un laboratoire d'expérimentation naturelle

38
Un laboratoire d’expérimentation naturelle Ou la fabrique d’un nouveau paysage durable entre prospective industrielle et renaturation à Fos-sur-Mer R10 - Guillaume Richaud, février 2013 Modernism was abundantly transparent in its division of the components that made up the new city: housing, work, leisure, etc. These elements were thought to be all that was needed, and the masterplan provided the vehicle for holding these functions together while nevertheless ensuring that they remains distinct and apart. (…) Planning became synonymous with certainty; freedom was what it curtailed. 1 Because I’ve been there. This is what people have done. [The pictures are saying,] ‘This is it, kid – take it for its beauty and its ugliness’. 2 1 Le Modernisme était on ne peut plus clair dans sa division des composantes qui constituaient la nouvelle ville : logements, travail, loisirs, etc. Ces éléments seraient pensait-on suffisants, tandis que le masterplan fabriquerait l’infrastructure nécessaire à leur cohésion, tout en s’assurant qu’ils resteraient bien distincts les uns vis-à-vis des autres. (…) Le projet devint synonyme de certitude ; la liberté est ce qu’il entravait. MOSTAFAVI, Mohsen in Landscape Urbanism – A Manuel for the Machinic Landscape, AA Publications, 2004, p5. Traduction GR. 2 In SALVESEN, Britt, New Topographics, Steidl, Göttingen, 2009, p9

Upload: guillaume-richaud

Post on 24-Mar-2016

220 views

Category:

Documents


3 download

DESCRIPTION

Ou La fabrique d’un nouveau paysage durable entre prospective industrielle et renaturation à Fos-sur-Mer - Mémoire de PFE, ENSA PAris-Malaquais.

TRANSCRIPT

Page 1: Un Laboratoire d'Expérimentation Naturelle

Un laboratoire d’expérimentation naturelle Ou la fabrique d’un nouveau paysage durable entre

prospective industrielle et renaturation à Fos-sur-Mer

R10 - Guillaume Richaud, février 2013

Modernism was abundantly transparent in its division of the components that made up the new city: housing, work, leisure, etc. These elements were thought to be all that was needed, and the masterplan provided the vehicle for holding these functions together while nevertheless ensuring that they remains distinct and apart. (…) Planning became synonymous with certainty; freedom was what it curtailed.1

Because I’ve been there. This is what people have done. [The pictures are saying,] ‘This is it, kid – take it for its beauty and its ugliness’.2

1 Le Modernisme était on ne peut plus clair dans sa division des composantes qui constituaient la nouvelle ville : logements, travail, loisirs, etc. Ces éléments seraient pensait-on suffisants, tandis que le masterplan fabriquerait l’infrastructure nécessaire à leur cohésion, tout en s’assurant qu’ils resteraient bien distincts les uns vis-à-vis des autres. (…) Le projet devint synonyme de certitude ; la liberté est ce qu’il entravait. MOSTAFAVI, Mohsen in Landscape Urbanism – A Manuel for the Machinic Landscape, AA Publications, 2004, p5. Traduction GR. 2 In SALVESEN, Britt, New Topographics, Steidl, Göttingen, 2009, p9

Page 2: Un Laboratoire d'Expérimentation Naturelle

Un laboratoire d’expérimentation naturelle Ou la fabrique d’un nouveau paysage durable entre prospective industrielle et renaturation à Fos-sur-Mer Table des Matières

Fos-sur-Mer Délire 5

I - Des Trente Glorieuses jusqu’à Florange

5

II - Un paysage complexe et stratifié

17

III - Réinsérer l’espace dans le temps

21

Conclusion 39

3

Page 3: Un Laboratoire d'Expérimentation Naturelle

Fig. 1. Tout autant qu’un port, c’est un nouvel imaginaire industriel qui se construit à Fos.(Affiche offset, 89x67.5cm, Draeger, c.1970 - MHM 90.40.17) in MOREL-DELEDALLE, Myriame, Portraits d’industrie - Collections du Musée

d’histoire de Marseille, XIXème-XXème siècles, Parenthèses, 2003, p.79

Fig.2. Schéma d’aménagement de l’aire métropolitaine marseillaise, étape 2000 (OREAM, 1969) – détail.

4

Page 4: Un Laboratoire d'Expérimentation Naturelle

Fos-sur-Mer Délire Depuis quelques années l’activité sidérurgique et pétrochimique du golfe de Fos (Bouches-du-Rhône), jusque-là relativement épargnée dans un contexte économique mondial tourmenté, commence à montrer les limites d’un modèle industriel enclenché à la fin des années 60. Le site est aujourd’hui à un tournant de son histoire, contraint de viser une très haute qualité de produits et de services, tout en mettant en œuvre une éthique environnementale globale vis-à-vis de son environnement naturel, économique et social. Ou disparaître face à une concurrence internationale de plus en plus agressive. Dans ce contexte, notre projet se fonde sur le choix d'une friche exemplaire mettant en contact direct la sidérurgie, le raffinage d’hydrocarbures, le littoral et des éléments de nature antérieurs à l'industrialisation récente et fulgurante du site. L'objectif est de repenser une dialectique entre un territoire conçu de manière univoque, autonome, et le monde contemporain qui frappe à sa porte - nouveaux impératifs écologiques, de loisirs, problématiques de développement urbain locales et régionales (avec toute la question de la métropole marseillaise en arrière-plan), nécessité d’innovation par la recherche, etc. Les difficultés sont de plusieurs ordres : l'appréhension simultanée de rapports d'échelle très différents dans l’espace comme le temps, la prise en compte des possibilités d'auto-régénération progressive du biotope, une délimitation nécessaire et signifiante de l'urbanisation, l'intrication des aspects architecturaux et paysagers, l'ouverture du site au public en préservant son caractère naturel, la complexité de régimes hydrologiques influencés par les changements climatiques, etc. Le projet propose de retourner cette somme de contraintes en opportunités, en se concevant comme un programme de laboratoire au sens large, sémantique et spatial, sociétal et scientifique.

Des Trente Glorieuses jusqu’à Florange Le complexe industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer est une zone d’activités répartie sur une surface de 10.000ha3, sur les communes de Fos et Port-Saint-Louis du Rhône, à environ une quarantaine de kilomètres à l’ouest de Marseille. Il est historiquement né d’une impulsion de l’Etat, dont la volonté était double ; d’abord directement liée à une politique nationale d’aménagement du territoire, l’industrie lourde devant être l’élément moteur dont se nourrirait Marseille (…), pour rééquilibrer le développement économique et social de l’hexagone français4, mais aussi afin de soutenir une politique méditerranéenne de la France5, capable de capter les marchés et capitaux d’un trafic régional alors en plein essor (fig. 1). Cette dimension nationale et internationale ne doit pas faire oublier son ancrage local, à la fois physiquement situé sur ces deux communes, mais administrativement rattaché à la ville de Marseille qui confirme et amplifie avec Fos son dédoublement

3 Source : Site officiel du GPMM http://www.marseille-port.fr/ 4 MOREL, Bernard, Marseille : Naissance d’une métropole, Paris, l’Harmattan, 1999, p97 5 Idem, p98

5

Page 5: Un Laboratoire d'Expérimentation Naturelle

Fig.3. Physionomie actuelle des Bassins Ouest du Grand Port Maritime de Marseille. En pointillés, la circonscription administrative du port. En tirets, le site du projet.

Fig.4. Les grands desseins du port : Avec le projet de Fos, c’est toute la partie Est du delta du Rhône que l’on prévoit de drainer. Le littoral est redessiné, creusé, asséché : le dialogue incessant entre la terre et l’eau de mer est rompu.

Photo c.1965, Photothèque du Grand Port Maritime de Marseille.

Fos-sur-Mer

Fos-sur-Mer

Port-Saint-Louis-du-Rhône

Usine sidérurgique

Les Grands Paluds

Le Caban

Canal de Navigation d’Arles à

Marseille

Usine sidérurgique

Usine chimique

Usine chimique

Raffinerie

Raffinerie

Dépôt pétrolier

Dépôt pétrolier

Terminaux marchandises

Martigues

6

Page 6: Un Laboratoire d'Expérimentation Naturelle

vers l’extra-muros6, déjà bien amorcé avec l’annexion des aménagements portuaires de l’étang de Berre, au tournant du XXe siècle7. Les bassins ouest de Fos sont donc dès leur création partie intégrante du port autonome de Marseille (aujourd’hui le Grand Port Maritime de Marseille - GPMM8). L’ensemble fabrique un long paysage industrialo-portuaire fragmenté, tour à tour mêlé à la ville ou aux milieux naturels, à cheval sur 9 communes et dont les extrémités sont séparées par 70 kilomètres de littoral, depuis les bassins de la Joliette, mitoyens du Vieux-Port, jusqu’aux installations de Port-Saint-Louis du Rhône, aux portes du parc naturel régional de Camargue. La spécificité, l’ampleur et la doctrine du projet

« (…) Fos désert et marais, incarne l’arriération totale, le non-développement. La plaine de Fos sera une cité idéale, conquise sur le désert et gagnée sur les eaux.9 »

Si pendant l’entre-deux guerres le paysage industriel du sud de l’étang de Berre, essentiellement axé sur la pétrochimie, s’est développé de façon continue, « usine par usine » 10, et en parallèle d’une activité navale présente depuis la fin du XIXe siècle, le cas de Fos reste à part, ne serait-ce que par son ampleur géographique et la fulgurance de sa mise en œuvre : il n’aura en effet fallu que six ans, entre les premiers travaux entrepris en 1968 destinés à l’infrastructure portuaire, et l’ouverture des premières usines en 197411, pour radicalement changer un territoire qui n’était jusqu’alors que marécages et marais salants (fig.4). Ainsi, peut-être n’est-ce pas tant l’ampleur physique qu’idéologique qui restera de cette époque, de ces frénétiques Trente Glorieuses. Après tout, le Schéma d’aménagement de l’aire métropolitaine marseillaise (OREAM, 1969 – fig. 2) était encore beaucoup plus ambitieux que ce dont nous avons hérité, projetant en 2000 tout l’ouest de l’étang de Berre comme gigantesque plaine technologique et industrielle, sur un quadrilatère délimité par Port-Saint-Louis du Rhône, Arles, Miramas et Martigues (soit plus de 600km²). Comparé à ce plan, l’emprise bâtie actuelle viendrait presque à faire « pâle figure », elle qui ne s’est contentée d’occuper que les littoraux (fig. 3).

6 Le port, avec ses bassins est et ouest, est le symbole le plus édifiant du dédoublement marseillais entre l’intra et l’extra-muros. Un seul port, plusieurs sites. Ibid, p161. 7 Lire sur ce point RONCAYOLO, Marcel, BLAIS, Jean-Charles, Regards sur Martigues - Un Territoire Méditerranéen, Marseille, Editions Parenthèses, 1999, p33 8 Afin de bien cerner la nature du port, on se permettra ici une longue citation de Didier Picheral qui synthétise au mieux la situation actuelle : Le port de Marseille est un « port complet, multilocalisé, arrimé aux activités locales et positionné sur les grands trafics internationaux. « Port complet », cela signifie que le port de Marseille « opère sur un large éventail de produits : produits énergétiques, minerais et matières premières, semi-produits à l’importation, produits chimiques, produits sidérurgiques, matériaux de construction à l’exportation ; biens manufacturés, produits agricoles et agroalimentaires à l’importation et à l’exportation ; et passagers de lignes et croisières. ». Une telle diversité est rare en Europe. On ne la retrouve qu’à Rotterdam et Gênes. in Marseille premier port méditerranéen, troisième port européen, Sud-Information INSEE PACA n°106, 1996, cité par MOREL, Bernard, Marseille : Naissance d’une métropole, Paris, l’Harmattan, 1999, p162 9 Fos est la projection d’un imaginaire, symbiose féconde entre les grandes aspirations gaulliennes et les utopies idéologiques technocratique. Fos désert et marais, incarne l’arriération totale, le non-développement. La plaine de Fos sera une cité idéale, conquise sur le désert et gagnée sur les eaux in PAILLARD, Bernard, La damnation de Fos, Paris, Le Seuil, 1981, citation recueillie sur le site MarsActu.fr, consulté le 9/10/11 10 Usine d'oléagineux Verminck (1920), Société Générale des Huiles et Pétroles (1922) puis création d’une raffinerie (1933) à Martigues ; raffinerie à Berre-l’Etang (1931) ; raffinerie à la Mède (1935). Source : Wikipédia 11 « (…) 1962-1963 : Etablissement d’un premier périmètre de Zone d’Aménagement différé. Premières acquisitions foncières ; 1965 : approbation du programme général d’aménagement de Fos ; 1968-1970 : réalisation du port de Fos ; 1974 : ouverture des usines SOLMER, UGINES-ACIER et ICI. » in MOREL, Bernard, Marseille : Naissance d’une métropole, Paris, l’Harmattan, 1999, p96.

7

Page 7: Un Laboratoire d'Expérimentation Naturelle

Fig.5. Pêcheurs du dimanche le long du canal de Caronte, à côté de la raffinerie INEOS. Photo GR, 08/05/09

Fig.6. Les bacs de stockage d’hydrocarbures de la raffinerie Shell, tissu pavillonnaire de Fos au premier plan. Photo GR, 23/12/13

8

Page 8: Un Laboratoire d'Expérimentation Naturelle

Le projet voulu par l’Etat n’en demeure pas moins formidablement utopique, autarcique. Bernard Morel ne parle-t-il pas du port comme d’une greffe, fruit et expression de la politique nationale de modernisation et d’adaptation de l’appareil productif français12, plus volontiers connecté au monde13 qu’à son voisinage direct ? Car c’est bien ce qui semble poser problème. Planifié comme étanche par rapport à la vie publique voisine (à la différence de ce qu’on avait pu observer à Martigues par exemple où la pétrochimie créa son propre habitat à la mode des cités patronales du XIXe siècle14), les choses sont pourtant en réalité moins statiques qu’on avait voulu le croire. Les fissures sont permanentes : des gens viennent régulièrement occuper ces espaces vagues à la charnière entre ville et industrie, on y promène le dimanche, on y pêche le long du canal de navigation été comme hiver (et ce jusqu’au pied des usines, avec évidemment tous les risques que cela peut sous-entendre), etc. Une somme de micro-habitudes qui n’ont finalement rien d’étonnant quand on constate combien Fos jouxte littéralement la grande industrie (fig. 5, 6). Mutations L’utopie fosséenne n’a pas tardé à être rattrapée par la réalité. Aujourd’hui, et du fait du grand écart géographique produit par le port, deux tendances fortes peuvent s’observer. A l’Est, c’est toute la ville de Marseille qui connaît de profondes mutations, en grande partie dans la foulée de l’opération d’intérêt national qu’est EuroMéditerranée. Le port de Marseille, ne pouvant plus compter ni sur ses manufactures (disparues pour la plupart), ni sur une infrastructure devenue inapte à répondre efficacement à la demande croissante15, fut donc contraint de réorienter ses activités en rétrocédant une partie de ses emprises littorales à la ville. Marseille rattrape là en réalité un retard que d’autres villes confrontées à des situations analogues (citons Barcelone, Gênes) ont déjà comblé, en mêlant l’activité portuaire à des espaces de loisirs, de commerces et de vie16. A Fos, ça n’est sans doute rien de moins qu’un changement de paradigme industriel qui se profile. Si le trafic lié aux hydrocarbures représente toujours aujourd’hui le moteur principal de l’activité (69% du trafic total du port en 200917), il ne doit pas masquer une réalité qui cherche de plus en plus à s’orienter vers le trafic marchandises, seul domaine visiblement promu à une croissance pérenne et continue au niveau mondial (Aujourd’hui, les seuls projets d’envergure concernent ce secteur, citons le terminal

12 Idem 13 Les connexions maritimes ne sont qu’une composante de ce réseau infrastructurel, citons par exemple le pipeline sud-européen, qui relie Fos à Karlsruhe, en Allemagne. Source : Société du Pipeline Sud-Européen 14 RONCAYOLO, Marcel, BLAIS, Jean-Charles, Regards sur Martigues - Un Territoire Méditerranéen, Marseille, Editions Parenthèses, 1999, p61 15 Le GPMM n’a même « plus besoin » des bassins marseillais : en 2008, les bassins ouest de Fos réalisèrent à eux-seul 90% du trafic total du port. In CROZEL, Jean-Luc, GALLINI Philippe, Le port de Marseille à la conquête de son avenir, publié dans le quotidien La Provence le 03/04/09, consulté le 12/11/11 16 Lire RODRIGUES MALTA, Rachel, Les échelles de la décision dans la reconversion des espaces portuaires, p74 in PRELORENZO, Claude, ROUILLARD, Dominique (Dir.) Echelles & Dimensions, Paris, l'Harmattan, 2003 17 In Le Grand port maritime de Marseille : blocage social et déclin, Rapport public annuel de la Cour des Comptes, février 2011, p338. http://www.ccomptes.fr/fr/CC/documents/RPA/R_grand_port_maritime_marseille.pdf

9

Page 9: Un Laboratoire d'Expérimentation Naturelle

Fig.7. La plage du Cavaou à Fos avec ArcelorMittal à l’arrière-plan.L’image provient de la photothèque de l’usine : Prenons le discours au mot près, rapprochons le public du privé.

(Source : http://www.arcelormittal.com/fos/phototheque/fos/default.htm)

10

Page 10: Un Laboratoire d'Expérimentation Naturelle

de marchandises Fos 2XL, avec en prévision sur le long terme la gestion de 2 millions de conteneurs supplémentaires18). Pour combien de temps encore cette rente de situation19 pétrolière, à une heure où l’industrie lourde est en permanence sur la sellette 20 ? Puisqu’il va être dans ce travail beaucoup question d’une aciérie, et compte tenu de l’actualité, un mot enfin sur Gandrange et Florange (Moselle). La situation de la sidérurgie en Lorraine diffère de celle de Fos, principalement parce que ces usines ont été directement construites sur d’importants gisements de fer, là où ni charbon ni minerai d’aucune sorte n’a jamais garni le sous-sol de la plaine de Crau. L’atout géologique de la Moselle n’a pas résisté aux fluctuations économiques et à l’ouverture des frontières, ainsi quand les marchés ont commencé à se déplacer, le bassin lorrain s’est peu à peu vu isolé (ce fut exactement le même cas de figure dans la Ruhr allemande). Le savoir-faire, la technologie et la main d’œuvre étaient bel et bien là, mais les débouchés se réduisaient, quand les coûts de production augmentaient. 21 L’acier provençal a suivi un tout autre modèle, en s’inscrivant dans le grand mouvement d’ensemble de la sidérurgie mondiale qui poussait toutes les nouvelles usines à s’installer « au fil de l’eau » pour mieux profiter des approvisionnements en minerai de fer (Brésil, Mauritanie etc.) et en charbon (USA, Pologne)22. D’immenses réserves foncières et une position géographique stratégique, au carrefour de la Méditerranée et du Rhône, à la charnière entre Europe du Nord et du Sud, ont donc prévalu sur tout le reste. Cette géostratégie a donc permis à ce secteur industriel de rester jusqu’à présent compétitif (la rénovation récente des deux haut-fourneaux traduisent notamment cette confiance dans un futur immédiat23), mais pendant combien de temps encore ? A moyen terme, c’est donc bien la question de l’obsolescence d’un modèle industriel qui se pose, et donc d’envisager de nouvelles méthodes de production, une montée en gamme 24 qui puisse miser sur des produits plus propres et de très haute qualité afin de pérenniser l’activité, de conserver emplois25 et marchés face à une concurrence internationale de plus en plus féroce. D’avantage d’éthique26 n’implique d’ailleurs pas forcément une augmentation des coûts de production, de nouvelles techniques pouvant au contraire apporter des gains de compétitivité, comme le souligne un article paru dans le journal Le Monde, sur des dispositifs de captation des rejets de dioxyde de carbone couplés à des

18 Voir http://www.developpement-durable.gouv.fr/Le-projet-FOS-2XL.html consulté le 12/10/11 19 In Le Grand port maritime de Marseille : blocage social et déclin, Rapport public annuel de la Cour des Comptes, février 2011, p338. 20 Citons par exemple la raffinerie de Berre-l’Etang toute proche, contrainte de cesser ses activités faute de rentabilité fin 2011. 21 Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_de_la_sid%C3%A9rurgie_dans_le_bassin_lorrain 22 MOREL, Bernard, Marseille : Naissance d’une métropole, Paris, l’Harmattan, 1999, p97. 23 De l’aveu même de Jean-Pierre Fabre, ancien directeur général de l’usine pétrochimique Naphtachimie (Martigues), ArcelorMittal en a encore pour minimum 20 ans. 24 C’est l’expression qu’emploie Louis Gallois dans son Pacte pour la Compétitivité de l’Industrie Française (Rapport au premier ministre du 5/11/12), arguant qu’il serait au contraire « mortifère » de chercher à s’aligner sur les prix de la concurrence asiatique. Rapport Gallois : 22 mesures pour stopper le « décrochage » in Les Echos, du 5/11/12. 25 On rappellera que la part d’emplois directement liés à l’industrie sur la commune de Fos s’élevait à 46,1% en 2008 (Chiffres INSEE). 26 Voir notamment le projet ULCOS : http://www.ulcos.org/fr/

11

Page 11: Un Laboratoire d'Expérimentation Naturelle

MARAISDU

VIGUEIRAT

RAFFINERIE

PLAGE

FOS

FOS

ARCELORMITTAL

ACIERIE

GAZOMETRE

TERMINAL MINERALIERHAUT-FOURNEAU

COKERIE

ADMINISTRATION

CENTRE DE RECHERCHES (PROJET)

LAMINOIR : 800m de long

TERMINALMINERALIER

TERMINALMETHANIER

MERMEDITERRANEE

Fig.8. Un site fragmenté dans le temps et l’espace, parcelle d’études (pointillés)

Fig.9. Modélisation du site. Parcelle en rouge.

12

Page 12: Un Laboratoire d'Expérimentation Naturelle

hauts-fourneaux sidérurgiques, en permettant d'importantes économies réalisées sur le coût des quotas d'émission de C02. 27 Ces mutations doivent s’envisager aussi à travers une nouvelle gouvernance partagée au niveau régional, d’une mise en réseau accrue28 de l’industrie à l’image de plusieurs projets à l’étude et destinés à capter, valoriser voire revendre les émissions de CO2 émises par le port29. De la bouche même de Michel Peronnet, directeur du développement des projets industriels du Grand Port Maritime de Marseille, Si, en 2020, nous voulons garder nos clients et en trouver d'autres, il faudra que l'on sache mutualiser la valorisation et le stockage du CO230. Toute l’intelligence de tels projets est d’ailleurs de s’appuyer sur une infrastructure en bonne partie déjà en place (pipelines, gazoducs, chemins de fer, terminal méthanier). De la nécessité à l’échelle architecturale et urbaine de « préparer le terrain ». En cherchant à se confronter à un présent transitoire et à un futur encore très incertain, ce projet pose la question d’une nouvelle dialectique possible entre industrie lourde, un environnement reconquis pour l’ensemble de la société dans toute sa diversité d’usages et une économie durable (fig. 7). En termes programmatiques, nous imaginons ainsi d’une part une infrastructure de recherche prospective à la fois industrielle et écologique et d’autre part, une structure destinée à former et informer le public sur ces nouvelles perspectives et sur la spécificité de ce type d’espace intermédiaire, entre espace naturel et territoire transformé par l’homme. Le but étant de trouver les réponses techniques et scientifiques pour dépolluer (par phyto-stabilisation, phyto-remédiation, etc.) 31, et de préparer l’ensemble des acteurs sur le plus long terme en pensant une relation raisonnée avec les aires qui pourraient s’urbaniser à proximité (avec comme horizon probable une mutation (disparition ?) encore plus profonde de l’activité industrielle lourde). Fonctionner aujourd’hui, et maintenant. Daniel Libeskind, à travers son projet pour Alexanderplatz (Berlin, 1993) en résumait fort bien la difficulté ; nous devons envisager une transformation graduelle de l’espace public (…) sans s’appuyer sur un hypothétique temps futur où tout sera parfait. L’erreur des décideurs et des architectes est de penser que dans cinquante ans, Alexanderplatz sera parfaite.32 Une des clefs pour mettre en place une telle démarche semble être dans la compréhension du site dans toutes ses composantes – techniques bien évidemment mais aussi sociétales, géologiques, naturelles, spatio-temporelles et imaginaires,

27 Qu’est-ce que le projet ULCOS ? in Le Monde, du 01/12/12 http://www.lemonde.fr/emploi/article/2012/12/01/qu-est-ce-que-le-projet-ulcos_1798739_1698637.html consulté le 07/12/2012 28 « accrue » car bon nombre d’usines pétrochimiques fonctionnent déjà en étroite collaboration aujourd’hui, s’échangeant souvent des produits finis / semi-finis - Les chimiquiers présents sur place récupèrent les résidus générés par les raffineries pour fabriquer à leur tour toute une gamme de produits plastiques, destinés à l'industrie pharmaceutique, etc. 29 A elle-seule, l’usine sidérurgique ArcelorMittal a rejeté en 2008 6,3 millions de tonnes de CO2, ce qui la classe au deuxième rang français. Source : Rapport de la commission européenne 30 LUTZKY, Ana, REMOUE, Agathe, Le captage du CO2 prend son virage industriel, publié dans L’Usine Nouvelle du 30/11/09, consulté le 12/01/12 31 On lira notamment Drosscape - Wasting land in urban America, d’Alan BERGER (New York, Princeton Architectural Press, 2006) pour son étude approfondie sur la désindustrialisation américaine et les répercussions sur la ville. 32 I believe that the idea of the totality, the finality of the master-plan, is misguided. One should advocate a gradual transformation of public space, a metamorphic process, without relying on a hypothetical time in the future when everything will be perfect. The mistake of planners and architects is to believe that fifty years from now Alexanderplatz will be perfected. In LIBESKIND, Daniel, The Space of Encounter, Universe Editor, New York, 2000, p. 197. Trad. GR

13

Page 13: Un Laboratoire d'Expérimentation Naturelle

2013

Phase Projet

2020 / 2030

Aujourd’hui la quasi-totalité du port est innaccessible. D’énormes parcelles sont en attente d’usines qui ne viendront plus jamais.

Se réapproprier un espace inusité, rendre accessibles dans un but de recherche les milieux pollués localisés dans de l’usine (browfields).

L’industrie lourde mute, et/ou disparait, une partie de son infrastructure devient inutile. Autant d’espaces à reprogrammer.+ Mise en réseaux des espaces dépollués.

Fig. 10. Phasage pour un partage

progressif de l’espace.

Espace privé, innacessible

Espace public

Activité industrielle

Activité de recherche & prospective

Milieux pollués

Espace partagé (Sidérurgie,chercheurs indépendants)

Espace partagé (Sidérurgie,chercheurs indépendants)

Activité de recherche, dépollution, mais aussi ludique, services, etc.

14

Page 14: Un Laboratoire d'Expérimentation Naturelle

ainsi qu’en l’universalitéPour pouvovœu pieuxrenégociatioexemple, prétrocède uautant de reprogramml’imaginairedétourner, d Nous choisla charnièrequi cristallismais toujouUne vaste inusitée et paysagère, de Fos et saux presquAix-en-Prov

Fig.11. Lecomment l’

33 1.714 828 h34 Pour un plusindustrialo-porthttp://vatmalaq

étant plus pré des recettesoir réfléchir à , le projet raon de l’espac

pas aberrant dune partie de

nouveaux mer. Autremene que de parede la rendre co

issons pour cee spatiale entrse peut-être leurs inaccessibl

parcelle d’einterdite d’acaussi bien pe

son port, que e deux million

vence34.

s différentes éta’usine fonctionn

ab. en 2009, selo

s long développemtuaire comme sup

quais.wordpress.co

récautionneuxs qu’à l’époqu

des domaineaisonne selonce privé du pde penser quson infrastrucespaces qu

nt dit conserveilles structureompatible ave

e projet un sitre ville et porte mieux toutele aux riverainnviron 1km², ccès devient ensée commecomme un éqns d’habitants

apes du processne avant tout co

Sourc

n l’INSEE.

ment sur la questiopport d’une métropom/2012/07/29/m

x vis-à-vis de e conquérantees aussi multn un phasagport sur le loue dans dix octure, car devee l’on pour

ver la mémoirees peuvent cec l’ère du tem

te au croiseme, l’usine sidél’ambivalence

ns. mitoyenne dle lieu de c

e un nouvel equipement à ds33 qui constitu

s sidérurgique qmme un systèm

ce : ArcelorMitta

on, se référer à mpole en devenir ?

marseille-guillaume

l’existant et me du projet Moiples, sans see plausible e

ong terme (figou vingt ans enue obsolèterrait dès lore industrielle onférer), sans

mps.

ent de toutes crurgique Arce d’un port à

de l’usine macette expérimeespace de rendimension méuent l’aire urb

qui nous permetme réparti dans ll

on mémoire Mars

e-richaud/

moins confianoderne. e contenter den pariant sug. 10). Il n’esl’usine sidéru

e ou trop coutrs dépolluer (et toute la fos s’empêcher

ces composacelorMittal (figla fois omnipr

ais depuis toentation urba

ncontre entre étropolitaine, dbaine de Mars

ttent de comprel’espace et le te

seille : L’infrastruc

nt dans

du seul ur une st, par

urgique teuse ;

et/ou orce et r de la

ntes, à g. 8, 9) résent,

oujours aine et la ville

destiné seille –

endre emps.

ture

15

Page 15: Un Laboratoire d'Expérimentation Naturelle

Fig.12. Panorama depuis les hauteurs de Fos : un paysage saturé par les œuvres techniques de l’homme.Photo GR, 12/11/11

Fig.13. Carte d’Etat-Major de la plaine de Fos, relevée entre 1825 et 1866. La diagonale du canal de navigation, formant aujourd hui un angle droit sur le site. – Détail. Source : géoportail de l’IGN

En surimpression le trait de cote et le tissu bati actuel.

16

Page 16: Un Laboratoire d'Expérimentation Naturelle

Un paysage complexe et stratifié Le sous-titre de ce travail fait mention du terme paysage. Pareil mot dans pareil contexte soulève sans doute plus de questions qu’il n’y parait a priori. Colin Rowe disait du Cubisme qu’il avait cette faculté de raccourcir l’espace35, en présentant de manière instantanée plusieurs facettes, plusieurs temporalités d’un même objet. A contrario ici l’espace, pourtant limpide et synthétique sur une carte (ces grands axes qui se coupent en angle droit, ce plan qui s’accorde au littoral arrondi du golfe) s’étend considérablement une fois au sol, se distend. Toujours animé par des logiques littéralement « venues d’ailleurs »36, l’espace ici ne se déplie jamais d’un seul tenant. Fos, paysage technologique ? Ce territoire plat et quelque-peu inhospitalier –brûlant l’été, glacial sous le mistral presque permanent l’hiver- tout à la fois civilisé et sauvage, rappelle cette notion de paysage technologique tel qu’il est défini par Antoine Picon, saturé par les œuvres techniques de l’homme (…) où l’herbe sauvage ne subsiste qu’entre les bandes d’asphaltes37. Saturé pourtant moins dans l’espace que dans le temps : l’omniprésence de cette texture industrielle, pour reprendre l’expression de Robert Venturi et Denise Scott Brown38 (Les billboards en moins, il y a bel et bien quelque-chose de Las Vegas dans ce port qui ne se sillonne qu’en voiture…) posée sur un sol fondamentalement plat et d’une apparente vacuité, réussit presque systématiquement à effacer tout ce qui pourrait relever d’une mémoire humaine ou naturelle antérieure au projet industriel. Au contraire d’une ville où il est toujours possible de distinguer, ne serait-ce que dans les grandes lignes, plusieurs époques successives à travers les matériaux, les modénatures, ou tout simplement la patine du temps, il nous est a contrario presque impossible d’en faire de même sur un site industriel, précisément à cause de notre manque de familiarité vis-à-vis de l’évolution des techniques ou des procédés qui pourraient à eux-seuls nous raconter l’évolution d’un tel site. D’où cette impression d’un phénomène industriel instantané, sorti de terre du jour au lendemain ou presque. Le sol devant tant d’éloquence se subjectivise : il n’est plus qu’une page blanche territoriale, simple support physique d’un horizon hérissé de pylônes électriques, de silhouettes massives, de structures métalliques et de pollution (fig. 12). L’appréhension que nous avons des lieux pourtant peut largement varier. Parcourir les 10.000 hectares du port de bout en bout produit une sorte de suspens

35 ROWE, Colin, SLUTZKY, Robert Transparence réelle et virtuelle, Paris, Les éditions du demi-cercle, 1992, p62 36 La logique d’une gouvernance portuaire centralisée à Marseille n’est pas sans poser quelques problèmes. Dans les faits, la commune de Fos n’a d’ailleurs que peu voire pas du tout droit de cité quant au développement du port. Le cas d’école le plus criant reste celui de l’incinérateur de déchets ménagers de la communauté urbaine de Marseille-Provence (mis en service en 2010) implanté sur le port de Fos (qui ne fait pas partie de cette communauté d’agglomération) malgré la vive opposition des élus comme de la population. 37 PICON, Antoine, De la Ruine à la Rouille - Les Paysages de l'Angoisse in MAROT, Sébastien, ALONZO, Eric (dir), Marnes n°1, Paris, Editions de la Villette, 2011, p278 38 (…) Traverser ce paysage [de Las Vegas], c’est se déplacer dans une vaste texture en expansion, la mégatexture du paysage commercial. VENTURY, Robert, SCOTT-BROWN, Denise, A significance for A&P parkings or Learning from Las Vegas, The architectural forum, mars 1968, cite par LUCAN, Jacques, L’invention du paysage architectural in Matières, Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes, 1998, p22.

17

Page 17: Un Laboratoire d'Expérimentation Naturelle

La première vigie du parcours, depuis la plage

Apercevoir d’autres personnes, prendre la mesure des lieux

L’entrée du laboratoire paysager, par le «Laminoir Transparent»

En allant vers l’aciérie

L’enfilade des colonnes est destiné à souligner un paysage changeant : selon les saisons, le niveau de l’eau varie. L’eau hivernale peut laisser la place à un paysage asséché de sel l’été.

Au niveau de la tour de dispatch du CO2, à 200m de l’usine sidérurgique. Un réseau de pipeline qui court dans les 4 directions.

L’infrastrcture étrange, l’escalier : une invitation

L’enfilade des vigies, comme autant de points de repères sur le territoire de la grande industrie

Un vocabulaire industriel au service d’un programme public

Fig.14. Poser la question du rapport au corps qu’il serait possible d’entretenir dans de tels lieux. Ces pré-recherches type storyboard formalisent des possibilités de rencontre entre soi, la végétation, une infrastructure de dispositifs

(déjà présente (pipelines) ou à créer (vigies - des plateformes d’observation et d’analyses)), et l’arrière-plan industriel omniprésent.

18

Page 18: Un Laboratoire d'Expérimentation Naturelle

permanent, celui d’un paysage en deçà de ses ambitions d’origine où l’infrastructure des transports, et les distances marquées par le réseau routier semblent disproportionnées, comme si le masterplan de l’OREAM attendait toujours désespérément de combler ces énormes vides avec des usines supplémentaires. Cette latence généralisée est renforcée par un paradoxe supplémentaire, où la profusion des infrastructures, des marchandises ou des navires se heurte à l’immobilisme constant dont le port tout entier semble frappé, pour l’individu lambda qui y habite ou se contente de le traverser. Il y a une phrase de Gilles Deleuze qui semble toucher au plus près ce sentiment curieux que l’on ressent ici et sans doute sur tous les grands ports de la planète, où rien n’est plus troublant que les mouvements incessants de ce qui semble immobile.39 Car les mouvements sont probablement ailleurs, à l’abri –ou hors de portée- du regard ; dans les places boursières, entre les grands carrefours mondiaux dont Marseille n’est évidemment qu’une infime partie, à l’intérieur des pipelines ou des haut-fourneaux40. Cette somme de paradoxes trouve probablement ses causes dans une radicalité soudain confrontée à une réalité territoriale (l’immensité d’un espace qui ne se mesure pas sur une carte) et économique (un ralentissement généralisé de la croissance des pays industrialisés avec, au bout du compte, le premier choc pétrolier de 197341 qui a marqué pour Fos un sérieux coup d’arrêt). C’est ce qui donne au port cet aspect profondément distendu, comme autant de points d’activités éparpillés sur un espace vague que l’on a du mal sur place à qualifier (espaces naturels ? nature industrielle ? lieu ouvert ou interdit d’accès ?), toujours strié par les familières lignes à haute tension, les chemins de fer, etc. Une mémoire géologique en filigrane Le site n’est pourtant pas né à la fin des années 60, et son histoire est intimement liée à la présence de l’eau. Au XIXe siècle, comme l’atteste la carte d’état-major (fig. 13), le site était avant tout une zone marécageuse alors partie intégrante du delta du Rhône, et d’ailleurs dans ses formes et ses dynamiques naturelles très proche de ce que l’on peut trouver aujourd’hui à l’embouchure du fleuve et dans le parc naturel régional de Camargue. L’une des spécificités naturelles du littoral est de générer une interface terre/eau fabuleusement poreuse, évoluant en permanence au grès des vents, des saisons, des marées, etc. C’est précisément la platitude (dans toute la banalité apparente que peut revêtir ce terme) du paysage qui rend ces phénomènes possibles, où même un infime changement du niveau de l’eau peut subitement inonder un milieu jusque-là tenu au sec. Plus qu’aucune autre opération industrielle du port de Fos, l’usine sidérurgique a considérablement altéré cet écosystème, en stoppant net l’écoulement naturel de cette partie du delta, déroutant même l’ancien tracé du canal de navigation quelques centaines de mètres plus au sud. Non content d’une nature complexe mais inapte à

39 DELEUZE, Gilles, Pourparlers 1972 - 1990, Les éditions de minuit, 1990/2003, p214. 40 On se souviendra ici de ce qu’en disait Peter Sloterdijk : Le projet de la modernité repose donc –on ne l’a jamais dit clairement- sur une utopie cinétique : la totalité du mouvement du monde doit devenir l’exécution du projet que nous en avons pour lui. in La mobilisation infinie – Vers une critique de la cinétique politique, Paris, Christian Bourgeois Ed., 2000, p 23 41 On lira, pour une analyse plus fine de la situation MOREL, Bernard, Marseille, Naissance d’une Métropole, Paris, L'Harmattan, 1999, p121

19

Page 19: Un Laboratoire d'Expérimentation Naturelle

Fig.15. Comparatif carte IGN 1:25.000 (courbes de niveaux tous les 5m) & relevé topographique, réalisé depuis Google Earth (courbes de niveaux tous les 50 cm).

Le site retrouve l’épaisseur caractéristique du littoral.

20

Page 20: Un Laboratoire d'Expérimentation Naturelle

répondre à ses besoins le projet sidérurgique a, pour paraphraser Peter Sloterdijk, fait sa propre nature42. Il n’est pourtant pas question d’opposer les choses de façon manichéenne, en confrontant l’industrie lourde à une nature que le XXe siècle aurait bafouée. L’enjeu intellectuel, rappelons-le, consiste au contraire à envisager environnement technique et environnement naturel comme composantes d’un même paysage, d’une seule et même réserve de processus43. L’architecte-paysagiste James Corner définit ce que pourrait être cette nouvelle collusion disciplinaire44 qu’est le landscape urbanism : la dissolution totale de ces deux termes en un mot, un phénomène, une pratique45. Au-delà peut-être du simple exercice sémantique (d’ailleurs de suite tempéré par Corner lui-même dans la seconde phrase), le rapprochement est capital car il semble être le seul à même de rendre compte de toute la spécificité d’un site, qui n’aura dès lors -et malgré des programmes, des activités et toute une architectonique que l’on pourrait retrouver de Florange jusqu’en Inde- plus rien de générique.

Réinsérer l’espace dans le temps – Une méthode de projet ?

« (…) Real time is not a unitary strand distributing homogeneous units of past, present and future in a fixed empirical order, but is rather a complex, interactive, « thick » manifold of distinct yet integrated durations. »46

Les paradoxes que nous évoquions, les tensions produites entre un lieu « mondialisé » et le substrat local dans lequel il s’inscrit forcément, traduisent la difficulté de définir ce projet à travers le seul prisme concentrique (et souvent cloisonnant) des échelles territoriale / urbaine / paysagère / architecturale, etc. Il est important de penser le projet comme un tout. Réfléchir à une nouvelle articulation ville/port pose donc la question de la grande échelle territoriale (administrative) mais aussi environnementale (le rapport à l’eau, la thématique de la dépollution, sur laquelle nous allons revenir). Parallèlement, la matérialité des lieux, la sensibilité presque tactile que nous pouvons en avoir nous pousse à se poser la question du rapport au corps qu’il serait possible d’entretenir dans de tels espaces -espaces qui n’ont semble-t-il jamais étaient pensés selon de telles problématiques. Le grand et le petit. Micromégas. Fluxus

42 Sloterdijk ne parle pas là d’un projet en particulier, si ce n’est peut-être du « projet » Moderne tout entier : « Alors que ce mauvais siècle approche de sa fin, le pressentiment se répand que l’idée de faire histoire n’était qu’un prétexte. Le sujet décisif de la modernité c’est de faire nature. » SLOTERDIJK, Peter, in La mobilisation infinie – Vers une critique de la cinétique politique, Paris, Christian Bourgeois Ed., 2000, p 23 43 Au sujet de deux projets paysagers : Hargreaves Associates approached site as a reserve of processes – from geomorphological forces to landfill engineering practices – that form the surface of the ground. CZERNIAK, Julia, Looking back at landscape urbanism : speculations on site in WALDHEIM, Charles (Ed.), The Landscape Urbanism Reader, New York, Princeton Architectural Press, 2006, p109 44 CORNER, James, Terra Fluxus, idem, p23 45 (…) The total dissolution of the two terms [landscape, urbanism] into one word, one phenomenon, one practice. And yet at the same time each term remains distinct, suggesting their necessary, perhaps inevitable, separateness. Ibid, p24 46 KWINTER, Sanford, Architectures of Time, Toward a Theory of the Event in Modernist Culture, The MIT Press, Cambridge, 2002, p22

21

Page 21: Un Laboratoire d'Expérimentation Naturelle

0 0.5 1km

Topographie Actuelle :Certains espaces au niveau, voire en dessous du niveau de la mer.

ProjetRamener de l’eau de mer sur le site (Naturellement contenue par la topographie)

ProjetSelon les saisons, les vents, les marées, une présence aquatique plus ou moins marquée

0 NGF

2013

Hiver2018

Eté2020

Fig. 16. Ré-humidifier un site soumis pendant des décennies à un

stress industriel dans un but de recherche.

22

Page 22: Un Laboratoire d'Expérimentation Naturelle

Percevoir le site non plus uniquement au travers de cartes mais de l’intérieur, « à hauteur d’homme », en s’y déplaçant, et où la relativité du temps, de l’espace et du mouvement est entendue dans son ensemble47. Dès lors trois composantes majeures se profilent, trois mouvements constituant en quelque sorte une nouvelle grille de lecture efficace pour comprendre les lieux, dans leurs qualités comme leurs manques :

- Les mouvements naturels complexes et toujours fluctuants du golfe de Fos et du delta du Rhône voisin. Les dynamiques hydrologies d’ensemble (précipitations, flux et reflux de la Méditerranée) et les répercussions que cela engendre sur l’espace naturel.

- Les mouvements industriels qui nous l’avons vu génèrent systématiquement une formidable tension entre une activité intense, des flux constants que l’on sent (ne serait-ce que littéralement avec toutes les fragrances que peuvent produire une aciérie, une raffinerie…) et l’invisibilité quasi permanente de cette activité. Ces fameux « mouvements incessants » deleuziens.

- Les mouvements du corps, et cette envie de projet d’aller parcourir ces espaces, de les arpenter, de franchir les frontières du projet Moderne, et peut-être ainsi d’un peu mieux les comprendre (fig. 14).

L’espace-temps géologique En analysant ce site dans ses caractéristiques naturelles et topographiques de manière plus poussée, on s’aperçoit que si l’usine sidérurgique fut construite sur des talus artificiels afin de la protéger d’éventuelles inondations, notre parcelle d’études est quant à elle peu ou prou restée à son altimétrie d’origine, c'est-à-dire au niveau de la mer. Ce n’est qu’une mince et fine bande de terre, héritage sans doute de la construction du canal de navigation, qui sépare donc la parcelle de la mer Méditerranée (fig. 15). Dans un but de recherche, nous envisageons donc ici une ré-humidification du site, rendue permise et naturellement contenue par la cuvette délimitée aujourd’hui par les remblais. Il s’agit moins ici de rechercher un idéal naturel antérieur au projet Moderne que d’observer comment un site soumis pendant des décennies à un « stress » industriel peut de nouveau réagir face à des cycles naturels et, potentiellement, redevenir compatible avec une fréquentation publique plus ou moins dense. Formulé autrement, l’idée consiste à réenclencher une partie du site dans la course naturelle du temps géologique (fig. 16), non-linéaire, avec ses accélérations, ses ralentissements, ses fluctuations permanentes. Dans notre cas, cela signifie reprendre en compte cette complexité déjà évoquée, rendue possible par la remarquable planéité de la région confrontée à des cycles courts (marées, vents, saisons) mais aussi des phénomènes à prévoir plus ou moins éloignés dans le temps (évolution des pollutions liée aux changements industriels, réchauffement climatique, montée des eaux). Il n’est pas non plus question de se réfugier derrière une nature qui reprendrait tous ses droits. L’idée d’une expérimentation naturelle, dans tout le paradoxe que peut 47 (…) Formulate such a synthetic vision of a site, where the relativity of time, space, and motion are all present. The compression of these aspects into a single gaze would, in fact, provide the basis for a four-dimensional understanding of landscape. GIROT, Christophe, Vision in Motion – Representing landscape in time in WALDHEIM, Charles (Ed.), The landscape urbanism reader, Princeton architectural press, New York, 2006, p96

23

Page 23: Un Laboratoire d'Expérimentation Naturelle

Fig.17. La diversité biotopique du parc naturel régional de Camargue, mitoyen du port, et directement voisin du site de projet (pointillés rouges). Légende librement consultable sur http://www.pnrpaca.org/carto/camargue/carte_evolution_ocsol/flash/

Fig.18. Physionomie naturelle du site (Ici vue de la partie nord-est de la parcelle, au fond l’aciérie). Les tamaris (Tamaris Gallica) et les massifs de cannes de Provence (Arundo Donax) trahissent l’omniprésence de l’eau (douce et

salée) proche de la surface. Photo GR, 6/02/12

Le Rhône

24

Page 24: Un Laboratoire d'Expérimentation Naturelle

constituer la formule, consiste à garder une maitrise d’ensemble qui ne nie pas le caractère souvent imprévisible de ces phénomènes. Par exemple, ramener de l’eau de mer sur la parcelle ne va pas sans une somme de dispositifs contenant, mesurant, gérant les fluctuations, tout en sachant que le sel présent dans l’eau jouera en permanence un rôle déterminant sur le biotope et la physionomie du site. Concernant la méthode, la proximité directe du Parc Naturel Régional de Camargue et l’abondance d’informations qu’il met à disposition48 (fig. 17) sur la nature, la composition et le comportement de chacun de ces milieux naturels nous permet, par comparaison et déduction, de recenser sur notre site d’études (fig. 18) les différents biotopes en présence. Il devient dès lors possible de supposer une évolution du paysage naturel in situ (fig. 19). D’autres projets dans le monde se sont déjà posés la question d’une renaturation, en adoptant des méthodes plus ou moins analogues. L’exemple du parc paysager de l’Emscher, dans la Ruhr, est probablement celui qui nous donne le plus de pistes concernant la requalification à grande échelle de sites industriels. La ligne directrice du projet a consisté à re-naturaliser un sol affecté pendant des décennies, grâce à des procédés allant de la dépollution de fond jusqu’à la simple « mise au repos » de certains espaces moins altérés. Kelly Shannon précise à ce titre que le paysage naturel [pré-industriel] ne fut pas restauré mais plutôt stabilisé écologiquement49, car si le résultat aujourd’hui semble assez proche du souhait affiché d’une nature n’ayant besoin d’aucune assistance humaine ou presque50, elle n’est donc pas incompatible d’un lourd travail d’analyse puis de préparation en amont. C’est, après tout, une approche que l’on peut observer dans la plupart des réserves naturelles aujourd’hui (et notamment en Camargue), où la préservation d’un environnement est toujours en partie activée, aidée par la main de l’homme. Un point cependant, essentiel, différencie la situation allemande du contexte fosséen : les usines sur lesquelles s’appuie le parc de l’Emscher ont toutes fermé, là où aujourd’hui chaque site industriel du golfe est toujours en service. Le projet se doit donc à la fois d’anticiper a minima une situation sur le long terme (pénurie de pétrole, infrastructures définitivement obsolètes, coûts de production trop élevés, etc.) sans pour autant faire l’écueil, séduisant, d’éviter le temps présent et la vraisemblance d’une industrie rendue pérenne pour quelques décennies encore. Pas de projet type Ruhr à Fos-sur-Mer. Pas encore. Pas de « sentier découverte » au pied d’un haut-fourneau, pas de « parcours santé » sur les buttes minéralières, pourtant l’ambition pour ainsi dire reste la même : la fabrique d’un nouveau paysage nécessairement hétérogène dans la pluralité de ses composantes, dans un projet qui puisse d’ores et déjà amorcer un dialogue à distance avec l’industrie, une première étape de reconquête publique qui puisse effectivement, dans dix, vingt ou trente ans, se poursuivre par une requalification, une reprogrammation progressive des formidables infrastructures industrielles (Et se demander alors ce que l’on peut faire d’un bâtiment de 800 mètres de long, en l’occurrence le laminoir de l’usine), que ce soit sur le modèle de la Ruhrgebiet allemande ou sur un autre.

48 Voir http://www.pnrpaca.org/carto/camargue/carte_evolution_ocsol/flash/ 49 The natural landscape was not restored but rather ecologically stabilized (…) SHANNON, Kelly, From theory to resistance : landscape urbanism in Europe, in WALDHEIM, Charles (Ed.), The landscape urbanism reader, Princeton architectural press, New York, 2006, p148 50 The new aesthetics of vegetation processes with hardly any human assistance does not, by any means, imply a landscape created by God where human intervention might be frowned upon. Quite to the contrary (…) in [COLL.] Under the open sky. Emscher Landscape Park, Birkhäuser, Bâle, 2010, p141

25

Page 25: Un Laboratoire d'Expérimentation Naturelle

2013

Phase Projet

2020, 30...

L’apport de l’eau de mer réactive des milieux et des mécanismes naturels dormants depuis l’assaichement des marais.

Boisement

Herbage

Sansouire

Brownfields

Marais

Principales entités naturelles du site aujourd’hui. Présence de sansouires (milieu herbeux à forte concentration en sel) traduisant la présence de l’eau de mer dans le sol.

Profiter des espaces naturels dépollués / phyto-stabilisés. Les mettre en réseau, reconvertir l’infrastructure et la mémoire industrielle.

Fig. 19. Recenser, supposer une

évolution plausible des milieux naturels de nouveaux en

contact avec l’eau.

26

Page 26: Un Laboratoire d'Expérimentation Naturelle

Plus directement lié à notre stratégie paysagère, le projet du parc urbain du biotope51 de l’agence Office of Landscape Morphology (OLM) à Magok, Corée du Sud. Le projet articule un programme pluriel (équipements urbains, traitement des eaux, gestion des flux, espaces de récréation, etc.) autour d’un geste fort, celui de la ré-humidification d’un terrain aujourd’hui encastré entre des tissus industriels, urbains ainsi qu’une lourde infrastructure routière. Le projet ne se cantonne donc pas à une étude des mouvements naturels, sur laquelle viendrait se greffer d’autres programmes, mais propose au contraire un système de relations entre paysage et urbanisme capable de faire émerger une morphologie du terrain spécifique à l’ensemble des paramètres programmatiques (architectures, circulations, marina, eaux…)52. A y réfléchir à deux fois, l’artificialité finalement tient moins à un droit de passage que la main de l’homme redonne à l’eau, qu’à une urbanisation s’étant employée des décennies durant à niveler des cycles et dynamiques naturels complexes. Les mouvements du centre de recherches.

« La compulsion à répéter peut signifier un manque d’espoir, mais il me semble aujourd’hui que continuer à faire la même chose pour parvenir à des résultats différents est plus qu’un exercice, c’est la liberté unique d’inventer.»53

Le projet industriel s’est planifié « d’en haut » et sur plan, l’industrie, de l’intérieur (Un haut-fourneau n’est formellement que le résultat de ce qui doit s’y passer dedans, la hauteur d’une torche de raffinerie est définie selon des normes d’expulsion des fumées, etc.), mais il est difficile de croire qu’on a jamais songé le projet de l’extérieur. Une telle introversion fabrique l’exemple le plus littéral de ces choses que l’on voit, dit-on, sans voir. De son côté, Udo Weilacher ne parle-t-il d’ailleurs pas, pour qualifier le rapport qu’entretenaient les habitants de Duisbourg en Allemagne à leur usine sidérurgique de Meiderich d’une terra incognita54 ? Dans la Ruhr justement, le travail a consisté à fabriquer un nouveau paysage sans rejeter un patrimoine industriel classé, compris comme composant d’une mémoire collective. Nouveaux aménagements et référents d’une autre époque sont pensés dans un même système (et c’est d’ailleurs probablement cette limite mouvante entre le « neuf » et l’ancien qui fait tout l’intérêt de cette somme de projets), dans le parc paysager de Duisburg-Nord par exemple, l’on peut librement déambuler dans l’ancienne industrie, traverser les installations, monter au sommet des haut-fourneaux, etc. Jacques Lucan nous explique : « Il faut nécessairement que des paramètres de compréhension de l’architecture orientent le regard dans la lecture d’un paysage inhabituel, en permettant notamment tout le travail des ressemblances et des contrastes, des analogies et des différences. Bien sur, le partage entre les deux procédures constitutives du paysage est, en dernière instance, proprement indécidable. »55

51 Projet de 2008, in [COLL], Nouveaux albums des jeunes architectes et des paysagistes 2007-08, Monografik, 2009, p144 52 Voir la présentation du projet sur le site de l’agence http://www.o-l-m.net/zoom-projet.php?id=60&lang=fr 53 ROSSI, Aldo, Autobiographie scientifique, Marseille, Parenthèses, 1988, p104 54 WEILACHER, Udo, Syntax of Landscape – The landscape architecture of Peter Latz and partners, Bâle Birkhäuser, 2007, p105 55 LUCAN, Jacques, L’invention du paysage architectural in Matières, Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes, 1998, p22.

27

Page 27: Un Laboratoire d'Expérimentation Naturelle

Fig.20. Répéter, différencier. Plusieurs tentatives dans la génération du bâti, en conservant toujours l’idée d’une mise en mouvement entre deux éléments répétitifs et immobiles.

28

Page 28: Un Laboratoire d'Expérimentation Naturelle

Dans notreincarné parbureaux, aices activitéles nouvell(Soit un proEn s’alignanlui fait facede la parcponctuationclôturer. Lepotentielle tet industrie,Ce dispositpréservatiomajeures avHormis les servant auxla parcelle d

Sur un autrquelque-pefacilement volumes pa Répétition, La questionun site replangage intuyauterie, haut-fourneLa simple répas du hcompositionD’autres recd’infimes bsystématiséspatiales qu En déclinales espaces

e projet, l’élémr le centre deinsi que toutes, en ramenaes techniques

ogramme couvnt sur la trame, la série de belle jusqu’ici

n discontinue ee site communtandis que le , tout en laissatif manifeste an d’un grand vec les effets différents pa

x analyses et ad’études vierg

re registre, et u incernable, identifiable po

arallélépipédiq

, différentiatio

n de la répétitprenant presqdustrialo-portugazomètre, r

eau, croix de Sépétition d’un

hasard, produn, c’est-à-dire cherches men

bifurcations daées, pouvaienue nous n’auri

ant un même s et en pensan

ment le plus e recherches àe une couche nt du public ss industriellesvert pour le Cee industrielle ebâtiments propincertain, ma

et ligne frontiènique avec l’ecentre de recant libre la faça pour vocatiespace libre actuels de percours que leaux mesures i

ges de tout am

dans une textle centre de

our les riveraues.

on, mouveme

tion nous semue toujours luaire spécifiqrail, darse, taSaint-André, e

même élémeuit systématiun peu plus q

nées en amonans le plan, nt pourtant inions jamais pr

plutôt qu’ennt donc un ch

directement và proprementprogrammatiq

sur place (bibls et environnentre d’environet en répondaposée par le al défini. Cettère, participe xtérieur côté herches agit c

çade maritimeion de limiter naturel au mi

erspectives et e projet met ein situ, le choi

ménagement lo

ture industrielrecherches es

ains et prome

ent.

mblait pertinenes mêmes co

que et reconnnker, vanne, tc, etc.)

ent, si tant est quement qu

que la simple snt de ce projetlorsqu’elles é

n fine produirerévues autrem

n créant un beminement en

visible de cettparler, qui a

que destinée iothèque, cen

nementales, en 12.000m²). nt à la ligne dprojet trace, ate marque pade fait à l’ensEst, avec unecomme un filtr

un étalemenilieu d’infrastrude contrastes

en place, ainsx est donc de

ourd, aujourd’h

le nous l’avonst aussi penséneurs, dans l

te compte tenodes, les mênaissable (pipbrame, bidon

qu’elle soit melque-chose somme des élt montraient détaient elles e de l’inatten

ment.

bâtiment uniqntre les volum

te infrastructuabrite laborato

à lever le vontre de formatiespace d’expo

du grand laminaffirme un desaysagère, à semble mais se urbanisationre entre ville,

nt urbain futuructures induss si caractérissi que les dispe laisser la totahui comme de

ns vu permaneé comme un rla répétition d

nu du contexteêmes élémentpeline, torchen, tour de cra

maitrisée et ne de l’ordre

léments de déd’autre part coaussi maitrisé

ndu, des renc

que, en fragmmes, nous che

ure est oires et oile sur ion sur osition.

noir qui s côtés la fois

sans le future nature

r, et la strielles tiques. positifs alité de emain.

ente et repère de ses

e, dans ts d’un e, bac, acking,

relève de la

épart. ombien ées et contres

mentant rchons

29

Page 29: Un Laboratoire d'Expérimentation Naturelle

Fig.21. Morphogénèse du centre de recherche : Répétition, différentiation, altération, programmation.

A - Répéter un même : une enveloppe monolithique

B - Dupliquer la géométrie, désaxer, créer une gradation dans le temps et l’espace.

C - Retournement formel. Déformation du plan par le dessin du sol (traduit ici par des courbes de niveau tous les 10cm)

D - Accorder une géométrie fragmentée à un cross-programming complémentaire.

Equipementspublics

Recherche, laboratoires

Amphithéâtre

Observation Ateliers

Ateliers

Formation

Centre d’informations

Exposition

Greenexpérimental

= 12.000m² clos/couverts

30

Page 30: Un Laboratoire d'Expérimentation Naturelle

d’abord à cmesure dutoujours conbeaucoup pComme l’ustemps et l’eune certainvu à répéte

Fig.22.

Réenveloppesl’extérieur, rugosité forleur pratiquentre cetterafraîchir ce

Di

d’origines claborantin, éDésaxés sud’ensembleémergent a

56 ROSSI, Aldo

conserver un cu site, et consnnecté à un aplus vastes qusine qui s’app

espace (Cf fig.e distance etr, différentier e

Aldo Rossi, Un

épétition avecs d’acier Cortemais laissant

rmelle pensés ue, orientés a enveloppe e

es espaces pe

fférentiationconstituant la éducatif et puur le plan hore, une tension au fur et à mes

o, Autobiographie

certain rapporstruire une anailleurs, toujouue lui. parente en qu. 11), les locauselon un procet altérer les v

nité résidentielle

c les six premen perforé (dt filtrer la lumcomme des é

au Sud et conet les locauxendant les cha

dans le dseconde tram

blic. rizontal et ver(1 immobile +

sure du sol.

scientifique, Mars

rt au gigantismnalogie avec urs partie d’une

elque sorte àux du centre dcédé morphogvolumes (fig. 2

e de San Rocco

miers parallélonnant l’illusio

mière depuis l’échos directs nçu comme d, abritant au

aleurs accabla

édoublement/me bâtie, qui

rtical (3°), pro+ 1 immobile =

seille, Parenthèse

me des lieux (un système ine infrastructur

un développéde recherche sgénétique con21) :

(Monza, Italie).

épipèdes monon d’une matintérieur), danaux structureses pare-soleilsol une vég

antes de l’été.

/désaxement abrite l’essen

oduisant dès l= 1 mobile) av

s, 1988, p63

(fig.20). Restendustriel et pore et d’un imag

é technique dse déplient do

nsistant nous l

. Projet de 1966

nolithiques, stière opaque ns leur simplis industrielles l, sorte de ta

gétation capa

des six vontiel du progr

lors une dynavec des volum

er à la ortuaire ginaire

dans le onc sur ’avons

656

simples depuis icité et ; dans mpons ble de

olumes ramme

amique mes qui

31

Page 31: Un Laboratoire d'Expérimentation Naturelle

Fig.23. Coupe axonométrique de principe sur le centre de recherches : Répétition et déclinaison d’un même dans le temps.

Fig.24. Perspective frontale du centre de recherches

32

Page 32: Un Laboratoire d'Expérimentation Naturelle

Fig.23. Coupe axonométrique de principe sur le centre de recherches : Répétition et déclinaison d’un même dans le temps.

Fig.24. Perspective frontale du centre de recherches

Altération dans la déformation du plan par le sol. L’origine de ce choix repose sur des recherches préalables menées sur les notions de co-présence,l’imbrication des espaces et le cross-programming. En redonnant ici la prépondérance aux courbes de niveau, si importantes dans le travail de renaturation du site, nous cherchons en fin de compte à provoquer des frottements, des chevauchements programmatiques comme formels, tout en redonnant une place à l’inattendu, au fragment d’espace non-programmé, au brusque décalage d’un plancher ou d’un plafond, en rappelant sans cesse que quelque-chose d’autre est en train de se dérouler ailleurs, dans la pièce d’à côté, extra-muros (fig. 23, 24).

Cette logique ne devait pas aller à l’encontre d’un programme complémentaire nécessitant des locaux qui puissent facilement communiquer, où l’on pourrait rapidement passer d’un laboratoire à une salle de classe, elle-même tour à tour partagée par des scientifiques venus des quatre coins du monde ou les écoliers de l’école primaire Jean Rostand de Saint-Mitre-les-Remparts. Ce souhait d’une continuité entre chaque bâtiment est implémentée par un passage transversal, pensé non pas simplement comme lien spatial mais comme intrusion publique dans des bâtiments d’abord dédiés à de la recherche et des laboratoires. Cet éclaté programmatique n’est qu’en partie contenu par l’enveloppe des six bâtiments ; le climat (et la culture) méditerranéen permettant d’envisager des aménagements et activités extérieurs sur une bonne partie de l’année, en profitant de l’ombre produite par les blocs. Dès lors les activités intérieures sont pensées comme capables de déteindre sur l’extérieur où sont aménagés des coins lectures, des terrasses, un amphithéâtre à ciel ouvert, des espaces workshops, etc.

Le temps des expériences - Occuper la grande échelle avec peu de matière.

« The one-dimensionality of the place gave way to a variety of possibilities and hinted at the unexpected. »57

Afin de formaliser un lien physique, scientifique, ludique, mental, etc. avec la parcelle d’études, le centre de recherche est entendu comme le point de départ d’une somme de parcours et d’infrastructures légères, destinées à pouvoir se projeter dans ces espaces, s’approprier des éléments d’architectonique industrielle en les transformant en autant de repères, de jalons, de fil d’Ariane (revoir fig. 14).Le but sous-jacent de ces dispositifs est de jouer sur une tension permanente (quoi qu’à des degrés différents) entre l’environnement bâti et naturel du site, et l’individu. Comment parvenir à occuper la grande échelle avec quelque-chose de peu dense ?

57 [COLL.] Under the open sky. Emscher Landscape Park, Bâle, Birkhäuser, 2010, p43

33

Page 33: Un Laboratoire d'Expérimentation Naturelle

1-a / Chemins immergés selon le niveau de l’eau, au fil des saisons.

1-b / Chemin, murs à niveau perpendiculaires à la topographie

2-b / Mur se fondant dans le sol, illusion de continuité.

2-a / Chemin toujours à niveau, s’enfonçant dans le sol. Retrouver l’épaisseur.

3-a / Emprunter un chemin, perdre de vue les alentours, resurgir au milieu de l’eau.

3-b / Digue

DIAGRAMME 1 - Tracés coplanaires, parallèles aux courbes de niveau.

DIAGRAMME 2 - Tracés non-coplanaires 1

DIAGRAMME 2 - Tracés non-coplanaires 2

Fig.25. « Pouvoir rendre compte de ces dénivelés infimes. »

Page 34: Un Laboratoire d'Expérimentation Naturelle

La premièreparcourir legéomorphole long de zde produirezones indusurbanisationEt donc denaturelles ddéjà présen

Fig.26 Comsuperpos

systèmes laou chaque s

Ces tracés(prélèvemepromeneursetc.). Chaqvaste, comCette infrasplus ou moparcours vieexpérimentasimple tracé Nous avonsparait, dansUne façon réseau de pS’en accomune étrangfig.25, diagl’horizontaleRichard SeLa présencen imaginand’autres ter En ce sensYork, la nat 58 Les élémententretiens 197architectural in59 On pense nosérie de murs à

e étape consie site, à le travologie du sol, czones humide

e un tracé beastrielles environ future plus dla nécessité

du site et un dnt aujourd’hui.

mment connectesition des deux taissés en l’état, système interfèr

sont parallènt en temps s (point d’infoue dispositif eme l’émergen

structure « baroins marquéesendrait s’appual, par exempé au sol, etc.

s vu par exems ses dénivelle

de rendre cparcours qui pmmoder en sue sinusoïde sgramme 1, ae qui révèlerarra59. e ou non de lnt des cheminmes eux auss

s, et pour repture ici n’existe

ts sculpturaux son0-1989, Paris, Da Matières, Lausan

otamment à Schunà l’horizontale, s’e

ste à produireverser. Nous ce qui nous pes et de la topaucoup plus oronnantes, madense aux abode créer desécoupage par

er deux systèmetrames, et une pà droite enfin n

re sur l’autre et otutoiements à

èlement ponctréel sur les

ormation/d’obsest en réalité nce visible d’romètre pour ls ; une gaine uyer, un mur (ple), une séri

mple combienes et le rapporcompte de cepuisse tour à touivant une cousur un lieu tra contrario s’ait la pente e

l’eau selon lesnements tempsi pensés com

prendre Sébaste que comme

nt comme des baroaniel Lelong Ed, 19nne, Presses polynnemunk Fork (Menfonçant dans les

e toute une sénous basons ermet de créepographie. Northonormé, cois surtout parcords directs de raccords, dercellaire à prév

es formels a prioprofusion de pootre hypothèse où, lorsque nécà distance sont

tués de dispos milieux, anaservation de l

pensé comm’une infrastrulire le paysageindustrielle ((pour contenire de poteaux

n le sol de lart étroit qu’il enette complexitour s’accordeurbe de niveaès orthonorm’en affranchiren la creusan

s saisons nouorairement su

mme mouvants

stien Marrot àe processus di

romètres pour lire 990, cité par LUCAytechniques et univ

Mountainville, New s pentes du jardin

érie de tracéspour cela un

er une premièous jugeons pomme un échoce que nous fe notre zone ds amorces envoir, s’inscriva

ori antithétiques ints d’ancrage, proposant une essaire, des ruppermis.

ositifs destinéalyse de l’aira faune et la e faisant part

ucture contine »58 peut revêpipeline, gazodes milieux n

x plantés à in

a parcelle est ntretient avec é consiste à

er à ce sol, ouu (et en matéé et peu pro

r en matérialnt, à la mani

us permet d’alubmergés, oblis dans le temp

à propos de Cialectique, c'es

le paysage SERRAN, Jacques, L’inversitaires romandYork, 1991) où l’a de sculptures du

s, aptes à noune fois encoreère série de chpar ailleurs peo formel au plafaisons le pard’études. ntre les dynamant dans un tra

s ? A gauche la au centre les dfusion plus gradptures, des pon

és aux scientr, etc.) comma flore, simpletie d’un résea

nue. êtir plusieurs foduc) sur laqunaturels dans ntervalle régul

plus épais ql’eau. aménager tou s’en émancérialisant subitopice à la coulisant un senière des proj

ler encore pluigeant au déto

ps.

Central Park àst-à-dire pour

RA, Richard, Ecritsnvention du paysagdes, 1998, p22. artiste installe tout

u Storm King Art C

us faire sur la

hemins ertinent an des i d’une

miques amage

simple eux duelle, ts, des

tifiques me aux e banc, au plus

formes uelle le un but ier, un

u’il n’y

out un ciper. tement urbe) - ntier à ets de

us loin, our, en

à New-autant

s et ge

te une Center.

35

Page 35: Un Laboratoire d'Expérimentation Naturelle

Fig. 27. Diagramme illustrant les principales interactions produites par un aménagement paysager encastré entre industrie, plage et nature.

36

Page 36: Un Laboratoire d'Expérimentation Naturelle

qu’elle est contemplée Il s’agit donle regard epaysage ou« temps » érythme desnaturels durapport plusun sol craqu

Fig. 28 « donner une i A la différeConan est aabsent, comtant pensésà mesure. Porosités d Une sommeau mieux lespace : Imaginons :

Unespèce végun bassin p

Defourneaux 0

60 MARROT, S(MAROT, Séba61 CONAN, Micpaysage – paraChristophe, Visurbanism read

physiquemee comme une

nc d’organisern cadrant, en

u de la topograétant toujours

saisons, tem parc : zones

s direct nous puelé sous l’eff

10 millions de mnfrastructure lud

ence d’une exavant tout unemme une succs pour eux-mê

d’usage

e de tableauxes possibilités

:

n scientifiquegétale étudiée phyto-remédiates employés0 émission de

Sébastien, Sub-urbastien, ALONZO, chel, Mouvement amètres, Montréasion in Motion – Rer, Princeton arch

ent et constachose en soi.6

r le parcours dn mettant en araphie. Ce trav essentielle a

mps météorologs humides, sapermet notamfet du soleil, su

metres3 dans mdique disséminé

xpérience pittoe compréhenscession de scêmes que dan

x, d’hypothèses d’un tel évé

e qui vient efin vitro dans teur.

s de l’aciériecarbone.

banisme, sur-urbaEric (dir)), Paris, et métaphore du t

al, Les presses de Representing landshitectural press, N

amment entre60

dans les trois avant, en cacvail en trois di

au parcours, tegique) donne

ansouires, zonment de travaur un caillebot

a poche», photoée ici. Une autre

oresque qui, sion statique dènes immobil

ns une logique

s d’usages deénement pays

ffectuer un prle Centre réag

e venus suiv

anisme – de CentrEditions de la Villetemps, in PULAOl’université de Mo

scape in time in Wew York, 2006, p9

eprise, et no

directions dechant tour à toimensions + 1emps du déplaussi à voir le

nes plus sècheailler les matértis en milieu h

omontage illustre manière d’env

si l’on en crodu paysage oùes61, les élém

e d’ensemble s

es lieux pourrasager aujourd

élèvement, végit in vivo face

vre une form

ral Park à la Villettette, 2011, p308 UEC GONIDEC, Pontreal, 2003, repr

WALDHEIM, Charl99

on pas simpl

e l’espace, d’oour les éléme1 (la composalacement, temes différents mes, roselièresrialités ; marchumide, etc.

rant ce que pouvisager ces esp

oit l’historien ù le mouvemenments ici ne so

se dépliant au

ait peut-être trd’hui et dans

érifié commene à tel polluan

mation sur les

te in Marnes n°1

Philippe, Les tempris par GIROT, les (Ed.), The land

lement

orienter ents du ante du mps du milieux s. Ici le her sur

urrait aces.

Michel nt [est]

ont pas u fur et

raduire un tel

nt telle nt dans

s haut

ps du

dscape

37

Page 37: Un Laboratoire d'Expérimentation Naturelle

38

Page 38: Un Laboratoire d'Expérimentation Naturelle

Un groupe scolaire qui le matin a suivi une présentation sur les nouveaux enjeux environnementaux, et dont l’après-midi est consacrée à l’étude d’un salin expérimental, capable de séquestrer le dioxyde de carbone. Un féru d’ornithologie, venu contempler une population de flamants roses.

Le plagiste (la plage du Cavaou, ultime rescapée d’un littoral totalement privatisé, se situe à quelques centaines de mètres au sud de la parcelle d’études) intrigué par la passerelle piétonne construite au dessus du canal.

Sans oublier le simple promeneur, qui depuis longtemps imagine arpenter ces espaces. Ces nouvelles porosités d’usage ne sont en réalité que le prolongement d’une somme de petites habitudes anodines (l’exemple des pêcheurs sur les bords du canal), reflétant bien un site nous l’avons montré pensé et aménagé de manière univoque, mais d’ores et déjà rattrapé par des enjeux contemporains et des échelles multiples.

“ Infrastructures sow the seeds of possibilities ” 62 La thèse soulevée dans le mémoire de master63 soulignait combien le développement de l’infrastructure industrialo-portuaire de ce grand Ouest marseillais avait littéralement construit la ville en mettant en réseau des centralités urbaines jusque-là clairement séparées, et combien il serait possible de s’appuyer encore d’avantage sur cette intelligence pour développer une cohésion métropolitaine. Jusqu’à présent, et non sans une certaine ironie, alors que le port permettait une formidable somme de mouvements ; flux pendulaires entre Marseille et Fos, échanges de matières premières / produits finis ou semi-finis entre les différentes unités industrielles, mise en place de tout un réseau de pipelines et gazoducs connectant la région à toute l’Europe, développement du rail, etc, dans le même temps Marseille peinait à construire, voire oubliait tout à fait son unité urbaine. Ce que le mémoire illustrait, ce projet de fin d’études voulait le problématiser sur une fraction de ce territoire, en montrant comment la terra incognita portuaire pouvait d’ores et déjà être ré-incluse dans nos habitudes et dans la vie publique, selon une nouvelle approche qui ne nie ni ne freine l’activité industrielle, mais qui au contraire essaye de recomprendre le site dans toute son hétérogénéité, au plus près de son substrat historique, social, géologique.

« (…) Distinguer sans disjoindre, (…) associer sans identifier ou réduire. »64

62 CORNER, James, Terra Fluxus, in WALDHEIM, Charles (Ed.), The landscape urbanism reader, Princeton architectural press, New York, 2006, p31 63 Marseille : L’infrastructure industrialo-portuaire comme support d’une métropole en devenir ? http://vatmalaquais.wordpress.com/2012/07/29/marseille-guillaume-richaud/ 64 MORIN, Edgar, Introduction à la Pensée Complexe, Paris, Editions du Seuil, p23

39