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T.C. UNIVERSITE CUKUROVA INSTITUT DES SCIENCES SOCIALES DEPARTEMENTS DE DIDACTIQUE DE FRANÇAIS LANGUE ETRANGERE METHODES, TECHNIQUES ET STRATEGIES DE LA TRADUCTION DES TEXTES JOURNALISTQUES ET LEUR PLACE DANS L’ENSEIGNEMENT DE LA TRADUCTION Fikret Nazım KASIMOĞLU THESE DE DOCTORAT ADANA / 2009

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T.C.

UNIVERSITE CUKUROVA

INSTITUT DES SCIENCES SOCIALES

DEPARTEMENTS DE DIDACTIQUE DE FRANÇAIS LANGUE ETRANGERE

METHODES, TECHNIQUES ET STRATEGIES DE LA TRADUCTION DES

TEXTES JOURNALISTQUES ET LEUR PLACE DANS L’ENSEIGNEMENT

DE LA TRADUCTION

Fikret Nazım KASIMOĞLU

THESE DE DOCTORAT

ADANA / 2009

T.C.

UNIVERSITE CUKUROVA

INSTITUT DES SCIENCES SOCIALES

DEPARTEMENTS DE DIDACTIQUE DE FRANÇAIS LANGUE ETRANGERE

METHODES, TECHNIQUES ET STRATEGIES DE LA TRADUCTION DES

TEXTES JOURNALISTQUES ET LEUR PLACE DANS L’ENSEIGNEMENT

DE LA TRADUCTION

Fikret Nazım KASIMOĞLU

Danışman: Yrd. Doç. Dr. Nuran ASLAN

THESE DE DOCTORAT

ADANA / 2009

A LA DIRECTION DE L’INSTITUT DES SCIENCES SOCIALES

DE L’UNIVERSITE DE ÇUKUROVA

Cette étude a été acceptée par notre jury comme THESE DE DOCTORAT du Département d’Enseignement du Français Langue Etrangère

Présidente : Yrd. Doç. Dr. Nuran ASLAN

(Directrice)

Membre : Prof. Dr. Ahmet Necmi YAŞAR

Membre : Yrd.Doç.Dr. Mediha ÖZATEŞ

Membre : Yrd. Doç. Dr. Osman ASLAN

Membre : Yrd. Doç. Dr. Aşkın ÇOKÖVÜN TURUNÇ

RATIFICATION

Je certifie que les signatures apposées ci-dessus appartiennent effectivement aux professeurs dont les noms sont indiqués.

……/……/2009

Doç. Dr. Azmi YALÇIN

Directeur de l’Institut

Note: L’utilisation dans cette thèse de photos, schémas, graphiques et d’énonciations de sources personnelles ou autres est soumise aux dispositions énoncées dans la Loi no 5846 sur les Œuvres d’Art et les Idées.

Not: Bu tezde kullanılan özgün ve başka kaynaktan yapılan bildirişlerin, çizelge, şekil ve fotoğrafların kaynak gösterilmeden kullanımı, 5846 Sayılı Fikir ve Sanat Eserleri Kanunu’ndaki hükümlere tabidir.

i

ÖZET

BASIN DİLİ METİNLERİ ÇEVİRİSİNİN METOT, TEKNİK VE

STRATEJİLERİ VE BUNLARIN ÇEVİRİ EĞİTİMİNDEKİ YERLERİ

Fikret Nazım KASIMOĞLU

Doktora Tezi, Fransız Dili Eğitimi Anabilim dalı

Danışman: Yrd. Doç. Dr. Nuran ASLAN

Haziran 2009, 174 sayfa

Bu çalışma, 2001 yılında Mersin Üniversitesi’nde, çeviri bölümü akademik

ortamında elde edilen deneyimlerin sayesinde amaç edinilip bir yüksek lisans çalışması

tezi olarak savunulan basın dili çevirisi eğitimi konusunun devamı niteliğinde ele

alınmıştır.

Bu kez konuyu daha farklı bir biçimde ele alıp evrensel bir insan etkinliği

çeviriye, eğitimsel karakterinden daha soyutlanmış bir biçimde yöneldik. Bütün

dikkatimizi, onun kuramlarına, çeviri karşılaştırmasına, çeviri amaçlı metin

çözümlemesine yönelttik. Özel olarak da, amacımız basın dili metinleri çevirisinin

metot, teknik ve stratejileri oldu. Ancak bütün bunları özümsemek için, önce sağlam

dilbilimsel bir alt yapı oluşturmamız gerekliydi. Çünkü çeviri etkinliğinin özünü, felsefi

anlamını, kuramlarını, insan hayatındaki yeri ve önemini anlamak için önce dilbilimin

özünü, temel ilkelerini ve kuramlarını anlamak gerektiğine inanıyorduk. Bunun için

gerekli hiçbir ayrıntıyı göz ardı etmeden kuramsal alt yapıyı oluşturduk, öyle ki, bir

okur, bu çalışmayı eline aldığında her şeyi bulabilsin, çeviriyle ilgili her türlü

dilbilimsel kurama, bilgiye ulaşabilsin.

Uygulama bölümüne gelince, bütün düşüncelerimizi sınayabileceğimiz geniş

bir alan bulduk. Gerçek çeviri etkinliği ile karşı karşıya gelip sınayıp değerlendirdik.

Ölçütler ortaya koyup çözümlemeler yaptık. Günümüzde yapılan çevirilerin doğruluk

değerlerini ölçüp belli sonuçlara vardık.

Anahtar Kelimeler: eşdeğerlik, metin çözümlemesi, erek metin, kaynak metin,

çevrilebilirlik, çevrilemezlik

ii

RESUME

METHODES, TECHNIQUES ET STRATEGIES DE LA TRADUCTION DES

TEXTES JOURNALISTIQUES ET LEUR PLACE DANS L’ENSEIGNEMENT

DE LA TRADUCTION

Fikret Nazım KASIMOĞLU

Thèse de doctorat, Département de Didactique du Français Langue Etrangère

Directrice: Yrd. Doç. Dr. Nuran ASLAN

Juin 2009, 174 pages

Cette étude a été amorcée en 2001, dans le cadre académique de l’expérience

acquise au Département de Traduction de l’Université de Mersin et a été développée en

tant que thèse de travail de Licence Supérieure comme la suite du sujet d’Enseignement

de la Traduction de la langue journalistique.

Cette fois-ci, le sujet a été traité de manière différente, en nous penchant plutôt

sur la forme théorique du caractère didactique de la traduction comme activité humaine

universelle. Toute notre attention s’est tournée sur l’analyse du texte ayant pour but la

traduction, sur la comparaison de traductions et sur son cadre théorique. En particulier,

nous avons visé également les méthodes, techniques et stratégies de la traduction du

langage journalistique. Cependant, pour pouvoir asimmiler toutes ces notions, il était

nécéssaire de créer une structure de base linguistique solide. La raison pour laquelle

nous le voulions était que nous sommes convaincus que pour comprendre la place et

l’importance de l’essence de l’activité de traduction, de sa signification philosophique et

théorique nous devons d’abord comprendre l’essence de la linguistique, de ses principes

de base et de ses théories. Pour cela nous avons crée une structure de base linguistique

sans négliger aucun détail nécéssaire de telle façon que le lecteur, quand il lira cette

étude, puisse trouver toutes les notions et théories nécessaires concernant la traduction.

En ce qui concerne la partie sur l’application, nous avons réservé un large

espace pour tester nos opinions. Nous avons pu faire une évaluation en testant des

activités de traduction réelles. Nous avons mis en place des critères et réalisé des

iii

analyses de textes. Nous sommes ainsi arrivés à certaines conclusions concernant

l’évaluation de valeurs d’exactitude des traductions faites de nos jours.

Mots-clés: équivalence, analyse du discours, texte cible, texte source, traduisibilité,

intraduisibilité

iv

REMERCIEMENTS

Je tiens à remercier, tout d’abord, ma directrice de thèse, Mme, Yrd. Doç. Dr.

Nuran ASLAN pour son grand soutien, pour tout ce qu’elle a fait pour moi.

Je tiens à remercier, ensuite, mon professeur, M. Yrd. Doç. Dr. Osman ASLAN

pour son remarquable soutien dans la préparation de cette thèse, pour le temps qu’il a

consacré pour moi, pour tous ce qu’il m’a appris.

Je tiens à remercier, encore, ma collègue précieuse, Mme. Marie-Françoise

ABAK, pour son grand soutien, pour sa disponibilité, pour sa sollicitude pour les

corrigés de mes écrits.

J’exprime toute ma gratitude au reste des membres de mon jury, M. Prof. Dr.

Necmi Yaşar, Mme. Yrd. Doç. Dr. Mediha Özateş et Mme. Yrd. Doç. Dr. Aşkın

Çokövün pour leur confiance en moi.

Et dernièrement, je tiens à remercier Mme. la secrétaire Sevgi Doğanel pour

son soutien dans l’inscription de ma thèse.

v

TABLE DES MATİÈRES

Page

ÖZET…………………………………………………………………………………...i

RESUME………………………………………………………………………………ii

REMERCIEMENTS…………………………………………………………………..iv

INTRODUCTION……………………………………………………………………..1

PREMIERE PARTIE

THEORIE

1.1. Fondements Théoriques Du Langage Humain ........................................................ 8

1.1.1. Considérations Sur L’évolution Historique De La Recherche Sur Le Langage ..... 8

1.1.2. La Linguistique Générale Et Les Sciences Du Langage ..................................... 11

1.1.2.1. La Place De La Langue Parmi Les Faits Du Langage ............................ 15

1.1.2.2. La Place De La Langue Parmi Les Faits Du Langage Et La Sémiologie 17

1.1.2.3. La Linguistique De La Langue Et La Linguistique De La Parole ........... 18

1.1.2.4. Signe, Signifié, Signifiant ..................................................................... 19

1.1.2.5. L’immutabilité Et La Mutabilité Du Signe Linguistique ........................ 21

1.1.2.6. Les Dualités İnternes De Toutes Les Sciences Opérant Sur Les Valeurs Et

La Deuxième Bifurcation Dans La Recherche De L’objet D’étude Du

Langage Humain ................................................................................... 23

1.2. Le Structuralisme Et Les Études Linguistiques Après L’époque De Saussure ....... 27

1.2.1. Le Fonctionnalisme .................................................................................... 30

1.2.1.1. Les Fonctions Du Langage Humain ................................................ 32

1.2.2. La Théorie De La Communication Humaine ............................................... 34

1.2.3. Les Théories De L’énonciation Et La Pragmatique ..................................... 38

1.2.3.1. La Grammaire Générative Et Transformationnelle Et Les

Conceptions De La Compétence Et De La Performance De N.

CHOMSKY ................................................................................... 39

1.2.3.2. Les Théories De L’énonciation ....................................................... 40

1.2.3.3. La Pragmatique Et Les Actes De Parole ......................................... 45

vi

1.2.3.4. La Présupposition, Le Problème Des İmplicites Et Le Caractères

Argumentatfi Du Langage ............................................................... 47

1.2.3.5. Le Problème Des İmplicites............................................................. 49

1.2.3.6. Le Caractère Argumentatif Du Langage Humain ............................. 50

1.3. Les Sous-Domaines De La Linguistique ............................................................... 51

1.3.1. La Syntaxe .................................................................................................. 53

1.3.2. La Sémantique ............................................................................................ 54

1.3.3. La Sociolinguistique ................................................................................... 57

1.3.4. L’analyse Du Discours Ou La Linguistique Textuelle ................................. 61

1.4. La Traduction Comme Une Activité Humaine Universelle ................................... 65

1.4.1. Les Théories De La Traduction Orientées Sur Le Texte Cible ..................... 72

1.4.1.1. GİDEON TOURY Et Les Études Descriptives ............................... 73

1.4.1.2. HOLZ-MAENTTAERI Et La Traduction En Tant Qu’activité ....... 73

1.4.1.3.La Théorie de SKOPOS de K. REISS et de H. J. VERMEER .......... 74

1.4.2. L’équivalence: La Balance Qui Assure L’équilibre De Deux Langues Lorsqu

L’une Est Traduite En L’autre .................................................................... 76

1.4.3. Les Procédés De Traduction ....................................................................... 78

1.4.4. Comparaison De Traduction ....................................................................... 83

1.4.5. Critique De Traduction ............................................................................... 87

1.4.5.1. La Méthode De Critique De Traduction .......................................... 88

DEUXIEME PARTIE

APPLICATION

2.1. Le Langage Journalistique Et Le Français De Presse .......................................... .94

2.2. La Traduction Des Textes Journalistiques ........................................................... .99

2.3. Etudes Applicatives De La Critique De Traduction............................................. 104

2.3.1. Les Analyses Du Discours Pour L’objectif De Traduction……...…….…..104

2.3.1.1. Texte 1-Version-Article………………………………………..….105

2.3.1.2. Texte 2-Version-Article…………………..……………………….113

2.3.1.3. Texte 3-Version-Article..………………………………………….118

2.3.1.4. Texte 4-Thème-article…........…………………………………….123

2.3.1.5. Texte 5-Thème-Article.…….…… ……………………………….129

vii

2.3.1.6. Texte 6-Thème-Article.………..………………………………….136

2.3.1.7. Texte 7-Version-Communiqué De Presse ……..………...……….141

2.3.1.8. Texte 8-Version-Communiqué De Presse..……………………….146

2.3.1.9. Texte 9-Version-Communiqué De Presse..……………………….150

2.3.1.10. Texte 10-Thème-communiqué de presse………………………...152

2.3.1.11. Texte 11-Thème-Communiqué De Presse……..………………...157

2.3.1.12. Texte 12-Thème-Communiqué De Presse…..…………………...160

2.4. Les Méthodes, Les Techniques Et Les Stratégies De La Traduction Des Textes

Journalistiques A Caractère D’article Et De Communiqué De Presse Et Leur Place

Dans L’enseignement De La Traduction ........................................................... 165

2.4.1. Les Méthodes, Les Techniques Et Les Stratégies De La Traduction Des

Textes Journalistiques A Caractère D’article Et Leur Place Dans

L’enseignement De La Traduction……………………….…………….…165

2.4.2. Les Méthodes, Les Techniques Et Les Stratégies De La Traduction Des

Textes Journalistiques A Caractère De Communiqué De Presse Et Leur Place

Dans L’enseignement De La Traduction…..………………………………166

CONCLUSION………..……………………………………………………………..167

REFERENCES……..……………..…………………………………………………170

ÖZGEÇMIS………………………………………………………………………….174

INTRODUCTION

Cette étude est la suite d’une thèse de maîtrise qui était le premier pas d’un

engagement académique. En tant que telle, elle poursuit et développe les mêmes

objectifs en les approfondissant.

Engagé à travailler dans un département de traductologie et d’enseignement de

la traduction de la langue de presse en particulier, et encouragé par nos professeurs,

nous avons soutenu notre maîtrise, en 2001, à l’Université de MERSIN, sous le titre

« Enseignement de la traduction de la langue de presse ».

Pourquoi et pour quelles raisons, ce domaine avait il été choisi ?

Apres avoir analysé le contenu des programmes d’enseignement des principaux

départements turcs de traduction et d’interprétariat, ce choix s’est imposé à nous.

Comme on le sait, la langue de presse constitue avant tout un matériau très riche dans

l’enseignement de la langue étrangère et nous connaissons très bien, l’importance de la

place des médias dans la didactique des langues, même si leur qualité reste très

critiquée. Nous avons donc retenu ce sujet parce que la presse écrite ou visuelle fait

constamment appel à la traduction. Il n’est pas difficile de comprendre l’importance

capitale de la justesse de la traduction dans ce domaine. En effet les médias constituent

un lien informatif entre les nations dont les relations politico économiques et socio

culturelles ne cessent de s’accroître au cours du temps et en Turquie, l’introduction de

l’enseignement des techniques de traduction dans les programmes universitaires est

récente.

Toutes ces raisons nous ont poussés à nous pencher sur l’analyse de

l’enseignement de la langue de presse, tout au long d’une période d’études qui a

commencé par la maîtrise jusqu'à cette étude de doctorat.

C’est une étude complexe qui fait appel à plusieurs disciplines de la

linguistique et qui doit se baser sur un fondement théorique cohérent et solide, étant

donné que le contenu d’une étude de maîtrise reste limité, nous allons chercher, au

cours de cette étude de doctorat, à traiter le problème dans sa totalité, et même à faire

notre propre critique.

2

Lorsqu’on est en face de l’enseignement de la traduction du langage

journalistique, plusieurs domaines de recherche de la linguistique générale sont évoqués

d’emblée. D’un premier regard, on est en face d’une situation d’écrit, donc il s’agit de la

langue écrite, ce qui nous sépare de la langue parlée. Mais, puisqu’il s’agit de

l’enseignement de la traduction de cette langue écrite, on s’intéresse tout d’abord à

l’acte traduisant, à ses théories et sa pédagogie et deuxièmement, puisqu’il s’agit d’un

domaine de spécialité, on s’intéresse aussi à la didactique des langues étrangères et aux

objectifs spécifiques en langue étrangère et particulièrement à ceux de la langue de

presse, en tant que domaine de spécialité. Parmi les fonctions du langage, puisque le

langage journalistique se réalise selon la fonction appellative en tant qu’actes de parole

au sein des usages sociaux de langue qui constituent en somme une sorte de

communication humaine, nous sommes amenés tout de suite à nous intéresser à quatre

domaines de la linguistique générale : la linguistique fonctionnelle, la pragmatique, la

sociolinguistique et la théorie de la communication.

Ce sujet si complexe dont nous avons essayé de révéler la complexité ci-

dessus, a été abordé dans notre étude de maîtrise, et traité en cinq parties : la première

portant sur l’initiation théorique de la traduction, la deuxième sur les objectifs

spécifiques en langue étrangère avec une introduction aux genres de texte et en

continuant avec un aperçu général sur la didactique des langues étrangères, la troisième

sur le langage journalistique et le français de la presse, avec une introduction pour les

situations d’écrits et pour la situation de communication, la quatrième sur la pédagogie

de la traduction dans laquelle se situe la phase d’application de nos idées et la

cinquième sur l’étude comparative des programmes d’enseignement du département de

la traduction et de l’interprétation de trois universités turques.

Au point de vue théorique, nous nous sommes référés essentiellement à la

théorie de l’interprétation des théoriciens comme M. LEDERER, D. SELESKOVICH,

E. CARY. Cette théorie est fondée sur la théorie de l’interprétation du psychologue

Suisse, J. PIAGET qui avait postulé dans sa Prise de Conscience (1974, pp. 258-259)

que toute perception s’accompagne toujours d’une interprétation, ce qui veut dire que

tout objet qui peut être perçu, peut être interprété à la fois.

Et puisque l’acte traduisant est aussi une interprétation, elle établit des

équivalences et non des correspondances entre deux langues et elle se produit selon

3

deux étapes, la première étant la compréhension et la deuxième étant la réexpression,

que l’on peut définir par d’autres termes comme le décodage/encodage ou la

deverbalisation/reverbalisation. On ne peut pas traduire un énoncé d’une langue en une

autre, sans le comprendre et pour pouvoir le comprendre, il faut posséder un excellent

savoir linguistique et extralinguistique et une excellente compétence de la

compréhension et pour la part de la phase de réexpression, il faut avoir évidemment une

excellente compétence d’expression.

Apres avoir défini la conception du « texte » et étudié les genres du « texte » et

les fonctions du langage, en se familiarisant avec les classifications de théoriciens

comme C.K. OGDEN et I.A. RICHARDS, K. BÜHLER et K. REISS, nous nous

sommes attardés sur la didactique des langues étrangères. Nous avons fait des

remarques importantes concernant les nouvelles caractéristiques que la didactique des

langues étrangères a acquises avec les développements sociaux, et nous avons étudié les

objectifs spécifiques en langues étrangères.

Nous avons remarqué que dans ce monde si complexe, si sophistiqué du fait de

la hausse incessante des relations économico politico socio culturelles entre les pays, la

didactique des langues étrangères a du s’adapter à cette nouvelle situation, même au

niveau d’une région ou d’un pays et qu’apprendre une langue étrangère est devenu

désormais beaucoup plus qu’une simple acquisition de langue, mais plutôt une

acquisition comportant des objectifs spécifiques, scientifiques, techniques, etc., et que

les publics d’apprenant sont beaucoup plus diversifiés et ont des besoins

d’apprentissage qui ne sont pas homogènes et qu’en conséquence, il faut centrer

l’enseignement apprentissage sur les besoins de ces publics, et non pas sur les matériaux

d’enseignement.

Et nous nous sommes intéressés à la dimension culturelle dans l’enseignement

apprentissage de la langue étrangère, qui est restée longtemps négligé longtemps, mais

sans laquelle une langue étrangère ne peut être acquise véritablement, d’après D.

LEHMANN (1993) qui a fait de longues citations et donné des références dans son

ouvrage Objectifs spécifiques en langue étrangères sur le célèbre ouvrage de E. HALL

et M. R. HALL qui s’appelle la dimension cachée. D’après ces deux écrivains, les gens

communiquent non seulement par le langage dit naturel (incarné dans des langues),

mais aussi par leurs comportements, postures ou attitudes corporelles, organisés en

4

autant de signes et de messages interprétables par autrui (F.N. KASIMOGLU, 2001,

40).

Et il nous fallait procéder à une étude démonstrative d’un acte traduisant

comme s’il s’agissait d’un vrai acte traduisant pour examiner, évaluer et contrôler les

principes que nous avons mis en cause. Puisque nous avons été guidés par la théorie de

l’interprétation, nous nous sommes focalisés sur deux communiqués de presse parue

dans deux quotidiens célèbres de culture française, tels que le Monde et le Figaro, au

sujet d’un événement international. Ce qui était important pour nous, c’était d’examiner

comment deux différents regards, c'est-à-dire, deux différentes idéologies, deux visions

du monde etc., voient et interprètent une réalité sociale. Evidemment, ces deux regards

étaient ceux des envoyés spéciaux de ces deux quotidiens, qui, au nom de leur journal,

sont partis observer cet événement afin de présenter sous la forme de communiqués de

presse ce qu’ils ont constaté en tant que témoins de ce qui s’est passé.

Comme il se doit de la théorie de l’interprétation, nous avons abordé cette

situation de traduction en deux étapes, la première étant la compréhension avec une

analyse du discours, un examen minutieux des différences d’expression de ces deux

textes, notamment au niveau des choix langagiers, des référents réels et langagiers, la

deuxième étant la réexpression avec une comparaison des deux traductions. Nous avons

essayé de mettre en évidence tous les actes que la théorie de l’interprétation exige dans

chaque étape successive.

Dans la première étape, nous avons voulu montrer comment un simple

événement qui s’est déroulé devant tout le monde, avait pu être interprété et rapporté

tout à fait dissemblablement par deux individus et à quoi un apprenti traducteur devrait

faire attention lors d’une telle démarche de traduction. En conséquence, la traduction de

ces deux textes s’est trouvée être un acte de traduction qui diffère, non seulement par

l’opinion du journal que les journalistes doivent représenter, mais aussi par l’acte

même de ceux qui se donnent à écrire ces articles. Car, avant d’être des représentants

de leur journal, ils ont des individus. Puisqu’il n’y a pas deux individus entièrement

identiques dans le genre humain, comment pourraient-ils rapporter un même événement

d’une façon toute semblable ? (…) Chaque individu qui vient assister à un événement

en tant que témoin change directement l’intégrité de cet événement avec son vécu

5

personnel qui s’y ajoute et représente une nouvelle interprétation de ce qui se passe

autour de lui. (…) (F. N. KASIMOĞLU, 2001, 87).

A la suite de l’étape de lecture et compréhension active, est venue l’étape de

déverbalisation de tout ce qu’on a compris. Nous avons traduit ces textes en examinant

tous les paramètres concernant l’enjeu de l’événement, c’est-à-dire les difficultés, la

prise de stratégies de l’acte traduisant, etc. Notre objectif était de faire une comparaison

de ces deux textes en quatre étapes successives, telles que, la compréhension dans la

langue source, la comparaison entre la langue source et la langue d’arrivée de deux

textes et finalement, la comparaison dans la langue d’arrivée. Les similitudes et les

différences entre les deux textes découvertes dans l’étape première, ont-elles été

sauvegardées telles quelles dans la dernière étape ? Cette question que nous avons

posée, était celle que le traducteur ou l’apprenti traducteur devrait se poser, d’après nous

(2001).

A la fin de notre étude théorique, nous avons voulu nous pencher sur les

programmes d’enseignement de trois universités turques (HACETTEPE, YILDIZ

TEKNIK, MERSIN) qui proposent un cursus au sein du département de traduction et

d’interprétation et sur la comparaison des cours. D’après nos critères, nous avons

dégagé leurs traits communs et leurs points forts et relativement faibles et nous avons

pu faire des propositions selon nos constatations.

Pour la catégorisation des programmes, nous avons établi un petit système de

classification qui se composait de seize catégories de cours répartis en deux grands

groupes, à savoir les compétences générales langagières et les compétences spécifiques

langagières (2001). Dans le premier groupe, il se trouvait plutôt des cours théoriques,

comme la linguistique, la théorie de la traduction, etc., et dans le deuxième, il se

trouvait les cours sur les quatre aptitudes de l’apprenant.

En bref, nous sommes ainsi arrivés à certaines observations et évaluations

suivies de nos propositions en partant du principe de la cohérence et de la

systématisation que doit revêtir la formation ou l’élaboration d’un programme, c’est a

dire que « chaque matière de formation a sa propre manière de s’appliquer faisant partie

d’un ensemble cohérent et systématique », et qu’ « on doit envisager tous les avantages

et les inconvénients des données formationnelles, institutionnelles et matérielles et en

6

fonction des besoins des apprenants », et que « chaque matière de formation doit se

donner dans la durée qu’il faut et dans sa propre spécificité » (2001, 126), et qu’il faut

enseigner chaque fois une seule matière et non pas plusieurs. Nous avons constaté que

le programme de l’Université de MERSIN était très diversifié et chargé. Par contre les

deux autres, étaient plus souples et faciles à analyser et le programme de l’Université de

YILDIZ TEKNIK était différent des deux autres. Excepté le département de

HACETTEPE, les deux autres faisaient la distinction entre la formation de traducteur et

d’interprète, l’un le faisant dès la troisième année (MERSIN), l’autre la faisant la

quatrième (YILDIZ TEKNIK) et que les trois universités offraient une grande diversité

dans les cours de spécialité en leur consacrant beaucoup d’heures. Mais, les cours

consacrés à la presse écrite, lorsqu’ils ne figuraient point dans le département de

YILDIZ TEKNIK, ne sont enseigné que 2 heures pendant les quatre années d’études, ce

qui nous paraissait insuffisant, vu le contenu très vaste et riche du domaine.

En conclusion, dans cette étude-là, nous avons essayé d’établir une

méthodologie de l’enseignement de la traduction du langage journalistique en concevant

sa place dans un enseignement global de la traduction et nous avons essayé de réaliser

toutes les exigences d’une telle entreprise comme nous l’avons précisé ci-dessus, nous

poursuivons notre tâche dans cette étude de doctorat, dans laquelle nous allons aborder

l’activité de la traduction plus précisement de son caractère didactique pour mieux

pénétrer son essence et pour mieux pénétrer dans sa pratique. Mais, nous croyons que le

fait de pénétrer l’activité de la traduction ne sera pas une tâche facile qui exigera, au

préalable, de nous intéresser d’abord à la linguistique générale, puis aux courants, aux

théories linguistiques et sous-domaines de la linguistique dont nous avons besion. Il

faudra que nous nous efforcions de passer, autant que possible et tant que nous en avons

besoin, par toutes les étapes que la recherche en langue a traversées au cours de

l’histoire.

Donc, nous allons envisager cette étude en deux grandes parties, l’une étant la

théorie, l’autre étant l’application et la théorie va se composer de quatre chapîtres : le

premier sera sur les fondements théoriques du langage humaine dans lequel nous allons

aborder notre théorie par une considération historique sur l’évolution de la recherche sur

le langage humain et continuer par suivre le même chemin que Saussure a suivi

lorsqu’il a établi les premiers principes de la linguistique générale ; le deuxième sera sur

7

le structuralisme et sur les études après l’époque de Saussure dans lequel nous allons

nous pencher sur les sujets qui nous concernent, comme le fonctionnalisme, la théorie

de la communication humaine, la pragmatique, les théories de l’énonciaton, les actes de

parole, etc. ; le troisième sera sur les sous-domaines de la linguistique, comme la

syntaxe, la sémantique, la sociolinguistique, l’analyse du discours et la linguistique

textuelle ; enfin le quatrième sera sur l’activité de la traduction dans lequel nous allons

envisager l’acte traduisant sous tous ses aspects. Et ainsi va s’achever la première partie

de notre étude et la deuxième va être abordée.

La partie de l’application de notre étude va consister en la critique de

traduction sur des vrais textes traduits du langage journalistiques réciproquement entre

la langue française et la langue turque et cette critique de traduction consiste en une

analyse du discours pour l’objectif de traduction dont le principe est appartient à

Christiane Nord. Notre objectif sera de vérifier la qualité des traductions des textes

journalistiques actuels de voir s’ils sont traduits ou non selon les critères

traductologiques. Nous allons rechercher à voir si le style de l’écrivain, la forme, le

contenu d’information et le sens du texte, ont été protégés ou non et dans quelles

mesures ils ont été protégés.

8

PREMIERE PARTIE

THEORIE

1.1. Fondements Théoriques Du Langage Humain

1.1.1. Considérations Sur L’évolution Historique De La Recherche Sur Le Langage

D’après J. LYONS (1983), l’histoire de la pensée du langage humain est aussi

ancienne que l’histoire de l’humanité. Dès l’époque de l’ancien grec, le langage humain

a été l’une des sujets d’intérêts essentiels de toutes les discussions philosophiques.

J. LYONS (1983) remarque que les philosophes grecs discutaient sur ce qui

génère le langage, si c’était la « nature » ou si c’était la « convention ». Cette

controverse entre les naturalistes et les conventionnalistes, constituait une discussion

ordinaire, dit-il. Et le sujet essentiel de cette discussion portait sur la question de saisir

s’il y avait ou s’il n’y avait pas une liaison obligatoire entre un mot et sa signification,

ajoute-il.

Et il continue en précisant que les extrêmes défenseurs de l’école naturaliste

comme KRATYLOS, professaient que tous les mots, par leur essence, correspondaient

à ce qu’ils désignent, ce qui constituait un déterminisme total. Car, les mots étaient

considérés comme des imitations de ce qu’ils nomment. Dire qu’une appellation était

naturelle, c’était dire que son origine est indépendante de l’intervention humaine et liée

à l’infinité et à des lois intouchables. Les conventionnalistes défendaient, à l’inverse, la

thèse selon laquelle langage humain est une habitude humaine et cette discussion qui

dure des siècles, se serait transformée en discussion pour savoir dans quelle mesure est-

ce que le langage suit des règles ou non (1983).

D’après J. LYONS (1983, 16) dans une langue naturelle, il existe des

régularités d’autant plus qu’il existe des irrégularités. Comme exemple de régularité, il

donne le mot turc « EL » qui, au pluriel, devient « ELLER » et « ÇOCUK » qui devient

« ÇOCUKLAR » selon la règle de l’harmonie vocalique. Pour illustrer les irrégularités,

il donne le mot anglais « CHILD » qui, au pluriel, devient « CHILDREN ».

Nous apprenons avec J. LYONS (1983) que, pour résoudre ce dilemme, les

grecs ont développé une explication qui a deux faces, l’une étant l’analogie, l’autre étant

9

l’anomalie. Donc, dans un camp, il y avait les analogistes qui défendaient les régularités

de langue en consacrant leurs efforts à établir des corpus de langue pour pouvoir mettre

en évidence des modèles de structures analogiques et dans l’autre, il y avait les

anomalistes qui défendaient la thèse des anomalies en objectant aux arguments des

analogistes, l’existence de nombreuses irrégularités dans les langues. Les anomalistes

défendaient la thèse selon laquelle le langage, qui est un produit de la nature humaine,

ne peut être décrit que dans une certaine mesure avec les critères de l’approche

analogique en attirant l’attention sur la relation entre la forme et la signification d’un

mot qui n’est qu’une relation anormale, comme dans l’exemple de THEBES et ATHENS

qui sont des mots pluriels en même temps qu’ils désignent des villes au singulier et sur

les effets de la synonymie et de l’homonymie (1983, 16).

Et il ne faut pas s’étonner, dit J. LYONS (1983) que cette discussion entre les

deux camps, ne se soit pas terminée. Et en plus, ajoute-il, ce débat n’est évidemment pas

vain parce qu’il contribue à la systématisation du langage, même s’ils sont encore très

loin de décrire ce qu’on dit, au lieu d’édicter ce qu’on doit dire et puisqu’ils sont très

loin de jeter un regard scientifique au phénomène du langage en s’occupant plutôt

d’imposer leur propre point de vue, ils ne peuvent pas assimiler ces deux caractères

naturels du langage humain.

J. LYONS (1983) distingue deux grandes époques dans l’évolution de la

pensée du langage : l’une étant l’époque du normativisme, l’autre étant l’époque du

descriptivisme et il en conclut que le véritable âge descriptif a commencé au XIXe

siècle.

J. LYONS (1983) a rédigé une histoire abrégée de l’évolution de la pensée du

langage humain et il nous parle d’une autre tradition en dehors de celle des gréco-

romains, non seulement indépendante mais aussi plus ancienne, plus diversifiée dans ses

aspects propres et même plus réussie dans certaines côtés particuliers : il s’agit de la

tradition indienne. Lorsque l’on évoque la tradition indienne, en d’autres termes, le

monde du sanscrit, on se rappelle tout de suite de Panini. J. LYONS (1983), lui aussi, le

fait et il note l’importance de ce célèbre grammairien indien en affirmant qu’il a

contribué à la description de la langue sanscrite davantage que beaucoup de

grammairiens venant avant lui.

10

Douze différents théorèmes de la grammaire indienne et environ mille

ouvrages de grammaire nous restent comme héritage de cette époque, nous informe,

LYONS (1983) et il fait une comparaison entre les ouvrages gréco-romains et indiens.

Ces deux systèmes de grammaires étaient indépendants de l’un de l’autre par leur

origine et leur développement. Ils avaient toutefois des traits communs, tels que la

querelle du caractère naturel et conventionnel du langage et ils s’occupaient tous les

deux de textes anciens traitant de la culture ou de la religion, d’un côté l’ancien grec, de

l’autre côté, les textes de Veda. J. LYONS (1983) souligne particulièrement l’œuvre de

Panini (4e sc. av. J.C. ?) en tant qu’œuvre de grammaire exceptionnelle de tous les

temps au point de vue de la cohérence interne et de la simplicité avec laquelle Panini a

observé le langage de sa propre époque, ce qui nous montre que les indiennes ont

beaucoup protégé les textes sacrés.

LYONS (1983) fait une remarque importante que l’on mentionne souvent à

savoir que le XIXe siècle a été le témoin de la naissance de l’examen scientifique du

langage et il ajoute que ce jugement est vrai si on donne son sens actuel à ce terme de

« scientifique ». Il ne faut pas oublier que cette conception de la « science » était très

nouvelle parce que les scolastiques et leurs successeurs, les grammairiens de Port Royal

se réclamaient eux aussi des scientifiques du point de vue de leur conception de la

connaissance exacte qui n’était basée que sur des principes universels et non sur

l’observation des faits.

Comme LYONS (1983) le mentionne, le XIXe siècle était une époque où la

pensée scientifique a changé, a évolué radicalement grâce aux découvertes exactes dans

plusieurs domaines de la connaissance. Le XIXe siècle a été une époque où la pensée

scientifique a commencé à s’appuyer sur des faits, selon l’observation de données

concrètes et exactes. Par exemple de LYONS (1983), la découverte du Sanscrit par les

linguistes occidentaux a réveillé l’idée qu’une langue très lointaine du monde occidental

pourrait être de même origine que les langues occidentales et que les langues par leurs

origines pourraient être parentes les unes des autres, bien qu’elles se changent et

évoluent.

C’est ainsi que l’idée de l’évolution a pris la place de l’universalité inchangée,

la théorie historique « divine » était détruite et les théories humaines laïques et

évolutionnistes ont pris sa place, affirme LYONS (1983). En un mot, le XIXe siècle a

11

connu la naissance définitive de la pensée positive, l’idée de l’évolution a pris la place

de l’universalité inchangée, la théorie historique « divine » a été bouleversée et les

théories humaines laïques se sont épanouies.

Et grâce à cette révolution de la réflexion de ce siècle, dit LYONS (1983), on a

enfin réussi à distinguer la grande différence entre le regard normatif et le regard

descriptif, ce qu’on ne pouvait pas montrer depuis des siècles. Désormais, le linguiste

doit être un scientifique qui décrit la langue que les gens parlent ou écrivent et non pas

qui édicte ou commandent comment-ils doivent parler ou écrire.

C’est ainsi brièvement que les conditions historiques se sont mises en place

pour mener a la recherche linguistique et à l’arrivée des Cours de linguistique générale

de Ferdinand de SAUSSURE, en 1916.

1.1.2. La Linguistique Générale Et Les Sciences Du Langage

Toutes les personnes qui s’intéressent plus ou moins au domaine du langage

humain, connaissent très bien l’importance et la valeur incontestable de ce célèbre

ouvrage de F. de Saussure, qui est considéré comme le coran de la recherche par

plusieurs autorités linguistiques. De même que Auguste Comte et Saint-Simon avaient

abordé pour la première fois, les sociétés en tant qu’objet de recherche qui devant être

examiné comme si on était dans un laboratoire, de même F. de Saussure a placé, pour la

première fois, le langage humain dans une position prête à être examinée selon les

méthodes scientifiques.

Le XIXe siècle a été pour l’homme le début du retour sur soi comme s’il

observait un objet qui se trouve en dehors de lui-même. Cette fois, l’objet de la

recherche n’était pas les molécules d’atomes qui se situent à une certaine distance, mais

c’était lui-même.

C’est une tache difficile de s’examiner soi-même. Cette démarche demande à

briser les murs des anciennes habitudes de la conscience. A. MARTINET, dans son

œuvre Eléments de linguistique générale, a signalé qu’il était exceptionnellement

important de souligner le caractère scientifique de l’étude de la langue. Il a dit que « une

étude est dite scientifique lorsqu’elle se fonde sur l’observation des faits et s’abstient de

12

proposer un choix parmi ces faits au nom de certains principes esthétiques ou moraux »

(Martinet, 1996, 6).

Le langage est la cause et la conséquence de toutes les activités humaines.

L’homme fait du sport, construit des bateaux, va sur la lune, crée des œuvres d’art, fait

des opérations chirurgicales sur sa propre espèce et sur des animaux, observe, examine

tout ce qui vient au devant de ses yeux, fait des mesures ultrasensibles avec des

appareils qu’il invente, mais il ne les aurait pas fait s’il n’avait pas une faculté naturelle

pour utiliser sa langue.

T. BUCKLEY rapporte une remarque de HERMANS, très significative et

éclairante disant que toute science est d’abord descriptive (BUCKLEY, 1996). Il nous

est suffit de jeter un coup d’œil et de lire les premières pages du Cours de linguistique

générale pour comprendre combien est juste cette constatation. Il est vrai que la

linguistique, elle aussi, a commencé par une phase de description. Nous allons

maintenant relater comment et dans quelles circonstances la linguistique a démarré.

Les Cours de linguistique générale qui est un manifeste de la linguistique et

des sciences du langage, commence par énoncer son contenu et son objectif. La

linguistique traite de toutes les manifestations du langage humain, soit qu’ « il s’agisse

des peuples sauvages ou les nations civilisées, des époques archaïques, classiques ou de

décadence, en tenant compte dans chaque période non seulement du langage correct et

du « beau langage », mais de toutes les formes d’expression (…) » (1995, 20). Et son

objectif est de « (…) faire la description et l’histoire de toutes les langues qu’elle

pourrait atteindre (…) », deuxièmement, de « chercher les forces qui sont en jeu d’une

manière permanente et universelle dans toutes les langues et de dégager les lois

générales auxquelles on peut ramener tous les phénomènes particuliers de l’histoire

(…) », et troisièmement, de « se limiter et de se définir elle-même (…) » (20).

Nous pouvons dire que toute science a évidemment un objet de recherche,

comme dans le cas de la sociologie qui examine les groupes ou les classes humaines ou

dans l’astronomie qui examine les groupes d’étoiles au moyen d’un télescope. Donc,

dans chaque science, on peut aisément trouver un objet qui est prêt à être examiné.

Mais, dans le cas de la linguistique, cette rencontre facile entre le regard scientifique et

son objet, ne se réalise pas aisément.

13

Nous pouvons dire que la linguistique est une discipline qui établit son propre

objet de recherche parce que, devant un objet linguistique concret, comme le mot nu, dit

Saussure, un observateur superficiel fait un jugement ordinaire, mais un examen plus

attentif y révélerait trois ou quatre données parfaitement différentes selon la manière

dont on le considère, comme son, comme une expression d’une idée, comme

correspondant du latin nūdum, etc., et il ajoute que « (…) bien loin que l’objet précède

le point de vue, on dirait que c’est le point de vue qui crée l’objet, et d’ailleurs rien ne

nous dit d’avance que l’une de ces manières de considérer le fait en question soit

antérieure ou supérieure aux autres (…) » (23). En outre, cette structure

pluriexistencielle ou pluriformelle a une double dimension. Quelque soit la manière

qu’on adopte, le phénomène linguistique traite de deux faces de telle sorte que l’une

puisse être expliquée par la raison d’être de l’autre, c’est-à-dire que chaque entité

n’existe que par sa deuxième face ou l’existence de l’une dépend de celle de la

deuxième (1995, concerné).

Saussure explique cette complexité de la façon suivante:

1. (…) les syllabes qu’on articule sont des impressions acoustiques

perçues par l’oreille, mais elles n’existent que par le fait de

l’existence des organes vocaux. (…) Un n, dit-il, n’existe que par la

correspondance de ces deux aspects. On ne peut réduire la langue

au son, ni détacher le son de l’articulation buccale ;

réciproquement on ne peut pas définir les mouvements des organes

vocaux si l’on fait l’abstraction de l’impression acoustique ;

2. Le son n’est que l’instrument de la pensée et il n’existe pas pour

lui-même, mais par une autre unité complexe, cette fois,

physiologique et mentale qu’est l’idée qui forme une

correspondance entre ces éléments;

3. Le langage humain comporte deux faces, l’un étant individuel,

l’autre social, tels que l’on ne peut concevoir l’un sans l’autre ;

4. Et à chaque instant, il est un système établi et une évolution, à

chaque moment lorsqu’il est une institution actuelle, il devient un

produit du passé (1995, 24).

14

« Ainsi, de quelque côté l’on aborde la question », conclut-il, nous ne pouvons

nullement trouver l’objet intégral de la linguistique qui s’offre à nous comme dans

d’autres sciences, ce qui prouve la différence de nature du phénomène linguistique par

rapports aux autres phénomènes, « (…) partout nous rencontrons ce dilemme : ou bien

nous nous attacherons à un seul coté du problème et nous risquons de ne pas percevoir

les dualités signalés plus haut ; ou bien si nous étudions le langage par plusieurs côté à

la fois, l’objet de la linguistique nous apparaît un amas de confus de choses hétéroclites

sans lien entre elles (…) » (1995, 24).

Il n’y a qu’une solution pour surmonter ces difficultés, selon Saussure, il faut

situer le regard « de prime abord sur le terrain de la langue et la prendre pour norme de

toutes les autres manifestations du langage » (25).

Cet amas de confus de choses hétéroclites, c’est d’ailleurs le langage lui-même.

A ce stade, Saussure fait une distinction entre le langage et la langue. « (…) Le langage

est multiforme et hétéroclites, (…) il appartient (…) au domaine individuel et au

domaine social ; il ne se laisse classer dans aucune catégorie des faits humains parce

qu’on ne sait comment dégager son unité (…) », mais la langue, en tant que « (…)

partie déterminée, essentielle (…) », est « (…) à la fois, un produit social du faculté du

langage et un ensemble de conventions nécessaires, adoptées par le corps social pour

permettre l’exercice de cette faculté chez les individus (…) » (25).

Le terrain de la langue, d’après lui, est un tout en soi et un principe de

classification, une ordonnatrice d’un amas de confus de choses qui ne se prêtent à

aucune autre analyse. Ainsi on trouve l’objet de l’examen du phénomène linguistique.

(25). Et une fois qu’on le trouve, le deuxième pas doit être de déterminer sa place dans

les faits du langage.

Où se trouve-t-elle, la langue, dans quelle sphère du langage prend-elle sa

place ? La réponse est évidente : (…) devant l’acte individuel qui permet de

reconstituer le circuit de la parole (…) (27). Nous devons suivre la même route que

Saussure a prise et nous allons, maintenant définir la place de la langue dans les faits du

langage.

15

1.1.2.1. La Place De La Langue Dans Les Faits Du Langage

Il faut la mettre tout de suite devant l’acte individuel, et son inverse, puisque ce

sont les individus qui forment une communauté linguistique, exerçant le langage entre

eux-mêmes, et constitue par là même la chaîne parlée. La chaîne parlée est un circuit de

parole exécutée par au moins deux individus dont le cerveau est le siège de

l’organisation et de l’exercice du langage. Trois phases successives, psychiques,

physiologiques et physiques constituent les agents de cette organisation (1995).

La première phase, le point de départ d’un cerveau, consiste en l’association

des faits de la conscience avec les signes linguistiques que Saussure suggère d’appeler

les concepts, puis vient la deuxième dans laquelle le cerveau fait fonctionner les organes

vocaux qui, à leur tour, transforment le signal en un signal purement physique, c'est-à-

dire que les ondes sonores voyagent dans l’air jusqu'au centre du deuxième cerveau. Ici,

le processus fonctionne de manière inverse au premier (1995). Il faut ajouter, dit

Saussure, une faculté d’association et de coordination, qui se manifeste dès qu’il ne

s’agit plus de signes isolés et qui joue le plus grand rôle dans l’organisation du langage

en tant qu’un système (1995, 29).

Mais, on ne peut pas comprendre ce rôle, si on ne sort pas de l’acte individuel

qui, souligne-t-il, n’est que l’embryon du langage et on n’aborde pas le fait social.

Ainsi, ce circuit de la parole s’établit une sorte de moyenne (…) entre tous les individus

(…) relié par le langage et tous reproduisent (…) non exactement sans doute, mais

approximativement (…) les mêmes signes unis aux mêmes concepts (1995, 29).

On ne peut pas répondre à la question sur ce qu’est l’origine de cette

cristallisation sociale, si on ne distingue pas ce qui est individuel et ce qui est social. La

réponse réside dans ce « ce qui est social ». La partie physique peut être écarté d’emblée

parce que quand nous entendons une langue que nous ignorons, les sons physiques

n’ont un sens que par leur aspect physique et la partie psychique n’a pas un rôle entier

dans le jeu parce que l’exécution du langage n’est pas fait par la masse, mais par les

individus, ce que Saussure appelle « la parole » (1995).

Supposons un hangar commun prêt à être utilisé par tous les individus d’une

communauté qui communiquent avec leur propre langue. Un tel hangar n’existe pas

parce qu’il n’y a que des usages individuels, particuliers et on peut déterminer « la

langue » au moment où une image auditive vient s’associer à un concept (31).

16

L’individu enregistre passivement la langue qu’il ne peut ni la créer, ni la modifier (31)

(…) et il doit apprendre son utilisation dès son enfance.

C’est par le fonctionnement des facultés réceptives et coordinatrices de la vie

collective que les mêmes empreintes se forment sensiblement chez les sujets parlants.

La langue est comme un trésor public qui serait un système grammatical existant

virtuellement dans le cerveau d’un ensemble d’individus, prêts à l’utiliser par la

pratique de la parole. Si on pouvait embrasser la somme des images verbales

emmagasinées chez tous les individus, on toucherait le lien social qui constitue le

langage, dit Saussure (30). Et si la langue était complète dans chaque individu,-elle ne

l’est pas, elle n’existerait parfaitement que dans la masse- on toucherait alors tout le

système qui forme la langue.

En distinguant la langue de la parole, on sépare en même temps ce qui est

social de ce qui est individuel (…) et (…) ce qui est essentiel de ce qui est accessoire et

plus ou moins accidentel. Etant un acte individuel de volonté et d’intelligence, ajoute

Saussure, le sujet parlant construit ses propres combinaisons linguistiques à l’aide du

code de la langue en vue d’exprimer sa propre pensée au moyen de son propre

mécanisme psycho physique qui lui permet de les extérioriser (1995, 30-31).

Maintenant, pour bien comprendre l’entité de la langue, nous allons récapituler

ses caractéristiques, comme l’a fait Saussure :

1. La langue est un sujet bien défini dans l’ensemble hétérogène

des faits du langage qui n’existe qu’en vertu d’un contrat fait

par les membres d’une communauté linguistique. Etant la

partie sociale du langage, l’individu qui se trouve à l’extérieur

de celle-ci, ne peut ni la créer, ni la modifier et il a besoin d’un

apprentissage pour en connaître le jeu (31).

2. La langue et la parole, sont deux sujets, deux domaines que

l’on peut étudier séparément. Grâce à la langue, nous pouvons

même nous assimiler l’organisme linguistique des langues

mortes que nous ne parlons plus.

3. Tandis que le langage est hétérogène, la langue ainsi délimitée

est de nature homogène (32). Elle est un système de signes où

il n’y a d’essentiel que l’union du sens et de l’image

17

acoustique, et où les deux parties du signe sont également

psychiques (32).

4. la langue est une sorte d’abstraction de tout le caractère qui

n’est pas heuristique de la parole. Et c’est par cette abstraction

que l’étude du phénomène du langage revêt un caractère

concret. Les signes linguistiques que nous offre la langue ne

sont pas moins psychiques que ceux de la parole, dit-il (1995).

Ces caractéristiques de la langue, ainsi délimité dans l’ensemble des faits de

langage (…), nous en font découvrir un autre plus grand (…) (32-33). Voyons

maintenant ce que c’est.

1.1.2.2. La Place De La Langue Dans Les Faits Humains Et La Sémiologie

Ainsi, ayant délimité la langue parmi les faits du langage, on constate qu’elle

peut être classifié parmi les faits humains, tandis que le langage ne peut être. On vient

de constater que la langue est une institution sociale, sauf qu’elle se distingue par

plusieurs traits des autres institutions politiques, juridiques, etc. (33) parce qu’étant un

moyen de communication, elle se trouve à la base de toutes les autres institutions, (…)

un système de signes exprimant des idées et par là, comparable à l’écriture, à

l’alphabet des sourds-muets, aux rites symboliques, aux formes de politesse, aux

signaux militaires, etc., etc. (…) (33). Pourtant, elle est seulement le plus important,

principal, et peut-être la raison d’être de tous les autres systèmes.

On en vient ainsi à la naissance d’une nouvelle science, que Saussure a conçue

et qu’il appelle la sémiologie, c’est-à-dire l’étude de la vie des signes au sein de la vie

sociale (33). C’est une partie naturelle de la psychologie sociale, par conséquent de la

psychologie générale qui nous fait apprendre les lois qui régissent les signes de la vie

sociale et en quoi ils consistent et que les lois qu’elle découvre, sont également

applicables à la linguistique qui n’est qu’une partie essentielle et particulière de la

psychologie.

C’est au psychologue de déterminer la place exacte de la sémiologie et le

linguiste se contente de définir ce qui fait de la langue un système spécial dans

l’ensemble des faits sémiologiques (…) (33).

18

1.1.2.3. La Linguistique De La Langue Et La Linguistique De La Parole

La science de la langue acquiert ainsi sa propre place dans l’ensemble de

l’étude du langage, ainsi que la linguistique qui forme un tout englobant deux grandes

parties : la linguistique de la langue et la linguistique de la parole (1995). Saussure

signale que tous les éléments du langage qui constituent la parole sont considérés

comme secondaires, à cette science principale et grâce à cette hiérarchie que les études

du langage gagnent un ordre parfait (1995).

L’activité du sujet parlant ne peut constituer l’intérêt de l’étude que quand elle

a une relation avec la langue. L’étude comporte ainsi deux partie, l’une, essentielle, qui

a pour objet la langue, qui est sociale, indépendante de l’individu, qui est une étude

uniquement psychique et l’autre, secondaire, qui a pour l’objet la partie individuelle du

langage, qui n’est que psycho physique (1995). Sans doute que ces deux parties sont

deux moitiés d’un tout qui ont besoin de l’une et de l’autre, la première étant nécessaire

pour que la deuxième soit intelligible et produise tous ses effets et la deuxième est

nécessaire inversement pour que la première s’établisse, conclut Saussure (1995, 37).

Historiquement, précise Saussure, la parole précède toujours la langue,

puisqu’il nous faut d’abord un acte de parole pour établir une association entre une idée

et une image verbale et puisque, ajoute-il, la parole précède historiquement la langue,

c’est elle qui fait évoluer la langue. Nous apprenons notre langue maternelle en

communiquant avec les autres au moyen de la langue déposée dans chaque cerveau de

façon unique. Il y a donc interdépendance de la langue et de la parole ; celle-là est à la

fois l’instrument et le produit de celle-ci . Mais tout cela ne les empêche pas d’être deux

choses absolument distinctes (37-38).

La langue n’existe que dans la collectivité (…) déposée dans chaque cerveau

(…) sous la forme d’une somme d’empreintes, comme un dictionnaire dont tous les

exemplaires seraient repartis identiquement entre les individus (38). Saussure

représente ce mode d’existence du langage qui est commun à tous et placé en dehors de

la volonté par cette formule :

1 + 1 + 1 + 1… = I (modèle collectif)

19

Par contre, il n’y a rien de collectif dans la parole qui est la somme de ce que

les gens disent et qui comprend les actes de volonté qui se cristallisent en des

combinaisons individuelles exécutés par des actes de phonation encore volontaires. Et

elle est représentée par cette formule de la somme des cas particuliers :

(1 + 1' + 1"+…)

Telle était la première bifurcation qu’on rencontre dès qu’on cherche à faire la

théorie du langage (38). Il est vrai que toutes les fois que nous intervenons sur le

phénomène du langage en vue d’en faire une théorie, nous faisons face inévitablement à

une sorte de dualité. Il n’est pas difficile de voir que cet effet provient des dualités

qu’on rencontre lorsqu’on intervient sur le phénomène de la langue.

Notre définition de la langue suppose que nous en écartons tous ce qui est

étranger à son organisme, à son système, en un mot tous ce qu’on désigne par le terme

de « linguistique externe » (40). Voilà une autre dualité quand il s’agit de la définition

de la langue que l’on a donnée jusqu'à maintenant.

Cette linguistique s’intéresse a un sujet important, puisqu’en tant que système

en soi-même, la langue est un moyen de communication entre les gens, ce qui veut dire

qu’elle établit un moyen pour ce qui est en dehors d’elle-même, c'est-à-dire, pour mettre

en place les relations humaines. Ce sont d’abord tous les points par lesquels la

linguistique touche a l’ethnologie, toutes les relations qui peuvent exister entre

l’histoire d’une langue et celle d’une race ou d’une civilisation (40).

Nous passons les sujets concernant l’écriture et la phonologie, puisqu’ils ne

sont pas nécessaires, dans ces circonstances à notre méthodologie. Mais, nous

supposons que dans un enseignement global de la traduction, les apprentis traducteurs

devront suivre un cours élémentaire de linguistique générale. Maintenant, nous pouvons

aborder la nature du signe linguistique toujours à la lumière des Cours de linguistique

générale.

1.1.2.4. Signe, Signifié, Signifiant

Un phénomène du langage est tout simplement un signe linguistique. Quand

quelqu’un prononce le mot cheval, ce mot désigne un animal. A première vue, il y a,

20

d’un côté, les mots, de l’autre côté, des choses et ces mots désignent, signifient ces

choses.

Pour certaines personnes, dit Saussure, la langue ramenée à son principe

essentiel, est une nomenclature, c'est-à-dire une liste de termes correspondant à autant

de choses (97). Cette opinion suppose de l’idée tout faite que l’on peut mettre une

étiquette sur une chose. Mais, en réalité comment fonctionne ce principe essentiel de

désigner les choses avec des mots parce que, d’après MARTINET (1996), si cette idée

trop simpliste était vraie, alors comment pourrait-on mettre des étiquettes sur une

quantité innombrable de choses ?

Cependant, dit Saussure, cette vue simpliste peut nous rapprocher de la vérité,

en nous montrant que l’unité linguistique est une chose double, faite du rapprochement

de deux termes (98), d’un côté le mot, de l’autre côté la chose. A ce point, Saussure

nous rappelle qu’on a vu que les termes impliqués dans le signe linguistique sont tous

psychiques et sont unis dans notre cerveau par le lien de l’association (98). On voit que

tout se passe dans notre cerveau et en réalité, le signe linguistique unit non une chose et

un nom, mais un concept et une image acoustique (98).

Qu’est-ce qu’une image acoustique ? Elle n’est pas le son matériel, elle n’est

pas une chose purement physique, mais l’empreinte psychique de ce son (98).

L’empreinte que nous acquérons par le témoignage de nos sens n’est que sensorielle. En

conséquence, le signe linguistique est une entité psychique qui a deux faces. Voilà

encore une dualité ou bien, disons une bifurcation parce que, comme le dit Saussure,

cette définition pose une importante question de terminologie (99).

Saussure propose d’appeler signe la combinaison du concept et de l’image

acoustique (99). Or, il signale que dans l’usage courant ce terme désigne généralement

l’image acoustique seule, en oubliant par exemple que le mot arbre est appelé signe,

c’est parce qu’il porte le concept « arbre », de telle sorte que l’idée de la partie

sensorielle implique celle du totale (99). Il résout cette ambiguïté en désignant les trois

notions (…) par des noms qui s’appellent les uns les autres tout en s’opposant (99),

ainsi le tout est désigné par signe et concept et image acoustique sont désignés

respectivement par signifié et signifiant.

21

Ces termes ont l’avantage de marquer l’opposition qui les sépare soit entre

eux, soit du total dont ils font partie (99). Le fait qu’un signe linguistique unit non un

mot et une chose, mais un concept et une image acoustique implique l’un de ses

caractères primordiaux : il doit être arbitraire, c'est-à-dire, libre, indépendant de ce qu’il

montre, il n’a aucune attache naturelle entre lui-même en tant qu’entité psychique et ce

qu’il nomme (100). Il donne l’exemple de l’idée de « sœur » qui n’est liée par aucun

rapport intérieur avec les suites de son s-ö-r qui lui sert de signifiant ; il pourrait être

aussi bien représenté par n’importe quelle autre (100) et poursuit en traitant des

différences entre les langues et l’existence même de langues différentes.

Saussure suggère que ce premier caractère du signe linguistique domine toute

la linguistique de la langue et ces conséquences sont d’innombrables (100). Le signe

linguistique est une entité qui a une certaine étendue, son apparition prend du temps,

pour que les sons s-ö-r sortent de notre bouche l’un après l’autre. La deuxième

caractéristique du signe linguistique est qu’il représente une étendue qui est mesurable

dans une seule dimension qui n’est qu’une ligne (103).

Bien que ce caractère nous semble très évident et simple, il n’est pas moins

important que ses conséquences sont incalculables, dit Saussure, de telle sorte que (…)

tout le mécanisme de la langue dépend (…) (103) de cette linéarité du signe

linguistique.

1.1.2.5. L’immutabilité Et La Mutabilité Du Signe Linguistique

Le signe linguistique est une entité psychique qui est à la fois immuable et

muable. Oui, il est arbitraire et libre, mais par rapport à la communauté linguistique qui

l’emploie (…) il n’est pas libre, il est imposé (…) la masse sociale n’est point consulté

(..), on leur dit « Choisissez ! », puis on ajoute « ce sera ce signe et non un autre »

(104). Par qui ou à vrai dire, par quelle force est-il imposé ? On peut répondre sur le

champ que c’est par la conscience commune qui est au-dessus de chaque membre de

cette même communauté linguistique, qu’il est imposé.

Saussure répond à cette question à la façon suivante: A n’importe quelle

époque et si haut que nous remontions, la langue apparaît toujours comme un héritage

de l’époque précédente. (…) En fait, aucune société ne connaît et n’a jamais connu la

22

langue autrement que comme un produit hérité des générations précédentes et à

prendre tel quel. C’est pourquoi la question de l’origine du langage n’a pas

l’importance qu’on lui attribue généralement. (…) le seul objet réel de la linguistique,

c’est la vie normale et régulière d’un idiome déjà constitué. Un état de langue donné est

toujours le produit de facteurs historiques, et ce sont ces facteurs qui expliquent

pourquoi le signe est immuable, c'est-à-dire résiste à toute substitution arbitraire (105).

On comprend tout de suite que la conscience commune à un moment donné de l’histoire

d’une communauté linguistique ne peut être qu’un héritage de sa propre époque

précédente.

Mais, dire, comme l’affirme Saussure, que la langue est un héritage n’explique

rien si on ne va pas plus loin parce qu’il est évident que toutes les institutions sociales

sont des héritages des époques précédentes (105).

A propos de modifier les lois qui existent et qui sont héritées, pour les autres

institutions sociales, dit Saussure, il y a une balance différente entre la tradition

imposée et l’action libre de la société et il ajoute que pour qu’une chose soit mise en

question, il faut qu’elle doive reposer sur une norme raisonnable qui intéressent les

problèmes de la vie sociale. Par exemple, on peut discuter sur un système de symboles,

puisque le symbole a un rapport rationnel avec la chose signifiée (106) ou encore, on

peut discuter sur la valeur entre le mariage monogamique et polygamique, mais il n’y a

pas un rapport rationnel entre un signifiant et un signifié d’un signe linguistique et si on

ne le peut pas, comment pourrait-on intervenir pour le modifier ? (1995).

Le caractère arbitraire du signe, la multitude des signes nécessaires pour

constituer n’importe quelle langue, le caractère trop complexe du système et la

résistance de l’inertie collective à toute innovation linguistique, constituent les quatre

particularités essentielles du signe linguistique qui résiste à toute intervention de

changement (106-107).

Nous allons maintenant récapituler, comme le fait Saussure, les étapes de notre

démonstration, pour voir le niveau auquel nous sommes arrivés (112-113):

1. Nous avons d’abord distingué, au sein du phénomène total que

représentent le langage, deux facteurs que sont la langue et la

parole, la langue étant (…) le langage moins la parole. Elle

23

englobe toutes les habitudes linguistiques que le sujet parlant utilise

pour comprendre et se faire comprendre.

2. Cette définition est encore insuffisante puisqu’elle laisse la langue

en dehors de sa réalité sociale, qu’est la masse parlante. Tout

simplement, la langue a besoin d’une masse parlante pour exister

parce qu’elle est un phénomène sémiologique. C’est dans ces

conditions qu’elle est viable et non vivante et qu’elle n’est qu’une

réalité sociale, au lieu d’être un fait historique.

3. Cependant, en dehors de la durée, dit Saussure, la réalité

linguistique n’est pas complète et aucune conclusion n’est possible.

La langue ne peut pas être sans la masse parlante et la langue et la

masse parlante ne peuvent être, toutes les deux, sans l’action du

temps. Si on prenait la langue dans le temps, sans la masse parlante,

puisque le temps n’agirait pas sur un individu vivant des années

isolément comme dans le cas de Robinson Crusoe, on ne

constaterait aucune altération sur lui et si on prenait la masse

parlante sans le temps, alors on ne constaterait plus d’effet des

forces sociales agissant sur la langue.

Voilà pourquoi le signe linguistique est une chose à la fois immuable et

muable. Il est immuable parce qu’il résiste à toute intervention de modification des

individus qui l’acquièrent passivement de leurs propres générations précédentes, il est

muable parce que son caractère arbitraire est impuissant contre l’altération du temps qui

finit par faire déplacer ses rapports entre le signifiant et le signifié.

1.1.2.6. Les Dualités Internes De Toutes Les Sciences Opérant Sur Les Valeurs Et

La Deuxième Bifurcation Dans La Recherche De L’objet D’étude Du Langage

Humain

Le temps (…) ne produit pas d’effets particuliers, dit Saussure, sur la plupart

des autres sciences, en donnant l’exemple de l’astronomie qui a constaté que les astres

subissent de notables changements dans l’espace sans avoir besoin de se scinder en

deux disciplines pour cela ou de la géologie qui opère sur des successivités, on n’a pas

besoin de se munir d’un autre objet d’étude quand il s’agit des états fixes de la terre ou

24

encore du droit qui se scinde en deux : une science descriptive et une histoire du droit

sans qu’on les oppose l’une à l’autre, et les exemples sont multiples.

Saussure met en évidence de notables ressemblances entre les sciences

économiques et la linguistique parce qu’on est en face de la notion de valeur dans les

deux cas. Elles se basent sur un système d’équivalence entre deux choses d’ordres

différents, d’un côté il y a un travail et un salaire et de l’autre côté, il y a un signifié et

un signifiant (115). Un travail est une activité qui prend du temps et un salaire est une

somme de l’argent qu’on paie contre un travail fait dans un temps déterminé. Or nous

avons appris que le signe linguistique apparaît dans un certain temps. Il y a quelque

chose d’arbitraire dans cet état de dépendance à l’action du temps, quelque chose qui ne

doit pas avoir un rapport rationnel entre ce qui signifie et ce qui est signifié, par

exemple, un travail qui est fait dans une certaine durée, a une valeur par rapport à la

quantité de cette durée, mais ce qui valorise ce travail, ce n’est que les chiffres du

montant de l’argent et dans la nature, les chiffres n’existent pas, il n’y a que des objets

comptabilisables, de même que le lien qui unit l’image acoustique et le concept, est tout

à fait arbitraire.

Il est certain que, dit Saussure, toutes les sciences auraient intérêt à marquer

plus scrupuleusement les axes sur lesquels sont situées les choses dont elles s’occupent

(115). Comme dans les sciences mathématiques, on distingue deux axes : l’un qui est

celui des choses simultanées, coexistantes, d’où toute intervention du temps est exclue

et l’autre qui celui est des choses successives sur lequel on ne peut jamais considérer

qu’une chose à la fois, mais où sont situées les choses du premier axe avec leurs

changements (115). Pour les sciences qui opèrent sur les valeurs, ajoute-t-il, c’est une

manœuvre pratique de distinguer ces deux axes, et dans certains cas une nécessité

absolue.

Cependant, c’est la linguistique qui doit tenir compte de cette distinction le

plus par rapport aux autres sciences dans lesquelles les savants peuvent organiser leurs

recherches d’une façon rigoureuse sans tenir compte des deux axes, sans distinguer le

système des valeurs considérés en soi parce que la langue, dit-il, est un système de

pures valeurs que rien ne détermine en dehors de l’état momentané de ses termes. Il

n’est pas un autre système de valeur aussi complexe que la langue, c’est à cause de cette

complexité même que l’on doit étudier successivement selon ces deux axes (116). Plus

25

les signes sont multiples et rigoureusement organisés dans une dépendance réciproque,

plus il est impossible d’étudier simultanément les rapports dans le temps et les rapports

dans le système, dit Saussure (116).

C’est pourquoi, Saussure a eu besoin de distinguer deux linguistiques, comme

une linguistique synchronique, regroupant tout ce qui se rapporte à l’aspect statique de

notre science et une linguistique diachronique, regroupant tout ce qui a trait aux

évolutions. Donc, la synchronie implique un état de langue et la diachronie implique

une phase d’évolution (117).

En conclusion, nous sommes au devant de la deuxième bifurcation après la

première que sont la langue et la parole : la croisée des routes qui conduisent la langue,

à la diachronie et la parole, à la synchronie. Tous ce qui est diachronique dans la langue

ne l’est que par la parole. Le germe de tous les changements dans la langue, se trouve

dans la parole (138).

Un fait d’évolution est toujours précédé d’un fait, ou plutôt d’une multitude de

faits similaires dans la sphère de la parole (138, 139). Il y a toujours deux moments

distincts, l’un dans lequel des faits de langue surgissent et l’autre dans lequel ces faits

sont devenus un acte commun de la collectivité (1995).

Enfin, la linguistique synchronique s’occupera des rapports logiques et

psychologiques reliant des termes coexistant et formant système, tels qu’ils sont aperçus

par la même conscience collective et la linguistique diachronique étudiera au contraire

les rapports reliant des termes successifs non aperçus par une même conscience

collective, et qui se substituent les uns aux autres sans former système entre eux (140).

Nous avons essayé de faire jusqu'à maintenant un aperçu panoramique du

fondement théorique de la linguistique en suivant la propre route de F. de Saussure, qui

a été la base et la source de tous les travaux de langue, théoriques ou appliqués dans

plusieurs domaines concernant la langue humaine, de tout le vingtième siècle. Toutes

ces connaissances dont nous avons essayé de présenter les traits essentiels, sont à la

base de toutes les études du langage humaine. Une fois que cette science mère a été

établie en partant du postulat que c’est le point de vue qui crée l’objet, chacun de ces

points de vue a créé son propre chemin et ces chemins ont conduit à de nouvelles

disciplines de cette science mère et différents courants de pensée, ce qui a permis de

26

tracer un arbre de la science du langage avec d’innombrables branches et de longs

nœuds qui serrent de toute leur force, la terre des sciences humaines et sociales. Par

exemple, il n’est pas difficile de voir que la première bifurcation de la langue et de la

parole, a donné naissance à grands domaines comme la sociolinguistique qui n’étudie le

langage humain que dans son aspect social en ayant beaucoup de relation mutuelle avec

la sociologie et la psycholinguistique ou la neurolinguistique qui n’étudie le langage

humain que dans son aspect individuel ayant des relations mutuelles avec la

psychologie ou la neuropsychologie.

D’après Le Larousse, ces disciplines sont des intermédiaires constitués par la

linguistique appliquée. Quand on dit la linguistique appliquée, on comprend tous les

domaines dans lesquels les théories linguistiques trouvent leur application, notamment

la pédagogie de la langue, la traduction automatique et également une industrie de la

langue qui se substitue quand il s’agit de la planification linguistique, la normalisation

et la constitution des terminologies (1989). D’après lui, « (…) la psycholinguistique

étudie le fonctionnement et la genèse du langage, et les relations existant entre les faits

psychiques et les faits de langue (…) et (…) la sociolinguistique se donne pour fin

d’étudier les relations entre le comportement linguistique et le comportement social : en

tant que membre de groupes (classe, famille, club sportif, profession, etc.) (…) (1989,

45).

Toujours d’après Le Larousse, les hypothèses et les analyses de Saussure ont

servi de postulats pour définir diverses tendances linguistiques comme le

fonctionnalisme et le structuralisme dans la première moitié du XXe siècle jusqu'aux

années 1960 (1989). A propos du fonctionnalisme, Le Larousse fait une remarque

importante : Puisque la langue est un instrument de communication, elle doit avoir des

fonctions. Par contre, ce mot « fonction » est un concept qualificatif très large et dense

pour le langage humain et ce n’est pas étonnant que cette hypothèse engendre une

diversité d’approche (1989).

On voit que le fonctionnalisme est un terme général à l’intérieur duquel, il

existe des courants originaux qui abordent la fonctionnalité du langage d’une façon très

caractéristique et particulière. Il nous faut en premier lieu, bien assimiler ce courant et

les fonctions du langage puisque nous nous situons juste sur la scène où ces fonctions

prennent leur place.

27

Nous voulons achever cette première partie par une définition très forte, claire

et précise de la langue de André MARTINET dans son Eléments de linguistiques

générales (1996, 20) :

« Une langue est un instrument de communication selon lequel l’expérience

humaine s’analyse, différemment dans chaque communauté, en unités

douées d’un contenu sémantique et d’une expression phonique, les

monèmes, cette expression phonique s’articule à son tour en unités

distinctives et successives, les phonèmes, en nombre déterminé dans

chaque langue, dont la nature et les rapports mutuels diffèrent eux aussi

d’une langue à une autre »

1.2. Le Structuralisme Et Les Etudes Linguistiques Après L’époque De Saussure

Nous voulons commencer ce chapitre, par une définition de la structure.

Voyons comment la définit, Le Larousse :

« Un ensemble de données linguistiques a une structure (est structuré) si, a

partir d’une caractéristique définie, on peut constituer un système ordonné

de règles qui en décrivent à la fois les éléments et leur relation, jusqu'à un

degré déterminé de complexité : la langue peut être structuré au regard de

divers critères indépendants les uns des autres (changement historique, sens,

syntaxe, etc.) » (445)

Comme Z. KIRAN et A. KIRAN ont marqué dans leur œuvre DILBILIME

GIRIS (2002), le structuralisme est un courant de pensée, une approche aux phénomènes

humains et sociaux qui a fortement marqué le XXe siècle. D’après eux, le fait que

Saussure a envisagé le langage humain en système en réaction au XIXe siècle qui ne

s’occupait que des mots, a été la clef de voûte de la linguistique structurale, car un

système dans son essence est une structure (2002). D’après eux, même si le XIXe siècle

a vu la réussite dans les études phonologiques des changements de son, il avait envisagé

les phénomènes du langage un à un, indépendamment du tout qui constitue son système

et il était incapable de résoudre les problèmes essentiels de sa propre particularité, car

pour les linguistes de cette époque, connaître les mots d’une langue, c’était connaître

savoir toute cette langue, ajoutent-ils (2002).

28

On voit que les linguistes du XIXe siècle ne sont pas allé beaucoup loin que les

naturalistes et les conventionnalistes de l’Antiquité, en s’occupant toujours des mots,

tandis qu’avec Les Cours de linguistique générale, toute la vision de XXe siècle s’est

penchée sur l’ensemble du langage, comme l’ont précisé ces deux écrivains. Dès lors, le

langage humain a été considéré comme une structure et dans la première moitié du XXe

siècle, les études de langue ont pris le nom de linguistique structurale (2002).

Nous venons de connaître les fondements et les principes essentiels de cette

linguistique et quand l’époque de Saussure s’est achevée et venue celle de ses

successeurs et des linguistes indépendants, affirment-ils, la linguistique structurale s’est

nourrie davantage dans cette terre féconde et plusieurs courants sont nés. Cependant,

ajoutent-ils, lorsque le fil du développement linguistique s’est déroulé de cette manière,

un autre fleuve scientifique du langage humain coulait avec toute son amplitude de

l’autre côté de l’Atlantique : c’est la linguistique structurale américaine (2002). Il est de

notre devoir de nous sensibiliser à ces travaux du nouveau monde qui ont contribué au

développement de l’œuvre scientifique du langage humain, comme le précisent les

auteurs (2002), avant d’aborder les travaux de l’école de Prague.

La vérité capitale que l’on doit savoir sur les études du langage humain en

Amérique, remarquent-ils, c’est qu’elles ont commencé juste par les études des

anthropologues et ethnologues et qu’elles se sont développées indépendamment même

si elles ont beaucoup de traits communs avec la linguistique de Saussure et c’est

pourquoi on l’appelle la linguistique américaine.

Sur ce point, nous voulons faire une petite réflexion : puisque la linguistique

américaine a été déterminée par l’anthropologie et par l’ethnologie, elle devrait être

influencée aussi par le culturalisme, qui est une école américaine contemporaine

d’anthropologie1.

Nous apprenons de Z. KIRAN et A. KIRAN que, les linguistes américains

avaient devant eux, un très riche matériau d’examen, un matériau vivant que sont les

langues amérindiennes. D’après eux, le fait que la population des natifs amérindiens 1 Culturalisme. Ecole américaine contemporaine d’anthropologie, qui tente d’infléchir les thèses

de la psychanalyse freudienne dans le sens d’une interprétation plus sociologique que

biologique (Dictionnaire HACHETTE, édition 2001).

29

diminuait de jour en jour, cela a poussé les linguistes américains à examiner et à

protéger leurs langues avant qu’elles ne disparaissent et c’est pour cette raison

hasardeuse que leurs méthodes ont été basés sur l’application, sur des enquêtes et des

corpus (2002).

Les mêmes auteurs nous parlent de L. BLOOMFIELD, le principal précurseur

de cette école et du comportementalisme, courant psychologique très puissant à cette

époque qui rejette tout le mentalisme dans les effets linguistiques et nous apprenons

d’eux que BLOOMFIELD était lui aussi un pur comportementaliste. D’après cette école

psychologique, tous les processus psychiques de l’homme étaient guidés par les facteurs

extérieurs et non pas par les processus mentaux, affirment-ils, en ajoutant que

BLOOMFIELD était l’un des défenseurs de ce principe dans le domaine du langage et

c’est pourquoi, pour lui, le vrai objet du linguiste devrait être les corpus, des corpus

produisant la réalité extérieure (2002).

Il ne faut pas s’étonner que le rejet définitif du mentalisme ne donne pas les

solutions que l’on attendait. Nous apprenons de ces deux écrivains que Z. S. HARRIS,

un autre linguiste américain de cette même école, est venu après BLOOMFIELD, a

essayé de surmonter les obstacles que ce dernier avait rencontrés lors de ses travaux sur

une nouvelle méthode distributionnelle. D’après eux, le distributionnalisme de HARRIS

était le plus fort exemple du principe bloomfieldien qui cherchait les moyens de

constituer la grammaire d’une langue à partir d’un certain corpus (2002). La théorie de

la distribution, d’après eux, signifiait que l’ensemble des distributions dans laquelle une

unité se réalise et la règle principale était de pouvoir trouver toutes les distributions des

unités linguistiques (2002).

La méthode de HARRIS n’a pas donné elle-même une solution valable. En ce

moment de crise, racontent-ils, l’un des étudiants de HARRIS, N. CHOMSKY a initié

une nouvelle période en prouvant que les techniques distributionnalistes de HARRIS ne

peuvent pas résoudre les problèmes des effets linguistiques (2002), ce qui constituait le

rejet définitif du mentalisme, car pour CHOMSKY, le langage de l’homme était une

faculté qui lui sert à produire des phrases ou des énoncés qu’il n’a jamais entendus ou

senti linguistiquement auparavant (2002). Ainsi, CHOMSKY a fait gagner au

structuralisme une caractéristique véritable qu’est la créativité linguistique de l’homme

30

en développant sa grammaire générative et transformationnelle avec laquelle il a

distingué une structure de surface et une structure profonde, affirment-ils (2002).

Face à la paire langue/parole de Saussure, on voit apparaître, dans la

grammaire générative et transformationnelle de CHOMSKY, la paire

compétence/performance. On voit que, la distinction que CHOMSKY est plus

dynamique que celle de Saussure. Nous allons analyser cette paire dans les lignes qui

viennent.

Et lorsqu’on essayait en Amérique, de répondre aux problèmes découlant de la

négligence du mentalisme et de tous les processus psychiques de l’homme, le langage

inclus, en faveur des comportements dont la source n’est que la réalité extérieure, en

Europe, les études linguistiques, affirment-ils, s’efforçaient de concilier après Saussure,

les oppositions intérieures du langage, telles que, langue/parole, diachronie/synchronie,

signifiant/signifié, entité linguistique/système, rapports syntagmatiques/rapports

paradigmatiques (2002).

1.2.1. Le Fonctionnalisme

D’après la note de Larousse, c’est par la réflexion de l’école de Prague sur les

fonctions du langage humain que divers courants fonctionnalistes ont pris leur essor

dans la deuxième moitié du XXe siècle jusque vers les années 70 (1989). Quand on dit

le fonctionnalisme, on pense tout de suite à A. MARTINET, célèbre linguiste du XXe

siècle (1908-1999), à qui ce courant doit beaucoup. D’après, le dictionnaire

HACHETTE, il a été influencé par le cercle de Prague et il a établi les principes de la

linguistique fonctionnelle (2001).

A. MARTINET a établi sa doctrine sur la fonction principale du langage qui

est d’être un instrument de communication dont le fonctionnement demande un système

d’économie d’efforts. Donc, la thèse d’instrumentalisme implique de sa nature le

principe d’économie d’efforts linguistique, dit le Larousse (1989). Et ce principe

d’économie linguistique est établi sur la double articulation du langage d’après la

théorisation de MARTINET qui est (…) l’organisation spécifique du langage humaine

selon laquelle tout énoncé s’articule sur deux plans (…), dit le Larousse (50).

31

Voyons ce que sont ces deux articulations du langage cité dans le Larousse. La

première articulation, c’est l’énoncé qui s’articule linéairement en unités douées de

sens, c’est-à-dire, en unités significatives comme phrases, syntagmes, mots, etc., qui

s’appellent des monèmes ou morphèmes. La phrase le chasseur tue le lion, s’articule

ainsi en cinq monèmes (…) dont chacun peut être remplacé, dans le même

environnement par d’autres monèmes sur l’axe paradigmatique, ou peut se trouver

dans un environnement différent, combiné à d’autres monèmes sur l’axe

paradigmatique (50).

Et au niveau de la deuxième articulation, les monèmes viennent à leur tour de

s’articuler dans leur signifiant en unités distinctes dépourvues de sens qui s’appellent,

selon la terminologie de MARTINET, des phonèmes (…) en nombre limité dans

chaque langue (50). Le monème vainc- est ainsi formé de quatre phonèmes dont chacun

peut être remplacé par d’autres dans le même environnement en vue de former d’autres

monèmes, (…) le signifié peut également se décomposer, mais non linéairement en

unité de sens ou sèmes : enfant= [humain] + [très jeune] (50).

Nous apprenons du Larousse que d’après MARTINET, ce caractère de double

articulation du langage est sa propre caractéristique qui lui permet une économie

d’efforts à l’émission et à la perception du message et il est ainsi possible, à partir de

quelques dizaines de phonèmes, de former quelques milliers de monèmes dont les divers

agencements véhiculent l’infinité des messages linguistiques d’une langue donnée et

elle le distingue des autres système sémiologiques non linguistique, tels que codes et

quasi-langages (langage gestuel, langage musical, langage des animaux, etc.) (51). Le

replacement ou la combinaison réciproque des éléments de deux plans d’articulation, la

première étant les monèmes, la deuxième étant les phonèmes, se réalise également sur

deux axes, qui nous associe tout de suite à notre repère essentiel qui est le croisement de

l’axe des successivités et de l’axe des simultanéités et cette combinaison des éléments

linguistiques sur l’axe des successivités se nomme l’axe syntagmatique et celle de l’axe

des simultanéités se nomme l’axe paradigmatique.

Avant de dire quelques mots sur un autre théoricien de l’école de Prague, un

autre célèbre linguiste, R. JAKOBSON, nous voulons faire une petite interprétation en

qualifiant la première articulation d’articulation de surface, et la deuxième, comme

d’articulation profonde. Quant à R. JAKOBSON, d’après le Larousse, il s’est penché

32

directement sur les fonctions du langage au lieu de rechercher sa nature fonctionnelle

dans ses propres structures et en quoi consiste ce caractère de double articulation du

langage, comme l’a fait MARTINET et en faisant cela, il a entraîné la réapparition de

la diachronie qui n’est plus seulement une succession d’études synchronique, alors que

depuis Saussure, on admettait que l’étude diachronique présuppose l’étude

synchronique, la réciproque n’étant pas vraie (206). Il a défendu qu’il ne puisse y avoir

d’étude synchronique sans analyse diachronique, ce qui est la conséquence de

concevoir la synchronie non de façon statique, mais de façon dynamique (1989, 206).

1.2.1.1. Les Fonctions Du Langage Humain

Donc, d’après JAKOBSON, les effets synchroniques et diachroniques

interviennent constamment dans le système d’une époque (206). D’après le Larousse,

on peut constater trois effets, trois différents moments linguistiques : (…) tel type de

prononciation est ordinaire pour les grands-parents, il est marqué et relevant du style

soutenu pour les parents qui en ont un autre, il est totalement absent chez les enfants

(…) (206). Les choix de tel ou tel type de prononciation de ces différentes générations

d’une même famille, sont leurs propres tendances stylistiques produites par la

fonctionnalité du langage, plus exactement par la fonction de la communication, dite

aussi référentielle ou cognitive, dit le Larousse (206).

Essentielles sont donc les fonctions du langage humain, car elles conditionnent

sa propre organisation, les caractéristiques des unités linguistiques, comme dans le cas

de ces trois générations et beaucoup de faits diachroniques, comme dit le Larousse. Il

s’agit naturellement des fonctions du langage puisque nous avons divers objectifs dans

nos énoncés. Ainsi, en suivant le Larousse, on peut ajouter une fonction impérative ou

injonctive, qui est une fonction très concrète qui intéresse la vie sociale directement

dans le but d’amener l’interlocuteur à adopter certains comportements.

Le Larousse cite une autre classification des fonctions du langage, comme nous

aussi l’avons citée dans notre étude de maîtrise (2001), du psychologue, K. BÜHLER

qui se compose de trois éléments, telles que, (…) la fonction de représentation (relation

d’énoncé avec l’univers extralinguistique), la fonction d’expression ou expressive

33

(relation avec l’émetteur du message) et la fonction d’appel ou interrogative (relation

avec le récepteur) (…) (205).

Evidemment, dit le Larousse, la tache de JAKOBSON, est plus élaborée, car

elle propose une classification fondée sur le processus général de la communication

selon la théorie de la communication établie par les théoriciens de la cybernétique.

Selon cette classification, (…) tout acte de communication suppose six facteurs : un

destinateur, qui envoie un message à un destinataire, un contexte (ou référent), un code

commun au destinateur et au destinataire, un contact (ou canal) qui permet d’établir et

de maintenir l’échange (…) (205). En somme, JAKOBSON a finit par distinguer ces six

fonctions différentes :

1. La fonction référentielle (dénotative ou cognitive) qui centre le

message sur le contexte (la démocratie est la liberté)

2. La fonction émotive qui centre le message sur le destinateur ou le

locuteur (Malheureusement, c’est impossible !)

3. La fonction conative qui centre le message sur le destinataire (Va

chercher la craie !)

4. La fonction phatique qui centre le message sur le contact (Allô, allô,

tu es toujours là ?)

5. La fonction métalinguistique qui centre le message sur le code (Oui,

c’est HUGOT, mais avec un « t » à la fin !)

6. La fonction poétique qui centre le message sur lui-même (Sous le

pont Mirabeau coule la Seine…)

Il nous sera utile, maintenant, d’ouvrir une parenthèse à la théorie de la

communication pour apprendre le fonctionnement de la communication humaine. Mais,

avant, nous voulons rappeler qu’il y a naturellement d’autres approches des théoriciens

pour classifier les fonctions du langage humain, comme celles de C. K. OGDEN, I. K.

RICHARDS, J. L. AUSTIN et J. R. SEARLE dont nous avons parlé et que nous avons

mentionnées déjà dans notre étude de maîtrise (cf. 2001).

34

1.2.2. La Théorie De La Communication Humaine

Le Larousse définit la communication humaine comme étant (…) l’échange

verbal entre un sujet parlant, qui produit un énoncé destiné à un autre sujet parlant, et

un interlocuteur dont il sollicite l’écoute et/ou une réponse explicite ou implicite (selon

le type d’énoncé) (…) (94), ce qui est un circuit qui associe tout de suite le circuit de la

parole. Il est évident que le circuit de la communication est une analyse du circuit de la

parole, sous un autre angle, car la communication humaine, en son essence, est

intersubjective.

Il est évident que pour que le processus de communication fonctionne, la

signification qu’un locuteur associe aux sens doit être la même que celle que l’auditeur

associe à ces mêmes sons (94). Tous les paramètres qui ont un rôle dans le

fonctionnement du circuit de communication s’appellent les embrayeurs de

communication (94). Premièrement, les personnes sont des acteurs ou des participants

symbolisés par je ou ego et deuxièmement ces ego ou je se trouvent a une distance

sociale spatio-temporelle, qui configure une situation de communication symbolisées

par trois mots : « je, ici, maintenant » (94).

Nous avons déjà abordé la situation de communication dans notre étude de

maîtrise (2001), nous l’abordons encore une fois avec de nouvelles définitions. D’après

le Larousse, une situation de communication est définie par des (…) relations

temporelles entre le moment de l’énonciation et le moment de l’énoncé (les aspects et

les temps), relations spatiales entre le sujet et les objets de l’énoncé, présents ou

absents, proches ou éloignés, relation sociales entre les participants à la

communication ainsi qu’entre eux-mêmes et l’objet de l’énoncé (les types de discours,

les facteurs historiques, sociologiques etc.) (…) (94).

Chaque individu qui a un rôle et un statut dans la société, forme également son

propre statut de communication qui met une distance entre lui-même et les autres. Donc,

le statut de la communication est définie par la distance sociale ou intersubjective

institué par des je placé contre des autres je, dis le Larousse.

Et quant à la définition purement technologique, faite par les ingénieurs de la

télécommunication, dit le Larousse, la communication est (…) le fait qu’une

information est transmise d’un point à l’autre (lieu ou personne) (95). Cette information

35

ne peut être transférée que par un message qui a une forme ou qui a un code. Donc, pour

que la communication s’établisse, il faut que le message soit codé d’après un système de

signes concrets fondés sur des règles conventionnelles, systématiques, préétablies et

catégoriques et pour que les parties composantes de cette transmission d’information

forment un système, il faut que la communication s’établisse réciproquement.

Et ce système suppose un émetteur qui doit émettre un message au moyen d’un

code dans un canal, à un récepteur qui doit le recevoir. Voyons quels sont ces éléments

composant, à l’aide du Larousse (95) :

1. Le code : Il comprend des signaux spécifiques et un ensemble de

règles de combinaisons propres à ce système de signaux (il est pour

les langues naturelles, l’ensemble des phonèmes, des monèmes, des

morphèmes et les règles de combinaison de ces éléments entre eux)

2. Le canal : Il est le support physique de la transmission du message

(bandes de fréquences radio, lumières, systèmes mécaniques ou

électroniques, etc.) et c’est l’air pour la communication verbale

3. L’émetteur : Il est à la fois celui qui code un certain message et

l’appareil émetteur lui-même. Il se dit l’encodeur qui sélectionne

une certaine combinaison à travers les règles du système

4. Le récepteur décodeur : Parallèlement à l’émetteur, il est à la fois

l’appareil qui reçoit le destinataire proprement dit du message (c’est

le cerveau humain pour le langage). Le processus du décodage se

fait par la recherche de la mémoire

5. Le recodage, ou réencodage : C’est l’opération par laquelle le

message codé, puis décodé, reçoit une nouvelle forme. Par exemple,

les formes acoustiques d’un télégramme sont transcrites sur une

feuille puis tapées en morse qui constitue une forme mécanique et

enfin transmis sous forme d’impulsions électriques

Nous passons ici le schèma du Larousse qui montre très clairement ce qui se

passe dans un appareil téléphonique (95) :

36

S= sélecteur R=Récepteur

E= encodeur D= décodeur

T= transmetteur Dv=développeur

Nous allons nous intéresser maintenant à ce schéma de traduction, dans lequel

l’émetteur et le récepteur n’ont pas le même code puisqu’il s’agit de l’acte traduisant

qui est un acte de communication propre à lui-même. Le message dans le code A est

codé selon les règles du code A et puis est décodé et réencodé selon les règles de code B

et transmis au destinataire :

Il faut voir maintenant le schéma de JAKOBSON qui a introduit à la logique

du circuit de la communication deux nouvelles notions très importantes, l’une étant le

contexte (ou référent) qui est (…) saisissable par le destinataire et qui est soit verbal,

soit susceptible d’être verbalisé (…) et l’autre étant (…) la notion de contact, (…) qui

Source S E R T D Dv

Déstinataire

BRUIT

Encodeur Décodeur

Réencodeur

Destinataire

Règles du code A

Règles du

Code B

Source

37

est canal physique et connexion psychologique entre le destinateur et le destinataire,

contact qui leur permet d’établir et de maintenir la communication (96).

Nous n’abordons pas les théories de l’énonciation et la pragmatique sans voir

dernièrement le schéma du circuit de la parole de Saussure dont nous avons parlé dans

les chapitres précédents et que nous pouvons considérer comme le père de tous les

schémas qu’on a appris jusqu'à maintenant. Deux cercles représentent deux cerveaux

humains qui sont les sièges de la parole. Il s’agit de deux interlocuteurs entre lesquels le

circuit de la parole fonctionne en prenant son départ de l’un de ces interlocuteurs avec la

phonation et arrivant à sa destination avec l’audition de l’autre interlocuteur et le

mécanisme qui relie les concepts avec les images acoustiques est déjà préparé dans les

cerveaux de ces interlocuteurs :

CONTEXTE

DESTİNATEUR MESSAGE DESTİNATAİRE

CONTACT

38

1.2.3. Les Théories De L’énonciation Et La Pragmatique

Encore une fois, nous nous adressons à l’ouvrage de Z. KIRAN et A. KIRAN.

D’après eux, après Saussure qui a fondé les fondements de la linguistique en proposant

la recherche du langage synchronique et diachronique, deux approches différentes ont

pris l’essor sur les fonctions référentielles du langage, l’une étant la linguistique

fonctionnelle qui professe la théorie de l’instrumentalité de communication du langage,

l’autre étant la grammaire générative et transformationnelle qui a pour la mission

d’examiner les structures abstraites du langage. Ils affirment que la linguistique

fonctionnelle qui n’a pu répondre aux problèmes complexes de la sémantique, s’est

penchée sur la phonologie, alors que la grammaire générative et transformationnelle

s’est penchée sur la syntaxe (2002).

Toutes ces réflexions ont préparé la place d’un troisième domaine qui est

supplémentaire à ceux-là et qui a tourné ses regards vers le contexte textuel et le milieu

extralinguistique en étudiant les actes de paroles, les analyses du discours, au lieu de

s’occuper des structures intérieurs du langage, en bref, comme le dit le Larousse,

d’étudier (…) les caractéristiques de l’utilisation du langage (motivations

psychologiques des locuteurs, réactions des interlocuteurs, types socialisés de discours,

objet de discours, etc.) par opposition à l’aspect syntaxique et sémantique (…) (375). Il

s’agissait, d’un côté, de la théorie de l’énonciation et de l’autre côté, de la science de la

pragmatique.

Le pourquoi de ces deux côtés est que, selon ces linguistes, il existe une

certaine dualité, un dilemme dans la recherche extralinguistique. Ils expliquent cette

dualité comme suit : malgré certains qui défendaient qu’en fait ces deux domaines

soient identiques, il existait une différence entre eux, à savoir que, dans les théories de

l’énonciation, le sujet d’intérêt était les éléments discursifs, le discours rapporté ou les

discours d’autrui et dans la pragmatique, le sujet d’intérêt était plutôt les actes de parole

des individus (2002).

Avant de passer aux théories des énonciations et à la pragmatique, il faut que

nous nous sensibilisions à la grammaire générative et transformationnelle et aux notions

de compétence/performance de CHOMSKY.

39

1.2.3.1. La Grammaire Générative Et Transformationnelle Et Les Conceptions De

La Compétence Et De La Performance De N. CHOMSKY

D’après toujours le Larousse, la parole a toujours été confondue avec le

langage. En plus, ajoute-il, il se trouve un piège dans la langue anglaise. En effet, le mot

THE LANGUAGE signifie à la fois la parole et le langage. Considérer ainsi la parole,

comme la faculté naturelle de parler, critique-il, c’est de faire d’elle un acte tout

naturel, inné, instinctif qui vient de notre organisme en tant qu’une espèce de la vie

biologique, comme le fait de marcher, avoir faim, avoir peur, en bref tous les instincts

de notre organisme, c’est de négliger le côté social du langage et nous savons très bien

ce qu’il en est (346-348).

Par contre, la distinction langue/parole n’était pas une distinction dynamique,

comme si, par des règles emmagasinées chez l’individu, tout est défini dès le début, ce

qui veut dire que la linguistique structurale de Saussure négligeait un point virtuel dans

sa systématisation qu’est le caractère créatif du langage que CHOMSKY a mis en cause

en s’opposant à Saussure.

Pour la linguistique structurale de Saussure, il s’agissait essentiellement d’un

système déjà établi, fixé pas des règles comme un système clos excluant la créativité

fantaisiste, destructrice des structures établies, innovatrice discursive, en un mot toute la

création linguistique inédite. Donc, il existait une contradiction entre ce que prétend le

structuralisme saussurien et ce que défend la grammaire chomskyenne. Ainsi, cette

création inouïe reste paradoxale avec la thèse du structuralisme saussurien qui suppose

un système de structuration toute faite par des règles existantes déjà, dit le Larousse

(346-348).

Si tout est défini dès le début, comment pourrait-on donc parler de la création ?

Ainsi, CHOMSKY a eu besoin de reformuler les formulations de Saussure en

compensant la langue par la compétence et la parole par la performance. La compétence

est définie par le Larousse, comme étant un (…) système de règles intériorisé par les

sujets parlants et constituant leur savoir linguistique, grâce auquel ils sont capables de

prononcer ou de comprendre un nombre infini de phrases inédites (…) (100) et la

performance, comme (…) la manifestation de la compétence des sujets parlants dans

leurs multiples actes de parole (…) (354).

40

Selon SAUSSURE, dit Le LAROUSSE, la phrase appartenait au domaine de la

parole qui est une création libre et volontaire et la langue était comme une nomenclature

emmagasinée par des règles fixes et systématiques et ce faisant l’aspect créatif a été

éliminé au dépens de la parole qui avait assumé ce caractère, tandis que chez

CHOMSKY, (…) la phrase devient l’élément premier de la théorie (…) (348). En

conséquence, la compétence et la performance de CHOMSKY correspondent

partiellement à la langue et à la parole de SAUSSURE, d’après Le LAROUSSE, qui

signale que l’une des tâches de la linguistique doit être de définir cette compétence

commune pour tous les interlocuteurs d’une même communauté linguistique.

Au bout du compte, nous voulons ajouter que la voie de cette tâche nous mène

à un débat difficile : les universaux de langue. Nous voulons ajouter que ce sujet était en

même temps l’une des préoccupations principales de la théorie de la traduction que, par

exemple, G. MOUNIN a étudié beaucoup dans ses ouvrages intitulés les Belles infidèles

et les Problèmes théoriques de la traduction. Un exemple très simple, que nous pouvons

donner sur le champ, pour les universaux de langue, est le caractère de double

articulation du langage. On peut multiplier les exemples, en plus on peut faire des

typologies, comme le fait Le LAROUSSE, qui en fait une, en opposant les universaux de

substance aux universaux de forme, puis en distingue quatre tels que phonologiques,

grammaticales, sémantiques et symboliques (500).

En conséquence, d’après le LAROUSSE, (…) l’établissement d’une théorie

linguistique générale, nécessaire à l’élaboration des grammaires génératives des

langues, sous-tend qu’il existe des universaux du langage (…) les règles fondamentales

du fonctionnement du langage relèvent d’une compétence universelle, sous-tendue par

une organisation corticale identique (…) (501).

1.2.3.2. Les Théories De L’énonciation

Nous avons vu très clairement comment SAUSSURE a minutieusement tiré

l’objet concret du phénomène du langage humain du brouillard des dualités qui ne nous

montrent que leur double face, en se limitant au seul terrain de la « langue » qui était le

seul appui qui peut nous mener aux données heuristiques. Ce qu’il avait fait, ce n’était

qu’une nécessité méthodologique pour trouver un fondement théorique solide au

41

langage humaine. Mais, l’expérience du temps a bien montré que cette méthode a ses

propres lacunes, même si elle s’est réclamée parfaite.

Nous savons très bien que c’est une conséquence naturelle qui découle de la

nature des choses. Les théories fondatrices d’un sujet d’examen scientifique,

lorsqu’elles sont les précurseurs des études fécondes de l’avenir, portent en elles-mêmes

leurs propres contradictions, leurs propres lacunes, leurs propres insuffisances. Elles ne

sont pas parfaites pour être précurseur des nouvelles théories à venir parce que, comme

on le sait, la science est un processus sans fin.

Ainsi, comme l’ont précisé, Z. KIRAN et A. KIRAN, même si le choix du

terrain de la « langue » a pu expliquer la particularité énigmatique de la nature du

langage et a donné naissance à un fondement théorique très fort qui est devenu le père

de toutes les études de langue du XXe siècle, on s’est aperçu qu’avec le temps, elle est

restée insuffisante face à plusieurs questions, particulièrement à ces questions : qui

parlent, avec qui, où, et quand. Il est évident que la cause de ces insuffisances venait

d’éliminer la parole de tout examen. En conséquence, remarquent-ils, certains linguistes

se sont penchés sur les effets de la parole, en passant au delà de l’opposition

langue/parole, sur l’usage individuel du langage en s’efforçant de déceler certaines

manières structurales et particulières du fonctionnement de ce plan (2002) et ainsi que

les théories de l’énonciation et la pragmatique sont devenus des vastes domaines dont

on ne connaît pas encore les limites et qu’elles nous intéressent de près, puisque nous

travaillons sur ce que les gens veulent dire, sur leur intention, car les choix personnels

du langage des individus donnent toutes les clés de leur intention, de leur arrière pensée

dans la langue de presse.

Regardons encore une fois, comment le LAROUSSE définit le phénomène de

l’énonciation : « (…) l’acte individuel de production, dans un contexte déterminé, ayant

pour résultat un énoncé ; les deux termes s’opposent comme la fabrication s’oppose à

l’objet fabriqué. L’énonciation est l’acte individuel d’utilisation de la langue, alors que

l’énoncé est le résultat de cet acte, c’est l’acte de création du sujet parlant devenu alors

ego ou sujet d’énonciation (…) » (180).

Dans chaque instant de notre vie, nous produisons des énoncés qui sont tous

tissés par les fonctions de notre langage, de sorte qu’ils portent en eux toutes nos

42

intentions, nos objectifs et nos arrières pensées, comme une araignée qui tisse

minutieusement sa toile pour pouvoir attraper ses proies. Et les initiateurs de l’origine

de cette toile d’araignée, d’après Le LAROUSSE, sont R. JAKOBSON, E.

BENVENISTE, J.L. AUSTIN et J.R. SEARLE dont la tâche était essentiellement de

dégager les éléments, les traces ou les empreintes des procès d’énonciations, puis leur

fonctionnement, leur organisation et leur interaction.

Z. KIRAN et A. KIRAN signalent eux aussi qu’il ne faut pas confondre la

parole et la performance, avec ce dont les théories de l’énonciation s’occupent parce que

la parole ou la performance sont des incidences concrètes des utilisations de parole. Or,

ce dont s’occupent les théories de l’énonciation en ayant dépassé l’opposition

langue/parole, est les actes de production d’énoncé dans une situation et dans un

contexte déterminé (2002). Ils remarquent que les théories de l’énonciation, qui ont

abordé de nouveau l’opposition langue/parole selon leur vocation, font une distinction

entre chaque acte individuel d’énonciation et le plan général de l’énonciation avec le

plan d’usage de la langue qui reste inchangé malgré toute la richesse des actes de

l’énonciation et ils proposent d’examiner ce passage du système virtuel au discours

concret de la réalité extérieure, ce qui a été la conséquence d’une troisième linguistique

celle du contexte. İls affirment que c’était R. BARTHES qui avait exprimé cette

nouvelle linguistique en disant que la linguistique a d’abord examiné le message en soi,

puis elle s’est aperçue que c’est le contexte qui détermine le message (2002).

Par contre, ils citent encore R. BARTHES qui signale que « le texte » ne peut

être réduit a une interférence de messages, car cette interférence ne se forme pas

seulement à partir de l’énonciation, mais se forme en même temps que des perceptions

qui changent la structure du texte, en d’autres termes, des tensions provenant de

communication mutuelle que chaque phénomène d’énonciation contient obligatoirement

en soi, ce qui est la conséquence d’une troisième linguistique dont le domaine d’examen

n’est pas le message ou le contexte, mais l’énonciation elle-même, au sens strict du

terme (2000).

Toujours à la lumière de Z. KIRAN et A. KIRAN, on s’aperçoit qu’il n’existe

pas une seule définition de l’énonciation, mais plusieurs faites par plusieurs linguistes.

Malgré que d’un théoricien à l’autre, la conception de l’énonciation prenne une

expression d’un point de vue différent selon les approches provenant de la position du

43

sujet parlant, au fond toutes ces approches reposent sur un principe logique commun qui

est le sujet parlant lui-même qui a gagné sa vraie place définitivement (2002). Le

phénomène de l’énonciation « est constitué par l’ensemble des facteurs et des actes qui

provoquent la production d’un énoncé » qui s’articule autour des embrayeurs je, ici,

maintenant, comme le note Le LAROUSSE (184). En quoi consistent ces facteurs et ces

actes ?

Un individu quelconque, en tant que locuteur natif d’une communauté

linguistique, peut avoir l’intention de mettre ou de ne pas mettre une distance entre son

interlocuteur ayant une position vis-à-vis de lui dans une situation ou dans un contexte

déterminé par son propre milieu social. Ce milieu social englobe les aspects de toute

sorte qui forment une société, tels que l’histoire, l’économie, la culture, l’ethnicité, les

mœurs, les traditions, etc., d’après lui. Ces facteurs et ces actes ont été mis en examen

comme dans une opération chirurgicale et on s’est occupé aussi particulièrement « (…)

des positions respectives du locuteur et de l’allocutaire2, (…) des états psychologiques

exprimés, (…) des différentes manières par lesquelles un énoncé se relie au reste de la

conversation (…) (181).

Il est certain que dans la hiérarchie sociale, les individus prennent leur place

respective les uns vis-à-vis les autres, par exemple il peut y avoir une différence

d’énonciation dans l’intention de demander quelque chose à quelqu’un. On peut

examiner les énonciations dans le seul but d’y voir les positions que prennent les

individus les uns envers les autres.

Il existe, par exemple, différents degrés d’engagement pris, entre des

promesses d’amour ou un simple rendez-vous de dimanche ou les prédictions, (la

prédiction de l’apocalypse, par exemple) et les simples constats n’auront pas les mêmes

contenus propositionnels d’énonciation. La manière dont les propositions sont

formulées selon leurs intérêts changent d’un individu à l’autre, il en est ainsi de

l’utilisation des verbes estimer et croire. Quand il s’agit d’une conversation, les énoncés

se lient aux différentes manières de s’exprimer du locuteur et de l’allocutaire, par 2 Le Larousse définit le terme allocutaire tel qu’ « (…) on appelle parfois allocutaire le sujet

parlant considéré à la fois comme celui qui reçoit des énoncés produits par un locuteur et

comme celui qui y répondent (…), au sens plus précis de « celui » qui se voit adresser le

message », on emploie plus souvent le terme de destinataire. » (24).

44

exemple la différence entre une réponse simple à une réplique précédente et une

objection à ce qui vient d’être dit.

Telles sont les exemplifications du LAROUSSE sur l’analyse des procédés

d’énonciations. Nous n’avons parlé jusqu’ici que de la langue parlée. Quant à la langue

écrite qui est notre unique intérêt, Le LAROUSSE signale que l’acte d’énonciation des

écrits français « (…) peut être caractérisé au moyen de plusieurs concepts (…) » et il les

groupe en quatre grandes parties : la distance, la transparence, la tension et la

simulation (181). Voyons de près ces notions à l’aide du LAROUSSE :

a) La distance : Le sujet parlant peut établir une distance entre son énoncé et

lui-même quand il s’agit de s’en évader complètement ou à l’inverse il peut

établir une proximité quand il s’y inscrit. Il utilise les modalités comme

sans doute, peut être ou le moyen de verbes comme croire, penser, s’en

douter. Le sujet adopte vis-à-vis de son énoncé une attitude déterminé en

adhérent ou en refusant d’adhérer à des assertions. Par contre le discours

didactique est l’un dans lequel le locuteur met par excellence une distance

définitive entre lui et son énoncé, les verbes performatifs sont les verbes de

notion de l’acte d’énonciation. Quand un individu s’engage à faire quelque

chose, il utilise cet énoncé : je promets ou pour parier sur quelque chose, il

utilise celui-là : je pari. Quand quelqu’un dit, je me méfie toujours de lui, il

instaure une distance définitive entre lui-même et son énoncé.

b) La transparence : « (…) la transparence ou l’opacité se définissent par le

rapport que le récepteur entretient avec l’énoncé (…) » dit, Le LAROUSSE

(181). Il s’agit toujours, pas moins qu’ailleurs, de notions discrètes. Si on

cherche à faire preuve d’une très grande transparence, on doit s’adresser

aux maximes ou plus généralement aux phrases gnomiques. La

transparence est définie dans la mesure où le récepteur est la source

d’énonciation.

c) La tension : la tension est la dynamique établie entre le locuteur et la

destinataire. Les acteurs du théâtre de la vie se représentent sur la scène, ils

prennent leur position respective, c'est-à-dire, qu’ils deviennent

l’interlocuteur.

45

d) La simulation : la simulation est le caractère pas tout à fait innocent du

langage humain, qui est un moyen de tromper les destinataires sur ce

qu’on est, en utilisant le modèle d’autrui. Tout simplement, elle est le

masque dont le locuteur se vêt sur son visage pour cacher son propre

modèle ou essayer de biaiser la connivence en utilisant les performances

d’autrui, sans les prendre à son compte et en sachant que la destinataire

n’ignore pas cette distance (181).

1.2.3.3. La Pragmatique Et Les Actes De Parole

La pragmatique est une discipline qui se penche directement sur les actes de

parole, eux-mêmes, inversement de ce que fait la théorie de l’énonciation qui s’intéresse

aux discours d’autrui, comme nous l’avons expliqué ci-dessus.

D’après Z. KIRAN et A. KIRAN, la pragmatique est l’un des sujets le plus

complexe de la linguistique contemporaine et il est difficile de parler d’une théorie

définitive, malgré tous les efforts faits. Toutefois, on peut mentionner deux approches

essentielles. Il s’agit premièrement de celle de Ch. MORRIS qui s’est intéressé aux

relations entre les locuteurs et les allocutaires et les signes (on ne peut y parler que de la

subjectivité dans la langue !) et deuxièmement, celle de J.L. AUSTIN, J.R. SEARLE, O.

DUCROT et D. WINDERLICH qui ont abordé directement les problèmes des actes de

parole, dont l’hypothèse essentielle était que l’acte de parler est à la fois un transfert

mutuel de l’information et une réalisation d’un acte selon des règles établies (2002).

Comme l’ont affirmé ces deux linguistes, la linguistique structurale ne s’était

penchée que sur les structures abstraites coupées de tout contexte social, culturel et

historique, de tout ce qui vit juste maintenant, ici et là, dans chaque coin du monde qui,

à chaque moment, devient un bien de l’histoire. Tandis que la pragmatique fait le

contraire, elle examine ces structures dans leur réalisation concrète.

Que veut dire cette abstraction ou cet isolement des structures ou que se passe-

t-il lorsqu’une structure se dévêt de sa réalisation concrète ? Car, les énoncés, dans leur

propre réalisation concrète peuvent avoir des différentes valeurs selon leur situation de

communication ou l’intention qui diffère. Par exemple, un énoncé comme « un peu de

respect, s’il te plait ! », même il a un sens unique, peut être utilisé par n’importe quelle

46

personne dans n’importe quelle situation de communication en ayant à chaque fois une

valeur d’acte de parole différente. Etant donné que nous n’avons pas une précision sur

le contexte de cet énoncé, il ne nous signifie pas beaucoup de chose, c’est peut être une

personne qui reproche à une autre personne de ne pas la respecter et qui en même

temps, lui demande de faire preuve de respect.

D’après Z. KIRAN et A. KIRAN, la pragmatique vise à examiner les sens des

énoncés dans leur propre contexte et ce qui importe pour elle, ce sont les fonctions des

actes de parole, plutôt que de leur sens abstrait. Le philosophe J.L. AUSTIN est le

premier qui s’est penché sur les actes de parole et qui a découvert que le locuteur par ce

qu’il dit, qui est en même temps le réalisateur de ce qu’il dit. Son œuvre, Quand dire,

c’est faire était comme un manifeste de la pragmatique qui a ouvert une nouvelle ère

dans la pensée du langage humain qui a représenté à la fois un passage à des données

linguistiques observables et la délibération des dualités sociale/individuelle,

mentale/sentimentale, expressive/associative (2002).

Nous pouvons distinguer les énoncés qui, en général, servent a expliquer une

opinion et les énoncés qui servent à réaliser un objectif, telles que :

1. C’est un jour de vache, aujourd’hui !

2. Je te baptise, Paul !

Ecoutons aussi Le LAROUSSE, dans ce propos : « (…) On appelle acte de

parole à un énoncé effectivement réalisé par un locuteur déterminé dans une situation

donnée. (…) on parle aussi dans ce cas d’événement de parole (…) » (14). Ensuite, il

ajoute une deuxième conception qu’est l’acte du langage qui est « (…) l’utilisation du

langage comme une action et non plus seulement comme un message (…) » (14). Il

affirme qu’à l’origine, l’acte du langage est traduit en anglais par « speech act » et qu’il

est donc difficile de l’assigner soit à la langue, soit à la parole (14).

J.L. AUSTIN, dit Le LAROUSSE, qui est le précurseur de la problématique des

actes de parole en tant que sujet de la philosophie à l’origine et non pas de la

linguistique, avait pour hypothèse d’être parti de l’observation des performatifs, comme

promettre ou baptiser qui sont employés quand on fait face à de bonnes personnes ou à

des circonstances sociales favorables. Dans ce cas, il s’agit d’un acte qu’on dénomme.

47

Quand je dis à une personne, je te baptise Paul !, c’est qu’au fond, je lui affecte

effectivement ce nom, vu les conditions de succès réussies (14).

Dès lors, la problématique d’AUSTIN, continue-il, s’étend à tout acte du

langage. Dans un énoncé comme ouvre la porte, on distingue trois actes différents tels

que,

1. L’acte locutoire : C’est la prononciation simple de cet énoncé

2. L’acte illocutoire : C’est donner un ordre

3. L’acte perlocutoire : C’est viser à obtenir que la porte soit ouverte

N’étant pas un simple transfert d’information, la langue contient tout le code

des relations humaines, a dit, O. DUCROT, disent Z. KIRAN et A. KIRAN. Non

seulement elle est la porteuse du code de ces relations, mais aussi la réalisatrice de ce

code (2002).

1.2.3.4. La Présupposition, Le Problème Des Implicites Et Le Caractère

Argumentatif Du Langage

Si les énoncés ont la tendance de cacher des idées, c’est qu’ils ont des sens

secrets ou plus exactement ils ont la tendance de faire des présuppositions, comme dans

l’exemple du Le LAROUSSE, le roi de France est chauve, présuppose avant tout qu’il y

a un roi de France. Les sujets de la présupposition et le caractère implicite des actes de

parole, sont ceux qui sont le plus dans le domaine d’intérêt de la pragmatique, d’après

Le LAROUSSE (378). Certes, disent Z. KIRAN et A. KIRAN, la linguistique structurale

avait mis en cause sans en avoir conscience, les fonctions du langage de transférer,

d’indiquer ou de représenter les connaissances évidentes en essayant d’expliquer le code

abstrait du langage. Mais, ça ne suffirait pas évidemment pour expliquer toutes les

dimensions du langage (2002). Désormais, il fallait se demander que ce que nous

faisons en parlant, ajoutent-ils, en d’autres termes, il fallait mettre les pieds sur terre.

Ils définissent la présupposition comme un acte de parole qui englobe une

situation de discours à qui l’allocutaire ne puisse objecter et qui est liée implicitement à

la structure lexicale et syntaxique de l’énoncé. Or, dans la logique, la présupposition est

une réalité d’avance pour l’exactitude d’une proposition (2002). Quand on dit que « le

48

roi de France est chauve ! », nous n’avons qu’à rendre compte qu’il y a naturellement

un roi de France.

Et Le LAROUSSE définit la conception de la présupposition comme une

relation purement mathématique : « (…) entre deux grandeurs (deux unités

linguistiques) telle que la présence dans la chaîne de l’une d’entre elles est la condition

nécessaire de la présence de l’autre (…) » (378). Il se trouve deux types de relations, de

présupposition d’après lui, l’une étant unilatérale, si l’une des deux grandeurs est la

condition de l’autre et non vice versa et l’autre étant réciproque si l’une des deux

grandeurs est la condition de l’autre et vice versa. Pour mieux expliquer tout cela, la

relation unilatérale consiste dans le fait que (…) le déterminant entraîne la présence du

nom (un nom propre par exemple), et cela (…) n’est pas la condition nécessaire de la

présence du déterminant (…) (378).

Clairement, la présupposition implique une proposition dans une proposition

qui est implicite et qui suppose exact ce qu’on y raconte. La formule du LAROUSSE

consiste en (…) une proposition P (…) qui (…) a pour présupposition P' si P et sa

négation impliquent également P' (…), comme dans l’exemple du roi de France qui est

chauve, en présupposant l’existence du roi de France. (…) La négation de P, (le roi

n’est pas chauve) ou l’interrogation sur P maintient ce présupposé (…) (378). Une

proposition doit être vraie, sinon on est face à un abus du langage. Donc, la justesse de

la proposition est la référence de l’univers du discours propositionnel, dit Le

LAROUSSE (378).

D’après Le LAROUSSE, la présupposition, en tant que notion pragmatique,

implique (…) la conformité entre l’énoncé et son contexte d’énonciation. Elle assure la

cohérence du discours en évitant les redites inutiles en imposant aux participants à la

communication un cadre de discours implicite (…) (378). Nous voulons interpréter la

présupposition comme une économie du discours. Avec la notion de la présupposition,

l’analyse linguistique n’étudie les structures syntaxiques et lexicales qu’avec leur valeur

de présupposition.

49

1.2.3.5. Le Problème De L’implicite

L’effet de l’implicite dans un discours est une dimension importante tant pour

l’analyse sémantique que pour une théorie de l’énonciation, disent Z. KIRAN et A.

KIRAN (2002). D’après eux le problème de l’implicite comporte deux côtés pertinents,

l’un étant le fait que le locuteur manifeste son vouloir dire sans se responsabiliser sur ce

qu’il manifeste et l’autre étant une opinion faite par le locuteur selon laquelle la

présupposition ne subit pas d’objection (2002).

D’après eux, c’est le linguiste O. DUCROT qui s’est penché particulièrement

sur l’effet de l’implicite et le caractère argumentatif du langage et il a fondé sa théorie

sur ces deux principes que nous avons mentionné juste ci-dessus (2002). D’après

DUCROT, affirment-ils, l’effet de l’implicite s’appuie tant sur l’énoncé que sur

l’énonciation. Au niveau de l’énoncé, le récepteur remplit les lacunes de l’implicite au

moyen de quelques raisonnements de telle sorte que le locuteur puisse justifier ou nier

son vouloir dire (2002).

Il est clair que si l’implicite s’appuie sur l’énoncé, c’est parce qu’il s’appuie sur

son contenu linguistique et s’il s’appuie sur l’énonciation, c’est parce qu’il s’appui sur

les conditions réussies de l’acte d’énonciation comme par exemple, dans l’énoncé

suivant : « ouvrez la porte du garage, s’il vous plait ! », toutes les conditions que l’acte

exige, sont présentes au moment du processus d’énonciation. Cet énoncé est réussi

parce que ces conditions d’énonciation sont réussies :

1. Premièrement, la hiérarchie sociale entre le locuteur et le récepteur

est définie

2. Deuxièmement, le récepteur est capable d’ouvrir cette porte

3. Troisièmement, il y a une porte à ouvrir

D’après O. DUCROT, affirment Z. KIRAN et A. KIRAN, la présupposition est

une forme implicite qui permet de dire quelque chose sans le dire directement. Par

exemple, quand on dit « le roi de France n’est pas chauve maintenant », on évoque une

arrière pensée que le roi de France était chauve. DUCROT considère la présupposition

comme un acte de parole, qui signifie pour lui de jouer un rôle, par exemple, la

formulation « Pierre ne prend plus d’alcool ! » nous donne une information claire et

50

précise, elle nous dit quelque chose au fond implicitement, à savoir que Pierre buvait de

l’alcool et qu’il était un ivrogne, disent-ils (2002).

1.2.3.6. Le Caractère Argumentatif Du Langage Humain

Le caractère argumentatif du langage humain, c’est l’un des caractère qui

intéresse le plus une étude comme le notre qui vise à élaborer une méthodologie de

l’enseignement du langage journalistique, car pour R. JAKOBSON, ce caractère est une

sorte de fonction appellative, soulignent, Z. KIRAN et A. KIRAN (2002).

L’argumentation, affirment-ils, est l’une des facultés principales du langage humain qui

a attiré l’attention de tous ceux qui ont pensé, pensent et penseront sur eux-mêmes, y

compris Aristote et Platon. La rhétorique a succédé naturellement à la logique, ajoutent-

ils (2002).

Nous apprenons de Z. KIRAN et A. KIRAN que Platon avait utilisé

entièrement le caractère argumentatif du langage, par la bouche de Socrate, dans tous

ses dialogues. Le langage humain a une puissance très influente de persuader,

d’argumenter, de faire croire (2002). La logique, disent-ils, était l’art ou la science de

raisonner vrai, de penser et de distinguer ce qui est vrai de ce qui est faux, tandis que la

rhétorique était l’art de parler beau et vrai devant le public avec pour objectif

d’influencer les gens. Et ils ajoutent qu’à l’époque hellénistique, la rhétorique était un

art de persuader le public dans les conflits démocratiques, dans les tribunaux ou pour

défendre les droits personnels (2002).

En bref, disent-ils, la rhétorique était une technique pour défendre les droits

naturels de l’homme, ce qui prouve que le langage humain a une autre puissance qu’est

l’argumentation. Quand on est arrivé au XVIIIe siècle, disent-ils, elle est devenue hors

d’usage et aujourd’hui elle a regagné son importance sous le nom de la Nouvelle

Rhétorique et a entraîné la naissance de plusieurs domaines d’examen, tels que,

1. La stylistique, la sémiotique, la poétique dont tous peuvent être

regroupée dans le titre des « Théories Littéraires ».

2. Les méthodes de l’analyse du discours. La sociolinguistique est née

en conséquence de ces méthodes d’analyse.

3. Les méthodes d’argumentation.

51

4. Les techniques d’expression.

Ils affirment que les méthodes de l’argumentation est née de l’héritage de la

rhétorique et que dans ce domaine, il se trouve deux courants, l’un qui est « la

linguistique logique » de J.B. GRIZE et l’autre qui est « la linguistique pragmatique »

de O. DUCROT et son groupe (2002).

L’argumentation, d’après eux, est définie généralement comme un acte de la

persuasion, de faire croire. Elle est extrêmement importante pour le langage parce que

chaque discours est relatif à la persuasion du récepteur ou du lecteur, afin de créer une

certaine influence sur lui. C’est pourquoi elle est un acte de langage relatif à l’acte

perlocutoire (2002).

D’après O. DUCROT, disent-ils, l’argumentation est une sorte de raisonnement

qui n’est pas obligatoire et formelle contrairement du raisonnement logique et

l’argumentation et le raisonnement sont deux plans complètement différent : à savoir

que le premier intéresse le discours et le deuxième intéresse la logique et ils donnent

l’exemple des mots comme mais parce que, car qui ont une fonction argumentative plus

qu’ils ont une fonction d’introduire un contenu significatif (2002).

1.3. Les Sous Domaines De La Linguistique

D’après Z. KIRAN et A. KIRAN, le langage humain utilise deux matériaux : le

premier, constitué des langues naturelles, ce sont diverses formes réalisées par les bruits

ou les sons que l’appareil vocal de l’homme articule et le deuxième, c’est le matériel du

contenu qui est utilisé pour exprimer la vie intime de l’homme, ses conceptions réelles

ou imaginatives et le désir de les partager avec ses proches. Le premier constitue la

structure de l’expression (du signifiant) et le deuxième constitue la structure du contenu

(du signifié) et tous les deux constituent en ensemble le système du langage (2002).

D’après ces mêmes auteurs, le linguiste peut s’incliner sur ces deux types de

matériaux et peut les examiner séparément. Il peut les étudier sur deux plans, l’un sur le

plan du signifiant, l’autre sur celui du signifié. Il s’agit évidemment des sons, des

groupes ou des enchaînements du son, dans le plan du signifiant et il s’agit en un mot du

sens, de la signification de ces groupes de sons, dans celui du deuxième, et quand on

52

privilégie un de ces plans, on aborde une des branches de la linguistique telles que, la

phonétique, la phonologie, la syntaxe, la lexicologie, la sémantique (2002).

Mais à côté de branches purement linguistiques que ces deux matériaux

génèrent, il existe d’autres branches. D’après ces auteurs, la linguistique est devenu une

science complexe, sophistiquée qui influence les sciences naturelles, accompagnée de

l’ethnologie, la sociologie et avec tous ses sous domaines et ils regroupent dans quatre

parties les branches qui proviennent des relations inter scientifiques :

1. C’est le groupe des branches comme la dialectologie,

l’ethnolinguistique et la sociolinguistique qui examinent les

changements linguistiques sur le plan culturel et social.

2. C’est le groupe de la psycholinguistique et la neurolinguistique

qui se penche sur les relations entre ceux qui parlent une langue et

la langue qu’ils parlent.

3. Dans ce groupe sont inclues les branches de la linguistique comme

la fonction poétique, la sémiotique, la stylistique, l’analyse du

discours ou la linguistique textuelle issues de l’application des

méthodes de la linguistique dans le domaine du texte ou du

discours.

4. Le quatrième groupe regroupe des branches de la linguistique

appliquée qui se penchent sur la didactique, sur l’enseignement des

langues maternelles ou étrangères.

L’acte traduisant, lui aussi, se situe sur le plan du signifié, il fonctionne sur la

syntaxe des langues, il a affaire au sens, aux significations des mots, aux connotations et

aux dénotations. La connotation et la dénotation que G. MOUNIN avait étudiées

beaucoup dans son ouvrage Les Problèmes théoriques de la traduction (1963), sont

deux sujets très importants pour la traduction. Nous pensons qu’un apprenti traducteur

doit avoir aussi une certaine connaissance de la syntaxe et la morphologie, puisque son

travail se situe juste sur les syntaxes.

A présent, nous allons aborder les sciences qui sont mentionnés dans le groupe

1, 3 et 4, dont nous avons déjà parlé, dans notre introduction. Donc, en premier lieu,

53

nous allons faire une analyse de la syntaxe, ensuite nous allons aborder la sémantique et

spécialement les sujets de la dénotation et de la connotation.

1.3.1. La Syntaxe

D’après nous, un apprenti traducteur qui doit traduire des textes de français en

turc et de turc en français, doit bien connaître les structures syntaxiques des deux

langues pour pouvoir parfaitement faire leur distinction et pour ne pas tomber dans les

pièges lors de l’étape de traduction. D’abord, il faut commencer par définir ce qu’est la

syntaxe. Z. KIRAN et A. KIRAN définissent la syntaxe comme un ensemble de règles

qui nous sert à organiser des énoncés et qui donne une fonction à chaque mot et qui

implique les relations établies entre ces mots (2002).

D’après eux, la particularité la plus pertinente de la syntaxe, est l’ordre des

mots dans la phrase et cet ordre est très important ou non selon la structure de la langue.

Chaque langue a sa propre structure syntaxique qui reflet sa propre logique intérieure.

İls donnent l’exemple du turc qui a une structure syntaxique très souple par rapport au

français qui en a une très solide (2002). Donc, la traduction réciproque entre ces deux

langues, est un acte entre une langue qui a une syntaxe très souple et une qui en a une

très solide.

Nous apprenons de Z. KIRAN et A. KIRAN, que dans les langues

occidentales, les unités les plus souples sont les adverbes de temps et de lieu. G.

MOUNIN dit qu’il rencontre plus de 200 définitions de la syntaxe et différentes

approches du concept de structure ou de système, ont produit différentes théories

syntaxiques. Par exemple, la syntaxe traditionnelle aborde le sujet dans le cadre de la

logique d’Aristote, alors que Z.S. HARRIS, L. TESNIERE, K:L. PIKE, A. MARTINET

et enfin N. CHOMSKY l’ont abordé de différente manière (2002).

Prenons aussi la définition de la syntaxe du LAROUSSE :

1. On appelle syntaxe la partie de la grammaire décrivant les règles par

lesquelles se conforment en phrases, les unités significatives, la syntaxe

qui traite des fonctions se distingue traditionnellement de la

morphologie, étude des formes ou des parties du discours, de leurs

54

flexions et de la formation des mots ou dérivation. La syntaxe a été

parfois confondue avec la grammaire elle-même.

2. En grammaire générative, la syntaxe comporte plusieurs composantes :

la base (composante catégorielle et lexique) et la composante

transformationnelle. (468)

Comme Z. KIRAN et A. KIRAN le soulignent, il ne faut pas confondre la

morphologie et la syntaxe. D’après eux, la distinction entre la morphologie et la syntaxe

s’appuie sur deux critères, le premier étant la distinction entre « la forme » qui intéresse

la morphologie et « la fonction » qui intéresse la syntaxe et le deuxième, la

considération du « mot » comme unité principale de la langue. La morphologie,

soulignent-ils, analyse les catégories du discours comme le mot, l’adjectif, le verbe, les

différentes sortes de flexion, les problèmes de dérivation avec les préfixes et les

suffixes, etc., et la syntaxe, au contraire, analyse l’organisation des mots dans la phrase,

leur fonction grammaticale et leur problème d’harmonie (2002)3.

1.3.2. La Sémantique

Comme Z. KIRAN et A. KIRAN l’indiquent, la sémantique analyse l’univers

des sens dans les langues naturelles et la sémiologie le fait pour les systèmes de sens qui

restent en dehors des langues naturelles et théoriquement, dans une langue naturelle,

tous ce qui est dans l’intérêt du sens, est également dans l’intérêt de la sémantique, c'est-

à-dire, les sens que la morphologie, la syntaxe et la lexicologie produisent (2002).

Le LAROUSSE dit que, (…) même si la langue est le lieu privilégié de la

manifestation de la signification, l’avènement de la sémantique qui a le sens pour objet

a été tardif (418). Z. KIRAN et A. KIRAN affirment que le sens est l’unité principale

de la langue et les hommes communiquent pour transférer un sens, c’est pourquoi la

langue est considéré toujours comme un instrument permettant de transférer les idées

3 Ils notent que la limite entre la morphologie et la syntaxe a été disparue après que la

linguistique structurale ait pris le monème comme unité principale au lieu du mot et on a témoigné l’apparition de la syntaxe morphologique qui fait l’examen descriptif les règles de l’union des monèmes (2002).

55

mais que le sens est un élément direct et le plus difficile à comprendre pour

l’interlocuteur, alors que pour le locuteur, il est tout-à-fait clair, mais ce dernier a de la

difficulté à le définir (2002). Et pourquoi, malgré toute l’importance du sens,

l’avènement de la sémantique, objet privilégié de la linguistique a-t-il été tardif ? C’est

parce que, répond Le LAROUSSE, (…) la linguistique moderne n’a pu acquérir le statut

scientifique qu’en écartant dans un premier temps les considérations philosophiques, ou

culturelles, traditionnellement attachés à l’étude du langage. La langue devait pouvoir

être décrite « en elle-même et pour elle même », c'est-à-dire avant tout comme une

forme (…) (418).

D’après, Z. KIRAN et A. KIRAN, même si la sémantique a gagné très tard la

place qu’elle mérite, l’examen du sens avait déjà commencé dès le XIXe siècle, avec le

développement de la linguistique historique ou évolutive qui considère le

développement des langues dans le temps,. Les langues évoluent et le sens des mots

aussi. Nous apprenons de ces auteurs que les premiers travaux sur les changements du

sens, ont été initié par A. DARMESTETER, puis M. BREAL a établi les principes

fondamentaux concernant l’observation scientifique des sens des mots, dans son

ouvrage Essai de sémantique, mais comme on le sait, le premier linguiste qui a proposé

l’observation synchronique du langage et qui a abordé les problèmes concernant de

définir le sens du mot, est F. de SAUSSURE (2002).

D’après Z. KIRAN et A. KIRAN, dans les années 1960, les linguistes ont fait

initié les études structurales de la sémantique, en partant de la méthode de l’analyse

structurale dans le domaine de la phonologie et il a été prouvé que les deux plans de la

langue, c'est-à-dire, le plan de l’expression (du signifiant) et le plan du contenu (du

signifié) constituaient des traits pertinents. Tandis que les traits pertinents du premier

étaient les phonèmes, les traits pertinents du deuxième étaient des sèmes, les plus petites

unités de sens.

Apres avoir tracé l’historique de la sémantique de ces linguistes, nous pouvons

maintenant aborder avec Le LAROUSSE, les théories structurales auxquelles nous nous

intéressons le plus, comme par exemple, la distinction entre la théorie sémantique et la

théorie de la référence. Prenons le même exemple du LAROUSSE au sujet du mot

« chaise »: nous pouvons (…) décrire le sens du mot chaise à partir de traits

sémantiques (dossier, pieds, etc.) récurrents, c'est-à-dire apparaissant dans la

56

description d’autres termes de l’ensemble des sièges (fauteuils, tabourets, etc.) ; la

référence du mot chaise, en revanche, c’est le rapport (dit dénotation) qui existe entre

ce mot et les différents objets « chaises ». En termes de logique, on peut dire que la

définition du mot chaise en compréhension intéresse la sémantique, tandis que la

définition du mot chaise en extension (« A, B, C, N sont des chaises ») intéresse une

théorie de la référence (…) (418).

La langue, disent Z. KIRAN et A. KIRAN, n’est pas un amas d’éléments

réunis accidentellement, mais est une structure, un système que les éléments constituent

en établissant des relations réciproques, de sorte qu’un élément n’a aucune valeur en

dehors de ce système. La sémantique diachronique considère les causes et les formes

des changements de sens en envisageant l’évolution de la langue et la sémantique

synchronique ou la sémantique structurale donnent la priorité aux relations mutuelles

des éléments qui forment son système dans un intervalle de temps déterminé. Sa

méthode s’appelle l’analyse sémique et consiste à reconnaître les traits pertinents des

sens et leurs corrélations, telles que la polysémie, l’homonymie, l’antonymie et

l’hyponymie et elle se fixe comme tâche encore d’observer le champ lexical, le champ

sémantique et les connotations (2002).

Nous insistons encore sur les effets de dénotation et de connotation.

Nous continuons à écouter Z. KIRAN et A. KIRAN qui signalent que l’éventail

des sèmes éclaircit autant que le fonctionnement des dénotations sur le plan du signifié

que le fonctionnement des connotations. D’après eux, l’éventail des sèmes possède deux

fonctions, la première étant de découvrir les sens dénotatifs d’un seul mot ou des mots

d’un texte de fonction référentielle, la deuxième étant de découvrir les connotations

d’un mot qui a des associations aux d’autres mots dans un contexte de fonction

référentielle. Lorsqu’on considère les mots dans le contexte, on reconnaît que l’éventail

de sème générant des sens dénotatifs et l’éventail de sème générant des sens connotatifs,

s’articulent les uns les autres et forment un tout. Les sèmes qui font partie du sens

dénotatif d’un mot, sont en nombre suffisant pour qu’il soit compris par la communauté

linguistique de ce même mot, en revanche, les sèmes du sens connotatif constituent les

valeurs du système dénotatif qui ne sont pas encore réalisées (2002).

57

Il faut chercher l’origine des sens connotatifs, d’après eux, dans ce qu’ils sont

individuels ou qu’ils font références à la dimension sentimentale et intellectuelle qui

sont propres à la culture d’une communauté linguistique (2002). D’après Le

LAROUSSE, (…) l’opposition entre connotation et dénotation est reprise à la logique

scolastique et (…) l’application de ce concept à la linguistique a entraîné des

modifications de sa définition. En linguistique, poursuit-il, la connotation désigne un

ensemble de significations secondes provoquées par l’utilisation d’un matériau

linguistique particulier et qui viennent s’ajouter au sens conceptuel ou cognitif,

fondamental et stable, objet du consensus de la communauté linguistique, qui constitue

la dénotation (111). Par exemple, deux individus rencontrent un groupe de gens sur leur

yacht très luxueux au bord d’un quai et l’un des deux, d’un premier regard, murmure,

« c’est une bande de gens » et l’autre ajoute tout de suite, « une bande de gens

riches ! ». Le deuxième individu ainsi connote cette bande de gens avec l’adjectif de

riche.

Nous allons rencontrer encore une fois les notions de dénotation et de

connotation quand nous aurons entamé la théorie de la traduction. Maintenant, nous

pouvons nous initié à la sociolinguistique.

1.3.3. La Sociolinguistique

« (…) La sociolinguistique est une partie de la linguistique dont le domaine

se recoupe avec ceux de l’ethnolinguistique, de la sociologie du langage, de

la géographie linguistique et de la dialectologie. (…) La sociolinguistique se

fixe comme tâche de faire apparaître dans la mesure du possible la

covariance des phénomènes linguistiques et sociaux et éventuellement

d’établir une relation de cause à effet (…) » Le LAROUSSE (435).

D’après Z. KIRAN et A. KIRAN, de F. de SAUSSURE a N. CHOMSKY, les

linguistes ont eu le soin d’exclure incessamment les covariances des phénomènes

linguistiques hors d’examen. Sous cet angle, l’objectif de la théorie du langage a été de

considérer un locuteur idéal qui appartient à une communauté linguistique homogène.

C’est sous l’influence des linguistes américains qu’on est sorti de cette exclusion, de

cette réserve et on s’est penché sur la description des covariances se trouvant dans une

58

communauté linguistique, en établissant des rapports entre elles et les structures

sociales, ce qui constitue l’objet de la sociolinguistique (2002).

La sociolinguistique est un domaine de recherche qui se situe entre le

phénomène du langage et le phénomène social, avec un pied est sur le terrain de la pure

linguistique, et l’autre sur le terrain de la sociologie. On ne peut concevoir ni une

société sans la langue, ni une langue sans la société, disent, Z. KIRAN et A. KIRAN, ce

qui démontre qu’entre la langue et la société, il existe une compréhension mutuelle et

une relation profonde de parenté. Nous pouvons aisément dire que l’une est la raison

d’être de l’autre parce que, comme l’ont dit, Z. KIRAN et A. KIRAN, nulle société ne

peut mener son existence sans qu’il y ait un instrument de communication entre les

individus qui constituent cette société et pareillement nulle langue ne peut exister sans

qu’il y ait un processus de communication (2002).

Ils signalent que c’est de cette double compréhension qu’est née la

sociolinguistique. Elle est une branche de science mixte qui observe les relations entre

les phénomènes du langage et les phénomènes de la société, le fait qu’ils s’influent les

uns les autres, que les uns apparaissent comme faisant varier les autres, en d’autres

termes elle observe l’équivalence entre ces deux phénomènes (2002).

Quand il s’agit de la sociolinguistique, on s’intéresse tout de suite à W.

LABOV. D’après Z. KIRAN et A. KIRAN, W. LABOV a remarqué que, dans les

études qu’il a faites sur la langue anglaise parlée à New York, certaines covariances

phonologiques étaient en relation étroite avec l’origine ethnique. C’est une relation si

étroite que la réalisation des phonèmes dépend de la situation de communication,

d’après ce linguiste, remarquent-ils. Une personne, d’après eux, ne prononce pas les

mots de façon semblable devant un public ou dans une conversation à haute voix ou

encore dans une conversation très ordinaire. Ces dérivations proviennent du statut

socio-économique du locuteur, disent-ils (2002).

On le sait que dans chaque société, les individus ont naturellement des statuts

et des rôles, c’est la vie collective qui leur donne. Et ces statuts et rôles impliquent un

niveau de langue qui rejaillit sur les individus. Utiliser un niveau de langue, remarquent-

ils, soit au sein d’un groupe de personne âgée, soit d’un milieu professionnel, soit d’une

communauté régionale, exige de s’intégrer à un groupe et un comportement linguistique

59

exige non seulement un vocabulaire particulier, mais aussi l’usage des codes spécifiques

qui se déterminent avec les particularités phonétiques et phonologiques et ainsi que la

sociolinguistique observe systématiquement la fonction expressive de la langue en

élargissant sa propre définition (2002).

Devant l’usage de la langue des différents groupes, les sociolinguistes

s’efforcent de découvrir différentes sortes de comportements selon différents milieux,

d’après eux. Ils donnent l’exemple d’une enquête faite en Angleterre. Cette enquête a

dévoilé qu’il y a des opinions différentes entre les classes moyennes et les classes

d’ouvriers sur les problèmes comme l’importance de la langue dans l’éducation, la

liberté d’expression chez l’enfant, l’audace de poser des questions (2002).

Il y a deux théories qui s’opposent dans la sociolinguistique, remarquent-ils. La

première considère que la langue est une réalité sociale, tandis que la deuxième

considère que la langue est un système qui ne peut être expliqué que par lui-même.

D’après les défenseurs de la deuxième théorie, la sociolinguistique ne peut pas être

réduite à l’observation du seul côté social de la langue, car la sociolinguistique est la

linguistique elle-même. Or, les défenseurs de la première théorie naviguent entre une

linguistique qui se focalise sur le problème de la conformité aux règles de la grammaire

et la sociologie qui s’intéresse à la dimension sociale des langues (2002).

D’après Z. KIRAN et A. KIRAN, W. LABOV est devenu le vrai fondateur de

la sociolinguistique avec ses recherches sur la stratification sociale de la langue anglaise

à New York. Selon W. LABOV, c’est une contradiction d’élaborer une définition

sociale de la langue en partant de quelques personnes ou de soi-même seulement

comme l’a fait, F. de SAUSSURE. Pour se débarrasser de cette contradiction, LABOV

s’est penché directement sur les gens et il a fondé son étude sur 200 personnes qui

représentent une communauté de 23.000 personnes. En somme, selon W. LABOV, les

changements d’opinions observés dans un groupe, ne sont que des changements de

langue.

En marchant sur les traces de Z. KIRAN et A. KIRAN, maintenant nous nous

concentrons sur un sujet très important pour la théorie même de la traduction qu’est les

visions du monde.

60

D’après eux, au début du XIXe siècle, l’ethnologue américain E. SAPIR a lancé

l’idée que, les réalités qu’éprouve soi-disant une société, sont fondées sur les habitudes

de langue de cette communauté linguistique sans que les gens qui vivent dans cette

communauté s’en rendent comptent. Et E. CASSIRER a exprimé la même idée avec

toutefois une nuance, à savoir que, à l’origine les différences entre langues proviennent

plus des différences de visions du monde que des différences de voix et de signes

(2002).

Toujours d’après les deux auteurs, étant donné que chaque langue reflet la

réalité extérieure d’une façon différente, les mondes des différentes sociétés sont

également différents et par conséquent, les mondes des gens qui vivent dans ces sociétés

diffèrent aussi parce que la langue se trouve dans une autre position que celle du monde

des réalités, dit L. WEISBERGER, selon eux. Et ce monde des réalités, c’est-à-dire, la

réalité extralinguistique ne s’apparaît pas comme elle est, la pensée humaine interprète

ces réalités a sa propre façon et remet de nouveau les formes. Sous cet angle, la langue

humaine est le reflet de la pensée humaine, dit-il (2002).

Vue que les gens qui vivent dans les communautés linguistiques différentes

voient la réalité extérieure de la fenêtre de leur propre langue maternelle, ils

n’établissent pas un accord parfait entre eux-mêmes, disent-ils et ils parlent de l’un des

étudiants de E. SAPIR, R. L. WHORF qui a développé et répandu cette théorie en

donnant des exemples de la vie actuelle. Par exemple, R. L. WHORF, quand il

travaillait dans une société d’assurance, comme un spécialiste de la prévention des

incendies, a témoigné que plusieurs incendies ont éclaté en raison d’erreurs de langue.

D’après eux, le monde extralinguistique dans son intégralité, est perçu sous des formes

différentes selon les mots qui diffèrent d’une langue à une autre, c’est pourquoi R. L.

WHORF a refusé l’idée selon laquelle les hommes parlent une seule langue naturelle.

Non seulement les langues lointaines, mais aussi les langues européennes présentent des

différences entre elles, ajoutent-ils (2002).

Le sujet des visions du monde, est l’un des problèmes théoriques de la

traduction que G. MOUNIN a abordé dans ses ouvrages et le fait qu’il ne s’établisse pas

une entente parfaite dans les mondes de différentes langues, est une conséquence qui

fortifie la thèse de l’impossibilité de l’acte traduisant. Maintenant, nous devons entamer

61

le discours, toujours en marchant sur les traces de Z. KIRAN et A. KIRAN et le

LAROUSSE.

1.3.4. L’analyse Du Discours Ou La Linguistique Textuelle

Le LAROUSSE, définit d’abord le discours en tant que synonyme de la parole,

c'est-à-dire, qu’il est le langage mis en action, la langue assumée par le sujet parlant, et

deuxièmement, il le définit comme le synonyme de l’énoncé, c'est-à-dire, il est une

unité égale ou supérieure à la phrase ; il est constitué par une suite formant un message

ayant un commencement et une clôture, et en rhétorique, le discours est une suite de

développements oratoires destinés à persuader ou à émouvoir et structurés selon les

règles précises, et dernièrement, dans la linguistique moderne, le discours désigne tout

énoncé supérieur à la phrase, considéré du point de vue des règles d’enchaînement des

suites des phrases (150).

Nous avons appris que F. de SAUSSURE avait exclu tout ce qui est individuel

dans le langage pour qu’il puisse obtenir un objet concret à examiner et selon Z.

KIRAN et A. KIRAN, ses successeurs européens comme ceux de l’école de Prague et

de Copenhague et même L. BLOOMFIELD avec sa théorie de la linguistique

distributionnelle, étaient restés fidèles, en excluant eux aussi la parole hors du domaine

d’observation (2002). Nous avons appris aussi que cette réserve de mettre le côté

individuel du langage hors du domaine d’examen, a un inconvénient très important :

elle empêche de répondre à des questions comme qui parlent, avec qui, où, et quand,

c’est-à-dire, à des problèmes que crée le sujet parlant quand il utilise la langue dans des

situations déterminées. Si on exclut tous ce qui est individuel du langage, on exclut

toute une linguistique dite « discours ». C’était R. JAKOBSON, d’après Z. KIRAN et

A. KIRAN, qui avait fait cette critique et avait tracé sa route dans cette direction (2002).

Et l’objet de la linguistique du discours se borne à l’étude de la plus grande

unité de la langue qu’est la phrase et selon L. BLOOMFIELD, remarquent-ils, la phrase

est l’unité la plus grande de la description grammaticale et se forme d’unités plus petites

et modifiables, par contre elle ne peut pas être un élément formateur d’une unité plus

grande et c’est E. BENVENISTE qui a divulgué que la plus petite unité du discours est

la phrase. Avec la phrase, a dit E. BENVENISTE, d’après Z. KIRAN et A. KIRAN, on

a quitté le domaine de la langue qui est définit comme un système des signes et on a

62

pénétré dans l’univers du discours, dans le domaine de la langue qui est utilisé comme

un instrument de communication. Même s’ils recouvrent la même réalité, ces deux

univers, c’est-à-dire, l’univers du système des signes isolés et l’univers du discours, sont

en vérité différentes réalités. Leur route se croise à chaque instant, ils sont deux

particularités linguistiques différentes, à savoir que, d’un côté, il y a un ensemble des

signes formels systématisés, structurés, classifiés, divulgués par des méthodes

définitives et de l’autre côté, il y a la réalisation de la langue dans l’état de

communication (2002).

D’après Z. KIRAN et A. KIRAN, il faut mettre en évidence que le mot

« discours » comprend une ambiguïté dans un usage très vague en englobant les notions

de « mot », « texte », « énoncé » et selon G. PROVOST-CHAUVEAU, il est difficile de

cerner les usages du terme « discours » dans la linguistique. Ce terme, quand il ne fait

pas de référence aux notions de «parole » de F. de SAUSSURE ou de «’énoncé » de L.

BLOOMFIELD, est équivalent au « texte » dans le sens d’une structure achevée, clos

dont les éléments peuvent être définis par l’ensemble de ses propres rapports.

Pareillement, la phrase peut être conçue comme une certaine limite d’accent entre deux

souffles et dans le sens pragmatique, le discours est conçu parfois comme des

successivités des événements et cette description peut être valable pour les termes de

« l’énoncé » et du « texte » (2002).

D’après Z. KIRAN et A. KIRAN, le problème de l’analyse du discours que

l’on a rencontré à la fois dans le courant fonctionnaliste de l’Europe et dans le

distributionnalisme américain, est né au début des années 50,. Dans chaque attitude,

remarquent-ils, il s’agit de prendre conscience des limites que la linguistique lui a

imposées et de la tâche pour franchir ces limites. Cependant, il était indispensable qu’il

y a eu des divergences d’opinions parce que ces « limites » n’étaient pas de même sorte

dans les attitudes de chacun (G. PROVOST-CHAUVEAU in Z. KIRAN et A. KIRAN,

2002).

La linguistique, d’après Z.KIRAN et A. KIRAN (2002), s’intéresse au

fonctionnement général de la langue sans considérer les formes d’expressions propres à

un écrivain, à une période ou à une région. Or, l’analyse du discours est un courant

important en France, elle s’attache à la rhétorique et s’intéresse aux différentes sortes de

discours tels que, celui de la publicité, la philosophie, la science, la politique et la

63

didactique… Ces analyses s’appuient sur la langue parlée autant que sur la langue écrite

et on doit concevoir le terme du discours dans un sens très large parce que le discours

trouve sa place dans un grand éventail d’œuvres littéraires, de slogans politiques.

Nous voyons que la linguistique distributionnelle de L. BLOOMFILED et Z.

HARRIS a beaucoup contribué à faire avancer l’analyse du discours. Car, d’après Z.

KIRAN et A. KIRAN (2002), Z. S. HARRIS conçoit l’analyse du discours comme une

véritable recherche statistique et considère le corpus comme l’équivalent de la phrase et

applique des règles de transformation sur ces phrases afin de faire la comparaison entre

elles et ainsi il s’efforce de mettre en évidence les règles de l’union en déclarant que les

phrases se trouvant dans le même contexte, sont équivalentes.

Dans la linguistique distributionnelle, on ne fait pas de référence au sens et

ainsi le sujet d’examen ne se borne qu’à la phrase. Lorsque L. BLOOMFIELD

considère la phrase comme la plus grande unité d’observation, R. JAKOBSON, au

contraire, la considère comme la plus petite unité du discours. Il s’agit, à ce stade,

rappellent Z. KIRAN et A. KIRAN (2002), de deux niveaux d’analyse, même de deux

différentes linguistiques, la première acceptant la langue comme système purement

logique et la deuxième acceptant la langue comme instrument de communication.

Si on se réfère à cette deuxième linguistique, continuent-ils, ce qui constitue

l’analyse du discours est l’énoncé plutôt que la phrase et cette analyse recherche les

traces qui impliquent l’état de l’énonciation, c’est-à-dire, l’existence de la personne et

sa propre communication dans l’énoncé. Certes, ajoutent-ils, c’est le discours littéraire

qui est observé le plus et particulièrement, la stylistique entame l’observation

linguistique des textes littéraires en tant que sujet privilégié (2002).

D’après eux, alors que la linguistique structurale a longtemps été un référent

essentiel de l’analyse du discours et les théories de l’énonciation constituaient un cadre

général théorique pour lui, depuis les derniers trente ans, entre le moment où les

domaines de la linguistique et de l’analyse littéraire se sont recouverts, une nouvelle

branche de la science nommée « la linguistique textuelle »s’est développé (2002).

Cette nouvelle branche, d’après eux, se fixe comme tâche de mettre en

évidence comme la stylistique d’autrefois, les structures différentes d’un texte dans

l’état des relations des structures sociales qui l’entourent ou en dehors de ces états, d’un

64

point de vue descriptif et critique. Z. KIRAN et A. KIRAN (2002) nous suggèrent qu’il

y a deux mots clés dans ces théories de texte, que l’on doit bien retenir, l’un étant « les

actes de parole », l’autre étant « la cohérence textuelle ». Ces deux notions constituent

l’essence de toute sorte d’analyse textuelle. Les actes de parole produits par un locuteur

vers un récepteur, sont reliés strictement par le statut, par les relations de force et par les

intérêts et les fins personnels de ce locuteur et du récepteur, cette fonction que le

locuteur désire beaucoup voir se réaliser dans son propre texte qu’il produit, se

concrétise au niveau textuel dans une certaine cohérence qui oriente le récepteur à

certains actes et conséquences et toute cette structure se cristallise dans les particularités

co-textuelles et contextuelles du texte.

D’après Z. KIRAN et A. KIRAN, dans la linguistique textuelle, on peut

distinguer six niveaux essentiels, tels que,

1. Le niveau pragmatique : dans ce niveau, on s’intéresse à la

relation entre le texte et ceux qui utilisent le texte dans un contexte

particulier. Dans ce cadre, on observe les formes de l’argumentation

de la représentation.

2. Le niveau thématique : dans ce niveau, il faut limiter le fil du

développement thématique du texte et son thème. Il faut faire

ressortir le thème essentiel, les thèmes secondaires, les arguments,

les exemples, les citations. S’il s’agit d’une œuvre fictive, l’analyse

thématique consiste à mettre en évidence les éléments qui

constituent l’univers fictif, tels que les personnages, l’espace, le

temps, la situation, etc. Et en plus, il faut faire attention au principe

de la cohérence textuelle.

3. Le niveau sémantique : C’est le niveau dans lequel le texte, la

phrase et le mot s’observent minutieusement.

4. Le niveau syntaxique : C’est le niveau dans lequel on examine

l’organisation syntaxique du texte.

5. Le niveau rhétorique : C’est le niveau dans le quel on observe les

figures de rhétorique comme les anaphores, les antithèses, les

ironies, les métonymies, les métaphores, les rimes, les allitérations.

6. le niveau idéologique

65

D’après Z. KIRAN et A. KIRAN (2002), il existe une relation étroite entre la

langue et l’idéologie. Chaque individu, « le créateur de texte », transmet les idées et les

valeurs qui s’installent dans la langue aux autres, par conséquent, il est une obligation

d’ajouter à l’analyse textuelle, la dimension de l’idéologie. En bref, le linguiste vise à

examiner les unités plus grandes que la phrase que sont le texte et l’objet concret de « la

linguistique textuelle » ou « la grammaire textuelle » qui constitue la textualité. Nous

voulons rappeler la définition du texte donnée par J. P. SARTRE que nous avons cité

dans notre étude de maîtrise (F. N. KASIMOĞLU, 2001).

Comme Z. KIRAN et A. KIRAN (2002) l’ont noté, le texte est une unité, est

autre chose qu’une série de phrases qui s’articulent l’une après l’autre, comme l’a dit J.

P. SARTRE, il est la totalité organique (2001). Et selon ces deux linguistes, cette unité

qu’est le texte comprend les relations de la cohésion et de la cohérence.

Observer la cohésion du texte, d’après eux, c’est d’observer l’articulation des

phrases l’une après l’autre (les itérations des pronoms, des temps verbaux et des

conjonctions, etc.). Tandis que, la cohérence d’un texte provient des règles qui sont

concernées par l’organisation d’une sorte de discours auquel ce texte appartient et il

n’est pas facile de distinguer définitivement ces deux plans parce que l’un est au-dedans

de l’autre dans le processus de la compréhension. En conséquence, l’analyse du

discours ou la linguistique textuelle se contente dans une grande mesure d’observer la

structure de surface du texte et ne s’intéresse pas à la structure profonde (2002).

1.4. La Traduction Comme Une Activité Humaine Universelle

Après avoir passé en revue toutes les étapes que la linguistique générale et

appliquée, nous sommes prêts maintenant à entamer l’activité de la traduction. Nous

pensons que si nous n’avions pas suivi la démarche que nous avons adoptée jusqu'à

maintenant, nous ne serions pas parfaitement aptes à comprendre l’essence de cette

activité et nous ne pourrions pas la situer parmi les phénomènes du langage humain.

Avant d’entrer dans le monde très complexe, très sensible et très controversé

de l’activité de traduction, nous voulons tourner notre regard vers le passé, vers

l’histoire de cette activité, pour mieux comprendre son essence.

66

L’histoire de cette activité peut être même beaucoup plus intéressante à

connaître que les autres sujets abordés jusqu'à présent. De la tour de Babel à William

TYNDALE, qui a payé de sa vie en étant brûlé, pour avoir traduit la Bible, en anglais

(S. ERUZ, 2003), l’histoire de cette activité universelle humaine nous raconte le destin

de l’humanité, nous fait apprendre, nous donne beaucoup de prise sur nous-mêmes.

Nous savons tous que l’activité de traduction, est aussi ancienne que l’histoire

de l’humanité. Et tant que les notions de l’Etrangeté, de l’Autre et du Même dont N.

ASLAN a parlé dans sa thèse de doctorat (1996) existeront, l’activité traductive existera

aussi. D’après elle, ces trois notions ont poussé l’humanité à traduire, à traduire et à

traduire, durant toute l’histoire et elle souligne que « l’importance attribuée à l’activité

traductive est un indice de la sécularisation » (1996, 1), N’est-il pas vrai que les

traductions de la Bible dans leur propre langue par Martin LUTHER et William

TYNDALE en traduisant la Bible, avaient contribué au développement du laïcisme ?

Dans le processus de la communication interculturelle, dit-elle, on a toujours eu

recours à la traduction pour surmonter cette difficulté langagière, pour se faire

connaître aux autres, et pour connaître les autres (1996, 1). « Cette difficulté

langagière » implique l’existence des milliers de langues attachées à des milliers de

cultures et l’impossibilité de communiquer avec l’une de ces cultures, si on ne la

connaît pas (1996, 1).

D’après Z. KIRAN et A. KIRAN, l’homme est un être unique qui donne un

sens au monde et le sens est l’essence de lui-même. La vie actuelle, disent-ils, veut

qu’on réduise cette polysémie à la monosémie, tandis que l’homme doit faire gagner à

sa vie, l’immense variance des sens virtuels. Sinon, l’être humain ne peut pas être lui-

même, il devient alors une abeille ou une fourmi (2002).

L’homme, continuent-ils, a progressé en ramenant tout à l’unique et en

agrandissant à l’infini. Pourtant, il a besoin d’un instrument d’identification très forte

qui est la traduction pour que cet avancement ne se transforme pas en une catastrophe.

Le besoin de communication, ajoutent-ils, a entraîné la naissance de cette activité et tant

que les langues se sont diversifiées, elle est devenue une obligation, une exigence

incontournable et c’est ainsi que l’homme a trouvé une solution à la punition de Babel

(2002).

67

D’après Le LAROUSSE, la traduction grecque de l’Ancien Testament, dite

« des Septante », la traduction latine de la Bible par saint Jérôme, la VULGATA, sont

les plus anciens exemples de traduction. Mais, il ajoute aussi que les textes littéraires de

l’Antiquité ont joué un grand rôle, comme les nombreuses traductions de l’Iliade et de

l’Odyssée, et dans l’origine des littératures, voire les langues nationales européennes se

trouve encore la traduction : l’allemand moderne est, pour l’essentiel, celui de la

traduction de la Bible par Luther ou comme la littérature française qui ne s’est inspirée

que des chefs-d’œuvre antiques par la voie de simple adaptation de la traduction (486).

Il remarque que la traduction tend à devenir l’objet d’une discipline spécifique, la

traductologie, dans le contexte d’une linguistique rigoureuse, et en relation avec le

développement de la traduction comme domaine d’activités professionnelles et

institutionnelles sans cesse croissant en raison de l’intensification des relations

internationales, ce qui a poussé les théoriciens à bâtir des théories de la traduction sur le

principe de l’équivalence fonctionnelle entre énoncé-source et énoncé-cible dans une

même situation (486).

Donc, comme S. ERUZ a souligné dans son ouvrage ÇEVIRIBILIM (2003), la

traduction qui parait parfois comme une révolte, prend vie à condition que deux cultures

commencent à vivre ensemble. A ce propos, elle fait une citation sur H. J. STÖRİG qui

donne l’exemple de l’activité traductive à TOLEDO. Elle remarque que la traduction

rend compréhensible ce qui est incompréhensible et corrompt l’inviolabilité, la divinité

des textes sacrés et ainsi, le texte source peut être lu et compris par tout le monde et les

textes qui sont compris, orientent les gens à penser en interrogeant la croyance aveugle,

en faisant les premières enjambées vers la scientificité (2003).

Au cours de l’histoire de l’humanité, dit S. ERUZ, l’activité traductive a été le

moyen pour l’homme de combler son ignorance et de s’ouvrir l’esprit. Mais, il ne faut

pas en tirer la conséquence, ajoute-elle, que l’activité traductive est une fin en soi.

Certes, la traduction peut se vêtir d’un caractère positif ou négatif, utilisée pour des

objectifs sociaux et politiques. Une autre fonction de la traduction, précise-t-elle, est de

contribuer à enrichir la langue-cible pour qu’elle puisse prendre existence dans le

contexte de la culture-cible (2003).

Au cours de l’histoire de l’humanité, d’après S. ERUZ, la fonction principale

de la traduction a été d’ouvrir de nouvelles fenêtres, pour ouvrir les yeux de ceux qui

68

lisent. La nature de la traduction, d’après elle, est de connaître l’autre culture, de la

comparer avec elle-même et ainsi d’ouvrir de nouveaux horizons au lecteur, tant qu’on

ne dévie pas les textes et les objectifs. Dans cette circonstance, les approches de l’acte

traduisant changent d’une époque à l’autre selon les périodes de développements socio

économiques, culturels et scientifiques dominants (2003).

S. ERUZ dit que le sujet essentiel qui s’étend à toute l’histoire, est les

traductions « fidèles » et « libres » et nous rencontrons ces notions dans les pages

d’histoire parfois, sous diverses formes d’expression telles que, VERBUM e VERBO

(mot à mot), SENSUM de SENSU (la traduction du sens), IMITATIO (l’imitation du

texte source), AEMULATIO (l’approche consistant à créer un texte supérieur au texte

source). Jusqu'au XXe siècle, continue-elle, toutes les discussions menées dans le cadre

de ces approches reposaient essentiellement sur l’immunité du texte source. Aux les

XIXe et XXe siècles, et sous l’influence du courant romantique, ces discussions que

l’on a élevée au niveau scientifique, aboutissent au développement de la notion de

l’intraduisibilité, accompagnées des développements herméneutiques, dans au XXe

siècle (2003).

En conclusion, déclare S. ERUZ, même si l’on peut rencontrer ces approches

imbriquées dans les autres ou certaines de ces approches peuvent venir se placer au

premier plan par période, il n’existe pas une approche générale systématique que l’on

peut graduer concrètement au cours de l’histoire (2003).

N. ASLAN cite E. CARY qui dit que notre époque est celle de la traduction

(1996, 7). Et les tous premiers pas de cette époque, d’après S. ERUZ, sont évidemment

ceux de la révolution industrielle qui a éclaté vers la fin du XVIIIe siècle en Angleterre

avec laquelle toutes les nations se sont retrouvées davantage liées en raison des

développements technologiques et de divers besoins des sociétés qui sont apparus, de

telle sorte que quand on est arrivé au XIXe siècle, les développements dans les domaines

de la science et de la technique se sont accélérées. Ensuite après la Ie et la IIe guerre

mondiale, le monde a été obligé d’entrer dans une nouvelle ère, ce qui signifie que la

traduction a du s’adapter en une exigence urgente pour faire face à de nouvelles sortes

de texte qui n’existaient pas auparavant (2003).

69

Comme nous en avons parlé déjà et S. ERUZ le dit encore une fois, la

linguistique avait longtemps considéré son propre objet qu’est la langue coupée du

contexte. Mais, avec le changement du paradigme dans les années soixante, remarque-

elle, la linguistique, a commencé à prendre en considération le texte et les facteurs qui

constituent le texte, et quand on a arrivée aux années quatre vingt, la dimension de

communication dans la matière des développements de la linguistique textuelle, a été

inclue dans les études (2003).

Quant à la traductologie qui s’est enrichie peu à peu au cours de ce processus,

elle a profité des notions de linguistique, dit S. ERUZ. Cependant, rappelle-t-elle,

certains linguistes avaient conscience que ces notions n’étaient pas conformes à la

position de la traduction propre à elle-même. Par exemple, elle cite W. DRESSLER qui

a attiré l’attention sur le fait que le texte source et le texte cible ne peuvent pas être

équivalent en raison des différences de culture et de langue. Or, continue-t-elle, les

traductologues, même dans les années soixante-dix, insistaient encore sur ces notions,

de temps en temps parce que c’était une époque où la traductologie cherchent son

identité pour pouvoir établir sa propre terminologie et à la fin d’un processus poignant,

la traductologie est enfin parvenu à définir sa propre terminologie vers la fin des années

soixante-dix et le début des années quatre-vingt (2003).

La science et l’art, sont deux couloirs différents. On le sait, le premier est un

fleuve dans lequel l’eau ne coule pas de la même façon que dans celui de l’art. La

science s’occupe des objets, des êtres vivants, de la nature, de l’univers, de tout ce qui

existe déjà, mais énigmatiquement tout de même, tandis que l’art s’occupe de la

création pure des choses qui n’existaient pas auparavant et l’acte de la traduction trouve

sa place serrée au milieu de ces deux couloirs. Nous ne pouvons pas réclamer qu’elle ne

soit qu’une science pure ou qu’elle ne soit qu’un art pur, mais plutôt qu’elle est un

caractère à la fois scientifique et artistique.

Il y a quelque chose d’intouchable dans l’acte traduisant, quelque chose, un

espace qui n’est pas à la portée de la main scientifique. C’est l’espace subjectif des

acteurs de ce jeu, c’est l’espace de libre choix du langage personnel, c’est l’espace des

paroles, de visions et d’interprétation unique du monde. Mais, il faut voir la différence

entre l’acte purement créatif et l’acte traduisant qui est au-dessus du premier. Le

premier acte consiste à créer un texte qui n’existait pas auparavant, tandis que le

70

deuxième consiste à traduire un texte présent en une autre langue, ce qui signifie qu’il

s’agit de recréer le texte dans une autre langue.

D’après J.P. VINAY et J. DARBELNET, cette subjectivité personnelle vient

de l’exploration incomplète de la réalité. Pour eux, la traduction est une discipline

exacte qui possède ses techniques et ses problèmes particuliers et s’il y a plusieurs

traductions d’un même original, cette non-univocité ne provient pas d’un caractère

inhérent à notre discipline, mais plutôt d’une exploration incomplète de la réalité et

pour résoudre ce problème, ils ont proposé de connaître mieux les méthodes qui

gouvernent le passage d’une langue à l’autre et d’en arriver dans un nombre toujours

plus grand de cas à des solutions uniques et de cette manière nous parvenons à avoir un

critère quantitatif pour rendre compte de l’exploration du texte, et nous pouvons même

exprimer par un pourcentage le nombre de cas qui échapperaient encore à l’univocité

(1964, 23-24).

Il est impossible d’examiner ce qui se produit dans la conscience d’un écrivain

au moment ou il crée son texte, tandis que le traducteur travaille sur un texte concret

déjà créé, ce qui lui permet d’y intervenir par la voie de la science, puisque la science

étudie sur des donnés concrète. De cette manière, nous pouvons examiner le processus

du passage d’une langue à une autre et après quoi, on peut reconnaître à l’acte traduisant

son identité artistique dans une certaine mesure. La traduction devient un art apparenté

à l’art, une fois qu’on en a assimilé les techniques dans l’objectif de l’exploration

méthodique de la réalité (24).

Comme Z. KIRAN et A. KIRAN le remarquent, en réalité, la traduction est une

opération de transformation des formes et dans chaque transformation, la traduction

nécessite la protection d’une vérité inchangée que l’on peut définir comme une

équivalence sémantique parfaite entre le texte source et le texte cible. La traduction

opérée à l’intérieur d’une même langue, se contente de réorganiser un énoncé, tandis

que la traduction d’une langue à une autre s’efforce de réaliser ce passage (d’une langue

à une autre) en trouvant une paire de relations entre les textes et les langues. Ainsi on

met en évidence le plus important problème de la traduction qu’est « l’équivalence dans

l’opposition » (2002).

71

Il résulte trois conséquences de cette notion d’équivalence dans l’opposition :

premièrement, l’acte traduisant peut être naturellement possible, deuxièmement, il ne

peut pas l’être et troisièmement, il ne le peut que partiellement. Trois thèmes essentiels

de la traductologie peuvent être ainsi dégagés : la traduisibilité, l’intraduisibilité et la

traduisibilité partielle, comme l’a remarqué N. ASLAN dans son étude de doctorat

(1996). Nous pouvons aisément dire que la traduction s’est d’abord attachée a son côté

négatif, c'est-à-dire, à l’impossibilité de se faire, ce qui nous oblige d’abord à parler de

la notion de l’intraduisibilité.

Comme on le sait, le plus ancien défenseur de l’intraduisibilité était Cicéron. Il

était l’un des traducteurs le plus célèbre des temps anciens avec Saint-Jérôme et il avait

proposé deux méthodes de traduction qui distinguaient strictement la traduction littérale

de la traduction du sens (A. GÖKTÜRK, 1994). Il inclinait vers la traduction du sens en

recommandant de ne pas traduire mot à mot ou littéralement (ALBIR in N. ASLAN,

1996).

Quant à Saint-Jérôme, il était le premier qui mettait en cause les types de texte

et la traduction selon ces types. D’après N. ASLAN, « le principe de l’intraduisibilité

que Cicéron a défendu est devenu un point de départ aussi pour les philosophes de

langue et les grands écrivains du 19e siècle » (1996, 19). Apres Cicéron, le tour de

défendre l’intraduisibilité est passé d’abord à SCHLEIEMACHER, puis à

HUMBOLDT. Leur thèse était solide et claire partant de l’idée de la vision du monde

qui diffère d’une langue à une autre.

L’argument selon lequel « chaque langue a une vision du monde », trouve sa

plus claire définition dans J. TRIER que G. MOUNIN a extrait dans son ouvrage Les

problèmes théoriques de la traduction (1963, 44-45) :

Chaque langue est un système qui opère une sélection au travers et aux dépens de

la réalité objective. En fait, chaque langue crée une image de la réalité, complète, et

qui se suffit à elle-même. (…) Les éléments de la réalité du langage dans une

langue donnée ne reviennent jamais tout à fait sous la même forme dans une autre

langue, et ne sont pas, non plus, une copie directe de la réalité

72

Nous nous référons à la théorie de SAPIR-WHORF, comme l’a fait N.

ASLAN, pour voir combien la pensée humaine dépend d’une langue maternelle pour se

réaliser:

Chaque langue est un vaste système de structures, différent de celui des autres

(langues), dans lequel sont ordonnées culturellement les formes et les catégories

par lesquelles l’individu non seulement communique, mais aussi analyse la nature,

aperçoit ou néglige tel ou tel type de phénomène ou de relations dans lesquelles il

coule sa façon de raisonner, et par lesquelles il construit l’édifice de sa

connaissance du monde. (WHORF in N. ASLAN, 1996, 20)

Selon cette thèse, il est donc impossible de transmettre n’importe quelle idée

dans une autre langue, comme elle l’a dit, N. ASLAN (1996, 20). Nous pensons qu’il ne

faut pas donner beaucoup d’importance à cette notion de « transmettre des idées d’une

langue à une autre » parce qu’il n’est que de redire cette idée à la façon de l’autre

langue. C’est pourquoi, cette impossibilité ne constitue pas un obstacle pour la

traduction.

Maintenant, nous devons nous initier aux théories actuelles de la traduction

qu’est la focalisation sur le texte cible.

1.4.1. Les Théories De La Traduction Orientées Sur Le Texte Cible

D’après S. ERUZ, la notion de l’intraduisibilité, c'est-à-dire l’immunité du

texte source, a abouti à sa fin, lorsque M. LUTHER a dit qu’il avait traduit la Bible dans

la langue que le peuple puisse comprendre (2003). Car, continue-t-elle, le texte cible est

un nouveau texte qui est produit pour une culture tout-à-fait différente en prenant en

considération tout le contexte de cette culture. De cette manière, une traduction orientée

sur le texte source sans prendre en considération le contexte de la traduction, est un

produit « bizarre » dans lequel on a utilisé une langue sans scrupule adaptée aux

structures de la langue source (2003).

Le sens commun de ces théories et approches dont l’objectif essentiel est de

prendre en considération le processus de la traduction et le milieu culturel dans lequel se

constitue le texte cible, mais aussi de contenir la description du texte source, est qu’ils

73

partent du fait que le texte cible est produit de manière à ce qu’on le reçoive

fonctionnellement dans la culture cible, note S. ERUZ (2003).

1.4.1.1. GIDEON TOURY Et Les Etudes Descriptives

La contribution des traductologues Israéliens, HOLMES et TOURY, au

fondement scientifique de la traduction, est énorme, selon S. ERUZ. Selon TOURY, dit

S. ERUZ, la notion de « l’équivalence » n’est pas conforme à la nature de la traduction

et cette notion dans sa signification répandue dans les milieux de la traductologie,

endommage la traductologie et il défend que les études de traductologie doivent partir

du système cible, car chaque traduction est un texte construit selon les propres normes

de la culture cible. En marchant sur les traces du projet inéprouvé de HOLMES,

présenté en 1972, TOURY examine la traductologie dans trois domaines en état

d’interaction réciproque, tels que, la théorie de la traduction, les études descriptives et

la traductologie appliquée (2003).

D’après ce que nous comprenons de toutes ces explications, on peut dire, pour

résumer, que le texte source est pour la culture source et le texte cible est pour la culture

cible parce que, comme S. ERUZ le dit, le traducteur ne peut pas prendre en

considération l’immunité du texte source dans le processus de la traduction, car le texte

qu’il produit, est produit entièrement pour la culture cible et, ce qui importe, c’est que le

texte cible parle dans la culture cible et le texte source ne peut être le sujet d’examen

que dans le processus d’études descriptives (2003).

Et ainsi TOURY, conclut S. ERUZ, fait une approche supplétive, objective et

systématique. Cette approche est très importante, dit-elle, pour une période dans

laquelle on croit que la critique de la traduction est la chasse de la faute en partant en

général de l’équivalence au niveau du mot. Elle finit par souligner qu’avec TOURY, la

thèse du fait qu’en réalité le texte cible est le produit de la culture cible, commence à

gagner de la validité (2003).

1.4.1.2. HOLZ-MAENTTAERI Et La Traduction En Tant Qu’activité

D’après S. ERUZ, le traductologue finlandais, HOLZ-MAENTTAERI, est un

traducteur de métier, pour qui la traduction est une sorte d’activité faite dans un objectif

précis et cet objectif est orienté par la société basée sur la division du travail. Le texte

74

cible et son contexte soit constitué d’après ce que le milieu de la culture cible exige et le

produit est une forme d’activité complexe, conçue de nouveau par un vrai compétant de

communication qu’est le traducteur. Puisqu’il ne peut pas exister une activité sans

objectif, la traduction en a un aussi et cet objectif est réalisé en prenant en considération

les normes de la culture cible en vue d’assurer la communication entre les cultures dans

lesquelles le traducteur a une position de compétant de communication qui sait ce qu’il

fait et peut prendre des décisions (2003).

1.4.1.3. La Théorie de SKOPOS de K. REISS et de H. J. VERMEER

Maintenant, nous allons prendre connaissance des théories fonctionnelles de

traduction dont H. J. VERMEER a jeté les fondements dans son article publié en 1978,

toujours en marchant sur les traces de S. ERUZ.

D’après S. ERUZ, H. J. VERMEER et K. REISS, dans leur étude commune

qu’ils ont réalisée en 1984, ont développé une approche qu’ils ont nommée la théorie de

SKOPOS et qui exprime l’activité traductible conforme à son propre objectif.

Nous voyons que cette théorie est un autre exemple des théories de traduction

focalisée sur le texte cible. Le mot SKOPOS, selon S. ERUZ, est un mot Grec qui veut

dire objectif, conséquence, affaire planifié. Le principe est évident : le texte cible qui

doit être cohérent dans la culture cible, est constitué d’après ce qu’il reçoit dans le pays

cible.

Nous apprenons que H. J. VERMEER a réévalué cette théorie dans ses articles

qu’il a publiés en 1990, dans un point de vue plus large qu’auparavant, à savoir que :

• Le traducteur évalue le texte comme s’il lui était présenté comme une

proposition et il le traite selon ses propres objectifs

• Il existe une relation de l’offre et de la demande. Le texte cible s’en

profit de texte source selon la demande et il est constitué par la

demande

• Le traducteur est compétant pou faire une excellente observation. Il est

compétant au niveau de la culture et, sans cesse, fait des interprétations

et prend des décisions.

75

• Dans le processus de traduction, le traducteur doit reconstituer le texte

cible en prenant en considération les dimensions PARA (sociale), DIA

(culture de la communauté à laquelle il appartient), IDIO (culture

individuelle) qui l’influencent

• Pour que l’interaction culturelle puisse être assurée dans la dimension

de communication, le traducteur doit prendre des décisions justes en

surmontant toutes les interdictions que ces cultures mettent en jeu ou en

rendant les relations transparentes. Il peut réaliser cette tâche à

condition d’avoir une excellente compétence de traduction qui

comprend des connaissances en matière de méthodes traductologiques,

de linguistique textuelle, la compétence pour rédiger des textes, les

connaissances dans les domaines de spécialité, un large éventail de

culture et les compétences d’observation et d’interprétation

En conclusion, d’après S. ERUZ, les considérations sur l’immunité du texte

source ont été réfutées par toutes ces théories que nous avons essayé de résumer ci-

dessus parce que, dit-elle, dans la vraie opération traductive, la traduction est une

opération qui fonctionne qu’au cas où elle réussit à vivre dans le milieu culturel du texte

cible. Pour soutenir cette thèse, S. ERUZ fait une analogie avec un enfant qui est venu

au monde dans la culture source et qui va s’adapter aux normes de la culture cible,

lorsqu’il grandit dans cette culture cible parce qu’il est de son intérêt d’être une partie

de cette culture de telle manière qu’il puisse mener sa vie sans être traumatisé. De

même que quand un être vivant qui est née dans un climat chaud, vit dans un climat

froid, il doit s’y adapter, de même le texte cible doit être composé selon les normes de la

culture cible et en plus, il doit être réécrit, ce qui implique que la traduction, c’est-à-

dire, le texte cible est une sorte de texte qui se forme à la fin d’un processus dynamique

si nécessaire selon les conditions, en tenant compte des normes sociales (S. ERUZ,

2003).

Avant de clore ce sujet sur les théories focalisées sur le texte cible, nous

voulons ajouter, grâce à S. ERUZ, quelques points complémentaires qui peuvent

éclairer sur ce que doit être l’identité d’un traducteur en voie de réaliser sa vocation de

se focaliser sur la culture cible.

76

Selon ces théories fonctionnelles, dit S. ERUZ, un traducteur est comme un

chef d’orchestre qui sait exactement ce qu’il doit faire pour qu’un air de musique puisse

éveiller la plus forte influence sur les auditeurs. Il est dans la position du consultant qui

peut justifier de son acte (2003).

En réalité, le traducteur est un organisateur, dit S. ERUZ, qui sait ce qu’il doit

faire et quand est-ce qu’il doit le faire pour que le texte parle, un organisateur qui est sûr

de lui-même,. Selon les termes de AJOLLO, ajoute-elle, le traducteur est une personne

qui peut marquer son travail de sa présence ou non, comme un choix consciencieux. Il

ne s’abrite pas désormais derrière d’autres métiers, comme médecin, homme d’état ou

politicien avant d’être traducteur parce qu’il n’est pas censé savoir tout parce qu’il est

compétant au niveau de la communication qui se présente devant lui sous une identité

de traducteur sûr de lui-même et qui suppose un minimum d’erreur.

A l’aide de S. ERUZ, nous avons essayé de comprendre le niveau du

développement que la pensée de l’activité traductible a acquis de nos jours. Il faut

maintenant retourner au problème de l’équivalence pour mieux comprendre.

1.4.2. L’équivalence : La Balance Qui Assure L’équilibre De Deux Langues

Lorsque L’une Est Traduite En L’autre

Dans la définition non traductologique, mais purement linguistique, la notion

de l’équivalence, faite par Le LAROUSSE, englobe l’implication réciproque (1989,

185). Si une phrase P, implique une autre phrase S et que cette S implique inversement

P, la phrase P et la phrase S sont dites équivalentes. C’est la définition linguistique de la

notion de l’équivalence. Par contre, la notion de l’équivalence dans la traductologie,

comme l’a dit N. ASLAN, « est l’un des points très importants avec la traduisibilité et

l’intraduisibilité » (1996, 25) et elle n’a rien de commun avec la définition linguistique

du terme.

On connaît très bien l’argument selon lequel les cultures sont impénétrables les

unes les autres et l’acte traduisant se charge de surmonter cet obstacle. Comme nous

l’avons déjà mentionné de S. ERUZ, W. DRESSLER avait averti que la notion de

l’équivalence linguistique nuit à l’identité scientifique de la traduction. Donc, l’acte

77

traduisant ne peut pas établir une équivalence entre deux cultures, mais il s’efforce de le

faire, autant qu’il le peut.

Selon, N. ASLAN, on n’a pas pu précisé les critères de l’équivalence dans les

recherches faites jusqu'à nos jours, étant donné que cette notion est aussi relative et

complexe comme la traduisibilité et elle ajoute que « d’après la théorie de la traduction

moderne, on doit viser à une équivalence, non seulement dans le domaine lexical, mais

aussi dans celui du syntagme, de la phrase, et du texte » (1996, 27). D’après elle, il faut

tenir compte à côté des facteurs linguistiques et textuels, d’autres facteurs tels

qu’extralinguistiques, socioculturels, individuels, et il existe non un seul type ou une

nature unique d’équivalence, mais plusieurs qui proviennent du caractère

pluridimensionnel de la traduction, classifiés par plusieurs traductologues, comme

MOUNIN, NİDA, KOLLER, LEDERER et elle cite certaines classifications de certains

traductolgues connus, comme par exemple, KOLLER qui en distingue cinq groupes et

NİDA, deux en partant de la traduction de la BIBLE et LEDERER qui fait une

distinction entre l’équivalence et la correspondance (1996, 27).

Nous ne voulons pas entrer dans le détail de ces classifications en supposant

que dans l’enseignement global de la traduction, un apprenti traducteur est censé avoir

un cours élémentaire sur les théories de la traduction mais nous voulons faire un petit

rappel sur la distinction de la correspondance et de l’équivalence de M.LEDERER que

nous avons déjà étudié, dans notre étude de maîtrise (2001).

En somme, N. ASLAN veut dire que prendre en considération toutes les

dimensions jouant un rôle lors du processus de traduction, est une tâche extrêmement

difficile, vu les différences radicales entre les cultures ou les visions du monde, de

manière que certaines d’entre elles peuvent prévaloir sur d’autres et on ne peut parler

que de quasi-perfection et non d’identité. Elle considère l’équivalence dans deux sens,

l’un étant strict dans lequel on parvient à établir une équivalence une à une ou non,

l’autre étant large dans lequel on parvient à établir une équivalence optimale de

l’expression du texte de départ en langue d’arrivée (29).

A ce stade, nous voulons profiter de ce que N. ASLAN a voulu examiner les

cinq types d’équivalences de KOLLER, dans le domaine lexical (29) :

78

1. Equivalence une à une : Dans ce type d’équivalence, un message dans

la langue de départ, a un équivalant direct dans la langue d’arrivée. Par

exemple, le mot « oiseau » en français, est l’équivalant de « KUŞ » en

turc

2. Equivalence plusieurs à une : Dans ce type d’équivalence, un

message dans une langue de départ, a plus d’un équivalant dans une

langue d’arrivée. Par exemple, la belle sœur a quatre équivalents en

turc : « GÖRÜMCE », « BALDIZ », « YENGE », « ELTİ ».

3. Equivalence une à plusieurs : Dans ce type d’équivalence, plusieurs

messages qui sont partiellement équivalant à l’intérieur d’une langue de

départ, n’ont qu’un seul équivalent dans la langue d’arrivée. Par

exemple, les mots, «SHEEP » et « MUTTON » de l’anglais, ne peuvent

être traduit que par « mouton » en français

4. Equivalence zéro à une : Dans cette situation, il n’existe pas un

équivalent d’un message d’une langue de départ, dans une langue

d’arrivée. Par exemple de N. ASLAN cite les mots « ŞALVAR » ou

« AYRAN » du turc qui n’ont pas d’équivalant en français (31).

5. Equivalence partielle à une : Dans ce type d’équivalence, un message

dans une langue de départ, a un équivalent partiel dans une langue

d’arrivée.

N. ASLAN souligne que l’on n’a pas encore de modèles concrets et précis

pour les dimensions de la phrase, le syntaxe, le syntagme, etc., et ni pour la dimension

extra linguistique (31). Maintenant, nous étudierons sur les procédés de traduction, en

marchant sur les traces de N. ASLAN, car nous pensons que ce sera très utile pour un

apprenti traducteur de connaître ces procédés.

1.4.3. Les Procédés De Traduction

Comme dans toutes les autres sciences, de même que la chimie recherche la

plus petite unité (l’atome », le traductologue, lui-même, n’a pas tardé à rechercher ses

propres unités de traduction. Mais, quand il s’agit d’une unité proprement dite pour

l’activité traductible, on doit entendre techniques ou procédés de traduction, puisque la

traduction est une activité. Autrement dit une unité de traduction n’est qu’un processus

79

d’action du traducteur. « Une fois posés les principes théoriques, sur lesquels repose la

stylistique comparée, il convient d’indiquer quels sont les procédés techniques auxquels

se ramène la démarche du traducteur. », disent-ils, J.-P. VINAY et J. DARBELNET

(1964, 46).

D’après eux, « au moment de traduire, le traducteur rapproche deux systèmes

linguistiques, dont l’un est exprimé et figé, l’autre est encore potentiel et adaptable »

(1964, 46). Le premier système linguistique, exprimé et figé, est le point de départ du

traducteur vers un point d’arrivée qu’il élabore dans son esprit, et qui n’est pas encore

exprimé et figé. Il commence d’abord par explorer le texte et continue d’évaluer le

contenu descriptif, affectif et intellectuel des unités de traduction qu’il a découpées et

enfin il reconstitue la situation qui fournit le message et il arrive à un moment où son

esprit s’arrête sur une solution (1964, 46).

Le fait que l’esprit du traducteur s’arrête à une solution, veut dire qu’il utilise

certains procédés personnels, qui provient de la nature de l’activité, c’est-ce que J.-P.

VINAY et J. DARBELNET visent à préciser. Ces procédés ou ces voies paraissent

multiples, mais ils se laissent ramener à sept. Ils correspondent à des difficultés

croissantes et peuvent s’employer isolément ou à l’état combiné (1964, 46).

D’après eux, ces sept procédés fonctionnent en deux directions, l’une étant la

traduction directe ou littérale, l’autre étant la traduction oblique. Dans la première

direction, le message dans la langue de départ se laisse transposer sans obstacle dans le

message de la langue d’arrivée parce qu’il repose sur des catégories parallèles

(parallélisme structurale) ou sur des conceptions parallèles (parallélisme

métalinguistique). Mais, dans la deuxième direction, le traducteur fait face à des trous,

des lacunes dont il ne peut de se débarrasser qu’en les comblant par des moyens

équivalents. En somme, dans ces sept procédés, les trois premiers sont directs et les

quatre derniers sont obliques (1964, 46). Examinons-les :

1. Procédé No 1 : l’emprunt. On a recours aux emprunts pour trahir des

lacunes, des lacunes métalinguistiques comme des techniques

nouvelles, des concepts inconnus. C’est le plus simple de tous les

procédés. Il n’est même pas considéré comme un procédé, par J.-P.

VINAY et J. DARBELNET. Ces auteurs remarquent qu’il se trouve des

80

emprunts anciens dans les langues qui sont rentrés dans le lexique en

tant que servitudes linguistiques, comme « alcool », « redingote »,

« paquebot » en français. Mais, ce sont les emprunts nouveaux ou

personnels qui intéressent le traducteur (1964, 28).

2. Procédé No 2 : le calque. D’après eux, « le calque est un emprunt d’un

genre particulier : on emprunte à la langue étrangère le syntagme, mais

on traduit littéralement les éléments qui le composent (VINAY-

DARBELNET, 1964, 47). Par exemple, « science-fiction » en français,

est calqué « bilim-kurgu » en turc ou « l’aéroport » en français, est

calqué « hava limanı », « la lune de miel », « balayı » (N. ASLAN,

1996, 34).

3. Procédé No 3 : la traduction littérale : D’après eux, « la traduction

littérale ou mot à mot désigne le passage de LD à LA aboutissant à un

texte à la fois correct et idiomatique sans que le traducteur ait eu à se

soucier d’autre chose que des servitudes linguistiques »

Si ces trois procédés de traduction nous suffisaient de « A » à « Z » à traduire

sans avoir besoin de l’intervention de procédés stylistiques spéciaux, l’ouvrage de

VINAY-DARBELNET n’aurait pas de raison d’être et il suffirait de s’adresser à des

machines à mémoire électronique de traduction, ils le mentionnent. Mais, lorsque le

procédé de la traduction littérale est reconnu inacceptable par le traducteur, alors il

convient de faire appel à la traductologie (1964, 49). Par inacceptable, ils entendent que

« le message, tel qu’il se laisse rédiger littéralement,

1. donne un autre sens

2. n’a pas de sens

3. est impossible pour des raisons structurales

4. ne correspond à rien dans la métalinguistique de LA

5. correspond bien à quelque chose, mais non pas au même niveau de

langue » (1964, 49)

Alors vient la tour des procédés de traduction oblique, comme la transposition,

la modulation, l’équivalence, l’adaptation. Voyons-les :

81

1. Procédé No 4 : la transposition. On remplace une partie du discours

par une autre, sans changer le sens du message. Ce procédé peut aussi

bien être appliqué pour la traduction intra-linguale. Par exemple, «il a

annoncé qu’il déclarerait » peut être transposé à l’intérieur d’une langue

par « il a annoncé sa déclaration ».

2. Procédé No 5 : la modulation. D’après eux, « la modulation est une

variation dans le message, obtenue en changeant de point de vue

d’éclairage. Elle se justifie quand on s’aperçoit que la traduction

littérale ou même transposée aboutit à un énoncé grammaticalement

correct, mais qui se heurte au génie de LA. » (1964, 51). Par exemple,

« prière de ne pas fumer » est traduit par la modulation en turc

« SIGARA IÇILMEMESI RICA OLUNUR ».

3. Procédé No 6 : l’équivalence. Si deux textes rendent compte d’une

même situation en mettant en œuvre des moyens stylistiques et

structuraux entièrement différents, il s’agit là d’une équivalence (1964,

52). VINAY-DARBELNET nous donne l’exemple classique de

l’équivalence : un amateur qui plante un clou et se tape sur les doigts,

dira : « Aie », s’il est français, et dira : « OUCH », s’il est anglais

(1964, 52).

4. Procédé No 7 : l’adaptation. D’après VINAY-DARBELNET, avec ce

septième procédé, on en vient à la limite extrême de la traduction.

L’adaptation, disent-ils, « s’applique à des cas où la situation à la quelle

le message se réfère n’existe pas dans LA, et doit être créée par rapport

à une autre situation, que l’on juge équivalente ». Il s’agit d’un cas

particulier de l’équivalence qui est une équivalence de situation,

ajoutent-ils (1964, 52-53). Prenons les exemples très influents de N.

ASLAN : « AKÇASAZIN AGALARI » est traduit par l’adaptation en

français par « Les seigneurs de L’AKTCHASAZ » ; « BIR GÜNDE

BIR HAFTALIK PAMUK TOPLAR, BIR ETEK PARA

ALIRSINIZ » : « En un jour vous cueillerez autant que d’autres en une

semaine, et vous toucherez du pognon plein les mains » (1996, 36).

D’après N. ASLAN, cette classification de VINAY-DARBELNET qui a

apporté pas mal de nouveautés au sujet des procédés de traduction, a pourtant des

82

« insuffisances non pas du point de vue de la clarté dans la classification des procédés

mais du fait qu’ils prennent en considération le domaine lexical plutôt que la dimension

du sens des mots ». C’est une remarque que plusieurs traductologues expriment (1996,

37).

Il y a certainement d’autres propositions faites par d’autres traductologues.

Examinons-les avec N. ASLAN (1996, 38):

1. La paraphrase : Selon ce procédé que KADE a développé, d’après N.

ASLAN, on transcode les éléments de la langue de départ qui n’existent

pas dans la langue d’arrivée. Par exemple, « kilim » est transcodé en

français par « tapis tissé » (1996, 38).

2. L’interprétation : D’après N. ASLAN, on est obligé, dans certains cas,

de réexprimer différemment un message par l’interprétation parce qu’il

n’existe pas son équivalent dans la langue d’arrivée. Elle souligne que

l’on retrouve souvent ce type de procédé dans les traductions littéraires,

dans lesquelles on conserve toutefois le sens et la fonction (1996, 38).

3. La compensation : D’après elle, ce procédé « consiste à réajuster le

sens d’un mot traduit quand il y a eu une perte pendant l’activité

traduisante d’une phrase, compensant cette perte à l’aide d’allusion

dans des phrases successives. »

La retraduction (back-transformation), « recasting sentences » et

« translation label » sont trois autres procédés que l’on peut considérer comme ceux de

la traduction littérale parce que les procédés de l’interprétation, la paraphrase et la

compensation, peuvent être considérés comme ceux de la traduction libre, précise, N.

ASLAN (1996, 39).

Dernièrement, à l’aide de N. ASLAN, nous pouvons mentionner d’autres

procédés techniques quand il s’agit des décalages interculturels, comme les « préfaces »

et « appendice » auquel le traducteur peut recourir pour informer les lecteurs sur

l’ouvrage, sur son approche de traduction ou il peut proposer aux lecteurs un glossaire

pour les emprunts, les calques et les faux-amis ou encore dans certains cas, il peut

recourir à des procédés comme « notes de bas de page », « voir », « explications

données au début du texte » (1996, 41).

83

Apres avoir bien établi le fondement théorique de l’activité traductive, nous

sommes arrivés au dernier point qui est très important pour notre étude d’application.

1.4.4. Comparaison De Traduction

Le Petit Robert définit ainsi le mot « comparaison » :

Le fait d’envisager ensemble (deux ou plusieurs objets de pensée) pour en

chercher les différences ou les ressemblances.

Le premier raisonnement que l’on doit faire est celui de comparer deux objets

et donc de faire leur comparaison réciproque, de telle sorte que l’on peut porter des

jugements sur eux. La comparaison est l’un des talents les plus primitifs de l’homme.

Même avant qu’il est acquis un langage, il pouvait comparer, par exemple, la longueur

des armes primitives qu’il avait inventées pour chasser les bêtes féroces.

A chaque instant de notre vie, la comparaison d’innombrables objets ou sujets

est présente et dans le domaine de l’activité traductive, il en est de même. La

comparaison est une méthode essentielle de la recherche de traduction, de la

traductologie. D’après O. ASLAN et N. YAVUZ, la comparaison de traduction est l’un

des moyens méthodologiques dont la pédagogie de traduction profite de nos jours dans

le processus d’acquisition de la compétence de traduction. Elle a été, en réalité, utilisée

même avant de la traductologie, pour de divers objectifs comme pour l’enseignement de

langue, la littérature comparée, la linguistique comparée et la critique de traduction

(1999).

Mais, comment doit-on concevoir la comparaison de traduction ? Quelles sont

ses limites ? Comment peut-on la situer parmi les méthodes de la traductologie ? La

réponse de O. ASLAN et N. YAVUZ est claire : il faut élargir large le contenu du sujet

de la comparaison de traduction. Pourquoi ? Parce que la traduction, d’après l’approche

psycholinguistique, disent-ils, est un phénomène essentiel de l’esprit humain

(BUTZKAMM, 1989) parce qu’on doit concevoir la traduction dans le contexte de

langue-culture-pensée (1999).

Au sens large, la traduction, disent-ils, consiste à réexprimer ce qu’on exprime

(écrit ou parlé) dans n’importe quelle langue. Il faut élargir large le contenu de la

84

comparaison de traduction parce que le contenu de l’activité de traduction même est un

phénomène humain qui touche un domaine très large. L’esprit humain, comme ils le

remarquent, est constamment dans l’état de traduire des témoignages psychiques

(1999).

Par exemple, dans l’énoncé « tu as très bien expliqué ce que je veux vraiment

dire ! », la personne concernée, ne fait que de traduire ou de redire d’une autre manière

la pensée du locuteur. A chaque instant de notre vie, lors de nos conversations avec

autrui, nous faisons fréquemment appel à des comparaisons de traduction mentale. Un

énoncé tel que, « mais, tu aurais mieux dit de cette façon » est dans un sens large une

comparaison de traduction.

O. ASLAN et N. YAVUZ insistent sur l’importance de la dimension du

« texte ». Ils mettent en cause le rôle du texte en citant de HARTMANN par exemple,

qui considère le texte en tant qu’une intégralité de traduction ou encore de WEINRICH

qui dit que les concepts appartiennent aux phrases, aux textes et aux situations et les

concepts traduits mentent toujours, tandis que les textes ne mentent que s’ils sont mal

traduits. C’est pourquoi, concluent-ils, dans l’activité et dans la comparaison de

traduction, on doit envisager le texte, le contexte et la situation comme un tout et il faut

comprendre la comparaison de traduction comme étant une comparaison intertextuelle

ou entre les segments du texte (1999).

Ils expriment l’objectif de la comparaison de traduction en se référant à REISS

(1999):

1. La description des unions et des décompositions des structures

syntaxiques, sémantiques et pragmatiques qui sont imbriquées les unes

dans les autres

2. La description des textes dont les éléments sont reliés un à un avec un

texte original commun

Alors quels sont les domaines dans lesquels la comparaison de traduction est

utilisée ? Elle est utilisée dans l’enseignement de la langue, dans la linguistique

comparative, dans la littérature comparative et dans la critique de traduction (ASLAN-

YAVUZ, 1999). Ce qui nous intéresse, c’est évidemment la critique de traduction.

85

Avant de l’aborder de près, il nous est utile d’apprendre les différentes sortes de

comparaison.

REISS déclare que JAKOBSON a insisté sur trois directions : l’intralinguale,

l’interlinguale et l’intersémiologique (ASLAN-YAVUZ, 1999).

Dans la comparaison intralinguale, REISS fait une telle

classification (ASLAN-YAVUZ, 1999):

1. Comparaison d’un texte avec une traduction

2. Comparaison d’un texte avec plusieurs traductions

3. Comparaison d’un texte avec ses différentes traductions faites par un

même traducteur

4. Comparaison d’un texte avec ses traductions faites par différents

traducteurs

Et dans la comparaison interlinguale, elle fait une telle classification :

1. Comparaison d’un texte source avec une traduction dans le texte cible

2. Comparaison d’un texte source avec plusieurs traductions du texte cible

3. Comparaison d’un même texte source avec ses différentes traductions

faites par un même traducteur dans le texte cible

4. Comparaison d’un même texte source avec ses traductions faites par de

différents traducteurs

Et une telle classification pour une comparaison plurilinguale :

1. Comparaison d’un texte source avec ses traductions faites dans

plusieurs textes cibles

2. Comparaison d’un texte source avec plusieurs de ses traductions dans

plusieurs textes cibles

3. Comparaison d’un texte source avec ses traductions faites dans une

deuxième langue

Une autre dimension de la comparaison de traduction, précisent-ils, est celle de

la pédagogie. Nous aborderons cette dimension à l’avenir.

86

D’après O. ASLAN et N. YAVUZ, la critique de traduction est l’un de

domaine dans lequel la comparaison de traduction s’applique abondamment. Les

traductologues comme KOLLER, WILSS, REISS trouvent obligatoire de faire appel à

la comparaison, disent-ils, pour que l’on puisse faire une critique de traduction sain et

sauf (1999). D’après eux, KOLLER a déterminé trois phases pour une critique

scientifique de traduction, à savoir :

1. l’analyse du discours selon l’objectif de traduction

2. la comparaison de traduction

3. l’évaluation de la traduction

KOLLER, ajoutent-ils, est persuadé que la critique de traduction peut être

possible à condition que l’on envisage toutes ces trois dimensions dans toute

l’acception. Cependant, affirment-ils, certains traductologues comme STOLZE qui

s’approprient une approche herméneutique, insistent sur le fait que le texte source doit

être perçu au niveau macro dans la comparaison et la critique de traduction (1999).

A ce moment, il convient d’ouvrir une petite fenêtre pour l’analyse du discours

dans l’objectif de traduction.

D’après M. YAZICI, le premier qui utilise le terme de l’analyse du discours

pour l’objectif de traduction, c’est Werner KOLLER. Elle remarque qu’il prend en main

le texte dans son intégralité et qu’il attire l’attention sur le fait que l’analyse du discours

dans l’objectif de traduction, est la seule voie qui peut orienter l’équivalence dans la

traduction. En d’autres termes, ajoute-t-elle, c’est le devoir du traducteur d’assurer

l’ordre hiérarchique des éléments textuels et les classifications hiérarchiques des

éléments textuels sous l’angle de l’équivalence, pour assurer au bout du compte

l’équivalence au niveau du texte (2007).

Cependant, dit-elle, l’opinion de KOLLER, en ce qui concerne la décision du

traducteur sur le choix de la méthode à utiliser dans l’analyse du discours pour l’objectif

de traduction, ramène d’une part le traducteur à la position de spécialiste et d’autre part,

attire l’attention sur la conscience d’être compétent en traduction. D’après elle, son

opinion sur l’analyse du discours pour l’objectif de traduction, peut être compris par sa

classification hiérarchique des éléments d’équivalence, tels que :

87

• L’équivalence dénotative : l’équivalence sous l’angle des éléments

extra linguistiques

• L’équivalence connotative : l’équivalence au niveau du choix de mot et

de la stylistique

• L’équivalence textuelle : l’équivalence au niveau du type de texte

• L’équivalence pragmatique : l’équivalence au niveau de la

communication

• L’équivalence formelle : l’équivalence du texte sous l’angle des valeurs

formelles et esthétiques qui font paraître son identité expressive

individuelle

D’après M. YAZICI, KOLLER privilégie les éléments extratextuels et

l’équivalence pragmatique, même qu’il part du texte source, ce qui montre qu’il donne

l’importance à la relation de la traduction avec la langue et culture cible. Certes, dit-elle,

cette réflexion de lui, peut être jugée comme l’approche orientée sur l’objectif (2007).

Et ASLAN-YAVUZ en concluent qu’une critique de traduction assez objective

en vertu des principes traductologiques ne peut être possible qu’en comparaison du

texte traduit avec le texte source. On ne peut apprendre le fait que comment le

traducteur, a traduit les structures syntaxiques, sémantiques, pragmatiques, etc., et les

particularités stylistiques, comment il a pu surmonter les problèmes de traduction entre

une même langue ou deux langues et connaître de sa compétence langagière et

traductive que par le moyen de la comparaison de traduction (1999). Maintenant, nous

pouvons étudier la critique de traduction.

1.4.5. Critique De Traduction

D’après S. KARANTAY, on peut dire que l’objectif et la fonction de la

critique de traduction, sont de faire preuve des qualités positives ou négatives et ainsi de

parvenir à une évaluation. Certes, continue-t-il, en dehors des œuvres d’art, les œuvres

qui sont divulguées dans les domaines des sciences naturelles et des sciences sociales,

constituent eux aussi du matériel pour l’activité de critique. Cependant, dit-il, le fait que

l’exactitude scientifique des sujets abordés dans ces domaines, a plus d’importance que

la façon dont ils sont traités, limite dans une grande mesure l’activité de critique dans le

cadre absolu des œuvres d’art (1987).

88

D’après A. GÖKTÜRK, la critique de traduction est un domaine dont les

méthodes et les critères ne sont plus fixés et qui est plein d’incertitudes, comme on le

souligne de temps en temps. Surtout, ajoute-t-il, quand il s’agit de la critique littéraire,

ces incertitudes augmentent davantage. La cause principale, d’après lui, en est que la

critique littéraire tient une place à part en dehors de la critique de traduction (1994).

D’après lui, la comparaison entre le texte original et le texte traduit tient une

place importante dans l’examen de traduction, telle que comparaison ne peut pas être

considérée en tant que critique. Surtout, dans la traduction des œuvres littéraires, la

personnalité du traducteur, les conditions de perception, les facteurs linguistiques sont

des côtés que l’on doit envisager. Puisque la traduction littéraire ne peut pas être réussie

en transmettant tout le contenu directement, elle se réalise bon gré mal gré dans un

processus herméneutique (1994).

On voit la pesanteur qui place sur la littérature quand il s’agit de la critique de

traduction. Puisque le type sur le texte que nous nous engageons à travailler, exerce une

fonction appellative, en tant que texte propre à lui-même, nous ne devons pas entrer

beaucoup dans le critique de traduction littéraire. Au lieu de faire cela, nous allons nous

pencher sur une méthode générale de traduction.

1.4.5.1. La Méthode De Critique De Traduction

Nous allons apprendre cette méthode dans une grande mesure de A.

GÖKTÜRK, de son ouvrage ÇEVIRI : DILLERIN DILI (1994). D’après lui, ce qui

importe dans la critique de traduction, n’est pas directement de distinguer le vrai du vrai

et du faux, mais, au-delà du vrai et du faux, de mettre en cause de façon systématique

les causes des erreurs, leur probabilité d’être commis en faisant des comparaisons

analytiques entre le texte original et celui qui est traduit, ce qui est le premier pas d’une

critique positive.

Ce genre d’examen commence par le niveau général de langue, dit A.

GÖKTÜRK. Par exemple, les différences dans la syntaxe entre les langues comme

l’anglais ou le français et le turc, peuvent être la source de plusieurs fautes. En partant

des constations de ce genre, si on peut mettre en évidence dans un ordre régulier les

fautes probables que l’on peut rencontrer dans l’usage de la parole dans différents

89

textes, on peut en tenir compte tas de situations de traduction. Puisque deux sources

constantes des fautes, proviennent de l’analyse de la langue du texte original et de

l’organisation de la langue du texte à traduire, une telle étude qui serait faite entre au

niveau des deux langues faciliterait dans une grande mesure le travail du critique de

traduction, dit, A. GÖKTÜRK (1994).

Le critique qui envisage le texte à traduire constamment sous l’angle des

possibilités de la langue à traduire, affirme A. GÖKTÜRK, pose certaines questions sur

le texte source (KOLLER in A. GÖKTÜRK, 1994, 88-91) :

1. Quelle est la fonction linguistique du texte ?

2. Quelles sont les particularités du contenu du texte ?

3. Quelles sont les particularités langagières stylistiques du texte ?

4. Quelles sont les particularités stylistiques esthétiques du texte ?

5. Quelles sont les particularités de l’usage de la langue à l’égard du

récepteur ?

Nous donnons la réponse à ces questions successivement en marchant sur les

traces d’A. GÖKTÜRK (1994) :

1. La fonction linguistique qui pèse lourdement dans l’intégralité d’un

texte, dit A. GÖKTÜRK, peut être analysée dans un premier temps, en

partant des opinions de K. BÜHLER qui distingue des textes à fonction

informative, expressive et appellative et on peut ajouter que REISS a

proposée une quatrième fonction, qui est la fonction pluri

instrumentale. Seulement, il ne faut pas oublier que BÜHLER a

énuméré les types de texte en tant qu’exemple de fonctions

linguistiques essentielles, mais en précisant qu’ils peuvent recouvrir

deux ou trois fonctions. Par exemple, a côté des textes scientifiques que

BÜHLER a cité pour exemple principal à la fonction informative, un

article de journaux, un roman documentaire ou un manuel d’usage

peuvent être aussi écrits dans un langage informatif ou descriptif. Les

textes de publicité ou de propagande ne sont pas toujours écrits dans

une langue appellative, mais aussi dans certains cas, ils peuvent être

écrits en langage expressif ou informatif (KOLLER in A. GÖKTÜRK,

90

1994). Une classification s’appuyant sur le travail de K. BÜHLER, dit-

il, peut être utile au critique et au traducteur en tenant compte toutefois

des variabilités possibles. Mais, il faut bien distinguer, nous rappelle-t-

il, le type de texte fonctionnel du type de texte littéraire traditionnel

parce qu’un texte qui est écrit sous la forme d’un roman, d’un poème ou

d’une pièce de théâtre est si complexe que la façon de le traiter ne sera

pas la même que dans le cas d’un texte journalistique (1994).

2. Généralement, dit-il, le contenu d’un texte peut englober l’une des

quatre principales fonctions. Quant aux textes complexes, le fil du

contenu peut se dérouler dans plusieurs directions :

• Le contenu de certains textes peut consister en sujets généraux

qui ne sont pas liés directement à la culture source, ce qui est le

cas pour la plupart des textes scientifiques et techniques.

• Certains textes, puisqu’ils expriment des sujets liés par le

contexte culturel de la langue source, ne peuvent être compris

qu’à la lumière d’une information préalable. La littérature

régionale des peuples ou la littérature de DİVAN ou TEKKE en

turc, sont des exemples que A. GÖKTÜRK (1994, 89)

mentionne pour ce genre de texte.

• Certains textes, même s’ils abordent des sujets liés par le

contexte culturel de la langue source, nécessitent également des

connaissances supplémentaires nécessaires pour que leur

contenu soit compris. Les récits de voyage, les observations

ethnologiques folkloriques, les guides touristiques font partie de

ce genre de textes, dit-il.

• Il est des textes liés a des références culturelles de la langue

source, et il convient de traduire celles-ci de façon particulière,

et le plus souvent implicite. Selon ce que A. GÖKTÜRK dit, les

relations du contenu de ces textes avec le milieu de la langue

source, ne peuvent être mises en évidence dans leur propre

contexte intérieur lingual. En réalité, dit-il, ces textes constituent

souvent leurs propres référents du contenu à l’intérieur d’eux-

mêmes. Tels sont les textes d’arts.

91

3. Pour analyser ces particularités, on peut examiner beaucoup de facteurs

en regardant le texte sous différents angles :

• Sous l’angle du vocabulaire et de l’usage de mot : l’usage des

mots et des termes transférés de divers langues ; l’usage des

mots et des termes particulièrement d’origine de la langue

source ; l’usage des mots et des termes liés sur le contexte

culturel d’une seule langue ; l’usage des mots de sens pluriel

dans une seule langue ; la continuité de la polysémie dans le

contexte textuel ; l’usage des mots ou des locutions

métonymiques liés à la langue source ; l’utilisation des

structures vocales des mots ; l’usage fréquente des mots

connotés.

• Sous l’angle de la syntaxe : l’usage des propres particularités

syntaxiques de la langue source; le mélange de la syntaxe

habituelle de la langue source.

• Sous l’angle de l’usage de langue : le fait que le texte de la

langue source est resté lié aux particularités établies de langue et

de style du texte concerné ; le fait que le texte de la langue

source brise les particularités établies de langue et de style du

texte concerné.

A la fin de l’examen des facteurs classifiés ci-dessus, dit-il, les qualités

linguistiques stylistiques de la langue source peuvent se résumer à l’un des trois

différents points. Un texte, conclut-il, utilise soit une proportion élevée d’opérations

linguistiques stylistiques conditionnées par la langue source, soit une proportion faible,

soit se situe entre ces deux pôles. Les textes littéraires qui font usage des termes

abstraits, se placent dans le premier groupe de textes, la plupart des textes descriptifs,

informatifs se placent dans le deuxième et les textes littéraires de toute sorte se placent

dans le troisième groupe (1994).

4. A ce propos, A. GÖKTÜRK nous conseille de voir si certaines

applications formelles établies sont utilisées ou non dans la langue

source sous l’angle d’une traduction qui peut viser à une équivalence

formelle (1994).

92

5. A. GÖKTÜRK nous rappelle la classification des textes de A.

NEUBERT, selon les lecteurs: les textes de qualités techniques et

scientifiques sont similaires dans la langue source et d’autres langues,

les textes de Droit national, de politique, de géographie, d’histoire

nationale s’adressent directement au lecteur de la langue source ; les

textes littéraires, toutefois sont conditionnés par la langue source, mais

s’adressent aux lecteurs de la langue source et aux lecteurs d’autres

langues ; les textes de propagande, de publicité, les guides touristiques,

toutefois s’adressent aux lecteurs de toute langue (A. NEUBERT in A.

GÖKTÜRK, 1994).

Le critique qui fait une analyse du texte source sous l’angle de tous ces facteurs

manifestés, conclut A. GÖKTÜRK, jette un deuxième pas en comparant le texte source

avec le texte traduit. En situant côte à côte toutes les unités de traduction au niveau du

mot, de la syntaxe et de toute structure, il examine avec de quelles sortes d’équivalence

que les particularités du texte source concernant les fonctions linguales, le contenu, le

style, ont été transmises à la langue cible. Il recherche à quels problèmes le traducteur a

dû faire face et quelles solutions il a retenues et si ces solutions sont valables ou non.

En réalité, remarque A. GÖKTÜRK, ce qu’on doit rechercher sérieusement,

c’est où et comment est-ce que l’œuvre traduite se place dans la tradition littéraire de la

langue cible. A côté de ces propos concernant l’application, il faut insister sur les

principes de l’équivalence que le traducteur a choisis sous l’angle théorique. Le critique

peut se profiter même de ce que le traducteur a écrit dans ses notes ou dans sa propre

préface (1994).

Après toutes ces observations, conclut A. GÖKTÜRK, le critique peut faire un

jugement à propos de la valeur de la traduction ou du niveau du succès. Seulement, il

doit bien définir ses propres critères, il doit bien mettre en cause les principes qui

proviennent de la nature de l’activité traductive. Quels sont ces principes ? D’après lui,

à l’intérieur d’une langue, la position de la traduction elle-même et les œuvres traduites

sont remodelées en permanence au cours de l’histoire, période par période. Il se peut

être une période dans laquelle on a une tendance générale vers un certain monde de

culture étranger, ce qui peut orienter l’activité traductive vers cette culture. C’est

pourquoi, parfois, on peut prendre des distances vis-à-vis de la langue cible ou s’en

93

rapprocher. Si le traducteur met excellemment en cause ses propres principes, il peut

créer une occasion de dynamiser sa propre langue (1994).

Si nous avons fait cette étude approfondie sur la linguistique et les théories de

la traduction c’est parce que nous sommes conscients que pour effectuer un bon travail

de traduction, il convient, comme nous l’avons souligné dans l’introduction, de

posséder pleinement les connaissances aussi bien au niveau de la langue source que de

la langue cible.

C’est ainsi que notre tâche théorique s’achève. Il s’agit maintenant de

concrétiser cette tâche avec une étude applicative dans laquelle nous allons faire des

analyses pour l’objectif de traduction sur des vraies textes et leur vraies traductions.

94

DEUXIEME PARTIE

APPLICATION

2. 1. Le Langage Journalistique Et Le Français De Presse

Avant de passer à nos analyses, il faut que nous réalisions quelques

préparations. Nous voulons encore une fois revenir sur notre étude de la maîtrise pour

voir ce que nous avons fait concernant le langage journalistique et le français de presse.

Nous allons faire un résumé. Nous pensons que ce sera utile de mentionner ici, les

remarques que nous avons faites précédemment, afin de poursuivre notre réflexion plus

à fond.

Comme nous avons déjà répété, la traduction du langage journalistique est une

activité de traduction des domaines de spécialité. C’est pourquoi, avant d’aborder

directement le sujet de la langue de presse, nous avons commencé par réexprimer les

objectifs spécifiques en langue étrangère. Avant tout, nous avons considéré la

problématique des textes du langage journalistique en tant que situation d’écrits. C’est

pourquoi, notre entreprise a du commencer d’abord par l’examen des genres de texte et

puis par un aperçu général sur la didactique des langues étrangères dans lequel nous

avons assimilé les principes actuels de la didactique des langues étrangères, comme par

exemple, la compétence de communication dans une instance spatio-temporelle et la

centralisation de l’enseignement/apprentissage sur l’enseigné et non pas sur les matières

d’enseignement.

Après toutes ces préparations, nous avons abordé les objectifs spécifiques en

langue étrangère, en faisant une citation de Ö. DEMİRCAN selon lequel « la langue sur

objectifs spécifiques est un moyen de communication dont la nature linguistique se

compose des particularités lexicales, structurales et fonctionnelles et qui a pour objectif

de l’expression des domaines définis comme la science et technique, la profession,

etc. » (F. N. KASIMOGLU, 2001, 36). Nous avons poursuivit notre entreprise en

affirmant que dans la hausse incessante des relations socio-économiques, culturelles et

politiques internationales, l’enseignement/apprentissage d’une langue étrangère a cessé

d’être considérée comme une simple acquisition de la langue en général, mais aussi

comme une acquisition de compétences dans des domaines spécifiques, c’est-à-dire,

95

scientifiques, techniques, professionnels et de la communication spécialisée, ce qui est

la conséquence de la présence d’un public d’apprenants très diversifiés dont la vie

professionnelle les pousse à apprendre des langues étrangères dans des domaines

spécifiques.

Puis, nous avons pris en considération la dimension de la culture, comme une

critique faite envers la « langue de spécialité ». Nous avons affirmé que la dimension de

la culture a été longtemps négligée dans la didactique des langues étrangères et qu’elle a

regagné la place qu’elle mérite. Quand on parle de la culture, on sous entend tout de

suite des rencontres entre les communautés ou les individus différents. Ces croisements

ou ces contacts entre les cultures différentes apparaissent le plus dans le domaine de

spécialité, comme par exemple entre deux personnes de nationalité différente,

travaillant ensemble et communiquant avec la langue appartenant à l’une des deux, sur

un domaine spéciale. Ainsi, nous avons traité, à la lumière de D. LEHMANN (1999), le

sujet de l’ethnocentrisme qui est inhérent dans chaque culture. Nous avons traité de ce

qu’est l’apprentissage d’une autre langue, au-delà des conceptions habituelles.

Les différences de comportement entre les individus appartenant à différentes

cultures, ont été examiné dans le monde, dans une étude sous le nom de

l’interculturalité, comme par exemple dans les travaux de E. T. HALL et M. R. HA.LL.

Nous avons affirmé que, leur ouvrage intitulé La dimension cachée, dont D.

LEHMANN a fait de longues citations, « a été une bonne révélation disant que les êtres

communiquent non seulement par le langage dit naturel (incarné dans des langues,

mais aussi par leurs comportements, postures ou attitudes corporelles, organisées en

autant de signes et de messages interprétables par autrui (LEHMANN in

KASIMOGLU, 2001, 40).

Nous avons traité ensuite, les caractères spécifiques des langues de spécialité,

et des problèmes que pose leur enseignement, d’après G. RONDEAU, et après quoi,

nous avons abordé le langage journalistique et le français de presse, en faisant une

initiation à la situation d’écrits. Notre argument était comme le suivant : « (…) pour que

l’apprenant ayant un niveau suffisant de langue, ait une compétence de la traduction des

textes de presse, il faut d’abord qu’il ait une compétence de la compréhension écrite et

une compétence de l’expression écrite. Avant de traduire un texte écrit, il faut d’abord

le comprendre (…) » (2001, 51).

96

Nous avons affirmé qu’une situation d’écrits est, au fond, une situation de

communication, analogue d’une situation d’oral et que ce qui distingue ces deux

situations d’écrits de celles d’oraux, c’est-ce que les situations d’écrits sont des

communications différées (2001). Nous pouvons ajouter qu’il n’y a pas obligatoirement

une communication directe dans les situations d’écrits, tandis que dans celles d’oral, les

gens communiquent directement pour communiquer. Après avoir ainsi mis en cause ces

principes, nous avons abordé notre objectif en nous initiant aux médias, à leur

importance pour l’humanité, à leur place dans les cours de langue, notamment d’après

l’ouvrage de Ch. MARGERIE et L. PORCHER, intitulé Les Médias dans les cours de

langues (1981). Mais, nous ne sommes pas entré dans la discussion sur les côtés positifs

et négatifs des médias, vu que nous avons tenu compte d’une sensibilisation des

apprenants envers les médias sur ce qu’ils sont et ce qu’ils ne sont pas, sur ce qui est

nécessaire.

Nous avons considéré l’enseignant de langue comme un communicateur,

puisqu’il communique en enseignant. C’est pourquoi, avons-nous affirmé qu’il y a une

grande parenté entre lui et les médias. De même qu’un enseignant de langue est une

référence de la compétence de communication comme une mère pour son enfant, de

même les médias, jouent ce rôle. Nous avons donné les exemples de la télévision et de

la radio qui sont comme des enseignants électroniques. Nous avons achevé ce chapitre

en insistant encore une fois sur le fait que l’on doit centrer l’enseignant/apprentissage

sur l’apprenant en raison du niveau très élevé des publics d’apprenant au point de vue

de leur exigence et de leur conscience voulant être les vrais partenaires de

l’enseignement.

C’est ainsi que nous avons pris en main l’étude du journal ou de la presse

écrite. Nous avons commencé à ce chapitre en affirmant que le journal qui fait partie

des médias, tient une place importante dans la didactique des langues et qu’il est « un

moyen d’enseignement qui est utilisé depuis longtemps et qui sert pour plusieurs

objectifs » (2001, 81). Nous avons remarqué de Ch. MARGERIE et L. PORCHER aussi

que, « dans plusieurs pays, comme la France, on a introduit la presse écrite à l’école

dans toutes les disciplines par la recommandation de l’état » (2001, 81). Et les

conséquences de cette innovation ont été remarquables. « La presse écrite dans les

écoles ont gagné une impulsion, une impulsion décisive, soutenue même par les

97

professionnels de la presse » (2001, 81-82). Nous avons remarqué que ce mouvement

est beaucoup plus sensible dans l’enseignement des langues parce que le prix de journal,

son accessibilité et sa conservation facile, puis qu’il se fait de papier, sont des atouts

pour l’enseignement des langues. « En plus, il y a une grande diversité de journaux. Il se

trouve beaucoup de sortes de presse écrite et beaucoup de rubriques dans différents

domaines et sous différents formes » (2001,).

En somme, le journal, en tant que le plus grand porteur de la culture

quotidienne, est un grand matériel pédagogique qui fournit une grande quantité

d’informations à ses lecteurs. Nous avons conclu ce chapitre en précisant la différence

entre la langue écrite et la langue orale. Nous avons défini la langue écrite comme une

situation d’écrit qui ne contient pas d’énoncés utilisés dans la communication orale.

Nous avons rappelé que l’on peut rédiger aussi un texte en utilisant les énoncés de la

langue orale et qu’il existe de tels journaux turcs qui ont recours à la langue orale

comme par exemple SABAH ou GÖZCÜ ou l’un de nos journaux populaire comme

POSTA.

Nous avons ensuite abordé le journal en le définissant et nous avons continué

en traitant des catégories de journaux et nous avons essayé de décrire, à l’aide de

quelques exemples, les critères pertinents du journal choisi. Puis, nous nous sommes

intéressés à la compréhension des énoncés du journal et puis encore, nous avons traité

de l’organisation du journal lui-même, ses titres, l’organisation de la mise en page.

Nous avons défini le journal en tant qu’objet social. Un roman, une poésie, une

pièce de théâtre, ou tout simplement un acte de parole, sont tous des objets sociaux,

comme le journal et on doit traiter les objets sociaux en tant que tel. Les apprenants

doivent connaître les catégories de journaux comme des réalités sociales et langagières,

mais non comme des entités linguistiques. Les apprenants doivent savoir que les

journaux témoignent d’une partie de la société comme chacun des ses individus ou de

ses groupes ayant des opinions et des visions du monde différentes. Impartiaux, les

journaux sont liés profondément à la dialectique sociale avec tout leur statut, leurs traits

pertinents, leurs caractéristiques (2001).

Chaque journal, avons-nous affirmé, en tant que partie des médias et écrit selon

son propre style, peut être catégorisé dans la société et cette catégorie a une prise de

98

position par rapport à d’autres journaux. Nous avons extrait une catégorisation de Ch.

MARGERIE et L. PORCHER (1981, 65) :

• quotidien/hebdomadaire,

• national/régional/local,

• organe d’un parti, politique ou non,

• journal syndical/patronal,

• sportif/musical/jardinage, etc. (catégories secondes d’une catégorie plus

vaste : journal spécialisé/journal d’information générale),

• tirage (toujours sur le journal),

• prix,

• tendance politique s’il en a une.

D’après Ch. MARGERIE et L. PORCHER, cette sorte de catégorisation et la

description des critères pertinents du journal que nous allons extraire de notre maîtrise,

un exemple de MARGERIE-PORCHER, ci-dessous, sont pédagogiquement

importantes (2001, 66):

• nombre de pages (en remarquant s’il est fixe ou non),

• couleurs/noir et blanc (dans quelles proportions),

• photos ou non (si oui, combien, par rapport au texte, en termes de

surface par exemple),

• dessins ou non (idem),

• publicité ou non (idem),

• quelles sont les rubriques du journal et dans quel ordre sont-elles

présentées (à vérifier sur plusieurs numéros) ?

Nous avons ensuite abordé la compréhension des énoncés du journal. Celle-ci

ne se réalise que si le lecteur lit l’article entièrement parce que l’on ne peut pas saisir le

sens d’emblée. Le lecteur doit toujours se référer au contexte. En conséquence, avons-

nous affirmé, l’apprenant, qui n’est pas obligé de comprendre tous, doit tirer le sens du

contexte. Nous avons conseillé de faire d’abord un parcours visuel panoramique. Mais,

ce parcours visuel panoramique ne doit pas être trop prolongé de sorte qu’il ne tue pas

la motivation des apprenants (2001).

99

Les titres ont une importance primordiale dans l’organisation du journal.

Puisqu’ils sont les parties les plus attractives des articles de journaux, leur emplacement

dans les pages du journal, est l’une des préoccupations principales des professionnels du

journal. Ils sont des porteurs de significations. Ils doivent la porter d’une manière

intense et efficace pour attirer toute l’attention des lecteurs. Nous avons remarqué qu’ils

sont faits des phrases nominales, courtes, intenses et elliptiques. Voila un piège pour les

apprenants dans leur interprétation et dans leur traduction. C’est pourquoi, avons-nous

conseillé, ils doivent être traduits toujours à la fin. Il est difficile de traduire les titres

parce qu’ils sont des porteurs des messages de culture, parce qu’ils sont de nature

nominale, elliptique, comme dans le cas des titres d’œuvres d’art ou des films, ce qui

oblige le traducteur d’avoir recours aux équivalents.

Et la mise en page n’est pas une simple juxtaposition des titres, des rubriques et

des textes de presse, mais une vraie organisation de signification, avons-nous affirmé.

On place des signes linguistiques propres à la culture et à la société, sur les espaces des

papiers blancs. Nous avons remarqué, grâce à MARGERIE-PORCHER (1981), que

« les phrases, les titres et les rubriques sont construits très souvent à l’aide de

nominalisations, ce qui est une bonne occasion pour les apprenants de connaître la

structure syntaxique de la langue française. » (2001, 70). Les articles en couleurs ou en

noir et blanc, la présence ou l’absence des photos se trouvant côte à côte ou les unes au-

dessus des autres sur une page blanche, reflètent très exactement les situations

culturelles et sociales. Les professionnels du journal reflètent la vraie face de leur

société, mais bien sur n’étant pas impartiaux puisqu’ils représentent l’opinion de leur

lecteur. Nous avons conclu le sujet du langage journalistique en disant que les

apprenants qui n’ont pas une sensibilisation sur ces connaissances, ne parviennent pas à

faire des traductions plausibles et correctes des textes de presse.

Nous pouvons maintenant aborder la traduction des textes journalistiques.

2.2. La Traduction Des Textes Journalistiques

Tous ce que nous allons dire dans ce chapitre concernant la traduction des

textes journalistiques sera appuyé par l’article de René MEERTEENS que nous avons

tiré de l’Internet. Dans cet article, R. MEERTEENS traite avant tout, des textes

contenant des nouvelles.

100

Donc, selon R. MEERTEENS, les traducteurs doivent traduire principalement

deux sortes de texte à caractère journalistique : les communiquées de presse et les

articles. D’après ce qu’il remarque, « la traduction des communiqués de presse assure

une diffusion plus large des messages qu’ils véhiculent » (2005). En particulier,

poursuit-il, « les organisations internationales veillent à publier leurs communiqués dans

leurs langues officielles » (2005). Il parle de la National Geographic Society qui publie

une édition française de sa revue. Il y a aussi « des publications qui paraissent

simultanément dans plusieurs langues » (2005), comme par exemple le FORUM du

désarmement qui est publiée en français et en anglais.

D’après R. MEERTEENS, les spécialistes de la traduction de tels textes sont

rares parce que ce type de spécialisation exige à la fois une compétence de traduction et

un talent journalistique. Puisque, celui qui traduit de tels textes, dit MEERTEENS, est

promu traducteur-journaliste, il « est tenu de connaître et, dans la mesure du possible,

d’appliquer les règles qui s’imposent aux journalistes » (2005).

« Une nouvelle, dit R. MEERTEENS, est un fait récent, présenté dans son

contexte et de nature à intéresser le lecteur. Pour conserver sa fraîcheur à la nouvelle, le

traducteur se doit de traduire le texte toutes affaires cessantes. En outre, il doit connaître

son contexte ou se documenter à son sujet. Mais sa tâche principale consistera à susciter

et à maintenir l’intérêt du lecteur » (2005).

Voilà les mots clés d’une traduction réussie de textes journalistiques, selon R.

MEERTEENS : être claire et attrayante. « Tout texte journalistique doit être clair et

attrayant. Il se fait du reste que ce qui est obscur est par la même rebutant » (2005). Et la

deuxième règle de R. MEERTEENS, est qu’on doit tenir compte des destinataires du

texte : « l’information est destinée à un public averti » (2005). Dans ce cas, il nous

conseille d’utiliser un style approprié avec une terminologie correcte. Cependant,

poursuit-il, les destinataires du texte sont le plus souvent des profanes et le traducteur-

journaliste, qui lit un communiqué de presse, est généralement celui qui n’a qu’une

connaissance approximative du sujet traité. « Si les informations, dit-il, sont destinées

en fin de compte à un large public, elle doivent être comprises par le plus grand nombre.

Seul le minimum est censé être connu. (…) » (2005). C’est pourquoi, dit-il, on doit être

claire et simple. Il nous suggère, par exemple, de substituer « le virus de sida » au

101

« virus de l’immunodéficience humaine » et à « VIH et d’écrire « organes producteurs

de sang » plutôt qu’ »organes hématopoïétiques » (2005).

Quoi qu’il en soit, on comprend que, avec les termes de R. MEERTEENS,

« tout énoncé manquant de la clarté, est de nature à dérouter le lecteur » (2005). Pour

assurer la clarté, ajoute-il, le traducteur doit même se documenter ou se consulter

l’auteur pour éclaircir les ambiguïtés.

R. MEERTEENS nous conseille de n’« utiliser des sigles qu’après avoir

présenté l’expression complète, suivie du sigle entre parenthèses ». Deuxièmement, « le

nom des personnes citées doit être suivi de leur titre ou de leur qualité ; ce qui compte,

cependant, c’est moins l’exactitude du titre sur le plan administratif que le recours à une

dénomination qui permette de situer l’intéressé » et il ajoute que « s’il est question

d’une personne en début d’article, il ne faut pas s’attendre à ce que le lecteur se

souvienne de son nom 30 lignes plus loin » et qu’ « on appliquera l’adage « bis repetita

placent » »

R. MEERTEENS nous avertit de ne pas tomber dans la simplification abusive

lorsqu’on essaye d’être claire et qu’il ne faut pas prendre le lecteur pour un simple

d’esprit. MEERTEENS nous indique la position que le traducteur-journaliste doit

prendre dans son activité de traduction : rester en deçà du niveau de compréhension des

plus cultivés et accroître le niveau de la culture du public ordinaire. « Cela dit, conclut-

il, il est parfois difficile d’être claire et concis, tout en restituant l’information de façon

exacte et complète, surtout quand celle-ci est assez technique. Il convient alors de faire

un arbitrage entre ces différents objectifs. »

Nous sommes venus, maintenant, à l’élément le plus important d’un texte

journalistique qu’est le texte lui-même. Voyons à ce que nous dit R. MEERTEENS, à

propos de la traduction des titres. D’après lui, le titre est un « élément décisif de l’éveil

de l’intérêt d’un lecteur », qui permet au traducteur « de donner toute sa mesure ». Dans

les traductions des titres, le traducteur a une grande liberté de manœuvre, dit-il.

Il suggère qu’un titre idéal doit être à la fois court et explicite. Il donne

l’exemple du Monde qui a titré « Madame l’arbitre » au dessus d’un bref portrait d’un

arbitre féminin de football. Il donne encore une autre stratégie : « pour être concis, un

moyen commode consiste à indiquer d’un mot le contexte et à présenter ensuite

102

l’information; par exemple, « Jolo : Paris craint de ses deux otages » (Le Figaro).

Toutefois, il avertit de ne pas se livrer à des contorsions extraordinaires à seule fin

d’être lapidaire.

Il dit que chaque journal a son propre style. Libération, par exemple,

choisissent des titres percutants, tandis que le Monde a souvent recours à des titres

sobres, mais longs. Que ce soit le choix stylistique des journaux, le traducteur doit

trouver le ton qui convient à son client ou employeur, dit-il. De même que chaque

journal doit avoir son propre style, de même il doit avoir son propre ton de titre. « Un

titre trop accrocheur peut nuire à l’impression de sérieux que l’on veut donner aux

informations diffusées », dit R. MEERTEENS. Tandis que la presse populaire privilégie

le titre choc, les journaux de haute tenue, remarque-t-il, « le réservent aux informations

plus légères.

Pour bien comprendre la structure des titres qui diffèrent d’un journal à l’autre,

il nous sera utile de s’adresser aux exemples actuels de R. MEERTEENS.

Premièrement, il parle d’un tueur en série qui a terrorisé New York en 1977. Quand on

l’a arrêté enfin, raconte-t-il, le New York Post a titré en lettres rouges et géantes, un seul

mot : CAUGTH. Telle était, selon lui, la psychose qui régnait chez les New Yorkais qui

ont compris aussitôt que le meurtrier a été appréhendé. Deuxièmement, il nous suggère

que « la recherche du titre choc peut conduire aux pires excès », comme dans l’exemple

de Sun qui a titré s’en étant déshonoré « Gotcha », lorsque le sous-marin britannique

MMS Conqueror a coulé le croiseur argentin General Belgrano en mai 1982, causant la

mort de centaines de marins argentins.

« Si un titre doit attirer l’attention, résume R. MEERTEENS, son principal

attrait doit provenir de l’intérêt intrinsèque de la nouvelle qu’il résume». Il donne un

exemple d’un titre du Monde : « Un nouveau médicament contre le sida va être

commercialisé au sein de l’Union européenne ». D’après lui, le Monde n’a pas utilisé un

titre plus ronflant pour que le lecteur ne se soit pas senti floué en se rendant compte, à la

lecture de l’article, que les vertus du médicament en question sont bien limitées.

R. MEERTEENS conseille au traducteur de « s’efforcer de trouver un titre qui

lui soit personnel, sans être esclave de l’original» et lui propose plusieurs procédés qui

103

« lui permettent d’utiliser le titre pour donner un peu plus de tonus à un article ou à un

communiqué de presse quelque peu anodin », tels que :

• « l’allusion et le jeu de mots : « La voiture électrique démarre » (le

Monde), « Un électrochoc pour Moulinex » (le Monde) ou « Les

machines à laver, c’est le propre de l’art. » (le Figaro) ;

• « la métaphore : la pêche aux amendes au large de Guernesey » (le

Monde) ;

• « le paradoxe : « Le patron est à la CGT et les ouvriers sont des

capitalistes » (le Monde) ;

• « l’effet de surprise : « Radko Mladic, ses abeilles et ses colonels » (le

Monde).

Parfois, nous avertit-il, même si le lecteur est intrigué par le titre, il peut

abandonner la lecture de l’article une fois qu’il comprend l’allusion.

Les journaux diffusent leur texte pour qu’ils soient lus, dit R. MEERTEENS. et

pour qu’ils soient lus, il faut que le lecteur ait un intérêt à poursuivre la lecture en

permanence parce que, remarque-t-il, « si le lecteur, au départ peu intéressé, perd le fil

ne serait-ce qu’un instant ou éprouve une sensation d’ennuie si brève soit elle, il

abandonnera en cours de route ». Le traducteur-journaliste, dit-il, est un intermédiaire

entre l’auteur du communiqué et le lecteur. Le communiqué de presse a la particularité

de s’adresser au lecteur final par l’intermédiaire des traducteurs-journalistes, c’est

pourquoi l’auteur du communiqué doit convaincre les traducteurs-journalistes que les

informations présentées intéresseront ses lecteurs, dit-il.

Les règles applicables aux articles le sont donc également aux communiqués de

presse, poursuit-il R. MEERTEENS. Il faut que, dit-il, l’auteur du communiqué donne

une forme attrayante aux informations pour séduire les traducteurs-journalistes. Si ces

informations intéressent le journaliste, « elles sont à plus forte raison de nature à trouver

un écho auprès des lecteurs », dit-il.

D’après R. MEERTEENS, « la lecture d’un texte doit être considérée comme

une tâche », une tâche qui dépend de la motivation du lecteur. Le lecteur, dit-il, ne mène

la lecture à bien que s’il est motivé et il nous rappelle la théorie des psychologues qui

« ont mis en évidence la tendance naturelle de l’être humain à vouloir mener jusqu’au

104

bout une tâche entreprise ». Il ajoute que la loi du moindre effort s’oppose à cette

théorie.

Il en conclut qu’un texte doit être attrayant, son style doit être vivant,

dynamique, personnel, et naturel, car il s’agit d’éveiller l’intérêt du lecteur et de le

maintenir jusqu’au bout du texte.

Nous voulons clore ce chapitre en prenant les derniers conseils de R.

MEERTEENS : premièrement, il propose au traducteur d’utiliser des métaphores qui

facilitent la compréhension et concourent à l’attrait de l’article, à condition qu’elles

soient naturelles. Et d’après lui, dans la pratique, un traducteur est souvent obligé de

gommer des métaphores tellement artificielles qu’elles en deviennent ridicules;

deuxièmement, il propose de diviser le texte en paragraphes qui ne doivent pas être trop

longs et il peut aller à la ligne quand l’auteur de l’original aurait dû le faire ;

troisièmement, il conseille d’assurer, dans la mesure du possible, une bonne transition

d’un paragraphe à l’autre, en utilisant des articulateurs tels que « donc », « en

revanche », « cependant », « en outre », « d’autre part », « pour sa part », etc. ;

quatrièmement, il suggère que les intertitres contribuent à structurer le texte et à

maintenir l’intérêt du lecteur.

« En conclusion, dit-il, les impératifs de clarté, de création de l’intérêt et

d’accompagnement du lecteur dans sa tâche de lecture laissent une grande latitude au

traducteur. Cependant, il faut savoir raison garder et ne jamais s’écarter de l’original par

plaisir. S’il convient de s’affranchir d’un original imparfait, c’est uniquement dans le

but de mieux le servir. »

2.3. Etudes Applicatives De La Critique De Traduction

2.3.1. Les Analyses Du Discours Pour L’objectif De Traduction

Nos analyses du discours pour l’objectif de traduction seront orientées sur le

texte source. Nous avons collectés des paires de texte, les premiers étant l’original,

c’est-à-dire les textes sources, les deuxièmes étant les produits, c’est-à-dire les textes

cibles, des journaux français et turc. Donc, nos analyses vont être effectuées en deux

sens : la version et le thème. Nous allons les examiner d’après les critères de Christiane

105

NORD (Textanalyse und Übersetzen, 1988, 41). Nous allons poser à nos textes les

questions de NORD et nous allons chercher à y répondre. Voici ces questions :

1. Qui écrit ?

2. Sur quoi écrit-t-il ?

3. A qui écrit-il ?

4. Quel moyen utilise-t-il ?

5. Quand est-ce qu’il écrit ?

6. Où est-ce qu’il écrit ?

7. Pourquoi écrit-t-il ?

8. Avec quelle fonction linguistique est-ce qu’il prend en main un tel texte ?

9. Qu’est-ce qu’il dit ou ne pas dit sur quel sujet ?

10. Avec quelle fiction de texte est-ce qu’il écrit ?

11. Quelles figures non-verbales utilise-t-il ?

12. Quels types de phrases utilise-t-il ?

13. Sur quel ton est-ce qu’il écrit ?

14. Quelle influence est-ce qu’il éveille ?

2.3.1.1. Texte 1-Version-Article

Libération

A quelques mois de la présidentielle américaine, la situation à Bagdad divise l’opinion

et le Congrès

Irak : un air de Vietnam

Par Jacques AMALRIC

jeudi 28 août 2003

Jacques Amalric est ancien directeur de la rédaction de « Libération ».

Les analogies historiques sont souvent abusives, rarement pertinentes. Difficile

pourtant, à quatorze mois de l’élection présidentielle américaine, de ne pas se

remémorer les débats et les interrogations qui divisaient les Etats-Unis au début des

années 60. Il n’était pas question de l’Irak, à cette époque, mais bien sûr du Vietnam ou

106

plusieurs milliers de « conseillers » militaires américains, chargés d’entraîner et de

motiver une année sud-vietnamienne peu performante, commençaient à enregistrer

pertes et insuccès. On connaît la suite : bien que rempli de doutes sur la finalité de

l’aventure, Lyndon Johnson, qui termine le mandat de John Kennedy, se laisse

convaincre notamment par son secrétaire à la défense Robert McNamara d’engager plus

avant les Etats-Unis dans le conflit, aux côtés du régime sud-vietnamien, aussi

corrompu qu’autoritaire. Elu brillamment en 1964 sur un programme de réformes

sociales intérieurs, il franchira le Rubicond en 1966 en portant des effectifs du corps

expéditionnaire à plusieurs centaines de milliers d’hommes. Cinquante mille GI

laisseront la vie dans cette guerre. En vain.

Autre conflit, même débat aujourd’hui. Sauf qu’il ne s’agit pas cette fois-ci de gagner la

guerre d’Irak (elle l’a été, et rapidement) mais de gagner la paix. Et quelques mois après

le chute de Saddam Hussein, la tâche apparaît bien plus hasardeuse qu’elle n’avait été

décrite par la poignée d’idéologiques qui ont convaincu George W. Bush de venger les

morts du 11 septembre 2001 en libérant Bagdad de la tyrannie : l’insécurité règne dans

le pays, à l’exception du Kurdistan et les 139 000 soldats américains qui y sont

stationnés consacrent l’essentiel de leur temps non pas à améliorer la vie quotidienne

des Irakiens mais à se protéger des attentats et à éviter les embuscades. En dépit d’un

engagement américain dont le coût actuel est d’un millier de dollars par mois (mais

évalué à vingt milliards de dollars par an et pendant cinq ans pour être efficace), la

reconstruction du pays stagne : l’insécurité est générale, l’électricité manque, l’eau reste

rare, la production de pétrole peine à reprendre faute des investissements massifs

nécessaires et du fait de sabotages, la situation sanitaire est de plus en plus critique, le

chômage la règle générale.

La reconstruction politique de l’Irak, c’est-à-dire le transfert du pouvoir aux Irakiens,

est également en panne. Paul Bremer, le proconsul américain, peut bien évoquer

l’organisation d’élections dans un an, personne n’y croit vraiment. Encore faudrait-il en

effet que le pays dispose d’ici là d’une constitution adoptée par une assemblée

constituante légitime. On en est loin à voir les profondes divisions qui paralysent le

Conseil gouvernemental provisoire irakien mis en place par Paul Bremer ; des divisions

qui concernent aussi bien le principe du fédéralisme (auquel les Kurdes sont bien plus

attachés que les chiites, majoritaires) que de l’espace à réserver à la religion (ce sont ici

107

les chiites qui sont les plus virulents, même si une partie d’entre eux n’est pas hostile à

une certaine sécularisation).

Le renvoie dans leurs foyers des centaines de milliers de soldats de Saddam Hussein n’a

fait qu’ajouter à la crise de confiance entre Américains et Irakiens et a sans doute fourni

nombre de volontaires aux partisans de la résistance armée. Certains experts estiment

également qu’en intervenant en Irak, les Etats-Unis ont ouvert un nouveau champ du

jihad et que des terroristes islamistes non-irakiens ont rejoint dans leur combat les

nostalgiques du régime de Saddam Hussein. Ils en veulent pour indice le sanglant

attentat perpétré contre le quartier général des Nations unies à Bagdad mais les preuves

manquent encore pour étayer ces affirmations.

Quoi qu’on en dise à la Maison Blanche et au Pentagone, l’idée que les Etats-Unis se

sont engagés dans une impasse en Irak, sous prétexte de guerre contre le terrorisme et

de menace (toujours non avérée) d’armes irakiennes de destruction massive, progresse

tout aussi bien dans l’opinion publique américaine (les sondages, jusqu'à présent

favorables à George W. Bush, viennent de s’inverser) qu’au Congrès. C’est ainsi qu’au

retour d’une mission d’inspection sur le terrain, trois sénateurs influents deux

Républicains, John McCain (Arizona) et Lindsey Graham (Caroline du Sud) et un

démocrate, Joseph Biden (Delaware) viennent de recommander l’envoi de renforts en

Irak. Une idée qui répugne tant à George Bush junior (crise nord-coréenne oblige ; et on

est pratiquement en année électorale alors que le président sortant avait initialement

promis de réduire dès septembre la présence militaire américaine en Irak) qu’au

secrétaire a la Défense Donald Rumsfeld, même si elle est défendue en catimini par

nombre de responsables militaires, prompts à reconnaître que si la machine de guerre

américaine est satisfaisante, l’armée n’a aucune compétence pour les tâches de

reconstruction.

L’autre solution consisterait bien sûr a revenir devant le Conseil de sécurité pour

associer les Nations unies aux tentatives de renaissance de l’Irak. Mais la encore

l’idéologie dominante a Washington s’oppose a ce qui relèverait du simple bon sens. Au

nom de la toute puissance et de l’infaillibilité américains. Même si l’arc de vertu

démocratique qui devait aller d’Israël à l’Afghanistan (lui aussi au bord du gouffre) en

passant par l’Irak, a vécu avant même de voir le jour.

108

La traduction turque

Radikal, 02. 09. 2003

Irak savaşı Vietnam'a benzedi

Tarihi benzerlikler genellikle aldatıcıdır, nadiren anlamlı olur. Yine de ABD başkanlık

seçimlerine 14 ay kala, 1960'ların başında ABD'yi ikiye bölen tartışma ve soruları bir

kez daha hatırlamamak mümkün değil.

O zamanlar konu tabii ki Irak değil, zayıf Güney Vietnam ordusunun eğitim ve

motivasyonundan sorumlu binlerce ABD askeri 'danışmanı'ndan can kaybı ve

başarısızlık haberlerinin gelmeye başladığı Vietnam'dı.

Sonrasını hepimiz biliyoruz: John Kennedy'nin ardından göreve gelen Lyndon Johnson,

maceranın sonu konusundaki endişelerine rağmen, özellikle Savunma Bakanı Robert

McNamara'nın etkisiyle ABD'yi, en az yönetimdeki rejim kadar yozlaşmış olan Güney

Vietnam'ın yanında savaşın daha da içine sokmaya karar vermişti. İç sosyal reform

programı sayesinde 1964'te parlak bir seçim sonucuyla göreve gelen Johnson, 1965'te

keşif gücünün sayısını 100 binlere çıkardı. 50 bin asker hayatını kaybetti o savaşta. Boş

yere.

Savaş farklı da olsa, tartışma aynı tartışma bugün. Tek fark, bu sefer Irak'ta savaşın

kazanılmasının değil (kazanıldı, hem de hızla), barışın kazanılmasının söz konusu

olması. Saddam Hüseyin'in devrilmesinin üzerinden birkaç ay geçmesine rağmen bu iş,

George W. Bush'u 11 Eylül'de ölenlerin intikamını Bağdat'ı tiranlıktan kurtararak

almaya ikna eden üç-beş ideoloğun hiç bahsetmediği kadar tehlikeli görünüyor:

Kürdistan haricinde ülkede güvensizlik hâkim ve ülkede konuşlanmış olan 139 bin

ABD askeri, vaktinin çoğunu Iraklıların gündelik hayatını iyileştirmeye değil, saldırı ve

tuzaklardan korunmaya çalışmakla geçiriyor.

ABD'nin halihazırda ayda milyar dolar akıtmasına rağmen ülkenin yeniden inşası

batağa saplandı: güvenlik sorunları ülke geneline yayıldı, elektrik yok, su az var, perol

üretimi gerekli yatırımların yapılmaması ve sabotajlar nedeniyle yeniden başlatılamıyor,

sağlık hizmetlerinin durumu giderek vahimleşiyor, işsizlikse standart bir hal aldı.

109

Irak'ın politik anlamda yeniden inşası, yani iktidarın Iraklılara devri de, aynı şekilde

batakta. Paul Bremer istediği kadar bir yıl içinde seçim yapılacağını söylesin, kimsenin

ona inandığı yok. Bunun için ülkenin bir yıl içinde, meşru bir kurucu meclis tarafından

kabul edilen bir anayasasının olması gerekir. Bremer'in kurduğu geçici yönetim

konseyinin elini kolunu bağlayan derin görüş ayrılıkları var; bunlar da federalizm ilkesi

(ki bu konuda Kürtler, Şiilerin çoğundan daha istekli) ve dine ayrılacak alan (bu konuda

da Şiiler daha istekli, gerçi onların da bir kısmı laikleşmeye karşı değil) konularında

belirginleşiyor.

Saddam Hüseyin'in yüz binlerce askerinin evlerine geri gönderilmesi, Amerikalılarla

Iraklılar arasındaki güven krizini daha da derinleştirmekten başka bir işe yaramadığı

gibi, hiç şüphesiz direniş ordusu partizanlarına yeni gönüllüler eklenmesine sebep oldu.

Bazı uzmanlar aynı şekilde, ABD'nin Irak'a girmekle yeni bir cihat alanı açtığını ve Irak

dışından İslamcı teröristlerin, Saddam rejiminden kalanlarla birleşerek savaştığını öne

sürüyor. Buna işaret olarak da Bağdat'taki BM karargâhına yapılan kanlı saldırıyı

gösteriyorlar, ancak bu iddialarını kanıtlayabilecek dayanakları yok.

İki alternatif var

Beyaz Saray ve Pentagon ne derse desin, ABD'nin teröre karşı savaşı ve Irak'taki kitle

imha silahlarının (hâlâ bulunamadı) yarattığı tehdidi bahane ederek Irak'ta bir çıkmaza

girdiği görüşü, hem Amerikan kamuoyunda (şimdiye dek Bush'un lehine sonuçlar

çıkaran kamuoyu araştırmaları tersine dönmeye başladı), hem de Kongre'de gittikçe güç

kazanıyor. Bu arada sahada denetleme yapan üç etkin senatör, dönüşlerinde Irak'a

destek kuvveti gönderilmesini öneriyor. Ne George W. Bush'un (bir yandan Kuzey Kore

krizi sıkıştırıyor; üstelik seçim yılına girdik sayılır, ve Bush başlarda, Irak'taki ABD

askeri varlığını eylül ayından itibaren azaltacağına söz vermişti) ne de Savunma Bakanı

Donald Rumsfeld'in hoşuna giden bu fikir, Amerikan savaş makinesi tatmin edildiği

sürece ordunun yeniden yapılanma işlerine karışmayacağını görebilen çok sayıda askeri

yetkili tarafından, gizlice savunuluyor.

Diğer çözüm doğal olarak, yeniden Güvenlik Konseyi önüne çıkıp Irak'ın yeniden

yapılanması için BM'yi harekete geçirmek. Fakat Washington'da hâkim ideoloji,

sağduyunun işaret ettiği yola karşı çıkıyor, hem de Amerika'nın sınırsız gücü ve

110

yenilmezliği adına. İsrail'den başlayıp, Irak'tan geçerek Afganistan'a (o da uçurumun

kenarında) kadar uzanacak olan demokrasi ekseni, daha doğmadan ölmüş olsa bile.

Analyse du texte 1

1. Qui écrit ? Un journaliste, ancien directeur de la rédaction de « Libération »,

Jacques AMALRIC écrit.

2. Sur quoi écrit-il ? En tant qu’individu appartenant à une nation et en tant que

journaliste ayant sa propre idéologie et vision du monde concernant le quotidien

qu’il représente, il écrit en général sur un problème international intéressant

toutes les nations du monde et en particulier sur la force supérieure du monde

que constituent les Etats-Unis, sur leurs relations belliqueuses avec les autres

nations et sur ces conséquences de ces relations

3. A qui écrit-il ? Il écrit à ses propres lecteurs, aux lecteurs de Libération.

Libération est un journal populaire de gauche. Donc, il écrit à une masse de

lecteur déterminée de la nation française, qui a une idéologie et une vision du

monde particulière qui diffèrent de celles des autres masses de lecteur dans cette

société

4. Quel moyen utilise-t-il ? Pour satisfaire sa vocation d’intellectuel, il utilise le

moyen de l’écrit qu’est un article de journal, que l’on peut considérer comme un

essai

5. Quand est-ce qu’il écrit ? Il écrit à la date du 28 août 2003, à peu près cinq

mois après l’occupation de l’Irak par l’armée américaine

6. Où est-ce qu’il écrit ? Il écrit dans son propre pays.

7. Pourquoi écrit-il ? Dans l’abstrait, il écrit pour répondre à une nécessité

intellectuelle, et dans le concret, il écrit pour créer une conscience, une opinion

publique chez ses lecteurs sur le sujet des relations politiques extérieures des

Etats-Unis à l’occasion de l’occupation de l’Irak par l’armée américaine.

8. Avec quelle fonction linguistique est-ce qu’il aborde un tel texte ? Le langage

qu’il utilise, puisqu’il écrit un article ou un essai de journal, a une fonction

appellative. Il appelle ses lecteurs à se faire une certaine opinion contre les actes

que les Etats-Unis commettent en Irak.

9. Qu’est-ce qu’il dit ou ne dit pas sur quel sujet ? Par la position

socioculturelle, économique et politique dans laquelle il se trouve, le journaliste,

111

exprime ses pensées à la fois à sa façon de lui-même et selon celle du journal

qu’il représente. Il exprime ses idées particulières sur les actes que le

gouvernement américain était en train de réaliser à cette époque-là. Il s’agissait

évidemment du problème de Saddam Hussein et de la grande volonté de venger

les attentats du 11 septembre en méprisant les décisions et les revendications de

la société internationale. Et c’est dans ces circonstances que le journaliste,

entame ses critiques contre le gouvernement américain. Dès le début, il prend en

main le sujet dans une perspective historique parce qu’un pays

« superpuissance » comme les Etats-Unis a une lourde histoire vis-à-vis des

nations du monde. Les témoignages sont abondants : le grand duel qui a duré de

longues années contre son adversaire, la Russie Soviétique, la guerre de la Corée

ou la guerre du golf des années 1990, etc. Donc, quand il s’agit de parler sur les

relations extérieurs des Etats-Unis, ce n’est pas facile de ne pas se remémorer les

anciens témoignages comme ce journaliste l’a fait dans son article. Puisque ce

journal en question en appelle à des masses populaires alors que le journal le

Monde, un autre journal de gauche un public des lecteurs plus intellectuelles, le

point de vue, le style, les choix langagiers, la fiction du texte, les tons, les types

de phrases, les choix des figures non-verbales, ne peuvent pas être identique

dans les deux journaux. Par exemple, si on aborde le titre de l’article en

question, on constate qu’il est construit avec un style qui appelle à des masses

populaires parce que se remémorer l’insuccès des Etats-Unis au Vietnam, quand

il s’agit, à présent de la guerre de l’Irak, n’a pas beaucoup d’intérêt pour un

intellectuel soutenu. Le journaliste en question, aborde l’histoire en précisant lui-

même que les analogies historiques sont abusives et rarement pertinentes.

10. De quelle fiction du texte est-ce qu’il écrit ? Le journaliste en question, a

rédigé son article au sein de cet événement mondial. Donc, il était en train

d’exprimer ses idées sur cet événement qui était en train de se dérouler et qui

n’avait pas abouti à sa fin. Par conséquent, son écriture était influencée de ce

processus. C’est pourquoi, peut-être, il a utilisé le mode futur quand il a été

obligé de parler des morts dans la guerre de Vietnam, pour ne pas augmenter la

tension. Il a commencé son article en partant du passé et nous fait rappeler ce qui

s’est passé en abrégé, dans la guerre du Vietnam, puis il revient au présent, ce

qui veut dire qu’il nous fait apprendre une leçon de l’histoire. De cette manière

que le lecteur peut faire des présuppositions sur le fil des événements ou avoir

112

des jugements sur les conséquences éventuelles que cette «aventure » des Etats-

Unis, va gagner à l’avenir.

11. Quelles figures non-verbales utilise-t-il ? La seule figure non-verbale à

laquelle il recourt, est d’exprimer certaines idées ou certaines informations entre

parenthèse

12. Quels types de phrases utilise-t-il ? La majorité des phrases de ce journaliste

en question, sont des phrases actives. Il n’utilise des phrases passives que s’il est

nécessaire grammaticalement. Cependant, ses choix de mode de temps, sont à

remarquer : quand il parle d’un événement vécu, il utilise le mode futur, tels que,

« (…) cinquante mille GI laisseront la vie dans cette guerre (…) » ; « (…) il

franchira le Rubicond en 1966 (…) ».

13. Sur quel ton est-ce qu’il écrit ? Comme nous l’avons déjà remarqué dans la

réponse à la question 9, le journaliste, écrit sur un ton railleur, mais pas sévère

14. Quelle influence est-ce qu’il éveille ? Quand un lecteur supposé lit cet article il

pourrait être influencé par le fait qu’au sein du gouvernement américain ne

règne pas le bon sens et la présence de l’Amérique en Irak a entraînée à une

situation chaotique et même si les analogies historiques sont abusives et

rarement pertinentes, le fil des événements paraît ressembler aux conséquences

graves de la guerre du Vietnam. En bref, les Etats-Unis sont en train d’écrire une

autre page de son histoire qui aboutira, éventuellement, à un fiasco.

Conclusion

Après avoir répondu à ces quatorze questions, nous voulons faire la comparaison de ces

deux textes. Nous allons rechercher si le style de l’écrivain, le contenu, la forme et le

sens de l’écrit sont protégés ou non et dans quelles mesures dans le texte cible. Nous

voulons commencer par aborder le titre parce que nous pensons qu’il y a le trouble dans

la traduction du titre au point de vue du style de l’écrivain. La structure grammaticale

du titre original est de nature nominale, tandis que celui du texte traduit est de nature

verbale et en plus, il implique que le sort des Etats-Unis en Irak, est connu dès le début,

comme si la guerre d’Irak avait ressemblé définitivement à la geurre du Vietnam. Or,

dans le titre original, le journaliste en question veut exprimer qu’on entend un air de

Vietnam en Irak. En conséquence, le trouble dans le style a troublé également le sens.

Quand on avance dans la lecture du texte, on rencontre d’autres points qui surprennent

113

dans le transfert du style de l’écrivain qui, également, corrompent l’intégralité du sens

du texte : le journaliste en question a utilisé deux fois le mode futur quand il raconte un

événement vécu et achevé : « (…) il franchira le Rubicond en 1966 en portant des

effectifs (…) » ; « (…) Cinquante mille GI laisseront la vie dans cette guerre. En vain.

(…) ». Or, on voit que le traducteur en question n’a pas transféré ces deux usages du

mode futur dans sa traduction. Il aurait dû les protéger dans le texte cible. En outre,

nous avons constaté que le traducteur en question a traduit l’adjectif « abusive » dans la

première phrase du texte par « aldatıcı ». Or, le sens du mot « abusive » en turc, ne peut

être que « kötüye kullanan » et l’adjectif « aldatıcı » a un équivalent en français comme

« trompeur ». Donc, « aldatıcı » n’est pas un équivalent de l’adjectif « abusuive ». En

deçà de ces lacunes que nous avons relevées ci-dessus, il faut souligner que le

traducteur en question a omis toute une phrase entre paranthèses qui ne corrompe pas

l’intégralité du texte, mais qui donne une information incomplète, ce qu’il ne devrait pas

faire. En conséquence, nous voyons que le traducteur en question n’a pas pu assez

réussir à protéger le style de l’écrivain dans sa traduction, c’est pourquoi il n’est pas

possible de dire que le texte source a parlé excellement dans la culture cible.

2.3.1.2. Texte 2-Version-Article

LE MONDE/DIMANCHE 7-LUNDI 8 SEPTEMBRE 2003

L’éditorial

L’ONU en Irak

LE SECRETAIRE général de l’ONU est trop diplomate pour manifester ostensiblement

ses sentiments. Mais si l’affaire n’était pas si grave, s’il ne s’agissait pas du sort d’un

pays, l’Irak, Kofi Annan serait tenté d’afficher un brin de satisfaction. Car le retour des

Etats-Unis devant le Conseil de sécurité marque la reconnaissance de ce que

l’administration Bush entendait farouchement rejeter : la prééminence de l’ONU quand

il s’agit d’incarner la légitimité internationale.

C’est cela qui est en jeu, un point de droit, quelque chose de très politique aussi. Sous la

pression du chaos en Irak, d’une série d’attentats meurtriers, le gouvernement américain

fait ce qu’il s’était juré de ne pas faire : il présente un projet de résolution destiné à

accroître le rôle politique des Nations unies à Bagdad.

114

Il n’y a pas si longtemps, la Maison Blanche disait, haut et fort, que, pour « vital » qu’il

soit, le rôle de l’ONU en Irak devait être cantonné à l’humanitaire. Les Etats-Unis,

n’avaient nul besoin de l’estampille ONU, proclamait-on, pour légitimer leur opération

en Irak. Bien au contraire : dans la nébuleuse néoconservatrice, certains faisaient de

cette marginalisation politique de l’ONU l’un des points-clés de la nouvelle doctrine

diplomatico-stratégique américaine.

Seulement, l’échec de l’après-guerre –que le Pentagone a voulu gérer seul, aux dépens

du département d’Etat- est tel que la Maison Blanche a dû abandonner sa posture de

mépris à l’adresse de l’ONU. On en connaît les raisons. L’occupation de l’Irak s’avère

beaucoup plus onéreuse que prévu. Elle requiert plus d’hommes et plus de moyens

financiers. Candidats à l’investiture démocrate pour affronter M. Bush en 2004, le

sénateur John Kerry observe : « Les Etats-Unis assurent 95 % des coûts, fournissent 95

% des hommes et enregistrent 95 % des pertes. » Intenable, a court terme pour M. Bush,

politiquement et financièrement. Il lui fallait « multilatéraliser » l’opération. Il lui fallait

solliciter des soutiens au-delà de sa coalition de volontaires. Et, pour cela, pour que des

grands pays tels que l’Inde, le Pakistan, la Turquie, le Brésil, l’Egypte et la Jordanie

acceptent de fournir des troupes, et que nombre d’européens apportent une assistance

financière, une condition devait être remplie : un mandat en bonne et due forme de

l’ONU. Non pas que ces pays souhaitent confier le commandement de la Force de paix

à l’ONU : ils pensent que ce serait inefficace et jugent acceptable le commandement

américain.

Non pas qu’ils entendent que la reconstruction soit confiée à la bureaucratie onusienne :

ils en connaissent les défauts. Ils veulent une tutelle politique de l’ONU, même

symbolique. Car ils estiment que l’ONU est la seule organisation à même de légitimer

cette phase de transition vers un retour à la souveraineté de l’Irak. L’écrasante majorité

des Etats reconnaissent l’ONU –parce qu’elle les rassemble tous, pas parce qu’elle est

exemplaire- comme étant la seule source de légitimité internationale.

M. Bush est désormais contraint de l’admettre.

115

La traduction turque :

RADIKAL, 13. 09. 2003

Irak’a BM şemsiyesi

BM Genel sekreteri duygularını açıkça göstermeyecek kadar iyi bir diplomat. Ama

mesele bu kadar ciddi olmasa, söz konusu olan bir ülkenin, Irak’ın kaderi olmasaydı,

Kofi Annan memnuniyetini biraz olsun gösterirdi. Çünkü ABD’nin Güvenlik

Konseyi’ne dönüşü, Bush yönetiminin önceleri sert bir dille reddetiği gerçeği artık

kabullendiğini gösteriyor : uluslararası meşruiyet söz konusu olunca BM’nin önceliği.

Söz konusu olan hukuki, aynı zamanda son derece siyasi bir konu. Irak’taki kaosun ve

ölümcül bir dizi saldırının baskısıyla ABD yönetimi, yapmamaya yemin etmiş olduğu

şeyi yapıyor. BM’nin Bağdat’taki politik rolünü artırmaya yönelik bir karar tasarısı

sunuyor.

Daha kısa zaman önce Beyaz Saray açık ve net bir şekilde, ne kadar ‘yaşamsal önemde’

olursa olsun, BM’nin Irak’taki rolünün insani yardımla sınırlı kalması gerektiğini

belirtiyordu. ABD’nin Irak’taki operasyonuna meşruiyet kazandırmak için BM

damgasına hiçbir şekilde ihtiyacının olmadığı söyleniyordu. Yeni muhafazakâr

görüşlerin ağırlığını hissettirdiği bir ortamda, kimileri BM’nin politik açıdan

marjinalleştirilmesini, ABD’nin yeni diplomasi stratejisinin kilit noktalarından biri

olarak görüyordu.

Ancak savaş sonrası yaşanan başarısızlık –Pentagon her şeyi, Dışişleri’ni bile

harcayarak kendi başına yönetmek istemişti- öyle büyük oldu ki, Beyaz Saray BM’ye

başvuru konusundaki olumsuz tutumundan vazgeçmek zorunda kaldı. Nedenleri malum.

Irak’ın işgali beklendiğinden çok daha zor ve masraflı çıktı.

Daha fazla insana ve mali kaynağa ihtiyaç duyuluyor. Bush ile 2004 seçimlerinde

yarışacak Demokrat senatör John Kerry şöyle diyor : « ABD masrafların yüzde 95’ini,

insan ihtiyacının yüzde 95’ini ve kaybın yüzde 95’ini karşılıyor. » Bush böyle bir

durumu kısa vadede ne siyasi açıdan, ne de finansal açıdan kaldırabilir. Operasyonu

‘çokuluslulaştırma’ya mecbur kaldı. Gönüllüler koalisyonunun dışından da destek

araması gerekti.

116

Tüm ülkelerin isteği aynı

Ancak Hindistan, Pakistan, Türkiye, Brezilya, Mısır ve Ürdün gibi ülkelerin asker

göndermeyi kabul etmesi ve Avrupa ülkelerinden bazılarının finansal destek sağlaması

için, bir şartın yerine getirilmesi gerekiyor : usulüne uygun bir BM mandası. Bu ülkeler

kuvvetin komutasını BM’nin eline vermeyi zaten istemiyor : bunun etkili olmayacağını

düşünüyor, ABD komutasını kabul ediyorlar. Keza ülkenin yeniden inşasını BM

bürokrasisinin kusurlarını biliyorlar. Onların istediği, sembolik bile olsa BM’nin politik

himayesi. Çünkü BM’yi, Irak’ta egemenliğe dönüşe geçiş dönemine meşruiyet

kazandırabilecek tek örgüt olarak görüyorlar. Ülkelerin ezici çoğunluğu BM’yi, örnek

teşkil ettiğinden değil, hepsini birden içine aldığı ve bir çatı altında topladığı için,

uluslararası meşruiyetin tek kaynağı olarak görüyor. Bush artık bu gerçeği kabul etmek

zorunda.

Analyse du texte 2

1. Qui écrit ? C’est un éditorial du journal du Monde.

2. Sur quoi écrit-il ? Cet article est aussi sur la guerre de l’Irak, publié un

mois après l’article de Libération dont nous venons de faire l’analyse.

3. A qui écrit-il ? Cette fois, cet article s’adresse à une masse de lecteur

aussi de gauche mais différente au point de vue de l’intellectualité et de

la culture.

4. Quel moyen utilise-t-il ? Un essai ou un article de journal.

5. Quand est-ce qu’il écrit ? Cet éditorial a été écrit le 7 septembre 2003, à

peu près six mois après le début de l’occupation et un mois après la

publication de l’article de la Libération.

6. Où est-ce qu’il écrit ? Les auteurs écrivent de leur propre pays, c’est-à-

dire, de France.

7. Pourquoi écrit-il ? Ils écrivent cet article pour les mêmes motifs et les

mêmes raisons que celles du journaliste de Libération.

8. Avec quelle fonction linguistique est-ce qu’il aborde un tel texte ?

Evidemment, ce qui compte dans de tels textes, c’est la fonction

appellative.

9. Qu’est-ce qu’il dit ou ne pas dit sur quel sujet ? On peut dire que cet

article et le précédent (texte 1) partagent les mêmes opinions sur la

117

guerre de l’Irak, mais leur manière ne se recouvrent pas. Cet article a été

publié un mois après la publication de l’article de la Libération. Avec cet

article du Monde, nous sommes témoins de la situation d’un mois après

le début de la guerre d’Irak, telle qu’on l’a décrite dans l’article de

Libération, mais d’une manière différente. On voit que, dans un mois, la

situation s’est aggravée davantage comme le journaliste de Libération l’a

prévue. Comme on le sait, à ce moment, l’administration Bush avait

rejeté toute intervention de l’ONU en Irak et l’opinion commune, soit au

sein de la droite que de la gauche en France, était que l’administration

Bush entrerait dans l’impasse. Et, en effet, ça n’a pas duré longtemps que

le fait de la présence des Etats-Unis en Irak mène à une impasse et

l’administration Bush a enfin été obligé d’accepter l’intervention de

l’ONU. On voit que cet article du Monde a utilisé un langage plus sévère

que celui de Libération, tandis que Libération a recours à un langage

plutôt railleur. Tous les deux ne culpabilisent pas l’administration Bush

avec des paroles directes comme par exemple, le tyran, le dictateur. « La

machine de guerre américaine » sous-entend chez le lecteur une certaine

tyrannie. Dans toutes ces phrases extraites de cet article du Monde, on

entend la tyrannie, la dictature de l’administration Bush : « (…) ce que

l’administration Bush entendait farouchement rejeter (…) » ; « (…) ce

qu’il s’était juré de ne pas faire (…) » ; « (…) il n’y a pas si longtemps,

la Maison Blanche disait, haut et fort, que, pour « vital » qu’il soit

(…) » ; « (…) seulement, l’’échec de l’après guerre (…) » ; « (…) la

Maison Blanche a dû abandonner sa posture de mépris à l’adresse de

l’ONU (…) » ; « (…) M. Bush est désormais contraint de l’admettre

(…) ».

10. De quelle fiction du texte est-ce qu’il écrit ? La fiction du texte est

simple parce que l’intention de ceux qui rédigent cet éditorial n’est que

d’être opposant radicalement à l’administration Bush.

11. Quelles figures non-verbales utilise-t-il ? On ne rencontre pas de

figures non-verbales excepté deux entre-guillemets pour indiquer les

actes inconséquents de l’administration Bush.

12. Quels types de phrases utilise-t-il ? La plupart des phrases sont des

phrases nominales, complexes, actives et non elliptiques.

118

13. Sur quel ton est-ce qu’il écrit ? C’est article a un ton sévère et qui est

sûr de lui-même.

14. Quelle influence est-ce qu’il éveille ? On essaye de créer un climat

d’irritation sur le lecteur en utilisant un langage sévère contre

l’administration Bush.

Conclusion

Après avoir analysé le texte source et lu réciproquement les deux textes,

premièrement, nous avons constaté une faute qui corrompe l’intégralité organique du

sens du texte : le traducteur en question a traduit la phrase « (…) la Maison Blanche a

dû abandonner sa posture de mépris à l’adresse de l’ONU (…) » par la phrase de « (…)

Beyaz Saray BM’ye başvuru konusundaki olumsuz tutumundan vazgeçmek zorunda

kaldı (…) ». Cette traduction ne peut pas être un équivalent de la phrase du texte source

parce que le sens du mot « mépris » est « aşağsama, önemsememe, küçümseme, hor

görme » en turc et non pas « olumsuz » et « olumsuz tutumundan » peut être traduit en

français par « de son allure négative ». Donc, cette traduction a créé une lacune de sens

dans cette partie du texte et deuxièmement, nous avons constaté une phrase

grammaticalement incorrecte pour laquelle on n’a rien à dire traductologiquement:

« (…) Keza ülkenin yeniden inşasını BM bürokrasisinin kusurlarını biliyorlar (…) ». Il

faudrait la traduire par exemple : « (…) Keza ülkenin yeniden inşası konusunda BM

bürokrasisinin kusurlarını biliyorlar. (…) ». En dernière analyse, il n’est pas possible de

dire que le texte traduit puisse faire parler le texte source excellentement dans la culture

cible, à cause de ces lacunes relevées ci-dessus, fûssent-elles minimes.

2.3.1.3.Texte 3-Version-Article

Le MONDE, 27.7.2003

L’éditorial du Monde

Prévoir le 11 septembre

C’EST A L’HONNEUR de la démocratie américaine que de permettre à ses

parlementaires d’enquêter avec autant de moyens sur le fonctionnement interne de la

119

partie la plus secrète de l’administration : les services de renseignement. Peu d’autres

pays offrent une telle liberté aux élus.

Après dix mois d’investigations, la commission spéciale du Sénat et du Congrès tente

de répondre à cette question qui hante les Américains : était-il vraiment impossible,

comme l’affirme depuis deux ans l’administration Bush, de prévoir et d’empêcher les

attaques du 11 septembre contre les tours du World Trade Center et le Pentagone ?

Le rapport de 850 pages n’apporte pas de révélation, mais il est, au total, accablant. Le

FBI et la CIA avaient accumulé des masses de renseignement à l’intérieur et à

l’extérieur des Etats-Unis qui, soit n’ont pas été rapprochées entre elles pour des raisons

mi-bureaucratiques, mi-politiques, soit ont été ignorées par les responsables, qui

croyaient l’Amérique intouchable et n’accordaient donc pas de crédit aux preuves de

menaces mises sous leurs yeux. Le rapport montre que cinq des dix-neuf terroristes

d’Al-Qaïda ont rencontré quatorze personnes, sur le sol américain, qui avaient fait

l’objet d’une enquête du FBI. Quatre d’entre elles étaient encore soumises à enquête.

Un informateur du FBI était en contact avec deux pirates de l’air lorsqu’ils étaient à San

Diego, mais l’antenne locale du bureau ignorait que ces mêmes personnes avaient été

identifiées par le CIA comme des membres du réseau Ben Laden. A l’été 2001,

plusieurs alertes ont été données sur des attaques imminentes devant causer « des

pertes considérables » : elles sont restées sans suite.

Impossible d’empêcher le 11 septembre ? On peut penser le contraire après lecture du

rapport, qui donne des arguments aux critiques contre les agences de renseignement

américaines, déjà sur la sellette à propos de l’existence d’armes de destruction massive

en Irak. Les démocrates accusent la Maison Blanche de n’avoir tiré aucune conclusion

des échecs patents des services de renseignement américains, leurs responsables sont

toujours en place.

Un autre volet de critiques s’ouvre non sur ce que contient le rapport, mais sur les 28

pages qui ont été effacées par la Maison Blanche pour des raisons de « sécurité

nationale ». Qu’y a-t-il dans ces pages ? Les questions se concentrent notamment sur le

rôle de l’Arabie saoudite. Le rapport confirme que Riyad a refusé de collaborer aux

enquêtes après le 11 septembre, mais explique surtout qu’un Saoudien suspecté d’avoir

120

des liens avec le gouvernement de son pays a financé directement aux Etats-Unis les

deux pirates de l’air de San Diego.

Ils les ont rencontrés juste après une visite au consulat de Los Angeles. Il est permis de

penser que les « coupés » du rapport concernent des précisions qui mettent en cause

l’Arabie saoudite, d’une part, et d’autre part ses liens diplomatiques avec certaines

personnes de la Maison Blanche.

La traduction turque

RADİKAL, 28.7.2003

11 Eylül pekâlâ önlenebilirmiş

Yönetimin en gizli bölümünün, yani istihbarat servislerinin iç işleyişini böylesine

ayrıntılı bir biçimde soruşturma yetkisini parlamenterlerine verebildiği için, Amerikan

demokrasisi kendisiyle gurur duymalı. Pek az ülke seçilmişlerine böyle bir özgürlük

sunar. 10 ay süren soruşturmanın ardından, Senato ve Kongre'nin özel komisyonu,

Amerikalıların aklından çıkmayan soruya yanıt vermeye çalıştı: Dünya Ticaret Merkezi

ve Pentagon'a yapılan 11 Eylül saldırılarını öngörebilmek ve engelleyebilmek, Bush

yönetiminin iki yıldır iddia ettiği gibi imkânsız mıydı gerçekten?

Bürokrasi, siyasi hesap ve ihmal

850 sayfalık rapor bu konuya açıklık getirmese de, bir bütün olarak bakıldığında ezici

bir ağırlığı var. FBI ve CIA, ABD içinde ve dışında tonlarca istihbarat toplamış. Ancak

bu istihbarat ya yarı bürokratik, yarı siyasi nedenlerle değerlendirilmemiş, ya da

ABD'nin dokunulmaz olduğunu sanan sorumlular bunları görmezden gelmiş ve

gözlerinin önündeki tehditleri ciddiye almamış. Rapora göre Kaide'nin 19 teröristinden

beşi ABD topraklarında FBI tarafından soruşturulmuş 14 kişiyle görüşmüş. Bunlardan

dördü olay sırasında hâlâ soruşturuluyormuş. FBI'dan bir ajan hava korsanlarından

ikisiyle San Diego'dayken temas kurmuş, ancak dairenin yerel şubesi bu kişilerin CIA

tarafından Bin Ladin şebekesine dahil olarak tanımlandıklarını fark edememiş. 2001

yazında, 'önemli derecede kayıplar'a yol açabilecek yakın saldırılara ilişkin çok sayıda

alarm verilmiş, ama bunların arkası getirilmemiş. 11 Eylül'ü önlemek imkânsız mıydı?

Raporu okuduktan sonra bunun tersi düşünülebilir.

121

Irak'taki kitle imha silahları konusu nedeniyle zaten şaibeli olan istihbarat servislerine

karşı çıkanların eline, bu rapor yeni kozlar veriyor. Demokratlar Beyaz Saray'ı istihbarat

servislerinin aleni başarısızlıklarına karşı hiçbir şey yapmamakla suçluyor, sorumlular

hâlâ görevlerinin başında.

Bir de sansürlenen sayfalar var

Bir diğer eleştiri ise raporun içeriğiyle değil, Beyaz Saray'ın 'ulusal güvenlik' nedeniyle

sildiği 28 sayfayla ilgili. Bu sayfalarda neler vardı? Sorular özellikle Suudi Arabistan'ın

rolü üzerinde yoğunlaşıyor. Rapor Riyad'ın 11 Eylül soruşturmalarında işbirliği

yapmayı reddettiğini doğruluyor ve en önemlisi, hükümetiyle ilişkileri olduğundan

şüphelenilen bir Suudi'nin ABD'de San Diego'daki iki hava korsanına doğrudan para

vermiş olduğunu açıklıyor.

Onlarla Los Angeles konsolosluğuna gittikten hemen sonra görüşmüş. Raporun 'kesilen'

kısımları büyük olasılıkla hem Suudi Arabistan'ı, hem de bu ülkenin Beyaz Saray'daki

bazı kişilerle diplomatik ilişkilerini sorgulayan bölümler içeriyordu.

Analyse du texte 3

1. Qui écrit ? C’est un éditorial du Monde.

2. Sur quoi écrit-t-il ? Cet éditorial porte sur les attentats du 11 septembre.

3. A qui écrit-il ? A ses propres lecteurs, c’est-à-dire, à une masse de lecteurs

gauchistes.

4. Quel moyen utilise-t-il ? Un essai ou un article de journal

5. Quand est-ce qu’il écrit ? Cet éditorial est publié le 27. 7. 2003

6. Où est-ce qu’il écrit ? Il est écrit en France.

7. Pourquoi écrit-t-il ? Deux ans après les attentats du 11 septembre, de grands

doutes s’étaient accumulés sur le fait que l’administration américaine aurait pu

en réalité prévoir ces attentats. Cet éditorial a été rédigé pour mettre en cause

sérieusement ces doutes.

8. Avec quelle fonction linguistique est-ce qu’il prend en main un tel texte ?

C’est la fonction appellative qui est en jeu.

9. Qu’est-ce qu’il dit ou ne dit pas sur quel sujet ? Le langage de cet article est

un peu d’un ton railleur ou plus exactement, l’article fait son entrée sur un ton

railleur. D’abord, il commence à nous rappeler une vertue de la démocratie

122

américaine qu’est la liberté « de ses parlementaires d’enquêter avec autant de

moyens sur le fonctionnement interne de la partie la plus secrète de

l’administration », c’est-à-dire, les services de renseignement et il ajoute que

« peu d’autres pays offrent une telle liberté aux élus ». Il commence par décrire

cette vertu de la démocratie américaine parce qu’à la suite, il révèle des

conséquences qui sont contradictoires à cette vertue. Il veut créer un doute chez

le lecteur sur le fait qu’en réalité, l’administration américaine aurait pu prévoir

les attentats du 11 septembre et malgré la grande liberté de prendre des

renseignements sur les services secrets, certains renseignements très importants

concernant ces attentats, ont été cachés.

10. Avec quelle fiction de texte est-ce qu’il écrit ? Ce texte est construit sur le

mode questions et réponses.

11. Quelles figures non-verbales utilise-t-il ? On ne voit pas de figures non-

verbales.

12. Quels types de phrases utilise-t-il ? Le texte est construit avec des phrases

composées, parfois simples, nominales et verbales, actives et passives et

interrogatives.

13. Sur quel ton est-ce qu’il écrit ? Cet article présente un ton à la fois railleur et

enquêteur.

14. Quelle influence est-ce qu’il éveille ? Cet article éveille chez le lecteur un

doute fort, en l’orientant vers l’enquête.

Conclusion

D’après nous, il n’y a qu’une seule lacune, mais une grande lacune qui influence tout le

sens du texte, c’est que le titre n’est pas traduit dans la langue cible selon les exigences

traductologiques. On voit que le traducteur en question a traduit le titre « Prévoir le 11

septembre » par « 11 Eylül pekâla önlenebilirmiş ». Il est claire que le titre traduit a

devié le sens du titre original parce que l’article en question parle des doutes sérieuses

sur le fait que les attentats du 11 septembre auraient pu être prévus. Mais tous ça, ce ne

sont que des hypothèses. Or, le titre traduit parle comme si ces hypothèses ont été déjà

prouvées. D’après nous, le titre pourrait mieux être traduit de la manière suivante : « 11

Eylül öngörülebilir miydi ? » et ainsi on protège à la fois le style, le sens, la forme et le

contenu du titre.

123

2.3.1.4. Texte 4-Thème-article

Milliyet, 17. 03. 2008

Can Dündar

Önce hukuku konuşalım : Diyorlar ki ; « İktidar partisine kapatma davası açılır mı ? »

İktidarda olmak bir partiye yasalar karşısında dokunulmazlık vermez, vermemelidir.

Diyorlar ki;

« Halkın yarısının oyunu almış bir parti kapatılır mı ? »

Hukuk, partilere aldığı oy oranına göre değil, yasalara sadakatine göre tasnif eder.

Aksini savunmak, ülkeyi çoğunluk diktasına götürür. Çoğunluk partisi de, yüzde 1 oy

alan partiyle aynı hak ve sorumluluklara sahiptir.

Diyorlar ki ;

« Avrupa ne der ? »

Avrupa insan hakları mahkemesi Refah Partisi kapatıldığında « Evet, kapatılmalıydı »

demişti.

Diyorlar ki ;

« İstikrar bozulur, borsa altüst olur ».

Bunlar hukukun ilgi alanında olmamalıdır.

Diyorlar ki ;

« Halkın iradesine karşı açılmış bir dava bu… »

Halk desteği, bir siyasi hareketi meşrulaştırmaya yetmez. Nazilerin de halk desteği

vardı. Ve o destekle dünyayı yaktılar.

Bir parti meşrululuğunu, iktidarda olmasından, yüksek oy oranından, Avrupa’nın koltuk

çıkmasından değil, eylemlerinin, söylemlerinin, liderlerinin hukuka uygunluğundan alır.

124

Yargıtay Başsavcısı’nın AKP için açtığı kapatma davasıyla yargıyı siyasallaştırdığını

öne sürenlerin gerekçeleri de yargıyı siyasallaştırıyor. Hukuk konuşacaksak bu ilkelerde

anlaşmalıyız.

Simdi madalyonun öbür yüzünü çevirelim ve siyaseti konuşalım :

Orada da demokrasi de anlaşmamız gerekiyor.

AKP’yi kapatma davası, yukarıdaki gerekçelerle değil, ama siyasetin sorunlarına,

hukukla çözüm aradığı için sistemin iflası anlamı taşıyor.

Yönetici elit, deliklerden çıkan plastik kafalara çekiçle vurmaya çalışan Luna Park

müptelasına benziyor ; işine gelmeyen hareketleri yasaklayarak bastırmaya, okulsuz

marif gibi « partisiz demokrasi » yaratmaya çalışıyor. Bu işi de artık seçimle ya da

darbeyle yapamadığından hakimlere devretmişe benziyor.

Lakin bu inat, her seçim meydanında daha büyük hezimete yol açıyor. Çünkü seçmen,

iradesine ipotek konduğunu düşünüyor ; kapatılan partide mağduriyet görüntüsü

oluşuyor ; muhalefet partisinin fırsatçı tavrı halkı onlarla ve hukukla inatlaşmaya

sürüklüyor.

Sonuçta her çekiç darbesinin ardından öbür deliklerden yeni kafalar fışkırıyor,

kapatılan, daha güçlenerek açılıyor.

Son dava, siyaseten AKP’ye arayıp bulamayacağı bir hayat öpücüğü sunmuştur.

Emekçiler, iktidar partisinin kendi haklarını gasp etmesine karşı sokağa dökülmüşken,

kimi aydınlar desteğini çekmişken, AB konusundaki ikircikli tavrı Avrupa’dan da

görülmüşken bu dava, AKP’ye yeniden « demokrasinin mağduru » payesi ve yerel

seçimler için « e muhtıra »nın sağladığına benzer bir seçim malzemesi bahşetmiştir.

DTP ve seleflerinin kapatılmasına ses etmeyen, hatta demeçleriyle hedef gösteren AKP,

ok kendine dönünce demokrasiyi hatırlamış ve iki kün içinde yeniden yerli yabancı

geniş bir koalisyonun desteğini yakalamıştır.

Ana muhalefet partisinden dava için yükselen alkış sesleriyse « biz hiç ders almıyoruz »

makamındadır.

125

Hukukun sözünü Anayasa Mahkemesi söyleyecek. Ama siyasetin sözünü tarih söyledi

bile :

Tarih, bir partiyi kapatmanın o partinin savunduğu fikirleri gömmeye yetmediğini,

tersine budanan dalları daha gür yeşerttiğini yazıyor.

Çare yine siyasettedir.

Meclis, dış müdahalelerin önünü kesecek öz denetim mekanizmaları yaratmalı, iktidar,

hükmederken çoğunluk sarhoşluğuna kapılmanın, uzlaşmamanın sakıncalarını

kavramalı, muhalefet, yasaklardan, muhtıralardan medet ummayı bırakıp rakibini

mahkemelerde, kışlalarda değil, meydanlarda, sandıklarda alt etmenin dilini, yolunu,

yöntemini bulmalıdır.

Yarısı yasaklanmış bir siyaset, diğer yarıya ne iktidar, ne itibar getirir.

La traduction française

Courrier International, Milliyet, le 17. 08. 2008

CAN DUNDAR

Turquie : peut-on interdire le parti au pouvoir ?

Par Can Dündar, le mardi 18 mars 2008

L’AKP, parti islamo-conservateur au pouvoir en Turquie, est confronté à une

procédure d’interdiction en raison « d’activités allant à l’encontre de la laïcité ».

Une situation insolite qui menace le pays d’une grave crise politique. L’analyse du

quotidien Milliyet.

A la suite de la demande d’interdiction du parti lancée (le 14 mars) par le procureur de

la Cour de cassation auprès de la Cour institutionnelle, l’AKP (Parti de la justice et du

développement) s’insurge contre le fait que l’on « puisse envisager d’interdire un parti

qui est actuellement au pouvoir ». Pourtant, ce n’est pas parce qu’un parti politique est

au gouvernement qu’il peut automatiquement d’une immunité devant le lois. De la

même façon, ce n’est pas parce que qu’il a réuni presque la moitié des suffrages lors des

126

dernières élections législatives qu’un parti ne doit pas se soumettre à ces mêmes lois.

Affirmer le contraire risquerait de conduire le pays vers la dictature de la majorité.

« Un procès contre la volonté populaire » ? Les nazis aussi avaient le soutien du peuple.

On a vu ce que cela a donné. « Que va dire l’Europe ? » entend-on souvent. La Cour

européenne des droits de l’homme avait approuvé la décision (en 1998) d’interdire le

Parti de la prospérité (Refah). Les risques d’instabilité boursière ? Voilà bien un

argument qui ne doit en aucun cas interférer sur le déroulement de la justice. Toutefois,

il faut bien admettre que cette procédure d’interdiction de l’AKP porte en elle la marque

de la faillite d’un système qui tente d’apporter des solutions juridiques à des problèmes

politiques. L « establishment » tente ainsi de mettre sur pied « démocratie sans partis ».

Dès lors que cela ne peut plus se faire par des élections ou par un coup d’Etat ce sont

apparemment les juges qui sont désormais chargés d’assumer cette tâche.

Cet entêtement se paie toujours très sévèrement sur le plan électoral. En effet, l’électeur

a alors le sentiment qu’on a voulu l’empêcher d’exprimer sa volonté ; le parti interdit

revient donc ensuite encore plus renforcé. Ce propos s’avère donc une aubaine pour

l’AKP qui, sur le plan politique, était confronté à un important mouvement social des

travailleurs turcs qui étaient descendus récemment en masse dans la rue pour défendre

leurs droits. Si l’on ajoute à cela la fin du soutien apporté à l’AKP par certains

intellectuels influents, ainsi que l’attitude hésitante de ce parti vis-à-vis de l’Europe, on

comprend encore mieux en quoi ce procès va profiter à l’AKP qui pourra à nouveau se

montrer en victime et « incarner la démocratie » lors des prochaines élections

municipales (prévues pour 2009). L’AKP, qui n’avait pipé mot lorsqu’une même

procédure d’interdiction avait été lancée contre le DTP (Parti pour une société

démocratique, prokurde) se rappelle maintenant les bienfaits de la démocratie. En

applaudissant à ce procès, le parti d’opposition (kémaliste) CHP (Parti républicain du

peuple) montre, quant à lui, qu’il ne parvient, décidemment, à tirer aucune leçon du

passé.

Ce sera bien entendu, à la Cour constitutionnelle de se prononcer sur le plan juridique.

Mais sur le plan politique, l’Histoire a déjà bien montré que l’interdiction d’un parti ne

suffisait pas pour en finir avec ses idées et que les branches taillées finissaient toujours

par repousser encore plus fortes.

127

Analyse du texte 4

1. Qui écrit ? C’est Can Dündar qui écrit. Il est un journaliste libéral qui écrit pour

un journal qui est au centre, Milliyet.

2. Sur quoi écrit-il ? Il écrite sur les événements à la suite de la demande

d’interdiction du parti de l’AKP.

3. A qui écrit-il ? Avant de répondre à cette question, nous pensons qu’il est

nécessaire de faire des remarques sur le profil des masses de lecteurs. En

Turquie, chaque journal a évidemment sa propre masse de lecteurs. Par contre,

ces masses de lecteurs présentent un aspect sociologique complexe au point de

vue idéologique parce qu’il n’est pas possible de distinguer les journaux

définitivement comme étant de gauche ou de droite comme par exemple en

France. Il y a des journaux au centre, au centre gauche ou centre droite et dans

chaque journal, on peut trouver des journalistes à la fois de gauche et de droite.

Ce pluralisme provient en même temps du souci du tirage. Donc, le journaliste

en question en appelle en somme à la grande masse de lecteurs de son journal

qu’il représente et en particulier en appelle à ses propres lecteurs qui diffèrent

d’autres types de lecteurs de ce journal.

4. Quel moyen utilise-t-il ? Il utilise un essai.

5. Quand est-ce qu’il écrit ? Il écrit le 17 mars 2008, trois jours après la

déclaration de la demande d’interdiction du parti.

6. Où est-ce qu’il écrit ? En Turquie.

7. Pourquoi écrit-il ? Le journaliste en question, pense qu’il y a eu un coup de

décision juridique. C’est pourquoi il prend en main cet article.

8. Avec quelle fonction linguistique est-ce qu’il prend en main un tel texte ? Ce

texte est de nature appellative.

9. Qu’est-ce qu’il dit ou ne dit pas sur quel sujet ? Le journaliste en question est

contre ce procès de la demande d’interdiction du parti. Il rédige cet article en

quatre parties. Dans la première, ils appellent ses lecteurs à parler du droit, en

mettant en cause les principes du droit concernant ce fait. Il pose des questions à

ceux qui s’opposent à ce procès sous l’angle du droit et il leurs répond en

croyant qu’il renverse les prétentions de ces opposants. Ensuite, il passe à la

deuxième partie de son article. Ici, il aborde la politique et il met en cause le fait

que l’on doit être d’accord sur la démocratie, parce que, d’après lui, on doit

128

tenter de résoudre les problèmes politiques par le droit. Par contre, il révèle tous

les actes anti-démocratiques de l’élite administrative qui critique tous ceux qui

vont à contre-courant d’eux-mêmes. Il prétend que les administrateurs élitistesse

ainsi s’efforcent de créer une démocratie sans partis et ils paraissent remettre

cette affaire aux juges puisqu’ils ne peuvent pas résoudre le problème désormais

avec des élections ou avec des coups d’Etat. Et il ne peut pas exister une

démocratie sans partis, dit le journaliste parce que ce qui est interdit, paraît plus

renforcée, puisqu’il subit une injustice. Et il aborde la troisième partie.

Maintenant, c’est l’AKP qui subit une injustice. Il prétend que l’AKP trouve

ainsi une grande occasion de renforcer son pouvoir lorsqu’il perd tout son

soutien du peuple à cause de ses insuccès. D’après lui, l’AKP subit une injustice,

il rappelle à l’ordre la démocratie qu’il a oublié quand il s’agissait d’interdire par

exemple le parti DTP. Et dans la dernière partie, il affirme que ce sera la Cour de

Constitution qui va donner la parole au droit, mais que l’histoire a déjà donner la

parole à la politique.

10. Avec quelle fiction de texte est-ce qu’il écrit ? Le journaliste en question a

construit son article sur une manière de proposer discuter au lecteur sur tel ou tel

sujet en demandant des questions à répondre. C’est un texte qui est en état de

dialoguer avec le lecteur.

11. Quelles figures non-verbales utilise-t-il ? Il n’utilise pas de figures non-

verbales.

12. Quels types de phrases utilise-t-il ? Il a utilisé des phrases toute simple, courte

et très claire et il a recouru généralement au présent de l’indicatif.

13. Sur quel ton est-ce qu’il écrit ? On peut dire qu’il écrit sur un ton d’appellation

à la réconciliation, mélangé de sévèrité.

14. Quelle influence est-ce qu’il éveille ? Le lecteur se sent d’abord de la méfiance

contre l’ordre politique du pays. Mais, en même temps, il témoigne que ces

problèmes sont en train d’être discutés, ce qui peut le rendre content.

Conclusion

Il n’est pas possible de dire que par le texte traduit, l’article en question et par

conséquence l’écrivain de cet article parle dans la culture cible. Le traducteur en

question a d’abord rédigé lui-même un petit paragraphe d’introduction pour informer le

129

lecteur cible sur le sujet de l’article et il a effectué une traduction tout-à-fait libre dans

laquelle il est impossible de voir les propres phrases de l’écrivain. C’est une traduction

qui est faite à la hâte. C’est, peut-être, à cause du manque du temps du journalisme,

mais quoi qu’il en soit, une telle traduction est contre les principes de la traductologie.

En dehors de ces conséquences qui sont contre la nature de l’acte traduisant, nous avons

constaté un point qui intéresse directement la traductologie. L’écrivain de l’article en

question a utilisé dans son article une locution propre à la culture turque : « (…) Son

dava AKP’ye arayıp bulamayacağı bir hayat öpücüğü sunmuştur. (…) ». Dans cette

phrase, « hayat öpücüğü » est un culturème dont il ne se trouve pas un équivalent exact

ni dans la culture française, ni dans une autre culture. Dans de tels cas, comme N.

ASLAN a remarqué dans sa thèse de doctorat (1996), il faut s’adresser, parmi les

procédés de traduction, à l’adaptation. On voit que le traducteur en question a trouvé un

équivalent comme « l’aubaine » qui reçoit partiellement. Nous pouvons approuver cette

proposition. Il n’est pas possible de trouver des équivalents parfaits des culturèmes

selon leur nature.

2.3.1.5. Texte 5-Thème-Article

Radikal

İsmet Berkan, 22. 03. 2008

Küçük-Büyük Ergenekonlar

Sabah erken saatlerde haberi Murat Yetkin’den aldım. İlhan Selçuk, Kemal

Alemdaroğlu ve Doğu Perinçek Ergenekon soruşturması kapsamında başkalarıyla

birlikte gözaltına alınmışlardı. Polis sabah 04.30’da evlere girmiş, arama yapmış,

kendince bazı şeyleri el koymuş, sonra da İlhan Selçuk’u, Doğu Perinçek’i, eski

İstanbul Üniversitesi rektörlerinden Prof. Dr. Kemal Alemdaroğlu’nu emniyet

müdürlüğüne götürmüştü.

Ergenekon soruşturmasının genelde neyle ilgili olduğunu biliyoruz, mevcut yayın

yasakları ve hukuka saygımızdan ötürü pek çok şeyi de yazmıyoruz ama açıkçası İlhan

Selçuk’un tam olarak hangi deliller uyarınca şüpheli olduğunu bilmiyoruz.

130

Eğer savcı cesaretle işin sonuna kadar gidebilirse Ergenekon’un uzun yılların en önemli

soruşturması olduğuna kuşkum yok, ama yine de insanın içi cız ediyor elbette. 83

yaşındaki İlhan Selçuk’a daha ‘şık’ bir yöntem uygulanabilir, en azından sabah kendi

kendine uyanması beklenebilirdi.

Ama maalesef bizim polisimizin ve savcılarımızın bütün ‘şüpheli’lere muamelesi,

onların suçlu olduğu varsayımıyla daha gözaltına alınma anından itibaren

cezalandırılması şeklinde olduğu için, İlhan Selçuk da bu artık vazgeçilmesi gereken

muameleden payını aldı.

Daha önce bu köşede Ergenekon’la ilgili çıkan yazılarımdan birinde, o sıralar

sansasyona yol açan gözaltı ve tutuklama kararlarından hareketle, “Bu aslında küçük

Ergenekon, bir de bunun büyüğü var” demiştim.

Hálâ da bunu demeye devam ediyorum. ‘Büyük Ergenekon’a, esas beyin takımına, esas

yürütme ekibine, esas tepedeki isimlere hâlâ ulaşmış değil soruşturma. Ulaşacak mı?

Umarım. Ama soruşturmanın çok yavaş gittiğine, aradan neredeyse bir yıl geçmesine

rağmen hâlâ dava açılmadığına, ‘demokratik hukuk devletini koruma adına’ yapılan

soruşturmanın uzamasının hukuka zarar vermeye başladığına da dikkat çekmek isterim.

‘Ergenekon’ adlı devletin içinde gizlenmiş örgütün kökeni ve kuruluşu ne zamana

dayanıyor bilmiyor. Eldeki spekülatif ‘bilgi’ kırıntılarına göre bu örgüt, daha önce

İtalya’da ortaya çıkarılan ‘Gladio’nun Türkiye’deki adı, kuruluşu da 50’li yıllara kadar

gidiyor.

Bu böyle midir, değil midir bilemeyeceğim ama şurası kesin: Türkiye, özellikle

2003’den itibaren çok zorlu bir süreçten geçiyor. Adalet ve Kalkınma Partisi’nin

iktidara gelmesi, bu partinin AB üyeliği yolunda hızlı adımlar atıp Milli Güvenlik

Kurulu dahil bazı yapılarda reformlara girişmesi, hele hele Kıbrıs sorununu kökünden

çözmek için zamanın BM Genel Sekreterinin adıyla anılan ‘Annan Planı’nı kabule

yönelmesinin ardından askeri darbe tehlikesi neredeyse elle tutulur hale geldi.

2004 yılında önce ‘Sarıkız’ sonra ‘Ayışığı’ kod adlarıyla darbe planları yapıldığı artık

biliniyor. Bu darbeler yapılmadı veya yapılamadı. Ama AKP’yi demokrasi dışı

yöntemlerle devirme arzusu sona ermedi. Ardından strateji değişti ve Türkiye’nin 27

Mayıs 1960 darbesi öncesindeki gibi bir ortama sokulması, en sonunda halkın askeri

131

yönetime el koymaya davet edecek duruma gelmesi hedeflendi. Geçen yıl bu vakitler

Cumhuriyet mitingleriyle neredeyse o noktaya yaklaşıyorduk ama sonra gelen gece

yarısı muhtırası ve Anayasa Mahkemesi’nin 367 kararı imdada yetişti, seçime gidildi,

AKP seçimi yüzde 47 ile alınca da suskunluk ve hayal kırıklığı dönemine girildi.

Tam bu aşamada da Ergenekon soruşturması, sürpriz şekilde Ümraniye’de bir evde

bulunan bazı patlayıcılar sayesinde başladı. Bu adli soruşturma başlangıçta çok yavaş

gidiyordu. Ama seçim sonrası kurulan hükümette Abdülkadir Aksu’nun değil de Beşir

Atalay’ın İçişleri Bakanı olmasının işleri hızlandığı, polisin elindeki bilgileri savcılarla

daha fazla paylaşır olduğu iddiasını temellendiren hızlı gelişmeler yaşandı.

Fakat ben yine de, savcının elinde ‘Büyük Ergenekon’a ulaşmasını sağlayacak kadar

bilgi olduğunu, şimdilik sanmıyorum. Bu bilgiler ve belki de delillendirilebilecek bazı

şeyler ‘devlet’te birilerinde var ama herhalde bizim şimdi bilemediğimiz,

göremediğimiz bazı sebeplerle veya bir büyük pazarlığın parçası olarak savcıya

iletilmiyor, onun eli rahatlatılmıyor.

Ama dünden itibaren, İlhan Selçuk gibi bir simge ismin gözaltına alınmasıyla savcının

soruşturması ilginç bir dönemece girdi ve eğer soruşturmada sona yaklaşılmadıysa

korkarım Türkiye çok tehlikeli bir hesaplaşmaya doğru gidiyor.

Bir yana Büyük Ergenekon, bir yana da AKP hakkındaki kapatma davasını

koyduğumuzda, ne demek istediğim daha kolay anlayabilirsiniz.

La traduction française

La Turquie Européenne, 25. 03. 2008

Turquie : vers une lutte à mort entre AKP et Etat profond ?

C’est de Murat Yetkin, notre correspondant à Ankara que j’ai appris la nouvelle très tôt

le matin : İlhan Selçuk, Kemal Alemdaroğlu et Doğu Perinçek (1) ont été mis en

examen et placé en détention avec d’autres dans le cadre de l’instruction sur l’affaire du

réseau « Ergenekon ».

132

Sur le coup du 4h30 en plein milieu de la nuit, la police s’est présentée chez ces trois

personnages, a mené une perquisition, a saisi certaines de leurs affaires personnelles

puis les a conduits dans les bureaux de la Direction Générale de la Sécurité publique.

Nous savons en gros de quoi il est question lorsque nous parlons de cette affaire dite

« Ergenekon ». Nous n’écrivons pas grand-chose à ce point en raison des restrictions

imposées à la presse et du respect que nous devons au droit comme au secret de

l’instruction. Mais nous ne savons pas pourquoi ni en fonction de quelle preuve İlhan

Selçuk est considéré comme suspect.

Si le procureur est en mesure de mener son instruction courageuse, a son terme, je suis

persuadé qu’alors cette affaire sera la plus importante depuis de longues années en

Turquie. Mais cela ne m’empêche pourtant pas de ressentir une certaine gêne. On aurait

pu traiter un homme de l’age de İlhan Selçuk, 83 ans, d’une manière plus approprié. On

aurait au moins pu attendre le petit matin. Mais, comme malheureusement, le

comportement de notre police et de nos procureurs s’appuie sur le principe que le

suspect est coupable et qu’avant même sa mise en détention provisoire il convient de le

punir. İlhan Selçuk a subi les excès d’une pratique à laquelle il va nous falloir apprendre

à renoncer.

J’ai déjà eu l’occasion d’évoquer cette affaire. J’avais notamment précisé en me basant

sur les décisions d’arrestation et de mise en examen que si cela concernait un « petit »

Ergenekon, c’est qu’il y en avait également un « grand ».

Et je persiste,

L’instruction n’a pas encore atteint le « grand » Ergenekon, c’est-à-dire les véritables

têtes pensantes, la véritable équipe exécutive. Y parviendra-t-elle ? Je l’espère. Mais je

tiens aussi à souligner que l’enquête piétine qu’après plus d’un an, le procès n’a

toujours pas été ouvert et qu’ouvert « au nom de la défense de l’Etat de droit » son

allongement dans le temps commence à porter atteinte au droit lui-même.

Je ne suis pas en mesure de savoir à quand remonte la fondation et l’organisation de ce

réseau caché dans les arcanes de l’Etat. D’après les bribes d’informations dont nous

pouvons disposer, cette organisation ne serait autre la version turque du réseau Gladio

mis au jour en Italie. Sa mise en place remonterait aux années 50.

133

Est-ce bien cela ? Ou autre chose ? Je n’en sais rien.

Mais une chose est certaine : la Turquie, en particulier depuis 2003, est entrée dans un

processus délicat. L’arrivée au pouvoir de l’AKP et le lancement par ce parti de

réformes rapides et audacieuses sur la voie de l’UE, notamment en ce qui concerne le

Conseil de Sécurité Nationale, ou les inflexions historiques données à la politique

chypriote dans le sens d’une solution selon les modalités du Plan Annan ont rendu les

risques de coup d’Etat quasi tangibles.

On sait désormais que des plans de coup d’Etat ont été élaborés durant l’année 2004

sous les noms de « Sarikiz » ou « Ayisigi ». Ces projets n’ont pas vu le jour ou n’ont pas

pu être menés à bien. Mais cela ne signifie pas pour autant que la volonté de mettre fin

au pouvoir de l’AKP par des voies illégales n’est plus présente.

La stratégie s’est ensuite adaptée : on a cherché à placer le pays dans une ambiance

propice au coup d’Etat à l’instar de celle qui prévalait dans le pays juste avant le coup

du 27 mai 1960. Pour au final faire en sorte que le peuple soit placé en position

d’appeler l’armée à prendre les rênes du pouvoir. L’année dernière à peu près à la même

époque, nous nous approchions d’un tel climat social avec les grands rassemblements

républicains. Mais par la suite, le mémorandum des militaires publié en pleine nuit sur

Internet et la décision de la cour constitutionnelle d’invalider le premier tour de

l’élection présidentielle ont permis d’esquiver le coup et nous nous sommes lancés dans

la campagne pour les législatives. L’AKP l’emportant avec 47%, on est entré dans une

période de silence et d’abattement.

L’affaire Ergenekon a commencé l’année dernière par la découverte un peu inattendue

d’explosifs dans une maison d’Ankara. La procédure judiciaire fut très lente dans les

premiers temps. Mais avec le nouveau gouvernement et l’arrivée au ministère de

l’intérieur de Besir Atalay en remplacement d’Abdülkadir Aksu, nous avons vécu des

développements qui tendaient à nous prouver que l’enquête s’accélérait et que la police

avait de plus en plus tendance à partager ses informations et le résultat de ses enquêtes

avec le procureur.

Je n’en reste pas moins convaincu que pour l’instant le procureur ne dispose pas

d’informations suffisantes pour lui permettre de remonter jusqu’au « grand »

Ergenekon.

134

Ces informations et peut-être des données susceptibles de prouver et d’éclaircir nombre

de choses sont en possession de quelques personnes quelque part dans l’appareil d’Etat.

Mais il est également probable que pour des raisons que nous ne pouvons envisager ou

en raison des logiques d’un grand marchandage entre les forces en lutte au sein de

l’Etat, ces informations ne sont pas transmises au procureur.

Mais depuis l’arrestation de personnages aussi symboliques qu’İlhan Selçuk, il est

certain que l’enquête est entrée dans une nouvelle phase particulièrement

« intéressante ». Et je crains fort que si l’instruction se prolonge encore, nous ne soyons

confrontés à un terrible règlement de comptes au sommet de l’Etat.

Si vous mettez d’un côté cette enquête sur le réseau « Ergenekon » et de l’autre la

procédure judiciaire visant à la fermeture de l’AKP, je pense que vous êtes en mesure

de saisir ce que je veux dire par là.

Notes : (1)

İlhan Selçuk, 84 ans est le directeur de publication du journal Cumhuriyet, quotidient

fondé avec la République, se singularisation aujourd’hui par la défense des acquis

kémalistes.

Kemal Alemdaroğlu est l’ancien recteur de l’Université d’Istanbul, connu pour des

positions et des déclarations fracassantes à tonalité conservatrices et nationalistes,

comme pour sa lutte sans rémission contre la présence du voile à l’Université. Il sera

démis de ses fonctions par le Conseil de l’Enseignement Supérieur pour plagiat.

Dogu Perinçek est le leader du Parti Ouvrier (IP) versant dans la rhétorique de gauche

souverainiste et anti-impérialiste. Personnalité politique contradictoire, il fut également

condamné pour "collusion" avec le PKK.

Analyse du texte 5

1 Qui écrit ? İsmet Berkan. Un journaliste libéral du journal Radikal écrit.

2 Sur quoi écrit-il ? Il écrit sur une bande organisée dans l’Etat qui est soupçonnée

d’avoir des intentions maléfiques comme de provoquer et encourager la société à

des coups d’Etat.

135

3 A qui écrit-il ? Il écrit à une masse de lecteurs intellectuels, laïcs, libérals et

gauchistes qui présente des différences d’opinion avec un autre journal de gauche et

laïc, Cumhuriyet.

4 Quel moyen utilise-t-il ? Un essai de journal.

5 Quand est-ce qu’il écrit ? Il écrit le 22. 05. 2008.

6 Où est-ce qu’il écrit ? En Turquie.

7 Pourquoi écrit-t-il ? Quelques mois après que l’évenement d’Ümraniye se soit

déroulé, on a vécu un développement choc qui s’est produit par l’arrestation des

personnages comme İlhan Selçuk, Kemal Alemdaroğlu et Doğu Perinçek et ainsi

que le procès d’Ergenekon a connu une nouvelle avancée. C’est ces motifs qui

ont poussé le journaliste en question à entreprendre cet article.

8 Avec quelle fonction linguistique est-ce qu’il aborde un tel texte ? Avec la

fonction appellative.

9 Qu’est-ce qu’il dit ou ne pas dit sur quel sujet ? Dans cet article, le

journaliste en question, se penche sur le procès d’Ergenekon. Le motif qui le

pousse à rédiger cet article, est les arrestations des personnages symboliques

comme İlhan Selçuk. Avec l’arrestation d’İlhan Selçuk, Doğu Perinçek et Kemal

Alemdaroğlu, le procès d’Ergenekon a atteint un nouveau virage. C’est-ce qu’il

veut exprimer. Il fait son introduction de l’article avec cet évenement choc qui a

eu lieu juste un ou deux jours avant. Le journaliste en question, rédige ses

articles souvent sur un ton non sévère, mais très très influents. Il a une certaine

douceur, son propre ton. Il affirme qu’il n’écrit pas tout ce qu’il sait sur

l’événement, le procès d’Ergenekon, puisqu’il a du respect face au droit et aux

interdictions d’édition. Mais il parle des faiblesses de la police lors des

arrestations des personnes soupçonnées, comme dans le cas de ces personnages.

Il critique l’attitude de la police et les procureurs qui condamnent tous “les

soupçonnés” selon l’hypothèse qu’ils sont coupables, dès le moment qu’ils se

sont arrêtés, comme dans le cas d’une personne agée de 83 ans comme İlhan

Selçuk qui a subi la même attitude injuste de la police, d’après lui. Cet article est

comme un récit. D’ailleurs le journaliste en question, rédige en générale ses

propres articles sous la forme de récit.

10 De quelle fiction de texte est-ce qu’il écrit ? Cet article est construit plutôt

comme un récit. Ce journaliste, rédige souvent ses propres articles à la manière

d’un récit.

136

11 Quelles figures non-verbales utilise-t-il ? On ne voit pas de figures non-

verbales.

12 Quels types de phrases utilise-t-il ? İl a construit des phrases plutôt verbale et

composée.

13 Sur quel ton est-ce qu’il écrit ? Il écrit sur un ton doux, pas sévère, mais très

influent.

14 Quelle influence est-ce qu’il éveille ? Dans le processus qui a commencé par la

découverte du magasin renfermant des munitions et des documents secrets à

Ümraniye, la Turquie était entrée dans une nouvelle période bouleversante qui a

créée un mécontentement sur une masse pensant qu’il s’agit un complot contre

l’armée. Au cours de ce processus, plusieurs personnages soit militaire, soit

académicien, soit journaliste avaient été arrêtées. C’était des images auquel le

peuple turc n’était pas habitué. Et ces dernières arrestations ont augmenté la

stupéfaction davanatage. Et avec cet article, le lecteur se rend compte que les

vérités sont beaucoup plus profondes qu’il n’apparait.

Conclusion

Comme nous l’avons dit ci-dessus, le journaliste en question a un style simple et très

influent, il rédige ses articles en générale sous la forme de récit, c’est pourquoi il n’’est

pas très difficile de traduire ses articles en une autre langue. On voit que, dans cet article

aussi, il n’y a pas d’unités de traduction qui crée des problèmes traductologiques dans le

processus de traduction. On peut en conclure que la traduction de ce texte, est parvenu à

parler dans la langue cible.

2.3.1.6. Texte 6-Thème-Article

Hürriyet, 31. 05. 2005

Oktay Ekşi

Hiç önemli değil… TAM Fransız olunacak gibi… Tüm dünya bir şey söylüyor, siz

inatla o şeyi reddediyorsunuz.

137

Bir Fransız için ilk yanıtın « Hayır » olduğunu, bu ulusun kültürün « hayır » üzerine

kurulu olduğunu Paris’teki Büyükelçimiz Uluç Özülker önceki akşam çok net bir

üslupla dile getiriyordu.

Son Pazar künü « Avrupa Birliği (AB) Avrupasına evet mi diyelim, hayır mı ? »

sorusuna yanıt vermek için sandık başlarına giden Fransız halkı bildiğiniz gibi yüzde 55

gibi büyük bir çoğunlukla « Hayır » dedi.

Cumhurbaşkanı Jacques Chirac bu sonucu önlemek için çok uğraştı ama Fransızlar,

müstakbel rakibi ve Halk İçin Birlik Partisi’nin lideri Nicolas Sarkozy’yi mutlu etti.

Anayasa’ya Fransız halkının hayır demesinin, gerek AB’nin geleceği, gerekse

Türkiye’nin AB’ye üyelik süreci yönünden ne etkisi olabileceği bizim yönümüzden çok

önemli.

AB kuşkusuz bu sonuçla bir darbe yemiş oldu. Ama bu birlik kurulalı beri o kadar çok

ve geniş görüş ayrılıklarını zamana yedirerek çözmeyi başardı ki, « Bu olay AB’nin

sonunu getirir » türü yorumlar yapanlara gülüp geçmek gerekir.

Dahası… Yukarıda dediğimiz gibi Fransız kültürü « hayır »a yatkındır ama bir süre

sonra bakarsınız ki, aynı halk aynı konuda « evet »e gelmiş.

En basit örnek, İngiltere’nin AB üyeliği konusunda Fransa’nın General De Gaulle

döneminde son referendumdakine benzer bir tepki gösterip İngiltere’ye hayır demiş

olmasıdır. Ama sonra o hayır, « evet » oldu.

Bu referandumun « hayır » ağırlıklı olarak bitmesinde Türkiye’nin Avrupa Birliği’ne

katılmasına karşı çıkanların önemli bir etkisi olup olmadığı tartışılıyor.

Yeterli bilimsel değerlendirme yapılmadan bu konuda bir şey söylemek olanağı yok,

ama düşük düzeyde olsa da bir kısım seçmenin sırf Türkiye faktörü nedeniyle « hayır »

oyu kullanmış olması elbet mümkün. Sadece Fransa’da değil, Almanya’da da

Türkiye’nin üyeliğini engellene çabaları bilindiği gibi giderek yoğunlaşıyor. Hele bu

sonbaharda yapılacak seçimlerde Hııristiyan Demokrat Birlik Partisi lideri Bayan

Angela Merker kazanır da başbakan olursa bu cephe çok daha büyüyecek ve

güçlenecek.

138

Ama biz buna rağmen iyimserliğimizi korumaktan yanayız.

Biliyorsunuz, Fransa’nın eski Cumhurbaşkanı Giscard d’Estaign ile Federal

Almanya’nın eski başbakanı Helmut Schmit Türkiye’ye « müzakere tarihi » verilmesine

bile çok şiddetle karşı çıktılar. Hatta yer yer ulusal onurumuzla oynayan demeçler

verdiler.

Almanya’nın şimdiki Gerhard Schoeder’den önceki başbakanı Helmut Koch de

önümüzü kesmek için çok oyunlar oynadı, çirkin usullere başvurdu. Ama hiçbiri

Türkiye ile müzakerelere 3 Ekim 2005 tarihinde başlanması yönünde karar alınması

engelleyemedi.

Sarkozy ile Merkel diyelim ki yakında iktidara geldiler. Kaç yıl sürer bunları iktidarı,

bir, bilemediniz iki dönem… O zamana kadar Türkiye’yi isteseler bile üyeliğe almak

mümkün olmadığına göre, bu konunun ciddiyetle ele alınacağı yaklaşık on yıl sonra, ya

deve ölür, ya deveci…

La traduction française

Samedi 4 Juin 2005

Traduit par Deniz Yucel Sylvestre-Turquie Européenne

Ce n’est pas grave

L’Ambassadeur de Turquie à Paris, M. Uluç Özülker, le soir dernier, avait expliqué

avec une langage très net que pour un français la première réponse est toujours « non »

et que la culture de ce peuple est construite sur le « non ». Comme vous le savez les

français ont dit non à la constitution européenne dimanche dernier avec une majorité de

55%.

Chirac s’est beaucoup battu pour empêcher cela mais les français ont fait le bonheur du

président de l’UMP. M. Sarkozy, le futur adversaire de Chirac. Le « non » des français

est très important soit pour l’avenir de l’UE soit pour la Turquie pendant la période

précédant l’adhésion. Sans aucun doute l’UE a reçu un coup avec ce résultat. Mais

depuis sa création toutes les différences d’idées ont été surmontées. Les interprétations

du genre « cet événement prépare la fin de l’UE » ne devraient pas être pris au sérieux.

139

Bien plus… La culture française est rompue au « non » comme nous l’avons constaté

mais dans quelque temps, à l’en croire, le même peuple peut dire oui à la même

question. L’exemple le plus simple de cela est que la France avait dit « non » à

l’Angleterre en montrant un rejet similaire à celui d’aujourd’hui pendant l’époque du

Général de Gaulle. Mais après ce « non » est devenu un « oui ».

Non seulement en France, mais en Angleterre aussi, les efforts pour empêcher

l’adhésion de la Turquie se multiplient. Surtout, si la présidente du parti chrétien, Mme

Angela Markel, emporte les élections qui auront lieu en automne prochain, ce front

prendra de l’ampleur.

Mais nous, malgré cela, nous pourrons garder notre optimisme. Vous savez que l’ex-

président de la France, M. Giscard d’Estaing, et l’ex-premier ministre de l’Allemagne,

M. Helmut Schmidt, étaient même opposées à donner une « date de négociation » à la

Turquie. De plus, ils ont fait des déclarations qui touchent notre honneur national. L’ex-

premier ministre Allemand, Helmut Kohl, a aussi joué des jeux pitoyables, utilisé des

méthodes abominables. Mais aucun entre eux n’a réussi à empêcher de prendre la

décision d’ouvrir des négociations le 3 Octobre 2005. Demandons-nous, si Sarkozy et

Merkel prenaient le pouvoir, combien d’années durerait leur pouvoir ? Un, deux

mandats maximum… et, comme il est impossible à la Turquie d’adhérer, même si on la

poussait fort, avant 10 ans, jusqu’à ce jour où on parlera sérieusement de ce sujet,

disons « qui vivra verra « …

Analyse du texte 6

1. Qui écrit ? Oktay Ekşi. Un journaliste de gauche du journal Hürriyet écrit.

2. Sur quoi écrit-t-il ? Il écrit, d’après lui, sur le triangle de l’UE, la France-

l’Allemagne et la Turquie dans lequel la France-l’Allemagne contitue un

obstacle pour l’entrée de la Turquie dans l’UE.

3. A qui écrit-il ? Il écrit à ses propres lecteurs.

4. Quel moyen utilise-t-il ? Il utilise un article.

5. Quand est-ce qu’il écrit ? Il écrit le 31. 05. 2005, après que le peuple français a

voté pour la Constitution de l’UE.

6. Où est-ce qu’il écrit ? En Turquie.

140

7. Pourquoi écrit-t-il ? D’après lui, la culture française est construite sur la

réponse du « non » et à l’origine de cette culture, il n’y a que du « non » et c’est

pourquoi le peuple français a dit « non » à la Constitution de l’UE et également à

l’entrée de la Turquie. Le journaliste en question aborde cet article pour mettre

en cause ces vérités.

8. Avec quelle fonction linguistique est-ce qu’il aborde un tel texte ? Avec la

fonction appellative.

9. Qu’est-ce qu’il dit ou ne pas dit sur quel sujet ? Dans cet article, le journaliste

en question, met en cause l’attitude négative du peuple français contre l’UE avec

surtout l’adhésion de la Turquie. En somme, il critique l’attitude négative du

peuple français, contre la Turquie. Pour argumenter son opinion, il n’utilise

qu’un seul motif que la culture française est construite sur la réponse « non ».

D’après lui, à l’origine de cette culture, il n’y a que du « non » et les français ont

un penchant à dire « non ». Mais, parfois ce « non », peut facilement se

transformer en « oui ». Il donne l’exemple du fait de l’adhésion de l’Angleterre à

laquelle les français ont dit d’abord « non » et ensuite « oui ».

10. Avec quelle fiction de texte est-ce qu’il écrit ? En réalité, le journaliste en

question veut montrer à ses lecteurs qu’il ne prend pas au sérieux ces attitudes

du peuple français. Il a construit son texte selon cette intention. Tout au début, il

a fait une introduction par dire, « hiç önemli değil… ».

11. Quelles figures non-verbales utilise-t-il ? Il utilise très souvent des trois points

et des entre-guillemets.

12. Quels types de phrases utilise-t-il ? Il a utilisé des phrases courtes, simples,

actives, plutôt verbales.

13. Sur quel ton est-ce qu’il écrit ? Il écrit sur un ton plein de reproches, inculpatif,

mélangé un peu de raillerie qui sont tous couverts par un ton qui ne prend pas au

sérieux.

14. Quelle influence est-ce qu’il éveille ? Le journaliste en question, avec son

article, crée un sentiment de la facherie contre notamment le peuple français et

contre l’Allemagne, accompagné d’un sentiment de désespérance et de la

solitude envers généralement les pays du monde.

141

Conclusion

Il s’agit encore d’une traduction qui est faite librement sans prendre en considération les

exigences traductologiques. Nous avons constaté que le traducteur en question a omis

certains passages à sa volonté. Comme plusieurs d’autres journalistes turcs le font

parfois, le journaliste du texte source a rédigé un article sans titre. Par contre, même il

est acceptable qu’un traducteur a le droit de mettre lui-même un titre convenable à un

article sans titre, ce traducteur a omis le premier paragraphe en entier de l’article et il a

pris la toute première phrase de ce premier paragraphe en tant que titre pour l’article, ce

qui est inacceptable d’après les principes traductologiques parce qu’en faisant cela, il a

corrompu l’intégralité du sens du premier paragraphe et ainsi que le vouloir dire de

l’écrivain et en plus, un seul « Ce n’est pas grave » dans sa nouvelle version, perd toutes

ses connotations que l’écrivain a données, puis qu’il est arraché à son milieu. Le titre

ainsi gagne un sens trompeur et le lecteur cible n’a pas pu comprendre combien est

important l’adhésion de la Turquie à l’UE. En outre, nous avons constaté que le

traducteur a omis un deuxième paragraphe en entier qui donne une opinion importante

au lecteur sur ce que pense l’écrivain concernant le fait que le referendum s’est achevé

avec le « non » sous l’influence des opposants à l’adhésion de la Turquie à l’UE. En

conclusion, il n’est pas possible de dire que le texte source en question parle dans la

culture cible et nous ne pouvons pas affirmer que cette traduction a été traduite selon les

objectifs.

2.3.1.7. Texte 7-Version-Communiqué De Presse

LE MONDE, 10.04.2009

Jean Pierre Stroobants

La « méthode » d’Ankara pour adhérer à l’UE crée le malaise à Bruxelles

BRUXELLES BUREAU EUROPEEN

Forte du récent soutien apporté par Barack Obama et de la négociation qu’elle croit

avoir gagnée à propos de la nomination du nouveau secrétaire général de l’OTAN, la

Turquie accentue sa pression sur l’Union européenne (UE).

142

A Bruxelles, les bruits répandus par la diplomatie d’Ankara, selon laquelle les Vingt-

Sept afficheraient plus de « souplesse » lors des discussions sur l’adhésion turque,

suscitent malaise et crispations. En écho, le président Abdullah Gül a invité les

Européens, jeudi 9 avril, à taire leurs critiques « dangereuses » à l’égard de la politique

étrangère de son pays, sous peine, a-t-il expliqué au Financial Times, d’affaiblir la

nécessaire coopération sur quelques-unes des « menaces les plus importantes pesant sur

la sécurité occidentale ».

L’intense négociation qui a eu lieu les 3 et 4 avril afin d’aboutir à la levée du veto turc à

la nomination du Danois Anders Fogh Rasmussen, lors du sommet de l’Alliance

atlantique à Strasbourg et à Kohl, a débouché sur des résultats positifs pour Ankara. La

médiation du président américain dans la querelle entre Ankara et les pays européens

qui soutenaient M. Rasmussen -vilipendé dans les pays musulmans pour son soutien,

lorsqu’il était premier ministre, aux auteurs de caricatures de Mohamet- devrait

permettre la nomination d’un Turc au poste de secrétaire général adjoint. Il serait

notamment chargé des relations avec le monde musulman. Par ailleurs, des officiers

turcs accéderaient à des postes importants dans le commandement militaire de l’OTAN.

Dans la foulée, Ankara a évoqué son entrée dans l’Agence européenne de défense, et

l’idée que l’UE –y compris la France et l’Allemagne, adversaires d’une adhésion à part

entière de la Turquie à l’UE- aurait accepté de faciliter les négociations engagées en

2005. Deux « chapitres » supplémentaires, concernant la fiscalité et la politique sociale,

pourraient être ouverts avant la fin de la présidence tchèque.

« RIEN N’EST DECİDE »

A Bruxelles, ces propos ont engendré la mauvaise humeur. « Rien n’est sûr, rien n’est

décidé », affirme un diplomate néerlandais. « Une telle décision suppose un accord

unanime des chefs d’Etat », souligne un porte-parole de la Commission. « L’OTAN est

une chose l’adhésion en est une autre », raille un ambassadeur auprès de l’UE.

Le dossier de l’adhésion comporte 33 chapitres de négociation au total. L’un d’entre

eux à été refermé provisoirement, cinq sont officieusement bloqués- par la France et par

Chypre-, huit autres sont gelés. Les adversaires déclarés de l’adhésion turque avaient

esperé, en 2008, que la Cour constitutionnelle turque, appelée à se prononcer sur une

procédure visant à l’interaction de l’AKP, le parti islamiste au pouvoir, conclurait en ce

143

sens. Cela leur aurait permis de foncer l’Union à interrompre le processus de

négociation. Il a manqué la voix d’un juge pour prononcer la dissolution du parti du

président Gül et du premier ministre, Recep Tayyip Erdoğan. Celui-ci a dès lors promis

de s’engager en faveur d’un système laïc, et réclamé la poursuite des débats avec FLE.

Au-delà de la polémique sur la nomination de M. Rasmussen, « c’est la méthode suivie

par Ankara qui pose problème », souligne un diplomate bruxellois. S’incarnant en port-

parole des pays musulmans, ce qui a aussi fortement déplu, M. Erdoğan a relancé les

interrogations quant à la volonté réelle de son pays de respecter la liberté d’expression,

l’une des exigences les plus fortes des négociateurs européens.

« Très choqué » par la pratique de la Turquie et son évolution vers ce qu’il a appelé

« une religion plus renforcée, une laïcité moins affirmée », Bernard Kouchner a, quant à

lui, saisi l’occasion pour affirmer, mardi 7 avril, qu’il n’était plus favorable, désormais,

à l’entrée de la Turquie dans l’UE.

Une manière de tenter de calmer le débat national : divers responsables (Philippe de

Villiers, Jean-Marie Le Pen…) ont transformé la « question turque » en argument

électoral, accusant Nicolas Sarkozy de ne pas avoir interrompu les négociations

d’adhésion lors de la présidence française de l’Union. En Allemagne et aux Pays-Bas, le

thème de l’entrée de la Turquie a également entrainé une mobilisation des courants les

plus radicaux.

La traduction turque :

ABHaber.com, 11. 04. 2009

Le Monde : Ankara’nın NATO’da kullandığı metod AB’de sorun yarattı.

Amerika Başkanı Obama’nın güçlü desteği ile Ankara AB üzerinde baskı kurmaya

çalışırken, özellikle NATO’daki kriz yaratan tavrı AB ülkelerinde rahatsızlık yarattı.

Türkiye karşıtları AB üyelik sorunun Avrupa Parlamentosu seçimlerinin argümanı

haline getirdi.

Fransız Le Monde gazetesine göre Brüksel’de Ankara’nın yapılan diplomatik

gürültüsünün 27 Avrupa ülkesinde Türkiye’nin AB’ye adaylık müzakerelerinde

« esneklik » gösterdiği yönünde tepkilere neden oldu. Türkiye Cumhurbaşkanı Abdullah

144

Gül’ün 9 Nisan günü Financial Times gazetesinde NATO’da şantaj yapıldığına yönelik

eleştirileri « tehlikeli » olarak değerlendirmesinin Avrupalılara « bu eleştirileri

susturun » mesajı olduğunu yazan Le Monde, 3 ve 4 Nisan tarihlerinde yapılan NATO

zirvesinde Türkiye’nin çıkardığı krizi hatırkattı.

Türkiye’nin NATO’da elde ettiği mevkilere de işaret eden gazete, bu karmaşa içerisinde

Türkiye’nin Avrupa Güvenlik Ajansı’na girmek istediğine dikkat çekti. Türkiye’nin

önünde Çek Cunhuriyet’nin AB dönem başkanlığı bitmeden önce vergi ve sosyal

politikaya ilişkin müzakere başlıklarının açılabileceğini belirtti.

Ancak Brüksel’de bu durum pek hoş karşılanmıyor. Hollandalı bir diplomat gazeteye

yaptığı açıklamada, « Hiçbir şey kesin değil, hiçbir şeye karar verilmedi » derken

avrupa Komisyonu’nun bir sözcüsü ise « Böyle bir karar devlet başkanlarının ortak

onayını gerektiriyor » dedi. AB’deki bir büyükelçi de NATO ile üyelik farklı şeylerdir »

tepkisinde bulundu.

Üyelik dosyası toplam 33 müzakere başlığı içeriyor. Bunlardan biri geçici olarak

kapatıldı, 5’i Fransa ve Kıbrıs tarafından bloke edildi, 8’i donduruldu.

Danimarka Başbakanı Rasmussen’in NATO Genel Sekreteri olması etrafındaki

polemiğin ötesinde AB’li bir diplomat, « Ankara’nın takip ettiği metot sorun yaratıyor »

diye belirtti. Gazeteye göre Ankara’nın Müslüman ülkelerin sözcülüğüne soyunması

rahatsızlık yaratıyor. Ayrıca Erdoğan’ın AB ile müzakerelerin en güçlü

zorunluluklarından biri olan ifade özgürlüğüne saygı konusunda soru işaretleri

yarattığına dikkat çekiliyor.

Bugüne kadar Türkiye’nin AB üyeliğinin ateşli savunucularından biri olan Fransa

Dışişleri bakanı Bernard Kouchner, geçtiğimiz günlerde yaptığı açıklamada Türkiye’nin

NATO’daki tavrının kendisini « şok » ettiğini belirterek bu ülkenin « daha güçlü bir din

ve daha az laikliğe » doğru evrildiği endişesini dile getirmiştir. Kouchner artık

Türkiye’nin AB’ye girişinden yana olmadığını vurgulamıştı.

Gazeteye bunu Fransa’da ulusal düzeyde yaşanan tartışmaları dindirmenin bir biçimi

olarak değerlendirirken, aşırı sağın liderleri Philippe de Villiers ve Jean-Marie Le Pen

gibi bir çok siyasi sorumlunun Cumhurbaşkanı Nicolas Sarkozy’yi Türkiye ile

müzakereleri kesmemekle suçlayarak « üyelik sorununu » Avrupa Parlamentosu

145

seçimlerinin argümanı haline getirdi. Gazeteye göre Almanya ve Hollanda’da da

Türkiye’nin AB’ye üyelik sorunu en radikal akımları harekete geçirdi.

Analyse du texte 7

1. Qui écrit ? C’est un communiqué de presse du journal le Monde.

2. Sur quoi écrit-t-il ? Ce communiqué de presse porte les négociations entre la

diplomatie turque et l’UE.

3. A qui écrit-il ? Ce communiqué de presse en appelle à la masse des lecteurs du

journal le Monde.

4. Quel moyen utilise-t-il ? On utilise un communiqué de presse.

5. Quand est-ce qu’il écrit ? Il a été publié le 10. 04. 2009.

6. Où est-ce qu’il écrit ? Il a été publié en France.

7. Pourquoi écrit-t-il ? Ce communiqué de presse a été rédigé pour informer les

lecteurs du journal en question sur les relations entre la Turquie et l’UE.

8. Avec quelle fonction linguistique est-ce qu’il aborde un tel texte ? On l’a

abordé avec la fonction linguistique informative puisqu’on donne une nouvelle.

9. Qu’est-ce qu’il dit ou ne pas dit sur quel sujet ? Un journaliste quelconque

qui rédige un communiqué de presse, n’y est autorisé que de porter une nouvelle

aux lecteurs, sans donner ses propres opinions. Seulement, il peut recourir à des

qualificatifs ou à des verbes qui qualifient certaines situations. Par exemple, le

journaliste en question a utilisé le verbe “railler” pour qualifier un énoncé d’un

ambassadeur auprès de l’UE contre la diplomatie turque: “(…) “L’OTAN est une

chose l’adhésion en est une autre”, raille un ambassadeur auprès de l’UE. (…)”.

10. Avec quelle fiction de texte est-ce qu’il écrit ? Les voies de construire un texte

de communiqué de presse sont claires er évidentes parce qu’il n’y a qu’un seul

acte d’écrit qui n’est que de transférer une nouvelle au lecteur, c’est pourquoi on

doit utiliser un langage compréhensible, construire des phrases simples, pas

compliquées.

11. Quelles figures non-verbales utilise-t-il ? Ce communiqué de presse ne recourt

pas à des figures non-verbales.

12. Quels types de phrases utilise-t-il ? Il a utilisé des phrases à la fois nominales

et verbales.

146

13. Sur quel ton est-ce qu’il écrit ? Le ton que l’on doit donner sur un texte de

communiqué de presse, est l’indifférence, l’impartialité.

14. Quelle influence est-ce qu’il éveille ? Il éveille un certain sentiment de la

déception chez le lecteur concernant la diplomatie de la Turquie.

Conclusion

Dès le début, nous voulons affirmer que le communiqué de presse en question n’est pas

traduit selon les objectifs traductologiques. On constate que le traducteur-journaliste a

effectué une traduction libre en omettant des passages et on rencontre dans le texte

traduit des phrases tout-à-fiat incompréhensible et incorrecte grammaticalement.

2.3.1.8. Texte 8-Version-Communiqué De Presse

Le Monde, 25. 01. 2007

La Turquie est déjà à Bruxelles

Quelques semaines après la décision prise par l'Union européenne (UE), le 11 décembre

2006, de suspendre partiellement les négociations d'adhésion avec la Turquie, celle-ci a

décidé d'ouvrir elle-même, unilatéralement, les huit chapitres gelés par Bruxelles.

Il s'agit d'avancer sur la voie des réformes, explique au Monde l'ambassadeur d'Ankara

auprès de l'Union, Volkan Bozkir. Autrement dit, en se fondant sur la première phase

des négociations, le gouvernement va continuer ses efforts, sans attendre la reprise des

discussions, pour se conformer à l'acquis communautaire, c'est-à-dire aux lois et aux

normes de l'Union.

Le message est clair. La Turquie veut donner l'image d'un pays sérieux, fidèle à ses

engagements, qui refuse toute déclaration intempestive et qui continue de se réformer

pour devenir un Etat moderne.

"Si vous comparez la Turquie à quelques-uns des pays récemment entrés dans l'Union,

vous reconnaîtrez que sa situation est bien meilleure que la leur, sur le plan économique

comme sur le plan politique", affirme M. Bozkir. Ce travail de persuasion, le courtois

ambassadeur d'Ankara, en poste à Bruxelles depuis décembre 2005, n'est pas le seul à

147

l'accomplir dans la capitale belge. Plusieurs représentants des milieux économiques

turcs y mènent une campagne active pour l'adhésion de leur pays.

Doutez-vous de l'intérêt pour l'Union d'accueillir la Turquie ? Cliquez sur le site Internet

de la Tüsiad, Association turque des industriels et hommes d'affaires (www.tusiad.org),

vous y trouverez dix arguments destinés à vous convaincre. Le Medef turc y explique

quelles seront les "principales contributions" du futur Etat membre dans dix domaines,

qui vont de l'économie à la sécurité en passant par l'énergie et l'environnement.

L'entrée de la Turquie, affirme-t-il, élargira la taille et la compétitivité du marché

intérieur, offrira "des opportunités significatives" aux entreprises européennes,

contribuera à l'approvisionnement énergétique de l'UE, donnera à celle-ci une voix plus

forte sur la scène internationale, éloignera le scénario du "conflit des civilisations",

doublera la richesse de l'écosystème européen, consolidera la politique de sécurité.

Installée dans un bel immeuble de l'avenue des Gaulois, au coeur du quartier européen

de Bruxelles, la Tüsiad, souligne son représentant permanent, Bahadir Kaleagasi,

s'adresse à plusieurs sortes d'interlocuteurs. Elle vise d'abord "le monde des entreprises

européennes", qu'elle fréquente au sein de l'Union des confédérations de l'industrie et

des employeurs d'Europe (Unice), organisation patronale européenne, que préside

Ernest-Antoine Seillières.

"Sur le plan économique, la Turquie fait déjà partie de la famille européenne", dit M.

Kaleagasi. L'association joue aussi un rôle de lobby auprès des institutions européennes,

nouant des contacts qui faciliteront, le moment venu, la transition. Enfin, elle mène des

actions d'information et de communication tant auprès du public européen que du public

turc.

La Tüsiad est l'un des divers groupes de pression qui assurent la présence de la Turquie

dans les antichambres de l'Union européenne, avant qu'elle n'en devienne, espère-t-elle,

membre de plein droit.

Ankara est déjà membre de plusieurs organisations européennes, comme le Conseil de

l'Europe, à Strasbourg, dont dépend la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH),

ou Eurocontrol, à Bruxelles, qui veille à la sécurité aérienne, mais l'accès aux

institutions de l'Union lui est encore interdit. Seule exception : elle est invitée, au titre

148

de pays candidat, avec la Croatie et la Macédoine, aux conseils des ministres dits

informels, c'est-à-dire sans pouvoir décisionnel.

Elle était également représentée, au même titre, à la Convention chargée d'élaborer, en

2002-2003, le projet de Constitution européenne. Lorsque le traité d'adhésion avec

l'Union sera signé, elle aura droit à des observateurs au Parlement et au Conseil. En

attendant, c'est de l'extérieur que les Turcs de Bruxelles plaident la cause d'Ankara.

D'autres organisations patronales sont représentées à Bruxelles, comme la

Confédération turque des associations d'employeurs (Tisk), affiliée aussi à l'Unice, ou

encore l'Union des chambres de commerce et des bourses de commerce de Turquie

(Tobb), dont le délégué, Bülent Bilgic, souligne le rôle dans la défense des entreprises,

ou l'Association des exportateurs de textile (ITKIB). L'Association des jeunes

entrepreneurs de Turquie (Tügiad), présidée par Murat Sarayli, fait partie de la

Confédération européenne des jeunes entrepreneurs (YES for Europe), dont le siège est

à Bruxelles et dont M. Sarayli est aussi le président. YES for Europe, qui rassemble de

jeunes entrepreneurs de treize pays, entend maintenir le dialogue avec les institutions

européennes pour s'assurer que leurs initiatives "reflètent l'esprit d'entreprise en

Europe".

Un autre organisme, la Fondation pour le développement économique, se propose de

"faciliter le processus d'adhésion" et d'y associer activement le monde des affaires turc.

Son délégué, Halut Nuray, souligne le travail de promotion menée auprès des

institutions européennes et des délégations des Etats membres.

Du côté syndical, la présence est plus modeste. Ancien réfugié politique en Belgique,

Yücel Top est le délégué de la Confédération des syndicats progressistes (Disk), une des

quatre confédérations turques membres de la Confédération européenne des syndicats

(CES), mais il représente, à Bruxelles, l'ensemble du mouvement syndical. Il soutient

l'adhésion de la Turquie tout en affirmant se situer sur un autre terrain que les porte-

parole du patronat. "Nous ne sommes pas des marchands, nous défendons un projet

politique", affirme-t-il. "Les employeurs ont une grande influence sur le gouvernement,

les travailleurs, non", ajoute-t-il, en rappelant que l'Union demande à Ankara d'assurer

un meilleur respect des droits syndicaux. L'entrée de la Turquie suscite encore la

149

méfiance, reconnaît-il, avant d'annoncer un grand projet d'échanges "pour changer les

préjugés des deux côtés".

Quelle que soit leur obédience, les représentants de la Turquie à Bruxelles sont

convaincus que l'avenir de leur pays est dans l'Union européenne, pour le grand

bénéfice des deux parties. Ils regrettent que la question chypriote, qui a provoqué la

suspension des négociations, en soit venue à supplanter toutes les autres considérations.

Pour eux, elle relève principalement des Nations unies et ne devrait pas interférer avec

le processus d'adhésion.

La traduction turque

ABHaber.com, 25. 01. 2007

Le Monde gazetesinde tam sayfa çıkan haberde Türkiye'nin AB ile ilişkilerde yasadığı

sorunlara rağmen Brüksel'de geniş bir temsil altyapısı olduğu vurgulanıyor.

AB nezdinde Türkiye Daimi Temsilcisi Büyükelçi Volkan Bozkır'ın sürecin kurumsal

yapısını sağlam olduğu ve Türkiye'nin AB ile uyum yolunda kararlılıkla ilerlediğine

dikkat çeken görüşleri yer alıyor.

TUSIAD ve TISK temsilcisi Bahadır Kaleagası'nın Türk özel sektörünün zaten Avrupa

ile bütünleşmiş olduğunu hatırlatan görüşlerine yer verilen makalede, bu yöndeki

etkinlikler anlatılıyor. Bu çerçevede özellikle Türkiye'nin üyeliğinin Avrupa'nın

geleceğini özetleyen 10 maddeye dikkat çekiliyor.

Makale ayrıca Brüksel'deki TOBB temsilcisi Bülent Bilgiç, ITKIB temsilcisi Haluk

Özelçi, IKV temsilcisi Haluk Nuray ve Avrupa Sendikalar Konfederasyonu'nundaki

Türk temsilci Yücel Top'a atifta bulunuyor ve Yes For Europe'un başkanlığını yürüten

TUGIAD Başkanı Murat Saraylı'dan bahsediyor.

Analyse du texte

Nous n’avons pas trouvé nécessaire de faire l’analyse du texte source parce que nous ne

sommes pas en face d’une situation de traduction dans ce communiqué de presse en

question. Nous avons tiré ces écrits d’un site d’Internet qui s’appelle AB.Haber.com.

150

On voit qu’on a fait un discours indirect du texte en question. Nous ne trouvons pas

juste de tels actes qui sont contre la nature et le devoir de l’acte traduisant.

2.3.1.9. Texte 9-Version-Communiqué De Presse

Le Monde, 18 juin 2009

Guillaume Perrier

Ankara menace de tout annuler, ulcéré par la campagne menée contre son adhésion à

l’UE. A deux semaines de son lancement officiel, la plus grande incertitude plane sur la

Saison culturelle de la Turquie, une série de plus de 400 événements organisés dans

toute la France, à partir du 1er juillet. Signe des tensions diplomatiques entre les deux

pays, le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, vient en effet de menacer de tout

annuler à la dernière minute.

”Je réfléchis à la question. Faut-il y aller ou pas? “, a-t-il déclaré dans une interview

diffusée par la chaîne NTV.” – Nicolas – Sarkozy regrettera ce qu’il a fait, tôt ou tard.

Nous avions des contacts avec l’ancien président Jacques Chirac et nous n’avons jamais

perçu une telle attitude chez lui, a poursuivi M. Erdogan, ulcéré par la campagne menée

en France, avant les élections européennes, contre l’entrée de la Turquie dans l’UE. Le

président Abdullah Gül a, quant à lui, annulé, lundi 15 juin, un dîner d’hommes

d’affaires destiné à boucler le financement de la Saison turque.

” Nous attendons des éclaircissements de la part du gouvernement. Sans argent, on ne

peut rien faire “, s’inquiète Özlem Ece, de la Fondation d’Istanbul pour la culture et les

arts, qui coordonne les projets côté turc. A Paris, le commissaire français de la Saison,

Stanislas Pierret, se refuse à tout commentaire. ”Nous continuons à travailler. Les

collectivités locales sont très impliquées “, dit-il.

Depuis le départ, ” la Saison turque en France est vécue comme un cadeau empoisonné

de – Jacques – Chirac à – Nicolas – Sarkozy“, estime Dorothée Schmid, responsable de

l’Observatoire de la Turquie contemporaine à l’Institut français de relations

internationales (IFRI). Dans un contexte tendu entre les deux pays, Paris aurait tenté de

minimiser la portée de l’événement.” On a un mal fou, en France, à organiser un débat

sain sur la Turquie, poursuit-elle. Et certains grands patrons qui sponsorisent le

151

programme ont un peu l’impression que le président de la République les envoie au

casse-pipe. “

LE FINANCEMENT MANQUE

Si bien qu’à deux semaines du lancement, le financement n’est pas encore assuré,

confirme un observateur. Il y a beaucoup de projets, mais mal préparés, mal coordonnés

et la communication entre les deux parties est mauvaise “, poursuit-il. La présence

d’officiels turcs pour l’inauguration n’est pas certaine. La Saison turque, cofinancée par

les deux pays et des compagnies privées, a déjà connu d’autres déconvenues. A la

demande de Paris, elle a été repoussée de mars à juillet, pour cause d’élections

européennes. Et le Salon du livre, qui devait être consacré à la Turquie, en 2010, a

changé d’avis, trouvant le thème trop risqué.

La traduction turque

ABHaber.com, 18-06-2009

Le Monde:Fransa'daki Türk Mevsimi Chirac'tan Sarkozy'e zehirli armağan

Resmi açılışına iki hafta kala Fransa’daki “Türk Mevsimi” etkinlikleri konusunda

“büyük bir belirsizlik” olduğu bildirildi.

Le Monde gazetesi, Başbakan Recep Tayyip Erdoğan’ın açıklamalarını, “iptal tehdidi”

ve “iki ülke arasındaki “diplomatik gerginlikler”in bir göstergesi olarak yorumlarken

baştan beri “Fransa’daki Türk Mevsimi, Chirac’tan Sarkozy’ye zehirli bir armağan

olarak yaşanıyor” görüşlerini de aktardı.

Le Monde, “Fransa’daki Türk Mevsimi belirsiz” başlığı ile yayınladığı haberinde

“Resmi açılışına iki hafta kala Türk Kültürel Mevsimi konusunda büyük bir belirsizlik

var” dedi. Temmuz’dan itibaren Fransa’ta 400’den fazla etkinliğin düzenlenmesi

öngörüldüğünü kaydeden gazete, “İki ülke arasındaki diplomatik gerginliklerin bir

göstergesi olarak Türk Başbakanı Recep Tayyip Erdoğan’ın son dakika her seyi iptal

etme tehdidinde bulundu” diye yazdı.

Başbakan Erdoğan’ın, Fransa Cumhurbaşkanı Nicolas Sarkozy için “Sarkozy, er geç

yaptıklarından dolayı üzülecek. Eski Cumhurbaşkanı Jacques Chirac ile temaslarımız

vardı ve hiçbir zaman böyle bir tavrı görmedik” ifadelerini kullandığını da yazan gazete,

152

Erdoğan’ın bu tutumunu, Avrupa Parlamentosu seçimleri sırasında Fransa’da

Türkiye’nin AB üyeliği konusunda yürütülen kampanyaya bağladı.

Fransız gazetesi, Cumhurbaşkanı Abdullah Gül’ün de geçen Pazartesi günü “Türk

Mevsimi” etkinliklerini finanse edecek işadamları ile yapacağı yemeği iptal ettiğine de

dikkat çektikten sonra Fransa Uluslararası İlişkiler Enstitüsü yetkilisi Dorothee

Schmid’in baştan beri “Fransa’daki Türk Mevsimi, Chirac’dan Sarkozy’ye zehirli bir

armağan olarak yaşanıyor” görüşünü de aktardı.

-“FİNANSMAN KESİNLEŞMEDİ, TARAFLAR ARASINDAKİ İLETİŞİM KÖTÜ”-

İki ülke arasındaki ilişkilerin gergin olduğu bir dönemde Paris’in etkinliklerini küçültme

eğilimine girdiği görüşüne de yer veren gazeteye konuşan bir gözlemci de, açılısına

sadece iki hafta kalmasına rağmen finansmanın henüz kesinleşmediğinı belirterek “Bir

çok proje var ancak bu projeler kötü hazırlandığını ve kötü koordine edildi, iki taraf

arasındaki iletişim de, kötü” diye konuştu.

Le Monde, haberine son verirken de “Türk Mevsimi”nin Avrupa Parlamentosu

seçimleri nedeniyle Paris’in talebi üzerine Mart’tan Temmuz’a ertelendiğini

anımsattıktan sonra “Ve 2010 yılında Türkiye’ye adanacak Kitap Fuarı’nin

düzenleyicileri, teması fazla riskli bularak bu kararını gözden geçirdi” diye yazdı.

Analyse du texte :

Voilà un deuxième exemple de l’analyse précédente. Encore un discours indirect.

2.3.1.10. Texte 10-Thème-Communiqué De Presse

Türkiye basın özgürlüğünde 101’inci sırada/Türkiye/Radikal İnternet

02/05/2009 11 :04

Amerika’daki Freedom House (Özgürlük Evi) adlı sivil toplum kuruluşu 2009 basın

özgürlüğü raporunu yayınladı. Özgürlük Evi’ne göre, Türkiye 101. sırada yine ‘kısmen

özgür’ ülkeler arasında yer aldı

Washington’daki Basın Müzesi’nde Özgürlük evi, tarafından açıklanan raporda 2009

yılında basın özgürlüğü açısından « kaygı verici » gelişmeler yaşandığı belirtildi.

153

Kuruluşa göre dünya nüfüsunun sadece yüzde 17 si basının tamamen özgür olduğu

ülkelerde yaşıyor. Özgürlük Evi raporunda altmış dört ülkede basın özgürlüğü

olmadığı ; altmış bir ülkede kısmen özgür bir basın bulunduğunu, yetmiş ülkede ise

basının « özgür » olduğu belirtildi. Basın özgürlüğü açısından en iyi puana sahip üç

ülke, İzlanda, Finlandiya ve Norveç oldu. Basın özgürlüğü açısından en sorunlu ülkeler

Kuzey Kore, Türkmenistan, Burma, Libya, Eritre, Küba, Özbekistan ve Beyaz Rusya

olarak sıralandı. Basın özgürlüğünde en özgür kıta Avrupa oldu. Avrupa’daki 25

ülkeden 23 ü özgür basına sahip. Avrupa kıtasında kısmen özgür basına sahip iki ülke

İtalya ve Türkiye olarak açıklandı. Italya, medya patronu olan Silvio Berlusconi’nin

iktidara dönmesi ve gazetecilere hakaret davaları açılması nedeniyle 2009 yılında

« kısmen özgür » sınıfına geriledi. Türkiye’de kısmi bir iyileşme olsa da belli başlı

sorunlar devam ederken, raporun yazarlarından Özgürlük Evi uzmanı Karin Deutch

Karlekar, Amerika’nın Sesi Radyosu’na, şu değerlendirmeyi yaptı :

« Türkiye’deki basın özgürlüğüne ilişkin birtakım endişelerimiz var. örneğin, 301.

madde, basına ve yazarlara yönelik baskı gibi konulardaki kaygımız sürüyor. Asıl sorun

301. maddede hala gerekli düzenlemenin yapılmamış olması. Aynı zamanda basına

yönelik sindirme ve yıldırma politikalaırı da sürüyor. Yani genel anlamda Türkiye’de

basın özgürlüğünün geçen yıldan biraz daha iyi durumda olduğunu söyleyebiliriz ama

bu bahsettiğim sorunların hala sürmesi endişe verici. Son birkaç yıl içinde hükümet

yetkililerinin basına yönelik olumsuz tutumlarının arttığını görüyoruz. Bazı medya

kuruluşlarına uygulanan yasal ya da ekonomik baskılar da var. Türk medyasının bazı

medya gruplarının tekelinde olduğunu biliyoruz. Kimi zaman hükümetle bazı medya

grupları arasında konuların kişiselleştiğini görüyoruz. Bu da resmi bir baskıya

benziyor. »

Türkiye, basın özgürlüğünde Arnavutluk, Komor Adaları ve Tanzanya’yla 101. sırayı

paylaştı. (DHA)

La traduction française :

PARİS’TEN TÜRKİYE

Jeudi, 7 Mai 2009

Liberté d’expression : Turquie peut mieux faire

154

Selon le rapport publié par l’organisation américaine Freedom House, la Turquie est

classée à la 101ème place dans le classement mondial établi par l’organisation quant au

respect de la liberté de la presse. Toutefois, la Turquie figure à la 25ème place dans le

classement des pays européens derrière l’Italie (24) et la France (19). Les bons élèves

du classement sont l’Islande, la Finlande et la Norvège. Les cancres de la liberté de la

presse sont la Corée du Nord, le Turkménistan, la Birmanie, la Lybie, Cuba,

l’Ouzbékistan et la Russie.

La fondation relève que la liberté de la presse a globalement reculé partout dans le

monde. En effet, seulement 17% de la population mondiale bénéficieraient d’une presse

libre. 64 pays n’ont pas de presse libre contre 70 qui en ont une et 61 pays ont une

presse semi libre.

Le rapport met en garde contre les pressions exercées sur la liberté d’expression dans de

nombreux pays à travers le monde. Ces pressions comprennent les restrictions sur les

médias traditionnels et les nouveaux médias (Internet, téléphonie). Les attaques contre

les journalistes, une judiciarisations croissante (hausse des affaires ayant pour

fondement l’incitation à la haine raciale ou religieuse. Le recours abusif aux lois contre

la diffamation pour inciter à l’autocensure) et des motifs qui tiennent à la défense et à la

sécurité nationales.

Concernant plus spécialement la Turquie, Karin Deutch Karlekar, l’une des rédactrices

du rapport, souligne ses inquiétudes à propos de l’art. 301 du code pénal dont la révision

récente n’a pas modifié le problème de fond selon elle.

Toutefois, toujours, selon le rapport, la liberté de la presse avait progressé en Turquie.

Concernant l’art. 301, je pense que le problème ne vient pas de l’existence d’un tel texte

mais de l’interprétation qu’en font les magistrats. L’article 301 existe sous d’autres

formes dans un certain nombre de pays membres de l’UE comme la France,

l’Allemagne, l’Italie, la Pologne, l’Espagne, la Finlande. Toutefois, les procureurs de

ces pays classent généralement sans suite certains affaires ce qui n’est pas le cas en

Turquie. C’est plus facile de réviser les textes que de changer les mentalités.

Je ne sais que penser de ce classement mondial d’autant plus qu’en faisant quelques

recherches sur cette fondation, je suis tombée sur un article très critique « Freedom

155

House : quand la liberté n’est qu’un slogan qui accuse l’organisation d’être une officine

de propagande au service de l’atlantisme.

Analyse du texte 7

1. Qui écrit ? C’est un communiqué de presse publié par le journal de Radikal.

2. Sur quoi écrit-t-il ? Ce communiqué de presse est sur un rapport publié par

l’organisation américaine Freedom House concernant la liberté d’expression

dans tous les pays du monde et particulièrement en Turquie.

3. A qui écrit-il ? Il est pour les lecteurs du journal Radikal.

4. Quel moyen utilise-t-il ? Un communiqué de presse.

5. Quand est-ce qu’il écrit ? Le 02. 05. 2009

6. Où est-ce qu’il écrit ? En Turquie.

7. Pourquoi écrit-t-il ? Pour informer les lecteurs sur le niveau du développement

actuel de la Turquie au sujet de la liberté d’expression.

8. Avec quelle fonction linguistique est-ce qu’il prend en main un tel texte ?

Puisque ce texte est un communiqué de presse, elle est prise en main avec la

fonction descriptive. En outre, dans ce communiqué de presse, on a fait une

citation d’une personne qui exprime ses propres idées ou commentaires sur la

situation de la liberté d’expression en Turquie. Dans ce cas, il s’agit de la

fonction expressive.

9. Qu’est-ce qu’il dit ou ne pas dit sur quel sujet ? Puisque ce texte est un

communiqué de presse, nous n’avons pas de pouvoirs de commencer ce qu’on

dit ou ne pas dit sur le sujet qu’on y aborde. Dans ce texte, on donne une

nouvelle.

10. Avec quelle fiction de texte est-ce qu’il écrit ? Dans un tel texte de

communiqué de presse, ce n’est pas possible de constater la présence des

fictions de textes telles qu’on constate dans les articles de journaux dans lesquels

il existe des fictions, des choix langagiers personnels. Dans les communiqués de

presse, il n’y a qu’un seul devoir qui n’est que de donner des nouvelles sur un

sujet quelconque. Parfois, on peut rencontrer comme dans le cas de ce

communiqué, des paragraphes de citation d’une personne qui parle, qui exprime

ses propres opinions.

156

11. Quelles figures non-verbales utilise-t-il ? Il n’existe pas de figures non-

verbales dans les communiqués de presse.

12. Quels types de phrases utilise-t-il ? Faire une analyse du discours pour

l’objectif de traduction un tel texte, ne peut pas être identique avec celle d’un

texte d’article de journaux. Il n’y a qu’un seul devoir à faire dans l’analyse des

communiqués de presse : est-ce que l’information dans le texte source est-elle

transférée dans son intégralité dans le texte cible ? C’est-ce qu’on doit chercher.

Sous cet angle, les types de phrases construites dans le texte source ne nous

intéressent pas autant que dans une analyse des articles.

13. Sur quel ton est-ce qu’il écrit ? Soit à l’écrit, soit à l’oral, une nouvelle ne peut

être présentée que sur un ton indifférent, impartiel.

14. Quelle influence est-ce qu’il éveille ? Ce communiqué de presse crée une

influence de justesse sur celui qui pense qu’il n’y a pas plus ou moins une liberté

d’expression.

Conclusion

Nous n’avons pas pu trouver aucun acte de traduction à critiquer ni positivement ni

négativement dans cette traduction que nous avons du mal à considérer même comme

un texte traduit, plus exactement la traduction du texte source. Nous avons d’abord

atteint le texte disons « traduit ». C’est un site d’Internet qui s’appelle « Paris’ten

Türkiye » préparé par Ayşe Bodur. Ce site est constitué par des articles ou des

communiqués de presse publiés dans de divers journaux turcs et ils ne sont pas traduits

dans le sens exact du terme, mais ils sont, pour ainsi dire, reproduits avec des

interprétations ajoutées par celui qui rédige ces textes. Puisqu’ils ont été reproduits, les

exigences traductologiques de la traduction des textes des communiqués de presse n’ont

pas été suivies. Le plus grand défaut est qu’on n’a pas fait une traduction orientée sur le

texte source, c’est pourquoi nous ne pouvons pas généralement approuver ce texte en

vertu des principes de la traduction des textes de communiqué de presse.

157

2.3.1.11. Texte 11-Thème-Communiqué De Presse

Milliyet.com.tr

14 Ağustos 2009, Cuma

Halk, en büyük dost olarak Azerbaycan’ı görüyor.

Uluslararası Stratejik Araştırmalar Kurumu’nun (USAK) Ankara, İstanbul, İzmir ve

Bursa kentlerinde 1110 kişi üzerinde yüzyüze görüşmek yoluyla yaptırdığı « Dış

Politika algılama Anketi » sonuçları belli oldu.

Anketin bazı çarpıcı sonuçları şöyle.

-Türk halkı Türkiye’nin geleceğini AB’de görüyor (%56,36)

-Türk halkına göre dünya barışını en çok ABD (%32,73), İsrail (%23,64) ve Rusya

(%11,64) tehdit ediyor.

-Türk dış politikasını başarılı bulanların oranı %49.09. Başarısız veya orta tiyenlerin

oranı ise %47,27.

-Türk halkının Türk Dış politikası’ndan en büyük beklentileri güvenliğin sağlanması ve

ekonomik çıkarların korunması. Çevre sorunlarını öncelikli görenlerin oranı sadece

%0.64. ?Ankete yanıt verenlere göre Türkiye’nin AB’ye giremesinin altındaki en

önemli neden « Dini ve kültürel farklar ve Türkiye’ye karşı tarihi önyargılar »

(%56,36).

Türk halkının %25,45 i en büyük tehdit olarak ABD’yi görüyor. Tehdit sıralamasında

bu ülkeyi İsrail ve Fransa izliyor.

Halkın %23.64 ü Türkiye’nin en büyük dostu olarak Azerbaycan’ı görüyor. Bu ülkeyi

Bosna-Hersek, Türkmenistan izliyor.

158

La traduction française :

PARİS’TEN TÜRKİYE

Ayşe Bodur

Samedi, 22 AOÛT 2009

L’avenir de la Turquie est dans l’UE

Selon une enquête réalisée par l’institut international de recherches stratégiques (ISRO),

auprès de 1100 personnes, à Ankara, İstanbul, İzmir, et Bursa, 56,36 % des Turcs

pensent que l’avenir de la Turquie est dans l’UE.

Voici quelques unes des réponses :

56.36 % des sondes pensent que l’avenir de la Turquie est dans l’UE. Les personnes

interrogées estiment que les difficultés rencontrées par la candidature turque à l’UE

trouvent leur origine dans les différences culturelles et religieuses ainsi que dans les

préjugés historiques contre la Turquie.

32.73 % considèrent que la plus grande menace pour la paix mondiale vient des EU,

23.64 % d’Israël et 11.64 % de la Russie.

49.09 % sont satisfaits par la politique étrangère de la Turquie tandis qu’ils sont 47.27

% à penser que cette politique est un échec ou moyennement satisfaisante. Les attentes

de la population turque en matière de politique étrangère concernent principalement la

sécurité du pays et la sauvegarde des intérêts économiques.

Les enjeux environnementaux sont considérés comme une priorité par seulement 0.64

% des sondes. Autrement dit, les Européens peuvent toujours faire les gros yeux au

sujet de Hasankeyf, les Turcs ont d’autres chats à fouetter.

Analyse du texte 8

1. Qui écrit ? C’est un communiqué de presse publié par le journal de

Milliyet

2. Sur quoi écrit-t-il ? Ce communiqué de presse porte les résultats d’une

enquête qui s’appelle « l’enquête de la perception de la politique

159

extérieure », faite par l’institut international de recherches stratégiques »

(ISRO) sur 1100 personnes dans les villes d’Ankara, İstanbul, İzmir et

Bursa.

3. A qui écrit-il ? Ce communiqué de presse en appelle à la masse de

lecteur du journal Milliyet.

4. Quel moyen utilise-t-il ? Un communiqué de presse.

5. Quand est-ce qu’il écrit ? Ce communiqué de presse a été publié sur le

site d’Internet du journal Milliyet, le 14. 08. 2009.

6. Où est-ce qu’il écrit ? Il a été publié en Turquie.

7. Pourquoi écrit-t-il ? De telles enquêtes sont faites souvent par divers

instituts de recherches et les journaux les publient pour des lecteurs qui

sont intéressés. Leurs résultats donnent aux lecteurs une certaine opinion

sur la société dont ils font une partie.

8. Avec quelle fonction linguistique est-ce qu’il prend en main un tel

texte ? Avec la fonction linguistique informative.

9. Qu’est-ce qu’il dit ou ne pas dit sur quel sujet ? Comme nous avons

précisé ci-dessus, ce communiqué de presse porte sur les résultats d’une

enquête. On se contente de donner successivement ces résultats sans

recourir à des qualificatifs sauf un « çarpıcı » au début.

10. Avec quelle fiction de texte est-ce qu’il écrit ? On s’est contenté de

classifier les résultats de l’enquête.

11. Quelles figures non-verbales utilise-t-il ? Dans ce texte, on n’a pas

utilisé des figures non-verbales.

12. Quels types de phrases utilise-t-il ? On a utilisé des phrases actives et

vebales.

13. Sur quel ton est-ce qu’il écrit ? Sur un ton indifférent, impartiel.

14. Quelle influence est-ce qu’il éveille ? L’influence que ce communiqué

de presse éveille chez le lecteur, dépend d’un lecteur à l’autre selon qu’il

sent sur ces résultats statistiques.

Conclusion

Nous avons voulu aborder un autre exemple du communiqué de presse précédent du

même site d’Internet. Il s’agit encore du même cas que celui du précédent. Nous

160

voulons répéter encore une fois qu’il faut effectuer une traduction orientée sur le texte

source quand il s’agit de la traduction des communiqués de presse. Nous ne pouvons

pas approuver aussi ce texte puisqu’on n’a pas tenu cette exigence.

2.3.1.12. Texte 12-Thème-Communiqué De Presse

Vatan, 16. 03. 2009

İşsizlikte tarihi rekor

TÜİK Aralık ayı işsizlik rakamlarını açıkladı

Türkiye tarihinin en büyük resmi işsizlik rakamı açıklandı. TÜİK, Aralık sonu itibarıyla

işsizlerin sayısının 3 milyon 274 bini, işsizlik oranının da yüzde 13.6’yı bulduğunu

açıkladı. Bu oran TÜİK verilerinin yayınlanmaya başladığı 1988 yılından beri

kaydedilen en yüksek oranlı işsizlik verisi oldu

TÜİK’in verilerinde iş aramayan ama çalışmaya hazır olanlar kaleminde de 2 milyon

298 bin kişi daha olduğu dikkati çekiyor. Şayet bu insanlar da resmi işsizlik kayıtlarına

dahil edilirse gerçek işsizlerin sayısı 5 milyon 572 bini, gerçek işsizlik oranı ise yüzde

22’yi buluyor

İşsiz sayısı Aralık-2007 Aralık 2008 döneminde 838 bin kişi artarak 3 milyon 274 bin

kişiye çıktı. İşsizlik oranı geçen yılın aynı dönemine göre yüzde 10.6’dan yüzde 13.6’ya

yükseldi. Genç nüfusta işsizlik oranı yüzde 20.6’dan yüzde 25.7’ye çıktı. Buna göre, bir

önceki yılın aynı dönemine göre, istihdam 293 bin kişi artarak 20 milyon 443 binden 20

milyon 736 bine yükselirken, işsiz sayısı 838 bin kişi artarak 2 milyon 436 binden 3

milyon 274 bine çıktı. Mevcut işsizlerin yüzde 16.3’ünü (533 bin kişi) bu dönemde işten

ayrılanlar oluşturdu.

Bu rakamlarla istihdam oranı yüzde 41.2 olarak sabit kalırken, işsizlik oranı 3 puan

birden yükselerek yüzde 10.6’dan yüzde 13.6’ya yükseldi. Tarım dışı işsizlik oranı

yüzde 13’ten yüzde 17.3’e, genç nüfusta işsizlik oranı yüzde 20.6’dan yüzde 25.7’ye

çıktı.

Kentte işsizlik oranı yüzde 12.2’den yüzde 15.4’e, kırsalda işsizlik oranı yüzde 8.1’den

161

yüzde 10.7’ye yükseldi.

Yüzde 31.2’si geçici işte

Açıklanan Aralık 2008 verileri, Türkiye tarihinin en büyük işsizlik verileri olarak da

kayıtlara geçti. 2001 krizinden sonra bile işsizlik yüzde 10.3 olarak tespit edilmişti.

Bu dönemdeki işsizlerin; yüzde 74.2’si erkek nüfus, yüzde 61.3’ü lise altı eğitimli.

Yüzde 24.3’ü ise bir yıl ve daha uzun süredir iş arıyor. İşsizler sıklıkla (yüzde 31.6) “eş-

dost” vasıtasıyla iş arıyor. Yüzde 88.6’sı (2 milyon 901 bin kişi) daha önce bir işte

çalıştı. Daha önce bir işte çalışmış olan işsizlerin yüzde 44.1’i “hizmetler”, yüzde 25’i

“sanayi”, yüzde 19.3’ü “inşaat”, yüzde 9.7’si ise “tarım” sektöründe çalıştı. Yüzde 2’si

ise 8 yıldan önce işinden ayrıldı.

İşsizlerin yüzde 31.2’sinin çalıştığı işin geçici olduğu belirlendi. Yüzde 19.3’ünü işten

çıkarılanlar, yüzde 14.1’ini kendi isteğiyle işten ayrılanlar, yüzde 8.5’ini işyerini

kapatan/iflas edenler, yüzde 8.3’ünü ev işleriyle meşgul olanlar, yüzde 7.1’ini

öğrenimine devam eden veya yeni mezun olanlar, yüzde 11.5’ini ise diğer nedenlerle

işsiz kalanlar oluşturdu.

Gerçek işsizler 5.5 milyon, gerçek işsizlik de % 22

TÜİK, resmi verilerinde 3 aydan daha fazla bir süredir iş aramayanlar “işsiz” statüsünde

sayılmıyor. Rakamlar dikkatli incelendiğinde “umutsuzlar” olarak bilinen, iş aramayıp,

çalışmaya hazır olanların sayısındaki 548 bin kişilik artış hemen dikkati çekiyor. 2007

Aralık ayında 1 milyon 750 bin olan umutsuzlar kalemini TÜİK, son verisinde 2 milyon

298 bine çıkartmış. Yani neredeyse resmi işsiz sayısı kadar iş bulma ümidi

kalmayanlardan oluşan bir kalem yer alıyor. Ancak bu kalem resmi işsizlik oranını

etkilemiyor. Şayet bu kalemdekiler de işsizler ordusuna dahil edilirse Türkiye’deki

gerçek işsizlik rakamı 3 milyon 274 bin değil, 5 milyon 572 bin kişi oluyor.

Şayet istatistik bu şekilde tutulursa TÜİK’in 24 milyon 9 bin olarak gösterdiği işgücü

rakamı 26 milyon 307 bine çıkıyor. 5 milyon 572 bin işsize göre gerçek işsizlik rakamı

da yüzde 13.6 değil yüzde 22’yi buluyor.

İstihdam 2002’den bu yana 618 bin kişi azaldı

162

Türkiye genç ve nüfusu çok hızlı artan bir ülke. Her yıl ortalama 700 bin civarında kişi

iş gücüne dahil oluyor. Kayıtlara bakıldığında ise 2002’den bu yana yani AKP’nin

iktidara geldiği tarihten bu yana reel olarak istihdamın azaldığı dikkati çekiyor. 2002

yılı sonunda 21 milyon 354 bin kişi istihdam edilirken, bu sayı 2008 sonunda 20 milyon

736 bine geriledi. Oysa nüfus 2002 sonunda 68 milyon 393 bindi. 2008 sonunda ise 70

milyonu geçti.

‘Türkiye’de 3-4 milyon kişi daha işsiz kalabilir’

ÖZEL İşsizlik Sigortası’nın mucidi Genworth Financial’ın Global İş Geliştirmeden

Sorumlu Başkan Yardımcısı David Nolan, “Türkiye’de ortalama borcu 800 TL olan 40

milyondan fazla aktif kredi kartı var. 2007’de ortalaması 3 bin TL olmak üzere 3 milyon

tüketici kredisi kullanıldı. Bu sayılar riskin ciddiyetini gösteriyor. İşsizlik oranı yüzde

10-12 civarında. 2009’da 3-4 milyon insan daha işsiz kalabilir. Tahminlere göre,

ödenmeyen kredi kartı borçları yüzde 6 artabilir; tüketici kredilerinde yüzde 40,

otomobil kredilerinde yüzde 50’den fazla düşüş olabilir” diye konuştu.

Çalışma Bakanı Çelik: Bizim için sürpriz değil

ÇalIŞma ve Sosyal Güvenlik Bakanı Faruk Çelik, işsizlik oranındaki artış ile ilgili

olarak, “Aralık rakamları bizim için çok çok sürpriz olmadı. Talep daralması olarak bize

yansıyan bu küresel krizin, işsizliği artıracağını ve istihdam sorununu doğuracağını,

sürpriz olmayan bir gelişme olarak değerlendiriyoruz” dedi. Çelik, işsizlik rakamının

Aralık 2007’de 10.6, Aralık 2008’de ise 13.6 olduğunu, bu rakamlara bakıldığında

yüzde 3’lük artışın yaşandığının görüldüğünü kaydetti. Ülke genelinde mevsimsel bir

sorunun da yaşandığını, yaza doğru özellikle hizmet ve tarım sektöründeki gelişmelerin

bu oranın artışını değil düşüşünü sağlayacağını anlatan Çelik, ekonomik krizin

yansımalarının dünyanın her tarafında aynı olduğunu söyledi.

Şimşek: Avrupa’da işsizliğin % 20’yi geçtiği ülkeler va

İŞsİzlİĞİn Türkiye’nin yapısal sorunlarından bir tanesi ve özünde “mesleksizlik

problemi” olduğunu belirten Devlet Bakanı Mehmet Şimşek, “İşsizlik ne bugünün

sorunu ne de hemen çözülecek bir sorundur. İşsizlik sadece Türkiye’nin değil. Bugün

bazı Avrupa ülkelerinde işsizliğin yüzde 20’yi aştığı ülkeler var” dedi. Türkiye’de

neredeyse yılda 700 bin kişinin çalışma çağına girdiğini, işsizlerin yüzde 60’ının lise altı

163

eğitime sahip olduğunu kaydeden Şimşek, lise altı eğitimle dünya ile rekabet etmek

veya mevcut küresel şartlarda iş bulmanın çok zor olduğunu bildirdi.

Türk-İş: İşsizlik felakete dönüşüyor

Türk-İş Yönetim Kurulu, işsiz sayısı arttıkça bu sorunun büyüdüğünü, gelir dağılımı

sorununun derinleştiğini, yoksulluğun arttığını, bütün bunların Türk ekonomisi ve

sosyal hayatı için tehlike oluşturduğu belirterek, işsizliğin felakete dönüştüğünü

kaydetti. Türk-İş’ten yapılan açıklamada, resmi rakamlara göre bir önceki yılda 10.6

olan işsizlik oranının Aralık 2008 sonu itibarıyla 13.6’ya yükseldiği, işsizliğin 3 milyon

274 bin kişi ile “Cumhuriyet tarihinin” en yüksek rakamına ulaştığı belirtilerek, en

dikkat çekici olanın tarım dışı işsizlik oranının yüzde 17’yi aşması olduğu kaydedildi.

Açıklamada, Türkiye’nin “geleceğini kaybetme tehlikesi” ile karşı karşıya olunduğuna

dikkat çekildi.

Hak-İş: İşsizliği düşürecek politikalar hayata geçirilmeli

Hak-İş Genel Başkanı Salim Uslu, ekonomideki yavaşlamanın işsizlik sorununun her

geçen gün daha da büyümesine yol açtığını belirterek, “Açıklanan rakamlar,

Türkiye’nin birinci gündem maddesinin işsizlik olduğunu bir kez daha göstermiştir.

Hızla istihdamı artıracak, işsizliği düşürecek yeni politikalar hayata geçirilmelidir” dedi.

Uslu, “İşsizlikle mücadele ve istihdam stratejisi noktasında AB’nin istihdam stratejisi

bizim için önemli bir referanstır. İşsizlik Sigortası Fonu’ndan yararlanma koşulları

iyileştirilmeli, işsizlik ödeneği artırılmalı ve süresi yeniden gözden geçirilip

uzatılmalıdır” diye konuştu.

La traduction française

Paris’ten Türkiye, 19. 03. 2009

Taux de chômage record en Turquie

La Turquie a enregistré son taux de chômage le plus élevé depuis 1988 avec 3 millions

274 mille demandeurs d'emploi soit 13,6 % de la population active. Il est à noter que ce

record historique ne tient pas compte des personnes qui n’ont pas le statut de

164

«demandeur d’emploi» au motif qu’elles ne sont pas à la recherche d’un emploi depuis

plus de 3 mois. Toutefois, ces personnes qui ne recherchent pas un emploi car elles ont

la conviction qu’elles ne pourront jamais en trouver un se déclarent prêtes à occuper un

poste. TÜIK évalue ces personnes à 2 millions 298 mille. Ce qui nous fait un total de 5

millions 572 mille personnes sans emploi soit 22 % de la population active.

Que fait le gouvernement? Pas grand-chose : "Vous savez c’est la crise, Hamdolsun, bla

bla bla..." Mais un petit rappel tout de même pour vous montrer à quel point le

gouvernement se soucie des préoccupations du citoyen lambda:

Le PM : « Dieu merci, nous avons esquivé la crise». Ah quel visionnaire notre PM.

Le ministre du travail pour expliquer les chiffres du chômage : «C’est de la faute des

femmes. En temps de crise, elles se mettent sur le marché du travail ce qui fait gonfler

les chiffres». Oh les vilaines! Elles devraient faire comme toutes les épouses des cadres

de l’AKP et rester tranquillement chez elles à élever leurs enfants.

Le ministre de l’environnement à un groupe de femmes qui demandait du travail : "Mais

vous n'avez pas assez à faire avec vos tâches domestiques ?". Ralala! Mais c’est quoi

toutes ces bonnes femmes qui veulent travailler? Pourquoi ne restent-elles pas chez elles

à faire les 3-4 enfants ordonnés par le PM? Non mais!

C’est vrai que la crise mondiale touche tout le monde, que la marge de manœuvre est

mince mais je crois que le rôle des gouvernants est de rassurer les citoyens afin qu'ils

gardent l'espoir de jours meilleurs. Les gouvernants turcs méritent un zéro pointé dans

la gestion de la crise économique. S’ils osaient, ils feraient des procès à tous ceux qui se

plaignent de la crise, du chômage et de la hausse des prix. Ce n'est pas l'islamisme qu'il

faut craindre mais l'autoritarisme de ceux qui gouvernent la Turquie.

Analyse du texte :

On voit le rédacteur du texte en français, a rédigé un autre texte du texte source que

nous ne pouvons pas considérer comme une traduction proprement dite.

165

2.4. Les Méthodes, Les Techniques Et Les Stratégies De La Traduction Des Textes

Journalistiques A Caractère D’article/De Communiqué De Presse Et Leur Place

Dans L’enseignement De La Traduction

Nous venons d’achever notre étude de la critique de traduction qui est fondée

sur l’analyse du discours pour l’objectif la traduction. Nous avons étudié sur des vrais

textes, sur des vraies traductions grâce quxquels nous avons trouvé l’occasion de

contrôler et de tester la situation actuelle de l’acte traduisant entre deux langues, telles

que la langue française et la langue turque. Maintenant, il faut que nous mettions en

cause les méthodes, les techniques et les stratégies de la traduction des textes

journalistiques à caractère d’article et de communiqué de presse et leur place dans

l’enseignement/apprentissage de la traduction.

2.4.1. Les Méthodes, Les Techniques Et Les Stratégies De La Traduction Des

Textes Journalistiques A Caractère D’article Et Leur Place Dans L’enseignement

De La Traduction

Les articles ou les essaies sont des compositions individuelles et ils sont

construites selon la fonction linguistique appellative. Dans la traduction de ce type de

texte journalistique, il faut, de prime abord, orienter l’acte traduisant sur le texte cible,

c’est-à-dire, sur la culture cible, inversement dans le cas des communiqués de presse où

on doit orienter l’acte traduisant sur le texte source ou rester sur lui-même. Une fois

qu’on est orienté sur le texte cible, on est chargé, de prime abord, de tenir certaines

exigences très importantes pour une traduction approuvée, dans la voie qui part du texte

source vers le texte cible. Une classification peut montrer très clairement ce que sont ces

exigences :

• Le traducteur qui doit traduire un article ou un essaie de journal, doit

parfaitement connaître le langage, l’idéologie, etc., du journaliste de

cet article ou essaie, ce qui est une condition incontournable d’une

traduction approuvée. Le traducteur doit connaître toutes les

particularités idéologiques du journaliste pour qu’il puisse comprendre

le moindre détail dans son discours. Evidemment, ces connaissances du

traducteur présupposent une connaissance linguistique et extra-

linguistique excellente de la culture cible.

166

• En plus, le traducteur doit être fidèle au texte à traduire. Il n’est pas

autorisé à omettre des passages du texte ou d’y ajouter des phrases de

lui-même.

2.4.2. Les Méthodes, Les Techniques Et Les Stratégies De La Traduction Des

Textes Journalistiques A Caractère De Communiqué De Presse Et Leur Place

Dans L’enseignement De La Traduction

Les textes journalistiques à caractère de communiqué de presse sont construits

sous la fonction linguistique informative. Ils n’ont qu’une seule fonction, c’est

d’informer les lecteurs sur un sujet. C’est pourquoi il est important de protéger le

contenu d’information du texte à traduire dans le texte traduit. Pour s’assurer cette

protéction, le traducteur doit effectuer une traduction orientée sur le texte source.

167

CONCLUSION

Nous sommes enfin arrivés au bout de notre étude. Maintenant, il faudra

naturellement la conclure. Nous devons rédiger une deuxième conclusion à notre

engagement académique dont la première était pour notre étude de la maîtrise. Nous

avions abordé l’enseignement de la traduction du langage journalistique dans la

constitution d’une maîtrise, maintenant nous venons d’achever la même étude que nous

avons réabordé d’une nouvelle manière et avec un contenu plus large, dans la

constitution d’une thèse de doctorat. Nous pensons que l’on doit envisager les deux

études comme les moitiés d’un tout. Elles sont complémentaires de l’une de l’autre.

Cependant, il est évident que cette étude présente est plus développé que celle

de la précédente. Par contre, la précédente a des particularités que la deuxième n’en a

pas. Toutes les deux se penchent sur le sujet d’une manière différente. Dans la première,

nous avions abordé le sujet par le côté plutôt des langues étrangères et des objectifs

spécifiques en langues étrangères en se focalisant généralement sur la classe de langue,

puisque le langage journalistique est un domaine spécial, tandis que dans cette étude,

nous avons trouvé l’occasion de nous consacrer entièrement à la traduction, à sa

pratique actuelle. Nous avons contrôlé et testé la qualité de la pratique de traduction

actuelle entre deux langues par la voie de la critique de traduction. Mais, avant cela, il

nous a fallu un fondement théorique solide et cohérent pour bien assimiler cette activité

humaine universelle. Et pour bien l’assimiler, nous avons réalisé ce qu’il a fallu. Nous

avons conçu de prime abord, notre fondement théorique comme une édifice de telle

sorte qu’au fond, il y a la linguistique générale avec une perspective historique dans

laquelle un lecteur supposé peut être le témoin de l’évolution de la pensée du langage

humain. Nous avons cru que pour bien saisir l’activité universelle de traduction, il

faudrait passer de toutes ces étapes que la recherche du langage humain a passées. Pour

réaliser cet objectif, il nous fallait de marcher sur les traces des linguistes qui ont fondé

toutes les théories linguistiques de F. de Saussure à R. Jakobson, de A. Martinet à N.

Chomsky. Après avoir jeté les fondations de notre petite édifice selon les principes de

Saussure avec lesquelles il a fondé toute la linguistique générale, nous avons abordé les

études linguistiques après l’époque de Saussure, qui est l’époque du structuralisme. Et

nous avons abordé tous les domaines de recherche dont nous avons besoin, tels que le

168

fonctionnalisme, la pragmatique et les théories de l’énonciation, les sous-domaines de la

linguistique générale.

Et nous sommes arrivés à l’activité de traduction en construisant chaque étage

au-dessus par-dessus. Notre édifice a été prête à utiliser. C’était la première partie qui se

formait ainsi de quatre chapitres. Il fallait maintenant récolter ce que nous avons semé.

Nous sommes passés à la deuxième partie de notre étude qu’est l’application. Cette

partie a été consacrée entièrement à l’étude applicative de la critique de traduction qui

comprend l’analyse du discours selon l’objectif de traduction. Mais avant de l’aborder,

nous avions du réaliser quelques préparations. Nous avions déjà abordé le langage

journalistique et le français de presse dans notre étude de la maîtrise, c’est pourquoi il

nous suffit de faire un rappel. Aborder un tel sujet comme l’enseignement de la

traduction du langage journalistique dans sa toute conception, est une tâche très lourde

même pour une étude de doctorat. Nous avons trouvé l’occasion d’écarter les sujets que

nous avions déjà abordés dans notre étude de la maîtrise.

Nous avons ainsi abordé notre étude applicative après avoir traité la traduction

des textes journalistiques, notamment des textes à caractère de communiqué de presse.

Notre étude applicative a été effectuée dans les deux sens, tels que la version et le

thème. Nous avons travaillé douze paires de texte, les originaux et leur traduction.

Puisque notre objectif portait sur deux textes à caractère journalistique, comme les

articles de journaux et les communiqués de presse, nous avons eu à analyser six paires

de textes d’article dont les trois premiers sont de la version et les trois suivants sont du

thème et encore six paires de textes de communiqué de presse dont les trois premiers

sont de la version et les deuxièmes, du thème.

Notre étude de la critique de traduction s’est appuyée sur une analyse du

discours dans l’objectif de traduction dont le principe est appartient à Christiane Nord.

Cette analyse qui est orientée sur le texte source, consiste à lui demander les quatorze

questions du Nord et à y répondre. Après avoir analysé minutieusement le texte source,

on passe au texte traduit et on le compare. Nous avons recherché principalement si le

style de l’écrivain, la forme, le contenu d’information et le sens du texte sont protégés

ou non ou dans quelles mesures dans le texte cible et deuxièmement, est-ce que le

traducteur en question a commis des fautes comme omettre des passages du texte ou en

ajouter des nouveaux.

169

En conclusion, ces analyses nous ont donné l’occasion d’avoir une certaine

opinion sur la pratique de traduction de nos jours effectuée entre deux langues et la

conséquence que nous en avons tirée, pensons-nous, est remarquable au point de vue de

faire faire les preuves à cette pratique. Une fois que nous avons mis en cause les critères

d’une traduction approuvée, nous avons filtré ces textes de ces critères. Nous avons

constaté que le nombre des textes traduits qui peuvent être approuvé, est peu et la

qualité des traductions sont relativement faibles et par conséquent, nous ne pouvons pas

prétendre que la pratique de traduction se fait selon les critères traductologiques.

170

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CURRICULUM VITAE

Nom : KASIMOĞLU

Prénom : Fikret Nazım

Date de naissance : 04. 11. 1966

Lieu de naissance : Ankara

Numéro de téléphone : 0532 403 40 74

Adresse : Cumhuriyet mah. 1650. Sok. Akıncıgil Sitesi 22/19

33110 Yenişehir MERSİN

Courriel : [email protected]

DIPLOME

2002 : Doctorat: Département de didactique du FLE. Université

de Çukurova

1999-2002 : Maîtrise: Département de la lettre et de la littérature

française. Université de Mersin

1988-1992 : Licence: Département de la lettre et de la littérature

française. Université de Hacettepe

1979-1984 : Lycée. Le lycée de Tevfik Fikret, Ankara

1973-1978 : Ecole primaiire. Kurtuluş İlkokulu

EXPERIENCES DE TRAVAIL

2002- : Assistant de recherche au Département du didactique du

FLE, Université de Çukurova

1999-2002 : Assistant de recherche au Département de la lettre et la

littérature, Université de Mersin

1993-1994 : Enseignant du didactique du turc langue étrangère.

TÖMER, Gaziantep