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Année 2016 N°
Thèse Pour le
DOCTORAT EN MEDECINE
Diplôme d’Etat
Par
Sonia SANTOS
Née le 20 avril 1987 à Blois (41000)
ÉLABORATION ET ÉVALUATION D’UN QUESTIONNAIRE DE TRIAGE DES URGENCES OPHTALMOLOGIQUES AU CENTRE HOSPITALIER
UNIVERSITAIRE DE TOURS
Présentée et soutenue publiquement le 22 novembre 2016 devant un jury composé de
Président du jury : Professeur Pierre Jean PISELLA, Ophtalmologie, PU-PH, Faculté de Médecine - Tours Membres du jury : Professeur Said LARIBI, Urgence, PU-PH, Faculté de Médecine - Tours Professeur Anne-Marie LEHR-DRYLEWICZ, Médecine Générale, PU, Faculté de Médecine -Tours Docteur Guillaume VANDERMEER, Ophtalmologie, CCA, Faculté de Médecine - Tours Directeur de thèse : Docteur Marie Laure LE LEZ, Ophtalmologie, PH, CHU - Tours
Résumé
Introduction:LabaissedesophtalmologistesdanslarégionCentreValdeLoireamènedeplusenplusdepatientsà sedirigervers lesurgencesdenotre serviced’ophtalmologiedeBretonneaudeTours. L’augmentation constante du nombre de consultations d’urgence nous a amenés àélaborerunquestionnairedetriagedesurgencesparniveaudegravitéafind’apporterunemeilleurepriseenchargedespatients.MatérieletMéthode:Il s’agissait d’une étude prospective monocentrique réalisée au sein du service deconsultationsd’ophtalmologieduCHUBretonneaumenéependant2périodesdifférentes,de mai à juillet 2015 et de novembre 2015 à février 2016. Un questionnaired’autoévaluation a été remis à tous les patients se présentant aux urgencesophtalmologiques. Lemédecin examinant le patient récupérait lors de la consultation lequestionnaireetlecomplétaitparlediagnosticmédical.Lorsdel’analysedesrésultats,lesdifférentes pathologies ont été classées en quatre niveauxde gravité.Un score de triagepermettantdediscriminerlespatients«nonurgents»despatients«urgents»aétéréaliséàl’issuedel’analysedesréponsesauxquestionnairesetdesdiagnosticsmédicaux.Résultats:1025questionnairesontétéanalysés.57pathologiesontétédiagnostiquéesetclasséesenquatre niveaux de gravité (de 1: non grave et sans menace du pronostic visuel à 4:nécessitant une prise en charge urgente avecmenace du pronostic visuel). Le niveau degravité 3 était le plus fréquemment retrouvé. Le score de triage élaboré avait unesensibilitéde67,4%etunespécificitéde75,2%.Conclusion:Lequestionnaireélaboréestunbondébutpourunoutildetriagedesurgences.Cependant,une amélioration du questionnaire et un recueil des données réalisé par l’infirmièrepourraientêtreenvisagéafind’augmenterlasensibilitéetlaspécificitédutestetpermettreunmeilleurtriagedesurgences.
Mots clés : questionnaire, triage, urgence, diagnostic, ophtalmologiste
Purpose:Ophthalmologist's constant reduction in the central region brings more and morepatient tomoveuremergencyservice inBretonneauHospital.Theconstant increaseofthenumberofemergencyconsulttowardsoationbrought ustosetupasurveyofsorting of emergencies by level of gravity to provide a better care-management ofpatients.MaterialsandMethods:Itwasasingle-centerprospectivestudyintheophthalmologyconsultationoftheCHUBretonneauduringtwodifferentperiods:fromMaytoJuly2015andfromNovember2015toFebruary2016.Aselfassesmentsurveywasprovidedtoallpatientscomingtothe ophthalmology emergency. Survey was collected during consultation time andmedicaldiagnosiscompletedbytheclinician.Whenanalyzingtheresults,alldiagnoseddiseases were classified into four levels of severity. A score of sorting allowing todiscriminatebetweenthepatients"noturgent"oftheurgentpatientswasrealizedattheendofthesurveyandmedicalanalysis.Results:1025surveywereanalyzed.57diseaseswerediagnosedandclassifiedintofourlevelsofseverity(1:noemergencyandnovisualthreatto4:emergencywithvisualthreat).Theseveritylevel3wasthemostfrequentlyfound.Thesurveytriagehadasensitivityof67,4%andaspecificityof75,2%.Conclusions:The survey is a good begining for emergency triage. An improved survey(withmodifedquestions)anddatatucksbythenursecouldbehoweverevaluatedtoincrease the sensitivity and specificity of our test and allow a better sorting ofemergencies.Keywords:questionary,triage,emergencie,diagnosis,ophthalmologist
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REMERCIEMENT A Monsieur le Professeur Pisella. Vous me faites l’honneur de présider le jury de cette thèse. Merci de m’avoir accueillie dans votre service il y a 6 ans avec gentillesse. Ce fut un honneur de partager vos connaissances médicales et chirurgicales pendant les 3 mois que nous avons passés ensemble. A Monsieur le Professeur Laribi. Vous avez accepté de juger mon travail et je vous en remercie. A Madame le Professeur Lehr-Dryiewicz. Vous avez accepté de juger mon travail et je vous en remercie. A Madame le Docteur Le Lez. Merci d’avoir accepté d’être ma directrice de thèse. Tu m’as fait découvrir et aimer la rétine médicale. Je te remercie pour ta disponibilité et pour toutes les connaissances que tu t’efforces de nous transmettre chaque jour. A Monsieur le Docteur Vandermeer. Merci d’avoir accepté de diriger cette thèse. Je te remercie pour ta bonne humeur constante et ta disponibilité. Ta dextérité chirurgicale et la recherche de la perfection sont pour moi un modèle. Je suis heureuse d’avoir passé ces 3 mois à tes cotés. A Jérémy Pasco. Sans ton aide ce travail n’aurait pas abouti. Je te remercie de ton investissement pour la réalisation des statistiques et pour tout ce que tu m’as appris. Je t’en suis très reconnaissante. A Madame le Docteur Arsène. Merci pour les connaissances médicales que tu m’as transmises ainsi que tes précieux conseils au niveau chirurgical. A Monsieur le Docteur Majzoub. Ce fut un honneur que d’être passé en binôme avec toi. Merci pour ta bienveillance et ta disponibilité. A Monsieur le Docteur Rateau. Merci d’avoir essayé de développer mon coté « rebelle » pendant les 3 mois à tes cotés. J’espère avoir été à la hauteur. A Madame le Docteur Lala. Merci pour tes conseils et ton enseignement en pédiatrie. A Monsieur le Docteur Baudet. J’ai découvert l’ophtalmologie dans votre service. Merci de transmettre vos connaissances médicales et chirurgicales avec toujours la même passion et gentillesse. A mes assistants et chefs de clinique : Naoual, Flavien, Thomas, Gildas. Merci pour votre disponibilité, votre bonne humeur. Malgré la charge de travail, vous êtes toujours là pour nous donner des avis et je vous en remercie. A mes co-internes (et anciens co internes) : Léa, Ammar, Guillaume, Tiphanie, Yasmine, Sophie, Marianne, Etienne, Marie, Florie, Sarah, Kanav, Talal, Hebah, Nassim. Merci pour tous ces bons moments que nous avons passés ensemble. Je vous remercie d’avoir pris le temps de compléter mes questionnaires, je vous en suis infiniment reconnaissante.
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Aux infirmières et aides-soignantes de notre consultation : Muriel, Eliane, Frédérique, Graziella et Dominique. Merci de prendre si bien soin de nous chaque jour. Votre gentillesse à l’égard des patients est un exemple pour tous. A Julie, Nathalie, Elisabeth, Valérie, Renata, nos drôles de dame du bloc opératoire sans oublier « notre gars » Bernard. Merci pour votre bonne humeur et votre gentillesse. Aux orthoptistes (Martine, Marie, Béatrice, Christine, Nathalie, Najwa) et élèves orthoptistes. Merci pour votre aide au quotidien. A toutes les secrétaires : Christine, Claudia, Marie Christine, Josette, Frédérique et nos deux infirmières de programmation Valérie et Sylvie. Merci de votre disponibilité et de votre gentillesse. J’ai aimé être à vos cotés pendant ces 3 années. A Marie T et Annie : promis on pensera à redonner la feuille bleue au patient… Et Alexandre, notre enquêteur qui retrouve les dossiers introuvables ! Merci pour votre gentillesse. Aux filles des explorations fonctionnelles alias « les Majzoubettes ». Merci pour votre gentillesse et votre bonne humeur. Aux filles de l’ambulatoire. Merci pour votre gentillesse à notre égard. Au service d’hospitalisation. Merci de votre aide pour la gestion des urgences le weekend. Malgré votre charge de travail, vous avez toujours été disponible pour moi. A tous mes amis. Ellen, Guillaume, Damien, Sandy, Yannick, Diane, Marina. Nous avons « grandi » ensemble pendant les 5 années d’externat et continuons pendant l’internat. J’espère que notre amitié durera toujours. A mes amis de lycée. Anne Laure, Mélanie, Romain, Sandrine. Malgré les années qui passent vous êtes toujours là à mes cotés et je vous en remercie. A mes parents, pour l’amour et l’éducation que vous m’avez inculquée, pour votre soutien sans égal. Je suis fière d’avoir des parents comme vous et j’espère ne jamais vous décevoir. A ma grande sœur Sylvie, mon beau frère Hervé et à mes 2 neveux Timothé et Elisa. Chaque moment passé à vos cotés me remplit de joie. A mon mari. Merci pour ton soutien, ta patience et l’amour que tu me portes. Je ne saurais imaginer ma vie sans toi. A Albin, mon trésor, tu illumines notre quotidien par tes sourires et tes câlins. Je t’aime. A tous ceux que j’ai oublié de citer.
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SERMENTD’HIPPOCRATE
En présence des Maîtres de cette Faculté,
de mes chers condisciples et selon la tradition d’Hippocrate,
je promets et je jure d’être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité dans l’exercice de la Médecine.
Je donnerai mes soins gratuits à l’indigent,
et n’exigerai jamais un salaire au-dessus de mon travail.
Admis dans l’intérieur des maisons, mes yeux ne verront pas ce qui s’y passe, ma langue taira
les secrets qui me seront confiés et mon état ne servira pas à corrompre les mœurs ni à favoriser le crime.
Respectueux et reconnaissant envers mes Maîtres,
je rendrai à leurs enfants l’instruction que j’ai reçue de leurs pères.
Que les hommes m’accordent leur estime
si je suis fidèle à mes promesses.
Que je sois couvert d’opprobre et méprisé de mes confrères
si j’y manque.
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TabledesmatièresINTRODUCTION..............................................................................................................................................9
GENERALITES...............................................................................................................................................101.URGENCESOPHTALMOLOGIQUES:EPIDEMIOLOGIE..............................................................................................102.DEMOGRAPHIEMEDICALE..........................................................................................................................................103.LESERVICED’OPHTALMOLOGIEDUCHUBRETONNEAU(TOURS)...................................................................134.OBJECTIFDEL’ETUDE.................................................................................................................................................14
MATERIELETMETHODES:......................................................................................................................16
ANALYSESTATISTIQUE:...........................................................................................................................18ANALYSEDEREGRESSIONLOGISTIQUE:......................................................................................................................18
RESULTATS:.................................................................................................................................................20GENERALITES:..................................................................................................................................................................20RESULTATDEL’ANALYSEUNIVARIEE(SCOREDEGRAVITE1-2VERSUS3-4):....................................................25RESULTATDEL’ANALYSEMULTIVARIEEAVECPROCEDUREDESCENDANTE:.......................................................26
DISCUSSION:.................................................................................................................................................29
CONCLUSION:...............................................................................................................................................34
BIBLIOGRAPHIE:........................................................................................................................................35
ANNEXE...........................................................................................................................................................37
GLOSSAIRE:..................................................................................................................................................38
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INTRODUCTION
L’urgencemédicale est définie dans le dictionnairemédical comme «une situation
pathologique dans laquelle un diagnostic et un traitement doivent être réalisés très
rapidement»ouencore«situationquipeutentraînerunpréjudiceirréparables’iln’yest
porté remède à bref délai». En ophtalmologie, les urgences sont très rarement vitales
mises à part certaines pathologies neuro-ophtalmologiques. Elles peuvent cependant
mettreenjeulepronosticfonctionnelvisueldupatientcequijustifieàcetitreuneprise
enchargeadaptéeaumêmetitrequen’importequellepathologiepriseenchargedansun
serviced’urgencegénérale.
L’urgence dans le milieu médical est différemment ressentie par le médecin et le
patient. La pathologie oculaire est souvent associée à une inquiétude particulière de la
partdespatientsenraisondurisquepotentield’atteintefonctionnelleoudecécité.Ainsi,
ladouleuroculaireestparfoisvécuecommetrèsangoissantepourlepatientquil’associe
à un danger immédiat et à une urgence presque «vitale» alors qu’elle peut témoigner
d’unepathologiebénigne.
L’objectif de cette étude était de réaliser un questionnaire permettant de trier les
patientsconsultantauxurgencesophtalmologiquesparniveaudegravitéafind’optimiser
leur prise en charge. L’objectif secondaire était de réaliser un état des lieux
épidémiologiquedesurgencesauseinduCHUBretonneau.
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GÉNÉRALITÉS
1.Urgencesophtalmologiques:épidémiologie
Ilestdifficilederecenserprécisémentlenombredepatientsconsultantpourune
urgence ophtalmologique au sein des urgences générales. Une étude de 2016 réalisée
danstroisCentresHospitaliersenBretagne(Rennes,LorientetSaint-Brieuc)faisaitétat
de2%desmotifsdeconsultations(1).Certainesétudesde1987et1993ontretrouvéun
pourcentageallantde1,5à6,1%desmotifsdeconsultations(2,3).(2)(3).
Ilestnéanmoinslicitedepenserquecenombrerisqued’augmentercomptetenu
deladémographiemédicaleenophtalmologieetdeladifficultéd’obtenirunrendez-vous
rapidechezsonophtalmologiste.
2.Démographiemédicale
Selon les chiffres du Conseil de l’Ordre National des Médecins, le nombre
d’ophtalmologistes en exercice a diminué de 1,28 % entre 2007 à 2015; un
ophtalmologistesurdeuxpartantàlaretraiten’estpasremplacé.Enparallèle,lesbesoins
augmentent: croissance de la population française, augmentation du nombre de
diabétiques(relevantd’unsuiviannuel),etsurtoutvieillissementdecettepopulation.Le
babyboomdel’aprèsguerrearriveàl’âgedelaretraiteetlesplusde60ansreprésentent
18,8%delapopulationen2016(Figures1,2),cequisetraduitparuneaugmentationdes
pathologies ophtalmologiques liées au vieillissement (cataracte, glaucome,
dégénérescencemaculaireliéeàl’âge,pathologiesvasculairesrétiniennes…).
Oncomptait au1er janvier2016,5091ophtalmologistes selon leDREES (activité
libérale,salarialeetactivitémixte)enFrancemaisavecunerépartitiontrèsinégalesurle
territoire(Figure3).Avecunedensitéde5,5pour100000habitants,larégionCentreVal
de Loire se situe en dessous de la moyenne nationale qui est de 7,5 pour 100 000
habitants.
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Figure1:PyramidedesâgesenFrancemétropolitaineau1erjanvier2016.SourceINSEE.
Figure2:Evolutiondunombred’ophtalmologistesde2007à2015enFranceexerçantuneactivitélibérale
oumixte(chiffresduConseildel’OrdredesMédecins).
44444462
4545
4517
4484 44814459
4418
4387
4300
4350
4400
4450
4500
4550
4600
année2007
année2008
année2009
année2010
année2011
année2012
année2013
année2014
année2015
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Au1erjanvier2016,oncomptabilisait43ophtalmologistesenIndreetLoire,dont35à
Tours. Cenombre risquedediminuer: 28%d’entre euxont60 ansouplusdansnotre
département.DanslerestedelarégionCentreValdeLoire,lenombred’ophtalmologistes
estbeaucoupplusfaible(Figure4).
Cettebaissedunombred’ophtalmologistescoupléeauvieillissementdelapopulation
explique les délais d’attente souvent longs, enmoyenne plus de 6mois pour avoir un
rendez-vousenIndreetLoire(4).Cetempsd’attenteamènelespatientsàvenirconsulter
directement dans les structures d’urgences pour des motifs qui ne relèvent pas d’une
urgenceophtalmologique.
Figure3:répartitiondesophtalmologistesenFranceau1erjanvier2016(sourceDREES)
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Figure4:Nombred’ophtalmologistesselonledépartementau1erjanvier2016sourceDREES
(DirectiondelaRecherche,desEtudes,del’EvaluationetdesStatistiques).
3.Leserviced’ophtalmologieduCHUBretonneau(Tours).
Le service d’ophtalmologie du CHRU de Tours se compose d’un Professeur des
universités- Praticien Hospitalier, de cinq praticiens hospitaliers, de deux chefs de
clinique,d’unassistant,deneufinternesetdedeuxétudiantsfaisantfonctiond’interne.Le
personnelparamédicalcomportedeuxinfirmières(IDE),deuxaides-soignantes(AS)ainsi
quesixorthoptistestitulaires.Lesétudiantsdel’écoled’orthoptie(onzedansleservice)
participentégalementaubon fonctionnementduservice.En2015,33739consultations
externes (hors explorations fonctionnelles) et 12004 consultations d’urgence ont été
réalisées.
Enjournéeouvrable,lesurgencesophtalmologiquessontaccueilliesde8h30à18h00
dansleservicedeconsultationoùuneunitéaétéspécialementcréée.Uninterne,aidépar
unétudiantorthoptiste,examineetprendenchargelespatients.Toutepersonnequise
présente en urgence est enregistrée à l’accueil général. Aucun tri n’est réalisé,
l’enregistrement étant réalisé par du personnel non médical. Les urgences
ophtalmologiques sont ainsi en accèsdirect, sanspasserpar lesurgences générales. Le
soir, lanuit et leweekend,uneastreinte«interne» et «sénior»permetd’assurerune
permanencedessoins.
94
30
2218
43
0
10
20
30
40
50
60
CHER INDRE LOIRET EUREETLOIRE
LOIRETCHER
INDREETLOIRE
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Lenombredepatientsvuauxurgencesophtalmologiquesaugmenterégulièrement
depuisplusieursannéesavecactuellementplusde1000consultationsparmois (Figure
5).
4.Objectifdel’étude.
Pour les raisons précédemment explicitées, le nombre de patients consultant aux
urgences ophtalmologiques augmente et l’absence de triage des urgences explique, en
partie, l’engorgement des salles d’attentes. Les urgences générales sont confrontées au
même problème et des échelles de triages des urgences ont été évaluées: l’ESI
(EmergencySeverity Index), leMTS (ManchesterTriageScale) ou le CIMU (Classification
InfirmièredesMaladesauxUrgences)(5,6,7,8).Ceséchelles,courammentutiliséesdansles
services d’accueil des urgences générales, permettent de hiérarchiser la gravité des
urgences,afindemieuxgérerl’affluxdesurgencesetainsipermettreunemeilleureprise
en charge et un délai d’attente adapté en fonction du niveau de gravité du patient.
(5)(6)(7)(8).
En France, il n’existe pas à notre connaissance de système de triage ou de
hiérarchisationdesurgencesophtalmologiques.Uneétudeitalienneproposeunscorede
gravité(RESCUE)(9,10)basésur lessymptômesqueprésente lepatientetattribuépar
l’infirmièred’accueiletd’orientation.En2015,uneéquipeenArabieSaouditeaméliorela
500
600
700
800
900
1000
1100
1200
2012 2013 2014 2015
Figure 5: Evolution du nombre d’urgences ophtalmologiques durant les 4 dernières années au CHU
Bretonneau(Tours).
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sensibilitédecescoredetriageenintégrantplusdesymptômesetsignescliniques(11).
Nous n’avons pas retrouvé d’études où un triage était fait à partir d’un questionnaire
remisaupatient.
L’objectif de ce travail était d’établir, à partir d’un auto-questionnaire, une
évaluation simple et rapide du niveau de gravité des urgences ophtalmologiques pour
permettre une meilleure gestion du flux de patients consultant aux urgences
ophtalmologiques. L’objectif secondaire était de réaliser un état des lieux
épidémiologiquedesurgencesophtalmologiquesconsultantauseinduCentreHospitalier
RégionalUniversitairedeTours.
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MATERIELETMETHODES:
Un questionnaire regroupant les plaintes les plus fréquentes et les plus souvent
décritesparlepatient(annexe1)aétécrééafindepouvoirenfaireunoutild’évaluation
de gravité. Ce questionnaire comportait trois parties. La première partie collectait les
donnéesdémographiquestelsqueladatedenaissance,lesexe,lecodepostaldulieude
résidenceainsiquelescirconstancesdeconsultationdupatient(consultationspontanée,
patientadresséparsonophtalmologisteouparsonmédecintraitant).Silepatientn’était
pas adressé, il lui était demandé s’il avait consulté son médecin traitant ou
ophtalmologiste pour ce problème. La seconde partie du questionnaire colligeait les
symptômes rapportés par le patient classés en 4 groupes : les symptômes visuels, les
signes oculaires, la notion de traumatisme et l’atteinte palpébrale. Enfin, une troisième
partie demandait au patient de classifier, selon son ressenti, le degré d’urgence de son
motifdeconsultationsuruneéchellede1à4(1:peuurgentà4:urgenceextrême).Lafin
duquestionnaireétaitdestinéeà l’internedesurgencesquidevait inscrire lediagnostic
médicalretenuetsilepatientétaitconvoquépouruncontrôle.
Nous avons réalisé une étude prospectivemonocentrique au sein du service de
consultationd’ophtalmologieduCHRUBretonneaudurant2périodesde l’année(du10
maiau10 juillet2015etdu10novembre2015au13février2016).Lequestionnairea
étéproposéàtouslespatientsseprésentantauxurgencesophtalmologiques.Nousavons
exclulespatientsadressésparunautreserviced’hospitalisationetceuxquin’étaientpas
en mesure de le remplir (barrière de la langue, inaptitude psychique, illettrisme). Les
questionnaires insuffisamment complétés ont été également exclus. Lorsqu’il s’agissait
d’unenfant,leparentaccompagnantremplissaitlequestionnaire.
Lequestionnaireétaitdistribuéparl’infirmièreouparl’orthoptisteaumomentde
l’accueil du patient aux urgences ophtalmologiques du lundi au vendredi de 8h30 à
18h00. En conséquence, les patients consultant en dehors de ces périodes n’ont pas
remplilequestionnaire.
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Lesdiagnosticsmédicauxposésparl’internedesurgencesontétéclassésen4
niveauxd’urgence:
• Niveau1:patientnécessitantuneconsultationophtalmologiquemaisnon
urgente(rendezvoussansurgence).Exemple:lunettes.
• Niveau2:patientdontlapathologiepeutêtretraitéeparlemédecin
traitant.Exemple:conjonctivite.
• Niveau3:patientrelevantde«l’urgencerelative»(patientdevantêtrevu
dansles48heuresenophtalmologie).Exemple:corpsétranger.
• Niveau4:patientrelevantde«l’urgenceabsolue»(patientdevantêtrevu
leplusrapidementpossible).Exemple:abcèsdecornée.
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ANALYSESTATISTIQUE:
Analysederégressionlogistique:
L’objectifétaitdecréerunscored’urgencebasésurunensembled’itemsissusde
l’auto-questionnaire. Une valeur était attribuée à chaque item. La somme obtenue
permettait d’établir le score d’urgence. Le patient devrait alors être classé comme
relevantdesurgencesounonselonunseuilquenousdevionsdéterminer.
Pour générer ce score, nous avons cherché à créer un modèle. La variable
expliquée était le fait de relever des urgences ou non: les niveaux de gravité 1 et 2
attribués par l’interne ont été considérés comme ne relevant pas des urgences. Les
niveauxdegravité3et4ontétéjugéscommerelevantdesurgences.
Nousavonsretenue10variablesàanalyserafindecréernotrescoredetriage:
- adresséparmédecintraitant
- adresséparl’ophtalmologiste
- antécédentophtalmologique:chirurgie,greffe,uvéite,porteurlentille
- duréedessymptômes
- lecaractèreunioubilatéral
- ledélaid’apparition(progressifoubrutal)
- laprésencedesymptômesvisuels
- laprésencedesymptômesoculaires
- lanotiondetraumatisme
- laprésencedesignespalpébraux
Afin de limiter le risque de sur-modélisation, nous avons séparé nos sujets en 2
groupes:
- Un groupe d’entraînement qui a permis de générer le modèle via une
régressionmultiple,forméde75%del’effectif.
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- Ungroupedetestquiaévaluélespropriétésintrinsèquesdumodèleproposé,
formédes25%del’effectifrestant.L’attributiondugroupeaétéfaitedefaçon
aléatoire.
Uneanalyseunivariéesurces10variablesaétéfaitedansunpremiertempssur
l’ensembledessujets.Lesvariablesjugéescliniquementpertinentesainsiquecellesayant
une significativité inférieure à 0,25 en analyse univariée ont été retenues. Elles ont été
soumisesàuneanalysemultivariéeparrégressionmultiplesurlegrouped’entraînement
dumodèleparrégressionpasàpasdescendante.Lasensibilitéet spécificitédumodèle
finalontétéévaluéessurlegroupedetestafindelimiterlerisquedesur-modélisation.
Nous avons ainsi récupéré un coefficient pour chaque item. Afin d’aboutir à un
score utilisable en pratique courante, chaque coefficient a été multiplié par 100 afin
d’obtenirunnombreentier.
Cesanalysesontétéréaliséesàl’aidedulogicielR.
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RESULTATS:
Généralités: 1096 questionnaires ont été récoltés du 10 mai au 10 juillet 2015 et du 10
novembre 2015 au 13 février 2016. 71 questionnaires ont été exclus en raison de
nombreuses données manquantes soit 1025 questionnaires exploitables au total. Les
hommesreprésentaient53%despatients(506patientssurles953ayantprécisélesexe-
donnéemanquantepour72patientsavecunemoyenned’âgede50,8ans.Larépartition
despatientsainsiqueleurmoyenned’âgesontrésuméesdansletableau1.
89,6%despatientsétaientdomiciliésdansledépartementd’IndreetLoireet6,1%
despatientsvenaientduLoiretCher,départementleplusproche.Onconstateégalement
que2%despatientsvenaientdedépartementspluséloignés:de laSartheetde l’Indre
(tableau2).
Lamajoritédespatientsestvenuespontanémentauxurgences:ainsi, seulement
13 % des patients étaient adressés par leur médecin traitant, et 4 % par leur
ophtalmologiste. Cependant, environunquart despatients (27%)avaient consulté leur
médecin traitant. L’absence de consultation chez le médecin traitant invoquée par le
patient est l’absence de rendez-vous possible, rapidement et le fait de consulter un
spécialiste directement (tableau 3). Les données diffèrent concernant le rendez-vous
avecunophtalmologiste,dontl’inaccessibilitéapparaîtaupremierplan(tableau4).
AGE(année)population nombre pourcentage moyenne écarttype Min-Max
Femme 447 44,0% 53 21,13 (0-94)
Homme 506 49,0% 48,5 19,12 (0-95)
noncommuniqué
72 7,0% 53,4
total 1025 50,8 20,56
Tableau1:caractéristiquedelapopulationétudiée(sexeetâge)
21
Motif NOMBREMédecinabsent/indisponible/nonjoignable 4211,8%Pasletemps133,7%Problèmesurvenuleweek-end 133,7%Urgence 13437,8%Pasdemédecintraitant 30,8%N'ontpaseuderendezvousenurgence 329%PatientdéjàsuiviauCHUenophtalmologie 226,2%Délaitroplongpouravoirunrendezvous 30,8%Médecinnoncompétentdanscedomaine 4312,1%Médecintraitanttroploin 82,3%Antécedentophtalmologique 226,2%Accidentdutravail205,6%
Motif NOMBRE
Médecinabsent/indisponible/nonjoignable 359,5%Pasletemps 92,4%Problèmesurvenuleweek-end 30,8%Urgence 6216,7%Pasd'ophtalmologuetraitant 9325,1%N'ontpaseuderendezvousenurgence 4712,7%PatientdéjàsuiviauCHUenophtalmologie 184,9%Délaitroplongpouravoirunrendezvous 6617,8%Ophtalmologistetroploin 133,5%Accidentdutravail246,4%Ophtalmologuetroploin 5%
CP DEPARTEMENT NOMBRE
37 INDREETLOIRE 876 89,66%41 LOIRETCHER 60 6,14%62 PASDECALAIS 1 0,10%75 PARIS 2 0,20%78 YVELINES 4 0,41%94 VALDEMARNE 1 0,10%72 SARTHE 10 1,02%27 EURE 1 0,10%86 VIENNE 5 0,51%74 HAUTESAVOIE 2 0,20%28 EUREETLOIRE 3 0,31%36 INDRE 12 1,23%
TOTAL 977 100%Tableau2:Lieud’habitationdespatientsayantconsultéauxurgencessur977réponses
Tableau3:Motifdenonconsultationdumédecintraitant(sur355réponses)
Tableau4:Motifdenonconsultationdel’ophtalmologistetraitant(sur370réponses)
22
Concernantl’évaluationsubjectivedelagravité,lesniveaux2et3étaientlesplus
représentés.Enrevanche,aprèsanalysedudiagnosticmédical,lesniveaux1et3étaient
majoritaires (figure 6). 148 patients soit 14% des patients ont été convoqués pour un
contrôle.
Il n’existait pas de différence statistiquement significative entre le niveau de
gravité ressenti par le patient et l’évaluation dumédecin (p=0,8) en tout confondu. En
revanchesiondifférencielesniveauxdegravitélespatientsde3et4,sous-estimaienten
réalité le niveaude gravité (p<0,05).A l’inverse, pour les gravitésdeniveau1 et 2, les
patientsavaienttendanceàsurestimerleniveaudegravité(p<0,05).
Figure 6: Niveau de gravité ressenti patient versus médecin sur l’ensemble des motifs deconsultations.
23
57 pathologies ont été diagnostiquées et classées en 4 niveaux de gravité (1
correspondantà l’absencedemenacedupronosticvisueletrelevantd’uneconsultation
programméeà4correspondantàunemenaceimmédiatedupronosticvisuelenl’absence
de prise en charge immédiate). Le tableau 5 illustre le classement des pathologies en
fonction du niveau de gravité médicale. Il existait statistiquement plus d’urgence de
niveau3et4chezlespatientsadressésparleurophtalmologistetraitant(p<0,05)que
parlemédecintraitant(Figure7).
Figure7:Niveaudegravitéenfonctiondel’orientationdupatient.★ :statistiquementsignificatif
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
ADRESSEPARMEDECINTRAITANT
ADRESSEPAROPHTALMO
VENUSPONTANEMENT
NIVEAU1
NIVEAU2
NIVEAU3
NIVEAU4
★
★
24
Niveau1 Niveau2 Niveau3 Niveau4
Lunettes28(2,7%)
Conjonctivite113(11%)
Corpsétranger122(11,9%)
Abcèsdecornée16(1,5%)
Sécheresse55(5,3%)
Chalazion72(7%)
Ulcèredecornée51(4,98%)
Décollementderétine15(1,4%)
Ptérygion8(0,7%)
Hémorragiesousconjonctivale30(2,9%)
Kératiteherpétique17(1,6%)
OcclusionArtèreCentraleRétinienne1(0,1%)
Capsulose8(0,7%)
Allergie1(0,1%)
Kératiteautre67(6,5%)
AVC/Dissectioncarotidienne2(0,2%)
Diabète1(0,1%)
Migraine12(1,1%)
Uvéite29(2,8%)
NévriteOptiqueIschémiqueAntérieureAigue(NOIAA)
1(0,1%)
Cataracte21(2,05%)
Coupd’arc2(0,2%)
Épisclérite11(1%)
DégénérescenceMaculaireLiéeàl’Age(DMLA)9(0,8%)
Examennormal88(9%)
NévriteOptiqueRétroBulbaire(NORB)2(0,2%)
Déchirurerétinienne6(0,6%)
Blépharite37(3,6%)
Sclérite11(1%)
CauseneurologiqueautrequeAVC14(1,3%)
Glaucome5(0,4%)
Pathologierétinienne15(1,46%)
Luxationimplant/Cristallin3(0,3%)
Avispostchirurgieenville
1(0,1%) Décollementpostérieurduvitré
72(7%)Kératitesouslentille
2(0,2%)
Rosacée1(0,1%)
Ciltrichiasique8(0,7%)
Plaiedeconjonctive/Paupière3(0,3%)
Pathologiedepaupière12(1,1%)
Kyste/Ulcèreconjonctival7(0,6%)
Glaucomenéovasculaire1(0,1%)
Basedow1(0,1%)
Strabismeaigu1(0,1%)
RebondInflammatoirepostchirurgiedelacataracte7(0,7%)
Contusionoculaire
18(1,7%)Œdèmepapillaire
3(0,9%
Hypertonieoculaire1(0,1%)
Cellulite/Dacryocystite2(0,2%
Œdèmedecornée3(0,2%)
Rejetdegreffe2(0,2%)
OcclusionVeineCentrale
Rétinienne(OVCR)5(0,5%)
Brûlureparbase1(0,1%)
Hémorragieintravitréenne6(0,6%)
PostopdedécollementdeRétine1(0,1%)
Extériorisationpointdecornée1(0,1%)
Plaiedeglobe1(0,1%)
Tableau5:Classementdesdiagnosticsenfonctiondes4niveauxdegravitéennombre(pourcentage).
25
266 des patients (26 %) ont consulté pour une urgence de niveau 1, avec des
diagnostics très variés, dont l’absencedepathologie (9%). 55patients (5,3%)avaient
unesécheresseoculaireet37(3,6%)uneblépharite.28patients(2,7%)ontconsultéen
urgencepourobtenirunenouvellecorrectionoptique.Leniveaudegravité2concernait
231patients(22%)dont113(11%)pourconjonctiviteet72(7%)pourchalazion.438
patients(43%)ontconsultépouruneurgencedegravité3dont122(11,9%)pourcorps
étranger cornéen, 72 (7 %) pour décollement postérieur du vitré et 67 (6,5 %) pour
kératite.Lesurgencesdeniveau4nereprésentaientque90patients(9%)dont16(1,5
%)abcèsdecornéeet15(1,4%)décollementsderétine(Tableau5)
Résultatdel’analyseunivariée(scoredegravité1-2versus3-4):
Les résultats de l’analyse univariée sont résumés dans le tableau 9. Plusieurs
variablesapparaissentsignificativementassociéesàunscoredegravitéélevé.Lavariable
laplussignificativeestlefaitquelepatientaitétéadresséparsonophtalmologiste.Les
autresvariablessont: lesexemasculin, lecaractèreunilatéralde l’atteinte, lanotionde
traumatisme, la brutalité de la symptomatologie, et l’orientation du patient par son
médecingénéraliste.
26
Tableau9:Analyseunivariéescoredegravité1-2versus3-4
Résultatdel’analysemultivariéeavecprocédurepasàpasdescendante: 750sujetstirésausortontétéinclusdanslegrouped’entraînementquiapermis
degénérerlemodèle.91sujetsontétéexclusenraisondevaleursmanquantessurles10
variablesexplicativesretenues.L’analysemultivariéepasàpasadoncétéréaliséesurun
effectifde659sujets.
Les résultats de l’analyse multivariée sont résumés dans le tableau 10. Sept
variables ont été retenues par cette analyse: l’orientation par l’ophtalmologiste,
l’antécédent d’uvéite, la présence d’un problème visuel ou de paupière, la durée des
symptômes, la latéralité et la notion de traumatisme. Toutes ces variables étaient
statistiquementsignificativesenanalysemultivariée.
Variables OddsRatio intervalledeconfiance95% phomme 0,90 0,84-0,97 0,01adresséparmédecintraitant 0,87 0,78-0,96 0,01adresséparophtalmologiste 1,50 1,25-1,83 <0,001antécédentchirurgical 1,11 0,83-1,50 0,45antécédentgreffe 1,25 0,76-2,04 0,36porteurdelentille 0,95 0,82-1,09 0,5antécédentd'uvéite 1,22 0,96-1,54 0,09monolatéralité 1,38 1,27-1,50 <0,001apparitionbrutale 1,14 1,06-1,23 <0,001problèmevisuel 1,00 0,93-1,08 0,84problèmeoculaire 0,93 0,84-1,03 0,207problèmepaupière 0,89 0,83-0,96 <0,001traumatisme 1,43 1,33-1,55 <0,001duréeinférieure3jours 1,25 1,18-1,33 2,79e-13duréeinférieureà15jours 1,34 1,23-1,46 8,47e-12
duréeinférieureà1mois 1,40 1,27-1,55 1,88e-11
27
Variables OddsRatio intervalledeconfiance padresséparophtalmologiste 1,58 1,32-1,89 <0,001
antécédentuvéite 1,30 1,05-1,59 0,01
problèmevisuel 1,07 0,99-1,15 5,00E-02
problèmedepaupière 0,89 0,83-0,95 1,00E-03
durée 1,13 1,08-1,19 <0,001
monolatéralité 1,26 1,16-1,36 <0,001
Traumatisme 1,37 1,27-1,48 <0,001
Tableau10:Résultatdel’analysemultivariée(score1-2versus3-4).
A partir des résultats de l’analysemultivariée, un score d’évaluation de gravité des
urgencesaétécréé.Lescoefficientspermettantd’attribuerunpoidsplusoumoinsimportant
àchaque itemretenuenanalysemultivariéeafindecalculer lescoreglobaldegravitésont
représentés dans le tableau 11. La valeur seuil ayant la meilleure sensibilité et spécificité
attribuéepar l’analysestatistiqueestde42.Lesautresvariablesn’ontpasété retenues.En
additionnantlesvaleursdechaqueitem,onobtientlescorefinald’urgence.
Le modèle final proposait donc 7 variables explicatives. Celui-ci a été testé sur le
groupe test comprenant 275 sujets. Aucun sujet ne possédait de valeur manquante
concernantles7variablesretenues.
L’applicationdecescoresurlegroupedetestapermisderetrouverunesensibilitéde
67,4%etunespécificitéde75,2%.Parailleurscetestpossédaitunevaleurprédictivepositive
Variables ScoreAdresséparl’ophtalmologiste 46Antécédentuvéite 26Problèmevisuel 7Problèmedepaupière -11Monolatéralité 23Traumatisme 31Délaide3à15jours 13Délaidequelquesheuresà3jours 26
Tableau11:scoredetriagedesurgences
SEUIL=42Score>42:urgence3-4Score<42:urgence1-2
28
de74,5%etunevaleurprédictivenégativede68,1%.LacourbeROCest représentéepar la
figure8avecuneairesouslacourbede0,77.
Exemple:unpatientseprésentantauxurgencesavecunantécédentd’uvéite(26),un
problèmevisuel(7)etmonolatéralité(23):scorede56->patientdegravité3-4.
FractiondeFauxPositifs(1-spécificité)
Fractiondevraispositifs(sensibilité)
Figure8:CourbeROCdutest.
29
DISCUSSION:
L’accèsauxsoinsrapidesestdevenuunenjeudansnotresociété.Lapopulationest
en constante augmentation tandis que le nombredemédecindiminue. L’ophtalmologie
faitpartiedesspécialitéspourlesquellesl’accessibilitérapideestdeplusenplusdifficile.
Il en résulte un afflux croissant de consultations aux urgences ophtalmologiques.
L’objectif de ce travail était de créer un outil facile et rapide d’utilisation afin de
hiérarchiserlesurgencesetdoncdefaciliteretaméliorerlapriseenchargedespatients.
Ainsi, à partir des questionnaires intégrant une multitude de symptômes, nous
avonspuétablirunscoredont lasensibilitéestde67,4%et laspécificitéde75,2%. Il
n’existe pas, à notre connaissance, de questionnaire de triage des urgences
ophtalmologiques rempli par le patient en France. Cependant, nous pouvons constater
uneaméliorationtrèssensibledelasensibilitéetdelaspécificitélorsquel’évaluationest
réaliséeparuneinfirmière.Ainsi,dansl’étudeRESCUE,l’infirmièred’accueildesurgences
établissaientunscored’urgencebasésurquatreparamètres:douleur,rougeur,baissede
lavue,plaieoculaire.Cescoreavaitunesensibilitéde90,7%etunespécificitéde97,2%.
Uneétudede2015réaliséeenArabieSaouditereprenantlesrésultatsdel’étudeRESCUE
mais en y ajoutant plus de symptômes et de signes cliniques a permis d’augmenter la
sensibilitédutestà98,7%maisavecunespécificitémoinsbonnede87%(9,10,11).
Ceci souligne l’importance d’un interrogatoire réalisé par un personnel médical
qualifié, le patient ne pouvant juger la gravité de ses symptômes qui relèvent de très
nombreuxcritèressubjectifs,duvécudupatientetpeutêtredesonniveausocial.Ainsi,
lesrésultatsduquestionnairepouvaientêtrefausséslorsquelepatientnerépondaitpas
avecexactitudeauquestionnairepouvantexpliquerenpartiedesrésultatsdesensibilité
et spécificité plus faible. Un questionnaire amélioré avec un nombre plus limité de
paramètres et remplis non pas par le patientmais par une infirmière d’accueil formée
pourlesurgencesophtalmologiquespourraitaméliorerlafiabilitéduscoredetriagedes
urgences.
Concernant la gravité desmotifs de consultation, 52%des patients ont consulté
pourunmotifdeniveau3ou4.Pour les48%restantdegravité1-2unrendezvousen
30
urgencen’étaitpasjustifié.Lespatientssous-estimaientleurgravitépourlesniveaux3
et 4 et sur-estimaient leur gravité pour les niveaux 2. Une étude réalisée au service
d’ophtalmologie de l’Hôtel Dieu (Paris) en 2013 avait également retrouvé une sous
évaluation de la gravité de leur affection (20). Ainsi, certaines pathologies pourtant
bénignesontunvécuangoissantpourlepatient.C’estlecasparexempledel’hémorragie
sous conjonctivale parfaitement indolore mais très impressionnante pouvant faire
surestimer la gravité l’affection. De même, un chalazion très douloureux et pouvant
parfoisfairebeaucoupgonflerlapaupièrepourraêtrecotéengravité4parlepatient.A
l’inverse, une baisse visuelle indolore unilatérale n’inquiétera pas obligatoirement le
patientalorsqu’ilpourra s’agird’undécollementde rétineoud’uneocclusionveineuse
rétinienne.Leressentiétantpropreàchacun,ilestdonctrèsdifficiled’évaluerlagravité
del’urgenceensefiantaupatient.
Les urgences de niveau 4 ne représentent que 9% des patients, cependant ce
chiffreestsousestimé,cespatientsayantétéparfoisexaminésdirectementsansremplir
lequestionnaire,notammentceuxadressésparleurophtalmologiste.Ainsi,sil’onprend
l’exempledelaplaiedeglobe,uneseuleaétérecenséeparnotrequestionnairependant
cettepériode.Lepatient l’avaitestiméeenniveaud’urgence2enraisondel’absencede
douleuretdebaissevisuelleimportante.Durantlapériodedel’étude,troisautresplaies
du globeoculaireont étépris en chargedans le service en étant vudirectementpar le
médecindesurgences.
Ainsi, il existe quelques limites à notre étude. Le fait que le questionnaire ne
puisse être complété par tous les patients consultant aux urgences est une première
difficulté qui nous encourage dans l’idée que celui ci devrait être rempli par une
infirmièred’accueiletd’orientation.Lespersonnesillettrées,neparlantpaslefrançaisou
ayant une acuité visuelle basse ne permettant pas la lecture si celle ci n’est pas
accompagnéeétaientdans l’incapacitéderépondreauquestionnaire. Ilenestdemême
pour l’évaluation subjective du patient qui peut être biaisé comme déjà expliquée ci
dessus.Ladifficultédelectureduquestionnaire,bienquesimplifiéentermemédicaux,a
pu posé quelques problèmes de compréhension vis-à-vis du patient constituant
également un frein à sa mise en pratique. Enfin, nous n’avons recueilli que 1025
31
questionnairessur5mois.Si l’onestimequ’ilya1000urgencesparmois,nousn’avons
interrogé qu’un patient sur 5 tout en sachant que nous ne donnions le questionnaire
qu’aux heures ouvrables (de 8h à 18h00) et que certains jours, du fait de l’afflux, les
questionnairesn’ontpasétéremisauxpatientsparl’infirmièreoul’orthoptiste.Aussi,de
nombreux questionnaires insuffisamment complétés par le patient ou par oubli du
diagnosticfinaldumédecinontétéexclusayantpourconséquenceunpetitgroupetestde
275patientspourgénérernotrescoredesensibilitéetspécificité.
Notre étude a aussi permis une analyse épidémiologique de ces urgences en
ophtalmologie.
L’âge moyen des patients ayant consulté en urgence était de 50,8 ans,
significativement plus haut que l’ensemble des consultations d’urgences de 2015 (48,9
ans–p=0,008).L’âgemoyendespatientsconsultantauxurgencesophtalmologiquesest
variabled’unpaysàl’autremaisavecuneprédominanceaprès40ans(12,13,14).
Lespatientssontmajoritairementdeshommes(49%)(p=0,001)enconcordance
aveclapopulationayantconsultélesurgencesophtalmologiquesen2015dansleservice
oùleshommesétaientmajoritaires(52,8%).Cesdonnéessontcomparablesaveccellede
lalittérature,probablementliéàunplusgrandnombredetraumatismechezl’homme
notammentlescorpsétrangerscornéens,accidentsdetravailfréquentchezlespatients…
(1,2,15,16,17,18).(15
)(16)(2)(17)(1)(18).
La majorité des patients habitent dans la région d’Indre et Loire (89,6 %). On
constatenéanmoinsque6%despatientsvenaientduLoiretCher,1%delaSartheetde
l’Indre situé respectivement à environ 100 km et 70 km de Tours. La pénurie
d’ophtalmologistesdanscesrégionsobligelespatientsàsedéplacerdeplusenplusloin
de leur lieu d’habitation. Ainsi, en 2015, une convention entre le CHU de Tours et les
urgencesdeChâteaurouxestsignéeafinquenouspuissionsaccueillirlespatientsdecette
région très déficitaire en ophtalmologiste. Dans les autres Centres Hospitaliers de la
régionCentreValdeLoire(Orléans,Blois,Bourges),lesurgencesophtalmologiquessont
32
examinées aux urgences générales par un urgentiste avant qu’un avis soit demandé à
l’ophtalmologistepermettantainsidefaireunpremiertriageetdediminuerlenombrede
consultations. Ce mode de fonctionnement représente la majorité des CH et CHU de
France. Le CHU de Tours, fait office d’exception, en accueillant en première ligne les
urgences. Ce fait est sans conteste une des principales causes d’augmentation des
urgences: facilitéd’accès,moinsd’attenteparrapportauxurgencesgénérales.Ainsi,de
2012à2015,onconstateuneaugmentationde31%dunombred’urgence.Malgrétout,
de nombreux patients préfèrent venir directement dans notre centre hospitalier sans
consulter au préalable dans leur centre de référence bien plus proche de leur lieu
d’habitation.(15)(19)).
25,1% des patients (qui ont répondu) n’avaient pas d’ophtalmologiste traitant.
L’absence de suivi chez le spécialiste incite voire oblige le patient à venir consulter
directementauxurgences,structurepermettantunaccèsfacileausoins.Lamajoritédes
patients(83,2%)sontainsivenusconsulterspontanémentenurgencecequiadéjàété
constaté dans d’autres études portant sur les urgences ophtalmologiques (15, 19). Les
urgencesgénéralessontconfrontéesàcettemêmeproblématique:ellessontplébicitées
etjugéespratiques.Ainsi,parmilesprincipalesraisonspourserendreauxurgences,les
Françaiscitentd’abord«lagarantied’êtrehospitaliséenurgencesinécessaire»(76%),
puislecôté«pluspratiquecarlesexamenscomplémentairessontréalisésdesuite»(59
%). Ce choix intervient ensuite parce qu’ils ne savent «pas où trouver unmédecin de
gardelanuitet/ouleweek-end»(43%),enraisondu«besoind’avoirunautreavisque
celui dumédecin traitant» (28%), de l’absence de frais à avancer (24%), ou la non-
désignationdemédecintraitant(8%)(sondageréaliséparTNSSofrespourlaFédération
HospitalièredeFrance,2013).
59%despatientsadressésparleurmédecintraitantétaientclassésenniveaude
gravité 1-2 contre 8% (3 patients) par leur ophtalmologiste traitant. Ces 3 patients en
questionétaientliésàdeserreursd’orientationavecdespatientsquiaulieudeprendre
unrendezvousdansnotreservicepourunavisnonurgentsontvenusdirectementaux
urgences.Ainsi,lamajoritédespatientsadressésparleurmédecintraitantn’étaitpasdes
urgences immédiates.L’inquiétudedupatient faceàunproblèmeophtalmologiquepeut
inciter lemédecin traitant à adresser facilement le patient auxurgences. Ceci est peut-
33
être en rapport avec la singularité de l’examen ophtalmologique pour un médecin
généraliste. Ce point ne peut qu’encourager les échanges entre ophtalmologistes et
généralistesparlebiaisdeformationsoud’enseignementafindepromouvoirlapriseen
charge des pathologies ophtalmologiques courantes (conjonctivite, hémorragie sous
conjonctivale…).
La consultation en urgence pour les lunettes de 2,7 % apparaît très faible, par
rapportàlademande.Lespatientssontinformésdurefusdeprescriptiondelunettesen
urgence. Les accepter entraînerait une inflation de consultations qui ne relèvent pas a
prioridel’urgence.Ainsi,auCHU,desaffiches,réaliséesenconcertationaveclesmédecins
sontexposéesàlaconsultationetdanslehalld’entréedel’hôpital.En2008,ceproblème
national de prescription optique a amené le Ministère de la Santé à élargir les
compétences des opticiens, pour renouveler les lunettes sans ordonnance, si cette
ordonnance date de moins de 3 ans. Depuis le 17 octobre 2016, la validité de
l’ordonnanceestpasséede3ansà5ans,pourlespatientsde16à42ans.
4)(11)
34
CONCLUSION: Les urgences ophtalmologiques représentent une part importante de nos
consultations.Lapénuriecroissantedespécialistesincitelespatientsàvenirconsulteren
urgence.Lequestionnairequenousavonscrééavaitpourbutde trier lesurgencespar
niveaudegravitéafindepouvoirexaminerlespatientslesplusurgentsdanslesmeilleurs
délais. Lesrésultatsdenotreétudeontmontréunebonnesensibilitéetspécificitémais
endessousdesétudesdéjà réaliséesnepermettantpasde faireunbonclassementdes
urgences. Le patient n’est pas toujours à même d’apprécier la gravité de son état
suggérant que seul l’examen par l’ophtalmologiste permet de juger de la gravité du
patient.Laperspectived’unquestionnaireamélioréavecdesinformationscollectéespar
une tierce personne pourrait cependant être envisagé afin d’améliorer la spécificité de
notretestetpermettreunmeilleurtriagedesurgences.
35
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36
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37
ANNEXE
Annexe1:Questionnairedetriagedesurgencesophtalmologiques
1
2
38
GLOSSAIRE:BLEPHARITE:inflammationdurevêtementcutanédespaupières.CAPSULOSE: opacification secondaire de la capsule postérieur du cristallin après unechirurgiedelacataracte.CHALAZION: inflammationetenkystementd'uneouplusieursglandesdeMeibomiusauniveaudelapaupière.DACRYOCYSTITE:inflammationdusaclacrymalsecondaireàundysfonctionnementdesvoieslacrymalesdûàunesténose.DECOLLEMENT POSTERIEUR DU VITRE: liquéfaction et contraction du vitré quiprovoquentdesimpressionsde"filaments"ou"mouches"devantlesyeuxEPISCLERITE:inflammationdutissuenveloppantlasclérotique(sclère).PTERYGION: lésion bénigne de la conjonctive, membrane superficielle qui tapisse lasurfacedel'œil.SCLERITE:inflammationdelasclérotique,tuniqueexterneduglobeoculaire.UVEITE: inflammationd’unepartie oude la totalité de l’uvée. L’uvée est composéedel’iris,delachoroïdeetducorpsciliaire.
39
40
Vu, le Directeur de Thèse Vu, le Doyen
De la Faculté de Médecine de Tours
Tours, le
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SANTOSSoniaMoskalyk43 pages – 11 tableaux – 8 figures – 1 annexe Résumé : Introduction:Labaissedesophtalmologistesdans la régionCentreValdeLoireamènedeplusenplusdepatientsà sediriger vers les urgences de notre service d’ophtalmologie de Bretonneau de Tours. L’augmentationconstantedunombredeconsultationsd’urgencenousaamenésàélaborerunquestionnairedetriagedesurgencesparniveaudegravitéafind’apporterunemeilleurepriseenchargedespatients.MatérieletMéthode:Il s’agissait d’une étude prospective monocentrique réalisée au sein du service de consultationsd’ophtalmologie du CHUBretonneaumenée pendant 2 périodes différentes, demai à juillet 2015 et denovembre 2015 à février 2016. Un questionnaire d’autoévaluation a été remis à tous les patients seprésentant aux urgences ophtalmologiques. Le médecin examinant le patient récupérait lors de laconsultationlequestionnaireetlecomplétaitparlediagnosticmédical.Lorsdel’analysedesrésultats,lesdifférentes pathologies ont été classées en quatre niveaux de gravité. Un score de triage permettant dediscriminer les patients «non urgents» des patients «urgents» a été réalisé à l’issue de l’analyse desréponsesauxquestionnairesetdesdiagnosticsmédicaux.Résultats:1025questionnairesontétéanalysés.57pathologiesontétédiagnostiquéesetclasséesenquatreniveauxde gravité (de 1: non grave et sans menace du pronostic visuel à 4: nécessitant une prise en chargeurgenteavecmenacedupronosticvisuel).Leniveaudegravité3était leplus fréquemmentretrouvé.Lescoredetriageélaboréavaitunesensibilitéde67,4%etunespécificitéde75,2%.Conclusion:Le questionnaire élaboré est un bon début pour un outil de triage des urgences. Cependant, uneaméliorationduquestionnaireetunrecueildesdonnéesréaliséparl’infirmièrepourraientêtreenvisagéafind’augmenterlasensibilitéetlaspécificitédutestetpermettreunmeilleurtriagedesurgences.Mots clés : questionnaire, triage, urgence, diagnostic, ophtalmologiste Jury : Président du Jury : Monsieur le Professeur PISELLA Directeur de thèse : Madame le Docteur LE LEZ Membres du Jury : Monsieur le Professeur LARIBI Membres du Jury : Madame le Professeur LEHR-DRYLEWICZ Membres du Jury : Monsieur le Docteur VANDERMEER