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FRANCE Catholique ISSN 0015-9506 Cent-cinquantenaire des apparitions de Lourdes pages 20 à 23, avec le Père René LAURENTIN n Le péché originel existe-t-il encore ? page 15 Dans ce numéro : IMMIGRATION / PÉCHÉ ORIGINEL / ERIC ZEMMOUR n La France terre d’accueil ? entretien avec Patrick Peugeot président de la Cimade pages 8 à 11 FRANCE Catholique 84 e année - Hebdomadaire n°3105 - 8 février 2008 www.france-catholique.fr 2,90 FRANCE Catholique

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Cent-cinquantenairedes apparitions

de Lourdes pages 20 à 23, avec le Père René LAURENTIN

n Le péchéoriginel existe-t-il encore ?

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84e année - Hebdomadaire n°3105 - 8 février 2008 www.france-catholique.fr 2,90€

FRANCECatholique

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BRÈVES

2 FRANCECatholique n°3105 8 février 2008

MONDECRiSE fiNaNCiÈRE : Le Premier mi- nistre britannique a reçu à Londres le 29 janvier le président Sarkozy, la chance-lière A. Merkel, le chef du gouvernement italien R. Prodi et le président de la Com mission européenne J.M. Barroso pour envisager les éléments d’une régu-lation financière internationale ; ils ont également examiné les conséquences de la récession économique américaine et les problèmes de la compétitivité européenne. Pour la seconde fois en huit jours, la Réserve fédérale américaine a baissé le 30 janvier son taux directeur d’un demi-point pour le ramener à 3% afin de soutenir l’activité.TChaD : L’Union européenne a donné son feu vert au déploiement, dès la mi-février, d’une force de 3700 hommes dans l’est du Tchad. Face à l’arrivée de forces rebelles venues du Soudan, une compagnie militaire française supplé-mentaire a été déployée le 1er février à N’Djamena pour assurer la sécurité des ressortissants français ; plus de 700 per-sonnes ont été évacuées vers Libreville dès le 3 février avant d’être rapatriées.KENya : Après l’assassinat de deux dépu-tés de l’opposition les 28 janvier et 1er février, une nouvelle vague de violences a déferlé dans plusieurs villes ; on déplore plus de 1000 morts depuis un mois ; la médiation de l’ancien secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, a permis l’appro-bation par les parties en présence d’un cadre de discussions destiné à mettre fin aux violences ; mais celles-ci se pour-suivent dans l’ouest du pays.iTaliE : Après la démission de Romano Prodi, le président du Sénat, Franco Marini, a été chargé le 31 janvier de former un gouvernement de transition qui aura pour mission de modifier la loi électorale.COlOMBiE : Les Farc ont annoncé le 2 février la libération de trois nouveaux otages, enlevés en 2001.PROChE-ORiENT : Les forces égyptiennes ont fermé le 3 février la frontière avec la bande de Gaza qui avait été ouverte par le Hamas pour briser le blocus israélien.TuRquiE : Plusieurs dizaines de milliers de manifestants laïques ont dénoncé le 2 février le projet gouvernemental de lever l’interdiction du voile islamique dans les universités.SERBiE : Le président pro-occidental Boris Tadic a été réélu de justesse le 3 février avec 50,5% des voix face au nationaliste pro-russe Nikolic.

fRaNCEPOliTiquE : La popularité de Nicolas Sarkozy est en forte baisse ; la majorité redoute les effets de cette situation sur le résultat des élections municipales de mars. Le PS a d’ailleurs ravi un siège à la majorité en remportant le 3 février une législative partielle en Eure-et-Loir ; en revanche, le candidat de l’UMP l’a emporté dans les Hauts-de-Seine.Le Parlement s’est réuni le 4 février en Congrès à Versailles pour entériner la révision constitutionnelle préalable à la ratification du traité européen.CaRNET MONDaiN : Le maire du 8e arrondissement de Paris a annoncé que Nicolas Sarkozy et Carla Bruni s’étaient mariés à l’Elysée le samedi 2 février.BaNquES : Humiliée par le scandale et les pertes qu’elle a subies, la Société générale pourrait faire l’objet d’une OPA de la part de ses rivales françaises, BNP Paribas et Crédit agricole, ou étran gères comme HSBC et Barclays. Remis le 4 février au Premier ministre, le rapport de la ministre des Finances, Ch. Lagarde, relève plusieurs failles dans le système de contrôle de la Société générale, ce qui fragilise son PDG, D. Bouton, également poursuivi pour blanchiment d’argent dans l’affaire du « Sentier II ».COMMERCE : Les centres Leclerc ont retiré de leurs rayons six articles de marques dont les tarifs ont augmenté de 20% au cours des derniers mois.Pour la première fois, les syndicats ont lancé, le 1er février, un appel commun aux 650 000 salariés de la grande dis-tribution pour qu’ils manifestent sur trois mots d’ordre : le pouvoir d’achat, l’emploi et le repos dominical.EMPlOi : Le ministère de l’Economie a annoncé le 30 janvier que le nombre de demandeurs d’emploi a baissé de 0,5% en décembre 2007 pour s’établir à 1,89 million ; en un an, le nombre de chô-meurs recensés a diminué de 9,3%.lOgEMENT : Publié le 1er février, le rap-port annuel de la Fondation Abbé Pierre rappelle que si 435 000 logements ont été mis en chantier en 2007, un million de personnes ne sont pas satisfaites de leurs conditions de logement, dont 600 000 sont mal logées.Le Premier ministre, François Fillon, a annoncé le 29 janvier l’ouverture d’un crédit de 250 millions d’euros et un plan pluriannuel pour l’hébergement des sans-abri ; ces mesures sont jugées insuffisantes par les associations de lutte contre l’exclusion.

ENquêTES : Cinq ans après la disparition de la petite Estelle Mouzin à Guermantes (Seine-et-Marne), une perquisition a été effectuée le 31 janvier dans un restau-rant asiatique dans l’espoir de retrouver son corps ; mais les fouilles n’ont donné aucun résultat.SaNTé : Le chef de l’Etat a présenté le 1er février un plan de lutte contre la maladie d’Alzeimer, d’un montant de 1,6 milliard sur cinq ans qui sera financé par les franchises médicales.Selon les chiffres fournis par l’Inserm le 1er février, le taux moyen de suicides (16,6 décès pour 100 000 habitants) est actuellement le plus bas enregistré depuis 30 ans.SOliDaRiTé : Le gouvernement a décidé de supprimer dès cette année le lundi de Pentecôte non chômé comme journée nationale de solidarité ; il sera remplacé par un système « à la carte » organisé par les entreprises.ECOlE : Agressé par un élève à Pierrefitte-sur-Seine en novembre dernier, le princi-pal adjoint d’un collège a été interpellé le 29 janvier ; les enquêteurs le soup-çonnent d’avoir simulé l’agression en se blessant lui-même.Un professeur qui a reconnu avoir giflé un élève de 6e qui l’avait grossièrement insulté, sera jugé pour « violence aggra-vée sur mineur » ; il a été suspendu jusqu’à son jugement le 27 mars pro-chain. Le ministre de l’Education, Xavier Darcos, a annoncé le 30 janvier la publication d’une charte qui définira la qualité et la propreté des toilettes à l’école.Michel Rocard a annoncé le 31 jan-vier sa démission de la commission sur l’évolution du métier d’enseignant pour dénoncer « une exploitation menson-gère » par la presse du travail de cette commission.ViTiCulTuRE : Pour la première fois en France, un groupe chinois, la société Longhai International, a racheté un vin de Bordeaux, le Château Latour-Lagens, qui produit chaque année 160 000 bou-teilles de Bordeaux supérieur.CiRCulaTiON : Les taxis ont manifesté le 30 janvier dans les grandes villes pour protester contre la déréglementation de la profession proposée par le rapport Attali sur la croissance.aERONauTiquE :Un avion A380 d’Airbus a réussi le 1er février un vol d’essai ali-menté en partie et pour la première fois par un carburant dérivé du gaz naturel.

J.L.

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SOMMAIRE ACTUALITÉ 4 pRESSE Le Monde en sursis Alice Tulle 5 AfRIqUE Réconciliation ? Yves La Marck 6 pMA Destins embryonnaires Tugdual Derville

DOSSIER 8 SOCIÉTÉ La france de l'accueil Patrick Peugeot / Anne Kurian 12 L'inconnu des beaux quartiers Robert Masson

ESpRIT

13 ECCLÉSIA Décès du père Maciel Zénit 15 LECTURES Retour sur le péché des origines Père Michel Gitton 16 zAMbIE Évangéliser avec peu de moyens

Marc Fromager 17 b.D. Sac au dos sans trêve,18/40 Albéric de Palmaert - Palmar 18 bRÉSIL La leçon de Curvelo Don Patrick de Laubier 20 AnnIvERSAIRE 150 ans de Lourdes Père René Laurentin / Patrick Sbalchiero

MAgAzInE 24 LIvRES Le cardinal globe-trotter Patrick de Laubier 25 IDÉES De Maurras à Éric zemmour Gérard Leclerc 27 LIvRES Compostelle, itinéraire spirituel Louis Mollaret 28 ThÉâTRE Jonas, prophète

des bouts du monde Jocelyne et Étienne Tarneaud / Matthieu Gourrin 30 MUSÉE DAppER Animal Alain Solari 32 SAInT vALEnTIn parlez-moi d'amour Alain Solari 33 CInÉMA "Le bannissement",

"Juno","Cloverfield","Astérix aux Jeux Olympiques'"

M.-C. Renaud d'André - M.-L. Roussel 34 ThÉâTRE "Minetti" Pierre François 35 TÉLÉvISIOn "La conquête de Mars",

"Cœurs", "The company" Marie-Christine Renaud d’André 36 TÉLÉvISIOn votre début de soirée M.-Ch. R. d’A. 38 bLOC-nOTES vie associative et d’Église Brigitte Pondaven

Couverture : © pasCal lambot

ÉDITORIAL

FRANCECatholique n°3105 8 fevrier 2008 3

nous fêtons le cent cinquantième anniversaire de la pre mière apparition de la Mère de Dieu à Bernadette Soubirous. C'était le 11 février 1858 à la grotte de Massabielle, où l'humble fille du meunier était partie chercher du bois... Extraordinaire histoire que celle-là, qui pourrait être assimilée à un conte de fée, si le merveilleux n'était pas tout simplement l'intrusion du Ciel sur un coin de la terre,

et si ce n'était pas une page d'Évangile toute pure. Cette petite fille du Béarn concentre en elle toutes les Béatitudes. Issue de la plus pauvre famille de la ville, dépourvue de savoir et de tout prestige aux yeux du monde, elle est l'élue de Dieu qui s'adresse aux plus humbles. On connaît la suite de la rencontre des bords du Gave. C'est comme si des quelques bûches recueillies avait jailli un feu immense pour éclairer la terre.

Mais Bernadette s'est retirée aussitôt qu'elle a livré le message de l'Immaculée. Elle est la première d'un cortège sans fin qui s'écoulera dans la grotte. Foule immense des riches et des pauvres, des réputés et des anonymes, des bien portants et des malades, avec cette particularité qu'à Lourdes c'est la logique du Magnificat qui prévaut. Les pauvres, les malades, les exclus sont les premiers servis. Et c'est comme si la mutation des valeurs s'opérait sans cesse à l'encontre des normes établies. Certes, il n'y a ici nul mépris pour la science et le progrès et la ville mariale bénéficie de toutes les avancées de la technologie, ne serait-ce que celle qui permet le meilleur accueil des souffrants. Mais Dieu est le premier servi et la charte du Royaume inaugure comme une autre société.

Certes, on reproche à la ville mariale l'indiscrétion de son commerce saint-sulpicien. La belle affaire ! C'est André Frossard qui parlait, avec son humour coutumier, des confettis de la piété. Les humbles souvenirs ramenés de Lourdes établissent une chaîne d'amitié et de solidarité, avec une présence établie dans les foyers qui perpétue le message et les grâces vécues. On les retrouve même sur les tombes de nos cimetières. Il faut donc s'interroger sur cette force si singulière qui défie nos meilleures inventions pastorales. À la grotte de Massabielle, les cœurs s'ouvrent, les lèvres murmurent les désirs les plus profonds, les âmes se convertissent, tandis que, par milliers, jeunes et moins jeunes découvrent les gestes de la charité. On l'a dit à juste titre, derrière les milliers de miracles physiques accomplis par la médiation de la Vierge Sainte, il y a un grand miracle permanent. Sans doute, celui qui continue à nous communiquer l'appel d'en haut et à nous rappeler que, fils et filles de cette terre, nous sommes tous appelés à être citoyens du Ciel pour une filiation divine. C'est pourquoi ce cent-cinquantième anniversaire est d'ores et déjà le plus beau cadeau de cette année 2008. ■

par Gérard LECLERC

Le plus beaucadeau de l'année

Écoutez la chronique de Gérard Leclerc, chaque semaine sur :

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àla fin du siècle dernier, trois hommes prési-daient aux destinées du « quotidien de référence » : Jean-

Marie Colombani, son direc-teur, qui avait l’ambition de créer un grand groupe de presse (1) ; Alain Minc, l’om-niscient président du conseil de surveillance qui assurait le lien avec les milieux d’af- faires ; Edwy Plenel, enquê-teur redouté qui avait gardé du trotskisme de sa jeunesse des talents d’inquisiteur.

En 2002, le succès du livre La Face cachée du Monde (2) je ta le discrédit sur cette troïka qui, dans ses tentative de résistance, perdit son unité. Successivement, Edwy Plenel et Jean-Marie Colombani furent poussés à la démission. Une nouvelle troïka s’installa en 2007 avec Pierre Jeantet à la présidence du groupe, Bruno Patino à la vice-pré-sidence et Eric Fottorino à la direction du quotidien. Désavoué à la suite d’un vote, Alain Minc demeura cepen-dant dans la place.

Mais, fin décembre, les trois nouveaux dirigeants entraient en conflit avec la Société des Rédacteurs du Monde (la SRM détient 13% du capital et 21% des voix au holding de contrôle). Ils démissionnent. Mais Eric Fottorino décide de re prendre sa démission début janvier et

de se porter candidat à la présidence du directoire du groupe « Le Monde ». Pour se faire élire, il doit réunir 16 voix dans les deux col lèges (administrateurs externes, administrateurs internes) dont 2 voix de la SRM qui dispose d’un droit de veto.

Courant janvier, pendant la « campagne é lecto-rale », Alain Minc tente de vendre, en coulisses, le groupe à Lagardère ou au groupe espagnol Pri sa – ce, que dénonce le président de la société des rédacteurs, Jean-Michel Dumay.

Bien entendu, Alain Minc cherche à obtenir la démis-sion du président de la SRM avec l’appui de neuf admi-nistrateurs externes, figures du capitalisme français, qui souhaitent en général réduire

l’influence de la société des rédacteurs et rétablir la situa-tion financière du groupe (150 millions d’euros au passif).

Le 25 janvier, la guerre entre journalistes et capita-listes semble terminée : Eric Fottorino est élu à la prési-dence du groupe, Jean-Michel

Dumay accepte de ne pas se représenter à la présidence de la SRM. Alain Minc a donc triomphé de son adversaire mais il est prévu qu’il parte lui-même le 31 mars.

Quelques heures plus tard,

les observateurs constatent qu’il s’agit d’une simple trêve. Eric Fottorino s’était engagé à ne jamais demander le dé part de Jean-Michel Dumay, garant de l’indépendance de la rédaction. Or le nouveau président du directoire est accusé d’avoir conclu un accord secret avec Alain Minc. Eric Fottorino aurait accepté un plan de recapitalisation rapide, auquel Lagardère et Prisa seraient associés.

Le 30 janvier, Jean-Michel Dumay accuse l'administra-teur Jean-Louis Beffa (PDG de St-Gobain) de l’avoir soumis à un chantage : ou bien il signait sa future démission, ou bien un administrateur provisoire était nommé à la tête du groupe. Selon lui, « il y a eu un pacte secret signé avant les votes des assemblées générales de personnels » et le PDG de Saint-Gobain a « extorqué sa signature sous la contrainte ».

Dans cette guerre totale, la victoire appartiendra à ceux qui apporteront les capitaux indispensables à ce « Monde » en perdition. n

Le Monde en sursis

ACTUALITEprEssE

« Il y a eu un pacte secret avant les votes des assemblées générales de personnels »

4 FRANCECatholique n°3105 8 février 2008

par Alice TULLE

(

Le « quotidien de référence » connaît depuis plusieurs mois une des crises les plus violentes de son histoire. Lourdement endetté, convoité, le sort du journal reste très incertain.

(1) On se rappelle le rachat du groupe chrétien Malhesherbes (La Vie, La Procure, Télérama, Prier, DDB, etc.)(2) de Philippe Cohen et Pierre Péan, éd. Mille et Une Nuits, 2003.

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ACTUALITEpar Yves LA MARCK

L e président Sarkozy veut liquider les héri-tages du passé pour redynamiser notre diplomatie à travers

le monde. Un travail en profondeur a été engagé pour ce qui concerne l’Afrique qui entre à pas redoublés dans la mondialisation. Depuis 1994, le souvenir du génocide au Rwanda continue de hanter les mémoires dans la mesure où il scelle en même temps qu’il rompt avec une politi-que quasi séculaire de la France en Afrique. Plus encore que les indépendances des années soixante, cet événement a introduit la rupture. .

E n c h e r c h a n t honnêtement, pour la première fois depuis quatorze ans, à se réconcilier avec les autorités rwandaises issues du génocide, le chef de l’Etat français voudrait faire comprendre au monde qu’il fait sienne cette rupture. Il sait bien que, quels que soient les gestes qu’il accomplira sur d’autres terrains, il ne sera pas pleinement crédible et légitime tant que persistera le diffé-rend franco-rwandais. C’est un verrou qui ferme la porte d’une nouvelle relation afri-caine et au-delà d’une morale internationale.

Les obstacles sont séman-tiques, car on est d’abord dans

le domaine du symbolique. A Lisbonne en décembre, lors du sommet Europe-Afrique, parlant pour la première fois des responsabilités françaises dans le drame, Nicolas Sarkozy avait prononcé deux mots au choix : « nos faiblesses ou nos erreurs ». Son ministre des

affaires étrangères, à Kigali, le 26 janvier, a parlé de « faute politique ». Erreur ou faute, dira-t-on, quelle différence ? D’ailleurs Bernard Kouchner avait mêlé les deux termes dans sa réponse : « la faute est poli-tique, d’ailleurs l’erreur vient de loin ». Elle ne remonte pas à 1994 mais aux années 70 et 90. En effet la première marque d’intérêt de la part de la France

pour cette ancienne colonie belge date de Giscard d’Estaing qui avait décidé de s’installer au cœur de l’Afrique et de soutenir le Zaïre de Mobutu en passe d’être abandonné par Bruxelles et Washington ; l’alliance fut confortée par le président Mitterrand qui engagea l’ar-

mée française en 1990 pour soutenir un régime rwandais au bord de l’effondrement.

Bernard Kouchner n’avait pas vu que la question, comme toujours s’agissant du Rwanda, était biaisée. A la question : est-ce une faute militaire ? Il sait bien qu’il doit répondre sur le second volet : politi-que et non militaire, puisque les militaires, qui ont leur

honneur pour eux avec l’opé-ration « Turquoise », ont suivi les ordres donnés par l’échelon politique. Or le piège était dans le premier volet : le mot de « faute » introduit par le ques-tionneur et que le ministre devait se garder de reprendre. La réponse devait être : c’est une erreur politique. Faute implique responsabilité, ce que ne fait pas l’erreur, Sarkozy ne s’y était, lui, pas trompé. La réconciliation franco-fran-

çaise dans un premier temps, franco-rwan-daise ensuite, était à ce prix.

Bientôt dix ans se sont écoulés depuis la mission d’enquête parlementaire qui a retourné les responsa-bilités dans le drame du Rwanda sous tous les angles, qualifiant ici les dysfonctionne-ments, là les erreurs, là les fautes. Elle a conduit à des réformes substantielles dans le dispositif des inter-ventions militaires et de la coopération, qui ont tiré les leçons de ce ratage monumental

et devraient éviter sa répéti-tion. Le traitement des crises en Cote d’Ivoire et maintenant au Kenya, au Soudan et au Tchad, tient compte de ce qui s’est passé au Rwanda, mais pas assez cependant parce que nous ne sommes pas encore allés au bout de la réconciliation, parce que jusqu’à aujourd’hui nous ne parvenons toujours pas à comprendre l’indicible. n

réconciliation ?AFrIQUE

FRANCECatholique n°3105 8 février 2008 5

Peut-on se réconcilier avec l’irréconciliable ? C’est la question que pose jusqu'à aujourd’hui le génocide au Rwanda voici bientôt quatorze ans.

)Des réformes substantielles qui ont tiréles leçons de ce ratage monumental

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C'est une campagne inédite que vient d’annoncer l’Agence de biomédecine : un appel aux dons… de

gamètes. 26 ans après la nais-sance d’Amandine, premier « bébé-éprouvette » français, l’Agence publie les derniers chiffres de la procréation médi-calement : 19 000 naissances en 2005, pour 123 000 tenta-tives. Des données qui recou-vrent des réalités différentes avec environ 6 000 naissances après insémination artificielle, 4 500 après fécondation in vitro classique, 7000 après micro-injection de spermatozoïdes in vitro et 2 000 après trans-fert d’embryons congelés. Les pratiques explosent (+ 16 % en 3 ans), ce qui explique peut-être la pénurie de « matières premières ». Certes, la plupart des fécondations en laboratoire sont réalisées avec les gamètes des deux membres du couple demandeur. Il reste tout de même que 1 193 enfants en 2005 sont issus de dons de sperme. Quant aux dons d’ovo-cytes (dont le prélèvement est beaucoup plus délicat que celui des spermatozoïdes), il demeure presque marginal : environ 500 dons en 2005 génèrent 100 naissances.

Derrière la réalisation du rêve de l’enfant qui ne venait pas, la réalité de l’assistance médicale à la procréation (AMP) n’est pas aussi rose que

le visage des nouveau-nés dont on applaudit la naissance. On dépasse à peine une réussite pour 5 tentatives, et le risque de grossesses multiples et de handicap lié à la grande préma-turité est élevé.

Quatre couples sur dix finiront par renoncer à l’AMP, souvent après des années d’un « parcours du combattant » qui aura retardé d’autant l’orienta-tion vers d'éventuelles procé-dures d’adoption.

Quant aux enfants nés avec donneurs, certains, devenus adultes, se rebiffent. À l’image d’Arthur Kermalvezen qui vient de pu blier, à l’âge de 24 ans, Né de spermatozoïdes inconnus (Presses de la Renaissance). Ce psychopédagogue se bat pour

que les personnes conçues par insémination avec

donneur puissent avoir accès à leurs

origines géné-

tiques. Pour le moment, la révision des lois bioéthiques prévue en 2009 ne semble pas s’orienter dans cette direc-tion, d’autant qu’on sait que la levée de l’anonymat décourage singulièrement les donneurs. La

France a une double tradition de gratuité des produits du corps humain et de non-personnali-sation des dons. Aux États-Unis où ce type de pratique s’inscrit dans un contexte libéral, avec banques nominatives, en chères et rémunérations, d’anciens étudiants, qui avaient financé leurs chères études en vendant leur semence, ont été contactés par des dizaines d’adolescents désirant découvrir la bouille de « papa ». Ils n’ont pas forcé-ment ri.

A contrario, la privation des origines biologiques provo-que d’autres risques comme l’a signalé récemment le parlementaire anglais David Alton, en révélant qu’on avait dû annuler le mariage

d’un frère et d’une sœur qui s’étaient unis sans

savoir qu’ils avaient l e s m ê m e s parents. Et le lord britannique de mettre en garde contre le r isque de transgression de l’interdit de l ’ inceste que fait courir, à cause du don de gamètes, la multiplication des en fants ignorant tout,

soit de leur père, soit de leur mère, soit des deux.

Quoi qu’il en soit, l’Agence de biomédecine fait état d’un « manque chronique » de donneurs selon l’expression de François Thépot, son direc-teur médical. Il parle du don comme d’un « acte de solida-rité (...) unique espoir » pour les demandeurs. Une première

Destins embryonnaires

ACTUALITEp.M.A.

L'Agence de biomédecine fait état d'un « manque chronique » de donneurs

6 FRANCECatholique n°3105 8 février 2008

par Tugdual DERVILLE

(

Des médecins et des familles demandent des assouplissements juridiques pour favoriser les procréations médicalement assistées. En mesurent-ils les conséquences ?

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Destins embryonnaires

ACTUALITE

campagne sera donc bientôt lancée pour doper le don d’ovo-cytes, une seconde, annoncée pour l’automne, visera les don neurs de spermatozoïdes.

Le spectre du « tourisme procréatif » est également brandi pour réclamer un as souplissement de la législa-tion française. L’emblématique professeur René Frydman, qu’on continue de présenter sans guillemets comme père d’Amandine réclame une rému-nération des donneurs.

Le débat semble avoir singulièrement évacué la ques-tion cruciale de la dignité de l’embryon humain, comme si l’objectif de venir en aide aux couples en détresse justifiait tous les moyens utilisés. La pratique de la fécondation in vitro provoque la procréa-tion, chaque année, d’environ 240 000 embryons qui seront d’abord triés puis, selon leur « qualité », détruits, implantés, ou congelés.

Certains des embryons implantés sont même avortés dans le cadre des « réduc-tions embryonnaires ». Quant aux « surnuméraires », peu seront transmis aux parents pour de nouvelles tentatives (13 500 en 2005). Sur 141 460 embryons conservés dans les congélateurs, seulement 58 % font encore l’objet d’un projet parental. Depuis les lois bioéthiques de 2004, les autres peuvent être livrés à la recherche (9000 en 2004) ou bien détruits.

Mais les parents de 25 000 embryons ne répondent déjà plus aux appels. L’Agence de biomédecine note à propos de leur projet parental : « in connu ». n

FRANCECatholique n°3105 8 février 2008 7

La situation en Terre saintepar Mgr Philippe BRIZARD,

directeur général de l’Œuvre d’Orient

A ctuellement, on parle beaucoup de la Palestine, spécialement de la bande de Gaza. Qu’en est-il exactement de la situation aux points de vue social et religieux ? Il en a été fortement question ces derniers jours à une réu-

nion qui s’est tenue à Rome.D’abord, il faut savoir que près de 40 % du territoire palestinien est colonisé

par Israël, avec tout ce que cela suppose d’infrastructures réservées aux colons israéliens, de confiscation de terres arables et de ressources en eau. Un rapport de l’Agence des Nations unies pour les Palestiniens estime que la Palestine est l’un des 10 pays du monde dont le taux de chômage dépasse les 20 %. C’est dire que les ménages en viennent à vivre d’expédients. 50 % des Palestiniens vivent main-tenant en dessous du seuil de pauvreté et 17 % d’entre eux sont en état de très grande pauvreté. Inutile de préciser que nombre d’enfants ne vont plus à l’école.

Dans la bande de Gaza, la situa-tion est encore pire avec le manque de fuel et d’électricité. On craint pour la santé publique. La pénurie a pro-voqué les explosions de la semaine dernière. Comme il n’est pas possible de franchir la clôture du côté israé-lien, c’est du côté égyptien que des foules sont allés chercher de quoi subsister. Bien sûr, il y a du Hamas là-dessous que la maladresse occi-dentale a porté au pouvoir alors qu’il semble bien que 61% des habitants de la bande de Gaza préfèreraient le Fatah. Très inquiétante est l’enquête de l’Association pour les droits civi-ques en Israël qui révèle que la moi-tié de la population juive estime que les Arabes israéliens ne méritent pas l’égalité des droits et même nourris-sent l’idée que l’Etat devrait encou-rager l’émigration des Arabes hors d’Israël. A noter que le taux d’immi-gration en Israël n’a jamais été aussi bas depuis 1989, moins de 6 %.

Du côté des chrétiens, le climat se détériore. De graves incidents se produisent : assassinat d’un chauffeur de taxi Arabe chrétien par un juif, attaques répétées de juifs contre le clergé de l’aveu même du ministre israélien des Affai-res religieuses. Il arrive qu’on crache sur les ecclésiastiques, comme il est arrivé à l’Archevêque arménien, en outre, la croix de son église, datant du XVIIe siècle, a été brisée. Les tracasseries administratives que subit le clergé impressionnent les esprits faibles qui se croient tout autorisé. Ainsi, pour la seule Église catholique, 250 clercs, religieux et religieuses sont privés de visas de retour. Très récemment, le Saint Siège a énergiquement réagi par la bouche de hauts prélats. Seule consola-tion, le nombre des pèlerins continue d’augmenter apportant espérance et un peu d’activité à la population, à Bethléem notamment. n

"Fenêtre de l'espoir" peinte sur le mur de séparation à Bethléem

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■ Patrick Peugeot, après une carrière bien remplie, à l'âge de la retraite en 2006, vous êtes devenu pré-sident de la Cimade, comment expliquer ce dernier engagement ?

Je suis pour ainsi dire "tombé dedans lorsque j'étais petit" ! Toute ma famille, d'obédience protestante, était à la Cimade : mes parents, mes oncles et tantes. J'ai commencé très jeune à fai-re le travail de base, comme bénévole pour mettre le courrier dans des enve-loppes. Puis j'ai pris des responsabilités. Le plus souvent, je me suis intéressé aux affaires matérielles de l'associa-tion. Néanmoins je ne me suis pas can-tonné à la Cimade. J'ai été longtemps président des étudiants protestants.

■ êtes-vous engagé à la Cimade par foi ?

Par foi ? Il faut être clair. J'ai participé aux scouts, aux mouvements d'étudiants…. certes je vivais aussi ma foi dans ces différents cadres. Ce-pendant chacun de ces mouvements a un intérêt propre, indépendamment de la foi. À la Cimade, mon intérêt est attiré par un objet concret, qui concerne mon pays de façon directe et spécifique.

■ Pourquoi est-ce que le problème de l'immigration se poserait de manière particulière en France ?

La France est le pays qui a le mieux réussi l'inté-gration d'étrangers durant tous les XIXe et XXe siè-cles, et même bien avant d'ailleurs. Notre pays est particulièrement marqué dans son Histoire par l'immigration. Certes, les données démographiques et économiques ont changé. La France a pu lancer des appels aux bonnes volontés, dont aujourd'hui elle croit n'avoir plus besoin. Cependant détrom-pez-vous : nous en avons besoin. On minore bien souvent le potentiel des étrangers qui émigrent.

SOCIÉTÉ

Clandestins, sans papiers, SDF, ghettos, immigration choisie, politique des quotas, rétention administrative, mesure d'éloignement… tous ces mots, la CIMADE (à l'origine : Comité intermouvements auprès des évacués...) les connaît, les vit et ne les banalise pas. L'association œcuménique se bat, depuis 1939, pour le respect des droits des étrangers arrivés sur le sol français, par choix, détresse, fuite, ou espoir d'un avenir meilleur. 10% des étrangers en France seraient aujourd'hui en situation plus ou moins irrégulière. Cela représenterait de 200.000 à 400.000 personnes. La Cimade, organisation non gouvernementale mais reconnue au plus haut niveau et en partie financée sur fonds publics, agit en leur faveur. Elle se veut une force d'action sociale et de proposition. Son emblématique président, Patrick Peugeot, nous explique son engagement personnel dans cette belle œuvre.

Entretien entre Anne KURIAN et Patrick PEUGEOT

CIMADE

8 FRANCECatholique n°3105 8 février 2008

La France de l'accueil

Dessin de Wosniak : carte de vœux de la Cimade pour 2008

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Ils sont jeunes, en bonne santé, prêts à travailler. Mais il faut ad mettre que lorsqu'on est interdit de travail, interdit de papiers, cela crée une certaine catégorie de personnes "sous-accueillies". Or, his-toriquement, la France veillait à leur accueil.

■ Pourquoi ne s'en occuperait-elle plus comme avant ?

Les étrangers sont devenus des boucs émissai-res. Notre société doute d'elle-même, elle se trouve face à des incertitudes économiques et les croyan-ces religieuses, politiques, et morales sont remises en cause. Plutôt que d'accueillir la différence dans ce qu'elle a de meilleur, les gens ont peur et le ra-cisme se banalise dangereusement.

■ Mais y a-t-il de l'emploi pour tout le monde ?

On ne peut pas méconnaître le fait que lors-que les Français sont en recherche d'emploi, ils ne sont pas prêts à tout faire pour travailler. Il reste beaucoup de postes inoccupés, dont les Français ne veulent pas. Vous en voulez une preuve ? C'est que le gouvernement s'organise pour parer aux besoins, en appelant des compétences extérieures. Mais la barre est trop haut (médecins, ingénieurs…) et on

ne résout pas le problème des emplois non pourvus dont beaucoup sont tout simplement des emplois manuels : charpentiers, maçons, ouvriers agri-coles… Certaines préfectures donnent des permis de séjour pour cette raison.

■ Que fait la Cimade dans tout ça ?

Nous, notre préoccupation c'est beaucoup plus ceux qui arrivent sans papiers. Partout en France, les bénévoles de la Cimade tiennent des perma-nence pour accueillir et conseiller les migrants et demandeurs d'asile qui s'adressent à nous. Nous intervenons aussi dans les centres de rétention où nous sommes chargés par les pouvoirs publics d'une mission d'accompagnement et de défense des droits des étrangers contraints de quitter le territoire. Avant, il y avait au maximum 10 centres sur tout le territoire. Aujourd'hui, il y en a 26. En plus leur taille a été augmentée. À nos yeux, c'est déplorable. Le gouvernement doit et va réfléchir à l'évolution de cette loi.

■ Que pensez-vous de la politique des quotas ?

La Cimade n'est pas favorable à une politique de quotas. Autoriser ou non l'entrée en France

FRANCECatholique n°3105 8 février 2008 9

La France est le pays qui a le mieux réussi l'intégration des émigrés

durant les XIXe et XXe siècles

Patrick Peugeot est né en 1937, lointain cousin de la famille des automobiles

du même nom, polytechnicien, comme l'étaient son père, son grand-père et

son arrière-grand-père, il a hérité de la lignée paternelle le don de diriger, et de sa mère, assistante sociale, un solide enracinement dans le militantisme... Et des deux, l'engagement dans une

certaine tradition protestante française. Il a rencontré Michel Rocard, dans le scoutisme protestant et l'a suivi un temps au PSU... Comme lui, il a été

haut fonctionnaire, mais, comme Louis Schweitzer, il est devenu un grand patron après avoir fréquenté les

cabinets ministériels (de Jacques Chaban-Delmas à Jacques Delors).

Sous sa présidence, la mutuelle La Mondiale a multiplié son chiffre

d'affaires par sept. Administrateur du quotidien "Libération", on dit qu'il a soutenu Serge July autant qu'il a pu.

Sous une apparence à la fois bonhomme, modeste et austère, c'est un homme de pouvoir au carnet d'adresses phénoménal et, à ses heures, un dynamiteur, comme tant d'autres de sa génération et de son milieu. Il fait la fierté de l'hebdomadaire

protestant "Réforme" et bien sûr de la Cimade dont il synthétise la plupart des qualités et certaines ambiguïtés - souvent fécondes - entre contestation

et participation au pouvoir...

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d'étrangers selon des critères professionnels et de nationalité est une vision purement utilitariste qui oublie les droits fondamentaux des personnes. D'ailleurs, le Conseil constitutionnel s'est déjà pro-noncé contre une telle politique, affirmant que la notion même de quotas est contraire au principe d'égalité et ce principe s'applique bien évidemment pour les Français comme pour les étrangers. Sans même modifier la Constitution, la politique ac-tuelle tend déjà vers cette logique lorsque le gou-vernement met en place des listes de métiers qui autoriseraient certains étrangers à être régularisés. Mais rien n'est moins sûr que cette régularisation ! Encore faut-il que leur nationalité, leur métier et la région où ils habitent correspondent à la liste établie par le ministère de l'Immigration. Nous appelons d'ailleurs les étrangers à la plus grande prudence face à ce leurre, puisque vraisemblable-ment un nombre extrêmement limité d'étrangers sera peut-être régularisé.

■ Quel est le dossier brûlant sur lequel vous êtes en train de travailler ?

Nous sommes actuellement mobilisés notam-ment sur deux campagnes particulièrement im-portantes : d'une part, nous demandons aux par-lementaires européens de se prononcer contre le projet de directive européenne sur la rétention et l'éloignement des étrangers. En France la durée de

détention des étrangers dans les centres de réten-tion est limitée à 32 jours. Si cette directive était adoptée, elle autoriserait, entre autres, une durée de rétention qui pourrait aller jusqu'à 18 mois ! Plus de 25 000 citoyens européens ont déjà signé la pétition contre cette directive.

D'autre part, la Cimade est à l'initiative du mou-vement des « Amoureux au ban public » qui vise à dénoncer la situation dramatique dans laquelle vi-vent de nombreux « couples mixtes », c'est-à-dire lorsqu'un conjoint est français et l'autre étranger. Nous allons prochainement publier un rapport d'observation sur cette question.

■ Que diriez-vous à ceux qui ont peur de l'étranger ?

Que la peur est souvent un parti pris qui n'est pas justifié. Accepter la différence, l'accueillir, est une dynamique positive comme l'a montré l'Histoi-re car les cultures les plus riches sont celles qui ont su profiter des différences et intégrer les apports positifs des migrants. Avoir peur de l'étranger, c'est avoir peur de sa tante, de son cousin, de son grand-père, sous prétexte qu'ils sont récemment arrivés.

■ Vous êtes une association œcuménique. Qu'est-ce à dire ?

Protestante par ses origines, la Cimade est, dès sa naissance, avant tout « chrétienne », par les so-lidarités et les soutiens divers apportés alors. Et, jusqu'à aujourd'hui, notre action nous la menons en partenariat avec de nombreuses organisations catholiques, orthodoxes, mais également juives et musulmanes. Mais surtout, pour nous, l'œcumé-nisme va au-delà de ces relations entre institu-tions. Plus globalement, c'est au nom de certaines valeurs d'ouverture, de tolérance, dans l'esprit du « vivre ensemble » que nous agissons. Ainsi, dans l'article premier de nos statuts, nous affirmons clairement que « la Cimade a pour but de manifes-ter une solidarité active avec ceux qui souffrent, qui sont opprimés et exploités et d'assurer leur défense, quelles que soient leur nationalité, leur position politique ou religieuse ».

■ êtes-vous pour une "politique de civilisation" ?

Je ne vois pas en quoi la « politique de civili-sation », telle qu'elle est censée se décliner dans les ambitions de Nicolas Sarkozy pour 2008 serait favorable à l'accueil de l'étranger. Ce n'est pas en augmentant le nombre d'expulsés à atteindre ou en instaurant une politique de quotas que l'on peut prétendre réhumaniser la société ou « remet-tre l'homme au cœur de la politique » comme cela a été dit. ■

SOCIÉTÉ

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Avoir peur de l'étranger,

c'est avoir peur de sa

tante, de soncousin,de son

grand-père

Extraits des 75 propositions de la Cimade- Ratifier et appliquer pleinement l'ensemble des conventions internationales

s'appliquant aux migrants, créer des instruments complémentaires de protection…

- Supprimer le visa long et instaurer un visa unique.- Supprimer les visas de transit aéroportuaire.- Supprimer la privation de liberté pour les demandeurs d'asile.- Abroger le système Dublin II pour permettre aux demandeurs d'asile de

choisir leur pays d'accueil (..)- Intégrer l'outre-mer à l'espace Schengen.- Renforcer le dispositif d'hébergement pour les émigrés.- Accorder un droit au travail effectif pour les demandeurs d'asile.- Donner accès à des formations linguistiques intensives et rémunérées aux

demandeurs d'asile et aux réfugiés.- Tenir compte de la vulnérabilité de certains demandeurs d'asile.- Faciliter le regroupement familial en supprimant les conditions de

ressources ou de logement.- Garantir l'accès à tous les emplois publics ou privés aux étrangers résidents

en France sauf exceptions motivées par des considérations relatives à la sécurité nationale.

- Rendre les résidents électeurs et éligibles aux élections municipales.- Permettre la participation des migrants aux périodes de service civil pour les

jeunes de 18 à 25 ans.- Abroger la "double peine" (expulsion des délinquants étrangers ayant purgé

une peine en France).- Limiter la capacité des centres de rétention à 80 places.

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SOCIÉTÉ

Le thème de la Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié invite cette année à réfléchir en particulier sur les jeunes migrants. En effet, les chroniques quotidiennes parlent souvent d’eux. Le vaste processus actuel de globalisation dans le monde porte avec lui une exigence

de mobilité qui pousse notamment de nombreux jeunes à émigrer et à vivre loin de leurs familles et de leurs pays. La conséquence en est que c’est souvent la jeunesse dotée des meilleures ressources intellectuelles qui quitte son pays d’origine, tandis que les règles en vigueur dans les pays qui reçoivent les migrants rendent difficiles leur insertion effective. De fait, le phénomène de l’émigration s’étend toujours davantage et touche un nombre croissant de personnes de toute condition sociale. À juste titre, par conséquent, les institutions publiques, les organisations humanitaires, ainsi que l’Église catholique, consacrent beaucoup de leurs ressources pour venir en aide à ces personnes en difficulté.

Les jeunes migrants ressentent particulièrement la problématique constituée par ce qu’on appelle la « difficulté de la double appartenance » : d’un côté, ils ressentent vivement le besoin de ne pas perdre leur culture d’origine, tandis que, de l’autre, émerge en eux le désir de s’insérer de façon organique dans la société qui les accueille, sans que cela comporte toutefois une assimilation complète, ni la perte des traditions ancestrales qui en découle. (...)

Si l’on regarde ensuite de plus près le secteur des migrants forcés, des réfugiés et des victimes du trafic d’êtres humains, nous y rencontrons hélas aussi de nombreux enfants et adolescents. À ce propos, il est impossible de se taire face aux images bouleversantes des grands camps de réfugiés présents dans les diverses parties du monde. Comment ne pas penser que ces petits êtres sont venus au monde avec les mêmes attentes légitimes de bonheur que les autres ? Et, en même temps, comment ne pas rappeler l’importance fondamentale que revêtent les phases de l’enfance et de l’adolescence pour le développement de l’homme et de la femme, et qu’elles requièrent stabilité, sérénité et sécurité ? (...)

Dans cette perspective, précisément, la question se pose : comment répondre aux attentes des jeunes migrants ? Que faire pour leur venir en aide ? Il faut certes viser en premier lieu au soutien de la famille et de l’école. Mais combien sont complexes les situations et nombreuses les difficultés que rencontrent ces jeunes dans leurs contextes familiaux et scolaires ! Au sein des familles, les rôles traditionnels qui existaient dans les pays d’origine ont disparu et l’on assiste

souvent à un conflit entre parents demeurés ancrés dans leur culture et enfants rapidement acculturés dans les nouveaux contextes sociaux. (...) L’Église regarde avec une attention particulière le monde des migrants et demande à ceux qui ont reçu une formation chrétienne dans leurs pays d’origine de faire fructifier ce patrimoine de foi et de valeurs évangéliques de façon à offrir un témoignage cohérent dans les différents contextes existentiels. A cette fin, j’invite les communautés ecclésiales d’arrivée à accueillir avec sympathie les jeunes et très jeunes avec leurs parents, en cherchant à comprendre leurs vicissitudes et à favoriser leur insertion. Il existe, par ailleurs, parmi les migrants, comme je l’ai écrit dans mon Message de l’an dernier, une catégorie à considérer d’une façon spéciale, à savoir celle des étudiants d’autres pays qui, pour des raisons d’études, se trouvent loin de chez eux. Leur nombre est en augmentation croissante : ces jeunes ont besoin d’une pastorale spécifique, car ce ne sont pas seulement des étudiants, comme tous les autres, mais aussi des migrants temporaires. Ils se sentent souvent seuls, sous la pression des études et parfois cernés par des difficultés économiques. Pour les

jeunes chrétiens, cette expérience d’étude et de formation peut être un domaine utile de maturation de leur foi, stimulée à s’ouvrir à l’universalisme qui est un élément constitutif de l’Église catholique.

Chers jeunes migrants, préparez-vous à construire, aux côtés des jeunes gens de votre âge, une société plus juste et fraternelle, en accomplissant scrupuleusement et sérieusement vos devoirs vis-à-vis de vos familles et de

l’État. Soyez respectueux des lois et ne vous laissez jamais emporter par la haine et la violence. Cherchez plutôt à être dès à présent les artisans d’un monde où règnent la compréhension et la solidarité, la justice et la paix. A vous, en particulier, jeunes croyants, je demande de profiter de la période de vos études pour grandir dans la connaissance et dans l’amour du Christ. (...) Jésus veut que vous soyez ses témoins et, pour cela, il est nécessaire que vous vous engagiez à vivre courageusement l’Évangile, en le traduisant en gestes concrets d’amour de Dieu et de service généreux des frères. L’Église a aussi besoin de vous et compte sur votre apport. Vous pouvez jouer un rôle extrêmement providentiel dans le contexte actuel de l’évangélisation. Provenant de cultures diverses, mais ayant tous en commun l’appartenance à l’unique Eglise du Christ, vous pouvez montrer que l’évangile est vivant et adapté à chaque situation (...)

À Marie, Mère de l’humanité tout entière, et à Joseph, son très chaste époux, tous deux réfugiés avec Jésus en Égypte, je confie chacun de vous, (...) ■

Message du Pape Benoît XVIpour la journée mondiale du migrant et du réfugié (13 Janvier 2008)

L'Eglise regarde avec une attention particulière

le monde des migrants

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C omme chaque année, quand revient le temps des froidures , des

hommes meurent dans nos rues. Le froid n'est pas le seul en cause sauf quand les ser-vices météo lancent des avis d'alerte. Ce fut le cas en ce début d'année 2008, où l'hi-ver se rappelait soudain à nous, et pouvait nous lais-ser craindre une offensive de longue durée. Mais qui peut dire ce que l'hiver en cours nous réserve ? L'une des années de grand refroidis-sement avait commencé un 1er février 1956 seulement, alors qu'on en était déjà à spé-culer sur les perspectives du printemps. Au lieu de quoi la France se mit à grelotter, tan-dis que la nature souffrait une sorte de désastre. Dans le midi de la France spé cia lement, des plantations en tières d'oliviers allaient geler sur place.

Dans la mémoire collec-tive demeure le souvenir de ces brusques variations de temps. La météo, qui a pour-tant affiné ses instruments de prévision, est elle-même prise de cours au besoin. De toute façon, l'hiver est une époque redoutable, pour qui n'est pas armé pour se défendre. C'est la situation de ceux qui n'ont

pas de domicile propre. Ceux qu'on nomme précisément des SDF.

La chronique du cours des choses enregistre chaque année des malheurs aux-quels on s'habitue hélas. Ainsi dernièrement, un homme est mort dans sa voiture, où il trouvait refuge, faute d'avoir osé dire à ses proches qu'il avait perdu son emploi. Chaque jour il partait comme on va à son travail, il avait fait croire qu'il était veilleur de nuit.

Le chômage est décidé-ment une blessure qui touche notre être humain dans son identité la plus pro fonde. Un matin, dans un lieu à l'écart, pour qu'on ne le retrouve pas aussitôt, cet homme est mort. Il y aurait de quoi réfléchir sur ces victimes du froid. À condi-tion de ne pas les inscrire dans la chronique des faits qu'on dit "divers". Car ils n'ont rien de cet ordre.

Un journal du soir, Le Monde pour être précis, consacrait ces derniers jours une page entière au cas d'un inconnu que les employés de la ville de Paris de vaient, au matin, retrouver mort dans une resserre utilisée habituel-lement pour y mettre leurs outils. L'endroit se situe dans la plus belle avenue du monde, à ce que l'on dit.

De fait, cette place donne figure à la prospérité. Pour ceux qui ont les moyens d'y vivre, où d'y travailler, ce qui revient au même. Car ces dis-parus n'auraient pas deman-dé mieux que de travailler, si on leur en avait donné les moyens. Souvent d'ailleurs ce

sont des hommes venus de loin, des travailleurs clandes-tins à leur façon, qui échouent sur l'asphalte de nos grandes cités, sans espoir d'aller beau-coup plus loin, car les forces leur manquent, peut-être aussi l'espoir.

Il n'avait sur lui aucun pa pier, cet inconnu qui, du même coup, aurait pu rester comme une sorte de fan tôme dans les tréfonds de nos ci tés. Ce sont des hommes perdus pour tout le monde. Personne ne se souvient plus d'eux. Le désespoir est rude compagnon de solitude, pour ceux qui en viennent à se sentir de trop, même pour leurs proches. L'inconnu de la place de la Concorde, semblait promis à l'incognito, le pire de tous : c'était un monsieur X. De ces naufragés qu'on en terre dans le carré des in digents, du "cimetière pa risien de Thiais", en banlieue.

Celui de la place de la Concorde avait tout de même quelques couvertures dans son bardas de détresse. Mais il n'en a pas fait usage. Qui peut dire ce qu'il en est de l'homme quand tout se dérobe et que rien ne vous retient plus ?

C'est l'image de la dérive, qui est la plus conforme à ce réel. En fait ce sont les rives de ce monde, qui semblent s'écarter à jamais. On ne peut plus aller nulle part. Alors ces gens de la rue, qu'on voit assis, à même le sol, par tous les temps, sans qu'on puisse savoir ce qu'il en est de leur parcours.

Ces infortunés ont tout de même des amis, qui font monter leur imploration vers

le Dieu qui ne peut pas, lui, rester étranger au tragique destin de ses enfants. Tous ces hommes perdus, qui n'en sont pas moins des nôtres, et à part entière pour peu qu'on réalise les trajets de ces par-cours foudroyés, à la douce lumière de ce Dieu de miséri-corde, qui lui aussi connut la condition de démuni : « Le fils de l'homme n'a pas pierre où reposer sa tête ».

Ce n'est pas de nous qu'elle monte, cette plainte, mais du Fils de l'homme qui un jour nous dira si nous n'y prenons garde : "J'étais place de la Concorde, et vous êtes passé sans me voir". Nos sociétés qui sont ex pertes dans la produc-tion de ri chesses, se montrent bien plus incertaines devant ces nécessités essentielles qu'on ne regarde pas si facile-ment en face.

Cette histoire de l'inconnu de la place de la Concorde, c'est bien plus qu'un fait ordi-naire. Cet homme réduit à l'état d'épave, n'en était pas moins né d'une femme, avec la grâce de l'enfance, fût-elle éphémère, avec tout ce qui s'at tache d'innocence à cet âge. Dieu voit déjà ce que nous sommes bien incapables de comprendre. Il en est tout de même qui ont des yeux pour voir, et ceux-là suppléent. ce sont des senti nelles du de venir humain dont les variantes de nos relevés météos sont loin de rendre compte. Mais qui oserait parler d'adoucissement, pour ceux qui n'ont plus nulle part ou aller, ni le jour ni la nuit, ces naufragés, si ce n'est la rue, qui ne peut même pas être un lieu de plaisance. ■

ParRobert Masson

SOCIETE

12 FRANCECatholique n°3105 8 février 2008

L'inconnu des beaux quartiers

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FRANCECatholique n°3105 8 février 2008 13

LILLE Suite à la démission de Mgr Gérard Defois pour raison d'âge, le pape Benoît XVI a nommé Mgr Laurent Ulrich ar chevêque de Lille. Mgr Ulrich, né en 1951 à Dijon, était jusqu'à présent archevêque de Chambéry.

CATHOLIQUES SYRIAQUES Le Pape a accepté, dans une lettre du 25 janvier rendue publique le 2 février, la démission du patriarche catholique syriaque d’Antioche Ignace Pierre VIII Abdel-Ahad. Le patriarche, élu en 2001, était en conflit avec le synode des évêques de cette communauté syro-catholique d'environ 130.000 fi dèles en Irak, en Syrie et au Liban et, de plus en plus, en Europe et aux États-Unis.

ÉTATS-UNIS l’Église Méthodiste Unie des États-Unis, qui revendique 11 millions de fidèles, a annoncé, le 25 janvier, qu'elle appelait tous les protestants à retirer leurs investissements des sociétés collaborant à la politique d'Israël dans les Territoires occupés. La société Caterpillar, fabricant de bulldozers, est visée. Plusieurs orga-nisations juives américaines se sont émues du caractère potentiellement antisémite de cet appel.

VIETNAM Les catholiques de Hanoï qui ma nifestaient pour obtenir la restitution d'une villa proche de la cathédrale St-Joseph et qui abri tait avant 1954 le siège de la délégation apostolique, ont obtenu gain de cause, a-t-on appris, le 2 février, de l'archevêque de Hanoï.

ESPAGNE L’ambassadeur d’Espagne auprès du Saint-Siège, Francisco Vazquez, a trans mis, le 2 février, un message où le gouvernement espagnol fait part de son "ma laise" et de son "indi gna tion" devant la note "d’orientation morale" diffusée le 31 janvier par la Conférence épiscopale es pa gnole et qui critique durement le gouvernement socialiste.

Décès du Père Maciel

L es Légionnaires du Christ et le Mouvement Regnum Christi ont annoncé le jeudi 31 janvier que leur fondateur, le P. Marcial Maciel, âgé de 87 ans, était décédé la veille, aux États-Unis. Le communiqué précise que « le père

Maciel a fait savoir au père Álvaro Corcuera, directeur général de la congrégation, qu'il souhaitait que ses obsèques se déroulent dans un climat de prière, dans la simplicité et en privé ». « Les Légionnaires du Christ et les membres du Mouve-ment Regnum Christi partagent la douleur de la perte de leur cher père fondateur qui fut un instrument de Dieu pour lancer cette œuvre au service de l'Église et de la société », poursuit le communiqué.

Le père Maciel est décédé suite à une accumulation de complications de san-té, aggravées par son âge avancé. « Il laisse comme héritage la congrégation des Légionnaires du Christ et le mouvement d'apostolat Regnum Christi, présents dans près de 40 pays à travers le monde », précise le communiqué. La congrégation compte actuellement quelque 750 prêtres et 2 500 séminaristes.

« En 87 ans, le P. Maciel a consacré son énergie à accomplir la mission que Dieu lui a confiée pour contribuer à la mission d'évangélisation de l'Église, afin que davantage d'hommes et de femmes de toutes les conditions sociales connaissent, vivent et répandent l'amour de Jésus Christ et la bonne nouvelle de son Évangile », affirme le communiqué. « La Légion du Christ et le Mouvement Regnum Christi demandent des prières pour le repos éternel de son âme et pré-sentent leurs vifs remerciements pour toutes les condoléances et les manifesta-tions d'appréciation et d'affection », conclut le communiqué.

Marcial Maciel est né à Cotija de la Paz (Michoacán, Mexique) le 10 mars 1920. Il a vécu la persécution des années 20 au Mexique, alors qu'il était enfant et à l'âge de 15 ans il est entré au séminaire que son grand-oncle saint Rafael Guízar, évêque de Veracruz, dirigeait, clandestinement, dans la ville de Mexico.

À l'âge de 20 ans, le 3 janvier 1941 - il n'était pas encore prêtre - il fonda la congrégation des Légionnaires du Christ, établissant une communauté semblable à un petit séminaire, constituée par 13 adolescents. Le 26 novembre 1944 il fut or-donné prêtre par Mgr Francisco Gonzáez Arias, évêque de Cuernavaca. Le 13 juin 1948 la congrégation des Légionnaires du Christ fut érigée canoniquement sous l'autorité de l'évêque de Cuernavaca. Le 6 février 1965 le pape Paul VI accorda le « Decretum laudis », acte par lequel la congrégation dépendait désormais du Saint-Siège.

Dans les années 60 il fonda Regnum Christi, mouvement d'apostolat et d'évan-gélisation auquel appartiennent des laïcs (consacrés ou non), des familles, et des prêtres diocésains. Le 23 mai 1970, le pape Paul VI créa la prélature territoriale de Chetumal, dans le sud du Mexique, et confia ce territoire de missions, peuplé en majorité d'indigènes mayas, aux Légionnaires du Christ. Le 29 juin 1983, le Saint-Siège approuva les Constitutions des Légionnaires du Christ et le 26 novembre, les statuts du mouvement Regnum Christi.

Le 20 janvier 2005, après avoir été réélu comme supérieur général par le cha-pitre général de la congrégation, il a renoncé à sa charge, pour raison d'âge. Le chapitre a élu comme successeur le père Álvaro Corcuera Martínez del Río. n

P.S. : Le 19 mai 2006, après une dizaine d'années d'accusations publiques d'anciens proches du P. Maciel, qui ac cusaient celui-ci d'abus sexuels sur des garçons dans les an-nées 1950-60, et devant l'impossibilité d'entreprendre un procès canonique, notamment en raison de son âge avancé et de ses problèmes de santé, le Saint-Siège avait publié un communiqué ambigu, l'invitant à « une vie réservée », qui pouvait être interprété comme une confirmation de la campagne d'accusation et une sanction.

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Il est de plus en plus courant de lire dans des publications catholiques, et pas des plus farfelues, que l’Église catholique n’a plus la même notion du péché originel que jadis et que

"évidemment", on a admis que ce n’était pas un événement survenu au début de l’humanité qui avait plongé tous les hommes dans le malheur, mais que c’était une façon de dire la condition fragile de l’humanité, sans doute renforcée et aggravée par la faute de chacun d’entre nous, mais d’abord liée à ce qu’on appelle notre "finitude". Bref, on avait enfin compris qu’il ne fallait pas prendre comme de l’histoire ce qui n’était qu’une réflexion sur la condition humaine.

Je ne sais pas très bien à quoi on perçoit ce changement. Quand je lis le Catéchisme de l’Église catholique (n° 397 et suivants), quand je parcours le Catéchisme des évêques de France (n° 117 et suiv.), je ne vois pas que la doctrine ait substantiellement changé. Et d’ailleurs que voudrait dire ce changement ? Quelle crédibilité pourrais-je accorder à une Église qui notoirement a enseigné l’inverse pendant des siècles et qui se mettrait soudainement à modifier sa doctrine ? Le Saint-Esprit qui s’était mis en vacance pendant tout ce temps aurait enfin visité les croyants ? Qu’on ne m’objecte pas la terre qui tourne autour du soleil ou l’évolution des espèces, l’Église dans sa doctrine officielle n’avait jamais sérieusement pris position sur ces sujets, même si les représentations communes allaient spontanément dans un sens

préscientifique qu’il a fallu à un certain mo ment contester. Ce n’est pas le cas de l’affirmation du Péché Originel, qui n’a jamais rien eu d’évident et que l’Église a dû inculquer laborieusement (Concile de Carthage en 418, Concile d’Orange en 529, Concile de Trente en 1546). Si elle s’est trompée sur ce point, elle s’est trompée sur d’autres, elle n’est plus la Maîtresse de Vérité (Mater et Magistra, comme dit le Bienheureux Pape Jean XXIII) à laquelle j’ai adhéré en devenant catholique.

De plus, l’idée que le péché originel pourrait vouloir dire ce qu’on prétend (une donnée de nature) va juste au rebours de ce que nous disent les textes bibliques, ceux-là précisément que l’Eglise nous donne à méditer en ce premier dimanche de Carême. Prenons les chapitres 2-3 de la Genèse. Tout l’art du narrateur, toute la finesse du propos, est de nous montrer le mal comme "advenu" et non inscrit dans les gènes de l’homme. Certes, il y a un serpent dont on ne nous dit pas pourquoi il est mauvais et comment il l’est devenu, mais, à part cela, tout le récit s’inscrit dans une nature humaine et cosmique qui est innocente, le commandement de Dieu est salutaire, son projet est heureux et paisible, il progresse par étapes : les yeux ouverts sur la nature, la rencontre de l’homme et de la femme, certes chaque pas est risqué mais il débouche à chaque fois sur un élargissement de l’horizon et de l’expérience humaine, il y a un saut de plus qui aurait pu ouvrir l’homme à une communion plus intense avec Dieu, s’il avait accepté d’attendre

l’heure choisie par lui pour recevoir le fruit de la connaissance du Bien et du Mal. Mais voilà que s’insinuent absurdement le soupçon, la défiance, la convoitise, la désobéissance et le projet se casse… au moins provisoirement. Là où nous sommes naturellement tentés de remonter de la panne au défaut de l’installation, la Genèse nous montre le surgissement inexplicable du mal dans l’innocence du monde et de l’homme. Et c’est là qu’on veut réintroduire une donnée de nature en retirant toute historicité au péché des origines, rejoignant ainsi les mythes prébibliques qui faisaient du mal une réalité héritée du monde divin.

Saint Paul a jeté les bases de la ré-flexion sur le péché originel en méditant tout simplement sur l’acte sauveur du Christ. S’il peut exister un lien entre notre "justice" retrouvée et l’obéissance du Christ sur la Croix, c’est que, quelque part, nous ne recommençons pas chacun le destin de l’humanité : nous pouvons hériter d’un acte d’amour qui n’est pas le nôtre, nous pouvons bénéficier de ce qui a été posé par une liberté en un temps et en un lieu, et ceci lui fournit la clef qui permet de déchiffrer l’envers de l’aventure humaine : "de même que la faute commise par un seul…, de même l’accomplissement de la justice par un seul…"

Le péché originel est une vérité exi-geante et difficile, mais c’est proba blement, comme l’a vu Blaise Pascal, la lumière la plus forte jamais portée sur la condition humaine. Ne la laissons pas perdre. n

Lecture du livre de la Genèse (2, 7-9 ; 3, 1-7a) - Psaume 50 - Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains (5, 12-19) - Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (4, 1-11)

Retour sur le péchédes origines par le Père

Michel GITTON

ESPRIT1er dImanchE dE caRêmE (annéE a)

Retrouvez chaque jour, sur internet, les points d'oraison du Père Michel Gitton,

à partir des lectures du jour : www.france-catholique.fr

La lumière la plus forte jamais portée sur la condition humaine(

A l'occasion du 50e anniversaire de la mort de

Jacques FeschDans 5 heures je verrai Jésus

Journal de prisonJacques Fesch, né le 6 avril 1930, est mort guillotiné à l'âge de 27 ans le 1er octobre 1957. Condamné à mort après avoir accidentellement tué un policier lors d'un hold-up, il devient, en prison, l'auteur d'écrits spirituels et retrouve la foi perdue dans sa jeunesse. Il vit pendant trois années et demie un vérita-ble cheminement mystique. Pendant ces années de détention, il recueille ses pensées au sein d'un Journal. La demande de grâce auprès du Président René Coty ayant été rejetée, Jacques Fesch accepte son sort. Ce disque réunit les lettres du Journal de Jacques Fesch adressées à sa fille Véronique âgée de 5 ans. Il écrit des lignes brûlantes où l'angoisse la plus insupportable voisine avec d'extraordinaires douceurs spirituelles. Il ira au supplice calmement, le cœur plein d'une imperturbable confiance en Dieu… Des paroles pour mieux comprendre notre temps : ses doutes, ses errances, son espérance.

Éditions Jade - 43 rue de Rennes - 75006 Paris - Tél. : 01 44 50 59 94 - fax 01 44 50 59 99 - [email protected]

Un des témoignagesles plus bouleversants

du XXe siècle.

Lecture de 11 lettres du Journal de prison de Jacques Fesch,condamné à mort en 1957.

Interprété par Luc Reydel, avec la participation de Claire Meunier et Michaël Lonsdale.

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ÉGLISE

16 FRANCECatholique n°3105 8 février 2008

Évangéliser avec peu de moyens

ZAMBIE

à44 ans Mgr Alick Banda, évêque du diocèse de Solwezi, dans le nord de la Zambie, compte parmi les plus jeunes évêques de l’Église catholique. Ordonné

en juillet dernier, il accomplit sa mission en faisant preuve de dynamisme et de confiance en Dieu. Sans cette confiance, il n’y arriverait pas, car la somme qui reste au diocèse après déduction des coûts fixes s’élève à … 237 € !

Cependant, ce n’est pas le seul défi auquel est confronté le jeune évêque, car avec ses 88.300 km2, le diocèse de Solwezi est l’un des plus grands d’Afrique. L’évêque n’a que dix-huit prêtres à ses côtés et les dix-sept paroisses sont immenses. Les 67.000 catholiques sont dispersés sur ces vastes terres. Un prêtre doit parcourir chaque semaine plusieurs centaines de kilomètres pour rendre visite aux croyants – et cela sur des routes qui sont dans un état catastrophique. Par conséquent, il n’est pas étonnant que quelques catho-liques soient obligés d’attendre plus d’un an pour voir un prêtre et recevoir la sainte Communion.

Mais l’Église a d’autres défis considé-rables à relever : Mgr Banda voudrait aider les personnes à se libérer de l’ignorance et de la sorcellerie, véritables fléaux pour la population. La plupart des personnes qui vivent dans le diocèse de Solwezi sont anal-phabètes ; dans certains vil lages, personne ne sait lire ni écrire. Cette absence d’ins-truction fait obstacle à l’évangélisation, car c’est un terreau favorable à la supers-tition. Si une personne tombe malade ou meurt, on accuse quelqu’un d’avoir provo-qué ce malheur par sorcellerie. L’évêque est convaincu que l’intervention de caté-

chistes changerait bien des choses. « Il faut apprendre aux gens à penser autrement », dit-il.

De plus, l’ins-t ruc t ion of f r e la possibilité de sortir de la pauvreté. « Regardez les cases qui servent de loge-ment à la population ! Pendant la saison des pluies, l’eau infiltre la paille, les cases s’écroulent et les gens tombent malades. C’est affreux ! », déclare l’évêque. Il n’y a que peu d’écoles et d’hôpitaux, pas d’in-frastructure digne de ce nom, et si l’on veut rouler en voiture, il faut em mener des bidons d’essence. Pourtant, la région pourrait être fertile. « Quarante ans après l'indépendance, le gouvernement ne fait toujours rien d'ef-ficace en matière économique et sociale. Il ne s’occupe surtout pas beaucoup de l’instruction de la population, peut-être parce que si les gens sont cultivés, ils seront moins faciles à manipuler. » L’Église veut encourager les gens à prendre en main leur vie librement.

Comme le nombre de prêtres est res treint, Mgr Banda voudrait mettre en place un centre de formation pour caté-chistes. Les catéchistes transmettent la Bonne Nouvelle aux fidèles et prient avec eux, mais ils doivent également jouer un rôle important dans la vie concrète des gens, en les aidant à changer leur vie.

Le diocèse étant trop pauvre pour payer un salaire aux catéchistes, l’évêque met à leur disposition un logement, des semences et de l’engrais. Au moment des semis et de la récolte, les catéchistes sont libérés de leurs fonctions afin de cultiver leur champ. Cela leur permet de subvenir eux-mêmes à leurs besoins, de nourrir leurs familles, et, en même temps, d’être au service de l’Église et de leurs frères.

Mgr Banda croit que la formation des catéchistes est une priorité pour l’avenir de son diocèse. Seules l’instruction et l’évangélisation de la population permet-tront aux Zambiens de s’en sortir. ■

En Zambie, les catholiques représentent 50 % des onze millions d’habitants. Dénués de tout, ils bénéficient d'évêques remarquables.

par Marc FROMAGER

L'Église veut encourager les gens à prendre en main leur vie librement

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(

Écoutez la chronique de Marc Fromager, chaque semaine sur :

Mgr Banda en visite

pastorale

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La vie de Jacques Sevinsac au dos sans trêve...

18/40Texte de A. de PalmaertDessins de Palmar

FRANCE CATHOLIQUE à suivre...

© Editions Viltis - Albéric de Palmaert, 12 rue Botzaris, 75019 Paris - 06 62 22 37 75

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La communauté Palavra Viva de Curvelo, fondée en 1994, est présente aussi à Brasília et à São Paulo et déjà implantée en France (Toulon, Avi gnon) et en

Suisse (Lugano). Comme ses effectifs ne cessent de croître, son fondateur, Alisson, laïc consacré, est de venu bâtisseur et le centre de Curvelo est appelé à recevoir des centaines de jeunes pour suivre des cours donnés par des en seignants venus de France, de Suisse, d’Allemagne et d’Italie.

La formation n’est pas purement aca­démique : elle est même principalement spirituelle et l’adoration alterne avec les enseignements. Une session organisée par la com mu nauté a réuni, en janvier 2008, 120 jeunes, garçons et filles pour un enseignement sur l’Eschatologie et les Fins dernières, thèmes qu’il faut bien aborder pour savoir où l’on va selon les Écritures, l’enseignement des docteurs et les lumières des mystiques. Il convient en effet, d’examiner le pourquoi des choses et ne pas se contenter de la résolution pratique des questions im médiates, disons du comment des choses.

à en juger par l’atmosphère, même si l'on tient compte de l’enthousiasme spontané des Brésiliens, et par les ques tions écrites qui ne cessaient de s’entasser dans une boîte surnommée « boîte aux mystères », le sujet répondait à une attente évidente chez ces jeunes.

Le Brésil est passé en 20 ans d’une dominante sociale, y compris en religion, à une dominante plus spécifiquement spirituelle y compris au plan social. La pauvreté est toujours omniprésente, mais on en mesure mieux l’extrême di­versité sociologique et psychologique. La croissance économique ne pourra pas suffire à régler tous les problèmes et pour éviter qu’elle ne fasse qu’augmenter ce qui sépare les riches et les pauvres, il faut s’interroger sur les finalités qui ins­pirent notre vie quotidienne.

Chaque homme est fait pour le bonheur, et Dieu est ce Bonheur, cette Finalité.

Environ 400 nouvelles communautés catholiques traduisent, au Brésil, une prise de conscience que l’homme ne vit pas seulement de pain mais aussi de la Parole de Dieu. La théologie de la libération marqua une étape importante dans la vie ecclésiale brésilienne, mais elle confondait l’économie politique avec l’économie du salut. La misère reste une réalité massive dans ce pays, mais sa solution n’est pas seulement d’ordre technique, elle se pose aussi et fondamentalement dans les cœurs. Les sectes, qui touchent 15 % de la population, en eurent l'intuition, ce qui ex plique leur succès, mais l’erreur ici ne fut pas seulement d’ordre théologique, elle consista à compter exclusivement sur la psychologie et les catégories émo tionnelles. Ni la sociologie ni la psy chologie ne peuvent répondre à elles seules aux exigences de la nature humaine, il faut une anthropologie vita­lement chrétienne intégrant la raison et la religion. L’Église propose une réponse axée non pas sur une doctrine ou même un livre, mais sur une Personne, sur le Christ.

Au cours de cette session, pleine d’enseignements pour le conférencier, on a pu mesurer la qualité humaine et spirituelle d’une jeunesse brésilienne, généreuse et missionnaire. Les pauvres ne sont pas oubliés à Curvelo et les membres consacrés de Palavra Viva visitent les familles sans ressources en leur apportant une aide concrète.

La misère ordinaire des petites villes brésiliennes, sans être aussi radicale que celle de favelas de São Paolo, est grande. Nous avons visité quelques familles entassées dans d’étroits locaux dont les habitants survivent, on ne sait trop comment. Certaines allocations d’origine municipale ou nationale, aussi indispensables soient­elles, ont des ef­fets pervers en décourageant ses béné­ficiaires de rechercher un travail qui leur ferait perdre ces minces ressources.

La présence d’un prêtre a provoqué des demandes : il fallait bénir la maison et de jeunes mamans intriguées et sou­riantes portant des enfants étonnés donnaient à la misère ambiante une douceur inattendue. Ces enfants ne sont pas baptisés. L’église est bien loin. On décida de prévoir une messe sur place qui donnerait l’occasion de baptiser six ou sept (futurs) catéchumènes ne sachant pas encore distinguer leur main droite de leur main gauche. Ce grand évé nement aura lieu, si Dieu le veut, en août 2008. En attendant, quelques médailles sont appréciées par des en­fants plus âgés qui rêvent de devenir « motoristes » (chauffeurs), infirmières, joueurs professionnels de « futebol » ou même policiers.

Dans un autre village nous visitons un jeune prêtre, curé de 4 000 paroissiens dont la moitié habite autour de l’église et l’autre moitié dans une dizaine de ha­meaux. Un projet de barrage menace d’engloutir une maison sur deux.

En attendant, ce qui frappe c’est une impression d’immobilité : les chômeurs

EGLISEBRéSIL

par Don Patrick de LAUBIER+

Une prise de conscience quel'homme ne vit pas seulement de pain

Le Père de Laubier revient du Brésil où il a donné un enseignement aux jeunes membres d'une communauté nouvelle prometteuse…

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La leçon de Curvelo

18 FRANCECatholique n°3105 8 février 2008

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sont assis au soleil et la pauvreté semble faire partie de la nature des choses. à part quelques postes administratifs les sources de revenus semblent très réduites sur une terre, le sertão, qui a l’apparence de la brique... et sa fertilité !

Le jeune curé, bien sympathique, est isolé dans son presbytère fraîchement re­peint et n’a pas (encore) de bibliothèque ! Le tiers des habitants pratique régu liè­rement, mais les plus pauvres n’en font pas partie. La communauté Palavra Vi ta invitera le prêtre à faire des confé rences.

Retour à São Paulo où se prépare, pour l'été prochain, une série de cours sur l’enseignement social chrétien dans le cadre d’une année missionnaire des laïcs.

J’y viendrai avec un prêtre orthodoxe russe et un professeur ukrainien de Kiev appartenant au patriarcat de Moscou. Ce sera la troisième fois que des orthodoxes viennent dans la grande ville brésilienne et on peut s’attendre à un « coup de foudre » réciproque. La moitié des catholiques sont en Amérique latine, il importe que le poumon oriental dont parlait Jean­Paul II, connaisse l’Église catholique dans sa dimension latino­américaine si proche de lui affectivement sinon par le climat. Les Brésiliens ne peuvent que s’enrichir par ces contacts avec le monde oriental.

La théologie de la libération s’était parfois appuyée sur l’expérience sovié­tique pour justifier ses projets et des Russes et Ukrainiens peuvent aujourd’hui dissiper ce mythe.

En dépit d’une croissance écono­mique qui fait du Brésil la 8e puissance économique du monde, la misère sous des formes radicales reste une terrible réalité pour des millions de brésiliens tandis que d’autres millions s’enrichissent. Le marxisme s'est nourri, et parfois se nourrit encore de ce drame.

L’idéologie alternative est le positi­visme qui dans les classes moyennes et supérieures n’est pas moins redoutable. Auguste Comte a donné sa devise au Brésil : Ordre et progrès que l’on peut lire sur son drapeau. Le philosophe français rêvait d’une religion séculière dont il s’é­tait proclamé le « grand prêtre » avec un catéchisme « positiviste ». Contrairement à Marx, il ne pensait pas que la religion

fût « l’opium du peuple » mais il voyait en elle une force incomparable qu’il fal lait mettre au service de la science et finalement de l’Humanité, divinité philanthropique remplaçant le Christ. Le « New Age », n’est pas loin, et ce défi est peut­être celui du XXIe siècle.

Pour éviter que le plus grand pays catholique ne s’inspire d’idéologies prô­nant la divinité de l’homme émancipé de Dieu il faut que les chrétiens puissent té moigner d’une autre divinisation, celle que le Christ leur a obtenue par son Inc arnation et sa Rédemption et qui exige qu’on Lui laisse sa place et même toute sa place dans la société et avant tout dans les cœurs. Cette vérité est connue à Curvelo, obscure petite ville brésilienne. n

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La leçon de Curvelo

Les pauvres ne sont pas oubliés à Curvelo

Une jeunesse généreuse et missionnaire

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n Quand Mgr Théas vous a demandé de réé-crire l'histoire de Lourdes, il était plutôt en difficulté ?

Pas encore, mais cela allait venir : en 1953 Mgr Théas, alors évêque de Lourdes, songeait à la construction de l’immense basilique St-Pie X. Le projet sera présenté au pape Pie XII en 1956, mais un économe, craignant une faillite, le fera dénoncer à Rome où on décida de le priver de ses pouvoirs ad-ministratifs... Cela s'arrangea finale-ment. En 1958, Mgr Théas put convier le cardinal Angelo Roncalli, alors pa-triarche de Venise, pour inaugurer l'édi fice. Le futur pape s'acquitta bril lamment de cette tâche en évi-tant la lec ture d'un long document juridique préalable qui évoquait les res ponsabilités fi nancières… Il dit avec son inimitable et contagieux sourire : « Et maintenant, on doit lire le do-cument qui précise que tout a été très bien fait. Oui, très bien ; on peut donc vous épargner cette lecture et maintenant prions pour que la faiblesse humaine soit forte. » Ce fut le triomphe de Mgr Théas. Et, si je peux me permettre, un tout petit peu le mien : à l’issue du repas qui suivit, je parlai pour la première fois au cardinal Roncalli ; après son toast éblouissant d’hu mour, je m’ap prochais, hésitant, mais il me salua jo yeusement. Il avait lu mon court traité sur la Vierge Marie, en avait fait l’éloge dans un de ses livres !

n En 1958 vous aviez publié déjà de nom-breux ouvrages sur Lourdes. Etait-ce pour exploiter le centenaire en journaliste ?

Non, je n’étais pas journaliste et ce sont mes premières études sur Lourdes ; Le Figaro en avait fait l’écho avant qu’il vienne me rechercher pour le concile, en 1962.

n Était-ce une longue expérience de pèlerin depuis l’enfance ?

Dans ma famille, un de mes oncles était brancardier, bretelle de cuir « assi-due » mais il n’en avait parlé à table qu’occasionnellement, de manière pit-

to resque, propos de table sans plus. Je n’avais jamais été à Lourdes. Je n’avais jamais entendu parler des apparitions, ni de Lourdes pendant mes études de théologie à l’Institut Catholique de Paris.

n Qu’est-ce qui vous a donc motivé ?

En 1953 à l’issue de mes trois thèses de doctorat (Sorbonne, et Catho pour la théologie), comme vous le savez, Mgr Théas

m’avait écrit pour me demander une théologie de Lourdes pour le deuxième congrès mariologique de Rome. J’étais déconcerté par ce thème inconnu. Qu’est-ce que cela pou vait bien vouloir dire ? Une théologie de Lourdes ?

Je ne connaissais que la théo logie dogmatique et fon-damentale. Comme c’était une demande d’évêque, je la pris au sérieux et abordai l’inconnu. Je m’aperçus alors qu’on n’avait jamais établi de manière critique les paroles reçues par Bernadette entre le 11 février et début avril 1858 et qu’on ne savait pas le nombre des apparitions : 18 disait Ber nadette, 19 disaient

les principaux his toriens. De 1953 à 1954, je fis le tour de toutes les archives de Lourdes, Nevers, Garaison et bien d’autres. J’étais le pre mier à faire le tour complet de ce cor pus, à cette époque où les moyens techniques étaient peu développés ; j’ai copié quantité de do-cuments ; pour le congrès de l’automne 1954, je n’étais pas au bout de ma peine. Je prolongeais le travail pendant plus d’un an pour éditer Sens de Lourdes : mon premier livre en 1955, et mon pre-mier succès avec 20 000 exemplaires car cela renouvelait la question, traitée de manière en core anecdotique. J'affirmais pour ma part qu'une apparition, ce n’est pas une nouvelle révélation, c’est

EGLISEENTRETIEN AVEC LE PèRE LAURENTIN

propos recueillis par Matthieu GOURRINphotos : Pascal LAMBOT

Une apparition, c'est une intervention prophétique locale et particulière

On fête, ce 11 février, le cent-cinquantenaire de la première apparition de Lourdes. À cette occasion, nous avons demandé au Père René Laurentin dans quelles circonstances il avait décidé de consacrer une grande partie de son activité d'historien à ce phénomène.

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ESPRIT

Cent-cinquantenaire de Lourdes

20 FRANCECatholique n°3105 8 février 2008

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une intervention pro phé tique locale et particulière sans autre but que de rappeler à nos oreilles de sourds l’Évangile oublié. Je commençais à dé-chiffrer quelles paroles de l’Évangile, quelles paroles de l’Écriture, Lourdes venait rappeler. Les tout premiers mots, ce sont les messages de Jean-Baptiste : prière, conversion, le retour, l’immersion baptismale qui est un signe - glacial et stimulant - de Lourdes pour les malades mais aussi pour les bien portants. Dans son document du centenaire, Pie XII reprit ce thème nouveau qui me conforta dans ma recherche.

n Que vous restait-il à faire ?

J’avais compris par ces premières études dans un sujet négligé (et même méprisé par la théologie justement pé-nétrée du caractère particulier et in-certain de ces faits) qu'il fallait les étu dier autrement. Officiellement et traditionnellement les apparitions posté-rieures à l’Évangile sont certes des phé-

nomènes incertains. Pie X a écrit dans l’une de ses encycliques : « On n’est jamais certain du fait des apparitions ». Et dans l’Évangile même, le Christ les dévalue en disant à l’apôtre Thomas : « Bienheureux, non ceux qui ont vu mais ceux qui ont cru » : non les voyants mais les croyants.

n Mais quand une apparition est reconnue officiellement par l’Église ?

Ce n’est pas un acte du magistère, l’Église a autorité infaillible pour en-seigner la Révélation et l’Évangile mais quand un évêque (jamais le pape) reconnaît officiellement une apparition, ce n’est pas un acte d’enseignement mais de dis cernement humain ("de foi humaine" disait Benoît XIV, et non divine) cela n’oblige pas à croire. Si un pénitent venait me dire au confessionnal : «- Père, cette fois-ci, je n’ai que deux péchés, je ne crois pas à Lourdes, je ne crois pas à Fatima. », je devrais lui dire : «- Je ne peux pas vous donner d’absolution. » «- C’est si grave, mon Père ? » «- Non

mais ce n’est pas un péché, il n’y a pas matière à absolution. »

n Alors qu’est ce que cela veut dire une reconnaissance des apparitions ?

Cela veut dire bien examiner : en tant que pasteur de l’Église, dit l'évêque, je suis autorisé à vous dire qu’il y a de bonnes raisons d’y croire, que vous pouvez y croire, il est bienfaisant d’y croire, mais vous gardez votre liberté d’y croire ou non... tout en gardant respect pour le jugement de l'Église.

n Alors que vous restait-il à faire ?

J’ai compris qu’une apparition n’é-tait pas une nouvelle révélation mais un message prophétique - sans pourtant l'autorité de la Bible-parole de Dieu - un message donné dans l’histoire, concrètement, comme le furent les écrits des prophètes de la Bible, qui parlaient dans l’actualité des règnes et des guerres, des drames de leurs époques,

FRANCECatholique n°3105 8 février 2008 21

Cent-cinquantenaire de Lourdes

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comme le Christ qui parlait aussi dans l'actualité de son temps : « Ces hommes qui périrent dans l’écroulement de la tour de Silo, pen siez-vous qu’ils étaient plus coupables que les autres ? »

n Quel a donc été votre programme à partir de ces constatations ?

Lourdes, c’est une histoire ; je ne peux comprendre son message pro phé tique sans faire intégralement cette histoire et mesurer la portée non seulement des paroles mais des actes de Bernadette, d’événements d’Église et du monde qu’elle a influencés.

n Par exemple ?

Les apparitions de Bernadette ont eu lieu au moment où le XIXe siècle voyait naître le règne de l’argent et le slogan des politiques : « Enrichissez-vous ! ». La richesse devenait le but de la vie car la richesse mesurait le pouvoir et mesurait même la capacité électorale. On votait à la mesure de ses rentes, ceux qui avaient su gagner de l’argent étaient sages et vertueux, honorés dans la société.

La sainteté de Bernadette fut très précoce. La sain teté des pauvres dans sa famille, et des malades, car sa santé était déjà fragile. J’ai la conviction intime que Bernadette était déjà sainte Bernadette, elle vivait au sommet de la vie spirituelle, l’union parfaite, transformante et mys-tique avant les apparitions ; elle y avait été préparée sans vision par l’Esprit Saint et la Sainte Vierge ; le plus concret indice de cette sainteté précoce est sa confidence à sa cousine Jeanne Veder, qui lui demandait comment elle surmontait ses souffrances quand elle était bergère

isolée toute la journée avec son troupeau, qu’elle vomissait la pâte qui constituait l’ali mentation principale dans la ferme de sa nourrice, son estomac ne la supportant pas. Bernadette répondit : « Quand le Bon Dieu le permet, on ne se plaint pas. »

Elle était déjà dans ce que les mys-tiques appellent les voies passives, après le temps des purifications, les premiers pas de la voie illuminative et active, le moment où Dieu approfondit les racines mêmes de l’être, le plus souvent dans la souffrance vers la perfection ultime, qui est son œuvre, tandis que sa part était

l’abandon à Dieu dans sa détresse. Dans le fond de mon cœur, j'appellerais vo-lontiers cette sainteté précoce, selon la formule de Platon : une opinion vraie quoique nullement démontrable. Ce serait au-delà de ce que j’ai pu établir : le tréfonds du mystère de Lourdes qu’on ne peut pas atteindre par les méthodes scientifiques que j’ai parcourues.

n La méthode que vous avez établie : publication, chronologie exhaustive des documents, analyse, pénétration… a fait école et c’est sur ce modèle qu’on a étudié la Salette et d’autres apparitions. Comment l’expliquez-vous ?

Simplement parce que c’est une mé-thode rigoureusement objective mais aussi parce que cette rigueur austère a beaucoup apporté à Lourdes. La littérature était jusque-là superficielle, anecdotique ou particulariste et parfois même idéologique dans les perspectives politiques du XIXe siècle, comme à la Salette pour certains. Dès 1954, le Père Julien m’avait dit : les premiers livres sont en train de changer la prédication de Lourdes mais ceux-ci ont aussi mis fin aux attaques persévérantes de la pensée rationaliste. Le docteur Valot s’est taillé

un vrai succès avant le centenaire en écrivant un livre critique contre les miracles de Lourdes, en voie de disparition car ils ne tenaient pas la route sur le plan médical, disait-il. Il s’apprêtait à frapper un coup décisif sur le terrain historique en publiant un autre ouvrage qui aurait été édité sur la base des archives au jourd’hui secrètes, quoi que j’aie pu les reconstituer complètement par des copies anciennes du préfet Massy, qu’il voulait publier au début de 1958. Mais mon premier livre de documents parut au début des archives précédentes, donc je

publiais tout : cela dépassait toute sa documentation et il comprit que cette dernière allait tomber à faux. Il renonça et l’avoua loyalement à la fin des célébrations du centenaire.

J’avais pourtant couru un grand risque par la publication intégrale des documents, car le premier était les notes d’interrogatoire du commissaire Jacomet en date du 21 février 1858 : le tout premier do cument sur Lourdes - dès le début de la quinzaine des apparitions – et ces notes se terminaient par une rétractation de Bernadette. J’en fis part loyalement à Mgr Théas et lui dis : « je crois que vos prédécesseurs ont enterré ou détruit ce document ; formé à l’école de l’histoire, je publierai tout ou rien ». Mgr Théas, homme de loyauté, répondit sans hésiter : « Lourdes n’a besoin que de vérité ».

Il me fit la plus totale confiance pour aller jusqu’au bout. Il en fut récompensé car cette publication ne créa ni problème ni objection. Sur le fondement des autres documents, plusieurs évidences s’imposaient en effet : deux témoins de l’interrogatoire, Baptiste Destrade, percepteur des contributions directes, et sa sœur, ont témoigné qu’au cours de ce

ESPRIT

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premier interrogatoire, le commissaire Jacomet avait tenté des feintes pour accuser mais aussi égarer Bernadette qui lui répondait avec insistance : « Monsieur, je ne vous ai pas dit ça ».

La rétractation de Bernadette venait en final de l’interrogatoire où il notait ses paroles, preuve qu’il s’agissait bien d’une feinte. Il relisait devant elle le texte où il avait mêlé quelques vérités : « Mon père est là qui guette à la porte, vous pouvez lui commander de m’empêcher d’aller à la grotte ». Mais au fur et à mesure qu’elle exprimait ce morceau de bravoure, le commissaire s’exaltait, son écriture gran dissait, passant du simple au double, preuve de son exaltation ; enfin, dernière preuve : son premier rapport au préfet ne fit pas état de cette feinte.

Quand j’en parlais à Mgr Théas, j’étais loin d’avoir ces preuves, je ne savais où j’allais mais me disais : Lourdes n’est pas une définition de foi. Si là ou ailleurs se trouvent des preuves contraires, j’au rai le devoir de les produire. J’étais profondément édifié par la réaction im-médiate de Mgr Théas. Bien plus, il ne demanda pas à voir ma publication, me laissa publier librement.

Depuis lors, quand j’ai eu de tels problèmes dans des circonstances pour-tant moins difficiles je subis bien des contrôles et même des interdictions de publier qui laissent inédits plusieurs des livres importants que je souhaitais mener jusqu’au bout et qu’on m’a interdit de publier. Pour éviter tout malaise, trouble ou scandale, cela reste la partie cachée de mes œuvres.

n Aujourd’hui, après 150 ans, Lourdes, est-il resté à la hauteur de Bernadette ?

La hauteur de Bernadette est inac-cessible. Elle est au-delà des faits et phénomènes que j’ai pu atteindre et pénétrer ; en tout phénomène reli gieux, l’origine est indépassable. Dieu met une per fection au début de ses œuvres pour qu’à travers les tâtonnements, les péchés et les ambiguïtés humaines, tout s’achève dans la perfection : c’est en bonne voie, à Lourdes aussi, malgré les à-côtés « humains ».

n Et le commerce, les colifichets ?

Le point n’est pas tellement grave, que des foules s’amassent devant les sept merveilles du monde ou dans les

pèlerinages ? Il y a du commerce avec les touristes, c’est inévitable.

Le commerce de Lourdes a été disgracié car on y vendait des objets de pacotille au bord de la superstition mais, durant des années, après le centenaire, les directeurs de pèlerinage ont établi un dialogue avec les commerçants de Lourdes, afin qu’ils épurent ce com-merce, avec un réel suc cès ; même cette accumulation en série de statues de l’apparition qui ont un air de dérision, restent les faiblesses en partie inévitables du commerce local.

n Comment voyez-vous la progression de Lourdes : ses fruits selon l'Évangile ?

C’est devenu une capitale de la prière, il y a du vrai dans cet aphorisme. C’est un lieu de vraie prière liturgique et personnelle, de jour et de nuit. Durant le congrès eucharistique international de Lourdes, le souci d’accueillir plus massivement les foules avait fait sup-primer la procession du Saint Sacrement, mais la ferveur des pèlerins a pris l’initiative d’adorations nocturnes qui n’ont pas cessé avec une considérable affluence, en trois lieux : la première petite chapelle qu’on avait établie sur le versant en face de la Grotte, la basilique du Rosaire et le camp de jeunes ; je me suis rendu à ces trois adorations. J’y ai constaté l’affluence jusqu’à deux heures du matin et au-delà dans les heures creuses. C’est une revanche de l’adoration eu charistique contre ceux qui tendaient à la marginaliser.

Il y a aussi les guérisons. Il paraît de plus en plus difficile d’en faire la preuve en forme géométrique, on avait tenté de le faire en 1900 sur le modèle des guérisons exigées pour les canonisations.

On sait les difficultés scientifiques et médicales. On tente aujourd’hui de redéfinir le miracle en renouvelant les critères d’examen de ces guérisons. Longtemps, un certain juridisme, soucieux de preuves absolues qui sont impossibles, avait fait le silence sur tant de guérisons qui ont eu lieu à Lourdes et interdiction était faite d’en parler ou de publier. Il éteignait à Lourdes l’espérance du miracle.

On tente de concilier aujourd’hui, comme le fait le Dr Patrick Theillier avec Mgr Perrier, les critères du constat, d’établir une sorte d’harmonie entre l’action de grâce et le constat médical.

En 1975, j’avais suscité à Lourdes un colloque qui fut fécond et révélateur entre chrétiens doués du charisme de guérison et le Dr Mangiapan, Président du Bureau médical. On a fait beaucoup de chemin depuis lors ; ce n’est pas le lieu de m’étendre sur ce sujet, sur la conception même du miracle ; dans l’Évangile c’est d’abord un signe et ensuite un prodige. Les guérisons qui ont lieu à Lourdes sont des signes pour ceux qui les ont vécus ; dans leur entourage, leur milieu, leur paroisse, ils sont des milliers chaque année.

Les statistiques de constat en preuves établies depuis 1900 constituent des témoignages remarquables. Je crois qu’on est en voie de restaurer l’action de grâce prudente, vivante, mais sans interdit. Cela fait partie de la grâce de Lourdes. L’action de grâce, plus souvent secrète, est essentielle à Lourdes depuis l’origine.

Plus encore, Lourdes est un lieu unique où la compréhension et le service des malades ont pris des formes entièrement nouvelles qui sont au centre du pèlerinage pyrénéen. n

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LIVRES

Cet étonnant ouvrage est davan-tage qu’un recueil de souvenirs. C’est vraiment un témoignage, parfaitement « renseigné » di-rait Péguy, sur le monde et sin-

gulièrement sur le cœur du monde.Le bilan est impressionnant. Sans

chercher à énoncer une thèse, le journa-liste rassemble des éléments qui vont tous dans la même direction : la réconciliation du monde juif d’Israël avec la culture oc-cidentale, selon Choufani, renvoie à la ré-conciliation de l’Occident chrétien avec le monde juif.

Son auteur fut successivement un prêtre basque convivial et inspiré, puis l’évêque de Marseille élu président la Conférence des évêques français et enfin un cardinal qui a étroitement collaboré avec Jean-Paul II, le pape aux 104 voyages missionnaires dans 129 pays. Ce gros livre nous fait revivre de l’intérieur une époque de l’histoire de l’Église d’Est en Ouest du Nord au Sud.

L’auteur de ces lignes a connu depuis 20 ans ce témoin souriant de l’Évangile, mais le récit de ses innombrables missions, parfois inattendues, va beaucoup plus loin qu’une suite de voyages et esquisse une sorte de géographie spirituelle du monde dans ses drames, ses attentes et ses mys-tères exprimée avec un vrai bonheur de style.

Les historiens qui voudront tracer le tableau de notre temps trouveront là une source de première main qui fait mieux

comprendre ce qui a précédé et ce qui a suivi le grand événement que fut le Concile Vatican II.

L’Église est dans le monde sans être du monde, ce qui complique considéra-blement la description de la rencontre du surnaturel avec la nature blessée dont est fait notre monde. Le mal qui prolifère n’empêche pas le bien de surgir à l’impro-viste. Il y a comme une face cachée des événements les plus connus que l’auteur, explorateur des cœurs, a su discerner.

Le tableau de la France à la veille du Concile est particulièrement intéressant et les notes sur le déroulement du Concile prises par cet expert très introduit font comprendre bien des conséquences que nous avons sous nos yeux.

Et puis il y a les traits marquants des différents papes approchés de très près par celui qui fut nommé évêque par Paul VI, en 1969, et cardinal par Jean Paul II, dix ans plus tard, pour devenir bientôt président du Conseil Pontifical Justice et Paix (1984).

On reste impressionné par la précision des informations, la sûreté des réponses données à son interlocuteur, Bernard Le-comte, lui-même grand reporter et pro-ches des papes qu'il a souvent suivi dans leurs voyages.

Surtout on s’émeut avec le cardinal au spectacle d’un monde si varié dont les mi-sères et les épreuves se répètent avec une prodigieuse monotonie.

Mille visages sont évoqués comme en passant, Deferre à Marseille, Castro à Cuba, Saddam à Bagdad, ils ne sont pas chrétiens, mais quelque chose se passe lorsque le prêtre, le représentant du Pape propose d’engager la conversation.

On comprend qu’un volume plus épais encore aurait été possible tant les expé-riences étaient nombreuses.

Nous avons personnellement pu assis-ter à l’un de ces voyages qui n’est pas re-laté ici. C’était en Géorgie au lendemain du changement de régime, l’Église orthodoxe géorgienne ne se prêtait guère au dialogue avec les catholiques, mais lorsque « l’ami basque » se présenta, en rappelant qu’il y avait plusieurs centaines de mots com-muns entre la langue géorgienne et le bas-que, les choses se modifièrent brusque-ment. Il ne s’agissait plus de diplomatie, même ecclésiastique, mais de convivialité, de proximité par-delà les différences et les divergences fussent-elles théologiques. Le cardinal voulut aussi visiter la maison où la mère de Staline espéra que son fils deviendrait prêtre plutôt qu’un singulier tsar de toutes les Russies. Une prière sur la tombe de la vieille mère géorgienne conclut cette visite non prévue.

Ce livre est un appel à l’espérance dans un monde qui pourrait décourager les plus optimistes. Le cardinal Daniélou disait qu’un chrétien n’était ni optimiste ni pessimiste car la foi transcende ces caté-gories, la lecture du témoignage du cardi-nal Etchégaray confirme ce diagnostic. ■

Bernard Lecomte, auteur d'une biographie classique de Jean-Paul II, a réalisé un passionnant ouvrage d'entretiens avec un des cardinaux français les plus en vue.

ROGER ETCHEGARAY

Le cardinal globe-trotter

Le tableau de la France à la veille du Concile est particulièrement intéressant

Roger Echegaray / Bernard Lecomte, J'ai senti battre le cœur du monde, Fayard. 460 p., 22 e.

(

par Patrick de LAUBIER

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IDEESLE JOURNAL DE GÉRARD LECLERC

30 NOVEMBRE

J'avais pu lire, il y a quelques années déjà, la version dactylographiée de la correspondance échangée quarante-cinq ans durant entre Charles Maurras et Mgr Jean-Baptiste Penon qui, avant d'être évêque de Moulins, avait été le quasi-précepteur de l'écrivain. Voilà désormais ces lettres éditées chez Privat avec un excellent appareil criti-que dû à Axel Tisserand. C'est un docu-ment de premier ordre pour la connais-sance des deux interlocuteurs, mais aussi sur le type de formation que l'on pouvait donner à des jeunes gens à la fin du XIXe siècle. De quoi alimenter le débat assez féroce sur la montée ou la baisse du niveau scolaire ! Certes nous ne vivons plus dans le même monde, et il nous faut faire notre deuil de cet enseignement classique qui permettait à des adolescents de lire directement dans le texte auteurs grecs et latins.

Je laisse ici la plupart des questions que pose cette correspondance, no-tamment sur l'évolution religieuse de Maurras, la perte de la foi qui n'aboutit pas chez lui à un athéisme fermé mais à un agnosticisme inquiet et à une re-cherche qui marque des progrès, sinon « au grand soleil », comme il l'écrit lui-même, mais sous « un clair de lune » qui exclut la négation et le nihilisme. L'abbé Penon espère de tout son cœur que Pascal pourrait tirer Maurras de sa crise, mais ce n'est pas le recours qui convient. Il sera mieux inspiré de l'en-voyer chez l'abbé Huvelin, le prêtre qui s'est trouvé sur le chemin de Charles de Foucauld… « De Pascal, je ne puis ap-prouver que le chercher en gémissant », écrira plus tard le correspondant de Mgr Penon à un autre interlocuteur. Mais c'est toute une longue histoire, sur laquelle seules quelques personnes sérieusement informées sont capables de dire des choses pertinentes.

Je préfère aujourd'hui soulever un autre problème, généralement mal traité, où je retrouve d'ailleurs le Père Varillon qui fut très proche de l'Action française avant d'entrer chez les jé-suites. Il est loin d'être le seul de sa génération. Je pense à Congar, sous l'influence de l'abbé Lallemant, avant la condamnation de l'A.F., au Père Maydieu, et à tant d'autres... Y eut-il vraiment une mouvance théologique Action française, et est-il légitime, si oui, d'attribuer à Maurras une respon-sabilité intellectuelle spécifique dans un domaine où il était et se considé-rait, par principe, incompétent ? C'est ce que l'on dit souvent, sans vrai-ment me convaincre. Il est possible qu'il ait eu de la sympathie contre- révolutionnaire dans toute une mou-vance où se retrouvaient au demeurant des gens très différents comme le Père Garrigou-Lagrange ou le cardinal Louis Billot. Mais de là à imaginer une sorte d'École, je n'y crois pas.

Ce qui est vrai, c'est qu'il y a des sensibilités antérieures même à l'exis-tence de l'Action française, certaines qui vont la rejoindre, d'autres s'y op-poser, dans la logique des fractures du XIXe siècle. Ce qui est vrai aussi, c'est qu'avec Maurice Blondel, va se dessi-ner un autre partage d'où naîtront « la nouvelle théologie » et des conflits doc-trinaux qui vont se perpétuer au long du XXe siècle. Du côté de Blondel et de Laberthonnière se retrouveront les anti-maurrassiens, du côté tho miste, les maurrassiens, du moins jusqu'à ce que Jacques Maritain et l'abbé Journet suivent les consignes de Pie XI pour fustiger l'A.F. Mais les choses ne sont pas si simples, si l'on songe par exem-ple que le Père Pierre Rousselot, grand inspirateur du renouveau théologique

du début du XXe siècle, admirait Maur-ras. Quant à la pensée religieuse de ce dernier - si l'on songe à sa poésie très métaphysique - elle pourrait présenter quelques étranges connivences avec un certain blondélisme et même - comble du paradoxe - avec un certain Pascal : « J'ai renversé la manœuvre du monde et l'ai soumise à la loi de mon cœur. »

Ier DÉCEMBRE

La seconde encyclique de Benoît XVI est typiquement ratzingérienne dans sa démarche, dans son écriture, dans ses références qui partent de la Bible, se poursuivent dans la patristique, et vont jusqu'à des auteurs très moder-nes comme ceux de l'école de Franc-fort dont le Pape sait tirer le parti le plus stimulant. J'ai le sentiment que ce texte sera très lu et fera beaucoup de bien. Il présente, certes, quelques difficultés de compréhension, mais le fond est limpide et le Pape a l'art de mettre en scène des personnages vi-vants, parfois contemporains, qui par-lent avec toute la vivacité des exem-ples vrais. La proximité des témoins qui ont vécu dans l'incandescence des vertus théologales au fond de la nuit et de la détresse : une Sœur Bakhita, ancienne esclave au Darfour, de venue religieuse en Italie, un cardinal Van Tuan, enchaîné de longues années dans les geôles du régime communiste au Vietnam. Sans vouloir trop solliciter les Car nets du concile du Père de Lubac où sa présence est au demeurant discrète, je ne puis m'empêcher de constater qu'au Concile, Joseph Ratzinger arrive au bon moment, lorsqu'on a besoin de sa sagesse, de sa science et de sa sa-gacité pour faire les mises au point né-cessaires. À la suite de Karol Wojtyla, il

Le Pape a l'art de mettre en scène despersonnages vivants, parfois contemporains

De Maurras à Éric Zemmour

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intervient comme pour dénouer les si-tuations, et a posteriori, je dirais qu'il y a comme une économie providentielle en tout cela, grâce à qui les hommes « élus » avec leur liberté et leur génie, servent des desseins supérieurs.

3 DÉCEMBRE

J'ai connu Éric Zemmour, jeune jour-naliste politique dans les années 80.

Sa finesse d'analyse, sa culture, son empathie avec le monde politique étaient déjà évidentes. Je ne percevais pas alors comment il s'affirmerait en développant des convictions sans peur aucune de la doxa dominante. J'ai suivi de loin sa trajectoire avec plus que de l'intérêt et admiré que son talent lui permette d'accéder à des tribunes où ne siègent souvent que des gens peu dérangeants. Je suis régulièrement - parfois avec mes enfants étudiants - ses joutes oratoires sur I-télé où il est opposé à Nicolas Domenach, un des fils de Jean-Marie Domenach - j'ai suf-fisamment connu le père pour évaluer

différences et ressemblances avec le fils. C'est toujours très bien mené sous l'autorité de Victor Robert et les deux interlocuteurs ne s'opposent pas pour le plaisir de marquer des points. Leur dialectique s'enrichit de l'opposition de l'autre pour s'affiner, se préciser, parfois se radicaliser. C'est vif, drôle, provoquant, sans concessions, et on a l'impression d'en sortir plus averti, plus vigilant.

Éric a même été intégré depuis quelques mois à une émission grand public sur France 2 animée par Laurent Ruquier. Et, miracle, dans un univers de frivolité, il réussit à faire passer des choses sérieuses, parfois graves, et son humour parvient à lui faire pardonner des sévérités, des imperti-nences qui, venant d'un autre, ne se-raient pas supportées. L'autre nuit - car l'émission s'achève au milieu de la nuit - il a exposé devant l'auteur, Jacques Attali, une analyse d'un livre consacré à l'amour humain qui mettait en va-leur tout l'apport du christianisme dans l'évolution positive de celui-ci. N'allait-

il pas plus loin qu'Attali en ce sens ? J'aimerais vérifier, mais l'essentiel est qu'on sortait des sottises habituelles pour comprendre la métamorphose qui s'est produite grâce à la révélation bi-blique. Je ne suivrais pas Éric dans tous ses jugements, parfois abrupts, sur « le droit-de-l'hommisme » et le fémi nisme. C'est vrai qu'il prend un malin plaisir à pro voquer, mais ce n'est jamais gra-tuit, il y a toujours quelque chose de

vrai et de profond jusque dans son « extrémisme ». j'ai eu l'occasion de le souligner à propos de son essai sur « le Premier sexe ».

Même les politiques qui ne sont pas de son bord l'estiment. D'ailleurs il est trop indépendant pour se lier à un camp. Ses éventuels « adversai-res » prennent plaisir à discuter avec lui, parce qu'au fond ils se sentent compris, même qu'ils sont durement contestés. François Bayrou déclarait à cette même émission de Ruquier : « Le problème d'Éric Zemmour, ce n'est pas qu'il soit intelligent. Il est trop intelli-gent ». Un hommage non feint, destiné certes à amorcer un « contre » décisif, mais significatif d'un état d'esprit.

(à suivre)

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Ses éventuels « adversaires » prennentplaisir à discuter avec lui

IDEES

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Nicolas Domenach, Victor Robert et Eric Zemmour dans l'émission "ça se dispute !" sur I-télé.

I-té

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LIVRES

FRANCECatholique n°3105 8 février 2008 27

■ Tous les chemins mènenT à composTelleJean-Yves Grégoire, Ibos, Rando Editions, 2007, 256 p., 27

Avec son huitième livre, sur Compostelle, Jean-Yves Grégoire cultive son fonds de commerce en surfant sur les idées reçues. Pour lui, toute coquille balise toujours un chemin historique et tous les pèlerins ne furent que pèlerins de Compostelle. Il présente et illustre les chemins contemporains à la lumière des postulats posés à la fin du XIXe. Alors qu'il a en main tous les atouts pour mettre en va-leur les chemins contemporains, il s'acharne à faire croire que ce sont des chemins historiques. "Les vieux chemins de Compostelle se sont réveillés", dit ainsi la qua trième de couverture. Et le texte complète : "En 1972 naît le GR 65 qui repro-duit fidèlement le parcours emprunté par les jacquets médiévaux depuis la ville du Puy-en-Velay". Il ignore qu’aucun historien n'a jamais pu définir ce parcours, tracé en reliant au mieux des toponymes Saint-Jacques et des lieux qui voulaient bien accueillir des pèlerins. Parmi les banalités habituelles cette phrase mé-rite attention : "En marchant sur les chemins de Saint-Jacques, nous pouvons manifester notre at-tachement au message chrétien originel sans nous joindre forcément à l'Église officielle..." Cet album se veut tout à la fois un guide, un livre d'art, un témoignage de pèlerin. Il plaira, hélas, malgré ses travers. Le but affiché est que ce "por-trait de huit grands chemins vers Saint-Jacques" soit "une invitation au dépaysement". Le discours qu’il véhicule est plus trompeur que dépaysant, mais il est à la mode et les images sont belles.

■ parTir au champ d’éToiles iTinéraire spiriTuel de sainT-léonard-de-noblaT à sainT-Jacques-de-composTelle,Pierre Morin,aquarelles de Richard Holterbach, prêtre du Prado.Paris, éd. de la Ramonda, 2007, 140 p., 19

Responsable, entre autres, d’une paroisse aux 65 clochers, il a connu Compostelle par les JMJ et par l’accompagnement d’un groupe de magistrats chré-tiens sur une portion du chemin. Il a pu s’échapper pour un pèlerinage personnel, temps de grande re-traite, temps sabbatique bien nécessaire dans une vie hyperactive, occasion de louange, pèlerinage vécu comme un ministère itinérant puisqu’il n’a pas caché sa qualité de prêtre. Le sous-titre itinéraire spirituel s’applique-t-il vraiment ? La religion n’a pas le monopole du spiri-tuel. Itinéraire de foi aurait peut-être été meilleur. Ce sous-titre aurait mieux marqué l’intérêt particu-lier de ce témoignage. Il aurait ouvert à la qualité des ressources qu’il propose pour tous les pèlerins

qui voudront relire leur expérience à la lumière de la foi chrétienne ou préparer leur pèlerinage avec cet éclairage. Le livre est un peu lourd pour être glissé dans le sac du pèlerin. Il faut souhaiter que le ministère de Pierre Morin lui laisse le temps, un jour, d’en extraire les bonnes feuilles, poèmes et prières, propres à alimenter le pèlerin en chemin. Comme tous les pèlerins, Pierre Morin a aussi "prié avec ses pieds". L’homme est présent derrière le prêtre et lui donne sa consistance. Un beau et bon livre à offrir à tout pèlerin, ancien et futur.

■composTelleexpress, carneT d’un pèlerin (Trop) presséPascal Bourquin, chez l’auteur, 2007, 76 pages, A commander : 15 + port 3

Pascal Bourquin, 42, rue du Stand, CH-2800, Delémontou par Internet : [email protected].

L’auteur de Compostelleexpress s’est donné un défi : parcourir en 30 jours les 1533 km qui mè-nent du Puy-en-Velay à Compostelle. Son récit justifie pleinement l’adage : "on part

marcheur, on revient pèlerin". Il s’est lancé, "avide de performance et maniaque du chronomètre et des statistiques". Mais très vite ses pieds et son corps, son "genou syndicaliste" se sont manifestés, réclamant le respect qui leur était dû. En 76 pa-ges dynamiques Pascal Bourquin fait revivre ses 30 étapes et ses 2 jours de repos forcé. Ces jours lui ont donné "l’immense plaisir de se comporter en homme pas pressé et de prendre le temps d’écou-ter les gens". Le langage, direct, dense et parfois cru, va à l’essentiel, analysant les sentiments de l’athlète atteint par le doute et son courage pour le surmonter. Le lecteur est ainsi invité à revivre cette course-pèlerinage et à découvrir à quel point l’homme n’est pas seul. Pascal Bourquin ne serait jamais arrivé à Com-postelle sans les nombreuses personnes qui l’ont aidé ou ont provoqué sa réflexion. Ainsi, lorsqu’il parle de "l’énergie du chemin" à une gardienne d’un sanctuaire où il se repose un moment, s’entend-il répondre : "Appelez cela comme vous voulez. Pour moi c’est tout simplement la Grâce". Son livre est plein de ces petits hasards que d’autres appellent "les petits miracles du chemin". Il apporte aussi quelques observations qui tranchent sur les récits habituels et contribuent à démythifier les chemins. Pari presque gagné : le périple a été bouclé en 32 jours. Son téléphone portable et son blog ont sans doute été pour beaucoup dans son exploit, autre façon de vivre la dimension humaine et la so-lidarité du chemin. Cet ouvrage rappellera beaucoup de souvenirs aux pèlerins et leur apportera quelques conseils. Il permettra à tous les lecteurs de partager cette aventure en leur offrant des réflexions et une ex-périence qui les aideront sur leur propre chemin. n

selecTion

Compostelle, itinéraire spirituelLouis MOLLARET

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n Jocelyne Tarneaud, nos lecteurs vous connais-sent pour vos ouvrages "Si Noël m'était conté" et "Si Pâques m'était conté", parus aux éditions Cariscript en 2007. Comment passe-t-on d'ou-vrages didactiques et catéchétiques au livret d'une comédie musicale ?

Jocelyne Tarneaud - Ce sont évidemment deux genres très différents mais qui ont en com-mun la parole de Dieu et le désir de la trans-mettre en s'adaptant au public qui la reçoit. Aujourd'hui les jeunes sont très sensibles à la musique et c'est pourquoi c'est à mon fils qu'il faut rendre l'hommage de cette initiative.

n La création est toujours un processus mystérieux. Comment l'avez-vous abordée dans cette relation familiale ?

Étienne Tarneaud - J'ai toujours chanté, bien avant de parler, aux dires de mes parents. Mais un jour, aux alentours de Pâques 2004, j'ai entendu des notes dans ma tête, des mélodies et comme je joue de la guitare sans avoir jamais appris le solfège, je me suis enregistré. Puis j'ai demandé à maman si ces mélodies lui inspiraient quelques paroles.

J.T. - J'étais la première surprise de cette inspiration et de sa qualité. Les mélodies étaient différentes les unes des autres, accrocheuses car facilement mémorisables. C'était un univers proche de Michel Berger, avec des colorations hispaniques et aussi yiddishs. Les rythmes, les couleurs éveillaient une palette variée d'émo-

tions permettant de raconter une histoire. C'est alors que Jonas s'est imposé. En effet, j'avais eu l'occasion de travailler ce livre à partir de la tra-dition juive parce que j'avais été frappé de cette parole mystérieuse du Christ : "Vous n'aurez pas d'autre signe que celui de Jonas." (Mt 12, 39)...

n Jonas fait partie des petits prophètes. Son livre n'excède pas 3 pages dans la Bible ! Comment tirer la matière d'un livret de 18 chansons ?

E.T. - Le genre de la comédie musicale de mande souvent une certaine parité homme/femme. Le problème de Jonas, c'est qu'à part la baleine, la gent féminine est inexistante ! Nous avons donc rempli les trous textuels en créant des person nages féminins plausibles, afin de ne pas dénaturer l'esprit de ce livre. Par exemple, Jonas refuse sa mission et décide de s'enfuir à Tarsis. Cette ville mythique est identifiée à l'Espagne dans la tradition juive. Nous avons donc pensé à des Gitanes qui tentent Jonas sur le port de Jaffa en lui peignant un eldorado où tous ses problèmes finiront, le persuadant qu'on peut vivre très bien en jouissant du présent sans jamais se poser la question de Dieu. C'est une approche très actuelle, non ?

n Certainement, mais la baleine qui engloutit Jonas pour le recracher trois jours après ? Comment l'évoquer sur scène ? La gageure est de taille !

J.T. - Là encore, c'est la tradition orale juive qui nous a fourni une piste. En effet, le mot hébreu pour désigner la baleine, c'est Daga, qui signifie la Poissonne. Plutôt que de nous essayer à styliser un monstre marin, une sorte de cheval de Troie des abysses, nous avons été frappés par la force maternelle qui émanait d'elle. En effet, c'est dans ses entrailles que Jonas va passer de la rébellion à la conversion et qu'il va être ainsi enfanté à sa mission prophétique.

E.T. - J’ai donc créé une mélodie pour une voix de contralto (voix féminine la plus grave) afin de couvrir un spectre qui descend au plus

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Les 11 et 12 avril verront la création de la comédie musicale « Jonas ». Étienne Tarneaud, 27 ans, chanteur, est l'auteur de cette œuvre, dont il a demandé le livret à sa mère, Jocelyne Tarneaud, journaliste et écrivain.

theatre

Jonas, prophète

"Les rythmes, les couleurs éveillaient une palette variéed'émotions permettantde raconter une histoire"

COMéDIe MUSICaLe

des bouts du monde

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profond pour grimper en voix de tête. Daga, c'est ainsi que nous l'avons appelée, est à la fois matricielle et kérigmatique : elle cajole Jonas dans son ventre en même temps qu'elle l'exhorte à sa mission avec la vigueur d'un coup de trom-pette.

n Comment votre projet est-il sorti du giron familial pour devenir un véritable spectacle ?

J.T. - Nous avons écrit Jonas très rapidement comme si cela nous était donné. Avant les JMJ de Cologne (2005) nous avons pensé qu'il serait bien que les jeunes de notre paroisse, Notre-Dame de Bonne Nouvelle (Paris 2e) se l'appro-prient comme d'un projet fédérateur.

E.T. - Je suis allé voir mon curé, le Père An toine de Monicault qui a accepté que nous puissions répéter avec la troupe. Malgré la modestie de nos moyens, l'accueil qui nous a été réservé, nous a permis de penser que ce projet valait la peine d'être monté à meilleure échelle, d'autant que Benoît XVI nous donnait rendez-vous à Sydney, en 2008, à l'autre bout du monde. De même que Jonas était envoyé à Ninive, nous-mêmes devions relever le défi d'un voyage aux extrémités de la terre...

J.T. - Étienne a monté notre association Iona Production afin de récolter les fonds pour réaliser une maquette avec laquelle démarcher mécènes et professionnels de la musique. Dip system, Envie d'Agir, et de nombreux amis ont été nos premiers supporters, jusqu'à croiser la route du label Rejoyce, maison de disque chré-tienne, qui s'est enthousiasmé pour ce projet, nous proposant une coproduction.

n Qui fait partie de la troupe ?

E.T. - Je voudrais d'abord remercier Pierre Pozza, un jeune artiste, qui a réalisé les illustra-tions du livret du cd dont nous nous servirons pour la mise en scène. De même, Benoît Riveron, graphiste chez Rejoyce, à qui nous devons l'af-

fiche et la mise en page du livret-bande des-sinée. Quatre arrangeurs ont orchestré les 18 titres permettant d'enrichir au maximum la diversité de mes compositions tout en préser-vant l'unité de l'ensemble. Il s'agit de Philippe Thuillier, Julie Darnal, Jean-Claude Bramly et Dondieu Divin. Aucun n'était spécialement pré-paré à aborder ce thème "religieux", mais comme nous l'avons conçu de manière très humaniste afin qu'il soit sensible au plus grand nombre, ils ont fait montre d'une grande créativité.

Pour les chanteurs, nous procédons par cas-ting et nous avons déjà choisi pour le cd les 4 rôles polyvalents à pourvoir, outre Jonas que j'interprète, deux femmes, Prisca Demarez et Christine Kandel et deux hommes, Yoni Amar et Stéphane Métro.

J.T. - Pour ce qui est de la mise en scène, j'ai pris la peine d'écrire des indications précises sur le livret et sur la conception des décors. Sophie Tellier apportera son grand professionnalisme à la mise en scène. Ce qui nous a beaucoup touchés, c'est que malgré la modestie de nos moyens et le fait que nous n'étions pas connus dans ce milieu, notre entreprise a charmé les plus exigeants. Jonas, c'est un peu David contre Goliath, pour filer la métaphore biblique. Et même pour les costumes, nous avons le concours d'une jeune créatrice très douée, Sunny Roy, qui nous prête ses doigts de fée pour que l'uni-vers évoqué dans Jonas, celui des fonds marins, comme celui de la brillante Ninive, soit le plus poétique et le plus extraordinaire possible.

n Où en êtes-vous de la commercialisation ?

E.T. - Le cd sera disponible début mars dans toutes les librairies religieuses et les fnacs, ainsi que par correspondance auprès de Rejoyce(1). C'est également là que l'on peut réserver ses places pour les trois premières représentations du 11 et 12 avril 2008, au théâtre Saint-Léon (Paris XVe). Tout est en effet devenu plus fa cile après que nous avons rencontré le curé de Saint-Léon pour lui demander si son beau théâtre pourrait nous accueillir. Il nous a fait rencontrer des jeunes de sa paroisses qui se sont approprié le projet et font un effort remarquable pour la billeterie. Ils ont en effet été très sensibles, eux aussi, à ce thème de Jonas et ont compris en quoi il est en phase avec les JMJ de Sydney...

J.T. - En effet, Benoît XVI a choisi le thème de l'Esprit Saint et de la Pentecôte. Or, Jonas en hébreu c'est Iona qui désigne la colombe, sym-bole de l'Esprit Saint et ambassadrice de paix. La boucle est bouclée ! Venez nous voir chanter… et vous en serez convaincus comme nous ! n

FRANCECatholique n°3105 8 février 2008 29

"De même que Jonas était envoyé à Ninive, nous-mêmes devionsreleverle défi d'un voyage aux extrémitésde la terre"

(1)Rejoyce : 01.39.50.81.71,

et www.rejoyce.frhttp://www.myspace.com/

jonasshow

théâtre

Jonas, prophètepropos recueillis

par Matthieu GOURRIN

des bouts du monde

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Les animaux tiennent, en Afrique, un rôle primordial dans les religions tradition-nelles, les mythes, légendes, proverbes ou contes. Les quelque cent cinquante pièces présentées actuellement rue

Paul Valéry proviennent des propres collec-tions du musée, de grandes institu-tions internationales (notamment le mu sée royal de l’Afrique centrale de Tervuren, en Belgique) ou de col-

lections particulières."Dieu dit : faisons l’homme à

notre image, comme notre res-semblance, et qu’il domine sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, les bestiaux, toutes les bêtes sauvages et toutes les bestioles qui rampent sur la terre", lit-on dans la Genèse. Dans les socié-tés occidentales, imprégnées par la Bible, il y a une distinc-tion et un lien de subordina-tion très net entre l’homme et l’animal. Il n’en va pas de même dans les sociétés traditionnelles africaines. De grands masques-

heaumes zoomorphes, des Senufos de Côte d’Ivoire, sont là pour le rappeler. Dans la mythologie Senufo, cinq animaux primordiaux (calao, caméléon, python, crocodile et tortue) forment, avec un cou-ple humain, une sorte d’arche de

Noé des premiers êtres vivants de la création.

D e nombreu-

ses traditions afri caines, pour

diverse qu’elles soient, s’accordent sur le fait que le Créateur aura i t inventé les animaux avant les hommes. Des relations toté-miques s’établissent entre des commu-nautés humaines, un animal et l’esprit que

ce dernier est censé incarner. Pour bien des

peuples africains, l’im-portant est la relation qui

existe dans la triade homme-animal-esprit.Ce sont les sociétés initiatiques qui

en gendrent le cadre de pensée relatif à la relation entre l’homme et l’animal. Tel mas-que Baga / Nalu, à tête anthropo-zoomorphe (Guinée) est fixé sur la tête d’un danseur lors des cérémonies de clôture d’initiation des gar-çons et des filles. Les masques font souvent allusion à un mythe relatif à un évènement extraordinaire qui serait survenu dans un passé immémorial.

Sur un masque Dan, de Côte d’Ivoire, le bec renvoie au calao. Cet oiseau, en apportant la première noix du palmier à huile, a acquis un statut mythique : il serait à l’origine de la culture. Les tyi wara, masques cimiers Bamana du Mali, figurent une antilope dont les cornes, qui croissent comme le grain semé, sont asso-ciées à l’idée de fertilité. L’élégance de la forme

30 FRANCECatholique n°3105 8 février 2008

Le musée Dapper présente "Animal", une exposition qui met en évidence l’importance de la représentation animale dans la pensée et les arts de l’Afrique subsaharienne.

Kuyu - CongoStatue - Bois et pigments. Hauteur : 107 cm

AkanCôte d'Ivoire - Région : lagunesPendentif en forme de crocodileOr. Largeur : 9,5 cm

musée Dapper

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par Alain SOLARI

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Nigéria - Tête de bélierBronze. Hauteur : 16,5 cm

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S.La présence animale dans les arts de l'Afrique subsaharienne

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et la stylisation sont ici extrêmes. D’autres représentations se veulent plus réalistes. et même lorsque la figuration zoomorphe semble absente, il s’en dégage toujours une anima-lité très forte. Comme sur une statue nkishi (Songye – république démocratique du Congo) destinée à protéger le village des esprits mal-veillants et à assurer la fécondité des femmes.

Présentés dans une semi obscurité très étudiée et, comme toujours, remarquable-ment exposés, les objets rappellent que cha-que société africaine, quelle que soit son organisation initiatique, trouve dans le masque le moyen d’exprimer sa pen-sée religieuse. A travers les animaux, sources d’inspiration, l’exposition du musée Dapper nous parle des hommes. ■

FRANCECatholique n°3105 8 février 2008 31

Exposition "Animal", jusqu’au 30 mars, tous les jours (11h-19h) sauf le mardi, au Musée Dapper, 35 bis rue Paul Valéry, 75116 Paris, tél. 01.45.00.91.75 / [email protected] / www.dapper.com.fr On peut déjeuner sur place mais il faut retenir...

BauleCôte-d'IvoireFigure mbotumboreprésentant un singe anthropomorpheBois et matières composites. Hauteur : 59 cm

GanBurkina FasoPectoral rituel sîndi túrifâ, insigne du ministre du cultequi honore l’origine royale des matriclansFer. Hauteur : 11 cm

LubaRépubliquedémocratique du CongoRégion : KatangaCoupe royale kiteyaAtelier de Kiambi-PwetoBois et pigments. Hauteur : 28,3 cm

BamanaMaliRégion de Koutiala, San et SégouMasque korè dyara, représentant une tête de lionBois et pigments. Hauteur : 49 cm

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Edo - Ancien Royaume du Bénin - NigériaPlaque représentant un léopardBronze. 30 x 51 cmPériode moyenne, fin du XVIe - début du XVIIe siècle.

ACquIS De LA CoLLeCTIoN WeBSTer eN 1899 - STAATLICheS MuSeuM Für VöLkerkuNDe, MuNICh.© STAATLICheS MuSeuM Für VöLkerkuNDe, MuNICh - PhoTo S. AuTruM-MuLzer.

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Le Musée des Lettres et Manuscrits, le premier du genre en France, dispose de nombreux documents, rédigés par des personnages célèbres, qui ont valeur historique. à côté de son fonds perma-

nent, le musée propose des expositions tempo-raires sur un thème précis. "Parlez-moi d’amour" est la dernière en date. Elle est constituée de nombreuses correspondances d’hommes poli-tiques (Napoléon à Joséphine…), d’écrivains et de

poètes (Victor Hugo, Paul Verlaine, Alfred de Musset, Lamartine…) ou d’artistes (Théodore Géricault…). Les visiteurs découvriront aussi deux lettres échan-gées entre édith Piaf et Marcel Cerdan en 1949 ; ou la correspondance de Silvia Montfort et Pierre Gruneberg, entre 1965 et 1991. Autour des lettres, l’exposition réunit des cartes postales, quelques objets comme des éven-tails ou des livres. Tel est le cas du "Code

galant ou Art de conter fleu- rette", d’Horace Raison (1829).

Deux touchantes surprises sont à relever. La première pour-rait s’appeler le "dernier amour du Petit Prince". Elle se compose des dernières lettres d’Antoine de Saint-Exupéry, adressées à une jeune femme, officier de l’ar-mée française, dont il est tombé amoureux. Sur l’ensemble des 12 feuillets autographes, six sont

illustrés de dessins originaux à l’aquarelle (avril 1943-mai 1944). Le célèbre aviateur disparaît en Méditerranée le 31 juillet 1944. La seconde surprise est "l’histoire des Gravilliers", corres-pondance entre Léonie et Alfred Roseleur. Si le couple n’est pas célèbre, son histoire demeure peu banale. Pendant le siège de Paris, en 1870,

Alfred est resté au domicile conjugal, 23 rue des Gravilliers, dans le 3e arrondissement de Paris. Son épouse se trouve alors dans leur château de Chabassière, à Aubusson. Le mari envoie ses lettres "à remettre à la Poste de France" dans des petits ballons de baudruche qu’il laisse s’envoler de son balcon… Plusieurs courriers parviendront à destination. Saint Valentin veillait-il sur ces messages convoyés par les airs ? ■

32 FRANCECatholique n°3105 8 février 2008

Le Musée des Lettres et Manuscrits expose la correspondance d’hommes et de femmes célèbres sur le thème "Parlez-moi d’amour". Quand l’amour des lettresconduit aux lettres d’amour...

"Parlez-moi d’amour", au Musée des Lettres et Manuscrits, 8 rue de Nesle, 75006 Paris, tél. 01. 40.51.02.25. Ouvert du mardi au vendredi (10h-20h), les samedis et dimanches (10h-18h).Pour la Saint Valentin, le 14 février 2008, l’en-trée du musée sera à moitié prix pour tous ; une fleur sera offerte à chaque visiteuse.

Cartespostales

amoureuses.

Le Dernier amour du Petit PrinceDernière correspondance illustrée d’Antoine de Saint-Exupéry,Dessin original à l’aquarelle(avril 1943-mai 1944)

Lettre autographe signéede Napoléon Bonaparte

à Joséphine de Beauharnais,datée des environs

de mars 1796.

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parlez-moid’amourpar Alain SOLARI

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CINEMA

Riche d'une forte tradition forma-liste et contemplative (Tarkovski en est l'un des plus beaux

exemples), le cinéma russe continue à nous offrir régulièrement quelques chefs-d'œuvre ("Alexandra" d'Alexan-dre So kou rov, "L'île" de Pavel Lou-guine...), où l'art, dans toute son épure, se met au service d'une ré flexion hu -mai ne, voire spirituelle ou métaphysi-que. Le dernier opus d'Andreï Zvia-guintsev se révèle d'une beauté émou-vante et d'une profondeur in soupçonnée.

Alex décide de s'installer à la cam-pagne avec ses deux enfants et son épouse, Vera, dans la bâtisse familiale. Si les enfants profitent des joies de la nature, Vera affiche souvent un visage triste et inquiet. Un jour, elle confie à Alex qu’elle est enceinte d'un autre homme...

Si cette œuvre sobre et con templative requiert une attention particulière du spectateur, elle lui of fre aussi une émotion cinéma to gra phique rare que l'on ressent encore longtemps après la fin du film. Pres que chaque plan, composé d'une main de maître, est d'une beauté à couper le souffle, faisant jaillir des émotions subtiles et complexes. Il ne s'agit pas de l'art pour l'art, le dépouillement é tant ici une invitation à la mé ditation. Notre seule

réserve tient à la dernière partie du film, plus confuse dans ses intentions, alors que le récit avait jusque-là réussi à allier art suggestif et limpidité nar rative. Nourrie de nombreuses ré fé - rences bibliques, cette œuvre est une puissante réflexion sur l'amour, la culpabilité et le remords. La souf france que l'on impose à ceux qu'on aime est une souffrance démultipliée que l'on s'inflige à soi-même. ■

Le bannissement. Drame russe (2007) de Andreï Zviaguintsev, avec Konstantin Lavronenko (Alex), Maria Bonnevie (Vera), Alexandre Balouiev (Mark), Maxime Shibaev (Kir), Catherine Kulkina (Eva), Dmitry Ulianov (Robert) (2h30). (Grands adolescents). Sortie le 6 février 2008.

JunoJuno, une adolescente de 16 ans vivant dans une petite ville américaine, découvre qu'elle est enceinte. Elle songe d'abord à se faire avorter, mais ne peut s'y résoudre. Se sentant, cependant, trop jeune pour élever un enfant, elle décide de contacter un couple désireux d'adopter un bébé. Jason Retiman signe une comédie douce-amère qui ne manque pas de charme. Le milieu familial et amical de l'héroïne est décrit avec une belle justesse de ton et nous dévoile une certaine facette de l'Amérique et de notre société moderne. Malgré ses faiblesses, Juno est un personnage attachant (subtilement interprété par Ellen Page) et son regard caustique sur le monde qui l'entoure se révèle assez savoureux. Cette œuvre joliment filmée distille une indéniable tendresse pour ses personnages. Cette œuvre porte un regard intéressant, même s'il peut paraître un peu léger et artificiel, sur les grossesses d’adolescentes et leurs conséquences.

M.-L. R.Comédie dramatique américaine (2007) de Jason Reitman, avec Ellen Page (Juno MacGuff), Michael Cera (Paulie Bleeker), Jennifer Garner (Vanessa Loring) (1h31). (Grands adoles-cents). Sortie le 6 février 2008.

Astérix aux Jeux OlympiquesUn jeune Gaulois nommé Alafolix et Brutus, le fils de César, se disputent aux jeux olympiques la main de la belle Irina, princesse de Grèce. Ce troisième volet est décevant. Certes, l'ensemble est spectaculaire, parfois amusant et l'on passe un agréable moment, mais les nombreuses stars à l'affiche ne parviennent pas à masquer la pauvreté du scénario. L'histoire voit le triomphe des valeureux Gaulois face au machiavélisme de Brutus.

M.-L. R.Comédie française (2007) de Frédéric Forestier et Thomas Langmann avec Gérard Depardieu (Obélix), Alain Delon (César), Clovis Cornillac(Astérix), Benoît Poelvoorde (Brutus) (1h57). (Tous) Sortie le 30 janvier 2008.

CloverfieldÀ Manhattan, quelques amis se sont réunis pour une petite fête. Mais celle-ci est interrompue par une coupure de courant et des bruits d'explosion. La terre se met à trembler... Matt Reeves signe un film catastrophe original dans ses partis pris (les événements sont vus à travers la caméra vidéo d'un des personnages) et redoutablement efficace. Certaines

scènes se révèlent à la fois spectaculaires et d'une grande intensité dramatique. Le récit est mené à un rythme trépidant. Il est cependant déconseillé aux réfractaires à une caméra trop mobile. Nos héros feront preuve de courage et de solidarité. Quelques scènes impressionnantes.

Marie-Lorraine ROUSSELFilm catastrophe et fantastique américain (2007) de Matt Reeves, avec Michael Stahl-David (Rob Hawkins), Lizzy Caplan (Marlena Diamond), Jessica Lucas (Lili Ford), Mike Vogel (Jason Hawkins), T. J. Miller (Hud), Odette Yustam (Beth), Theo Rossi (Antonio), Jason Cerbone (l’officier de police), Brian Klugman (Charlie) (1h30). (Grands adolescents). Sortie le 6 février 2008.

L'acteur Konstantin Lavronenko, magnifique dans le film, a obtenu le prix d'interprétation masculine à Cannes.

L’ art de l’épureLE bANNIssEMENt par Marie-Christine RENAUD d’ANDRé

Le film s'inspire librement d'une nouvelle de William Saroyan, "Matière à rire"

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FRANCECatholique n°3105 8 février 2008 33

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Bernhard Minetti (1905–1998) a été un comédien allemand célébrissime qui a interprété plus de trois cent rôles. Thomas Bernhard (1931 –1989) fut l’auteur autrichien et misanthrope que

l’on sait. Il détestait à la fois le milieu artistique et ceux dans lesquels il n’était pas question d’art. Logiquement, il abhorrait donc aussi les comé-diens… sauf Minetti. Mais la pièce "Minetti"(1) n’a rien à voir avec la vie de ce monstre sacré, ce qui n’empêcha pas ce dernier de la créer en 1976.

Cette pièce est présentée comme étant une profession de foi doublée d’un questionnement. Toutes choses étant égales par ailleurs, on pour-rait la comparer, sur le fond, à "Chatterton" : dans les deux cas on s’intéresse à déterminer la place de l’artiste dans la société. La position défendue par Thomas Bernhard est celle de l’exigence, de la fidélité absolue par rapport à l’œuvre, quitte à créer un malaise chez le public. Le comédien qui est loyal par rapport à cette exigence intérieure, qui refuse le classicisme entendu comme patrimo-nialisation rassurante d’une œuvre qui fut pour-tant d’avant-garde, mais dans un temps lointain, ce comédien-là court le risque non seulement d’être marginalisé mais aussi de passer pour fou. Qui est fou, demande un Minetti qui s’empare de la scène de la vie, l’acteur ou la société ? Et on retombe sur la question de Pilate : "qu’est-ce que la vérité ?".

On le voit, le propos est aride, d’autant plus que cette pièce se réduit à un quasi-monologue d’une heure et demi. Mais la mise en scène de Guy Lavigerie et Patrick Michaëlis met en valeur toute la vie contenue dans le texte de cet auteur obsédé par la mort. On est dans un hall d’hôtel, à Ostende, un soir de saint Sylvestre tandis que dehors s’abat une tempête de neige. Tous ces élé-

ments concrets sont mis en relation avec le propos impérieux de Minetti pour montrer comment la vie du comédien et celle des noctambules noceurs qui défilent dans cet hôtel, qui ont accessoirement été son public un soir ou l’autre, se croisent mais ne se ren contrent jamais (et là on pense au "Chant du cygne"de Tchékov). La frontière n’est cepen-dant pas si simpliste. À y regarder de plus près on s’aperçoit que dès la première minute la pièce comporte une opposition forte entre les gens passionnés et les calculateurs raisonnables, entre cette femme alcoolique affalée dans un fauteuil et le réceptionniste du lieu qui se tient dans une attitude raide, devant ses casiers et son horloge. Au milieu, une jeune fille mystérieuse. De quel côté a-t-elle chaviré ? A-t-elle chaviré ou partage-t-elle simplement avec Minetti le fait d’at tendre quelqu’un qui ne viendra pas ? Toujours est-il qu’une forme de compréhension s’installe entre ces passionnés de l’art dramatique, de l’amour ou de l’alcool : tous, quelle que soit leur blessure, ont refusé l’anesthésie qu’offrent les conventions. En face, le portier donne leur clef à ceux qui ont payé leur chambre et le chasseur cherche à ranger la vieille valise qui dépare au milieu du hall. Peu leur importe ce qu’éructe ce comédien, alors pourtant que toute sa profession hante depuis toujours les auberges et hôtels lors des tournées. Et parado-xalement c’est leur souci de la bienséance (pas de scandale) qui permettra à Minetti de délivrer son message jusqu’au bout, même si leur indifférence hâte sa mort.

Le jeu est magnifique, il y a une réelle unité entre la mise en scène et les éclairages, sobres et efficaces. Plus d’un, au soir de la première, avouait son ravissement après avoir craint de voir ce texte difficile échapper aux comédiens. Quant au responsable de la culture pour la municipalité de Fécamps, il disait sa fierté que cette création ait eu lieu dans sa ville. Rien de moins. Et on le comprend. n

théâtre

34 FRANCECatholique n°3105 8 février 2008

(1) "Minetti",avec Ksénia Chébatourkina,

Jean-Marie Lardy... Du 12 au 15 février (20h30) au Préau, Centre Dramatique Régional de Vire, Place Castel, BP 90 104, 14503 Vire cedex,

tél. 02.31.66.16.00.

Où est la vérité de l’art ? Faut-il plaire ou effaroucher ? Ces questions se posent pour toutes les disciplines artistiques. Minetti donne la réponse de Thomas Bernhard en ce qui concerne l’art dramatique.

Uneopposition forte entreles genspassionnéset lescalculateurs raisonnables

"Minetti"

par Pierre François

D.R.

Qui est fou ?

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Certaines périodes de l’histoire ins-pirent moins les scénaristes que d’autres. C’est le cas de la période

de la guerre froide (de la fin de la Seconde Guerre mondiale à la chute de l’Union soviétique), car cette guerre de l’ombre est peu cinématographique. En revanche, elle a beaucoup inspiré les auteurs de romans d’espionnage, tels Robert Littell.Deux Américains, Jack McCauliffe et Leo Kritztky, et un Soviétique, Yevgeny Tsipin, sont devenus amis à Yale. Dès leur sortie, en 1954, les deux premiers sont recrutés par la CIA, tandis que le second l’est par le KGB. La guerre froide bat son plein, et Jack est envoyé à Berlin, où il travaille sous les ordres de Hervey Torriti, dit le Serpent.

On retrouve la qualité des romans de Robert Littel dans cette adaptation coproduite par les frères Scott (Ridley et Tony). Grâce à un budget important, les auteurs de cette œuvre passionnante, font revivre le climat de l’après-guerre. Mêlant des personnages historiques, tel l’espion Philby, à des personnages de fic tion, ils parviennent à rendre compré-hensible cette guerre de l’ombre. En particulier, la révolte de Budapest, écra-sée dans un bain de sang par l’URSS, est parfaitement expliquée. Quant à l’inter-prétation, elle est sensationnelle.

Ce n’est pas sans une certaine émotion que l’on revit certains épisodes sanglants de cette guerre froide, car il fallait beaucoup de courage pour se lancer dans cette lutte contre le commu-nisme. Mais trahisons, double jeu, cy nisme politique et violences sont au pro gramme. ■

The company (1, 2 et 3/6). Téléfilm américain en six parties (2007) de Mikael Salomon, avec Chris O’Donnell (Jack McCauliffe), Alfred Molina (Harvey Torriti), Alessandro Nivola (Leo Kritzky), Michael Keaton (James Angleton), Natacha McElhone (Elizabeth), Rory Cochrane (Yevgeny Tsipin), Tom Hollander (Adrian Philby) (0h45 x 6). Diffusion le jeudi 14 février, sur Canal +, à 20h50.

Cœurs

Thierry, un agent immobilier, fait visiter des appartements à un couple qui bat de l'aile. La virtuosité du cinéaste Alain Resnais force l'admiration. La fluidité de sa mise en scène fait merveille. Ses magnifiques fondus enchaînés relient avec élégance les scènes entre elles. Les mouvements de caméra élaborés, la géométrie particulière des décors, le travail sur la lumière, tout concourt, dans ce film choral, à mettre en évidence la solitude des personnages et leurs ater-moiements. Si la mise en scène est impec-cable, le scénario semble moins abouti car il laisse en suspens beaucoup d'interroga-tions sur les motivations des personnages. L'ensemble paraît beaucoup plus sombre que les derniers films de Resnais, à l'image du personnage quelque peu schizophrène de Sabine Azéma, fervente croyante qui peut se muer en tentatrice inattendue. Quelques scènes légères.Comédie dramatique française (2006) de Alain Resnais, avec Sabine Azéma (Charlotte), Isabelle Carré (Gaëlle), Laura Morante (Nicole), André Dussollier (Thierry) (2h05). Diffusion le mercredi 13 février, sur Canal +, à 20h50.

Benjamin Gateset le trésor des TempliersBenjamin Gates a toujours été fasciné par l'histoire des Templiers. Ce film d'aventures va plaire aux amateurs. De multiples rebondissements, des scènes spectaculaires, un excellent suspense, une jolie intrigue sentimentale, etc., tels sont les atouts d'un film plein de surprises. On parcourt les hauts lieux de l'histoire américaine, ce qui est très inté-ressant. On regrette un raccourci étrange entre les Templiers et les francs-maçons.Aventures américaines (2004) de Jon Turteltaub, avec Nicolas Cage (Benjamin), Diane Kruger (le docteur Abigail Chase), Justin Bartha (Riley Poole), Sean Bean, Harvey Keitel, Jon Voight, Christo pher Plummer (2h). Diffusion le mardi 12 février, sur TF1, à 20h50.

TÉLÉVISION

La conquête de MarsLa Terre étant de plus en plus peuplée et polluée, un certain nombre de nations (Les États-Unis, le Canada, le Japon, l’Europe et la Russie) unissent leurs efforts pour tenter de trouver des traces de vie sur Mars. Nous sommes en 2026, et cette mission baptisée Olympus, doit trouver de l’eau sur la planète. Leur voyage durera deux ans, car

Mars est très éloignée de la Terre, et leur engin spatial sera à propulsion thermonucléaire. Ce téléfilm est très rigoureux sur le plan scientifique (près de 300 scientifiques ont collaboré à l’élaboration du scénario !). Avec une esthétique assez proche de celle du film de Stanley Kubrick (2001, odyssée de l’espace), et une brochette de comédiens de différentes nationalités, les auteurs nous font vivre, de manière réaliste, le quotidien de cette mission. C’est intéressant, même s’il y a des longueurs et un doublage médiocre. Les documentaires qui suivent le téléfilm sortent des sentiers battus. Cette histoire a pour fil conducteur l’entente entre les nations, en vue d’explorer l’univers. C’est un peu naïf, mais très sympathique.Téléfilm canado-français (2007) de George Mihalka, avec Michael Riley (Rick Erwin), Lothaire Bluteau (Antoine Hébert), Pascale Bussières (Jackie Decelles), Frank Schorpion (Mikhail Cerenkov), Claudia Ferri (Lucia Alarcon), Kevan Ohtsji (2h40). Diffusion le samedi 9 février, sur Arte, à 21h00.

Un rappel magistral des années de guerre froide qui vit l’affron-tement impitoyable du monde libre et du bloc communiste.

The companypar Marie-Christine RENAUD d’ANDRé

Une œuvre prenanteet très bien interprétée(

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TF120.50 Le grand concours. Divertissement présenté par C. Rousseau, avec Isabelle Brès, Denis Brogniart, Benjamin Castaldi, Gérald Dahan, Alexandre Debanne, Virginie de Clausade, Sophie Favier, Jean-Pierre Foucault, Cyril Hanouna, Julie, Anthony Kavanagh, Catherine Laborde, etc.23.15 New York, section criminelle. Série avec Vincent D’Onofrio 3.01.10 New York, police judiciaire. Série.France 220.50 Le plus grand caba­ret du monde. Divertissement de P. Sébastien, avec Claude Lelouch, Karl Zéro, Bruno Putzulu, Jean-François Derec, Aure Atika, Élisa Tovati, Shy’m, Titoff, Catherine Allegret, Sophie Darel, etc.23.15 On n’est pas couché. Magazine de Laurent Ruquier.France 3

20.50 Famille d’accueil «Hugo» J. Téléfilm avec Virginie Lemoine, Christian Charmetant. Amusant et chaleureux.23.00 Passé sous silence «L’affaire Finaly». Documentaire.ArteLa conquête de Mars21.00 À la conquête de Mars J. Téléfilm avec Michael Riley, Lothaire Bluteau, Pascale Bussières (2h40). (Voir notre analyse page 35)23.35 Objectif Mars : (1 et 2/6)«Vers l’ultime frontière», «Le triomphe de la technologie» J. Documentaire. (Voir notre ana-lyse page 35)M620.50 Médium : «Comme si de rien n’était», «Toujours la même chanson», «Double personnalité». Série avec Patricia Arquette 2.23.20 Dead zone. Série 2.Canal +20.50 Pars vite et reviens tard GA. Policier (2006) de Régis Wargnier, avec José Garcia, Marie Gillain (1h55) 3. Une bonne adaptation de Fred Vargas. Quelques violences.KTO20.50 VIP «Jean-Jacques Bourdin». Rencontre avec le célèbre inter-viewer de RTL.21.45 Oratorio «Le chemin de la croix d’Antoine d’Ormesson».

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TF120.50 Les experts : «Chemin de croix», «Une chance sur deux», «La tête en feu». Série avec Marg Helgenberger 3.23.20 Paycheck GA. Science-fiction (2003) de John Woo, avec Ben Affleck (1h58) 2. Original, mais compliquéFrance 2

20.55 La vérité si je mens A/Ø. Comédie (1997) de T. Gilou, avec Richard Anconina (1h37). Une comédie très amusante sur les juifs du Sentier, mais des scènes éroti-ques d'un goût douteux.23.05 Rambo I A. Aventures (1982) de Ted Kotcheff, avec Sylvester Stallone (1h27) 3. Efficace et bien fait, mais d'une grande violence.France 320.50 Inspecteur Barnaby «Danse avec la mort» GA. Téléfilm avec John Nettles 2. Pittoresque, mais lent.23.10 Duel sur la 3. Magazine.00.45 Capitaine Fracasse GA. Drame en NB (1943) de Abel Gance, d’après T. Gautier, avec Fernand Gravey (1h48). Magnifique.ArteFaux soupçons20.40 Suspect dangereux A. Policier (1987) de Peter Yates, avec Cher, Dennis Quaid, Liam Neeson (1h57). Un excel-lent suspense.22.40 Violeurs d’enfants ? «Scandale judiciaire à Worms». Le Outreau allemand...M620.50 Zone interdite «Faillite, surendettement, contrefaçon : Comment sauver ma petite entreprise ?». Magazine présen-té par Mélissa Theuriau.22.50 Secrets d’actualité «L’énigme Anna Maria». L'affaire Grégory italienne. Magazine.Canal +20.55 Football «Nice/Marseille».KTO16.30 Conférence de carême «L’histoire», avec Claude Lepelley et le père Rafic Nahra. 20.50 La foi prise au mot «L’ascèse». 22.15 Lourdes et la tradition mariale dans les Pyrénées.

TF120.50 Père et maire «Un plus petit que soi» J. Téléfilm avec Christian Rauth, Sébastien Knafo. Sympathique et émouvant, mais un peu gros.22.25 Ugly Betty GA. Série avec America Ferrara. Amusant.00.50 Vol de nuit, avec D. Van Cauwelaert, Michel de Decker, Denis Tillinac, P. Rambaud, Jean

Dutourd, Olivier Ravanello, Pierre-Jean Rémy.France 220.50 FBI, portés disparus : «Un nouveau départ», «Un vide immence», «L’esprit de famille» A. série avec Anthony LaPaglia 3.

Prenant, mais sordide.23.10 Mots croisés. Magazine.01.40 Au clair de la lune «Liberté liberty». Spectacle de Jérôme Savary.France 320.55 Quand la télé se dé guise. Documentaire. Commentaire de Cyril Hanouna.22.55 Ce soir (ou jamais !) (et à 23h25). Magazine.Arte21.00 Fatale Ø. Comédie dra-matique (1992) de Louis Malle, avec Jeremy Irons, Juliette Binoche (1h47) 3. Brillant, mais très érotique et scabreux.Musica22.45 Joshua Bell «Le violoniste nomade». Documentaire.23.40 Marie et le loup. Drame (2002) de Ève Henrich, avec Zaïda Ghora-Volta, Marc Barbé, Patrick Dell’Isola (1h26).M620.50 Les chirurgiens de l’es­poir (5 et 6). Feuilleton documentaire.22.55 Il faut que ça change. Divertissement.Canal +

20.50 Jekyll (1 et 2/6) GA. Série avec James Nesbitt, Gina Bellman 3. Une adapta-tion moderne et très bien faite du mythe du docteur Jekyll. Mais c’est violent et pénible.KTO11.30 Jubilé 2008 à Lourdes «Anniversaire de la première appa-rition», en direct. 20.50 Bernadette Soubirous.22.15 KTO magazine «Le denier de l’Église».

TF1

20.50 Benjamin Gates et le trésor des Templiers J. Aventures (2004) de Jon Tur-teltaub, avec Nicolas Cage (2h). (Voir notre analyse page 35)23.10 Le droit de savoir «L’hyperbeauté : Enquête sur les marchands de l’éternelle jeu-nesse». Magazine.France 220.50 Voici venir l’orage (3/3) GA. Téléfilm avec Anouk Grinberg, Anne Brochet, Valentine Varela (1h43). Très prenant et émouvant.22.45 Faites entrer l’accusé «Edgar Boulai, les disparus de Vaux-le-Penil». Magazine 2.France 320.50 Double détente A. Policier (1988) de Walter Hill, avec Arnold Schwarzenegger, Jim Belushi (1h39) 2. Un excellent film policier, mais des images peu discrètes et beaucoup de violences.22.40 Ce soir (ou jamais !) (et à 23h25). Magazine.00.45 NYPD blue. Série.ArteLa terre à bout de souffle21.00 La température grimpe «Quand l’homme change le cli-mat». Documentaire.21.45 Débat, avec Al Gore et le professeur Rajendra Pachauri, Prix Nobel de la paix.22.25 Mettez de la graisse dans votre moteur. 23.00 Film Festival de Berlin.23.45 Grand format «Le rêve de Sao Paulo» GA. Poignant.M620.50 Pékin Express, la route des Incas «Au pays des cow-boys, dans le Far West brési-lien». Divertissement.22.40 T’empêches tout le monde de dormir. Magazine.Canal +20.50 Apocalypto A. Drame en VO (2006) de Mel Gibson, avec Rudy Youngblood, Raoul Trujillo (2h18) 3. Original et bien fait, mais très violent.KTO20.50 Sundarbans, les îles du silence. La grande misère des habitants du delta du Gange.21.45 Un jour, une foi «Églises du monde».22.15 La foi prise au mot «L’ascèse».

samedi 9 février Dimanche 10 février lundi 11 février Mardi 12 février

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Émissions religieuses : 08h30 Émissions religieuses : «Sagesses boud-histes», «Islam», «Judaïca», «Source de vie», «Présence protestante» - 10h00 Le jour du Seigneur «De l'espoir à l'espérance» - 11h00 Messe, célébrée en direct de la grotte de Lourdes (65). Prédicateur : Mgr Jacques Perrier.

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sur France 2Vendredi 15, à 20h55Sous les vents de Neptune (1/2) GALe commissaire Adamsberg est sur la piste d’un étrange tueur en série, mort quinze ans auparavant. Grâce à un scénario impec-cable, signé de l’écrivain-cinéaste Emmanuel Carrère, Josée Dayan s’est plongée dans l’atmosphère singulière de Fred Vargas avec bonheur. Jean-Hugues Anglade est un commissaire Adamsberg très crédible, et l’ensemble, émaillé de touches d’humour, est prenant. Cette recherche de la vérité se fait dans une ambiance assez sinistre, avec quelques violences.

TF120.50 Dr. House : «Rendez-vous avec Judas», «Acceptera... ou pas ?» GA. Série avec Hugh Laurie, Omar Epps 2. Brillant et très émouvant.22.30 New York unité spéciale. Série avec Christopher Meloni 3.France 220.55 Émission spéciale «Un nouveau regard sur la maladie d’Alzheimer». Émission spéciale présentée en direct par Jean-Luc Delarue, avec le professeur Joël Ménard.23.15 Un jour, un destin «La face cachée de Coluche». Magazine présenté par Laurent Delahousse, avec Thierry Lhermitte, Claude Berri, Marlène Jobert, Agnès Soral, etc.France 320.50 Les 15èmes Victoires de la musique classique. Divertissement présenté par Marie Drucker et Frédéric Lodéon.23.45 Les ailes des héros. Documentaire.01.20 Patate. Théâtre de Marcel Achard, avec Pierre Mondy, Marie Dubois, Michel Duchaussoy.Arte

21.00 Les mercredis de l’his­toire «Margaret Thatcher, l’en-fance d’un chef» GA. Iintéressant et nuancé.21.50 Les mercredis de l’his­toire «La guerre des Malouines» J. Clair et bien fait.22.55 La saveur de la pas­tèque. Comédie dramatique en VO (2005) de Tsai Ming-liang, avec Lee Kang-Sheng (1h52) 4.M620.40 Football «Coupe de l’UE-FA : OM/Spartak Moscou».22.45 Ma vie au commissariat. Documentaire.Canal +20.50 Cœurs GA. Comédie dra-matique (2006) de A. Resnais, avec Sabine Azéma (2h05). (Voir notre analyse page 35)KTO20.50 UC7, bientôt le printemps. À Bron, la démolition d’une barre d’immeubles fait débat.21.45 Un jour, une foi «La famille en questions».22.15 VIP «Jean-Jacques Bourdin».

TF120.50 Star Academy «La fina-le». Divertissement présenté par Nikos Aliagas.23.40 Sans aucun doute. Magazine présenté par Julien Courbet.France 2

20.55 Sous les vents de Neptune (1/2) GA. Téléfilm d’après Fred Vargas, avec Jean-Hugues Anglade, Jacques Spiesser, Hélène Fillières, Myriam Boyer, Jeanne Moreau, Sandra Speichert, Rémy Girard, Bernard Freyd (1h27) 2. (Voir notre analyse ci-contre)22.30 Esprits libres. Magazine présenté par Guillaume Durand.France 320.55 Thalassa : «Buenaventura, le port de l’an-goisse», «Les hirondelles de Birmanie», «Effet de serres à l’andalouse», «Belle-Île dessa-lée». Magazine présenté par Georges Pernoud.23.25 La vie comme un roman «Couple mixte». Documentaire.01.15 Une nuit en… Normandie «Spéciale retrans-mission : Il Sant’Alessio de Landi».Arte21.00 Qui est cette femme? A/Ø. Téléfilm avec Corinna Harfouch, Ulrich Tukur, Judith Engel, Carola Regnier (1h30). Outrancier, confus et atroce.22.30 Tracks. Magazine.23.25 Teddy Awards.M620.50 N.C.I.S. enquêtes spé­ciales : «Cheval de Troie», «Vengeance d’outre-tombe», «Le témoin». Série avec Mark Harmon, Michael Weatherly 2.23.20 Sex and the city. Série avec Sarah Jessica Parker 2.Canal +20.50 The hard corps. Téléfilm de Sheldon Lettich, avec Jean-Claude Van Damme, Razaag Adati (1h46) 2.KTO20.50 KTO magazine «La peine de mort». Qu’en est-il de la peine de mort dans le monde ?21.45 Un jour, une foi «La vie des diocèses».22.15 Padre Pio, le crucifix sans croix.

TF120.50 R.I.S. police scientifi­que : «Tirs croisés», «Eaux pro-fondes» GA. Téléfilm avec Philippe Caroit, Pierre-Loup Rajot, Stéphane Metzger, . Pas mal, mais très répétitif.22.40 La méthode Cauet. Divertissement présenté par Cauet.France 220.55 À vous de juger. Magazine présenté par Arlette Chabot.23.35 Infrarouge «Forces spé-ciales». Documentaire.France 3

20.55 Qui va à la chasse… GA. Téléfilm avec Bernard Le Coq, Françoise Lépine, Christian Hecq, Michèle Bernier, Christian Siniger. Le début est très amusant, mais le téléfilm verse rapidement dans l’outrance.22.30 Ce soir (ou jamais !) (et à 23h25). Magazine présenté par Frédéric Taddéï.00.45 NYPD blue. Série avec Jimmy Smits.Arte21.00 Le chocolat GA. Comédie dramatique (2000) de Lasse Hallstrom, avec Juliette Binoche, Johnny Depp (1h57). Bien filmé, mais très caricatural et idéologique.22.55 Le monde merveilleux de la publicité GA. Intéressant, malgré quelques fausses notes.M620.50 Prison break «Plus dure sera la chute». Série avec Wentworth Miller, Dominic Purcell 2.21.40 Vanished : «Prisonnières», «Au cœur du chaos». Série avec Gale Harold, Ming Na 2.Canal +20.50 The company (1, 2 et 3/6) GA. Série avec Chris O’Donnell, Alfred Molina 2. (Voir notre analyse page 35)KTO11.30 Jubilé 2008 à Lourdes «Anniversaire de la deuxième appa-rition», en direct. 20.50 Édition spéciale «Quelle mission pour l’enseignement catholique ?», avec Mgr Éric Aumônier. 22.55 Oratorio «Le chemin de la croix».

Mercredi 13 février Jeudi 14 février vendredi 15 février

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T : Tout publicJ : AdolescentsGA : Grands adolescentsA : AdultesØ : Œuvre (ou scène) nocive: Elément positif : Elément négatif

Repères

RaDiosRadio Notre DameLundi 11 févrierEdition spéciale "Jubilé des appa-ritions de Lourdes"7h20 Le grand témoin, par Louis Daufresne, avec le docteur Patrick Theillier (Bureau médical de Lourdes)8h30 "Journées mondiale du ma lade et Jubilé de Lourdes", avec le P. Régis-Marie de la Teysson-nière 9h "Pourquoi Lourdes accueille-elle des dizaines de mil-liers de personnes malades et han-dicapées chaque année ?" avec P. Arjan Van Leeuwen (aumônier de l'Accueil Notre-dame) et Sr Marie-Ange Mesclon (de la Charité de Nevers, congrégation de Bernadette Sou birous.9h30 Retransmission de la messe internationale en direct de la prai-rie face à la Grotte.11h30 Plateau en direct de la prai-rie avec Martine Guénard (Office Chrétien des Handicapés) ; Gisèle Mousseigne (salariée des sanc tuaires, en fauteuil).Mercredi 13 février7h20 Le grand témoin, avec Lau-rent Lafforgue (professeur à l'Institut des hautes études scientifiques...)Jeudi 14 février7h20 Le grand témoin, avec Jean Clair (écrivain, historien de l'art...)Mardi 12 février10h45 Aujourd'hui l'Église, "De nier : quels moyens financiers donner à l'Eglise ?"16h Parole et Musique, "La poly-phonie médiévale" avec Antoine Guerber (Diavolus in musica).Vendredi 15 février10h45 Aujourd'hui l'Église, "L'ap-pel des jeunes"France CultureDimanche 10 février10h Messe, depuis le Carmel Saint-Joseph, 4 rue du Coteur, 92370 Chaville, commentée par Frère Eric Macé. Prédicateur : Père Michel Albaric.

Marie BIZIEN

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Paris✔ Le Centre Trinité, 3 rue de la Trinité 75009 Paris, ✆ 01.48. 74.79.93, [email protected], www.centretrinite .com, propose le 15 février (20h15), une conférence «En chemin vers la joie imprenable», par Lytta Basset (Pasteure, profes-seur de théologie en Suisse). La joie est-elle possible sur cette terre ? Une joie qui ne se laisserait pas détruire par les circonstances de la vie, une joie imprenable, autre que le plaisir, le bonheur et la béatitude ?✔ Les Semeurs d'Espérance or- ganisent une Nuit d'Adoration, "Une chrétienne en politique : témoignage !", avec Christine Boutin (Ministre du Logement et de la Ville, présidente du Forum des républicains sociaux, député des Yvelines. Elle est également enga-gée à défendre les valeurs de l’Eglise, consulteur du Conseil Pontifical pour la Famille auprès du cardinal Alfonso Lopez-Trujillo et fondatrice de l’Al-liance pour les Droits de la Vie). Rendez-vous le 15 février (20h) à la pa roisse St-Séverin, 75005 Paris, avec sac de couchage et tapis de sol. Entrée par le 3 rue

des Prêtres. Au programme : témoignage... messe animée... adoration guidée... relais devant Jésus... sacrement de réconcilia-tion... petit déjeuner. Rens. ✆ 06. 13.16.29.08 / www.semeurs.org✔ A la chapelle Notre-Dame de Paix, 35 rue de Picpus, 75012 Paris, le 11 février, célébration à l'occasion du 150e anniversaire de la première apparition de la Vierge Marie à Lourdes... Rens. ✆ 01.56.95.06.20, Père Bernard Couronne, ss.cc.✔ Les conférences de Carême à Notre-Dame de Paris auront pour thème "Qui dites-vous que je suis ?" (Matthieu, chapitre 16), (16h30-17h15) : le 10 février, "L’histoire" avec Claude Lepelley (historien) et Père Rafic Nahra (bibliste) ; le 17 février, "L’art" avec Jean de Loisy (Conservateur, spécialiste de l’art contemporain) et Benoît Chantre (éditeur) ; le 24 février, "L’économie" avec François Villeroy de Galhau (chef d’entreprise) et Père Edouard Herr (théologien) ; le 2 mars, "L’anthropologie" avec Maurice Godelier (anthropologue) et Mgr Jérôme Beau (théologien) ; le 9 mars, "La philosophie" avec

Fabr ice Midal (phi losophe, en seigne le bouddhisme) et Rémi Brague (philosophe) ; Dimanche des Rameaux 16 mars, "Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant", conclusion par le Cardinal André Vingt-Trois. Entrée libre. Vêpres (17h45). Messe (18h30).Diffusion : en direct sur France Culture (93.5) et KTO ; en différé (20h) suivi d’un débat autour des intervenants sur Radio Notre-Dame (100.7), les radios de la Cofrac, sur RCF (18h15).www.catholique-paris.com.Calvados✔ A l'abbaye Saint-Martin de Mondaye, 14250 Juaye-Mondaye, ✆ 02.31.92.58.11, fax 02.31.92. 08.05, une session "Enluminure et calligraphie" est prévue du 18 au 22 février, pour s'initier ou se perfectionner dans les règles de l'art, tout en méditant sur les textes et les images.www.mondaye.comHautes-Pyrénées✔ A l'occasion du 150e anniver-saire des Apparitions de la Vierge Marie à Bernadette Soubirous, à Lourdes, de nombreuses mani-festations auront lieu, notam-ment le 11 février, "1ère appa-

rition" - "Fête de Notre-Dame de Lourdes" - "Journée mon-diale du malade". Rens. Centre d'information, Sanctuaires Notre-Dame de Lourdes, 1, av. Mgr Théas, 65108 Lourdes cedex, ✆ 05.62.42.20.08, courriel : [email protected] www.lourdes2008.comVar✔ Les Missionnaires du Saint-Sacrement, Institut fondé par Mgr Dominique Rey (évêque de Fréjus-Toulon), proposent un temps de retraite et de ressourcement sur le thème "Comment adorer le Saint-Sacrement ?", animé par le Père Florian Racine, à l'hôtellerie de Roc Estello, au Plan d'Aups (Var), du mercredi 27 février (18h) au dimanche 2 mars (14h). Chaque jour : messe, enseignement, temps d'adoration eucharistique. Pèlerinage à la Grotte de sainte Marie-Madeleine. Rens. : ✆ 06. 99.49.23.17 ou [email protected]ètes et témoins aujourd'hui✔ Une session de rencontres, conférences et témoignages aura lieu du 1er au 4 mai, dans l'Eta-blissement Catholique d'Enseigne-ment Sainte Croix - Saint Euverte, 28 rue de l'Etelon, à Orléans, sur

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(*) France métropolitaine et DOM uniquement - (**) Pour les personnes n’ayant jamais été abonnées. (***) Dans la limite des stocks disponibles. (****) Le préciser dans un courrier séparé. (*****) France métropolitaine uniquement. CNIL N° 678405 - Loi informatique & liberté du 6/01/78 : vous disposez d’un droit d’accès et de rectification aux informations vous concernant. Par notre intermédiaire, vous pouvez être amenés à recevoir des propositions d’autres entreprises. Si vous ne le souhaitez pas, il suffit de nous écrire ou de nous téléphoner et il en sera tenu compte immédiatement.

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le thème "Prophètes et témoins aujourd'hui" avec Jeanne d'Arc, soleil de notre histoire, messagère et annonciatrice de la Mission de France, avec Père Mengin de Domrémy (village natal de Jeanne d'Arc), Joseph Corre (Icône de Marie et Revue Pierre), le père René Laurentin, le père Patrick de Laubier... Frais de la session complète : 120 e. Rens./inscrip-tions : Association Témoins de l'Amour et de l'Espérance, 3 rue des Acacias, 85340 Olonne-sur-Mer.Amis de Madeleine Delbrêl✔ Le 24 février (9h-17h), une récollection sur le message spiri-tuel de Madeleine Delbrêl pour notre temps, sera donnée par Mgr Georges Gilson (Évêque émérite de Sens-Auxerre et de la prélature de la Mission de France), à la Maison Nicolas Barre, 83 rue de Sèvres, 75006 Paris. Inscriptions, selon les possibilités, à partir de 25 e (repas chaud compris), auprès des "Amis de Madeleine Delbrêl, 11 rue Raspail, 94200 Ivry-sur-Seine, ✆ 01.49.59.84.95 / [email protected]✔ L’association «Sésame et Talents» (147 rue du Faubourg Poissonnière, 75009 Paris) pro-pose une soirée dansante le 16 février (à partir de 21h), à l’Es-pace Saint Pierre (face à l’Eglise St Pierre de Neuilly), 121 av. Achille Peretti, 92200 Neuilly-sur-Seine, pour soutenir les pro-jets de l’association «Entraide Mission Amitié» en faveur

de la francophonie au Liban. Participation/frais 15 e sur place (12 e en pré-réservation, avant le 11 février). Tenue correcte exi-gée. Rens. ✆ 06.14.32.20.74 / [email protected] http://sesameettalents.free.frhttp://www.ema.asso.frVoyage culturel - Pèlerinage✔ Du 16 au 22 mai, un voyage culturel et pèlerinage à Ravenne et en Emilie-Romagne sera conduit par Marie-Gabrielle Leblanc (historienne d'art) et le RP Kim En Joong (dominicain coréen et peintre). Célèbres mosaïques de Ravenne, abbaye romane de Pomposa, Comacchio, Padoue (basilique du Saint, célèbres fresques de Giotto, fresques de Titien, fresques du baptistère de la cathédrale, théâtre anato-mique), Bologne, ville gastrono-mique, siège de la plus vielle uni-versité d'Europe (tours médiéva-les spectaculaires, théâtre anato-mique, pinacothèque, sanctuaire San Luca et son portique, tombe de saint Dominique), Modène et sa cathédrale romane en marbre rose, Reggio Emilia et sa cathé-drale romane, Parme, ville de la violette (pinacothèque et théâtre des Farnese, baptistère roman en marbre rose). 1400 e en avion au départ de Paris, ✆ 01.48.07.05. 84, [email protected]

Pour passer un communiqué, contactez : [email protected]

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FRANCECatholique n°3105 8 février 2008 39

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CNIL : 677840560, rue de Fontenay, 92350 Le Plessis-RobinsonTéléphone : 09.75.69.14.92 - 01.46.30.79.06 - 01.46.30.37.38 - Fax : 01.46.30.04.64

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