissance économique, mais aussi grâce à une répartition plus équitable des possibilités et des avantages

REDD+/GDF DANS LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT OÙ LES FORÊTS SONT MENACÉES

GDF ET CONSOMMATION DURABLE DANS LES PAYS RICHES, ET LES ÉCONOMIES ÉMERGENTES

Encadré 3.1. Comment REDD+ et la gestion durable des forêts (GDF) peuvent favoriser la transition vers une économie verte (faible, moyen et élevé désignent le niveau potentiel de l'appui que REDD+ et GDF pourraient fournir)

Moyen à élevé : notamment dans les pays où le ramassage de bois de feu, actuellement effectué dans des conditions non viables, est une cause majeure de la dégradation des forêts

Exemples : accès aux énergies renouvelables, fourneaux améliorés, plantations d’arbres pour bois de feu

Moyen : Les impacts en termes d’émissions de carbone peuvent être pris en compte dans les analyses du cycle de vie réalisées pour les politiques concernant les énergies renouvelables et les accords d'approvisionnement.

Exemples : Production durable de bois pour l'énergie et les biocarburants

Moyen à élevé : notamment dans les pays où l'agriculture non durable est une cause majeure de la déforestation

Exemple : agroforesterie, pratiques agricoles durables, développement des industries vertes dans les zones rurales pour ajouter de la valeur

Faible à moyen : si les pays possédant un secteur agricole important prennent des mesures d’atténuation dans le cadre de projets concernant l’utilisation des terres, le changement d’affectation des terres et la foresterie

Exemples : agroforesterie, pratiquesagricoles durables

Moyen à élevé : notamment dans les pays où l'agriculture non durable est une cause majeure de la déforestation

Exemple : l’intensification de l'agriculture et la remise en valeur des terres dégradées pourraient réduire les pressions sur les forêts

Élevé : La réduction de l'empreinte écologique de la demande non durable des pays riches et des grandes économies émergentes est un élément clé du succès de l’initiative REDD+ et de la transition vers une économie verte (achats verts)

Exemples : Évolution des habitudes de consommation alimentaire vers un régime moins carné, achat de produits certifiés, achats verts, interdiction des importations de produits forestiers illicites.

Moyen à élevé : important pour compenser les populations rurales pour les coûts d'opportunité légitimes de REDD+ et pour améliorer la fourniture de services écosystém-iques non-REDD+

Exemple : Systèmes de paiements pour les services rendus par les écosystèmes

Faible à moyen : important pour compenser les populations rurales pour les coûts d'opportunité de la conservation des forêts et pour améliorer la fourniture de services écosystémiques

Exemples : Paiements pour les services écosystém-iques, achat de compensations carbone, éléments naturels des paysages agricoles, préservation des paysages historiques

Faible à moyen : Bien conçue, l’initiative REDD+ peut devenir une source importante de revenu pour les communautés rurales pauvres (encore une minorité de la population pauvre des pays en développement).

Exemples : Programmes REDD+ au niveau des communautés, paiements pour les services écosystémiques aux communautés autochtones et locales

Aucun à faible : Cependant, il faut noter que réduire les impacts de la transition sur les populations relativement pauvres dans les économies matures et leur garantir l'accès aux ressources naturelles sont des questions sociales de plus en plus importantes

Encadré 1 Comment REDD+ et la gestion durable des forêts (GDF) peuvent favoriser la transition vers une économie verte (faible, moyen et élevé désignent le niveau potentiel de l’appui que REDD+ et GDF pourraient fournir)

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tout en se renouvelant, fournissant ainsi des bioénergies. Les énergies tirées d’une biomasse produite de manière durable dégageraient des émissions de gaz à effet de serre moins persistantes que celles résultant de la combustion de combustibles fossiles. Par ailleurs, gérées durablement, les forêts procurent aussi d’autres produits tels que matériaux de construction, pulpe et pâte à papier, qui peuvent ensuite être transformés en d’autres produits d’utilisation courante tels que bois d’emballage, papier journal et mouchoirs jetables, tous réutilisables et recyclables. Les fibres donnent lieu à un marché émergent novateur dans des domaines très divers : électronique, alimentation, produits chimiques et pharmaceutiques, biocarburants et bioplastiques; à cet égard, une gestion durable des forêts serait une bonne stratégie pour augmenter la production de fibres.

Les forêts sont le plus riche réservoir de biodiversité terrestre et sont l’habitat d’un grand nombre de végétaux et d’animaux uniques, dont bon nombre sont aujourd’hui en danger. Certaines forêts abritent des plantes dont les gènes peuvent s’avérer utiles pour la mise au point de nouvelles cultures ou de nouveaux produits pharmaceutiques. Les espèces forestières fournissent également des services essentiels tels que la dispersion des graines et la pollinisation, qui peuvent rapporter chaque année des milliards de dollars aux exploitants agricoles.

L’exploitation sélective et durable des arbres pourrait fournir aux communautés rurales d’importants matériaux de construction, ou leur fournir du charbon de bois ou du bois de

feu. Rappelons que plus de deux milliards de personnes utilisent du bois de feu pour la cuisson et que, dans certaines communautés, le bois satisfait à plus de 80 % des besoins énergétiques; on notera cependant qu’une bonne partie de la production de charbon de bois et de combustibles ligneux n’est pas durable à long terme. Les forêts fournissent en outre des produits non ligneux : plantes médicinales, champignons comestibles, fruits, noix, graines, huiles, fibres (dont on peut faire des paniers, du fil ou des tissus), des plantes ornementales (orchidées, par exemple) et des résines. Dans bien de cas, le revenu tiré de ces produits complète avantageusement les moyens de subsistance des communautés locales et l’on estime que les produits forestiers non ligneux peuvent générer chaque année des emplois équivalant à 4 millions de personnes/années, à quoi viennent s’ajouter 14 milliards de dollars d’échanges commerciaux internationaux et bien plus encore en moyens de subsistance locaux. Ces chiffres montrent que, s’ils sont exploités durablement, les produits forestiers non ligneux peuvent offrir des avantages économiques plus durables que le seul abattage des arbres, une plus grande partie des bénéfices allant aux populations rurales pauvres.

Les forêts apportent de la nourriture sous forme de fruits, noix, miel, feuilles, champignons, insectes et viande de brousse. Au Burkina Faso, cette nourriture représente 30 % de la ration alimentaire; dans les pays tropicaux, bon nombre de communautés rurales comptent sur les arbres pour en obtenir du fourrage pour les animaux d’élevage. En Afrique de l’Ouest, plus de 4 millions de femmes

Les forêts fournissent de

la nourriture ainsi qu’une

source de revenus issus

des produits forestiers non-

ligneux et du tourisme. Elles

contribuent également à

l’adaptation aux changements

climatiques.

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tirent 80 % de leur revenu de la cueillette, de la transformation et du commerce des noix riches en produits oléagineux cueillies sur les karités qui poussent à l’état naturel dans les forêts.

En outre, les forêts protégées accueillent chaque année des millions de visiteurs, dont beaucoup d’autochtones. Le tourisme peut être bénéfique au revenu des ménages les plus pauvres. Le marché de l’écotourisme croît trois fois plus vite que l’industrie mondiale

du tourisme dans son ensemble; en 2009, il a rapporté près de 60 milliards de dollars. Les pays dotés de forêts riches en biodiversité et protégés par des activités REDD+ pourrait mettre à profit cette demande des consommateurs pour engranger des recettes supplémentaires. On trouvera à la figure 4.6 un aperçu des bénéfices que pourraient apporter les forêts et l’initiative REDD+ dans un paysage donné.

REDD+ améliore la résilience face aux changements environnementaux Des forêts gérées durablement peuvent également faciliter l’adaptation des écosystèmes aux changements climatiques. C’est notamment le cas lorsque les forêts englobent des espèces et des paysages divers (offrant ainsi la plus large gamme d’options possible pour l’adaptation aux changements), sont suffisamment vastes pour couvrir de multiples zones climatiques et sont reliées à d’autres forêts et à d’autres types d’écosystèmes par le biais de la gestion des paysages (favorisant ainsi la circulation des gènes qui peut participer à l’adaptation aux changements). La résilience des forêts peut contribuer à éviter le franchissement des limites de la planète, appelées aussi « points de basculement » ou transitions critiques, au-delà desquelles se mettront en place de nouveaux écosystèmes, sans possibilité de retour.

Les forêts naturelles sont en général plus résistantes que les forêts plantées. Des forêts en bon état, comportant de nombreuses

La destruction et l’appauvrissement des forêts tropicales peuvent entraîner la disparition de médicaments très utiles encore à découvrir. Moins de 1% des plantes connues ont été complètement analysés pour leur composition pharmacologique potentielle. Tetra Images / Getty Images

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espèces autochtones – animales et végétales – peuvent mieux s’adapter à des phénomènes naturels extrêmes et seront donc sans doute mieux à même de continuer à assurer un ensemble de fonctions que ne le pourraient des forêts ou plantations surexploitées, qui sont souvent plus vulnérables face à des conditions météorologiques extrêmes ou à des invasions de ravageurs. Ainsi, des forêts matures peuvent également contribuer à l’adaptation aux incidences des changements climatiques, à l’heure où les phénomènes météorologiques extrêmes devraient devenir plus fréquents et la répartition des ravageurs, des maladies et des espèces exotiques nuisibles sera modifiée.

L’adaptation écosystémique aux changements climatiques revêt un rang élevé de priorité dans de nombreux pays en développement, où les incidences de ces changements se font déjà sentir. Les activités REDD+ peuvent être intégrées dans les stratégies d’adaptation existantes, aidant les pays à investir dans l’adaptation anticipée aux changements climatiques. En remédiant à la dégradation des ressources et en sécurisant les services et la capacité de résistance assurés par les forêts, ces pays seront mieux à même de réduire les risques associés aux incidences climatiques.

Les bénéfices multiples de REDD+ au niveau du paysage Lorsque les gouvernements cherchent à déterminer des domaines pilotes ou prioritaires pour les activités REDD+, ils doivent absolument prendre en compte l’ensemble des bénéfices au-delà du stockage

et de la séquestration du carbone. Le modèle présenté illustre deux options pour un projet de mise en œuvre de l’initiative REDD+ de taille et de biomasse équivalentes, montrant que la forêt 1 est le choix préférable en raison des bénéfices présentés par les bassins versants en plus de ceux propres à la séquestration et au stockage du carbone.

La prise en compte des services écosystémiques à l’échelle du paysage peut faciliter la mise en évidence de moyens à long terme et de grande portée d’assurer la durabilité, faisant apparaître des exigences d’arbitrage qui peuvent ne pas être perceptibles à court terme et au niveau local. L’initiative REDD+ peut contribuer à renforcer l’approche de la durabilité des paysages au travers de la planification intégrée de l’utilisation des terres prenant en considération les arbitrages entre les différents objectifs de l’utilisation des terres, comme la séquestration et le stockage du carbone, la protection de l’habitat naturel et la production de bois d’œuvre, de nourriture et de bioénergie.

Une activité REDD+ peut être axée sur seulement une partie du paysage considéré, mais ses effets se répercuteront de façon beaucoup plus large. Les contributions de l’initiative REDD+ à l’atténuation des changements climatiques auront sans doute un impact mondial, alors que nombre des bénéfices de cette initiative autres que ceux liés au carbone, comme la gestion durable des forêts, le soutien aux pollinisateurs, la protection des bassins versants et la conservation de la biodiversité, se feront sentir au niveau local ou régional dans l’ensemble du paysage.

L’initiative REDD+ peut

contribuer à renforcer

l’approche de la durabilité

des paysages au travers de

la planification intégrée de l’utilisation des terres

prenant en considération les arbitrages

entre les différents

objectifs de l’utilisation des terres.

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La zone boisée au-dessus de la ligne rouge n'est pas menacée de déforestation dans le scénario de référence.

La zone boisée en dessous de la ligne rouge devrait être déboisée dans le scénario de référence. Le pays estime que la moitié peut être conservée grâce à REDD+.

Les villes côtières et l’installation hydroélectri-que sont alimentées par le bassin versant boisé.

Figure 4 Les options 1 et 2 de conservation des forêts procurent les mêmes bénéfices en termes d’atténuation des changements climatiques, mais les effets bénéfiques de l’option 1 du point de vue de la qualité de l’eau et du contrôle des sédiments sont beaucoup plus importants

SOURCE: PNUE-WCMC

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Bien évidemment, une approche paysagère n’est pas suffisante lorsqu’un grand nombre des facteurs de la dégradation des ressources sont de dimension planétaire. Les approches de ce type appliquées au niveau national doivent donc être étayées par des mesures internationales en faveur de la gestion durable des ressources naturelles.

Les services écosystémiques fournis par les forêts ont une importante valeur monétaire et sont essentiels au maintien du bien-être humainD’après les estimations de l’Étude sur l’économie des écosystèmes et de la biodiversité, la valeur des forêts tropicales est en moyenne de 6 120 dollars par hectare et par an si les services environnementaux sont évalués de manière appropriée.

Une des conséquences du principe de services écosystémiques est le concept de paiements pour ces services (PSE), lesquels figurent désormais dans la panoplie des instruments de travail de nombreux pays. Les PSE permettent de créer un marché ou un prix pour un bien ou un service écosystémique bien défini (ou une utilisation des terres soutenant ce service), rapprochant les fournisseurs et les acheteurs qui peuvent conclure un contrat volontaire. Dans certains cas, l’ensemble des services écosystémiques est considéré comme un bien public, digne d’un investissement public. La Chine, par exemple, investit des milliards de dollars dans diverses initiatives relatives aux PSE.

L’initiative REDD+ pourrait bien devenir le plus important dispositif au monde de paiements pour services écosystémiques une fois que le mécanisme sera totalement déployé, permettant aux pays de recevoir un soutien financier en contrepartie de la préservation de leurs forêts et des services écosystémiques qu’elles fournissent.

REDD+ : enjeux et opportunités économiquesLa contribution des activités REDD+ à l’atténuation des changements climatiques peut être estimée en se fondant sur les réductions potentielles des émissions (bien que les estimations de ces coûts évités des changements climatiques restent discutables). De nombreux pays ou localités ont mis en place un système de tarification du carbone (souvent appelé « taxe carbone »), alors que les systèmes d’échange de droits d’émission ont établi des prix pour les émissions de carbone/gaz à effet de serre. Toutefois, les prix en question se sont révélés très instables, et aussi très controversés. Le prix du marché/la valeur du carbone est donc un aspect important de toute initiative de type REDD+, qui est liée au prix du carbone (bien que des approches non fondées sur le marché soient actuellement aussi à l’étude dans le cadre de la CCNUCC); lorsque le prix descend trop bas, les incitations à la gestion durable des forêts risquent de s’affaiblir, sans doute considérablement. Faute d’une plus grande certitude quant au prix du marché, les autres options d’utilisation des terres présentent moins de risques. L’arrêt de la déforestation pourrait exiger que le prix du carbone soit fixé

L’initiative REDD+ pourrait bien devenir le plus important

dispositif au monde de

paiements pour services

écosystémiques une fois que

le mécanisme sera totalement

déployé, permettant aux

pays de recevoir un soutien

financier en contrepartie de la préservation de leurs forêts et des services

écosystémiques qu’elles

fournissent.

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à un niveau plus élevé que le prix courant du crédit carbone sur le marché volontaire et que d’autres valeurs que le carbone soient aussi prises en compte dans le calcul de la valeur totale des forêts et influent sur la prise de décisions. Se focaliser uniquement sur les crédits carbone revient à brader les forêts.

Au vu de l’expérience de nombreux marchés de produits, on peut craindre que ce soit les intermédiaires et non les producteurs qui prennent le contrôle du marché REDD+, ne laissant aux gouvernements et aux propriétaires forestiers locaux qu’une faible partie des flux de capitaux. Ce problème de conception du mécanisme doit être résolu de manière à surmonter les inefficacités et les inégalités potentielles qui caractérisent déjà l’utilisation des terres dans de nombreux pays à faible revenu, et à protéger ainsi les intérêts des détenteurs de droits forestiers (en particulier parmi les pauvres). Par exemple, les activités REDD+ pourraient être différenciées selon qu’il s’agit de petits exploitants ou de grandes entreprises, leurs implications sociales étant très différentes suivant les cas.

L’économiste Nicolas Stern estime que les coûts d’opportunité de la protection des forêts, à savoir la perte du revenu lié à une autre utilisation des terres, dans huit pays accusant 46 % de la déforestation mondiale, serait d’environ 5 milliards de dollars par an. En 2008, ce chiffre a été révisé à la hausse et porté à 7 milliards de dollars par an suite à la hausse des prix des matières premières (même si certains de ces coûts ont diminué depuis). Les coûts d’opportunité de l’utilisation

des terres sont à l’origine des incitations économiques à la déforestation, auxquelles il faut remédier pour pouvoir préserver les forêts, et d’aucuns ont suggéré d’y assujettir les paiements au titre de l’initiative REDD+. Or, l’estimation des coûts d’opportunité en question ignore souvent les coûts associés à la perte ou au déclin des services écosystémiques forestiers sous l’effet de la déforestation, qui s’élèvent, selon les estimations, à des dizaines de milliards de dollars chaque année.

Les coûts des activités initiales de renforcement des capacités et de la mise en œuvre des mesures REDD+ peuvent être considérables. Un rapport estime que le renforcement des capacités nécessaires à REDD+ coûterait 4 milliards de dollars sur cinq ans dans 40 pays forestiers, alors que, pour 25 pays, les coûts de transaction pour administrer les paiements REDD+ pourraient être de 233 à 500 millions de dollars par an, avec des dépenses au titre du suivi de 7 à 17 millions de dollars par an. Mais à mesure que l’initiative REDD+ prend forme, l’expérience tirée de la mise en œuvre des projets pourrait bien conduire à la définition et à l’adoption de pratiques optimales, se traduisant par la réduction des coûts de transaction.

La mise en œuvre de l’initiative REDD+ pourrait générer de nouvelles opportunités économiques pour les communautés locales et les peuples autochtones, ce qui devrait être un objectif majeur à mesure que l’initiative acquiert de la maturité. Par exemple, les stratégies nationales REDD+ pourraient comporter des mesures visant à

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créer d’autres sources de revenu, comme la commercialisation ou la transformation du bois et des produits forestiers non ligneux récoltés de façon durable.

D’après les estimations, 13,7 millions de personnes étaient employées dans le secteur forestier formel à l’échelle mondiale en 2010 (avec au moins 40 millions de plus dans le secteur forestier informel). La mauvaise qualité de l’entretien des stocks forestiers menace la durabilité de ce secteur d’activité; par exemple, les calculs réalisés pour le Ghana amènent à prévoir une baisse de 68 % de la valeur brute de la production entre 2012 et 2020 si la gouvernance et la gestion ne sont pas améliorées. Par conséquent, des activités REDD+ soutenant la bonne gouvernance, le respect des lois et l’amélioration de la gestion des forêts pourraient contribuer à la préservation d’un secteur économiquement important et offrir de nouveaux moyens de subsistance viables à ceux dont l’emploi est en jeu. Lorsqu’on examine les bénéfices potentiels de l’initiative REDD+ sur le plan du revenu, la contribution du secteur forestier informel apparaît comme essentielle. On estime que l’emploi formel ne représente qu’entre un tiers et la moitié des emplois du secteur forestier.

Donner à REDD+ les moyens de soutenir une économie verte La conception d’un mécanisme REDD+ exige la détermination du bon dosage entre instruments d’action, principes de gouvernance et incitations destinées à influer sur les décisions de production, de consommation et d’investissement. Les choix qui seront opérés reposent sur un effort de coordination et d’alignement des politiques au niveau intersectoriel, une gouvernance forestière appropriée, une solide volonté politique, des financements adéquats et une base de connaissances fiable.

Une des clés du succès d’une économie verte est la promotion de la collaboration entre les différents secteurs qui ont des intérêts communs en matière de ressources et de services écosystémiques. Les activités REDD+ auront des conséquences pour un groupe important de personnes et d’institutions, aux préoccupations diverses, compte tenu de la nécessité d’harmoniser ces activités avec, par exemple, les politiques dans les domaines de l’énergie, de l’extraction minière et de l’agriculture.

Une grande évaluation des besoins au niveau des pays, réalisée conjointement en 2012 par le Programme ONU-REDD et le Fonds de partenariat pour le carbone forestier, a constaté qu’un soutien était « très urgent » dans 52 % des pays pour identifier les incohérences majeures entre les objectifs de la stratégie REDD+ et ceux des autres secteurs (comme les transports, l’agriculture, l’énergie, l’extraction minière et le tourisme) et les moyens d’y remédier. Dans plus de

La conception d’un mécanisme

REDD+ exige la détermination

du bon dosage entre instruments

d’action, principes de

gouvernance et incitations

destinées àinfluer sur les

décisions de production, de

consommation et d’investissement.

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60 % des cas, il a été noté qu’il fallait évaluer de toute urgence les incitations à la déforestation et à la dégradation des forêts incorporées dans les lois, les politiques, les programmes et les pratiques existants. L’analyse des propositions concernant l’élaboration des plans de préparation (R-PP) montre que 66 % d’entre elles ont mis en évidence des problèmes au niveau des interventions intersectorielles qui

présentent des risques pour la mise en œuvre de l’initiative REDD+. Lutter efficacement contre les causes de la déforestation dans un large éventail de secteurs est sans doute le plus grand défi que doit relever l’initiative REDD+. Relier cette initiative à la transition plus large vers une économie verte pourrait donner une impulsion à cet effort.

Sécheresse près de Tefe en Amazonie, le long du fleuve Amazone; une sécheresse prolongée peut entraîner le dépérissement sans précédent d’espèces clés de plantes et d’arbres. Rodrigo Balela / Getty Images

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IndividusAgriculture Forêts Eau

Bien-être humain

Serv

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Facteurs de médiationGouvernance, institutions,

droits d’occupation et de propriété

Mesures de gestion REDD+ dans l’ensemble du paysage Pris en compte des facteurs déterminants agricoles, des zones protégées, de la gestion et de la restauration des forêts

PAYSAGE | ÉCOSYSTÈME

OPPORTUNITÉS RISQUES

Approches pour la mise en œuvre des mesures de gestion Par exemple : intégration des garanties et/ou des objectifs sociaux et économiques; approches intégrées de l’aménagement des paysages; décentralisation; mécanismes de marché (paiements pour les services écosystémiques; certi�cation); suivi (y compris des impacts sociaux/économiques)

Économiques• Augmentation des revenus au niveau national (redevances) • Amélioration de la création d'emplois et des possibilités de revenus au niveau local• Meilleur accès au crédit et aux autres marchés • Amélioration de l'infrastructure locale (routes, communications) • Conservation ou restauration des services écosystémiques • Économie de surfaces cultivées, augmentation du budget alimentaire national • Réduction de la pauvreté • Nouvelles entreprises

Sociales• Sécurité d’occupation • Connexion aux réseaux locaux (capital social) et action collective • Autonomisation• Développement de nouvelles compétences et expertise • Évaluation et reconnaissance des savoirs autochtones • Conservation ou restauration des services écosystémiques• Développement de nouvelles infrastructures sociales • Création d'emplois

Économiques• Longue gestation et incertitude• Perte de moyens de subsistance • Perte de terres • Répartition inéquitable des bénéfices • Perte d'emplois • Accaparement des terres • Effet de rebond • Corruption lors des transferts fonciers • Gouvernance centralisée • Charge représentée par les coûts • Accroissement des inégalités

Sociales• Déplacement • Perte de contrôle et d'autorité • Absence de participation à la prise de décisions • Dégradation de la capacité locale • Connaissances et pratiques écologiques • Disparition des modes de vie traditionnels • Risques pour la santé • Perte de terres arables • Changements dans l'équilibre social (travailleurs migrants) • Conflit social

SOURCE: D’après Parrotta, Wildburger & Mansourian (2012)

Figure 5 Impacts économiques et sociaux des mesures de gestion REDD+ sur les différentes parties prenantes au sein d’un même paysage

L’initiative REDD+ met à la disposition de l’économie verte de multiples services écosystémiques

Page 28: Mettre en valeur le capital naturel

4. REDD+ et le secteur privé

Bûcheron, travaillant pour une société d’exploitation

forestière certifié FSC ; faisant parti d’un projet de gestion durable des

forêts visant à améliorer la vie des populations

tribales locales et la conservation de la forêt

en Guyane.Simon Rawles /

Getty Images

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Les enjeux du secteur privé dans l’initiative REDD+ concernent aussi bien l’incidence des politiques de réduction des émissions sur les pratiques existantes d’utilisation des terres que l’intérêt suscité par les bénéfices à long terme pouvant découler de la production de biomatériaux durables et renouvelables ou que le rôle des institutions de financement cherchant à tirer profit de la vente de crédits sur les marchés volontaires et réglementés du carbone. Un vif intérêt a donc été manifesté pour cette initiative par des acteurs aussi divers que l’industrie forestière, le secteur de la pulpe et du papier, les développeurs de projets et les institutions financières.

Parmi les facteurs qui ont appelé l’attention de ces acteurs, on peut citer :

• L’adoption et la promotion de normes et de garanties rassurantes réduisant les risques juridiques (comme les principes et critères sociaux et environnementaux d’ONU-REDD, fondés sur les mesures de sauvegarde adoptées par la CCNUCC);

• La plus grande prise en compte des critères de rentabilité pour les investissements dans le capital naturel. Du point de vue financier, les actifs forestiers ont fait montre d’une faible volatilité et ne sont guère corrélés aux autres catégories d’actifs. Les investisseurs institutionnels ont déjà consacré un montant estimé à 50

milliards de dollars aux actifs forestiers à l’échelle mondiale;

• Une meilleure appréciation des autres bénéfices que ces investissements peuvent offrir (création d’emplois ruraux, atténuation des effets des changements climatiques et adaptation à ces changements, et préservation de la biodiversité);

• Une diversification prudente.

Actuellement, de nombreux acteurs du secteur privé et des marchés des capitaux poussent à la déforestation et à la dégradation des forêts et en bénéficient (en particulier dans des domaines comme la coupe de bois, la production d’énergie, les produits de base agricoles et les infrastructures). Cependant, l’utilisation économique des forêts pourrait évoluer vers une approche plus durable grâce à la combinaison de gains d’efficacité et de transformations progressives plus fondamentales. Il faudrait notamment, dans cette optique :

• Améliorer l’efficacité et susciter des changements dans les secteurs qui sont à l’origine de la déforestation (plus grande efficacité de l’utilisation des terres dans la production agricole, exploitation plus intensive des terres déjà déboisées, passage de l’agriculture conventionnelle à l’agroforesterie et plus grande priorité à la culture arboricole);

REDD+ et le secteur privé

Actuellement, de nombreux

acteurs dusecteur privé

et des marchés des capitaux

poussent à la déforestation

et à la dégradation des forêts et

en bénéficient. Cependant, l’utilisation

économique des forêts

pourrait évoluer vers

une approche plus durable.

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• Améliorer l’efficacité de l’utilisation des terres pour la production de produits forestiers conventionnels;

• Établir des marchés et créer une valeur monétaire pour les services écosystémiques forestiers qui, en dépit de leur immense valeur pour le bien-être social et économique, restent sous-évalués.

Il semble probable que l’initiative REDD+ ne sera couronnée de succès à long terme que si le secteur privé considère que la gestion durable des forêts constitue un investissement intéressant. Parmi les principes pouvant être raisonnablement invoqués pour justifier la promotion de l’implication du secteur privé dans cette initiative, on peut citer les suivants :

• Maximiser l’effet de levier. Les fonds publics investis dans l’initiative REDD+ devraient viser à mobiliser un volume maximum de financements du secteur privé. Les financements publics destinés à couvrir les coûts de certification, par exemple, ne devraient pas générer le même volume d’investissements privés que ceux servant à garantir le prix des crédits REDD+.

• Mettre l’accent sur les causes de la déforestation et de la dégradation. Pour que l’initiative REDD+ soit efficace des incitations, des contre-incitations et des mesures d’habilitation devront être mises en œuvre à l’intention des acteurs

chargés de remédier aux causes de la déforestation, et elles devront l’être à l’échelle appropriée.

• Lier les paiements aux résultats. Ce principe de l’investissement du secteur privé doit être étendu au secteur public, dont les financements devraient favoriser sur une base concurrentielle la réalisation d’activités du secteur privé pouvant se traduire par des résultats mesurables, comme la baisse des émissions, la protection de la biodiversité et la réduction des niveaux de pauvreté.

• Encourager des approches induites par la demande. Les gouvernements pour-raient promouvoir les investissements du secteur privé autres que ceux liés au carbone, notamment les investissements dans l’agriculture de subsistance, la sylviculture et la commercialisation des produits forestiers non ligneux, en s’appuyant sur les compétences, les connaissances et les réseaux du secteur privé.

• Éviter de décourager l’investissement privé. Les investissements des donateurs dans l’initiative REDD+ devraient encou-rager les investissements du secteur privé et non les écarter. Les organismes donateurs devraient remédier aux défaillances et aux risques du marché, laissant le secteur privé prendre en charge les autres besoins.

REDD+ et le secteur privé

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REDD+ et le secteur privé

Encadré 2 Avantages et inconvénients des investissements forestiers Tableau 5.1 Avantages et inconvénients des investissements forestiers

AVANTAGES INCONVENIENTS

Taux de rendement interne

Pro�l des �ux de trésorerie Retour intéressant sur investissement (entre 8 et 12 %)

Investissement initial élevé; délai d’attente relativement long pour le retour sur investissement

Conservation de la valeur

Diversi�cation

Maintien de la valeur en longue période; faible variabilité; très faible risque de perte totale de l'investissement

Caractère à long terme de l'investissement

Capital mobilisé en longue période; difficultés de sortie anticipée (évaluation difficile des actifs)

Investissements fortement recommandés pour la diversification des portefeuilles; pas de corrélation avec d’autres types de produits/actifs du marché de capitaux

Antécédents Type d’actifs relativement jeune;expérience limitée du produit

Effets externes positifs

Impacts écologiques et sociaux positifs; actif « charismatique »

Évaluation des risques Pour les tiers, l'évaluation des risques est très difficile

SOURCE: Grulke et. al. (2012) SOURCE: Grulke et. al. (2012)

La gestion durable des forêts et de l’agriculture - une plantation de manguiers

dans la région de la Volta, Aboasa, Ghana. Max Milligan / Getty Images.

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La cascade La Paz, Costa Rica.

John Colett / Getty Images

5. Renforcement de la gouvernance des forêts : une approche REDD+ fondée sur les droits

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La gouvernance du secteur forestier devrait s’appuyer sur les principes de transparence, de participation pleine et effective des parties prenantes, de responsabilité, de coordination et d’aptitude à faire face aux questions clés, comme l’occupation des terres en forêt, la planification de l’utilisation des terres, la gestion des forêts, et les recettes et incitations forestières.

Les bénéfices des forêts pour les pauvres des zones rurales et pour les finances des pays en développement augmenteraient sensiblement si l’exploitation forestière illégale pouvait être efficacement limitée. Actuellement, on estime que 30 à 100 milliards de dollars par an sont générés par cette forme d’exploitation, qui alimente souvent l’insécurité et les conflits locaux et régionaux. Cette situation constitue une importante justification socio-économique de l’amélioration de la gouvernance forestière et de l’application des lois dans le contexte de l’initiative REDD+ et d’une économie verte.

En fin de compte, la légitimité de l’initiative REDD+ dépendra de la clarté des dispositions juridiques concernant les institutions habilitées à prendre des décisions, les intervenants qui ont le droit de participer au processus de décision, les titulaires des droits d’occupation et de propriété sur les forêts et, enfin, les bénéficiaires des paiements REDD+. En fait, il s’agit surtout de savoir quels droits seront garantis dans l’intérêt de la clarté du régime forestier dans le cadre de l’initiative REDD+. Les mesures de sauvegarde prévues par la CCNUCC pour l’initiative REDD+, associées au principe de participation pleine et effective des communautés autochtones et locales et à celui de consentement préalable libre et en connaissance de cause encouragés par le Programme ONU-REDD, entre autres, constituent un point de départ constructif pour les consultations requises.

Étant donné que la plupart des individus et des communautés vivant dans les régions forestières tropicales n’ont pas de droits formellement reconnus sur les forêts, la façon dont ces droits sont définis au niveau des projets et au niveau national déterminera l’équité des projets sur le carbone forestier. Les acteurs plus importants ont tendance à être favorisés par les administrations publiques et les politiques actuelles. Les graves conflits suscités par l’insécurité d’occupation ne sont pas faciles à résoudre et des interventions ponctuelles sous forme de projets sont insuffisantes en l’absence de politiques nationales plus larges. L’initiative REDD+ a été utilisée par certains décideurs politiques pour promouvoir les droits fonciers des populations locales. Par exemple, au Brésil, les promoteurs de projets REDD+ ont accordé un rang élevé de priorité à la clarification des droits fonciers sur les sites concernés, grâce à la coordination avec les efforts nationaux en cours pour relier la réforme foncière au respect des règles en matière d’environnement. Le régime forestier est plus fragile dans nombre d’autres pays, avec des cadres juridiques contradictoires et des revendications concurrentes sur les terres forestières. Préciser ce régime, en assurant des bénéfices sociaux durables aux principales parties prenantes, en particulier les pauvres des zones rurales, constitue un défi majeur à la fois pour l’initiative REDD+ et pour la transition vers une économie verte. Les investissements supplémentaires dans le capital naturel et les paiements pour services écosystémiques qui pourraient résulter de cette transition exigeront une large acceptation sociale, qui ne peut voir le jour que moyennant une participation pleine et effective des principales parties prenantes, des droits fonciers sûrs et des mécanismes de partage équitable des bénéfices. Les progrès réalisés grâce à l’initiative REDD+ dans ces domaines serviront de base aux efforts d’instauration d’une économie verte.

Renforcement de la gouvernance des forêts : une approche REDD+ fondée sur les droits

En fin de compte, la

légitimité de l’initiative

REDD+ dépendra de la clarté des dispositions

juridiques concernant

les institutions habilitées à prendre des

décisions, les intervenants

qui ont le droit de participer au processus

de décision, les titulaires

des droits d’occupation

et de propriété sur les forêts et, enfin, les

bénéficiaires des paiements

REDD+.

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Scène d’une forêt en bonne santé: Gede Pangrango,

Java occidental.Ricky Martin / CIFOR

6. Quelques outils pratiques pour soutenir le développement de l’initiative REDD+

en tant que partie intégrante d’une économie verte

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• Génération de sources de revenu de remplacement. L’initiative REDD+ devra veiller à ce que la réduction de la déforestation et de la dégradation des forêts aille de pair avec la génération de sources de revenu de remplacement pour les communautés résidentes dont le revenu dépend des forêts. Les revenus tirés de l’initiative REDD+ pourraient être un point de départ pour développer des sources de revenu de remplacement durables pour les communautés touchées.

• Planification et analyse pour tirer parti des bénéfices multiples de l’initiative REDD+ au travers d’une approche paysagère. Une planification attentive est nécessaire pour éviter que les activités de production ou d’extraction ne soient simplement déplacées vers d’autres communautés ou écosystèmes (« fuites »). L’approche paysagère est un moyen de faire face aux demandes multiples d’utilisation des terres et des ressources, de façon à contribuer à la conservation des forêts, tout en donnant aux pauvres des zones rurales accès aux produits forestiers non ligneux et en fournissant des services écosystémiques. L’aménagement du territoire permet d’identifier les zones où les forêts assurent, ou pourraient assurer, de multiples fonctions importantes pour

les communautés locales ou régionales, ou celles qui conviendraient le mieux à la localisation de nouvelles activités.

• Mesure plus précise et plus efficiente des incidences et des coûts des changements climatiques. Au vu de l’éventail des prix du carbone sur les marchés internationaux, des frais d’assurance de plus en plus importants dans les zones vulnérables et des nombreuses autres incertitudes, il semble tout à fait justifié de réaliser d’autres travaux sur les aspects économiques des changements climatiques. Des questions telles que l’interaction entre l’atténuation et l’adaptation auront une influence sur le calcul des bénéfices. Les rétroactions, les retards et la non-linéarité des modifications des écosystèmes et, par conséquent, de l’emplacement des points de basculement, ainsi que les préférences des usagers en matière de risques dans le contexte économique, sont également des facteurs critiques qui méritent des études plus théoriques.

• Mise au point d’une unité de mesures de l’adaptation. Une grande partie des débats relatifs à l’initiative REDD+ portent sur la séquestration du carbone, surtout parce qu’on pourrait déterminer l’efficacité en recourant d’une unité de mesure directe :

Quelques outils pratiques pour soutenir le développement de l’initiative REDD+ en tant que partie intégrante d’une économie verte

L’approche paysagère est

un moyen de faire face aux

demandes multiples

d’utilisation des terres et

des ressources, de façon à

contribuer à la conservation

des forêts, tout en donnant

aux pauvres des zones

rurales accès aux produits

forestiers non ligneux et en

fournissant des services

écosystémiques

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le volume de carbone stocké. Les avantages de l’adaptation aux changements climatiques pour les forêts font l’objet de beaucoup moins d’attention, en partie du fait qu’il est difficile de les mesurer. Compte tenu des limitations actuelles, l’établissement d’un niveau de référence et d’un calendrier pour mesurer ces avantages par rapport aux coûts de l’inaction reste un défi qui doit être relevé pour pouvoir exploiter pleinement le potentiel de l’initiative REDD+.

• Identification et quantification des bénéfices multiples des forêts. Les recherches peuvent contribuer à mettre en évidence les possibilités de faire en sorte que tout changement dans la couverture forestière se traduise par un maximum de bénéfices globaux pour la société, en identifiant les zones forestières où le stockage du carbone est élevé ainsi que celles qui offrent des bénéfices multiples du fait de services écosystémiques ou de valeurs sociales à laquelle on ne peut attribuer une valeur monétaire.

• Élaboration de nouvelles approches de l’équité. La question de savoir quels bénéfices vont aux différentes parties prenantes, et sous quelle forme, exige une plus grande attention, sur la base des données d’expériences initiales tirées des projets pilotes et d’autres

dispositifs de paiements pour services écosystémiques.

• Recherche de données de meilleure qualité sur l’impact de l’initiative REDD+ et de l’économie verte sur l’emploi. Les conséquences à long terme, sur les moyens de subsistance et l’emploi, de la conversion d’une forêt riche en carbone à d’autres usages, du rôle de l’emploi dans le secteur agricole (qui est un moteur essentiel de la déforestation, mais une source de croissance dans les pays à faible revenu), y compris le secteur informel, et d’autres aspects connexes doivent être quantifiées pour bien comprendre les incidences de l’initiative REDD+.

• Conception de pratiques de gestion forestière novatrices, à même de contribuer à la fois à la génération de profits et à une appréciation du capital représenté par les stocks forestiers, tout en offrant des avantages aux habitants des forêts.

• Communication avec l’ensemble des parties prenantes, essentielle pour que l’initiative REDD+ puisse être pleinement exploitée en tant que volet important de l’économie verte. Les principes de transparence, de communication ouverte et d’intégration des connaissances locales et traditionnelles dans la prise de décisions seront des facteurs de succès.

Quelques outils pratiques pour soutenir le développement de l’initiative REDD+ en tant que partie intégrante d’une économie verte

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APPROCHE FONDÉE SUR LES

PAYSAGES

RAPPROCHEMENT DES GROUPES

D'INTÉRÊT

COORDINATION ET

PLANIFICATION INTÉGRÉES

MÉCANISMES FINANCIERS

ET D'INVESTISSEMENT

CHAÎNES D'APPROVISIONNEMENT EN PRODUITS DE BASE

REMÉDIER AUX DÉFAILLANCES ET

AUX RISQUES DU MARCHÉ

SECTEUR PRIVÉ

TRANSPARENCE

RÉGIME D’OCCUPATION

DES FORÊTS

RESPONSABILISATION PARTICIPATION

DES PARTIES PRENANTES

COORDINATION INTERSECTORIELLE

GOUVERNANCE

CONNAISSANCES

DONNÉES SUR L'EMPLOI

GÉNÉRÉ PAR REDD+

MESURES DE

L'ADAPTATION COMMUNICATION

IMPACT CLIMATIQUE

ET COÛTS

NOUVELLES APPROCHES DE L'ÉQUITÉ

ÉVALUATION DE L’INCIDENCE DE L’INNOVATION

QUANTIFIER LES BÉNÉFICES

DES FORÊTS POUR LA SOCIÉTÉ

DÉVELOPPER D’AUTRES

SOURCES DE REVENUS

ÉTABLIR DES GARANTIES

REDD+

INSTRUMENTS D’ACTION

PLANIFIER AU TRAVERS D’UNE

APPROCHE PARTANT DES PAYSAGES

RESPONSABILITÉ SOCIALE

ET ENVIRONNEMENTALE

DES ENTREPRISES

INCITATIONS À L'INVESTISSEMENT

FORESTIER

Figure 6 Faire en sorte que REDD+ soutienne l’économie verte

Quelques outils pratiques pour soutenir le développement de l’initiative REDD+ en tant que partie intégrante d’une économie verte

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Forêt de tiges de Grand Bambou - Nusa

Tenggara oriental, Indonésie.

Aulia Erlangga / CIFOR.

7. Conclusions et recommandations

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Conclusion 1. L’économie verte fournit un cadre utile au sein duquel l’initiative REDD+ peut se développer. Il est essentiel d’améliorer la coordination entre les gouvernements, les institutions internationales et le secteur privé concernés par ces questions. Il est indispensable que les gouvernements, les institutions internationales et les autres investisseurs améliorent nettement la coordination de leurs activités afin de créer un environnement propice à l’établissement d’une plus grande confiance entre investisseurs, partisans de l’initiative REDD+ et autres partenaires dans la possibilité de créer des paysages ruraux durables. Pour relier cette initiative à une économie verte, il faudra assurer la convergence de multiples facteurs exigeant de nombreux appuis et un environnement politique favorable soutenu par les parties prenantes. Les gouvernements, par exemple, peuvent tirer parti des systèmes fondés sur les résultats, vérifiables et mesurables, de l’initiative REDD+ pour transmettre les enseignements tirés de l’expérience à des projets d’économie verte tels que la comptabilité de la richesse globale et le Système de comptabilité environnementale et économique approuvé par l’Organisation des Nations Unies.

Le concept d’économie verte a potentiellement les moyens de susciter des réformes et des

changements de politique plus larges dans le contexte d’intérêts économiques inchangés; il offre de nouvelles incitations économiques et des possibilités d’investissement, donne des informations nouvelles, et présente des acteurs et des intérêts nouveaux, ainsi que des alliances originales. Il prend plus largement en compte les facteurs sociaux de la déforestation et fournit de nouveaux outils pour y faire face, par exemple un cadre fiscal écologique, des marchés publics durables et de nouvelles normes sur les produits de base englobant la certification et le commerce équitable. Tous ces éléments s’adaptent bien à l’initiative REDD+ et la réussite de la mise en œuvre de ses activités peut faire la démonstration de l’économie verte à l’œuvre. Il se peut que le lancement et le fonctionnement des activités REDD+ nécessitent le financement de donateurs et de gouvernements axé sur le piégeage du carbone, mais la réussite à long terme de la réduction de la déforestation et la réalisation de bénéfices multiples exigeront de nombreuses sources de financement, nationales et internationales, pour répondre à une gamme étendue de demandes de biens et services forestiers.

L’initiative REDD+ réussira le mieux si elle peut s’appuyer sur un environnement favorable comprenant des éléments d’économie verte tels que bonne gouvernance, application des lois, réforme du régime d’occupation des terres, mécanismes financiers d’appui durables et répartition équitable des bénéfices. Les activités REDD+ doivent être conçues

Conclusions et recommandations

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en tenant pleinement compte des objectifs de développement national et de sécurité alimentaire, qui offrent de nombreuses opportunités économiques et sociales mais présentent aussi certains risques de mise en œuvre. Plus généralement, la mise en œuvre de ces activités REDD+ dans le cadre d’une économie verte exige des connaissances solides et de nouveaux outils de planification tenant compte de la valeur du capital naturel, une volonté politique forte, une meilleure gouvernance des forêts, l’amélioration de la coordination entre les secteurs et les politiques et un financement durable. Dans ces domaines, le succès facilitera les progrès dans la voie de la gestion durable des ressources naturelles et de la mise en valeur du capital naturel.

Des instruments politiques susceptibles d’encourager l’innovation écologique et les investissements à l’appui de l’initiative REDD+ et d’une économie verte devraient comprendre un train de mesures, notamment des réformes institutionnelles (par exemple en matière d’occupation des terres), des règlements (par exemple des règles et des normes, y compris des mesures de sauvegarde), des politiques d’information (par exemple éco-certification, divulgation d’informations, marketing et création de marques, campagnes d’éducation), des mesures d’atténuation des risques (par exemple stocks régulateurs de carbone, assurance obligatoire, garanties) et des politiques de fixation des prix assorties d’incitations appropriées (par exemple

permis négociables, impôts et réforme des subventions).

La participation active du secteur privé sera le gage de la réussite à long terme de l’initiative REDD+ et d’une économie verte. L’intervention et l’engagement du secteur privé dans les activités REDD+ nécessite le soutien du secteur public : règlements appropriés et mesures d’incitation afin d’optimiser l’effet de levier, accent mis sur les moteurs de la déforestation et de la dégradation des forêts, établissement d’un lien entre paiements et résultats, promotion de méthodes répondant à la demande des consommateurs (qui peut aller au-delà du carbone) et accent mis sur des « produits verts », biodiversité par le biais de l’écotourisme et d’autres industries du même type et soutien public conjugué aux investissements des donateurs qui peuvent être axés davantage sur la viabilité à long terme que sur des bénéfices financiers à court terme.

Conclusion 2. Jusqu’à présent, les activités REDD+ portent essentiellement sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre provenant des forêts, mais elles doivent s’étendre pour accorder beaucoup plus d’attention aux bénéfices autres que le carbone. Les gouvernements sont bien conscients que les changements climatiques restent un

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risque majeur pour les peuples comme pour la planète. Le piégeage du carbone reste un service essentiel fourni par les forêts; initialement, de nombreux gouvernements participant à l’initiative REDD+ s’étaient concentrés sur les questions concernant la mesure et le suivi du succès des activités REDD+. Le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat pour 2013 a apporté un appui encore plus fort à l’action sur les changements climatiques, dont l’initiative REDD+ est un excellent exemple. En même temps, les Parties à la CCNUCC et les autres partenaires de l’initiative REDD+ reconnaissent de plus en plus les bénéfices multiples environnementaux, sociaux et économiques potentiels de l’initiative, notamment son rôle dans le renforcement mutuel de ses activités, de l’adaptation aux changements climatiques et du passage à une économie verte. Mais l’initiative REDD+ doit aller au-delà du carbone pour saisir ces bénéfices additionnels et chercher les moyens de les quantifier.

Les concepts de capital naturel et de services écosystémiques ont aidé les décideurs à se rendre compte que les forêts ne sont pas simplement des lieux où poussent des arbres pour emmagasiner du carbone. Les valeurs multiples des forêts commencent maintenant à recevoir l’attention qu’elles méritent même si nombre d’entre elles ne sont pas encore prises en considération sur les marchés ou dans les processus décisionnels. Des mesures doivent donc être prises pour identifier et faire

connaître les nombreux bénéfices des forêts pour les populations afin que leurs multiples valeurs soient mieux prises en considération dans les décisions qui touchent au bien-être national. L’érosion constante du capital naturel que représentent les forêts ébranlerait les bases de la croissance économique, tandis que son maintien à des niveaux suffisants sera un élément clé d’une économie verte et assurera à long terme un accès sûr aux ressources forestières.

La recherche des bénéfices des forêts autres que le carbone rend plus complexes les activités REDD+ et pourrait même à court terme obliger l’initiative à des concessions par rapport à son objectif d’atténuation des changements climatiques. Cependant, la trop grande importance attachée à des mesures d’atténuation rapides aux dépens de la réalisation immédiate des bénéfices des forêts locales, dans la planification des activités REDD+ et dans les écosystèmes capables d’adaptation, est axée sur le court terme et contraire aux principes de sauvegarde. Il est essentiel de prendre pleinement en considération tous les bénéfices, tant ceux liés au carbone que les autres, dès le début du processus car le fait de ne pas en tenir dûment compte pourrait amener à sous-estimer l’importance de l’initiative REDD+ pour l’économie nationale et partant, faire perdre l’occasion d’attirer des investissements et d’améliorer le parti que l’on peut tirer d’une bonne gestion d’une ressource nationale stratégique.

Conclusions et recommandations

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L’initiative REDD+ est une approche exigeant de nombreuses connaissances, qui exige de communiquer efficacement avec toutes les parties intéressées. Les connaissances nécessaires peuvent venir des habitants des forêts, des sylviculteurs, des politiciens, des sociologues et bien d’autres. Ces connaissances sont indispensables pour mesurer les incidences et les coûts des changements climatiques de façon plus précise et convaincante, en veillant à ce que les coûts et les bénéfices soient équitablement répartis. L’adaptation aux changements climatiques est urgente et souvent d’un plus grand intérêt pour les populations locales que les préoccupations à plus long terme concernant le piégeage du carbone; mais il faut mettre au point des systèmes permettant de mesurer l’adaptation. Les nombreux bénéfices des forêts doivent être identifiés et quantifiés dans toute la mesure du possible afin de mieux évaluer les répercussions de politiques innovantes. Enfin, toutes les incidences de l‘initiative REDD+ doivent être communiquées ouvertement et clairement à toutes les personnes concernées, en particulier les habitants des forêts qui seront les plus directement touchés.

Conclusion 3. Le partage équitable des bénéfices de l’initiative REDD+ augmentera probablement la durabilité de son impact en renforçant le soutien d’un plus large éventail de parties prenantes.

Les résultats (positifs ou négatifs) ont de l’importance pour tous les partenaires, à des périodes différentes. Par conséquent, pour que les activités REDD+ tiennent compte des points de vue de tous les partenaires et des générations futures, les parties prenantes concernées devront être consultées au sujet des valeurs des bénéfices sociaux et environnementaux potentiels de l’initiative, dont les activités devront être planifiées à long terme. L’expression des besoins des collectivités locales augmente les possibilités de voir leur bien-être amélioré par les activités REDD+. Les agences gouvernementales devraient concevoir des activités susceptibles d’offrir de nouvelles opportunités économiques aux communautés locales et aux habitants des forêts qui souhaitent participer à l’initiative mais n’ont guère reçu d’attention jusqu’à présent. Ils sont souvent les mieux placés pour mettre en œuvre des mesures de prévention de la dégradation des forêts et de promotion de leur gestion durable; ils ont aussi montré qu’avec un minimum de formation ils peuvent recueillir des données fiables au sujet du carbone que renferment leurs forêts.

La question du régime foncier applicable aux forêts est au cœur de la réussite de la mise en œuvre de l’initiative REDD+ et du passage à une économie verte. La plupart des forêts tropicales du monde sont assujetties à des régimes fonciers peu clairs ou contestés et la plupart des gouvernements conservent dans une large mesure des droits statutaires sur les terres forestières. La mise en œuvre de l’initiative REDD+ nécessite des éclaircissements et le

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renforcement du régime foncier et des droits de propriété, notamment la reconnaissance des droits coutumiers sur les terres boisées. Ces éclaircissements peuvent se fonder sur les intérêts locaux et détermineront l’obligation de rendre compte dans la livraison des stocks de carbone et la répartition des bénéfices résultant des transferts financiers de l’initiative REDD+. Dans le cadre des activités REDD+, il conviendra de se pencher sur le risque pour les habitants des forêts de perdre leur droit d’occupation en faveur de gros intérêts commerciaux.

Les mesures de sauvegarde de l’initiative REDD+ sont indispensables pour garantir que les habitants des forêts seront habilités à participer à la prise de décisions et recevront une part équitable des bénéfices. Lorsque de nouvelles activités sont proposées dans des environnements occupés depuis longtemps par de petites communautés (comme c’est fréquemment le cas dans les forêts tropicales), les résidents sont souvent tenus à l’écart, les plus forts obtenant la plus grosse part des bénéfices. Les mesures de sauvegarde de Cancún établies par la CCNUCC sont conçues de manière à ce que les peuples autochtones et les communautés locales aient leur part des bénéfices sociaux et environnementaux. Ces sauvegardes pourraient aussi servir de base à d’autres investissements dans l’économie verte liés à l’utilisation des ressources naturelles. Elles peuvent aussi servir de norme que les groupes de supervision et autres parties intéressées, pourraient utiliser, pour favoriser les progrès.

Afin que les questions d’équité soient dûment prises en considération, les gouvernements devraient mettre en œuvre l’initiative REDD+ de manière progressive et bien étudiée. La précipitation risquerait de pérenniser les régimes fonciers et les systèmes de gouvernance existants, ce qui se fait presque toujours au détriment des pauvres des zones rurales. Toutes les activités REDD+ devraient être conçues et gérées de manière transparente, faire l’objet d’informations constantes tirées de l’expérience afin que les politiques puissent être adaptées à l’évolution des conditions.

Les organismes nationaux d’exécution de l’initiative devraient réorienter les efforts déployés aux niveaux national et local pour obtenir des résultats positifs à de multiples échelles en exploitant les ressources environnementales, sociales et économiques à ces deux niveaux. La première génération d’activités REDD+ a eu tendance à se concentrer sur des processus politiques à l’échelon national et des projets pilotes locaux, les interactions entre les deux étant minimes. Elles ont mis en évidence la nécessité d’une coordination transversale pour traiter des problèmes d’occupation, de partage des bénéfices et de suivi, par exemple, et pour faire face à la ténacité des positions acquises et des institutions opposées au changement en faveur du maintien du statu quo. Les enseignements tirés jusqu’à présent de l’expérience montrent combien il est important d’envisager de nouvelles formes de coordination entre différents niveaux et parties prenantes et

Conclusions et recommandations

Page 44: Mettre en valeur le capital naturel

44

d’intégrer les activités REDD+ dans un cadre de développement plus vaste ainsi que dans les stratégies d’utilisation des terres. Ceci aurait en outre pour avantage de renforcer la base de l’initiative REDD+ pour déterminer les compromis à faire et les complémentarités aux niveaux national et international.

Conclusion 4. Le succès de l’initiative REDD+ dépend de l’équilibre entre la préservation des écosystèmes forestiers et l’optimisation du stockage de carbone qui doit reposer sur des bases scientifiques solides.Les gouvernements et autres parties concernées par l’initiative REDD+ doivent déterminer si l’équilibre approprié consiste à mettre l’accent sur les forêts naturelles riches en carbone et en biodiversité ou sur les forêts où il est possible de réduire les émissions et de stocker le carbone à moindre coût. C’est là que les bénéfices multiples de l’initiative REDD+ devront, à l’avenir, être beaucoup mieux pris en considération qu’ils ne l’ont été par le passé. Ces questions devront être abordées sans ambages alors que l’initiative avance dans sa phase de mise en œuvre, la mettant au rang d’une plateforme d’aménagement de sites qui équilibre des objectifs multiples d’utilisation des terres dans des perspectives d’avenir portant sur 5, 10, 30, 50 ou 100 ans. Les intérêts de l’agriculture, de la sylviculture, de la biodiversité, de la pêche, des villes, de l’industrie et autres doivent être pris en

compte dans un processus de planification global d’utilisation des terres.

Dans le contexte d’une économie verte, la meilleure manière d’aborder l’initiative REDD+ est à l’échelle du paysage. Le fonds des connaissances permettant de déterminer les priorités géographiques des activités REDD+ s’est considérablement étoffé ces dernières années et montre que beaucoup de services sont fournis dans des zones éloignées des forêts, par exemple les villes situées en aval dont l’approvisionnement en eau dépend de forêts intactes ou de marchés qui, à leur tour, sont tributaires de la production durable de produits forestiers. Une mosaïque d’écosystèmes naturels et modifiés par l’homme, gérés de différentes manières pour offrir une série d’avantages tirés de méthodes alternatives d’utilisation des terres, semble souvent l’approche la plus efficace et l’échelle la mieux adaptée pour permettre à l’initiative REDD+ de soutenir une économie verte. Cela étant, de nombreuses chaînes de produits de base sont internationales et une collaboration intergouvernementale peut s’avérer nécessaire pour les gérer durablement. La lenteur des progrès enregistrés jusqu’à présent dans les domaines des changements climatiques ou du commerce international montre bien les difficultés à surmonter; aussi, la recherche de solutions nationales à l’échelle du paysage semble être la solution la plus pratique pour le proche avenir.

Les gouvernements pourraient aussi intégrer des stratégies de réduction des risques dans les paiements au titre de l’initiative REDD+

Conclusions et recommandations

Page 45: Mettre en valeur le capital naturel

45M

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fondés sur les résultats par le biais de méthodes détaillées et transparentes d’évaluation des risques et d’approches fondées sur les volants régulateurs de carbone. L’initiative REDD+ pourrait améliorer à la fois l’absorption nette actuelle de CO2 dans les forêts et la durabilité de leurs réserves de carbone accumulées dans une zone forestière étendue. Ceci aurait des bénéfices qui iraient plus loin que le piégeage du carbone tout en améliorant la stabilité, l’efficience et la prévisibilité des mesures d’incitation carbone positives.

Conclusion 5. Ces prochaines années, le principal défi de l’initiative REDD+ consistera à générer les quelque 30 milliards de dollars par an nécessaires pour assurer effectivement les paiements fondés sur les résultats. Un engagement plus fort du secteur privé et la révision des cadres nationaux d’incitation seront indispensables pour relever ce défi. L’économie verte peut soutenir les deux. L’initiative REDD+ tente de créer un nouveau pacte sans précédent entre les pays pauvres et les pays riches, et entre le secteur public et le secteur privé afin de mettre en place le tout premier mécanisme mondial de paiement pour les services écosystémiques (PSE). Le montant requis pour permettre à l’initiative

REDD+ d’être vraiment efficace (30 milliards de dollars par an) peut paraître élevé dans le contexte habituel des groupes de partenaires associés à l’initiative (principalement des communautés locales et autochtones, des écologistes et des utilisateurs des terres), mais il sera réparti entre beaucoup de pays et de paysages. Il est également instructif de considérer ce montant par rapport aux économies nationales actuelles. Ainsi, les paiements annuels de 30 milliards de dollars effectués par l’initiative REDD+ ne représentent qu’une infime partie du produit brut mondial annuel, qui était de 71 830 000 milliards de dollars en 2012; il peut aussi être comparé au montant de l’aide publique au développement, qui s’élevait à 133 milliards de dollars en 2011. Les dépenses annuelles des gouvernements de sept pays (Allemagne, Chine, États-Unis d’Amérique, France, Italie, Japon et Royaume-Uni) dépassaient 1 000 milliards de dollars en 2012. Parmi les grandes compagnies pétrolières, ExxonMobil a gagné 452 926 milliards de dollars en 2012 (bénéfices de 41 milliards), Royal Dutch Shell a gagné 484 489 milliards de dollars (avec un profit de 30,9 milliards) et Gazprom a gagné 157 831 milliards de dollars (avec un bénéfice de 44,5 milliards). Comparé aux 480 milliards de dollars dépensés actuellement chaque année en subventions aux combustibles fossiles, l’initiative REDD+ aurait besoin de moins de 7 % de ces subventions pour être totalement financée.

Le manque d’argent ne saurait être une excuse pour ne pas soutenir l’initiative REDD+ au

Conclusions et recommandations

Page 46: Mettre en valeur le capital naturel

46

niveau requis. Bien au contraire, le problème de son financement doit être vu à la lumière des possibilités d’investir dans le développement durable et de se défaire du développement non viable. Le passage d’un financement non viable au financement d’un changement durable est l’un des principaux piliers de la transition vers une économie verte.

L’initiative REDD+ doit passer du stade de projet pilote audacieux au processus général d’un nouveau paradigme des flux de financement qui sera profitable au développement durable et découragera la diminution progressive du capital naturel aux dépens de gains sociaux plus importants. Un mélange approprié de mesures d’incitation à la gestion durable des forêts et d’activités REDD+ au niveau national, associé à des mesures dissuasives des pratiques non viables qui contribuent aux changements climatiques, seront un atout majeur à la fois pour l’initiative REDD+ et pour assurer un passage plus général à une économie verte.

Le monde a besoin d’une économie verte et, déjà, quelques mesures prometteuses ont été prises en vue de dissocier la consommation des ressources de l’amélioration du bien-être humain. De nombreux gouvernements, aux niveaux national, provincial, de la ville et du village, recherchent plus d’efficacité et d’équité dans la manière dont l’énergie, les transports, l’industrie manufacturière, l’agriculture et d’autres secteurs fournissent des biens et des services économiques. L’initiative REDD+ est bien placée pour jouer un rôle de catalyseur

capable de prouver les bénéfices multiples de l’application pratique des principes d’une économie verte. Ces bénéfices consistent notamment à combiner les bienfaits de l’atténuation des changements climatiques et de l’adaptation à leurs effets au niveau mondial avec les bénéfices de la gestion durable des forêts aux niveaux local et régional en vue de jeter les bases de la transition vers une économie verte à l’échelon mondial.

Conclusions et recommandations

Page 47: Mettre en valeur le capital naturel

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PHASE FUTURE DES DÉCAISSEMENTS AU TITRE DE REDD+ (ESTIMATION À PARTIR DE 2020)

30 MILLIARDSDE DOLLARS PAR AN

FINANCEMENTS DE PRÉPARATION À REDD+ : MOYENNE ANNUELLE DE

1 MILLIARD DE DOLLARS PAR AN POUR LA PÉRIODE DE FINANCEMENT DU DÉMARRAGE RAPIDE, 2010-2012

États-Unis

2,500

Australie

206

8,362

Canada

406

3,178

Royaume-Uni

793

6,606

Allemagne

528

6,603

Belgique

63

2,772

Espagne

157

2,417

France

528

3,569

Suède

336

2,762

Italie

0

2,752

2011 Subventions aux combustibles fossiles(en millions de dollars)

Moyenne des annonces de contributions pour les projets de démarrage rapide (2010-2012)(en millions de dollars)

SOURCE: ODI (2013)

SUBVENTIONS GLOBALESPOUR LES BIOCARBURANTS

24 MILLIARDSDE DOLLARS EN 2011

Finlande

46

2,323

13,146

SUBVENTIONS GLOBALES POURLES COMBUSTIBLES FOSSILES

480 MILLIARDSDE DOLLARS EN 2011

Figure 7 L’initiative REDD+ face aux incitations fiscales contradictoires

SOURCE: GCP (2012); IEA (2012); IISD (2012); IMF (2013); Voluntary REDD Database (2012)

Conclusions et recommandations

Page 48: Mettre en valeur le capital naturel

LES FORÊTS PEUVENT GÉNÉRER CHAQUE ANNÉE DES EMPLOIS REPRÉSENTANT

4 MILLIONS DE PERSONNES-ANNÉES

La REDD est une initiative qui vise à conférer une valeur financière au carbone stocké dans les forêts et incite les pays en développement à réduire les émissions provenant des terres boisées ainsi qu’à investir dans des trajectoires de développement durable sobres en carbone. « REDD+ » va au-delà de la déforestation et de la dégradation des forêts. Elle vise à rendre plus durables la gestion des forêts et l’utilisation des terres dans les paysages concernés et à promouvoir la conservation et la restauration des forêts.

Lorsque le mécanisme REDD+ parvient à empêcher la perte ou la dégradation des forêts, il en découle de nombreux bénéfices, en plus de la protection ou de l'amélioration des stocks de carbone. On citera notamment les « bénéfices tirés des écosystèmes», tels que la conservation de la

biodiversité forestière, la régulation de l'eau, la conservation des sols et la fourniture de bois d’œuvre, de produits forestiers et d'autres produits forestiers non ligneux.

Divers facteurs influent sur la mesure dans laquelle ces bénéfices se matérialisent : le type, l'emplacement et l'état de la forêt considérée, quelle activité REDD+ est entreprise, la façon dont elle est mise en œuvre et la dépendance de la population locale à l’égard des ressources forestières. REDD+ peut aussi se traduire par des bénéfices sociaux directs, tels que des emplois, des moyens de subsistance, un régime d’occupation des sols plus clair, des paiements carbone, une participation accrue à la prise de décisions et une meilleure gouvernance.

60 MILLIONS D’AUTOCHTONES DE DIVERS PAYS DÉPENDENT DES FORÊTS

PEUPLES AUTOCHTONES

LES ARBRES FOURNISSENT ENVIRON

30% DES PRODUITS FIGURANT DANS LE RÉGIME ALIMENTAIRE DES HABITANTS DES ZONES RURALES DU BURKINA FASO

SÉCURITÉ ALIMENTAIRE

DES ZONES FORESTIÈRES ET DES ZONES TAMPONS INTACTES AUTOUR DES RIVIÈRES ET DES LACS PEUVENT RÉDUIRE LES SÉDIMENTS, AU BÉNÉFICE DES POPULATIONS DE POISSONS

PÊCHE

PRODUCTION D'ÉLECTRICITÉ

PLUS DE

2 MILLIARDS DE PERSONNES UTILISENT DU BOIS POUR FAIRE LA CUISINE ET/OU SE CHAUFFER

CONSOMMATION D'ÉNERGIE

LES FORÊTS PEUVENT CONTRIBUER À LA RÉGULATION DU DÉBIT D’EAU ARRIVANT DANS LES RIVIÈRES ET RÉDUIRE LA FRÉQUENCE OU L'AMPLEUR DES INONDATIONS

INONDATIONS

ZONES HUMIDES

LES FORÊTS CONTRIBUENT À LA SUBSISTANCE DE

1,6 MILLIARD DE PERSONNES DANS LE MONDE

COMMUNAUTÉS FORESTIÈRES

BÉNÉFICES MULTIPLES DE REDD+ AU NIVEAU DES PAYSAGES

46% DE L'ALIMENTATION ÉLECTRIQUE DU KENYA VIENNENT DE L'ÉNERGIE HYDRAULIQUE, QUI DÉPEND DES BASSINS VERSANTS FORESTIERS DU PAYS.

LES FORÊTS SERVENT D’HABITAT À

77% DES OISEAUX MONDIALEMENT MENACÉS

BIODIVERSITÉ

LA VALEUR DES SERVICES FOURNIS CHAQUE ANNEE AUX AGRICULTEURS PAR LES POLLINISATEURS SAUVAGES DES ECOSYSTEMES FORESTIERS SE CHIFFRE A DES

MILLIARDS DE DOLLARS

POLLINISATION

LES PLANTES ENTRENT DANS LA FABRICATION D’AU MOINS

25% DE TOUS LES MÉDICAMENTS DÉLIVRÉS SUR ORDONNANCE

PRODUITS PHARMACEUTIQUES

GRANDES VILLES

D’APRÈS LES ESTIMATIONS, LE COMMERCE DU BOIS ET DES AUTRES PRODUITS FORESTIERS SE CHIFFRE À

330 MILLIARDS DE DOLLARS PAR AN

L’EAU ALIMENTANT 33 DES DES 105 PLUS GRANDES VILLES DU MONDE VIENT DIRECTEMENT D’AIRES PROTÉGÉES

COMMERCE

SELON LES ÉVALUATIONS, ELLES PRODUISENT CHAQUE ANNÉE DES SERVICES ÉCOSYSTÉMIQUES REPRÉSENTANT

2 800 DOLLARS PAR HECTARE

PRODUITS NON LIGNEUX

L'ÉCOTOURISME GÉNÈRE DES RECETTES DE

77 MILLIARDSDE DOLLARS CHAQUE ANNÉE À L'ÉCHELLE MONDIALE

TOURISME

LE COSTA RICA A PRESQUE DOUBLÉ SON COUVERT FORESTIER EN

25 ANS, CE QUI RENFORCE SON IMAGE DE PAYS ÉCOLOGIQUE ET FAVORISE AINSI UNE INDUSTRIE TOURISTIQUE TRÈS LUCRATIVE

SELON LES ESTIMATIONS, ELLES CONTRIBUENT POUR 30 % AUX CAPTURES DE POISSONS ET POUR PRÈS DE

100% AU VOLUME DE CREVETTES PÊCHÉES DANS LES PAYS D'ASIE DU SUD-EST

MANGROVES

DANS LE NORD DE LA TANZANIE, IL N'A FALLU QUE 15 ANS POUR RESTAURER 2 MILLIONS D'HECTARES DE FORÊTS ET DE TERRES AGRICOLES ET POUR

DOUBLER CE FAISANT LE REVENU DES MÉNAGES

REMISE EN ÉTAT DES FORÊTS

ACTUELLEMENT UNE ZONE DE LA TAILLE DE 25 TERRAINS DE FOOTBALL EST DÉTRUITE TOUTES LES 60 SECONDES REDD+ VEILLERA À CE QUE LES FORÊTS ET LES ARBRES SOIENT DAVANTAGE VALORISÉS DANS LA PRISE DE DÉCISIONS

JUSQU'À 70 % DES DÉPENSES D'EXPLOITATION DES BARRAGES HYDROÉLECTRIQUES SONT IMPUTABLES À L'ÉLIMINATION DES SÉDIMENTS

Page 49: Mettre en valeur le capital naturel

LES FORÊTS PEUVENT GÉNÉRER CHAQUE ANNÉE DES EMPLOIS REPRÉSENTANT

4 MILLIONS DE PERSONNES-ANNÉES

La REDD est une initiative qui vise à conférer une valeur financière au carbone stocké dans les forêts et incite les pays en développement à réduire les émissions provenant des terres boisées ainsi qu’à investir dans des trajectoires de développement durable sobres en carbone. « REDD+ » va au-delà de la déforestation et de la dégradation des forêts. Elle vise à rendre plus durables la gestion des forêts et l’utilisation des terres dans les paysages concernés et à promouvoir la conservation et la restauration des forêts.

Lorsque le mécanisme REDD+ parvient à empêcher la perte ou la dégradation des forêts, il en découle de nombreux bénéfices, en plus de la protection ou de l'amélioration des stocks de carbone. On citera notamment les « bénéfices tirés des écosystèmes», tels que la conservation de la

biodiversité forestière, la régulation de l'eau, la conservation des sols et la fourniture de bois d’œuvre, de produits forestiers et d'autres produits forestiers non ligneux.

Divers facteurs influent sur la mesure dans laquelle ces bénéfices se matérialisent : le type, l'emplacement et l'état de la forêt considérée, quelle activité REDD+ est entreprise, la façon dont elle est mise en œuvre et la dépendance de la population locale à l’égard des ressources forestières. REDD+ peut aussi se traduire par des bénéfices sociaux directs, tels que des emplois, des moyens de subsistance, un régime d’occupation des sols plus clair, des paiements carbone, une participation accrue à la prise de décisions et une meilleure gouvernance.

60 MILLIONS D’AUTOCHTONES DE DIVERS PAYS DÉPENDENT DES FORÊTS

PEUPLES AUTOCHTONES

LES ARBRES FOURNISSENT ENVIRON

30% DES PRODUITS FIGURANT DANS LE RÉGIME ALIMENTAIRE DES HABITANTS DES ZONES RURALES DU BURKINA FASO

SÉCURITÉ ALIMENTAIRE

DES ZONES FORESTIÈRES ET DES ZONES TAMPONS INTACTES AUTOUR DES RIVIÈRES ET DES LACS PEUVENT RÉDUIRE LES SÉDIMENTS, AU BÉNÉFICE DES POPULATIONS DE POISSONS

PÊCHE

PRODUCTION D'ÉLECTRICITÉ

PLUS DE

2 MILLIARDS DE PERSONNES UTILISENT DU BOIS POUR FAIRE LA CUISINE ET/OU SE CHAUFFER

CONSOMMATION D'ÉNERGIE

LES FORÊTS PEUVENT CONTRIBUER À LA RÉGULATION DU DÉBIT D’EAU ARRIVANT DANS LES RIVIÈRES ET RÉDUIRE LA FRÉQUENCE OU L'AMPLEUR DES INONDATIONS

INONDATIONS

ZONES HUMIDES

LES FORÊTS CONTRIBUENT À LA SUBSISTANCE DE

1,6 MILLIARD DE PERSONNES DANS LE MONDE

COMMUNAUTÉS FORESTIÈRES

BÉNÉFICES MULTIPLES DE REDD+ AU NIVEAU DES PAYSAGES

46% DE L'ALIMENTATION ÉLECTRIQUE DU KENYA VIENNENT DE L'ÉNERGIE HYDRAULIQUE, QUI DÉPEND DES BASSINS VERSANTS FORESTIERS DU PAYS.

LES FORÊTS SERVENT D’HABITAT À

77% DES OISEAUX MONDIALEMENT MENACÉS

BIODIVERSITÉ

LA VALEUR DES SERVICES FOURNIS CHAQUE ANNEE AUX AGRICULTEURS PAR LES POLLINISATEURS SAUVAGES DES ECOSYSTEMES FORESTIERS SE CHIFFRE A DES

MILLIARDS DE DOLLARS

POLLINISATION

LES PLANTES ENTRENT DANS LA FABRICATION D’AU MOINS

25% DE TOUS LES MÉDICAMENTS DÉLIVRÉS SUR ORDONNANCE

PRODUITS PHARMACEUTIQUES

GRANDES VILLES

D’APRÈS LES ESTIMATIONS, LE COMMERCE DU BOIS ET DES AUTRES PRODUITS FORESTIERS SE CHIFFRE À

330 MILLIARDS DE DOLLARS PAR AN

L’EAU ALIMENTANT 33 DES DES 105 PLUS GRANDES VILLES DU MONDE VIENT DIRECTEMENT D’AIRES PROTÉGÉES

COMMERCE

SELON LES ÉVALUATIONS, ELLES PRODUISENT CHAQUE ANNÉE DES SERVICES ÉCOSYSTÉMIQUES REPRÉSENTANT

2 800 DOLLARS PAR HECTARE

PRODUITS NON LIGNEUX

L'ÉCOTOURISME GÉNÈRE DES RECETTES DE

77 MILLIARDSDE DOLLARS CHAQUE ANNÉE À L'ÉCHELLE MONDIALE

TOURISME

LE COSTA RICA A PRESQUE DOUBLÉ SON COUVERT FORESTIER EN

25 ANS, CE QUI RENFORCE SON IMAGE DE PAYS ÉCOLOGIQUE ET FAVORISE AINSI UNE INDUSTRIE TOURISTIQUE TRÈS LUCRATIVE

SELON LES ESTIMATIONS, ELLES CONTRIBUENT POUR 30 % AUX CAPTURES DE POISSONS ET POUR PRÈS DE

100% AU VOLUME DE CREVETTES PÊCHÉES DANS LES PAYS D'ASIE DU SUD-EST

MANGROVES

DANS LE NORD DE LA TANZANIE, IL N'A FALLU QUE 15 ANS POUR RESTAURER 2 MILLIONS D'HECTARES DE FORÊTS ET DE TERRES AGRICOLES ET POUR

DOUBLER CE FAISANT LE REVENU DES MÉNAGES

REMISE EN ÉTAT DES FORÊTS

ACTUELLEMENT UNE ZONE DE LA TAILLE DE 25 TERRAINS DE FOOTBALL EST DÉTRUITE TOUTES LES 60 SECONDES REDD+ VEILLERA À CE QUE LES FORÊTS ET LES ARBRES SOIENT DAVANTAGE VALORISÉS DANS LA PRISE DE DÉCISIONS

JUSQU'À 70 % DES DÉPENSES D'EXPLOITATION DES BARRAGES HYDROÉLECTRIQUES SONT IMPUTABLES À L'ÉLIMINATION DES SÉDIMENTS

Page 50: Mettre en valeur le capital naturel

50

FCPF Fonds de partenariat pour le carbone forestier

PSE Paiements pour les services écosystémiques

REDD+ Réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts dans les pays en développement et rôle de la conservation, de la gestion durable des forêts et de l’accroissement des stocks de carbone forestiers

RPP Proposition pour la Préparation à la REDD+

SCEE Système de comptabilité économique et environnementale

GDF Gestion durable des forêts

PNUE Programme des Nations Unies pour l’environnement

CCNUCC Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques

ONU-REDD L’initiative collaborative des Nations Unies sur la réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts dans les pays en développement (Programme ONU-REDD)

VCS Norme carbone vérifiée

Abbreviations and acronyms

D1:

14-0

0368

/500

cop

ies

Page 51: Mettre en valeur le capital naturel
Page 52: Mettre en valeur le capital naturel

ISBN: 978-92-807-3352-5DTI / 1725 / PA

Pour plus d’information, contacter:

International Resource Panel SecretariatUNEP DTIESustainable Consumption and Production Branch15, rue de Milan75441 Paris CEDEX 09FranceTel: +33 1 4437 1450Fax: +33 1 4437 1474Email: [email protected]/resourcepanel

UN-REDD Programme SecretariatInternational Environment House11-13 Chemin des AnémonesCH-1219 ChâtelaineGeneva, SwitzerlandTel: +41 229 178 946Email: [email protected]

Mettre en valeur le Capital Naturel : Le soutien que l’initiative REDD+ peut apporter à l’Économie VerteCETTE BROCHURE est un résumé du rapport : Mettre en valeur le capital naturel : le soutien que l’initiative REDD+ peut apporter à l’Économie Verte. Elle a été produite par un groupe de travail au sein du Groupe international d’experts sur la gestion durable des ressources. Le rapport, portant sur le statut actuel et les possibilités que la REDD+ peut offrir dans le futur, décrit les nombreux béné�ces des forêts et des autres écosystèmes. Il démontre que la valeur des forêts ne se limite pas au stockage de carbone et que les forêts constituent un véritable fondement pour les sociétés durables.

Le rapport recommande d’envisager la REDD+ dans un cadre plus large de plani�cation à l’échelle du paysage qui peut, et devrait, impliquer de nombreux secteurs (notamment ceux qui contribuent à la déforestation, parfois par mégarde). Au-delà de la forêt, cela permettrait de répondre aux besoins énergétiques, en ressources en eau, de l’agriculture, de la �nance, des transports, de l’industrie, du commerce, des villes ; en�n, de tous les secteurs d’une économie moderne. La REDD+ pourrait ainsi apporter une valeur ajoutée aux nombreuses autres initiatives qui sont mises en place dans ces secteurs. La REDD+ ne serait plus un simple projet pilote intéressant, mais deviendrait un élément clé de l’économie verte.

En se basant sur des efforts qui ont déjà cours dans plusieurs pays, le rapport se conclut en suggérant les prochaines étapes d’un processus d’adaptation des sociétés aux nouvelles conditions, qui sera sûrement très long. La REDD+ devra faire partie de la réponse sociale face à la demande croissante en produits agricoles et forestiers liée aux besoins futurs, tout en améliorant la préservation des forêts et des services écosystémiques.

Résumé à l’i

ntentio

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des décideurs

METTRE EN VALEUR LE CAPITAL NATUREL :Le soutien que l’initiative REDD+ peut apporter à l’Économie Verte

www.unep.orgProgramme des Nations Unies pour l’environnement

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