sémiotique de la culture et communication

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© Équipe Sémiotique Cognitive et Nouveaux Médias (ESCoM ) - Paris Sémiotique de la Culture Sémiotique de la Culture et Communication Interculturelle PETER STOCKINGER Institut National des Langues et Civilisations Orientales (INALCO) Filière Communication et Formation Interculturelles (F.C.I.) Séminaire de DREA - OIPP Unité d'enseignement : OIPP 5C S1/S2 : Interculturel et interdisciplinarité – « Identité culturelle, diversité linguistique et interculturalité : approche théorique, méthodologiques et technologiques » - Axe II : Interculturel, sémiotique des cultures et NTIC (OIP 505 A) Design graphique et multimédia : Elisabeth DE PABLO, ESCoM Paris, INaLCO – CFI, 2005/2006

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Page 1: Sémiotique de la Culture et Communication

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Sémiotique de la Culture

Sémiotique de la Culture et Communication Interculturelle

PETER STOCKINGER

Institut National des Langues et Civilisations Orientales (INALCO)Filière Communication et Formation Interculturelles (F.C.I.)

Séminaire de DREA - OIPPUnité d'enseignement : OIPP 5C S1/S2 : Interculturel et interdisciplinarité –

« Identité culturelle, diversité linguistique et interculturalité : approche théorique, méthodologiques et technologiques » -

Axe II : Interculturel, sémiotique des cultures et NTIC (OIP 505 A)

Design graphique et multimédia : Elisabeth DE PABLO, ESCoM

Paris, INaLCO – CFI, 2005/2006

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Sémiotique de la Culture

L’acteur social, sa culture etson monde de vie

Paris, INALCO – CFI, 07 décembre 2005

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Sémiotique de la Culture

Principauxsujets

1 – Quelques rappels du premier cours et introduction de la problématique des cours suivants

2 – Acteur social et culture.

3 – La “Lebenswelt” (le monde de vie) de l’acteur social.

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Sémiotique de la Culture

Introduction

- Rappels et mise en perspective -

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Sémiotique de la Culture

Dans notre premier cours, nous avons essayé d’expliciter les principaux paramètres pour avoir une compréhension plus explicite et systématique de la notion « communication interculturelle ».

Nous sommes partis de la définition intuitive suivante: la communication interculturelle est:

un échange entre deux acteurs (personnes ou groupes) de deuxcultures (“nationales”) différentes parlant très souvent deux langues(maternelles) différentes.

Après avoir illustré cette définition avec une série d’exemples assez typiques de situations de communication interculturelle, nous avons discutéles quatre principaux paramètres qui se trouvent dans la dite définition, àsavoir :

1. échange

2. entre deux acteurs (personnes ou groupes)

3. de deux cultures “nationales” différentes

4. parlant très souvent deux langues (maternelles) différentes.

1er Sujet:

Rappels et mise en perspective

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Les exemples donnés dans l’Introduction sont des situations trèstypiques de pratiques de communication interculturelles : échangesentre habitants “traditionnels” d’un lieu et nouveaux arrivants; échanges entre personnes d’origine différente dans une institution internationale, etc.

Ces exemples typiques montrent que la notion “communication interculturelle” est spontanément utilisée pour des pratiques de communication entre acteurs d’origine (nationale, ethnique, …) différente possédant, en outre, des “langues mères” différentes.

Ces deux présupposés implicites – différence de l’origine des acteurset différence (sémio-)linguistique - sont toujours présents quand on parle, par exemple,

du managament interculturel,

du marketing interculturel,

de la négociation (commerciale, politique, juridique, …) interculturelle,

de l’éducation interculturelle, etc.

1er Sujet:

Rappels et mise en perspective

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Sémiotique de la Culture

Mais, pris dans un sens plus général, la communication interculturelleest considérée comme une pratique omniprésente :

qui est mise en scène par des acteurs (individus, groupes, …) appartenant à deux cultures différentes (et pas seulement à deuxcultures “nationales”, éthniques”, ...);

qui relève tout aussi bien de la vie quotidienne, de la vie privée et intime que de la sphère des institutions d’un Etat, voire de l’imaginaire collectif“.

Entendu dans ce sens plus général, la communication interculturellerecouvre donc une multiplicité de pratiques de communication tellesque:

communication entre personnes appartenant à des générationsdifférentes,

communication entre personnes appartenant à des groupessociaux différents,

ou encore communication entre personnes occupant des fonctionssociales différentes (medecin/malade, expert/amateur, cadre/ouvrier, enseignant/ enseigné, …)

1er Sujet:

Rappels et mise en perspective

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Sémiotique de la Culture

Le présupposé implicite de cette définition bien plus générale de la communication interculturelle est celui d’un échange entre deuxacteurs appartenant donc à deux cultures différentes – :

peu importe le type ou le genre de la culture (professionnelle, savante, populaire, de jeunesse, …)

et peu importe aussi les ressources linguistiques ou non-linguistiques en jeu.

Dans une telle perspective “radicale”:

la communication interculturelle se dissout comme un objetempiriquement identifiable et délimitable

et devient simplement la condition même de la communication(de la “communicabilité”) entre deux acteurs sociaux

si on accepte l’hypothèse qu’il n’y a pas deux acteurs qui partagent exactemment les mêmes références culturelles ….

1er Sujet:

Rappels et mise en perspective

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Sémiotique de la Culture

Afin d’éviter cette généralisation peut-être abusive et intellectuellement peu intéressante, deux possibilités s’offrent”:

1. Stipuler:

qu’il existe un objet particulier qui peut être appelé“communication interculturelle” -

objet qui, empiriquement, est justement limité aux pratiquesde communication entre acteurs appartenant à deuxcultures “ethniques” ou “nationales” utilisant deux languesmaternelles différentes pour communiquer.

2. Stipuler:

qu’il existe “en même temps” une dimension (uneproblématique) particulière dans toutes les pratiques de communication qui relève de l’interculturalité -

dimension ou problématique interculturelle qui est celle de l’ajustement, de l’adaptation, ... des références cognitives, axiologiques et (sémio-)linguistiques au contexte et aux objectifs d’une pratique de communication donnée.

1er Sujet:

Rappels et mise en perspective

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Sémiotique de la Culture

La dimension interculturelle dans les pratiques de communication veutdire - comme toutes pratiques humaines:

1. que la pratique de la communication est une pratique de routine(Husserl, Schütz) qui réfère à des standards communs partagéspar les participants à une pratique routinière –

standards “implicites” et présupposés tels que traditions et expériences

ou encore standards formels et délibérément imposés telsque normes, lois ou règles;

2. mais que même la pratique la plus routinière, la plus “standardisée” n’est pas a priori exempte de possibles problèmesde “compréhension”, de “règlages” et d’”ajustement” entre les participants engagés dans les activités composant la pratique.

1er Sujet:

Rappels et mise en perspective

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Sémiotique de la Culture

Un type particulier de ces problèmes de compréhension et, puis sipossible, d’adaptation et d’ajustement relèvent, par exemple:

soit d’une divergence ou, tout simplement, d’une différence (plus ou moins incompatible) de point de vue sur l’objet de communication;

soit d’une compréhension divergente ou différente de la situation (de la pratique) de la communication elle-même;

soit d’une utilisation divergente des mêmes ressources ou de l’utilisation de deux ressources sémio-linguistiques différentespour communiquer.

1er Sujet:

Rappels et mise en perspective

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Sémiotique de la Culture

Retenons donc qu’il faille distinguer entre:

1. La communication interculturelle comme un type de pratiques de communication particulière

qui correspond à celui identifié intuitivement dansl’Introduction à ce cours;

et qui se déploie entre acteurs de cultures “nationales” ou“ethniques” différentes disposant de deux languesmaternelles différentes pour communiquer;

2. La dimension interculturelle dans toutes les pratiques de la communication (de tous les jours, publicitaire, professionnelle, politique, sociale, didactique, scientifique, intime, …)

qui renvoie à la problématique de la traduction entre deuxou plusieurs systèmes cognitifs et sémiolinguistiques

problématique qui peut toujours se poser même dans les routines de communication les plus “huilées”

et qui constitue un des risques d’échec de toutecommunication.

1er Sujet:

Rappels et mise en perspective

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Ceci dit dit, compréhension et maîtrise de la communication interculturelle au sens d’une pratique sociale spécifique ou au sensd’une dimension spécifique inhérente à toutes les pratiques de communication humaine présuppose la prise en compte et l’explicitation:

de l’acteur social

et du monde de vie de l’acteur social (de sa réalité, de ce quel’acteur en question considère comme réel, évident, naturel, vrai, indiscutable, …).

Le reste de ce cours sera donc consacré :

À une compréhension plus opérationelle de ce qu’est un acteursocial;

À la façon de comment approcher et décrire le monde habité par l’acteur social, “monde” qui est le sien ;

À une compréhension plus claire de la notion “culture” au sensd’un système de connaissances et de valeurs servant l’acteursocial à habiter le monde, à faire du monde “son” monde …

1er Sujet:

Rappels et mise en perspective

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1er Sujet

- Acteur social et culture -

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1er Sujet:

Acteur social et culture

La culture est une dimension commune à la nature humaine, à l’espèce humaine.

Dans une première approximation, nous définissons la notion de la culture comme :

un système de connaissances et de valeurs [GOD 65]

qui permet à l’homme –

de se représenter et à représenter les autres, d’habiter le monde environnant et d’intervenir dans ce monde environnant avec préméditation, d'une manière intentionnelle [LEV 61].

Mais la culture comme dispositif universel ne nous est donnée que comme un dispositif, un système adapté à:

un groupe des hommes ou d'une manière générale, un groupe d'agents formant un « tout »,

un contexte normal et socio-historique, c.-à-d. environnements, endroits, périodes, activités et événements.

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Ce fait est démontré par une prolifération presque libre des expressions terminologiques qui montrent la « culture » en rapport à des dispositifs sociaux spécifiques :

« culture populaire », « culture des élites », « culture orale », « culture nationale », « culture scientifique », « culture culinaire », « culture vestimentaire », etc.

(Exemple): Ainsi, l’expression « culture populaire »:

s'oppose typiquement à la culture des « cultivés » à la culture des élites (intellectuelles, scientifiques, artistiques, politiques, religieuses, …);

prend corps dans la prétendue littérature insignifiante, dans la socio-littérature des « petits gens », des « gens formant la masse silencieuse » et principaux consommateurs des médias ;

se différencie elle-même en des formes traditionnelles (« folklore ») et contemporaines (culture des masses), en des formes sociopolitiques (culture ouvrière, culture paysanne, …).

1er Sujet:

Acteur social et culture

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Sémiotique de la Culture

(Exemple): L'expression « culture orale » :

s'oppose systématiquement à la culture de l’écrit, à la culture écrite (dans toutes ses ramifications, l’imprimé n’en constituant qu’une parmi tant d’autres);

occupe un espace et un environnement social particulier (« l'environnement auditif »);

espace - qui exige des compétences spécifiques aux acteurs engagés dans la production de connaissances et de valeurs, dans leur distribution, réception et interprétation ainsi que dans la conservation et la transmission des connaissances et valeurs pertinentes à un groupe entre générations.

(Exemple): L'expression « culture d’habitat » recouvre :

non seulement des aspects techniques tels que la structure matérielle et technique d’une espace habité (bâtiment, quartier, équipement, transports, …);

mais également l’appropriation d’un tel espace par ses habitants et son rôle structurant dans les activités de ceux derniers (relevant de la vie intime et de famille, de groupe restreint, de travail, de loisir, …) ,

et enfin sa valeur émotionnelle, esthétique et économique.

1er Sujet:

Acteur social et culture

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Sémiotique de la Culture

Le sens général de telles expressions (« culture populaire », « culture des élites », « cultures vestimentaires », …) est :

de ne pas représenter la culture en tant que telle

mais en tant qu’une manifestation particulière (en tant qu’un genre particulier) de la culture entendue comme une dimension universelle àl’espèce humaine.

En tant que dimension universelle:

la culture représente le niveau symbolique ou sémiotique de l’homme,

niveau qui rend l’homme capable, qui lui permet la représentationde son monde ou encore du monde qui à la fois lui est accessible et pertinent.

1er Sujet:

Acteur social et culture

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Sémiotique de la Culture

D’une façon générale, « représentation symbolique ou sémiotique » veut dire:

« modélisation » du monde, production de modèles du monde, production de scénarios du monde, « construction de mondes possibles »

Ce sont des activités principales et centrales qui s’expriment d’une manière très nette dans le jeu :

au sens d’une activité universelle d’exploration et d’appropriation ludique du monde (Piaget, Caillois)

mais aussi au sens d’une activité « gratuite » réglée à travers lesquelles l’homme simule un type d’expériences au lieu de le « vivre physiquement ».

Enfin, ces activités sont à la base, constituent le cœur même:

de la production (« construction ») de réalités sociales (politiques, juridiques, économiques, historiques, religieuses…)

de l’imaginaire, des découvertes et inventions scientifiques, artistiques et littéraires.

1er Sujet:

Acteur social et culture

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Sémiotique de la Culture

Ceci dit, cette capacité symbolique ou sémiotique:

n’est pas, semble-t-il, une propriété exclusive de l’homme, de l’espèce humaine;

mais elle s’enracine dans l’évolution de la vie elle-même qui n’est pas seulement « une aventure biologique » mais aussi « symbolique »(« symbolique » au sens de l’émergence lente d’une capacité de représentation, de « construire une image » de quelque chose)

et peut même être (pour le moment encore très partiellement) simulépar des programmes, des machines ou des agents artificiels …

Ainsi la capacité de représentation, chez l’homme, n’est pas réduit à des choses présentes mais également absentes qui se trouvent notamment :

dans un ailleurs temporel (représentation du temps sous forme d’une temporalité spécifique et de thèmes liés à cette dernière: histoire, origine, mémoire, futur, mort, …)

ou un ailleurs épistémique (représentation de mondes « fictifs », possibles : mondes de fantaisie, mondes virtuels, hallucinations, …)

Selon certains psychologues (Piaget), la dimension symbolique ousémiotique se développe pleinement chez l’enfant à partir de l’âge de 24 mois

1er Sujet:

Acteur social et culture

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Sémiotique de la Culture

En tant que manifestation particulière, la culture :

façonne des être humains (ou, plus généralement, des agents –vivants ou artificiels) formant, dans certaines conditions et en vue de la satisfaction d’un ensemble de besoins, intérêts ou désirs collectifs, un « corps », une « collectivité » ou encore un « demos »

tout en étant façonné, en retour, par les agissements de la collectivité, du « demos ».

Cette réciprocité rend compte de l’opposition entre:

la culture comme un « préconstruit », une « tradition », une « histoire »dans lesquels naît l’homme (comme il naît dans le langage) et qui constitue ainsi son « monde naturel », sa « nature » (la culture comme une « natura naturans »)

la culture comme le produit, le résultat des activités de toute sorte des être humains s’exprimant sous forme de nouvelles connaissances et valeurs enrichissant et modifiant les connaissances et valeurs traditionnelles.(la culture comme une « natura naturata »)

1er Sujet:

Acteur social et culture

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2ème Sujet

- La notion “acteur social” -

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Sémiotique de la Culture

Nous avons vu que la culture (et, a fortiori, des différences culturelles) ne peut être appréhendé en dehors de la référence aux gens (individus, groupes, …) qui l’incarne.

En des termes plus sophistiqués, il s’agit d’appréhender une culture ou des formes culturelles à partir d’un acteur social comme par exemple,

d’une nation (en ce qui concerne, par exemple, la culture nationale), d’une profession (en ce qui concerne sa culture métier), des habitants d’un quartier (en ce qui concerne la culture urbaine), des

D’une manière plus générale, nous définissons un acteur social comme un agent (humain, animal, « artificiel »,…) qui possède un système cognitif et axiologique (de valeurs) de référence commune. Un tel système est composé, entre autre:

par des traditions et expériences communes, des valeurs partagées et considérées comme plus ou moins fondamentales, une doxa (des évidences),mais aussi des connaissances formalisées et fonctionnelles (des techniques, des méthodes, …), un imaginaire (des « possibilia ») et un espace critique, des références à une transcendance, etc.

2ème Sujet:

La notion “acteur social”

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Sémiotique de la Culture

Quelques exemples ad hoc pour (types de) « l'acteur social » :

les gens, les groupes se référant à une figure charismatique commune(M. Weber) – groupes tels que

les groupes de supporteurs d'un club du football; les groupes d’amateurs d’une musicien ou d’un groupe de musiciens;Les groupes de supporteurs d’un homme politique ou religieux; voire d’un homme d’affaire;etc.

les gens, les groupes qui partagent des convictions communes –groupes tels que

les communautés et/ou sectes religieux; les parties et mouvements politiques;les adeptes d’une école (scientifique, économique, juridique, …); les mouvements artistiques et littéraires, les groupes défendant des convictions (morales, sociales, politiques, …) hétérodoxes par rapport à une doxa dominante (ex.: les gays, les lesbiennes, les altermondialistes, …)

2ème Sujet:

La notion “acteur social”

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Sémiotique de la Culture

les gens, les groupes qui ont accès à quelques ressources rares et/ou de très forte valeur ajoutée représentant un grand capital symbolique, selon Bourdieu (accès possible seulement grâce à l'héritage, à la naissance ou encore grâce à un difficile parcours initiatique) - groupes tels que

les intellectuels reconnus; les experts;les artistes prestigieux et renommés;les vedettes de tout genre; les membres honorables de clubs et d'établissements fermés et tout aussi honorables, …

les gens, les groupes qui sont engagés dans un même type de pratique sociale – pratiques organisant

les métiers professionnels;les pratiques de loisir;la vie spirituelle;la vie intime;etc.

2ème Sujet:

La notion “acteur social”

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Sémiotique de la Culture

La question qui se pose toujours, est celle-ci: pourquoi, sur la base de quoi identifie-t-on un nombre aléatoire de personnes comme faisant partie d’un même acteur social (d’un même groupe, d’un même club, d’une même couche, d’un même mouvement, d’une même organisation, …)

Une réponse attendue et en soi assez banale, est que ceux-ci partagent quelque chose, qu’ils ont quelque chose en commun, quelque chose qui les distingue davantage d’autres gens qu’eux-mêmes, les uns les autres.

Cette communalité entre un nombre aléatoire de personnes est justement rendue les expressions lexicologiques classificatrices :

"figure charismatique", "convictions communes", "propriétaire d’un grand capital symbolique", "pratique sociale" , etc.

L'explication de la notion de la communalité renvoie à deux dimensions centrales dans la compréhension d’un acteur social:

1. à la dimension de l’identification et de l’auto-identification des gens formant un acteur

2. à la dimension du « monde de vie » (« Lebenswelt » selon Husserl ou Schütz) qui est commun aux gens formant un acteur social.

2ème Sujet:

La notion “acteur social”

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3ème Sujet

- La “Lebenswelt” de l’acteur social -

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3ème Sujet:

La “Lebens-welt” de l’acteur social

Exemple: admettons que nous sommes demandés d’entreprendre une étude sur les pratiques et comportements des acheteurs-consommateurs dans un supermarché. Intuitivement parlant, nous nous efforcerons de procéder ainsi:

groupes sociaux formant l’acteur en question (familles, jeunes, personnes âgées, …)

Types de biens et de services :

Activités : recherche de biens, évaluation, négociations, essais, choix, transports, …

Lieux et endroits: d’accès aux biens et services cherchées, localités des biens et services, endroits de récréation, endroits d’exposition des biens, …

Moments et périodes cruciaux : d’arrivage des clients, de « séjour », de visite, de récréation, ..

Moyens de publicité, de signalisation … : panneaux, affiches, dépliants, PLV, signalisation des prix, …

Buts, objectifs d’une telle étude – très variés mais pouvant avoir un impact pratique (commercial, économique, juridique, …) ou théorique (styles de vie, critique culturelle, …)

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3ème Sujet:

La “Lebens-welt” de l’acteur social

Autre exemple: Présentation typique d’un « peuple » (d’une ethnie, …) dans un documentaire audiovisuel, voire une description ethnographique:

Groupes sociaux composant l’ethnie ou la partie de l’ethnie « mise en scène »: les femmes, les enfants, les jeunes, les personnes âgées, les métiers, les guerriers, les prêtres ou chamans, les sages, …

Les activités et pratiques les plus importantes: les rites religieux, les rites de passages, les mariages, les délibérations politiques, les pratiques métiers (poterie, tissage, agriculture, …), le loisir, …

L’environnement naturel (le climat, la terre, le paysage, …) habité et cultivé (sic !) par l’ethnie ainsi que son environnement construit et représentant pour lui une valeur utile, patrimoniale, religieuse, esthétique, hédonistique, … (habitats, outils, instruments, vêtements et objets de parure, objets-témoins, …)

Les lieux et endroits qui organisent la vie de l’ethnie, leurs activitiés et les actions à l’intérieur des groupes et entre les groupes, …: lieuxpublics, lieux privés et intimes, lieux des métiers, lieux sacrés, lieux de travail et de repos, …

Les périodes et les moments qui qui ponctuent la vie de l’éthnie et luidonne un certain rythme: périodes de fêtes et de commémoration, périodes de travail et de loisir, …

les moyens et ressources d’expression et de communication:

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3ème Sujet:

La “Lebens-welt” de l’acteur social

Décrire un acteur, c’est décrire son « monde », son « monde de vie ».

Definition(s) of the lifeworld Philip Agre and Ian Horswill (for computational analysis):

Cats and people, for example, can be understood as inhabiting the same physical environment but different lifeworlds.

Kitchen cupboards, window sills, and the spaces underneath chairs have different significances for cats and people, as do balls of yarn, upholstery, television sets, and other cats. Similarly, a kitchen affords a different kind of lifeworld to a chef than to a mechanic, though clearly these two lifeworlds may overlap in some ways as well.

A lifeworld, then, is not just a physical environment, but the patterned ways in which a physical environment is functionally meaningful within some activity”.

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3ème Sujet:

La “Lebens-welt” de l’acteur social

La description du monde de vie d’un acteur quelconque prendra en compte, d’une manière ou d’une autre :

les agents (personnes, individus, groupes, organisations, …) qui jouent un ou plusieurs rôles dans le monde de vie de l’acteur social;

les objets de valeur (les objets naturels et les produits créés par l’homme: artefacts, biens, services, …) qui sont pertinents(nécessaires, indispensables, désirables, utiles, vénérables, …) dansla vie de l’acteur social;

les activités et pratiques qui organisent et structurent la vie de l’acteursocial;

les territoires et lieux qui organisent et structurent l’espace du mondede vie de l’acteur social

les moments et périodes qui ponctuent et rythment la vie de l’acteursocial;

les moyens et outils d’expression utilisés pour communiquer d’unemanière adéquate dans le monde de vie de l’acteur social.

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Sémiotique de la Culture

Toutes ces entités sont utilisées pour reconstruire, decrire d’une manièreaussi explicite que possible

cette construction spécifique qu’est la réalité sociale dans le monde de vie d’un acteur donné

mais aussi des constructions relevant de l’imaginaire, du possible(plus ou moins souhaité, plus ou moins désiré, plus ou moinsfantasque, …) dans et selon le monde de vie d’un acteur donné.

Pour cela, on s’intéresse davantage aux représentations (symboliques), aux “modèles” des principales parties du monde de vie d’un acteur:

individus, gens, groupes, … “roles et réseaux sociaux, faces sociales”

objets naturels, artefacts “environnement social”

activities “pratiques sociales”

moments, périodes “temporalité sociales”

territoires, lieux “spatialité sociale”

moyens et outils d’expression “langages et systèmes de signes”

4ème Sujet:

“Lebenswelt” et culture