vendredi 27 septembre 2013 ensemble intercontemporain...
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Roch-Olivier Maistre,Président du Conseil d’administrationLaurent Bayle,Directeur général
Vendredi 27 septembre 2013Ensemble intercontemporain
Dans le cadre du cycle Rêves du 17 au 29 septembre
Vous avez la possibilité de consulter les notes de programme en ligne, 2 jours avant chaque concert, à l’adresse
suivante : www.citedelamusique.fr
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Les songes de Sylvia Plath, l’imaginaire de Couperin, la vision wagnérienne de Jonathan Harvey… Dans les rêves, tous les artifices semblent naturels.
« À la lumière de quelques bougies, sur un écran rond comme la lune suspendu au-dessus du clavecin, défilent des vignettes peintes à la main dans un dialogue libre et rêveur avec les pièces de François Couperin. » C’est ainsi que Louise Moaty résume le spectacle pour lanterne magique qu’elle a conçu avec la complicité du claveciniste Bertrand Cuiller. Elle a peint elle-même les images sur les plaques de verre qu’elle manipule, créant une féérie d’effets – des cascades d’eau, le soleil qui perce à travers les nuages… – tandis que l’on écoute des pièces évocatrices de Couperin (L’Amphibie, Les Ombres errantes, Les Tours de passe-passe…), de Pancrace Royer (La Marche des Scythes) ou de Rameau (Les Tendres Plaintes).
Jonathan Harvey, disparu en 2012, avait tiré deux interludes et une scène de son opéra Wagner Dream, créé en 2007 sur un livret de Jean-Claude Carrière. L’œuvre évoque la mort de Wagner, à Venise, victime d’une crise cardiaque tandis qu’il se souvient des Vainqueurs, un projet lyrique abandonné sur l’amour entre l’intouchable jeune fille Prakriti et le moine Ananda. Le premier interlude, comme l’expliquait Harvey, relate « le voyage qu’entreprend l’esprit de Wagner ». La scène qui suit se compose d’un air narratif chanté par Ananda et d’une ballade chantée par Prakriti. Le second interlude, enfin, prend la forme d’une danse lente au cours de laquelle les deux personnages s’attirent sans jamais se toucher. À ce singulier rêve wagnérien répond une création de Matthias Pintscher intitulée Bereshit, comme le premier mot de la Genèse, qui signifie « commencement ».
Sonia Wieder-Atherton joue Benjamin Britten. Charlotte Rampling prête les subtilités de sa voix aux poèmes de l’écrivaine américaine Sylvia Plath, qui mit tragiquement fin à ses jours en 1963. L’écriture de Plath, d’une force rarement égalée dans l’histoire de la littérature, fait ressortir les aspérités qui habitent le lyrisme des pages de Britten. Comme si la musique se mettait à rêver à voix haute, au fil de la plume de celle qui, dans sa nouvelle de 1958 intitulée Johnny Panic and the Bible of Dreams, se décrivait ainsi : « Chaque jour, de neuf heures à cinq heures, je suis assise à mon bureau […] et je dactylographie les rêves des autres. »
Cycle Rêves
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MARDI 17 SEPTEMBRE – 20H
La Lanterne magique de M. Couperin
Musique de Michel Corrette, François Couperin, Jean-Philippe Rameau et Joseph-Nicolas Pancrace Royer
Bertrand Cuiller, clavecinLouise Moaty, projections
VENDREDI 27 SEPTEMBRE – 20H
Anton Webern/Johann Sebastian BachFuga (Ricercata) – extrait de L’Offrande MusicaleJonathan HarveyTwo Interludes and a Scene for an OperaBernd Alois ZimmermannSonate pour violoncelleMatthias PintscherBereshit
Ensemble intercontemporainMatthias Pintscher, directionClaire Booth, sopranoGordon Gietz, ténorPierre Strauch, violoncelleCarl Faia, Gilbert Nouno, réalisation informatique musicale Ircam
Avant-concert à 19h à l’Amphithéâtre.
DIMANCHE 29 SEPTEMBRE – 16H30
Danses nocturnes
Textes de Sylvia Plath
Musique de Benjamin Britten
Charlotte Rampling, voixSonia Wieder-Atherton, violoncelle
DU MARDI 17 AU DIMAnCHE 29 SEPTEMBRE
VENDREDI 27 SEPTEMBRE 2013 – 20HSalle des concerts
Johann Sebastian Bach/Anton WebernFuga (ricercata) a 6 voci – extrait de L’Offrande musicale BWV 1079
Jonathan HarveyTwo Interludes and a Scene for an Opera*
entracte
Bernd Alois ZimmermannSonate pour violoncelle seul
Matthias PintscherBereshitCommande de l’Ensemble intercontemporain et du Saint Paul Chamber Orchestra – Création française
Claire Booth, sopranoGordon Gietz, ténorPierre Strauch, violoncelleEnsemble intercontemporainMatthias Pintscher, direction
* Réalisation informatique musicale Ircam : Gilbert Nouno et Carl FaiaIngénieur du son Ircam : Franck Rossi
Concert diffusé le 14 octobre à 20h sur France Musique.
Coproduction Cité de la musique, Ensemble intercontemporain, en partenariat avec l’Ircam - Centre Pompidou.
Fin du concert vers 22h.
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Johann Sebastian Bach (1685-1750)/Anton Webern (1883-1945)Fuga (ricercata) a 6 voci – extrait de L’Offrande musicale BWV 1079
Composition : original de Bach, mai-juillet 1747 ; transcription de Webern, décembre 1934-février 1935.
Dédicace : Edward Clark.
Création : le 25 avril 1935 à Londres par l’Orchestre de la BBC sous la direction du compositeur.
Effectif : flûte, hautbois, cor anglais, clarinette, clarinette basse, basson, cor, trompette, trombone, timbales, harpe,
cordes.
Durée : environ 7 minutes.
Au même titre que les Variations Goldberg ou L’Art de la fugue, deux œuvres qui la suivent et la précèdent et qui, comme elle, célèbrent la géniale invention contrapuntique, L’Offrande musicale BWV 1079 constitue un des chefs-d’œuvre de la fin de la vie de Bach. Particulièrement reconnaissable, notamment grâce à l’arpège initial et la longue descente chromatique centrale, le « thème royal », soumis à Bach par Frédéric II de Prusse lors de leur rencontre le 7 mai 1747, donne lieu à une extraordinaire diversité de réalisations, depuis le canon à deux voix jusqu’à la sonate en trio, en passant par la fugue et le ricercar – la fuga ricercata constituant la forme la plus complexe et la plus aboutie de l’écriture contrapuntique. C’est sans doute la raison pour laquelle Webern choisit de transcrire ce ricercar à six voix, ou plus précisément d’en livrer une analyse en musique, un commentaire proprement musical. En effet, la mélodie de timbres, ou Klangfarbenmelodie (principe qui consiste à attribuer à différents instruments, différents timbres, les notes d’un thème ou d’une mélodie), permet au transcripteur de mettre en valeur tel intervalle, tel motif, telle dissonance – sans jamais rompre la fluidité ni la souplesse de la musique de Bach. Comme l’écrit Webern au chef d’orchestre Hermann Scherchen : « Mon instrumentation essaye de mettre à nu les relations motiviques. Cela n’a pas toujours été facile. Naturellement, elle veut, au-delà, montrer comment je sens le caractère du morceau, de cette musique ! (...) Rien ne doit être mis à l’arrière-plan ! Pas même le plus minime son de trompette bouchée ne doit être perdu. Tout est essentiel dans cette œuvre et dans cette transcription. » Cette volonté de rendre clairs et compréhensibles la forme et le discours musicaux est aussi inscrite dans l’utilisation de la technique dodécaphonique, exploitée magistralement dans les propres œuvres de Webern au cœur des années 1930 et qui se voit irriguée par le style contrapuntique de Bach dont la modernité est à nouveau révélée ici.
Grégoire Tosser
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Jonathan Harvey (1939-2012)Two Interludes and a Scene for an Opera
Composition : 2005.
Commande : Two Interludes a initialement été commandé par l’ensemble Sinfonia 21 avec le soutien de la Fondation
Gulbenkian, puis par le London Sinfonietta avec le soutien du Arts Council England ; Scene (et le reste de l’opéra
Wagner Dream) a été commandé par l’Ircam- Centre Pompidou, le nederlandse Opera, le Grand Théâtre de
Luxembourg et le Holland Festival.
Réalisation informatique musicale Ircam : Gilbert nouno et Carl Faia.
Création : le 25 mars 2006 à Paris, Centre Pompidou, par l’Ensemble intercontemporain pour Scene, le 17 mars 2004
à Londres, au Queen Elizabeth Hall, par le London Sinfonietta et Martyn Brabbins, pour Two Interludes.
Effectif : soprano solo, ténor solo, flûte/flûte piccolo/flûte en sol, hautbois, clarinette en si bémol/clarinette en la,
clarinette en la/clarinette basse/clarinette en si bémol, basson/contrebasson, cor, trompette/bâton de pluie, trombone,
tuba, 2 percussions, clavier numérique, harpe, 4 violons, 2 altos, 2 violoncelles, contrebasse.
Éditeur : Faber.
Durée : environ 30 minutes.
Mon travail sur Wagner Dream, qui évoque l’instant de la mort du compositeur, a précisément commencé par l’écriture de ces deux Interludes. C’est un instant chargé de réflexions sur Bouddha et sur l’opéra que Wagner projetait de composer sur la superbe légende de Prakriti, l’humble paysanne, et d’Ananda, le cousin et disciple du Bouddha Shakyamuni. Wagner rédigeait un texte sur cette légende lorsqu’il a été foudroyé. Le premier Interlude évoque la crise cardiaque qui l’a frappé et le voyage de son esprit immédiatement après, à travers l’Esprit clair et les « mille tonnerres ». Dans le bouddhisme, l’état dans lequel se trouve l’esprit au moment de la mort détermine l’existence future.
La Scène apparait plus tard dans l’opéra et est reprise du drame des Vainqueurs, le projet de légende bouddhiste sur lequel Wagner travaillait. C’est un moment « classique », une déclaration formelle des deux personnages principaux. On y entend une aria narrative d’Ananda et une ballade de Prakriti qui lui répond. Partant de cet élément formel, le drame (filtré par l’imagination de Wagner à l’article de la mort) suit les aventures de l’esprit inconscient. Mais avant cela, le second Interlude exprime le désir d’amour, et de transcendance par l’amour, que Prakriti commence à manifester. Cette page est une lente danse de séduction entre les deux personnages, qui ne se touchent pourtant jamais. La Scène mène directement et sans interruption au second Interlude, pour lequel j’utilise un important dispositif électronique en direct et des sons enregistrés. Chaque instrument peut faire l’objet d’un traitement électronique, que ce soit individuellement, de manière polyphonique ou en groupes. Carl Faia a assuré la programmation de l’informatique musicale de Two Interludes.
Un concours financier a été généreusement apporté par la Fondation Gulbenkian et l’Arts Council d’Angleterre pour les recherches en matière de traitements électroniques. Les Interludes ont été composés à l’invitation du London Sinfonietta. L’électronique de la Scène (et du reste de l’opéra) a fait l’objet d’une commande conjointe de l’Ircam, du nederlandse Opera et du Grand Théâtre de Luxembourg. Gilbert nouno est le réalisateur en informatique musicale de ce travail gigantesque.
Jonathan Harvey
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Jonathan Harvey Two Interludes and a Scene for an Opera
PrakritiAre you really a noble man?
Anandanot any more.
PrakritiWhat do you mean?
AnandaI’ve left these words behind. They don’t mean anything to me now.
PrakritiBut you’re a cousin of Prince Siddartha?
AnandaYes. And, as you see, one of his followers.
PrakritiTell me about him.
AnandaWhat do you want to know?
PrakritiWhy he is called the Buddha. The awakened one.
AnandaBecause he left his palace by the water, a long time ago. He wanted to know why we suffer. He wanted to know why suffering is our condition. And how we could be saved from it. He asked many people, he visited many places, he retired to the forests. Until one day he awakened. He understood everything. He understood why suffering is our condition. He understood why we suffer. He understood how we could be freed. And he started walking, going everywhere preaching. I followed him.
PrakritiThen why do the brahmins reject him?
PrakritiÊtes-vous vraiment un noble ?
AnandaPlus maintenant
PrakritiQue voulez-vous dire ?
AnandaJ’ai laissé ces titres derrière moi. Ils ne signifient plus rien pour moi à présent.
PrakritiMais vous êtes bien un cousin du Prince Siddhârta ?
AnandaOui. Et comme vous pouvez le voir, un de ses disciples.
PrakritiParlez-moi de lui.
AnandaQue voulez-vous savoir ?
PrakritiPourquoi l’appelle-t-on Bouddha. L’être éveillé.
AnandaCar il a quitté son palais au bord de l’eau, il y a fort longtemps. Il voulait découvrir pourquoi nous souffrons. Il voulait comprendre pourquoi la condition humaine est de souffrir, et comment nous en libérer. Il a interrogé beaucoup de monde, visité de multiples régions, s’est retiré dans des forêts. Jusqu’à ce qu’un jour, il s’éveille. Il comprit tout. Il comprit pourquoi la souffrance est notre condition. Il comprit pourquoi nous souffrons et comment nous libérer. Alors, il a commencé à marcher, à pêcher un peu partout. Et je l’ai suivi.
PrakritiAlors, pourquoi les brahmanes le rejettent-ils ?
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AnandaBecause he tells the truth.
PrakritiHow is your life?
AnandaWe go chanting, begging, meditating.
PrakritiWhy do you meditate? About what?
AnandaWe try to overcome our desires and hatreds.
PrakritiYou have desires?
AnandaSome.
PrakritiWhich desires? Tell me!
Ananda hesitates then says:
AnandaMy cousin says I’m too fond of women. And it’s a weakness, he says.
PrakritiWhy is it a weakness?
Instead of answering her question, Ananda says:
AnandaWhat about you? What do you expect from life?
As an answer, she sings a ballad:
BalladShe met an old man on her wayHe asked her: where are you going?She said: I’m looking for a princeDon’t waste your time, said the old man.
AnandaParce qu’il enseigne la Vérité.
PrakritiEt quelle est votre vie ?
Anandanous chantons, nous mendions, nous méditons.
PrakritiPourquoi méditez-vous ? À propos de quoi ?
Anandanous essayons de vaincre nos désirs et nos animosités.
PrakritiVous avez des désirs ?
AnandaQuelques-uns.
PrakritiQuels désirs ? Racontez-moi !
Ananda hésite puis déclare :
AnandaMon cousin dit que j’aime trop les femmes. Il dit aussi que c’est une faiblesse.
PrakritiPourquoi est-ce une faiblesse ?
Au lieu de répondre à sa question, Ananda demande :
AnandaEt toi ? Qu’attends-tu de la vie ?
En réponse, elle se met à chanter une ballade :
BalladeElle rencontra un vieil homme sur son cheminIl lui demanda : où allez-vous ?Elle répondit : je cherche un princene perdez pas votre temps, dit le vieil homme.
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When she came back, night had fallenThe old man asked: did you find him?no, she said, and now I am lateDon’t waste your time, said the old man.
next day the old man still was thereBegging his life as the girl cameShe said to him: I must hurryDon’t waste your time, said the old man.
When she came back she was exhaustedShe was sobbing and desperateShe saw the old man in the darkAnd she sat next to him in tears.
Don’t cry, he said, look at my faceHe was radiant and beautifulShe said in surprise: Who are you?Does it matter? He answered.
She said to him: how could I knowThat you were so close to me?He said to her: how could I knowThat you were looking for me?
At the end of the song, Prakriti has tears in her eyes.
Ananda asks her:
AnandaWhy do you look so sad? Why do you have tears in your eyes? Why did you choose that song?
She doesn’t answer.
They keep quiet and look at each other for a moment. They’re falling in love. They almost embrace. Their movements are a slow, silent and erotic dance of attraction, but they don’t touch each other.
At the back Lord BUDDHA appears, unseen by Ananda.
Quand elle passa de nouveau, la nuit était tombée.Le vieil homme demanda : l’avez-vous trouvé ?non, répondit-elle, et maintenant je suis en retardne perdez pas votre temps, dit le vieil homme.
Le jour suivant, le vieil homme était toujours làMendiant sa vie, quand la jeune fille arrivaElle lui dit : Je dois me dépêcherne perdez pas votre temps, dit le vieil homme.
Quand elle revint, elle était épuisée.Elle était en sanglots et désespéréeElle vit le vieil homme dans la pénombreEt elle s’assit près de lui, tout en pleurs.
ne pleurez pas, dit-il, regardez-moiSon visage était rayonnant et magnifiqueÉtonnée, elle demanda : Qui êtes-vous ?Quelle importance ? Répondit-il.
Elle lui dit : comment pouvais-je savoirQue vous étiez si près de moi ?Il lui dit : comment pouvais-je savoirQue vous étiez à ma recherche ?
À la fin de la chanson, Prakriti a les larmes aux yeux.
Ananda lui demande :
AnandaPourquoi avez-vous l’air si triste ? Pourquoi vos yeux sont-ils noyés de larmes ? Pourquoi avoir choisi cette chanson ?
Elle ne répond pas.
Ils demeurent silencieux, s’observent pendant un moment. L’amour s’éveille, ils s’embrassent presque. Leurs mouvements sont lents, danse silencieuse et érotique de l’attraction, mais ils ne se touchent pas.
En arrière-plan, le Bouddha apparaît. Ananda ne le voit pas.
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Bernd Alois Zimmermann (1918-1970)Sonate pour violoncelle seul – … et suis spatiis transeunt universa sub caelo (L’Ecclésiaste III, 1)
Rappresentazione
Fase
Tropi
Spazi
Versetto
Composition : 1960.
Dédicace : « à ma femme ».
Création : le 23 avril 1960 à Stuttgart par Siegfried Palm.
Effectif : violoncelle seul.
Éditeur : Modern.
Durée : environ 14 minutes.
Bernd Alois Zimmermann fut un lecteur assidu de L’Ecclésiaste, livre biblique auquel il emprunta dans maintes œuvres et dont le troisième chapitre est une splendide méditation sur le temps. Là se déclinent le temps de la chronologie, à l’image de l’irréversibilité de nos existences, qui nous mène inexorablement vers la mort, mais aussi le cycle des événements, incessamment recommencés, comme les saisons ou l’alternance du jour et de la nuit, et un autre temps, éthique, celui la courbure, par lequel nous atteignons l’existence vertueuse et discernons le bien et le mal. « Il y a un moment pour tout ». Et la Bible d’ajouter : « Un temps pour toute chose sous le ciel ». Selon la traduction allemande de Luther, tout projet, tout dessein, toute intention a « son heure », son moment favorable, tandis que la Vulgate latine, par une périphrase que la Sonate pour violoncelle de Zimmermann porte en exergue, insiste sur le caractère transitoire de ce qui est ici-bas, le passage, la traversée par des étendues, des distances, des espaces, des intervalles, mais aussi des durées ou des laps de temps propres.
Ce que Zimmermann a admirablement perçu et traduit dans les cinq mouvements de l’œuvre (Rappresentazione, Fase, Tropi, Spazi et Versetto), divisés en brefs fragments ou tesselles de sons, c’est une telle multiplicité du temps : « Rêves, pensées et réalités apparaissent et alternent avec les souvenirs, les attentes et l’irréalité », écrit-il de sa Sonate. Mais cette multiplicité, que cisèlent les modes de jeu, les timbres, les densités et les strates de la polyphonie, hautement différenciés, tend à un dépassement : « Phases, couches et espace seront rassemblés dans l’unité du flux temporel de la perception et simultanément déployés dans cette même unité ». Il en résulte une insistance sur le présent, qui ne se tient pas seulement entre passé et futur, mais recueille la totalité des relations de l’œuvre, le souvenir de ce que l’on vient d’entendre et l’attente de ce qui, bientôt, suivra. À cette condition, chère à Zimmermann, qui la puise à la source de L’Ecclésiaste et de philosophes modernes, le temps est l’horizon de l’être : le temps tel qu’il se constitue dans la conscience – la conscience que nous en avons –, mais aussi notre conscience, à chacun de nous, en tant qu’elle est temporelle.
Laurent Feneyrou
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Matthias Pintscher (1971)Bereshit
Composition : 2011-2013
Commande : Ensemble intercontemporain et Saint Paul Chamber Orchestra.
Création : le 24 mai 2013 à Saint Paul, Ordway Theater, par le Chamber Orchestra sous la direction de Matthias
Pintscher.
Effectif : flûte/flûte piccolo, flûte en sol/flûte, hautbois, cor anglais, clarinette, clarinette basse, clarinette contrebasse,
basson, contrebasson, 2 cors, 2 trompettes, 2 trombones, 3 percussions, piano, harpe, 3 violons, 2 altos, 2 violoncelles,
contrebasse à 5 cordes.
Éditeur : Bärenreiter.
Durée : environ 31 minutes.
Bereshit traite de la naissance des choses, de l’acte créateur et de son inconcevabilité. « À un commencement… » renvoie au mythe biblique de la création : « Bereshit » est le premier mot de la Torah, de l’Ancien Testament. Ce mot parle d’un à peu près, d’« un » commencement – et non « du » commencement –, d’une césure. C’est le point de départ de l’œuvre de Matthias Pintscher pour grand ensemble : « Bereshit naît d’une sonorité initiale comme du néant absolu, d’un son qui se réduit à des bruits exclusivement percussifs à partir desquels des éléments se détachent et se densifient. C’est une pièce très végétative dont le matériau est traité pour ainsi dire chronologiquement : il se révèle lentement. L’idée de l’œuvre est de dégager à partir d’un état sonore originel toute une série de sons, de gestes, de rythmes, d’orchestrations. »
Cette représentation authentique d’un processus devient ici un véritable programme : « Ce sont les sonorités et les couleurs fluides qui m’intéressent, l’idée d’un timbre en perspective. Il est question dans cette pièce de ce grand fleuve, d’un continuum de sonorités et d’événements qui se transforme constamment en grandissant. Ce n’est que progressivement que les choses se stabilisent, que se produisent des événements solistes. Bereshit poursuit ce que j’ai développé ces dernières années dans le domaine du timbre. Dans la conception sonore et par son effet spatial, cette pièce va bien au-delà des dimensions de musique de chambre que lui donne l’ensemble instrumental. »
Marie Luise Maintz(Traduction Daniel Fesquet)
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Biographies des compositeurs
Jonathan Harvey
né dans le Warwickshire (Angleterre)
en 1939, Jonathan Harvey est choriste
au St. Michael’s College de Tenbury
puis étudie la musique au St. John’s
College de Cambridge. Sur le conseil
de Benjamin Britten, il étudie la
composition auprès d’Erwin Stein
et d’Hans Keller, tous deux élèves
de Schönberg, et se familiarise ainsi
avec la technique dodécaphonique.
La rencontre avec Milton Babbitt
puis avec Karlheinz Stockhausen
influence considérablement son
apprentissage des techniques de
studio. Au début des années 1980,
il réalise à l’Ircam Mortuos Plango,
Vivos Voco (pour bande), Bhakti (pour
ensemble et électronique), Advaya
(pour violoncelle et électronique)
et Quatuor à cordes n° 4 (avec
électronique live). Il se familiarise avec
le courant spectral qu’il considère
comme déterminant pour l’évolution
de la musique d’aujourd’hui. En
outre, le son électronique lui apparaît
comme une ouverture vers les
dimensions transcendantales et
spirituelles. Son œuvre couvre tous
les genres : musique pour chœur a
capella, grand orchestre (Tranquil
Abiding, White as Jasmine et Madonna
of Winter and Spring), orchestre de
chambre (Quatuors à cordes, Soleil
noir / Chitra et Death of Light, Light
of Death), ensemble et instrument
soliste. Son premier opéra, Passion
and Resurrection (1981), inspire le
tournage d’un documentaire pour la
BBC (The Challenge of the Passion) ; le
second, Inquest of Love, commandé
par l’English national Opera, est créé
sous la direction de Mark Elder en
1993 ; le troisième, Wagner Dream,
commandé par le nederlandse Opera,
le Grand Théâtre de Luxembourg, le
Holland Festival et l’Ircam, est créé
en 2007. De 2005 à 2008, Jonathan
Harvey est en résidence à l’Orchestre
Symphonique Écossais de la BBC
où il crée Body Mandala, … towards
a pure land et surtout Speakings en
2008. De 1977 à 1993, Jonathan
Harvey est professeur de musique
à l’Université du Sussex où il reste
ensuite professeur honoraire. De
1995 à 2000, il enseigne la musique
à l’Université Stanford (États-Unis), est
professeur invité à l’Imperial College
de Londres et membre honoraire
du St. John’s College de Cambridge.
Il reçoit en 1993 le prestigieux Prix
Britten de composition, en 2007 le
Prix Giga-Hertz pour l’ensemble de
ses œuvres de musique électronique
et Speakings reçoit le Prix Prince
Pierre-de-Monaco. Il est le premier
compositeur britannique à recevoir
le Grand Prix de l’Académie Charles-
Cros. Entre mai 2009 et mai 2010,
l’œuvre de Jonathan Harvey est
célébrée dans le monde entier, dans
le cadre de concerts et de festival
qui lui sont dédiés, par de nouveaux
enregistrements et portraits. Le
BBC Symphony Orchestra lui
consacre une série Total Immersion
en janvier 2012. Jonathan Harvey
s’est éteint le 4 décembre 2012.
© Ircam-Centre Pompidou, 2012
Bernd Alois Zimmermann
né en 1918 à Bliesheim, Zimmermann
s’est défini comme un « mélange
typiquement rhénan de moine et de
Dionysos », et comme « le plus vieux
des jeunes compositeurs allemands ».
De 1929 à 1936, il suit l’enseignement
strict des Salvatoriens au couvent
de Steinfeld (Eifel), où il s’initie aux
langues anciennes et à la théorie
musicale, étudie l’orgue, peint, écrit
romans, récits et poésies. Les nazis
ayant fermé l’établissement, il achève
sa scolarité au lycée catholique de
Cologne. En 1937, il est mobilisé
dans le cadre du travail obligatoire
instauré par le Troisième Reich.
Renonçant à la carrière ecclésiastique
à laquelle le destinait sa famille, il
entreprend, à l’Université de Bonn et
à l’Université de Cologne, des études
d’instituteur et d’éducation musicale
qu’il est contraint d’interrompre
en 1939. Jusqu’en 1950, il étudiera
aussi, de manière discontinue, la
musicologie, la littérature allemande,
la philosophie et la psychologie.
Zimmermann appartient à une
génération sacrifiée par la dictature
hitlérienne, puis par la guerre au
cours de laquelle il participe aux
campagnes de Pologne, de France
(à Paris, il découvre les œuvres d’Igor
Stravinski et de Darius Milhaud) et de
Russie entre 1940 et 1942. En 1942,
réformé suite à un empoisonnement
qui occasionna de longs séjours en
hôpital militaire, il reprend ses études
à la Musikhochschule de Cologne,
travaillant pour les financer dans des
orchestres de danse, comme chef
du chœur d’hommes de Bliesheim
ou comme ouvrier en usine. Philipp
Jarnach, élève de Busoni, et Heinrich
Lemacher, musicien influencé par
les techniques d’écriture de la
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Renaissance et par Anton Bruckner,
sont ses professeurs de composition
et de théorie musicale. Les
premières exécutions d’œuvres de
Zimmermann datent de 1944-1946
à Cologne, avant même que son
style, alors néoclassique, n’assimile
tardivement les idiomes modernes
et contemporains. Responsable
du département des musiques de
radio, de film et de scène à la radio
de Cologne (WDR), il expérimente
à travers des réalisations de pièces
radiophoniques et d’émissions
scolaires les principes du collage et
du montage. En 1949-1950, il suit les
séminaires de Wolfgang Fortner et
de René Leibowitz aux Cours d’été
de Darmstadt, mesure la distance qui
le sépare du sérialisme dominant,
se reconnaissant plus volontiers
dans les œuvres de Karl Amadeus
Hartmann ou Luigi Dallapiccola. Le
deuxième mouvement du Konzert
für Violine und grosses Orchester est,
en 1950, sa première composition
sérielle. Professeur de théorie
musicale à l’Institut de musicologie
de l’Université de Cologne (1950-
1952), il est le premier compositeur
invité à la Villa Massimo à Rome
en 1957 (il y retournera en 1963). Il
succède à Frank Martin en 1957 au
poste de professeur de composition
à la Musikhochschule de Cologne,
où il dirige un séminaire sur les
musiques de radio, de film et de
scène, tout en travaillant à son
opéra Les Soldats, finalement créé
en 1965, année où il est élu membre
de l’Académie des arts pour laquelle
il compose la Musique pour les
soupers du roi Ubu. Son état de santé
se dégrade. Le Requiem für einen
jungen Dichter est créé en 1969,
en l’absence du compositeur. Ami
de Heinrich Böll et Walter Biemel,
avec qui il évoque Heidegger et les
Leçons pour une phénoménologie
de la conscience intime du temps
de Husserl, Zimmermann était
aussi lecteur de L’Ecclésiaste, des
Confessions de saint Augustin, de
la Légende du Grand Inquisiteur de
Fédor Dostoïevski, des Cantos d’Ezra
Pound ou de l’Ulysse de James Joyce,
dont il mit en musique divers extraits.
Zimmermann se donne la mort le
10 août 1970 à Gross-Könisgdorf.
D’après ©Ircam-Centre Pompidou, 2012
Matthias Pintscher
Composition et direction d’orchestre :
dans l’esprit de Matthias Pintscher,
ces deux domaines d’activité sont
totalement complémentaires.
« Ma réflexion de chef d’orchestre est
enrichie par mon propre processus
d’écriture, et vice versa », explique-
t-il. Créateur d’œuvres majeures
pour des orchestres de premier
plan, sa sensibilité de compositeur
lui apporte une compréhension
de la partition « de l’intérieur »
qu’il partage avec les musiciens.
Matthias Pintscher entretient ainsi
d’étroites collaborations avec de
grands interprètes (Gil Shaham, Julia
Fischer, Frank Peter Zimmermann,
Truls Mørk, Emmanuel Pahud, Tabea
Zimmermann, Antoine Tamestit,
Jean-Yves Thibaudet…) et des chefs
du monde entier tels que Simon
Rattle, Pierre Boulez, Claudio Abbado,
Valery Gergiev, Christoph von
Dohnányi, Kent nagano, Christoph
Eschenbach, Franz Welser-Möst ou
Daniel Harding. Artiste associé du
BBC Scottish Symphony Orchestra
depuis la saison 2010/2011, il
dirige aujourd’hui régulièrement
en Europe et aux États-Unis de
grandes formations internationales :
orchestres philharmoniques de new
York, de Londres et Berlin, orchestres
de Cleveland, Chicago, Philadelphie,
Paris, orchestres symphoniques
de la BBC, de la RAI, de Sydney
et de Melbourne, orchestres du
Théâtre Mariinsky, de la nDR de
Hambourg, de la Tonhalle de Zurich,
Philharmonia de Londres, Mahler
Chamber Orchestra. Très engagé
dans la diffusion du répertoire
contemporain, Matthias Pintscher
est nommé directeur musical de
l’Ensemble intercontemporain en
juin 2012, pour une prise de fonctions
à partir de la saison 2013/2014.
Il collabore avec de nombreux
ensembles tels que l’Ensemble
Modern, le Klangforum Wien,
l’Ensemble Contrechamps, l’Ensemble
Avanti! (Helsinki), le Remix Ensemble
(Porto) et le Scharoun Ensemble du
Philharmonique de Berlin. Matthias
Pintscher est également directeur
artistique de l’Académie du Festival
de Printemps de Heidelberg, dédiée
aux jeunes compositeurs. En 2012,
il est sélectionné par la Commission
Roche pour sa création Chute
d’étoiles dont la première a lieu
au Festival de Lucerne en août de
cette même année, avec l’Orchestre
de Cleveland sous la direction de
Franz Welser-Möst. L’œuvre est
ensuite reprise au Severance Hall
de Cleveland et au Carnegie Hall en
16
novembre 2012. Matthias Pintscher
suit une formation musicale dès
son plus jeune âge (piano, violon,
percussion). À 15 ans, il dirige
l’orchestre symphonique des jeunes
de la ville de Marl en Allemagne. Il
commence à composer quelques
années plus tard parallèlement à sa
formation en direction d’orchestre,
notamment auprès de Peter Eötvös
en 1994 à Vienne. Depuis, il partage
ses activités entre la composition et
la direction d’orchestre. Ses créations
se distinguent par la délicatesse de
leur univers sonore, le raffinement
de leur construction et leur précision
d’expression. Matthias Pintscher est
l’auteur de deux opéras (dont L’Espace
dernier, créé à l’Opéra national
de Paris en 2004), de nombreuses
œuvres orchestrales, de concertos
(dont Mar’eh, concerto pour violon
créé en novembre 2011 par Julia
Fischer), et d’œuvres de musique de
chambre, toutes publiées aux éditions
Bärenreiter. Matthias Pintscher a
enregistré plus de vingt disques
pour de nombreux labels : Kairos,
EMI, ECM, Teldec, Wergo, etc. Il réside
aujourd’hui à new York et Paris, deux
villes, deux cultures qu’il a choisies
pour leur caractère complémentaire.
Biographies des interprètes
Claire Booth
Finaliste du Concours Kathleen Ferrier
en 2004, lauréate de nombreuses
bourses et distinctions, Claire Booth
occupe une place de choix sur la
scène musicale internationale pour
l’étendue de son répertoire – des
œuvres classiques à celles des XXe
et XXIe siècles – et la musicalité de
son interprétation. À l’opéra, elle
a interprété les rôles de Rosina
(Le Barbier de Séville de Rossini),
Dorinda (Orlando de Haendel),
Ellida (Lady from the Sea de Craig
Armstrong) pour le Scottish
Opera, nora (Riders to the Sea de
Vaughan Williams) pour l’English
national Opera, Anne Truelove (The
Rake’s Progress de Stravinski) avec
l’Orchestre Symphonique de la Ville
de Birmingham, Solveig (Peer Gynt
d’Edvard Grieg) avec l’Orchestre
Symphonique de Hambourg, Max
(Where the Wild Things Are d’Oliver
Knussen) et Lucia (The Rape of
Lucretia de Benjamin Britten) pour
le Festival d’Aldeburgh, Prakriti
(Wagner Dream de Jonathan Harvey)
pour le nederlandse Opera, Zerlina,
la Première nièce (Peter Grimes de
Britten) et Elle (La Voix humaine de
Poulenc) pour Opera north, Despina
pour l’Opéra de nantes-Angers et
Mélisande pour l’Opera Theatre
Company de Dublin. Plus récemment,
elle a chanté les Kafka-Fragmente
de György Kurtág au Linbury Studio
du Royal Opera House, Covent
Garden. Au concert, elle a collaboré
avec l’Orchestre Symphonique de la
BBC, l’Orchestre Symphonique de la
Ville de Birmingham et l’Ensemble
intercontemporain, les festivals
d’Aldeburgh et de Hollande, le
Concertgebouw et le Musiekgebouw
d’Amsterdam. Cette saison, elle
a fait ses débuts avec l’Orchestre
Symphonique de Boston dirigé par
Oliver Knussen et interprété des
arias de Mozart avec le Deutsches
Symphonie-Orchester Berlin. Elle
participe régulièrement aux BBC
Proms, y interprétant Requiem-Songs
for Sue de Knussen, Ancient Voices of
Children de George Crumb, On voit
tout en aventure de Luke Bedford,
Der Wein d’Alban Berg et Le Martyre
de saint Sébastien de Debussy. Pour
la célébration du 60e anniversaire
d’Oliver Knussen au Barbican Centre
de Londres, Claire Booth a chanté
Where the Wild Things Are, Higglety,
Piggelty, Pop, Requiem-Songs for
Sue et Whitman Settings. Cette
saison, elle fait ses débuts au Welsh
national Opera, où elle retrouve le
rôle de Prakriti (Wagner Dream), et
avec l’Orchestre Philharmonique de
Bergen, dirigé par son collaborateur
de longue date Ryan Wigglesworth.
Gordon Gietz
Gordon Gietz a fait ses débuts sur la
scène de l’Opéra national de Paris
sous les traits de Don Ottavio dans
Don Giovanni, pour y être invité
à nouveau les saisons suivantes
à interpréter Cassio (Otello) sous la
baguette de Valery Gergiev, Alfred
(Die Fledermaus) et Tamino (Die
Zauberflöte). Il a incarné Yonas pour
la création mondiale à l’Opéra Bastille
d’Adriana Mater de Kaija Saariaho,
mise en scène par Peter Sellars et
dirigée par Esa-Pekka Salonen – un
rôle qu’il a repris au Barbican Centre
de Londres en 2008 avec l’Orchestre
Symphonique de la BBC dirigé par
Edward Gardner. Gordon Gietz s’est
fait connaître du public de l’Opéra
de Lyon en chantant Camille dans
La Veuve joyeuse (récemment gravé
sur DVD), puis Le Roi malgré lui de
Chabrier, mis en scène par Laurent
17
Pelly, repris par la suite à l’Opéra-
Comique. Débutant à la Scala de
Milan avec le Chevalier de la Force
dans Dialogues des carmélites de
Poulenc, il a retrouvé cette scène avec
le personnage de Lysandre dans la
production de Robert Carsen de A
Midsummer Night’s Dream de Britten,
rôle qu’il a ensuite tenu au Festival
de Glyndebourne dans la mise en
scène de Sir Peter Hall puis au Gran
Teatre del Liceu de Barcelone, dont
les représentations ont été publiées
sur DVD. Gordon Gietz a créé le rôle
de Stingo dans Sophie’s Choice de
nicholas Maw à Covent Garden,
mis en scène par Sir Trevor nunn et
dirigé par Sir Simon Rattle, repris
à Washington pour la création nord-
américaine de l’ouvrage. Il a retrouvé
la scène de Covent Garden avec The
Midsummer Marriage de Sir Michael
Tippett et a fait l’ouverture du Festival
de Bergen (norvège) dans le rôle-titre
d’Œdipus Rex de Stravinski, qu’il a
repris au Festival Bard (État de new
York). Gordon Gietz a interprété le
Chœur masculin du Rape of Lucretia
de Britten à Reggio Emilia puis au
Mai Musical Florentin. Il a récemment
participé au Festival d’Opéra de
Québec dans La Damnation de Faust
de Berlioz mise en scène par Robert
Lepage. Son répertoire comprend
également le rôle de Steva dans
Jenufa, interprété au Grand Théâtre
de Genève, au Châtelet et au Teatro
Real de Madrid ; le rôle-titre des
Contes d’Hoffmann à Marseille,
Montréal, Amsterdam et Rotterdam ;
Pinkerton dans Madame Butterfly
à l’Opéra de Hamilton (Canada) ;
le Don José de Carmen à Montréal,
Birmingham et Lille, ainsi que Béatrice
et Bénédict de Berlioz avec l’Orchestre
Philharmonique de new York,
l’Orchestre du Capitole de Toulouse,
le Teatro Comunale de Bologne et
l’Opéra de Santa Fe. Le public du
Metropolitan Opera de new York a pu
le voir incarner le rôle principal du Nez
de Chostakovitch dans une nouvelle
production du metteur en scène et
plasticien William Kentridge sous la
direction musicale de Valery Gergiev.
Pierre Strauch
né en 1958, Pierre Strauch étudie le
violoncelle auprès de Jean Deplace,
remporte le Concours Rostropovitch
de La Rochelle en 1977 et entre
à l’Ensemble intercontemporain
l’année suivante. Il crée, interprète
et enregistre de nombreuses œuvres
du XXe siècle de compositeurs tels
que Iannis Xenakis, Luciano Berio,
Bernd Alois Zimmermann ou Olivier
Messiaen. Il crée à Paris Time and
Motion Study II de Brian Ferneyhough
et Ritorno degli Snovidenia de
Luciano Berio. Présenter, analyser,
transmettre sont les moteurs de son
activité de pédagogue et de chef
d’orchestre. Son intense activité de
compositeur l’amène à écrire des
pièces solistes, pour ensembles de
chambre (La Folie de Jocelin, Preludio
imaginario, Faute d’un royaume pour
violon solo et sept instruments, Deux
Portraits pour cinq altos, Trois Odes
funèbres pour cinq instruments,
Quatre Miniatures pour violoncelle
et piano), ainsi que des œuvres
vocales (Impromptu acrostiche pour
mezzo-soprano et trois instruments,
La Beauté (Excès) pour trois voix
féminines et huit instruments).
L’Ensemble intercontemporain
lui commande une pièce pour
quinze instruments, La Escalera del
dragón (In memoriam Julio Cortázar)
dont la création a été assurée en
2004 par Jonathan nott. Avec les
compositeurs Diogène Rivas et
Antonio Pileggi, il est le cofondateur
du Festival A Tempo de Caracas.
Ensemble intercontemporain
Créé par Pierre Boulez en 1976 avec
l’appui de Michel Guy (alors secrétaire
d’État à la Culture) et la collaboration
de nicholas Snowman, l’Ensemble
intercontemporain réunit 31 solistes
partageant une même passion pour
la musique du XXe siècle à aujourd’hui.
Constitués en groupe permanent, ils
participent aux missions de diffusion,
de transmission et de création fixées
dans les statuts de l’Ensemble.
Placés sous la direction musicale
du compositeur et chef d’orchestre
Matthias Pintscher depuis septembre
2013 (succédant ainsi à Susanna
Mälkki, directrice musicale de 2006 à
juillet 2013), ils collaborent, au côté
des compositeurs, à l’exploration
des techniques instrumentales ainsi
qu’à des projets associant musique,
danse, théâtre, cinéma, vidéo et
arts plastiques. Chaque année,
l’Ensemble commande et joue de
nouvelles œuvres, qui viennent
enrichir son répertoire et s’ajouter
aux chefs-d’œuvre du XXe siècle.
En collaboration avec l’Institut
de Recherche et Coordination
Acoustique/Musique (Ircam),
l’Ensemble intercontemporain
participe à des projets incluant des
18
nouvelles techniques de génération
du son. Les spectacles musicaux
pour le jeune public, les activités de
formation des jeunes instrumentistes,
chefs d’orchestre et compositeurs
ainsi que les nombreuses actions
de sensibilisation des publics
traduisent un engagement profond
et internationalement reconnu au
service de la transmission et de
l’éducation musicale. Depuis 2004,
les solistes de l’Ensemble participent
en tant que tuteurs à la Lucerne
Festival Academy, session annuelle
de formation de plusieurs semaines
pour des jeunes instrumentistes,
chefs d’orchestre et compositeurs du
monde entier. En résidence à la Cité
de la musique (Paris) depuis 1995,
l’Ensemble se produit et enregistre en
France et à l’étranger où il est invité
par de grands festivals internationaux.
Financé par le ministère de la Culture
et de la Communication, l’Ensemble
reçoit également le soutien de la Ville
de Paris. L’Ensemble intercontemporain
a été reconnu « Ambassadeur
culturel européen » en 2012 par
la Commission Européenne.
Flûtes
Sophie Cherrier
Emmanuelle Ophèle
Hautbois
Philippe Grauvogel
Didier Pateau
Clarinettes
Jérôme Comte
Alain Damiens
Clarinette basse
Alain Billard
Bassons
Pascal Gallois
Paul Riveaux
Cors
Jens McManama
Jean-Christophe Vervoitte
Trompette
Jean-Jacques Gaudon
Clément Saunier
Trombones
Jérôme naulais
Benny Sluchin
Percussions
Gilles Durot
Samuel Favre
Victor Hanna
Piano
Hidéki nagano
Harpe
Frédérique Cambreling
Violons
Jeanne-Marie Conquer
Hae-Sun Kang
Diégo Tosi
Altos
Odile Auboin
Grégoire Simon
Violoncelle
Pierre Strauch
Contrebasse
nicolas Crosse
Chef assistant
Julien Leroy
Musiciens supplémentaires
Tuba
Fabien Wallerand
Violon
André Pons-Valdès
Violoncelle
Alexis Descharmes
Ircam
Institut de recherche et coordination
acoustique/musique
L’Institut de recherche et coordination
acoustique/musique est aujourd’hui
l’un des plus grands centres de
recherche publique au monde se
consacrant à la création musicale
et à la recherche scientifique. Lieu
unique où convergent la prospective
artistique et l’innovation scientifique
et technologique, l’institut est dirigé
depuis 2006 par Frank Madlener,
et réunit plus de cent soixante
collaborateurs. L’Ircam développe
ses trois axes principaux – création,
recherche, transmission – au cours
d’une saison parisienne, de tournées
en France et à l’étranger et d’un
nouveau rendez-vous initié en
juin 2012, ManiFeste, qui allie un
festival international et une académie
pluridisciplinaire. Fondé par Pierre
Boulez, l’Ircam est associé au Centre
Pompidou sous la tutelle du ministère
de la Culture et de la Communication.
19
Soutenue institutionnellement et,
dès son origine, par le ministère de
la Culture et de la Communication,
l’Unité mixte de recherche STMS
(Sciences et technologies de la
musique et du son), hébergée par
l’Ircam, bénéficie de la tutelle du
CnRS et, depuis 2010, de celle de
l’université Pierre et Marie Curie.
Gilbert Nouno
Gilbert nouno est compositeur,
réalisateur artistique et chercheur
associé à l’Ircam. Il est lauréat
de la Villa Médicis, Académie de
France à Rome en 2011, et de la
Villa Kujoyama à Kyoto en 2007. Sa
musique s’inspire des arts visuels et
des technologies numériques dans
une forme ouverte de composition
entre écriture et improvisation.
Docteur en informatique et en
intelligence artificielle, il mène
des recherches sur les interactions
temporelles homme-machine.
Son parcours est jalonné de
nombreuses rencontres artistiques
dont Steve Coleman, Susan Buirge,
Jonathan Harvey, Pierre Boulez.
Carl Faia
Carl Faia a étudié la composition
à l’Université de Californie à Santa
Barbara et à la Royal Academy of
Music au Danemark avec une bourse
Fulbright. Depuis 1995, il est actif
en tant que live electronics designer
ou RIM (Réalisateur en Informatique
Musicale), travaillant à l’Ircam
à Paris, au CIRM à nice, puis comme
artiste musicien et compositeur
indépendant. Il a collaboré avec de
nombreux compositeurs et artistes
pour présenter de nouvelles œuvres
avec électronique et ordinateur
dans des festivals à travers l’Europe.
Il travaille régulièrement avec
Art Zoyd Studios en France et il
enseigne les sonic arts à l’Université
de Brunel à Londres depuis 2009.
Concert enregistré par France Musique
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no 757
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Éditeur : Hugues de Saint Simon | Rédacteur en chef : Pascal Huynh | Rédactrices : Véronique Brindeau et Gaëlle Plasseraud | Graphiste : Ariane Fermont
Et aussi…
> CONCERTS
MERCREDI 30 OCTOBRE, 20H
Arnold SchönbergLa Nuit transfiguréeSamuel BarberConcerto pour violonDmitri ChostakovitchSymphonie n° 9
Chamber Orchestra of EuropeJaap van Zweden, directionHilary Hahn, violon
MARDI 19 NOVEMBRE, 20H
Johann Sebastian BachConcerto pour piano n° 5Ludwig van BeethovenSymphonie n° 4Wiltold LutoslawskiMusique funèbreLudwig van BeethovenConcerto pour piano n° 3
Münchener KammerorchesterAlexander Liebreich, directionAlexandre Tharaud, piano
> MÉDIATHÈQUE
En écho à ce concert, nous vous proposons…
> Sur le site internet http://mediatheque.cite-musique.fr
… de regarder un extrait vidéo dans les « Concerts » :Towards Osiris de Matthias Pintscher par l’Ensemble intercontemporain, Pierre Boulez (direction), enregistré à la Salle Pleyel en 2007
… d’écouter un extrait audio dans les « Concerts » :Sonate de Bernd Alois Zimmermann par les Solistes de l’Ensemble intercontemporain, enregistré à la Cité de la musique en 2003 • Fuga d’Anton Webern par l’Orchestre du Conservatoire de Paris, Michael Gielen (direction), enregistré à la Cité de la musique en 2002
(Les concerts sont accessibles dans leur
intégralité à la Médiathèque de la Cité de la
musique.)
… de regarder dans les « Dossiers pédagogiques » :La musique allemande après 1945 dans les « Repères musicologiques »
> À LA MÉDIATHÈQUE
… de lire :Anton von Webern de Alain Galliari • Jonathan Harvey de Arnold Whittall • Bernd Alois Zimmermann de Wulf Konold
> WEEK-END TURBULENCES
Pascal DusapinChemins de traverse
VENDREDI 18 OCTOBRE, 20H
Giacinto ScelsiOkanagonJohannes OckeghemMotet « Intemerata Dei Mater »Edgar VarèseIntégralesRobert MortonChanson « L’Homme armé »Pierre de La RueMesse « L’Homme armé » : Agnus DeiIannis XenakisThalleinJosquin DesprezMotet « Christus Mortuus est pro nobis »Jean RichafortMesse de requiem (in memoriam Josquin Desprez)Samy MoussaKammerkonzertAntoine BrumelMesse à six voixPascal DusapinJetzt genau!
Ensemble intercontemporainCapilla FlamencaPeter Rundel, directionSébastien Vichard, piano
SAMEDI 19 OCTOBRE, 17H30
Conférence : « La musique du cerveau : du bruit qui pense ? »
Franco DonatoniLumen
Solistes de l’Ensemble intercontemporainJulien Leroy, directionStanislas Dehaene, chercheur en psychologie cognitivePascal Dusapin, compositeur
DIMANCHE 20 OCTOBRE 2013, 16H30
Autour de Samuel Beckett
Pascal DusapinQuadMorton FeldmanFor Samuel Beckett
Ensemble intercontemporainPeter Rundel, directionHae-Sun Kang, violon