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Algerian Journal of Engineering Architecture and Urbanism Vol. 3 Nr. 3 2019 The Amazigh Architecture with the profile of the religious space: the case of the Taffesra mosque in Aït Snous Imane DJEBOUR, Ratiba Wided BIARA Received: 03 September 2018• Revised: 12 November 2019 • Accepted: 22 December 2019 Creative Commons Attribution-NonCommercial-NoDerivatives 4.0 International License (CC BY-NC-ND) 3 THE AMAZIGH ARCHITECTURE WITH THE PROFILE OF THE RELIGIOUS SPACE: THE CASE OF THE TAFFESRA MOSQUE IN AÏT SNOUS Imane DJEBBOUR Phd Student, Department of Architecture, Laboratory Archipel, University of Bechar, [email protected]. [email protected] RatibaWided BIARA Lecturer, Dr, Department of Architecture, Laboratory Archipel, University of Bechar, [email protected] Abstract: Architectural designs are the living memory of the people, they reflect their identity through time. The Amazighe civilization presents the first human suck wrought mainly on African soil, whose character has survived until today by marrying all subsequent civilizations. The mosque of Taffesra presents a famous example of Amazigh architecture which tells a varied cultic succession; Pagan Temple, Church, Mosque. Notwithstanding, the place still preserves the variety of its architectural elements appealing to understand the secret of this mediatory conviviality. This essay will first present the evolution of the Taffesra mosque through the centuries through a historical approach. Then, in an analytical context, will be approached the conceptual transformations making use of the different architectural records and photographic reports of its constituent elements, to reveal at the end the secret of the cultic architectural mediation of this Amazigh heritage Keywords: Amazigh architecture, mediation, sustainability, mosque, Beni Snous Introduction: La région de BENI SNOUS se situe à 35 km à l’ouest de la ville de Tlemcen et s’étend d’Est en Ouest sur 40 km jusqu’à la frontière marocaine. De par sa situation géographique, elle tient un lieu de transition perçu au sein des pays méditerranéens et du continent africain. Subséquemment des influences berbères, romaines et arabo-musulmanes. Alors centre religieux, culturel, et architectural par excellence, cette ville recèle aujourd’hui des vestiges historiques prépondérants. D’où l’exergue, d’un laboratoire en plein air favorable à toutes éventuelles études et recherches. Ce terrain nanti de lieux historiques, s’exalte par la forte présence des mosquées. Bien plus qu’un simple lieu de culte, la mosquée présente une réelle production sociale où se manifeste une persistance d’une volonté vivante dans le temps. En effet, elle regagne un intérêt particulier face aux transmutations spéciales, en mettant en avant les exigences du présent siècle, comme étant le cas de la mosquée de Taffesra.

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Algerian Journal of Engineering Architecture and Urbanism Vol. 3 Nr. 3 2019 The Amazigh Architecture with the profile of the religious space: the case of the Taffesra

mosque in Aït Snous Imane DJEBOUR, Ratiba Wided BIARA

Received: 03 September 2018• Revised: 12 November 2019 • Accepted: 22 December 2019

Creative Commons Attribution-NonCommercial-NoDerivatives 4.0 International License (CC BY-NC-ND)

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THE AMAZIGH ARCHITECTURE WITH THE PROFILE OF THE RELIGIOUS SPACE : THE CASE OF THE TAFFESRA

MOSQUE IN AÏT SNOUS

Imane DJEBBOUR Phd Student, Department of Architecture, Laboratory Archipel, University of

Bechar, [email protected]. [email protected] RatibaWided BIARA

Lecturer, Dr, Department of Architecture, Laboratory Archipel, University of Bechar, [email protected]

Abstract: Architectural designs are the living memory of the people, they reflect their identity through

time. The Amazighe civilization presents the first human suck wrought mainly on African soil, whose character has survived until today by marrying all subsequent civilizations. The mosque of Taffesra presents a famous example of Amazigh architecture which tells a varied cultic succession; Pagan Temple, Church, Mosque. Notwithstanding, the place still preserves the variety of its architectural elements appealing to understand the secret of this mediatory conviviality. This essay will first present the evolution of the Taffesra mosque through the centuries through a historical approach. Then, in an analytical context, will be approached the conceptual transformations making use of the different architectural records and photographic reports of its constituent elements, to reveal at the end the secret of the cultic architectural mediation of this Amazigh heritage Keywords: Amazigh architecture, mediation, sustainability, mosque, Beni Snous Introduction: La région de BENI SNOUS se situe à 35 km à l’ouest de la ville de Tlemcen et s’étend d’Est en Ouest sur 40 km jusqu’à la frontière marocaine. De par sa situation géographique, elle tient un lieu de transition perçu au sein des pays méditerranéens et du continent africain. Subséquemment des influences berbères, romaines et arabo-musulmanes. Alors centre religieux, culturel, et architectural par excellence, cette ville recèle aujourd’hui des vestiges historiques prépondérants. D’où l’exergue, d’un laboratoire en plein air favorable à toutes éventuelles études et recherches. Ce terrain nanti de lieux historiques, s’exalte par la forte présence des mosquées. Bien plus qu’un simple lieu de culte, la mosquée présente une réelle production sociale où se manifeste une persistance d’une volonté vivante dans le temps. En effet, elle regagne un intérêt particulier face aux transmutations spéciales, en mettant en avant les exigences du présent siècle, comme étant le cas de la mosquée de Taffesra.

Algerian Journal of Engineering Architecture and Urbanism Vol. 3 Nr. 3 2019 The Amazigh Architecture with the profile of the religious space: the case of the Taffesra

mosque in Aït Snous Imane DJEBOUR, Ratiba Wided BIARA

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Fig1. Panorama sur les quelques sites culturels de la région de Beni Snous à Tlemcen, Algérie.

La longitudinalité de la mosquée de Taffesra à travers les siècles : Installée sur le vestibule des villages berbères de Beni Snous, Taffesra comme l’invoque MARMOL : « C’est une grande ville, bâtie par ceux du pays à ce que disent les écrivains. Elle est dans une plaine à cinq lieues de Tlemcen du côté du Levant, et s’appelait autrefois Estazile, que Ptolémée met à 13° 20’ de longitude et à 33° 10’ de latitude. Presque tous les habitants sont forgerons et ont plusieurs mines de fer auxquelles ils travaillent. Les terres d’alentour abondent en blés et en pâturages, mais le principal trafic est de fer qu’on porte vendre à Tlemcen et ailleurs. La ville est fermée de bonnes murailles qui sont fort hautes, et n’a rien de remarquable que ce que j’ai dit » (MARMOL, l’Afrique, tome II, p. 336). D’un air ancien unique, se présente la mosquée de Taffesra dont l’histoire exacte de sa construction n’a pas été déterminée, considérée comme l'une des premières mosquées du Maghreb, similaire à celle de Okba Ibno Nafi, elle était tout le temps un lieu de culte, ancienne synagogue puis devenu église avant d’être une mosquée après les foutouhates. Entre autre comme vient de le reprendre Mohamed Hamdaoui, des écrits de Alfred Bel dans son ouvrage «les Beni Snous et leur mosquée» rappelant que, « Les habitants nomment toujours la mosquée par celle de Sidi Abdellah Ben Jaafer, elle voit que cette mosquée et autre constructions dans la région d’Oued Tafna, ont été construite suite à l’ordre de Sidi Abdellah Ben Jaafer l’un des directeurs des soldats arabes à l’air de Okba Ibno Nafi ».Mais la période exacte de la construction de cette mosquée reste vague.

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Fig2. Vue sur la mosquée de Taffesra

La morphologie architecturale a connu une évolution constante suivant la transition cultuelle qu’a connue la région, plusieurs éléments perdurent pour témoigner la présence d’une civilisation passée dans un fragment de temps. Toute fois on y trouve des traces judaïques, une brise chrétienne, dont l’ensemble finira au cœur de la mosquée Islamique actuelle. Malheureusement l’histoire de cette mosquée se transmet de bouche à oreille, faute d’absence d’écrits historiques sur l’édifice, chose qui appelle à un refuge immédiat vers l’expression architectural, témoignage vivant et mémoire véridique de son évolution. La mosqueé, simplissime formel or richesse fonctionnelle:

Fig3. Plan architectural de la mosquée de Taffesra. Source : Alfred Bel, Beni Snous et ses

mosquée.

Actuellement la mosquée de Taffesra se compose d’une cour extérieure où figure un mihrab en plein air creusé dans le mur de l’enceinte. Juste à côté derrière la construction se trouve les salles d’ablutions qui gardent toujours leur caractère ancien, alimentées en eau

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courante par un petit canal venant de la source située juste derrière le mur d’enceinte. La salle de prière possède deux entrées latérales. Elle est de forme carrée de 10m de cotés et elle se compose de trois nefs perpendiculaires au mur QIBLI, coupées par trois travées la nef centrale est plus large que les deux autres nefs. En outre figure une spécificité dans la disposition des arcs outrepassés reposant sur les forts piliers à base carrée ou en forme de T, qui produit un rythme répétitif équilibré dans les deux côtés. Le premier où les arcs s’organisent linéairement sur les deux côtés de la nef, tandis que dans le deuxième les arcs s’organisent linéairement sur l’axe de la travée.

Fig4. Rythmicité des neufs et travées dans la salle de prière de la mosquée Taffesra.

Le mihrab ouvert par un arc outrepassé repose sur deux colonnes surmontées de chapiteaux en tronc de pyramide, sa niche polygonale s’orne de godrons en zigzag. Il prend place dans un encadrement rectangulaire au fin décor de plâtre sculpté. Les voussures de l’arc s’agrémentent de lobes enserrant des motifs végétaux en bas-relief cernés d’une moulure peinte en demi-relief, doublée d’une seconde moulure qui dessine un arc outrepassé brisé enserrant un fin réseau losangé. Ses écoinçons s’ornent de médaillons sur fond de palmettes cordiformes. La mosquée de TAFESSARA a la particularité de posséder un deuxième mihrâb très simple, dépourvu d’ornement dans le mur de clôture de la cour (lieu de prière occasionnel), comme c’est le cas dans quelques rares mosquées du Maghreb.

Fig5. Les deux Mihrab de la mosquée de Taffesra.

Le minaret a une forme quadrangulaire à deux étages ; une tour et un lanternon. La tour a environ 3,30 m de côté et 12 m de hauteur, elle garde les mêmes dimensions sur toute la hauteur. D’une base couverte par quelques saillies en brique enduites à la chaux, comme, du reste, le minaret tout entier.

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Fig6.Vue Sud-Ouest sur le minaret de la mosquée de Taffesra.

Une coupole couronne l’espace devant le mihrab et se compose de trois parties. La première partie est sous forme d’un espace carré, c’est le cadre qui contient la coupole. La deuxième partie est sous forme d’un octogone à l’intérieur du carré, c’est la partie transitoire entre le carré et la forme circulaire de la coupole. L’octogone génère quatre coins sous forme de triangle. La troisième partie a une forme demi-sphérique. On relève aussi un dôme ovoïde qui coiffe la coupole à huit pans, comme celui qui orne le Dôme du Rocher à Jérusalem. Ce dôme est dérobé aux regards par son toit de tuiles.

Fig7. La coupole de la mosquée TAffesra

Des doubles pentes en tuile canal, sur des nappes de rondins en thuya, couvrent les pièces. La coupole au-devant du mihrab est couverte par une toiture en tuile canal rouges à quatre pentes. La mosquée est couverte d’une toiture sous forme de triangle saillant à base rectangulaire. La toiture est supportée par une charpente primitive en bois qui repose directement sur les murs. Elle est orientée perpendiculairement au mur de Qibla.

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Fig8. Toiture de la mosquée de l'intérieur et de l'extérieur.

Stratagème de la réadaptation fonctionnelle dans la médiation architectural du patrimoine : La composition actuelle de la mosquée dévoile une volonté de convivialité puissante, on peut lire facilement la stratification architectonique des différents éléments qui reviennent à des temps différents, surtout à des cultes différents dont chaque un laisse une empreinte propre à lui rappelant son passage et le vécu qu’il a pratiqué sur le lieu. En effet les illustrations qui se suivent présentent les composantes qui ont survécu à l’adaptation de la fonction au temps bien avant l’arrivée de l’islam. L’élément dont l’origine reste mal définie mais les habitants en dit qu’il est une trace judaïque, sont les deux niches jumelées en fer à cheval qui prend place dans un encadrement rectangulaire et reposent sur 4 colonnettes au fin décor de plâtre Les voussures de l’arc s’agrémentent de lobes enserrant des motifs.

Fig9. Photos des deux niches face au mihrab intérieur de la mosquée Taffesra

D’autres motifs apparaissent ici, telle une roue formée d’un cercle lobé et de sept rayons en relief, et en forme de rectangle, symbole magique particulier au monde berbère, disant par la

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bouche des habitants qu’il s’agit d’un signe de fertilité et qui restera d’origine berbéro-judaïque.

Fig10. Motifs trouvés dans le lieu de culte Taffesra

Sur le côté droit du Mihrab et sur le point de commencement de l’arc, figure une croix sur le mur d’El Kibla, disant que ce signe peut être le symbole magique de protection des malédictions qui se propage beaucoup dans les ornementations berbère, comme l’interprète Alfred bel dans son ouvrage « les Beni Snous et leur mosquée»

Fig11. Mihrab possédant une croix sur son côté droit.

Malgré la simplicité formelle, on peut y lire une profonde symbolisation d’une variété de civilisations qui ont habité le lieu dans un temps passé, rappelant une adaptation fonctionnelle au fur et mesure de la succession cultuelle. Conclusion:

La mosquée de Taffesra, s’enracine loin dans le temps. Toutefois ce lieu de culte possède toujours des traces judaïques, chrétiennes et enfin musulmanes, il a été toujours un espace où on pratiquait les prières sacrées. Progressivement sa composition architecturale

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évolue, formant une stratification unique des éléments témoignant la présence de telle civilisation passée par ce lieu. Or les exigences fonctionnelles appellent à la réadaptation de l’espace architectural au fur et à mesure suivant le temps où on se trouve, offrant une stratification architectonique homogène et surtout médiatrice. En effet la dynamique de cet espace en interaction constante avec la société qui l’habite ainsi que son environnement vitale, dans le temps, reflète un caractère de durabilité par excellence.

Bien que la mosquée préserve toujours sa fonction primaire cultuelle, elle mérite bien une prise en charge plus approfondie, dédiée à maintenir ses organes debout pour pouvoir défier les intempéries des temps futurs.

Références: Bel A. (1992), les Beni Snous et leur mosquée : étude historique et archéologique, Paris : Impr, Nationale. Choay, F. (1992), L’allégorie du patrimoine, éditions du seuil, Paris. Destaing E. (1912), étude sur le dialecte berbère de Beni Snous, tome II, De PROVOLETELLE, Etude sur le tamazir’t ou zenatia de qalaat Essenet, in B.S.G.O. IBN KHALDOUN (2003), (Histoire des Berbères), éd. Berti, Alger. Marcais W. (1903), Les monuments Arabes de Tlemcen, Paris Fontemoing. Piquet V. (1937), histoire des monuments musulmans du Maghreb, Edité par Evreux Bauche. Riegl A. (1904 rides. 1984), « Le culte moderne des monuments: son essence et sa genèse », traduit de l'allemand par Daniel Wieczorek, Paris, Edition du Seuil.