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UNIVERSITE CLAUDE BERNARD - LYON 1 FACULTE DE PHARMACIE
INSTITUT DES SCIENCES PHARMACEUTIQUES ET BIOLOGIQUES
2014 THESE n°144
T H E S E
pour le DIPLOME D'ETAT DE DOCTEUR EN PHARMACIE
présentée et soutenue publiquement le 2 décembre 2014
par
Mlle Chloé PARIS
Née le 11 octobre 1989
à Neuilly-sur-Seine (92)
*****
LA THROMBOLYSE DES INFARCTUS CEREBRAUX :
HISTORIQUE, ACTUALITE, PERSPECTIVES
*****
JURY
M. Gilles AULAGNER, Professeur des Universités - Praticien Hospitalier
M. Laurent DEREX, Docteur en Médecine - Praticien Hospitalier
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AHU : Assistant Hospitalier Universitaire
PAST : Personnel Associé Temps Partiel
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Remerciements
A Monsieur Gilles Aulagner,
J'ai eu le privilège de recevoir son enseignement à la faculté. Il me fait l'honneur d'être le
Président du Jury de cette thèse.
A Monsieur Laurent Derex,
Je tiens à le remercier pour son soutien, sa disponibilité et ses conseils tout au long de ce
travail.
A Monsieur Xavier Dode,
Je tiens à le remercier pour sa présence dans ce jury.
A mes parents, à mes grands-parents, à mon oncle Eric, à Monique, à ma famille,
A Vanessa,
A mes amis de fac : Marion, Mélanie, Perrine, Claire, Pauline v, Pauline b, Hélène...,
A tous ceux qui me sont chers.
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Table des matières
Liste de tableaux .................................................................................................................. 12
Liste des figures ................................................................................................................... 13
Liste des abréviations .......................................................................................................... 14
Introduction ....................................................................................................................... 16
Partie 1 : Généralités sur les infarctus cérébraux .......................................................... 18
1. Physiopathologie de l’ischémie cérébrale ................................................................ 18
2. Etiologies .................................................................................................................. 19
3. Signes d’alerte de l’AVC et information du grand public ........................................ 20
4. Admission en unité neurovasculaire (UNV) ............................................................ 21
5. L’apport de la télémédecine ..................................................................................... 21
6. Imagerie cérébrale et vasculaire ............................................................................... 22
7. Traitement à la phase aiguë ...................................................................................... 23
7.1. Mesures générales ............................................................................................. 23
7.2. Traitement médicamenteux ............................................................................... 24
7.2.1. Traitement thrombolytique ........................................................................ 24
7.2.1.1. Indication et posologie de l'altéplase ..................................................... 24
7.2.1.2. Contre-indications de l'altéplase ........................................................... 25
7.2.1.3. Effets délétères de la thrombolyse ........................................................ 26
7.2.1.3.1. Les hémorragies intracérébrales ..................................................... 26
7.2.1.3.2. La toxicité neuronale ...................................................................... 31
7.2.2. Traitement antithrombotique ..................................................................... 32
7.3. Traitement neurochirurgical .............................................................................. 33
8. Traitement préventif ................................................................................................. 33
Partie 2 : Les principaux acteurs de la fibrinolyse physiologique ................................ 35
1. Le fibrinogène........................................................................................................... 35
2. La fibrine .................................................................................................................. 36
3. Le plasminogène ....................................................................................................... 38
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4. Les activateurs physiologiques du plasminogène ..................................................... 39
4.1. Activateur tissulaire du plasminogène : t-PA .................................................... 39
4.1.1. Historique du t-PA ..................................................................................... 39
4.1.2. Structure et activité du t-PA ....................................................................... 40
4.2. Activateur urinaire du plasminogène : u-PA ..................................................... 41
4.2.1. Structure de l’u-PA .................................................................................... 41
4.2.2. Activité de l’u-PA ...................................................................................... 42
5. La plasmine .............................................................................................................. 43
6. Les inhibiteurs de la fibrinolyse ............................................................................... 44
6.1. Les inhibiteurs des activateurs du plasminogène .............................................. 45
6.2. Les inhibiteurs de la plasmine ........................................................................... 45
6.3. Autres inhibiteurs de la fibrinolyse ................................................................... 46
7. Résumé des principaux acteurs de la fibrinolyse physiologique .............................. 47
Partie 3 : Les premiers thrombolytiques utilisés dans les infarctus cérébraux ........... 48
1. Thrombolytiques administrés par voie IV ................................................................ 48
1.1. Plasmine ............................................................................................................ 48
1.2. Urokinase .......................................................................................................... 49
1.3. Streptokinase ..................................................................................................... 50
1.3.1. Structure et activité .................................................................................... 50
1.3.2. Essais cliniques .......................................................................................... 51
1.3.2.1. MAST-E ................................................................................................ 51
1.3.2.2. MAST-I ................................................................................................. 52
1.3.2.3. ASK ....................................................................................................... 53
1.3.2.4. Comparaison des études MAST-E, MAST-I et ASK ........................... 55
1.3.2.5. Conclusion ............................................................................................. 55
2. Thrombolytiques administrés par voie IA : pro-urokinase et urokinase .................. 56
2.1. PROACT I ......................................................................................................... 56
2.2. PROACT II ....................................................................................................... 57
2.3. MELT ................................................................................................................ 59
2.4. Comparaison des études PROACT I, PROACT II et MELT ............................ 61
2.5. Conclusion ......................................................................................................... 61
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Partie 4 : Stratégies thérapeutiques actuelles ................................................................. 62
1. Altéplase IV .............................................................................................................. 62
1.1. Les débuts du t-PA recombinant (rt-PA) .......................................................... 62
1.2. Essais cliniques ................................................................................................. 63
1.2.1. NINDS ....................................................................................................... 63
1.2.2. ATLANTIS ................................................................................................ 65
1.2.3. ECASS I ..................................................................................................... 66
1.2.4. ECASS II ................................................................................................... 67
1.2.5. ECASS III .................................................................................................. 69
1.2.6. IST-3 .......................................................................................................... 70
1.2.7. DEFUSE et EPITHET ............................................................................... 72
1.2.8. Résumé des principaux essais cliniques .................................................... 74
1.3. Etudes observationnelles ................................................................................... 76
1.3.1. SITS-MOST ............................................................................................... 76
1.3.2. SITS-ISTR ................................................................................................. 77
1.3.3. Résumé des études observationnelles ........................................................ 79
1.4. Limites du rt-PA IV........................................................................................... 80
2. Altéplase IA et thrombectomie mécanique .............................................................. 81
2.1. Les débuts de la thrombolyse IA et des techniques endovasculaires ................ 81
2.2. Les dispositifs de recanalisation ........................................................................ 81
2.3. Essais cliniques évaluant l'approche endovasculaire ........................................ 84
2.3.1. EMS ........................................................................................................... 84
2.3.2. IMS I .......................................................................................................... 85
2.3.3. IMS II ......................................................................................................... 86
2.3.4. RECANALISE ........................................................................................... 87
2.3.5. IMS III ....................................................................................................... 88
2.3.6. SYNTHESIS Expansion ............................................................................ 90
2.3.7. MR-RESCUE ............................................................................................. 91
2.3.8. THRACE ................................................................................................... 92
2.3.9. Résumé des différentes études ................................................................... 94
2.4. Recommandations actuelles .............................................................................. 96
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Partie 5 : Perspectives thérapeutiques ............................................................................. 97
1. Thrombolyse associée aux antithrombotiques .......................................................... 97
1.1. Thrombolyse et aspirine .................................................................................... 97
1.2. Thrombolyse et eptifibatide .............................................................................. 98
1.3. Thrombolyse et argatroban.............................................................................. 100
1.4. Conclusion ....................................................................................................... 101
2. Nouvelles molécules thrombolytiques.................................................................... 102
2.1. Ténectéplase .................................................................................................... 102
2.1.1. Structure et activité .................................................................................. 102
2.1.2. Essais cliniques ........................................................................................ 104
2.1.2.1. Etude pilote d'escalade de dose ........................................................... 104
2.1.2.2. Etudes comparant le ténectéplase à l'altéplase .................................... 105
2.2. Desmotéplase .................................................................................................. 111
2.2.1. Structure et activité .................................................................................. 111
2.2.2. Essais cliniques ........................................................................................ 113
2.2.2.1. DIAS.................................................................................................... 113
2.2.2.2. DEDAS................................................................................................ 114
2.2.2.3. DIAS-2 ................................................................................................ 115
2.2.2.4. DIAS-3 et DIAS-4 ............................................................................... 118
2.3. Conclusion ....................................................................................................... 119
3. Les AVC du réveil : étude WAKE-UP ................................................................... 120
Conclusions ...................................................................................................................... 121
Bibliographie ..................................................................................................................... 123
Annexes ............................................................................................................................. 139
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Liste de tableaux
Tableau I. Les principaux acteurs de la fibrinolyse ......................................................................................... 47
Tableau II. Résumé des études MAST-E, MAST-I et ASK ............................................................................ 55
Tableau III. Résumé des études PROACT I, PROACT II et MELT ............................................................... 61
Tableau IV. Résumé des caractéristiques des études NINDS, ATLANTIS A et B, ECASS I, ECASS II,
ECASS III et IST-3 ......................................................................................................................................... 74
Tableau V. Résumé des résultats des études NINDS, ATLANTIS A et B, ECASS I, ECASS II, ECASS III
et IST-3 ............................................................................................................................................................ 75
Tableau VI. Résumé des études observationnelles SITS-MOST et SITS-ISTR ............................................. 79
Tableau VII. Résumé des caractéristiques des études EMS, IMS I, IMS II, RECANALISE, IMS III,
SYNTHESIS, MR-RESCUE et THRACE ...................................................................................................... 94
Tableau VIII. Résumé des résultats des études EMS, IMS I, IMS II, RECANALISE, IMS III, SYNTHESIS
et MR-RESCUE .............................................................................................................................................. 95
Tableau IX. Résumé des études comparant le ténectéplase à l'altéplase ....................................................... 109
Tableau X. Résumé des études évaluant la desmotéplase DIAS, DEDAS et DIAS-2 .................................. 117
Tableau XI. Comparaison des caractéristiques pharmacocinétiques et pharmacodynamiques de l'altéplase,
du ténectéplase et de la desmotéplase ............................................................................................................ 119
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Liste des figures
Figure 1. Évolution de la zone de l’ischémie cérébrale en l’absence de recanalisation .................................. 18
Figure 2. Schéma d’une embolie cérébrale ...................................................................................................... 19
Figure 3. Message FAST ................................................................................................................................. 20
Figure 4. IRM cérébrale pré et post-thrombolyse ............................................................................................ 23
Figure 5. Classification des hémorragies intracérébrales selon ECASS .......................................................... 29
Figure 6. Mécanisme de la neurotoxicité du t-PA ........................................................................................... 31
Figure 7. La fibrinolyse ................................................................................................................................... 35
Figure 8. Structure du fibrinogène ................................................................................................................... 36
Figure 9. La fibrinoformation .......................................................................................................................... 37
Figure 10. Structure du plasminogène ............................................................................................................. 38
Figure 11. Transformation du plasminogène en plasmine ............................................................................... 39
Figure 12. Structure du t-PA ........................................................................................................................... 41
Figure 13. Structure de l’u-PA ........................................................................................................................ 42
Figure 14. Les différentes formes moléculaires de l’u-PA .............................................................................. 43
Figure 15. Dégradation du fibrinogène et de la fibrine par la plasmine .......................................................... 44
Figure 16. Interaction de l’α2-antiplasmine avec la plasmine ......................................................................... 46
Figure 17. Artériographies cérébrales avant et après injection de rpro-UK .................................................... 58
Figure 18. Structure de l'altéplase (rt-PA) ....................................................................................................... 62
Figure 19. Dispositifs Merci® (séries X et L) ................................................................................................. 82
Figure 20. Système Penumbra® (cathéters et séparateurs) ............................................................................. 83
Figure 21. Solitaire FR® (stent retriever) ........................................................................................................ 84
Figure 22. Structure du ténectéplase (TNK-tPA) .......................................................................................... 103
Figure 23. Structure de la desmotéplase (DSPAα1) ...................................................................................... 112
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Liste des abréviations
ACM Artère Cérébrale Moyenne
ACSOS Agressions Cérébrales Secondaires d'Origine Systémique
AIC Accident Ischémique Cérébral
AIT Accident Ischémique Transitoire
AMM Autorisation de Mise sur le Marché
ARM Angiographie par Résonance Magnétique
ARTIS Antiplatelet therapy in combination with Rt-PA Thrombolysis in Ischemic Stroke
ARTSS Argatroban tPA Stroke Study
ASK Australian Streptokinase Trial
ATLANTIS Ateplase ThromboLysis for Acute Non interventional Therapy in Ischemic Stroke
AVC Accident Vasculaire Cérébral
BHE Barrière Hémato-Encéphalique
CAST Chinese Acute Stroke Trial
CHU Centre Hospitalier Universitaire
CLEAR Combined approach to Lysis utilizing Eptifibatide And Rt-PA
CLEAR-ER Combined approach to Lysis utilizing Eptifibatide And Rt-PA – Enhanced Regimen
DECIMAL DEcompressive Craniectomy In MALignant middle cerebral artery infarcts
DEDAS Dose Escalation of Desmoteplase in Acute Stroke
DEFUSE Diffusion and perfusion imaging Evaluation For Understanding Stroke Evaluation
DIAS Desmoteplase in Acute Ischemic Stroke
DSPAα1 Desmotéplase
ECASS European Cooperative Acute Stroke Study
EGF Epidermal Growth Factor
EMA European Medicines Agency
EMS Emergency Management of Stroke
EPITHET EchoPlanar Imaging THrombolytic Evaluation Trial
EV Endovasculaire
EXTEND EXtending the time for Thrombolysis in Emergency Neurological Deficits
FAST Face, Arm, Speech, Time
FDA Food and Drug Administration
FLAIR Fluid Attenuated Inversion Recovery
HAS Haute Autorité de Santé
HBPM Héparine de Bas Poids Moléculaire
HI-1 Hemorrhagic Infarction type 1 : Infarctus hémorragique de type 1
HI-2 Hemorrhagic Infarction type 2 : Infarctus hémorragique de type 2
HIC Hémorragie intracrânienne
HRG Histidine Rich Glycoprotein
IA Intra-artériel
IMS Interventional Management Study
IRM Imagerie par Résonance Magnétique
IST International Stroke Trial
ITT Intention-To-Treat
IV Intraveineux
LBS Lysine Binding Site
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15
LDL Low Density Lipoprotein
MAST-E Multicenter Acute Stroke Trial - Europe
MAST-I Multicenter Acute Stroke Trial - Italy
MELT Middle Cerebral Artery Embolism Local Fibrinolytic Intervention Trial
MERCI Mechanical Embolus Removal in Cerebral Ischemia
MMP Métalloprotéinase matricielle
MR-RESCUE Mechanical Retrieval and Recanalization of Stroke Clots Using Embolectomy
mRS modified Rankin Scale : Score de Rankin modifié
NIHSS National Institutes of Health Stroke Scale
NINDS National Institute of Neurological Disorders and Stroke
NMDA N-Methyl-D-Aspartate
OHS Oxford Handicap Score
PAI Plasminogen Activator Inhibitor
PDF Produits de Dégradation de la Fibrine et du Fibrinogène
PH-1 Parenchymal Hematoma type 1 : Hématome intra-parenchymateux de type 1
PH-2 Parenchymal Hematoma type 2 : Hématome intra-parenchymateux de type 2
PP Per-Protocole
PROACT PROlyse in Acute Cerebral Thromboembolism
RECANALISE REcanalisation using Combined intravenous Alteplase and Neurointerventional
ALgorithm for acute Ischemic StrokE
rpro-UK pro-urokinase recombinant
rt-PA Activateur tissulaire du Plasminogène recombinant
SITS-ISTR Safe Implementation of Treatments in Stroke – International Stroke Thrombolysis
Register
SITS-MOST Safe Implementation of Thrombolysis in Stroke – Monitoring Study
SK Streptokinase
SWIFT Solitaire With the Intention For Thrombectomy
TAFI Thrombin Activable Fibrinolysis Inhibitor
TASTE Tenecteplase versus Alteplase for Stroke Thrombolysis Evaluation
TCA Temps de Céphaline avec Activateur
THRACE THRombectomie des Artères CErébrales
TICI Thrombolysis In Cerebral Infarction
TIMI Thrombolysis In Myocardial Infarction
TNFα Tumor Necrosis Factor alpha
TNK-tPA Ténectéplase
TOF Time of Flight : Temps de vol
t-PA Activateur tissulaire du Plasminogène
TREVO Thrombectomy REvascularization of large Vessel Occlusions in acute ischemic stroke
UK Urokinase
UNV Unité NeuroVasculaire
u-PA Activateur urinaire du Plasminogène
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Introduction
Problème majeur de santé publique, les accidents vasculaires cérébraux (AVC)
représentent la première cause de handicap acquis de l’adulte, la deuxième cause de
démence après la maladie d’Alzheimer et la troisième cause de mortalité après les
cardiopathies et les cancers dans les pays occidentaux. Chaque année, en France, environ
140 000 personnes sont victimes d’un AVC [1]. La majorité des AVC (85%) sont d’origine
ischémique, regroupant les infarctus cérébraux et les accidents ischémiques transitoires
(AIT) tandis que les AVC hémorragiques ne sont en cause que dans 15% des cas [2].
L’AVC, défini comme un déficit neurologique focal d’installation brutale doit être
considéré comme une urgence médicale [2]. Les progrès réalisés en neurologie vasculaire
ces dernières années, tant sur le plan diagnostique avec le développement de l’imagerie que
sur le plan thérapeutique, ont considérablement amélioré le pronostic.
Tout patient présentant les symptômes d’un AVC nécessite une hospitalisation en
unité neurovasculaire (UNV) dans les plus brefs délais permettant une prise en charge
optimale et ainsi de réduire le taux de mortalité et la sévérité des séquelles fonctionnelles
[2-4].
La thrombolyse intraveineuse (IV) par l’activateur tissulaire du plasminogène
recombinant (rt-PA) est le seul traitement efficace et approuvé en phase aiguë de
l’ischémie cérébrale cependant la rapidité de prise en charge qu’elle nécessite limite son
utilisation. En effet, il est estimé que seulement 1 à 10% des patients ayant un AVC
constitué sont thrombolysés, or 6 à 22% de ces patients sont potentiellement éligibles à la
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
17
thrombolyse [5]. C’est pourquoi le ministère de la santé a élaboré un plan d’actions
national « accidents vasculaires cérébraux 2010-2014 » afin d’améliorer l’organisation de
la filière des soins mais surtout la connaissance par la population des signes d’alerte de
l’AVC et du comportement à adopter face à ces signes, et ainsi diminuer le délai
d’admission en UNV et augmenter le taux de thrombolyse chez les patients éligibles [6].
L’amélioration du pronostic des infarctus cérébraux passe également par la recherche de
nouvelles alternatives thérapeutiques comme la thrombolyse combinée, la thrombectomie
et aussi par le développement de nouveaux agents thrombolytiques plus efficaces et plus
sûrs [7].
Ce travail a pour objectif d’étudier les différentes stratégies thérapeutiques
thrombolytiques utilisées, ainsi que les essais cliniques en cours. Nous commencerons par
quelques généralités sur les AVC ischémiques puis dans un deuxième temps, nous
étudierons la physiologie de la fibrinolyse et ses principaux acteurs. Dans une troisième
partie, nous verrons les débuts de la thrombolyse avec la découverte des premiers
thrombolytiques. Nous poursuivrons par une quatrième partie qui abordera les stratégies
thérapeutiques actuelles dont l'altéplase principalement ainsi que l'avènement de la
thrombectomie. Nous présenterons dans une dernière partie les nouvelles molécules
thrombolytiques actuellement à l’étude telles que la desmotéplase et le ténectéplase ainsi
que d'autres perspectives thérapeutiques comme l’association d’un thrombolytique et d’un
antithrombotique ou encore la prise en charge des AVC "du réveil".
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18
Partie 1 : Généralités sur les infarctus cérébraux
1. Physiopathologie de l’ischémie cérébrale
Deux mécanismes physiopathologiques différents peuvent entrer en jeu : un
phénomène thromboembolique, le plus fréquent, causé par l’occlusion d’une artère
intracérébrale ou plus rarement un phénomène hémodynamique entraînant une chute de la
perfusion cérébrale, par exemple en aval d'une sténose d'une artère à destiné cérébrale.
L’ischémie cérébrale focale résulte d’une diminution de l’apport sanguin en oxygène et
glucose dans un territoire du cerveau, responsable d’une souffrance du parenchyme
cérébral, dont l’étendue dépend de l’état des systèmes de suppléance vasculaire. Lors d’un
infarctus cérébral, une nécrose tissulaire apparait immédiatement lorsque le débit sanguin
cérébral est inférieur à 10 mL/min/100g et provoque des dégâts irréversibles. Cette zone
est entourée par une zone de pénombre réversible si le débit sanguin cérébral est
rapidement restauré grâce à un traitement fibrinolytique par exemple mais elle évolue
défavorablement vers la nécrose en l’absence de recanalisation [8, 9].
Figure 1. Évolution de la zone de l’ischémie cérébrale en l’absence de recanalisation [8]
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19
2. Etiologies
L’athérosclérose, impliquée dans 30% des cas, est la principale cause d’accident
ischémique cérébral (AIC). Elle est responsable dans la majorité des cas d’évènements
thromboemboliques par fragmentation d’un thrombus à partir d’une plaque d’athérome
provoquant l’occlusion d’une artère distale. Les cardiopathies emboligènes (principalement
la fibrillation auriculaire) sont retrouvées dans 20% des cas. Les petits infarctus profonds
dits infarctus lacunaires dus à la lipohyalinose, touchent les artérioles perforantes. Ils sont
principalement retrouvés chez les hypertendus et les diabétiques et sont à l’origine de 20%
des AIC. Chez le sujet jeune, la dissection des artères cervico-encéphaliques est une cause
fréquente d'infarctus cérébral, 20% des cas environ. Enfin, de nombreux AIC (environ
25%) demeurent sans cause identifiée [2, 8].
Figure 2. Schéma d’une embolie cérébrale [10]
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
20
3. Signes d’alerte de l’AVC et information du grand public
L’AVC est une urgence diagnostique et thérapeutique, c’est pourquoi il est important
que la population générale sache reconnaître les signes d’alerte. Il est également
indispensable d’informer la population de l’existence d’un traitement
d’urgence potentiellement administré si le patient est éligible et si le délai de prise en
charge est respecté. Des campagnes d’information permettent de sensibiliser le grand
public et de l’inciter à contacter le centre 15 en cas de suspicion d’AVC. L’utilisation du
message mnémotechnique FAST (Face, Arm, Speech, Time) permet de retenir facilement
trois symptômes principaux qui sont un trouble de la parole, une paralysie faciale et une
faiblesse d’un côté du corps. Le terme Time rappelle qu’il est indispensable d’agir vite
pour une meilleure prise en charge et ainsi limiter les séquelles post-AVC [5, 11].
Figure 3. Message FAST [11]
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21
4. Admission en unité neurovasculaire (UNV)
On assiste à un développement des UNV depuis ces dernières années, puisqu’en
octobre 2012 on en comptait 116, tandis qu’en 2007 il y en avait seulement 33 [12].
Jusqu'à récemment seulement 20% des patients victimes d'AVC étaient hospitalisés dans
ces structures spécialisées. L’UNV, regroupant médecins et personnel paramédical
spécialisés en neurologie vasculaire, permet une prise en charge spécifique des AVC à la
phase aiguë en unité de soins intensifs avec la possibilité d’effectuer une thrombolyse. Elle
permet aussi une prise en charge multidisciplinaire adaptée grâce à la présence de
kinésithérapeutes, orthophonistes et ergothérapeutes [13]. L’hospitalisation en UNV a
montré son efficacité. En effet, elle réduit le risque de décès et de dépendance d’environ
20% à un an de l’AVC, par rapport à une prise en charge conventionnelle [5, 14]. Par
conséquent, tout patient présentant les symptômes d’un AVC devrait pouvoir être admis en
UNV quelle que soit son origine géographique. C’est pourquoi le plan d’action national
avait pour objectif de porter le nombre d’UNV à 140 en 2014 [6].
5. L’apport de la télémédecine
Dans le but d’améliorer la prise en charge globale des AVC et l’accès à la thrombolyse
dans les régions isolées ou rurales, il est recommandé d’utiliser les systèmes de
télémédecine [15]. En effet, cela permet à un neurologue d’examiner un patient à distance
via un système de vidéo conférence, de consulter les examens d'imagerie et ainsi de
prescrire le traitement de thrombolyse en cas d’infarctus cérébral qui sera réalisé sur place
par le médecin urgentiste. L’objectif principal est d’augmenter le taux de thrombolyse chez
les patients éligibles et d’en réduire les délais [16].
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22
6. Imagerie cérébrale et vasculaire
L’imagerie par résonance magnétique (IRM) est l’examen de référence pour confirmer
le diagnostic d’AVC et affirmer son mécanisme étiologique mais en cas de non-
accessibilité ou de contre-indication (claustrophobie, pacemaker, agitation…), le scanner
est une bonne alternative. Environ 15% des patients victimes d'AVC ne peuvent avoir une
IRM pour ces raisons médicales. Il est recommandé d’effectuer une IRM avec des
séquences pondérées en diffusion pour affirmer précocement le caractère ischémique
(œdème cytotoxique), et des séquences T2* pondérées en écho de gradient pour détecter
une hémorragie. Parallèlement, pour localiser l’occlusion artérielle, une angiographie par
résonance magnétique (angio-IRM ou ARM) permettant la visualisation des troncs supra-
aortiques et du polygone de Willis peut être réalisée. L’examen radiologique doit être fait
dans les plus brefs délais après l’arrivée à l’hôpital puisque qu’un traitement fibrinolytique
peut être administré au patient si le diagnostic d’infarctus cérébral est posé dans les 4h30
après l'apparition des premiers symptômes et si aucune hémorragie cérébrale n’est
retrouvée [15, 17]. Par ailleurs, la rapidité de prise en charge est essentielle puisque le
traitement thrombolytique est d'autant plus efficace qu'il est administré précocement [18].
La détection d'une zone de pénombre ischémique en IRM multimodale associant des
séquences de diffusion et de perfusion pourrait permettre de sélectionner les patients
pouvant bénéficier d’un traitement thrombolytique sur des critères tissulaires plutôt que sur
un critère horaire limité. En effet, la présence d’un mismatch perfusion/diffusion pourrait
permettre aux patients d’accéder à la thrombolyse lorsque le délai des 4h30 est dépassé, et
ainsi élargir la fenêtre thérapeutique [17, 19].
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23
Figure 4. IRM cérébrale pré et post-thrombolyse [19]
7. Traitement à la phase aiguë
7.1. Mesures générales
A la phase aiguë d’un AVC, la prévention des agressions cérébrales secondaires
d’origine systémique (ACSOS) est fondamentale. Une surveillance rapprochée en unité de
soins intensifs de l’état de vigilance et des paramètres vitaux est donc nécessaire. La
fréquence cardiaque, la pression artérielle, la température, la glycémie, la saturation en
oxygène et le bilan hydro-électrolytique sont régulièrement contrôlés. Il faut également
prévenir et traiter d’éventuelles complications telles qu’une crise d’épilepsie, une
thrombose veineuse profonde ou une infection. L’élévation de la pression artérielle,
généralement observée, est respectée afin d’avoir une perfusion cérébrale efficace, sauf si
elle est supérieure à 220/120 mmHg. Dans ce cas, une réduction progressive est
recommandée afin de diminuer le risque de transformation hémorragique et de formation
d’un œdème cérébral. Selon les recommandations, un traitement thrombolytique peut être
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24
envisagé lorsque la pression artérielle est préalablement abaissée en dessous de 185/110
mmHg à l'aide d'un traitement hypotenseur intraveineux (Loxen®) [15, 20], contrairement
à l’autorisation de mise sur le marché (AMM) européenne qui est plus restrictive, en
interdisant toute thrombolyse si une tension artérielle supérieure à 185/110 mmHg est
constatée [21]. Le contrôle des valeurs de pression artérielle dans les 24 premières heures
(objectif ≤ 180/105 mmHg) est crucial pour limiter le risque hémorragique cérébral.
L’état neurologique est évalué par le National Institutes of Health Stroke Scale
(NIHSS). Cette échelle neurologique permet de quantifier la sévérité de l’AVC, de suivre
l’évolution du déficit et participe à la décision d’instaurer un protocole de thrombolyse [5].
7.2. Traitement médicamenteux
7.2.1. Traitement thrombolytique
7.2.1.1. Indication et posologie de l'altéplase
Aujourd’hui, l’activateur tissulaire du plasminogène recombinant (rt-PA), altéplase
(Actilyse®) commercialisé par les laboratoires Boehringer Ingelheim, représente le seul
traitement approuvé à la phase aiguë des infarctus cérébraux [18]. A l’origine, l’altéplase
était uniquement utilisé à la phase aiguë de l’infarctus du myocarde ou lors d’une embolie
pulmonaire aiguë massive avec instabilité hémodynamique. Suite à l’étude du National
Institute of Neurological Disorders and Stroke (NINDS), la Food and Drug Administration
(FDA) a autorisé son utilisation à la phase aiguë des AVC ischémiques dans les 3 heures
suivant l’apparition des symptômes en 1996 aux Etats-Unis. Ce n’est que le 8 janvier 2003
que l’Actilyse® a bénéficié d’une extension d’AMM européenne pour la thrombolyse des
infarctus cérébraux. Ainsi, en France, le traitement pouvait être instauré, à la dose de 0,9
mg/kg en perfusion IV, dans les 3 premières heures suivant l'installation des symptômes
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
25
après avoir éliminé toute hémorragie intracrânienne et en respectant strictement les
conditions d’utilisation indiquées par l’AMM [22, 23]. Depuis 2009, la Haute Autorité de
Santé (HAS) permet l’utilisation du rt-PA jusqu’à 4h30 après l’apparition des premiers
symptômes et jusqu’à 3 heures chez les personnes âgées de plus de 80 ans. Une
thrombolyse par voie intra-artérielle (IA) peut être envisagée dans les 6 heures en cas
d’occlusion de l’artère cérébrale moyenne, voire au-delà si le tronc basilaire est touché
[24]. L’extension d’AMM, basée sur l’étude European Cooperative Acute Stroke Study III
(ECASS III), permettant une thrombolyse dans un délai de 4h30 a été obtenue en 2012
[18].
7.2.1.2. Contre-indications de l'altéplase
Comme tous les agents thrombolytiques, l'altéplase ne doit pas être administré à des
patients présentant un risque hémorragique élevé. Selon le résumé des caractéristiques du
produit, Actilyse® est contre-indiqué dans les situations suivantes : symptômes d'accident
vasculaire cérébral ischémique apparus plus de 4h30 avant l'initiation du traitement ou
dont l’heure d’apparition est inconnue, déficit neurologique mineur ou symptômes
s’améliorant rapidement avant l’initiation du traitement, infarctus cérébral jugé sévère
cliniquement (NIHSS > 25) et/ou par imagerie, signes d’hémorragie intracrânienne sur
l'imagerie cérébrale, symptômes suggérant une hémorragie sous-arachnoïdienne (même en
l’absence d’anomalie à l'imagerie), néoplasie intracrânienne, malformation vasculaire
cérébrale, crise convulsive lors de la survenue de l'AVC, hypertension artérielle non
contrôlée > 185/110 mmHg ou traitement d’attaque nécessaire pour réduire la pression
artérielle à ces valeurs seuils, glycémie inférieure à 50 mg/dl ou supérieure à 400 mg/dl,
plaquettes inférieures à 100000/mm3, traitement concomitant par des anticoagulants oraux
à dose efficace, administration d’héparine au cours des 48 heures précédentes associée à un
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
26
TCA (temps de céphaline avec activateur) dépassant la limite supérieure de la normale,
intervention chirurgicale intracérébrale ou intrarachidienne récente, traumatisme crânien
ou AVC au cours des 3 derniers mois, diathèse hémorragique connue, malformations
artérielles ou veineuses, ulcères gastro-intestinaux documentés au cours des 3 derniers
mois, varices œsophagiennes, endocardite bactérienne, péricardite, pancréatite aiguë,
hépatopathie sévère [21].
7.2.1.3. Effets délétères de la thrombolyse
7.2.1.3.1. Les hémorragies intracérébrales
Diverses complications hémorragiques systémiques peuvent se produire suite à
l'initiation d'un traitement thrombolytique mais la complication la plus redoutée de la
thrombolyse est l'hémorragie intracérébrale, survenant le plus souvent au sein du territoire
infarci, et pouvant conduire à une aggravation de l'état neurologique voire au décès. Une
transformation hémorragique peut également se produire spontanément au cœur de
l'infarctus cérébral, en l'absence de tout traitement thrombolytique ou anticoagulant.
Cependant, l'administration de ces traitements majore le risque hémorragique [25].
La transformation hémorragique est due à une extravasation de sang dans le tissu
cérébral suite à une détérioration de la barrière hémato-encéphalique (BHE). Il a été
constaté dans des modèles expérimentaux qu'une ischémie cérébrale est responsable d'une
altération de la lame basale des vaisseaux sanguins et de la matrice extracellulaire, et
perturbe l'adhésion des cellules microvasculaires sur la matrice extracellulaire ce qui
compromet l'intégrité de la BHE. Il y a alors une augmentation de la perméabilité capillaire
entrainant un afflux de cellules sanguines vers le tissu cérébral, une réaction inflammatoire
avec activation de la thrombine et une augmentation de plusieurs médiateurs comme le
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27
facteur d'activation plaquettaire, le facteur de nécrose tumorale (TNFα) et la bradykinine
qui contribuent à augmenter la perméabilité endothéliale [25, 26].
D'autre part, le processus de transformation hémorragique implique des
métalloprotéinases matricielles (MMP). Ces dernières constituent une famille d'enzymes
protéolytiques caractérisées par la présence d'un atome de zinc au niveau de leur site
catalytique. Elles participent au remodelage de la matrice extracellulaire mais leur
activation inappropriée entraine une protéolyse de la matrice de l'unité neurovasculaire
(comprenant l'endothélium, les astrocytes et les neurones). Les métalloprotéinases (MMP-2
et MMP-9) libérées par l'endothélium et les polynucléaires à la phase inflammatoire de
l'ischémie dégradent principalement le collagène de type IV, la fibronectine et la laminine,
compromettant ainsi l'intégrité de la lame basale des vaisseaux sanguins cérébraux. Chez
l'Homme, l'élévation de la MMP-9 est corrélée à la sévérité de l'infarctus cérébral et une
étude a montré qu'une élévation du taux pré-thérapeutique de MMP-9 augmente le risque
d'hémorragie intraparenchymateuse. Il a également été constaté, dans des modèles murins
d'ischémie cérébrale, que la synthèse de ces métalloprotéinases (MMP-9 et MMP-3
majoritairement) est augmentée au niveau des cellules endothéliales en présence de t-PA
exogène, expliquant ainsi en partie l'augmentation du risque de transformation
hémorragique liée à la thrombolyse. L'administration d'un inhibiteur de MMP pourrait être
intéressante afin de limiter les complications hémorragiques sans pour autant diminuer
l'activité fibrinolytique du rt-PA [25-27].
Il a également été démontré qu'une élévation précoce du taux de PDF (produits de
dégradation de la fibrine et du fibrinogène) après l'initiation de la thrombolyse, est un
facteur prédictif d'hémorragie cérébrale intraparenchymateuse. En pratique clinique, un
taux élevé de PDF deux heures après l'initiation de la thrombolyse pourrait conforter le
clinicien à retarder l'initiation d'un traitement anticoagulant ou antiagrégant dans le cadre
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
28
de la prévention secondaire [28]. D'autres marqueurs biologiques, comme la concentration
plasmatique en fibronectine ou le taux de certains inhibiteurs de la fibrinolyse (PAI-1,
TAFI), pourraient être dosés lors de l'admission des patients afin de prédire le risque de
transformation hémorragique et permettre une meilleure sélection des patients. Toutefois,
l'intérêt de tous ces marqueurs doit encore être évalué [25, 26].
Plusieurs facteurs de risque tels que l'hypertension artérielle, l'hyperglycémie,
l'angiopathie amyloïde ou la leucoaraïose participent à la transformation hémorragique de
l'infarctus cérébral. La sévérité clinique initiale des patients et la présence de signes
précoces d'ischémie cérébrale étendue à l'imagerie sont également des facteurs
déterminants dans la survenue d'hémorragies intracérébrales [25]. En revanche, la présence
de microbleeds cérébraux sur les séquences T2* de l'IRM avant l'initiation de la
thrombolyse ne semble pas augmenter de façon significative l'incidence des hémorragies
intracrâniennes. Les patients présentant peu de microbleeds peuvent a priori recevoir le
traitement thrombolytique, mais lorsque de nombreux microbleeds sont retrouvés,
l'innocuité d'une administration de rt-PA n'est pas établie [29]. L'âge avancé des patients ne
semble pas non plus être responsable d'un risque accru d'hémorragie intracérébrale, il n'est
donc pas justifié d'exclure systématiquement les patients de plus de 80 ans [30].
Des classifications radiologiques ont été établies pour distinguer les différents types
de transformations hémorragiques intracrâniennes liées à la thrombolyse et mieux
comprendre l'impact que cela peut engendrer au niveau clinique. Les classifications
NINDS et ECASS sont les plus utilisées et se basent exclusivement sur des critères
tomodensitométriques. Selon la classification NINDS, les transformations hémorragiques
sont réparties en deux groupes : les infarctus hémorragiques et les hématomes
intracérébraux. L'infarctus hémorragique est défini par la présence de zones mal
délimitées, plus ou moins hyperdenses, au sein du territoire infarci. L'hématome
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
29
intracérébral est défini comme une lésion typique homogène, hyperdense à bords nets, avec
ou sans œdème ou effet de masse. Cette lésion hyperdense peut être située à distance du
territoire vasculaire de l'accident ischémique ou en son sein mais pas nécessairement
limitée au territoire de l'infarctus. Toute hémorragie avec une extension intraventriculaire
est considérée comme un hématome intracérébral. La classification ECASS différencie
quatre types d'hémorragies intracrâniennes : HI-1, infarctus hémorragique de type 1
(petites pétéchies situées sur les marges de l'infarctus) ; HI-2, infarctus hémorragique de
type 2 (pétéchies confluentes au sein de l'infarctus, sans effet de masse) ; PH-1, hématome
intra-parenchymateux de type 1 (hématome occupant moins de 30% de la zone infarcie,
avec effet de masse modérée) et PH-2, hématome intra-parenchymateux de type 2
(hématome occupant plus de 30% de la zone infarcie, avec effet de masse important, ou
toute lésion hémorragique en dehors du territoire de l'infarctus) [25, 28].
Figure 5. Classification des hémorragies intracérébrales selon ECASS [31]
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
30
Toutes les hémorragies cérébrales n'ont pas les mêmes répercussions cliniques. On
distingue les transformations hémorragiques asymptomatiques n'entrainant aucune
conséquence décelable au niveau clinique, des transformations hémorragiques
symptomatiques responsables d'une détérioration neurologique voire d'un décès. Le taux
d'hémorragies intracrâniennes symptomatiques est utilisé comme critère de sécurité dans la
majorité des essais cliniques. Cependant, les définitions des hémorragies intracrâniennes
symptomatiques diffèrent selon les essais cliniques, ce qui rend la comparaison de
l'incidence de ces complications difficile et peut modifier l'interprétation des résultats. Par
exemple, selon les études ECASS et SITS-MOST, comme dans la majorité des études, une
hémorragie intracrânienne est dite symptomatique si une augmentation de 4 points ou plus
sur l'échelle NIHSS est constatée, tandis que la définition de l'étude NINDS prend en
compte n'importe quelle détérioration clinique. D'autre part, dans la grande majorité des
essais cliniques dont NINDS et SITS-MOST, l'hémorragie cérébrale est considérée comme
liée au rt-PA si elle survient dans les 36 heures suivant le début du traitement alors que
dans l'étude ECASS II, ce délai est repoussé à 7 jours. La plupart de ces définitions ne
prennent pas en compte l'étendue et la localisation de l'hémorragie observée sur le scanner,
ni l'importance de l'œdème ou de l'effet de masse qui pourraient être la cause de
l'aggravation clinique [32]. Or des analyses post-hoc des études ECASS I et II ont montré
que seuls les hématomes intra-parenchymateux de type 2 sont associés à un risque accru de
détérioration clinique précoce et de mauvais pronostic à long terme. En revanche, les
infarctus hémorragiques n'ont pas d'impact clinique significatif et ne semblent pas être liés
à l'agent thrombolytique lui-même mais plus probablement à la pathologie ischémique. Les
hématomes intra-parenchymateux étendus sont quant à eux fortement liés à
l'administration de rt-PA [28, 33, 34].
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31
7.2.1.3.2. La toxicité neuronale
Le rt-PA présent dans le compartiment vasculaire peut atteindre le parenchyme
cérébral suite à une altération de la BHE mais aussi en franchissant la BHE intacte par
transcytose grâce à un récepteur spécifique, le LRP (LDL receptor-related protein), et
exercer une neurotoxicité en potentialisant la signalisation glutamatergique
(excitotoxicité). En effet, le t-PA est capable de se lier, via son domaine kringle K2, à la
sous-unité NR1 du récepteur NMDA du glutamate et de cliver la partie amino-terminale,
ce qui entraîne une entrée massive de calcium intracellulaire et conduit à la mort neuronale
[35-37].
Figure 6. Mécanisme de la neurotoxicité du t-PA [37]
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32
7.2.2. Traitement antithrombotique
Il est recommandé de donner de l'aspirine à une posologie de 160 à 325 mg dans les
48 heures après l'infarctus cérébral [15]. En effet, les études IST (International Stroke
Trial) et CAST (Chinese Acute Stroke Trial) ont montré que l’aspirine diminue le risque de
récidive précoce d’AVC et réduit légèrement le pourcentage de patients décédés ou
dépendants à 6 mois [38, 39]. Toutefois, en cas de thrombolyse envisagée ou réalisée, il est
recommandé d’attendre 24 heures avant de commencer un traitement par aspirine [15]. Par
ailleurs, l'initiation du traitement par aspirine n'est possible qu'après avoir écarté une
complication hémorragique intracrânienne, confirmé par le scanner de contrôle réalisé 24
heures après la thrombolyse.
Lors d’un infarctus cérébral athérothrombotique, on observe une activation de la
coagulation, une augmentation du taux de fibrinogène et de facteur de Willebrand et une
baisse de la protéine S. Ce dérèglement de l’hémostase justifie l’emploi
d’antithrombotiques. Cependant l’utilisation de ces traitements, hormis l’aspirine, n’est à
l’heure actuelle pas recommandée à la phase aiguë des AVC ischémiques. Il n'y a pas, en
l'état actuel des connaissances, d'indication avérée à un traitement anticoagulant à la phase
aiguë d'un infarctus cérébral. Toutefois, un traitement par héparine de bas poids
moléculaire (HBPM) à dose préventive est souvent prescrit en cas de risque de thrombose
veineuse profonde lié à l'alitement prolongé [15, 40]. Par ailleurs, l'association d'un
traitement antiagrégant plaquettaire ou anticoagulant à la thrombolyse IV n'est pas
recommandée, mais des études cherchent actuellement à démontrer l'efficacité et
l'innocuité de cette approche combinée [41].
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33
7.3. Traitement neurochirurgical
La prise en charge des AVC graves comme les infarctus sylviens malins dont le taux de
mortalité est très élevé (environ 80%), reste difficile. L’évolution péjorative de ces AVC
est due à un important œdème cérébral responsable d’un effet de masse entrainant une
compression des ventricules et une hypertension intracrânienne. Toutefois, une chirurgie
décompressive peut être envisagée dans les 48h suivant le début des symptômes pour
éviter l’engagement cérébral et améliorer le pronostic vital. L'intervention chirurgicale
consiste à effectuer une hémicraniectomie avec la réalisation d’un large volet osseux suivie
d’une ouverture large de la dure mère à l’aide d’une plastie. Ce geste ne peut se faire que
chez un sujet jeune de 18 à 60 ans avec un NIHSS supérieur à 15, en se basant sur des
critères de neuro-imagerie prenant en compte le volume de l’infarctus. Trois études
européennes dont une française, DECIMAL (DEcompressive Craniectomy In MALignant
middle cerebral artery infarcts), ont montré que l’hémicraniectomie diminue la mortalité
sans augmenter le nombre de patients survivant dans un état végétatif et améliore l’état
fonctionnel [42, 43]. Les infarctus cérébelleux volumineux comprimant le tronc cérébral
peuvent également bénéficier d’une décompression chirurgicale ainsi que d’une
ventriculostomie, considérées comme les traitements de choix, bien qu’aucune étude
randomisée ne l’ait prouvé [15].
8. Traitement préventif
Afin d’éviter la survenue d’un infarctus cérébral, il est essentiel d’agir sur les différents
facteurs de risque cardio-vasculaires que ce soit en prévention primaire ou secondaire. Il
est donc recommandé de diminuer la pression artérielle par des antihypertenseurs, de
réduire le taux de cholestérol par des statines si le LDL-C est supérieur à 1 g/L, et de
contrôler la glycémie par des antidiabétiques oraux si cela est nécessaire. Un traitement
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34
anticoagulant oral au long cours est prescrit en cas de fibrillation auriculaire, de
valvulopathie mitrale ou pour les patients ayant une valve cardiaque prothétique
mécanique. Les règles hygiéno-diététiques telles qu’une alimentation équilibrée (riche en
fruits et légumes, pauvre en graisse et peu salée), une activité physique régulière, un
contrôle du poids, un sevrage tabagique et une consommation d’alcool modérée font
également partie du traitement préventif [15].
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35
Partie 2 : Les principaux acteurs de la fibrinolyse physiologique
L’hémostase est un processus physiologique permettant d’arrêter une hémorragie.
Après l’apparition d’une brèche vasculaire, trois étapes se succèdent. L’hémostase primaire
forme un thrombus blanc plaquettaire qui est consolidé, lors de la coagulation, par un
réseau de fibrine formant ainsi un thrombus rouge. La dernière étape, appelée fibrinolyse,
correspond à l’élimination du thrombus fibrinoplaquettaire. Lors de cette étape, plusieurs
acteurs entrent en jeu : le plasminogène, la plasmine qui dégrade le fibrinogène et la
fibrine, ainsi que des activateurs et des inhibiteurs de la fibrinolyse [44].
Figure 7. La fibrinolyse [44]
1. Le fibrinogène
Le fibrinogène est une protéine soluble, synthétisée par le foie, stockée dans les
granules α des plaquettes et des mégacaryocytes, et normalement présente dans le plasma à
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36
une concentration comprise entre 2 et 4 g/L. Il correspond au facteur I de la coagulation
intervenant comme substrat dans la dernière étape de la cascade de coagulation, mais a
également un rôle dans l’hémostase primaire en se fixant aux plaquettes via le récepteur
glycoprotéique IIb-IIIa. La structure du fibrinogène est un dimère comportant un domaine
central E et deux domaines latéraux D, riches en charges électronégatives. Chaque
monomère est composé de 3 chaines polypeptidiques (A-α, B-β et γ). Les chaines α et β
portent respectivement les fibrinopeptides A et B en NH2-terminal au niveau du domaine
E. Les extrémités COOH terminales des chaines α au niveau des domaines D, sont plus
longues que les deux autres chaines et ont un rôle important lors de la constitution du
réseau de fibrine [44, 45].
Figure 8. Structure du fibrinogène [45]
2. La fibrine
La fibrine, facteur Ia de la coagulation, correspond au substrat de la fibrinolyse. Elle est
obtenue par transformation du fibrinogène sous l’action de la thrombine, facteur IIa, lors
de la dernière étape de la coagulation. Le domaine E du fibrinogène se lie au site actif de la
thrombine qui clive deux liaisons Arginine-Glycine des chaines A-α et B-β, et devient ainsi
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
37
chargé positivement. Les fibrinopeptides A puis B sont libérés et un monomère de fibrine
soluble est obtenu. Les monomères de fibrine peuvent alors polymériser spontanément par
liaison entre un domaine E et un domaine D de charge opposée. En effet, l’hydrolyse du
fibrinopeptide A rend possible l’assemblage longitudinal des monomères de fibrine, ce qui
forme dans un premier temps des protofibrilles constituées de deux brins. Puis, l’hydrolyse
du fibrinopeptide B permet la construction de la fibre de fibrine grâce à une association
latérale des molécules de fibrine. Parallèlement à cette polymérisation, la thrombine active
le facteur XIII en facteur XIIIa situé au niveau de l’extrémité COOH terminale. Le facteur
XIIIa est une transglutaminase qui crée des liaisons covalentes entre une lysine et une
glutamine des chaines γ et des chaines α des monomères de fibrine adjacents. Il permet
donc de stabiliser le réseau de fibrine, rendant le caillot insoluble, résistant à l’action de la
plasmine [44, 46-48].
Figure 9. La fibrinoformation [49]
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
38
3. Le plasminogène
Le plasminogène humain, précurseur inactif de la plasmine, est une glycoprotéine
monocaténaire de 92 kDa, codée par un gène situé sur le chromosome 6. Il est synthétisé
par le foie et retrouvé dans le plasma à une concentration habituelle de 2µM. Il est
constitué de 791 acides aminés, 24 ponts disulfures et environ 2% d’hydrates de carbone.
La molécule comporte un peptide de préactivation correspondant aux 77 premiers acides
aminés de l’extrémité N-terminale, cinq domaines en boucle appelés kringles (K1 à K5)
d’environ 80 acides aminés chacun, et un domaine protéase qui porte le site responsable de
l’activité protéolytique. Les acides aminés de la triade catalytique située du côté C-terminal
sont l’histidine His603
, l’acide aspartique Asp646
et la sérine Ser741
. Les sites de fixation de
la lysine LBS (lysine binding sites) situés sur les kringles permettent au plasminogène de
se lier aux résidus lysine de différentes molécules comme la fibrine et l’α2-antiplasmine
[50, 51].
Figure 10. Structure du plasminogène [50]
Le plasminogène existe sous deux formes : le Glu-plasminogène et le Lys-
plasminogène, pouvant être convertis respectivement en Glu-plasmine et Lys-plasmine
après l’action d’activateurs. Le Glu-plasminogène porte un acide glutamique au niveau de
l’extrémité amino-terminale et correspond au plasminogène natif. Il peut être converti en
Lys-plasminogène par protéolyse de l’extrémité N-terminale au niveau de la liaison Lys77
-
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
39
Lys78
sous l’action de la plasmine. Le Lys-plasminogène a une plus grande affinité pour la
fibrine et s’active plus rapidement en plasmine que le Glu-plasminogène. Toutefois, il n’est
pas retrouvé dans le plasma dans les conditions physiologiques [51, 52].
Figure 11. Transformation du plasminogène en plasmine [51]
4. Les activateurs physiologiques du plasminogène
La transformation du plasminogène en plasmine nécessite l’action d’activateurs. Il
existe deux types d’activateurs physiologiques : l’activateur tissulaire (ou vasculaire) du
plasminogène (t-PA) qui a un rôle fondamental dans la fibrinolyse, et l’activateur urinaire
du plasminogène ou pro-urokinase (u-PA) [44].
4.1. Activateur tissulaire du plasminogène : t-PA
4.1.1. Historique du t-PA
Le t-PA, initialement connu sous le nom de fibrinokinase, n’a été extrait pour la
première fois qu’en 1952 par T. Astrup, bien que la présence de cet agent fibrinolytique
dans les tissus animaux soit connue depuis 1947. Mais ce n’est qu’à partir des années
1970, grâce aux travaux de D. Collen et A. Billiau, qu’il a été extrait des tissus humains.
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
40
L’obtention de t-PA humain à partir d'une culture cellulaire de mélanome a ainsi permis
d’étudier les propriétés fibrinolytiques de celui-ci. En effet, des études expérimentales
animales et humaines ont été entreprises au début des années 1980. La première
administration à l’homme s’est faite en 1981, chez deux patients atteints d’une thrombose
veineuse rénale après avoir subi une transplantation rénale. Puis en 1983, 7 patients atteints
d’un infarctus du myocarde ont bénéficié d’une administration intraveineuse de t-PA
humain à la phase aiguë. Ces différentes études ont permis de démontrer l’efficacité du t-
PA humain et ont conduit à la production de t-PA recombinant [53].
4.1.2. Structure et activité du t-PA
Le t-PA est une enzyme protéolytique de type sérine protéase de 68 kDa codée par
un gène situé sur le chromosome 8. Il est principalement synthétisé par les cellules
endothéliales, et circule dans le plasma majoritairement sous sa forme liée à un inhibiteur
spécifique, le PAI-1 (Plasminogen Activator Inhibitor 1). La forme libre active est donc
présente à une faible concentration, soit environ 5 µg/L. Par ailleurs, le t-PA existe sous
deux formes moléculaires qui ont toutes les deux un pouvoir catalytique. Le sct-PA (single
chain t-PA), composé d’une seule chaine, correspond à la forme native tandis que le tct-PA
(two chain t-PA), forme bicaténaire, est obtenu après action de la plasmine par hydrolyse
de la liaison Arg275
-Ile276
du sct-PA. La molécule de t-PA comporte 527 acides aminés
disposés en 5 domaines différents et possède une homologie de structure avec le
plasminogène. A l’extrémité NH2-terminale, se trouve le domaine en doigt, homologue du
domaine F de la fibrinonectine, ainsi que les deux domaines nommés kringles K1 et K2
permettant au t-PA de se lier à la fibrine. Un autre domaine (domaine E), possédant une
homologie de structure avec l’EGF (Epidermal Growth Factor), favorise l’élimination
hépatique du t-PA qui a une demi-vie très courte, de 6 minutes environ. Le domaine sérine
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
41
protéase (domaine P), à l'extrémité C-terminale, contient le site actif avec les acides aminés
His322
, Asp371
, Ser478
, responsable de l’activation du plasminogène par clivage de la liaison
Arg561
-Val562
du plasminogène. En l’absence de fibrine, le t-PA est peu actif mais en
présence d’un thrombus, sa liaison à la fibrine augmente considérablement son activité
enzymatique. Par conséquent l’activation du plasminogène en plasmine se fait de façon
localisée [53, 54].
Figure 12. Structure du t-PA [54]
4.2. Activateur urinaire du plasminogène : u-PA
4.2.1. Structure de l’u-PA
L’u-PA est représenté par la pro-urokinase, forme native dépourvue d’activité
enzymatique et par l’urokinase, forme active [44]. La pro-urokinase ou scu-PA (single
chain urinary-type plasminogen activator) est une glycoprotéine de 55 kDa, codée par un
gène situé sur le chromosome 10. Elle est synthétisée par les cellules rénales, d'où sa
présence dans les urines, mais également par les cellules endothéliales, et a une demi-vie
d’environ 7 minutes, ce qui est comparable à celle du t-PA. Elle est constituée d’une seule
chaine de 411 acides aminés et possède une certaine analogie de structure avec le t-PA et le
plasminogène. En effet, elle comporte trois domaines : un domaine EGF permettant à la
scu-PA de se fixer aux récepteurs cellulaires de l’urokinase (u-PAR), un domaine kringle
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
42
n’ayant pas d’affinité pour la fibrine et un domaine C-terminal au niveau duquel se situe le
site catalytique avec les acides aminés His204
, Asp255
et Ser356
[51].
Figure 13. Structure de l’u-PA [50]
4.2.2. Activité de l’u-PA
En présence d’un thrombus, la plasmine produite et la kallikréine générée par
l’activation du système contact lors de la coagulation activent la pro-urokinase en clivant la
liaison peptidique Lys158
-Ile159
. Cette transformation, localisée à la surface du thrombus,
donne naissance à une urokinase de haut poids moléculaire nommée tcu-PA (two chain
urinary-type plasminogen activator), constituée de deux chaines reliées par un pont
disulfure. La plasmine peut également protéolyser la liaison Lys135
-Lys136
de la tcu-PA, ce
qui libère un fragment N-terminal et aboutit à une urokinase de bas poids moléculaire.
Tout comme le t-PA, l’u-PA transforme le plasminogène en plasmine après clivage de la
liaison Arg561
-Val562
du plasminogène [51, 55]. Cependant, l’urokinase n’a pas d’affinité
spécifique pour la fibrine, par conséquent, elle active à la fois le plasminogène lié à la
fibrine et le plasminogène circulant. Le rôle physiologique de l’u-PA dans la fibrinolyse
reste secondaire par rapport à celui du t-PA [44].
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
43
Figure 14. Les différentes formes moléculaires de l’u-PA [51]
5. La plasmine
La plasmine est une enzyme fibrinolytique de la famille des sérines protéases
intervenant dans la dernière étape de la fibrinolyse. In vivo, la plasmine est obtenue après
transformation de son précurseur, le plasminogène. Cette activation résulte d’un clivage de
la liaison peptidique Arg561
-Val562
du plasminogène par le t-PA et l’u-PA. La molécule de
plasmine ainsi produite est composée de 2 chaines reliées par deux ponts disulfures. La
chaine lourde de 60kDa, située du côté N-terminal, correspond aux 561 premiers acides
aminés et comporte les 5 domaines kringles qui permettent l’interaction de la plasmine
avec son inhibiteur, l’α2-antiplasmine, et la fibrine. La chaine légère de 25kDa, à
l’extrémité C-terminale, contient le site catalytique composé des acides aminés His603
,
Asp646
, Ser741
[56].
La fonction principale de la plasmine est de dissoudre les polymères de fibrine
insolubles en fragments solubles. Mais lorsque la plasmine est produite en excès, ce qui est
le cas lors d’un traitement thrombolytique, l’α2-antiplasmine se retrouve saturée. La
plasmine circule alors librement dans le plasma et peut aller dégrader le fibrinogène
plasmatique circulant ainsi que différents facteurs de la coagulation comme les facteurs V,
VIII et XIIIa. L’effet de la plasmine sur la fibrine et sur le fibrinogène aboutit à la
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
44
production de fragments hétérogènes, appelés produits de dégradation de la fibrine et du
fibrinogène (PDF) parmi lesquels nous retrouvons les D-Dimères qui sont spécifiques de la
fibrine. La protéolyse du fibrinogène est initiée par le clivage de l’extrémité C-terminale
des chaines A-α et par la libération d’un peptide de 42 acides aminés situé à l’extrémité N-
terminale de la chaine B-β, ce qui génère un fragment X. Puis ce fragment X est clivé de
façon asymétrique et donne naissance à un fragment D et à un fragment Y, lui-même
digéré en un second fragment D et un fragment E. Les produits obtenus lors de la digestion
de la fibrine ont une structure plus complexe, renfermant deux domaines D unis par une
liaison covalente résistante à l’action de la plasmine et sont par conséquent nommés D-
dimères [44, 57].
Figure 15. Dégradation du fibrinogène et de la fibrine par la plasmine [44]
6. Les inhibiteurs de la fibrinolyse
Le système fibrinolytique est principalement régulé par deux types d’inhibiteurs
appartenant à la famille des serpines : les inhibiteurs des activateurs du plasminogène dont
le PAI-1 (Plasminogen Activator Inhibitor-1) et les inhibiteurs de la plasmine dont l’α2-
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
45
antiplasmine. Ces inhibiteurs permettent de localiser la fibrinolyse au contact du thrombus
et ainsi éviter une activité fibrinolytique généralisée [44, 51].
6.1. Les inhibiteurs des activateurs du plasminogène
Le PAI-1 est le principal inhibiteur des activateurs du plasminogène (t-PA et tcu-
PA). Cette glycoprotéine de 52 kDa, constituée de 379 acides aminés est principalement
produite par les cellules endothéliales. Le PAI-1 est majoritairement stocké dans les
granules α des plaquettes et est libéré lors de l’activation plaquettaire afin de limiter la lyse
précoce du thrombus [51, 55]. L’inhibition des activateurs du plasminogène se déroule en
deux étapes. Dans un premier temps, il y formation d’un complexe réversible puis le PAI-1
est clivé au niveau de la liaison Arg346
-Met347
. Ceci entraine la libération du peptide de
l’extrémité C-terminale de l’inhibiteur, mais l’Arg346
reste liée de façon covalente à la
sérine du site actif de l’activateur [55].
Le tcu-PA peut également être inhibé par le PAI-2. Cependant, cet inhibiteur est
essentiellement synthétisé par le placenta, par conséquent, son taux plasmatique est
indétectable dans les conditions physiologiques. Le PAI-2 n’a donc pas de rôle majeur
dans la fibrinolyse [51, 55].
6.2. Les inhibiteurs de la plasmine
Le principal inhibiteur physiologique de la plasmine est l’α2-antiplasmine,
glycoprotéine de 70 kDa, synthétisée par le foie. Elle est retrouvée à une concentration
plasmatique d’environ 1 µM, correspondant à la moitié de celle du plasminogène. L’α2-
antiplasmine prend très rapidement en charge la plasmine libre en se liant à la fois au LBS
situé sur le domaine kringle 1 et au résidu sérine du site catalytique de l’enzyme. Il y a
alors clivage de la liaison Arg354
-Met355
de l’inhibiteur avec libération d’un peptide C-
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
46
terminal. Il est important de noter que la plasmine liée à la fibrine ne peut pas être inhibée
par l’α2-antiplasmine puisque ses sites de fixation lysine sont déjà occupés par la fibrine.
L’α2-antiplasmine peut également rester fixée à la chaine α de la fibrine de façon covalente
grâce à l’action du facteur XIIIa, ce qui permet d’éviter une lyse prématurée du thrombus
consécutive à l’activation du plasminogène en plasmine. Elle peut aussi empêcher la
fixation du plasminogène à la fibrine [44, 51, 57].
Figure 16. Interaction de l’α2-antiplasmine avec la plasmine [58]
La plasmine, produite en excès, peut être neutralisée plus lentement par l’α2-
macroglobuline lorsque la capacité inhibitrice de l’α2-antiplasmine est saturée. Cette
glycoprotéine est un inhibiteur non spécifique de plusieurs molécules du système
fibrinolytique dont la plasmine [44, 51].
6.3. Autres inhibiteurs de la fibrinolyse
L'inhibiteur de la C1 estérase est une glycoprotéine fortement glycosylée de la famille
des serpines, capable d'inhiber la plasmine et la kallikréine plasmatique. Son action
inhibitrice sur la fibrinolyse dépend de l'activation du système contact [51].
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
47
La glycoprotéine riche en histidine (HRG), synthétisée par le foie, forme un complexe
réversible avec environ 50% du plasminogène plasmatique par l'intermédiaire d'un site de
fixation lysine (LBS1). Le plasminogène ne peut alors plus se fixer à la fibrine [50, 51].
Un autre facteur régulant la fibrinolyse a été plus récemment décrit, il s'agit du TAFI
(thrombin activable fibrinolysis inhibitor). Cette glycoprotéine synthétisée par le foie est
une pro-carboxypeptidase B de 60 kDa, constituée de 417 acides aminés et retrouvée à une
concentration plasmatique de l'ordre de 75 nM. Le TAFI est activé par le complexe
thrombine-thrombomoduline ou par la plasmine après clivage au niveau de l'Arg92
. Un
peptide actif de 35 kDa, nommé TAFI activé (TAFIa), est alors libéré. Cette molécule
inhibe la fibrinolyse en empêchant la fixation du plasminogène et du t-PA à la fibrine. En
effet, le TAFIa élimine les résidus lysine et arginine situés au niveau C-terminal de la
fibrine en cours de dégradation [51, 55].
7. Résumé des principaux acteurs de la fibrinolyse physiologique
Molécule Rôle
Fibrine Substrat de la fibrinolyse
Plasminogène Proenzyme = précurseur inactif de la plasmine
t-PA Activateur du plasminogène
u-PA Activateur du plasminogène
PAI-1 Inhibiteur du t-PA et de l’u-PA
Plasmine Enzyme fibrinolytique
α2-antiplasmine Inhibiteur spécifique de la plasmine libre
α2-macroglobuline Inhibiteur non spécifique de la plasmine
TAFI Inhibiteur de la liaison plasminogène-fibrine
Tableau I. Les principaux acteurs de la fibrinolyse [44, 55]
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
48
Partie 3 : Les premiers thrombolytiques utilisés dans les
infarctus cérébraux
La première utilisation d’un agent thrombolytique au cours d’un accident ischémique
cérébral remonte à 1958, avec la plasmine. Puis, d'autres molécules comme l'urokinase, la
streptokinase, l'altéplase et la pro-urokinase, administrées par voie IV ou IA, ont été
étudiées. Cependant, tous ces agents thrombolytiques, sauf l'altéplase, furent abandonnés
en raison notamment d’un risque élevé d’hémorragie intracrânienne et d'un manque
d’efficacité [59].
1. Thrombolytiques administrés par voie IV
1.1. Plasmine
En 1958, Sussman et Fitch ont été les premiers à utiliser la plasmine, alors appelée
fibrinolysine, comme agent thrombolytique dans les infarctus cérébraux. Ils ont traité trois
patients présentant une hémiplégie, en leur administrant une perfusion intraveineuse lente
de plasmine quotidiennement pendant quatre à six jours. Un patient a présenté une
évolution clinique favorable qui pouvait s'expliquer en partie par la recanalisation de
l'artère occluse. En effet, un flux sanguin cérébral normal a été constaté à l'artériographie
huit jours après le début du traitement alors qu'une occlusion avait été retrouvée chez ce
patient avant l'instauration du traitement [59].
En 1963, une étude pilote, contrôlée versus placebo, menée par Meyer et al., a inclus
40 patients présentant une occlusion de l'artère cérébrale moyenne. Ces patients recevaient
une perfusion intraveineuse de plasmine ou de placebo plus de 4 heures par jour pendant
trois jours consécutifs. Aucune différence entre les deux groupes n'a été observée [59].
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
49
Dans le plasma, la plasmine libre est rapidement prise en charge par son inhibiteur,
l’α2-antiplasmine, ce qui l’empêche d’atteindre sa cible et rend ainsi l’injection IV
inefficace. Les difficultés d’administration de la plasmine ont finalement conduit à
l’abandon de cet agent au profit des activateurs du plasminogène. Toutefois, depuis ces
dernières années, la plasmine fait de nouveau l’objet d’études. En effet, l’administration
intra-artérielle de cette molécule permettrait une lyse efficace et localisée du caillot sans
provoquer d’évènements hémorragiques. Une étude de phase I a été entreprise afin
d'évaluer l'innocuité d'une administration IA de plasmine chez des patients présentant une
occlusion de l'artère cérébrale moyenne [60, 61].
1.2. Urokinase
En 1976, 31 patients victimes d'un infarctus cérébral ont été traités par urokinase au
cours d'une étude pilote. L'urokinase devait être administrée dans les 36 heures suivant
l'apparition des symptômes, à trois dosages différents, par une perfusion intraveineuse
d'une durée de 10 heures, précédée d'une dose de charge. L'urokinase a permis d'augmenter
de 20 à 40 fois l'activité thrombolytique plasmatique sans provoquer de perturbations
majeures de la coagulation. On observait une légère baisse du taux de fibrinogène, une
faible augmentation du temps de prothrombine et une diminution de la concentration
plasmatique du plasminogène. Cependant, les résultats de cette étude étaient décevants
puisque des complications hémorragiques, notamment cérébrales, se sont manifestées chez
plusieurs patients et aucun effet clinique favorable n'a réellement été observé [62].
De nombreuses autres études utilisant l'urokinase par voie IV ont été réalisées. Mais le
nombre trop restreint de patients traités n'a pas permis de conclure sur l'efficacité et le
risque potentiel d'hémorragie intracérébrale de cet agent thrombolytique [63].
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
50
1.3. Streptokinase
Les capacités fibrinolytiques de certaines souches de streptocoques hémolytiques ont
été découvertes en 1933 par Tillett et Garner [64]. L'activité fibrinolytique est due à la
présence d’une substance synthétisée par ces bactéries qui fut nommée ultérieurement
streptokinase par Christensen et MacLeod [65].
1.3.1. Structure et activité
La streptokinase (SK) est une protéine d'origine exogène de 47 kDa, constituée
d’une chaine polypeptidique de 414 acides aminés. Contrairement au t-PA et à l’u-PA, la
streptokinase n’a pas d’activité enzymatique propre. Il s’agit donc d’un activateur indirect
du plasminogène. En effet, dans un premier temps, la streptokinase doit former un
complexe équimoléculaire avec le plasminogène humain. Puis, ce complexe subit un
changement conformationnel avec l'apparition d'un site actif sur le plasminogène et
acquiert ainsi des propriétés enzymatiques. Ceci permet, dans un troisième temps, la
formation d’un complexe SK-plasmine. Ces complexes actifs alliant la streptokinase au
plasminogène ou à la plasmine sont alors capables d’activer le plasminogène libre en
plasmine par l'hydrolyse de la liaison Arg561
-Val562
. Comme l’urokinase, la streptokinase
n’a pas d’affinité particulière pour la fibrine et active par conséquent le plasminogène situé
à la surface du thrombus et le plasminogène circulant. La plasmine générée peut alors
dégrader la fibrine et le fibrinogène circulant, ce qui accroît le risque hémorragique [51,
66, 67].
La streptokinase, extraite de streptocoques β-hémolytiques du groupe C, est
immunogène chez l’homme et induit donc la formation d’anticorps. Elle peut être
responsable de réactions immuno-allergiques sévères pouvant parfois conduire au choc
anaphylactique, ce qui restreint l’utilisation de cet agent thrombolytique. Les anticorps
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
51
antistreptococciques apparaissent également après une infection à streptocoque. C'est
pourquoi, en pratique clinique, il faut administrer une dose élevée de streptokinase pour
saturer les anticorps et ne pas faire une seconde administration dans les 6 mois suivant. En
raison d'une demi-vie courte (25 minutes), l'administration doit se faire en perfusion
continue [68, 69].
1.3.2. Essais cliniques
1.3.2.1. MAST-E
MAST-E (Multicenter Acute Stroke Trial - Europe) était une étude multicentrique,
randomisée, contrôlée versus placebo, en double aveugle. Elle avait pour objectif d'évaluer
l'efficacité et l'innocuité de la streptokinase administrée chez des patients présentant un
déficit neurologique modéré à sévère dû à une ischémie dans le territoire de l'artère
cérébrale moyenne, dans les 6 heures suivant l'apparition des symptômes. Le comité de
surveillance et de suivi des essais cliniques a recommandé de stopper le recrutement
prématurément en raison d’une augmentation de la mortalité et des hémorragies
intracrâniennes symptomatiques dans le groupe traité par streptokinase. Ainsi, seulement
310 patients, âgés de 22 à 94 ans, ont été inclus entre le 17 septembre 1992 et le 26
septembre 1994, en France et au Royaume-Uni. 156 patients ont reçu une dose fixe de
streptokinase soit 1,5 millions d'unités par perfusion intraveineuse d'une heure, tandis que
les 154 autres patients ont reçu un placebo. Le traitement était administré dans les 4,5
heures en moyenne dans les deux groupes. L'utilisation concomitante d'héparine ou
d'aspirine était autorisée [70].
A 6 mois, le pourcentage de patients décédés ou présentant un handicap modéré à
sévère (score de Rankin ≥ 3) était similaire dans les deux groupes (79,5% dans le groupe
streptokinase et 81,8% dans le groupe placebo). En revanche, le taux de mortalité précoce
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
52
(à 10 jours) était beaucoup plus important dans le groupe streptokinase (34% versus
18,2%), comme le taux d'hémorragies intracérébrales symptomatiques (21,2% versus
2,6%). L'administration d'héparine n'étant pas interdite à la phase aiguë, 31% des patients
traités par la streptokinase et 12% des patients du groupe placebo (p=0,04) ont reçu de
l'héparine dans les 12 heures suivant la randomisation, ce qui pouvait expliquer en partie le
taux élevé d'hémorragies intracérébrales symptomatiques dans le groupe streptokinase. Par
ailleurs, une analyse post-hoc de cette étude a montré que la présence de signes
scannographiques précoces d'ischémie était un des principaux facteurs de risque de
transformation hémorragique (symptomatique ou non). 75,7% des patients victimes d'une
hémorragie intracrânienne symptomatique présentaient des signes précoces d'ischémie [70,
71].
1.3.2.2. MAST-I
MAST-I (Multicenter Acute Stroke Trial - Italy) était une étude multicentrique,
randomisée, contrôlée et ouverte. L'objectif de cette étude était de déterminer si la
streptokinase ou l'aspirine, administrées seules ou en association, pouvait apporter un
bénéfice clinique dans la prise en charge des infarctus cérébraux. Le traitement devait être
administré dans les 6 premières heures suivant l'apparition des symptômes. Entre mai 1991
et février 1995, 622 patients ont été randomisés dans 4 groupes de traitements différents.
157 patients ont reçu une perfusion IV de 1,5 millions d'unités de streptokinase pendant
une heure, 153 patients ont reçu 300 mg d'aspirine par jour pendant 10 jours, 156 autres
patients ont été traités par streptokinase et aspirine, et les 156 patients restant ont reçu un
placebo. L'administration d'anticoagulants oraux, héparines et autres antiagrégants
plaquettaires devait être évitée durant les 10 premiers jours. La plupart des patients ont été
recrutés entre 3 et 6 heures [72].
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
53
Comme MAST-E, MAST-I a été interrompu prématurément en raison d'une
augmentation de la mortalité et des hémorragies intracrâniennes symptomatiques chez les
patients traités par streptokinase. En effet, les patients ayant reçu de façon concomitante la
streptokinase et l'aspirine avaient un taux de mortalité précoce (à 10 jours)
significativement plus élevé que les patients du groupe placebo (34% versus 13%). En
revanche, l'élévation du nombre de décès précoces chez les patients traités uniquement par
la streptokinase n'était pas significative par rapport au groupe placebo (19% versus 13%).
Les hémorragies intracérébrales symptomatiques étaient fréquentes chez les patients traités
par la streptokinase seule et d'autant plus si la streptokinase était associée à l'aspirine
(respectivement 6% et 10% versus 0,6% dans le groupe placebo). A 6 mois, le taux de
mortalité ou handicap sévère (score de Rankin ≥ 3) était similaire dans les quatre groupes,
soit un peu plus de 60%. Les patients traités par streptokinase et aspirine avaient le plus
faible taux de handicap (20%) mais le plus haut taux de mortalité (44%). La streptokinase
associée ou non à l'aspirine n'a finalement pas montré de bénéfice pour le traitement
d'urgence des infarctus cérébraux [72, 73].
1.3.2.3. ASK
ASK (Australian Streptokinase Trial) était une étude randomisée, contrôlée versus
placebo, en double aveugle. 340 patients âgés de 18 à 85 ans, victimes d'un AVC modéré à
sévère, ont été inclus dans cette étude entre juin 1992 et novembre 1994. Ces patients
recevaient 1,5 millions d'unités de streptokinase ou un placebo, par perfusion intraveineuse
d'une heure. Le but était de déterminer si l'administration de streptokinase, dans les 4
heures suivant l'apparition des symptômes, pouvait réduire la morbi-mortalité à 3 mois. Cet
essai avait également pour objectif de comparer l'efficacité d'une thrombolyse réalisée dans
les trois premières heures par rapport aux résultats obtenus chez les patients traités après 3
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
54
heures. La streptokinase n'a pas montré de résultats favorables puisque le nombre de décès
précoces (à 7 jours) et le taux d'hémorragies intracérébrales symptomatiques étaient
significativement plus élevés chez les patients traités par la streptokinase que dans le
groupe placebo (respectivement 17,8% versus 10,9%, et 12,6% versus 2,4%). A 3 mois,
les groupes streptokinase et placebo affichaient un taux de mortalité ou de handicap
similaire (respectivement 42,3% et 44,6%). En revanche, les 70 patients traités par la
streptokinase dans les 3 heures suivant l'apparition des symptômes, présentaient de
meilleurs résultats cliniques et un moindre risque de mortalité par rapport aux patients
traités après 3 heures [74, 75].
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
55
1.3.2.4. Comparaison des études MAST-E, MAST-I et ASK
Etudes MAST-E MAST-I ASK
Années d'inclusion 1992-1994 1991-1995 1992-1994
Nombre de patients 310 622 340
Fenêtre thérapeutique 0 - 6 h 0 - 6 h 0 - 4 h
Traitement évalué SK (1,5 106 unités)
SK (1,5 106 unités)
et/ou aspirine (300mg) SK (1,5 10
6 unités)
Groupe contrôle placebo placebo placebo
Mortalité précoce
(à 7 ou 10 jours)
34% (SK)
18,2% (placebo)
19% (SK)
34% (SK+aspirine)
10% (aspirine)
13% (placebo)
17,8% (SK)
10,9% (placebo)
Mortalité ou
handicap sévère
(à 3 ou 6 mois)
79,5% (SK)
81,8% (placebo)
62% (SK)
63% (SK+aspirine)
61% (aspirine)
68% (placebo)
42,3% (SK)
44,6% (placebo)
HIC symptomatique 21,2% (SK)
2,6% (placebo)
6% (SK)
10% (SK+aspirine)
2% (aspirine)
0,6% (placebo)
12,6% (SK)
2,4% (placebo)
Tableau II. Résumé des études MAST-E, MAST-I et ASK [70, 72, 75]
1.3.2.5. Conclusion
L'utilisation de streptokinase IV était associée à un risque inacceptable
d’hémorragies intracrâniennes symptomatiques et de décès, sans bénéfice à la fin du suivi.
Cet agent thrombolytique n'est donc pas recommandé à la phase aiguë des infarctus
cérébraux [2]. Le manque de fibrinospécificité de la streptokinase peut expliquer en partie
ce risque hémorragique élevé. Cependant, l'administration d'une dose plus faible de
streptokinase (adaptée au poids), dans un délai plus court, en évitant toute administration
concomitante d'aspirine, aurait peut-être pu limiter la survenue de ces évènements
indésirables [76].
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
56
2. Thrombolytiques administrés par voie IA : pro-urokinase et urokinase
2.1. PROACT I
PROACT I (PROlyse in Acute Cerebral Thromboembolism) était la première étude
multicentrique, randomisée, en double aveugle, comparant l'innocuité, le taux de
recanalisation et l'efficacité clinique d'une perfusion intra-artérielle de pro-urokinase
recombinant (rpro-UK) par rapport à un placebo, chez des patients présentant une
occlusion de l'artère cérébrale moyenne (ACM). Les patients, âgés de 18 à 85 ans, devaient
présenter un tableau clinique traduisant une atteinte du territoire de l'ACM datant de moins
de 6 heures et avoir un score NIHSS compris entre 4 et 30. Un scanner cérébral était réalisé
avant toute inclusion dans l'étude, afin d'exclure les patients victimes d'un AVC
hémorragique, présentant un effet de masse avec déviation de la ligne médiane ou ayant
une tumeur intracrânienne. Cependant, les patients présentant des signes scannographiques
précoces d'ischémie pouvaient faire partie de l'étude. Puis une angiographie cérébrale du
territoire carotidien devait être réalisée. Les patients présentant une occlusion du segment
M1 ou M2 de l'ACM pouvaient alors être randomisés et recevoir, à l'aide d'un cathéter
intra-artériel placé à proximité du thrombus, 6 mg de rpro-UK ou une solution saline par
une perfusion de 2 heures. Tous les patients ont également reçu une perfusion
intraveineuse d'héparine pendant 4 heures, selon deux protocoles différents. Les premiers
patients inclus dans l'étude ont reçu une forte dose d'héparine, mais le taux élevé
d'hémorragie intracrânienne 24 heures après le début du traitement (72,7% pour la rpro-UK
contre 20,0% pour le placebo) a conduit à une diminution de la dose. Ce qui s'est traduit
par une diminution de la fréquence des hémorragies intracérébrales dans les groupes rpro-
UK et placebo (respectivement 20% et 0%) [77].
Entre février 1994 et février 1995, 46 patients ont pu être randomisés parmi les
1314 patients recrutés, mais seulement 40 patients ont été traités. 26 patients ont reçu la
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
57
rpro-UK et 14 patients ont été inclus dans le groupe placebo. Une recanalisation partielle
ou complète de l'ACM, à 120 minutes du début du traitement, était observée chez 57,7%
des patients traités par rpro-UK contre 14,3% des patients du groupe placebo. Le taux de
recanalisation était plus élevé pour les patients ayant bénéficié de la rpro-UK associée à la
plus haute dose d'héparine. Une transformation hémorragique s'est produite dans les 24
premières heures suivant le début du traitement chez 42,3% des patients du groupe rpro-
UK contre seulement 7,1% des patients du groupe placebo. En revanche, le taux
d'hémorragie intracérébrale symptomatique à 24 heures n'était pas significativement
différent entre les deux groupes (15,4% dans le groupe rpro-UK versus 7,1% dans le
groupe placebo). A 3 mois, la rpro-UK semblait apporter un bénéfice clinique par rapport
au placebo. En effet, un index de Barthel ≥ 90, un score de Rankin modifié (mRS) ≤ 1 et
un score NIHSS ≤ 1 étaient plus fréquemment observés chez les patients traités par la rpro-
UK mais de façon non significative. Le taux de mortalité, 3 mois après l'initiation du
traitement, était de 26,9% dans le groupe rpro-UK contre 42,9% dans le groupe placebo.
Le nombre de patients inclus dans cette étude était trop faible pour conclure sur le réel
bénéfice d'une administration intra-artérielle de rpro-UK. Cependant, les résultats obtenus
en faveur de la rpro-UK ont permis la réalisation de nouvelles études [77].
2.2. PROACT II
PROACT II était une étude de phase III, multicentrique, randomisée, contrôlée,
ouverte, réalisée entre février 1996 et août 1998, aux Etats-Unis et au Canada. Cette étude
avait pour objectif de déterminer l'efficacité clinique et l'innocuité d'une administration
intra-artérielle de rpro-UK, lors d'un infarctus cérébral datant de moins de 6 heures, causé
par une occlusion de l'ACM. Les critères d'éligibilité étaient sensiblement les mêmes que
pour PROACT I. Les patients devaient notamment avoir entre 18 et 85 ans, et un score
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
58
NIHSS compris entre 4 et 30. En revanche, les critères scannographiques étaient plus
stricts que pour PROACT I et correspondaient aux critères exigés par l'étude ECASS. En
effet, les patients présentant une lésion précoce hypodense ou un effacement des sillons
cérébraux dans plus d'un tiers du territoire de l'ACM ne pouvaient pas participer à l'étude.
Parmi les 12323 patients examinés, seulement 180 patients présentaient à la fois tous les
critères cliniques (NIHSS médian de 17), une occlusion du segment M1 ou M2 de l'ACM
visible à l'artériographie et n'avaient aucune hémorragie ou signes précoces d'ischémie
majeure sur le scanner. 121 patients ont ainsi été randomisés dans le groupe traité par 9 mg
de rpro-UK par voie IA en perfusion de 2 heures associée à une faible dose d'héparine IV,
selon le même protocole que PROACT I. L'administration du traitement thrombolytique se
faisait en moyenne dans les 5,3 heures. Les 59 autres patients randomisés devaient recevoir
uniquement l'héparine IV, aucun placebo ne devait être administré par voie IA [78].
Une angiographie était réalisée deux heures après l'initiation du traitement pour
évaluer la perméabilité artérielle. Un taux de recanalisation totale ou partielle était retrouvé
chez les deux tiers des patients traités par thrombolyse IA (66% versus 18% pour le groupe
contrôle). En revanche, le taux de revascularisation complète était de 19% seulement pour
les patients ayant bénéficié de rpro-UK et de 2% pour les patients n'ayant reçu que
l'héparine [78].
(D) occlusion du segment M1 de l'ACM droite, (E) introduction du microcathéter,
(F) revascularisation de l'ACM après administration de rpro-UK
Figure 17. Artériographies cérébrales avant et après injection de rpro-UK [78]
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
59
A 90 jours, 40% des patients du groupe rpro-UK étaient valides ou atteints d'un
handicap mineur (mRS ≤ 2) contre seulement 25% des patients du groupe contrôle. Les
autres critères cliniques comme l'autonomie et l'état neurologique, évalués respectivement
par l'index de Barthel et le score NIHSS, ne montraient pas de différence significative entre
les deux groupes. Le taux d'hémorragie intracrânienne, 24 heures après l'initiation du
traitement, était significativement supérieur dans le groupe rpro-UK (35% versus 13% dans
le groupe contrôle). Cependant, aucune différence significative n'était observée au dixième
jour (68% versus 57%). Une hémorragie intracrânienne symptomatique est survenue dans
les 24 premières heures chez 10% des patients traités par rpro-UK et 2% des patients du
groupe contrôle. Seuls les patients ayant un score NIHSS ≥ 11 à l'admission ont été
victimes d'une telle complication. Un même taux de mortalité (environ 25%) était retrouvé
à 3 mois dans les deux groupes de traitement. Bien que la rpro-UK administrée par voie IA
augmentait la fréquence des hémorragies intracrâniennes précoces, son utilisation semblait
être bénéfique pour les patients survivants, en limitant les séquelles [78].
2.3. MELT
MELT (Middle Cerebral Artery Embolism Local Fibrinolytic Intervention Trial) était
une étude multicentrique, ouverte, randomisée et contrôlée, qui a débuté en janvier 2002,
au Japon. Contrairement à PROACT I et II qui utilisaient de la rpro-UK, MELT avait pour
objectif de déterminer l'innocuité et l'efficacité d'une administration IA d'urokinase (UK)
dans les 6 heures suivant l'apparition des symptômes d'un infarctus cérébral causé par une
occlusion du segment M1 ou M2 de l'ACM. Cependant, cette étude a été arrêtée
prématurément suite à l'autorisation de l'utilisation du rt-PA par voie IV, en octobre 2005,
au Japon. Par conséquent, seulement 114 patients ont été randomisés : une moitié a reçu
l'urokinase (600000 UI maximum) par voie IA dans les 3,8 heures en moyenne et l'autre
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
60
moitié faisait partie du groupe contrôle. Aucun agent antithrombotique ne devait être
administré dans les 24 premières heures. En revanche, le retrait mécanique du thrombus
était autorisé dans le groupe urokinase et a été réalisé dans plus de deux tiers des cas
(68%). Les critères d'inclusion et d'exclusion étaient semblables aux études précédentes,
toutefois certains critères étaient plus stricts afin d'exclure les patients les plus à risque
d'évolution défavorable. Ainsi, les patients devaient avoir moins de 75 ans, un score
NIHSS compris entre 5 et 22 et un mRS ≤ 2 à l'admission. Un scanner cérébral était
également réalisé afin d'exclure les patients présentant une hémorragie cérébrale, une
situation à risque d'hémorragie ou des signes précoces d'ischémie [79, 80].
Une recanalisation partielle ou totale a été obtenue chez 73,7% des patients traités par
urokinase mais seulement 3 patients (5%) ont eu une recanalisation totale. Les patients
ayant reçu l'urokinase avaient une meilleure évolution clinique à 3 mois que les patients du
groupe contrôle. En effet, 42,1% avaient un mRS ≤ 1 et 35,1% avaient un NIHSS ≤ 1
contre respectivement 22,8% et 14% dans le groupe contrôle. En revanche, le taux de
patients ayant un mRS ≤ 2 (critère principal d'efficacité) n'était pas significativement
différent entre les deux groupes (49,1% versus 38,6%). Par ailleurs, 9% des patients traités
par urokinase ont été victimes d'une hémorragie intracrânienne symptomatique dans les 24
heures suivant le début du traitement versus 2% des patients du groupe contrôle. Le taux de
mortalité à 3 mois était faible dans les deux groupes (5,3% dans le groupe urokinase et
3,5% dans le groupe contrôle). La thrombolyse IA semblait apporter un bénéfice clinique
mais le nombre trop restreint de patients traités ne permettait pas de conclure sur le réel
bénéfice de l'urokinase [79, 80].
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
61
2.4. Comparaison des études PROACT I, PROACT II et MELT
Etudes PROACT I PROACT II MELT
Années d'inclusion 1994-1995 1996-1998 2002-2005
Nombre de patients 40 180 114
Fenêtre thérapeutique 0 - 6 h 0 - 6 h 0 - 6 h
Traitement évalué rpro-UK IA (6 mg)
+ héparine IV
rpro-UK IA (9 mg)
+ héparine IV UK IA (600000 UI)
Groupe contrôle placebo IA
+ héparine IV héparine IV aucun traitement
Recanalisation à 2h
partielle ou totale
57,7% (rpro-UK)
14,3% (placebo)
66% (rpro-UK)
18% (contrôle)
73,7% (UK)
/
HIC symptomatique
à 24h
15,4% (rpro-UK)
7,1% (placebo)
10% (rpro-UK)
2% (contrôle)
9% (UK)
2% (contrôle)
Etat clinique
à 3 mois :
mRS ≤ 2 / 40% (rpro-UK)
25% (contrôle)
49,1% (UK)
38,6% (contrôle)
mRS ≤ 1 30,8% (rpro-UK)
21,4% (placebo)
26% (rpro-UK)
17% (contrôle)
42,1% (UK)
22,8% (contrôle)
NIHSS ≤ 1 19,2% (rpro-UK)
7,1% (placebo)
18% (rpro-UK)
12% (contrôle)
35,1% (UK)
14% (contrôle)
Mortalité à 3 mois 26,9% (rpro-UK)
42,9% (placebo)
25% (rpro-UK)
27% (contrôle)
5,3% (UK)
3,5% (contrôle)
Tableau III. Résumé des études PROACT I, PROACT II et MELT [77-79]
2.5. Conclusion
Ces études ont montré que la délivrance d'un agent thrombolytique directement au
contact du thrombus était responsable d'un taux de recanalisation important et d'une
évolution clinique favorable. Cependant, la rpro-urokinase n'a pas été autorisée par la FDA
par manque d'études et n'est donc pas disponible en pratique courante [81].
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
62
Partie 4 : Stratégies thérapeutiques actuelles
1. Altéplase IV
Le rt-PA (altéplase, Actilyse®) administré par voie IV représente le traitement
d'urgence de première intention des infarctus cérébraux.
1.1. Les débuts du t-PA recombinant (rt-PA)
Les propriétés fibrinolytiques du t-PA humain natif ont conduit à la production de t-PA
recombinant par génie génétique au début des années 1980. L'ADNc du t-PA humain a
d'abord été exprimé chez Escherichia coli. Puis la production de rt-PA à partir de cellules
mammaliennes a permis un meilleur rendement. Le rt-PA obtenu possédait les mêmes
propriétés biochimiques et la même activité thrombolytique spécifique que le t-PA humain
natif. En effet, les domaines F et kringles responsables de la fibrinospécificité étaient
retrouvés dans la structure du rt-PA, comme le domaine E responsable de l'élimination
rapide du t-PA et le domaine P. Du fait de sa demi-vie courte, le rt-PA doit être administré
par perfusion intraveineuse. La grande quantité de rt-PA produite à partir de cellules
d'ovaire de hamster chinois (CHO) a rendu possible sa commercialisation sous le nom
d'altéplase (Actilyse®) [53, 82].
Figure 18. Structure de l'altéplase (rt-PA) [83]
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
63
Les propriétés thrombolytiques du rt-PA ont d'abord été démontrées au cours
d'expérimentations animales, dans le cadre d'occlusions coronariennes. En 1984, le rt-PA a
été utilisé pour la première fois chez des patients atteints d'un infarctus du myocarde, avec
l'accord de la FDA, suite aux résultats prometteurs du t-PA humain. Des essais cliniques à
plus grande échelle se sont poursuivis, dans un premier temps pour la prise en charge
thérapeutique des infarctus du myocarde, puis pour le traitement d'autres pathologies
thrombotiques comme les infarctus cérébraux [53, 82].
1.2. Essais cliniques
1.2.1. NINDS
NINDS (National Institute of Neurological Disorders and Stroke) était une étude
randomisée, en double aveugle, contrôlée versus placebo. Elle a été réalisée en deux parties
entre janvier 1991 et octobre 1994 aux Etats-Unis. La première partie consistait à
déterminer l'efficacité clinique du rt-PA dans les 24 premières heures, évaluée par un score
NIHSS abaissé d'au moins 4 points ou par la disparition des troubles neurologiques, chez
291 patients. La deuxième partie incluait 333 patients et cherchait à démontrer l'efficacité
clinique du rt-PA à 3 mois, définie par un index de Barthel ≥ 95, un score NIHSS ≤ 1, un
mRS ≤ 1 et un score égal à 1 sur l'échelle de Glasgow (GOS). Les patients randomisés
recevaient le rt-PA ou un placebo dans les 3 premières heures suivant l'apparition des
symptômes de l'infarctus cérébral. Le rt-PA devait être administré à la dose de 0,9 mg/kg
(maximum 90 mg), avec un bolus correspondant au dixième de la dose totale dans un
premier temps, suivi d'une perfusion IV d'une heure pour le reste de la dose. Aucun
traitement anticoagulant ou antiagrégant plaquettaire ne devait être donné dans les 24
premières heures [84].
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
64
Une analyse combinée des résultats des deux parties de l'étude a été réalisée chez la
totalité des 624 patients randomisés. Aucune amélioration neurologique significative n'a
été observée 24 heures après l'administration de rt-PA par rapport au placebo. En revanche,
la survenue d'une hémorragie cérébrale symptomatique dans les 36 premières heures a été
observée chez 6,4% des patients traités par le rt-PA contre seulement 0,6% dans le groupe
placebo. Les patients victimes d'une hémorragie intracrânienne symptomatique avaient un
déficit neurologique plus sévère lors de l'inclusion dans l'étude (NIHSS médian de 20
contre seulement 14 pour l'ensemble de la population de l'étude). Par ailleurs, les patients
ayant un œdème cérébral visible sur le scanner d'entrée avaient également plus de risque
d'avoir une transformation hémorragique, puisque 9% des patients victimes d'une
hémorragie cérébrale avait un œdème cérébral contre seulement 4% pour l'ensemble des
patients. En revanche, le taux d'hémorragie intracrânienne asymptomatique était similaire
pour les deux groupes. A 3 mois, le taux de mortalité était semblable pour les deux groupes
(17% pour le rt-PA versus 21% pour le placebo) cependant les survivants ayant reçu le rt-
PA avaient un meilleur état clinique que les patients du groupe placebo. En effet, un
bénéfice significatif était observé pour les 4 critères de jugement, avec entre autre un score
NIHSS et un mRS ≤ 1 chez respectivement 34% et 42,5% des patients du groupe rt-PA
contre 20,5% et 26,4% des patients du groupe placebo. Malgré le risque de complication
hémorragique majeure, un traitement précoce par rt-PA dans les 3 premières heures suivant
l'accident ischémique apportait un réel bénéfice clinique en limitant le nombre de patients
dépendants et/ou handicapés, sans augmenter le taux de mortalité [84].
Les résultats prometteurs de cette étude ont conduit la FDA à approuver, en juin
1996, l'utilisation thérapeutique du rt-PA dans les infarctus cérébraux. Aux Etats-Unis,
l'altéplase pouvait donc être administré en routine dans les 3 premières heures suivant
l'apparition des symptômes [20].
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
65
1.2.2. ATLANTIS
ATLANTIS (Ateplase ThromboLysis for Acute Non interventional Therapy in
Ischemic Stroke) était une étude randomisée, en double aveugle, contrôlée versus placebo,
qui a été réalisée en Amérique du Nord. Elle avait pour objectif d'évaluer l'efficacité et
l'innocuité du rt-PA administré à la dose de 0,9 mg/kg (90 mg maximum) avec un bolus IV
de 10% de la dose suivi d'une perfusion d'une heure, dans les 6 premières heures suivant
l'apparition des symptômes. Cette étude a débuté en août 1991, mais le recrutement des
patients a été stoppé en octobre 1993 pour des raisons de sécurité. Toutefois, l'étude a
repris en décembre 1993 avec une fenêtre thérapeutique abaissée à 5 heures, ce qui a
scindé l'étude ATLANTIS en deux parties A et B [85, 86].
ATLANTIS A consistait à évaluer le rt-PA administré entre 0 et 6 heures, chez 142
patients randomisés entre août 1991 et octobre 1993. Un pourcentage plus élevé de patients
ayant reçu le rt-PA bénéficiait d'une amélioration neurologique (diminution du score
NIHSS d'au moins 4 points) dans les 24 premières heures par rapport au groupe placebo
mais ce n'était plus le cas 3 mois après l'initiation du traitement. En effet, le pourcentage de
patients avec un score NIHSS ≤ 1 et un index de Barthel ≥ 95 était similaire pour les deux
groupes de traitement. Par ailleurs, le rt-PA augmentait significativement le taux
d'hémorragie intracérébrale symptomatique à 10 jours (11,3% versus 0% dans le groupe
placebo) ainsi que le taux de mortalité à 3 mois (22,5% versus 7% dans le groupe placebo).
Ces évènements indésirables étaient particulièrement retrouvés chez les patients traités
entre 5 et 6 heures ou ayant un NIHSS supérieur à 20. Aucun bénéfice significatif n'a été
retenu pour le rt-PA lorsqu'il était administré dans les 6 premières heures. Mais comme
seulement 15% des patients ont été inclus dans les 3 premières heures, ces résultats
négatifs concernaient essentiellement les patients traités après 3 heures. Cette étude
s'opposait donc à l'utilisation du rt-PA au-delà de la troisième heure [86].
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
66
ATLANTIS B s'est déroulée entre décembre 1993 et juillet 1998 mais à compter de
février 1996, suite aux résultats de l'étude NINDS, seul le rt-PA administré entre la
troisième et la cinquième heure devait être évalué. 613 patients ont été recrutés dans cette
partie mais la population cible traitée entre 3 et 5 heures comptait 547 patients. Un tiers des
patients avaient un score NIHSS ≤ 1 à 3 mois, qu'ils fassent partie du groupe traité par rt-
PA ou du groupe placebo. Et environ 40% des patients ne présentaient que des symptômes
minimes voire aucun symptôme (mRS ≤ 1) à 3 mois. Aucun bénéfice significatif n'a été
observé avec le rt-PA quels que soient le paramètre évalué et la population étudiée. Par
ailleurs, le rt-PA augmentait significativement le taux d'hémorragies intracérébrales
qu'elles soient symptomatiques ou asymptomatiques. En effet, 6,7% des patients ayant reçu
le rt-PA ont été victimes d'une hémorragie intracérébrale symptomatique dans les 10
premiers jours (dans les 30 heures pour la plupart des cas) contre seulement 1,3% dans le
groupe placebo. Cependant, le taux de mortalité à 3 mois n'était pas significativement
différent entre les deux groupes (10,9% avec le rt-PA versus 6,9% avec le placebo). Les
résultats de cette étude ne sont donc pas en faveur d'une utilisation du rt-PA au-delà de la
troisième heure, par manque d'efficacité de l'agent thrombolytique [85].
1.2.3. ECASS I
ECASS I (European Cooperative Acute Stroke Study) a été la première étude sur la
thrombolyse réalisée à grande échelle en Europe. Il s'agissait d'une étude multicentrique,
randomisée, en double aveugle, contrôlée versus placebo. Cette étude avait pour objectif
d'évaluer le rt-PA administré par voie IV à la dose de 1,1 mg/kg (110 mg maximum) dans
les 6 premières heures suivant l'apparition des symptômes d'un infarctus cérébral. 620
patients ont été inclus dans l'étude entre 1992 et 1994, mais plus de 80% de ces patients ont
été randomisés après 3 heures. Les patients devaient avoir un déficit neurologique modéré
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
67
à sévère (évalué par l'échelle d'AVC scandinave) mais ne devaient pas présenter de signes
précoces d'ischémie majeure sur le scanner initial, ni d'œdème diffus responsables d'un
risque élevé de transformation hémorragique. Cependant 109 patients (17,4%) ne
respectaient pas le protocole et présentaient pour la plupart un infarctus étendu, supérieur à
un tiers du territoire de l'ACM. La population cible définie par le protocole de l'étude
comptait alors seulement 511 patients [87].
A 3 mois, aucune différence significative en termes d'efficacité clinique n'a été
observée entre les deux groupes de traitement lors de l'analyse en intention de traiter (ITT).
En effet, un mRS ≤ 1 a été constaté chez 35,7% des patients du groupe rt-PA et 29,3% des
patients du groupe placebo, d'autre part l'index de Barthel médian était similaire dans les
deux groupes. En revanche, les patients de la population cible ayant reçu le rt-PA
bénéficiaient d'une meilleure amélioration clinique avec un mRS ≤ 1 retrouvé chez 41%
d'entre eux. D'autre part, l'incidence des hémorragies intracérébrales n'était pas
significativement plus élevée dans le groupe traité par l'agent thrombolytique. Cependant,
les hémorragies intraparenchymateuses étendues survenaient plus fréquemment chez les
patients traités par rt-PA. Et un plus grand nombre de décès a été constaté à 90 jours chez
les patients ayant reçu le rt-PA (22,4%) par rapport au groupe placebo (15,8%). Les
résultats de cette étude n'ont donc pas démontré l'efficacité attendue du rt-PA. Cela était
probablement lié à la violation du protocole par un nombre non négligeable de patients
ainsi qu'à la dose élevée de rt-PA [87].
1.2.4. ECASS II
ECASS II était une étude randomisée, en double aveugle, contrôlée versus placebo,
effectuée en Europe, Australie et Nouvelle Zélande. 800 patients, âgés de 18 à 80 ans et
victimes d'un infarctus cérébral modéré à sévère, ont été recrutés entre octobre 1996 et
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
68
janvier 1998. 409 patients devaient recevoir le traitement thrombolytique et les 391 autres
patients faisaient partie du groupe placebo. L'altéplase devait être administré à la même
dose et selon le même protocole que pour l'étude NINDS, soit 0,9 mg/kg en perfusion IV
d'une heure précédée d'un bolus correspondant à 10% de la dose totale, mais le délai
d'administration pouvait aller jusqu'à 6 heures après l'apparition des symptômes. 80% des
patients ont ainsi été traités entre 3 et 6 heures, comme dans l'étude ECASS I. Aucun
traitement antithrombotique ne devait être administré les 24 premières heures à l'exception
d'une injection sous-cutanée d'héparine (≤ 10000 UI) en prévention du risque de thrombose
veineuse profonde. 72 patients, soit 9% versus 17,4% dans ECASS I, ne respectaient pas le
protocole établi par l'étude et présentaient pour la plupart un infarctus étendu (hypodensité
> 33% du territoire de l'ACM) [88].
Le critère principal d'efficacité du traitement, mRS ≤ 1 à 90 jours, n'était pas
significativement différent entre les deux groupes mais un taux élevé de patients du groupe
placebo avait un résultat clinique favorable (36,6% versus 40,3% pour le groupe traité par
rt-PA). Seule une réduction du score NIHSS à 30 jours était significativement en faveur du
groupe traité par le rt-PA mais cette réduction ne différait que d'un point par rapport au
groupe placebo. Par ailleurs, aucune différence significative en terme d'efficacité n'a été
observée entre les patients pris en charge dans les 3 premières heures et ceux traités à partir
de la troisième heure mais cela était à interpréter avec précaution car seul un petit
échantillon de patients a été inclus dans les 3 premières heures. Les hémorragies
intracrâniennes symptomatiques et les hémorragies intraparenchymateuses survenaient
respectivement 2,5 et 4 fois plus fréquemment dans le groupe traité par l'agent
thrombolytique que dans le groupe placebo (8,8% et 11,8% versus 3,4% et 3,1%). Les
décès précoces (survenant dans les 7 premiers jours) causés par une hémorragie
intracrânienne associée ou non à un œdème cérébral étaient plus fréquents chez les patients
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
69
ayant reçu l'altéplase. En revanche, le taux de mortalité à 3 mois était similaire dans les
deux groupes de traitement (environ 11%). Ce taux était relativement faible par rapport aux
études précédentes, probablement lié au fait que les patients avaient un déficit
neurologique moins sévère à l'admission (score NIHSS médian de 11). Bien que l'altéplase
n'apportait pas de bénéfice clinique significatif, ECASS II a conforté les résultats de l'étude
NINDS qui étaient en faveur de la thrombolyse IV par rt-PA [88].
1.2.5. ECASS III
ECASS III a été entreprise suite à l'AMM européenne, obtenue en janvier 2003,
permettant l'utilisation en routine de l'altéplase par voie IV dans les 3 premières heures
suivant l'apparition des symptômes d'un infarctus cérébral. Cette étude cherchait donc à
évaluer l'efficacité et l'innocuité d'une administration de rt-PA entre 3 et 4h30, afin de
permettre à un plus grand nombre de patients de bénéficier du traitement thrombolytique. Il
s'agissait d'une étude de phase III, randomisée, en double aveugle, contrôlée versus
placebo. 821 patients, âgés de 18 à 80 ans, ont été randomisés entre juillet 2003 et
novembre 2007, après l'exclusion des patients présentant un infarctus étendu. 418 patients
ont été inclus dans le groupe rt-PA et les 403 autres patients faisaient partie du groupe
placebo. Mais seulement 375 et 355 patients ont reçu respectivement l'altéplase ou le
placebo. En effet, 91 patients (11%) ne respectaient pas le protocole de l'étude et ont ainsi
été exclus après randomisation. L'altéplase devait être administré à la dose de 0,9 mg/kg
(90 mg maximum) avec un bolus de 10% de la dose totale suivi d'une perfusion IV d'une
heure pour le reste de la dose [89].
ECASS III a été la deuxième étude, après l'étude NINDS, à montrer une efficacité
significative de l'altéplase. En effet, les patients faisant partie du groupe rt-PA présentaient
un meilleur état fonctionnel et neurologique à 3 mois par rapport aux patients du groupe
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
70
placebo. Un mRS ≤ 1 et un score NIHSS ≤ 1 étaient retrouvés respectivement chez 52,4%
et 50,2% des patients du groupe rt-PA versus chez 45,2% et 43,2% des patients du groupe
placebo. En revanche, le taux d'hémorragie cérébrale était sans surprise plus élevé chez les
patients traités par l'agent thrombolytique (27% versus 17,6%). L'incidence des
hémorragies intracrâniennes symptomatiques, survenant dans les 22 à 36 heures suivant
l'initiation du traitement, était également significativement plus élevée dans le groupe
altéplase (2,4% versus 0,2% selon la définition de ECASS III et 7,9% versus 3,5% selon la
définition de NINDS). Toutefois, ces complications hémorragiques liées au rt-PA n'étaient
pas plus fréquentes que celles retrouvées chez les patients de l'étude NINDS traités dans les
3 premières heures. Le taux d'œdème cérébral symptomatique ainsi que l'incidence d'autres
effets indésirables graves (infections, troubles cardiaques, respiratoires...) étaient
comparables entre les deux groupes de traitement. Par ailleurs, le faible taux de mortalité
rencontré quel que soit le traitement administré (environ 8%) était probablement lié à
l'inclusion de patients avec un déficit neurologique plus modéré par rapport aux études
précédentes (score NIHSS médian de 9 ou 10 selon le groupe) [89].
L'altéplase, administré 3 à 4h30 après les premiers symptômes d'un infarctus
cérébral, a montré un réel bénéfice thérapeutique. La HAS a donc autorisé son utilisation
jusqu'à 4h30 en 2009, ce qui a conduit par la suite à une extension d'AMM en 2012. Bien
que la fenêtre thérapeutique ait été prolongée, il n'est pas question de reporter la prise en
charge des patients lorsque l'altéplase peut être administré dans les premières minutes [18,
24].
1.2.6. IST-3
IST-3 (International Stroke Trial) cherchait à évaluer l'efficacité d'une
administration de rt-PA jusqu'à 6 heures suivant l'apparition des symptômes d'un infarctus
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
71
cérébral. Il s'agissait d'une étude multicentrique, randomisée, ouverte et contrôlée qui a
débuté par une phase pilote en double aveugle, contrôlée versus placebo (incluant 276
patients). Un total de 3035 patients a été randomisé entre mai 2000 et juillet 2011. 1515
patients faisaient partie du groupe rt-PA qui devait être administré à la dose de 0,9 mg/kg
(maximum 90 mg) avec un bolus de 10% de la dose totale suivi d'une perfusion IV d'une
heure. Les 1520 autres patients, qui constituaient le groupe contrôle, ont reçu un traitement
par aspirine dès leur inclusion. Les trois quarts des patients ont été randomisés après 3
heures et 1617 patients, soit un peu plus de la moitié de la population de l'étude (53%),
avaient plus de 80 ans. En effet, compte tenu du vieillissement de la population, de
l'allongement de l'espérance de vie et de l'augmentation de l'incidence des AVC avec l'âge,
l'évaluation de l'efficacité du rt-PA et surtout de son innocuité chez les personnes âgées de
plus de 80 ans était devenue indispensable. C'est pourquoi aucune limite d'âge maximum
n'était imposée contrairement aux études précédentes [90].
Six mois après le début de la prise en charge, le pourcentage de patients vivants et
autonomes était similaire dans les deux groupes de traitement. En effet, 37% des patients
du groupe rt-PA et 35% des patients du groupe contrôle avaient un score compris entre 0 et
2 sur l'échelle de handicap d'Oxford (OHS). Le taux d'hémorragies intracrâniennes
symptomatiques survenant dans les 7 premiers jours était significativement plus élevé chez
les patients traités par rt-PA (7% versus 1% dans le groupe contrôle), comme le taux de
détérioration neurologique liée à la présence d'un œdème cérébral. Par ailleurs, un nombre
plus important de décès a été recensé durant les 7 premiers jours dans le groupe altéplase,
principalement dû aux hémorragies intracrâniennes. Cependant, le taux de mortalité à 6
mois était similaire dans les deux groupes, soit 27%. Les résultats de cette étude ne
permettaient pas d'envisager une thrombolyse IV par rt-PA au-delà de la fenêtre des 4h30
en pratique clinique, en raison principalement d'un manque d'efficacité [90].
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
72
L'administration du rt-PA dans les 6 premières heures n'apparaissait pas
significativement plus à risque chez les personnes de plus de 80 ans, ce qui a conforté les
recommandations actuelles [90]. En effet, en 2009, la HAS a autorisé l'administration du
rt-PA chez les personnes âgées de plus de 80 ans, mais limitait la fenêtre thérapeutique à 3
heures. Toutefois, l'AMM européenne du rt-PA restreint toujours son usage aux personnes
de moins de 80 ans [18, 24].
1.2.7. DEFUSE et EPITHET
Les études DEFUSE (Diffusion and perfusion imaging Evaluation For
Understanding Stroke Evaluation) et EPITHET (EchoPlanar Imaging THrombolytic
Evaluation Trial) avaient une approche un peu différente des études précédentes. En effet,
elles cherchaient à évaluer l'efficacité de l'altéplase, administré entre 3 et 6 heures suivant
l'apparition des symptômes d'un infarctus cérébral, chez des patients ayant un mismatch
perfusion/diffusion. Toutefois, la sélection des patients ne se faisait pas sur la présence de
ce mismatch lors de l'IRM initiale. Une seconde IRM utilisant les séquences de diffusion et
perfusion ainsi qu'une angio-IRM par temps de vol (TOF) étaient réalisées quelques heures
à quelques jours après l'administration du traitement thrombolytique afin de constater une
éventuelle reperfusion cérébrale et/ou recanalisation de l'artère occluse [91, 92].
DEFUSE était la première étude prospective, multicentrique et ouverte, à utiliser
des techniques d'imagerie diagnostique de pointe. Un mismatch était retrouvé chez 54%
des 74 patients inclus entre avril 2001 et avril 2005. Le taux de reperfusion précoce post-
thrombolyse était équivalent quel que soit le profil de l'IRM initiale. Cependant, les
patients qui bénéficiaient d'une reperfusion précoce avaient un meilleur pronostic clinique
lorsqu'ils étaient porteurs d'un mismatch par rapport à ceux qui n'avaient pas de mismatch.
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
73
En revanche, les patients victimes d'un infarctus étendu associé à un mismatch avaient un
risque élevé d'hémorragie intracrânienne symptomatique lié à la recanalisation [91].
EPITHET était une étude de phase II, multicentrique, réalisée en double aveugle,
contrôlée versus placebo, dans laquelle 101 patients ont été randomisés (52 dans le groupe
altéplase et 49 dans le groupe placebo) entre avril 2001 et janvier 2007. Un mismatch était
retrouvé chez la plupart des patients (86%). Aucune différence significative n'a été
observée entre les deux groupes de traitement en ce qui concerne la réduction de la taille de
l'infarctus contrairement au taux de reperfusion qui était significativement plus important
chez les patients traités par l'altéplase. Par ailleurs, une reperfusion du tissu cérébral
permettait de limiter la progression de l'infarctus et était associée à une meilleure évolution
clinique sur le plan neurologique et fonctionnel [92].
La possibilité d'estimer l'étendue de la pénombre ischémique, susceptible d'être
sauvée par la recanalisation de l'artère occluse, pourrait permettre d'élargir l'accès à la
thrombolyse à un plus grand nombre de patients. En effet, une administration de rt-PA au-
delà du délai autorisé pourrait être envisagée chez des patients sélectionnés sur la présence
d'un mismatch perfusion/diffusion. Toutefois, il faudrait également tenir compte d'autres
critères comme la taille initiale de l'hypersignal en diffusion. Afin de déterminer le rapport
bénéfice/risque de cette nouvelle approche, une étude de phase III, contrôlée versus
placebo, nommée EXTEND (EXtending the time for Thrombolysis in Emergency
Neurological Deficits), est actuellement en cours [93].
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
74
1.2.8. Résumé des principaux essais cliniques
Etudes Années de
recrutement
Nombre
de patients
Fenêtre
thérapeutique
Dose de
rt-PA IV
Groupe
contrôle
NINDS 1991-1994
624
312 (rt-PA)
312 (placebo)
0 - 3 h 0,9 mg/kg placebo
ATLANTIS A 1991-1993
142
71 (rt-PA)
71 (placebo)
0 - 6 h 0,9 mg/kg placebo
ATLANTIS B 1993-1998
613
307 (rt-PA)
306 (placebo)
3 - 5 h 0,9 mg/kg placebo
ECASS I 1992-1994
620
313 (rt-PA)
307 (placebo)
0 - 6 h 1,1 mg/kg placebo
ECASS II 1996-1998
800
409 (rt-PA)
391 (placebo)
0 - 6 h 0,9 mg/kg placebo
ECASS III 2003-2007
821
418 (rt-PA)
403 (placebo)
3 - 4,5 h 0,9 mg/kg placebo
IST-3 2000-2011
3035
(1617 > 80 ans)
1515 (rt-PA)
1520 (contrôle)
0 - 6 h 0,9 mg/kg aspirine
Tableau IV. Résumé des caractéristiques des études NINDS, ATLANTIS A et B, ECASS I, ECASS II,
ECASS III et IST-3 [84-90]
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
75
Etudes
HIC
symptomatique
(à 36h, 7 ou 10 jours)
Etat clinique
neurologique et fonctionnel
(à 3 ou 6 mois)
Mortalité
(à 3 ou 6 mois)
NINDS 6,4% (rt-PA)
0,6% (placebo)
NIHSS ≤ 1
34% (rt-PA)
20,5% (placebo)
mRS ≤ 1
42,5% (rt-PA)
26,4% (placebo)
17% (rt-PA)
21% (placebo)
ATLANTIS A 11,3% (rt-PA)
0% (placebo)
NIHSS ≤ 1
35% (rt-PA)
25% (placebo)
22,5% (rt-PA)
7% (placebo)
ATLANTIS B 6,7% (rt-PA)
1,3% (placebo)
NIHSS ≤ 1
34,5 % (rt-PA)
34% (placebo)
mRS ≤ 1
41,7% (rt-PA)
40,5% (placebo)
10,9% (rt-PA)
6,9% (placebo)
ECASS I 10,7% (rt-PA)
mRS ≤ 1
35,7% (rt-PA)
29,3% (placebo)
22,4% (rt-PA)
15,8% (placebo)
ECASS II 8,8% (rt-PA)
3,4% (placebo)
mRS ≤ 1
40,3% (rt-PA)
36,6% (placebo)
10,5% (rt-PA)
10,7% (placebo)
ECASS III 2,4% (rt-PA)
0,2% (placebo)
NIHSS ≤ 1
50,2% (rt-PA)
43,2% (placebo)
mRS ≤ 1
52,4% (rt-PA)
45,2% (placebo)
7,7% (rt-PA)
8,4% (placebo)
IST-3 7% (rt-PA)
1% (contrôle)
OHS ≤ 2
37% (rt-PA)
35% (contrôle)
27% (rt-PA)
27% (contrôle)
Tableau V. Résumé des résultats des études NINDS, ATLANTIS A et B, ECASS I, ECASS II,
ECASS III et IST-3 [84-90]
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
76
1.3. Etudes observationnelles
1.3.1. SITS-MOST
SITS-MOST (Safe Implementation of Thrombolysis in Stroke – Monitoring Study)
était une étude observationnelle, initiée à la demande de l'Agence Européenne du
Médicament (EMA) lors de l'octroi, en 2002, de l'AMM européenne de l'altéplase afin de
confirmer l'efficacité et la sécurité d'emploi de ce traitement thrombolytique lorsqu'il était
administré en pratique clinique routinière dans un délai de 3 heures. Il s'agissait d'une étude
prospective, ouverte, multicentrique (285 centres plus ou moins expérimentés), qui a été
réalisée dans 14 pays affiliés à l'EMA. 6483 patients ont été inclus entre décembre 2002 et
avril 2006. Les patients éligibles, âgés de 18 à 80 ans, devaient recevoir 0,9 mg/kg
d'altéplase par voie IV, dans les 3 heures suivant l'apparition des symptômes. Les patients
victimes d'un AVC sévère, défini par l'imagerie ou par un score NIHSS ≥ 25, étaient
exclus. Par conséquent, les patients avaient un score NIHSS médian de 12 à l'admission
[94].
Les principaux critères de jugement concernaient l'innocuité de l'altéplase, évaluée
par le taux d'hémorragie intracérébrale symptomatique et le taux de mortalité. 1,7% des
patients ont été victimes d'une transformation hémorragique symptomatique, définie selon
le protocole comme une hémorragie intra-parenchymateuse de type 2 (PH-2) associée à
une détérioration neurologique (augmentation du score NIHSS d'au moins 4 points), dans
les 22 à 36 heures suivant l'administration du traitement. Cette complication a été observée
chez 2,2% des patients dans les 7 jours suivant la thrombolyse. La proportion de patients
ayant présenté une hémorragie intracérébrale symptomatique était supérieure si l'on se
basait sur les définitions des études NINDS et ECASS (respectivement 7,3% et 4,6%),
toutefois cela restait acceptable. Par ailleurs, le taux de mortalité à 3 mois était plus faible
dans l'étude SITS-MOST par rapport à celui obtenu dans l'analyse poolée des essais
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
77
cliniques randomisés (11,3% versus 17,3%). Une récupération complète, définie par un
mRS ≤ 1 à 3 mois, a été constatée chez 38,9% des patients, ce qui était similaire aux
résultats observés dans les études randomisées. Un mRS ≤ 2 a été constaté chez 54,8% des
patients. Les résultats obtenus étaient rassurants en termes d'innocuité et d'efficacité. Cette
étude observationnelle a donc confirmé qu'une thrombolyse IV par rt-PA pouvait être
effectuée dans les 3 heures suivant la survenue des symptômes d'un infarctus cérébral, en
pratique clinique routinière [94].
1.3.2. SITS-ISTR
SITS-ISTR (Safe Implementation of Treatments in Stroke – International Stroke
Thrombolysis Register) était une étude observationnelle basée sur les données d'un registre
international. Elle avait pour objectif de comparer l'efficacité et l'innocuité d'une
thrombolyse réalisée entre 3 et 4,5 heures par rapport à une thrombolyse effectuée dans les
3 premières heures. L'altéplase était administré par voie IV à la dose de 0,9 mg/kg. 23942
patients ont été inclus dans SITS-ISTR entre décembre 2002 et février 2010. 21566
patients, dont les patients ayant participé à l'étude SITS-MOST, faisaient partie du groupe
traité dans les 3 premières heures. Tandis que 2376 patients faisaient partie du groupe traité
entre 3 et 4h30. Le nombre de patients traités au-delà de la troisième heure a
considérablement augmenté à partir de la fin de l'année 2008, suite à la publication des
résultats de l'étude ECASS III et de la première analyse de l'étude SITS-ISTR, passant de 6
à 20% environ de la totalité des patients [95, 96].
La survenue d'une hémorragie intracrânienne symptomatique précoce, selon la
définition de l'étude SITS-MOST, était significativement plus fréquente chez les patients
traités entre 3 et 4,5 heures (2,2% versus 1,7% chez les patients traités dans les 3 heures).
En revanche, les taux d'hémorragie intracrânienne symptomatique, selon les définitions des
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
78
études ECASS II et NINDS, n'étaient pas significativement plus élevés chez les patients
traités après 3 heures (respectivement 5,3% et 7,4%). Un taux de mortalité de 12% environ
était retrouvé à 3 mois quel que soit le délai de prise en charge thérapeutique. Le risque de
transformation hémorragique symptomatique et de décès restait faible chez les patients
traités entre 3 et 4,5 heures et était compensé par une augmentation du bénéfice clinique à
3 mois. En effet, le nombre de patients indépendants avec un score mRS ≤ 2 (handicap
mineur) ou un score mRS ≤ 1 (symptômes minimes) était significativement plus important
dans le groupe traité après 3 heures (respectivement 60,3% et 44,5% versus 57,5% et
40,8% dans le groupe traité avant 3 heures). Les résultats de cette étude étaient tout à fait
comparables à ceux obtenus dans les essais cliniques randomisés voire même plus
rassurants en ce qui concerne le risque de transformation hémorragique. Cette étude a
confirmé que l'altéplase pouvait être administré en pratique clinique de façon sûre jusqu'à
4h30 suivant l'apparition des symptômes d'un infarctus cérébral [95].
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
79
1.3.3. Résumé des études observationnelles
Etudes SITS-MOST SITS-ISTR
Années de recrutement 2002 - 2006 2002 - 2010
Nombre de patients 6483 21566 2376
Fenêtre thérapeutique 0 - 3 h 0 - 3 h 3 - 4,5 h
Dose de rt-PA IV 0,9 mg/kg 0,9 mg/kg
HIC symptomatique
selon SITS-MOST
selon ECASS
selon NINDS
1,7%
4,6%
7,3%
1,7%
4,8%
7,1%
2,2%
5,3%
7,4%
Etat clinique (à 3 mois)
mRS ≤ 1 38,9% 40,8% 44,5%
mRS ≤ 2 54,8% 57,5% 60,3%
Mortalité (à 3 mois) 11,3% 12,3% 12,0%
Tableau VI. Résumé des études observationnelles SITS-MOST et SITS-ISTR [94, 95]
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
80
1.4. Limites du rt-PA IV
Le rt-PA est le premier et unique agent thrombolytique autorisé pour le traitement des
infarctus cérébraux mais présente certaines limites. Bien que le délai d'administration de
l'altéplase soit passé de 3 à 4,5 heures suivant l'apparition des symptômes, cette fenêtre
thérapeutique est encore trop courte et restreint un nombre important de patients qui
pourraient potentiellement bénéficier du traitement thrombolytique. Toutefois, il est
important de rappeler que la précocité du traitement reste primordiale afin de maximiser
les chances de récupération clinique. Par ailleurs, la demi-vie courte de cet agent
fibrinolytique implique une administration en perfusion continue, plus contraignante
qu'une administration en bolus. Les autres points négatifs du rt-PA sont son faible pouvoir
de recanalisation par voie IV en cas d'occlusion artérielle proximale (carotidienne par
exemple) et sa neurotoxicité. D'autre part, le risque de survenue d'hémorragies
intracrâniennes est un frein considérable à son utilisation.
C'est pourquoi d'autres moyens de traitement (pharmacologique ou mécanique) sont
recherchés afin d'améliorer la prise en charge thérapeutique des infarctus cérébraux à la
phase aiguë.
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
81
2. Altéplase IA et thrombectomie mécanique
2.1. Les débuts de la thrombolyse IA et des techniques endovasculaires
La thrombolyse IA se pratique depuis plus de 25 ans. Les premières études (PROACT
II essentiellement), utilisant la rpro-urokinase, ont montré que la thrombolyse IA était
bénéfique chez les patients présentant une occlusion proximale de l'ACM et permettait une
recanalisation partielle ou totale dans deux tiers des cas. Alors qu'une thrombolyse IV par
rt-PA ne permettait une recanalisation partielle ou totale que dans un tiers des cas selon
d'autres études [97]. La rpro-urokinase n'étant pas disponible en pratique courante, les
études évaluant la thrombolyse IA se sont poursuivies avec le rt-PA dans l'espoir
d'améliorer le pronostic clinique des patients victimes d'un infarctus cérébral causé par
l'occlusion d'une artère proximale (artère carotide interne intracrânienne, segment M1 ou
M2 de l'artère cérébrale moyenne ou artère basilaire). Parallèlement, la thrombolyse
mécanique par ultrasons (sonothrombolyse) et surtout la thrombectomie, permettant le
retrait mécanique du thrombus à l'aide de dispositifs de recanalisation, se sont développées.
La thrombolyse IA et les techniques endovasculaires pouvaient être réalisées dès le
recrutement des patients ou à la suite d'une thrombolyse IV par rt-PA afin d'augmenter le
taux de recanalisation. En effet, l'approche combinée a l'avantage d'initier le traitement
rapidement par voie IV, puis de réaliser une thrombolyse IA et/ou une thrombectomie in
situ en cas de persistance de l'occlusion artérielle. Plusieurs études ont évalué le rapport
bénéfice/risque de ces différentes approches thérapeutiques [7].
2.2. Les dispositifs de recanalisation
Au fil de ces dernières années, le développement de dispositifs de recanalisation de
plus en plus performants s'est accéléré. De nombreux dispositifs sont actuellement
commercialisés. Mais contrairement à un médicament, la mise sur le marché des dispositifs
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
82
médicaux ne nécessite pas la réalisation d'investigations cliniques complètes, il est donc
difficile de déterminer leur réel bénéfice thérapeutique. Toutefois, certains dispositifs de
recanalisation ont été utilisés dans des études comparatives randomisées évaluant
l'approche endovasculaire.
Le dispositif Merci® a été le premier dispositif de thrombocapture commercialisé. Il a
été autorisé aux Etats-Unis en 2004 par la FDA, suite aux résultats de l'étude MERCI
(Mechanical Embolus Removal in Cerebral Ischemia). Cette étude prospective, non
randomisée, multicentrique, a inclus 151 patients inéligibles pour la thrombolyse IV. Une
recanalisation (TIMI ≥ 2) avait été obtenue chez 48% des patients ayant bénéficié de la
mise en place du dispositif dans les 8 heures suivant l'apparition des symptômes. Mais,
seulement 28% présentaient un état clinique favorable (mRS ≤ 2) à 3 mois. Par ailleurs,
une hémorragie intracrânienne symptomatique s'est produite chez 7,8% des patients et 44%
sont décédés. Toutefois, une revascularisation efficace était associée à un meilleur
pronostic clinique [98]. Un autre modèle du dispositif Merci® (avec microfilaments) a été
évalué dans l'étude prospective, simple bras, MultiMERCI. Ce dispositif permettait une
recanalisation (TIMI ≥ 2) dans 57% des cas et dans 69,5% des cas lorsqu'un traitement IA
était ajouté. A 3 mois, 36% des patients avaient un état clinique favorable (mRS ≤ 2) et
34% étaient décédés [99].
Figure 19. Dispositifs Merci® (séries X et L) [99, 100]
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
83
Le système Penumbra®, approuvé en 2007 par la FDA, est le seul dispositif
permettant une thrombectomie par aspiration continue. Il est constitué d'un cathéter de
reperfusion relié à une pompe et d'un séparateur permettant la fragmentation du caillot
[100]. Une étude prospective, simple bras, multicentrique, a évalué ce dispositif chez 125
patients inclus dans les 8 heures suivant l'apparition des symptômes. Une recanalisation
(TIMI ≥ 2) avait été obtenue chez 82% des patients, mais seulement 25% présentaient un
état clinique favorable (mRS ≤ 2) à 3 mois. Par ailleurs, une hémorragie intracérébrale
symptomatique s'est produite chez 11% des patients et 33% sont décédés [101].
Figure 20. Système Penumbra® (cathéters et séparateurs) [100]
Une nouvelle famille de dispositifs a plus récemment vu le jour, ce sont les stents
retrievers (stents non implantables). Il s'agit de dispositifs auto-extensibles déployés dans
l'artère en amont du thrombus permettant de restaurer immédiatement le flux sanguin puis
de retirer définitivement le caillot. Deux études randomisées, SWIFT (Solitaire With the
Intention For Thrombectomy) et TREVO 2 (Thrombectomy REvascularization of large
Vessel Occlusions in acute ischemic stroke), ont évalué l'efficacité et l'innocuité de deux
stents, le Solitaire FR® et le Trevo® respectivement, par comparaison au dispositif de
première génération Merci®. Le taux de recanalisation (TIMI ou TICI ≥ 2) atteignait 61%
avec le Solitaire FR® et 86% avec le Trevo® versus 24% et 60% dans les groupes
Merci®. Par ailleurs, 58% des patients ayant bénéficié du Solitaire FR® présentaient un
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
84
état clinique favorable à 3 mois contre seulement 33% avec le Merci® et 40% des patients
traités à l'aide du Trevo® avaient un mRS ≤ 2 à 3 mois versus 22% avec le Merci®.
L'incidence des complications liées à la procédure endovasculaire et la survenue
d'hémorragies intracrâniennes symptomatiques étaient équivalentes quel que soit le
dispositif utilisé. Ces études ont donc montré une supériorité des stents retrievers par
rapport au dispositif Merci®. D'excellents résultats concernant ces dispositifs de dernière
génération avaient déjà été constatés lors d'études non contrôlées. Les stents retrievers
semblent être les dispositifs de neurothrombectomie les plus recommandés dans le
traitement des infarctus cérébraux. Ils permettent un meilleur taux de revascularisation et
réduisent le temps nécessaire au retrait du thrombus [102, 103].
Figure 21. Solitaire FR® (stent retriever) [100]
2.3. Essais cliniques évaluant l'approche endovasculaire
2.3.1. EMS
EMS (Emergency Management of Stroke) a été menée entre février 1995 et mars 1996,
avant l'approbation du rt-PA par la FDA. Il s'agissait d'une étude pilote de phase I,
multicentrique, randomisée, en double aveugle, contrôlée versus placebo, dans laquelle
seulement 35 patients ont été inclus. Elle avait pour objectif d'évaluer la faisabilité,
l'efficacité ainsi que l'innocuité d'une thrombolyse combinée IV/IA réalisée dans les 3
heures suivant l'apparition des symptômes d'un infarctus cérébral. Les patients recevaient
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
85
dans un premier temps 0,6 mg/kg de rt-PA IV (10% en bolus suivi d'une perfusion de 30
minutes) ou un placebo selon les mêmes modalités d'administration. Une artériographie
cérébrale était immédiatement réalisée après l'administration du traitement IV. Les patients
qui présentaient une occlusion artérielle pouvaient alors recevoir jusqu'à 20 mg de rt-PA
localement par perfusion IA à l'aide d'un microcathéter [104].
Le pronostic clinique des patients à 3 mois n'était pas différent entre les deux groupes
de traitement, malgré un taux de recanalisation plus important dans le groupe traité par
l'association rt-PA IV/IA. En effet, une recanalisation complète (TIMI 3) a été observée
chez 54% des patients ayant reçu le traitement combiné rt-PA IV/IA et chez seulement
10% des patients traités uniquement par rt-PA IA. Le taux d'hémorragie intracrânienne
symptomatique n'était pas significativement différent entre les deux groupes (11,8% dans
le groupe rt-PA IV/IA versus 5,5% dans le groupe rt-PA IA à 72h) mais plusieurs
évènements indésirables indépendants du traitement ont affecté les patients randomisés
dans le bras de la thrombolyse IV/IA, ce qui a conduit à une augmentation du taux de
mortalité à 3 mois (29% versus 5,5%) et à une réduction des chances de récupération. Par
ailleurs, les patients du groupe traité par rt-PA IV/IA avaient un déficit neurologique plus
sévère que les patients du groupe rt-PA IA lors de l'inclusion (NIHSS médian de 16 et 11
respectivement). La thrombolyse combinée IV/IA semblait réalisable. Mais compte tenu de
la taille restreinte de la population de cette étude, aucune conclusion définitive ne pouvait
être donnée [104].
2.3.2. IMS I
IMS I (Interventional Management Study) cherchait à évaluer la faisabilité et
l'innocuité d'une thrombolyse combinée IV/IA. Il s'agissait d'une étude pilote,
multicentrique, ouverte, simple bras. Les résultats de cette étude ont été comparés à ceux
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
86
obtenus dans l'étude NINDS (thrombolyse IV). 80 patients ont été inclus durant l'année
2001 et avaient un score NIHSS médian de 18 à l'admission. Le rt-PA IV devait être
administré à la dose de 0,6 mg/kg (15% en bolus suivi d'une perfusion de 30 minutes) dans
les 3 heures suivant l'apparition des symptômes de l'infarctus cérébral. Une dose
supplémentaire de rt-PA (jusqu'à 22 mg) était administrée in situ à l'aide d'un
microcathéter IA chez les patients qui présentaient une occlusion visible lors de
l'artériographie cérébrale. 62 patients ont finalement reçu le rt-PA IA en complément de la
thrombolyse IV. Mais une recanalisation complète (TIMI 3) a été obtenue chez seulement
11% de ces patients [105].
Le taux d'hémorragie intracérébrale symptomatique (6,3%) et le taux de mortalité à 3
mois (16%) étaient comparables à ceux retrouvés chez les patients traités par rt-PA IV dans
l'étude NINDS. Toutefois, la procédure IA augmentait le risque de complications
hémorragiques dont les hémorragies intracrâniennes asymptomatiques, liées notamment à
l'utilisation concomitante d'héparine, à la ponction artérielle fémorale ou à une perforation
artérielle lors de l'angiographie. Par ailleurs, les patients ayant bénéficié de la thrombolyse
combinée présentaient un état neurologique et fonctionnel à 3 mois similaire à celui
constaté chez les patients de l'étude NINDS ayant reçu le rt-PA IV. Les résultats
concernant la thrombolyse combinée étaient rassurants en termes de sécurité [105].
2.3.3. IMS II
IMS II avait les mêmes objectifs et le même protocole que l'étude IMS I à l'exception
du cathéter IA qui était doté d'une sonde à ultrasons (système EKOS) dont l'objectif était
d'accélérer la lyse du caillot. Toutefois, lorsque ce système ne pouvait être utilisé, le rt-PA
était administré par un cathéter standard dans les mêmes conditions que l'étude IMS I. 81
patients ont été inclus dans cette étude entre janvier 2003 et février 2006. Mais seulement
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
87
55 patients ont bénéficié de l'approche combinée IV/IA, parmi lesquels 33 ont reçu le rt-
PA via le cathéter EKOS et les ultrasons. Les taux de recanalisation obtenus étaient
similaires à ceux retrouvés dans l'étude IMS I [106].
L'incidence des hémorragies intracérébrales symptomatiques (9,9%), le taux de
mortalité à 3 mois (16%), ainsi que l'état clinique des patients de l'étude IMS II étaient
comparables à ceux des patients de l'étude NINDS traités par rt-PA IV. IMS II a confirmé
les résultats obtenus dans les études IMS I et EMS en ce qui concerne l'innocuité de la
thrombolyse combinée. Mais afin d'évaluer le bénéfice clinique réel d'une thrombolyse
combinée IV/IA, celle-ci devait être comparée à une thrombolyse IV lors d'essais cliniques
randomisés [106].
2.3.4. RECANALISE
L'étude RECANALISE (REcanalisation using Combined intravenous Alteplase and
Neurointerventional ALgorithm for acute Ischemic StrokE), conduite à l'hôpital Bichat, à
Paris, avait pour objectif d'évaluer l'efficacité d'une approche combinant thrombolyse IV et
traitement endovasculaire (thrombolyse IA avec ou sans retrait mécanique du thrombus)
par comparaison à une thrombolyse IV conventionnelle chez des patients présentant une
occlusion artérielle confirmée par imagerie dans les 3 heures suivant l'apparition des
symptômes. Le recrutement des patients s'est déroulé en deux temps définissant ainsi deux
groupes de traitement. 107 patients, inclus entre février 2002 et mars 2007, ont reçu 0,9
mg/kg de rt-PA par voie IV (groupe contrôle). Puis, entre avril 2007 et octobre 2008, 53
patients ont été traités par l'approche combinée qui consistait en une administration de 0,6
mg/kg de rt-PA IV suivie d'une administration IA de 0,3 mg/kg de rt-PA et d'une
thrombectomie mécanique en cas de persistance de l'occlusion malgré la thrombolyse IA
(réalisée chez 20 d'entre eux) [107].
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
88
Le taux de recanalisation était significativement plus élevé chez les patients ayant
bénéficié de l'approche combinée (87% versus 52% pour le groupe IV), ce qui se traduisait
favorablement au niveau clinique. En effet, une amélioration neurologique précoce (défini
par un score NIHSS ≤ 1 ou une réduction de plus de 4 points à 24h) a été constatée chez
60% des patients du groupe combiné IV/IA versus chez 39% des patients du groupe IV.
L'état fonctionnel des patients évalué à 3 mois était également en faveur du traitement
combiné puisque 57% avaient un mRS ≤ 2 contre 44% des patients traités par rt-PA IV,
toutefois la différence n'était pas significative. Par ailleurs, plus le délai de recanalisation
était court, meilleur était le pronostic clinique à 3 mois. En effet, 93% des patients étaient
guéris ou ne présentaient qu'un handicap mineur (mRS 0-2) si une recanalisation était
obtenue dans les 3h30 après le début des symptômes. D'autre part, la thrombolyse
combinée paraissait sûre puisque les taux de mortalité et d'hémorragie intracrânienne
symptomatique (respectivement 17% et 9%) étaient comparables à ceux retrouvés chez les
patients traités par thrombolyse IV seule et également à ceux obtenus dans les études IMS.
Cependant, les résultats de cette étude monocentrique n'étaient pas suffisants pour
extrapoler le bénéfice de l'approche combinée [107].
2.3.5. IMS III
IMS III, entreprise suite aux résultats encourageants des premières études EMS, IMS I
et II, était une étude de phase III, multicentrique, internationale, randomisée, ouverte et
contrôlée. Son objectif était de démontrer l'efficacité et l'innocuité d'une approche
combinant thrombolyse IV et traitement endovasculaire (thrombolyse IA ou
thrombectomie mécanique) par comparaison à la thrombolyse IV conventionnelle. Le rt-
PA IV devait être initié chez tous les patients dans les 3 heures suivant l'apparition des
symptômes de l'infarctus cérébral et la procédure endovasculaire devait être débutée dans
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
89
les 5 heures et terminée dans les 7 heures après le début des symptômes. Le rt-PA IA était
injecté à l'aide d'un microcathéter standard ou équipé du système EKOS (ultrasons) et le
retrait mécanique du thrombus pouvait se faire au moyen de différents dispositifs,
approuvés progressivement par la FDA et le comité exécutif de l'étude, dont le dispositif
Merci®, le système Penumbra® ou le Solitaire FR®. L'étude a débuté en août 2006 mais a
été stoppée prématurément en avril 2012 après l'inclusion de seulement 656 patients
(NIHSS médian de 17 à l'admission), en raison de résultats futiles observés lors d'une
analyse intermédiaire. 222 patients ont reçu le traitement conventionnel ; 0,9 mg/kg de rt-
PA IV. Tandis que les 434 autres patients ont été traités par l'approche combinée qui
consistait en une injection de 0,6 mg/kg de rt-PA IV suivie d'une administration IA de rt-
PA (≤ 22 mg) ou d'une thrombectomie mécanique [108, 109].
En termes de sécurité, les résultats obtenus étaient comparables entre les deux groupes
de traitement, avec un taux de mortalité de l'ordre de 20% à 90 jours et un taux
d'hémorragie intracrânienne symptomatique d'environ 6%. La proportion de patients
indépendants à 3 mois n'était pas significativement différente entre les deux groupes
malgré un taux de recanalisation plus important, notamment en cas d'occlusion de l'artère
carotide interne ou du segment M1 de l'artère cérébrale moyenne, dans le groupe ayant
bénéficié du traitement endovasculaire. En effet, un mRS ≤ 2 était retrouvé chez 40,8% des
patients ayant reçu le traitement combiné et chez 38,7% des patients traités par rt-PA IV
seul. L'approche combinée IV/endovasculaire n'a donc pas montré de supériorité par
rapport à la thrombolyse IV conventionnelle. Les délais trop longs de mise en œuvre du
traitement endovasculaire ont été jugés en partie responsables de cette absence de bénéfice
clinique [109].
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
90
2.3.6. SYNTHESIS Expansion
SYNTHESIS était une étude italienne, multicentrique, randomisée et ouverte. Elle
cherchait à évaluer l'efficacité et l'innocuité d'un traitement endovasculaire (thrombolyse
IA associée ou non à un retrait mécanique du thrombus) initié dans les 6 heures par
comparaison à une thrombolyse IV initiée dans les 4,5 heures. Contrairement à l'étude IMS
III, aucune limitation du score NIHSS n'était imposée, ainsi des patients présentant un
déficit neurologique léger ont été inclus (NIHSS médian de 13). Par ailleurs, la présence
d'une occlusion artérielle n'était pas une condition pour l'inclusion. 362 patients ont été
randomisés entre février 2008 et avril 2012. 181 patients ont reçu le rt-PA par voie IV
selon le même protocole qu'en pratique clinique tandis que l'autre moitié a été répartie dans
le bras de la technique endovasculaire. Parmi ces derniers, 109 ont reçu uniquement une
perfusion IA de rt-PA et 56 ont été traités par rt-PA IA suivi d'une thrombectomie
mécanique. La dose de rt-PA IA pouvait atteindre 0,9 mg/kg (sans dépasser 90 mg) et le
retrait du thrombus s'effectuait à l'aide des dispositifs Solitaire®, Penumbra®, Trevo® ou
Merci®. Le traitement endovasculaire a été réalisé en moyenne 3,75 heures après le début
des symptômes alors que la thrombolyse IV a été initiée dans les 2,75 heures en moyenne
[110].
A 3 mois, 30,4% des patients ayant bénéficié du traitement endovasculaire et 34,8%
des patients traités par rt-PA IV présentaient une évolution clinique favorable (mRS ≤ 1).
Une hémorragie intracérébrale symptomatique est survenue chez 6% des patients quel que
soit le groupe de traitement et aucune différence significative n'a été observée en ce qui
concerne le taux de mortalité à 90 jours qui était de 14,4% dans le groupe de traitement
endovasculaire et de 9,9% dans le groupe IV. Cette étude n'a donc pas montré de
supériorité du traitement endovasculaire par rapport au traitement IV disponible en
pratique clinique. Toutefois, la majorité des patients ayant eu accès à la neuroradiologie
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
91
interventionnelle ont été traités par thrombolyse IA (66,1%) et non pas par thrombectomie
mécanique. De plus, les dispositifs de thrombectomie de dernière génération (stents
retrievers) ont trop peu été utilisés [110].
2.3.7. MR-RESCUE
MR-RESCUE (Mechanical Retrieval and Recanalization of Stroke Clots Using
Embolectomy) était une étude randomisée, ouverte et contrôlée, qui a été entreprise dans
plusieurs centres d'Amérique du Nord entre 2004 et 2011. Elle cherchait à évaluer les
bénéfices cliniques d'une thrombectomie par rapport aux soins médicaux standard
(admission en UNV, monitorage, traitement antithrombotique). D'autre part, cette étude
cherchait à déterminer si l'évaluation de la pénombre ischémique (par imagerie
multimodale) était utile pour la sélection des patients susceptibles de bénéficier d'une
thrombectomie mécanique. La randomisation des patients victimes d'une occlusion
cérébrale touchant un gros tronc artériel de la circulation antérieure (score NIHSS compris
entre 6 et 29) pouvait se faire jusqu'à 8 heures après l'apparition des symptômes de
l'infarctus cérébral. 118 patients ont ainsi été inclus dans cette étude. 64 d'entre eux ont été
pris en charge en neuroradiologie interventionnelle afin de subir une thrombectomie
mécanique à l'aide du dispositif Merci® ou du système Penumbra®, tandis que les 54
autres patients ne devaient recevoir que les soins médicaux standard. Toutefois, 44% des
patients du groupe endovasculaire et 30% des patients du groupe contrôle avaient reçu
initialement du rt-PA IV. Par ailleurs, 58% des patients randomisés présentaient une zone
de pénombre ischémique (tissu cérébral encore viable) et étaient répartis de manière
équitable dans les deux groupes de traitement [111, 112].
Seule une faible proportion de patients (19% dans le groupe endovasculaire et 20%
dans le groupe contrôle) présentait une évolution clinique favorable (mRS ≤ 2) à 3 mois.
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
92
Par ailleurs, l'évolution clinique des patients porteurs ou non d'une pénombre ischémique
était comparable entre les deux groupes de traitement. Le profil d'imagerie initial ne
permettait pas d'identifier les patients les plus à même de bénéficier de l'approche
endovasculaire. D'autre part, une hémorragie intracrânienne symptomatique est survenue
chez 5% des patients du groupe endovasculaire (versus chez 4% des patients du groupe
contrôle) et 19% sont décédés (versus 24% dans le groupe contrôle). Les résultats obtenus,
en termes d'efficacité et de sécurité, n'étaient pas statistiquement différents entre les deux
groupes de traitement. La thrombectomie mécanique n'apportait donc aucun avantage par
rapport aux soins médicaux standard. L'utilisation de dispositifs de première génération
responsables d'un faible taux de revascularisation et le délai de la prise en charge
thérapeutique (plus de 6 heures entre le début des symptômes et la ponction de l'artère
fémorale) pouvaient expliquer en partie ce manque de bénéfice clinique [112].
2.3.8. THRACE
L'étude THRACE (THRombectomie des Artères CErébrales), conduite par le CHU
de Nancy, a débuté en juin 2010 et est actuellement encore en cours. Il s'agit d'une étude
multicentrique, randomisée, contrôlée, avec évaluation médico-économique. Elle a pour
objectif principal de déterminer si une thrombolyse IV associée à une thrombectomie
mécanique est supérieure à la thrombolyse IV actuellement disponible en pratique clinique
de routine. Parallèlement, elle doit évaluer le rapport coût/efficacité de l'approche
combinée par comparaison au traitement thrombolytique IV standard. Cette étude concerne
des patients âgés de 18 à 80 ans, victimes d'un infarctus cérébral modéré à sévère (score
NIHSS compris entre 10 et 25), associé à une occlusion de la carotide intracrânienne, du
segment M1 de l'artère sylvienne ou du tiers supérieur du tronc basilaire. Il a été estimé
que 480 patients devraient être inclus dans cet essai, répartis équitablement dans chacun
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
93
des deux bras de randomisation. La thrombolyse par rt-PA IV (0,9 mg/kg) doit être
administrée à tous les patients au plus tard 4 heures après l'apparition des symptômes pour
que la procédure endovasculaire puisse être initiée dans les 5 premières heures. Mais, seuls
les patients présentant une occlusion lors de l'angiographie subissent une thrombectomie.
Le choix du dispositif de revascularisation (Merci®, Penumbra®, Solitaire FR®, Trevo®,
Catch®…) est laissé à la discrétion du praticien. Une dose supplémentaire de rt-PA IA (0,3
mg/kg) est autorisée en fin de traitement en cas d'emboles distaux. Le critère principal
d'efficacité est l'évolution clinique des patients évaluée par le score de Rankin modifié à 3
mois. Des critères de jugement secondaires comme l'autonomie, la qualité de vie et des
critères de sécurité (hémorragies intracrâniennes, systémiques, complications liées à la
thrombectomie, décès) sont également évalués [113, 114].
Une analyse intermédiaire a été effectuée pour les 220 premiers patients inclus. Une
différence absolue d'évolution clinique favorable (mRS 0-2) de 15% dans le bras de la
technique combinée était attendue mais n'a pas été atteinte. Toutefois, la thrombectomie n'a
pas été associée à une augmentation significative du nombre d'effets indésirables graves ou
de décès [115].
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
94
2.3.9. Résumé des différentes études
Etudes Années
Nb de patients Traitement évalué Groupe contrôle Délai
EMS
1995-1996
35
17 (IV+IA)
18 (IA)
rt-PA IV (0,6mg/kg)
+ rt-PA IA (≤ 20mg)
placebo IV
+ rt-PA IA (≤ 20mg) 3 h
IMS I 2001
80 (IV+IA)
rt-PA IV (0,6mg/kg)
+ rt-PA IA (≤ 22mg) / 3h
IMS II 2003-2006
81 (IV+IA)
rt-PA IV (0,6mg/kg)
+ rt-PA IA (≤ 22mg)
(± ultrasons)
/ 3h
RECANALISE
2002-2007
107 (IV)
2007-2008
53 (IV+EV)
rt-PA IV (0,6mg/kg)
+ rt-PA IA (0,3mg/kg)
± thrombectomie
rt-PA IV (0,9mg/kg) 3h
IMS III
2006-2012
656
434 (IV+EV)
222 (IV)
rt-PA IV (0,6mg/kg)
+ rt-PA IA (≤ 22mg)
(± ultrasons)
ou thrombectomie
rt-PA IV (0,9mg/kg) IV : 3h
EV : 5h
SYNTHESIS
2008-2012
362
181 (EV)
181 (IV)
rt-PA IA (0,9mg/kg)
± thrombectomie rt-PA IV (0,9mg/kg)
IV : 4,5h
EV : 6h
MR-RESCUE
2004-2011
118
64 (EV)
54 (contrôle)
(± rt-PA IV)
Thrombectomie
(± rt-PA IV)
Soins standard 8h
THRACE 2010 - rt-PA IV (0,9mg/kg)
± thrombectomie rt-PA IV (0,9mg/kg)
IV : 4h
EV : 5h
IV : intraveineux, IA : intra-artériel, EV : endovasculaire (intra-artériel et/ou thrombectomie)
Tableau VII. Résumé des caractéristiques des études EMS, IMS I, IMS II, RECANALISE, IMS III,
SYNTHESIS, MR-RESCUE et THRACE [104-107, 109, 110, 112, 113]
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
95
Etudes Recanalisation HIC
symptomatique
Etat clinique
(à 3 mois)
Mortalité
(à 3 mois)
EMS
TIMI 3
54% (IV+IA)
10% (IA)
11,8% (IV+IA)
5,5% (IA)
mRS ≤ 2
67% (IV+IA)
47% (IA)
29% (IV+IA)
5,5% (IA)
IMS I
TIMI 3
11% (IV+IA)
TIMI 2-3
56% (IV+IA)
6,3% (IV+IA)
mRS ≤ 1
30% (IV+IA)
NIHSS ≤ 1
28% (IV+IA)
16% (IV+IA)
IMS II
TIMI 3
4% (IV+IA)
TIMI 2-3
60% (IV+IA)
9,9% (IV+IA)
mRS ≤ 1
33% (IV+IA)
NIHSS ≤ 1
27% (IV+IA)
16% (IV+IA)
RECANALISE 87% (IV+EV)
52% (IV)
9% (IV+EV)
11% (IV)
mRS ≤ 2
57% (IV+EV)
44% (IV)
17% (IV+EV)
17% (IV)
IMS III
TICI 2-3 (occlusion de M1)
86% (IV+EV)
68% (IV)
6,2% (IV+EV)
5,9% (IV)
mRS ≤ 2
40,8% (IV+EV)
38,7% (IV)
19,1% (IV+EV)
21,6% (IV)
SYNTHESIS / 6% (EV)
6% (IV)
mRS ≤ 1
30,4% (EV)
34,8% (IV)
14,4% (EV)
9,9% (IV)
MR-RESCUE
TICI 2-3
71% (EV)
87% (contrôle)
5% (EV)
4% (contrôle)
mRS ≤ 2
19% (EV)
20% (contrôle)
19% (EV)
24% (contrôle)
IV : intraveineux, IA : intra-artériel, EV : endovasculaire (intra-artériel et/ou thrombectomie)
Tableau VIII. Résumé des résultats des études EMS, IMS I, IMS II, RECANALISE, IMS III,
SYNTHESIS et MR-RESCUE [104-107, 109, 110, 112]
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
96
2.4. Recommandations actuelles
La place de l'approche endovasculaire dans la prise en charge thérapeutique des
infarctus cérébraux doit encore être précisée. Toutefois, la thrombolyse IA ou la
thrombectomie mécanique sont recommandées, hors AMM, comme alternative
thérapeutique à la voie IV lorsque celle-ci est contre indiquée (après une chirurgie récente
ou lors d'un déficit neurologique sévère, par exemple). Elles peuvent également être
proposées chez les patients présentant une occlusion d'un gros tronc artériel qui n'ont pas
répondu à la thrombolyse IV. Le rt-PA peut être administré par voie intra-artérielle jusqu'à
6 heures après l'apparition des symptômes pour les occlusions de l'artère cérébrale
moyenne, voire même au-delà pour les occlusions du tronc basilaire du fait du pronostic
catastrophique de ce type d'infarctus. Lorsqu'une thrombectomie mécanique est envisagée,
il est conseillé d'utiliser un stent retriever ou un système de thromboaspiration. Ces
dispositifs de recanalisation peuvent être utilisés seuls ou en combinaison avec la
thrombolyse pharmacologique. Les décisions de prise en charge thérapeutique par voie
endovasculaire doivent être prises au cas par cas, après concertation entre neurologues
vasculaires et neuroradiologues interventionnels [15, 20, 24, 116].
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
97
Partie 5 : Perspectives thérapeutiques
1. Thrombolyse associée aux antithrombotiques
Une réocclusion artérielle (probablement liée à une agrégation plaquettaire excessive)
survient chez environ 20 à 30% des patients même après une fibrinolyse efficace ayant
restauré rapidement le flux sanguin. L'utilisation concomitante d'antithrombotiques a donc
pour objectif d'améliorer l'efficacité du rt-PA en limitant cette réocclusion, en augmentant
le taux de recanalisation et ainsi favoriser la récupération neurologique et fonctionnelle des
patients [41].
1.1. Thrombolyse et aspirine
L'aspirine inhibe l'activation plaquettaire en bloquant la synthèse plaquettaire du
thromboxane A2. Il s'agit du seul antithrombotique qui ait fait preuve de son efficacité
pour prévenir la récidive ischémique précoce et améliorer le pronostic des infarctus
cérébraux. Toutefois, il est recommandé de retarder la prescription d'aspirine de 24 heures
si une thrombolyse est réalisée, afin de réduire le risque de complications hémorragiques
intracérébrales [15].
Une étude de phase III, randomisée et ouverte, nommée ARTIS (Antiplatelet therapy in
combination with Rt-PA Thrombolysis in Ischemic Stroke), a récemment évalué l'intérêt
potentiel d'un traitement associant aspirine et altéplase à la phase aiguë d'un infarctus
cérébral. 642 patients ont été recrutés entre juillet 2008 et avril 2011 dans plusieurs centres
hospitaliers néerlandais. Tous les patients randomisés devaient recevoir le rt-PA par voie
IV à la dose usuelle de 0,9 mg/kg dans les 4,5 heures suivant l'apparition des symptômes.
Un bolus de 300 mg d'aspirine devait être administré par voie IV dans les 90 minutes après
l'initiation de la thrombolyse chez 322 patients, tandis que les 320 autres patients ne
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
98
devaient recevoir aucun traitement supplémentaire. Un traitement oral par aspirine a été
débuté 24 heures après la thrombolyse dans les deux groupes. En revanche, aucun patient
n'avait pris un traitement antiagrégant plaquettaire dans les 5 jours précédant l'AVC. Cette
étude a été stoppée prématurément à cause d'un excès d'hémorragies intracrâniennes
symptomatiques dans le groupe de patients ayant reçu l'injection d'aspirine (4,3% contre
seulement 1,6% avec le traitement thrombolytique standard). Par ailleurs, l'évolution
clinique des patients du groupe rt-PA/aspirine était similaire à celle observée dans le
groupe de la thrombolyse conventionnelle. En effet, 54% des patients du groupe rt-
PA/aspirine et 57% des patients du groupe rt-PA seul avaient un mRS ≤ 2 à 3 mois. Une
administration IV précoce d'aspirine à la phase aiguë des infarctus cérébraux n'apporte
donc aucun bénéfice clinique chez les patients thrombolysés. Les résultats de cette étude
n'ont pas modifié les recommandations précédemment établies [117].
1.2. Thrombolyse et eptifibatide
L'eptifibatide inhibe de façon réversible l'agrégation plaquettaire en empêchant la
liaison du fibrinogène aux récepteurs de la glycoprotéine IIb/IIIa. Cette molécule,
actuellement indiquée dans la prévention de l'infarctus du myocarde, fait l'objet de
recherche dans le cadre du traitement des infarctus cérébraux à la phase aiguë.
Une étude pilote, nommée CLEAR (Combined approach to Lysis utilizing Eptifibatide
And Rt-PA), avait pour objectif d'évaluer l'innocuité d'un traitement IV associant de faibles
doses de rt-PA et l'eptifibatide par comparaison à la thrombolyse IV standard. Il s'agissait
d'une étude multicentrique, randomisée, en double aveugle, dans laquelle 94 patients ont
été inclus entre juillet 2003 et avril 2007. 69 patients faisaient partie du groupe de
l'approche combinée. Ils devaient recevoir 0,3 ou 0,45 mg/kg d'altéplase ainsi que 165
µg/kg d'eptifibatide (75 µg/kg en bolus suivi d'une perfusion IV de 0,75 µg/kg/minute
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
99
pendant 2 heures). Les 25 autres patients étaient répartis dans le groupe de la thrombolyse
standard correspondant à 0,9 mg/kg de rt-PA IV. L'administration de ces molécules devait
être initiée dans les 3 heures suivant l'apparition des symptômes. Une hémorragie
intracrânienne symptomatique n'est survenue que chez un patient (1,4%) du groupe ayant
reçu l'agent antithrombotique et chez deux patients (8%) traités par le rt-PA seul. La
sécurité d'emploi du traitement combiné rt-PA/eptifibatide a permis d'envisager la
réalisation d'autres études [118].
Une étude de phase II, CLEAR-ER (Combined approach to Lysis utilizing Eptifibatide
And Rt-PA – Enhanced Regimen) a donc été réalisée suite aux résultats encourageants de
l'étude CLEAR. Cette nouvelle étude cherchait à déterminer si l'administration de doses
plus élevées de rt-PA et d'eptifibatide était sûre, et secondairement si ce protocole avait un
intérêt en termes d'efficacité clinique. 126 patients ont été randomisés entre juillet 2009 et
octobre 2012 dans plusieurs centres hospitaliers américains. 101 patients faisaient partie du
groupe du traitement combiné qui consistait à administrer par voie IV 0,6 mg/kg de rt-PA
et 225 µg/kg d'eptifibatide (135 µg/kg en bolus suivi d'une perfusion de 0,75 µg/kg/minute
pendant 2 heures). Le traitement standard, 0,9 mg/kg de rt-PA IV, a été administré chez les
25 autres patients. Le rt-PA devait être injecté dans les 3 heures suivant l'apparition des
symptômes quel que soit le groupe de traitement. Deux patients (2%) ayant reçu
l'eptifibatide et trois patients (12%) du groupe de la thrombolyse conventionnelle ont été
victimes d'une hémorragie intracrânienne symptomatique. A 3 mois, la fréquence des
évènements indésirables graves et le taux de mortalité étaient similaires entre les deux
groupes de traitement. Les résultats de cette étude ont donc confirmé la sécurité d'emploi
du traitement combiné rt-PA/eptifibatide. D'autre part, 49,5% des patients ayant reçu
l'eptifibatide présentaient une évolution clinique favorable (mRS ≤ 1 ou mRS initial) à 3
mois versus 36% des patients traités uniquement par l'altéplase. Une étude randomisée de
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
100
phase III est nécessaire pour déterminer le réel bénéfice clinique de cette approche
combinée [119].
1.3. Thrombolyse et argatroban
L'argatroban, inhibiteur direct de la thrombine, est actuellement indiqué dans le
traitement des thrombopénies induites par l'héparine de type II. Depuis plusieurs années,
cet antithrombotique fait l'objet d'études dans la prise en charge des infarctus cérébraux à
la phase aiguë. L'argatroban a l'avantage d'avoir une demi-vie courte, ce qui permet de
stopper rapidement son action anticoagulante en cas d'hémorragie. De plus, l'activité de
cette molécule peut être contrôlée par la mesure du temps de céphaline avec activateur.
Une étude pilote ARTSS (Argatroban tPA Stroke Study), multicentrique, non
randomisée et non contrôlée, a évalué l'innocuité d'un traitement associant une dose
standard d'altéplase et une faible dose d'argatroban. 65 patients victimes d'une occlusion
artérielle intracrânienne proximale ont été inclus dans cette étude entre mai 2003 et août
2010. Tous les patients devaient recevoir 0,9 mg/kg de rt-PA IV. Parallèlement, un bolus
de 100 µg/kg d'argatroban était administré par voie IV dans l'heure suivant l'injection du
bolus d'altéplase, suivi d'une perfusion de 1 µg/kg/minute pendant 48 heures. Une
hémorragie intracrânienne symptomatique s'est produite chez 3 patients (4,6%) et 7
patients (10,8%) sont décédés dans les 7 premiers jours, majoritairement dus à des
infarctus étendus. Par ailleurs, un doppler transcrânien ou un angioscanner était réalisé afin
d'évaluer le taux de revascularisation. Une recanalisation complète ou partielle a été
observée chez 55% des patients à 2 heures et dans 78% des cas à 24 heures. L'association
de l'argatroban et du rt-PA semblait être sûre mais compte tenu du protocole de l'étude
aucune conclusion définitive ne pouvait être donnée [120].
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
101
Une étude de phase II (ARTSS-2) randomisée et contrôlée a débuté en octobre 2011 et
est toujours en cours. Cette étude comporte trois bras dont le bras contrôle qui correspond à
la thrombolyse IV standard réalisée dans les 4,5 heures suivant l'apparition des symptômes.
Le traitement combiné rt-PA/argatroban est évalué dans les deux autres bras qui se
différencient par la dose plus ou moins élevée d'argatroban administrée pendant la
perfusion (1 ou 3 µg/kg/minute pendant 48 heures précédée d'un bolus de 100 µg/kg).
L'efficacité du traitement combiné est principalement estimée par le pourcentage de
patients présentant une évolution clinique favorable (mRS ≤ 1) à 90 jours, tandis que la
sécurité d'emploi de ce traitement est déterminée par le taux d'hémorragie intracrânienne
symptomatique et par la fréquence des complications hémorragiques systémiques
majeures. Les premiers résultats de cette étude devraient être connus en 2015 [121].
1.4. Conclusion
Selon les recommandations actuelles, aucun antithrombotique ne doit être administré
dans les 24 premières heures après un infarctus cérébral lorsqu'une thrombolyse IV est
envisagée [15, 116]. Toutefois, cette approche combinée faisant intervenir deux
mécanismes d'action différents est une voie de recherche intéressante. Les résultats des
premières études évaluant la combinaison du rt-PA et de l'eptifibatide sont encourageants
notamment en termes de sécurité, contrairement à l'association rt-PA/aspirine qui est
responsable d'un taux élevé d'hémorragie intracrânienne symptomatique. Cela peut
s'expliquer en partie par les faibles doses de rt-PA administrées avec l'eptifibatide alors
qu'une dose standard de rt-PA était administrée avec l'aspirine. Des études randomisées
supplémentaires sont indispensables afin de trouver la molécule antithrombotique ayant le
meilleur rapport bénéfice/risque et de déterminer le protocole d'administration le plus
adapté.
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
102
2. Nouvelles molécules thrombolytiques
En raison des limites pharmacocinétiques et pharmacodynamiques de l'altéplase, de
nouvelles molécules thrombolytiques telles que le ténectéplase et la desmotéplase font
l'objet d’études dans le traitement des infarctus cérébraux à la phase aiguë.
2.1. Ténectéplase
2.1.1. Structure et activité
Le ténectéplase (TNK-tPA) est un mutant du t-PA natif qui a subi plusieurs
substitutions d'acides aminés à trois endroits différents de sa structure protéique. La
thréonine (abrégée T) en position 103 a été remplacée par une asparagine et l'asparagine
(abrégée N) en position 117 a été remplacée par une glutamine. Ces substitutions ont
abouti au déplacement du site de glycosylation présent sur le domaine kringle K1, ce qui a
permis de diminuer la clairance plasmatique du TNK-tPA et par conséquent prolonger sa
demi-vie. Les acides aminés Lys296
(abrégée K), His297
, Arg298
, Arg299
du domaine protéase
ont été substitués par quatre alanines. Cette modification a permis à la fois d'augmenter la
fibrinospécificité du TNK-tPA et d'accroitre sa résistance à l'inactivation par son inhibiteur
endogène, le PAI-1. En effet, le ténectéplase est 14 fois plus spécifique de la fibrine que le
rt-PA et 80 fois plus résistant à l'inhibition par le PAI-1. Sa longue demi-vie, de 18 minutes
environ, autorise une administration en un seul bolus IV plutôt qu'en perfusion continue, ce
qui permet de réduire les contraintes techniques rencontrées avec le traitement
thrombolytique standard et ainsi le délai de sa mise en œuvre [122-124].
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
103
Figure 22. Structure du ténectéplase (TNK-tPA) [83]
Ce thrombolytique de troisième génération semble causer moins de transformations
hémorragiques que l'altéplase [123]. En revanche, le TNK-tPA semble, comme le t-PA,
pouvoir induire une toxicité neuronale en clivant la sous-unité NR1 du récepteur NMDA
[36].
Le ténectéplase, commercialisé sous le nom de Métalyse®, est autorisé pour le
traitement des infarctus du myocarde depuis 2001 en Europe [125]. L'utilisation du
ténectéplase en cardiologie et les données prometteuses des modèles expérimentaux
d'ischémie cérébrale ont conduit à l'étude de cette molécule chez les patients victimes
d'AVC [123].
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
104
2.1.2. Essais cliniques
2.1.2.1. Etude pilote d'escalade de dose
Une première étude pilote, ouverte, d'escalade de dose a été réalisée aux Etats-Unis
par Haley et al. afin d'évaluer l'innocuité du ténectéplase administré en un bolus IV dans
les 3 heures suivant l'apparition des symptômes d'un infarctus cérébral. Le critère de
jugement principal considéré pour l'escalade de dose était la survenue d'une hémorragie
intracrânienne symptomatique dans les 36 heures suivant la thrombolyse. Les critères
d'inclusion et d'exclusion étaient sensiblement les mêmes que ceux utilisés dans l'étude
NINDS. Par ailleurs, aucun antiagrégant plaquettaire ou anticoagulant ne devait être
administré dans les 24 heures après le traitement thrombolytique. 88 patients ont été inclus
dans cette étude entre juillet 2000 et avril 2003 et 4 paliers de dose ont été explorés (0,1,
0,2, 0,4 et 0,5 mg/kg). Cette étude s'est arrêtée prématurément à cause d'une augmentation
de l'incidence des hémorragies intracrâniennes symptomatiques chez les patients traités
avec 0,5 mg/kg de TNK-tPA. En effet, 2 des 13 patients de ce palier (15%) ont été victimes
de cet effet indésirable et sont décédés par la suite. En revanche, le ténectéplase pouvait
être administré sans risque jusqu'à 0,4 mg/kg puisqu'aucune hémorragie intracrânienne
symptomatique ne s'est produite chez les 75 premiers patients ayant reçu 0,1, 0,2 ou 0,4
mg/kg de TNK-tPA. Toutefois, des hémorragies cérébrales asymptomatiques ont été
constatées chez 17 d'entre eux. Au total, 15 patients (17%) sont décédés au cours des 3
mois de suivi mais la grande majorité de ces décès n'était pas due à l'agent thrombolytique.
Le pourcentage de patients présentant une amélioration de leur état clinique à 3 mois était
similaire quel que soit la dose de TNK-tPA administrée. Une augmentation de la dose ne
semblait pas apporter plus de bénéfice clinique. Toutefois, l'interprétation des résultats de
cette étude est limitée en raison notamment de l'absence de comparaison au traitement
actuel [126].
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
105
2.1.2.2. Etudes comparant le ténectéplase à l'altéplase
Une autre étude pilote, ouverte, non randomisée a été menée en Australie par
Parsons et al. afin d'évaluer l'efficacité de 0,1 mg/kg de ténectéplase injecté en un bolus IV
entre 3 et 6 heures après l'apparition des symptômes. Un groupe contrôle recevait 0,9
mg/kg d'altéplase administré dans les 3 premières heures selon les mêmes modalités qu'en
pratique courante. Les critères d'éligibilité étaient plus stricts pour les patients traités par le
ténectéplase. En effet, ces patients devaient présenter à l'imagerie (scanner ou IRM) une
anomalie de perfusion (> 10 cm3) au moins 20% plus étendue que le cœur de l'infarctus
(inférieur à un tiers du territoire de l'ACM) et une occlusion artérielle. 15 patients ont reçu
le ténectéplase et 35 patients ont été traités par l'altéplase entre janvier 2006 et juillet 2007.
Le taux de reperfusion était plus élevé dans le groupe ténectéplase (74% versus 44% dans
le groupe altéplase), comme la proportion de patients ayant bénéficié d'une recanalisation
partielle ou complète (67% versus 24% pour l'altéplase). Les patients traités par
ténectéplase étaient également plus nombreux à présenter une amélioration neurologique
précoce (réduction du score NIHSS de 8 points ou plus à 24 heures) que les patients du
groupe altéplase (67% versus 20% respectivement). A 3 mois, plus de la moitié des
patients du groupe ténectéplase (60%) étaient autonomes et sans handicap (mRS ≤ 1)
versus 12 patients du groupe altéplase (34%). Par ailleurs, aucune hémorragie
intraparenchymateuse (PH1 ou PH2) n'est survenue dans le groupe ténectéplase 24 heures
après l'initiation de la thrombolyse alors que 4 patients traités par altéplase ont été victimes
d'une telle transformation hémorragique. Toutefois, seulement un de ces patients a présenté
une détérioration neurologique. Cette étude a montré une supériorité du ténectéplase tant
sur des données cliniques que d'imagerie cérébrale et ceci malgré une fenêtre thérapeutique
plus large. Cependant, ces résultats sont à prendre avec précaution étant donné que les
critères d'imagerie n'ont pas été utilisés pour la sélection des patients du groupe altéplase
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
106
contrairement aux patients du groupe ténectéplase. Par ailleurs, cette étude ne permettait
pas de déterminer si 0,1 mg/kg de ténectéplase est la dose optimale pour le traitement des
infarctus cérébraux [127].
Une première étude de phase IIb, multicentrique, randomisée, en double aveugle et
contrôlée a été entreprise par Haley et al. suite aux résultats encourageants de l'étude pilote
d'escalade de dose. Elle avait pour objectif de déterminer la dose optimale de ténectéplase
puis d'évaluer l'innocuité et l'efficacité de la dose de ténectéplase sélectionnée par
comparaison à la dose standard de rt-PA afin de poursuivre, en cas de données
prometteuses, par une étude de phase III. Trois doses de ténectéplase (0,1, 0,25 et 0,4
mg/kg) administrées dans les 3 heures suivant l'apparition des symptômes devaient être
évaluées. La randomisation pour la dose de 0,4 mg/kg de TNK-tPA a été arrêtée
prématurément pour cause d'infériorité en termes d'efficacité et d'innocuité par rapport aux
autres doses. Cette étude a par la suite été stoppée à cause d'un manque de recrutement. En
effet, seulement 112 patients (sélectionnés selon les critères d'éligibilité usuels) ont été
randomisés entre mars 2006 et décembre 2008. Les groupes ayant reçu 0,1 ou 0,25 mg/kg
de TNK-tPA comptaient 31 patients comme le groupe rt-PA et 19 patients ont été traités
par 0,4 mg/kg de TNK-tPA. Les patients traités par 0,25 mg/kg de TNK-tPA étaient les
plus nombreux à bénéficier de la thrombolyse 24 heures après sa réalisation puisque 35,5%
présentaient une amélioration neurologique (réduction du score NIHSS de plus de 8 points
ou score NIHSS de 0) versus 22,6% s'ils étaient traités par 0,1 mg/kg de TNK-tPA, 21,1%
s'ils étaient traités par 0,4 mg/kg de TNK-tPA et seulement 16,1% s'ils recevaient le rt-PA.
Ces derniers avaient un déficit neurologique plus sévère (NIHSS médian de 13) lors de
l'inclusion que les patients des groupes ténectéplase (NIHSS médian entre 8 et 10). En
revanche, la proportion de patients présentant un état clinique favorable (mRS ≤ 1) à 3
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
107
mois n'était pas significativement différente entre les groupes ténectéplase (45,2% et
48,4% avec respectivement 0,1 et 0,25 mg/kg) et altéplase (41,9%). Le plus haut taux
d'hémorragie intracrânienne symptomatique a été constaté suite à l'administration de 0,4
mg/kg de ténectéplase (15,8% versus 6,5% avec 0,25 mg/kg de TNK-tPA et 3,2% avec le
rt-PA). Aucun patient traité par 0,1 mg/kg de TNK-tPA n'a été victime d'un tel effet
indésirable. Ce groupe de traitement avait par ailleurs le plus faible taux de mortalité (6,5%
versus 22,6% avec 0,25 mg/kg de TNK-tPA et 25,8% avec le rt-PA) et la plus faible
proportion de patients lourdement handicapés ou décédés (mRS entre 4 et 6) à 3 mois.
Compte tenu de l'arrêt prématuré de cette étude, la dose optimale de ténectéplase n'a pas pu
être déterminée. Toutefois, une administration de 0,1 mg/kg de TNK-tPA apparaissait plus
sûre qu'une administration de doses plus élevées de TNK-tPA ou qu'un traitement par rt-
PA et pas moins efficace [128].
Une autre étude randomisée de phase IIb a été entreprise par Parsons et al. Cette
étude avait pour objectif de comparer deux doses de ténectéplase (0,1 et 0,25 mg/kg
administrées en un bolus IV) à la dose standard de rt-PA (0,9 mg/kg). Afin d'accroitre les
chances de réussite de la thrombolyse, la sélection des patients se faisait à l'aide de critères
scannographiques en plus des critères d'éligibilité usuels. En effet, les patients devaient
présenter une lésion de perfusion au moins 20% plus étendue que le cœur de l'infarctus
associée à une occlusion de l'artère cérébrale antérieure, moyenne ou postérieure. 75
patients ont été randomisés entre 2008 et 2011 dans trois centres australiens spécialisés
dans la prise en charge des AVC. Chacun des trois groupes de traitement comprenait 25
patients. Bien que la thrombolyse pouvait être initiée dans les 6 heures suivant l'apparition
des symptômes de l'infarctus cérébral, seulement 3 patients ont été traités après 4,5 heures.
Les patients ayant reçu le ténectéplase (toutes doses confondues) présentaient, à 24 heures,
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
108
un taux de reperfusion plus élevé et une amélioration neurologique plus importante que les
patients du groupe rt-PA. Une réduction du score NIHSS de 8 points ou plus à 24 heures a
été observée chez 64% des patients ayant reçu le ténectéplase (versus 36% des patients
traités par altéplase). Les patients du groupe ténectéplase étaient également plus nombreux
à présenter un état clinique favorable (mRS ≤ 2) à 3 mois (72% versus 44% dans le groupe
altéplase). Il a toutefois été constaté que la plus forte dose de ténectéplase (0,25 mg/kg)
était supérieure en termes d'efficacité avec un meilleur taux de reperfusion et permettait à
72% des patients d'obtenir une excellente récupération clinique (mRS ≤ 1) à 3 mois (versus
40% avec l'altéplase) tandis que la plus faible dose de ténectéplase (0,1 mg/kg) ne
permettait pas d'atteindre une telle efficacité à 3 mois et restait équivalente au traitement
par altéplase. En ce qui concerne la survenue d'évènements indésirables graves, aucune
différence significative n'a été constatée entre les groupes de traitement. Une hémorragie
intracrânienne symptomatique est survenue chez 2 des 50 patients ayant reçu le
ténectéplase (4%) et chez 3 patients du groupe rt-PA (12%). Au total, 7 patients sont
décédés : 3 dans le groupe rt-PA, 3 dans le groupe traité par 0,1 mg/kg de TNK-tPA et 1
dans le groupe traité par 0,25 mg/kg de TNK-tPA. Cette étude a montré que le ténectéplase
est plus efficace en termes de reperfusion et de bénéfice clinique que l'altéplase chez des
patients sélectionnés sur des critères scannographiques [129].
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
109
Etudes Parsons et al. Haley et al. Parsons et al.
Années 2006-2007 2006-2008 2008-2011
Nb de patients 50 112 75
Dose
de TNK-tPA 0,1 mg/kg
0,1 mg/kg
0,25 mg/kg
0,4 mg/kg
0,1 mg/kg
0,25 mg/kg
Groupe contrôle rt-PA IV
0,9 mg/kg
rt-PA IV
0,9 mg/kg
rt-PA IV
0,9 mg/kg
Fenêtre
thérapeutique
TNK : 3-6 h
rt-PA : 0-3 h 0-3 h 0-6 h
Reperfusion 74% (TNK)
44% (rt-PA) /
79% (TNK)
55% (rt-PA)
Recanalisation 67% (TNK)
24% (rt-PA) /
88% (TNK)
68% (rt-PA)
Etat clinique
favorable
à 24h
67% (TNK)
20% (rt-PA)
22,6% (TNK 0,1 mg/kg)
35,5% (TNK 0,25mg/kg)
21,1% (TNK 0,4 mg/kg)
16,1% (rt-PA)
64% (TNK)
36% (rt-PA)
Etat clinique
favorable
à 3 mois
mRS ≤ 1
60% (TNK)
34% (rt-PA)
mRS ≤ 1
45,2% (TNK 0,1 mg/kg)
48,4% (TNK 0,25mg/kg)
36,8% (TNK 0,4 mg/kg)
41,9% (rt-PA)
mRS ≤ 1
54% (TNK)
40% (rt-PA)
mRS ≤ 2
72% (TNK)
44% (rt-PA)
HIC
symptomatique
0% (TNK)
3% (rt-PA)
0% (TNK 0,1 mg/kg)
6,5% (TNK 0,25mg/kg)
15,8% (TNK 0,4 mg/kg)
3,2% (rt-PA)
4% (TNK)
12% (rt-PA)
Mortalité
à 3 mois /
6,5% (TNK 0,1 mg/kg)
22,6% (TNK 0,25mg/kg)
15,8% (TNK 0,4 mg/kg)
25,8% (rt-PA)
8% (TNK)
12% (rt-PA)
Tableau IX. Résumé des études comparant le ténectéplase à l'altéplase [127-129]
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
110
Une étude de phase III, nommée TASTE (Tenecteplase versus Alteplase for Stroke
Thrombolysis Evaluation), est actuellement menée en Australie par Parsons et al. Il s'agit
d'une étude prospective, multicentrique, randomisée et contrôlée. Elle a pour objectif
d'évaluer l'efficacité d'un bolus IV de 0,25 mg/kg de ténectéplase par comparaison à 0,9
mg/kg d'altéplase IV, administrés dans les 4,5 heures suivant l'apparition des symptômes
de l'infarctus cérébral. Le critère de jugement principal repose sur le pourcentage de
patients présentant un mRS ≤ 1 à 3 mois. Des critères de jugement secondaires comme le
taux de reperfusion, la proportion de patients présentant une amélioration clinique précoce,
la survenue d'hémorragies intracrâniennes symptomatiques et le nombre de décès seront
également évalués. La sélection des patients se base sur les critères d'inclusion et
d'exclusion habituels mais également sur la présence d'un mismatch perfusion/diffusion à
l'imagerie. Le recrutement des patients a commencé en mars 2014 et devrait se terminer en
mai 2017 [130].
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
111
2.2. Desmotéplase
2.2.1. Structure et activité
La desmotéplase est un activateur du plasminogène extrait de la salive de la
chauve-souris hématophage Desmodus rotundus (DSPA). Quatre variants (DSPAα1,
DSPAα2, DSPAβ et DSPAγ) ont été clonés et caractérisés mais seul le DSPAα1
recombinant (desmotéplase) a été sélectionné pour le développement clinique en raison de
sa puissante sélectivité pour la fibrine. La desmotéplase affiche des similitudes structurales
avec le t-PA humain (74% d'homologie). On retrouve les domaines finger, EGF, K1 et
protéase, en revanche le domaine K2 et le site de clivage par la plasmine sont absents. Ces
différences structurales se sont révélées bénéfiques. En effet, la desmotéplase est 180 fois
plus fibrinospécifique que le rt-PA, avec une activité catalytique 102000 fois plus élevée
en présence de fibrine (versus 550 fois plus élevée pour le rt-PA). Elle a également
l'avantage de posséder une demi-vie très longue (plus de 2 heures) permettant une
administration en un unique bolus IV [131]. Par ailleurs, cet agent thrombolytique semble
dépourvu d'effets neurotoxiques contrairement à l'altéplase et au ténectéplase. En effet,
bien que la desmotéplase puisse, comme le rt-PA, traverser la BHE intacte par transcytose
via le récepteur LRP, elle ne peut pas se lier à la sous-unité NR1 du récepteur NMDA en
raison de l'absence du domaine kringle K2 [36, 132].
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
112
Figure 23. Structure de la desmotéplase (DSPAα1) [131]
De nombreuses études précliniques utilisant des modèles animaux ont comparé
l'efficacité de la desmotéplase à celle du rt-PA au début des années 1990. Ces études ont
montré une efficacité remarquable de la desmotéplase en termes de reperfusion. Il a
également été constaté que la desmotéplase ne consomme pas le fibrinogène ni le
plasminogène circulant contrairement au rt-PA. Malgré des données prometteuses, le
développement initialement prévu de la desmotéplase pour le traitement de l'infarctus du
myocarde a finalement été abandonné. En revanche, des essais cliniques ont débuté dans
les années 2000 chez des patients victimes d'un infarctus cérébral [131, 133].
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
113
2.2.2. Essais cliniques
Le principal enjeu de ces études est de pouvoir proposer une fenêtre thérapeutique
plus large, jusqu'à neuf heures après le début des symptômes, sans augmenter le risque de
saignement.
2.2.2.1. DIAS
DIAS (Desmoteplase in Acute Ischemic Stroke) a été la première étude de phase II,
randomisée, contrôlée versus placebo, en double aveugle, à évaluer l'innocuité et
l'efficacité de plusieurs doses de desmotéplase administrées en un bolus IV entre la
troisième et la neuvième heure suivant l'installation des symptômes de l'infarctus cérébral
chez des patients présentant une inadéquation perfusion/diffusion de plus de 20% sur
l'IRM. Cette étude s'est déroulée dans plusieurs pays entre janvier 2001 et octobre 2003.
Les 47 premiers patients randomisés ont reçu une dose fixe de desmotéplase (25 mg, 37,5
mg ou 50 mg) ou un placebo. Mais en raison d'un taux élevé d'hémorragie intracrânienne
symptomatique avec la desmotéplase (26,7% versus 0% dans le groupe placebo), des doses
plus faibles et ajustées au poids (62,5 µg/kg, 90 µg/kg et 125 µg/kg) ont été étudiées dans
une deuxième partie qui comprenait 57 autres patients. Ces doses de desmotéplase étaient
bien tolérées puisque seulement 2,2% des patients ont été victimes d'une hémorragie
intracrânienne symptomatique (augmentation de 4 points ou plus sur l'échelle NIHSS et
hémorragie confirmée par imagerie dans les 72 heures). Par ailleurs, aucune réaction
anaphylactique n'a été répertoriée. La desmotéplase a prouvé son efficacité avec un taux
élevé de reperfusion (71,4% et 46,7% avec respectivement 125 µg/kg et 90 µg/kg versus
19,2% avec le placebo) et une évolution clinique favorable (réduction du score NIHSS de
plus de 8 points ou NIHSS ≤ 1, mRS ≤ 2 et index de Barthel ≥ 75) à 3 mois chez 60% et
46,7% des patients traités par 125 µg/kg et 90 µg/kg respectivement (versus chez 22,2%
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
114
des patients ayant reçu le placebo), sans pour autant augmenter la survenue d'évènements
indésirables. En revanche, la plus faible dose de desmotéplase (62 µg/kg) n'a pas montré de
supériorité par rapport au placebo. En effet, une reperfusion n'a été observée que chez
23,1% des patients et seulement 13,3% présentaient un état clinique favorable à 3 mois. La
desmotéplase semble avoir un effet dose-dépendant. Il a également été constaté qu'une
reperfusion était corrélée à une évolution clinique favorable à long terme. Cette étude
suggère que les patients présentant un mismatch perfusion/diffusion lors de l'inclusion
tirent un bénéfice de la thrombolyse IV par la desmotéplase (90 µg/kg et 125 µg/kg) même
si elle est initiée plusieurs heures après l'apparition des symptômes [134].
2.2.2.2. DEDAS
DEDAS (Dose Escalation of Desmoteplase in Acute Stroke) était une étude de
phase II, randomisée, contrôlée versus placebo, en double aveugle, qui cherchait à évaluer
l'innocuité et l'efficacité de deux doses de desmotéplase (90 µg/kg et 125 µg/kg)
administrées en un bolus IV 3 à 9 heures après l'apparition des symptômes de l'infarctus
cérébral chez des patients porteurs d'un mismatch perfusion/diffusion. 37 patients ont été
randomisés aux Etats-Unis et en Allemagne entre mars 2003 et octobre 2004 : 8 ont reçu
un placebo, 14 ont été traités par 90 µg/kg de desmotéplase et 15 par 125 µg/kg. Aucune
hémorragie intracrânienne symptomatique ne s'est produite et aucune réaction
anaphylactique n'a été répertoriée. En revanche, un décès a été constaté dans chaque
groupe de traitement et des hémorragies intracrâniennes asymptomatiques ont été
observées chez 11 patients ayant reçu la desmotéplase (versus chez un patient du groupe
placebo). Malgré la survenue de quelques effets indésirables, la desmotéplase apparaissait
comme un traitement sûr. Une reperfusion a été constatée 4 à 8 heures après l'initiation du
traitement chez 53,3% des patients ayant reçu 125 µg/kg de desmotéplase et chez
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
115
seulement 18,2% des patients traités par 90 µg/kg de desmotéplase tandis que 37,5% des
patients du groupe placebo ont bénéficié d'une reperfusion précoce. 60% des patients
traités par 125 µg/kg présentaient un état clinique favorable (réduction du score NIHSS de
plus de 8 points ou NIHSS ≤ 1, mRS ≤ 2 et index de Barthel ≥ 75) à 3 mois contre
seulement 28,6% des patients traités par 90 µg/kg et 25% des patients du groupe placebo.
La dose de 90 µg/kg n'a pas montré l'efficacité attendue suite à l'étude DIAS et la
supériorité en termes d'efficacité de la dose de 125 µg/kg par rapport au placebo n'était pas
statistiquement significative. Ces résultats pouvaient s'expliquer en partie par le fait que 12
patients (dont 6 traités par 90 µg/kg et 4 traités par 125 µg/kg) ne respectaient pas les
critères d'imagerie lors de l'inclusion. Une population cible comprenant 25 patients a donc
été établie. L'analyse per-protocole (PP) a alors montré que les patients traités par 125
µg/kg de desmotéplase étaient significativement plus nombreux à présenter un état clinique
favorable à 3 mois que les patients du groupe placebo (72,7% versus 16,7%). Par ailleurs,
il a été constaté, comme dans l'étude DIAS, qu'une reperfusion était associée à un pronostic
clinique favorable à long terme. Les résultats encourageants de cette étude concernant
l'innocuité et l'efficacité de la desmotéplase à 125 µg/kg ont confirmé les résultats positifs
obtenus dans l'étude DIAS [135].
2.2.2.3. DIAS-2
DIAS-2 a été entreprise afin de confirmer les résultats des études précédentes,
DIAS et DEDAS, et d'étudier d'avantage les effets de la desmotéplase. Il s'agissait d'une
étude de phase III, randomisée, multicentrique, prospective, contrôlée versus placebo, en
double aveugle. Elle devait évaluer l'efficacité et l'innocuité de deux doses de desmotéplase
(90 µg/kg et 125 µg/kg) administrées en un bolus IV 3 à 9 heures après l'installation des
symptômes de l'infarctus cérébral chez des patients présentant une zone de pénombre à
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116
l'imagerie (IRM ou scanner). 193 patients ont été randomisés entre juin 2005 et mars 2007
en Europe, Asie, Australie et Amérique du Nord, et 186 patients ont reçu un traitement : 57
ont été traités par 90 µg/kg de desmotéplase, 66 ont été traités par 125 µg/kg de
desmotéplase et 63 ont reçu un placebo. Une hémorragie intracrânienne symptomatique
(augmentation du score NIHSS de 4 points ou plus) s'est produite dans les 72 heures
suivant l'initiation du traitement chez 5 patients (4%) traités par desmotéplase (2 dans le
groupe 90 µg/kg et 3 dans le groupe 125 µg/kg) versus aucun dans le groupe placebo et des
hémorragies intracrâniennes asymptomatiques ont été observées chez un tiers des patients
dans chaque groupe de traitement. Le taux de mortalité était beaucoup plus élevé dans le
groupe traité par 125 µg/kg de desmotéplase (21% versus 5% avec 90 µg/kg et 6% dans le
groupe placebo). Toutefois, seulement 3 des 14 décès de ce groupe ont été considérés
comme imputables à la thrombolyse. Les taux de réponse clinique à 3 mois n'étaient pas
statistiquement différents entre les trois groupes de traitement. En effet, une évolution
clinique favorable (réduction du score NIHSS de plus de 8 points ou NIHSS ≤ 1, mRS ≤ 2
et index de Barthel ≥ 75) a été observée chez 47% des patients traités par 90 µg/kg, 36%
des patients traités par 125 µg/kg et 46% des patients du groupe placebo. Cependant, la
plupart des patients de cette étude ont été victimes d'un infarctus cérébral peu sévère
(NIHSS médian de 9, lésion de nécrose ischémique et mismatch de faibles volumes, et
seulement 30% d'occlusion artérielle proximale) ce qui peut expliquer le taux de réponse
élevé dans le groupe placebo et minimiser les effets de la desmotéplase. Cette étude n'a pas
confirmé les résultats prometteurs des deux études précédentes DIAS et DEDAS. La
desmotéplase n'a pas montré de supériorité en termes d'efficacité par rapport au placebo,
mais affichait tout de même un profil d'innocuité plutôt favorable [136].
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117
Etudes DIAS DEDAS DIAS-2
Années 2001-2003 2003-2004 2005-2007
Nb de patients 104 37 (25 PP) 186
Dose de DSPA
Partie 1
25, 37,5 ou 50 mg
Partie 2
62,5, 90 ou 125 µg/kg
90 µg/kg
125 µg/kg
90 µg/kg
125 µg/kg
Groupe contrôle placebo placebo placebo
Fenêtre
thérapeutique 3-9 h 3-9 h 3-9 h
Reperfusion
Partie 1
51,7% (DSPA)
18,8% (placebo)
Partie 2
23,1% (62,5 µg/kg)
46,7% (90 µg/kg)
71,4% (125 µg/kg)
20% (placebo)
ITT
18,2% (90 µg/kg)
53,3% (125 µg/kg)
37,5% (placebo)
PP
16,7% (90 µg/kg)
63,6% (125 µg/kg)
33,3% (placebo)
/
Etat clinique
favorable
à 3 mois
Partie 1
36,7% (DSPA)
25,0% (placebo)
Partie 2
13,3% (62,5 µg/kg)
46,7% (90 µg/kg)
60,0% (125 µg/kg)
18,2% (placebo)
ITT
28,6% (90 µg/kg)
60,0% (125 µg/kg)
25,0% (placebo)
PP
37,5% (90 µg/kg)
72,7% (125 µg/kg)
16,7% (placebo)
47% (90 µg/kg)
36% (125 µg/kg)
46% (placebo)
HIC
symptomatique
Partie 1
26,7% (DSPA)
0% (placebo)
Partie 2
2,2% (DSPA)
0% (placebo)
0% (DSPA)
0% (placebo)
3,5% (90 µg/kg)
4,5% (125 µg/kg)
0% (placebo)
Mortalité
à 3 mois
Partie 1
23,3% (DSPA)
0% (placebo)
Partie 2
4,4% (DSPA)
9,1% (placebo)
6,9% (DSPA)
12,5% (placebo)
5% (90 µg/kg)
21% (125 µg/kg)
6% (placebo)
Tableau X. Résumé des études évaluant la desmotéplase DIAS, DEDAS et DIAS-2 [134-136]
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118
2.2.2.4. DIAS-3 et DIAS-4
Les études de phase III, DIAS-3 et DIAS-4, ont débuté respectivement en février et
avril 2009, et ont pour objectif d'évaluer l'innocuité et l'efficacité d'un bolus IV de 90
µg/kg de desmotéplase administré entre 3 et 9 heures suivant l'installation des symptômes
de l'infarctus cérébral. Il s'agit d'études multicentriques, multinationales, randomisées, en
double aveugle, contrôlées versus placebo. Les patients sont sélectionnés sur la présence
d'une occlusion ou d'une sténose très serrée (TIMI 0-1) proximale à l'imagerie (ARM ou
angioscanner) et non sur la présence d'un mismatch perfusion/diffusion. En effet, il a été
constaté suite à l'analyse poolée des données des études DIAS, DEDAS et DIAS-2 que la
desmotéplase était bénéfique pour les patients présentant une occlusion artérielle majeure
mais ne l'était pas pour ceux sans sténose significative. En revanche, les patients présentant
une lésion ischémique étendue doivent être exclus [137-139].
Les résultats de l'étude DIAS-3, qui a inclus 479 patients, sont connus depuis peu et
sont décevants. En effet, le critère primaire d'efficacité n'a pas été atteint. Le pourcentage
de patients présentant un état clinique favorable (mRS ≤ 2) à 90 jours n'était pas
statistiquement différent entre le groupe traité par desmotéplase (51,3%) et le groupe
placebo (49,8%). Une nouvelle analyse a été réalisée en se focalisant sur les patients qui
répondaient strictement aux critères d'éligibilité concernant l'évaluation du degré de
sténose artérielle à l'imagerie. Les résultats de cette analyse per-protocole suggèrent une
efficacité de la desmotéplase par rapport au placebo. En revanche, cette étude a confirmé le
profil d'innocuité favorable de la desmotéplase. Les taux de mortalité et d'hémorragie
intracrânienne symptomatique du groupe desmotéplase étaient comparables à ceux du
groupe placebo [140, 141]. Les premiers résultats de DIAS-4 devraient être connus
prochainement [139].
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119
2.3. Conclusion
Les thrombolytiques de troisième génération, ténectéplase et desmotéplase, affichent
un profil de sécurité très favorable avec un taux de complication hémorragique faible. Mais
malgré leurs caractéristiques pharmacocinétiques et pharmacodynamiques favorables, leur
efficacité reste controversée. Toutefois, ces molécules semblent prometteuses lorsque les
critères d'imagerie sont strictement respectés pour la sélection des patients. A l'heure
actuelle, l'intérêt de ces molécules pour le traitement des infarctus cérébraux en pratique
courante reste une énigme. Des données supplémentaires sont nécessaires.
Altéplase Ténectéplase Desmotéplase
Demi-vie 6 min 18 min 138 min
Mode
d'administration
bolus IV
puis perfusion IV bolus IV unique bolus IV unique
Fibrinospécificité + +++ ++++++
Risque
hémorragique ++ + +
Neurotoxicité + + -
Tableau XI. Comparaison des caractéristiques pharmacocinétiques et pharmacodynamiques de
l'altéplase, du ténectéplase et de la desmotéplase [83, 142]
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120
3. Les AVC du réveil : étude WAKE-UP
Environ 25% des AVC sont d'horaire inconnu ce qui pose un problème de prise en
charge. En effet, les patients victimes d'un infarctus cérébral dont l'heure d'apparition des
symptômes est inconnue ne peuvent pas recevoir le traitement thrombolytique. Ceci est
notamment le cas pour les AVC constatés lors du réveil du patient. C'est pourquoi une
étude, nommée WAKE-UP, a débuté en septembre 2012 afin d'évaluer l'efficacité et
l'innocuité d'une thrombolyse IV par rt-PA chez ces patients. Il s'agit d'une étude de phase
III, européenne, multicentrique, randomisée, en double aveugle, contrôlée versus placebo,
qui utilise l'imagerie (IRM) pour dater l'apparition des symptômes. Seuls les patients qui
présentent un mismatch diffusion/FLAIR (hypersignal en diffusion et isosignal FLAIR),
indiquant une lésion ischémique datant de moins de 4,5 heures, peuvent être inclus. Cette
étude est actuellement en cours de recrutement. Les premiers résultats devraient être
connus fin 2016 [143].
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121
ISPB - FACULTE DE PHARMACIE
C O N C L U S I O N S THESE SOUTENUE PAR : Mlle Chloé PARIS
La thrombolyse intraveineuse par l'altéplase représente le traitement d'urgence de
première intention des infarctus cérébraux car elle a montré son efficacité sur la réduction
du handicap si elle est administrée dans les 4h30 suivant l'installation des symptômes
neurologiques. Cependant, moins de 10% des infarctus cérébraux sont aujourd'hui
thrombolysés en raison de la fenêtre thérapeutique étroite des 4h30, de la connaissance
insuffisante du public des symptômes évocateurs d'AVC, des nombreuses contre-
indications, et en raison des craintes parfois excessives des complications hémorragiques
chez certains médecins.
La complication la plus redoutée de la thrombolyse intraveineuse est l'hémorragie
intracrânienne, qui survient le plus souvent au sein du foyer de l'infarctus cérébral, et peut
conduire à une dégradation de l'état neurologique voire au décès. C'est pourquoi d'autres
molécules fibrinolytiques comme le ténectéplase et la desmotéplase, plus spécifiques de la
fibrine, font l'objet d'études depuis une dizaine d'années. Ces agents thrombolytiques sont
évalués dans une fenêtre thérapeutique plus large (jusqu'à neuf heures après l'installation
des symptômes), en se basant sur des critères d'imagerie pour la sélection des patients. Les
résultats des premières études montrent un profil d'innocuité favorable mais leur efficacité
reste controversée. Ces molécules ne sont, à l'heure actuelle, pas recommandées en
pratique courante et doivent encore faire l'objet d'investigations.
L'avènement des techniques d'imagerie de pointe est un réel atout pour la prise en
charge des infarctus cérébraux. En effet, la présence d'un "mismatch" perfusion/diffusion
en IRM (zone pénombrale pouvant être sauvée en cas de reperfusion) pourrait être un
meilleur marqueur de pronostic clinique favorable à long terme que le seul critère horaire.
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
122
Si la démonstration de la pertinence d'une sélection IRM des patients (montrant l'existence
de tissu cérébral à risque de nécrose) était faite, la fenêtre thérapeutique des 4h30 pourrait
être élargie. Ceci permettrait de favoriser l'accès à la thrombolyse à un plus grand nombre
de patients, notamment les patients présentant un AVC d'horaire inconnu (accidents "du
réveil").
Parallèlement, la thrombolyse mécanique, également appelée thrombectomie, s'est
développée ces dernières années. Cette approche endovasculaire fait actuellement partie de
l'arsenal thérapeutique des infarctus cérébraux, en particulier en cas d'occlusion artérielle
cérébrale proximale et de contre-indication à la thrombolyse intraveineuse. Des essais
thérapeutiques randomisés sont actuellement en cours pour préciser les indications de cette
approche endovasculaire. Une utilisation généralisée en pratique quotidienne supposerait
une réorganisation profonde de l'offre de soin.
La prise en charge des patients victimes d'AVC s'est considérablement améliorée
ces dernières décennies avec le développement des unités neurovasculaires, de l'imagerie
cérébrale et du traitement d'urgence. Cependant, l'accès à la thrombolyse et l'admission en
unités spécialisées doivent être améliorés et des stratégies thérapeutiques innovantes
doivent être développées pour assurer de plus forts taux de guérison.
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
123
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randomised, double-blind, placebo-controlled study. Lancet Neurol. 2009; 8(2):
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137. von Kummer R, Albers GW, Mori E. The Desmoteplase in Acute Ischemic Stroke
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138. National Institutes of Health. Efficacy and safety study of desmoteplase to treat
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consulté le 8 octobre 2014.
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
138
141. Lundbeck. Lundbeck presents new efficacy and safety data analyses
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octobre 2014.
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
139
Annexes
Annexe 1. Echelle du National Institutes of Health (NIHSS)
Instructions Définition de l'échelle Score
1a. Niveau de conscience
Choisir une réponse, même si une évaluation complète
est impossible du fait d'une intubation, d'une barrière
linguistique, d'un traumatisme oro-trachéal ou d'une
autre raison. Le score 3 n'est attribué que si le patient
ne réagit par aucun mouvement (en dehors de réflexes
de posture) aux stimulations douloureuses.
0 = Vigilant; réagit vivement.
1 = Non vigilant (somnolent); mais réagit ou
répond s'il est éveillé par une stimulation
mineure
2 = Non vigilant; ne réagit qu'à des
stimulations répétées, ou est inconscient et
une stimulation intense ou douloureuse est
nécessaire pour obtenir des mouvements
autres que stéréotypés.
3 = On obtient uniquement des réponses
réflexes motrices ou végétatives, ou le patient
est totalement aréactif et flasque.
___
1b. Niveau de conscience – Questions
Demander au patient le mois de l’année en cours, ainsi
que son âge. La réponse doit être correcte : les
réponses approximatives ne sont pas acceptées. Le
score 2 sera attribué aux patients aphasiques ou
stuporeux qui ne comprennent pas les questions. Le
score 1 sera attribué aux patients qui ne peuvent
répondre du fait d’une intubation, d’un traumatisme
oro-trachéal, d’une dysarthrie sévère quelle qu’en soit
la cause, d’une barrière linguistique, ou de toute autre
raison non liée à une aphasie. Il est important de ne
prendre en compte que la première réponse du patient
et de ne pas aider le patient de quelque manière que ce
soit.
0 = Répond aux 2 questions correctement.
1 = Ne répond correctement qu’à une seule
question.
2 = Ne répond correctement à aucune des
deux questions.
___
1c. Niveau de conscience – Commandes
Demander au patient d’ouvrir et de fermer les yeux,
puis de fermer le poing et d’ouvrir la main non
parétique. Utiliser un autre ordre simple, si les mains
ne peuvent être utilisées. L’épreuve est considérée
comme bonne si le patient fait une tentative non
équivoque mais ne peut terminer du fait d’une
faiblesse. Si le patient ne répond pas à la commande,
l’épreuve sera effectuée sur imitation. En cas de
traumatisme, d’amputation ou d’une autre incapacité
physique, utiliser d’autres ordres simples. Seule la
première tentative est prise en compte.
0 = Exécute les 2 ordres correctement.
1 = Exécute un seul ordre sur les deux.
2 = N’exécute aucun des deux ordres.
___
2. Oculomotricité
Seuls les mouvements horizontaux seront testés. Les
mouvements volontaires et réflexes (oculo-
céphaliques) seront testés, sans épreuve calorique. En
cas de déviation conjuguée des yeux pouvant être
réduite par une activité volontaire ou réflexe, le score 1
sera attribué. En cas de paralysie isolée d’un nerf
oculomoteur (III, IV ou VI), le score 1 sera attribué.
L’oculomotricité peut et doit être testée chez tous les
patients aphasiques. En cas de traumatisme oculaire,
de pansements, de cécité préexistante ou d’autre
anomalie de l’acuité visuelle ou du champ visuel,
0 = Normal.
1 = Paralysie partielle. Ce score est attribué
quand l’oculomotricité est anormale pour 1
ou 2 yeux, mais sans déviation forcée, ni
paralysie complète.
2 = Déviation forcée ou paralysie complète
non vaincue par les manœuvres oculo-
céphaliques.
___
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
140
l’examinateur doit utiliser les mouvements réflexes et
attribuer un score. L’existence d’une paralysie partielle
de l’oculomotricité pourra être détectée par un
déplacement de l’examinateur de part et d’autre du
patient, en établissant un contact visuel.
3. Champ visuel
Le champ visuel sera testé par confrontation
(quadrants supérieurs et quadrants inférieurs), en
utilisant le comptage des doigts ou, si nécessaire le
clignement à la menace. Les patients peuvent être
encouragés. Le champ visuel pourra être considéré
comme normal si le patient regarde du côté du doigt en
mouvement. En cas de cécité unilatérale ou
d’énucléation, le champ visuel sera testé sur l’œil
indemne. Le score 1 ne sera attribué que s’il existe une
asymétrie nette ou une quadranopsie. Le score 3 sera
attribué en cas de cécité complète quelle qu’en soit la
raison. Une stimulation bilatérale et simultanée sera
effectuée : le score 1 sera attribué en cas d’extinction
visuelle et les résultats de cette épreuve seront utilisés
pour coter l’item 11.
0 = Aucun trouble du champ visuel.
1 = Hémianopsie partielle (ou extinction
visuelle).
2 = Hémianopsie complète.
3 = Hémianopsie bilatérale (incluant cécité
corticale).
___
4. Paralysie faciale
Sur commande ou sur imitation, obtenir du patient de
montrer les dents, de lever les sourcils et de fermer les
yeux. En cas de faible réactivité ou de troubles de la
compréhension, utiliser une stimulation douloureuse
(manœuvre de Pierre Marie et Foix) et tester la
symétrie de la grimace. Dans la mesure du possible,
ôter les pansements, et tout obstacle physique pouvant
gêner l’examen.
0 = Mobilité normale, symétrique.
1 = Paralysie mineure (effacement du sillon
nasogénien, asymétrie du sourire).
2 = Paralysie partielle (paralysie de la partie
inférieure de la face, totale ou subtotale).
3 =Paralysie complète (facial supérieur et
inférieur).
___
5. Motricité du membre supérieur
Le membre examiné est placé dans la position
appropriée : membre supérieur en extension (paumes
vers le bas) à 90° (en position assise) ou 45° (en
position allongée). Une chute du membre est prise en
compte si elle intervient en moins de 10 secondes. Le
patient aphasique peut être encouragé par stimulation
vocale forte ou imitation, mais non par un stimulus
nociceptif. Chaque membre est testé successivement,
en commençant par le membre non paralysé.
Seulement en cas d’amputation ou de blocage
articulaire de l’épaule, le score NE (non évaluable)
sera attribué et l’examinateur devra fournir
l’explication de ce score.
0 = Pas de chute ; maintien du membre
supérieur à 90° (ou 45°) pendant 10
secondes.
1 = Chute ; le membre supérieur chute en
moins de 10 secondes, mais sans atteindre le
plan du lit ou un autre support.
2 = Le membre supérieur ne peut pas
atteindre ou maintenir 90° (ou 45°), tombe
sur le lit, mais le patient peut faire un certain
mouvement contre la pesanteur.
3 = Aucun mouvement contre la pesanteur; le
membre supérieur tombe.
4 = Absence de mouvement.
NE = Amputation, blocage articulaire,
expliquer : ____________
5a. Membre supérieur gauche
5b. Membre supérieur droit
___
___
6. Motricité du membre inférieur
Le membre examiné est placé dans la position
appropriée : membre inférieur en extension à 30°
(toujours examiné en position allongée). Une chute du
membre est prise en compte si elle intervient en moins
de 5 secondes. Le patient aphasique peut être
encouragé par stimulation vocale forte ou imitation,
mais non par un stimulus nociceptif. Chaque membre
est testé successivement, en commençant par le
membre non paralysé. Seulement en cas d’amputation
0 = Absence de chute ; le membre inférieur
garde la position à 30° pendant 5 secondes.
1 = Chute ; la position ne peut être maintenue
pendant 5 secondes, mais le membre
inférieur ne retombe pas sur le lit.
2 = Le membre inférieur retombe sur le lit
dans les 5 secondes, mais le patient peut faire
un certain mouvement contre la pesanteur.
3 = Absence de mouvement contre la
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
141
ou de blocage articulaire de la hanche, le score NE
(non évaluable) sera attribué et l’examinateur devra
fournir l’explication de ce score.
pesanteur ; le membre inférieur tombe
instantanément.
4 = Absence de mouvement.
NE = Amputation, blocage articulaire,
expliquer : ____________
6a. Membre inférieur gauche
6b. Membre inférieur droit
___
___
7. Ataxie des membres
Le but de cet item est de rechercher une atteinte
cérébelleuse unilatérale. L’examen est réalisé les yeux
ouverts. En cas de déficit visuel, s’assurer que
l’épreuve est effectuée dans le champ visuel intact. Les
épreuves doigt-nez et talon-genou seront réalisées des
deux côtés : une ataxie ne sera prise en compte que si
elle ne peut pas être expliquée par un déficit moteur.
L’ataxie sera considérée comme absente chez un
patient qui ne peut comprendre ou est paralysé.
Seulement en cas d’amputation ou de blocage
articulaire, le score NE sera attribué et l’examinateur
devra fournir l’explication de ce score. En cas de
cécité, le test sera effectué en demandant au patient de
toucher le nez à partir de la position bras en extension.
0 = Absente.
1 = Présente pour un membre.
2 = Présente pour deux membres.
NE = Amputation, blocage articulaire,
expliquer : ____________
___
8. Sensibilité
Étudier la sensation ou la grimace à la piqûre ou le
retrait après stimulation nociceptive chez le patient
confus ou aphasique. Seuls les troubles sensitifs liés à
l’accident vasculaire cérébral sont pris en compte.
L’examen doit porter sur les différentes parties du
corps [bras (et non les mains), jambes, tronc et face]
pour rechercher un déficit sensitif hémicorporel. Le
score 2, “ sévère ou total ”, ne doit être attribué que
lorsqu’un déficit sensitif sévère ou total peut être
clairement identifié. En conséquence, le score 1 ou 0
sera probablement attribué aux patients stuporeux ou
aphasiques. Le score 2 sera attribué au patient atteint
d’un accident vertébro-basilaire ayant un déficit
sensitif bilatéral. Le score 2 sera attribué, en l’absence
de réponse, aux patients quadriplégiques. Le score 2
est attribué aux patients dans le coma (item 1a = 3).
0 = Normale.
1 = Déficit sensitif discret à modéré ; du côté
atteint, la piqûre est moins bien perçue ou
non perçue mais le patient est conscient d'être
touché.
2 = Déficit sévère à total ; le patient n’a pas
conscience d’être touché au niveau de la
face, du bras et de la jambe.
___
9. Meilleur langage
De nombreuses informations seront obtenues sur le
niveau de compréhension lors de la passation des
épreuves précédentes. On demandera au patient de
décrire la scène se déroulant sur la figure qui lui sera
présentée, de nommer les items représentés sur une
autre figure et de lire une liste de phrases (voir plus
loin les figures). Le niveau de compréhension est
évalué à partir de ces épreuves spécifiques, ainsi qu’à
partir de la réponse aux consignes données lors des
phases précédentes de l’examen. En cas de troubles
visuels, on demandera au patient d’identifier des objets
placés dans sa main et on évaluera sa production
verbale et la répétition. Chez le patient intubé,
l’écriture sera évaluée. Le score 3 sera attribué au
patient dans le coma (item 1a = 3). L’examinateur doit
attribuer un score chez le patient stuporeux ou dont la
coopération est limitée ; le score 3 ne doit être attribué
que si le patient est mutique et n’exécute aucun ordre
0 = Normal, pas d’aphasie.
1 = Aphasie discrète à modérée. Il existe une
perte indiscutable de la fluence ou des
capacités de compréhension, mais sans
limitation significative des idées exprimées,
ni de la forme de l’expression. Toutefois, la
réduction du discours et/ou de la
compréhension, rend la conversation à partir
des documents fournis difficile, voire
impossible. L’examinateur peut identifier
l’image à partir de la réponse du patient.
2 = Aphasie sévère. L’expression est
fragmentaire. L’examinateur doit faire des
efforts et interroger pour déduire et deviner.
L’étendue des informations échangées est
limitée. L’examinateur supporte tout le poids
de la conversation. Il ne peut identifier les
objets à partir des réponses du patient.
___
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
142
simple. 3 = Mutisme ; aphasie globale ; pas de
langage utile, ni de compréhension du
langage oral.
10. Dysarthrie
Même si l’articulation semble normale, l’expression
verbale doit être testée en demandant au patient de lire
ou répéter les mots de la liste. L’articulation du
langage lors du discours spontané sera testée même
chez le patient ayant une aphasie sévère. Le score NE
ne sera attribué qu’en cas d’intubation ou d’autre
empêchement “ mécanique ” ; l’examinateur doit alors
fournir la raison de cet empêchement. Le patient ne
doit pas être averti que l’examinateur est en train de
tester son articulation.
0 = Normal.
1 = Discrète à modérée ; le patient n’articule
pas bien au moins quelques mots et, au pire,
peut être compris avec quelques difficultés.
2 = Sévère : le discours du patient est
tellement mal articulé qu’il devient
inintelligible en l’absence ou hors de
proportion avec toute éventuelle aphasie, ou
est mutique, anarthrique.
NE = Intubation, autre obstacle mécanique,
expliquer : ___________
___
11. Extinction ou négligence
Des informations suffisantes peuvent être obtenues
lors des épreuves précédentes. Le score 0 est attribué si
le patient a un déficit visuel sévère empêchant la
recherche d’une extinction visuelle, à condition que
l’épreuve à la recherche d’une extinction sensitive soit
normale. Le score est 0, si le patient est aphasique,
mais donne l’impression de percevoir le stimulus des
deux côtés. La présence d’une négligence visuo-
spatiale ou d’une anosognosie doit aussi être prise en
compte. Dans la mesure où cette anomalie n’est scorée
que si elle est présente, cet item est toujours testable.
0 = Normal.
1 = Extinction ou négligence visuelle, tactile,
auditive, spatiale ou personnelle à la
stimulation bilatérale simultanée dans une
des modalités.
2 = Héminégligence sévère ou portant sur
plus d’une modalité sensorielle. Ne reconnaît
pas sa propre main ou ne s’oriente que vers
un côté de l’espace.
___
Total (0 - 42) ___
VOUS SAVEZ BIEN
IL TOMBE PAR TERRE
JE VAIS AU TRAVAIL
LE VASE EST DANS LA SALLE À MANGER
JE L'AI ENTENDU HIER SOIR À LA RADIO
MAMAN
TIC-TAC
MOITIÉ-MOITIÉ
CINQ
ÉCLABOUSSER
BÉBÉ PLEUREUR
CATÉGORIQUE
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
143
Annexe 2. Grille de cotation du NIHSS de la SFNV
Item / Intitulé Cotation Score
1a. Vigilance 0 vigilance normale, réactions vives
1 trouble léger de la vigilance : obnubilation, éveil plus ou moins adapté
aux stimulations environnantes
2 coma ; réactions adaptées aux stimulations nociceptives
3 coma grave : réponse stéréotypée ou aucune réponse motrice
1b. Orientation
(mois, âge)
0 deux réponses exactes
1 une seule bonne réponse
2 pas de bonne réponse
1c. Commandes
(ouverture des yeux,
ouverture du poing)
0 deux ordres effectués
1 un seul ordre effectué
2 aucun ordre effectué
2. Oculomotricité 0 oculomotricité normale
1 ophtalmoplégie partielle ou déviation réductible du regard
2 ophtalmoplégie horizontale complète ou déviation forcée du regard
3. Champ visuel 0 champ visuel normal
1 quadranopsie latérale homonyme ou hémianopsie incomplète
ou négligence visuelle unilatérale
2 hémianopsie latérale homonyme franche
3 cécité bilatérale ou coma (1a = 3)
4. Paralysie faciale 0 motricité faciale normale
1 asymétrie faciale modérée (paralysie faciale unilatérale incomplète)
2 paralysie faciale unilatérale centrale franche
3 paralysie faciale périphérique ou diplégie faciale
5. Motricité
membre supérieur
0 pas de déficit moteur proximal
1 affaissement dans les 10 secondes, mais sans atteindre le plan du lit
2 effort contre la pesanteur, mais le membre chute dans les 10 secondes sur le plan
du lit
3 pas d’effort contre la pesanteur (le membre chute mais le patient peut réaliser une
contraction musculaire avec ou sans mouvement du membre)
4 absence de mouvement (coter 4 si le patient ne fait aucun mouvement volontaire)
X cotation impossible (amputation, arthrodèse)
Dt G
6. Motricité
membre inférieur
0 pas de déficit moteur proximal
1 affaissement dans les 5 secondes, mais sans atteindre le plan du lit
2 effort contre la pesanteur, mais le membre chute dans les 5 secondes sur le plan
du lit
3 pas d’effort contre la pesanteur (le membre chute mais le patient peut faire un
mouvement tel qu'une flexion de hanche ou une adduction)
4 absence de mouvement (le patient ne fait aucun mouvement volontaire)
X cotation impossible (amputation, arthrodèse)
Dt G
7. Ataxie 0 ataxie absente
1 ataxie présente pour 1 membre
2 ataxie présente pour 2 membres ou plus
8. Sensibilité 0 sensibilité normale
1 hypoesthésie minime a modérée
2 hypoesthésie sévère ou anesthésie
9. Langage 0 pas d’aphasie
1 aphasie discrète à modérée : communication informative
2 aphasie sévère
3 mutisme ; aphasie totale
10. Dysarthrie 0 normal
1 dysarthrie discrète à modérée
2 dysarthrie sévère
X cotation impossible
11. Extinction,
négligence
0 absence d’extinction et de négligence
1 extinction dans une seule modalité, visuelle ou sensitive, ou négligence partielle
auditive, spatiale ou personnelle
2 négligence sévère ou anosognosie ou extinction portant sur plus d’une modalité
sensorielle
TOTAL
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
144
Annexe 3. Echelle d'AVC Scandinave (Scandinavian Stroke Scale, SSS)
Description Score
Consciousness fully conscious
somnolent, can be awaked to full consciousness
reacts to verbal command, but is not fully conscious
coma
6
4
2
0
Orientation correct for time, place and person
two of these
one of these
completely disorientated
6
4
2
0
Speech no aphasia
impairment of comprehension or expression disability
more than yes/no, but not longer sentences
only yes/no or less
10
6
3
0
Eye movement no gaze palsy
gaze palsy present
forced lateral gaze
4
2
0
Facial palsy none/dubious
present
2
0
Gait walks 5 m without aids
walks with aids
walks with help of another person
sits without support
bedridden/wheelchair
12
9
6
3
0
Arm, motor power
(assessed only on affected side)
raises arm with normal strength
raises arm with reduced strength
raises arm with flexion in elbow
can move, but not against gravity
paralysis
6
5
4
2
0
Hand, motor power
(assessed only on affected side)
normal strength
reduced strength in full range
some movement, fingertips do not reach palm
paralysis
6
4
2
0
Leg, motor power
(assessed only on affected side)
normal strength
raises straight leg with reduced strength
raises leg with flexion of knee
can move, but not against gravity
paralysis
6
5
4
2
0
TOTAL (0-58)
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
145
Annexe 4. Echelle de Rankin modifiée (modified Rankin Scale, mRS)
Score Description
0 Pas de symptômes
1 Symptômes minimes ; n'interférant pas avec les activités de la vie courante
2 Handicap mineur ; restriction de certaines activités de la vie courante mais patient autonome
3 Handicap modéré ; nécessité d'une aide partielle, marche possible sans aide
4 Handicap modérément sévère ; marche impossible sans assistance, restriction notable de
l'autonomie mais sans nécessité d'une aide permanente
5 Handicap sévère ; grabataire, incontinent, et nécessité de soins de nursing constants
6 Décès
Annexe 5. Echelle de handicap d'Oxford (Oxford Handicap Scale, OHS)
Score Description
0 Pas de symptômes
1 Symptômes minimes ; n'interférant pas avec les activités de la vie courante
2 Handicap mineur ; restriction de certaines activités de la vie courante mais patient autonome
3 Handicap modéré ; restriction significative des activités de la vie courante, nécessité d'une aide
partielle
4 Handicap modérément sévère ; patient dépendant mais ne nécessitant pas une attention
constante
5 Handicap sévère ; patient totalement dépendant, nécessitant une attention constante
6 Décès
Annexe 6. Echelle de devenir de Glasgow (Glasgow Outcome Scale, GOS)
Score Description
1 Bonne récupération ; pas de séquelles ou séquelles mineures
2 Handicap modéré ; séquelles mais indépendant
3 Handicap sévère ; conscient mais dépendant
4 Etat végétatif
5 Décès
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
146
Annexe 7. Index de Barthel
Item Description Score
Alimentation Indépendant. Capable de se servir des instruments nécessaires. Prend ses
repas en un temps raisonnable.
A besoin d'aide, par exemple pour couper.
Dépendance.
10
5
0
Contrôle vésical Continence.
Fuites occasionnelles.
Incontinence.
10
5
0
Contrôle anorectal Continence.
Accidents occasionnels.
Incontinence.
10
5
0
Utilisation des WC Indépendance.
Intervention d'une tierce personne.
Dépendance.
10
5
0
Soins personnels Possible sans aide.
Dépendance complète.
5
0
Bain Possible sans aide.
Dépendance complète.
5
0
Habillage Indépendance.
A besoin d'aide, mais fait la moitié de la tâche en un temps correcte.
Dépendance complète.
10
5
0
Transfert du lit au
fauteuil
Indépendant.
Peut s'asseoir, mais doit être installé.
Capable de s'asseoir, mais nécessite une aide maximale pour le transfert.
Incapacité totale.
15
10
5
0
Déambulation Indépendance sur 50 mètres.
Avec aide pour faire 50 mètres.
50 mètres en fauteuil roulant.
Dépendance complète.
15
10
5
0
Escaliers Indépendant. Peut se servir de cannes.
A besoin d'aide ou de surveillance.
Incapacité totale.
10
5
0
TOTAL (0 - 100)
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
L’ISPB - Faculté de Pharmacie de Lyon et l’Université Claude Bernard Lyon 1
n’entendent donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans les
thèses ; ces opinions sont considérées comme propres à leurs auteurs.
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)
Chloé PARIS
La Thrombolyse des infarctus cérébraux : historique, actualité, perspectives
Th. D. Pharm., Lyon 1, 2014, 146p.
RESUME
Les accidents vasculaires cérébraux, majoritairement d'origine ischémique, représentent la
première cause de handicap, la deuxième cause de démence et la troisième cause de mortalité dans
les pays industrialisés. La prise en charge des infarctus cérébraux à la phase aiguë est par
conséquent un enjeu majeur de santé public. L'avènement de la thérapeutique thrombolytique, le
développement des unités neurovasculaires et les nouvelles méthodes d'imagerie ont permis
d'améliorer considérablement l'offre de soin.
Ce travail bibliographique montre l'évolution des traitements d'urgence des infarctus
cérébraux. Les premières études incluant la streptokinase, l'urokinase ou la pro-urokinase ont été
stoppées prématurément à cause d'un risque élevé d'hémorragie intracrânienne. Ces molécules
ont alors été abandonnées. Aujourd'hui, l'altéplase est le seul traitement thrombolytique validé
dans les infarctus cérébraux. De nombreuses études ont démontré son efficacité sur la réduction
du handicap. Toutefois, moins de 10% des patients victimes d'un accident ischémique reçoivent ce
traitement fibrinolytique. En effet, la fenêtre thérapeutique étroite et le risque d'hémorragie
intracrânienne lié au traitement représentent un obstacle considérable à son utilisation. C'est
pourquoi de nouvelles molécules ayant une affinité élevée pour la fibrine, comme le ténectéplase et
la desmotéplase, font actuellement l'objet d'essais cliniques. D'autre part, la thrombectomie tend à
se développer en particulier pour les accidents sévères. Les indications de cette approche
endovasculaire sont en cours d'évaluation.
MOTS CLES Infarctus cérébraux
Thrombolyse Altéplase Thrombectomie Essais cliniques
JURY M. Gilles AULAGNER, Professeur des Universités - Praticien Hospitalier
M. Laurent DEREX, Docteur en Médecine - Praticien Hospitalier M. Xavier DODE, Docteur en Pharmacie - Praticien Hospitalier
DATE DE SOUTENANCE
2 décembre 2014
ADRESSE DE L’AUTEUR
52, Rue Victor Hugo - 69002 Lyon
PARIS (CC BY-NC-ND 2.0)