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Tous droits réservés © Université du Québec à Montréal, 2011 This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit (including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be viewed online. https://apropos.erudit.org/en/users/policy-on-use/ This article is disseminated and preserved by Érudit. Érudit is a non-profit inter-university consortium of the Université de Montréal, Université Laval, and the Université du Québec à Montréal. Its mission is to promote and disseminate research. https://www.erudit.org/en/ Document generated on 08/26/2020 12:43 a.m. Téoros Revue de recherche en tourisme Par ici l’authenticité ! Tourisme et mise en scène du patrimoine culturel dans les monts Mandara du Cameroun Melchisedek Chétima L’excellence des destinations Volume 30, Number 1, 2011 URI: https://id.erudit.org/iderudit/1012107ar DOI: https://doi.org/10.7202/1012107ar See table of contents Publisher(s) Université du Québec à Montréal ISSN 1923-2705 (digital) Explore this journal Cite this article Chétima, M. (2011). Par ici l’authenticité ! Tourisme et mise en scène du patrimoine culturel dans les monts Mandara du Cameroun. Téoros, 30 (1), 44–54. https://doi.org/10.7202/1012107ar Article abstract Cette étude est née d’une série de questionnements auxquels l’auteur était confronté en observant les touristes dans les monts Mandara du Cameroun. Étant originaire de cette région, l’auteur s’est toujours demandé ce que les touristes recherchaient exactement et ce qui les passionnait dans le traditionnel, le mythique et l’ancestral. Ces interrogations l’ont conduit à étudier le rapport entre authenticité et excellence d’une destination. De cette étude, il ressort que le pouvoir d’attraction des monts Mandara réside dans la richesse de son patrimoine culturel et naturel, considérée par les visiteurs comme « authentique ». Cependant, cette image « authentique » ne concerne pas seulement les objets culturels dans leur existence réelle. Elle résulte également des mises en scène de la vie quotidienne, orchestrées par les populations d’accueil dans l’intention de se conformer aux attentes des touristes. Les mises en scène sont par la suite relayées par les voyagistes qui produisent des photos particulièrement sélectives dans le but de circonscrire la nature et la culture locales et de les offrir, sous une forme visuelle, au regard des touristes.

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Tous droits réservés © Université du Québec à Montréal, 2011 This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit(including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can beviewed online.https://apropos.erudit.org/en/users/policy-on-use/

This article is disseminated and preserved by Érudit.Érudit is a non-profit inter-university consortium of the Université de Montréal,Université Laval, and the Université du Québec à Montréal. Its mission is topromote and disseminate research.https://www.erudit.org/en/

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TéorosRevue de recherche en tourisme

Par ici l’authenticité !Tourisme et mise en scène du patrimoine culturel dans lesmonts Mandara du CamerounMelchisedek Chétima

L’excellence des destinationsVolume 30, Number 1, 2011

URI: https://id.erudit.org/iderudit/1012107arDOI: https://doi.org/10.7202/1012107ar

See table of contents

Publisher(s)Université du Québec à Montréal

ISSN1923-2705 (digital)

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Cite this articleChétima, M. (2011). Par ici l’authenticité ! Tourisme et mise en scène dupatrimoine culturel dans les monts Mandara du Cameroun. Téoros, 30 (1),44–54. https://doi.org/10.7202/1012107ar

Article abstractCette étude est née d’une série de questionnements auxquels l’auteur étaitconfronté en observant les touristes dans les monts Mandara du Cameroun.Étant originaire de cette région, l’auteur s’est toujours demandé ce que lestouristes recherchaient exactement et ce qui les passionnait dans letraditionnel, le mythique et l’ancestral. Ces interrogations l’ont conduit àétudier le rapport entre authenticité et excellence d’une destination. De cetteétude, il ressort que le pouvoir d’attraction des monts Mandara réside dans larichesse de son patrimoine culturel et naturel, considérée par les visiteurscomme « authentique ». Cependant, cette image « authentique » ne concernepas seulement les objets culturels dans leur existence réelle. Elle résulteégalement des mises en scène de la vie quotidienne, orchestrées par lespopulations d’accueil dans l’intention de se conformer aux attentes destouristes. Les mises en scène sont par la suite relayées par les voyagistes quiproduisent des photos particulièrement sélectives dans le but de circonscrire lanature et la culture locales et de les offrir, sous une forme visuelle, au regarddes touristes.

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la recherche de l’altérité demeure sans doute l’alchimieautourdelaquellereposeetsestructurel’activitétouristique(Pauchant, 1999).Eneffet, lespratiquesdes touristes expri-mentuncertainrapportàl’Autreinduitparlacombinaisondedeuxphénomènesquesontledéplacementetlarecréation.ledéplacementsupposed’allerdansunlieuautre,c’est-à-direun lieu qui présente une rupture par rapport au quotidien(Knafou et al., 1997). la recréation implique, quant à elle,unesphèredepratiques«déroutinisantes»(Eliasetdunning,1994 : 130) ayant pour but de rompre avec la routine et larécursivitédespratiquesquotidiennes.lesdeuxmisensem-ble définissent les pratiques touristiques et permettent auxtouristesd’atteindre l’altérité souhaitée (ÉquipeMIT,2002).cependant, ce n’est pas tant le critère géographique quiconfèreauhors-quotidien sondegréd’altérité,mais surtoutle caractère«authentique»de la culturedumilieud’accueil(decoret-Ahiha, 2005 : 151). Ainsi, l’authenticité, telle quela conçoivent les touristes, renvoie à l’obligation d’altérité(Pauchant,2000)qui,elle-même,déterminel’excellenced’unedestination (Viviane, 2005).cependant,on sepose la ques-tionde savoirquepeut êtreunedestinationouuneculture

authentique?Enquoirésidecetteauthenticité?Est-elleréelle,construiteousimplementmiseenscène?

En se focalisant sur les monts Mandara du cameroun,onestpousséàcroireque l’attraction touristiquede lades-tination mobilise à la fois les trois facettes de l’authenticité.Ainsi,provient-elletoutd’aborddelarupturequ’introduisentcertainsdesestraitsculturelsetnaturelsaveclequotidiendestouristes. Elle est ensuite le produit d’une mise en images,elle-mêmefondéesurunemiseenscènedelaculturelocale.Authenticité réelle, authenticité construite et authenticitémiseenscènesont,decefait,à labasede lapromotiondesmontsMandaraendestinationtouristique.

Reposant essentiellement sur l’observation participante,l’enquête de terrain a consisté en des sorties de groupesentre2006et2009aucoursdesquellesl’auteuraassistéàdesmanifestationsculturellesen laprésence,maisaussien l’ab-sence des touristes. l’objectif de la recherche était d’étudierl’influencequ’entraînelaprésencedestouristesdanslamiseenscènedelaculturelocale.àchaquemanifestation,l’auteurs’estintéresséauxgestes,auxmanièresdes’habiller,dedanser,d’habiter, de festoyer, de manger et d’expliquer les paysages

RÉSUMÉ : Cette étude est née d’une série de questionnements auxquels l’auteur était confronté en observant les touristes dans les monts Mandara du Cameroun. Étant originaire de cette région, l’auteur s’est toujours demandé ce que les touris-tes recherchaient exactement et ce qui les passionnait dans le traditionnel, le mythique et l’ancestral. Ces interrogations l’ont conduit à étudier le rapport entre authenticité et excellence d’une destination. De cette étude, il ressort que le pouvoir d’attraction des monts Mandara réside dans la richesse de son patrimoine culturel et naturel, considérée par les visiteurs comme « authentique ». Cependant, cette image « authentique » ne concerne pas seulement les objets culturels dans leur existence réelle. Elle résulte également des mises en scène de la vie quotidienne, orchestrées par les populations d’accueil dans l’intention de se conformer aux attentes des touristes. Les mises en scène sont par la suite relayées par les voyagistes qui produisent des photos particulièrement sélectives dans le but de circonscrire la nature et la culture locales et de les offrir, sous une forme visuelle, au regard des touristes.

Mots-clés : Monts Mandara, patrimoine culturel, authenticité, regard touristique, excellence d’une destination.

Par ici l’authenticité !Tourisme et mise en scène du patrimoine culturel dans les monts Mandara du Cameroun

melchisedek chétImAassistant au département d’histoire de l’École normale supérieure de Maroua (Cameroun)Doctorant au département d’histoire de l’Université laval (Canada)[email protected]

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culturels.Sesobservationsontégalementconcernél’avantetl’aprèsdechaquemanifestation.l’avantapermisd’étudierletemps consacré aux attentes et aux préparatifs des cérémo-nies.l’après,quidonnetrèssouventlieuauxdiscussionsentrelespopulations,apermisderecueillir les impressionsdecesdernièressurlepassagedel’authenticitéréelleàl’authenticitémiseen scène.Outrecette techniqued’observation, l’auteura réalisé une trentaine d’entrevues semi-dirigées avec diversinformateursincluant,entreautres,desvoyagistes(restaura-teurs, publicistes, transporteurs, photographes), des acteurscommunautaires (guides locaux, autorités traditionnelles,autochtones), des acteurs publics (ministère du Tourisme,ministèredelaculture)ainsiquedestouristesrencontréssurplace.l’enquêteauprèsdecesderniersétaitparticulièrementintéressanteencequ’ellepermettaitdecomprendrelabaissedel’activitétouristiquedanslesmontsMandaraetdevoirenquoileursattentesontétémodifiéesaufildutemps.Ilconvientenfindesoulignerquecetravailaaussiimpliquél’étudedesbrochures touristiques, des sources photographiques et destravauxthéoriquessurlanotiond’authenticité.ledépouille-mentdesimagesapermisderessortirlesthèmes,lesvaleursetleslocalitésmisenexergue,etdevoircommentl’authenticitéest construite à travers cette iconographie touristique parti-culièrementsélective.lesouvragesetarticlesthéoriquesontpermisdemieuxappréhenderlerapportentrel’authenticitéetlapromotiond’unlieuendestinationtouristique.

tourisme et authenticité : un débat permanentl’authenticité culturelle est sans doute l’un des principauxfacteurs d’attractivité de la plupart des destinations touristi-quesàtraverslemonde(Koussoula,2009).lesestimationsdel’Organisationmondialedutourismeen2007indiquentqueletourismeculturelreprésenteàluiseul40%dutourismeinter-national (Richards, 2007). cette importance du patrimoinedanslaconstructiondel’excellenced’unedestinationtouristi-querésidedanslefaitqu’ilconstituepourletouristeununivers«autre»et«authentique»(decoret-Ahiha,2005).AuxÉtats-unis,uneenquêteconsacréeaux«voyageursamateursd’his-toire/deculture»montreque30%des touristesaméricainsrecherchent l’authenticitéculturelle lorsqu’ilschoisissentunedestination(OcdE,2009).c’estdanscetteperspectivequeletourismeaétésouventétudiécommeunequêted’authenticité(hughes,1995;crang,1996;KimetJamal,2007).

En dépit de nombreux ouvrages et articles qui lui sontconsacrés, la notion d’authenticité ne fait pas encore l’una-nimité et demeure toujours ouverte à de nouvelles inter-prétations (Taylor,2001;cravatte,2009).Onest ainsipasséde la conception objectiviste (Maccannel, 1973 et 1976;chahabra et al., 2003) à la conception existentielle (wang,1999;ReisingeretSteiner,2006)enpassantparlesapprochesconstructivistes(cohen,1988;Bruner,1994;Salamone,1997)etpostmodernistes(Eco,1986;Fjellman,1992).d’autrestra-vaux opposent encore l’authenticité chaude à l’authenticitéfroide (Selwyn, 1996), et l’authenticité émergente (cohen,2004) à la marchandisation du faux authentique (Brown,1999).l’auteurn’apaslaprétentiond’étudiertoutescesfacet-tesdel’authenticité.Sonanalysesebaseessentiellementsurlesvisionsobjectivisteetconstructivisteencequ’ellespermettent

demieuxcomprendrelerôledel’authenticitédanslapromo-tiontouristiquedesmontsMandara.

c’estautourdestravauxdeMaccannell(1973et1976)quelesprisesdeposition,parfoistrèsdivergentes,ontcommencéàsefaire.cetauteurfaitusagedelanotiond’authenticitéentourismeenl’associantàlamodernité.«lesmodernes,écrit-il, pensent la réalité et l’authenticité comme étant ailleurs,dansd’autrespériodeshistoriques etdansd’autres stylesdeviepluspursetplussimples»(Maccannell,1976:16).Pourcet auteur donc, les touristes, stéréotypes des gens moder-nes, sont à la quête de l’authenticité dans les sociétés d’ac-cueil.Quoiquerecherchantcettevieréelleetauthentique,ilsdeviennent plutôt les victimes d’une mise en scène, dans lamesure où leur seule présence pousse les populations hôtesà amplifier leur retard et à produire des versions fortementromancéesdeleurscultures(Maccannell,1976:8;1992:22).ce qui est le plus dramatique selon cet auteur, c’est que lestouristes,enraisondeleursconnaissancessuperficiellesdelasociétéd’accueil,sontincapablesdeserendrecomptedecettemiseenscèneetdedistinguerlevraidufaux,l’authentiquedel’inauthentique(Maccannell,1973:178).Maccannellprendainsilecontre-pieddeBoorstin(1964)pourquiletouristesesatisfaitdelamiseenscène(pseudo-événements)plutôtquedelacultureauthentiqueproprementdite.laraisonestquel’imageetl’imitation,bienconçues,peuventveniràsurpasserl’authentique(Boorstin,1964 :107).cettedisjonctionentrel’authenticité réelle et l’authenticitémise en scènequ’établitMaccannellest toujoursdiscutéeetaconduitd’autrespen-seursàproposerdenouvellesposturesthéoriques.

uneautreapplicationduconceptestparexempleproposéeparlesconstructivistesàtraverslanotiond’authenticitésym-bolique.Pourlesconstructivistes,lestouristessontcertesàlarecherchedel’authenticité,maisdavantaged’uneauthenticitésymboliquequ’objective(urry,1990;Olsen,2002).Poururry(1990) par exemple, l’expérience touristique est construiteautourde laproductionetde laconsommationdessymbo-les.«leregardtouristique,écrit-il,estconstruitàtraversdessignes,etletourismeimpliquelacollectiondessignes»(urry,1990:101).lathéorieconstructivistedel’authenticitésoulèvedonclesquestionsdelamédiationentreletouristeetlasociétéhôte.lesmédiateurspermettentl’adhérencedestouristesavecle«lieuautre»,etproduisentdesimagesetdessymbolespourleur «consommation visuelle» (urry et crawshaw, 1997 :176).l’authenticitén’estalorsqu’uneprojectiondecertainesimagesstéréotypées,diffuséesparlesmédiasetlesbrochurestouristiquesdanslessociétésoccidentales.celan’empêchepasBruner (1994) de considérer ces duplicatas comme authen-tiquesdès lorsqu’ils sontperformantsetconvaincantspourle touriste.danscetteavenue, lesobjetssontperçuscommeauthentiquesparcequ’ilssontconstruitscommetelsàtraversles images. c’est ce qui conduit les auteurs constructivistesà considérer l’authenticité comme une notion négociable(cohen, 1988) et contextuellement déterminé (Salamone,1997).Ainsi,aulieudesedemandersilesobjetsvisitéssontauthentiques ou pas — comme le fait Maccannell — lesconstructivistesposentlaquestiondesavoirquandl’authen-ticitédevientunenjeuetquelleestsaconnotationauprèsdestouristes(Simonicca,1997:48).

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Ilressortdecesdeuxapprochesquele«désirdel’ailleurs»dontparleMichel(2000)reposesurlaquêted’authenticitéetdudépaysement(ÉquipeMIT,2005).l’approcheobjectivistedeMaccannellinsistesurl’authenticité(réelle)delasociétéhôte(paysagenaturel,cultureettraditionlocales,objetsmaté-riels,etc.)etsursondegréd’altéritécommefacteurprincipaldesamiseentourisme.unlieufaitsenspourletouriste«parcequ’ilestautre,parcequ’iltrancheaveclesqualitésdesonmilieudevieetsurtout,parcequ’ilconstitueunespacequiluipermetderépondreàdesattentesinfinies»(ÉquipeMIT,2002:81).cescaractéristiquesconduisentconstammentlespopulationsd’accueilàdénaturercetteauthenticité(réelle)deleurculturepardesmisesenscènepour,d’unepart,satisfaireledésird’al-téritédes touristes et,d’autrepart,bénéficierdes retombéeséconomiquesliéesàleurprésence.lesauteursconstructivistesmettent,àl’inverse,l’accentsurleregardtouristiquecommelevecteurleplusdéterminantdanslechoixd’unedestination.Poururryparexemple,iln’existepasdepaysagetouristiqueendehorsduregarddutouriste.Ilconsidèred’ailleursletou-rismecommeun«exercicede regarder» (1990 :101).danscetteavenue, lesactivitésdemarketing touristique(produc-tion d’images, conception d’un itinéraire touristique, largediffusion médiatique, etc.) sont d’une importance capitaledans la construction de l’excellence d’une destination. Ellesdonnent aux touristes une raison particulière de visiter unsite,surtoutdansuncontextedemultiplicitédesdestinationstouristiquesnationalesetinternationales(Stevens,2000).

à la lumière des résultats des recherches de l’auteur surle terrain, ilressortque ledéveloppementdutourismedansles monts Mandara découle à la fois de l’authenticité réelle,de lamiseenscènedupatrimoine local, etde l’authenticitéconstruiteàtraverslessymbolesetlesimages.IlconvientdèslorsdeprésenterlepatrimoinenatureletcultureldesmontsMandaraetsonoptimumtouristique.Ensuite,etenréférenceàurry(1990), il fauts’attardersur lerôlede l’iconographietouristiquedans laconstructiondupouvoird’attractiondesmontsMandara.l’auteurtermineparl’étudedescontraintesquihandicapentaujourd’hui l’activitétouristiquelocale,descontraintes liées notamment à la mutation du patrimoinecultureletàlafaiblessedel’actionpromotionnelle.

Patrimoine culturel des monts mandara et potentialités touristiquesle patrimoine est un concept vaste qui réunit aussi bienl’environnementnaturelqueculturel.Ilenglobelesnotionsde paysage, de sites naturels et de biodiversité aussi bienque les notions d’ensembles historiques et de pratiquesculturelles.danscettepartie, sontprésentésd’unepart lepatrimoinenaturelet,del’autre,lepatrimoinecultureldesmontsMandara.

Éléments géographiques au cœur de l’expérience touristiquelesmontsMandarasontunensembledeplateauxetmassifsgranitiquesetvolcaniquesd’unealtitudemoyennede900m,situésentre9oet10onord,13oet14olongitudeest.Ilss’éten-dentsurunaxenord-sud,lelongdelafrontièreduNigéria,entre le bourg de Mora et la Bénoué (hallaire, 1991). les

monts Mandara constituent un amoncellement gigantes-quederocsetd’éboulisquirendent lavierude. Ilsrevêtentcependant une importance stratégique dans la mesure oùils sont perçus par les populations comme ayant servi pourleur défense contre les razzias esclavagistes des royaumesmusulmansdelacuvettetchadienne(Bornouetwandalaenparticulier). Non seulement la montagne leur permettait decontrôlerlesmouvementshumainsenplainegrâceàunsys-tèmededispositiondessentinelles,elleabritaitégalementdesgrottespourprotégerlespersonnesetlesbiensencasd’uneincursiondesesclavagistes.lereliefmontagneuxprésenteenoutreunintérêttouristiqueimportant.

laprincipaleattractionest lepaysagedeRhoumsiki,quiprésente des vestiges d’activités volcaniques de type péléenconnussouslenomdepicsdeRhoumsiki.Ilsuffitd’ouvrirundéplianttouristiquesurlecamerounpourytrouverimman-quablementlesimagesdecespicsdressésaumilieud’unpla-teau quelque peu lunaire. On trouve à certains endroits dessourcesd’eauchaude,particulièrementsurlamontagnebasal-tiquedeRhuaManda(duriez,2002).Surleplanfaunique,lesmonts Mandara disposent d’un parc à Mozogo-gokoro quicouvreunesuperficiede1400hectares,abritantdesreptilesàl’instardesgrandspythons,dessingesetdescynocéphales.leshyènes, les panthères, les phacochères y sont aussi présents,quoiqu’ennombreréduit.lestouristesviennentobservercesanimauxetlesphotographier.leclimatestdetypesoudano-sahélienavecl’alternancededeuxsaisons(huitmoisdesaisonsècheetquatremoisdesaisondepluie).lasaisonsècheestmarquéeparunefortechaleurquirendleclimatprécaire.lavégétation est constituée d’arbres et d’arbustes qui perdentdeleursfeuillesensaisonsèchepourlesrenouvelerensaisonpluvieuse(SeignobosetIyebi-Mandjeck,2000).

Auregarddecesélémentsnaturels,onpourraitdirequelaviedanslesmontsMandaraexigeunecertaineadaptationaumilieunaturel.cetteadaptationestd’autantplusdifficilequel’exiguïtédel’espace,lecaractèreaccidentédureliefetlapres-siondémographiquenepermettentpasl’épanouissementdesactivités économiques. En dépit de cette rudesse, le paysagenatureldesmontsMandaraesttrèsappréciépardenombreuxvoyageursnationauxetinternationaux,aumêmetitrequelepatrimoinecultureldespopulationsquiyvivent.

Diversité et richesse du patrimoine culturellepatrimoineculturelfaitappelàl’idéed’und’héritageléguéparlesgénérationsprécédentesauxgénérationsprésentesqui,à leur tour, devront le transmettre aux générations futures(Koussoula,2009:156).danslecadredecetteétude,il fautfaireladistinctionentrelepatrimoineculturelmatérieletlepatrimoineculturelimmatériel.

Aurangdupatrimoineculturelmatériel,onretrouvel’ar-chitecturemontagnarde.chaquepeupledesmontsMandarapossède son propre modèle architectural. le potentielarchitectural reflète dès lors la diversité ethnique et en estl’expression laplusvisible(Seignobos,1982 :6).lapierre,le bois et l’argile sont les matériaux de base des construc-tions. Par contre, au-delà de l’usage des matériaux locaux,l’architecture dans les monts Mandara reste avant tout unphénomèneculturel.ladispositiondesdifférentespièceset

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l’organisationintérieuredesconcessionssontunematériali-sationdelahiérarchiesocialeentrel’hommeetlafemme.lapartiehautedelamaisons’opposeàsapartiebassecommelemasculin s’oppose au féminin. l’architecture montagnardeconditionne en outre le rapport de ses occupants avec lemonde extérieur. Pour l’homme, la maison représente unlieuqu’ilquittepouraffronter lesdangersdumondeexté-rieur alors que pour la femme elle est un lieu dans lequelcelle-cidemeureenpermanence.cetteidéerejointétrange-mentl’analysefaiteparPierreBourdieu(1970)delamaisonkabyle. ces caractéristiques confèrent à l’architecture unpotentiel touristique, et la visite de l’intérieur des conces-sionsestuneétapeimportantedel’itinérairetouristiquedesmontsMandara(voirillustration1).

Surleplanagricole,lestechniquesculturalesimpression-nent à plus d’un titre les visiteurs. Partout dans les montsMandarasesuccèdentdepetitesterrasses,ressemblantàdesmuretsenpierresetdontlahauteurcorrespondàlaraideurdelapente.l’objectifdelaterrasseestdeluttercontrel’érosionetladisparitiondesespècesvégétales,etdegarantirlafertilisa-tiondusol.considérantlepaysagekapsiki,EngelbertEssono(2000:156)écritque«[l]esKapsikionttransformédespentesentièresenpaysagesdeterrassespourpratiquerl’agriculture». les terrasses sont un exemple de l’anthropisation du cadrenatureletmontrentàquelpointlespopulationsontimpriméleursmarquesàcetenvironnementhostile.

Sur le plan de la production artisanale, l’auteur tient àmentionner le travail du fer essentiellement dévolu auxcastesdesforgerons.cesderniersexercentaussiladivinisa-tion,l’inhumationdespersonnesdécédéesetlaconduitedes

pratiquesrituelles(genest,1976).leursépouses(despotiè-respourlaplupart)sontenchargedesaccouchementsdanslesvillages.Plusque le travaildu fer, ce sontces fonctionsculturellesquidéterminent lestatutsocialdes forgeronsetdes potières au sein des différentes ethnies (voir illustra-tion2).d’autresproductionsartisanalescommelapoterie,le tissage et la tannerie témoignent d’un savoir-faire localséculierdont lesobjets intéressent les touristesquien fontdesphotographies.levillagetraditionneldeRhoumzouestparexempleanimépar lesactivitésdepotièresetd’habilestisserandsdont larenomméeestsignaléedepuis lapériodecoloniale(zra,1993).Ainsi,despotsenterrecuiteauxmotifsdécoratifs sont exposés aux visiteurs. des tissus fabriquésselon les techniquesancestralesysontcommercialisés.dessandalesetdessacs issusde latannerie localesontexposéssurlemarchélocaletrégulièrementvendusauxtouristesquipassentdanscettelocalité.

Au rang du patrimoine immatériel, diverses manifes-tations culturelles à l’instar des pratiques rituelles, des fêtesd’initiation,desmariagestraditionnelsetdesfunéraillessontpratiquéesparlespeuplesdesmontsMandara.

Envertudecescaractéristiquesnaturellesetculturelles,lesmonts Mandara ont été répertoriés comme l’une des desti-nationsprivilégiéesdes touristesquiarriventaucameroun.déjà en 1959, les administrateurs coloniaux Friso et Jean-claude Froelich construisent le tout premier campement àRhoumsiki (Ahmadou, 1997). l’État camerounais, devenuindépendanten1960,vacontinuercettepolitiquedepromo-tiondutourismedanslarégioneninitiantlaconstructiondesinfrastructures routières pour faciliter l’accès aux sites. les

ILLUSTRATION 1 : Vue d’une concession mouktélé

dans les monts Mandara (photo : Melchisedek Chétima).

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structures d’hébergement et de restauration voient aussi lejour,toutcommelecampementdeMokoloen1972,lecentreartisanal de djinglia en 1982, les restaurants la casseroleen 1987, le Petit Paris en 1992, etc. (zra, 1993; Ahmadou,1997).Ilressortdoncque,enintroduisantuneruptureaveclequotidiendestouristes,lepatrimoinedesmontsMandaraa contribué à sa touristification. cependant, la compétitionqueselivrentlespopulationspourattirerunfluximportantdestouristesdansleurs localitésrespectivesinduitdesmisesenscènedelaculturepourlarendredavantageséduisanteetconformeauxdiscourssurl’authenticité.

quête d’authenticité et invention de l’altérité dans les monts mandarales touristes expriment une certaine curiosité à l’égard detout ce qui paraît ancestral (Bassaka Kouma, 2007 : com-munications personnelles). les populations locales, prenantconsciencedecettecuriosité, se théâtralisentet théâtralisentleursusetcoutumesàlafaveurdesdividendeséconomiques.

Discours sur l’authenticité et mise en scène de la culture locale : le cas de la chefferie d’Oudjilala grande majorité des textes touristiques sur Oudjila pré-sente cette localité comme étant le berceau de l’authenticitéculturelle.Ilsmettentl’accentsurl’imaged’uneculture«pré-servée»,«stable»et«ancestrale»,commecelaapparaîtdansl’extraitci-dessous:

départpourlavisiteduvillagetraditionneldeOudjila,chefferie vieille de plus de 350 ans perchée au som-metd’unmontquidominetoutelarégion;lesaré[la

concession]duchefestunlabyrinthedecasesauthenti-quesentouréesd’uneenceintetricentenaire.Principaleattraction:ladansedes45femmesduchef(Petitcôte,nondaté).l’«authenticité» et la«primitivité» sontainsiprésentées

comme les fondements de l’attraction touristique d’Oudjilaet elles se trouvent condensées dans la concession du chef,elle-même présentée comme «authentique» et «vieille dequatresiècles».undétourdansl’histoiredecepeuplemontrecependant que cette concession n’est pas aussi vieille que laprésententlestextestouristiques.Eneffet,lesiteactueldelamaisonduchefn’estpaslemêmequeceluiàl’installationdesgens d’Oudjila dans les monts Mandara. Selon les autoch-tones, la concession du chef était auparavant située sur lespremiersescarpementssurplombantlesplainesdeMora.Or,auXVIIIesiècle,leroyaumeesclavagisteduwandalatransfèresa capitale de doulo pour la fixer à Mora. ce changementrefouledavantage lespopulations sur les crêtesmontagneu-ses(Boutrais,1973:109).c’estdanscecontextequelesgensd’Oudjila délogent la concession de leur chef pour l’établirenpleinsmassifs.ceciétait importantdans lamesureoù leroyaumeduwandalaavaitpourrôledecapturerlesesclavesparmilesmontagnardsetlesmontagnardes,etdelesvendreaux Bornouans (Boutrais et al., 1984). Quelques donnéesmatérielles (pots ancestraux, tombes ancestrales) contenuesdanslaconcessionpermettentdesituersaconstructiondansl’intervallede100à150ans(voirillustration3).

Par ailleurs, cette concession n’est pas restée une réalitéfigée comme l’indique l’extrait ci-dessus. En vue de créerde l’espacepour lesnouvellesépousesquiarrivaientchaque

ILLUSTRATION 2 : Une potière rencontrée à Rhoumzou (photo : Melchisedek Chétima).

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année,elleétaitsanscesseremodelée,etseshautesmurailles,sanscessedétruitesetreconstruites.

Autre objet de fascination des touristes, c’est le nombreimpressionnantdesépousesduchef:unecinquantaineselonles guides touristiques. Pourtant, lors des investigations del’auteur, il ressort que «la cinquantaine d’épouses» est uneinvention locale destinée à entretenir l’activité touristique.chezlesgensd’Oudjila,eneffet,chaqueépousevivantdansla concessionpossède sonpropredomainearchitecturalquicomprendunecuisine,unecaseà coucheretdeuxgreniers.Il existe au total 16 domaines affectés aux épouses dans laconcessionduchef.Enplusdecela,deuxautrescasesabritaientdeuxnouvellesépousesaumomentduséjourderecherchedel’auteuren2007.cequiporteà18lenombretotaldesfemmesduchefvivantdanssonpalaisàcettepériode.Surlabasedecesobservations,l’auteuraréaliséunenouvelleentrevueaveclechefetd’autresinformateursàl’issuedelaquelleilsavouè-rentquelenombre50estuneexagérationdestinéeàséduire«l’hommeblanc»etàentretenirsacuriositétouristique.

Ilyadoncunréeldécalageentrelediscourssurl’authen-ticité telle que véhiculée par les brochures touristiques etla réalité culturelle. ce décalage vient du fait que les guidestouristiques et les accompagnateurs locaux fournissent auxvisiteursdesinformationsquitiennentcomptedelademandetouristique.Ilsestimentque les touristessontà larecherched’une société «pure», «immuable» et exempte d’influencesextérieures. les avantages avant tout économiques de leurprésencelesamènentàremanierleursdiversesmanifestationsculturelles(doquet,2002),cequiprovoquetrèssouventdesreconfigurationsidentitaires.

Authenticité et réinvention de l’identité culturelledans la perspective d’urry (1990), la marchandisation del’authenticitévéhiculéeparlesmédiastouristiquesconduitàladénaturationdel’imagedessociétésréceptricesdetouristes.Ellerenforcelamiseenscèneetpeutaboutiràlareconfigura-tiondupaysageculturellocal.cetteconsidérationtrouveuncertainéchochezgeorgescazes(1989:103)lorsqu’ilécritcequisuit:

dansceprocessus,unerégionetseshabitantsdevien-nentunbut etundécordevacances,unobjetdésiréetpartiellementconsommépardesvisiteursextérieurs,préparés, modelés, mise en scène à leur destination[…] avec toutes les conséquences environnementalesmaisaussiculturellesquipeuventendécouler.Partant de ce postulat, on peut observer deux réactions

différentesauseindessociétéstouristifiées.dansunpremierscénario, lasociété localerépondà l’imagequ’onluiassigneparlathéâtralisationdesesusetcoutumestoutenpréservantsonidentitéculturelle(cohen,1995:16).Enagissantcommeunsubstitutàl’original,l’authenticitémiseenscèneempêche,seloncetauteur,laculturedelacommunautéd’accueild’êtreperturbéeparlestouristes.danscetteavenue,lerecoursàlamise en scène ne constitue qu’une ressource mobilisable entemps utile, lorsqu’il est avantageux pour la société de pro-mouvoir son caractère traditionnel (laplante, 1996 : 96).c’est ce qu’on observe chez les maîtres de pluie ouldéméqui,enprésencedestouristes, fontunsimulacrede la façondont ils manient les pierres rituelles, non sans exagération.cependant,lorsqu’ilsseretrouventdansleurvécuquotidien,le rituel s’effectueconformémentà leurcultureet tradition.

ILLUSTRATION 3 : Entrée de la concession

du chef d’Oudjila (photo : Melchisedek Chétima).

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Onpourraitégalementévoquer lecasdusorcierauxcrabeschezlesKapsiki.Ils’agiteneffetd’unvieuxforgeronquialachargedeprédirel’avenirduvillageeninterprétantlesmou-vementsdescrabesplacésaufonddesamarmitedeterre.Ilremplitlesfonctionsdedevindanslasociété(zra,1993).Enprésencedestouristes,lespratiquesdivinatoiresduditsorciertendentdavantageàleurfairevivreuneexpérience«authenti-que»ou«existentielle»danslesensdewang(1999).

ledeuxièmescénarioestlerisquepourlasociétéd’accueild’incorporerlamiseenscènedanssonpatrimoineculturel.larépétitiond’uneculturefolkloriséepeutaboutir,selondoquet(2002), à sa cristallisation dans les mentalités. dans cettelogique, comme le souligne le penseur de l’«hyper-réalité»,umbertoEco(1986:33),«lefauxestreconnucommehistori-queetcommetelilestdéjàrevêtud’authenticité».c’estcequis’observechezlesgensd’Oudjilaàtraverslespectaclededansequej’aiévoquéplushaut.cettedansequis’exécutetradition-nellement à des moments précis de l’année est aujourd’huiintégréeàdesproduits touristiques.En tantque tel, elle estorganiséeàplusieursreprisesaucoursd’unemêmeannée,àlademandedestouristessouventprêtsàensupporterlesfrais.demême,iln’existaitpasdeparureappropriéeàcettedanse.SelonKouma(BassakaKouma,2007:communicationsper-sonnelles),lestenuesd’apparatportéesparlesfillesd’Oudjilaseraientoffertesparungroupedetouristesitaliens.lespec-taclededanseestdèslorsvidédesasubstancetraditionnelle,quoiqu’ilsuscitechezletouristeunesensation«authentique».OnpourraitdireavecdavidBrown(1999 :42)qu’il reposesur le principe du «faux authentique». Toutefois, les popu-lationslocalesconsidèrentcefolklorecommeunevitrinedeleuridentitéculturelle.

Au-delàdesdiscoursetdesmisesenscène,unautreaspectimportantdel’analysedel’authenticitéconsisteàs’intéresseràl’iconographieproduiteparlesvoyagistes.

Productions d’images et construction de l’authenticité des monts mandaral’iconographieconstitueunélément importantdans l’expé-riencetouristique.àcesujet,urry(1990:139)estimececi:

laphotographiefaçonnelevoyage.Elleestlaraisonquipousseàs’arrêter,puisàrepartir[…]lesgenssententqu’ilsnedoiventpasmanquerdesscènesvisuellesspé-cifiques[...]letourismedevientsouvent,defait,unequêtedelaphotogénie:levoyagedevientunestratégied’accumulationdephotographies.Pourmieuxétudier lerôledecettephotographiedans la

constructiondel’authenticitédesmontsMandara,l’auteuraoptépourun traitement endeux temps.Premièrement, il adéterminélestypesetlesnaturesdespaysagesutiliséscommesupportd’images,ensuiteilaétudiélesvaleursquiressortentdecettesélectioniconographique.

Corpus d’images et nature des paysages utilisés comme supportlecorpusiconographiquedel’auteurcorrespondàunesélec-tion des images produites dans le cadre de la promotion dutourisme dans les monts Mandara. l’auteur a ainsi identifié50 images dans la galerie photographique des sites internet

de quatre promoteurs touristiques différents, et 100 cartespostalesrepéréesàladélégationrégionaledutourismedel’Ex-trême-NordetdanslesdélégationsdépartementalesduMayo-Tsanaga, du Mayo-Sava et du diamaré qui se repartissent lazonedesmontsMandara.Aprèsuntravaildedépouillement,trois typesdepaysagessedessinentavecunereprésentativitéinégale.d’aborddominentlargementlescérémoniesculturel-les anciennes, transformées en folklores; ensuite viennent lepaysagenaturel;etenfinlepatrimoinebâti.

les images relatives aux manifestations culturelles(fêtes traditionnelles, rites, marché traditionnel, spectaclededanse,etc.)représentent37%del’ensembledesimagesdépouillées.Plusdelamoitiéportesurladanse«exotique»desépousesduchefd’Oudjila.Ensuiteviennent lesphotosdesfemmesaumarchédeTourou.lescérémoniesfunèbreschez lesMafaetMofuet lessimulacresdecombatchez lesPodokwo sont aussi représentés,quoiqu’ennombre réduit.l’auteuraobservéquelaplupartdesphotosayanttraitauxmanifestationsculturelles renvoientàd’anciens rites tradi-tionnels.Enrevanche,iln’atrouvéaucuneimageportantsurdes cérémonies traditionnelles telles qu’elles se pratiquentaujourd’hui,ouencoredesphotossurlequotidienactueldespopulationsdansleurslieuxdevie.

le paysage naturel représente 29 % de la photographietotale. les pics de Rhoumsiki seuls représentent plus dela moitié de l’iconographie relative à l’environnement. ledeuxième élément mis en exergue est l’aménagement desmontagnes en terrasses pour illustrer la manière dont lespopulationsonttransforméleurmilieuprécaireenterrainfer-tilepourl’agriculture(voirillustration4).d’autresélémentsnaturels à l’instarde la faune,de lavégétation,des escarpe-mentsrocheuxouencoredesgrottessontégalementreprésen-tés.Parcontre, lesplateauxintérieurs, lespetitesaltitudesetlesplainessonttrèspeuprésentsendépitdufaitqu’ilsconsti-tuentenviron50%delasuperficietotaledesmontsMandara.àlaquestiondesavoirpourquoilesproducteursd’imagesnevalorisentpascestypesderelief,zokoïrépond(Albertzokoï,2009 : communications personnelles) : «les plaines et lesplateauxsontpeuattractifs.lestouristesn’ontpasbesoindequitterleurspayspourvenirlesvisiter.Ilspeuventlestrouverpartout.Noussommessoumisauxexigencesdumarketing.»

le patrimoine bâti occupe environ 22 % de l’ensembledesimagesanalyséesdontplusdelamoitiéportesurlaseuleconcession du chef d’Oudjila. Il existe pourtant d’autresconcessions plus imposantes et mieux conservées qu’elle.Ellessontnéanmoinssous-représentées.àpriori,onpour-rait supposer que les producteurs d’images devraient aussis’intéresser à d’autres types de construction dans d’autreslocalitéspourdiversifierleursoffres.lesmaisonsentôles,enparpaingsouenbriquesdeterresont,quantàelles,quasi-mentabsentesdel’iconographie.

Enfin, 12 % des photos portent sur d’autres élémentsnaturels (faune, plaine, plateau, vallée, etc.) et culturels (artculinaire, artisanat, poterie, etc.) que les voyagistes considè-rent comme peu attractifs. cette analyse d’images permetd’avancer l’hypothèseque l’iconographie touristiquenemetenévidencequelesaspectsdontlecontenuetlavaleurrépon-dentàlaquêtedel’authenticitédestouristes.

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Iconographie touristique : un reflet des discours sur l’authenticitéune des spécificités de l’iconographie touristique est dedonneràlanatureetàlacultureunevaleurludique.danscesens,elleinduitlarecréationdepaysagesdansl’optiqued’ac-croîtreleurpotentieltouristique(BeringuieretSaadi,2010).danslesmontsMandara,troislocalitéssontmisesenvaleurparlaphotographie,àsavoirlachefferied’Oudjila,levillagedeRhoumsikiet levillagedeTourou.lamiseenimagesdupaysage(cultureletnaturel)decestroisdestinationsest liéeaux valeurs qui leur sont associées et qui se résument enauthenticité,ancestralitéetexotisme.

Parailleurs,unconstatquisedégageestquel’iconographiepublicitairenerendpascomptedeschangementsintervenusauniveaudupatrimoinecultureletnaturel.Mêmelesphotosrécentesseréfèrenttoujoursauxanciensritesetauxanciennespratiques culturelles. Parfois, les photographes sont obligésde rechercher les survivances culturelles dans les différenteslocalitéspourleurservirdesupportd’images.Selondagawa(Philippedagawa,2009 :communicationspersonnelles), lesphotographes donnent souvent des conduites à tenir avanttouteprisedevueetrenseignentsurlapostureàadopter,lesbijouxàporter,lesitesurlequelsetenir,lerepasàpréparer,leshabitsàporter,etc.Bref,toutestconditionnédesortequelestraitsdelaculturemodernenesoientpasreprésentés.laphotographieassureainsil’objectivationdulieu,c’est-à-diresa«miseàdistance»(urry,1990),envued’épouser lesdis-cours sur l’authenticité. c’est dans ce sens qu’Augé (1997)estimequ’ily’atrèssouventunedisparitéentrel’iconographietouristiqueetlaréalité.

ce qui suit permet de confirmer l’hypothèse que lesimages touristiques participent de l’invention de la tra-dition au sens de hobsbawm et Ranger (2006). Turnermontrebiencetterelationbiaiséeentre l’industrie touris-tiqueet l’authenticité enécrivantque«l’industrie touris-tique, en créant l’illusion de l’authenticité, renforce […]l’expériencedelasimulationsocialeetculturelle»(Turner,1994 : 185). dans cette logique, urry dépeint le touristecomme un consommateur non seulement du patrimoine«authentique»,maisaussidesareprésentationsousformed’images(urry,1990:148).

monts mandara : vers la sortie du tourisme ?depuisquelquesdécenniesdéjà,s’observeunebaisseremar-quable de l’activité touristique dans les monts Mandara.cependant, l’une des difficultés auxquelles l’auteur a faitfaceestl’absenced’indicateursstatistiquespourévaluercettediminutiondunombredestouristes.Eneffet,lamiseàjourdes données statistiques au cameroun est lente et ne suitpas le développement du tourisme. Pour le cas des montsMandara, les quelques chiffres disponibles à la délégationrégionaledutourismede l’Extrême-Nordremontentàunedate très ancienne. Pour pallier à ce problème, l’auteur amenédesenquêtesauprèsdesvoyagistesetdespopulationslocales.Seignobos(christianSeignobos,2007:communica-tions personnelles) évoque, pour la plupart, des handicapsd’ordrecultureletpromotionnelpourexpliquerl’amenuise-mentdel’attraittouristiquedecetterégion.

ILLUSTRATION 4 : Aperçu d’une montagne

aménagée en terrasse (photo : Melchisedek Chétima).

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Contraintes culturellesdans lesmontsMandara, lepatrimoineculturel est entrédans une phase de rupture avec le passé. les cérémoniesculturelles (fêtes, rituels, danse, pratiques divinatoires,etc.), lorsqu’elles n’ont pas disparu, intègrent de plus enplus des objets issus de la modernité. l’altérité radicalequ’ellesmanifestaients’amenuisedeplusenplus.àOudjilapar exemple, la construction chorégraphique, rythmiqueet musicale du spectacle de danse a fortement changé etse rapproche des rythmes à l’«occidental». de plus, lesjoueursd’instrumentsdemusiquestraditionnellesse fontdeplusenplusraresetlespopulationslocalesrefusentdese«donneràvoir»auxtouristes.Or,pourletouriste,toutapportmoderneestunpasverslafamiliaritéavecsonquo-tidien et donc vers la perte de l’authenticité de la culturevisitée.celle-cinepeutdésormaiscorrespondreà l’imagepréconçue,d’oùlapertedesonpouvoird’attractionetdesespotentialitéstouristiques.

les habitations traditionnelles sont aussi en train deconnaître un rapide changement. les fonds générés parle tourisme ont servi à l’achat des matériaux modernesde construction.Ainsi, les toits en tiges de mil font placeaux toits en tôles ondulées. la forme ronde des cases estremplacée par la forme carrée ou rectangulaire. le piséfaitplaceauxparpaings,tandisquelesplanchesetlesboismodernesremplacentlesbranchesd’arbresdanslaconfec-tiondestoitures.cestransformationsarchitecturalesn’ontpasépargnélesconcessionsdeschefstraditionnels,commel’attestel’introductiondelatôleonduléedanslepalaisduchefd’Oudjila.

En raison du caractère consumable des tiges de mil, lechef d’Oudjila avait décidé de faire usage de la tôle ondu-léepourréfectionnercertainesstructures.lepalaisduchefavait déjà connu deux grands incendies qui l’ont fragilisétantsurleplandesmatériauxquesurleplandesonfonc-tionnement.laquestiondesonréaménagementfutdèslorsposée, et le chef se trouvait face à un dilemme. Introduirelatôleonduléeetrompreavecletourisme,ouconserverlestoitsentigesdemilets’exposeràunéventuelincendie?lestouristesontmilitépourlaconservationdumodèleancien(christianSeignobos,2007:communicationspersonnelles).à défaut de conserver ce modèle, certains en sont venus àpréconiserunesortedetoiturefaiteentôlesondulées,maisrecouvertesdestressesentigesdemil.cettepropositionnesera pourtant pas adoptée, et la tôle sera introduite pourconfectionnerlehangarextérieur,lescasescérémonielles,lacaseàpotsancestrauxetlachambreducheflui-même.lescasesentigesdemilsontrestéesl’apanagedesépousesetsedégradent, fauted’entretien.c’estde làquevient labaisseprogressivedunombredestouristesquiserendentàOudjila(christianSeignobos,2007:communicationspersonnelles).On pourrait également justifier cette baisse par l’absenced’innovationdel’actionpromotionnelle.

Insuffisance de l’action promotionnellel’action promotionnelle du tourisme dans les montsMandaraestrestéefaibleettimide.Elleestrestéeconcentréesurtroisprincipauxsites,àsavoirlesvillagesdeTourou,de

Rhoumsikietd’Oudjila.lespromoteurstouristiquesn’ontpassuprofiterdelarichesseetdeladiversitédupatrimoinenaturel et culturel d’autres peuples pour diversifier leursoffresetrépondreainsiauxattentes infiniesdestouristes.des sites à l’instardumontMourahaabritant les tombesdessoldatseuropéenstombéssurlechampdebataillelorsde la deuxième guerre mondiale sont absents dans lesguides et brochures touristiques. cette guerre a opposéla troupe allemande (dernière faction de résistance) deMoraauxtroupesfrançaiseetanglaise.IlexisteégalementdesvestigesarchitecturauxparticulierschezlesMafadontl’origineremonteauMiddleStoneAge(david,2004).lespromoteurs touristiques n’ont pas valorisé ces superbesconstructionsentantquepatrimoinearchitecturalancien.

l’absence de diversification des pôles d’attractiona favorisé la fréquentation des mêmes sites au pointqu’ils paraissent aujourd’hui familiers aux touristes(christian Seignobos, 2007 : communications personnel-les).Or,lorsqueladestination«s’apparentetropfortementaulieuparfaitementconnuetmaîtrisé,sonattraittouristi-quediminueetlestouristespourraientrechercherailleursledifférentielsouhaité»(ÉquipeMIT,2002:102).

conclusionl’excellence d’une destination est certes déterminée parplusieursfacteurs,notammentlanature,laqualitédessites,les aménagements touristiques, le marketing touristique,etc.l’objectifdel’auteurétaitd’étudiercertainsdecesfac-teurs sous leprismeduconceptd’authenticité.Pour cela,il s’est intéressé à deux postures théoriques autour de ceconcept,àsavoirlavisionobjectiviste(Maccannell,1976;chahabra et al., 2003) et la vision constructiviste portée,entre autres, par urry (1990), cohen (1988) et Bruner(1994).Sonintérêtpourlanotiond’authenticitéprovientdesonquestionnementrelatifaurapportqu’elleentretientaveclapromotiond’unlieuendestinationtouristique.

Ainsi,enappliquantlepointdevueobjectivisteauter-raind’étude,l’auteuraprésentélespotentialitésnaturellesetculturellesdesmontsMandarapourmettreenexergueleurdegréd’altéritéparrapportà laculturemodernedestouristes.cependant,ledésird’atteindrelesperformancessouhaitéesparlestouristesaconduitàlamiseenscènedecertainesmanifestationsculturelles.l’auteuraaussiillustrécelaenévoquant,entreautres,lespectaclededanseréguliè-rementoffertauxtouristesàOudjila.Enrevanche,l’appro-che constructiviste a permis de cerner l’importance de lamédiationdansledéveloppementdel’activitétouristique.Enpostulantqueletouristedétientunpouvoirsurleslieuxetlessociétésqu’ilvisite,urryestimequesonregarddoitêtrenourripardesimagessusceptiblesdeguidersonchoixdanslelotd’autresimages(urry,1990:148).decefait,enproduisantdesphotosidéaliséesdesmontsMandaraetenconcevantdespotspublicitairespourlesprésentercomme«authentiques»,lesvoyagistesontcontribuéàfairedecetterégionunhautlieudutourismecamerounais.

Ainsi, les trois aspects de l’authenticité (réelle, mise enscèneetconstruite)constituentlesoclesurlequelreposel’in-dustrietouristiquedanslesmontsMandara.Oncomprend

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dès lors pourquoi l’adoption de nouveaux traits culturelset l’absence de diversification de l’offre sont avancés pourexpliquerlabaisseactuelledel’achalandagetouristiquedanscetterégionmontagneuseducameroun.

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En dehors des dossiers thématiques, Téoros ouvre ses pages aux propositions spontanées. la rédaction invite tous les cher-cheurs qui œuvrent dans le domaine du tourisme ou qui s’in-téressent au tourisme sous tous ses aspects à soumettre des articles de nature analytique à la revue. On peut soumettre un article en l’envoyant à :

t e o r o s @ u q a m . c a

les textes soumis doivent apporter une contribution scien-tifique originale, que ce soit par le biais d’information fac-tuelle jusqu’alors inconnue ou par une nouvelle interprétation d’un thème particulier. Téoros vise avant tout le transfert de connaissances ; son objectif est donc de promouvoir une meilleure compréhension des phénomènes liés au tourisme.

les auteurs doivent faire parvenir un manuscrit présenté selon les règles de la revue, disponibles au teoros.revues.org. Un article compte environ 7000 mots et n’excède pas 7500 mots, avec trois ou quatre illustrations en 300 ppp. les articles

peuvent être soumis en anglais ou en français et doivent être accompagnés d’un résumé de 200 mots et de cinq mots-clés.

la publication des articles se fait sous réserve d’une évalua-tion. Tous les manuscrits seront évalués anonymement par des pairs, qui pourront faire des suggestions ou demander des modifications. la rédaction transmettra l’avis des évaluateurs aux auteurs et s’assurera que les modifications demandées seront apportées.

au plaisir de vous lire dans nos pages.

REVUE DE RECHERCHE EN TOURISME

Appel à textes