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DOSSIER N°90 SUPPLY CHAIN MAGAZINE - DÉCEMBRE 2014 62 M obilité et T raçabilité Smartphones et tablettes changent la donne ©HUB ONE ©ZEBRA TECHNOLOGIES Les smartphones et tablettes arrivent, apportant de nouvelles possibilités et bousculant nos habitudes. Sous l’impulsion du matériel grand public, le maté- riel professionnel évolue à son tour, entraînant dans son sillage de nouvelles applications et modifiant les usages. Ces nouveaux outils vont-ils supplanter ou compléter l’offre existante ? C ela a commencé par les télé- phones, qui sont devenus « intel- ligents » en se dotant de capacités de mémoire et de processeurs de plus en plus puissants. Apple, Research In Motion (BlackBerry) et bientôt Microsoft et Google se sont engouffrés dans la brèche et empressés d’ex- ploiter les possibilités offertes par ces nouveaux « devices », ou appareils en français. Et si Micro- soft est rapidement devenu la référence des sys- tèmes d’exploitation des PDA (terminaux de lecture professionnels) avec Windows CE, puis Windows Embeded, la tendance s’est aujourd’hui renversée à la faveur d’Android. Racheté par Goo- gle en 2005, soit deux ans seulement après sa création, ce système d’exploitation (OS), est basé sur un noyau Linux, donc open source. Cela explique pourquoi les développeurs d’applications et de logiciels, notamment professionnels, ont jeté leur dévolu sur cette solution synonyme de liberté de mouvement. « Windows CE n’évolue plus et n’est plus supporté, voilà pourquoi les gens se

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Les smartphones et tablettes arrivent, apportant denouvelles possibilités et bousculant nos habitudes.Sous l’impulsion du matériel grand public, le maté-riel professionnel évolue à son tour, entraînant dansson sillage de nouvelles applications et modifiant lesusages. Ces nouveaux outils vont-ils supplanter oucompléter l’offre existante ?

Cela a commencé par les télé-phones, qui sont devenus « intel-ligents » en se dotant de capacitésde mémoire et de processeurs deplus en plus puissants. Apple,Research In Motion (BlackBerry)et bientôt Microsoft et Google se

sont engouffrés dans la brèche et empressés d’ex-ploiter les possibilités offertes par ces nouveaux« devices », ou appareils en français. Et si Micro-soft est rapidement devenu la référence des sys-tèmes d’exploitation des PDA (terminaux delecture professionnels) avec Windows CE, puisWindows Embeded, la tendance s’est aujourd’huirenversée à la faveur d’Android. Racheté par Goo-gle en 2005, soit deux ans seulement après sacréation, ce système d’exploitation (OS), est basésur un noyau Linux, donc open source. Celaexplique pourquoi les développeurs d’applicationset de logiciels, notamment professionnels, ont jetéleur dévolu sur cette solution synonyme de libertéde mouvement. « Windows CE n’évolue plus etn’est plus supporté, voilà pourquoi les gens se

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Patrice Bélie, DirecteurGénérald’Hub One

tournent massivement vers Android », avanceDavid Oger, DG d’Atrium. Mi-2014, Android étaitle deuxième OS le plus vendu en France sursmartphone grand public avec 40 % de part demarché, selon le Journal du Net, se rapprochant àgrande vitesse d’iOS (Apple). Au niveau mondial,selon PC World, Android se taille la part du lionavec 84% de part de marché contre 12 % pouriOS, Microsoft et BlackBerry ne récupérant queles miettes, avec à peine 3 % de ventes combi-nées. Cette guerre des systèmes d’exploitation aentraîné un véritable bon en avant de leurs per-formances, de plus en plus d’entreprises considé-rant désormais les smartphones comme un outilpotentiel de travail.

Le matériel grand public au travail ?Le matériel dit « grand public », généralement demarque Apple ou Samsung, commence en effet àtrouver sa place dans les milieux professionnelsplutôt de type non industriels, comme le retail,notamment chez Darty qui a équipé ses vendeursde « phablettes » à écrans de 5,5 pouces, soit la

taille intermédiaire entre le téléphone et latablette. Mais au-delà des boutiques chauffées etmoquettées, l’usage de tels outils semble plusmodéré. « Les smartphones et tablettes permettentd’afficher davantage d’informations, apportant lamobilité aux fonctions support, telles que les ges-tionnaires de stocks ou les superviseurs de flux, etmanagériales », estime Fabien Gaide, Consultantchez Kurt Salmon. « Le smartphone et la tablettearrivent sur certaines fonctions et situations, oùl’on a une image à projeter et quand on souhaitemaximiser les chances d’adoption. L’adoption,c’est la clef », confirme Patrice Bélie, DG d’HubOne. Si le matériel grand public n’est pas apte à remplacer le durci dans les entrepôts, il estaujourd’hui à la source d’une véritable mutationdes gammes des constructeurs. « L’intuitivité etl’ergonomie des nouvelles applications procurentune plus grande facilité de prise en main, préciseMichel Lachkar, Associé chez Kurt Salmon, lesoutils professionnels et grand public se rappro-chent aussi bien dans le mode de fonctionnementque dans le form factor avec pour effet le décloi-

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sonnement du back et du front office. A chaquefonction correspond un type de terminal, l’enjeupour les constructeurs est d’avoir une gammecomplète. » Au dire des constructeurs, le matérielgrand public ne pourrait servir que de matérield’appoint, le milieu professionnel, et en particu-lier celui de la logistique, étant trop exigeant.Mais cela ne les empêche pas d’étudier la ques-tion pour autant …

Vers la fin du PDA ?Les constructeurs ont en effet bien compris ledésir des utilisateurs, notamment des plus jeunes,de disposer de terminaux interactifs et tactilesmais aussi celui des entreprises de satisfaire leursemployés, tout en leur fournissant un matérielrésistant. Et ils se sont mis à y répondre. « Lesnouvelles gammes des constructeurs sont orien-tées autour de la possibilité de communiquer »,assure Stefano Friscia, DG de Norcod. Aussiassiste-t-on à une évolution rapide de leursgammes de produits, les traditionnels PDA étantmis à la page. Il y a bientôt deux ans déjà, Honey-well présentait le Dolphin Black, l’un des tout pre-miers « smartphones durcis » du marché. Dans lemême temps, Motorola Solutions faisait évoluerle MC 40 vers le TC 55, plus fin et plus smart-phone, « le premier durci à embarquer Android »,souligne Goneri Le Coustumer, T&L SeniorAccount Manager chez Zebra Technologies. Suitelogique de cette évolution, le TC 70, véritablesmartphone durci, vient de sortir. Mais attention,il est désormais estampillé Symbol, Zebra n’étantplus autorisé à utiliser le nom pour bien long-temps. Ainsi, toutes les marques se mettent à pro-poser ce genre d’outils, avec des options de choixde clavier et d’OS. C’est le cas du Casio IT-G500qui dispose de série d’un clavier à touche et d’untactile, et de Symbol : « Il y a deux ans, nousavons fait choix d’avoir un double OS sur un cer-tain nombre de produits, notamment dans le Pointof Sale avec le MC 67, disponible sous Android et

Windows », rappelle Goneri Le Coustumer. Carcertaines entreprises ont encore d’importantesflottes équipées en Windows et changer d’OScoûte cher. Cela requiert en effet de réécrire toutesles applications. « Beaucoup de choses sont àréécrire en ce moment, c’est positif pour nousintégrateurs ! », atteste Pascal Llorca, DG de WIIO,intégrateur situé à Aix-en-Provence. Quant auxtablettes, Panasonic et Arbor Technologies, parmiles premiers acteurs sur ce créneau, en proposentdéjà depuis de nombreuses années.

Nouveaux outils, nouveaux usagesDans l’entrepôt, les nouvelles solutions technolo-giques se bousculent : smartphones durcis, sys-tèmes « wearable », tablettes, vocal, vocal vest,réalité augmentée… chacun y va de sa recettepour améliorer la performance logistique (voirencadré p.68). Très pratiques avec de grandsécrans, les tablettes ont le vent en poupe et élar-gissent le champ des possibles. La société ITinsella d’ailleurs conçu Overship, un logiciel pouvant,à partir d’une tablette, éditer une étiquette, mesu-rer le temps total de la préparation de commandesainsi que leur état d’avancement ou encore émet-tre des bordereaux de livraison. Les éditeurs deWMS n’ont pas non plus tardé à saisir l’intérêt de ces outils et proposent, soit en émulation, soiten client embarqué, leur logiciel en version« mobile ». C’est le cas notamment de GRN Logis-tic (voir encadré Groupe Sterenn p.69) dont lemodule de préparation de commande a été conçudès l’origine pour exploiter les capacités d’affi-chage des tablettes et améliorer la qualité du tra-vail des préparateurs. D’autres fonctions peuventégalement bénéficier de ces nouveaux outils : « Enentrepôt, avec le module « Labor Management »du WMS, nous avons créé un outil de gestionoffrant aux managers la mobilité, révèle HenriSeroux, Managing Director Continental Europechez Manhattan Associates. Avec cet outil, lesmanagers peuvent tout contrôler à distance. Ils

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Stefano Friscia,DirecteurGénéral de Norcod

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Jean-DanielChennevière, Product ManagerWMS G.O.L.D.de SymphonyEYC France

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savent quels opérateurs sont au travail à un ins-tant T, ce qu’ils font, quelles sont leurs compé-tences, etc. Cela permet un management plusrapproché, plus précis et plus efficace. C’est unoutil multi-site, connecté. Il peut comparer lesperformances d’un site par rapport aux autres,permet de travailler en anticipation du besoin dulendemain, notamment pendant les temps detransport (dans l’avion, le train). C’est un outil depilotage des ressources », explique-t-il.

Mobilité dans le Retail…Un mouvement similaire s’opère dans le domainedu magasin. « 80 % de notre activité provient duretail », témoigne Stefano Friscia. S’appuyant surces nouveaux outils de mobilité, le vendeurdevient aussi démonstrateur, préparateur de com-mandes ou encore gestionnaire de stock. Gérer endirect le réapprovisionnement en magasin estd’ailleurs ce qui a poussé Syslife à créer une ver-sion tablette et accessible en mode SaaS de sonlogiciel Adexio. Elle offre ainsi aux responsablesla liberté de définir leur besoin directement enrayons plutôt que derrière leur PC, tout en contrô-lant visuellement le niveau des stocks sur étagère.« Le rôle du magasin s’élargit avec le cross-canal

et se complexifie, estime Henri Seroux, Avec leclick & collect, des commandes venues du websont routées vers lui. Le magasin doit préparer des commandes, en expédier certaines, contrôler etmettre à jour le stock… tout cela est rendu possi-ble grâce aux nouveaux outils. D’autre part, cesdevices tendent à rééquilibrer les forces entreclients et vendeurs. » En effet, avec de tels outilsconnectés en 4G et capables notamment de scan-ner des codes-barres 1D et 2D le plus souvent, levendeur est aujourd’hui capable de consulter sonstock, celui des autres boutiques de l’enseigne, depasser une commande et même de l’encaisser

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directement sur sa tablette. « L’encaissementmobile arrive, confirme Patrice Bélie. Nous ledéployons en magasin, notamment pour unemarque de luxe et dans des environnements plusexigeants, par exemple dans les trains. Cela per-met d’augmenter la surface de vente en suppri-mant les caisses et surtout de sécuriser la vente,en évitant la déperdition entre le moment où l’onclôture la vente et le passage en caisse », souligne-t-il. Symphony EYC a également conçu la solu-tion G.O.L.D. Store Mobility pour être capabled’effectuer toutes ces tâches, et ce de façon intui-tive. « Les applications G.O.L.D. Mobility sont uti-lisables sur tous types de mobiles (PDA, smart-phones, tablettes) et tous types d’OS. Intuitives etergonomiques, elles nécessitent un minimum deformation, et permettent ainsi au personnel degagner rapidement en productivité, en autonomieet en polyvalence. Utilisant la mémoire du mobile,elles offrent la possibilité d’interrompre une actionpour en effectuer d’autres, et de reprendre ensuitel’action précédente au point où on l’avait laissée »,relate Jean-Daniel Chennevière, Product ManagerWMS G.O.L.D. de Symphony EYC France.

… et dans le transportAu-delà de l’informatique embarquée et connec-tée aux ordinateurs des camions, le monde dutransport pourrait également tirer profit des solu-tions de mobilités désormais à portée de main. Undétail qui n’a pas échappé à l’éditeur parisien DDSLogistics. « La sous-traitance en cascade est unproblème dans le transport. Le dernier maillon estsouvent un petit transporteur qui a peu de moyenset n’a pas forcément de PDA. Par contre, la plu-part des chauffeurs ont un smartphone, surtouten Asie où le taux d’équipement est très supérieurà ce que nous connaissons chez nous. Il y a deuxans, nous avons commencé à ressentir unedemande de la part des chargeurs qui souhaitaientobtenir une remontée d’informations en direct etpouvoir communiquer avec les chauffeurs. Nous

avons donc développé DDS Mobile Tracking à ceteffet. L’application est disponible sur iOS etAndroid, explique Jérôme Bour, Président de DDSLogistics. Et les managers n’ont pas été oubliés :Le module DDS Dashboard concerne la partiedécisionnelle. Un acheteur de transport peut s’yconnecter via un portail web et analyser la per-formance de ses transporteurs où qu’ils soient,tant qu’ils disposent d’une tablette. » A en croireStefano Friscia, si la plupart des transporteursréclament encore des PDA, certains se laissentséduire par les nouvelles technologies. « Noussommes en train d’équiper de notre tablette desflottes de transporteurs en coopération avec Tom-Tom Telematics. Il s’agit de combiner les fonctionsde navigation, d’envoi de preuve de livraison,d’acceptation des commandes etc. » dépeintEmmanuel Moulin, Responsable Comptes Clé deCasio France.

Autres cas d’usage« Nous équipons également des commerciaux, desservices de maintenance à travers notre partena-riat avec Hub One, des hôpitaux pour le suivi despatients et la commande de nourriture… Leschamps d’application sont vastes », ajoute Emma-nuel Moulin. La maintenance en milieu aéropor-tuaire est un domaine qu’Hub One, en tant quesociété du groupe Aéroports de Paris, connaîtbien. « La tablette et la 4G, que nous pensonsdéployer notamment dans le domaine aéropor-tuaire, changent la donne. Cela ouvre de nouveauxcas d’usage avec de la vidéo en temps réel et destemps de latence très réduits. C’est très utile surles fonctions de maintenance par exemple et pro-cure des gains de temps énormes. La 4G profes-sionnelle (« PMR ») permet aussi de consulter unréseau de plusieurs appareils en même temps,voire plusieurs vidéos en même temps. La 4G estune vraie révolution. Les outils n’ont pas finid’évoluer et nous n’avons encore rien vu en termesde mobilité. La capacité de transmission de flux de

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données en temps réel devient impressionnante »,observe Patrice Bélie. Enfin, les douaniers recou-rent eux aussi aux tablettes pour contrôler les fluximports/exports et vérifier l’authenticité des pro-duits. Mis en place 2011 en version statique (PC)avec le soutien de GS1, l’IPM (Interface publicmonde) est une énorme base de données au service de l’ODM, Organisation Mondiale desDouanes. Elle est disponible en version mobiledepuis 2014. « IPM est une application compati-ble iOS et Android et réservée aux autorités doua-nières, indique Nicolas Pauvre, Chef de projetchez GS1 France. L’objectif d’IPM est de renforcerla coopération internationale entre douaniers etles marques victimes de contrefaçon. L’outil estgratuit mais les autorités doivent équiper leursagents d’un smartphone ou d’une tablette pourl’utiliser, ce qui n’est pas toujours le cas, même enFrance. Aujourd’hui encore, les contrôles doua-niers doivent être améliorés. L’application donneaccès à des données descriptives sur les mar-chandises pendant leur inspection. L’agent scanneles codes-barres et accède à des données fiables, àdes fiches produit qu’il compare alors avec lamarchandise qu’il a entre les mains. » Tesa Scri-bos, société allemande spécialisée dans les solu-

tions anti-contrefaçon, a d’ailleurs développé uneapplication tous publics qui, une fois l’étiquettescannée (sorte de passeport unique de chaque pro-duit, conçue en interne également), renvoie surun site mobile lié à la base IMP et permet d’au-thentifier chaque produit. Aussi bien les consom-mateurs que les distributeurs peuvent bénéficierde cette innovation et s’assurer de l’origine desproduits dès leur réception. Les applications ne manquent pas et il y a fort àparier que ces nouveaux terminaux inspirés dugrand public vont continuer à se frayer un che-min dans le milieu professionnel. ■

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En entrepôt : quelle solutionpour optimiser ses opérations ?

Selon un livre blanc récemment publié parMotorola Solutions, les opérations de pickinget de réassort constitueraient jusqu’à 70 % des

coûts opérationnels des entrepôts. Dans ces condi-tions, il paraît logique que les Directeurs logistiquesrecherchent activement la manière d’augmenterl’efficacité de leurs opérations, aussi bien en termesde rapidité que de qualité. Le PDA traditionnel nerégnant plus en maître incontesté sur le monde de la logistique, différents choix technologiques s’offrent désormais aux décideurs, à commencerpar le vocal. « Le passage au vocal est essentiel enterme de productivité en entrepôt. Il fait gagner15 % de productivité : nous l’avons démontré. Jepense qu’à l’avenir, nous verrons moins de PDA etdavantage de vocal », songe Patrice Bélie, DG del’intégrateur Hub One qui a développé son propresystème VoiXtreme 360 et déploie également lasolution de Vocollect. Tout comme ce dernier, l’édi-teur Symphony EYC propose la Vocal Vest, un outilconçu par ID Services qui libère non seulement lesmains de l’utilisateur mais s’affranchit aussi ducasque, les haut-parleurs et le micro étant incor-porés à la veste. Celle-ci est par ailleurs indépen-dante de l’appareil choisi et accueille volontiers unsmartphone. Pour Stefano Friscia, DG chez Nor-cod, si le vocal apporte des gains de productivitéindéniables, il ne constitue pas pour autant unesolution idéale au point de supplanter toutes lesautres : « Les nouvelles générations de terminaux

sont nativement ouvertes au vocal, il suffit d’ins-taller l’application, c’est simple et efficace. Parcontre, cela ne convient pas encore à toutes lesfonctions et peut paraître socialement moins valo-risant qu’une tablette. L’opérateur devient un peuun robot et c’est parfois perçu comme étant abru-tissant », témoigne-t-il. « En fait, en paramétrantcorrectement l’outil, l’opérateur l’utilise sommetoute assez peu », rétorque Chris Heslop, RegionalManager EMEA de Vocollect Solutions. « Celarequiert en amont un audit précis de la situation del’utilisateur. D’autre part, le vocal a considérable-ment évolué depuis ses débuts et ne cesse de s’amé-liorer. Les dernières versions que nous proposonssont équipées de filtres anti bruit (soundsense) pouréviter les validations intempestives, et d’une voixvraiment humaine », poursuit-il. « Le vocal estd’autant mieux accepté qu’il est bien préparé, ren-chérit Pascal Llorca, DG de l’intégrateur WIIO, ilfaut former les utilisateurs sur l’intérêt de la solu-tion pour qu’elle ne soit pas vue comme un instru-ment de flicage. On peut éventuellement réfléchir àun système d’intéressement sur la productivité.Comme ça peut être répétitif et fatigant, nous ajou-tons un écran et une bague de scan, limitant ainsiles interactions vocales ».

Les alternativesLes écrans, justement, surtout les tablettes, se veu-lent une vraie alternative au vocal. Capables d’af-ficher un grand nombre d’informations détailléescomme par exemple la couleur de l’article à préle-ver, elles contribuent davantage à réduire le tauxd’erreur qu’à maximiser la productivité. « Nouséquipons des entrepôts avec notre WMS Morpheusinstallé sur tablettes durcies JLT Computers,nuance toutefois Laurent Gourdon, PDG de l’édi-teur GRN Logistic. L’opérateur n’est plus guidé versl’emplacement, il voit sur l’écran le dessin de lazone et le WMS indique visuellement où se trouvel’article. Un opérateur peut aussi travailler simul-tanément avec trois transstockeurs ou tours destockage et traiter jusqu’à 2.000 lignes de com-mandes par jour », affirme-t-il. Pour FabienGaide, Consultant chez Kurt Salmon, la solutiond’avenir pourrait être toute autre. « Il est vrai queles tablettes permettent d’afficher plus d’infor-mation, mais tout le monde n’en a pas besoin.Cela dépend des fonctions. A mon sens, la pro-chaine grande révolution en entrepôt sera la réa-lité augmentée ». ■ PM

Chris Heslop,Regional Manager EMEAde Vocollect Solutions

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Gérald Jehanin,Direction Logistique du Groupe Sterenn

« La tablette est beaucoup plus valorisante »

Le groupe Sterenn, situé àLa Lezière, près de Rennes,est un grossiste en piècesdétachées pour les engins agricoles, motoculteur deplaisance et l’industrie. Ilcompte 100.000 référencesstockées sur un entrepôtde 22.000 m², équipé det ro i s t ranss tockeurs e t 40 armoires rotatives, la préparation de commandesétant effectuée par descaristes équipés de tablettesJLT Computers Verso12’’

embarquées. « Nous avons acquis la solution Morpheusen 2008. Le WMS de GRN Logistic pilote l’ensembledes flux de réception, de préparation de commande etd’expédition. Jusqu’en avril dernier, les préparateurs uti-lisaient des pistolets RF de marque Symbol. L’écran étaittrop petit, le terminal ne servait qu’à flasher la clef depause et confirmer la prise. Les utilisateurs travaillaientessentiellement sur papier, le process était lent et il yavait parfois des écarts entre les informations flashées etcelles indiquées sur le papier. Depuis, nous utilisons lestablettes tactiles JLT, directement montées sur chariot etéquipées de douchettes de scan. Nous étions relative-ment fiables, mais sommes tout de même passé de cinqerreurs pour 1.000 lignes auparavant à une seule. Nousavons gagné en confort de travail avec les tablettes 12’’.L’écran est très large, plus intéressant à lire, les informa-tions sont plus faciles à retrouver, on voit l’ensemble deslignes de préparation, on a une vision 3D de l’emplace-ment picking, la photo produit… En plus de la qualité,nous avons gagné 20 % en productivité ».

Pourquoi pas une solution vocale ? « J’ai songé au vocal mais j’ai lu un certain nombre deretours d’expérience négatifs à ce sujet. Je pense qu’ilne faut pas prendre l’opérateur pour une machine, çale déresponsabilise. La présence d’une voix dans lecasque pendant 8 h représente une fatigue à la fin de lajournée et cela peut avoir un effet sur la fiabilité. Enfin,il y a le problème des clefs de pose. On doit les fairetourner car les opérateurs les annoncent avant d’arriverau lieu de picking, ce qui ne sert plus à rien. La tabletteest beaucoup plus valorisante, c’est très novateur, ils ensont très contents. Les opérateurs se sont impliqués dansle projet. Ils ont été de conseil, ont demandé à modifierl’ergonomie, ce que GRN Logistic a fait sans difficulté. Lamise en place a duré deux mois et les opérateurs ontété formés en 4 h. Par rapport à l’utilisation de PDA, iln’y a plus de déplacements entre différents écrans, c’estplus simple. Interagir avec une tablette est plus agréableque de parler à une machine toute la journée. Mes opé-rateurs qui ont travaillé sur du vocal ne souhaitent pasrevenir en arrière. Par contre, je ne mettrais pas un iPaddans mon entrepôt ». ■

PROPOS RECUEILLIS PAR PIERRE MONCEAUX

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To B or not to BYOD1 ?Au 2e trimestre 2014, 53,4 % des Français étaient

équipés d’un smartphone selon la Mobile Marke-ting Association. Un chiffre qui grimpe à 79,2 %

pour les 15-24 ans, selon le site eco-conscient.com. Lessmartphones étant désormais équipés de processeursaussi puissants que les PDA (environ 4 Ghz pour lesmeilleurs), il n’est pas surprenant de les voir débarqueren milieu professionnel. Et ce n’est peut-être que ledébut : à l’été 2014, Apple et IBM ont signé un partena-riat pour développer ensemble des applications spéci-fiques dédiées aux professionnels visant à « redéfinir lafaçon d’accomplir le travail ». Dès lors se pose la ques-tion d’embrasser ou non cette tendance, de trancherentre praticité et sécurité, chacun choisissant son campet défendant ses intérêts. « BYOD et réseau social, notam-ment intra-entreprise, sont de nouvelles pratiques quivont de pair avec la génération Y, estime Cédric Cibot-Voisin, Country Manager France de l’éditeur de solutionsde gestion de services IT EasyVista. Les gens ont des por-tables qui ne sont pas sécurisés mais on ne peut pas lesempêcher de les utiliser au travail. Il faut donc le pro-mouvoir en proposant des solutions. Il n’est en effet pos-sible de contrôler l’accès aux données de l’entreprise quesi l’on encourage les utilisateurs à le faire de façon res-ponsable. Avec nos solutions, l’utilisateur peut enregis-trer son portable ou sa tablette auprès du service IT,lequel peut alors maîtriser et sécuriser l’usage des maté-riels et l’accès aux données sensibles », préconise-t-il. Lesmartphone, souvent fourni par les entreprises pour faireplaisir à leurs employés tout en exigeant une plus grandedisponibilité en retour, apporte à la fois mobilité et flexi-bilité sur le plan professionnel. Pour certains, cet outilest un gage d’intégration rapide des sous-traitants et tra-vailleurs saisonniers, leur téléphone devenant un outilde travail. « Particulièrement adapté aux activités ayantfréquemment recours au travail par intérim, le BYODpermet d’utiliser le smartphone de l’intérimaire quel qu’il

soit en y installant des applications professionnelles.C’est ce que permet de faire notre logiciel SymphonyWarehouse Mobility », témoigne Jean-Daniel Chenne-vière, Product Manager WMS G.O.L.D. de SymphonyEYC France. D’autres solutions comme DDS MobileTracking, sont aujourd’hui conçues nativement pourfonctionner sur smartphone, souvent indépendammentdes OS (systèmes d’exploitation). Pour autant, le BYODest loin de faire l’unanimité…

Bring your own… disaster« Je préfère parler de bring your own disaster, s’amuseEric de Greef, Business Manager EMEA Mobility chezHoneywell. Cela peut permettre dans certains cas degérer les périodes de pointe, mais qu’en est-il du partagedes données ? Ensuite, il faut regarder le total cost ofownership. Il y a un fort risque de casse dans le trans-port et la logistique, il faut donc prendre en compte lecoup de la panne et de l’immobilisation du matériel.Même pour un matériel moins cher au départ, le R.O.I.n’est pas toujours évident par rapport au terminaldurci », avise-t-il. « S’il s’agit de gérer les pics d’activité,le plus simple est encore de tourner en 2X8 ou 3X8, enchangeant la batterie si besoin, ainsi que le bandeau ducasque si vous utilisez du vocal, soutient Chris Heslop,Marketing Manager EMEA pour Vocollect. En effet, lemodule électronique contenant les micros filtreurs debruit, au cœur de la performance du casque BluetoothSRX2, est détachable de la partie hygiénique, ce qui per-met une utilisation partagée entre les utilisateurs et lespostes. Le bandeau ajustable est quant à lui propre àchacun, et représente un coût modeste », assure-t-il.Patrice Bélie, Directeur Général de l’intégrateur Hub One,accueille également l’utilisation du matériel personnelau travail avec une grande méfiance : « Le smartphoneest parfois utilisé dans le transport où il peut avoir unefonction de géolocalisation et de gestion de missions. Iln’est pas forcément souhaitable de multiplier les outilsdu chauffeur livreur qui doit avant tout scanner lespalettes. Dans le cas où il est imposé par une société quiveut diffuser sa solution propre comme un app storeauprès de ses sous-traitants, le problème pour l’éditeurdu TMS est la multiplication des OS car chaque télé-phone et chaque version d’OS se comporte différemmentavec chaque version de browser. Cela devient vite ingé-rable et pose un problème de communication et de visibilité. Quant à la gestion des pics saisonniers, lesmartphone n’est pas forcément la solution. Je pense quec’est à nous, sociétés de service, de réfléchir à une offresaisonnière pour nos clients qui n’ont pas intérêt à avoirune flotte dépareillée avec PDA et smartphones mais aucontraire une solution homogène qui monte en puissancequand on en a besoin », relève-t-il. A quand la locationde matériel pay-per-use ? ■ PM1 : BRING YOU OWN DEVICE©

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Eric de Greef, Business ManagerEMEA Mobilitychez Honeywell

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