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TitlePageRésuméPrologue12345678910111213141516
1718192021222324252627282930Aproposdel’AuteurCopyright
Unelongueétreinte
LeClubdeséternelscélibataires—Tome5
par
TinaFolsom
byribellu
Traduction:ConstancedeMascureau
©TinaFolsom,2016pourlatraductionfrançaise,2015pourletexteoriginal
Résumé
Tara Pierpont ne supporte plus que ses parents semêlent de sa vie privée et la harcèlent pour
qu’elleépouseunhommeriche,commel’afaitsasœur.Elledécidequ’ilest tempspourelledese
rebeller.L’occasionseprésentealorssouslaformed’unbeauserveur,lorsd’unesoiréetrèsprivée
danslesHamptons.
Pendantlaréceptionorganiséeparlesparentsd’undesesamispourleuranniversairedemariage,
JayBohannonestprispourunserveurparune jeune femme. Il s’apprêteàdissiper lemalentendu,
maisTara lui confiequ’elleenamarredeshommes richesqui secroient toutpermis.Ellea juste
enviedes’amuserunpeuavecquelqu’unquin’estpasnéavecunecuillèreenargentdanslabouche.
Jayestcependantbien loind’êtrepauvreouordinaire. Ilestexactement legenred’hommesque
Taraessaied’éviter.
LesautreslivresdeTina:
LeClubdeséternelscélibataires
L’escortattitrée(Tome1):KoboFNACAutresVendeurs
L’amanteattitrée(Tome2):KoboFNACAutresVendeurs
L’épouseattitrée(Tome3):KoboFNACAutresVendeurs
Unefollenuit(Tome4):KoboFNACAutresVendeurs
LesVampiresScanguards
LaBelleMortelledeSamson(Tome1):KoboFNACAutresVendeurs
LaProvocatriced’Amaury(Tome2):KoboFNACAutresVendeurs
LaPartenairedeGabriel(Tome3):KoboFNACAutresVendeurs
L’Enchantementd’Yvette(Tome4):KoboFNACAutresVendeurs
LaRédemptiondeZane(Tome5):KoboFNACAutresVendeurs
L’éternelamourdeQuinn(Tome6):KoboFNACAutresVendeurs
Lesdésirsd’Oliver(Tome7):KoboFNACAutresVendeurs
LeChoixdeThomas(Tome8):KoboFNACAutresVendeurs
DiscrèteMorsure(Tome81/2):KoboFNACAutresVendeurs
L’IdentitédeCain(Tome9):Poursavoirpluscliquezici.
CodePhénix
(AvecLaraAdrian)
FugueetContrefugue(Tomes1&2):KoboFNACAutresVendeurs
Prologue
NewYork
Sixmoisplustôt
JayBohannonn’avaitpasl’habituded’écouterlesconversationsprivéesdesgens,maiscesoir-là
il lui était difficile de faire autrement. Installé dans un espace en forme de demi-cercle dans un
restaurantà l’atmosphèrecalmeetagréable, il attendait.L’hommeavecqui il avaitun rendez-vous
d’affaires l’avaitprévenuqu’ilauraitunpeuderetard.Derrière lui,ungroupedefemmesarrivées
quelques minutes après lui discutaient avec animation, n’ayant sans doute même pas remarqué sa
présence.Ilignoraitcombienellesétaient,carilleurtournaitledosetledossierdesbanquettesétait
trophaut,maisildistinguaitaumoinsdeuxvoixdifférentes.
—Bon,alorsrésumons,ditl’unedesfemmesavecunfortaccentnew-yorkais.
Originaire du Sud, Jay ne s’était jamais habitué aux notes dures qui teintaient le discours de
nombreuxNew-Yorkaisdesouche.
—Ilrestequatremecssurtaliste…
—Etjesaisexactementquijechoisirais,l’interrompitunedeuxièmefemme.
Lavoixdecelle-ciétaitmoinsdésagréable.Àl’évidence,ellen’étaitpasdeNewYork,oualors
elles’étaitefforcéedeperdresonaccent.
—Cassie, laréprimandadoucement lapremièrefemme.Net’inquiètepas,ont’aidera toutes les
deux à choisir le bonmari quand ce sera ton tour. On te l’a promis.Mais parlons de ce que j’ai
découvert.
Jayconclutqu’ildevaityavoiraumoinstroisfemmesdanslegroupederrièrelui,quidiscutaient
demarispotentiels.Jaylevalesyeuxaucieletregardal’heuresursamontre,espérantqueMiltonne
tarderaitplusàarriver.
—Dequoiest-cequetuparles?demandaCassie.
—Maisdeleurfortune,andouille!Ondoitsavoirquiestleplusriche.
Jay fit la grimace. Visiblement, ces filles n’étaient pas là pour parler d’amour, mais plutôt de
comptesenbanque.
C’étaitpitoyable!
Essayant d’ignorer leur conversation, il parcourut ses emails sur son téléphone portable. Sa
copineDeborah,avecquiilsortaitdepuisplusdequatremoisàprésent,luiavaitenvoyéunmessage
uneheureplustôt.Illerelut.
Ilyaeuunimprévuaubureau.J’essaiedepassercesoir.Jetetiensaucourant.
Bisous,Deborah
Il lui suffisait de penser à elle pour sentir son sexe se durcir. Elle était extrêmement sexy,
aventureuse au lit etmagnifique, quelle que soit la façon dont elle était habillée. Il était très épris
d’elle,aupointqu’ilenvisageaitdepasseràl’étapesuivantedansleurrelation.
Ettantpiss’iln’étaitpasunjourlevainqueurduClubdeséternelscélibatairesetneremportaitpas
la somme d’argent conséquente destinée au dernier célibataire du groupe. Il avait déjà amplement
assez.Aprèsavoirinventéuningénieuxdispositifdesécuritépourlesbateauxetdéposéunbrevetqui
l’avait rendu riche, il s’était lancé dans la construction d’immenses yachts pour les très grandes
fortunes.Celaavaitfaitdeluil’undescélibataireslesplusenvuedeNewYork.
—…apparemment, il est endetté jusqu’aucou.Etdevinezquoi : il loue lepenthouseoù il vit !
s’exclamalaNew-Yorkaised’unevoixscandalisée.
Unedesfemmeslâchaunhoquetdesurprise.
—M…
—Laisse-moi terminer, l’interrompit la femmequiparlait. Jesaisceque tuvasdire.C’estvrai
qu’ilestcanon,maisdésolée:jenelaisseraipasmonamieépouserunloser.
—Etluialors?demandaunetroisièmefemme,restéesilencieusejusqu’àprésent.
Jaysentit soncœurbondirdanssapoitrine. Ilconnaissaitcettevoix. Il laconnaissaitmême très
bien.
—Whelan?demandalafemmeàl’accentnew-yorkaisprononcé.
—Oui,réponditDeborah.D’aprèstesnotes,ilestplusrichequeBohannon.
Jay retint son souffle.Unprofond sentimentdedéceptionetde fureur l’envahit.Deborah s’était
expriméed’unevoixdétachée,commesielleparlaitd’unebellevoitureetnondesonpetitami.
—Ilestaussitrèsmignon,intervintCassie.Vraimentsexy.Ettunousasditquec’étaituntrèsbon
coupaulit,non?
—Oui,approuvaDeborahsuruntonnonchalant.Maisjenevaispasmecontenterd’undeuxième
choix,mêmesionpassedubontempsaulit.Tuesd’accordavecmoi,Sharon?
— Oui. Mais je pense que Bohannon reste peut-être le meilleur choix pour toi, répondit la
premièrefemme,Sharon.
—Pourquoi?JepensaisqueWhelanétaitplusrichequeBohannon.
JaypouvaitsereprésenterDeborahentraindefroncerlessourcils,commeellelefaisaitsouvent.
Il avait toujours trouvé cela charmant chez elle, mais à présent cela lui donnait envie de frapper
quelqu’unouquelquechose.Ilsavaitqu’ildevraitseleveretsemontrer,maisilétaitcommepétrifié
sursonsiège.Sesmainstremblaientderage.
— En fait, c’est la famille de Whelan qui est plus riche que celle de Bohannon. Donc
théoriquement,toutappartientencoreàsesparents.Etmêmes’ilestfilsunique,tun’aspasenviede
devoirattendrequesesparentspassentl’armeàgauche,hein?Àmonavis,ilestobligédefairetout
ce que veulent ses parents s’il veut récupérer l’argent tant qu’ils sont encore en vie. Fais-moi
confiance, ce n’est pas idéal. Je vote pourBohannon.Essaie de le fairemordre à l’hameçon pour
qu’iltepasselabagueaudoigtrapidement.
Deborahlaissaéchapperunsoupir.
— Tu as sans doute raison. Au moins, je n’aurai plus besoin de coucher avec Whelan.
Franchement,c’étaitunecorvée.
Les deux autres femmes éclatèrent de rire et trinquèrent.Un instant plus tard, un bruit de verre
brisésefitentendre.
Jaybaissalesyeuxverssamain.Ilavaittellementserrésonverreàmartiniqu’ill’avaitcassé.Les
débrisluientaillaientlapeau,etdestachesdesangsemêlaientauginquis’étaitrenversésurlanappe
d’unblancimmaculé.
Maisilnesentaitpasladouleur.Ilétaitcommeparalysé.
La femmedont ilpensait êtreamoureux le trompait.Etcen’étaitpas tout.La seule raisonpour
laquelleelleenvisageaitde l’épouserétaitparcequ’il avaitplusd’argentque l’autrepigeonsur sa
liste.
Jayselevabrusquementenrepoussantlatable,quigrinçabruyammentsurleparquetciré.Maisil
n’enavaitquefaire.Toutcommeiln’avaitquefairedescoupuressursamain.
Jetant un billet de vingt dollars sur la table, il fit quelques pas vers les trois femmes assises
derrièrelui.
LesamiesdeDeborahlevèrent lesyeuxvers luiet lescrutèrentdela têteauxpiedsd’unregard
approbateur.Ilrestadeboutsansriendire,etlesdeuxfemmeséchangèrentunregardétonné.
—Qu’est-cequ’ilya?demandaDeborahenjetantuncoupd’œilderrièreelle.
Jaycroisasonregardsurpris.
—Oh,salut,Jay.Jene…
Illevalamain,cellequin’étaitpasblessée.
—Épargne-moitesexplications.(Ilfitungesteverslafeuilledepapieraumilieudelatable.)Ettu
peuxmerayerdecetteliste.Jenevaispascontinueràfréquenterunefemmemanipulatricequin’en
veutmanifestementqu’àmonargent.
IlpritplaisiràvoirlevisagedeDeborahsedécomposerlorsqu’ellecompritqu’elleavaitétéprise
surlefait.Ellen’essayamêmepasdesejustifier.
—Sijememarieunjour,ceseraavecunefemmequisefichebienquejesoisricheoupas.
Tournantlestalons,ilsedirigeaàgrandspasverslaportedurestaurant,quis’ouvritaumoment
oùils’apprêtaitàsortir.Ilfaillitbousculerl’hommequientrait.
—Oh,salut,Jay!lesaluagaiementMilton.Désolépourle…
—Salut,Milton.Çat’ennuiesionvaailleurs?Jen’aimepastropcetendroit.
Enseretrouvantdanslanuitfroide,Jaypritconsciencequ’ilavaitlaissésonmanteauauvestiaire.
Maisiln’allaitcertainementpasretournerdanslerestaurant,oùCassieetSharonétaientsansdoute
entraindeconsolersonex-petiteamieenessayantdelaconvaincrequeWhelann’étaitpeut-êtrepas
unsimauvaispartiaprèstout.PauvreWhelan.
Jaylevalamainpourhéleruntaxi,lecœurlourd.Ilsejurad’êtreplusprudentàl’aveniretdene
plussuivresesémotionssifacilement.S’ilsentaitqu’unefemmenes’intéressaitàluiquepourson
argent,ilfuiraitaussitôtsansdemandersonreste.
1
Montauk,LongIsland,ÉtatdeNewYork
Lejourmême
Tiré de ses pensées par la voix furieusede son amiPaulGilbert, undesmembresduClubdes
éternelscélibataires,Jay tourna la têtevers lepoolhouse.Denombreuxinvitésenfirentdemême,
alertésparleséclatsdevoix.
Vêtu d’un smoking comme Jay, Paul agrippait par le col un homme d’âgemoyen, visiblement
éméché.
—Jevousaiditdelaissermacopinetranquille!
—Copine?C’estunesalepute!crial’homme.
Stupéfait d’entendre une accusation aussi scandaleuse, Jay jura dans sa barbe.Et lui qui pensait
passerunesoiréeennuyeusechezlesparentsdePaul,quiavaientconviétoutlegratindesHamptons
et de New York pour célébrer leur anniversaire de mariage. Jay n’avait rien contre un peu de
divertissementimprovisé,maisilnevoulaitpasquesonamiaitdesproblèmes,enparticuliersicela
concernait Holly. Il était visiblement très amoureux d’elle, ce qui n’étonnait guère Jay. Elle était
absolumentmagnifique,avecsesyeuxbleusenvoûtants,seslonguesbouclesblondesetsoncorpsde
rêve…Jayavaitflirtéavecellequelquesmoisplustôt,maisilétaitconscientqu’unefemmecomme
Hollyméritaitunhommecapabledes’engager.
Etaprès lefiascoavecDeborah,Jayavait renoncéauxrelationssérieuses.Celanesignifiaitpas
pourautantqu’ilnesortaitplusavecdesfemmesoun’avaitplusderelationssexuelles,maisilavait
arrêté de s’impliquer émotionnellement. Sa confiance envers le sexe opposé avait été ébranlée, et
jusqu’à présent il n’avait pas encore trouvé unmoyen de savoir avec certitude si une femme était
intéresséepar luiouparsonargent.Jaychassacettepenséedesonesprit.LaréceptiondesGilbert
n’était certainement pas le bon endroit pour chercher une petite amie. Les femmes qui avaient été
invitéesàcetévénementdelahautesociétéétaienttoutesissuesdefamillesrichesetinfluentes,etil
savait pertinemment ce que cela signifiait : sans sa fortune qui s’élevait à plusieurs centaines de
millions, elles ne lui jetteraient même pas un regard. Alors comment pouvait-il être sûr que
l’affectionqu’ellesluitémoignaientétaitauthentique?
Était-ilvraimentpossibledetrouverl’amourdanslahautesociété?Danscemilieuoùlesparents
s’assuraientdene faire rencontrerà leurs fillesquedebonspartisavecuncompteenbanquebien
garni ? Parfois, il avait envie de se faire passer pour un homme ordinaire qui n’avait que son
physique,sonaccentduSudetsoncharmepourséduire.Ilrencontreraitpeut-êtreunefemmesincère
quines’arrêteraitpasuniquementauxapparences,maisquileverraitpourceluiqu’ilétaitvraiment:
ungarçonsérieuxquiavaittravailléavecacharnementpoursesortirdelapauvretéetréussirdansla
vie,grâceàsadéterminationetàsoningéniosité,ainsiqu’àunebonnedosedechance.Maispeude
gens connaissaient cet aspectde sapersonnalité, et rares étaient ceuxqui étaient au courantde son
passédifficile.
Son enfance avait été bien différente de celle de Paul, qui était issu d’un milieu privilégié. Il
reportaalors sonattention sur sonami.Lesconversations s’étaient tues, et lesparentsdesamisde
Paulobservaienttouslascène.
Jay s’approcha à grands pas, prêt à aider Paul à se débarrasser de l’intrus qui proférait des
mensongessurHolly.
—Oui,c’estunesalepute!répétacelui-ciencriant,ledoigtpointéendirectiondeHolly.
Lajeunefemmesetenaitdevantlaportedupoolhouse,sesjolistraitsfigésdansuneexpression
d’horreur.
Elle était vraiment très belle, songea Jay. Il secoua la tête. Il refusait de croire que c’était une
prostituée.Cen’étaitpassongenre.Elleétaittrop…enfait,tropgentille.
—Ferme tagueuleou jevaismechargerde le fairepour toi !criaPaulavantdebalancerson
poingdanslafiguredel’homme,dontlatêtebasculasurlecôté.
L’ivrognereculaenvacillantdansladirectiondeJay.Unserveurensmokingsetrouvaitsurson
chemin,chargéd’unplateauremplideverres.
—Merde!lâchaJayenessayantd’écarterlejeunehomme.
Mais il arriva trop tard, et les deux hommes se heurtèrent de plein fouet. L’ivrogne parvint à
reprendre son équilibre, mais le pauvre serveur tomba à la renverse, lâchant son plateau que Jay
réussitàrattraperdejustesse.
Essuyant lesangquicoulaitdesabouche, lefauteurde troublescontinuaitàregarderPauld’un
œilnoir.
—Oui,uneputebonmarché,voilàcequ’elleest!Tulapayes,hein?
Paulparutvoirrouge.Ilsemitàmartelersonadversairedesespoingssansluilaisserletempsde
leverlesbraspourseprotéger.L’hommereculapours’efforcerd’échapperauxpoingsdéchaînésde
Paul,maisenvain.
LecoupsuivantdePaulfittituberl’ivrognejusqu’auborddelapiscine.Ilytombaenfaisantun
grandplouf,éclaboussantcertainsinvitésàproximité.Unhoquetdestupeurparcourutl’assistance.
—Paul!criasamère.
Jaygrimaça.IlconnaissaitlesGilbertdepuisdenombreusesannées,etilsavaitqueMmeGilbert
accordaitbeaucoupd’importanceàcequepensaientlesgens.Lefaitquesonfilssoitaccuséenpublic
desortiravecuneprostituéeavaitdûlamettredanstoussesétats.
Paul relevavivement la tête et vit samèrequi le fusillait du regard.Elle se tourna ensuite vers
Holly.
—Est-cequec’estvrai?Est-cecequ’ilditlavérité?
—IlaagresséHolly!lâchaPaul.
Un silence demort s’était abattu autour d’eux.La centaine d’invités présents et le personnel du
traiteurneprononçaientplusuneparole.Onn’entendaitplusqueleclapotisdel’eaudanslapiscine,
alorsquel’ivrognefaisaitdegrandsgestespourmaintenirsatêtehorsdel’eau.
LamèredePauldésignaHollydudoigt.
—Qu’onfassesortircettefemmedechezmoi!
MaisHollyavaitdéjàtournélestalonsetcouraitsurlesentierquimenaitàlaplage.
—Holly!criaPaul.
Maissamèrel’agrippaparlecoude,neluilaissantpasletempsdepartiràsapoursuite.
Jayn’entenditpascequ’elleluimurmura,lamâchoireserrée,maisàenjugerparl’expressionde
fureurquidéformaitsonvisage,ellen’étaitpascontente.
—Personneneval’aider?demandasoudainunevoixféminine,rompantlesilence.
Jay tourna la tête et vit une jeune femme blonde coiffée à la garçonne, debout au bord de la
piscine.Ellemontraitdudoigtl’ivrognequisedébattaittoujoursdansl’eau.
Personne ne réagit. Jay regarda autour de lui, cherchant vainement un endroit pour poser le
plateauqu’ilavaitdanslesmains.
Ilentenditalorsunbruitd’éclaboussuresetsetournabrusquementverslapiscine.Lajeunefemme
avaitplongédansl’eauetnageaitendirectiondel’homme.Quelquessecondesplustard,ellearrivaà
sahauteuretglissasesbrassoussesaisselles.
—Jevoustiens.Nebougezpas.
Maisl’hommecontinuaitàagiterfrénétiquementlesbrasetlesjambes.Elleparvintnéanmoinsà
nepaslâcherpriseets’approchaenquelquesmouvementsrapidesdelapartielamoinsprofondede
lapiscine,oùdesmarchesmenaientàlaterrasse.Malgrésaminceur,elleétaitétonnammentrobuste.
Lorsqu’ellearrivaprèsduborddubassin,desinvitésvinrentàsonaidepourfairesortirl’hommede
l’eau.
Cefutcommeunsignal.Toutlemondesemitàparleràvoixbasse.Larumeurallaitsepropager
rapidementàprésent:toutLongIslandseraitbientôtaucourantdecequis’étaitpasséàlaréception
desGilbert. Et personne ne chercherait à savoir si les accusations que l’homme avait proférées à
l’encontredeHollyétaientvraiesounon.Lahautesociétéenmaldedivertissementsquivenaitpasser
l’étésurlacôtedeLongIslandadoraitlespotins.Etcettesoirée-làsurpassaitsûrementtoutesleurs
attentesàcetégard.
La jeunefemmequiétaitcourageusementvenueausecoursde l’ivrognese laissa tombersur le
transatleplusproche,respirantlourdementsouslecoupdel’effort.Elleétaittrempéeetsafinerobe
decocktailenmousselinedesoieluicollaitàlapeau,laissanttransparaîtresesformesséduisantes.
Elle offrait une vue saisissante, et Jay n’était pas le seul à la regarder bouche bée.Mais pour une
raisonqu’ilignorait,Jayavaitenviequ’ellesecouvre,mêmesiellelepriveraitainsidelavuedeson
corpsparfait.
Jaycherchaautourdeluiuneservietteàluiapporter,maisellesavaienttoutesétérangées.
—Unverre,s’ilvousplaît,l’entendit-ilsoudaindemanderenfaisantunsignedanssadirection.
Ilregardaderrièreluipuisseretournaverselle.Était-ceàluiqu’elleparlait?
—C’estàmoiquevousparlez?
—Oui,unverre,s’ilvousplaît.
Ellemontra du doigt sesmains, et Jay prit conscience qu’il tenait encore le plateau qu’il avait
rattrapéquandleserveurétaittombé.Cettesuperbejeunefemmeleprenaitpourunserveur.Cen’était
pas étonnant !MmeGilbert tenait à ceque les serveurs portent des smokings, etmalheureusement
celuideJayressemblaitauxleurs.D’ailleurs,l’undesmembresdupersonnell’avaitdéjàconfondu
avecunserveurunpeuplustôtalorsqu’ilsetrouvaitdanslacuisineavecPaul,etluiavaitmisdans
lesmainsunplateauchargédecoupesdechampagne.Cetincidentlesavaitfaitrire,etsonamil’avait
taquinéenluiconseillantd’acheterunnouveausmoking.
Souriant intérieurement, Jay s’approcha de la nymphe des eaux et se pencha vers elle avec le
plateau.Ellesaisitunverreremplid’unliquideambréetenbutunegorgée.
Jay posa le plateau sur la table à côté d’elle et la regarda avaler le whisky brûlant. Il comprit
qu’ellen’yétaitpashabituéeenvoyantsonvisagesecrisperlégèrement.
—C’esttrèsgentildevotrepartdel’avoirsortidel’eau,fit-ilremarquer.
Ellelevalesyeuxauciel.
—C’étaitmieuxquededevoircontinueràsupporterlesjérémiadesdemamère.
Jayluisouritetremarquaalorsqu’ellefrissonnait.Ilretirasavestedesmoking.
—C’estvraiquelesmèresonttoutesledond’énerverleursenfants.
Il jetauncoupd’œilentenduversMmeGilbert,quiétaitencoreen traindeparleravecsonfils
avecénervement.Jaypassasavesteautourdesépaulesdelajeunefemme.
—Tenez.
—Merci.
Elleprituneautregorgéedewhiskypuislescrutadelatêteauxpieds,lentement,enhumectantses
lèvres. Jay fut agité par un léger tressaillement, pas du tout désagréable. C’était à son tour de
frissonner.
—Qu’est-cequevousfaitesaprèsletravail?
—Aprèsletravail?
Ellesoupira.
—Oui,àlafindelaréception.J’aihâtedem’éloignerdetouscesgensrichesetarrogants.
Àcesmots, l’espritde Jaysemità travaillerà toutevitesse.Ellevoulait s’éloignerde tous ces
gensrichesetarrogants?Nefaisait-ellepaspartiedecemilieu?Ill’observa.Toutenellesuggérait
quec’étaitlecas.Alorspourquoivoulait-ellepartird’unesoiréeoùelleétaitavecsessemblables?
Cela pouvait-il signifier que l’argent ne l’intéressait pas ?Qu’elle préférait sortir avecun serveur
qu’avecundesrichescélibatairesprésentsàlaréception?C’étaitintéressant.
Il laissa son regard se promener sur le corps de la jeune femme, admirant ses courbes sans se
presser.Elleavaitdesépaulesetdesbrasmusclés.Desseinspetits,mais fermes.Descuisses fines,
maisgalbées.Etlesplusbeauxorteilsqu’ilavaitjamaisvus.Ellesemblaitjeune,peut-êtremêmetrop
jeunepourlui.Elledevaitavoirentrehuitetdixansdemoinsquelui.Maisils’enmoquaitbienpour
lemoment.Etsonsexeaussi,apparemment,quicommençaitàfrémirsoussonpantalondesmoking.
Elle était absolument splendide. Mais surtout, elle était prête à sortir avec un pauvre serveur.
C’étaitdumoinscequ’ellepensait.Etquelmalyavait-ilàprétendrequ’ilétaitpauvre?C’étaitmieux
quel’inverse,etcelapourraitêtreunechanceenor.Ilauraitainsil’occasiond’apprendreàconnaître
unefemmequineseraitpasaveugléeparsonargent.
—Jen’airiendeprévu.Maisjesuisouvertauxsuggestions.(Illaregardadanslesyeux.)Ousi
vouspréférez,jepeuxtrouverquelquechoseàvousproposer.
Ilnemanquaitpasd’idées.Etàencroireleregardqu’elleluilança,ellesneluidéplairaientsans
doutepas.
— Ça me va aussi. (Elle reposa son verre vide sur le plateau, les joues rosies à présent.) Je
m’appelleTara.
—Etmoi,Jay.(Ilsepenchaverselleetbaissalavoix.)Etjesuisàvotreservicecesoir.
Son accent du Sud était plusmarqué à présent, ce qui était le cas quand il flirtait ou qu’il était
excité.Etàcemoment-là,ilflirtaitetétaitexcité.
2
L’accent traînantdeJayne la laissaitpas indifférente.Nisonsoufflechaudsursonvisage.Tara
respirasonodeur,etsentitqueceladéclenchaitenellequelquechosedepresquesauvage.Celanelui
ressemblait pas du tout d’être aussi directe avec un homme, mais ce soir-là elle en avait tout
simplementassezdecettebonnesociététroppolie.Ellesesentaitprêteàsesoustraireàsonemprise.
Polie?Quellefarce!Était-cepolidelapartd’unhommemariécommeQuentin,lebeau-frèrede
Paul,deluifairedesavancespendantquesafemmeenceintes’occupaitdeleurpetitgarçondetrois
ans?Pasvraiment.Etcen’étaitpastoutcequ’elleavaitdûsubircejour-là.Peudetempsaprès,ses
parents étaient venus la trouver et l’avaient accablée de reproches, s’étonnant qu’elle ne soit pas
donnéeplusdemalpourconquérirPaul.Elleleuravaitexpliquéqu’ellen’avaitriencontrePaul,qui
s’étaitd’ailleursavérétrèssympathique,maisqu’ilétaitfouamoureuxdeHolly,etqu’ellen’avaitpar
ailleursaucunsentimentpourlui.Saréponsen’avaitpaspluàsesparents.
—Maisc’estl’hommeparfait!avaitprotestésamère.
—Çam’estbienégal!Jen’aimepasPauletilnem’aimepas.
—C’estsecondaire!avaitcriésamère.Tudoisépouserunhommecommeilfaut.
—Unhommecommeilfaut?
Exaspérée,Taraavaitvoulupartir.Maissonpèrel’avaitsaisieparlecoudeettiréeenarrière.
—Jeunefille,tuvasnousécouterattentivement,tamèreetmoi!Tunouscasseslespiedsdepuis
troplongtempsavectesidéesdecarrièreetd’indépendance.Çasuffitmaintenant!(Ilavaitbrandiun
doigt menaçant.) Si tu ne trouves pas un homme convenable d’ici six mois, c’est moi qui m’en
chargeraipourtoi.C’estcompris?
Tara n’en revenait toujours pas des idées moyenâgeuses de ses parents. Oh, elle allait leur
présenter un homme convenable. Un homme qui était convenable à ses yeux. Et tandis qu’elle
contemplaitlebeauserveurdevantelle,ellesongeaqu’ilétaitplusqueconvenable.Ilétaitabsolument
parfait:beau,séducteur,etissud’unmilieupopulaire.Etelles’amuseraitcertainementbeaucoupau
litaveclui.
Àcettepensée,ellefutdenouveauprised’unfrisson,etcettefoiscen’étaitpasàcausedesarobe
trempée.Elleétaitpourtantloind’êtreuneexperteenmatièredesexe.Elleallaitbientôtavoirvingt-
cinq ans,mais elle n’avait eu que trois amants dans sa vie.Quelque chose lui disait que Jay avait
beaucoupplusd’expérience,etpasseulementparcequ’ilavaitquelquesannéesdeplusqu’elle–elle
luidonnaittrente-cinqansenviron.Peut-êtrequ’ilpourraitluiapprendrecertaineschosesetl’aiderà
êtreplusexcitanteetplusdouéeaulit.Etmêmesiellenepouvaitrienapprendredeluiparcequesa
peursecrèteserévélaitvraieetqu’ellen’avaittoutsimplementaucuntalentpourlesexe,qu’avait-elle
àperdre?
Elleallaitprofondémentcontrariersesparents,etc’étaittoutcequiluiimportaitpourlemoment:
leurfaireungrandpieddenez!Leurtenirtêteetnepascéderàleursexigencescommel’avaitfaitsa
grandesœur.
Elle refusait de faire lamême erreur. Si elle semariait un jour, ce qui n’était absolument pas
certain,ceseraitavecunhommequ’elleaimaitvéritablement,etnonavecunbonpartichoisiparses
parents,avecquiellepourraitfairedebeauxbébés.
Involontairement, elle laissa de nouveau son regard courir sur Jay. Il avait des cheveux bruns
coupéscourts,dessourcilsépais,unemâchoirecarrée,des lèvrespleines,unnezdroitetdesyeux
noisettemouchetésd’or.Sesparentsneleconsidéreraientcertainementpascommeunmaripotentiel
convenable,car ilsnele jugeraientbienentenduquesursoncompteenbanque.Maisqu’est-ceque
leursbébésseraientbeaux!
Tarasemorditlalèvre.Ellenedevraitmêmepaspenseràcela.Ellen’agissaitainsiquepourse
vengerdesesparents.
—Tuesentraindechangerd’avis?demandasoudainJay,latirantdesespensées.
Ellebaissalégèrementlesyeux.
—Jevaismontermechanger.J’aidesvêtementslà-haut,carjedorsici.Enfin…
Ellene savaitmêmepaspourquoi elle lui racontait cela.Sesparents lui avaient dit qu’elle était
invitéeàvenirpasserquelquesjourschezlesGilbert,soi-disantàlademandedePaul.Ilsespéraient
ainsi qu’elle se rapprocherait du fils des Gilbert. Elle avait accepté à contrecœur, parce que
l’alternativeluiparaissaitmoinssouhaitableencore:passerunesemaineaveclesWillamott,dontle
filsluidonnaitlachairdepoule.Elletremblasimplementàl’idéequ’elleavaitéchappédejustesseà
ceséjour.
Prenantuneinspirationpoursecalmer,ellesouritàJay.
—Oùveux-tujet’attendeaprèslasoirée?
Tournantlatête,ilfitungesteverslesinvités.
—Apparemment,elleestdéjàentraindeseterminer.
Ilavait raison : lesmembresde la familleet lepersonneldu traiteurpressaient lesgensvers la
sortie.Visiblement, lesGilbert n’avaient pas l’intentiondepoursuivre la réception après l’incident
embarrassant qui venait de se produire.EtTara pouvait les comprendre.Qu’elles soient vraies ou
fausses,lesaffirmationsdel’ivrognesurlacopinedePaulallaientserépandrecommeunetraînéede
poudre.
Jayfitungesteverslepoolhouse.
—Jet’attendslà-bas.Rejoins-moiquandtuserasprête.
—Jemedépêche.
Taraselevadutransatetpartitverslamaison.Maisàpeineeut-ellefaitdeuxpasqu’elleaperçut
sesparentsdebout sur la terrasse, scrutantdesyeux les invitésquimontaient l’escalier et entraient
danslamaison.Ellesefigeauneseconde.
—Merde!jura-t-elleavantdefairedemi-tour.
Jayhaussalessourcils.
—Tuasoubliéquelquechose?
—Mesparents.Jenepeuxpasrentrerdanslamaisonmaintenant,carilsvontmetomberdessus.Il
fautqu’onpartetoutdesuite.
—Maisteshabitssonttrempés,fitremarquerJay.
—Ce n’est pas grave. Si je les croisemaintenant,ma soirée sera gâchée et ilsm’obligeront à
rentreràlamaisonaveceux.
Et ils s’empresseraient sansdoutede l’emmener chez lesWillamott, puisque leur stratégie avec
Pauln’avaitpasfonctionné.
—Etçavamedonnerdesenviesdemeurtre,ajouta-t-elle.
Sisamèreluidisaitunmotdeplusàproposdemariage,ellenerésisteraitpeut-êtrepasàl’envie
deluidireenfinsesquatrevérités.
Jaypassaunbrasautourdesatailleetl’attiraàlui.
—Onnepeutpasprendrecerisquealors.
Sa voix était calme et apaisante, et c’était exactement ce dont elle avait besoin. Malgré ses
vêtementsmouillés,ellesentitunevaguedechaleursepropagerdesonventreàtoutsoncorps.
Ilfitunsignedetêteendirectiondelaplage.
—Allonsparlà.J’habitetoutprès,onpeutyalleràpied.
—Tuessûrquetupeuxdéjàpartir?Tun’espascenséresterjusqu’àlafin?
Jaysecoualatête.
—Net’inquiètepas.Aveccedésordre,personneneremarqueramonabsence.
Il l’entraînaendirectiondupoolhouse.Derrière lesbuissons,unpetit sentiermenait jusqu’à la
plage.Lalumièreprovenantdesmaisonss’étendantlelongdelabandedesablel’éclairaitfaiblement
etsereflétaitsurl’eau.
Taraeutuninstantd’hésitation.Ellenesavaitriendecethomme,etvoilàqu’ellemarchaitaveclui
suruncheminsombre.Etsic’étaitunpsychopathe?Ellefutprised’unfrisson.
—Tudoisêtregelée,dit-ilsoudainenlaprenantdanssesbras.
Elleseretrouvablottiecontresoncorpschaud,savestetoujourssursesépaules.Illuifrictionnale
dospourlaréchauffer,etsonparfumvirilluiemplitlesnarines.
—Tuessûrequetuneveuxpasretournerdanslamaisonpourtechanger?demandadoucement
Jay.
Tarareleva la têteet le regardaavecattention. Il semblait tellementpréoccupépourelleetpour
son bien-être qu’elle chassa immédiatement de son esprit les pensées qu’elle venait d’avoir. Se
haussantsurlapointedespieds,etprenantalorsconsciencequ’elleavaitoubliéseschaussuresprès
delapiscine,ellelevasonvisageverslesien.
—Serait-ceuneinvitationàt’embrasser?murmuraJayenapprochantsabouchedelasienne.
—Etsic’estlecas?
—Mamèrem’aapprisànejamaisrefuserl’invitationd’unejoliefemme.
Ses lèvres étaient chaudes et tendres, caressantes et non exigeantes. Il ne se contentait pas de
prendre,etilluidonnaitenviededonner.Ilétaitpatientetdoux,presquehésitant.Taraentrouvritla
bouche et passa sa langue sur ses lèvres, et leur baiser se fit plus intense. Lorsque leurs langues
s’entremêlèrent enfin, une décharge électrique parcourut Tara et ses doigts se crispèrent sur la
chemisedeJay.
Ils’écartaquelquesinstantsplustard,etlabrisemarinevintrafraîchirleslèvresbrûlantesdeTara.
Elleeutpresquel’impressiond’avoirrêvé.
Maisellesavaitquecen’étaitpaslecas,carJaypoussaunsoupirentrecoupé.
—Doucement,Tara,sinononn’arriveramêmepasjusqu’àmonbateau.
Elleseraidit.
—Tonbateau?
Ilavaitunbateau?Commentunserveurpouvait-ilposséderunbateau?
—Enfin,cen’estpaslemien.J’yhabitel’été…euh,pendantquejetravailledanslesHamptons.
C’estmoinscherquedelouerunappartement.
Ilparaissaitgêné,presquedésolé,même.
Soulagée,Taraluisourit.Elleavaitcrupendantquelquessecondesqu’ilavaitunbateauàlui,ce
quil’auraitdisqualifiéd’office.Ellenerecherchaitpascegenred’hommes.
—C’esttrèsbien.J’aimebienlesbateaux.
3
Ill’avaitéchappébelle!
Jaysecouamentalementlatête.Ilavaitfaillisetrahir.Peut-êtrequecen’étaitfinalementpasune
bonne idéede se faire passer pour quelqu’und’autre.Mais il avait vu l’expression choquée sur le
visagedeTaraquandelle avait cruqu’il était propriétaired’unbateau.Ellen’avait pas été loinde
filersansdemandersonreste.Àl’évidence,ellenevoulaitvraimentrienavoiràfaireavecunhomme
riche,dumoinspaspourlemoment.Cependant,aprèsletendrebaiserqu’ilsavaientéchangéetqui
auraitrapidementdérapés’iln’yavaitpasmisfin,ilsavaitqu’iln’étaitpasprêtàlalaisserpartir.
Taran’étaitvraimentpascommelesautres:c’étaitunefemmequin’avaitpashésitéàabîmersa
robepourvenirausecoursd’univrognequirisquaitdesenoyer.Elleavaitétélaseuleàagir; les
autresinvitésétaientrestéssansrienfaire,plusintéressésparlescandalequisedéroulaitsousleurs
yeux.Taraétaitdifférente.Etcelaluiplaisait.Ill’admirait.
Resserrant sonétreinteautourde sa taille, il l’emmenavers lepontonqui se trouvait seulement
deuxcentsmètresplusloindanslacrique.
—Allonsvitetemettreauchaud.
Et te débarrasser de tes habitsmouillés.Mais il n’avait pas besoin de le dire, c’était implicite.
Curieusement,ilsepritàsouhaiterquelasituationsoitdifférente.Ilauraitpréféréquelesvêtements
deTara soient secspourqu’ellen’aitpasbesoinde sedéshabiller immédiatement. Il savaitqu’une
fois qu’il l’aurait vue en sous-vêtements, il ne serait certainement plus capable de se retenir de la
toucher.Etmêmesicelanel’auraitpasdérangéentempsnormal,avecTarailn’avaitpasenviede
partirdumauvaispiedetdepasserpourunopportunistequiavaitprofitéd’elle.
Maisc’estellequit’afaitdesavances,songea-t-il.
C’était vrai, et pourtant Tara ne lui paraissait pas être le genre de femmes à coucher avec des
étrangers.
—Depuiscombiendetempsest-cequetuhabitessurlebateau?demanda-t-ellesoudain.
—Seulementdepuisledébutdel’été.
— Il doit y avoir pasmal de travail pour toi dans le coin, avec toutes les réceptions qui sont
organisées.
Jayn’avaitpasprévudeluimentirdavantage,maisiln’avaitpasvraimentlechoix.
—Pastantqueça.
Il montra du doigt le ponton où un yacht de soixante pieds était amarré. C’était un nouveau
prototype,unbateauélégantéquipéd’unmoteurextrêmementpuissant.Deformehydrodynamique,il
étincelaitdansl’eaucommeundauphin.C’étaitleyachtleplusrapidequ’ilavaitconstruit.Soncarnet
decommandesétaitdéjàplein.
—Cen’estpasunbateau,c’estunnavire!s’exclamaTara,visiblementsurprise.
—C’estvraiqu’ilestplusgrandquelesautresbateauxducoin.
Elleluijetaunregardcurieuxetsedégageadesonétreinte.
—Cen’estpaspossiblequeleloyersoitmoinsélevéqueceluid’unappartement!
Jaysefrottalanuque.
—Enfait,jenelelouepas.
Bonsang,commentallait-iltrouveruneexplicationcrédible?
—Commentça?
—Euh…
Ellefronçalessourcils.
—Tusquattes?
Jayneputretenirunéclatderire.
—Est-cequejesquatte?articula-t-il,tellementhilarequ’ilenavaitleslarmesauxyeux.
—Qu’est-cequ’ilyadesidrôle?
—Toi!Tumeprendspourunsquatteur.(Ilsecoualatête,sanscesserderire.)Ettusaisquoi?
J’ailesentimentquemêmesijetedisaisquej’ensuisun,tumonteraisquandmêmeàbordavecmoi.
(Ill’attiraàlui.)Est-cequej’airaison?murmura-t-ileneffleurantsajouedeseslèvres.
Elletressaillitdanssesbras,etilsedemandasic’étaitàcausedufroidoudeleurproximité.
—Maistunesquattespas?demanda-t-elledoucement,sanss’écarterdelui.
—Non,monpatronmelaissehabitersursonbateau.
Techniquement,cen’étaitpasunmensonge.Jayétaitlepatron,etilselaissaithabitersurlebateau.
—TuparlesdesGilbert?Cen’estpasleurbateau.
Jayrecula légèrement la têteet la regardadans lesyeux.Taran’étaitpasbête,et ilallaitdevoir
faireattentionànepass’empêtrerdanssesmensonges.
—Non,paslesGilbert.Jesuisserveuràmi-tempsseulement.Pendantlajournée,jetravailledans
lebâtiment.
L’idéevenaitjustedeluivenir.Etc’étaitlacouvertureidéale.
—Danslebâtiment?Surquelgenredechantiersest-cequetutravailles?
—Le typequim’emploie rénoveune immensemaisondans labanlieuedeMontauk,presqueà
Amagansett,enfait.Jebosselà-baspendantl’été.
Cen’étaitpastoutàfaitvrai.Maisildevaitserendredetempsentempsdanslamaisonqu’ilavait
achetéerécemment,afindesurveillerl’avancementdestravaux.
Jayfitungesteversl’escalierenplastiqueescamotabledéployésurleponton.
—Tuveuxentrer?
—Mamamanm’aapprisànejamaisaccepterl’invitationd’unséduisantinconnu,réponditTara
avecdesyeuxpétillantsdemalice,imitantlaréponsequ’illuiavaitdonnéeunpeuplustôt.
—Quelquechosemeditquetunefaispastoujourscequetedittamère.
IlremarquadansleregarddeTaraunelueurquiressemblaitàdelasouffrance.Maiselledisparut
aussivitequ’elleétaitapparue.
—Surtouts’ilestquestiond’unséduisantinconnu,répondit-ellesuruntonléger,commesielle
essayaitdecacherquelquechosederrièresagaieté.
Taraparaissaittracassée.
— Eh bien dans ce cas, je pense qu’il serait plus sage de monter à bord avant que quelqu’un
découvrequetuesiciavecmoi.
Sansattendresaréponse,ill’aidaàmonterdanslebateauetlafitentreràl’intérieurdèsqu’ileut
déverrouillélaporte.Ilallumal’interrupteur,etunelumièrechaudeéclairalacabineprincipale,qui
servaitdesalon.
—Waouh,c’estbeau,ditTaraenregardantautourd’elle.
ElleretiralavestedeJayetlaposasurledossierdugrandcanapéd’angle.
—Oui,absolumentmagnifique,réponditJay,sansréussiràdétacherlesyeuxdusuperbecorpsde
Tara.
Sa robe était encore humide et lui collait à la peau, révélant ses courbes sensuelles. Elle était
tellementattirantedanssavulnérabilité.
Leursregardssecroisèrent,maisellebaissarapidementlespaupières,commesielleétaitgênée
parl’admirationouvertequ’ellelisaitdanssesyeux.
Lentement,Jays’approcha.Ellenebougeapas.Quandilarrivadevantelle,ilpritsonmentondans
samainetluifitreleverlatête.Sesyeuxbleusremplisdevieétaientenvoûtants.
—Jedevraistelaissertechanger,murmura-t-il.
—Pourquoi?demanda-t-elle.
Ilvoyaitbienqu’elleétait innocenteetvulnérable,mêmesielleessayaitdese fairepasserpour
uneséductrice.C’étaitécritdanssonregardfranc.Taran’étaitpasunericheenfantgâtéequivoulait
s’encanailler avec un serveur.C’était une femme qui avait désespérément besoin de quelqu’un qui
pourraitlacomprendre.
Jaycaressasalèvreinférieureavecsonpouceetlasentitréagir.
—Jen’aipasenviedemecomportercommeunhommedescavernes.
C’étaitpourtantexactementcequiallaitsepasser.Ilsentaitsonmembrepalpitercontrelepantalon
de son smoking, rigide et prêt à exploser. S’il la touchait maintenant, il ne serait pas capable de
résister plus de trente secondes avant de s’enfouir en elle. Et trente secondes plus tard, tout serait
terminé.Quelquescoupsdereinssuffiraientàlefairejouir.
—Commentunhommedescavernessecomporte-t-il?l’aguichaTara.
—Jepensaisquetamèret’avaitmisengardecontrelesséduisantsétrangers.
Posantsonautremainsursataille,ill’attiracontrelui.Ellesentaitsûrementsonérectionàtravers
lesfinescouchesdetissuquilesséparaient.
Il eneut laconfirmationenentendant la respirationdeTaradevenir irrégulière.Elleclignades
yeux.
— Il ne se passera rien si tu ne veux pas, Tara, je te le promets. (Il s’interrompit unmoment,
refoulant lavaguededésirqu’ilavait senti surgirquand ilavaitcollésavergecontre leventrede
Tara.)Mêmesiçavaêtretrèsdurpourmoidememaîtriser.
IlsentitlebassindeTarasepressercontrelui,etilcrispainvolontairementlamâchoire.
—Jetrouvequ’ilestdéjàtrèsdur.
—Tumeprovoques,dit-ildansunsouffle.
—Cen’estpasmoiquiprovoque.
Avecréticence,ils’écartad’elleetlalâcha.
—Tupeuxallerenbas,c’estladernièreporte.Ilyaunegrandecabineavecunesalledebains,où
tutrouverastoutcequ’ilfaut,ycomprisunpeignoir.Situveuxprendreunedouchepourterincer
aprèstonplongeondanslapiscine,n’hésitepas.
—Tunevienspasavecmoi?
JaypritdoucementlatêtedeTaraentresesmainsetécrasaseslèvrescontrelessiennes,dansun
baiser avide qui ne dura que quelques secondes, mais faillit lui faire perdre tout contrôle. Son
membreétaitgonflédedésir.Ilmouraitd’enviedejeterTarasurlecanapé,d’arrachersesvêtements
etdes’enfoncerenelle.Quandilarrachasabouchedelasienne,ilrespiraitlourdement.
—Rends-nousserviceàtouslesdeux:fermelaportedelasalledebainsàcléderrièretoi.
Uneexpressionindéchiffrablesurlevisage,Taratournalestalonsetsedirigeaversl’escalier.Il
laregardadescendre,nepouvantretenirunsoupirentrecoupé.
Maisqu’est-cequiluiprenait?Taraétaitbeaucouptropjeunepourlui.Ellesemblaitencoretrès
innocente,etilluimentaitensefaisantpasserpourquelqu’unqu’iln’étaitpas.Pourtant,iléprouvait
un besoin très fort de la protéger. Et il avait le pressentiment que si elle découvrait sa véritable
identité,ellelefuiraitaussitôt.
Jay retira d’un geste brusque son nœud papillon et ouvrit les boutons de sa chemise, qui était
humideetfroisséeàcausedelarobetrempéedeTara.Ils’endébarrassaetlajetapar-dessussaveste.
Pendant quelques minutes, il resta debout sans bouger l’air songeur, puis il attrapa sa veste et sa
chemiseetdescenditpoursechanger.
Quandilentradanslacabine,ilconstataqueTaran’avaitpastenucomptedesonavertissementet
qu’elleavaitlaissélaportedelasalledebainsentrouverte.
Sesbonnesrésolutionsvenaientjustedes’envoler.
4
Tara se tenait sous le jetd’eauchaude. Iln’yavaitni rideauniporte, justeunegrandeparoien
verrequis’étendait jusqu’aumilieude l’immensecabinededouchepourprotéger lasalledebains
deséclaboussures.Lasuiteétaitétonnammentgrandecompte tenudufaitqu’ellese trouvaitsurun
bateau.
Tarasavaitqu’elledevraitêtreheureuseetexcitéed’êtreencompagnied’unhommeaussibeauet
sexy, qui voulait visiblement coucher avec elle. Pourtant, elle se sentait terriblement mal. Elle se
servait de lui pour se venger de ses parents ; c’était unemauvaise idée.Par ailleurs,même si elle
couchaitavecJay,elleseraitsûrementdéçue.Sondernierpetitamin’étaitpasleseulàluiavoirdit
qu’elle était ennuyeuse au lit. Le garçon avant lui pensait lamême chose.Raide comme un piquet.
C’étaitlesmotsqu’ilavaitemployéspourladécrire.Illuireprochaitdenepass’êtresuffisamment
impliquée.Mais qu’est-ce qu’elle était censée faire ?Des acrobaties ? Peut-être qu’elle n’était tout
simplementpasexcitanteaulit.Maiscelan’avaitplusd’importanceàprésent.
Tara secoua la tête et éprouva aussitôt une sensation de vertige. Son haleine sentait encore le
whisky.En tempsnormal ellenebuvait pasd’alcool fort,mais ce soir-là elle faisait apparemment
beaucoupdechosesqu’ellen’avaitpasl’habitudedefaire.Commedraguerouvertementunétranger.
Ildevaityavoirunautremoyendefairecomprendreàsesparentsqu’ilsnepouvaientpasvivresa
vieà saplaceetqu’elledevait faire sespropreschoix, et sespropreserreurs.Elleétait consciente
qu’elle devait prendre confiance en elle pour pouvoir leur tenir tête et leur dire poliment mais
fermementqu’elle souhaitaitprendreson indépendance.Maispour lemoment,ellen’arrivaitpasà
réfléchirsurlafaçond’accomplircetexploit.Elleétaitincapabledepenseràautrechosequ’àJayetà
cequ’elleressentiraitdanssesbras.Elleavaitvulafaçondontillaregardait,ledésirdanssesyeux.
Etsonérectionneluiavaitpasnonpluséchappé.Latrouvait-ilvraimentàcepointséduisante?Ou
peut-êtrequelaseulechosequicomptaitpourunhommeétaitdesavoirqu’ilallaitpouvoirs’envoyer
enl’air?
Avecun soupir, elle se retournadans la douchepour finir de rincer ses cheveux, quand elle se
figeasoudain.
Jayétaitdeboutdansl’encadrementdelaportedelasalledebains,torsenu,vêtuuniquementde
son pantalon de smoking.Elle le regarda de la tête aux pieds, se délectant de la vue de son corps
musclé.Ilsetenaitlà,lespoingsserrés,commes’illivraituncombatintérieur.Sespectorauxétaient
contractésetsapoitrinemontaitets’abaissait.
Taralevalatêteetleursyeuxsecroisèrent.Jaydéglutit.Sonregardétaitincandescent.
—Tun’aspasfermélaporteàclé.
Ilavaitparléd’unevoix rauquequi la fit frissonner.Aucundesesancienspetitsamisne l’avait
jamaisregardéedecettefaçon,avecunepassionetundésirsibruts.Et jamaisellenes’étaitsentie
aussiexcitéepareux.
—Je…J’aiou…
Oublié, voulut-elle dire, mais c’était un mensonge. Elle avait entendu son avertissement, mais
l’avait ignoré. Délibérément ignoré. Ce soir-là, elle jouait avec le feu. Sa colère l’avait rendue
imprudente,etl’alcoolluiavaitdonnéducourage.
—Tunem’aidespasàmecomportercommeungentleman,lâchaJay,lesdentsserrées.
Il s’avançad’unpasdans lasalledebains,puisunautre,puisencoreunautre.Ellenefitpas le
moindregestepourcouvrirsanuditéetleregardaentrerdansladoucheportantencoresonpantalon
desmoking. Ilne semblaitpas se soucierde se faire tremper.Le tissumouillécollait à soncorps,
révélantchacundesesmuscles.Était-elleentrainderêver?Celanepouvaitpasêtrevrai.Elleavait
dûboireunpeu tropà la réception.D’abordquelquescoupesdechampagne,puisunwhiskyaprès
avoirsortil’hommeivredelapiscine.C’étaitsûrementlewhiskyquiluidonnaitdeshallucinations.
Ce n’était pas possible. Elle ne pouvait pas vraiment être sur un bateau avec ce beau serveur
qu’ellevenaitderencontrer.Ellenepouvaitpasêtrenuedanssadouche,parcequelavraieTaraétait
troptimidepourfairecegenredechoses.LavraieTaraavait tropd’inhibitionspouragirainsi.Et
jamaisellen’utiliseraitunhommepoursevengerdesesparents.
—Chérie.
IlavaitprononcécemotavecunaccentduSudprononcéquinefitqu’attiserledésirdeTara.Elle
sentitsonsoufflechaudcaressersonvisageetseslèvreseffleurerpuissepressercontrelessiennes.
Il laissacourirsesgrandesmainssursapeaunuepuisécrasasontorsecontresesseins.Ses tétons
s’étaientdurcisàlavuedeJay.
—Embrasse-moi,Tara,murmura-t-il,labouchecolléecontreseslèvresentrouvertes,lesondesa
voixrésonnantdanssapoitrine.
Ilcaressadoucementses lèvresavecsa langueenprenantsontemps,puisdescenditsamainsur
sesfessesetlesserracommesiellesluiappartenaient.Ensentantsonentrejambepressécontreelle,
Taralâchaungémissement.Soussonpantalontrempé,sonmembreétaitdurcommeleroc.
Tara resserra ses bras autour de lui et posa samain sur sa nuque, puis passa sa langue sur la
sienne. Jay laissa échapper un grognement et écrasa ses lèvres avec force sur les siennes, prenant
possessiondesabouche.Sonbaiseravaituncôtéincontrôlable,presquesauvage.Humantsonodeur
masculineetsavourantlecontactdesesmainsmusclées,elles’abandonnaàluietoubliatoutlereste.
Laraisonpourlaquelleelleétaitlà,quielleétait,quiilétait.
Seuls comptaient le moment présent, la passion torride entre eux et l’avidité avec laquelle il
explorait son corps, comme si elle risquait de disparaître à tout moment. Tara s’accrochait à lui
comme si sa vie en dépendait, répondant auxmouvements de sa langue et aux ondulations de son
bassincontresonventre.
L’eau continuait à couler et leurs corps glissaient l’un contre l’autre, ce qui ne faisait que
renforcer son impressiondevivreun rêve.Soudain, Jay interrompit leurbaiseretelleéprouvaun
profondsentimentdedéception.Elleavaitenviedeplus,maisilsecontentadeladévisageravecun
regardindéchiffrable.
—Tara,qu’est-cequej’aifaitpouravoirtellementdechance?
Ellen’eutpasletempsderéfléchirausensdesaquestion,cardéjàilavaitcoupél’eauets’était
accroupidevantelle.
—Tellementdechance,murmura-t-ilenapprochantsonvisageduhautdesescuisses.
—Oh,monDieu,articula-t-elle,comprenantcequ’ilétaitsurlepointdefaire.
Jaypassadélicatementsesdoigtsentresesjambesettouchasonsexenu.
—C’esttellementdoux.(Illevalesyeuxetlesplongeadanslessiens.)Tuesbelle.
Puisilposaseslèvressursonintimitéetl’embrassa.
Elle sentit sa vulve se mouiller et éprouva une sensation de chaleur à cet endroit. Un violent
frémissementlaparcourut.Illaléchaalorsdesalanguechaude,lafaisanttressaillir.Depeurqueses
jambesnesedérobentsouselle,elleplaquasesmainsderrièreellecontrelecarrelage.
Jayécartasescuissesdavantageavecsesmainsetelleselaissafaire,jouissantdessensationsqu’il
faisaitnaîtreenelle.Ill’exploraitavecdouceur,patienceetrespect.
Àchaquecaresseadroitedesa langueetàchaquemouvementdélicatdesesdoigts,Tarasentait
sonexcitationmonterunpeuplus.Ohoui,elleallaitbientôtjouir.Avecintensité.Ellen’enrevenait
pas de l’attention désintéressée que lui témoignait l’étranger à ses pieds, et de l’adoration avec
laquelleillatraitait.
—Oh,Tara,tuestellementmerveilleuseque…,murmuraJay.
Ses paroles la ramenèrent brutalement à la réalité. Il se trompait tellement. Elle n’était pas
merveilleusedutout!Cequ’ellefaisaitétaitlamentable.Sielleétaitaveclui,c’étaituniquementpour
faire un pied de nez à ses parents. L’attirance qu’elle éprouvait pour lui n’entrait pas en ligne de
compte.Jamaisellenel’auraitsuivisursonbateaus’iln’avaitpasétéunserveursanslesou.
Ellesongeaalorsqu’elleétaitvraimenttordue.
Aveclepeudevolontéquiluirestait,elleposasesmainssurlesépaulesdeJayetlefitreculer.
—Jesuisdésolée.Jenepeuxpasfaireça.
Ilposaunregardétonnésurelle.
—Est-cequej’aifaitquelquechosequ’ilnefallaitpas?
Ellesecoualatête.
—Çan’arienàvoiravectoi.
Jayselevalentement.
—Jenedoispasvraimentteplairealors.Cen’estpasgrave.(Ilpassasamaindanssescheveux.)
Tunemeconnaispasvraiment.Ettouts’estpassétellementvite.Jen’auraispasdûbrûlerlesétapes.
—Non,cen’estpasça.C’estjustequeceneseraitpasjustepourtoi.
Illadévisagead’unairperplexe.
—Pasjuste?Qu’est-cequetuveuxdire?
Elleévitasonregard.
—Jesuislàseulementpourdonnerunebonneleçonàmesparents.
—Quoi?
Uneexpressionembarrassées’affichasurlevisagedeTara.
—Jesuisvraimentdésolée.Jedevraisyaller.
Illapritparlesépaules.
—S’ilteplaît,reste.
Ellelevalesyeuxverslui.
—Jenedevraispascoucheravectoijusteparcequej’enveuxàmesparents.
—Raconte-moicequisepasseavectesparents,luidemanda-t-ildoucement.(Illuicaressalajoue
dureversdelamain.)Etjenetedemandepasçajusteparcequejemeursd’enviedet’avoirnuedans
monlit.
—Jesuisdéjànue,rétorqua-t-elle.
—Oui,etj’essaiedenepasypenserpourlemoment,maisc’estdifficile.Alorss’ilteplaît,ajouta
Jaygentiment.Raconte-moi.Qu’est-cequetesparentst’ontfaitpourtemettredanscetétat?
Ellerenifla.
—Est-cequeçat’ennuiesijem’habilled’abord?
Ill’embrassaalorssurlefront,etellefutprofondémenttouchéeparsongeste.
—Jevaistechercherunpeignoir.
5
Jayl’attendaitdanslacabineprincipale.Ilavaitenfiléunjoggingetuntee-shirtblancetétaitassis
surlegrandcanapé.
—Vienst’asseoiravecmoi,luidit-ilquandelleentradanslapièce,nageantdanslepeignoirblanc
deJay.
Illuiparaissaitétonnammentcalmeetbienveillantcomptetenudufaitqu’ellevenaitderefuserde
coucher avec lui. Un autre homme n’aurait peut-être pas réagi aussi bien face à une femme qui
changeaitd’avisauderniermomentaprèsluiavoirfaitdesavances.
Jayse levaet l’invitaàs’asseoirsur lecanapéd’angle.Ellepritplaceet il s’installasur lecôté
opposé.
—Tara, jenevoulaispasyaller aussi fort,mais c’estdifficilede resterdemarbredevantune
femmeaussiséduisantequetoi.
Taralevalesyeuxversluietseforçaàsourire.
—C’estmafaute,affirma-t-elleenhaussantlesépaules.(Elleévitasonregard).Etçaneveutpas
direquejen’avaispasenviedecoucheravectoi.(Elleenavaittoujoursenvie.)Maisjenevoulaispas
lefairepourlesmauvaisesraisons.
—Etquellessontcesraisons?demanda-t-ilavecdouceur.
—Mesparents,commença-t-elle.Ilsessaientdecontrôlermavie.
UnpetitsouriresedessinasurleslèvresdeJay.
—Ettuasdécidédeleurmontrerqu’ilsn’avaientpascepouvoir?
Commentcetétrangeravait-ildevinécequ’elleavaitvoulufaire?
—Comment…?
—Tuneseraisnilapremièreniladernièreàterebellercontrel’autoritéparentale.Alors,qu’est-
cequ’ilsveulentdetoi?
—Queje trouveunbonparti,quejememarieetquej’aiedesenfants,répondit-ellesurunton
énervé.
Jaylaregardad’unairsurpris.
—Ettun’aspasenviedetemarieretd’avoirdesenfants?
—Sûrementpasavecuntypericheetennuyeuxquimetraiteracommesijeluiappartiensetqui
m’exhiberacommeuntrophée!Unhommequinemelaisserapasavoirunecarrièreouêtremoi-
même.J’aivucommentçasepasse.
—Comment?
—C’estarrivéàmasœur,Veronica.
EtTaranevoulaitpasmener lemêmegenredeviequesasœur.Elleavaitbeaubénéficierd’un
grand confort de vie et ne manquer de rien, Veronica n’était plus elle-même. Elle n’était qu’une
marionnette.
—Raconte-moi.
Tarajetauncoupd’œilàJayetlutunintérêtsincèresursonvisage.
—Elleestdevenueunaccessoirede sonmari.Elleneparleplusqued’Adamceci,Adamcela,
commesiellen’étaitpluscapabledepenserparelle-même.Jen’aipasenviededevenircommeça.Je
n’aipasenvied’oublierquijesuis.
EllefutsurprisedevoirJaysourire.
— Je ne pense pas que tu sois le genre de personne à oublier qui tu es juste parce que tu es
amoureusedequelqu’un.
— Amoureuse ? (Elle souffla.) Dans les cercles que mes parents fréquentent, ce n’est pas
nécessaired’êtreamoureuxpoursemarier.Ilsmel’ontbienfaitcomprendretoutàl’heure:çaleur
estbienégalquej’aimeoupasl’hommequejevaisépouser,tantqu’ilestsuffisammentriche.
—Jesuisdésoléd’entendreça.Maisàlasoiréetoutàl’heure,ilyavaitpleindebeauxcélibataires
quiplairaientàtesparents,non?JecroisquelefilsdesGilbertavaitinvitédesamis,etilsavaient
tousl’airrichesetséduisants.Çanedoitpasêtresidifficiled’entrouverunquetuaimesbienaussi.
Taralevalesyeuxauciel.
—C’estjustementleproblème!Jeneveuxpasdequelqu’uncommeça.Ilssontpeut-êtregentils
audébut,maisaufond,ilssonttouspareils.Ilspensentquelefaitd’avoirdel’argentleurdonnetous
lesdroits.Etjen’aipasenviedeça.Jeveuxtrouverunhommequim’aimepourmoi,etpaspourmes
parentsoupour l’intérêtqu’ilpourrait avoir àm’épouser. Je refusede faire l’objetd’une sortede
transaction.Ceshommesjouentaveclessentimentsdesautres.Jechercheunerelationauthentique.
—Ettupensesquetunepeuxpasavoirunerelationauthentiqueavecunhommeriche?
—C’estimpossibledanscemilieu!Onn’amêmepasletempsd’apprendreàconnaîtrevraiment
quelqu’unquelesparentsdesdeuxcôtésviennentdéjàsemêlerdecequinelesregardepasetfaire
pressionsurleursenfants.Commentunerelationpeut-elleêtreauthentiquedanscecas,mêmes’ilya
uneétincelleaudébut?
—Alorstut’esditquetuallaisdraguerunserveuràlasoiréepourmontreràtesparentscequetu
pensesdeleursprojetspourtoi.
—Jesuistellementdésolée,ditTaraavecembarras.
Leursregardssecroisèrent.
—Qu’est-cequetuavaisprévu?Avoiruneaventured’unsoiretallernarguertesparentsdemain
en leur racontant que tu avais couché avec un serveur à temps partiel ? Ou est-ce que tu avais
l’intentiondecommencerunerelationavecmoietd’allerm’exhiberdevanteux?
Taraétaitétonnéedenepaspercevoirlemoindrereprochedanssavoix.Unautrehommen’aurait
sûrementpasréagiaussibien.
—Jen’avaispasvraimentréfléchiàlasuite.Jen’auraispasdût’entraînerlà-dedans,maisj’étais
vraimentfurieusecontreeux.J’enaimarrequ’ilssemêlentenpermanencedemavie.Çamerend
tellementfollequeparfoisjenesaismêmepluscequejeveux.Jen’arrivepasàréfléchirparcequ’ils
n’arrêtent pas demedonner leur avis sur tout. (Elle soupira.) Je suis tellement désolée.C’est sans
douteaussiàcausedel’alcoolquej’aiagicommeça.
Elleavaitbeauavoirdestasd’excuses,celanechangeaitrienaufaitqu’elleétaitattiréeparJayet
quesesbaisersavaientéveilléquelquechoseenelle.Maisellenepouvaitpassepermettred’écouter
ses sentiments pour lemoment. Elle n’avait pas les idées claires, et Jayméritaitmieux.C’était un
hommebien.
—Jedevraisyallermaintenantetaffrontermesparents.
Ellevoulutselever,maisJayavaitanticipésongeste.Franchissantladistancequilesséparait,il
attiraTarasursesgenoux.
—Neparspas.(Ilpassasamaindanssescheveuxencoremouillés.)Tupeuxdormiricicesoir.Je
teprometsquejenetenterairien,malgrétoutleplaisirquej’aiprisàtefaireuncunni.
Tara se sentit rougir et évita son regard. Elle n’avait jamais ressenti quelque chose d’aussi
agréablequelabouchedeJaysursonintimitéetlescaressesdesalangue.
—Tudoisregrettermaintenant.Det’êtrefaitutiliser…
Ilrelevadoucementsonmentonpourlaforceràleregarderdanslesyeux.
—Jene regrettepasune seule seconde. J’ai adoré te toucher, t’embrasser et te lécher.Tues la
femmelaplusadorablequej’aiejamaisrencontrée.Maiscen’estpasdesexedonttuasbesoinpour
lemoment,justed’unamiquit’écoute.
JayresserrasonétreinteautourdeTaraetellecrutqu’ilallaitl’embrasser,maisiln’enfitrien.Il
fitreposersatêtesursonépauleetluifrottaledos,commes’ilréconfortaitunenfant.
—Pourquoiest-cequetuessigentilavecmoialorsquejesuisunehorriblepersonne?
—Tun’espasunehorriblepersonne,répliqua-t-il.
—Maisjemesuisserviedetoi!
Jaysemitàrire.
—Fais-moiconfiance,sic’estcommeçaquetuutilisesleshommes,ilsvoudronttousêtreutilisés
partoi!S’ilsl’apprennent,ilssebousculerontauportillondesHamptonsàNewYork.
Tararelevalatête.
—Tunemeprendspasausérieux!
—Si. (Ilmitsamainsur la jouedeTara.)Tara, tuesune trèsbellefemme.Aucunhommesain
d’espritneverraitd’objectionà…
Ellel’interrompitenluidonnantunetapesurl’épaule.
—Arrête!Sic’étaitlecas,alorstumejetteraissurlecanapéettumeferaisl’amour.Maistunele
faispas,parcequetun’aspasenvied’êtreutilisécommeça.
Ellevoulutselever,maisill’enempêcha.
—Sijenetesautepasdessus,c’estparcequetun’aspaslesidéesclaires.Tuesencolèrecontre
tesparentsettuassansdouteunpeutropbuàlasoirée.Jen’aipasl’intentiondeprofiterdetoice
soir alors que tu es vulnérable, et je ne vais sûrement pas te laisser partir dans cet état. Fin de la
discussion.
—Maisje…
—Tara,dit-ilsuruntonréprobateur.Soisgentille.Etsituestoujoursdanslemêmeétatd’esprit
demain et que tu as toujours envie de coucher avec un serveur pour énerver tes parents, je me
dévoueraivolontiers.
Stupéfaiteparsaproposition,Taraledévisagea,lesyeuxécarquillés.
—Maisjusteunmotd’avertissement,ajoutaJay.Réfléchisbienavant,parcequejenesuispasle
genred’hommequetupourraslaissertomberaprèsunenuit.
6
Jays’agitadanssonlit. Ilétaitrestééveillé lamoitiédelanuitàregarderTaradormirdansses
bras,ensedemandants’ildevaitounonmettreuntermeàcettemascarade.Quandelleluiavaitconfié
les problèmes qu’elle avait avec ses parents et ce qu’elle pensait des hommes riches, il avait pris
consciencequ’ilneferaitquelafairefuirenluiconfessantqu’ilétaitfortuné,carilétaitexactement
le genre d’homme que ses parents aimeraient avoir pour gendre. Cela aurait confirmé ce qu’elle
pensait:queleshommesrichessecroyaienttoutpermisetjouaientaveclessentimentsdesautres.
EtJayavaitpeurqu’elleaitunemauvaiseopiniondelui.Ilvoulaitqu’elleapprenneàleconnaître
sanssepréoccuperdeceschosessiimportantesauxyeuxdesesparents.Etluiaussivoulaitapprendre
àconnaîtrelavraieTara,cellequiavaitcommencéàsedévoilerlaveilleausoir.Unejeunefemme
avecdesrêvesetdespeurs.Unejeunefemmecourageuse,quiavaitsauvéunétrangerdelanoyade.
Jayouvritlesyeuxetseretourna,étendantsonbraspourattirerTaracontrelui.Maisiln’yavait
personne.Ilseredressabrusquement.
—Tara?
Ilregardaautourdelui.Laportedelasalledebainsétaitouverte,maislapièceétaitvide.Sesyeux
se posèrent alors sur le placard où Tara avait accroché sa robemouillée la veille. Le cintre était
encorelà,maislarobeavaitdisparu.
Iltenditl’oreilleverslepontsupérieur.Lesilencerégnait.
Taraétaitpartie.Cettefois,elleavaitécoutésonavertissementetdécidédes’enalleravantdese
retrouverimpliquéedansunerelationdontellenevoulaitpas.Apparemment,laperspectivedesortir
avecunpauvreserveuretouvrierenbâtimentn’étaitplusaussiséduisanteenpleinjour.
Jayentradans lasalledebains.Tandisqu’il sepréparait, il sesentitenvahiparunsentimentde
déception.Ilavaiteul’impressionqueTaraétaitdifférentedesautresjeunesfemmesdeNewYorket
des Hamptons, et qu’elle était prête à laisser sa chance à un type ordinaire. Visiblement, il s’était
trompé. Il s’étaitnéanmoinspasséquelquechoseentreeux. Il l’avaitvuà la façondontelle l’avait
regardé,dontelleavaitréagiquandill’avaitembrasséeettouchée,quandilavaitléchésachattelisse
etépilée.Cettepenséelefitbander.
Jay entra dans la douche et ouvrit le robinet, en s’imaginant queTara était avec lui.Que l’eau
chaudequicoulaitsursapeauétaitTaraquiletouchait,seslèvresquil’embrassaient.Quec’étaitsa
mainquiseresserraitautourdesavergedureet lamassaitdehautenbas.C’étaitpourtantdanssa
propremainqu’ilfaisaitalleretvenirsonsexeendonnantdescoupsdereinstandisquedel’autre
main,ilprenaitappuisurlemurcarrelédeladouche.
Ilfermalesyeux,sereprésentantTaradevantluiaumomentoùilétaitentrédanslasalledebains.
Sapeaulisseetsatinée,sesseinspetits,maisdeformeparfaite,sestétonsroses,seshanchesfineset
sachattemagnifique.Ilnes’étaitpasattenduàlavoirnue,maisàprésentqu’ill’avaitadmiréedans
sonplussimpleappareil,ilavaitdumalàcroirequ’ilavaitpuaimerunautrecorpsquelesien.
Siellenel’avaitpasarrêtéquandilléchaitsonintimitésidouce,ilauraitsansdoutejouidansson
pantalon de smoking. Mais cette fois, dans son imagination, elle ne l’arrêtait pas. Elle le laissait
continuer,setortillantetgémissantdeplaisir.
Il accéléra et intensifia ses mouvements autour de son membre, sa poitrine se soulevant et
s’abaissantcommes’ilcouraitunmarathon.Sestesticulesremontèrent.Ilrepensaaugoûtdusexede
Tarasursalangueetfutparcouruparunfrémissement,avantdeprojetersasemencesurlemurdela
douche.L’eau chaude la fit rapidement disparaître,mais Jay ne parvenait pas à faire disparaître la
déceptionqu’iléprouvaitàlapenséequeTaraneluiavaitpaslaisséunechance.
Ilrestaunlongmomentsouslejetd’eau.Aprèss’êtrerasé,ilfermalerobinet,sortitdeladouche
etsesécha.Ilétenditsaserviettepuisretournadanslachambrepours’habiller.Soudain,ilseretourna
brusquementenentendantuncraquementdeplancherprèsdelaporte.
—Qu’est-ceque…
Ils’interrompit,médusé.
Vêtued’unshortetd’undébardeur,Tarasetenaitdevantlaporte,unpetitsacdevoyageàlamain.
Ellel’observaitlaboucheouverte,promenantsonregardsursoncorpsnu.
—J’aicruquetuétaispartie,parvint-ilàarticuler.
Ils’étaitsuffisammentremisdesasurprisepourattraperunvêtementetcouvrirsanudité,maisil
n’enfitrien.
Tarasecoualatête,sanscesserdeleregarder.Ill’avaitvuenuelaveille,ilétaitdoncjustequ’elle
puisselevoirnuàsontour.Iln’étaitpaspudique.Etlafaçondontelleledévoraitdesyeuxn’étaitpas
pourluidéplaire.
—JesuisjusteretournéechezlesGilbertpourrécupérermesaffaires.Personnenem’avue.Ils
étaienttoustropoccupésàsedisputeràcausedeHolly.C’estlapagaille.Maisjesuissûrequeçava
s’arranger.
Jayhochalatête.Paulétaitunhommeintelligentetilprendraitlabonnedécision,quellequ’elle
soit.
—Entoutehonnêteté,jenem’attendaispasàcequetureviennes.Jepensaisquetuétaispartieen
douceetquetunevoulaispasmerevoiraprèscequis’estpasséhiersoir.
Tarafitquelquespasversluietposasonsacàcôtédulit.
—Jemedisaisque…
—Oui?
Tara baissa les yeuxvers son entrejambe, et un délicieuxpicotement envahit le corps de Jay. Il
avait beau avoir eu un orgasmemoins d’une demi-heure plus tôt, il sentait sa verge se raidir de
nouveau.
—Tuasététrèsgentilhiersoir…
Ils’efforçavainementderavalerledésirquelesparolesdeTaraavaientéveilléenlui.
—Àquelmoment?
LesjouesdeTaraseteintèrentderouge.Elleavaittrèsbiencomprisqu’ilétaitentraindepenser
aumomentoùils’étaitagenouillédevantelledansladouche.
—Jeneparlaispasde…,commençaTara.Enfin, jevoulaisdirequec’étaitgentilde tapartde
m’avoir laisséedormir iciaprès toutcequi s’estpassé.Unautrehommem’aurait sansdoutemise
dehors.
Jaynesavaitpasvraimentoùellevoulaitenvenir,maisilétaittoutouïe.
—Hum….
Elle s’approchaencoreunpeu. Il suffirait à Jayde tendre lebraspour la toucher,pour l’attirer
verslui.
—Jevoudraismerattraper,dit-elle,leregardposésursonsexe.
Sapropositionétaittrèsclaire.Elles’apprêtaitàluifaireunefellation.Instinctivement,Jayrecula
d’unpas.
—Tun’espassérieuse.Tunetesouvienspasdenotreconversationd’hier?
Ellecroisasonregardetluiadressaunsourirehésitant.
—C’estpourçaquejesuisrevenue.Àcausedecequetuasdit,etaussidecequetuasfait.Parce
que tum’as empêchée d’agir de façon stupide,même si ça signifiait que tu n’aurais pas ce que tu
voulais.Ettun’asriententécettenuitalorsqu’onadormidanslemêmelit,etquejesaisquetuen
avaisenvie.Tuasfaitpassermesdésirsavantlestiens.Personnen’avaitjamaisfaitçapourmoi.
—Etc’estpourçaquetuasdécidédemesucer?
Tarasecoualatête.
—Non.
Iln’avaitdoncriencompris?
—Tun’esdoncpasvenuepour…?
Ilfitungesteverssavergequipendaitlourdemententresesjambes,prêteàsedresser.
Tarasouritetfranchitladistancequilesséparaitencore.
—Ohsi,jesuisvenuepoursucertasuperbequeue.Maisjenefaispasçaparcequetuasétéun
ami pour moi hier soir. Si c’était le cas, je t’aurais apporté une bonne bouteille de vin pour te
remercier.
Uneexpressionamusées’affichasurlevisagedeJay.
—Quelquechosemeditqu’iln’yapasdebouteilledevindanstonsac.
—Non,désolée.
—Nesoispasdésolée.Maisjet’aiinterrompue.Tudisais…
—Ah,oui,j’essayaisdet’expliquerpourquoij’avaisdécidéderevenirpourtesucer.
Ilsentitsonmembretressauterd’impatience.
—Quandtum’asembrasséeettouchéehiersoir,j’aiprisconsciencequejemefichaisbiendece
quelesgenspensaient.J’avaisjusteenvied’êtreavectoietdeprofiterdumoment.
JayposasamainsurlanuquedeTaraetapprochasonvisagedusien.
—Ettesparents?Tunefaispasçajustepourlescontrarier?
—Plusmaintenant.Etjamaisjenediraiàmesparentsquej’aijetéunmagnifiquehommenusur
sonlitetquejel’aisucéjusqu’àcequ’iljouisse.
Jeté?Sucé?Aupassé?
Àpeineeut-elleterminésaphrasequeTarapoussaJayverslelit,luifaisantperdrel’équilibre.Il
atterritsurledossurlacouette.
Ellebaissalesyeuxversluiensouriant.
—Cequ’onfaittouslesdeuxneregardepersonne.(Ellehésitauninstant.)Est-cequetuveuxque
jemedéshabilleoupas?
—Déshabille-toi,lâchaJayd’unevoixrauque,avantdelaregarders’exécuter.
7
JaycontemplaitTaraavecavidité.Lentement,ellepassasondébardeurau-dessusdesa têteet le
jetaaupieddulit.Cettefois,elleneportaitpasdesoutien-gorge.Elleneputs’empêcherdesourireen
voyant la réactiondeJay faceà sonpetit strip-tease.Saverge tressaillait et se remplissaitde sang,
devenantdeplusenplusrigide.
—Tara?
Ellerencontrasonregardinterrogateur.
—Oui?
—Est-cequetuessûredecequetufais?
Elleouvritd’ungesteleboutondesonshortetdescenditsabraguette.
—Tun’asplusenviedemoi?
Elleconnaissaitdéjàlaréponseàsaquestion:savergeétaitàprésentdresséecontreleventrede
Jay.
Ilsuivitsonregardavecunpetitsourire.
—Tusaisquej’aienviedetoi.(Illadévisageaalorsavecintensité.)Tuesdoncprêteàsortiravec
unhommequin’arienàt’offrir.
Tarasedébarrassadesonshortpuisdesestongs.
—Jenediraispasça.(Elleregardaostensiblementsonsexe.)J’ail’impressionquetuasbeaucoup
àm’offrir.
—Chérie,murmura-t-ild’unevoixsourde.Etdirequejeteprenaispourunejeunefilleinnocente.
Apparemmentjemetrompais.
—Moi,innocente?(Ellesouritpourmasquerlasurprisequ’elleéprouvaitfaceàlaperspicacité
de Jay. Il n’avait pas tort, elle était innocente par de nombreux aspects. Mais elle était résolue à
changercela.)Jesuisvexée!
LedouxriredeJayrésonnadanssoncorps.Ellepassasespoucessoussaculotte.
—Alors tu devrais me punir d’avoir fait une remarque aussi vexante, dit Jay en la regardant
retirerlederniermorceaudetissuquilarecouvraitavecdesyeuxbrillantsdemalice.
—J’enaibienl’intention.
JamaisTaran’avaitétéaussidirecte.Illuiétaitdéjàarrivédefaireunefellation,maisjamaisde
cettefaçonetjamaisautoutdébutd’unerelation.Ellen’étaitgénéralementpastrèsàl’aiseaveccette
pratique,maiscettefois-làc’étaitdifférent.
Ellen’avaitpasbesoinderéfléchiràcequ’ellefaisaitouàl’impressionqu’elledonnait.Ellene
ressentait aucune pression et pouvait tout simplement s’y prendre comme elle en avait envie et
commeellelesentait.Personnenelajugerait.Jayn’allaitpaspeserlepouretlecontrepoursavoirsi
elle était ou non la femme qu’il épouserait et qui porterait ses enfants. Et elle n’aurait pas besoin
d’avoirpeurdecequ’ildiraitauxamisdesoncerclesielleneserévélaitpastrèsdouéeaulit.
Lentement,elleseglissasurlelitetplaçasesmainssurlescuissesdeJay,lesécartantdavantage
pourpouvoir s’agenouiller entre elles.Elle admira sonmembre, fièrementdressé aumilieud’une
toisonsombreetparcourudeveinesépaisses.
—Tara, tun’espasobligée,ditJayenseredressant.(Ilposasamainsursanuqueetcaressasa
mâchoire de son pouce.) Et si tu me laissais plutôt terminer ce que j’ai commencé hier dans la
douche?Peut-êtrequ’après,quandtutesentirasplusàl’aiseavecmoi…
ElleposaundoigtsurleslèvresdeJaypourl’arrêter.
—Mais j’enaienvie. (D’autantplusqu’iln’avait riendemandé, rienexigé.Contrairementàses
ex-petitsamis.)J’aienvied’explorertoncorps.
Jaypressasonfrontcontrelesien,sonhaleinementholéeluichatouillantlapeau.
—Tuesunmystère.Chaquefoisquej’ail’impressiondet’avoircomprise,tumeprendsdecourt.
Tuespleinedesurprises.Etj’aimeraisbienlesdécouvriruneparune.
Tarapouffa.
—Jenesuisvraimentpascompliquée.J’aijusteenviedem’amuser.
— Si c’est ce que tu veux, alors je te promets qu’on va beaucoup s’amuser. En commençant
maintenant.
Il captura ses lèvres et l’embrassa d’abord tendrement, comme pour lui laisser l’occasion de
s’écartersielleavaitchangéd’avis.Maiscommeellen’enfaisaitrienetpassaitsesbrasautourdelui,
ilinclinalatêteetglissasalangueentreseslèvresentrouvertes,caressantlasienneavecdouceurpuis
détermination.
JaytenaitlevisagedeTaratoutprèsdusien,unemainposéederrièresatête,tandisquedel’autre
il remontait jusqu’à ses seins. Un frissonnement de plaisir la parcourut. Les mains de Jay étaient
rêches, calleuses. Elle ne s’en était pas rendue compte la veille quand il l’avait touchée dans la
douche,maiscelaneladérangeaitpas.Ilavaitlesmainsd’untravailleur.Desmainsviriles.
Tarasentitsonpoulss’accélérersoussescaressesélectrisantes.Maisilneluilaissapasderépit.
Son baiser se fit soudain torride, et elle fut incapable de l’arrêter. Quand il finit par s’écarter en
respirantlourdement,elleprituneprofondeinspirationpourreprendresonsouffle.
—Chérie,tuvasmefairejouirrienqu’enm’embrassant,murmura-t-ild’unevoixgutturale.
—Maisc’esttoiquim’embrasses,protesta-t-elle.
—C’estpareil,répondit-ildansungrognement.
Souriantintérieurement,ellereculapuislepoussaparlesépaules.Ilseretrouvaétendusurledos.
—Maintenant,revenons-enaupland’origine.
Elles’avançaau-dessusdeluietsepencha,soufflantdélicatementsurleboutdesonsexe.
—Tara!
—Patience,murmura-t-elleenpassantsalanguesursongland.
Jaygémitetrelevasonbassinentressaillant.
Tararefermasamainsur labasedesonmembreet le léchasur toutesa longueur,dansunsens
puisdansl’autre.Aplatissantsalangue,ellelapassasurledessousdesonsexe,prenantsontemps.
—Oh,oui!C’estbon,Tara.C’estsibon.
Enarrivantauboutdesonérection,elleouvritplusgrandlaboucheetrecouvritsonglanddeses
lèvres.IlfutparcouruparunviolenttremblementquiprocurauneprofondesatisfactionàTara.Peut-
êtrequ’ellen’étaitpassimauvaisequecelaaprèstout,etqu’elleavaitjustebesoind’unhommeavec
quiellesesentaitàl’aise.
Taradescenditalorssursavergedurcie,l’enfouissantdanssaboucheaussiloinquepossible.Elle
sentit lesmainsde Jay sur ses joueset crutqu’il allait lapousser à leprendreplusprofondément,
maisilsecontentadecaressersonvisage.
—Chérie,murmura-t-il.(SonaccentduSudplusprononcéencorequ’àl’ordinairedéclenchaun
agréablefrissonlelongdel’échinedeTara.)Jen’aijamaisriensentid’aussi…
Elleremontasursonérectionpuisredescendit,enajoutantcettefoissamain.
—…d’aussiagréable!
LegémissementdeJayrésonnadansl’intérieurenboisdelacabine.
Encouragéeparseséloges,elleaugmentalacadence,massantsonsexeavecsaboucheetsamain
etléchantsonglandgonflé,toutenpalpantsesboursesdesonautremain.Plusellelesuçait,pluselle
avaitenviedelui.Ellen’avaitjamaisbeaucoupappréciélesfellations,maisavecJayc’étaitdifférent.
Ellesesentaitpuissanteetdésirable,sexyetexpérimentée.Elleavaitsoudainl’impressiond’êtreune
séductricequiavaitpiégédanssesfiletsunhommeetl’utilisaitàprésentpoursonpropreplaisir.Son
clitorispalpitaitdéjà,commesiellen’étaitpasloindejouir.C’étaitlapremièrefoisqu’elleressentait
unetelleexcitationensuçantunhomme.ElleétaitcommedépendanteducorpsdeJay.Sonagréable
parfumenflammaitsessensetsemblaitagirsurellecommeunedrogue.
Sanslâchersonérection,ellelevalesyeuxpourlecontempler.Latêteenfoncéedansl’oreiller,il
fermaitlesyeux.Lesveinesdesoncousaillaientetsapeauétaitluisante.Ilétaitsuperbe.
Jay releva soudain la tête et plongea son regard dans le sien comme s’il avait senti qu’elle
l’observait.Ilsortitalorsdoucementsavergedesabouche.
—Arrête-toi,demanda-t-ild’unevoixessoufflée.
8
Larespirationhaletante,Jays’assitsurlelitetpritTaradanssesbras.
—Chérie,tuesincroyable.
Aucune femmene l’avait jamais sucéavec tantdepassionetd’habileté.Peut-êtreTara était-elle
plusexpérimentéequ’ilnel’avaitd’abordpensé,oualorselleétaittoutsimplementdouée.
Ill’embrassaenpassantdoucementsalanguesursalèvresupérieure,puiss’écarta.
Tarasouritdoucement.
—Alorsçat’aplu?
—Beaucoup.Maisj’étaisobligédet’arrêter,carjen’étaispasloindejouir.
Etiln’étaitpasencoreprêtpourcela.
Illasoulevadanssesbrasetl’étenditsurlelit.
—Àmontour.
Un instantplus tard, ilétaitaccroupientresescuisses,sa tête toutprèsdesonsexe.Prenantune
profonde inspiration, il respira l’odeur de son excitation. Elle ne lui cachait rien. Son absence de
poilspubiensluipermettaitdevoirlemoindredétaildesonintimité.Posantsesmainssurl’intérieur
desescuisses,illesécartapourqu’elles’ouvreàlui.
—Tuessibelle,murmura-t-ilenlevantlesyeuxverselle.
Les jouesdeTara rosirent et ellebaissa lespaupières,mais sanséviter son regard.Unegrande
innocenceysubsistait,mêmesielleessayaitde lacacherensefaisantpasserpouruneséductrice ;
celaneledérangeaitpas.Ilaimaitlesdeuxcôtésdesapersonnalité,aussibiensoninnocencequesa
sensualité.
Ileffleurasafentedesondoigt,étalantlenectarquis’ytrouvaitetsavourantladouceurdesapeau
etdesachair.Ellesursautaàcecontactintimeetfermalesyeuxenlaissantéchapperungémissement
d’impatience,quifittressaillirdedélicesonmembre.
Jaybaissaalorslatêteetléchasesgrandeslèvres,goûtantsaroséechaude.
—Jay!criaTaraensecambrant.
—Doucement,chérie,murmura-t-ilsansécartersabouche.Laisse-toialler.Jem’occupedetoi.
Il recommença à la lécher et à la caresser. Il aimait son goût, l’arôme doux et acidulé de son
excitationquirendaitsachairlisseetglissante.Lorsqu’ilremontaverssonpetitboutondenerfsetle
titilladesa langue,ellecommençaàse tortiller.Sessoupirsdebien-êtreétaientcommeunedouce
musiqueà sesoreilles, lui rappelantque c’était luiqui lamettait dans cet état et lui procurait cette
jouissance.
Tarasefrottacontreluicommepourluiendemanderdavantage.Sanshésiter,ilenfonçaundoigt
enelle.Elleétait tellementétroite ! Il songeaqu’il risquaitde lacasserendeuxavecsonmembre,
maiscettepenséen’atténuapassondésirdelaposséder.
Peut-êtrequec’étaitparcequ’iln’avaitpasétéavecunefemmedepuis troplongtemps,ouparce
qu’avecelle,iln’avaitpasbesoindesemaîtriser.Taraignoraitquiilétait.Ellen’avaitaucunevuesur
lui,oudumoinselleneleconsidéraitpascommeunmaripotentiel.Lasituationdanslaquelleilsse
trouvaient lui permettait d’être lui-même avec elle. Quelle ironie ! C’était en lui mentant sur son
identitéqu’ilsesentaitcapabledeluimontrerquiilétaitvraiment.Etdeselaisserallerpourqu’elle
voielapassionquibrûlaitenlui.
Jay poursuivit les caresses intimes avec sa langue, mais aussi avec son doigt, allant et venant
lentement en ellepourqu’elle soit prête à l’accueillir. Il pouvait déjà s’imaginer la façondont ses
muscles intérieurs se resserreraient autour de son érection jusqu’à ce qu’il jouisse. Et à chaque
secondequis’écoulait,sonexcitationgrandissaitetsonsexedevenaitplusimpatientdes’enfouiren
elle.
QuandilsentitTaraseraidir,ilredoublad’efforts,léchantsonclitorisavecplusdeforcejusqu’à
cequ’untremblementagitesoncorps.Sonintimitésecontractaautourdesondoigtetils’arrêta,la
laissantallerauboutdesonorgasmesanscesserdecaresserlentementettendrementavecsalangue
lecentrepalpitantdesonplaisir.
Quandellenebougeaplus,Jayapprochasonvisagedusienetlacontempla.Taraouvritlesyeux
etleregardasansprononcerunmot.Ilpassasesdoigtsdanssescheveux.
—J’avaisenviedefaireçahiersoir,maisjecroisquec’étaitencoremieuxparcequ’onaattendu,
murmura-t-il.
UnsourirecoquinfenditlevisagedeTara.
— Je suis sûre qu’on peut faire encore mieux, dit-elle en descendant. (Elle effleura sa verge
gonflée,luiarrachantunsoupir.)J’aienviedetesentirenmoi.
Neperdantpasuneseconde,Jaysortitunpréservatifdelatabledenuitetdéchiral’emballageavec
impatience, puis déroula l’enveloppe en latex sur son érection. C’était une bonne chose que le
préservatif atténue un peu sa sensibilité, sans quoi il ne tiendrait sans doute pas plus de quelques
secondesunefoisqu’ilseraitenelle.
QuandilsetournaversTara,elles’étenditsurlelitetl’attenditenleregardantdanslesyeux.Il
s’avançaau-dessusd’elleetplaçasavergedresséeentresescuisses,devantsonintimitéaccueillante.
Puis,s’appuyantsursescoudesetsesgenoux,ildonnauncoupdereinsenavantets’enfonçadanssa
chaleurhumide.
—Oh,Tara!Tuestellementétroite!
—Jesuisdésolée,murmura-t-elle.
Il s’arrêta, surpris par sa réponse. Pensait-elle vraiment qu’il n’aimait pas cela ? Quelle drôle
d’idée.
— Désolée ? Ne le sois pas ! C’est incroyable. Tu es incroyable. Je n’ai jamais rien ressenti
d’aussiagréable.(Ildéposauntendrebaisersurseslèvres.)Alors,nesoisdésoléederiendutout.Tu
esabsolumentparfaite.
Etilétaitsincère.C’étaitmieuxqu’avectouteslesfemmesqu’ilavaitconnues.Parcequ’elleétait
honnêteetfranche.Ellenefaisaitpassemblantetnejouaitpas.Ellenemanifestaitquedesémotions
authentiques.Illevoyaitsursonvisage,commeàprésent,alorsquesonhésitationlaissaitplaceàde
lajoie.Elleavaitenviedelesatisfaire.Lui,l’hommequ’elleprenaitpourunserveuretunouvrieren
bâtiment.
SonregardplongédansceluideTara,Jaycommençaàalleretvenirenelle,seretirantlentement
desonfourreauétroitavantd’yreplonger,jusqu’aubout.
—Parfaite,répéta-t-il.
LesmusclesdeTaral’enserraientcommeunganttroppetit,etlapressionqu’elleexerçaitsurson
membren’étaitpasloindeluifaireperdrelecontrôle.Maisilnevoulaitpasencoresuccomberau
tourbillondeplaisirdontilétaitsiproche.Pourcelailluifaudraitromprelelienqu’ilavaitformé
avecTara,etilnesesentaitpasencoreprêt.
Leurscorpssemouvaientaumêmerythmecommes’ilsavaientfaitl’amourdesmilliersdefois
auparavant.Iln’yavaitaucunegênenimaladresse,commec’étaitparfoislecaslespremièresfois.Il
n’y avait rien de tout cela entre eux.Tara semblait anticiper lemoindre de sesmouvements, de la
mêmefaçonqu’ilsentaitcedontelleavaitbesoindesapart.Cen’étaitpasuneétreinteprécipitéeou
unecoursepourarriveràlaligned’arrivée.Ilyavaitentreeuxuneproximitéphysiquequimettait
leurscorpsenébullition.
JaysentaitlachaleurquiémanaitducorpsdeTaraetlatranspirationquicommençaitàperlersur
sapeauluisante.Sonvisageétaitrayonnantetsesyeuxbrillaientdejoie.
Avecunsourire,Jaypassasamaindanssescheveuxetlescaressa.
—Jemesenstellementbienavectoi,chérie.
Taralevalatêtecommepourl’inviteràl’embrasser,etils’exécuta.Ilavaitencoresursalanguele
goûtde sonexcitation,maiscelane semblapas ladéranger.Elle lui rendit sonbaiseravecencore
plus de passion que précédemment, caressant fermement sa langue avec la sienne. Plus elle
l’embrassait avec ardeur et plus les coups de reins de Jay se faisaient puissants et profonds, ses
hanchesbougeantàunrythmeeffréné.Incapabled’arrêtercequiallaitinévitablementseproduire,il
poursuivaitinlassablementsesva-et-vientfrénétiques.
Aveclepeudemaîtrisequiluirestait,Jaychangeadepositionetglissasamainentreleurscorps,
cherchantsonclitoris.Chaquefoisquesonsexes’enfonçaitdanslefourreauétroitdeTara,sondoigt
humideheurtaitlecentredesonplaisir.
Taralâchasoudainuncri.SesmusclessecontractèrentautourdusexedeJay,quilâchaenfinprise
ets’abandonnaàunejouissancebrève,maisintense.
Respirantlourdement,ilrestasansbougerau-dessusdeTara,sesgenouxtremblantcommeceux
d’unadolescentquivenaitd’avoirsonpremierorgasme.Pendantquelquessecondes,ilfutincapable
defaire lemoindremouvement.Souslui, lapoitrinedeTarasesoulevaitets’abaissait rapidement.
Envahiparunprofondsentimentdesatisfaction,ils’écartad’elleetsedébarrassadupréservatif.Puis
ilseretournaetlapritdanssonbras,enfouissantsonvisagedanslecreuxdesoncouetembrassant
sapeauhumide.
—Oh,Tara,chérie,c’était…
Iln’yavaitpasdemot.Sondésirétaitassouvi,maisilnesavaitpasquoidire.Ilnerestaitplusrien
ducharmeurqu’il était si souvent avec les autres femmes.Et avecTara, iln’avait aucuneenviede
partir comme il le faisaithabituellementaprèsavoircouchéavecuneconquête.AvecTara, il avait
enviederesteraulitpendantdesheures.
—Hmm,ronronna-t-elle.
Ilrelevalatêtepourlaregarder.
—Etsionpassaitlajournéeaulit?
Ellehésita.
—Ilyaquelquechosequinevapas?demanda-t-il.
Tarasecoualatête.
—Riend’important.
Jayseredressaàdemi.
—Tun’aspasaimé?S’ilteplaît,dis-moicequej’aimalfaitpourquejepuissefairemieuxla
prochainefois.
—Tuasétéparfait.C’estjuste…(Ellesoupira.)Mesexmetrouvaientennuyeuseaulit.Jeneveux
pasquetutesentesobligéde…
JayposaundoigtsurleslèvresdeTara.
—Ennuyeuse?(Il lâchaun juron.)Écoute-moibien,Tara.Jene te lediraiqu’uneseulefois,et
ensuitelesujetseraclos:tueslafemmelaplusexcitantequej’aijamaisconnue.Cestypesétaientà
l’évidencedesignorantsquin’avaientaucungoût.
Commentunhommequiavait eu leplaisird’avoirTaradans son litpouvait-il affirmerqu’elle
étaitennuyeuse?
Ill’embrassasurlefront.
—Etsitumelaissesvingtminutespourmeremettre,jevaistemontreràquelpointjetetrouve
excitante.
Elleleregardaavecunlargesourire.
—Vingtminutes?
—Àpeuprès.Etsions’embrassaitenattendant?
TaramitsesmainssurlanuquedeJayetletiraverselle.
—Trèsbonneidée.
—Jetrouveaussi.(Jayeffleuraseslèvresaveclessiennes,quandsoudainunbruitsefitentendre
au-dessusd’eux.Ilseredressabrusquement.)Oh,merde!
Un instantplus tard,despas résonnèrentdans l’escalier, et Jays’empressade tirer ledrappour
recouvrirlecorpsdeTara.Unevoixmasculineretentitalors:
—Jay?Tueslà?
—Uneminute,répondit-il,maislapoignéedelaportetournaitdéjà.
9
Pétrifiéed’horreur,Taravit laportede lacabine s’ouvrir.Pourune foisqu’elle faisaitquelque
chosed’unpeufou,ilfallaitqu’ellesefasseprendre.Justeaumomentoùtoutsemblaitparfait.
Soncorpsentiervibraitencoredeplaisir.EtJayluiavaitaffirméqu’elleétaitexcitanteaulit,ce
qu’aucunhommene lui avait encoredit.Malheureusement, ellen’avaitpas le tempsdeprofiterdu
bonheurqu’elleressentait.
Elleremontafrénétiquementjusqu’àsonmentonledrapdontJayavaitréussiàlacouvrir,quand
unhommeenshortettee-shirtentradanslacabine.
—Attends!tentadel’avertirJay.
—Jay,je…(L’hommesefigea.SonregardoscillaentreJayetellepuisseposasurelle.Ilrestaun
instantinterdit,ladévisageantavecstupéfaction.)Tara?Maisqu’est-ceque….?
—Zach?croassa-t-elleenlereconnaissant.
Merde!
—Vousvousconnaissez?demandaJayens’efforçantdelaprotégerduregarddeZach.
—Biensûrqu’onseconnaît,réponditsonami.
JaytournalatêteversTara,etellesesentitobligéedehocherlatête.Ellel’avaitrencontréàune
soiréedans lesHamptonsendécembredernier.Elle l’avaitaperçude loinà la réceptionorganisée
pour l’anniversairedemariagedesGilbert,mais ellene lui avait pasparlé.Elle était très ennuyée
qu’il l’ait reconnue. S’il disait à ses parents où elle était, ceux-ci la contraindraient aussitôt à
abandonnersonpetitnidd’amour.Etellen’estpasencoreprêtepourcela,loindelà.
—Qu’est-cequetufaislà?parvint-elleàluidemander.
IlfitungesteversJay.
—JesuisvenupourtesterlebateauavecJay.
TaralançaàJayunregardinterrogateur.
—Quoi?Commentest-cequetuconnaisZach?
Comment un serveur pouvait-il bien connaître un homme comme Zach Ivers, que sa mère
considéraitcommeundesmeilleurscandidatspourdevenirsonmari?
—Euh…Jet’aiparlédemontravaildanslebâtimenthiersoir.(Pourlapremièrefoisdepuisleur
rencontre, Jay semblait nerveux. Il désigna Zach.) Je travaille sur un chantier de rénovation pour
Zach.Cebateauestlesienetilmelaissevivreicigratuitementpendantl’été.
Lesdeuxamiséchangèrentunregard,etZachfinitparacquiescer.
—Oui.(Ileutuninstantd’hésitationpuisfitungesteverslecouloirderrièrelui.)Jevouslaisse
voushabiller,jevousattendslà-haut.
Jayhochalatête.
—Merci,Zach.
Celui-citournalestalonsetsortitenrefermantlaportederrièrelui.
—TutravaillespourZachIvers?demandaTara.
Ilréponditàsaquestionparuneautrequestion:
—Commentest-cequevousvousconnaissez?
—Ons’estrencontrésàunesoiréedeNoëll’annéederrière.Est-cequetuvasavoirdesennuis?
Jayfronçalessourcils.
—Pourquoiest-cequej’auraisdesennuis?
—Ehbien, ilaeu l’airchoquédemevoir ici,etpas trèscontent.Tun’espascensé inviterdes
fillessursonbateau?
—Sonbateau?Oh,euh,onn’ajamaisparlédeça.
Taraseglissahorsdulitetramassasaculotte.
—Jepeuxallerluiparleretluidirequetoutestmafaute.(Ellehaussalesépaules.)C’estvraide
toutefaçon.Etjen’aipasenviequetutefassesvirerpouravoirorganiséuneorgiesursonyacht.
Ellefutsurprisedel’entendrepouffer.
—Uneorgie?Jepensaisqu’ilfallaitplusquedeuxpersonnespourorganiseruneorgie.
Il sortitdu lit à son touret s’approchadeTara,qui était en traind’enfiler saculotte. Il la serra
contresoncorpsnuetdéposaunbaiserappuyésurseslèvres,sanssedépartirdesonsourire.
—Et c’est très gentil de ta part de vouloir arranger les choses avec Zach, mais je vais m’en
occuper.Laisse-moiseulavecluipendantquelquesminutes,jevaisluiexpliquerlasituation.C’estun
hommeraisonnable.Ilcomprendrasûrement.
—Tuenescertain?
—Toutàfait.
Il lalâchapuisserhabilla.Taraneputs’empêcherdeledévorerdesyeux,fascinéeparlafaçon
dontsesmusclessecontractaient.
—Cen’estpasenmeregardantcommeçaquetuvasm’aideràsortirdecettepièce.
À ces mots, Tara leva brusquement la tête vers lui et croisa le regard de Jay. Une bouffée de
chaleurenvahitsonvisage.
Jaytenditlamaineteffleuraseslèvresavecsonpouce.
—Tuescharmantequandturougiscommeça,chérie.Absolumentcharmante.
~~~
Jaysortitdelacabineàcontrecœuretmontal’escalier.Zachl’attendaitsurlepont.
UnefoisqueJayeutrefermélaporteenverrecoulissante,Zachsetournaversluiensecouantla
tête.
—Lademoiselledeglace?Vraiment?demandasonami.
—Dequoiest-cequetuparles?
—NemedispasquetuesleseulànepasconnaîtrelaréputationdeTara.Apparemment,elleest
aussifroidequ’unglaçonaulit.
—Onnedoitpasparlerdelamêmepersonne,protestaJay,nevoulantcependantpasenrévéler
davantage.
Iln’étaitpasdugenreàsevanterdecequ’il faisaitau lit.Et ilyavaitquelquechosedespécial
entreTaraetlui.Unlienunique.
Zachmontradudoigtlacabineenbas.
—JeconnaisTaraPierpont.Etjesuisabsolumentcertainque…
—Pierpont?l’interrompitJay.
Cenomluiétaitfamilier,bienqu’ilneconnaissepaslafamillepersonnellement.
UneexpressiondesurpriseapparutsurlevisagedeZach.
—Nemedispasquetuneconnaismêmepassonnom.
Jaypassaunemaindanssescheveux.
—Elles’est seulementprésentéecommeTara. (Il soupira.Pourquoin’avait-ilpas fait le lien?)
Maiscen’estpasimportantpourlemoment.J’aid’autresproblèmes.
— Je veux bien te croire, approuva Zach. Qu’est-ce que c’est que cette histoire de bateau qui
m’appartient?(Iljetauncoupd’œilautourdelui.)Mêmesijeseraisraviquecesoitvrai.
Jays’approchadeluietbaissalavoix:
—Alorsvoilà,jet’explique.Taracroitquejesuisserveuràtempspartiel,quejetravaillesurdes
chantiersdebâtimentlerestedutempsetquetumelaisseshabitersurtonyachtpendantl’été.
—Jenecomprendsrien,déclaraZachencroisantlesbras.
—C’est pourtant clair. Il faut justeque tu fasses semblantd’êtremonpatron.Lamaisonque je
rénoveàMontaukestlatienne,etjetravaillesurlechantier.Tuascompris?
—Maispourquoiest-cequetuteferaispasserpourunouvrier…
—SiTaraestsurnomméelademoiselledeglace,c’estsansdoutetoutsimplementparcequ’elle
n’aimepasleshommesriches,l’interrompitJay.
—Touteslesfemmesaimentleshommesriches.
—PasTara.Ellechercheunerelationauthentique.
—Authentique?Et tucroisquec’estauthentiquede te fairepasserpourunpauvre?Dansquel
mondebizarreest-cequetuvis?Tuluimens.Pourquoiest-cequetuneluidispasplutôtquitues?Je
veux dire… (Il fit de nouveau un geste vers la cabine.) Vous avez couché ensemble, alors
apparemmentellet’aimebien.Tunecroispasqu’ellet’aimeraencoreplusenapprenantquetun’es
paspauvre?
—Aucontraire.Ellevapartirencourantsijeluidismaintenant.Elleestvulnérable.
—C’est très logique, réponditZach sur un ton sarcastique.Et comme elle est vulnérable, tu as
décidédeluimentir?S’ilteplaît,explique-moi.
— Je n’avais pas l’intention de luimentir, mais ellem’a pris pour un serveur à la soirée des
Gilbert.Etj’aisaisil’occasionquiseprésentait.
Zachhaussalessourcils.
—Quelleoccasion?
Jaysoupira.
—Est-cequetuasdéjàoubliécequiestarrivéavecDeborah?
—Jepensaisquetut’étaisremisdecettehistoire.
— Jeme suis remis. (Et il était sincère.)Mais je n’ai pas envie de commettre lamême erreur.
J’aimeraisqu’unefemmeapprenneàmeconnaîtresansêtreaveugléepartoutça.(Ilbalayad’ungeste
delamaincequil’entourait.)Tuesbienplacépourlecomprendre.Tunet’esjamaisdemandésiles
femmesavecquitucouchest’aimaientpourtoioupourtonargent?
Zachhésitauninstantd’unairpensif.
—J’espèreque tu sais ceque tu fais.Parcequ’un jourellevadécouvrirqui tues, et toutva te
retomberdessus.
—Unjour.Maispastoutdesuite.LesPierpontnemeconnaissentpaspersonnellement.Jeneleur
ai jamais été présenté. Tant que tu acceptes de jouer ton rôle, Tara ne pourra pas découvrirmon
identité.Etd’icilafindel’été,quisait?
Zachsourit.
—Tuesunincorrigibleromantique.
—Iln’yariendemalàça.
Sonamisemitàrire.
—Alorsc’estdoncçaquiexciteTaraPierpont,hein?S’encanailleravecunserveur?Comment
est-cequ’elleestaulit?
JayenfonçasondoigtdansletorsedeZach.
—Tunelesaurasjamais.J’yveillerai.
—Est-cequec’estcommeçaqu’onparleàsonpatron?
—Onestd’accord,alors?
—Ilyadesconditions,biensûr.
Jayseraidit.
—Unefoisquelaproductiondeceyachtseralancée,jeserailepremiersurlalisted’attente.
—Marchéconclu.
—Oh,cen’estpastout.
—Quoiencore?
—TuvasmelaisserteprouverqueTaraestattiréeparleshommesriches.
Jayplissalesyeux.
—Etcommentest-cequetucomptest’yprendre?
—Enme servant demon charme irrésistible.On verra qui elle préfère : un pauvre serveur et
ouvrierenbâtiment,oubienunmagnatdesaffairessexyetpleinauxas.
Une expression de satisfaction s’afficha sur le visage de Zach, et Jay fut bien tenté de la faire
disparaîtreenluienvoyantuncoupdepoingbienplacé.S’ilsn’étaientpassibonsamis,ilneseserait
sansdoutepasgêné.
—Bonnechance!Maisjepeuxt’affirmersanshésitationqu’ellenemordrapasàl’hameçon.
Jay avait beau détester l’idée que Zach flirte avec Tara, il ne pouvait nier qu’il s’agirait d’un
premiertestintéressant,quiluipermettraitdesavoirsielledisaitvrai.SiTaraavaitlechoix,allait-
ellevraimentpréférerunhommeissudelaclasseouvrière,oubienselaisserséduireparleriche–et
ildevaitlereconnaître–séduisantZach,qu’elleprenaitpourlepropriétaireduyacht?
10
TaraarrivasurlepontsupérieuretvitJayetZach,tournantautourdelabarreetdescommandes.
Leyachtétaitsortiduportetfendaitdoucementlesvagues,àmoinsd’unmiledelacôte.
Elle avait pris le temps de s’habiller et d’effacer les traces de la matinée torride qu’elle avait
passéeavecJay.Etcen’étaitpasunemince.Ellesesentaitencorerouge,etelleavaitl’impressionque
ses jambes flageolaient. Son cœur battait la chamade et son esprit fonctionnait à toute vitesse.
Qu’allait-elledireàZach?Ellenes’étaitjamaisretrouvéedansunesituationpareille:surpriseaulit
avec un homme. Un homme que la plupart des gens appartenant aux cercles qu’elle fréquentait
n’approuveraientpas.Maiscen’étaitpascelaquilatracassait.Ellen’avaitpashonted’êtreavecJay.
ElleavaitpeurqueZachdiseàsesparentsoùelleétait.Illesconnaissaitpeu,maisc’étaitsuffisant.
Et une fois qu’ils auraient découvert où elle était, ils mettraient fin à sa petite escapade et la
ramèneraientdeforceàNewYork.
Jayregardasoudainpar-dessussonépauleetsouritenlavoyant.
—Tevoilà.
Sonseulsouriresuffisaitàluidonnerlevertige.
—Coucou.
Zachsetournaverselleavecunairamusé.
—Rebonjour,Tara.
—Bonjour,Zach.(Aussinaturellementquepossible,ellelesrejoignitetfeignitdes’intéresseraux
diversinstrumentssurlepont.)Joliyacht.
Zachpassasamainsurletableaudebordenacajou.
—Oui,pasmal,hein? Je connais le constructeur. (Il tourna la têtevers Jay.) Jay, est-ceque tu
peuxprendrelabarrepourquejepuissem’occuperdenotreinvitée?
Jayleregardafixementpendantquelquessecondesavantderépondre:
—D’accord,pourquoipas?
Zachfitungesteverslesbanquettesconfortablesàl’arrièredubateau.
—Çafaitlongtempsqu’onnes’estpasvus.Commentvas-tu?
—Bien,merci.
Elle aurait préféré rester à côté de Jay pendant qu’il pilotait le bateau, mais elle pouvait
difficilement refuser l’invitation de Zach. Elle s’assit sur un coin de la banquette recouverte de
coussinsblancsetposasesjambessurlabanquetteenface,enessayantd’avoirl’airàl’aise.
—Ettoi?Tupassesunbonété?demanda-t-ellealorsqueZachs’asseyaitàsontouretétendait
sesjambesdevantlui.
Zacheutunpetitsourireencoin.
—Visiblementpasautantquetoi.
Iljetauncoupd’œilentenduendirectiondeJay,maiscen’étaitpasnécessaire.Elleavaittrèsbien
saisisonallusion.
—Hé,neteméprendspas,s’empressad’ajouterZach.C’estquelqu’undegentil.Jenelelaisserais
pashabitersurmonbateausicen’étaitpaslecas.Maisjenepensaispasquec’étaittongenre.
—Etpourquoipas?demanda-t-ellesuruntondedéfi,sesentantsoudaind’humeurbatailleuse.
Illevaaussitôtlamaincommepourserendre.
—Désolé,jenevoulaispasêtremaladroit.Çam’ajusteunpeuétonnédetetrouvericiaveclui.Il
n’avaitjamaisparléd’unepetiteamie.
Confusedes’êtreainsiemportée,Tarasoupira.
—Jesuisdésolée.Jenevoulaispasluiattirerd’ennuis.
—Luiattirerdesennuis?répétaZachd’unairperplexe.
—Situn’espascontentcontreJayparcequej’aipassélanuitici,jepeuxpartir.Jeneveuxpas
quetuletiennesresponsable,c’estmoiquil’aidragué.Iln’apasvraimenteulechoix.
Zachladévisageaaveccuriosité.
— Tu me surprends, Tara. Je t’avais toujours pris pour une fille réservée. J’avais tort
apparemment,etçanem’arrivepassouvent.
Ellehaussalesépaules.
—Cen’estpasfaciled’êtresurveilléeenpermanenceetnepaspouvoirsecomportercommeon
lesouhaite.Quandonfaitpartiedela«bonne»société,onnepeutpasêtresoi-même.
—Onatousdescontraintesàrespecter,quellequesoitlaquantitéd’argentqu’ona.Ouqu’onn’a
pas,ajouta-t-ilentournantlatêteversJay.
Illeurtournaitledos,manœuvrantleyachtdanslahouleavecadressecommes’ilavaitfaitcela
toutesavie.
— Personnellement, je me fiche bien de ce que pense cette soi-disant bonne société. Et
apparemment, toi aussi. C’est agréable de rencontrer quelqu’un comme toi. Mais apparemment,
j’arrivetroptardpourtentermachance,n’est-cepas?
Ils’approcha.Était-ilentraindeflirteravecelle?Instinctivement,elleévitasonregardettourna
latête,commesielleadmiraitlelittoral.
Décidantdenepasleprendreausérieux,elleéclataderire.
—Tuplaisantes,Zach?Sijemesouviensbien,tun’asjamaismanifestélemoindreintérêtpour
moi.Etmaintenant,parcequejesorsavectonemployé,tuessoudainintéressé?(Ellelevalesyeux
auciel.)Typique.Tuveuxjustecequetunepeuxpasavoir.
~~~
Jaydiminualavitessedubateauenentrantdansunebaietranquille.Iln’avaitpasréussiàsuivrela
conversationdeZachetdeTaraàcausedubruitdumoteuretduventquisoufflaitdanssesoreilles.Il
notadedemanderàsesingénieursderendreleyachtmoinsbruyant.
Parcourantdesyeuxlazonequis’étendaitdevanteux,ilrepéraunpontonpublicpours’amarrer.
Delà,ilspourraientserendreàpieddansunrestaurantpourdéjeuner.Leyachtavançaitàprésentà
moinsdedeuxnœudsdanslabaieabritée,etlesvoixdeZachetdeTaraluiparvinrentauxoreilles.
—…et certainshommesont simplementdumal à accepter qu’on leurdisenon, ditTarad’une
voixquiparaissaitagitée.
Zachavait-ilouvertementtentéquelquechoseavecTaraetavait-ildumalàaccepterqu’ellenesoit
pas intéressée ? Jay ne put s’empêcher de jeter un coup d’œil derrière lui. Zach était assis à une
distance raisonnable de Tara et n’avait pas l’air d’être en train de la draguer. Il semblait plutôt
l’écouteravecattention.
—Qu’est-cequ’ilafait?entendit-ilalorsZachluidemander.
—Ilestvenumevoirquand j’allaisdans lacuisine.Sa femmeétait àdeuxpas, sur la terrasse,
maisçanel’apasempêchédemesurprendredansuncoin!
Jayréduisitlavitesseaumaximumettenditl’oreille.
—Etdecommenceràmetoucher.
—Quiça?l’interrompitJay,lamâchoirecrispée.
Lâchantlegouvernail,ils’avançadequelquespasversTara,quiseretournabrusquementverslui.
—Quentin,réponditZachàsaplace.
—Quentin?demandaJaysuruntonincrédule.Quellepetitemerde!
—C’est lebeau-frèredePaulGilbert,expliquaZach,commepourrappeleràJayqu’ilavaitun
rôleàjouer.Tunedoispasleconnaître,maisilétaitàlaréceptionoùtuastravailléhiersoir.
Ignorantl’explicationdeZach,JayseretournaversTara.
—Qu’est-cequ’ilt’afait?
Tarafitungestedelamain.
—Oh,ils’estjustecomportécommeungoujat.
Elleévitasonregard.
MaisJaynepouvaitpasenresterlà.Ils’approchatoutprèsd’elle.
—Qu’est-cequeQuentinafait?
Taralevaalorslesyeuxverslui.
—Ilaessayédem’embrasser.Jeluiaiditquejen’étaispasintéresséeetjel’airepoussé,maisil
s’estmisencolère.Heureusement,lecuisinierestarrivéjusteàtempsetj’aipum’échapper.
—Quelconnard!sifflaJay.Commentest-cequ’ilaosé?
—Toutvabien,ilnes’estrienpassé,ditTarasuruntonégal,commesielleessayaitdelecalmer.
Maiscommentpouvait-ilrestercalmealorsqueQuentinavaitessayéd’abuserdeTara?
— Il aurait pu se passer quelque chose. (Jay prit une profonde inspiration.) Et sa femme est
enceinte.
Tarapenchalatête.
—Commentest-cequetusaisça?
Ilhésitauneseconde.
—Jelesaivusensemble.Avantledébutdelasoirée,MmeGilbertamontrélesmembresdela
famille au personnel du traiteur. (Il constata avec soulagement que Tara semblait avaler son
explication.)Quelqu’undevraitdonnerunebonneleçonàcetteordure.
Taraposaunemainapaisantesursonbras.
—Iln’envautpaslapeine.Cen’estqu’unricheimbécilequisecroittoutpermisparcequ’ilade
l’argent.
—Cen’estpasnormal,grommelaJay.
— J’espère que tu n’es pas aussi sévère avec tous les hommes riches, intervint Zach. Je suis
d’accord avec Jay,mais ce serait dommage de nousmettre tous dans lemême panier à cause de
quelquesbrebisgaleuses.
Tara échangea un regard avec Zach tout en caressant le bras de Jay. Ce geste le tranquillisa
légèrement.
—Cen’estpas seulementunmanquede respectpour toi, dit Jayen regardantTara,mais aussi
pour lamèrede ses enfants.Lemariage estune responsabilité. Il aprisun engagement et il ferait
mieuxdes’ytenir.
—S’ilyavaitplusdegensavecdesvaleurscommelestiennes,lemondeseraitsûrementmeilleur,
fitremarquerTaraavecundouxsourire.
Ilsongeahonteusementqu’iln’étaitpasdignedeseslouanges.IlnevalaitpasmieuxqueQuentin.
Cen’étaitpeut-êtrepassongenred’êtreinfidèle,maisilmentaitàTarasursonidentité.Ilréfléchit
alorsà luiavouerqui ilétait.C’étaitpeut-être lebonmoment.Zachserait làpour lesoutenir,pour
confirmerqu’ilétaitunhommebienetqu’iln’avaitrienàvoiravecQuentin.
—Tara,commença-t-il.
—Etc’estpourcetteraisonquejepréfèresortiravecunhommenormal,quialespiedssurterre,
quin’apaslamoraletorduedesgensdelahautesociétéetn’estpaspourriparl’argentetlepouvoir.
Jays’arrêtanet.Peut-êtrequecen’étaitfinalementpaslemeilleurmomentpourrévélerlavéritéà
Tara.ElleétaitencorefurieusecontreQuentin,etàvraidire,ill’étaitluiaussi.Aumoins,c’étaitun
problèmequ’ilsavaitgérer.
IlconfesseraittoutàTaraunpeuplustard.
11
— Tu dois avoir faim. Tu veux que j’aille acheter une pizza ? demanda Jay, cherchant
désespérémentuneexcusepours’éclipserunmoment.
Aprèsavoirtranquillementdéjeunétouslestroisdansunrestaurant,ilsétaientretournésauponton
queJaylouaitpourl’été,puisZachétaitparti.
Jay et Tara avaient passé l’après-midi à lézarder sur le pont, et le soleil touchait désormais
presquel’horizon.
—C’estunebonneidée,réponditTara.Jepeuxveniravectoisituveux.
Cen’étaitpaspossible.Ilavaitbesoind’êtreseulpourfairecequ’ilavaitentête.
—Non,ne t’embêtepas. (Il sepenchaet l’embrassasur la joue.)Attends-moi iciet faiscomme
cheztoi.Peut-êtrequetupourraistedéshabilleretm’accueillirentenued’Ève,parexemple?
Ellesemitàrire.
—Est-cequeçat’arrivedepenseràautrechosequ’ausexe?
—C’estdifficiledenepaspenseràçaavecunefemmeaussisexyquetoi.(Etmalheureusement,il
n’étaitpasleseulhommeàlatrouversexy.)Alors,qu’est-cequiteferaitplaisirsurtapizza?
—Saucisseetartichaut,s’ilteplaît.Oh,etdufromageenplus.
Avecunsourire,ilsortitsonportefeuilledubuffet.
—Jet’apporteçatoutdesuite.
Jaydescenditdubateauens’efforçantdemarcherd’unpasnaturel.Taraleregardaitsansdoute.
En arrivant sur le sentier situé entre les deuxmaisons près du ponton, il tourna à gauche. Il était
désormais protégé par les buissons et les arbres. Au lieu de se diriger vers la route, il longea
l’arrièredespropriétésjusqu’àsadestination:lademeuredesGilbert.
Ilempruntalecheminquipassaitprèsdupoolhouseetregardaautourdelui.Deuxpersonnesse
trouvaientsur la terrasse. Ilavaitespéré trouverQuentinseul,maisc’étaitpeut-être finalementune
bonnechosequesafemmesoit là.Olivia,queJayconnaissaitdéjàavantsonmariage,étaitétendue
dansun transatet lisaitun livre.Saprésenceaideraitpeut-êtreJayàmaîtrisersacolèreetànepas
mettreuneracléeàsapourrituredemari.
Jays’avançad’unpasdécidéverslapiscine.Uninstantplustard,leregarddeQuentinseposasur
lui.IltournalatêteverssafemmeetluiditquelquechosequeJayn’entenditpas.Olivialevalesyeux.
Jayluifitunsignedetête.
—Salut,Olivia.
Elleposasonlivre,maisneselevapas.Sagrossesseétaitdéjàtrèsavancéeetelledevaitavoirun
peudemalàsedéplacer.
—Oh,salutJay.C’estunesurprise.D’oùviens-tucommeça?
Ignorant la question, il se tourna vers Quentin. Il l’avait déjà vu plusieurs fois, mais il ne se
rappelaitpasluiavoirdéjàétéprésentéformellement.
—Quentin,c’estça?demanda-t-ilpourvérifierqu’ils’agissaitbiendelui.
Ilmontalesmarchesetarrivasurlaterrasse.
Quentinhochalatête.
—Enchanté.
—SitueslàpourvoirPaul,ilestparti.IlestrentréàNewYork,expliquaOlivia.
JaygardalesyeuxrivéssurQuentin,uneexpressiondefureursursonvisage.
—JenesuispasvenupourPaul.Jesuisvenuparleràtonmari.
Quentinreposasonverreetselevaavecuneexpressioninquiète.
—Ilyaunproblème?
—Onpeutdireça.
—Jenemesouvienspasqu’onaitdéjàfaitdesaffairesensemble…
—Et çan’arrivera jamais, l’interrompit Jay. Jene fais pasd’affaires avecdes connardsde ton
espèce.
—Non,mais, je rêve ?Dequeldroit est-ceque tudébarques ici sans avoir été invité et que tu
m’agresses…
—Jay,qu’est-cequisepasse?intervintOlivia,quiavaitbondidesontransat.
—C’estentreQuentinetmoi.
—Neparlepascommeçaàmafemme!
—Oh,alorstoutàcouptuesdesoncôté?(Jayhésita,etjetauncoupd’œildebiaisàOlivia.Mais
ilnepouvaitplusfairemarchearrièredésormais.)Dis-moi,oùétaitpasséetagalanteriequandtues
alléfairedesavancesàTara,hein?
Quentinparutenfincomprendredequoiilparlait.Serrantlesdents,ilfitunpasversJay,lesmains
surleshanches.
—Tuferaismieuxdepartirmaintenant, si tuneveuxpasquemonbeau-père techassedecette
propriété.
Jayémitunsonmoqueur.
—Alorscommeça,tuteréfugiesderrièreluimaintenant?Tuesvraimentunlâche!Maisçane
m’étonnepas.
—Tara?C’estàproposdeTara?luidemandaOliviad’unevoixinsistante.
Elleparaissaitauborddeslarmes.
Jaylaregardauninstant,regrettantqu’elleentendecequ’ilavaitàdireàQuentin,maispeut-être
qu’il était préférable qu’elle soit mise au courant du comportement de son mari. Les lèvres
tremblantes,OlivatournabrusquementlatêteversQuentin.
—Menteur!ditQuentind’unevoixhargneuse.Vatefairefoutre!
JaypivotaetattrapaQuentinparlecoldesachemise
—Allonsnousexpliquerailleurs.Justetoietmoi.
CelaépargneraitàOliviadelevoirmettreuneracléeàsonmari.
—Horsdequestion.
—Trèsbien.(Visiblement,cecrétinpréféraitqu’ilpoursuivedevantsafemme.)Tuasessayéde
tripoterTara,espècedeconnard!Tuasessayédel’embrasseralorsqu’ellet’aditnon.
—Quentin?demandaOliviad’unevoixaiguë.
Maissonmarineseretournapas.Bombantletorse,ilrepoussaJay.
—N’importequoi.Ellement.Cettepetite salope.Ellen’apas réussi à séduirePaul alors elle a
essayéavecmoi.
—Ferme-la!grondaJay.Sinontuvasleregretter.
Quentinricana.
—Alorscommeça,cettepetitetraînéet’amislegrappindessus!Etmaintenantelleracontedes
mensongessurmoi.
Jayplissalesyeux,bouillonnantdecolère.Quentinmentaiteffrontément,essayantdésespérément
desesortirdelasituationdélicateoùilsetrouvait.
—Quentin,est-cequ’ilditlavérité?
Oliviaavaitparléd’unevoixterne,résignée.
Jay jeta un coup d’œil à Olivia, mais le regretta aussitôt. Quentin profita de ce moment
d’inattentionpourluienvoyersonpoingsurlajoueavecforce.
—Espècedepetitemerde!criaQuentin,s’apprêtantàlefrapperdenouveau.
Maiscettefoisilnefutpasassezrapide.Jayesquivasoncoupetluidécochaunviolentuppercut
surlementon,suiviparuncrochetdegauchequiprécipitasonadversairecontrelatablederrièrelui.
—Situt’avisesdetoucherencoreunefoisTara,jeteprometsquetuleregretteras.
Apparemmentsonavertissementnefutpassuffisant.S’écartantdelatable,QuentinfonçaversJay
enbrandissantlespoings.Olivialessuppliades’arrêter,maissescrissemêlèrentauxrâlesdesdeux
hommesquiluttaient.Cetidiotnesavaitpasàquiilavaitaffaire.Personnenepouvaits’enprendreà
Tarasansconséquence.
—Espècede salaud ! l’insulta Jay, soulignant sesmotsparuncoupdepoingdans leventrede
Quentin,quiluicoupalesoufflependantquelquessecondes.
Il parvint cependant à se redresser, et Jay dut reconnaître qu’il était rapide. Faisant volte-face,
Quentinluidonnauncoupdepieddanslajambe.Jayperdituninstantl’équilibreetsonadversaireen
profitapourluienvoyervicieusementsonpoingsurlenez.
UngoûtdesangemplitlabouchedeJay,cequinefitqu’accroîtresafureur.Avecungrognement,
JayplaquaQuentinà terreet ils tombèrent tous lesdeuxsur la terrassecarrelée, sanscesserde se
battre.
—Arrêtez!hurlaOlivia.
JayavaitprisledessusetétaitentrainderouerQuentindecoups.
Àl’intérieurdelamaison,lespleursd’unpetitgarçonsefirentsoudainentendre.C’étaitJonathan,
lefilsd’OliviaetdeQuentin,quiétaitâgédetroisans.Jaypestaintérieurement.Unenfantnedevrait
pas voir ses parents dans une telle situation. Alors que les cris s’approchaient de la porte-fenêtre
ouverte, Jay lâcha Quentin avec réticence et se leva d’un bond. Quentin resta étendu par terre,
respirantlourdementetgémissantdedouleur.
Jaysepenchaau-dessusdeluietbranditundoigtmenaçant.
—S’iln’yavaitpastonfils,crois-moi,jenetelaisseraispast’ensortiràsiboncompte.Maissitu
t’approchesencoreunefoisdeTara,tun’auraspasautantdechance.
JaytournalatêteversOlivia.Illutuneprofondedouleurdanssonregardetéprouvaunsentiment
d’impuissance. Comment pouvait-il réconforter une femme enceinte de sept mois qui venait de
prendreconsciencequesonmariétaituneordure?
—Jesuisdésolé,Olivia,maisilétaittempsquequelqu’unleremetteàsaplace.
D’après ce que Paul lui avait raconté ces dernières années, Quentin était loin d’en être à son
premierécartdeconduite.Qu’ilaitdéjà trompéOliviapar lepasséounonn’étaitpassesaffaires,
mais c’était devenu ses affaires à partir dumoment où il avait commencé àmanifester un intérêt
déplacépourTara.
Tournantlestalons,Jaydescenditlesmarchesets’éloignaavecfureur,toutenessuyantlesangqui
coulaitdesonnez.
12
En attendant le retour de Jay, Tara ralluma son téléphone portable. Cinq nouveaux messages
l’attendaientsursonrépondeur.
Le premier message de sa mère était gentil. «Chérie, dis-nous où tu es pour qu’on vienne te
chercher.Onadûserateraprèslescandalequiaéclatéàlaréception.»Ildataitdelaveilleausoir,
peudetempsaprèslafinbrutaledelasoirée.
Le deuxième message était un peu plus insistant. « Tara, on n’a pas de nouvelles de toi et on
s’inquiète.Oùes-tu?»
Ses parents s’inquiétaient ? Elle n’en croyait rien ! Ils étaient juste contrariés qu’elle ne leur
obéissepasaudoigtetàl’œil.Leurmessagesuivantlemontraitbien.Cettefois,c’étaitsonpèrequi
parlait:
«Tara,rappelle-nousimmédiatement.OnaprévuderetourneràNewYorkcesoir.Etcen’estpas
poli de ta part d’ignorer les appels de tamère.Onne t’a pas élevée commeça ! Si je n’ai pasde
nouvellesdetoid’iciuneheure,ilyauradesconséquences,jeunefille!»
Ellesoupiraavecexaspération.Elledétestaitquandsonpèrel’appelaitjeunefille.Ilemployaitce
termequandilvoulaitluimontrerquicommandait,etcelanefaisaitquelarendreplusconscientede
ses échecs.Elle avait fait tout cequ’ellepouvait pour trouverun travail.Elle avait passéplusieurs
entretiens,etlespersonnesqu’elleavaitrencontréesavaientsembléimpressionnéesparsonportfolio,
maisellesavaienttouteschangéd’avis,brusquementetsansexplication.Taraavaitalorscommencéà
soupçonnersesparentsdesaboterleseffortsqu’ellefaisaitpouracquérirsonindépendance.
Chaquerejetavaitébranléunpeuplussonassurance.Sisesdessinsétaientvraimentprometteurs,
elle trouverait un travail, quoi que fassent ses parents pour dissuader un employeur potentiel de
l’engager. Alors peut-être qu’elle n’avait pas assez de talent. Mais elle n’était pas encore prête à
l’accepter.Saconfianceenelle–quin’étaitdéjàpastrèsélevée–risquaitdenepasseremettred’une
telleclaque.
«Prendsleprochainbusetrentreàlamaisonimmédiatement!»Lequatrièmemessageétaitde
sonpèreetdataitdumatinmême.Maisavantquesonpèreneraccroche,Taraeutletempsd’entendre
clairementlesparolesdesamère:
«Commentest-cequ’ellepeutmefaireça?Etdirequ’elles’estmêléeduscandalechezlesGilbert
enplongeantdanslapiscinepourensortircetivrogne.Maispourquoi?»
D’autresparentsauraientétéfiersdesonactehéroïque.Maissesparentsconsidéraientqu’elleleur
avaitfaitunaffrontenagissantainsi.Commesielleétaitvenueausecoursdel’hommejustepourles
contrarier.
«SalutTara, résonnaalors lavoixdesasœur.Est-ceque tuesencoredans lesHamptons?On
passe quelques jours avecAdamà Southampton pour voir ses amis, et jeme disais qu’on pourrait
allerfairedushoppingensemble.Rappelle-moi.»
Veronicaavaitparléd’untonlégeretnaturel.N’avait-elledoncpasencoreapprislanouvellepar
sesparents?Oubienluiavaient-ilsdemandésonaidepourlapiéger?Àvraidire,Taraneseraitpas
étonnée que samère se serve deVeronica pour la faire revenir à lamaison : sa sœur aînée était
exactementlegenredefilleobéissantequifaisaittoutcequeleurmèreluidemandait.
Malgrétout,elledécidadeluiaccorderlebénéficedudouteetdeluirépondre.Maiselleallaitêtre
prudenteettâterleterrain.
Quandest-cequetuveuxfairedushopping?écrivitTara,avantd’envoyerlemessage.
Laréponsedesasœurmitpresquecinqminutesàluiparvenir.
Lundionpasselajournéeaugolf,puisdînerchezlesRyan.Tuesdispomardi?
Soulagéequesasœurneluiproposepasdelavoirtoutdesuite,Taralaissaéchapperunsoupir.Si
sa mère était dans le coup, Veronica aurait insisté pour faire les magasins le lundi matin.
Apparemment,sasœurignoraitencorequesesparentslacherchaient.
Mardic’estparfait.Jetetiensaucourantdel’heureetdulieuderendez-vous,répondit-elle.
Àmardi,écrivitVeronicaquelquesinstantsplustard.
Unbruitretentitalorssurlepont,alertantTaraduretourdeJay.Coupantsontéléphoneportable,
ellelerangeadanssonsacpuissedirigeaversl’escalierquimenaitàlacabineprincipale.Uneodeur
depizzafraîcheluichatouillalesnarines,etsoudainelleeutfaim.
Ellesedépêchademonter,seréjouissantqueJaysoitrentré.Ilsavaientpassépresquetoutelanuit
et toute la journéeensemble,etpourtantellenese lassaitpasdesacompagnie.Ellesesentaitbien
aveclui.Ellepouvaitêtreelle-même,etc’étaitagréable.
—Jay,hmm,çasentbon,dit-elleenentrantdanslacuisine.
Ilavaitposélapizzasurlegrandîlotetétaitentraindesortirdeuxassiettesd’unplacard.
—J’espèrequetuasfaim,j’aiprisuneextralarge.
Jayseretournaàdemietposalesassiettesàcôtéducartondelapizza,puissortitdescouverts.
—Jen’aipasbesoind’unefourchette,jemangeraiaveclesdoigts.
Elle le sentit hésiter et sedemandapourquoi. Il finit par se tournervers elle enbaissant la tête.
Maisilnepouvaitpascachersonvisageensanglanté.
—OhmonDieu!Qu’est-cequit’estarrivé?
Tara contourna précipitamment l’îlot et voulut prendre Jay sans ses bras, mais il eut un
mouvementderecul.
—Cen’estrien.(Ilévitasonregard.)Oncommence?
Maiselleluipritlepoignet,neluilaissantpasletempsd’ouvrirlecartonàpizza.
—Tut’esfaitagresser?
Iltournalatête,nevoulantvisiblementpasqu’ellel’examinedetropprès.
—Net’inquiètepas,l’autreétaitplusamochéquemoi.
Ellelâchasamainetpritsonmentonentresonpouceetsonindex,leforçantàtournersonvisage
verselle.
Ilgrimaça.
—Cen’estrien.
Tarasecoualatête.
—Commentpeux-tudirequecen’est rien?Qui est-cequi t’a fait ça ?Est-cequequelqu’una
essayédevolertonportefeuille?
Jaysecoualatête,selibérantdel’étreintedesamain.
—N’enfaispastouteunehistoire.Jevaisbien.
—Tudoisallervoirlapolice!Tunepeuxpaslaisserquelqu’unt’agresserentouteimpunité.
—Jenemesuispasfaitagresser.
—Quoi?Maistu…(Elles’interrompit,s’efforçantdecomprendresesparoles.)Maissitu…(Elle
regardalesarticulationsdesesmains,quiétaientrougesetcouvertesd’éraflures.)Qu’est-cequetuas
fait?
—Ill’avaitmérité,lâchaJay.C’estunhommemarié,bonsang!Iln’apasledroitde…
Ils’interrompit,commes’ilenavaitdéjàtropdit.
—Quiest-cequetuasfrappé?
UnéclatdedéfibrilladanslesyeuxdeJay.
—Ilt’avaitfaitdesavances.
Taraprituneprofondeinspirationetportalamainàsaboucheavecuneexpressiond’incrédulité.
—OhmonDieu!Tut’esbattuavecQuentin?
—Et jeneleregrettepasuneseconde.Aucunhommen’a ledroitde toucherunefemmequand
elleluiditnon.
Tarasentitsoncœurs’arrêterdebattreuninstanteteutdumalàreprendresonsouffle.Jayavait
défendusonhonneur.Personnen’avaitjamaisfaitquelquechosed’aussigentilpourelle,etdeloin.
—Tut’esbattuaveclui?Pourmoi?
Jayserralamâchoire.
—Tucroisquejen’auraispasdû?Est-cequejeviensdefrapperunhommeinnocent?
Tarasecoualentementlatête.
—Non.Iln’estpasinnocent.Quentinm’avraimentfaitdesavances.Etquandjeluiaiditdeme
laissertranquille,iln’apasvoulum’écouter.
TarafitunpasversJayettenditsamainverssonvisage.Ils’écarta,maisellelecaressamalgré
tout,délicatement.
—Personnen’a jamais faitçapourmoi. (Ellesehaussasur lapointedespiedsetapprochases
lèvresdessiennes.)Est-cequetuvasmetrouverbizarresijetedisquejesuissoudaintrèsexcitée?
—Est-cequetuvasmetrouverbizarresijetedisquejevoudraistefairel’amourpassionnément
surl’îlotdelacuisine?réponditJay.
Tarasentitunsouriresedessinersurseslèvres.
—Jeseraisvexéequetun’enaiespasenvie.
13
Jayn’avaitjamaisfaitl’amourdanslacuisinedesonyacht.Nid’ailleursdanslacuisined’aucun
desesbateaux.Apparemment,ilyavaitunepremièrefoisàtout.
Taraportait encore le sarongqu’elle avait passé sur sonmaillot debain, cequi lui éviterait de
perdredutempsà ladéshabiller. Ils’emparadeses lèvreset l’embrassa,sanspenseràsonmenton
douloureux, tout en défaisant avec empressement le haut de son bikini. Celui-ci tomba par terre
quelquessecondesplustard,révélantsesjolisseins.
Ilétaitextrêmementexcité.Sondésirn’avait faitquecroîtredans la journée,d’abordenvoyant
ZachflirtereffrontémentavecTara,puisenallantchezlesGilbertpourfaireclairementcomprendre
àcetteorduredeQuentinqu’iln’avaitpasintérêtàs’approcherdenouveaud’elle.
Taramitsesmainssousletee-shirtdeJayetlespromenasursontorsetoutenplaquantsonbassin
contrelesien.Ellelâchaungémissement,salanguedansantaveclasienne,seslèvresexigeanttoute
sonattention.Quandelleremontasontee-shirtpourleluiretirer,Jaylâchaseshanchespourl’aider.
Le désir qu’il lisait dans les yeux avides de Tara lui arracha un grognement. Elle le dévorait
littéralementdesyeux.Lui, l’hommequ’elleprenaitpourunpauvre serveur.Elle levoyaitpour la
personnequ’ilétaitvraiment,etpaspoursonargentousonstatutsocial.
Avecimpatience,ilglissasesmainssoussonsarongettirasurlesficellesquimaintenaientlebas
desonbikini.Uninstantplustard,saminusculeculotteseretrouvaàsontoursurlesol.
Passant ses pouces sous l’élastique du short de Jay, Tara commença à le descendre, et il
s’empressadefairelereste.Commesouvent,ilneportaitrienendessous.
Son sexe était déjà dur et pendait lourdement entre ses jambes. En voyant la façon dont Tara
l’observaitensemordantlalèvreinférieure,ilréprimaungémissement.
—Tara,tuvasmerendrefousitucontinuesàfaireça.
Ellelevalesyeuxversluiavecuneexpressioninnocente.
—Àfairequoi?
—Àmeregardercommeça.
—Commequoi?
—Tusais trèsbien,grogna-t-ilen la retournantd’uncoup,demanièreàcequ’ellese retrouve
penchéeenavantau-dessusdel’îlotdelacuisine.
Heureusement,celui-ciétaitassezgrand,etiln’eutpasbesoindejeterlapizzaparterre.
—Maintenant,soisunegentillefilleetlaisse-moitefairel’amour,demanda-t-ilsuruntonferme
enremontantsonsarongautourdesatailleetensedélectantdelavuedesesfessessidouces.
—Tuveuxplutôtdire,soisunevilainefilleetlaisse-moitefairel’amour,lecorrigeaTara.
Jaypouffa.
—Oui,soisaussivilainequetuveux.
Ilremarquaalorsquesesfessesétaientpresqueaussihâléesquelerestedesoncorps.Sepenchant
au-dessusd’elle,ilcaressadélicatementsapeauveloutée.
—Tuaimesbientedorerlapiluletoutenue,jemetrompe?
—Detempsentemps.
—J’ail’impressionquec’estplusfréquentquedetempsentemps,chérie.Dommagequ’onaiteu
uninvitésurlebateauaujourd’hui,sinonj’auraiseuleplaisird’étalerdelacrèmesolairesurtonjoli
culettesmagnifiquesseins.
Ilposasamainàplatsursonderrièreetlafitglisserentresescuisses,mouillantsesdoigtsdans
sonintimitéhumide.
LarespirationdeTarasefitirrégulière.
—Peut-êtrelaprochainefois.
—Oui,laprochainefois.(Ilenfonçaundoigtenelleetsentitsesmusclessecontracter.)Etpeut-
êtrequelaprochainefois,jeteferail’amourdehorssurlepont.Çateplairait?
Elleétait tellementexcitante!Iln’avaitjamaisvraimentaiméparlercrûment,maisquandilétait
avecTarailnepouvaitpass’enempêcher.Ilavaitenviedelafairesortirdesacoquilleetdelafaire
arriveraupointoùellelesupplieraitdelaprendre.
—Etsiquelqu’unnousvoyait?murmura-t-elle.
Jaydéposaunbaisersursoncoutoutenfaisantdesva-et-vientenelleavecsondoigt.
—C’estunrisqueàprendrequandonestunevilainefille.
Taragémit.
—Nejouepasavecmoi,Jay!Est-cequetuvasmefairel’amourounon?
—Chaque chose en son temps, répondit-il en regardant autour de lui, se demandant s’il avait
rangédespréservatifsquelquepartdanslacuisine.
Sansdoutepas.Ildevraitallerenchercherundansuntiroirdelacabineprincipale.
Avecréticence,ilretirasondoigt.
—Reste-là.Nebougepas.
Tournantlatête,elleluilançaunregardinterrogateur.
—Oùest-cequetuvas?
Ilsouritenvoyantsonexpressiondéçue.
—Jevaischercherunpréservatif.
Quelquessecondesplustard,ilenfilaitlemorceaudelatexsursonérection.Quandilrevintdans
lacuisine,Taraétait toujourspenchéesur l’îlot, sa jouegauche reposant sur la surface lisseet ses
fessespointéesverslui.
Sonmembrefrémitàcettevue.Iln’avait jamaisétéaussiavide,aussi impatient.Quandilarriva
devantelle,illapritparleshanchesetlatintimmobile.Puis,sanspréambule,ilpénétrasonintimité
chaudeethumided’uncoupdereins.
Taralâchaunsoupirétouffé.
—Oh,Jay!
—Jet’aifaitmal?demanda-t-ilens’arrêtant.
Secouant la tête,ellepoussasesfessescontre luipour leprendreplusprofondémentenelle.Un
râledeplaisirs’échappadeslèvresdeJay.
— Oh oui, c’est tellement bon d’être en toi, articula-t-il en serrant les dents, s’efforçant de
réprimersonenviedejouir.
Commentcettefemmepouvait-elleluifaireperdrelecontrôleainsi?Ilavaittoujoursréussiàse
maîtriser, avait toujours connu ses limites.Mais Tara ne cessait de le prendre de court. Était-ce à
causedesonair innocent?Oubiendesa franchisedésarmante,qui faisaitdisparaître lemurqu’il
avaitérigéautourdesoncœurpourseprotégerdesfemmescalculatrices?
Jaysemitàsemouvoirenelleàunrythmerégulier,faisantattentionànepass’enfoncerenelle
trop vite ou avec trop de force,même s’il savait qu’ils en avaient tous les deux envie.Mais il ne
voulaitpasquecemomentsiagréableseterminetropvite.Tarasepenchaencoredavantageenavant,
pressantsapoitrinenuecontrelasurfacelissedel’îlottandisqu’ilfaisaitalleretvenirsavergeen
elle.Ilnepouvaitdétachersonregarddecespectacle.
—Jen’aijamaisrienvud’aussisexy,murmura-t-il.
Elletournalatêteverslui.Seslèvresétaiententrouvertesetsespupillesdilatées.Approchantune
mainde sonvisage, il passa sondoigt le longde ses lèvres.Elle leprit dans saboucheet le suça
commeellel’auraitfaitavecsonsexe.
—Chérie,tumerendsfou,dit-ilenretirantsondoigtdesabouche.
—Prends-moiplusfort,Jay.Tusaisquetuenasenvie.
—Ettoi?Tuenasenvieaussi?demandaJaysuruntoncajoleur,bienqu’ilconnaisselaréponse.
ElleétaitécritesurlevisagedeTara,etconfirméeparlafaçondontelleondulaitleshanchesvers
l’arrièrepourl’inciteràs’enfoncerdavantage.
—S’ilteplaît!
—J’adorequandtumesupplies.
Celal’excitaitencoreplus.ReposantsesmainssurleshanchesdeTara,ill’attiraversluitouten
avançantsonmembreenelle.
Elle soufflaavec forceetpoussaungémissement. Il aimait tant l’entendre s’exprimerainsi.Ses
testiculeslebrûlaientàprésent,impatientsdelibérerleursemence.S’ilneportaitpasdepréservatif,
il se serait déjà répandu en elle. La barrière du latex lui permettait de tenir quelques précieuses
minutesdeplus.Pasplus.Ilavaitpourtantunecertaineenduranceaulit,maisavecTarailsemblait
incapabledetenirtrèslongtemps.
Jamais il n’avait connu sensation plus agréable que celle de sa délicieuse chatte enserrant son
érection. Il n’arrivait pas à comprendre comment quelqu’un avait pu s’ennuyer en faisant l’amour
avecTara.Maiscela l’arrangeaitd’unecertainemanière,parcequecela signifiaitqueTaran’avait
pasd’autrehommedanssavie.Elleétaitlibred’êtreaveclui.
Conscient qu’il n’était pas loin d’atteindre le point de non-retour, Jay lâchaunedes hanches de
Taraetavançasamainsursonintimité.
—Jeveuxquetujouissesavecmoi,chérie.
—Jesuistellementproche.
Ilfrottasonclitorisavecunmouvementdélicatetrégulierdesondoigt,toutencontinuantàaller
etvenirenellepar-derrière.
—Tuestellementincroyable,murmura-t-il.Tellementparfaite!Jepourraistefairel’amourjour
etnuit.
—Oh,oui!
Il se penchavers elle, approchant ses lèvres de son cou et embrassant sa peau luisante à pleine
bouche.
—J’aimeraispouvoirt’enchaîneràmonlitetléchertabellechattesidoucechaquefoisquej’en
aienvie.Est-cequetuaimeraisça,Tara?Est-cequetuaimeraisêtreàlamercidemaboucheetde
maqueue?
Aulieudeluirépondre,Tarafutprisedeviolentsspasmes.Sesmusclesintérieurssecontractèrent
avec force autour de sonmembre, déclenchant immédiatement son orgasme. Ils jouirent ensemble
avecintensité.
Respirantbruyamment,Jaydiminuapetitàpetit la forcedesescoupsdereins, jusqu’àcequ’ils
soienttouslesdeuximmobiles.
—Jay…Waouh.
Ilenfouitsonvisagedanslecreuxdesoncou.
—Oui,commetudis.
Ses jambes tremblaient encore sous la violence de son orgasme. Mais il n’avait pas envie de
quitterleniddouilletdeTara.Pendantdelonguessecondes,ilrestaainsisansparler,appuyécontre
l’îlotdelacuisine,sonmembreencoreenfouienelle.
Ungargouillementrompitsoudainlesilence.
—Désolée,jecroisquej’aibesoindemanger,murmuraTara.
Ilpouffa.
—Tapunitionvaêtredemangerdelapizzafroide.
—Pourquoiest-cequejesuispunie?demanda-t-elleenleregardantdanslesyeux.
—Parcequetum’asséduit.
Taralevalesyeuxaucielenfaisantmined’êtreénervée.
—C’est moi qui t’ai séduit ? (Elle lui montra la position dans laquelle ils se trouvaient.) Les
preuvessemblentplutôtindiquerlecontraire.C’esttoiquim’ascoincée.
—Etjecroisquetuasbienpristonpied.
—Làn’estpaslaquestion.
Ilsemitàrireetseretirad’elle,puisillafitseretournerversluietlaserraavecforce.
—Tara,c’est justement laquestion.Jeveuxm’assurerque tuprends tonpied,et jemeferaiun
plaisirderecommencerplustardsituasbesoind’uneautredémonstration.
14
Jay lâcha un grognement en voyant la longue liste d’emails qui l’attendait dans sa boîte de
réception.Ilsetrouvaitdansl’alcôvequiluiservaitdebureausurlebateau,unmugdecaféfumant
prèsdelui.Ilétait tôtcematin-là,etTaradormaitencore.Il l’avaitépuiséelaveilleausoir,etelle
n’avaitmêmepasbougéquand il était sortidu lit, avait enfiléunshortet étaitmonté sans fairede
bruit.
Il se réjouissait d’avoir un peu de temps pour lui. Non pas parce qu’il en avait marre de la
compagniedeTara,loindelà.Maisilavaittoutdemêmeuneentrepriseàgérer,ettoutcelaàl’insu
deTara.Elles’étaitavéréeassezaventureuseetdésinhibéeaulit,etc’étaitexactementcequ’ilaimait
chez une partenaire sexuelle. Il songea alors que ce terme sonnait faux pourTara.Elle n’était pas
seulementcela,mêmes’ilignoraitcommentdécrirecequ’ilyavaitentreeux.Ilétaitencoretroptôt
pourparlerderelation,maistroptardpourclasserleurhistoired’aventured’unsoir.
Ils en étaient au stade gênant où ils n’avaient pas encore discuté de ce qu’ils étaient l’un pour
l’autre ou de l’exclusivité de leur relation. Jay avait encore dumal à savoir s’il faisait une grave
erreurenluicachantsavéritableidentité,ousic’étaitlameilleurechoseàfaire.
Avecunsoupir, ilpassaen revuesesemails, répondant rapidementauxplusurgents. Ilavançait
plutôt bien, jusqu’à ce qu’il tombe sur un message de Nadine, sa designer d’intérieur. Il l’avait
engagéesixmoisplus tôtpour travaillerexclusivementsur l’aménagementde lanouvelle lignede
yachtsdesonentreprise,HannonBoats,quidevaitêtrelancéeàl’automne.Ilbutunegorgéedeson
caféetouvritl’email,impatientdedécouvrirsesdernièresidéesingénieuses.
Ilparcourutendiagonalelebreftexte.Clignantdesyeux,illerelut.
… regret de vous informer… une offre de Bluestar Yachting que je n’ai pu refuser… à compter
d’aujourd’hui…
—Merde!jura-t-il.
Commentcelaavait-ilpuseproduire?IlavaitfaitàNadineunepropositionfinancièreplusque
généreuse,et elle le remerciait endémissionnant sanspréavis?Etde surcroîtpour travaillerpour
BluestarYachting,sonplusgrandconcurrent?L’entreprisequiavaitessayéàdenombreusesreprises
d’infiltrerdesespionschezHannonBoatspourcopierlesconceptsbrevetésdeJay?
Ilfrappadupoingsurlebureau.Maisilneseraitpasarrivélàoùilenétaitaujourd’huis’ils’était
laissé piquer au vif par ce genre de revers. Lemessage de Nadine neméritait pas de réponse. Il
s’empressa d’envoyer un email à son assistante, Karina, pour l’informer de la nouvelle et lui
demander de couper immédiatement l’accès de Nadine aux dossiers de l’entreprise. Il la pria
égalementderevoirlalistedecandidatsqu’elleavaitsouslamain.Ilcontactaensuitelesavocatsde
HannonBoats,enleursuggérantd’envoyerunelettreàNadinepourluirappelerqu’elleavaitsigné
unaccorddeconfidentialitéetqu’uneviolationdecelui-ciluicoûteraitcher.
Maiscen’étaitpassuffisant.S’ilvoulaitrespecterlecalendrierdeproductiondesanouvelleligne
deyachts,JaydevaittrèsrapidementremplacerNadine.Ilcraignaitcependantnepasréussiràtrouver
un bon designer d’intérieur dans sa liste de candidats. Il avait besoin qu’on lui recommande
quelqu’un.Ildécidaalorsd’écrireunemailàsesamis,expliquantprécisémentcequ’ilrecherchait.Il
l’envoyaàZach,DanieletXavier,maisaussiàPaul,Hunteretlesautres.Enfait,àtouslesmembres
duClubdeséternelscélibataires.
LeClubn’étaitpasseulementungrouped’amis.Ils’agissaitplutôtd’uneconfréried’hommesqui
se respectaient et s’entraidaient quand c’était nécessaire.Quelquesmois auparavant, ils avaient uni
leurseffortspourétoufferlesrumeursquicouraientsurSabrina,lafiancéeetdésormaisépousede
Daniel, et selon lesquelles elle avait été une call-girl. Peut-être que la bande pourrait désormais
l’aideràrésoudreunproblèmebeaucoupplussimple.Lesseptautresmembresduclub–ilsn’étaient
plusquesixdepuisqueDanielavaitquittéleClublejourdesonmariage–dirigeaientdesentreprises
florissantes et avaient denombreuses relations.L’und’eux connaîtrait sûrement la personne idéale
pourcetravail.
Jays’enfonçadanssonfauteuilets’étira.Ilneluirestaitplusqu’àattendre.Unbruitdepiedsnus
dansl’escalierluifittournerlatête.Ilrefermal’ordinateurjusteaumomentoùTaraentrait.
Elle s’avança vers lui, et Jay promena son regard sur elle. Elle portait son peignoir et
manifestementrienendessous.Ilpourraits’habitueràcela.Àelle.
—Pourquoiest-cequetunem’aspasréveillée?luidemanda-t-elleens’asseyantsursesgenoux.
Elle passa naturellement ses bras autour de lui, et il attira son visage près du sien, effleurant
doucementsesmagnifiqueslèvresrouges.
—Bonjour.(Ilposanonchalammentsamainsursacuisse.)Jevoulaistelaissertereposeraprèsla
nuitqu’onapassée.
—Jen’aipasbesoinderepos.
Avec un petit rire, il desserra la ceinture de son peignoir pour pouvoir y glisser sa main et
caressersapeaudouce.
—Ondiraitquejesuistombésurunefemmeinsatiablequiabesoindemonattentionconstante.
Tarafitlamoue.
—Jenesuispasenmanqued’affection,sic’estcequetuessaiesdedire.
—Oh, ce n’est pas du tout ce que je voulais dire. Je faisais référence à ton appétit sexuel. J’ai
l’impressionqu’ilest trèsfort,si jemesouviensbiendelafaçondonttum’aschevauchéhiersoir
commesituavaislediableauxtrousses.
Tarapiquaunfardcommeuneécolière.
Ilrecouvritalorssonseindesamainet lepressadoucement, toutenfrottantsontétonavecson
pouce.
—Jen’aipasrêvé,hein?
Il l’attira sur ses genoux et elle se retrouva soudain à califourchon sur lui, son peignoir grand
ouvertetsonintimitécolléecontresonentrejambe.Ilsentaitdéjàsonmembredurcir.
Tarasoupira.
—J’aimeraisbienqu’onaitplusdetemps,maisilestdéjàhuitheurespassées.
—Etalors?dit-ilenécrasantsonbassincontreelle.
—C’estlundi.TunedoispastravaillersurlamaisondeZach?
Laquestionlefitsursauter,etilpestaintérieurement.S’ilnevoulaitpastrahirsacouverture,ilne
pouvaitpassecomportercommeunrichecélibatairequipouvaitsepermettredepasser la journée
entièresursonyachtàfairel’amouràunesuperbefemme.Taradevaitcontinueràcroirequ’ilétait
unhommenormal,unhommequitravaillaitdesesmainsetn’avaitpasleluxedeprendreunjourde
congéchaquefoisquecelaluichantait.D’ailleurs,ilnelefaisaitmêmepasalorsqu’ilétaitlePDGde
sa propre société. Il était un habitué des semaines de soixante heures.Mais être sonpropre patron
avait ses avantages. Il pouvait choisir quand il voulait travailler et quand il voulait se détendre.
Apparemment,onnepouvaitpasfairedemêmequandonétaitunhommeordinaire.
—Oui,etc’esttrèsénervant,reconnut-ilendonnantunetapeaffectueusesurlesjoliesfessesde
Tara.Tuferaismieuxdet’habilleravantdemetenterencoreplus.
Ellesouritavecunaircoquinetseleva.
—Tuestentéparmoi?
Jayselevadesonfauteuil.
—Tuconnaisdéjà la réponse. (Il l’embrassasur leboutdunez.)Est-ceque tuveuxprendreun
petitdéjeuneravantquejeparte?
Ellesecoualatête.
—J’iraiacheterquelquechoseauvillage.
—ÀAmagansett?
—Oui,jemesuisditquejeprofiteraisdetavoiture.Jen’enaipasici,carj’aiprislebuspour
venirdanslesHamptons.Lamaisonestprèsd’Amagansett,c’estbiença?
Ilhocha la têteavecunairhébété.Zut ! IlnepouvaitpasemmenerTaraenvoiture.Pasdanssa
Ferrari.Toutesacouverturevoleraitenéclatsdèsqu’elleverraitlevéhiculequ’ilconduisait.
—Ilfautquej’aillefairequelquescourses,carjen’aipasmisgrand-chosedansmavalise.Euh…
(Ellehésitasoudain.)Jay?
Saquestionletiradesespensées.
—Oui?
—Est-cequetuessûrquejepeuxdormiriciquelquetemps?Parcequesituneveuxpasqueje…
Ilposaundoigtsurseslèvres.
—Non,non.Jetel’aidit,jeveuxqueturestes.
UnsouriredesoulagementéclairalevisagedeTara.
—Tantmieux.Laisse-moijusteletempsdeprendreunedoucherapideetdem’habiller,etensuite
tupourrasmedéposerprèsd’Amagansett.
Elletournalestalons,sansluilaisserletempsdetrouveruneexcusepourluiexpliquerquec’était
unemauvaiseidée.Unetrèsmauvaiseidée.
Ildevaitréfléchirvite.IlnefallaitsurtoutpasqueTarasachequ’ilavaituneFerrari.Maisilavait
besoin d’une voiture pour se rendre jusqu’à la maison. Le bateau était amarré tout au bout de
Montauk,etlamaisonsetrouvaitàl’autreextrémité.
Jayattrapason téléphoneportablesur lebureauetparcourut la listedesesderniersappels.Qui
étaitencemomentdanslesHamptonsethabitaitsuffisammentprèspourluiprêterunevoiture?
Paul ?Non, sa sœur lui avait dit qu’il était rentré àNewYork. Instinctivement, Jay se frotta le
menton. Il avait encore un peu mal à cause des coups de Quentin, mais ses bleus allaient vite
disparaître.
Daniel?IlséjournaitavecSabrinachezsesparentsàMontauk,maisilsdevaientsûrementencore
dormir.
Hunter?Iln’avaitpasdemaisonàLongIsland,maisilétaitvenudeNewYorkspécialementpour
laréceptiondesGilbert.Àlasoirée,ilavaitmentionnéqu’illogeaitdansunBedandbreakfastàEast
Hampton.C’étaitbienplusprèsque lamaisondeZach,quiétaitsituéequelqueskilomètresplusau
sud deMontauk, àBridgehampton.De plus,Hunter était un lève-tôt et il avait toujours de bonnes
idées.
C’esturgent,luiécrivitJaypartexto.J’aibesoindetonaide.
Qu’est-cequisepasse?luiréponditaussitôtsonami.
Parfait.
J’aibesoind’unevieillebagnoletoutdesuite.
Vieille?
Oui,untacotdéfoncé.Tupeuxmetrouverça?
Biensûr.
Jayluiindiqual’endroitoùgarerlavoiture.
Donne-moiunedemi-heure.Jet’apportelesclésaubateau.
Non, lui répondit Jay immédiatement. Arrange-toi pour me donner les clés discrètement. Fais
semblantdenepasmeconnaître.
Ilyaquelquechosequinevapas?
C’estjusteunservicequejetedemande.
D’accord.
JayappréciaitbeaucoupHunter.Ilneposaitpasdequestions.Outoutaumoins,ilfaisaitcequ’on
luidemandaitavantdeposerdesquestions.Hunterétaitsansdoute lemembreduClubdeséternels
célibatairesquilecomprenaitlemieux.ToutcommeJay,Hunterétaitpartiderienetavait travaillé
dur pour arriver là où il en était. Sa famille n’était pas riche, mais il était débrouillard, très
débrouillard.
Avecunpeudechance,Hunterparviendraitàdénicherunevieillevoiturerouilléeetàluiremettre
lesclésàl’insudeTara,sanséveillersessoupçons.
15
TaramitsonsacàmainenbandoulièreetpritlamainqueJayluitendaitpourl’aideràdescendre
duyacht. Il lagardadans la siennealorsqu’ilsmarchaient sur le longpontonenboismenantà la
terreferme.
Ilsse trouvaientdansunepetitebaie tranquillesituéedans lapartieouestdeMontauk,de l’autre
côté de l’océan Atlantique. Dans ces criques plus calmes, les maisons possédaient leurs propres
pontonspouryamarrerlesyachtsetlesvoiliersdespropriétaires.
—JemedemandepourquoiZachamarresonyachtici.Iln’yapasdepontondanslamaisonsur
laquelletutravailles?demanda-t-elleàJay.
—Iln’estpasencoreprêt.Onytravaille.
Jayl’emmenaversunsentierquipassaitentredeuxvastespropriétés.Dechaquecôtéduchemin,
dehautesclôturesassuraientl’intimitédeshabitants,etdesarbresetdesbuissonsempêchaientdevoir
lesvillas.
—Est-cequeçateplaît?
—Detravaillersurcechantier?Oui,c’estunsuperprojet.
—Çadoitêtretrèsfatigant.
Ilhaussalesépaules.
—Çanemedérangepas.
—Çadoitêtregratifiantd’avoiruntravailqu’onaime,fit-elleremarquersuruntonpensif.
Jaytournalatêteverselle.
—Tontravailneteplaîtpas?
—Jen’aipasdetravailpourlemoment.(Ellesesentaithonteusedel’admettre.)Jecherche,mais
cen’estpasfacile,surtoutavecmesparentsquin’arrêtentpasdememettredesbâtonsdanslesroues.
—Commentça?
Tarasoupira.
—Mon père connaît beaucoup demonde. Et chaque fois que je posema candidature pour un
travailquim’intéresse,ilyatoujoursquelqu’unpourlecontacter.
—Pourquoi?
— Je n’ai pas de vraies références, sauf dans une entreprise où j’ai fait un stage. Alors les
employeurssedisentqu’ilsn’ontrienàperdreàappelermonpèrepourluidemanders’ilsontintérêt
àm’engager.
—Etlaisse-moideviner:tonpèreleurditqueçanevautpaslapeine?
Ellehochalatête.
—Jenepeuxpasenêtrecertaine,maisc’estcequejesoupçonne.Ilneleurditsûrementpasça
aussidirectement,maisilluisuffitdefairequelquesallusionssubtiles.Parexemple,«Oh,ceserait
vraiment bien qu’elle ait un petit travail pour s’occuper avant de se marier ». Mais qui voudrait
recruterunecandidatequirisquededémissionnerdèsqu’onluipasseralabagueaudoigt?
—Hmm…Est-cequetuasdéjàpenséàpostulersousunautrenom?Seulementjusqu’àcequetu
obtiennes leboulot.Unefoisqu’ils t’aurontembauchée, tupourras toujours leurdirequi tues.Au
moins,tusaurassic’estvraimentàcausedetesparentsquetuasdumalàtrouverdutravail.
Taras’arrêtademarcher.
—C’estunesuperidée!Pourquoiest-cequejen’yaipaspenséplustôt?
Jayluifitunclind’œil.
—Unepetite supercherie innocentepermetparfoisdecombattre la sournoiserie etd’obtenir ce
qu’onveut.Iln’yariendemalàça.Alors,dis-moi,qu’est-cequetuasenviedefaire?
—Jesuispassionnéeparledesign.
—C’estunvastesecteur.Ildoityavoirdenombreusesopportunités.
—Oui,etjevaisensaisirune.
Elle sentit aussitôt la confiance lui revenir. Jay avait raison. Il fallait juste qu’elle postule
différemment.
Avecunsourire,Tararegardalarueoùilsvenaientd’arriver.Seulesquelquesvoituresyétaient
garées,carlaplupartdesmaisonsdisposaientdegrandsgarages.
Unhommed’une trentained’années en tenuedécontractéemarchait sur le trottoir, un téléphone
portablevisséàl’oreille.Ils’avançaitdansleurdirection,maisnesemblamêmepaslesremarquer.
—Ouioui,c’estaussicequejeluiaidit.Maisqu’est-cequej’ensais?ditl’étrangerautéléphone,
visiblementabsorbédanssaconversation.
Taramontradudoigtlesvoituresdel’autrecôtédelarue.
—Laquelleestlatienne?
Ilyenavaittrois:uneFerrarirouge,unpick-updéfoncéetuneToyotarouillée.
—Quoi?demandaJay,quisemblaitdistrait.
Soudain,l’hommequimarchaitdanslaruelebouscula.Descléstombèrentparterredansunbruit
métallique.
—Hé,faitesattention!ditl’étrangerenécartantsontéléphonedesonoreille.
Jayetl’étrangersebaissèrentenmêmetemps,ramassantchacunleurtrousseaudeclés.
—Vousnedevriezpeut-êtrepasparleretmarcherenmêmetemps,fitremarquerJay.
—Regardezoùvousmarchez,répliqual’étranger,visiblementencolère,avantdetraverserlarue
poursedirigerversuneFerrarirougequ’ilouvritàdistance.
Tarajuradanssabarbe.
—Typique!
Évidemment, l’hommeavait de l’argent et pensait que cela lui donnait ledroit de se comporter
grossièrement.
JayrepritlamaindeTara.
—Laissetomber.
—Comment est-ce que tu peux rester aussi calme ?C’est lui qui t’est rentré dedans. Il devrait
s’excuser.
Jayl’attirasoudainverslui,sonvisagetoutprèsdusien.
—Net’inquiètepaspourça,chérie.(Ill’embrassatendrementsurleslèvrespourl’apaiser.)Jene
melaissepasperturberparcegenredetypes.
Ils’écartaalorsetjetauncoupd’œilauxclésqu’ilavaitdanslamain.Ilfitungesteverslepickup.
—Tuessûrequetuasenvied’êtrevuejusqu’àAmagansettdanscettebagnolerouillée?
—Honnêtement,jen’enairienàcirer,répondit-elleens’efforçantdeparlersuruntonferme.
Jayétaitvisiblementgênédel’étatde«sa»voitureetellenevoulaitpasajouteràsonembarras.
Quelquesinstantsplustard,elles’installasurlesiègepassagerdupickup,etJayroulaverslesud
surlaroutedeMontauk.Malgrélesbouchonsdulundimatin,letrajetfutagréable.
—Oùveux-tuquejetedépose?luidemanda-t-ilalorsqu’ilsarrivaientàAmagansett.
—Oh,oùçat’arrange.Oùestlechantier?
Jayralentitets’engageadanslarueprincipale,quiétaitbordéedeboutiquesaucharmedésuet.
—C’estaunord-estd’ici,verslabaiePeconic.
—C’esttrèsbienici,alors.Est-cequetuveuxquejeteretrouveauchantierplustard?demanda-t-
elle.
—C’estassezloin.Tunepourraspasyalleràpiedd’ici.
—Jepeuxprendreuntaxi.Quelleestl’adresse?
Jaysortitunpetitbloc-notesdesapocheetygriffonnauneadresse.
—Maisnetesenspasobligéed’allerjusquelà-bas.Tupeuxm’appelertoutàl’heureetjepasserai
techercherenville.(Illuitenditlapetitefeuilledepapier.)J’aiaussimismonnumérodeportable.
Ellesepenchaversluietl’embrassa.
—Merci.
—Àtoutàl’heure.
Taradescenditdelavoitureetleregardas’éloigner.
Elleentradanslepremiercaféqu’ellevit,commandauncafécrèmeets’installaàunetabledans
uncoin. Jay luiavait redonnéconfianceen lui suggérantd’envoyerdescandidaturessousunautre
nom.C’était la solutionà sesproblèmes.Siunemployeurpotentielneconnaissaitpas sonnomde
famille,sesparentsnepourraientrienfaire.Elleobtiendraituntravailgrâceàsonseulmérite.Oune
l’obtiendraitpas,cequiétaitaussiunpeueffrayant.Etsiellen’étaitfinalementpasàlahauteur?Etsi
ses professeurs n’avaient fait l’éloge de ses idées que parce que son père avait généreusement
participéauxcollectesdefondsdel’université?Etsiellen’avaitaucuntalent?
S’efforçantdechassersespenséesnégatives,TarapritsoniPaddanssonsacàmainetl’alluma.
Elle avait unportfolio impressionnant, constituépendant ses annéesd’études. Il était rempli de ses
créationsdansdifférentsdomaines,delamodeauxproduitsenpassantparl’architectured’intérieur.
Siseulementellepouvaitêtremiseenrelationaveclabonnepersonne,elledécrocheraituntravail.
Pendant que son iPad démarrait, elle sortit son téléphone portable de sa poche et l’alluma. Un
messagevocall’attendait.Taraseraiditetpritunegorgéedesoncaféavantdel’écouter.Sesparents
nebaissaientdoncjamaislesbras?Dequoiallaient-ilsencorelamenacer?
Elleappuyasurleboutonpourécouterl’enregistrement.
« Salut Tara, c’est Paul. Paul Gilbert. Écoute, j’ai une opportunité de travail qui pourrait
t’intéresser.Rappelle-moidèsquetuascemessage.»
Tara sentit son cœur bondir dans sa poitrine. Une opportunité de travail ? Paul lui avait
effectivementpromisde la tenir informées’ilentendaitparlerdepostespour lesquelsellepourrait
être qualifiée, mais à vrai dire elle ne s’était pas vraiment fait d’illusions. Les gens promettaient
beaucoupdechoses,etcomptetenudetoutcequis’étaitpassédanslaviedePaulcesderniersjours,
ellenepensaitmêmepasqu’ilserappelaitqu’ellecherchaituntravail.
Elle trouva le numéro de Paul dans son répertoire et s’empressa de l’appeler. Trois sonneries
retentirentavantqu’ilréponde.
—Salut,Tara,réponditPaulgaiement.
—Salut,Paul!Jeviensjusted’écoutertonmessage.(Elles’arrêtaalors,nevoulantpasparaître
tropimpatiente.LamoindredeschosesétaitdeluidemanderdesnouvellesdeHollyetlui.)Comment
allez-vous,Hollyettoi?Toutvabien?
Unpetitrirerésonnaàl’autreboutdufil.
—Çanepourraitpasallermieux.OnestàNewYork. (Taraentenditalorsunsonétouffé.Paul
était-ilentraind’embrasserHolly?)Ensemble.OùensontlescomméragesdanslesHamptons?
—Jenesaispas.Jesuispartiedecheztesparentsjusteaprèslaréception,etjen’aivuniparléà
quiquecesoitdepuis.
— C’est une sage décision, fit remarquer Paul. Alors, je suppose que tu cherches toujours un
travail?
—Oui,toutàfait.
—Parfait.Undemesamisabesoind’undesignerd’intérieurpoursanouvellelignedeyachts.Il
dirigeHannonBoats.Tusais, les immensesyachtsde luxe.Est-cequeçapourrait t’intéresser?Tu
m’asbienditquetucherchaisdansledesign,non?Maisjenesavaispastropdansqueldomaine…
— Ça m’intéresserait beaucoup ! l’interrompit Tara. J’ai plein d’idées de design dans mon
portfolio,quejepourraistrèsbienadapterpourunyacht.Mêmetellesquelles,ellesconviendraient.
—Parfait.Alors,envoie-moitonportfolio.Jevaisessayerdet’obtenirunentretien,d’accord?
—Tueslemeilleur,Paul!
Quellechance!Enfin,uneopportunitéseprésentait!Elleallaitmontreràsesparentsqu’elleétait
capabledesedébrouillerseule.
—Onfaitcommeçaalors.
—Oh,attends,unechoseencore,l’arrêta-t-elle,ayantpresqueoubliéleplusimportant.
—Oui?
—Est-ce que tu peuxme faire une faveur et ne pas donnermon nom ? J’aimerais bien rester
anonyme.Est-cequeçat’ennuie?
—Ilyaunproblème,Tara?demandaPaul,paraissantsoudainpréoccupé.
Ellesoupira.
—C’estjustequej’aimeraisobteniruntravailgrâceàmescompétences,etpasgrâceàmonnom
defamille.Tucomprends?
C’étaitunpetitmensongepieux.EllenevoulaitpasadmettredevantPaulqu’ellesoupçonnaitses
parents de saboter ses recherches de travail. Elle le laissait simplement penser qu’elle n’avait pas
enviequesonnomapparaissepournepasêtreprivilégiée,alorsqu’enréalitéc’étaitlecontraire.
—Pasdeproblème.Quelnomest-cequetuvoudraisutiliser?
—Euh.(EllebaissalesyeuxverslestitresduNewYorkTimessursoniPad.)York.Euh,JaneYork.
Janeétaitsondeuxièmeprénom.
—Trèsbien,jeterappelleraiplustardpourtedonnerlesdétails.
—Merci!
UnclicsurlaligneluiindiquaquePaulavaitraccroché.
Taraposasonportablesurlapetitetable,lesmainstremblantesd’excitation.C’étaitl’opportunité
qu’elleattendait.Ilneluirestaitplusqu’àenvoyersonportfolioàPaul,etils’occuperaitdureste.Par
chance,elleavaitenregistrétoussesfichierssurlecloudetpouvaityaccéderdesoniPad.Ellepassa
enrevuesesdossiers,quandsontéléphonesonna.
Paulavait-ildéjàdesnouvellespourelle?
Elle s’empara précipitamment de son portable, sans même regarder le nom qui s’affichait sur
l’écran.
—Oui?
—Tara.
Ellesentitsonsangsefigerdanssesveines.C’étaitlavoixdesamère.Merde!
—Oùes-tu?
Taran’avaitpas lamoindre intentionde luidire.Savoix tremblaitcependantunpeu lorsqu’elle
répondit:
—Çan’apasd’importance.
Ellenes’étaitencorejamaisrebelléecontresesparents.C’étaitnouveaupourelle,etlégèrement
intimidant.
—Nesoispasinsolente!luiordonnasèchementsamère.
Taraprituneprofondeinspiration,sentantlacolèrebouillonnerenelle.
—Jenesuispasinsolente.
—Situnerentrespasàlamaisontoutdesuite,Tara,tonpèreetmoiallons…
—Jene rentrepasà lamaison.J’enaimarrequevousmedisiez toujoursceque jedois faire,
papaettoi.Jesuisuneadulte.Jesuiscapabledeprendremoi-mêmedesdécisions!
—Ahbon?Onvavoirsituserastoujoursdecetavisunefoisqu’ont’auracoupélesvivres!
—Jevaisgagnerdel’argent!affirmaTara.
Etpourlapremièrefois,elleycroyaitvraiment.
—Etcommentest-cequetucomptest’yprendre?Tun’aspasdetravail,Tara!Tun’enasjamais
eu!Quiest-cequivat’embaucher?Personnenes’opposeraàcequetonpèreet…
Tarahoquetadestupeur.
—C’estvraialors.Papaatoutfaitpourquejen’obtienneaucundesemploisauxquelsj’aipostulé.
—Cen’estpas…
— Arrête de le nier, maman ! Tu viens de l’admettre. Comment est-ce que vous avez pu me
faireça?
Elleentenditunsoupiràl’autreboutdelaligne.
—Allez,Tara,ditsamèreens’adoucissant.(Apparemment,ellechangeaitdetactique.)Rentreàla
maison.Onneveut que tonbien.Tun’as pasbesoinde travailler.Tu trouverasbientôt unhomme
bien,ettrèsvitetuserasoccupéeaveclespréparatifsdumariage.
—J’aidéjàtrouvéunhommebien,répliquaTara.
—Quoi?
—Oui,etilm’aimebienaussi.Jem’installechezlui.
—Tara!Qu’est-cequetufais?C’estqui?Oùest-cequ’ilhabite?Depuisquandest-cequetues
aveclui?Pourquoiest-cequetunenousaspasditquetuavaisrencontréquelqu’un?Est-cequ’on
connaîtsafamille?l’interrogeasamère.
—Vousneleconnaissezpas.(Taraprituneprofondeinspirationavantdeselancer.)Ilestserveur.
Etc’estl’hommeleplusgentilquej’aiejamaisrencontré.
—Ilestserveur?
Lavoixaiguëdesamèreluiperçalestympans.
Tararaccrochapuismitsontéléphoneenmodesilencieux.Siellen’attendaitpasunappeldePaul,
ellel’auraitéteintpouréviterlesappelsdesesparents.Maispourlemoment,ellen’avaitpasd’autre
choixquedelesignorer.
16
—Çameparaîtbien,fitremarquerJayaumaîtred’œuvreenmontrantdudoigtlegrandescalier
quipartaitdel’immenseentréeetmenaitaupremierétage.Quandest-cequevousallezcommencerà
vernirlebois?
—Peut-êtredansdeuxoutroisjours.Mesgarstravaillentdanslesalonencemoment.
—Vousavezbienavancé.
Ilseretournaenentendantquelqu’unfrapperàlaported’entrée.
—C’estmoi,annonçaHunterensouriant.
Jayluifitsigned’entrer.
—Fais attention où tumets les pieds. Je n’ai pas envie de te payer des énormes dommages et
intérêtssitutrébuchesetquetutecassesunejambe.(Ilseretournaalorsversl’hommequisupervisait
lesnombreuxouvrierstravaillantsurlechantier.)Merci.
Lemaîtred’œuvretraversal’entréeetdisparutdanslacuisine.
—Tuveuxallerjeteruncoupd’œillà-haut?proposaJayenfaisantsigneàsonami.
—Avecplaisir.
Ilsmontèrentl’escalier.
—Mercipourlavoiture,commençaJay.Jetedoisunefièrechandelle.
—Oui,d’ailleurs…
Jayluilançaunregarddebiais.
—Mmm?
— J’ai d’abord cru que tu voulais faire un canular à quelqu’un,mais quand j’ai vu la fille qui
t’accompagnait,jen’aiplusriencompris.Pourquoiest-cequetunevoulaispasemmeneruncanon
commeellefaireuntourdanstaFerrari?
Jayentradanslagrandechambreàcoucher.
—C’estcompliqué.
Hunters’appuyacontrel’encadrementdelaporteetcroisalesbrassursapoitrineensouriant.
—J’aitoutmontemps.
—Jenesaisvraimentpasparoùcommencer,réponditJaysuruntonévasif.
—Commenceparmediresonnom.Quiest-ce?Jenecroispaslaconnaître.
—TaraPierpont.
Hunterhaussa les épaules et entra à son tourdans la chambre, laissant son regard sepromener
autourdelui.
—Çanemeditrien.Oùl’as-turencontrée?
—ÀlaréceptionchezlesGilbert.
Huntersecoualatête.
—Bon,ilyaaumoinsquelqu’unquin’estpasrentrébredouilledecettesoirée.C’étaitvraiment
un désastre. On ne peut plus aller quelque part dans les Hamptons sans entendre parler de cette
bagarre.PauvrePaul.Est-cequetucroisqu’ondevraitl’appelerpourluidemandersionpeutfaire
quelquechosepourlui?
—IlestrentréàNewYork.C’estsasœurquimel’adit.
—EtHolly?
—Jenesaispas.Olivian’arienditsurelle,etjen’aipaspenséàluidemander.
Il était bien trop occupé à se battre avec le mari d’Olivia, mais il n’avait pas l’intention de
l’admettredevantsonami.
Huntersortitsontéléphoneportabledesapoche.
—Onpeutl’appelermaintenantpoursavoirsitoutvabien.
Ilactivalehaut-parleur,etJayentenditlatonalité.Lasonneriedesonpropretéléphoneretentitau
mêmemomentetilbaissalesyeuxverssonécran.
—Quandonparleduloup.
Ildécrochaetappuyasurlatoucheduhaut-parleur,tandisqueHunterraccrochait.
—Salut,Paul.Onétaitjustemententraindeparlerdetoi.
—Quiça,«on»?
—C’estmoi,Hunter,réponditsonamiensepenchantverslemicrodutéléphonedanslamainde
Jay.
—Salut,lesgars.Commentallez-vous?
—Jaymefaitvisitersanouvellemaison,réponditHunter.
—C’estunbelendroit,hein?ditPaul.
JaynelaissapasletempsàHunterderépondre.
—Alors,commentest-cequetuvas?J’aiapprisquetuétaisrentréàNewYork.Tuvasbien?
—Jenepourraisallermieux.
JayéchangeaunregardavecHunter.
—Tuessûr?
—Oui,pourquoi?
—Tusais,aprèscequis’estpasséàlaréception,avecHolly.Onvoulaitjustesavoirsionpouvait
fairequelquechosepourtoi,monpote.
Pauleutunpetitrire.
—Ehbien,ilsetrouvequeoui.Vouspouvezcommenceràorganisermonenterrementdeviede
garçon,sivousn’êtespastropoccupés.
Jayfaillits’étouffer.
—Tutemaries?!
—Hollyaacceptémademandehiersoir.
Jaycroisa le regardstupéfaitdeHunter.Visiblement, sonamines’attendaitpasnonplusàcette
nouvelle.
—Waouh!Alorsonpeutteféliciter?
—Nesoispasaussihésitant,leréprimandaPaulenriant.Jesuisleplusheureuxdeshommes.
—Jesuistrèscontentpourtoi,Paul.
—Félicitations!ajoutaHunter.Alors,quandest-cequevousallezvousmarier?Cetautomne,ou
auprintempsprochain?
—Onestpluspressésqueça.Onsemariedansdeuxsemaines.
—Dansdeuxsemaines?demandaJayavecétonnement.
—Oui.Jeveuxêtresûrquemonbébéportemonnom.
Hunterrestauninstantbouchebée.
—Hollyestenceinte?
—Tuneperdspasdetemps!D’abordDaniel,etmaintenanttoi!Quellemouchevousapiqués?
Jaysecoualatêteenriant.
— J’ai l’impression qu’on va devoir organiser une autre réunion extraordinaire du Club des
éternelscélibatairespourt’exclure.
—C’estuneexcellentenouvellepourmoi,jevousassure,réponditalorsPaul.
—On ferait bien de ne pas traîner pour organiser ton enterrement de vie de garçon alors, fit
remarquerHunter.
—EmbrasseHollypournous,d’accord?ajoutaJay,s’apprêtantàraccrocher.
—Attends,jevoulaisteparlerd’autrechose.
—Qu’est-cequ’ilya?demandaJay.
— C’est pour ça que voulais t’avoir au téléphone. J’ai eu ton email. Tu cherches un nouveau
designerd’intérieur,etj’aiquelqu’unpourtoi.
—C’estvrai?Génial!EnvoieleCVetleportfoliodetoncandidatàmonassistanteKarina.Tuas
sonadresseemail,non?
—Oui,biensûr.Maiscen’estpasunhomme,c’estunefemme.JaneYork.Ellen’apasbeaucoup
d’expérience,maissonportfolioestsuper.Laisse-luiunechance,d’accord?
—Dumomentquetumelarecommandes.JevaisdireàKarinadelafairevenirpourunentretien.
—Merci,mec!Àbientôt,lesgars!Jevousenverrailesinformationspourlemariage.Ilyaura
justeunecérémonieàlamairie.J’espèrequevousserezlà.
—Jenerateraisçapourrienaumonde!luipromitHunter.
—Idem!approuvaJay,avantderaccrocher.
Ilregardasonami.Hunterpritlaparoleenpremier.
—Est-cequetuarrivesàycroire?
—Hollyestunefillesuper.Tuasvulafaçondontilsseregardent.
Jaynedoutaitpasuninstantqu’ilssoientfousamoureuxl’undel’autre.
—Oui,maistunetrouvespasquec’estunpeurapide?
Jayhaussalesépaules.
—Jesupposequequandc’estlabonnepersonne,onlesait.
Etàcemoment-là,ilnepouvaits’empêcherd’envierunpeuPauld’avoirtrouvécettepersonne.
Huntereutunpetitrire.
— Le Club des éternels célibataires se réduit comme peau de chagrin. On dirait que c’est
contagieux.(Ilpenchala tête.)Pourenrevenirànotreconversationdetoutà l’heure,qu’est-ceque
c’estquecettehistoireentreTaraPierpontettoi?Est-cequ’elleauneaversionpourlesFerrari?
—Onpourraitdireçacommeça.
—Jenecomprendspas.
—Ellenesaitpasquej’aidel’argent,etj’aimeraisbienqueçaresteainsi.
—Commentçasefait?Tum’asditquevousvousétiezrencontréschezlesGilbert.Onsaittous
lesdeuxquelamèredePauln’invitequelesgensavecunecertainefortune.
—C’est vrai,maismalheureusement elle demande aussi au personnel du traiteur de porter un
smoking.C’étaitdifficiledefaireladifférenceentrelesinvitésetlesserveurs.
UnsourireétiraleslèvresdeHunter.
—Tuessérieux?Et tune t’espasditqueceseraitunebonne idéededissiper lemalentendu?
Maisqu’est-cequit’estpasséparlatête?
Jaydévisageasonamienhaussant lessourcils.Parmi toussesamis,Hunterétait lemieuxplacé
pour comprendre la raison pour laquelle il agissait ainsi. Il savait pourquoi il avait rompu avec
Deborah.
Hunterfinitparcomprendreetleregardaavecstupéfaction.
—Tuessûrquec’estunebonneidée?Etsielledécouvrequetuluiasmenti?Qu’est-cequetuy
aurasgagné?
—Quandelleledécouvrira,onseconnaîtradéjàmieuxet…
Etilssauraienttouslesdeuxs’ilséprouvaientdessentimentsl’unpourl’autreetsi leurrelation
valaitlapeined’êtrepoursuivie.
—Etquoi?
Jayhaussalentementlesépaules.
—Est-cequetuesentraindemedirequ’ellepourraitêtrelabonne?demandaHunter.Jesaisque
tucouchesavecelle.C’étaitplutôt clairquand je t’aivucematinavecelledans la rue,mais tune
pensesquandmêmepasqu’elleattendplusqu’unepartiedejambesenl’airdelapartd’unserveur?
Situasvraimentenviequeçaailleplusloin,ilfautquetuluidisesquitues.
—Jenepeuxpasfaireça.Elleneveutpasd’unhommerichequisecroittoutpermis.
—Quisecroittoutpermis?demandaHunteravecuneexpressionétonnée.Detouslesgensqueje
connais, c’est sansdoute toiqui es lemoinscommeça.Pourquoiest-ceque tune lui racontespas
commenttuascommencé?Cequetuastraversé?
Jay leva lamain. Il n’avait pas lamoindre intention de révéler à Tara ce à quoiHunter faisait
allusion.Deplus,Hunterneconnaissaitpaslamoitiédesonhistoire.
—Jerefusededéterrermonpassépourm’attirerlasympathied’unefemme.Cen’estpasceque
jeveux.
—Situveuxtedifférencierdetouslesautreshommesriches,ceserapeut-êtrenécessaire.
Jayespéraitqu’iln’auraitjamaisàlefaire.Iln’aimaitpasparlerdesonpassé.Pasparcequ’ilen
avaithonte,maisparcequecelaneregardaitquelui.
17
—C’étaitdélicieux!Tun’esdoncpasseulementserveur,maisaussichef!complimentaTaraen
aidantJayàdébarrasserlatableaprèsledînersimplequ’ilsavaientprissurlebateau.
— Je n’irais pas jusque-là. (Il sourit, et des fossettes apparurent sur ses joues.) Mais c’est
importantpourunhommedesavoirsedébrouillerseul.(Ilfitungesteverslaverrièrequimenaitau
pont.)Tuveuxadmirerlecoucherdusoleil?
Ellehochalatêteetlesuivitàl’extérieur.Jays’assitsurlecoindelalargebanquetterecouvertede
coussinsetouvritlesbras.Sanshésitation,Taras’yblottit.Jaydéposaalorsunbaisersurlehautdesa
tête.
—Qu’est-cequetuasfaitaujourd’hui?demanda-t-il.
—J’aienvoyémacandidaturepouruntravail.
Elleétaittoutexcitéerienqued’enparler.Enfin,quelquechosedebienluiarrivait.
—C’estsuper!Quelgenredetravail?
—C’estunpostededesignerd’intérieur.Jen’aipasencorebeaucoupdedétails,mais j’aisuivi
tonconseiletj’aipostulésousunfauxnom.
Ilsemitàrire.
—Ondiraitquej’aiunetrèsmauvaiseinfluencesurtoi.
Taracroisasonregard.
—Oui,exactement.
Jaylevalesyeuxauciel.
—J’aicrééunmonstre.Qu’est-cequej’aifait?Tesparentsvontmetuers’ilsapprennentunjour
monexistence.
Ellefitungestedelamaincommepourdirequecelaluiétaitégal.
—Net’inquiètepas,ilstedétestentdéjàdetoutefaçon.
EllesentitunlégertressaillementparcourirlecorpsdeJay.
—Tulesaseusautéléphone?Jepensaisquetunefaisaispasçapour…
Ellel’interrompitenluiprenantlamain.
—Cen’estpascequetucrois.Jenelesaipasappeléspourlesprovoquer.Mamèrem’atéléphoné
et j’ai décroché en pensant qu’onme rappelait à propos du travail. Je n’ai pas regardé l’écran, et
soudainj’aientendulavoixdemamèreàl’autreboutdufil.
—Jevois.
—Jen’avaispasdutoutl’intentiondeluiparlerdetoi.Maisellen’arrêtaitpasdemedirequ’il
fallaitquejerentreàlamaison,etquej’avaisbesoind’euxetdeleurargent.
—Ettut’esénervée?
—On peut dire ça comme ça. Je lui ai annoncé que j’allais trouver un travail, et elle a alors
presque avouéquemonpère s’assurait qu’onneme fasse aucuneoffre.Çam’amise tellement en
colère.
Jayluipressalamain,etcegesteluiréchauffalecœur.Elleavaitaumoinsquelqu’undesoncôté.
—Ensuitemamanachangédetactique,etellem’afaittoutundiscoursenm’affirmantqu’ilsne
voulaientquecequ’ilyavaitdemieuxpourmoi,qu’ilsdésiraientjustequejetrouveunhommebien.
Jeluiairéponduquej’avaisdéjàtrouvéunhommebien.(Elleluijetaunregarddebiais.)Désolée.
Onn’apasdiscutédeça.Jesaisqu’onnesortpasvraimentensembleetquetun’espasmonpetitami,
maisjeluiaiditçajustepourqu’ellemefichelapaix.
Elle haussa les épaules, se sentant un peu embarrassée.Elle ne connaissait Jay que depuis deux
jours,etpersonnenes’engageaitaussivitedansunerelation.
—Petitami,hein?
—Euh,c’était justeune idée.Jeneveuxmettreaucunepressionsur toi.Jesaisquecen’estpas
sérieux,maisjemesuisditquemesparentsn’avaientpasbesoindelesavoir.
—Est-cequetuasaussiditàtesparentsquetuavaisemménagéavectonpetitami?
Tarafitlagrimace.
—Oui,enquelquesorte.Maisjeneveuxpasquetupensesquej’aidesattentesdetapartouqueje
t’utilise.
—Quetum’utilises?(Illaissaerrersurelleunregardremplidedésir.)Quelhommenevoudrait
pasêtreutilisépartoi?
Taraluidonnaunepetitetapesurl’épaule.
—Tuesobligédetemoquerdemoi?
—Oh,jesuistoutàfaitsérieux.(Jaylafitseretournerdanssesbrasetelleseretrouvasoudainà
califourchonsurlui.)J’aivraimentaimélafaçondonttum’asutiliséhiersoir.
Il frotta son bassin contre le sien, lui rappelant la façon dont elle l’avait chevauché quand ils
s’étaientcouchés.
Àcesouvenir,Tarasentitsesjouesseréchaufferetsonentrejambesemouiller,sonexcitationse
propageantdanstoutsoncorps.Ellen’avaitjamaisétéaussiconscientedesapropresexualitéqueces
deuxderniersjours.
—Maisjenet’utilisepas.
—Alorsqu’est-cequejesuispourtoi,Tara?demanda-t-il,sonaccentduSudsefaisantsoudain
plusfort.
Quandilparlaitainsi,ellesesentaitattiréeversluicommeunpapillondenuitversuneflamme.
Ellebaissalesyeux,évitantsonregardintense.
—J’aimebienpasserdutempsavectoi.
—C’esttout?
Lentement,elleagitalatêtedegaucheàdroite.
—Onvientseulementdeserencontrer.Jen’aipasenviedemefaired’idées.
Ellesentitsonsoufflesursapeaulorsqu’ilapprochasonvisage.
—Maistuaimesbienêtredansmesbras,dit-ilsuruntoncaressant.
—J’adorequandtumetouches.
—Etquandjet’embrasse?
—Oui.
LeslèvresdeJayeffleuraientpresquelessiennes.
—Partout?
—Oui.(Ellesoupira.)Maiscen’estpastout.
Cen’étaitpaslaseuleraisonquilafaisaitrester,mêmesic’enétaitunebonne.
—Tu veux dire que tu n’attends pas seulement demoi que je te fasse l’amour sauvagement et
passionnément?
Ellehochalatête.
—J’ail’impressionquejepeuxteparler.
—C’estcequisepassedansunerelation,non?demanda-t-il.
—Oui,quandonseconnaîtdepuistrèslongtemps.Cegenredechosesn’arrivepastoutdesuite.
Jaysepassalamaindanslescheveux.
—Parfois, une proximité se crée dès le début. Je ne dis pas que ça signifie forcément quelque
choseouquec’estlagarantiequeçavamenerquelquepart,maisc’estprometteur.
UnsourirehésitantsedessinasurleslèvresdeTara.Jayn’avaitpasbesoindeluidirecegenrede
choses pour l’attirer dans son lit. Il n’avait pas besoin de lui donner l’espoir que leur flirt puisse
aboutir à une relation plus sérieuse. Mais elle se réjouissait de savoir qu’il était ouvert à cette
possibilité.
Encouragéeparsesparoles,elleluidemanda:
—Alorstunem’enveuxpasd’avoirditàmamèrequej’avaisunpetitami?
—Jenevoudraispasquetupassespourunementeuse.(Ilsemitàrire.)Maiscommetulesais,un
hommeattendcertaineschosesdesapetiteamie.(IlplaçasesmainssurleshanchesdeTaraetl’attira
contresonentrejambe,où le renflementsoussonshortne laissaitpasdedoutesursonexcitation.)
D’ailleurs, certains petits copains sont assez exigeants. (Il plaqua son membre durci contre son
intimité.)Etilsn’aimentpaspartager.
Elleprituneinspiration.
—Partager?
—Oui,unhommeaimebiensavoirqu’ilestleseulàpouvoirfairel’amouràsacopine.
Jayétait-ilentraindeluidemanderqu’ilsaientunerelationexclusive?
—Est-cequec’estvalabledanslesdeuxsens?
UnlargesourireapparutsurleslèvresdeJay.
—Fais-moiconfiance,mêmesij’avaisenviedetoucherquelqu’und’autre,cequin’estpaslecas,
je ne pense pas qu’il me resterait assez d’énergie après avoir essayé de satisfaire ton appétit
insatiable.
Commepoursoulignersesparoles,ilpassasesmainssoussacourterobed’étéetlesfitremonter
doucement le long de ses cuisses, jusqu’à son string.Glissant ses deux pouces sous le triangle de
tissu,ilcaressasonintimité.Instinctivement,ellesesoulevadequelquescentimètrespourluilaisser
plusdeplace.
—Ondevraitalleràl’intérieur,murmura-t-elle.
—J’aitoujourseuenviedefairel’amouraucoucherdusoleil,réponditJay.
Ellefitungesteverslesmaisonsquibordaientlacôte.
—Lesgensvontnousvoir.
— Le soleil est derrière nous. Ils ne verront qu’une silhouette. C’est impossible qu’on nous
reconnaisse.
Jay effleura alors de son pouce les plis mouillés de son sexe, et elle eut du mal à penser
clairement.
—Tuessûr?
—Oui.Etpuis tupourrasgarder ta robe.Etaussi tonstring.Vusa taille, ilnenousgênerapas
vraimentdetoutefaçon.
Ilrepoussalemorceaudetissud’uncôté,toutenlacaressantavecsonautremain.
—Tuvois?Tun’aurasmêmepasbesoindetedéshabiller.Maintenant,est-cequetupeuxprendre
lepréservatifquiestdansmapocheetsortirmaqueue?
Savoixétaitsoudaindevenuerauquededésir.Incapablederésisteràlatentation,ellemitsamain
danslapochedesonshortetytrouvalepetitemballage.
—Tutepromènestoujoursavecdespréservatifsdanstapoche?
— Maintenant, oui. (Il frotta son clitoris avec son pouce, la faisant tressaillir jusqu’au plus
profondd’elle-même.)Mets-le-moi.
OuvrantleboutondushortdeJay,Taradescenditsabraguette.Sonmembreapparutsoudain,dur
etlourd.Quandelleletoucha,Jayrestauninstantfigé.
—Oui,Tara!dit-ilenplongeantsonregardavideetbrûlantdanslesien.
Elles’empressaalorsdedéroulerl’enveloppeenlatexsursonsexe.
—Bien!(IlagrippalahanchedeTarad’unemainpourlapousseràseleverdavantage,tandisque
de l’autre, il écartait son string.) Guide-moi en toi, exigea-t-il d’une voix gutturale presque
méconnaissable,quinefitqu’accroîtrel’excitationdeTara.
Elle s’exécuta, plaçant le bout de sa verge devant l’entrée de son intimité.Dès l’instant où son
glandlatoucha,Jaylapénétrad’unpuissantcoupdereins.
Taralaissaretombersatêteenarrièreetlâchaungémissement,quifutemportéparlalégèrebrise
dusoir.
—Tienstonstring,luiordonna-t-il,etelleluiobéit.
Jaypritalorssonvisagedanssesmainsetl’approchadusien.Uninstantplustard,leurslèvresse
joignirent.Ilpritpossessiondesabouchedansunbaiserbrûlantetétourdissantquiavaitlegoûtdu
besoinetdudésir,faisantdansersalangueexigeanteaveccelledeTara.
Taracommençaàsemouvoirdehautenbas,s’empalantsursavergepuisseretirant.Lebassinde
Jay bougeait au même rythme que le sien, s’avançant puis reculant. Son membre s’enfonçait
profondémentenelle,lacomblant.Leursvisagesétaienttoutproches.LamaindeJayétaitposéesur
sanuqueetl’autrecaressaitsonclitorisavecdesmouvementstendres,commes’ilsavaitexactement
dequoielleavaitbesoin.
Taraondulaitcontrelui,frottantlecentredesonplaisircontresesdoigtscalleux.Soncorpsentier
étaitparcourupardesboufféesdejouissance,etelleavaitsichaudqu’elleétaittentéed’arrachersa
robe.Commes’illisaitdanssespensées,Jaydéplaçasamaindesanuqueàsesépaulesetfitglisser
les bretelles de sa robe, qui descendit jusqu’à sa taille. La brise fraîche caressa ses seins nus,
durcissantaussitôtsestétons.
Jay approcha sa bouche de sa poitrine pour s’emparer de sonmamelon, puis le suçota tout en
massantsonseinetencontinuantàalleretvenirenelle.LesgémissementsdeJayfaisaientvibrersa
peau sensible, ne faisant qu’ajouter aux délicieuses sensations qui l’envahissaient. Jay était un
magicien.Chaquefoisqu’ilsfaisaientl’amour,illuifaisaitdécouvrirdenouveauxplaisirs.Elleavait
l’impressiond’êtrelibreaveclui,libredes’exprimer,deselaisseralleretdesimplementressentir,
sanssesoucierdesconséquences.
Mêmeàprésent,alorsqu’ellelechevauchaitfougueusement,lapoitrinenue,ellesemoquaitbien
quedesgenspuissentlesvoirdelacôte.Ilsnedistingueraientquedeuxcorpssemouvantenrythme
etsedonnantmutuellementduplaisir.Deuxpersonnesquin’avaientquefairequeleurrelationévolue
tropviteetnesoitpasapprouvéepartoutlemonde.
—Jay,murmura-t-elle.
Ilécartasabouchedesonseinetcroisasonregard.
—Qu’est-cequetuveux,chérie?
—Toi,justetoi.
QuandJayétaitenelle,elleoubliaittoutessespeursetpréoccupationsconcernantsonaveniretsa
recherchedetravail.
—Tara,murmuraJay,s’emparantdenouveaudeseslèvres.
IlfitglisserlajambedeTaradelabanquettedefaçonàcequesonpiedreposesurlesol.Ainsi,il
pouvaitlapénétreravecplusdeforce,etplusvite.Elles’agrippaàsesépaules,seserrantcontrelui.
Elleavaitbesoindecela,besoindelui,desoncôtésauvageetdelapassionqu’ilpartageaitavecelle.
Sonbaiseragissaitcommeunedroguesurelle, larendantdépendantedelui.Unpeuplusbas,il
continuaitàcaresserpatiemmentsonclitoris.Soudain,ellenefutpluscapabledeseretenirdavantage.
Unvaguecommençaitàseformerenelle,petitàpetit,menaçantdelasubmerger.Lorsqu’elledéferla
avec violence, Tara arracha ses lèvres de celles de Jay et lâcha un gémissement rauque,
s’abandonnantcomplètementàlasensationdejouissancequisepropageaitenelle.
Jaylaregardaitavecintensité,sanscesserd’alleretvenirenelle.Destremblementss’emparèrent
desoncorpsetsarespirationsefithaletante.Ilfermalesyeuxetlaissaretombersatêteenarrière,un
râlebruyants’échappantdesagorge.
Quandilrouvritlesyeuxquelquesinstantsplustard,sonregardsombreétaitcommeilluminé.
—Tuesincroyable,Tara.Absolumentincroyable.
Sansluilaisserletempsderépondre,ill’attiracontreluietl’embrassa,toutencaressantsondos
nudesesmainschaudes.Ilcontinuaàsemouvoirlentementenelle,déclenchantdesondesdeplaisir
danssoncorpsfrémissant.
18
—Qu’est-cequetudisais?
—Jetedemandaissituvoulaisunmuffinauxmyrtillesavectoncafécrème,répétaVeronicaen
observantTaraaveccuriosité.
Elless’étaientinstalléesàunepetitetabledansundescharmantscafésdeSouthampton.
Tara regarda sa sœur, espérant qu’elle n’avait pas remarqué qu’elle était plongée dans ses
rêveries.Chaquefoisqu’elleétaitséparéedeJay,ellenepouvaits’empêcherderevivrementalement
leursébatspassionnés.Etleurnombregrandissaitchaquejour,ouplutôtchaquenuit.
—Non,merci.Justeuncafécrème.
Alors que Veronica passait commande auprès de la serveuse, Tara regarda une nouvelle fois
autourd’elle.Elleétaitarrivéetrèsenavance,voulants’assurerqu’onneluiavaitpastenduunpiège
etquesesparentsn’étaientpasdanslecoin.Ellesavaitqu’ilsn’hésiteraientpas,particulièrementsa
mère,àseservirdesapropresœurpourlafairerevenir.EtmêmesiTaraétaitconscientequ’illui
faudraittôtoutardlesaffronter,elleyparviendraitsansdouteplusfacilementunefoisqu’elleaurait
trouvéuntravail.
Àpeinelaserveusesefut-elleéloignéedeleurtablequeVeronicasepenchaverssasœur.
—Alors,dis-moi,qu’est-cequisepasse?demanda-t-elleenbaissantlavoix.
—Qu’est-cequetuveuxdire?
Sasœurétait-elledéjàaucourantpourJay?
Veronicafitungestedelamain.
— S’il te plaît, Tara. Je ne suis pas stupide. Maman m’a laissé plusieurs messages en me
demandant si j’avais eu de tes nouvelles récemment, et depuis que je suis arrivée ici tu as l’air
ailleurs.Exactementcommequandtuétaispetite.Ilsepassequelquechose.
—Est-cequetuasparléavecmaman?
Veronicasecoualatête.
—Pas encore.On a été très occupés avecAdam, et puis jeme suis dit que ça pouvait attendre
puisquejetevoyaisaujourd’hui.
Tarapoussaunsoupirdesoulagement.HeureusementqueVeronicaavaitd’autresprioritésdanssa
viedésormaisetn’obéissaitplusaudoigtetàl’œilàsamère.Sonmaripassaitavant.
—Est-cequetupeuxmepromettredenepasdireàmamanquetum’asvue?
Veronicafronçalessourcilsetluilançaunregardcritique.
—Est-cequetuasdesennuis?
—Pourquoiest-cequej’auraisdesennuis?
—Parcequej’ail’impressionquetuévitesmamanetquetuneluiaspasparlédepuisunmoment.
—Cen’estpasvrai,protestaTara.Jel’aieueautéléphone.Hier.
—Alorspourquoiest-cequ’ellem’aharcelédemessagespoursavoirsij’avaisdetesnouvelles?
Tarahaussalesépaules,s’efforçantdeprendreunairnaturel.
—Elleestjusteénervéeparcequej’aiarrêtédefairesesquatrevolontés.
—Tut’esdisputéeavecelle?
—Nedispasçacommesic’étaitmafaute.Elleesttoutletempssurmondosàproposde…trucs.
LeregarddeVeronicas’adoucitsoudain,etellepouffadoucement.
—Tuveuxdirequemamanestoccupéeàplanifiertonavenir?
Taracroisalesbrassursapoitrineets’enfonçadanssonsiège.
—Exactement.Monavenir.Etdevinequoi?J’enaimarrequ’ellesemêleenpermanencedemes
affaires.Àpartirdemaintenant,jeprendraimoi-mêmelesdécisionsquimeconcernent.
—Tun’aspasoubliéunpetitdétail?
—Tuprendssonpartiunefoisdeplus,c’estça?
— Une fois de plus ? Je n’ai jamais pris son parti. J’arrive simplement mieux à cacher mes
sentimentsquetoi,petitesœur.Tuesbeaucouptropimpulsiveet tunesaispascommentmanipuler
nosparents.
Tarasouffla.
—Oh,etparcequetoitusaiscommentfaire?Est-cequejepeuxterappelerquemamant’aforcée
àépouserAdamparcequec’étaitunmariidéalàsesyeux:riche,beauetdebonnefamille?
Tara s’attendait à ce que sa sœur se mette en colère, mais Veronica éclata soudain de rire.
Plusieursclientstournèrentlatêteverselle.
—Qu’est-cequ’ilyadesidrôle?aboyaTara.
—Tunecomprendspas,hein?(Veronicasepenchaau-dessusdelatableetbaissalavoixavecun
airconspirateur.)SiAdamestmonmari,c’estparcequejel’aivoulu.Etj’ailaissémamanpenserque
c’étaitellequim’avaitpousséeàl’épouser.Aujourd’huiencore,elleestconvaincuequ’elleachoisi
lemeilleurpartipourmoi,maisc’estfaux.Adamestl’hommedemavie,l’hommequim’aimeautant
quejel’aime.Jamaisjen’auraisacceptédememarieravecundesautrescandidatsquemamanavait
sélectionnés.(Sasœursourit.)Ilfautquetuapprennesàmanipulermamanetpapapourqu’ilssoient
convaincusquel’hommequetuvoudrasépouserestceluiqu’ilsontchoisipourtoi.
Tarasoupiraprofondément.
—Commentest-cequejedoisfaire?
Cela serait d’autant plus difficile qu’elle ne voulait pas d’unhomme richequi faisait partie des
cercles qu’ils fréquentaient.Ses parents n’accepteraient jamais quelqu’un comme Jay.Mais cela ne
voulaitpasdirequ’elleenvisageaitcela.C’étaitjusteunexemple.
—À quoi est-ce que tu penses ? demanda sa sœur, interrompant le cours de ses pensées. (Son
visage s’illumina alors comme si elle venait de comprendre quelque chose.) Tu as rencontré
quelqu’un!
Tarabaissalesyeuxpoursesoustraireauregardscrutateurdesasœur,maisVeronican’étaitpas
dugenreàbaisserlesbrassivite.
—C’estqui?Qu’est-cequ’ilfait?Est-cequejeleconnais?
Tara lâcha ungrognement de frustration.C’était exactement les questions que samère lui avait
posées.Parcequedansleurmilieu,toutcequicomptaitétaitlenomqu’onportaitetcequ’onfaisait
danslavie.
—Tuneleconnaispas.
—Allez ! Raconte-moi. Je veux savoir qui est-ce qui donne àma petite sœur cette expression
rêveuse.
Laserveusearrivaàcemoment-làavec leurcommande,cequi laissaàTaraquelquessecondes
pourréfléchiràsaréponse.Quandellesfurentdenouveauseules,Veronicalaregardaaveccuriosité.
—Ilestserveur.
—Serveur?
—Enfin,passeulement.Iltravailleaussidanslebâtiment.
Cecomplémentd’informationnesemblacependantpassatisfairesasœur.
—Tuessérieuse?
Taraseredressaetbutunegorgéedesoncafé,puisellelevalementonavecunairdedéfi.
—Ilesttrèsbeauettrèsgentil.
Veronicasecoualatêteensilence.
—Etc’estunamantsuper.Voilà,tusaistout!
Sasœurapprochasachaise.
—Oh,Tara,qu’est-cequetufais?Quandest-cequetul’asrencontré?
—Ilyaquelquesjours.
—Et tu couches avec lui ?Tune le connais pasdu tout.Cepourrait être un tueur en série, ou
quelqu’undecegenre.
—Turegardestropdenavetsàlatélévision.Ilestcharmant.Etc’estunhommebien.
—Etilaréussiàtemettredanssonlitenquelquesjours.
—Çanes’estpaspassécommeça.
—Ilt’aséduite.
—Non,c’estmoiquiaifaitlespremierspas.Jeluiaifaitdesavances.
Voilà,ellel’avaitdit.C’étaitellelavilainefillequiavaitdraguéunhommeetluiavaitproposéde
coucheravecelle.
Veronicaeutunmouvementdereculetrestauninstantbouchebée.
—Toi?
—Quoi?Tucroisquejenesuispascapabledeséduireunhomme?Merci!
Taraselevad’unbond,maisVeronicaluisaisitlebraspourl’arrêter.
—Cen’estpascequejevoulaisdire.
—Alorsqu’est-cequetuvoulaisdire?
—Assieds-toi.
Avecréticence,Taras’exécuta.
VeronicapassasamaindanslescheveuxdeTarad’ungesteaffectueux.
—C’estfoucequetuasgrandi.Quandjeteregarde,jevoistoujoursmapetitesœur,maistues
uneadultemaintenant.(Ellesemitàrire.)Etuneséductrice!
—Jenesuispasuneséductrice!
—Si.Etmaintenant,parle-moidecethomme.Ildoitêtreassezexceptionnelpouravoirréussiàte
faireenfinsortirdetacoquille.
Tarasedétenditenvoyantlesourirechaleureuxdesasœuretl’admirationdanssonregard.
— Il est génial. Il est doux, gentil, et très attentionné. Ilm’écoute. Il est tellement différent des
garçonsdenotrecercle.Ilestnormal.
—Commentest-cequ’ils’appelle?
—Jay.
Tarasentitsoncœurseréchaufferenprononçantsonnom.
—JusteJay?
Tarahaussalesépaules.
—Etdonc tuhabiteschez lui?C’estpourçaquemamanessayaitdesavoirsi je t’avaiseueau
téléphone?
Tarahochalatête.
—Jelogeavecluisurunbateau.
—Unbateau?
—Oui,mais cen’estpas le sien. Jay travaille surunchantierde rénovationpendant l’été, et le
propriétairedelamaisonl’hébergependantl’été.
—Où?
—Jenepréfèrepasledire.
—Tunemefaispasconfiance?
—Cen’estpasça.C’estjustequejen’aipasenviequetusoisobligéedementiràmamanquand
elletedemanderaoùjesuis.
Veronicasoupira.
—Trèsbien.(Ellerestauninstantsilencieuse.)Alors,quelestleplan?
—Leplan?
—Tudoisbienavoirunplan.
—Pourl’instant,jevisaujourlejour.J’aienvied’apprendreàmieuxleconnaître.
—Maistunepeuxpascontinueràvivrecommeça.Tôtoutard,mamanetpapatecouperontles
vivresetteforcerontàrentrer.
—Pourça,j’aiunplan.J’aienvoyémacandidaturepourunposte.Jen’aipasencoredenouvelles,
maisjevaissûrementavoirunentretien.Etunefoisqu’ilsaurontvumonportfolio,j’espèrequ’ils
m’engageront!
Paulavaitété impressionnéparsonportfolio,qu’elle luiavaitenvoyépourqu’il le transmetteà
HannonBoats. Il lui avait dit qu’on l’appellerait certainement dans les jours à venir pour lui faire
passerunentretien.
—Etçamepermettrad’êtreenfinindépendantefinancièrement.Mamanetpapanepourrontplus
meforceràfairedeschosesquejen’aipasenviedefaire.
—J’espèrequeçavamarcher,ditVeronicaensouriant.Etsiçanemarchepas,alorsontrouvera
unmoyenpourquemamanetpapaacceptent l’hommeque tuauraschoisi.Mêmesicethommene
correspondpasàl’imagequ’ilssefontdumariidéal.
19
Jayn’enrevenaitpas.IlavaitdéjàpassésixnuitsavecTaraet iln’arrivaitpasàselasserd’elle.
Celanes’expliquaitpasseulementparlaprofondesatisfactionqu’ilressentaitenluifaisantl’amour,
maisaussiparlajoiequesacompagnieluiprocurait.Avecelle,ilsesentaitàl’aise.Quandilrentrait
aubateauaprèsunejournéepasséedanssamaisonàAmagansett,ellel’accueillaitavecunetellejoie
qu’ilseprenaitparfoisàsongerqu’ilpourraittrèsbiens’habitueràêtreaccueilliainsipourlerestant
desesjours.
Ilsvivaientcommeuncoupleenlunedemiel,misàpartqueJaydevaitcontinueràfairesemblant
de partir travailler chaquematin sur le chantier. Il se débrouillait avec son iPad et son téléphone
portablepourgérersonentrepriseàdistance,sachantqu’ilnepouvaitpaslefairesurlebateauquand
Taraétaitlà.Ilnesesentaitpasencoreprêtàluirévélerquiilétaitetavaitbesoindeplusdetemps
avantdepouvoiraborderlesujetavecelle.IlsesentaitpourtantétonnammentprochedeTara,bien
plusquedeDeborahàl’époque,mêmes’ilsétaientsortisensemblebeaucouppluslongtemps.
JaypensaalorsàPauletà sonmariage imminent. Il allait épouserune femmequ’il connaissait
depuismoinsdetroismois.Peut-êtrequecequel’ondisaitétaitvraietquelorsqu’onrencontraitla
bonnepersonne,onn’avaitpasbesoindebeaucoupdetempspourprendreunedécision.Ilsepouvait
cependantaussiquePaulsoitcomplètement fou.Toutaussi fouqueHolly.Maispeut-êtrequedeux
fousformaientuncoupleraisonnable?
Jaysourit.Ilsedégageadel’étreintedeTaraens’efforçantdenepaslaréveiller.Maiselleremua,
commesimêmedanssonsommeilelleétaitconscientedesaprésence.
—Jay?
—Bonjour,machérie.Continueàdormir.Jedoisallertravailler.
Cejour-là,cen’étaitpasunmensonge.IldevaitserendreàNewYorkpourlesentretiensqueson
assistanteavaitprévusdanslajournée.EtilnepouvaitpasenparleràTara.
Tarapassasesbrasautourdeluietl’attiracontresoncorpsnu.Jayjetauncoupd’œilauréveilsur
latabledenuit,regrettantdenepouvoirrepousserdavantagelemomentdepartir.Ilavaittrèsenvie
defairel’amouràTara.Etsonsexeaussi,apparemment.
—Net’envapas.
—Jesuisobligé,ilyaunelivraisondematériauxtoutàl’heure.Çavaêtreunegrossejournée.Je
rentreraisansdouteplustardqued’habitude.
Le trajet deMontauk àManhattanprenait plusoumoins trois heures, selon la circulation.Pour
pouvoirrentreràuneheureraisonnableetnepaséveillerlessoupçonsdeTara,ilavaitdoncréservé
unhélicoptèrequidevaitvenirlechercheràEastHamptonpourl’emmeneràNewYork.
IlsentitsoudainlamaindeTarasursonérection,etuneboufféededésirleparcourut.
—Maisjesaisquetuasenviederester.
—Oh,j’aienviedebeaucoupdechoses,luimurmura-t-ilàl’oreille.Etl’uned’ellesestdetefaire
mettreàgenouxetde te faire l’amour jusqu’àceque tucriesmonnom. (Glissant samain sur ses
fesses,illaplaquacontresonérection.)Maisçadevramalheureusementattendrecesoir.Alors,sois
unegentillefilleetarrêtedemetenter.
Descendantsamainentre lescuissesdeTara, il touchasonintimité.Elleétaitchaudeethumide,
justecommeill’aimait.
Taralâchaungémissementetécrasasonbassincontresamain.
—Ettoi,tunemetentespas?
—Jenesuisqu’unhomme.Jenepeuxpasm’enempêcher.(Ilretirasamainenriantetluidonna
unepetitetapesurlesfesses.)Ilfautquej’yaille,dit-ilensortantdulitd’unbondavantdechanger
d’avis.
Ilpritsadoucheenuntempsrecordets’habilla,sousleregardavidedeTara.Ilpourraitvraiment
s’yhabituer.
—Cesoir,promit-ilavantdepartir.
Ilmarchaverslevieuxpick-upetpritladirectiondeEastHampton.
~~~
Taraentenditsontéléphonesonneralorsqu’elleserinçaitlescheveuxsousladouche.
—Merde,jura-t-elle.
Cela faisait trois joursqu’elle attendait qu’on l’appellepourunentretien.C’était peut-être enfin
cela.Elleavaitprogrammédessonneries spécialespour lesnumérosdesesparentspouréviterde
refairelamêmeerreuretdedécrocherquandsamèreappelait.Etlasonneriequiretentissaitàprésent
n’étaitnicelledesonpèrenicelledesamère.C’étaitsûrementHannonBoats.
Tara attrapa une serviette et s’en enveloppa avec empressement, puis elle se précipita vers son
téléphoneportable,quiétaitposésurlatabledenuit.
—Allo?
—Tara?
—Oui,c’estbienmoi.
—Salut,c’estPaul.
—Paul.(Ellen’avaitpasreconnusavoixtoutdesuite.Unsentimentdedéceptionl’envahit.)Salut.
—Tara,jesuisvraimentdésolé.J’aitoutfaitdetravers.Àproposdel’entretien…
—Ohnon,marmonna-t-elle.(Ellesentitsoncœurseserrer.)Ilsnevontmêmepasmefairepasser
unentretien?
—Non,non,cen’estpasça.Tuvasavoirunentretien.
—C’estvrai?
—Oui,maisjesuistellementdésolé.Ilsm’ontenvoyéunemail,maisils’estretrouvédansmes
spams.Jeviensseulementdelevoir.
—Leplusimportant,c’estquetul’asvu!Alorsj’aiunentretien!Quand?
Elleavaitenviedesauterdejoie.
—Aujourd’hui.
—Aujourd’hui?Zut!
—Désolé.C’estàquinzeheures.TuesencoredanslesHamptons?
Ellehochalatête.
—Oui,àMontauk.
—Est-cequetupeuxprendreleprochainbus?Jecroisqu’ilyenaunquipartdansunedemi-
heureetquiarriveàManhattanversquatorzeheurestrente.Etsitutedépêchesdesauterdansuntaxi,
tupourrasêtrejusteàl’heureàl’entretien.
—Jeserailà.Est-cequetupeuxmetransférerl’emailavecl’adresse?
—C’estfait.Encoredésolé.
—Merci,Paul,jedoisfiler.
Les dix minutes qui suivirent passèrent à toute vitesse. Jamais Tara ne s’était préparée aussi
rapidement.Heureusement,elleavaitlescheveuxcourtsetn’avaitpasbesoindelessécher.Lecœur
tambourinantdanssapoitrine,elleparcourutencourantletrajetquimenaitjusqu’àlarue,oùuntaxi
l’attendait. Par chance, elle avait pu en commander un avec l’application qu’elle avait sur son
téléphoneportable.
Lorsque le taxi arrivaà l’arrêtdebusdeMontauk,Taraconstataaveceffarementque l’autobus
refermaitdéjàsesportes.Sortantd’unbonddu taxi,elleseprécipitavers levéhiculeenagitant les
braspourquelechauffeurrouvrelesportes.
Ellepoussaunsoupirdesoulagementquandillavit.Illalaissamonteretattenditqu’elleprenne
placedanslebuspresquevidepourpartir.
Tarabaissalesyeuxverssatenue.Ellen’étaitpashabilléecommeellel’étaithabituellementpour
unentretien,maiselleavaitpeud’affairesavecelle.Elleportaitunpantalonampleblancdécontracté
etune longue tuniquecoloréequi luiarrivait jusqu’àmi-cuisses.Maisceladevraitconvenir.Après
tout,l’entrepriseconstruisaitdesbateaux,etavecsatenue,ellesemblaitsortirtoutdroitd’unyacht.
Taras’efforçaderetrouversoncalme.Pendantlestroisheuresqueduraletrajet,elles’entraînaà
répondrementalementauxquestionsquiétaientgénéralementposées lorsd’unentretien.Elleallait
devoir compenser son manque d’expérience en montrant qu’elle avait confiance dans ses
compétences.Ellepouvaitlefaire.
Tara tourna la têtevers la fenêtre teintée.Bientôt,elle serait financièrement indépendantedeses
parentsetpourraitmenersaviecommeellel’entendait.Elleignoraitencorecequecelasignifierait
pour sa relation avec Jay.Peut-être qu’elle pourrait passer lesweek-ends avec lui sur le bateau, et
qu’à la finde l’été, Jaypourrait trouverun travail àNewYork.Mais seul l’avenir lui dirait si les
sentimentsqu’elleressentaitpourluiétaientréelsetdurables.
20
Jays’emparaducombinédutéléphoneetcomposalenumérodepostedesonassistante.
—M.Bohannon?réponditaussitôtKarina.
—Lederniercandidatn’estpasarrivé?demanda-t-ilavecimpatienceenjetantuncoupd’œilvers
lesimmensesbaiesvitréesdesonbureausituéaucinquante-septièmeétage.
—Malheureusementnon,Monsieur.MlleYorkn’esttoujourspaslà,répondit-elle.
Jay lâcha un grognement. L’hélicoptère l’attendait, et il était impatient de retourner dans les
Hamptons.Ilavaitvudescandidatsacceptablesdanslajournéeetenavaitdéjàsélectionnéquelques-
unsparmieux.
—Ehbien,siMlleYorkn’estmêmepascapabledeseprésenteràl’heureàunrendez-vous,elle
n’estsansdoutepaslabonnepersonnepourcetravail.Jevaispartirdansquelquesminutes,Karina,la
prévint-ilavantderaccrocher.
Illevalesyeuxverslefichierouvertsursonécrand’ordinateur.
LeportfoliodelajeunefemmequeluiavaitrecommandéPaulétaiteffectivementimpressionnant.
Elle avait un très bon goût, mais c’était également le cas de tous les autres candidats qu’il avait
rencontrés.Enrevanche,ilavaitdavantageétéséduitparlasimplicitédesesdesigns.Élégants,mais
discrets. Beaucoup de designers avaient tendance à surcharger leurs créations pour essayer de
montrer l’étendue de leurs compétences. Le travail deMlle York était différent et original. Il lui
plaisait.Queldommagequ’ellen’aitpasleprofessionnalismed’arriveràl’heure.Celaladisqualifiait
d’office.
Ils’apprêtaitàrefermerlefichierquandilentenditdesvoixnonloindelaportedesonbureau.
Sonassistanteétaitentraind’accueillirdesvisiteurs.Uninstantplustard,sontéléphonesonna.Voyant
s’afficherlenumérodeKarina,ilrépondit:
—Oui?
—Je suisdésolée,M.Bohannon,maisMlleYorkest arrivée.Est-cequevousvoulez encore la
voir?
Ilhésitaetregardadenouveausonécran,admirantunefoisdepluslesdesignsqu’ilavaitsousles
yeux.
Ilsoupira:
—Trèsbien,faites-laentrer.
Parfoisilfallaitfaireuneexception,mêmeàlarèglelaplusstricte.
Quelquessecondesplustard,lacandidatefrappaàlaporteetentrauninstantaprès.
—MlleYork,vousêtesenretard,ditJay,sansleverlesyeuxdesonordinateur.
—Jay?
Jaytournavivementlatêteetbonditdesonfauteuil.
—Tara,articula-t-il,souslechoc.
Il n’y avait pas d’erreur possible.Tara se tenait dans son bureau à quelquesmètres de lui.Elle
semblait pétrifiée et le dévisageait avec une expression hébétée, secouant la tête comme si elle
essayaitdechasserunmauvaisrêve.Etilavaitenvied’enfairedemême.
—TuesM.Bohannon?LepatrondeHannonBoats?demanda-t-elled’unevoixtremblante.
LecœurdeJaytambourinaitdanssapoitrine.
—Jepeuxtoutt’expliquer.
Lepouvait-ilvraiment?
—Commentest-cequetuaspu?Commentest-cequetuaspumefaireça?Aprèstoutcequeje
t’airaconté.Tum’asmenti!
Ilfitquelquespasverselle,maisellelevalamaincommepourlerepousser.Ils’arrêta,nevoulant
pasluifairepeur.
—Tum’asditquetunevoulaispasd’unhommeriche.
—Alors tu t’esditque tupouvais te fairepasserpourquelqu’und’autrepourobtenirceque tu
voulais?
—Non,çanes’estpaspassécommeça,repritJay,nesachantpasvraimentcommentpoursuivre.
—Tuasjouéavecmoi.Pendanttoutcetempsqu’onapasséensemble,tuasjouéunjeuavecmoi.
—Cen’étaitpasunjeu.
Celaavaitétéréel.Plusréelquetouteslesrelationsqu’ilavaiteuesjusqu’àprésent.
—Tut’esfaitpasserpourunhommeordinairejustepourcoucheravecmoi,cracha-t-elle.
Ledégoûtdans savoixétaitperceptible.Commesi elle regrettait chaquemomentqu’ilsavaient
vécuensemble.
—Cen’estpasvrai.Tum’asprispourunserveuretj’aivoulut’expliquer,maisensuitej’ai…
—Ensuitequoi?Tut’esditquetuallaisjouerlejeupourpouvoirraconterplustardàtesamis
commenttuavaisréussiàencanaillerTaraPierpontavecunserveur?
—Non,Tara.Jevoulaisapprendreàteconnaître.Sanslespiègesdel’argent.
Poursavoirsielleétaitintéresséeparluientantquepersonne,etnonparsonargent.
—Vousavezdûbienrigolerensemble,Zachettoi.Vousêtesamis,n’est-cepas?Etcen’estpas
sonbateau,c’estletien?Dequoiest-cequevousavezparléderrièremondos?Delafacilitéavec
laquelletum’asmisedanstonlit?Qu’est-cequec’était?Unpari?Est-cequetuasgagné?
—Arrête,Tara!Çanes’estpaspassécommeça.C’étaitseulementunmalentenduaudépart,etça
adérapé.
—Oui,c’estça!Çaavraimentdérapé.Qu’est-cequetuavaisentête,Jay?Meramenercheztoi
aprèslasoiréepuisraconteràtoutlemondequej’étaisunefillefacile?
Jayserralamâchoire.
—Cen’estpasmoiquit’aiséduite!Situterappellesbien,c’esttoiquiesvenuemedragueràla
réception.Etc’esttoiaussiquiesrevenuelelendemainmatin.Bonsang,Tara,c’esttoiquim’asfait
desavances.
Ses joues s’empourprèrentetelle serra les lèvres. Il sedemandasielleétait embarrasséeouen
colère,oubienlesdeux.
—Commentest-cequetuosesdireça?C’esttoiquim’asfaituncunnidansladouche!
—Parcequetuaslaissécettefichueporteouvertealorsquejet’avaisprévenue!
—Ettuasprisçapourunepermission?
—Non,c’esttoiquim’asdonnélapermission!Jel’aivuàlafaçondonttum’asregardé.Jen’ai
rienfaitcontretongré!Etjemesuisarrêtédèsquetumel’asdemandé.
Jamaisilneforceraitunefemmeàfairequelquechosequ’ellenevoulaitpas.Etilétaitabsolument
certaindenepasavoirforcéTaraàfairequoiquecesoit.Elleavaitétépleinementconsentante.
—Si j’avais suqui tuétais, jamais jene t’aurais laisséme toucher ! J’auraisaiméne jamais te
rencontrer!
Jayplissalesyeux.
—Qu’est-cequetuveuxdire?
—Tuastrèsbiencompris.Tuveuxquejelediseàhautevoix?
Ilfitunpasverselle.Ilsétaienttoutprochesàprésent.
—Vas-y.
—Jeregretted’avoircouchéavectoi.Jeregrettedet’avoirlaissémetoucher.Tureprésentestout
cequejeméprise.Tum’asprouvéquetuétaisexactementcommetouslesautreshommesriches.Tu
pensesquetuastouslesdroitsjusteparcequetuasdel’argentetdupouvoir.Ehbiendevinequoi:ça
nemarchepasavecmoi.
LesparolesdeTaral’atteignirentenpleincœur.
—Tunemeconnaisvraimentpas,hein?Lasemainequ’onapasséeensemblenet’apasmontré
que jen’avais rienàvoir aveccesgens?Tara, réveille-toi, l’hommeque tuasconnupendantces
quelques jours était le véritable Jay. (Il fit un geste vers ce qui l’entourait.) Tout ça, c’est juste
l’extérieur,lafaçade.Cen’estpasmoi.Onavécuquelquechoseensemble,Tara.Quelquechosede
fort.Tunepeuxpastoutsimplementl’oublier.Tuasressentiquelquechosedansmesbras.Jelesais.
Tarasecoualatête.
—Jen’airienressenti.
Illapritparlesépaulesetfuttentédelasecouer.
—Onestbienensemble.Tunepeuxpas rejeter toutçaparceque tusaismaintenantque j’aide
l’argent.Çanechangepaslapersonnequejesuis.
EllerepoussalesmainsdeJayetrecula.
—Si,çachangetout.
—Tunelecroispasvraiment.Tuvoulaisêtreavecmoi!
Elleagitalentementlatêtedegaucheàdroite.
—Non,jenevoulaispasêtreavectoi.Jevoulaism’encanailleravecunserveur.Etmaintenantque
jesaisquetun’espaslapersonnequejecroyais,tunem’intéressesplus.
Surcesmots,elletournalestalons.
Jayl’attrapaparlecoude.Elleretournavivementlatêteetlefusilladesyeux.
—Lâche-moi.Jeneveuxplusjamaisquetumetouches.
Jaylaissaretombersamaincommes’ils’étaitbrûlé.Lespiedscommeclouésausol,illaregarda
sortirdesonbureauetclaquerlaportederrièreelle.
—Merde!
Ilpassaunemaintremblantedanssescheveux.Qu’est-cequivenaitdesepasser?Ilss’étaientcriés
dessus.Ilnes’étaitpasimaginéqu’elleréagiraitainsiendécouvrantsavéritableidentité.Etilnelui
avaitmêmepasditqu’ilétaitdésolédes’êtrefaitpasserpourquelqu’und’autre.Pasuneseulefois.Il
avaitlaisséladisputes’envenimer.
Jays’énervacontrelui-mêmeensongeantqu’ilavaittrèsmalgérélasituation.Taraluiavaitdit
qu’elle regrettait le temps qu’ils avaient passé ensemble, et cela lui faisait terriblement mal. Il
ressentaitunedouleurphysiquequiirradiaittoutsoncorps.
Il avait vraiment tout gâché. Son plan brillant s’était retourné contre lui, et il ne voyait aucun
moyend’arrangerleschoses.
Taraledétestait.
21
Unesemaineplustard
Ils’agissaitd’unepetiteréceptionfamiliale.AprèslescandalequiavaitébranlélesHamptonsdeux
semainesplustôtseulement,PauletHollyavaientdécidéd’organiserunmariagedansl’intimité.Non
pasparcequ’ilsavaienthontedecequis’étaitpassé,maisparcequ’ilsnevoulaientpasquequelque
chosepuissevenirgâcherleurbonheur.
Une quarantaine d’invités, principalement leurs familles proches et quelques amis, étaient
rassemblésdanslerestaurantquePaulavaitréservépourl’occasion.TouslesmembresduClubdes
éternelscélibataires,dontPaulavaitétéofficiellementexclu,étaientprésents.
Jay était assis à la même table que Xavier, Michael et Wade, qu’il n’avait pas vus depuis la
réception chez les Gilbert. Il n’avait cependant pas eu vraiment l’occasion de discuter avec eux
comptetenudelafaçondontlasoirées’étaitbrutalementterminée.
—Qu’est-cequec’estquecettepetitebarbe,Wade?demandaXavierendonnantuncoupdecoude
àWade,levisagefendud’unsourire.Tuenasenfineumarredetonbouc?
Wadegrognagentiment.
—Aumoinsjepeuxmefairepousserlabarbe,répliqua-t-ilenlançantunregardappuyéàXavier,
dontlevisageétaitaussilissequedesfessesdebébé.
—Tuappellesçaunebarbe?intervintMichael.J’appelleraisplutôtçaunetentativeratéed’avoir
l’airviril.
—Tunetrouvespasquej’ail’airviril?demandaWadeenmontrantsonvisage.J’aicarrément
l’aird’unbadboy.
Michaelsemitàrireetluidonnaunetapeamicalesurl’épaule.
— La barbe de quelques jours n’est plus à la mode. Apparemment, les femmes d’aujourd’hui
n’aimentpasavoirlapeauirritéequandonlesembrasse.
—Maistunepeuxpassavoirça,fitremarquerXavierensetournantversWade.Ilnes’estrien
passédanstaviedepuisunmoment.
—Qu’est-ceque tuensais?protestaWade.Cen’estpasparceque jen’enparlepasqu’ilnese
passerien.
XavieretMichaeléchangèrentunregarddubitatif.
—Etc’est trèsà lamoded’avoirunebarbedequelques jours.Vousêtes juste jalouxdenepas
pouvoirlefaire,heinJay?
Jayhochalatêted’unairabsent.
—Oui,c’estça.
—Enplus,jen’aipasenvied’êtretropbeau,sinonjevaismefaireharponnerparunefemmequi
chercheunmariàtoutprix,expliquaWade.
—Çafinirapartetomberdessus,letaquinaXavierenriant.
—Pourquoiest-cequetudisça?
XavierfitungesteversPaul,quiétaitassisnonloindeleur tableetmurmuraitquelquechoseà
l’oreilledeHolly.Unsourireéclairaitlevisagedelajeunefemme.
—TuasvuPaul?Ilnepensaitpasnonplusqueçaluiarriverait,etregarde-lemaintenant.Etdans
quelquesmois,ilserapère.IlestdoublementrenvoyéduClub!
Jay sourit avec nostalgie. Il était bien parti pour être le dernier membre du Club des éternels
célibatairesetrécupérerlepactoleconsidérablequisetrouvaitdanslescaissesduClub.Commes’il
n’avaitpasdéjàsuffisammentd’argent.
Ilselevaetsedirigeaverslebar.
—Unbourbon,s’ilvousplaît,demanda-t-ilaubarman,avantdeseretournerversPauletHolly.
LesparentsdePaulétaientassisd’uncôtéducouple,etDanieletSabrinadel’autre.Mêmelamère
de Paul semblait s’être faite à l’idée d’avoir Holly pour belle-fille, d’autant plus qu’elle portait
désormais son petit-enfant. Au fond, tout ce qui comptait était l’amour, et pas ce que les autres
pensaient.
—Votrebourbon,monsieur.
—Merci.
Jayporta leverreàses lèvresetbutunegorgée. Ilpritplaisirà sentir le liquidebrûlantcouler
danssagorge,engourdissantsessenspendantquelquesinstants.Ildétournalesyeux,nepouvantplus
supporterderegarderPauletHolly.Voird’autresgensheureuxlerendaitencoreplusconscientdece
qu’ilavaitperduquandTaral’avaitquitté.
Il avait tout essayé pour la faire revenir : messages vocaux, textos, emails, mais elle n’avait
réponduàaucund’eux.Illuiavaitditqu’ilétaitdésolédetellementdefaçonsdifférentes,maisTara
l’avaitignoré.
—Hé,quiest-cequiacrachédanstonverre?demandaZachenluidonnantunegrandeclaquesur
l’épaulepuisens’appuyantcontrelebar.
—Quiaditquequelqu’unavaitcrachédansmonverre?
—Moi,envoyantlatêtequetufais.
Jayhaussalessourcils.
—Onatousnosmauvaisjours.
Zachleregardad’unairétonné.
—D’accord.(Ilfitsigneaubarman.)Unecoupedechampagne,s’ilvousplaît.
Pendantquelebarmanleservait,ZachseretournaversJay.
—Commentest-cequeçavaavecTara?
—Çanevapasdutout.
—Ah,jevois.Jecomprendsmieuxtamauvaisehumeur.
—Jenesuispasdemauvaisehumeur.
—Onauraitpulecroire.(Zachpritlacoupedechampagnequeluitendaitlebarmanetenbutune
gorgée.)Qu’est-cequis’estpassé?Est-cequ’elles’estfinalementlasséedesortiravecunserveur?
Jay lâcha un grognement et termina son bourbon d’un trait, avant de reposer bruyamment son
verresurlebar.Quelquestêtessetournèrentdanssadirection.
—Tusaisquoi?Etsituarrêtaisdetemêlerdemesaffairesetquetumefichaislapaix?
— À ce point-là, hein ? dit Zach en faisant claquer sa langue. Je n’aurais jamais cru que la
demoiselledeglacepouvaitfaireautantd’effetàunhomme.
—Arrêtedel’appelercommeça!Ellen’étaitpasfroide!Elle…
Ils’interrompit.Taraétaitimpulsive,passionnée,sauvage.Ill’avaitvudansleursébatsfougueux,
mais aussi dans la dispute enflammée qu’ils avaient eue. S’ils se réconciliaient sur l’oreiller, cela
promettaitd’êtretorride,maismalheureusement,ilyavaitpeudechancequecelaarrive.
—Ellequoi?s’enquitZach.Elleterendfou?Oui,certainesfemmesfontceteffetauxhommes.
Alors,qu’est-cequ’ellet’afait?Ellet’alarguéparcequel’attraitdelanouveautés’estestompé?Ce
n’étaitplusaussiexcitantqu’audébutdecoucheravecunhommeordinaire?
—Jeteconseilledetelafermer.Cen’estpasdutoutça.
—Alorsquoi?
—Tuneveuxpaslâcherlemorceau,hein?
—Apparemmenttoinonplus,sinontuneseraispasentraindebroyerdunoir.
—Quiest-cequibroiedunoir?demandasoudainPaul,quiétaitarrivéderrièreeux.
Jaysetournaverslemarié.
—Personne.
—Jay,réponditZachenmêmetemps.
LeregarddePauloscillaentreJayetZach.
—JesuistentédecroireZach.Ilyaquelquechosequinevapas?Est-cequetuesencoreénervéà
causedetondesignerquis’estfaitdébaucher?Lesautrescandidatsnet’ontpasplu?
Jaypenchalatête.
—Oh,oui.Àcepropos.(Ils’interrompituninstant.)Qu’est-cequit’asprisdenepasmedireque
JaneWorkétaitTaraPierpont?
Paulhaussalesépaules.
—Jenevoulaispasquetusoisinfluencédanstadécision.Etpuisellevoulaitresteranonyme.
—Hein?intervintZach.
Jayl’ignora.
—Jeneluiauraisjamaisfaitpasserunentretiensij’avaissuquec’étaitelle.
—Pourquoipas?Tun’aspasvusonportfolio?Elleestvraimentdouée!
—Hé,est-cequequelqu’unpeutm’expliquercequisepasse?demandaZach.
—J’airecommandéTaraPierpontpourunpostedanslaboîtedeJay,expliquaPaul.
—Ah, jecomprendsmaintenant.C’estcommeçaqu’elleadécouvert lepotauxroses.Etça l’a
miseencolèrecontretoi,ditZachenregardantJay.
—Découvertquoi?demandaPaul,sanslaisseràJayletempsderéagir.
—QuenotreamiJayiciprésentn’estpaslepauvreserveuravecquiellepensaitcoucher.
—Pauvreserveur?(PauldévisageaJayavecunairincrédule.)Pourquoiest-cequ’ellepenserait
quetuesunpauvreserveur?
Jaylevalesmains.
—Pourquoiest-cequejenevouslaissepasarrangerleproblème,puisquevousvoussenteztous
lesdeuxtellementconcernésparmesaffaires?
Paulposasamainsursonbras,l’empêchantdes’éloigner.
—Passivite,monami.Qu’est-cequetuasfaitàTara?
JayfitfaceàPaul.
—Rien!Jeneluiairienfait.Ellem’aprispourunserveuràlafichueréceptiondetesparents,et
j’aijouélejeu.(IlenfonçasondoigtsurletorsedePaul.)Etilafalluquetuviennestoutgâcheren
l’aidantàcomprendrequij’étais.Mercibeaucoup!
LefrontdePaulsecreusaderides.
—Qu’est-cequetumereproches?Etd’ailleurs,pourquoiest-cequ’ellenesavaitpasquituétais?
Àquoiest-cequetujouais?
ZachmontraJayavecsonpouce.
—CeDonJuanpensaitpouvoirconquérirlecœurdeTaraenprétendantêtrequelqu’undepauvre
etordinaire.
—C’estcomplètementtordu,semêlaWade,quisetenaitàcôté.
Jaysouffla.
—Super,c’estvraimentsuper.Lavonsmonlingesaleenpublic,commeçatoutlemondepourra
medirequejesuisunconnard.
Etilavaitvraimentl’impressiond’êtreunconnard.Iln’étaitpasfierdecequ’ilavaitfaitetdela
façon dont il avait menti à Tara. Mais sur le moment, il s’était dit que c’était un bon moyen de
découvrirsiunefemmepouvaitéprouverdessentimentsvéritablespourlui,sansêtreaveugléepar
sonargent.Ehbien,laplaisanteries’étaitretournéecontrelui.
Il se perdit dans ses pensées, pendant que ses amis discutaient entre eux pour essayer de
comprendretoutel’histoire.
Hunterlesavaitrejoints.Ilposalamainsurl’épauledeJay.
—Alors,qu’est-cequetucomptesfairemaintenant?
Jayhaussalesépaules.
— Rien. C’est terminé. Elle ne veut pas d’un homme riche, elle me l’a fait comprendre très
clairement.Findel’histoire.
C’étaitcependantplusfacileàdirequ’àfaire.
Paulpritunairsongeur.
—Hmm,alorsc’estbizarrequ’elleaitacceptéuneinvitationchezlesWillamottceweek-end.
JaytournabrusquementlatêteversPaul.
—Quoi?
Paulfitungesteverssesparents,quiétaientassisàunetableunpeuplusloinetdiscutaientavec
Holly.
—Oui,mamère en a parlé tout à l’heure. Toute la famille Pierpont va à une soirée sur l’île
Shelter. EtMmePierpont s’est donnée pourmission de trouver un homme convenable pour Tara.
Apparemment,Taraafiniparcéderdevantl’insistancedesamère.
Ilfaudraitd’abordluipassersurlecorps!
—Est-cequetuasl’adresse?
PaulsouritetéchangeaunregardcompliceavecZach,WadeetHunter.
—Ondiraitfinalementquenotreamin’apasperdusonintérêtpourTara.
Perdusonintérêtpourelle?Jamais!
22
—Pourquoiest-cequetunemedispascequisepasse?demandaVeronicaens’asseyantsurlelit
etenregardantTaraparlaporteouvertedelasalledebains.
Taraétaitentraindemettredugeldanssescheveuxencorehumidesetcroisaleregardinquisiteur
desasœurdanslemiroir.
—Jen’aipasenvied’enparler.C’estterminé.
—Maistuavaisl’airtellementbienaveclui.Tuétaisrayonnante.(EllefitunpetitgesteversTara.)
Etregarde-toimaintenant.
Tarasortitdelasalledebainsetentradanslachambre.
—Tun’aimespasmatenue?
Elle avait enfilé une robe rouge courte et moulante pour le cocktail desWillamott, auquel la
moitiédelapopulationdel’îleShelterétaitinvitée.
—Ta robeest trèsbien,mêmesi elleestunpeuplusoséequeceque tuportesd’habitude. (Sa
sœurselevaets’avançaverselle.)Maisjem’inquiètepourtoi.
—Cen’estpaslapeinedet’inquiéter.Jevaisbien.
Elleavait l’impressiond’avoirpassésasemaineà le répéter.Maischaquefois,celaavaitétéun
mensonge.Ellen’allaitpasbien.Elleétaitblessée.BlesséequeJayluiaitmenti.
—Tuarrivespeut-êtreàfairecroireçaàmamanetpapa,maispasàmoi.
—Pourquoiest-cequetunelaissespastomber?
VeronicapritlesmainsdeTaradanslessiennes.
—Parcequetuesmapetitesœuretquejen’aimepastevoirmalheureuse.
Tarapinçaleslèvresd’unairpenaud.
—Oh,Veronica, jesuis tellementdésolée.Jen’aipasété justeavec toi.J’ai toujourscruque tu
étaiscommemaman,quetunet’intéressaisqu’auxchosessuperficielles.Jet’aimaljugée.
—Cen’estpas importantpour lemoment.Raconte-moicequis’estpasséaveccegarçon,avec
Jay.
Tararenifla.
—Iln’étaitpasdutoutceluiqu’ilprétendaitêtre.
—Oh,Tara,laplupartdeshommesnesontpascequ’ilsprétendentêtre.Çafaitpartiedujeu.Ilsse
montrentsousun jouretensuite tuendécouvresunautre.Ehoui,parfois tupeuxêtredéçue.Mais
c’estlavie.
—Çanes’estpasdutoutpassécommeça.Iln’avaitrienàvoiraveclapersonnequ’ilprétendait
être.Rienàvoirdutout.C’étaitunimposteur,justeunimposteur.Etjesuistombéedanslepanneau.
J’aicrutoutcequ’ilm’araconté.
VeronicacaressalajouedeTara.
—Oh,petitesœur,jesuistellementdésolée.
Tara haussa les épaules, essayant de chasser la tristesse qu’elle ressentait. Mais c’était peine
perdue.
—Alors qu’est-ce que tu fais là ? Pourquoi est-ce que tu n’es pas restée àNewYork pour au
moinsessayerdedécrocherletravaildonttum’asparlé?
Leslarmesluimontèrentauxyeux,maisellen’eutpaslaforcedelesrepousserpluslongtemps.
—Jen’ai…paseuletravail.
Parcequ’elleavaittraitésonpotentielemployeurdetouslesnoms.
Veronicalapritdanssesbras.
—Oh,jesuistellementdésolée,Tara.Maisilyenaurad’autres,jetelepromets.Ilnefautpasque
tubaisseslesbras.
Tarasecoualatêteensanglotant.
—Çanesertàrien.Ceseraplussimpledefairecequeveutmaman.Parcequechaquefoisque
j’essaiederésister,regardecequisepasse.
—MaisTara…BradWillamott?
Leseulfaitd’entendreprononcersonnomluidonnalachairdepoule.Taran’avaitjamaisaimé
cet homme pourri gâté, fils d’une des familles les plus riches des Hamptons. En acceptant son
invitation ce week-end-là, elle avait pratiquement accepté tacitement de sortir avec Brad et de le
considérercommeunmaripotentiel.Quellehorreur.Elleavaitlesentimentd’avoirremontédansle
tempsetd’êtrecontrainteparsafamilledefaireunmariagederaison.C’étaitcomplètementinsensé.
—Aumoins,jesuisprévenuequec’estuncrétin.Jen’auraipasdemauvaisesurprise.
Jamaisellen’auraitdesentimentspourunhommecommeBrad.Aumoins,ilnepourraitpaslui
briserlecœur.N’était-cepaslasolutionparfaite?Tarasoupiraprofondément.Ellen’arrivaitmême
pasàs’enconvaincreelle-même.Maisqu’est-cequiluiavaitpris?
—Tara,tun’aspaslesidéesclaires.Tuesbouleversée,ettunedevraispasprendrededécisions
danscetétat.Demain,tuviendrasavecAdametmoiettupasserasunpeudetempscheznousjusqu’à
cequetutesentesmieux.
—Maismamannevajamais…
—Laisse-moim’occuperdemaman.
— Je ne veux pas vous déranger, Adam etmoi. Je n’ai pas envie d’être la cinquième roue du
carrosse.
—Net’inquiètepaspourça.Adamvasurvivre.Enplus,ilt’aimebien.
Tarasouritàsasœuràtraversseslarmes.
—Tuessûre?
Veronicahochalatête.
—Tueslameilleuresœur.
—Bien sûr, réponditVeronica.Maintenant, va te remaquiller.Ensuite ondescendra au cocktail.
Avecquelquesverres,onpeutpresquetoutarranger.
—Merci,ditTara,lecœurremplidereconnaissance.
Elle pouvait au moins compter sur une personne pour la sortir de ce pétrin, parce qu’elle se
rendait compte à présent qu’il avait été stupide de sa part d’aller chez les Willamott. Cela ne
résoudraitpassesproblèmesetneguériraitpassoncœurbrisé.
~~~
Tarareposasonverrevidesurleplateaud’unserveurquipassaitetenpritunautre.Aumoins,le
champagne était bon. Et les Willamott avaient invité tellement de monde que cela lui permettait
d’éviter certaines personnes : ses parents et Brad. Chaque fois qu’elle les voyait s’approcher, elle
plongeaitdanslafouleetdisparaissait.Etellecommençaitàdevenirassezdouéeàcepetitjeu.
—Salut,Tara.Enfin.
Peut-êtrepassuffisammentdouée,ajoutaunepetitevoixdanssatête.
EllesetournaetadressaunsourireforcéàBrad.
—Brad,c’estunefêtetrèsréussie.Tesparentssesontsurpassés.
—Jesuiscontentqu’onarriveenfinàseparler.
Il lui sourit d’un air concupiscent, son regard glissant déjà dans son décolleté. Elle regretta
aussitôtsonchoixderobe.Elleauraitmieuxfaitdeporteruncolroulé.
—Tuassûrementpleind’invitésàvoir.(Ellefitungesteverslafouleautourd’eux.)Jeneveux
pastemonopoliser.
—Çanemedérangepas.Tupeuxmemonopolisertantquetuveux.
Elledutréprimerunsentimentdenausée,ets’efforçadeplaisanter:
—Oh,Brad!Toujours lemotpour rire.Tamèrem’avaitavertieque tuavaisunsacrésensde
l’humour.
«Avertie»n’étaitpeut-êtrepaslebonmot.LamèredeBradluiavaiténumérétouteslessoi-disant
qualitésdeBraddèsqu’elleenavaiteul’occasion.Sonfilsétaittellementintelligent(biensûr,sile
faitd’avoirobtenuunenotemoyennedansuneuniversitéprestigieuseétaitunsigned’intelligence),
tellementséduisant (peut-être, sion trouvaitque lebossudeNotreDameétaitbienbâti),et ilallait
hériterd’unegrandefortuneunjour.Surcepoint,mêmeTaranepouvaitpaslacontredire.
— Est-ce qu’elle t’a aussi dit que j’étais un très bon danseur ? demanda Brad, qui n’avait
visiblementpasperçul’ironiedesaréponse.
— J’aimerais bien, mais ces chaussures me font unmal de chien, mentit-elle. Je tiens à peine
debout,alorsjevaisavoirdumalàdanser.Tuméritesunemeilleurepartenairededansequemoi.
Unepartenairequin’étaitpasdégoûtéeparl’idéed’êtretouchéeparBrad.
—Justeunedanse.Ettuverras,jeferaicequ’ilfautpourtefairedécoller,insista-t-ilenluifaisant
unclind’œilconspirateur.
Quellehorreur.Est-cequ’ilessayaitvraimentdeflirteravecelle?Pireencore,avait-ilentêtede
seretrouverseulavecelledansunechambre?
—Jenepréfèrepas.
—Allez!Justeunedanse.
—Tun’aspasentenduladame?l’interrompitunevoixmenaçante.Elleneveutpasdanser.
Tara tourna vivement la tête vers l’intrus. Ou pouvait-elle vraiment parler d’intrus ? Habillé
commeunserveur,iltenaitunplateauvidedansunemain.
—Jay.
—Commentest-cequetuosesinterrompremaconversation?grognaBrad.Faistontravailetne
m’embêtepas.Est-cequetusaisquijesuis?
LavoixdeBradétaitremplied’arrogance.
—Jemefichedequitues.LaisseTaratranquille,ellen’apasenviededanser.Pasavectoi,entout
cas!
JayfourrasonplateaudanslesmainsdeBradetpritlebrasdeTara.
—Ilfautqu’onparle.
Encoresouslechocdel’apparitionsoudainedeJay,elleselaissafaire.Il l’entraînaàtraversla
fouledesinvités,slalomantjusqu’àlapistededanseinstalléesurlaterrasse.Quandilsyarrivèrent,il
lapritdanssesbrasetl’entraînadansunlentfoxtrot.
—Qu’est-ceque tu fais là ? souffla-t-elle àmi-voix.Tu joues encoreune fois au serveurpour
piégeruneautrefemmeinnocente?
Jayl’attiraencoreplusprèsdelui.Sonétreinteétaitaussisolidequ’unétauenacierdontellene
pouvaits’échapper.Peut-êtrequ’elleauraitdûaccepterdedanseravecBrad.
—Jesuisvenuicipourt’empêcherdefaireuneerreurmonumentale.
—Commecellequej’aifaiteavectoi?Net’inquiètepas,jetiredesleçonsdemeserreurs.Jene
meferaipasavoirdeuxfois.
—Tunet’espasfaitavoir,articula-t-ilentresesdentsserrées.Maiscequetuesentraindefaire
estuneerreur.Tunedevraispasêtrelà.Cen’estpasiciquetutrouverasunhommequitecorrespond.
Oubienest-cequetum’asmentiendisantquetunevoulaispasd’unhommeriche?
Ellereculaets’efforçadeselibérerdesbrasdeJay,maisill’enempêchasansgrandeffort.
—Tuosesmeparlerdemensonges?
—Alorsqu’est-ceque tu fais là, à teplier auxexigencesde tesparents ?Cen’était pas toiqui
voulaisprendretonindépendance?Pourpouvoirprendretespropresdécisions?Jenepensaispas
quetucéderaisaussifacilement.
Taraluilançaunregardnoir.
—Pourquiest-cequetu teprends?C’estfacilepour toideparlerd’indépendance.Tun’aspas
besoindevivreauxcrochetsdetesparents.
UneétrangeexpressiontraversalevisagedeJay.
—Non,effectivement.Etjen’aijamaisvécuàleurscrochets.
—Alors,nemedispasquejecèdefacilement.Tucéderaisaussisitun’arrivaispasàobtenirun
travailpoursubveniràtesbesoins.
Ilsoufflaavecunairmoqueur.
—Avectescompétences,tupourraisfacilementtrouver.J’aivutonportfolio,tuasdutalent.Tes
créationssedémarquentdesautres.
—Quoi?
Était-ilvraimententraindeluifaireuncompliment?
—Situleveux,tupourraisêtreuneexcellentedesignerd’intérieur.
Elleplissalesyeux.
—Tuesvraiment écœurant.Tudis çapourm’amadouer, hein ?Tune reculesvraimentdevant
rien.
—Jenemenspas.Jecroisentoi,etjevaisteleprouver.
—Ahoui,etcomment?luidemanda-t-ellesuruntondedéfi.
—Jeteproposeunmarché.(Iljetauncoupd’œilderrièreelle,versl’intérieurdelamaison.)On
n’apasbeaucoupdetemps.Tonadmirateurarriveavecdurenfort.Ilsvontmejeterdehorsdèsqu’ils
m’auronttrouvé.
Ilvirevoltaavecellesurlapistededanseetseplaçaderrièreunautrecouple.L’hommeétaitdela
mêmetaillequeJayetpouvaitlecacher,maispaspourlongtemps.
—Quelmarché?
—Donne-moiquatrejourspourteprouverquejenesuispascommelesautreshommesriches,
que je suisexactementceluique tuas rencontré. Je teprouveraique le Jayavecqui tuaspassédu
tempssurlebateauestlevéritableJay.
—Etcommentest-cequetuvast’yprendre?Toutcequetuvasfaire,c’estteservirdetoncharme
pourm’attirerdanstonlit.Çanechangerariendutout.
—Àl’issuedecesquatrejours,situn’espasconvaincuequejesuisdifférentetquetuveuxme
quitter,jet’aideraiàmontertonagencededesignetjet’apporteraitellementdeclientsquetuaurasdu
travailpourlesvingtprochainesannées.
Taraledévisageaavecuneexpressiondestupéfaction.Lamusiquecontinuaitàjouer,maisJayne
dansaitplus.Illatenaitsimplementdanssesbrasetlaregardaitavecintensité.
—Décide-toi,parcequ’ilsviennentdenousvoir.Tuasenviron trentesecondesavantqu’ilsme
traînentdehors.
TararegardaderrièreJayetaperçutBrad,flanquédedeuxhommesdelasécurité.Sonpèresurgit
justederrière eux. Il l’avaitvueégalement et sedirigeaitdroitvers eux,visiblement contrarié. Jay
allait se faire expulser par les types de la sécurité des Willamott, et elle allait devoir subir les
remontrancesdesonpère.
—Ah,merde!jura-t-elle.
—Tara?Donne-moitaréponse.
—D’accord.Tuasquatrejours.
Àpeineeut-elleprononcécesmotsqueJayl’entraînaversl’autreboutdelapistededanse.Ilse
frayauncheminavecelleaumilieudesinvitésrassemblésautourdubarextérieur,puiss’engouffra
danslatentequilerecouvrait.
— Où est-ce que tu m’emmènes ? demanda Tara, un peu paniquée. Avait-elle pris la bonne
décision?
—Dansmonbateau.
—Etaprès?
—Onvavisitermonpassé.
23
Aulieudecontourner l’extrémiténorddeLongIslandpourrejoindre l’Atlantique,cequiaurait
facilementajoutédeuxheures,JaypritladirectiondusudenpassantparlabaiePeconic,puistraversa
lecanalShinnecock.Leyachtglissaitdoucementsurlamercalme.
—Ilsvontpartirànotrerecherche,tusais,ditalorsTara,quisetenaitàcôtédeJayàlabarre.
Jayluilançaunregarddebiais.
—Ilsvonttrèsviteapprendrequiaenlevéleurfille,etilsneferontriendutout.
Après tout, il était plus riche que toute la famille Willamott réunie, et les parents de Tara
prendraient rapidement conscience qu’il était un bien meilleur parti pour leur fille que Brad
Willamott.
— Tu crois vraiment qu’ils vont accepter que je reste avec un serveur sans le sou ? Je suis
convaincuequenon.Ilsvontremuercieletterrepourm’empêcherdefaireunegrosseerreur.
—Unserveur?Tuneleuraspasditquij’étais?
—Pourquoil’aurais-jefait?Tunecroispasquejemesentaisdéjàassezhumiliée?
—Pourquoihumiliée?
Ellemitsesmainssurseshanches.
—Tunecomprendsvraimentpas,hein?
—Jenecroispas.
—C’étaitlapremièrefoisdemaviequejetenaistêteàmesparents,etqu’est-cequis’estpassé?
J’ai jetémondévolusurunhommeriche!C’estpathétique.Çaauraitbienamusémesparentss’ils
l’avaientappris.
Jayneputs’empêcherdelâcherunpetitrire.
—Alors tune leuraspasdit.Tu leuras laissécroireque j’étaisunpauvregarçonde laclasse
ouvrière?
Ellehaussalesépaulescommepourdire«etalors».
—Rappelle-moidenejamaisdevenirtonennemi,Tara.
—Troptard,c’estdéjàfait.Netefaispasd’illusions.Si jesuis là,c’estseulementparceque je
veuxdevenirindépendantedemesparents.Ouest-cequetapropositionn’étaitqueduvent?
—Non.Jesuisunhommedeparole.Situdécidesquetuveuxmequitteraprèscesquatrejours,je
t’aideraiàmontertonagence.Maisj’espèrequeturesterasetquetumedonnerasuneautrechance.
—Alorsqu’est-cequetuasprévu?Quatrejoursdesexepourmeconvaincre?
L’idéeavaitbeauêtretrèsséduisante,cen’étaitpascequ’ilavaitentête.
—Jenepensepasquecesoitlabonneapproche.Jenecoucheraipasavectoitantquetun’auras
paschangéd’avissurmoi.(Ilfitungesteversl’escalier.)Onnedormirapasdanslemêmelit, j’ai
préparé une cabine pour toi.Ton sac de voyage est encore là. Je t’ai acheté quelques affaires, des
vêtementsetdesproduitsdetoilettepourquetuaiestoutcequ’ilfaut.
Taraledévisageaunairincrédule.
—Tuesalléfairedescoursespourmoi?
—C’estsiétonnantqu’unhommeaillefairedescourses?
—Tumesurprends,Jay.
Ilsourit.
—Ehbien,c’estundébut.Est-cequetuveuxdescendredanslacabinepourtechanger?(Illaissa
courirsonregardsursaroberougemoulante.)Cen’estpasquejen’aimepastatenue,maisilvay
avoirduvent.Jet’aitrouvéquelquespullsetuncoupe-vent.
—D’accord,dit-elleavantdetournerlestalons.
—Oh,etest-cequetupeuxprendreaussimavestebleue,s’ilteplaît?Elleestaccrochéesurune
patèredanslacabineprincipale.
—Pasdeproblème.
Elledescenditl’escalieretdisparut.
Jayretirasavestedesmokingetlaposasurledossierdusiègederrièrelabarre.Enattendantle
retourdeTara, il renseigna leurdestinationdans lesystèmedenavigationduyachtetenclencha le
piloteautomatique.
Tara le rejoignit quelquesminutes plus tard.Elle était superbe dans le pantalon en lin blanc, le
débardeurbleuetlecoupe-ventbleuetblancqu’ilavaitachetéspourelle.
—Tum’asachetédeschaussuresbateau.
Ilbaissalesyeuxverssespieds.ElleportaitdeschaussuresNauticableuesetblanches.
—Jenevoulaispasquetutepromènessurleyachtentalonshauts,çaabîmelevernis.
Ce n’était pas vraiment la raison.Après tout, il pouvait toujours refaire le revêtement du pont.
Mais ilétaitdangereuxd’êtremalchaussésurunbateau.Onpouvait se fairedéséquilibrerparune
vaguesoudaine.
—J’auraispumettredestongs.
Illuijetaunregardlégèrementcontrarié.
—C’estjusteunpetitcadeau.Jenet’aipaslaisséletempsdepréparertesaffaires,alorsc’estla
moindredeschoses.
Taraparaissaitgênée.
—Merci.Oh,voilàtaveste,dit-elleenluitendant.
Jay l’enfila aussitôt. Il se changerait plus tard dans une tenue plus confortable, mais pour le
moment il voulait s’éloigner autant quepossibledesHamptons.LesparentsdeTara se lanceraient
sûrementàleurpoursuitepoursauverleurfilledesmainsd’unhommeabsolumentpasconvenable.
—J’espèreque la cabine teplaît, dit-il, s’efforçant de faire la conversationpourmettreTara à
l’aise.
—Enfait…
Ellehésita.
—Ilyaunproblème?
—Riendegrave.C’estjustequequandlaporteestfermée,onnepeutpasouvrirentièrementla
porte de droite du placard. Elle frotte contre la poignée, c’est vraiment mal conçu. Enfin, c’est
vraimenttrèsjoli,maispastrèsfonctionnel.
—Qu’est-cequetuferaispouryremédier?
—Onnepeutrienfaire,çaaétéconstruitcommeça.
—Oui,maissitupouvaistoutrecommencer?
—Tuveuxdire,réaménagerlapièce?
Ilhochalatêtepourl’encourager.
—Ehbien,jecommenceraispasdéplacerlaported’environsoixantecentimètresverslagauche,
et je réduirais la profondeur du placard d’une dizaine de centimètres. Ça laisserait encore
suffisamment de place pour suspendre ce qu’on veut, et ça permettrait de mieux circuler. Et je
retireraisaussitoutlemétal.
—Lemétal?
—Oui, les poignées.Au lieu d’avoir des poignées qui dépassent, pourquoi ne pas les intégrer
danslebois?Çaéviteraitqu’ons’ycogneenpermanence.Tuvoiscequejeveuxdire?
—C’estunebonneidée.
—Alors,n’hésitepasàenparleràtonnouveaudesignerd’intérieur.
JaycroisaleregarddeTaraetsourit.
—Jen’airecrutépersonnepourlemoment.
Tarafronçalessourcils.
—Tuasdûvoirpleindebonscandidats,non?
—Oui,effectivement.Lesdesignsdel’und’euxm’ontparticulièrementplu.
—Alorspourquoiest-cequetunel’aspasembauché?
UnpetitsouriresedessinasurleslèvresdeJay.
—Parcequ’elles’estenfuiesansmelaisserletempsdeluiparlerdesonportfolio.
Taraledévisagead’unairsoupçonneux.
—Tudisçajusteparcequetuasenviequejet’aimebien.
—Tara, tum’aimes déjà bien. Tu es en colère contremoi parce que je t’aimenti,mais ça ne
change rienau faitque tum’aimesbien.Sinon tuneseraismêmepas là.SiBradWillamott t’avait
proposédepasserquatrejoursseuleaveclui,tuauraisaccepté?
Taraouvritlabouchepuislarefermasansriendire.
Jaypritcelapourunnon.
—Jevaisêtrefrancavectoi,Tara.Jet’aimebien.Jet’aimemêmebeaucoup.Etjesuistrèsattiré
par toi.Maispendant les quatre joursqui viennent, je vais résister à cette attirance.Tout ceque je
veux,c’estquetumelaissestemontrerlapersonnequejesuisvraiment.
—Pourquoiquatrejours?
—Parcequec’estletempsqu’ilvanousfalloirpourdescendrejusqu’enCarolineduSud.
—Qu’est-cequ’ilyaenCarolineduSud?
—Àpartunedélicieusecuisineetuntempssuperbe?(Ils’interrompituninstant.)Ilyaunepartie
demoiquepeudegensontvue.
Sonpassé.Dessouvenirsqu’ilnepartageaitavecpersonne.MaisilétaitprêtàlefaireavecTara,
parcequecelaluipermettraitdecomprendreenfinqu’iln’avaitrienàvoiravecleshommesriches
qu’elleconnaissait.
24
Taramontasurlepontsupérieuravecunmugdecaféfumant.Celafaisaitplusdetroisjoursqu’ils
avaient quitté les Hamptons, et elle devait reconnaître, tout aumoins en son for intérieur, qu’elle
passaitdetrèsbonsmomentsavecJay.
Jay avait tenu parole. Il ne lui avait fait aucune avance, et ne l’avaitmême pas embrassée. Elle
dormaitseuledans lacabinedes invités.QuantàJay, ilpassait lamoitiédesesnuitsà labarre,ne
jetantl’ancredansdescriquescalmesquepourquelquesheuresseulement.
Ilavaittrèsbienapprovisionnéleyacht.Leréfrigérateuretlecongélateurindustrielscontenaient
absolumenttoutcequ’ellepouvaitdésirer,etJayétaitunexcellentcuisinier,commeelleavaitpule
constater. Elle avait beaucoup appris sur lui pendant les nombreuses heures qu’ils avaient passées
ensemble.Ilsemblaitaimerprofondémentlamer.
—Mercipourlecafé,ditJayens’emparantdumugqu’elleluitendait.
Aprèsenavoirbuunegorgée,illeplaçadansunporte-gobeletconçupourlesbateaux.Malgréles
vagues,lecafénepouvaitpasserenverser.
—Depuiscombiendetempsest-cequetuesréveillé?demanda-t-elleenscrutantl’horizon.
—Deuxheuresàpeuprès.Jenet’aipasréveilléeendémarrantlemoteur?
—Jen’airienentendu.(Elleavaittrèsbiendormicestroisdernièresnuits.)Maistun’aspasdû
t’allongerplusdequelquesheures.
Illuisourit.
— Je n’ai pas besoin de beaucoup de sommeil. Et puis je voulais être sûr qu’on atteigne notre
destinationaujourd’hui.
—Etonvayarriver?
—Ondevraityêtredansquelquesheures.
—Jesuiscurieuse.Est-cequetuvasenfinmedirecequetuveuxmemontrer?
—Jetelerépète,chaquechoseensontemps.
Elle l’avaitsouvent interrogésur leurdestination,mais iln’avait rienvoulu luidire.Et ilne lui
donnaitpasplusd’informationàprésent,àl’aubeduquatrièmejour.
Ellesoupira.
—Trèsbien.
— Je sais que tu es impatiente de retrouver la terre ferme. Contrairement à moi, tu n’as pas
l’habitudedenaviguer.
— J’aime bien être sur un bateau. Comment est-ce que tu as attrapé le virus ? Quand tu as
commencéàconstruiredesyachts?
—J’aifabriquémonpremierbateauquandj’avaisdixans.
—Dixans?
Ilsemitàrire.
—Jel’avaistaillédansunmorceaudebois.Ilmesuraitquinzecentimètresetlemâtétaitunbâton
desucette.
TararemarquaqueJayavaitlesyeuxbrillants.
—Jel’aiinaugurédansuneflaquedevantmamaison.
—Est-cequ’ilaflotté?
—Pas longtemps.Un type au volant d’un gros pick-up flambant neuf est passé dans la rue en
fonçantetl’aécraséavantquejepuisselesauver.(Jayregardaauloin.)Cen’étaitqu’unmorceaude
bois,iln’avaitaucunevaleur.
Maissonsouriretristecontredisaitsesparoles.
—Tul’avaisconstruitdetespropresmains.Tudevaisbeaucoupytenir,fit-elleremarquer.
Ilrestasilencieuxpendantunlongmoment.
—J’aimebienlesbateauxparcequ’ilspeuventnousemmenerloindetout,finit-ilpardire.Quand
onestsurl’eau,onestlibre.Onnevoitpersonnependantdesmilesetdesmiles.
—Ondoitsesentirseul.
—Onpeutsesentirbeaucoupplusseulaumilieud’unefouledegens,sipersonnenefaitattention.
Commesionn’existaitpas.Enmeraumoins,on saitqu’onest seul etqu’onnepeut compter sur
personne.Surlaterreferme,onal’illusionqu’onpeutobtenirdel’aidequandonenabesoin,mais
cen’estpasvrai.
Étonnéeparlagravitédesesparoles,Taralaissasonregarderrersurlui.Ilportaitunshort,un
tee-shirtetuncoupe-ventqu’ilavaitlaisséouvert.Ellebaissalesyeuxverssesmains,poséessurla
barre.Elleavaitdéjàremarquéqu’ilavaitlesmainscalleusespendantlapremièrenuitqu’ilsavaient
passéeensemble,maisellen’avaitpasvusescicatrices,qui semblaientprovenirdecoupuresetde
brûlures.Sonhâlelescachaitbien,maispascomplètement.
—Tutravaillaisavectesmainsquandtuétaisjeune,devina-t-elle.
—Çanemedérangeaitpas.
Illuiavaitréponduavecnatureletelleauraittrèsbienpupasseràautrechose,maisquelquechose
lapoussaàinsisterpourobteniruneexplicationpluscomplète.
—Tuétaisobligédetravailler,c’estça?
Jaylâchaunrire.
—Toutlemondeestobligédetravailler.
—Pastoutlemonde.Ilyadesgensquinaissentavecunecuillèreenargentdanslabouche,mais
cen’estpastoncas.
—C’est rare.Regarde-toi,dit-ilpourdétourner l’attentionde lui.Tuasenviede travaillerpour
êtreindépendantedetesparents.Iln’yariendemalàça.
—On ne parle pas demoi, mais de toi. (Elle désigna sesmains.) Tu n’as pas lesmains d’un
hommeoisif.
—C’estpourçaquetum’ascruquandjet’aiditquejetravaillaisdanslebâtiment?
Ellehochalatête.
—C’estunedesraisons.
—Etquellessontlesautresraisons?
—Tuavaisl’aird’avoirlespiedssurterre.D’êtrenormal.Etgentil.
—Ah,lemotquitue:gentil.Quelhommenerêvepasd’êtrerangédanslacatégoriedesgentils?
plaisanta-t-il.
Secouantlatête,elleleregardad’unairréprobateur.
—Tucomprendscequejeveuxdire!Etn’essaiepasdechangerdesujet.Onparledetoi.
—Oui,jesais.Demagentillesse,ditJayavecunsourire,satristessesemblants’êtreévanouie.
Elleluidonnaunetapesurlebras.
—Est-cequetunepeuxpasêtreunpeusérieux?
—Jepensaisquetunevoulaispasquelquechosedesérieux.Quandtupensaisencorequej’étais
serveur,tum’asditquetuvoulaisjustet’amuser.
—Oh,arrêtederetournermesparolescontremoi.
Maisellen’arrivaitpasàêtreencolèrecontrelui.Elleaimaitleurbadinageamical,quilamettaità
l’aise.Elleenoubliaitpresquecequ’ilavaitfaitetlafaçondontilluiavaitmenti.Presque,maispas
complètement.
~~~
Quelquesheuresplustard,ilsarrivèrentdansunpetitportdeCarolineduSud,remplidebateaux
decommerceetdevoiliers.Unefoisleyachtamarré,JaysetournaversTara.
—Unevoiturenousattend.
Illuitenditlamain.
—Oùest-cequ’onva?
—Dansmamaison.
Taraglissasamaindanslasienneetlesuivitverslacôte.Appuyésurun4x4,unhommeentenue
décontractéeseredressaenlesvoyants’approcher.
—M.Bohannon?
Jayhochalatête.
—C’estmoi.
L’hommeluitenditunporte-blocetunstylo.
—Veuillezsignerici.
Aprèss’êtreexécuté,Jayrenditàl’hommeleporte-blocetsaisitlacléqu’illuitendait.
—Appelez-nousquandvousvoudrezquejerécupèrelavoiture.
—Merci,ditJayenhochantlatête.
IlouvritlaportedupassagerpourTara.
—Monte.
Tara s’assit sur le siège et attendit que Jay s’installe derrière le volant et démarre. Il resta
silencieuxpendantletrajet,commes’ilétaitpréoccupé.Elletournalatêteverslafenêtreetobserva
lesenvirons.Cen’étaitpasunerégionflorissante.Plusilsroulaient,pluslecoindevenaitpauvre.Les
maisonsquibordaientlarouteétaientenmauvaisétat,etlesjardinsétaientmalentretenus.Àchaque
kilomètre, ils semblaient s’enfoncerunpeuplusprofondémentdansunautremonde,unmondede
misère et de désespoir. Cela ne ressemblait plus du tout aux États-Unis. Tara avait l’impression
d’avoir atterri dans un pays du tiers monde, un pays défavorisé qui avait besoin de l’aide de ses
voisinsplusprospères.
Jayralentitettourna,quittantlarouteprincipale.
—Jenevienspaslàtrèssouvent.
Elleluijetauncoupd’œil.
—Tuasgrandiici.
Il répondit d’unhochementde tête, comme s’il était tropdouloureuxpour lui de le dire à voix
haute.
Auviragesuivant,ils’engageadansl’alléed’unepetitemaisondélabréesansétageets’arrêta.Il
coupalecontact,etlesilences’installadanslavoiture.
Lentement,Jayouvritlaportièreetsortit.Taral’imitaetcontournalavoiture.Ilrestadeboutsans
bouger pendant un longmoment, le regard tourné vers lamaison.Quelquesmarchesmenaient au
porche,etlaported’entréedonnaitl’impressiondepouvoirêtreenfoncéed’uncoupdepied.
—Jen’arrivepasàmerésoudreàlavendre,murmura-t-il.
—Personnen’habiteici?
—Mamèreestmorteilyalongtemps.Etmonpèreestpartitrèslongtempsavant.
Jays’avançaverslamaison,etTaralesuivit.
Il sortit une cléde sapocheet ouvrit laporte.Quand ilspénétrèrent à l’intérieur, uneodeurde
renfermé les accueillit. La maison était petite et simple. Elle était composée d’un salon, de deux
chambres,unedechaquecôtéducouloir,d’uneminusculesalledebainsetd’unecuisinerelativement
grandequifaisaitégalementofficedesalleàmanger,aufonddelamaison.Lacuisinièredevaitavoir
prèsdecentans,etleréfrigérateursemblaittoutdroitsortid’unfilmdesannéescinquante.
L’intérieur était très peu décoré,mais un cadre posé sur un vieux buffet au vernis écaillé attira
l’attention de Tara. Elle voulut s’en emparer pour regarder de plus près le cliché qu’il contenait,
quandsamainheurtacelledeJay.Ilavaiteulamêmeidée.
Ellecroisasonregard.
—J’avaistreizeanssurcettephoto.
Taral’examina.Unpetitgarçonétaitassissurleperrondelamaison.Samèreétaitassisederrière
lui,saroberecouverted’untablier.Elleparaissaitéreintée,maisellesouriait.
—Onnelesavaitpasencore,maiselleétaitdéjàatteinted’uncancer.
Instinctivement,TararefermasamainsurcelledeJayetlaserra.
—Jesuisdésolée.
—Onn’avaitpasl’argentpourconsulterrégulièrementledocteur,expliqua-t-il.Sinonlamaladie
auraitpeut-êtrepuêtre traitéeà temps.Maismamèrepensaitavant toutànousnourrir.Elle faisait
toujourspasserlesautresavantelleettravaillaittrèsdur.
—Ettonpère,ilnetravaillaitpas?
—Iln’yavaitpasdetravaildanslecoin.Audébut,ilacceptaitdesposteséloignésetnerentrait
queleweek-end.Maisjecroisquec’estdevenutropdifficilepourlui.Ilabaissélesbras.Unjour,ila
envoyé une lettre à ma mère avec de l’argent à l’intérieur. Il y disait qu’il ne pouvait rien faire
d’autre,qu’ilavaitétéunmauvaispèreetunmauvaismarietnepouvaitplussupporterdenousvoir
vivrecommeça.Çaluibrisaitlecœur.
Taras’efforçaderefoulerleslarmesquiluipiquaientlesyeux.
—J’aifaitcequejepouvais.Aprèsl’école,jedonnaisuncoupdemaindansunmagasindepêche,
jevidaislespoissonspourunepetiteconserverie,jetravaillaisdansunecalesèche.Jeprenaistous
lespetitsboulotsqu’onvoulaitbienconfieràunadolescent.Et lanuit,quandmamèredormait, je
prenaismonvéloetj’allaisjusqu’auportpourregarderlesbateauxsebalanceraugrédesvagues.Et
jeregrettaisdenepasêtrenédansuneautrefamille.
Jaypassaunemaintremblantedanssescheveux.
—Et jeme détestais pour ça, jem’en voulais de souhaiter ne pas être le fils demamère, de
souhaiterêtreriche.
LadouleurquiémanaitduvisagedeJayserraitlecœurdeTara.
—Tun’ypouvaisrien.
Unsouriretristeétiraseslèvres.
—Jetrahissaismamèreenayantcegenredepensées,parcequechaquefoisquejeregardaisles
bateaux,jerêvaisdemonteràborddel’undeuxetdepartirpourdebon.
—Maistunel’aspasfait.Tuesrestéavecelle,devina-t-elle.
—Jusqu’àsamort.
—Qu’est-cequis’estpasséaprès?
—Jesuispasséentrelesmaillesdusystèmesocial.J’avaisseizeansetj’étaiscapabledesubvenir
àmesbesoins.Charlie,lepropriétairedelacalesèche,m’aappristoutcequej’avaisbesoindesavoir
surlesbateaux.Etchaquefoisqu’onenréparaitun,j’avaisledroitdelesortirenmerpourletester.
J’attendaisavectellementd’impatiencecesmoments-là.
—Maiscommentest-cequetuasfaitpourarriverlàoùtuenesaujourd’hui?Tupossèdesl’une
des plus grandes entreprises de construction de bateaux des États-Unis. Comment est-ce que tu as
commencé?Tuespartiderien.
Jaysecoualatête.
—J’avaisbeaucoupdedétermination.Etj’aieudelachance.(Ilreposalecadresurlebuffet.)Je
connaissaistrèsbienlesbateauxetlesdangersqu’onpouvaitcouriràbord.Jesavaisqu’uneerreur
de la part d’un skipper débutant pouvaitmettre en danger la vie de tous les passagers. J’en ai été
souventtémoin:lesétudiantsquivenaientàlamarinapendantlesvacancespourfairelafêtesurles
somptueux yachts de leurs parents n’étaientmême pas conscients des dangers qu’ils couraient. Ils
étaient incapablesdemanœuvrercorrectementunbateauetd’assurer lasécuritédespassagerset la
leur.
—Qu’est-cequetuasfait?demandaTaraaveccuriosité.
— J’ai mis au point un système électronique capable de s’activer automatiquement en cas de
détectiond’undangerpour lebateauoulespassagers.Je l’aiprésentéà lagardecôtière.Monidée
leuraplu,maisilsonttrouvéqu’elleétaittropchèreàmettreenœuvre.Alorsjesuisallévoirdes
propriétairesdeyachtsetjeleuraidemandécequ’ilsseraientprêtsàpayerpourassurerlasécurité
deleursbiensetleurspassagers.L’und’euxaachetémonappareil.Aprèsl’avoirtestéenprofondeur,
ilm’a faituneoffre : ilmeproposaitdedéposerunbrevet etde leproduireenmasse. Il a fourni
l’argent, etmoi j’ai apportémonexpertise.Lesbénéficesqu’ona retirésde cette entreprisem’ont
permisd’alleràl’université.J’aiétéàPrinceton,etc’estlàquej’airencontréPaul,Zachetlesautres.
Legadgetquej’avaisinventéagénérétellementdeprofitqu’ilm’apermisdelancermonentreprise
de construction de bateaux. Je savais comment faire un bon bateau et j’avais de nombreux clients
potentiels.
—C’étaituneidéegéniale.
Jaysourit.
—Commejetel’aidit,j’aieubeaucoupdechance.
—Lesmainsenl’air,vousdeux!criasoudainunevoixderrièreeux,àl’accentduSudprononcé.
Etretournez-vous.Lentement
Jay jetaàTaraunregardrassurantalorsqu’ilss’exécutaient, lesmains levéesau-dessusde leur
tête.LapremièrechosequevitTarafutlecanond’unfusildechasse.Puisellelevalesyeuxversle
visagedel’hommequilesmenaçait.
25
Jaybaissalesmainsetsourit.
—Alors,c’estcommeçaqu’onsalueunvieilami?
L’hommes’approchadelui.
—Jay?
Ilbaissaenfinsonarme.
—Jesuiscontentdetevoir,Charlie.
—Maisqu’est-cequetufaislà?Pourquoitunem’aspasditquetuvenais?J’auraisputetirer
dessus!
—Avecça?demandaJayendésignantlefusil,quiparaissaittoutaussivieuxquesonami.
Charlieétaitunvieilhommebourruâgédeplusdesoixante-dixans,quisemblaitcependantmalin
commeunsinge.Etvisiblement,ilgardaitencoreunœilsurlamaisondeJay.
—Ilesttrèsbien,monfusil.
Sanslâchersonarme,CharlieserramaladroitementJaydanssesbras.
—Alorsqu’est-cequit’amèneici?(IlfitungesteversTara.)C’esttacopine?demanda-t-ilavec
unsourireappréciateur.
JayseretournaversTara,nesachantcommentrépondreàcettequestion.Taraétait-ellesacopine
désormais?C’étaitàelled’endécider.
TarafitunpasenavantettenditlamainàCharlie.
—Tara.Enchantée.
Charlieluiserralamain.
—Moi,c’estCharlie.
SonregardsereposasurJay.
—Charlieétaitlepropriétairedelacalesèchedontjet’aiparlé,expliquaJay.
—Était?Oh,alorsvousêtesàlaretraitemaintenant?demandapolimentTara.
—À la retraite ? répéta Charlie avec un éclat de rire enmontrant Jay de son pouce, les yeux
pétillantsdemalice.Sanslui,jeleserais.
SachantexactementceàquoiCharliefaisaitallusion,Jaydécidad’intervenir.Taraenavaitentendu
assezsursonpassé,etiln’étaitpasnécessaired’entrerdavantagedanslesdétails.Ildonnauneclaque
surl’épauledeCharlie.
—CommentvaMabel?luidemanda-t-il.
—Elleesttoujoursaussicasse-pieds.(Iljetauncoupd’œilàTara.)Mafemme,ajouta-t-il,avant
de se tournervers Jay.Elle t’auraitpréparéune tarteauxnoixdepécansi seulement tunousavais
prévenusquetuvenais.
—Ças’estdécidéàladernièreminute,ditJay.
—Tun’avaismêmepasl’intentiondepassercheznous,hein?
Jay soupira.Non, il n’avait pas prévu de voir quiconque appartenant à son passé.Cela remuait
toujourstropdesouvenirsdouloureuxpourlui.
Charliehochalatête.
—Tun’aspasenviedevoiraumoinsàquoiserttonargent?
—J’ailuleslettres.
—Lesenfantsseraientravisdeterencontrer,insistaCharlie.
—Lesenfants?demandasoudainTara.Vospetits-enfants?
Charliesecoualatête.
—Non,onn’apaseud’enfants.C’est lavie.Maisonena toutpleinmaintenant. (Il fitungeste
versJay.)Grâceàlui.
—Jesuissûrqueçan’intéressepasTara,Charlie.Etondevraityaller.
TaraluilançaunregardcurieuxpuissouritàCharlie.
—Aucontraire,çam’intéressebeaucoup.
—Alors,prenonslavoitureetallons-y.
—Oùça?demandaTara.
—Auport.C’estlesvacances,alorslesenfantspassentlamajeurepartiedelajournéelà-bas.
Jayréprimaunsoupir.Visiblement,Charlien’avaitpasl’intentionderenoncer.Dansseslettres,il
luiavaitsouventdemandéquandilviendraitvoircequ’ilavaitcréédanssavillenatale,maisJayavait
toujours trouvé des excuses. Il ne voulait pas de remerciements publics, il préférait rester dans
l’ombre. Il n’était pas legenredebienfaiteur à fairedesbonnesœuvrespour être remerciépar la
société.S’ilagissaitainsi,c’étaitseulementpouraméliorerlequotidiendespersonnesdéfavorisées.
~~~
Ilssegarèrentdevantunportailetsortirentdelavoiture.Taralevalesyeuxversunepancartesur
laquelle il était écritLes bateaux deCharlie après l’école.Derrière, il y avait une cale sèche avec
plusieurs pontons auxquels étaient amarrées diverses embarcations : voiliers, bateaux àmoteur et
canotspneumatiquesdetouteslesformesettailles.
—ÇadevraitdireLesbateauxdeJayaprèsl’école,maisilesttropmodeste,affirmaCharlie.
Desenfantsd’âgesvariéss’affairaientunpeupartout.Certainsétaientassisdansdesbateauxtandis
qued’autresbricolaientdesvoilesetdesmoteurs,souslasupervisiondeplusieursadultes.
TarasetournaversCharlieetJay.
—Qu’est-cequec’est?
—C’estuncentrequiaccueilledesenfantsdefamillespauvresaprèsl’école,expliquaenfinJay.
Ilspeuventveniricietapprendreàfairedelavoileetàentretenirdesbateaux.Çaleurmontrequece
n’estpasseulementréservéauxélites.
—C’esttoiquiascréécecentre?
—Jevoulaisquecesenfantsaientlesmêmesopportunitésquecellesquem’aoffertesCharlie.
Charliesouritfièrement.
—Jayamisbeaucoupd’argentdansceprojet.Levoisinagel’aprispourunfou,maislesenfants
adorent. Je ne les ai jamais vus aussi heureux que quand ils sont ici. Ça leur fait oublier tous les
problèmesqu’ilsontàlamaison.
TarasetournaversJayetposasamainsursonbras.
—Pourquoiest-cequetunevoulaispasmeledire?
Ilparutembarrasséethaussalesépaules.
—C’estquelquechosedepersonnelpourmoi.Jen’aidepaslesgenspourquetoutlemondele
sache.
—Les enfants n’ontmême pas pu le remercier, car il n’est pas venu ici une seule fois, ajouta
Charlie.
—Jecroisquec’estlemomentd’yremédier,ditTara.Alorsc’estdonctoilevéritableJay.
Ellepassasesbrasautourdelui.
—Qu’est-cequetufais?murmura-t-il.
—Jeteremercie.
Ellesehaussasurlapointedespiedsetposasabouchesurlasienne.
—Tara,murmura-t-il,sanss’écarterdeseslèvresentrouvertes.
SonsoufflechaudéveillatouslessensdeTara.
Illaserraalorsdanssesbrasetl’embrassaavecuneaviditéqu’ellen’avaitjamaisvuechezlui.
Des acclamations et des rires d’enfants et d’adultes retentirent soudain. Tara interrompit leur
baiseretseretourna.Lesenfantslesobservaientavecdegrandsyeux.
—Ondevraitallerdirebonjour,suggéraTaraenseretournantversJayeten leregardantavec
intensité.
Jayhochalentementlatête.
—D’accord.
Illuipritlamainetl’entraînaaveclui.Avecunpetitsouriresurleslèvres,Charliefitsigneaux
enfantsetauxadultesprésentsdes’approcherpourrencontrerleurbienfaiteur.
26
JayrefermalaportedelacabinederrièreluietpritTaradanssesbras.
L’après-midiavaitétéchargé,maisilyavaitprisbeaucoupdeplaisir,plusqu’ilnel’auraitpensé.
Lefaitd’avoirrencontrélesenfantsetvulafaçondontlecentrelesaidaitàgérerleursproblèmeslui
avaitenfinpermisdeseréconcilieravecsontristepassé.
Tara ne lui avait pas explicitement dit qu’elle voulait être avec lui,mais il l’avait ressenti dans
chacundesesgestes.Ellelevoyaitpourlapersonnequ’ilétaitvraiment:l’enfantissud’unquartier
pauvrequis’enétaitsortigrâceàsondurlabeuretsadéterminationàtouteépreuve.
—Jeneveuxplusqu’ilyaitdemensongesentrenous,Tara.C’estterminé.Cequetuvois,c’estce
quetuauras.Jesuisdésoléd’êtreriche,maisjesuissûrquetufiniraspart’yhabitueravecletemps.
TaraposasamainsurlevisagedeJayetsuivitdoucementlecontourdeseslèvresduboutdeson
pouce.
—Dumomentquetumelepromets,tuserastoujoursleserveurdontjesuistombéeamoureuse.
Il lui sourit et sentit une bouffée de chaleur envahir sa poitrine. Tara était une femme
exceptionnelle.Etelleétaitsienne.
—Alorstuesamoureusedemoi?
—C’estpossible,répondit-elleavecunsourireséducteur.
—Qu’est-ce que je dois faire pour en avoir le cœur net ? Jouer au serveur et être aux petits
soinspourtoi?
—Çameparaîtunebonneidée.
—Alorsjeferaismieuxdem’ymettretoutdesuite.
Jay effleura ses lèvres avec les siennes et ressentit toute sa douceur et son impatience. Tara
s’abandonnadanssesbrascommeunchatonquisavaitqu’onallaitluiapportersonboldelait.Enfin,
lechatonavaitrentrésesgriffesetronronnait.
Ils’écartauninstant.
—Jesuisdésolépourtoutcequej’aifait.
Taralevalesyeuxverslui.
—Tout?
Ilpouffa.
—Non, je rectifie. Pas tout, juste dem’être fait passer pour quelqu’un d’autre. Je ne suis pas
désolé pour le reste : de t’avoir fait l’amour et d’avoir passé des heures à discuter avec toi. Je ne
regretteriendetoutça.
—Tueslapremièrepersonneàm’avoirvraimentécoutée.
Elleposasabouchesurlasienne.
—Tum’asmanqué.
—Toiaussi,tum’asmanqué.
Ilcapturases lèvreset l’embrassapassionnément, touten ladébarrassantavecempressementde
sonhautetdesonshort.Avecuneimpatienceapparemmentégaleàlasienne,ellefitpassersontee-
shirtau-dessusdesatêteetouvritleboutondesonshort.Lorsqu’elleleluiretira,sonsexeétaitaussi
durqu’unmâtdebateau.
Maisiln’allaitpasseprécipiter.Pascejour-là.Àprésentquetouts’étaitarrangéentreeux,ilavait
toutletempsdumondepourfairel’amouràTara.Pourl’inonderdesonaffectionetpourluimontrer
qu’ilétaitl’hommequ’illuifallait.
Lentement,ilallongeaTarasurlelitpuisécartasescuissesavecsesmains,ladévorantdesyeux
commeunfestinsensuel.Illaissasonregardsepromeneravidementsursoncorpsnu,sedemandant
commentquelqu’unavaitpupenserqu’elleétaitfroideaulit.Elleétaitpleinedepassionetdedésir.
Elleétaitunvraibrasier,quibrûlaitenluichaquefoisqu’ilpensaitàelle.
—Jesuisàvotreservicecesoir,murmura-t-il, luirappelantcequ’illuiavaitditlesoirdeleur
rencontreàlaréceptionchezlesGilbert.Etcettefois,jen’accepteraipasderefus.
S’avançant sur le lit, Jay se glissa entre ses cuisses et approcha sa tête de son intimité nue. Le
souffledeTarasefitirrégulier,cequiluiprocurauneprofondesatisfaction.
Sansperdreunesecondedeplus,illéchasafentehumideetluiécartadavantagelescuisses,pour
son propre plaisir. Il sentit le goût de son excitation sur sa langue et tressaillit, parcouru par une
boufféededésir.
Tarasecambrasurlelit,lâchantunlégergémissement.Lafaçondontelleréagissaitetaccueillait
sescaressesnefaisaitqu’accentuersonenviedelaposséder.Ill’exploraavecsoin,léchantetsuçotant
ses lèvres, titillant sonclitoris avec sa langue, encoreet encore, jusqu’àcequ’ellehalètede façon
incontrôlable.Maisilnes’arrêtapas.Ilredoublasesefforts,accélérantetaccentuantsesmouvements,
puisglissaundoigtdanssonfourreauétroit.Ilsentitalorssesmusclessecontracter.
—OhmonDieu,Jay!
Il lâchaungrognementdeplaisir, prenant consciencequ’ellen’était pas loinde jouir.Saverge
palpitait à présent, le suppliant de la pénétrer. Prenant son clitoris dans sa bouche, il referma ses
lèvresdessus.
LecorpsdeTaraseraiditetellelaissaéchapperungémissementessoufflé.Soudain,sonorgasme
déferla.Jaysentitsesspasmesdanssaboucheetautourdesondoigt,etsedélectadesessoupirsde
bien-êtrealorsqu’elleselaissaitalleràlajouissance.
Respirantlourdement,JayécartaenfinsabouchedusexedeTaraettenditlebrasverslatablede
nuitpouryprendreunpréservatif.
—Onn’apasbesoindeça.
LavoixdeTaraluifittournerbrusquementlatêtedanssadirection.
—Pourquoi?
—Jeprendsuncontraceptif.
—Depuisquand?Jenet’aijamaisvuprendrequelquechose.
—C’estuneinjection,touslestroismois.
Elletenditlesmainsetl’attiraàelle.
—J’aienviedetesentir.Sansbarrière.
Àsesmots,sonmembretressautaetillâchaungémissement.
—Çanevapasdurerlongtempscommeça.
Elleluiadressaunsourirecoquin.
—Alorsilfaudraqu’onrecommenceplustard,quandtuaurasaméliorétonendurance.
JaylasaisitparlespoignetsetlesplaquadesdeuxcôtésdelatêtedeTara.
—Tuasdesdoutessurmonendurance?Bon,jevaisdevoirtemontrerquetutetrompes.
Elleéclataderire.
—J’espèrebien.
Ilécrasaseslèvressurlessiennesdansunbaiserardent,toutenplaçantsonmembredevantson
intimitéetens’enfouissantenelle.
Lasensationquil’envahitfaillitluifairelâcherprise.Celaluiparaissaitnaturel,tellementnaturel
d’êtreainsiavecTara.Sansbarrière,sansrienpourlesséparer.Ilsesentaitencoreplusproched’elle
àprésent.Passeulementphysiquement,maisaussiémotionnellement.
Ils’étaitmisànucejour-là.Pourelle.Etcelaavaitrenforcédavantagelelienentreeux.Tarale
comprenaitàprésent.EllevoyaitlevéritableJay,ilenétaitconvaincu.
Ilcommençaàalleretvenirenelle,seretirantdesachattehumidepuiss’yglissantdenouveau.
Lentementaudépart,presqueavecrévérence.Ilsavouraitlemoment.
Ils’écartadeseslèvresetlaregarda,etelleposasurluiunregardremplid’affection.Seslèvres
étaiententrouvertesetenfléesdesesbaisers.Elleentouraitses fessesdeses jambespour legarder
prèsd’elle,tandisquedesesmainselleexploraitsapeaubrûlante.
Ilvoyaitdans sesyeux l’amourqu’elle luiportait, etmêmes’ils seconnaissaientdepuispeude
temps,ilsavaitquecequ’ilyavaitentreeuxétaitréel.Illesentaitàlafaçondontelles’abandonnaità
luiavectouteslesfibresdesonêtre.
—Chérie,murmura-t-il,laissantalorssoncorpsprendrelecontrôle.
Soudain ilnepensaplusà riend’autrequ’à l’instantprésent. Il était en trainde faire l’amourà
Tara, de trouver la satisfaction dans son corps accueillant et de se noyer dans le plaisir qu’ils se
donnaientmutuellement.Etc’étaittoutcequicomptait.
Elleétaitsiétroite,silisseetsichaudequ’ilétaitconscientqu’ilneseraitpascapabledemettresa
menaceàexécutionetdeluimontrersonendurance.Laprochainefois.Carilyauraitdenombreuses
prochainesfois.Descentaines,desmilliers.
Maispourlemoment,ildevaitjouir.
Mêmes’ill’avaitvoulu,iln’auraitpasréussiàs’arrêter.Ilsentitsonorgasmevenir,sestesticules
secontracteretremonter,sasemencetraversersonmembresansavertissement.Lorsqu’ilexplosaen
elle,ilbalançasonbassincontrel’intimitédeTara,unefois,deuxfois,troisfois,jusqu’àcequ’elle
semetteàtremblersouslui.
—Ohoui!lâcha-t-ilenlasentantjouiraveclui.
Iln’avaitpasl’intentiondedémarrerleurrelationenétantunamantégoïste.
—Waouh.
Elleexpiraprofondémentdanssoncou.
Jays’arrêtadebougerets’appuyasursesgenouxetsescoudes,toujoursenfouienelle.
—Oui,commetudis.(Ilsouritalors.)J’espèrequetuasétésatisfaitedemesservices.
Elleéclataderire,etilressentitdesvibrationsjusqu’àsaverge.
—Tucherchesàobtenirunbonpourboire?
Ilreculaseshanchespuisserenfonçaenelle,profondément.
—Jechercheàobtenirbeaucoupdechosesdetapart,maisunpourboiren’enfaitpaspartie.
Ildéposaunbaisersurseslèvrespuisseretira.
—Ilyaautrechose.
Unelueurd’inquiétudeapparutimmédiatementdansleregarddeTara,etellefronçalessourcils.
—Quoi?
— Je crois qu’on devrait remonter vers le nord demain matin, une fois qu’on aura
réapprovisionnélebateau.Tesparentsdoiventêtreinquietspourtoi.Ilesttempsderentrer.
Ellesoupira.
—Est-cequ’onestobligés?
IlpassadélicatementsamaindanslescheveuxdeTara.
—Oui.Mais je resterai avec toi, je te le promets. On aura une discussion avec tes parents, et
ensuiteonpourrafaireunlongvoyageenbateau,situenasenvie.
—C’estpromis?
—C’estpromis,chérie.
27
Tararefermaleplacarddelacuisineetseretourna.
—Iln’yaplusdecafé.
—Jevaisallerenchercheraucaféduport,proposaJayensortantunbilletdevingtdollarsdeson
portefeuille,qu’ilrangeadansuntiroir.Uncafécrèmepourtoi?
Ellesepenchaau-dessusdel’îlot.
—Merci.Tueslemeilleur.
Jayvintàsarencontreetl’embrassa.
—Sijeterapporteuneviennoiserie,est-cequej’auraidroitàunmerciencorepluschaleureux?
—Qu’est-cequetuasentête?
Illuifitunclind’œil.
—Jecroisquetulesais.
—Rentrevite.
Jaytournalestalonsetsortit,etelleleregardadisparaître.Ellelâchaunsoupir.Jamaisellen’avait
imaginéqu’ilpouvaitêtreaussimerveilleuxd’êtreavecunhomme.Toutétaitparfait.Iln’yavaitpas
d’autremotpourdécrirecequ’ellevivait.
Déjàdouchéeethabillée,TaradescenditverslacabineoùelleavaitdormiavecJayetfitlelit.Jay
lui avait dit qu’ils partiraient dans deux heures, une fois qu’ils auraient fait le plein d’eau pour
pouvoirprendredesdouchesetdecarburantpourlemoteur.Lesoir,ilsjetteraientl’ancredansdes
petitsportsetprofiteraientdelacuisinelocale.Ilsprendraientdavantageleurtempsqu’àl’alléeetse
reposeraientbienlanuit.Enfin,sereposern’étaitpeut-êtrepaslebonterme.
Ellesouritintérieurement,quandelleentenditdespasau-dessusdesatête.Refermantlaportedela
chambre,ellemontal’escalierquimenaitàlacabineprincipale.
—Jay,tuesdéjà…
Ellefaillits’étoufferetrestauninstantmuettedestupeur.
—Ehbien,regarde-toi,grognasonpère.
—Papa.
Ilsetenaitaumilieudelacabineprincipale,lesbrascroisésetlesjambesécartées.Samèreétaità
côtédelui,etilslaregardaienttousdeuxavecfureur.
—Est-cequetucroyaisvraimentqu’onnetetrouveraitpas?
—Commentest-cequetuaspunousfaireça?seplaignitsamère.
—Jen’airienfait!sedéfenditTara.Commentest-cequevousm’avezretrouvée?
—Bonsang,Tara!Est-cequetu terendscomptedecequetuasfait !Tuesdevenuecomplice
d’uncrime!tonnasonpère.
—Quoi?parvint-elleàarticuler.
Dequoiest-cequ’ilparlait?
Sonpèrefitungestepourmontrercequil’entourait.
—Celuiquetuappellestonpetitamiavolécebateau!
—Non!Cen’estpasvrai!C’estlesien!
Commentsonpèrepouvait-ilproférerdesaccusationsaussiinfondées?
—Lesien?sifflasamère.Ilestserveur,Tara!Réveille-toi!S’ilteditlecontraire,iltement.
—Iln’estpasserveur!
Sonpèrel’interrompit.
—CeyachtappartientàuncertainJayBohannon.Tunousasdittoi-mêmequel’hommequetuas
rencontréétaitserveur,ettasœurnousl’aconfirmé.(Illevaundoigtaccusateur.)Alors,arrêtedeme
mentir,jeunefille!Jenesuispasnédeladernièrepluie.Jesaisexactementcequisepasse!
—Tunesaisriendutout!cracha-t-elle.L’hommeavecquijesuisestJayBohannon,deHannon
Boats. Il n’a pas eu besoin de voler ce bateau puisqu’il en est le propriétaire ! C’est lui qui l’a
construit,vousm’entendez?
—C’estunimposteur!aboyasonpère.Etlapoliceestentraindel’arrêteràl’heurequ’ilest.
Instinctivement,Tarafitunpasenarrière.
—Non!Tunepeuxpasfaireça.Jayestinnocent.Tunepeuxpaslefairearrêter!
Sonpères’avançaverselleetl’attrapafermementparlepoignet.
—Tuasdelachancequ’onneportepasplaintecontreluipourenlèvement.Sachequesionnele
faitpas,c’estuniquementpourempêcherque tu te retrouvesenunedes journauxetpouréviterun
scandale.
Àcesmots,samèresouffla.
—C’estdéjàsuffisantquelesgensparlentdetoiparcequetuassorticetivrognedelapiscinedes
Gilbert.
Taraserralesdents.
—Tuauraispréféréquejelelaissemourir,maman?Est-cequetuauraisétécontente?
—Ilyavaitpleind’autresgenspourlesortir.Tun’avaispasbesoindet’enmêler.
—Etquiestresponsable?lâchaTara.C’esttoiquiasinventécetteinvitationchezPaul.Jen’avais
pas lamoindre intentiond’yaller,mais il a falluque tu fasses l’entremetteuseencoreune fois.Eh
bien,tusaisquoi?Tudoisaccepterlesconséquencesmaintenant.Situnem’avaispasobligéeàaller
chezlesGilbert,jen’auraisjamaisrencontréJay.
—Commentoses-tuparleràtamèresurceton?criasonpère.Tuviensavecnousmaintenant,on
te ramèneàNewYork.Finies lesescapades.Àpartirdemaintenant, tuvas fairecequ’on tedit, ta
mèreetmoi.
—Non!JeresteavecJay!
—Quiqu’ilsoit,ilvaallerenprisonpouravoirusurpél’identitéd’unhommeetvolécebateau.
—Vousfaitesunegraveerreur,lesavertitTaraalorsquesonpèrelatiraitd’uncoupsecparle
poignet.Jayvadissiperlemalentendu,etvousallezêtredésolésdel’avoirfaitarrêteràtort.
ElleavaitvuJaydanssonbureauàNewYorketellesavaitqu’iln’étaitpasunimposteur.Ilétait
vraimentceluiqu’ilaffirmaitêtre.
28
Deuxcafésdansunemainetungrossacremplidepâtisseriesdansl’autre,Jaysortitenfinducafé.
Vusalenteur,l’employéaucomptoirdevaitêtrenouveau.Jayavaitdûprendresonmalenpatienceet
attendrequelalonguefiledeclientsdevantluisoitservie.
Il reprit ladirectionduquaiet regardaau loin.Sonyachtétaitamarré toutaubout,et ilyavait
plusieursvoiliersetbateauxdepluspetitetailledepartetd’autredulongpontonenbois.Unhomme
étaitassissurlepontdubateauprèsdusienetlisaitsonjournalensirotantsoncafé.Surlevoilieren
face,uncouples’apprêtaitàdéfairelesamarresetàrentrerlespare-battagespoursortirenmer.
Iladoraitcegenredematinée.Paisible.Silencieuse.Reposante.
—Excusez-moi,monsieur.
Jay se retourna en entendant une voix derrière lui et vit deux policiers qui s’approchaient. Il
s’arrêtaetattenditqu’ilsarriventàsonniveau.
—Quepuis-jefairepourvous?
Ilsétaienttouslesdeuxtrèsjeunes.Jayneleurdonnaitguèreplusdevingt-cinqans.L’und’euxfit
ungesteverssonyacht.
—Est-cequevousêtesarrivéssurcebateau?
Jayhochalatête.
—Oui,hier.Ilyaunproblème?
Soudain,lecomportementaimabledesdeuxhommeschangea.
—Posezlescafésetretournez-vous,enmettantlesmainssurvotretête.
—Qu’est-cequec’estquecettehistoire?
L’undespolicierssortitsonpistoletdesonétui.
—Vousêtesenétatd’arrestationpourusurpationdel’identitédupropriétaireduyacht,pourvol
dudityachtetpourtransportdemarchandisesvoléesau-delàdesfrontièresdel’état.
—C’estridicule,répliquaJay.C’estmonyacht.J’ensuislepropriétaire.
Ledeuxièmepoliciers’approcha.
—Nemeforcezpasàajouterauxaccusationsportéescontrevousquevousaveztentéderésister.
—Vousfaiteserreur.JesuisJayBohannon.Ceyachtm’appartient.
Du coin de l’œil, Jay vit que l’homme sur le bateau à côté du sien avait posé son journal et
observaitlascèneavecintérêt.
—Jepeuxleprouver.Tara!appelaJayendirectionduyacht.Tara!
Maisaucuneréponseneluiparvint.
—Monsieur,posezlescafésetretournez-vous,insistalepolicier.
—Sivousappelezlajeunefemme,intervintl’hommesurlebateauàcôté,elleestpartie.
Jaytournavivementlatêteverslui.
—Quoi?
—Oui,uncoupled’âgemoyenestvenuetl’aemmenée.Ellecriaitetsedébattait.
—Merde!
Uninstantplustard,ilfutplaquéausolparl’undespoliciersetlaissatombersescafésetsonsac.
Avantmêmedepouvoirréagir,ilseretrouvamenotté.
—Vousnecomprenezpascequipasse?articula-t-il,sajouepresséecontrelesplanchesenbois
duponton.Quelqu’unm’atenduunpiège!
Etiln’étaitpasnécessaired’êtredevinpoursavoirdequiils’agissait:lesparentsdeTara.
—Jeconnaislarengaine,ditlepolicierquiluiavaitpassélesmenottes.
Illefouillaalors,vérifiantqueJayneportaitpasd’armessurlui.Puisilluiénonçasesdroits:
—Vousavezledroitdegarderlesilence…
Jayn’écoutaitpluset réfléchissaità toutevitesse. Il fallaitqu’ilagisse rapidement,avantque les
parentsdeTarapuissentemmenerleurfilleloindelui.
—Jepeuxprouvermonidentité.J’aidespapiers.
—Onnelesapastrouvéssurvous.
Jaymontrasonyachtd’unsignedetête.
—Ilssontsurmonbateau.
—Bienessayé.Allons-ymaintenant.
Lesdeuxofficiersl’attrapèrentchacunparunbrasetlerelevèrent,puisletraînèrentverslequai.
—Jeveuxmonavocat,sifflaJay.
—Onvousrendravotretéléphoneunefoisqu’onseraauposte.
Lamâchoirecrispée,Jayseretournaversl’hommequisetenaitsursonbateau.
—Est-cequevouslesavezentendusdireoùilsemmenaientTara?
—L’hommeaparléd’unavionaffrété.Ilmesemble.
Jayhochalatête.Ilsdevaientsûrementserendredanslepetitaérodromeprivésituéàenvironune
demi-heuredelà.
Avec réticence, il se laissa conduire vers la voiture de police par les deux officiers, qui le
poussèrentsurlabanquettearrière.Aulieudedémarrerimmédiatement,undespolicierss’approcha
desbadaudsquis’étaientrassemblés.
—Qu’est-cequisepasse,Frank?demandaundesspectateurs.
Lepoliciermontralavoitureavecsonpouce.
—Letypeavoléunyacht.
Jayserralesdents.Quelscrétins!Siseulementilsl’avaientlaissérécupérersonportefeuillesurle
bateau,ilauraitpuclarifierimmédiatementlasituation.Etàprésentcespéquenaudsperdaientencore
plusdetempsàdiscuteraveclesgensducoin,alorsqueJayn’avaitpasuneminuteàperdre.
—Bonsang,qu’est-cequ’onattend?s’énervaJay.Emmenez-moidanscefichupostedepolice
pourqu’onpuisseavancer!
Lepolicierseretourna.
—Ilal’airbienimpatientd’allerenprison.
Cesparolesdéclenchèrentdesriresparmilesbadauds.
Enfin,lesdeuxpolicierssedécidèrentàmonterdanslavoiture.
—Pastroptôt,lâchaJay.Pendantquevousbavardezici,macopinesefaitkidnapper.
Alorsquel’officierauvolantdémarraitlavoiture,soncompagnonsetournaversJay.
—Vousnemeplaisezpasbeaucoup.
Jayplissalesyeux.
—C’estréciproque.
Letrajetjusqu’aupostedepoliceluiparutdureruneéternité.Enfin,ilss’arrêtèrentdevantunpetit
bâtimentsansétage.
Àpeinefurent-ilsàl’intérieurqueJayrépétasademande:
—Jeveuxmonavocatmaintenant.
Lesdeuxpolicierséchangèrentunregard.
—Ilestpéniblecetype,ditl’und’eux.
—Laisse-lepassersonappelpourqu’ilnousficheenfinlapaix.
Sansménagement,Jayfutpousséversuncomptoir.Lepolicierluiretirasesmenottesetluimitun
combinédetéléphonedanslamain.
—Vousavezdeuxminutes.
Sansperdredetemps,JaycomposalenumérodelalignedirectedesonavocatàNewYork.Celui-
cidécrochapresqueimmédiatement.
—Allo?
—Stephen,JayBohannonàl’appareil.JemesuisfaitarrêterenCarolineduSud,etj’aibesoinde
tonaide.
—Jay,qu’est-cequec’estquecettehistoire?Pourquoiest-cequetuasétéarrêté?
—C’est unmalentendu,mais je n’ai pas le tempsde t’expliquer. Il faut que tu appellesCharlie
Taylordemapart.Voicisonnuméro.(Illuidictaalors.)Dis-luid’allerimmédiatementàl’aérodrome
MaxCannonetd’empêcheràtoutprixquel’aviontransportantTaraPierpontdécolle.Jememoque
delafaçondontils’yprend.Quoiqu’ilarrive,j’assumerailaresponsabilité.C’estclair?
—Oui,c’estclair.
—Ensuite, procure-toi l’acte de propriété demon prototype de yacht, une photocopie demon
passeportetdemonpermisdeconduire,etfaxe-lesaupostedepoliceoùjemetrouve.
Ilregardalepolicierquil’avaitarrêté.
—Quelestlenumérodefaxd’ici?
L’hommepoussaunecartedevisitedevantluietJaylutlenuméroàsonavocat.
—Tul’asbiennoté?
—C’estnoté,Jay.Tuasbesoind’autrechose?Tuveuxquejeprennel’avionpourterejoindre?
—Non.Çasuffirapourprouverqu’ilssetrompent.MaiscommenceparappelerCharlie.Dis-lui
quec’esturgent.Ildoitarrêtercetavioncoûtequecoûte.
—Jem’enoccupetoutdesuite,luiassura-t-ilavantderaccrocher.
Jay lâchaun longsoupir. Il avait fait tout cequ’ilpouvait àprésentet ilne lui restaitplusqu’à
attendre.IlespéraitqueCharliecomprendraitàquelpointilétaitimportantqu’ilempêchelesparents
deTarad’emmenerleurfilleloindelui.
—Mettons-leautroumaintenant.
—Negaspillezpasvotreénergie.Jeseraidehorsdansmoinsd’uneheure,préditJay.
Etdèsqu’ilseraitsorti,ilferaitsavoirauxparentsdeTaracequ’ilpensaitdeleurcomportement
vis-à-visdeTaraetdelui.
29
Àboutdepatience,Jaynecessaitdejeternerveusementdescoupsd’œilàlapenduleaccrochéeau
murenfacedelacelluledanslaquelleonl’avaitenfermé.Leslocauxdupetitpostedepoliceétaient
très simples, et les meubles et l’équipement n’étaient plus de première jeunesse. Visiblement, il
manquaitdesfondspourgérercorrectementl’établissement.
Lesdeuxhommesquil’avaientarrêtésemblaientsortirtoutjustedel’écoledepolice.Etmisàpart
unemployécivilquiparaissait s’occuperduvolet administratif etunautrepolicier àpeineâgéde
quelques années de plus que les deux jeunes, il ne semblait pas y avoir d’autres personnes qui
travaillaientlà.Quiquesoitlechefdelapolice,iln’étaitpasauposte.
Jay arpentait sa petite cellule de long en large, espérant que Charlie était arrivé à temps à
l’aérodromeetqu’ilavaittrouvéunmoyend’empêcherl’aviondedécoller.
Ilsetorditnerveusementlesmainsavecunsentimentd’impuissance.Toutl’argentettouslesbiens
qu’il possédait ne signifiaient rien s’il ne pouvait pas être avec Tara. Il en prenait conscience à
présent.Mêmes’ilsseconnaissaientdepuispeudetemps,moinsdetroissemainesenréalité,Jayavait
lacertitudequeTaraétaitlabonnepersonnepourlui,exactementcommePaull’avaitsuavecHolly.
Et personne ne pourrait les séparer, à présent que Tara l’avait accepté pour l’homme qu’il était
vraiment.
—Vousêteslibre.
Jayseretournabrusquementetdévisagealepolicierquiétaitapparudevantsacellule.Sortantune
clédesapoche,ildéverrouillalaporte.
—Toutestréglé,M.Bohannon.Désolépourledésagrément.
Jay hocha la tête et sortit de la cellule. Il avait su qu’il ne faudrait que quelques minutes aux
policiers pour vérifier qu’il était bel et bien le propriétaire du yacht une fois que les papiers leur
seraientparvenus.Malgrétout,ilnesesentaitpasencoresoulagé.
—J’aibesoind’unevoiture.
Lepoliciersedirigeaverslaréception.
—Vouspouvezappeleruntaxid’ici.
—Hé,Dan,onaunealtercationàl’aérodromeMaxCannon,s’écrial’autreofficier,quivenaitde
recevoirunappel.Ilfautyaller!
—Ah,merde, qu’est-ce qui se passe aujourd’hui ? Il n’y a jamais autant d’incidents dans une
journée!réponditsoncollègueavantdeseprécipiterverslui.
—Attendez!Emmenez-moi.Jedoisaussialleràl’aérodrome,lançaJay.
Lepolicierseretourna.
—Onnefaitpastaxi.
—C’estmacopine.Elleaétéenlevée.
L’hommefronçalessourcilsetregardasoncollègued’unairhésitant,commes’ilsedemandaitce
qu’ildevaitfaire.
—S’ilvousplaît,ajoutaJay.Jepeuxvousaideràarrangerlasituationsivousm’emmenezavec
vous.
Lepolicierfinitparhocherlatête.
—Allons-y.
~~~
Tara sentit l’avion freiner et se demanda pourquoi le pilote n’accélérait pas pour décoller. Le
Learjetquiavaitétéaffrétépoureuxfinitpars’arrêteraumilieudelapiste,lesmoteurstournantau
ralenti.
—Maisqu’est-cequisepasse?s’irritasonpère,quiétaitdéjàentraindedétachersaceinture.
Ils’apprêtaitàbondirdesonsiègeencuir,quandlavoixdupiloterésonnadansl’interphone.
—Jesuisdésolépourcetarrêt,maisilyaunobstaclesurlapiste.Jecontacteimmédiatementla
tourdecontrôlepourleurdemanderdel’aide.
—Unobstacle ?marmonna samère en tournant la tête. Jenevois rien.Allen, qu’est-cequi se
passe?
—Jen’ensaispasplusquetoi,Elaine,lâchasonpèreavantdeseleverbrusquement.
Tararegardaparlehublotàcôtéd’elle,maisnevitriennonplus.Unanimals’était-ilégarésurle
tarmac?Àvraidire,elleespéraitquec’étaitlecas.PlustardellerentreraitàNewYork,mieuxcela
serait.
Son père tambourina sur la porte du cockpit, qui s’ouvrit quelques secondes plus tard. Tara se
pencha sur son siège et jeta un coup d’œil vers la grande vitre du cockpit, essayant de distinguer
l’obstacledontavaitparlélepilote.Maissonpèreluibloquaitlavue.
Taradébouclasaceinture.
—Qu’est-cequisepasse?Pourquoiest-cequ’onnedécollepas?demandasonpèreaupiloteen
aboyant.
—Ilyaunecamionnettesurlapiste,répondit-ilenmontrantlenezdel’avion.
Tara se leva d’un coup et se précipita dans le cockpit à son tour. Ce qu’elle vit lui redonna le
sourire.Surlecôtédelacamionnette,onpouvaitlireengrandeslettresLesbateauxdeCharlieaprès
l’école.Lecapotétaitouvert,etunvieilhommeétaitpenchéau-dessuscommes’ilessayaitderéparer
quelquechose.
—Charlie,murmura-t-elledanssabarbe.
SiCharlieétaitvenupourempêcherl’aviondedécoller,Jaynedevaitpasêtreloin.
Sonpèreseretournavivementverselleetluilançaunregardfurieux.
—Tuconnaiscethomme?
Ellerecula instinctivementdequelquespas,maissonpère lasaisitpar lesbraset lesserraavec
force.
—Quiest-ce?
— Bon sang, Tara, qu’est-ce qui se passe ? demanda sa mère d’une voix aiguë où perçait
l’impatience.Qu’est-cequetuasencorefait?
Taraneputs’empêcherdesourire.Elleregardapar-dessussonépaule.
—Jen’ai rien fait. (Elle se retournavers sonpère.) Je supposequec’estmonpetit amiqui est
derrièretoutça.J’ail’impressionquevousavezperducettemanche.
—Commentoses-tu…
Lavoixdesonpèrefutcouverteparunevoixprovenantd’unmégaphoneàl’extérieur.
—Icilapolice.Pilotedel’avionN37PAR,veuillezcouperlesmoteurs.Ceciestunordre.
Taratournalatêteetvitunevoituredepoliceavecungyrophare.
LepiloteéchangeaunregardaveclecopiloteavantdeseretournerverslepèredeTara.
—Désolé,monsieur,maisnousdevonsfairecequeditlepolicier.
Uninstantplustard,lebruitdesmoteurss’éteignitcomplètement.
—Ouvrezlaportedel’appareil,ordonnalapolicedanslemégaphone.
Tarasesentitfrémird’excitationeteutdumalàdissimulersonimpatience.Lecopilotefinitpar
ouvrirlaportedonnantsurl’extérieuretfitsortirl’escalier.Quelquesinstantsplustard,unpolicier
montaàbord.
—Qu’est-cequisepasse?luidemandaaussitôtlepèredeTarad’unevoixretentissante.Pourquoi
est-cequevousneretirezpascettecamionnettedelapiste?
—M.Pierpont?demandal’officier.
—Oui,c’estmoi.
—OnnousainformésquevousreteniezTaraPierpontcontresavolontéetquevousaviezprévu
del’emmenerhorsdesfrontièresdel’État,déclaracalmementlepolicier.
—C’estridicule!Quiest-cequiracontedesbêtisespareilles?
—Moi!
TaraseretournabrusquementetvitJayapparaîtredansl’avion.
—Jay!
Elleseprécipitadanssesbrasetillaserracontrelui.
—Est-cequeçava,chérie?
—Maintenant,oui,murmura-t-elle.
— Qu’est-ce qui se passe ? grogna son père. Arrêtez cet homme ! C’est un imposteur et un
voleur!
Tararegardaderrièreelleetvitlepolicierhausserlessourcils.
—Jecrainsquecetteaccusationsoitfausse,monsieur.Nousavonsvérifiél’identitédecethomme.
Ils’agitbiendeM.Bohannon,lepropriétaireduyachtquiaétédéclarévoléàtort.Etsijedécouvre
quec’estvousquiêtesàl’originedecettedénonciationmensongère,ilyauradesconséquences.
LamèredeTaramontraJaydudoigt.
—Maiscethommeestserveur!(ElleregardaTaraavecfureur.)Tul’asdittoi-même.
—J’aiessayédevousdirequic’étaitvraiment,maisvousn’avezpasvoulum’écouter,répliqua
Tara.
—BohannondeHannonBoats?demandasonpère.
—Oui,monsieur.JesuislepatrondeHannonBoats,maisçanedevraitpasavoird’importance.
QuejesoisserveurouPDG,votrefillem’aime.Etc’esttoutcequidevraitvousimporteraussi.
—Mais, mais…, bafouilla la mère de Tara. Pourquoi est-ce que tu ne nous as pas dit que tu
fréquentais M. Bohannon ? Nous t’aurions donné notre accord. Nous n’avons jamais voulu nous
mettreentraversdetonbonheur.
Tarasouffla.
—Vousvoulezdire,tantquejesuisheureuseavecunhommeriche,c’estça?
—Tara,nediscutonspasdeceladevantdesétrangers,s’empressadediresamère.
—Si,discutons-en, insistaTara.Vousn’avezaucundroitdemedirequi jepeuxounepeuxpas
aimer.
Sonpères’éclaircitlavoix.
— M. Bohannon, je suis désolé pour le malentendu. J’espère que cela n’entachera pas notre
relationàl’avenir.
Jayhochalatête.
— M. Pierpont, j’espère que vous comprenez que notre relation dépendra de votre fille. Je
respecteraiseschoix.
TarasetournaversJayavecungrandsourireetarticulaunmercisilencieux.Illasoutenait.
—Jecomprends,biensûr,luiassuraaussitôtlepèredeTara.Nousnevoulonsquelebonheurde
Tara.J’espèrequevosintentionsenversnotrefillesont…
— Arrête, papa ! l’interrompit Tara. Après tout ce que vous m’avez fait subir, vous osez lui
demanderça?Jenesuispasuneenfant!ÇaneregardequeJayetmoi.
LamèredeTaraouvritlesbrasetsedirigeaverssafille.
—Oh,mapuce,jesuistellementcontentepourtoi.Cejeunehommeal’airdevraimentteniràtoi.
Quoiquevousdécidiez,nousl’accepterons,n’est-cepasAllen?
Elleéchangeaunregardavecsonmari.
—Biensûr.Vousaveztoutnotreappui.
Tara se retintde lever lesyeuxauciel.S’ils la soutenaientmaintenant, c’étaituniquementparce
qu’ellesortaitavecunhommeriche.Lasituation leurparaissait trèsdifférenteuneminuteplus tôt,
quandilspensaientencorequ’elleétaitamoureused’unpauvreserveur.
Elle leur pardonnerait, bien sûr, ils étaient ses parents après tout.Mais elle avait envie de leur
donnerunebonneleçonenlesfaisantpatienterencoreunpeu.
TaralevalesyeuxversJay.Illuisouritetfitunsignedetêteendirectiondesamère.
—Merci, Mme Pierpont, je vous suis reconnaissant. Et laissez-moi vous assurer que je mets
volontierscetincidentderrièremoi.
Iljetauncoupd’œilaupolicier.
—S’ilyauneamendeàcausedublocagedelapisteparmonamiCharlie,jelapayerai.
L’hommefitungestedelamain.
—Ceneserapasnécessaire.IlseranotédansmonrapportqueM.Tayloraeuuneabsenceeta
prisunemauvaisedécisionquandsacamionnetteesttombéeenpanne.
Jayluiserralamain.
—Merci,monsieurl’agent.
—C’est lamoindredeschoses,M.Bohannon,compte tenude toutcequevousfaitespourcette
communauté.
—MaisneparlezpasàCharliedumomentd’absence,sinonvousallezenentendreparler.
L’officiersourit.
—Mercipourleconseil.
IlfitunsignedetêteendirectiondesparentsdeTarapuisdescenditdel’avion.
—Jepensequ’ondevraityalleraussi,suggéraJay.
—Vousnevoulezpasresterunpeupourqu’onpuissemieuxfaireconnaissance?suggéralamère
deTaraensouriantgentiment.
Ellejouaitàlafuturebelle-mèreàprésent,usantdesoncharmepourconquérirJay.
—Uneautrefoisavecplaisir,réponditJay.QuandonrentreraàNewYorkavecTara,ondînera
ensemble,promis.
—Ceseraitfantastique,approuvalamèredeTara.
—C’estd’accordalors,ajoutasonpèreentendantlamainpourserrercelledeJay.Sansrancune.
Mais c’est mon rôle de père de protéger ma fille. Un jour, vous serez peut-être dans la même
situation.
Desamainlibre,JayattiraTaracontrelui.
—Oui,unjourpeut-être.
30
Arborantunsourirejusqu’auxoreilles,Charlielesdéposaauport.Ilssortirenttouslestroisdesa
camionnettepoursedireaurevoir.
—Jenesaispascommentteremercier,commençaJay.Situn’avaispasétélà,j’auraisétéobligé
detraverserlepayspourretrouverTara.
Charlieluifitunclind’œil.
—Çamefaittoujoursplaisirdedonneruncoupdemain.Surtoutquandilestquestiond’unefille.
(IlfitunsigneversTaraavecdesyeuxpétillants.)Ilnefautpaslalaissers’échapper,celle-là.
JaypassasonbrasautourdesépaulesdeTaraetlaserracontrelui.
—Jesais.
Tararougitetbaissalesyeux.
—Merci,Charlie.Jevoussuisvraimentreconnaissante.
S’écartantdeJay,ellesepenchaversCharlieetl’embrassasurlajoue.
Cefutautourduvieilhommederougir.Jaysourit.Ilnepensaitpasquelevieilhommebourruen
étaitcapable.Maisvisiblement,ils’étaitbeaucoupamusécejour-là.
JayserralamaindeCharlie.
—Prendsbiensoindecettefille,petit.
—Etcomment!
—Etdonnedesnouvelles.Tuaschangéleschosesici,etcesenfantsensontconscients.Tudevrais
venirleurrendrevisiteunefoisdetempsentempspourvoircequ’ilsdeviennent.
Jaysouritenhochant la tête,puis se tournaversTaraet luiprit lamain.Maindans lamain, ils
s’avancèrentsurlepontonendirectionduyacht.
—J’aiprisconsciencedequelquechoseaujourd’hui,ditJayenaidantTaraàmonteràbord.
Ellelevalatêteetleregarda.
—Dequoi?
Jaylapritdanssesbras.
—Quandtuasdisparubrusquementcematin,j’aiprisconsciencequejet’aimais.
—Etqu’est-cetuvasfairemaintenantquetusaisça?demanda-t-elled’unaircoquin.
—Ehbienpourcommencer,jemedisaisquej’allaist’emmenerdanslacabine.Jen’aipasenvie
d’êtrearrêtédeuxfoisdanslamêmejournée.
—Pourquoiest-cequetuteferaisarrêterunedeuxièmefois?
JayouvritlaporteetlaissaentrerTara,puisillarefermaderrièreeux.
—Pourentraveàlapudeur,etpouravoirdéshabilléunefemmeenpublic.
Ellepouffa.
—Est-cequec’estillégalaussid’avoirdesrelationssexuellesenpublic?
—Jesuispresquesûrquec’estundélitgrave,surtoutdansleSud.(IlfitpasserlehautdeTaraau-
dessusdesatête,exposantsapoitrinenue.)Ilssonttrèsstrictsici.
—Hmm.(Tararemontaletee-shirtdeJayetcelui-cis’empressadel’enlever.)Ilnefaudraitpas
qu’onheurtelasensibilitédesgensducoin,n’est-cepas?
—Tuasraison,approuva-t-ilenouvrantleboutondushortdeTaraetenbaissantsabraguette.Ce
seraitunmanquederespect.
Taratirasursonshort,quitombaàsespieds.
—Exactement.Ettuasuneréputationàpréserverdanscettecommunauté.
ElleouvritleshortdeJayetleluiretira.
—Jesuiscontentquetucomprennes,ditJaysedébarrassantdeseschaussuresbateau.
Ilétaitentièrementnuàprésent.IllaissacourirsonregardsurlecorpsdeTara.Sestétonsétaient
dressés comme pour réclamer de l’attention, et un peu plus bas, une fine culotte recouvrait son
intimité.C’étaitunebarrièrepeugênante.Quandillevalesyeuxverssonvisage,ilconstataqueTara
l’observait aussi. Ses yeux étaient dirigés vers son entrejambe. Son sexe se gorgeait lentement de
sang,sedurcissantpeuàpeu.
Ellepassasalanguesurseslèvres.
—Çaferaitbeaucoupdebruitdanscettevillesicalme.Leshabitantsn’ontsûrementjamaisrien
vudetel.
Plongeantsonregarddanslesienavecunsourireaguicheur,elles’agenouilladevantluietpritsa
vergegonfléedanssamain.
LecœurdeJaysemitàbattreavecviolenceetilfutenvahipardesboufféesdechaleurbrûlante.Il
caressalescheveuxdeTara.
—Jet’aime,Tara.
Salanguechaudetouchaleboutdesonmembre,déclenchantuntremblementdanstoutsoncorps.
Mais il n’eut pas le temps de reprendre ses esprits, car déjà, la bouche accueillante de Tara se
refermaitsursonsexe,leprenantprofondément.Sonsoufflesecoupa.
—Waouh,chérie.C’esttellementagréable.
Ellelaissasonérections’échapperdesabouche.
—Agréable,c’esttout?
Jaysourit.
—Incroyable.
Iltouchaseslèvresavecsaverge.
—Recommence.
Tara s’exécuta sansprotester et une autrevaguedeplaisir l’envahit. Il sentait sa langue tourner
autour de son gland, titillant sa chair sensible, faisant affluer encore davantage de sang dans son
membre impatient. Elle le suça en faisantmonter et descendre samain, sans se presser.À chaque
caressedesalangue,ilsentaitsondésirpourellegrandir.S’ilnel’arrêtaitpas,iln’allaitpastarderà
jouir.
Gémissant,JayreculapoursortirsonsexedeladivinebouchedeTara.
Il l’aidaàsereleverpuisapprochasabouchedeses lèvresrouges.Des lèvresquipourraient le
rendre fou s’il les laissait faire. Il s’en empara dans un baiser fougueux qui fit disparaître toute
l’inquiétudequ’ilavaitéprouvéecesdernièresheures.Petitàpetit,ilprenaitconsciencequeTaraétait
siennedésormais.
Jay la prit dans ses bras et la porta jusqu’au canapé, l’allongeant sur le dos. S’écartant de ses
lèvres,ilcollasonbassindanslecreuxdesesjambes.Ellerefermaaussitôtsescuissesautourdelui,
l’attirantplusprèsdesonintimité.
Changeant de position, il plaça son érection devant l’entrée de son sexe et fut accueilli par une
chaleurglissante.Ils’enfonçaenellesansmotdireenlaregardantdanslesyeux,voyantsonreflet
danssonregardbleulimpide.
—Incroyablen’estpasunmotassez fortpourdécrireceque je ressens,murmura-t-il avantde
l’embrasserdenouveau.
Tarapassasesbrasautourdeluietcaressasanuquedesesmainschaudes,toutensoulevantson
bassinpourleprendreplusprofondémentenelle.
Jayinterrompitleurbaiser.
—Chérie,jevaism’occuperdetoi.
Àunrythmerégulier,ilcommençaàalleretvenirenelle.Chaquefoisqu’ils’enfonçait,ilavait
l’impressiondeplongerdansuncocondechaleur,lesmusclesdeTaral’enserrantétroitement.C’était
commes’ilétaitprisonnierd’unécrindesoieliquide.
Enfin,ilétaitenpaixaveclui-mêmeetavecsonpassé.Ettoutétaitparfait.Taraétaitdanssesbras
et il lui faisait l’amour. Elle le comprenait et l’acceptait pour celui qu’il était vraiment, sans être
aveugléeparlafaçadequevoyaienttouslesautres.C’étaitlevéritableJayqu’ellevoulait.
LatranspirationperlaitsurlefrontetlapoitrinedeTara,etJaysavouralavuedesapeauluisante,
desapoitrinequimontaitets’abaissaitetdesestétonsdurcis.Dessoupirsdeplaisirs’échappaientde
seslèvres,etàchacundesescoupsdereins,sespaupièrespapillonnaient.
—Regarde-moi,exigea-t-il.
Elleplongeasesyeuxdanslessiens,etilylutautantd’affectionquedepassion.
—Redis-moiquetum’aimes,chérie.
—Jet’aime,Jay,jet’aimetellement.
Ilnepouvaitpasselasserdecesparoles.IlnepouvaitpasselasserdeTara.Elleétaittoutcedont
ilavait toujoursrêvé, ils’enrendaitcompteàprésent. Ilsétaientcomplémentaires tous lesdeux,et
ellecomblaitlesbesoinsqu’ilavaitnégligéspendantsilongtemps.Enfin,iln’avaitplusrienàcacher
delui-même.Taral’avaitrenduentier.
Nevoulantplusretarderdavantagelemomentinéluctable,JayagrippaTaraparleshanchesavec
sesdeuxmainsetlafitveniràluitoutens’enfouissantenelle.Ellelâchaungémissement.
—Oui,chérie.Laisse-moit’entendre.
Sesva-et-vientsefirentdeplusenplusfrénétiquesetpuissants.Glissantsamainsursonintimité,
ilcaressalecentredesonplaisiretellesecambracontrelui,encoreetencore.
SoudainilsentitTarasetendreetsesmusclesintérieurssecontracterautourdelui.Desspasmes
successifss’emparèrentdesoncorps.Àsontour,ilabandonnalepeudecontrôlequiluirestaitetse
joignitàsonorgasme,l’emplissantdujetchaudquijaillissaitdelui.
Respirantlourdement,ilcessadebougeretlacontemplaencaressantsescheveux.Puisildéposa
untendrebaisersurseslèvres.
—Çava?
—Hmm,ronronna-t-ellecommeunchatonrassasié.
Undouxsouriresedessinasurseslèvresentrouvertesetellelevalesyeuxverslui.
—Tuasl’airheureuse.
—Jesuisheureuse,affirma-t-elleenl’attirantverselleetenl’embrassaencoreunefois.
Jay s’écarta de sa bouche, songeant que c’était lemoment parfait pour lui parler du sujet qu’il
voulaitaborder.
—Quandest-cequetuaccepterasdefairedemoileplusheureuxdeshommes?
—Est-cequetuesentraindemedemanderenmariage?
—Absolument.Alors,c’estunoui?
Tarasourit.
—Dèsquemesparentsaurontarrêtédejubiler.
—Oh,danscecas j’ai le sentimentque jevaisdevoir te faire lacour très longtemps.Peut-être
qu’onpourraittrouverquelquechoseàfaireenattendant.
—Quoiparexemple?
Illuifitunclind’œil.
—Qu’est-cequetudiraisdefaireuntrèslongvoyagesurcebateau,chérie?
—Çameplairaitbeaucoup.
—Tantmieux, comme ça j’aurai le temps de te convaincre dem’épouser. Et je ne te laisserai
sortirdecebateauqu’unefoisquetuaurasditoui.
—Tuveuxdoncmekidnapper?
Ilsourit.
—Appelleçacommetuveux.Maistunequitteraspasmonlitnimonbateautantquejen’auraipas
obtenucequejeveux.
—Etqu’est-cequetuveux?
—Toi.Pourl’éternité.
Taraattira sonvisagevers le sien.Les lèvresdeJayétaient toutesprochesàprésent,àdeuxou
troiscentimètresdessiennes.C’étaittentant.Sensuel.
—Ehbien,jen’aipasl’habitudedemedécideràl’aveuglette.Montre-moicedonttuescapable
pourmeconvaincre,exigea-t-elleenpressantsabouchesurlasienne.
—Cen’estpascequejeviensdefaireilyaquelquesinstants?
—Tuesdéjàfatigué?
—Avectoi?Jamais.(Effleurantseslèvresaveclessiennes,ilselevaetpritTaradanssesbras.
Puisils’allongeasurlecanapéavecelleetelleseretrouvasurlui,àcalifourchon.)Maintenant,sois
unetrèsvilainefilleetchevauche-moi.
—Etsijerefuse?
—Alorsjevaisdevoirt’attacheraulitettepunirjusqu’àcequetufassescequejetedis.
SonderniermotfutétoufféparunbaiserdeTara.
Iln’auraitaucunmalàs’habitueràcela.ÀTara.Àaimeretàêtreaimé.
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Aproposdel’Auteur
Denationalitéallemande,TinaFolsomvitdepuisplusde25ansdansdespaysanglophones.Ellea
d’ailleursépouséunAméricainets’estétablie,ilya15ans,àSanFrancisco.
Tinaatoujoursétéunpeuglobe-trotteretavécudansnombrededifférentescontrées:aprèsavoir
habitéàLausanne,enSuisse(oùelleaapprislefrançais),elleabrièvementtravaillésurunbateaude
croisière en Méditerranée. Elle a ensuite passé une année à Munich avant de partir s'installer à
Londres,oùelleasuiviuneformationdecomptable.Cependant,auboutde8ans,l’airdulargel’a
pousséeàquitterl’Angleterrepourserendredel'autrecôtédel’Atlantique.
ANewYork,elleafréquentépendantunanlacélèbreécoledethéâtredel’AmericanAcademyof
Dramatic Arts. Elle s’est ensuite envolée vers Los Angeles où, une année durant, elle a étudié
l’écrituredescénariiàUCLA.C'estégalementàLosAngelesqu’ellearencontrésonmari,lui-même
installéàSanFrancisco.Troismoisplustard,elledéménageaitdansla«VilledelaBaie».
Elle y a d'abord travaillé en tant que comptable et conseillère fiscale et a, en outre, ouvert son
proprecabinet.Cependant,saprofessionne la rendaitpascomplètementheureuse.Accessoirement,
elle a créé sa propre agence immobilière et est restée active dans ce domaine pendant un certain
temps.L’écritureluimanquaittoutefoisénormément!C'estpourquoi,àl'automne2008,ellearenoué
aveccetteactivitéetrédigésonpremierromand'amour.
Elleatoujoursétéattiréeparlesvampires.Depuis2008,elleapublié25livresenanglaisettrois
douzaines dans d'autres langues (français, allemand et espagnol). De plus, elle fait actuellement
traduirel'ensembledeseslivresenfrançais.
Tinaappréciederecevoirdescommentairesdeses lecteurs.Pourcela,vouspouvez luiécrireà
l’adresseélectroniquesuivante:[email protected].
Vouspouvez également la contacter viaFacebook : facebook.com/TinaFolsomFans ouTwitter :
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Enfin,vouspouvezvisitersonsiteInternettinawritesromance.comafindevousteniraucourantde
toutesonactualité.
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destinéesàutilisationcollective»et,d’autrepart,quelesanalysesetlescourtescitationsdansunbut
d’exempleoud’illustration,«toutereprésentationoureproductionintégraleoupartiellefaitesansle
consentementdel’auteuroudesesayantsdroitouayantscauseestillicite»(art.L.122-4).
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Leprésentouvrageestuneœuvrede fiction.Lesnoms,personnages, lieux,marques,médias et
événements sont soitproduitsde l’imaginationde l’auteur, soitutilisésdemanière fictive.L’auteur
reconnaît les propriétairesdesmarquesdéposées et les statuts desdiversproduits répertoriés dans
cetteœuvredefictionquiontétéutiliséssanspermissionaupréalable.Lapublicationet l’usagede
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