synarchie financiere
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Solidarit et Progrs
12 rue Fernand Pelloutier
92110 Clichy
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contribution suggre : 5
Aprs les trente glorieuses
Synarchie financire
et drives fascistes
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Le jour viendra [] et peut-trebientt o il sera possible de faire lalumire sur les intrigues menes cheznous de 1933 1939 en faveur delAxe Rome-Berlin pour lui livrer ladomination de lEurope en dtruisantde nos propres mains tout ldice denos alliances et de nos amitis. Les
responsabilits des militaires franaisne peuvent se sparer sur ce point decelles des politiciens comme Laval, des
journalistes comme Brinon, des hommesdaaires comme ceux du Creusot, deshommes de main comme les agitateursdu 6 fvrier, mais si elles ne sont pas lesseules elles nen apparaissent que comme
plus dangereuses et plus coupables pourstre laiss entraner dans ce vaste
ensemble.
Marc Bloch, avril 1944
Table des matires
IntroductionCulture des gnrations natrecontre tradition synarchique p. 3
Synarchisme : une brve dnition p. 4
La synarchie nancirecontre la Rpublique p. 7
Lunion conomique et montaire europenneCes Franais qui ont ouvert lEuropeaux financiers anglo-amricains p. 15
Robert Marjolin, une vie au servicede loligarchie nancire anglo-amricaine p. 22
Alexandre Kojve, logique dempireet dialectique du matre-esclave p. 23
La Banque LazardLe capitalisme encanaillcontre les Trente Glorieuses p. 25
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Ce document nest ni une tude acadmique, ni ladnonciation impuissante dune force objectivement
invincible. Il aide au contraire voir les choses en faceet dnir une stratgie de combat, an de vaincre unennemi surtout fort de nos faiblesses.
Il sagit donc dun appel ne pas avoir peur, car silne faut pas masquer le mal qui rend malade le mondeactuel, cest condition dorir un remde - ecace etayant fait ses preuves - la maladie.
La synarchie, idologique et nancire, est uneralit historique. Nous en dcrivons ici les origineset les phases. En leur temps, Franklin DelanoRoosevelt et Charles de Gaulle lui portrent des
coups dcisifs. Contre un ordre de prdateurs et uneconception pessimiste de lhomme suivant laquellela guerre et le conit sont les tats naturels de sonexistence, ils jetrent, chacun de leur ct et malgrleurs dirences, les bases dune conomie au servicede ce qui est humain en lhomme, sa capacit decrer, de connatre, de comprendre et dexprimer sesdcouvertes de principes agissant sur la nature sousforme de technologies nouvelles, plus productives partte et par unit de surface.
Le New Deal, le Victory Program, puis le plan
pour un Global New Deal de Roosevelt, ainsi que lecombat de la France libre, le programme du Conseilnational de la Rsistance du 15 avril 1944 et laplanication indicative franaise, dailleurs inspirede llan rooseveltien, sont autant de rfrences pouraujourdhui. Il ne sagit en aucun cas dun retour enarrire, mais dun modle inspirateur pour combattrelordre no-libral et mondialiste actuel qui, lui, estbel et bien un retour en arrire vers le pillage nancieret le fodalisme.
Cest dans ce contexte, sachant que nos propositionspour un nouveau Bretton Woods et un Pont terrestreeurasiatique sont les portes de sortie dun systme
condamn, quil nous faut jauger la synarchie et sastratgie de tension.
Elle napparatra pas ainsi comme une fatalitde lhistoire, mais comme un mal qui sest rpandugrce la complicit et la soumission des dirigeantspolitiques, et la passivit de populations abtieset avilies par des mdias devenus de plus en plussemblables aux divertissements quorait Goebbels lAllemagne nazie pendant les annes de guerre.
En France, comme dailleurs en Suisse romande,nous avons dj t aux premires loges.
Cest en France que lidologie de Louis-Claudede Saint Martin (1743-1803), de Joseph de Maistre
(1753-1821), de Saint-Yves dAlveydre (1842-1909)et de bien dautres encore se dveloppa et stendit.Elle justie le pouvoir des hommes dautorit dansune vision contre-rvolutionnaire de lhistoire, aunom de toutes les traditions et de lordre socialcontre le changement et le progrs.
Promouvant le caractre destructeur de laRvolution franaise (ce mal ncessaire voulu par laProvidence , selon de Maistre) et le bonapartisme, andteindre le ambeau de la Rvolution amricaine enEurope et mener la France au dsastre, elle triompha
avec le Congrs de Vienne et la Sainte-Alliance. Lacarrire de Talleyrand est exemplaire de cette omelettesynarchique, toujours du ct de qui tient la pole etse retournant entre deux changements de rgime. A lan du XIXe sicle, la synarchie promut nouveau untat de guerre en Europe pour prvenir une rvolutionindustrielle et sociale. Comme elle avait reu, la ndu XVIIIe sicle, lappui de Lord Shelburne, elle reut partir de 1890 celui dEdouard VII, la stratgiebritannique tant de diviser pour rgner en jetant lesEtats europens les uns contre les autres. Aprs 1918,elle prit une forme beaucoup plus active : son objectiftait de raliser une rvolution par le haut pour
IntroductionCulture des gnrations natrecontre tradition synarchiquepar Jacques Cheminade
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la production, sous prtexte de doutes concernant larmunration dEmile Dewoitine. Le conit rebonditen 1940 ! Quoi quil en soit, lorsque, le 9 juin 1940, lecapitaine Stehlin, devenu commandant du groupe dechasse III/6, se rendit lusine Dewoitine Toulousepour y chercher les douze premiers Dewoitine 520de son groupe, il y trouva des dizaines davionsdisponibles, non attribus
Le comportement ultrieur, en 1940-1943, deceux qui savrrent si pitres gestionnaires de leortde guerre franais, et leur promotion sous la France deVichy, prouvent largement les suspicions que lon peutprouver leur gard. Nous avons donc un exempledun pass relativement rcent et particulirementparlant, qui nous claire sur le monde daujourdhui.
Il est clair que dans la guerre contre lIrak, commechez nous en 1938-1940, les rseaux ociels de
renseignement ont t court-circuits aux Etats-Unis.Deux rseaux nouveaux furent crs, pour fournir auparti de la guerre les informations quil attendait ! Ilsest agi dune part de lOce of Special Plans, crauprs du Pentagone et dirig par Abram Shulsky et
William J. Luti, et du Counter- Terrorism EvaluationGroup, cr par Douglas Feith. Ces deux units ontfourni directement leurs renseignements au vice-prsident Dick Cheney et son directeur de cabinet,Lewis Libby. Cest l, avec des informations truquesservies par les agents irakiens dAhmed Chalabi, et
souvent rchaues par les services de Tony Blair,que furent labors tous les mensonges straussiens justiant la guerre : prsence darmes de destructionmassive en Irak, mobilisables en 45 minutes, contratentre lIrak et le Niger pour la fourniture duranium,liens entre Saddam Hussein et Al-Qaida. Tout servla faux sauf la guerre, qui fut lance pour de vrai,au mpris de la Constitution amricaine, des rgles dudroit international et de lopinion mondiale.
Ce furent les services de Luti, inspirs par DouglasFeith et Lewis Libby, qui organisrent toute la
propagande contre la France, y compris la fable suivantlaquelle ce pays serait par nature antismite et quypasser des vacances impliquerait un risque pour destouristes juifs amricains.
Des actes antismites ont certes t commis enFrance, et il faut les combattre sans relche, maisleur source a plus t la politique provocatricedAriel Sharon et son appui quasi-systmatique parladministration Bush, quune quelconque traditionfranaise ou musulmane.
Prsenter ce dossier et armer ce que nous disonsnest en aucun cas faire preuve danti-amricanisme.Bien au contraire, cest Dick Cheney et ses protgsno-conservateurs qui trahissent lAmrique des presfondateurs, ce projet que les meilleurs Europenseurent dy crer une Rpublique. De leur propre aveu,les no-conservateurs ne pensent pas en termes deRpublique mais dempire, dans la tradition romaineet non amricaine.
Cest Lyndon LaRouche qui reprsente la vraieAmrique, comme lon en tait, dit-on, conscientdans lambassade de France Washington, la n desannes quatre-vingt-dix, et comme certains Franais,constatant que la France a t attaque par la mmepresse amricaine qui sen est prise LaRouche, lesont encore aujourdhui, mais avec moins de courage,semble-t-il.
Ainsi la distorsion de Platon et des pres fondateurspar Leo Strauss et ses disciples, et leur applicationpratique de ces distorsions, ont un eet direct surlhistoire. Car ce sont les ides qui marquent lhistoire.Platon, Leibniz, Franklin et le courant rpublicainsopposent ainsi Hobbes, Locke, Nietzsche et lecourant no-conservateur traditionaliste qui, ds queson existence se trouve menace, se mue en fascisme.
Un cynisme politique, par-del le bien et lemal , de mme que la lchet de ceux qui tournenten rond dans le bocal de leur systme plutt que de
prendre le risque den sortir, ont des eets directs surlhistoire.
Nous pensons au contraire que la France, commele disait de Gaulle, est une certaine ide et quaumoment des prils, cette ide prend force, car lammoire de notre histoire devient alors plus forte quela peur. Cette ide, qui a port le vent dAmrique etqui doit tre aujourdhui revivie par lui, cest--direpar ce que reprsente LaRouche, la vraie Amrique etnon celle, truque, de ladministration Cheney, cetteide est plus forte que toutes les synarchies du monde
ou que toutes les compromissions avec elles.Pensant notre combat, je pense ce que Socrate
armait avant de mourir : le bonheur quapporte lastimulation de la jeunesse et la joie de philosopher etcombattre avec elle, pour lui donner un avenir. Cestcela qui est une culture de la vie, contre la culture de latradition laquelle est attache la synarchie, car cestau contraire la culture des gnrations natre. Cestcela qui est un vaccin dimmortalit, contre la peursynarchique dtre mortels.
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Un parfum des annes trente se rpand dans notrepays, alors quagonise un rgime fond par FranoisMitterrand et prennis ensuite par Jacques Chirac.Comme nous, beaucoup de nos concitoyens sentent
intuitivement que lavenir de notre Rpublique sejoue dans les mois qui viennent.
Le rejet du Trait constitutionnel europen,rvlateur du mcontentement dune majorit dela population envers lEurope telle quelle a tconstruite, est rest sans rponse, tout comme lesmeutes, extrmement graves, de novembre 2005.Les derniers vnements survenus Montfermeil et Grigny montrent, ce sujet, que nayant rien faitpour changer cette situation, la France reste lotagedes consquences de la politique daustrit et detriage social quelle a impose depuis des annes surles populations issues de limmigration.
Plutt que de sattaquer aux abus des pouvoirsnanciers, la plupart des hommes politiques, gauche comme droite, rivalisent dans les projetsvisant pnaliser la prcarit. A droite, comme dansles annes trente, les hommes forts qui rclamentle rtablissement de lautorit et de lordre, lesbonapartistes, se bousculent au portillon : Sarkozy, deVilliers, Le Pen, de Villepin. Du ct du gouvernement,
tout comme au Parti socialiste, on semptre dfendre ce systme europen lgu par FranoisMitterrand et conrm par Jacques Chirac, qui est lorigine de la plupart de nos maux conomiques.Laveuglement de llite sur ces politiques est total.
Au Parti socialiste, on a cras la dissidence Fabius etpour ce qui est de Jacques Chirac, il vient dannonceravec la chancelire allemande, Angela Merkel, que leTrait constitutionnel sera rexamin partir de laprsidence allemande de lUE, en 2007 !
Face cette situation, nous devons nous poser
la question : quest-il arriv notre Rpublique ?Comment sommes-nous passs de la priode desTrente Glorieuses, o les gens pouvaient construire
leur vie autour dun travail quali long termeet o, grce aux grands programmes dEtat, laFrance tait la pointe du progrs scientique ettechnologique, la situation actuelle ? O est la
France dont Charles de Gaulle pouvait dclarerrement dans les annes soixante quelle tait enplein essor les caisses remplies, le franc plus fortquil ne fut jamais, la dcolonisation acheve et leprestige franais replac au plus haut dans lunivers ? Un exemple concret illustre mieux que toute statistiquele problme que nous avons aujourdhui : le mariagede Delphine Arnault, la lle de Bernard Arnault,lhomme le plus riche de France, PDG de LVMH(industrie du luxe), clbr en septembre 2005,pratiquement au mme moment o avaient lieu lesmeutes de banlieue. Mme si laspect fastueux de cemariage a quelque chose de terriblement choquant -- 650 convives au chteau dYquem, 165 mtresdOrganza pour une robe de marie de chez Galliano,ralise dans un dgrad du blanc au rose ple, orne decristal et de ls dargent et brode de roses anciennes,le tout pour un cot de plusieurs millions deuros- ce sont surtout les relations incestueuses, rvlespar ce mariage, entre haute nance, vieille noblesseet pouvoir politique qui illustrent le problme de la
France actuelle.L, leurs Altesses Royales Marie Chantal etPavlos de Grce, linfante Elena dEspagne et autresMaria Pia de Savoie, ctoyaient les plus grandshommes daaires franais - Claude Bbar (Axa),
Jean-Ren Fourtou (Vivendi Universal), SergeDassault (armement et Le Figaro), Michel Pbereau(BNP Paribas), le baron Ernest-Antoine Seillire(ancien prsident du Medef), Henri Lachmann(Schneider Electric), les hritiers des Rothschild ainsiquAntoine Bernheim, de la banque Lazard Frres et
du gant vnitien de lassurance Generali maisaussi, pas moins de 6 ministres du gouvernementactuel, dont ierry Breton et, bien entendu, Nicolas
La synarchie nancirecontre la RpubliquePar Christine Bierre
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Sarkozy, lhomme politique dont Antoine Bernheim,de la Generali, se sent aujourdhui le plus proche.
Quest-ce qui ne va pas en France aujourdhui ?Depuis trente ans, cette nance-l rgne en matresur la socit, exigeant des taux de prots immdiatsexorbitants qui tuent le travail et lconomieproductive et qui orientent idologiquement toute lasocit vers la recherche de gains rapides dans lici etmaintenant, aux dpens de lavenir.
La synarchie nancire
Pour comprendre ce qui sest pass et y faire face,il faut avoir le courage de remonter la priode quiva de la n de la Premire Guerre mondiale laSeconde. Avoir le courage, parce que ce que nousavons vu agir l est le pire de la France. Pour beaucoup
dentre nous, qui sommes ns dans les annes 40,50 ou 60, notre ide de la France est celle de cetteFrance exceptionnelle de Charles de Gaulle, dont lesconceptions sont lorigine de tout ce qui est encoresain aujourdhui dans notre pays, bien que de plus enplus rong par ce cancer de la nance.
Mais il ne faut pas que cette priode exceptionnelle,qui nexiste plus et quil faut recrer aujourdhui,nous fasse oublier quavant cette grande poque, lemme Charles de Gaulle avait d sauver la Francedu marasme de la Deuxime Guerre mondiale et de
celui de la crise algrienne, o le fascisme menaaitencore. Je vais vous parler aujourdhui dune Francesordide, non pas pour vous plonger dans le dfaitisme,mais pour que vous soyez moins nafs et que vousconnaissiez lennemi que nous devons combattre.
Cest lapptit lonin de la nance, du mme typeque celui qui sest dvelopp depuis une vingtainedannes, qui va nous amener tout droit aux piresatrocits de la Deuxime Guerre mondiale. Le traitde Versailles de 1919, qui mit n la Premire Guerremondiale, imposa lAllemagne vaincue le paiement
de rparations de guerre exorbitantes la France et laBelgique - 132 milliards de mark-or. Terrible pour lepeuple allemand, le paiement de ces rparations taitcependant une vritable aubaine pour les principauxgroupes nanciers anglo-amricains, franais,allemands et autres de lpoque.
Immdiatement aprs le trait de Versailles,la Banque dAngleterre et JP Morgan choisirentun jeune avocat amricain, John Foster Dulles,pour ngocier avec Hjalmar Schacht, le futur chefde la Banque centrale allemande et ministre de
lEconomie dHitler, la cration de tout un systmede cartellisation qui permettrait lAllemagne de
sacquitter de cette dette. En 1922, Hjalmar Schachtproposa que 5 milliards soient pays immdiatement la France, non pas par lEtat mais via des empruntsmis par des conglomrats industriels qui mettraientdes obligations 10 ans pour ce montant, conditionde donner ces conglomrats le droit de se constitueren vrais monopoles. Ce fut lorigine des cartels de lachimie et de lacier, dont linfme IG FARBEN, sanslesquels Hitler naurait jamais pu lancer ses plans deconqute. En 1923, lAllemagne ayant des dicults payer, les Etats-Unis lancent le Plan Dawes, louverturedune ligne de crdit de 800 millions de dollars pourpermettre lAllemagne de faire face ses dicults.La maison Lazard Brothers, dont nous parleronsbeaucoup dans cet article, reprsentait lAngleterredans la ngociation du Plan Dawes.
Cest ce systme de pillage que loligarchie
nancire tentera de maintenir cote que cote,allant jusqu imposer des rgimes fascistes toutelEurope pour y parvenir. Et cette poque, lesnanciers avaient beaucoup de souci se faire pourleur pouvoir. Depuis la Rvolution russe de 1917,la crainte du communisme hantait les esprits et lagrande dpression des annes trente, avec tous lestroubles sociaux quelle provoqua, exacerba cettecrainte. Cest de cette poque que date en France lapublication de cette fameuse ache du communisteau couteau entre les dents , diuse grce au
nancement dune organisation synarchiste, lUniondes intrts conomiques. Lache avait t publiedabord dans Le Temps, un journal sous inuence dupuissant Comit des Forges et des Houillres.
Raoul Husson, qui, sous le nom de plumede Georoy de Charnay, fut lun des premiers dnoncer lexistence de la synarchie nancire, dcritla situation : Aprs la guerre de 1914, certainesbanques conscientes de la menace de Satan, qui venaitde se rincarner dans le bolchevisme, et craignant que lemonstre nchappe leur contrle, choisirent en fonction
de leur intgrit, leur patriotisme et leur courage,certains hommes de conance et, leur payant un salaire,les gardrent groups, prts se ranger au signal donnderrire un guide.
Ce fut la naissance dun mouvement baptis laSynarchie dempire, qui donna naissance tousles mouvements fascistes europens : la monte aupouvoir de Mussolini en 1922, Salazar au Portugalen 1932, Franco en Espagne en 1939, Hitler en
Allemagne en 1933 et le ptainisme en France, enjuin 1940.
Les sources de cet article sont les archives de laguerre des services de renseignement amricains et
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franais lis la Rsistance. Certaines de ces sources,les archives de Robert Meneve (Raoul Husson), sontdisponibles luniversit de Californie. Mentionnonsaussi le livre, Synarchie et Pouvoir, publi en 1968 par
Andr Ulmann et H. Azeau, des rsistants qui ontconnu la situation de lintrieur. Il y a enn Le choixde la dfaite, dAnnie Lacroix-Riz, dont les recherchesapprofondies dans de nombreuses archives ociellesattestent pleinement lexistence de ce complot.
La synarchie est une organisation dont lorigineremonte la n du XVIIImesicle, mais qui apparatet disparat au gr des priodes de croissance ou decrise conomique. Au XXme sicle, les premirestraces de ce mouvement resurgissent Londres en1918, puis en Italie en 1919 o elles sont loriginede la monte au pouvoir de Mussolini. En France, unOrdre martiniste et synarchique clandestin surgit le 3
janvier 1921 et cre, en 1922, un Comit synarchiquecentral (CSC) qui donnera naissance au Mouvementsynarchie dempire, MSE, dont le principal activisteconnu est Jean Coutrot (photo 11), un polytechnicienqui a t lun des personnages centraux de lavnementdu ptainisme en 1940.
Ordre martiniste et fascisme nancier
Cette organisation prend la forme dune sectemaonnique - pas une organisation maonnique
classique contre lesquelles nous navons pas dequerelle mais une organisation maonnique de ritemartiniste.
A lorigine de ce mouvement, il y a Louis-Claudede Saint-Martin, un thosophe mystique (1743-1803) qui fonda Lyon la premire loge martiniste.
A cette poque, plusieurs personnalits importantesse sont rclames de cette pense, dont Joseph deMaistre, chef de le de la pense ractionnaire, unemploy de la Couronne de Savoie, qui fut lun despires ennemis de la France, y exerant une inuence
nfaste tout au long du XIXme sicle. De Maistreest souponn notamment davoir inspir la terreur
jacobine, le fascisme de Napolon et autres formes depense ractionnaire.
A la n du XIXme sicle, ces ides reviennent enforce avec un autre grand illumin, un charlatandnomm Saint Yves dAlveydre, le premier donner ce systme le nom de Synarchie.
Derrire ce nom se cache une organisation fascistequi veut liminer toute forme de parlementarisme,accus dtre responsable de tous les maux de la
socit. Pour eux, la socit doit tre dirige par unchef, dsign par une caste de clercs, des religieux
dous dune autorit qui leur vient de la providencedivine. Cest un rgime religieux, thocratique, otoutes les glises doivent tre reprsentes.
Ces sectateurs dfendaient lide que ce type dergime ne pourrait tre tabli que grce un chaosrgnrateur, crant les conditions de lmergencedun nouvel ordre sur les cendres du dfunt. Dansune lettre, Louis Claude de Saint Martin louaitla Rvolution franaise, sous prtexte quil fallait nettoyer laire avant dapporter le bon grain . Josephde Maistre prtendait que la rvolution tait un malncessaire, voulu par la providence, pour redonner une lite le sens de ses devoirs et aux prophtes legot de la prophtie et du pouvoir. Pour arriver aupouvoir, la synarchie, telle une cinquime colonne,se proposait dagir de faon clandestine jusquaumoment de la cristallisation synarchique , o il faut
passer laction.Au-del de ces dlires mystiques, cependant,cest surtout lconomie qui intresse la synarchie,et avant tout le nancier qui elle donne prioritsur lindustrie et la production. La synarchie prneune organisation de type corporatiste de lconomie,sous la coupe dune planication tatiste dictatorialeaux mains dune lite nancire, bureaucratique ettechnicienne.
Autre particularit de la synarchie, son rejet totalde lEtat-nation et sa prdilection pour les schmas
mondialistes. Alexandre Kojve, qui a baign dans leseaux de la Synarchie des annes 30 et a particip sareconstitution aprs la Deuxime Guerre mondiale,sous la forme notamment du mouvement desno-conservateurs amricains, en donne la raison :depuis Napolon Bonaparte, les Etats-nations ontmontr leur incapacit faire face aux empires. Parconsquent, les Etats-nations sont morts et on doitdsormais procder la cration dempires rgionauxintgrs, pouvant aboutir lmergence de lempireuniversel homogne, imagin par Hegel pour la n
des temps.
Les fascismes europens
Cest donc cette synarchie qui sera loriginedes rgimes fascistes en Europe, y compris celui dela Rvolution nationale de Ptain. Au dpart, cespouvoirs nanciers taient du ct dHitler, quilsavaient cr pour dtruire lUnion sovitique. Maislorsque celui-ci dcida de lancer son oensive lOuest avant de sattaquer au gant russe, Churchill
et dautres, qui partageaient les objectifs du fascismemais ne souhaitaient pas se retrouver sous la botte
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allemande, dcidrent de se rallier Roosevelt, letemps de dtruire Hitler, avant de poursuivre leurssales projets.
Mme pendant la guerre, il est intressant de voircomment les synarchistes, de Londres Berlin, enpassant par le Paris de Ptain, complotent toujourspour pouvoir survivre la dfaite dHitler et imposerleur nouvel ordre aprs.
En France, la quasi-totalit des hommes quiarrivent au pouvoir avec le marchal Ptain sont dessynarchistes. La plupart avaient appartenu lquipe
Worms, lun des lments cls de cette organisationdes nanciers en France.
Le 7 janvier 1942, Anthony J. Drexel Biddle,lambassadeur amricain, rdigea depuis Londres unelettre Franklin Roosevelt, dcrivant la clique quicontrlait le gouvernement de Vichy en ces termes :
Ce groupe ne devrait pas tre considr comme franais,pas plus que ses homologues en Allemagne ne devraienttre considrs comme allemands, car les intrts des deuxsont si entremls quon ne peut pas les distinguer ; ilssintressent uniquement au dveloppement de leurs jeuxindustriels et nanciers.
() Dun ct, Pierre Pucheu (Intrieur) et Yves
Bouthillier (Economie nationale) taient membresde la clique Worms. Selon certains, Grard Bergeret(secrtaire gnral lAviation) faisait partie de
lentourage personnel de Ptain, selon dautres, dugroupe Worms. A lexception de Bergeret, presque tousles secrtaires dEtat taient associs la mme clique. Il
y avait Jacques Barnaud (dlgu gnral aux Relationsconomiques franco-allemandes et directeur gnral du
groupe Worms) Jerme Carpopino (Education), SergeHuard (Famille et Sant), lamiral Platon (Colonies),Ren Belin (Travail), Franois Lehideux (Productionindustrielle), Jean Berthelot (Communications) etPaul Charbin (Approvisionnement alimentaire) ()Parmi le groupe Worms, mentionnons aussi un certain
nombre de responsables de moindre rang (notammentles secrtaires gnraux) comme Lamirand, Borotra,Ravalland, Bichelonne, Lafond, Million, Deroy, Filipi,Schwart et Billiet.
La clique Worms
Qutait-ce donc que cette clique Worms ? Legroupe Worms, un gant du transport international,des compagnies minires et des socits nancires etimmobilires, tenait sous sa coupe directe plus de
la moiti de lindustrie franaise, nous dit AnnieLacroix-Riz, citant des sources darchives ocielles
dans Le Choix de la Dfaite. Formellement, il avait tcr par la banque Lazard Frres de Paris et ses brancheslondonienne et new-yorkaise, pour le compte de lafamille dindustriels Worms, et la maison Lazard y a belet bien imprim sa marque de fabrique si particulire(voir larticle ci-joint). Mais la Banque Worms ntaitque la partie merge, le paravent de la haute nancequi, sous prtexte de lutter contre le communisme, acomplot pour lavnement du fascisme en Europe.
Worms ntait, comme le soulignent Ulmann etAzeau, que lun des paniers o la Synarchie avaitdpos quelques-uns de ses fruits mrs ... Pour levertoute ambigut sur la prsume banque juive ,
Annie Lacroix-Riz montre que malgr ses fondateursisralites, cette banque ntait pas foncirement juive.
Jacques Barnaud, son prsident, tait catholiquepratiquant , selon linspecteur spcial de la PJ,
Vilatte, charg de lenqute sur la Synarchie laLibration. Le fond de pouvoir de la banque, GabrielLe Roy Ladurie, ancien collaborateur de la Banquede Paris et des Pays Bas, puis de la Banque Franco-Polonaise , tait catholique lui aussi, tout commela Banque Lehideux et la Banque dIndochine (dontle prsident tait Paul Baudoin), qui ont rejoint legroupe Worms. Un rapport de la Direction gnralede la Sret nationale de lpoque, cit par AnnieLacroix-Riz, indique de son ct que la majorit descollaborateurs de Worms taient protestants .
Ce fascisme nancier a t cr en France depuisLondres. Le groupe Worms, y compris lorsquilgouvernait sans conteste Vichy, en pleine guerre,tait dnonc comme la plaque tournante desrenseignements britanniques en France. AndrUlmann et H. Azeau, auteurs de Synarchie et Pouvoir,voquent le rle des loges synarchistes telles la loge anglo-saxonne du Grand Orient et sa scission,la loge britannique , appartenant la GrandeLoge nationale. Le rle de la Socit fabienne deLondres, une organisation de llite anglaise et du
bureau occulte des renseignements anglais, estcit dans le cadre du Plan du 9 juillet 1934, un plantabli par les cercles synarchistes de Jules Romainet de Jean Coutrot, fondateur dune organisationdnomme X-Crise et X-Information, rassemblantdes polytechniciens qui furent les organisateurs desprincipaux rseaux synarchistes partir du dbut desannes 30.
Lazard Londres faisait partie du cercle nancierle plus proche de la monarchie anglaise et dugouverneur de la Banque dAngleterre, Montagu
Norman. Lord Robert H. Brand, associ directeurde Lazard Brothers dans les premires dcennies du
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sicle, avait cr la Table Ronde britannique en 1906-09, autre organisation cl de loligarchie britannique.Il tait aussi, avec le prsident de Lazard Brothers, sirRobert Molesworth Kindersley, un administrateur dela Banque dAngleterre, le reprsentant britanniqueau Comit Dawes charg de rorganiser la detteallemande en 1923.
La stratgie du chaos
Cre au dbut des annes 20, la synarchie a dabordagi dans le plus grand secret, par lintermdiaire dunekyrielle dorganisations clandestines. Elle a recrut descadres, plac ses ufs dans tous les paniers de gauche etde droite, dans les mouvements syndicaux patronauxet ouvriers comme dans la presse. A la CGT, syndicatouvrier, elle contrlait Ren Belin, qui deviendra
ministre de lEconomie et du Travail Vichy. Maiselle contrlait aussi les organisations patronales dutype Comit de prvision et daction sociale de JulesVerger, qui dirigeait les cellules de propagande delorganisation patronale CGPF, ainsi que les NouveauxCahiers, lorgane de presse de ces milieux lis auxcartels et ouvertement pro-fascistes. Elle contrlait, gauche, des communistes et des socialistes devenusfascistes, tels Jacques Doriot, ancien communiste quifonda le PPF (Parti populaire franais), abondammentnanc par le groupe Worms, et Marcel Dat, chef de
le des no-socialistes, inspirs par les thories dufasciste belge Henri de Man, pass du Parti socialistede Lon Blum au fascisme.
Pendant des annes, la stratgie de la synarchie aconsist provoquer clandestinement le plus grandchaos, travers des tentatives de putsch, des attentatsterroristes et en fomentant des dissidences au sein despartis politiques.
Il y eut, en France, trois tentatives de putschmanques :
- le putsch dAlsace-Lorraine de 1928, instigu
par le marchal Lyautey, soutenu par un clerg pro-fasciste;
- le putsch du 6 fvrier 1934, lorsque le colonel deLa Rocque envisagea de prendre dassaut lAssemblenationale la tte des Croix-de-feu, soutenues parlAction franaise de Charles Maurras;
- le putsch du 17 fvrier 1937 de la Cagoule,organisation secrte fonde par Eugne Deloncle etnance par le patron de lOral, Eugne Schuller.
Dans le gouvernement du Front populaire de1936, et malgr le fait que Lon Blum prnait une
alliance avec Roosevelt, la synarchie stait inltredans le ministre de lEconomie nationale de Charles
Spinasse, qui y t entrer Jean Coutrot, fondateur deX-Crise et de X-Information.
Le Front populaire de 1936 a exacerb la rage dela synarchie, la poussant vers des actions violentes, destentatives de putsch comme celui de La Cagoule en1937.
Le choix de la dfaite
Aprs lchec de ces tentatives de putsch, vers 1938,les synarchistes dcident que la seule faon dobtenirla victoire est de se la faire apporter par linvasion delarme allemande. Il faut mettre n la Rpublique, tuer la gueuse , comme ils disaient, mettant prot linvasion allemande pour imposer la dictature,conqurant le pouvoir au dtour dune dfaite.
Entre 1938 et lattaque allemande, les synarchistes,
agissant comme une vritable cinquime colonne,mneront des actions visant aaiblir le potentielde dfense de la France. Dabord en ngligeant lestravaux de renforcement de la ligne Maginot dansla troue de Sedan (les 44 kilomtres qui sparentMontmdy et Sedan), alors que le cinquime bureaudu renseignement militaire avait entre les mains le planauthentique dattaque de larme allemande contre laFrance... par la troue de Sedan ! Deux civils consultsen tant quexperts prtendirent que ce document taitun faux. Il sagissait de deux synarchistes : Bouthilliers
et Baudoin.En mme temps, ils seorcrent de saboter, partous les moyens, la production militaire, qui navaitrellement dmarr quen 1936 avec Lon Blum. Ily eut la politique des prototypes, des commandespasses par le ministre de lArmement quil fallaitperfectionner linni. Plus de mille amliorationsont ainsi t apportes lun de ces prototypes !
Il y a eu ensuite les aectations spciales. Leministre de lArmement, M. Dautry, avait conu toutun plan de rarmement qui donnerait la France
une arme moderne en 1943 ! Pour cela, la loiautorisait la mise en aectation spciale des hommesmobilisables dont lactivit tait considre commeindispensable la dfense nationale. Ladministrationprvoyait 670 000 hommes mobilisables. En fait,entre octobre 1939 et janvier 1940, lon est passde 837 000 aects 1 200 000 ! Il sagissait pour laplupart de cadres de larme qui avaient t retirs desoprations de guerre et aects ailleurs.
Le rcit dA.J. Fontenay paru dans de Sedan Bordeaux, cit dans le livre dUlman et dAzeau,
explique mieux que tout comment ce sabotage eutlieu : A quoi M. Dautry pouvait-il bien employer ces
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1 208 000 hommes drobs au devoir militaire ? Sesmanufactures ntaient pas encore construites. Les aectsspciaux restrent oisifs ou bien ils furent utiliss commemanuvres pour ldication dusines qui ne furent
jamais termines, car au mois de juin 1940, les mursdpassaient peine les fondations .
Et nos units motorises, elles, manquaient despcialistes. Le commandant dune de ces formationscrivait, en mars 1940, au gnral prsidant la commissioninterministrielle de contrle des aectations spciales : Leectif de guerre de mon unit comporte quatorzespcialistes, jamais ils nont t au complet. Jen avaisonze. On en a rappel trois, puis trois autres, maintenantquatre autres doivent partir. Si ces derniers sen vont, nousserons dans limpossibilit dassurer les rparations. Lamoindre panne immobilisera le vhicule et au bout de peude temps, tout mon matriel sera inutilisable .
Enn, le sabotage le plus vident fut celui delavion de chasse le plus moderne de lpoque, leDewoitine 520. En ce temps-l, le meilleur avion enservice dans larme franaise tait le Morane 406,qui ngalait certes pas le Messerschmitt allemand.Cependant, lingnieur Dewoitine avait mis au point Toulouse le Dewoitine 520, un avion qui surclassaitceux de larme de lair allemande, pourtant la plusmoderne du monde.
Une premire commande de Dewoitine futpasse en avril 1939, et en avril 1940, la compagnie
produisait dj 200 avions par mois. Mais partir de1939 et jusquen mai 1940, le contrleur nancierde la compagnie, nationalise en 1936, met desdoutes sur les rmunrations lgales de M. Dewoitineet lance des procdures juridiques qui bloquent laproduction de lavion. Le 9 juin, aprs loensiveallemande, le commandant Stehlin, du groupe dechasse III/6, visite lusine de Toulouse pour prendrelivraison de lavion, et voil ce quil rapporte : Le 9
juin, enn, nous allons chercher lusine de Toulouseles douze premiers Dewoitine 520 du groupe. Nous
navons que lembarras du choix, tant il nous semble yavoir davions disponibles. Pourquoi nont-ils pas ttous attribus aux units qui avaient d combattre etcontinuaient le faire, avec des avions presque primspar rapport ceux de la chasse allemande ? Ds lasignature de larmistice, Stehlin sera emprisonn pourplusieurs annes Vichy.
Juin 1940 : la divine surprise
Tout est prt pour la dfaite. En aot 1938,
les principaux synarchistes, Bouthilliers, Barnaud,Baudoin, dcident que leur chef, au moment de la
dfaite, sera Ptain, li aux synarchistes par un pacte.De Gaulle le conrme dans le premier tome de
ses Mmoires de guerre : Dans tous les partis, dansla presse, dans ladministration, dans les aaires,dans les syndicats, des noyaux trs inuents taientouvertement acquis lide de cesser la guerre. Lesrenseigns armaient que tel tait lavis du marchalPtain, ambassadeur Madrid et qui tait cens savoir,par les Espagnols, que les Allemands se prteraientvolontiers un arrangement. Si Reynaud tombe,disait-on partout, Laval prendra le pouvoir avecPtain ses cts. () Par milliers dexemplairescirculait un dpliant portant sur ses trois pages limagedu marchal, dabord en chef de la Grande Guerre,avec la lgende : Hier, grand soldat ! ensuite enambassadeur : Aujourdhui, grand diplomate ! enn en personnage immense et indistinct :
Demain ?. Au moment de la dclaration de guerre, Ptain saitdj quil va devenir le chef de la France. Ambassadeur Madrid, il fait plusieurs voyages Paris au dbut de 1940.En mars, il dclare une source : Ils auront besoin demoi dans la deuxime quinzaine de mai , et une autre, je crois que je ne resterai plus longtemps en Espagne .
Quel est le grand plan poursuivi par cescomploteurs ? Selon Ulmann et Azeau, cettebonne paix, entre gens du mme monde, permettraitlinstauration en Europe dun ordre nouveau, un
ordre synarchique qui ne serait pas celui dHitler, nide Mussolini, tomb au rang de faire valoir du Fhrer,mais lordre europen de von Papen et de Goering,celui de Lord Halifax, de Pierre-Etienne Flandin, deCiano, de Franco , cest--dire les vrais banquiers etngociants qui manipulent les fascistes.
Le gnral Beaufre raconte comment tout sest jouen un jour. Au soir du 13 mai 1940, les Allemandsattaquent Sedan et franchissent la Meuse aveclinfanterie. Une fausse rumeur prtendant que lefront a t enfonc sme la pagaille, qui aboutit la
dfaite.Le gnral Gudrian, qui dirigeait lattaque de
larme allemande, a dclar aprs : Nous savionsquentre Montmdy et Sedan, la puissante structure de laligne Maginot faisait place un systme bien plus faible .
Le gnral Gamelin sera aussitt remplac latte de larme par le gnral Weygand, un autresynarchiste.
A Bordeau, larmistice
Ds lors, tout se prcipite. Gamelin annoncela cessation des combats. Ptain et Weygand
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se prononcent pour larmistice. Le 15 juin, legouvernement se dplace Bordeaux, o Ptain, vice-prsident du Conseil, est entour des synarchistesBouthilliers, Baudoin, Alibert, Marquet, et ausside Pierre Laval, plus proche des nazis que dessynarchistes.
Dans quel tat se trouvait Ptain 84 ans, cestlhistorien Kammerer qui nous le dit : Dant,Laval avait tout son plan politique fait et construit. Ilcomportait essentiellement la mise en charte prive dumarchal, daprs lui lucide seulement deux heures
par jour et simple buste de parade. Un premier succsprometteur fut enregistr : on russit le chambrer, le capturer. Marquet, le maire et dput socialiste deBordeaux, le sachant sensible son confort, mit sadisposition un appartement lHtel-de-Ville et il taitchez lui aussi dans le cabinet du maire dont il se servit
comme dun bureau contre le chef du gouvernement.Ainsi, on pouvait agir sur le Marchal de nuit et dejour et il ne sen apercevait pas. Cela assoit la certitudeque tous les papiers lus par lui : dclarations, dmission,taient rdigs dans locine Laval-Marquet auxquels se
joignit rapidement Bergery. Les tensions au sein du gouvernement sont au
plus haut. Certains veulent exiler le gouvernementen Afrique du Nord. Ptain et les synarchistes sontpour la signature de larmistice et la politique decollaboration. Le15 juin, Paul Reynaud dmissionne
par lassitude et recommande Ptain comme prsidentdu Conseil. A minuit, Baudoin demande lambassadedEspagne de transmettre aux Allemands le souhait dugouvernement Franais dentamer les ngociations.
Le 10 juillet, cest la mort de la Rpublique,le Parlement votera les pleins pouvoirs Ptain : LAssemble nationale donne tous pouvoirs au
gouvernement de la Rpublique, sous lautorit et lasignature du marchal Ptain, leet de promulguer,
par un ou plusieurs actes, une nouvelle Constitutionde lEtat franais. Cette constitution devra garantir les
droits du travail, de la famille et de la Patrie. Elle seraratie par la nation et applique par les Assemblesquelle aura cres.
Le 11 juillet, le marchal Ptain signera trois actes :1) il abroge la prsidence et assume les fonctions dechef de lEtat ; 2) il sattribue tous les pouvoirs ; 3) ilajourne le parlement qui ne pourra plus se runir que sur convocation du chef de lEtat .
La synarchie de gauche et mme socialiste ,comme le rapportent Ulmann et Azeau, se rallie Ptain dans une dclaration de Charles Spinasse,
qui fait mal encore aujourdhui : Le Parlement vase charger des fautes communes. Ce cruciement est
ncessaire pour viter que le pays ne sombre dans laviolence et lanarchie. Notre devoir est de permettre au
gouvernement de faire une rvolution sans que coule lesang. Si lautorit du marchal Ptain rend possible cettetche, alors le don quil nous aura fait de sa personnenaura pas t vain. Que notre dcision soit sans appel :elle engage dnitivement la France. () Nous avons cru la libert individuelle, lindpendance de lhomme.Ce ntait quune anticipation sur un avenir qui ntait
pas notre porte. Une nouvelle foi doit natre sur desvaleurs nouvelles...
Le fascisme nancier
Lune des premires tches sera la mise en coupergle de lconomie en faveur des nanciers. Cestici quentre en scne le groupe Worms, dont trois
membres participent la rdaction du texte de laloi du 16 aot 1940 : Ren Belin, Jacques Barnaud,Bichellone. Elle instaure une vritable dictature tatistede lconomie, avec des comits dorganisations pourchaque branche de lindustrie, dirigs par un seulchef et qui font lintermdiaire entre lEtat et lesentreprises. Cette loi du 16 aot donne tout pouvoir lEtat sur le patronat.
Avec la loi du 16 aot 1940, la Synarchie bancairese voit attribuer la totalit du pouvoir conomiqueaux dpens de ceux qui en tenaient jusqualors les
principaux leviers, cest--dire le patronat industriel et sesorganisations professionnelles. Tout se passe comme si, le16 aot 1940, la faveur de la dfaite, le patronat tait
pass entirement sous la coupe des maas bancaires .Le 13 dcembre 1940, Laval, le seul non synarque
mais plus proche alli dHitler dans le gouvernementde Ptain, est ject du pouvoir et la Synarchie rgneseule en matre sur les aaires de la France. Il seraremplac au ministre des Aaires extrieures parPierre-Etienne Flandin, que la City de Londreslui a prfr ! (Ce dernier sera dailleurs sauv par
lAngleterre aprs la guerre.) Les nazis imposeront leretour de Laval aux aaires en 1942, lorsque leortde guerre russe et amricain exige deux de prendre lecontrle total de la France.
Aprs Vichy
Ctait la ptaudire de Vichy, comme disaitFranois Mitterrand.
Le problme est qu la mort de Roosevelt, toutce beau monde put rintgrer la socit civile. En
1945, dans un texte intitul Doctrine dune politiquetrangre pour la France, Alexandre Kojve, un
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synarchiste franco-russe qui a jou un rle centraldans lavnement de lUnion conomique etmontaire europenne, propose que tous les adeptesde la Rvolution nationale de Ptain soit rintgrsdans la socit, car, mme sils ont pu commettre deserreurs, ce sont des gens qui ont su aller au bout deleurs convictions
John Foster Dulles, celui qui ngocia avec HjalmarSchacht, aprs la Premire Guerre mondiale, lacration des cartels pour le compte de JP Morgan etdautres fortunes anglo-amricaines, organise avec sonfrre Allen Dulles, le fondateur de lOSS (lanctre dela CIA), ce quon a appel en anglais les rat lines ,ou la route des monastres . Ce sont les liresqui permirent leurs allis dans le camp fasciste desenfuir, chappant tout jugement. Les changementsde camp et les ralliements avaient commenc ds le
dbut 1942, lorsque certains, ralisant quHitler seraitvaincu, ont commenc prendre des contacts avec euxet intgrer les rseaux de la Rsistance. Aujourdhuion les appelle les vychisto-rsistants .
Parmi eux se trouvait un certain FranoisMitterrand, qui avait milit dans la Cagoule,ainsi quEugne Deloncle, le dirigeant de cetteorganisation putschiste, et son nancier, EugneSchueller, magnat de la rme LOral. La lle de cedernier, Liliane, tait marie un personnage quiallait jouer galement un rle de premier plan dans la
post-guerre, Andr Bettencourt, qui avait t pendantla guerre le propagandastael allemand en France,directement sous la responsabilit de Goering. En1942, Bettencourt rencontre Allen Dulles en Suisse etcommence organiser son passage du ct amricain,ainsi que celui de ses proches parmi lesquels FranoisMitterrand. Bettencourt est revenu au pouvoiren France, surtout avec George Pompidou. MaisMitterrand, la n de son mandat, aurait song le prendre comme Premier ministre, se dsistantnalement par crainte que cela ne fasse ressortir tout
son pass vichyste.La synarchie de la post-guerre sest employe aussi
recrer la situation qui existait dans les annes 20 et30, o la Banque de France, gre par les 200 famillesles plus riches, exerait un pouvoir tyrannique sur
lensemble du pays, pesant de tout son poids surle choix des gouvernants et de leurs programmespolitiques. Comme vous pouvez le lire dans un articleque jai crit rcemment sur lhistoire de lUnionconomique et montaire, on peut tracer un l rougeentre lUnion conomique et montaire propose par
Jacques Delors en 1989, un projet labor par lesbanquiers centraux qui a donn le pouvoir montaire une Banque centrale europenne, indpendante detout pouvoir politique, et certains milieux sortis toutdroit de la synarchie vichyste des annes trente. Lespremiers avoir conu cette UEM taient un certainRobert Marjolin, ainsi quAlexandre Kojve, migrfranco-russe qui remit au got du jour la pense deHegel, notamment lide que ce qui doit dterminerla marche du monde est la dialectique du matre/esclave et la ncessit daller vers un empire universel
homogne qui constituera la n de lhistoire. Parmiles acteurs importants dans la cration de cetteUEM, tous ou presque taient danciens synarchistescomme Franois Mitterrand, par exemple, ou lis des synarchistes, comme Raymond Barre, un prochedAlexandre Kojve.
Soixante ans aprs la n de la guerre, comme nouspouvons le lire dans un article ci-joint, le capitalnancier a russi rtablir ce capitalisme bas sur laspculation folle et le pillage des populations et desrichesses de la nation, qui avait conduit au fascisme
et la Deuxime Guerre mondiale. A nous, cette fois,dorganiser une sortie de crise qui, comme dans le casde Franklin Roosevelt aux Etats-Unis, permette larefondation de la Rpublique.
Bibliographie :
Andr Ulmann et Henri Azeau, Synarchie etPouvoir chez Julliard.
Laurent Chemineau, LIncroyable histoire deLazard Frres, Ed. Assouline.
Annie Lacroix-Riz, Le Choix de la Dfaite ,Armand Colin.
Pierre Beaudry, Tony Papert Comment laSynarchie noyauta lEtat franais , dans NouvelleSolidarit du 27 janvier 2006.
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haut degr demploi et la stabilit du niveau des prix. ;larticle 105 crait un comit montaire , mais dontle rle tait purement consultatif ; larticle 107prvoyait que chaque tat membre traite sa politiqueen matire de taux de change comme un problmedintrt commun . Seul larticle 108 ouvrait la porte des mesures nancires supranationales en stipulantquen cas de menace grave de dicults dans la balancedes paiements dun tat membre () susceptiblesnotamment de compromettre le fonctionnement du
March commun, la Commission procdera un examenet recommandera des mesures ltat intress . Si ellessavraient insusantes, elle recommande au Conseil,aprs consultation du Comit montaire, le concoursmutuel et les mthodes appropries et le Conseil, statuant la majorit qualie, accorde le concoursmutuel.
Lhistoire de lUEM est celle des tentativessuccessives de loligarchie nancire dobtenir queles Etats-nations membres acceptent de transfrerleur pouvoir souverain en matire dconomie et denance vers une institution supranationale dominepar les pouvoirs nanciers. Robert Marjolin, lune desgures qui a le plus contribu cette Europe de lanance, le dit clairement dans son autobiographie (1)en voquant, en 1974, la raison pour laquelle ces idesont fait peu de progrs depuis le trait de Rome : Onsemblait penser que lUEM tait une simple extension ou
un approfondissement de lunion douanire, sans voir queles deux concepts taient profondment dirents. Luniondouanire suppose simplement que les gouvernementsrenoncent () utiliser dans la poursuite des intrtsnationaux, les instruments de la politique commerciale,droits de douane et restrictions quantitatives . Dansune UEM, par contre, les gouvernements nationauxremettent des institutions communes lemploi de tous lesinstruments de la politique montaire et de la politiqueconomique .
Les conceptions dempire sous-jacentes lUnion conomique et montaire europenne
Cest au sommet de Strasbourg du 8 dcembre1989 que lEurope a donn le feu vert ladoptiondu trait de lUnion conomique et montaire, dontle projet avait t labor par une commission dirigepar Jacques Delors, alors prsident de la Commissionconomique europenne. En 1990, une confrenceintergouvernementale sur lUEM tablira un processuspar tapes qui aboutira aux traits de Maastricht de
1992, dAmsterdam, en 1997, avec son corollaire,le Pacte de stabilit, ltablissement de la Banque
centrale europenne indpendante et leuro partirde 1999. Historiquement, cependant, la premirepierre de ce processus fut pose par le Programmedaction pour le deuxime tage de la Communautconomique europenne (1962-65) , prsent par laCommission aux gouvernements des pays membres,le 24 octobre 1962. Bien que lintroduction de cetexte soit de la main de Walter Hallstein, prsidenten exercice de la Commission, les sections avaientt rdiges par les direntes directions de la CEEen charge de ces dossiers. Robert Marjolin, vice-prsident franais de la Commission conomiqueeuropenne, charg des questions conomiques etnancires, tait lorigine des sections touchant auxquestions conomiques et nancires.
Inconnu de la plupart des Franais aujourdhui,au regard de limportance que lUEM a pris dans
la vie des nations et des citoyens europens, RobertMarjolin est, avec quelques autres sur lesquels nousnous attarderons dans cet article, lun des individuscls ayant exerc un rle particulirement nfaste danslhistoire rcente de lEurope.
Les aspects plus publics de sa vie sont bien connus.Europaniste convaincu et proche des Etats-Unis,la carrire de Robert Marjolin se droule sous leparrainage de Jean Monnet, qui en t le chef de lamission dachats franaise aux Etats-Unis pendantla guerre, lappela auprs de lui, en 1945, au
Commissariat au Plan et lui ouvrit, entre 1948 et1951, une grande carrire europenne en le faisantnommer la tte de lOrganisation europenne decoopration conomique (OECE), qui distribuaitles aides du plan Marshall toute lEurope. De 1958 1967, Robert Marjolin devient viceprsident de laCEE en charge de lconomie et des nances.
Mais ce sont les aspects plus sombres de sa vie,qui le lient sans aucun doute au coeur mme deloligarchie nancire anglo-amricaine et ses plansdEmpire mondial, qui sont plus importants pour cet
article (voir ci-contre). En eet, cet homme doriginetrs modeste qui dclare propos de sa vie : (1) Ceque je dsirais confusment, ctait sortir de la masse,me faire reconnatre comme tant quelquun , graviratous les chelons sociaux pour devenir un serviteurde cette oligarchie au plus haut niveau. Des milieuxde la synarchie bancaire davant-guerre, jusquauxdernires annes de sa vie o il rejoint les comitsdadministration de quelques-unes des trs grandesmultinationales anglo-hollandaises et amricaines,telles Royal Dutch Shell (Prince Bernhard) et la Chase
Manhattan Bank (David Rockefeller), la carrire deRobert Marjolin a t faite en grande partie sou le
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contrle des grandes familles de loligarchie, dont lafamille Rockefeller et le groupe de Bilderberg.
Trs important pour comprendre comment cescercles nanciers niront par prendre le contrledes nances europennes en 1989, via lUEM, cestle fait quen 1945, Robert Marjolin introduira sonami, le philosophe franco-russe Alexandre Kojve, la Direction des relations conomiques extrieures(DREE) un poste stratgique partir duquel Kojveagira dans lombre, pendant une vingtaine dannes,en faveur de ces intrts impriaux (voir ci-contre).Egalement inconnu du public franais, cest pourtantlui qui imposa les conceptions dEmpire sous-jacentes lensemble de la construction europenne et dont lespopulations europennes ignorent tout ! Convaincuque depuis Napolon, les Etats-nations navaientplus aucune chance de faire face seuls aux ds de
la guerre, Alexandre Kojve militait ouvertement enfaveur de la constitution densembles rgionaux btisdans linterdpendance, des empires rgionaux qui, la n des temps, viendraient constituer un empireuniversel et homogne ! Alexandre Kojve, BernardClappier, son directeur la DREE, et Olivier Wormser,un autre proche de Marjolin, chef de la directionconomique et nancire du Quai dOrsay, agirontdepuis lintrieur de la bureaucratie, en faveur de cesconceptions supranationales, souvent linsu de leurspropres gouvernements. Sous la IVme Rpublique,
en labsence dun pouvoir politique fort, ils jouissentdune libert de manoeuvre quasi absolue.Avec Leo Strauss, le philosophe allemand exil aux
Etats-Unis en 1933 o il fonda une clbre cole lUniversit de Chicago, et Carl Schmitt, le juristeattitr des nazis, Alexandre Kojve fait partie dunautre trio aussi nfaste que celui-l. Ensemble, ces trois philosophes seront les inspirateurs de lidologiedes no-conservateurs au pouvoir aujourdhui auxEtats-Unis, trange concoction des conceptionsractionnaires de Hobbes, de Nietzsche et de Hegel.
Du programme daction de Robert Marjolin en1962 au Plan Delors de 1989
Cest donc ce groupe dhommes que nousretrouvons lorigine du Programme daction pourle deuxime tage de la Communaut conomiqueeuropenne (1962-65) . Les propositions faitesdans ce programme avaient dabord t labores etprsentes conjointement par Robert Marjolin et unconomiste belgo-amricain, membre de lune des
organisations les plus importantes de llite amricaine,le Conseil des relations extrieures de New York, et
conseiller conomique du Comit daction pour lesEtats-Unis dEurope de Jean Monnet (ACUSE). Dansun ouvrage datant de 1957, avant mme la crationdu March commun, Robert Trin appelait djles Europens aller dans la direction dune Unionconomique et montaire !
Peu avant le Programme daction de 1962, Trinet Robert Marjolin avaient fait une propositionconjointe pour la cration dun Fonds de rserveeuropen devant tre nourri par 10 % desrserves des banques centrales, destin donner la bureaucratie de Bruxelles un rle nancierindpendant et supranational par rapport aux Etatsmembres. Ils proposaient galement la crationdune nouvelle unit de compte europenne. LeProgramme daction de 1962 se proposait de rformerle trait de Rome, dans le sens dune interprtation
maximaliste de larticle 108, ouvrant la voie laralisation dune Union conomique et montaire.Le deuxime tage propos pour la priode 1962-65 exigeait des consultations pralables avant touteopration montaire importante. Le troisime tage,couvrant la priode 1965-1969, proposait dj uneUnion conomique et montaire imposant des tauxxes entre les monnaies et une politique montaireprgurant la rigidit de lUEM de 1989.
Peu de ces propositions furent adoptes, carde Gaulle sopposa vigoureusement toutes les
tentatives de la Commission de sarroger un pouvoirsupranational. Cependant, en 1964, le Conseileuropen accepta de crer un comit des gouverneursde banques centrales et de coordonner moyen termeles politiques budgtaires. Ctait dj une victoireimportante pour les nanciers car, comme RobertMarjolin devait le dclarer lors du premier comitdes gouverneurs de Banques centrales : La questioncentrale tait identie comme le mouvement vers lacration dune Union montaire.
Les plans Barre et Werner des annes soixante
Protant dun climat montaire trs dgrad lchelle internationale, une nouvelle oensive auralieu la n des annes soixante. Dans un mmorandumquil rdigea lui-mme en 1969, Raymond Barre,futur Premier ministre, nous apprend que cest avec une trs grande discrtion , tant donn lesimplications de telles politiques sur lEurope, quunmmorandum condentiel fut prsent par la CEE ausommet des ministres des Finances europens, runi
Rome en fvrier 1968. Ce Mmorandum pour uneaction communautaire dans le domaine montaire ,
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inspir par le Programme daction de 1962, allait, eneet, trs loin. Il proposait entre autres 1) dobliger les Etatsmembres ne faire aucun changement dans lesparits des monnaies, sauf par un accord pralable ,2) de dnir une unit de compte devant treutilise dans toutes les actions de la Communautayant besoin dun dnominateur commun .
Cependant, Raymond Barre enterra ce projet, nonpas pour des raisons de fond, mais par crainte que lesEtats, la France en particulier, ne soient pas encoreprts franchir le pas vers la supranationalit et quvouloir aller trop vite, une telle approche ne rveilleles rexes nationaux, empchant tout progrs. Barreavait remplac entre-temps Robert Marjolin en tantque vice-prsident franais de la CEE, charg desquestions conomiques et nancires.
Dans son mmorandum propos le 12 fvrier
1969, Barre revient la charge, de faon plusprudente, et endosse tous les progrs raliss verslUEM, dont il nous rappelle que les lignes principalesont t dnies dans le chapitre VIII du Programmedaction de Marjolin. Le plan Barre rarme lecontenu du mmorandum de 1968 et proposedaller au-del 1) en renforant la coordinationdans les politiques conomiques moyen terme, enparticulier en matire de production, demploi, desalaires et de balance des paiements. 2) en tablissantdes consultations pralables obligatoires sur les
politiques court terme et 3) en continuant construire les instruments dune politique montaireeuropenne. Moins ambitieux que ceux de Marjolin,Trin et les autres, ce projet tait plus insidieux, car defaon trs pragmatique, il incitait les gouvernementseuropens accepter une coordination conomique etmontaire supranationale de plus en plus grande.
L encore, ce nest pas un hasard de retrouverRaymond Barre dans ce rle. Barre tait lui aussiun collaborateur et proche ami de Robert Marjolinet dAlexandre Kojve. Llogieuse prface
lautobiographie de Marjolin, Le travail dune vie Mmoires 1911 1986, est de Raymond Barre.Lancien Premier ministre tait aussi trs prochedAlexandre Kojve, comme il le dit lui-mme dansun entretien publi par Dominique Auret dans sonouvrage Alexandre Kojve - La philosophie, lEtat,la n de lHistoire. Barre y arme avoir rencontrKojve en 1948 lorsque lui-mme a fait son entre la DREE, o Kojve tait charg de mission dansle service qui suivait les relations de la France aveclOECE, organisme dirig par son ami Robert
Marjolin. Barre fait tat plusieurs reprises de la forteinuence intellectuelle que Kojve exera sur lui et il
voque ses discussions avec lmigr franco-russe, quiportaient dj sur la libralisation des changes entreles pays de lOECE et sur la prparation de lUEM.Raymond Barre rvle aussi que dans les annes 60,Kojve tait un fervent partisan de la cration de zonesconomiques rgionales. Pour lui, les conomiesreplies sur elles mmes, les tarifs douaniers, lesentraves lchange de marchandises, tout cela taitdpass , dit Barre, qui ajoute que Kojve croyait linterdpendance invitable entre les conomies , une ide quil puisait dans sa vision de la n delhistoire , cest--dire lide inspire de Hegel quun
jour, les empires rgionaux viendraient faire partieintgrante dun empire universel homogne.
Le Sommet de la Haye de 1969
Cest le sommet de La Haye de dcembre 1969qui mettra sur la table un projet beaucoup plusambitieux, prgurant dj lUEM de 1989. Plusieursfacteurs nouveaux, dont lintensication des dsordresmontaires internationaux qui aboutiront la mort dusystme de Bretton Woods en 1971, sont lorigine decette nouvelle oensive. Lautre facteur majeur est lefait que de Gaulle ait alors quitt le pouvoir, remplacpar un George Pompidou qui tait loin davoir lamme hauteur de vues. Proche de lAngleterre etdes milieux nanciers, Pompidou commit lerreur
monumentale de faire entrer lAngleterre dans leMarch commun, entre qui marque le premier reculnotable des conomies europennes et la n de laconception carolingienne du gaullisme.
Ct allemand, cest Willy Brandt, un europanisteconvaincu, qui prit les rnes du pouvoir. Dans unrapport sur lhistoire de lUEM pour la Banquenationale de Belgique, Yvo Maes nous conrme quellesont t les sources de cette nouvelle initiative : Le
fait que Willy Brandt soit devenu chancelier allemandtait trs important. Brandt tait un fdraliste europen
convaincu et trs favorable lUEM, tout comme GastonEyskens (Belgique) et Pierre Werner (Luxembourg).Brandt tait membre du Comit daction pour les Etats-Unis dEurope de Jean Monnet, quil a consult avantde prparer le sommet de La Haye. Monnet a fait appel Trin qui a rdig la proposition pour un Fondsmontaire europen.
A ce sommet, les chefs dEtats demandrent Pierre Werner, Premier ministre luxembourgeois,dtablir un projet en vue de la cration dune Unionconomique et montaire. Le plan Werner, prsent
en 1970 sous le titre LEurope en route vers lUnionmontaire, se situe, encore une fois, dans la continuit
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des capitaux massive et le chaos menace. Un conitclate au gouvernement, avec dun ct Jean-PierreChevnement et Laurent Fabius, favorables la sortiede la France du SME et au ottement du franc, delautre, Jacques Delors et Pierre Mauroy, partisansde sy maintenir mais en adoptant une politiquedaustrit froce. Cest alors que Jacques Delors faitappel aux services de son ami Michel Camdessus pourconvaincre Laurent Fabius dabandonner sa position,ce quil t en montrant Fabius que, les cores dela France tant dsesprment vides, elle serait bienincapable de soutenir sa monnaie face la moindreattaque. Convaincu, Fabius abandonne et Mitterrandsembarque dans les politiques de rigueur de JacquesDelors, avec un premier plan en 1982, un deuximeen 1983 et un troisime en 1984. Ces politiques ontfait du Mitterrand dalors lun des prsidents les plus
impopulaires de lhistoire de France, en comptitionseulement avec Jacques Chirac pendant son deuximemandat, et pour les mmes raisons
En 1985, Jacques Delors est nomm laprsidence de la Commission europenne o il restera
jusquen 1995, mettant toute son nergie au servicede la cause de la supranationalit europenne. Cestsous la prsidence de la CEE par Jacques Delors queles milieux nanciers russiront enn imposer lamonnaie unique et labandon total de la souverainetmontaire par les Etats membres, au prot dune
Banque centrale europenne indpendante, dont lapolitique est dnie par les marchs nanciers.Mais cest en 1988 que lhistoire de lUEM
semballe. Selon Tietmeyer, un dveloppement plussignicatif eut lieu quand nous, en Allemagne, avonsreu des informations condentielles concernant de
possibles changements de la position franaise. Celles-ci indiquaient que la France pourrait et serait prte envisager le transfert de la politique montaire nationalevers une institution supranationale telle que la Banquecentrale europenne .Sur la base de cette information,
la prsidence allemande de la CEE proposa alors, ausommet de Hanovre de juin 1988, la cration dungroupe charg dlaborer un plan par tapes vers uneUnion conomique et montaire sous la direction de
Jacques Delors.
Le Plan Delors de 1989
Le plan Delors a t prsent au sommet deMadrid de 1989. Ctait tout ce que la factionsynarchiste avait espr depuis le dbut. Dans une
continuit parfaite, le plan Delors part des prmissesdu plan Werner et se situe, une fois de plus, dans lesorientations du Programme daction de 1962, dont ilprsente encore, en option, la vieille proposition deRobert Trin/Marjolin pour la cration dun Fondsde rserve europen !
Il tablit un plan entre trois phases pour aboutir la cration dune monnaie unique et dune instanceunique de dcision montaire en Europe, auprs dequi les Etats membres auront abdiqu tout pouvoir dedcision dans ce domaine : cest le Systme europende banques centrales, chapeaut par la Banque centraleeuropenne, indpendante des pouvoirs politiqueset menant une politique dnie par les marchsnanciers. Notons la forte inuence, dans tous cesschmas, de lconomiste Robert Mundell, concepteurdes zones montaires rgionales optimales o lon
trouve combines une drgulation totale pour cequi est de la circulation des biens, des personnes etdes capitaux, et des contraintes extrmement rigidespour ce qui est de la politique budgtaire et delendettement.
Soulignons galement le caractre totalementlibral de ce Trait qui sengage garantir uneconcurrence totale et non fausse, limiterstrictement les subsides publics en faveur de certainssecteurs , interdire lintervention des pouvoirspublics auprs de la Banque centrale europenne et
proclame que la exibilit des salaires et la mobilitde la main doeuvre sont ncessaires pour liminer lesdirences de comptitivit parmi les dirents payset rgions .
Il faut noter que le groupe qui a labor le planDelors tait presque exclusivement compos debanquiers centraux ! A la demande expresse de JacquesDelors, les ministres des Finances des gouvernementslus par les peuples ont t carts de ce comit, carDelors craignait lhostilit de plusieurs dentre eux son projet. Le comit fut donc compos des douze
banquiers centraux des pays membres, ainsi que detrois experts indpendants : Alexander Lamfallusy,alors directeur de la Banque des rglementsinternationaux (BRI), Niels ygesen, un conomistedanois proche de Robert Mundell et de son groupede Sienne, et Miguel Boyer, du Banco Exterior deEspana. Parmi les banquiers centraux ayant particip ces travaux du ct allemand, certains, dont KarlOtto Phl, prsident de la Bundesbank (1980-1991),qui termina sa carrire dans le comit de conseillersdu groupe Carlyle, associ la famille Bush, et Hans
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Tietmeyer (1993-1999), sont parmi les soutiens lesplus acharns des pouvoirs nanciers. La France, elle,tait reprsente par Jacques de la Rosire.
La runication de lAllemagne et lindpen-dance de la BCE
Au sommet de Madrid du 26-27 juin, do lapremire phase de lUEM fut lance partir du1er juillet 1990, il y avait encore beaucoup de voixdivergentes. En France, par exemple, Pierre Brgovoy,alors ministre de lEconomie, tait favorable unemonnaie commune pour les transactions en dehors delUnion europenne, alors que Mitterrand et Delorstaient favorables une monnaie unique. Margaretatcher refusa dengager la Grande-Bretagne,pendant que le chancelier Helmut Kohl hsitait
beaucoup abandonner le deutsch-mark.Il faudra attendre le sommet de Strasbourg dedcembre 1989 pour que Kohl, au milieu des grandestensions provoques par la chute du Mur et larunication de lAllemagne, accepte dabandonner lemark et de se soumettre lUEM, tout en exigeant deses partenaires une BCE indpendante des pouvoirspublics, sur le modle de la Bundesbank.
Lhistoire est ocielle depuis la publication parJacques Attali de Verbatim, ses mmoires de lpoqueo il tait lminence grise de Franois Mitterrand.
Craignant de perdre sa place politique prpondranteen Europe, la France sest oppose la runication delAllemagne et a mme tent de lempcher, et quandceci est devenu impossible, elle a oblig son alli accepter lUEM, sachant quelle allait totalement lencontre des intrts bien compris de lAllemagne- comme de la France, ajoutons-nous. Claire Tran,dans Le Monde du 14 octobre, dcrit avec acuitle sentiment qui rgnait au sein du gouvernementfranais sur cette question pineuse : Le sujet estextrmement sensible. () Chaque mot peut rveiller
en France des frayeurs endormies, la hantise plus oumoins consciente de voir 75 ou 80 millions dAllemands
proclamer lavnement du quatrime Reich (sic).Ctaient les positions gopolitiques de Margaretatcher, trangement proches aussi de lesquissedAlexandre Kojve.
Questionns sur le fait que la France avait exigladhsion de lAllemagne lUEM et leuro commecondition la runication allemande, deux desplus proches collaborateurs de Franois Mitterrandont conrm les faits. Dans un entretien la revue
Limes (1998), Hubert Vdrine dclarait : LidedUnion conomique et montaire tait dans lair
depuis les annes 70, avec le plan Werner. () Cest lecontexte particulier cr par le dbut de la runication,la force dj tablie de la relation personnelle entreFranois Mitterrand et Helmut Kohl, leur visioncommune de lavenir et de lEurope, qui a permis lavraie dcision, Strasbourg, en dcembre 1989, donttout le reste dcoule. A la mme question, JacquesDelors a rpondu en souriant que les grandes idespeuvent parfois tre servies par les circonstances, parlhabilit tactique et politique ! Dans un entretiendisponible sur Internet*, Jacques Jessel, un diplomatefranais de haut rang qui connat bien lAllemagne,rapporte aussi les propos trs intressants tenus parle chancelier Kohl un interlocuteur franais sur lesultimes ngociations aboutissant lUEM. Ce dernierles a ensuite rapports Jessel : Les seuls deux pointsqui intressaient Franois Mitterrand taient le droit de
vote pour les trangers et () la dtermination de la datenale pour lintroduction de la monnaie unique .En change de laccord pour lUEM, lAllemagne
exigera de son ct que la Banque centrale europennesoit indpendante des pouvoirs politiques.
Loligarchie nancire internationale
Cest ainsi que la France et lAllemagne ont tamenes toutes deux adopter les pires politiques dela synarchie nancire internationale, politiques qui
aboutissent aujourdhui la mise en coupe rgle parla nance de lconomie productive et des populationseuropennes.
Comme on la vu depuis le dbut, les empreintesde loligarchie nancire internationale apparaissenttout au long de lhistoire de lUEM. Parmi les groupesles plus en vue, mais jouant probablement seulementle rle de porte-parole de lensemble de loligarchie,la Fondation Rockefeller et le Groupe de Bilderberg,fond par David Rockefeller et le Prince Bernhard deHollande. A partir de 1973, la Commission trilatrale
militera publiquement pour un monde globalis divisen trois zones rgionales - Etats-Unis, Europe et Asie- vision dailleurs tout fait cohrente, non seulementavec les objectifs impriaux de Kojve, mais aussi avecles projets montaires de Robert Mundell et de songroupe de Sienne. Ce nest donc pas un hasard si onretrouve Marjolin et Barre, et leurs proches, parmi lesmembres de la Commission trilatrale. Sept autresmembres de cette Commission viennent du club JeanMoulin, dont faisait partie Jacques Delors et o lonretrouvait aussi, outre Michel Crozier qui a co-sign
un ouvrage avec Samuel Huntington, des chrtienssociaux qui staient distingus avant guerre dans les
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dcades de Pontigny ou lcole des cadres dUriage dela Rvolution nationale, Paul Delouvrier et FranoisBloch-Lain. LInstitut Aspen, o lon retrouve encoreBarre et Delors, ainsi que Michel Pebereau, de la BNPParibas, est une ppinire de ce type de rseau, alorsquau Bilderberg, on retrouve Jean-Claude Trichet,prsident en exercice de la BCE, et Henri de Castries,prsident dAXA et haut reprsentant du parrain du capitalisme franais, Claude Bbar.
Ayant apport une contribution non ngligeable au
rejet par les citoyens franais du Trait constitutionneleuropen, nous prenons ici lengagement solennel depoursuivre notre combat jusqu la rvocation de ceTrait et au retour de la France des politiques nationaleset europennes conformes aux besoins des populations.
Documentation complmentaire
MARJOLIN, Robert. Le travail dune vie,Mmoires (1911-1986). Paris, Robert Laont, 1986.
Lconomiste Robert Marjolin constitue lun des
meilleurs ls rouges que nous possdons pour suivre
les politiques promues par loligarchie nancire
anglo-amricaine et ses allis continentaux, depuis
les annes trente jusqu sa mort en 1986.
Issu dune famille trs modeste, ce sont les
deux reprsentants de la Fondation Rockefeller en
France, Clestin Bougl, directeur de lEcole normalesuprieure et fondateur du Centre de documentation
sociale, et Charles Rist, conomiste de renom
international, sousgouverneur de la Banque de
France avant la guerre et fondateur de lInstitut de
recherches conomiques et sociales (IRES), qui
lont promu un rle de premier plan sur la scne
internationale.
Cest alors quil passait son oral la Sorbonne
que Bougl repre Marjolin. En 1932, il lui
obtient une bourse aux Etats-Unis, la Fondation
Rockefeller, pour tudier les rapports entre la culture
et la personnalit. En 1933, Bougl prsente Marjolin
Rist qui en fera son principal collaborateur lIRES.
Ses liens avec la Fondation Rockefeller propulsent
Marjolin dans cet univers glauque davant-guerre qui
fournira ses troupes la Rvolution nationale de
Vichy. Cependant, tous nont pas collabor avec
les nazis, certains nissant par choisir, in extremis,
dentrer en rsistance avec Churchill, lorsquils se
sont aperus quHitler avait dcid de sattaquer
lEurope de lOuest avant de sen prendre lUnion
sovitique.
Bien que se rclamant du socialisme Marjolin
fut charg de mission auprs de Lon Blum en 1936dans le premier gouvernement du Front populaire il
pratique le grand cart entre ces ides et les groupes
conomiques les plus libraux, voire mme avec les
milieux planistes inspirs par le no-fasciste belge
Henri de Man. En tant que principal collaborateur
lIRES, Marjolin faisait de frquents voyages
Londres pour travailler avec la London School of
Economics, o la Fondation Rockefeller nanait dj
les conomistes qui allaient fonder en 1947 linfme
Socit du Mont-Plerin, Lionel Robbins et Friedrichvon Hayek. Dans son autobiographie*, Marjolin dira
tout le bien quil pense du Reform Club et de ces
milieux o il retrouvait dexcellents amis anglais
dont Lionel Robbins .
Marjolin sera aussi de ceux qui fondrent
lorganisation qui a prgur lultra-librale
Socit du Mont-Plerin. Ds 1938, Le colloque
Walter Lippmann , organis par le philosophe et
conomiste Louis Rougier, donna lieu la cration
du Centre international dtudes pour la rnovation du
libralisme. Lippman, un publiciste amricain, venait de
publier un livre, The Good Society, qui avait fait fureur,
renvoyant dos dos socialisme et fascisme pour cequi tait du contrle des moyens de production, mais
proposant dencadrer le libralisme conomique par
un cadre juridique et policier tout aussi autoritaire. Sur
les vingt-six personnalits prsentes la fondation
de la Socit du Mont-Plerin, en Suisse, en 1947,
seize, dont les principales, avaient dj particip
ce colloque davant-guerre Paris, dont : Friedrich
von Hayek, Ludwig von Mises, Walter Lippmann, M.
Polany, et Walter Rpke. Parmi les Franais, outre
Louis Rougier, on trouvait sans surprise Raymond
Aron, Robert Marjolin et Jacques Rueff qui, plus tard,
travaillera avec de Gaulle. Notons que lexistence dece colloque fut longtemps occulte par les fondateurs
de la Socit du Mont-Plerin en raison des liens trs
Robert Marjolin, une vie au service
de loligarchie fnancire anglo-amricaine
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troits entretenus par Louis Rougier avec le rgime
de Vichy. Lionel Robbins aurait ainsi mis son veto
la participation de Louis Rougier la premire runion
de Socit du Mont-Plerin, en avril 1947, et ce nest
que dix ans plus tard, Saint-Moritz, que Rougier
rintgrera la Socit, avec le soutien remarqu de
Friedrich von Hayek.
Marjolin dclare, dans son autobiographie,
qu il y a trois noms auxquels (sa) pense
saccroche parmi (ses) contemporains
davantguerre, Raymond Aron, Eric Weil et
Alexandre Kojve. Je leur dois, dit-il, une grande
partie de ce que je pense, de ce que je suis. Il
existait entre nous, malgr nos divergences, une
unit profonde dans la faon dont nous jugions
le monde qui nous entourait et le mouvement de
lhistoire . Cest galement cette poque quil t
connaissance dOlivier Wormser qui une grande
amiti le liera jusqu sa mort. Marjolin participa au
sminaire sur Hegel donn par Kojve lEcole
pratique des Hautes Etudes et fera entrer lmigr
franco-russe au ministre de lEconomie en 1945.
Notons enn que, bien que Marjolin, tout comme
Raymond Aron, aient particip la rsistance contre
le nazisme, ils ont aussi collabor avec les milieux qui
suivirent le marchal Ptain jusquau bout. Marjolin dit
lui-mme avoir t un temps sduit par le groupe
du 9 juillet (1934), qui rassembla les planistes de
tous bords autour dun programme de corporatisme
social et national de type fasciste. Ctait une initiative
de Jules Romain, un adepte de Jean Coutrot,
fondateur, en 1931, du groupe X crise qui rassemblait
des planistes polytechniciens . Il est aussi accus
davoir dirig la Synarchie dEmpire. Le groupe
Rvolution constructive auquel participa Marjolin tait
une caisse de rsonance du planisme de de Man.
Quant Raymond Aron qui, encore en 1983, crivait :
Tratres les collaborateurs, oui ; tratres les tenants
de la Rvolution nationale, certainement non , il
avait t un assidu des Dcades de Pontigny, de Paul
Dejardins, autre vivier de formation de la technocratie
vichyste entre 1911 et 1939.
Alexandre Kojve, logique dempire et
dialectique du matre-esclave
Sans que la plupart des citoyens europens nen
aient la moindre ide, lUEM qui leur a t impose
depuis le milieu des annes 80 porte en elle le
dessein dun empire. Le manipulateur qui a le plus
contribu sa conception, lui aussi parfaitement
inconnu de lopinion publique, est un philosophe
franco-russe du nom dAlexandre Kojve.
N en Russie, Kojve (1902-1968) sexile en
Allemagne en 1920. En 1926, il stablit Paris o
il restera jusqu la n de sa vie. Mais cest Berlin,
dans les annes 20, quil rencontre le philosophe juif
allemand Leo Strauss (1899-1973), qui avait quitt
lAllemagne en 1932 pour Paris o il restera deux ans
en relation avec Kojve avant de stablir Londres. En
1938, il part aux Etats-Unis o il formera lUniversit
de Chicago la plupart des no-conservateurs au
pouvoir aujourdhui dans ce pays. Kojve et Strauss
resteront de proches collaborateurs toute leur vie,
Strauss envoyant ses brillants lves, tels Allan
Bloom ou Francis Fukuyama, auprs de Kojve. A
ce duo, il faut ajouter Carl Schmitt, juriste attitr des
nazis. Notons que Strauss a pu prendre la route de
lexil grce la Fondation Rockefeller toujours elle !
auprs de laquelle Schmitt lavait introduit. Aprs la
guerre, Kojve participa activement la rhabilitationde Carl Schmitt.
Cest un cycle de confrences sur Hegel, donn
entre 1933 et 1939 lEcole pratique de hautes
tudes (EPHE), qui confre Alexandre Kojve son
inuence totalement dmesure dans la vie politique
franaise et europenne. En effet, on retrouve l un
petit groupe dhommes, parmi lesquels Raymond
Aron, Robert Marjolin, George Bataille, Jacques
Lacan et Raymond Queneau, qui jouera un rle
majeur dans les annes qui suivirent, au service de
loligarchie nancire internationale.
QuAlexandre Kojve ait pu exercer une telleinuence est proprement effrayant ltude deses ides. Ardent dfenseur du rtablissementdes empires, il pousait entirement la dialectiquehglienne du matre/esclave comme moteur delhistoire. Son sminaire lEPHE portait surtout sur
la section A du chapitre IV de la Phnomnologiede lesprit dHegel, consacre cette dialectiquedu matre/esclave. Ce texte sert de prface louvrage qui prsente lensemble des sminairesde Kojve.
Au dbut de ce texte, Hegel tablit une diffrence
entre lhomme et lanimal, ce dernier ne dpassant
pas le stade du sentiment de soi , alors que
lhomme est conscient de soi (..) et de sa dignit
humaine . Mais, ce nest pas la raison qui permet lhomme de devenir conscient de lui-mme, mais un
dsir qui le pousse se dcouvrir. Lhomme, nous
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dit-il, ne savre humain que sil risque sa vie ()
dans une lutte mort en vue de la reconnaissance !
Autrement dit, cest la capitulation ou la mort entre
deux adversaires, dans une lutte mort, qui permet
lhomme de reconnatre sa qualit humaine ! Mais
comment un mort, ou deux, peuvent-ils reconnatre
le vainqueur ? Hegel admet que pour que la ralit
humaine puisse se constituer, il faut que les deux
adversaires restent en vie . Dans cette lutte, donc,
lun doit avoir peur de lautre, () doit refuser le
risque de sa vie en vue de la satisfaction (du) dsir de
reconnaissance de lautre. Or, le reconnatre
ainsi, cest le reconnatre comme son Matre et se
reconnatre et se faire reconnatre comme Esclave du
Matre . Cest cette dialectique qui dnit lhistoire
du monde, les esclaves dpassant les matres, le tout
devant sannuler la n de lhistoire, o matres et
esclaves seront les deux la fois
Avec cette conception hglienne, encore plus
brutale que celle de Hobbes et prgurant celle
de Nietzsche, il nest pas tonnant quAlexandreKojve se fasse le dfenseur des empires. Cest le
thme principal dune Esquisse dune doctrine de la
politique franaise rdige en aot 1945 et du Projet
Kojevnikov datant de la mme poque. Dans ce texte
qui parat aberrant par certains cts, mais dont on
voit linuence certaine quil a eue sur la pense no-
conservatrice aux Etats-Unis et en France, o la
Rgle du Jeu de Bernard-Henri Levy publiait encore
des extraits en 1990, juste aprs la chute du Mur et
la runication de lAllemagne, Kojve dfend lide
que lre des nations est rvolue et que pour tre
politiquement viable, lEtat moderne doit reposer surune vaste union impriale de nations apparentes .
Les conomies nationales ne sont plus capables
de nancer les techniques militaires de la guerre
moderne. Entre la nation et lEmpire homogne et
universel de la n de lhistoire, la ralit intermdiaire
est celle des empires rgionaux. Au sortir de la
guerre, Kojve voit deux empires hgmoniques,
lempire slavo-sovitique , dominante religieuse
orthodoxe, et lempire anglo-saxon dominante
protestante, auquel viendra se joindre lAllemagne.
Dans ce contexte, si la France veut continuer
exister, elle ne peut ni rester isole, car son histoire
en tant que nation est nie, ni se joindre cet empire
anglo-saxon, car elle risquerait de ntre plus qu un
hinterland militaire conomique, et par suite politique,
de lAllemagne, devenue lavant-poste militaire de
lEmpire anglosaxon . Usant des mmes arguments
gopolitiques quon a entendus chez Thatcher et
Mitterrand lpoque de la chute du Mur, Kojve
soutient quune France avec 40 millions dhabitants
serait incapable de faire face une Allemagne de 80
millions ! Face cette ralit , Kojve nhsite pas
faire appel la vieille ide de Mussolini et de Laval
en 1936, dun empire des soeurs latines, et propose
que la France constitue un empire latin catholique,
ide-idal () o le peuple franais aurait pour
but et pour devoir le maintien de son rang de primus
inter pares ! Cet empire rassemblant 110 millions
habitants mettrait en commun les ressources de
leurs patrimoines coloniaux , notamment africains,
et aurait une politique conomique et militaire unique.
Sa zone dinuence se limiterait la Mditerrane,
ce mare nostrum. Mais questce qui apparente
ces trois nations ? La douceur de vivre qui
transforme le bien-tre bourgeois en douceur de
vivre aristocratique !
Mais comment convaincre les Franais quils
doivent proclamer que la France est morte
politiquement une fois pour toutes en tant quEtat-
nation ? Il faut quelle comprenne quelle engendre
lempire an de prolonger, dans le futur, lautonomieet la grandeur que son prsent purement national ne
lui permet plus de soutenir . Nestce pas le langage
que toute llite politique nous tient actuellement, que
la France ne peut plus agir puissamment dans le
monde, autrement que par lEurope puissance ?
La cl pour russir, dit Kojve, cest le gnral de
Gaulle, mais comment le convertir lide de
lempire latin ? Kojve labore un plan visant
rassembler, pour soutenir son projet, les masses
contrles par les communistes, la volont politique
du gnral de Gaulle et les lites conomiques,
technocratiques et culturelles. Il propose de mobiliserrsistants constructifs , fonctionnaires, techniciens
et capitalistes, mais aussi tous ceux qui avaient la
foi dans la Rvolution nationale du Marchal et
ont agi en consquence. Car il faut avoir des
hommes daction qui poussent aux limites, mme
sils ont fait des erreurs, pour aboutir. Ailleurs dans
ce texte, qui propose de donner lempire latin juste
assez de pouvoir militaire pour asseoir sa neutralit,
Kojve fait lloge de cette priode dobjection de
conscience que fut Vichy.
Le gnral de Gaulle, on le sait, a boulevers
ce projet qui, sous sa forme dUnion latine, na
probablement jamais t pris au srieux. Il reste que
depuis la mort de de Gaulle, quelque chose de trs
proche est apparu, bien quenglobant lAllemagne,
sous la forme dun ensemble rgional interdpendant,
domin par une autorit supranationale, et que
certains, en Angleterre, appellent dj lEmpire
europen et en France, plus pudiquement, lEurope
puissance.
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principaux acteurs de lOPA hostile lance par Lazard,le 8 avril 1963, contre la Franco-Wyoming, une petitecompagnie de ngociants en ptrole entre lEurope etles Etats-Unis, ont dclar Martine Orange sur cettequipe : Je nous revois Grand Central, un matinde printemps. Il faisait beau. Nous tions six ou sept
prendre le train pour aller dans lEtat du Delaware.Cest l qutait immatricule la Franco-Wyoming.Lassemble gnrale avait lieu l-bas. Nous partions y
prendre le pouvoir , se souvient Jean Guyot, grantassoci, encore ravi plus de quarante ans aprs parcette aventure. Un moment dencanaillement. Noussommes arrivs dans la salle , rajoute Michel David
Weill. Nous avons fait constater que nous avions lamajorit. Et nous avons pris physiquement le contrlede la socit, en montant la tribune. Ctait unmoment assez inattendu. . La Franco Wyoming sera
vendue par appartements, les actifs valant largementplus de deux fois le prix dacquisition.Avec de tels patriotes, qui a besoin dennemis ?On ne saurait trop insister sur le rle nfaste jou
par cet tablissement en France partir des annes 60.L aussi, il a fallu dconstruire le pouvoir de lEtat entant quentit veillant au bien commun. Lconomie
franaise, en ce dbut des annes 1950, est un terrain bienlimit. Les associs grants de Lazard ont beau trs bienconnatre les hommes qui dominent le dbat conomiquede laprs-guerre Jean Monnet, Jacques Rue, Franois
Bloch-Lain, Simon Nora, Antoine Pinay, WilfriedBaumgartner cela ne donne pas les cls pour les aaires.La ncessaire modernisation de lconomie se trouvelargement dans les mains de lEtat. Cest lui qui planie,commande, rgule. Des pans entiers de lindustrie et de la
nance ont t nationaliss au sortir de la guerre. De retour des Etats-Unis o il est all apprendre
toutes les astuces du mtier auprs dAndr Meyer,Michel David Weill prpare lavnement ducapitalis
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