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Document à diffusion restreinte Rapport technique PP/1979-80/4/7.6/05 RÉPUBLIQUE FÉDÉRALE ISLAMIQUE DES COMORES Action internationale contribuant aux activités des États membres pour la préservation et la mise en valeur des biens culturels Création d'un Musée national à Moroni par Pascal Makambila N° de série : FMR/CC/CH/81/102 Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture Paris, 1 9 8 1

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Document à diffusion restreinte Rapport technique PP /1979 -80 /4 /7 .6 /05

RÉPUBLIQUE FÉDÉRALE ISLAMIQUE DES COMORES Action internationale contribuant aux activités des États m e m b r e s pour la préservation et la mise en valeur des biens culturels

Création d'un Musée national à Moroni

par Pascal Makambila

N° de série : FMR/CC/CH/81/102

Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture

Paris, 1981

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.REPUBLIQUE FEDERALE ISLAMIQUE DES COMŒES

CREATION D'UN MUSEE NATIONAL A MORONI

par Pascal Makambila

Rapport établi â l'intention du Gouvernement de la République fédérale islamique des Comores par l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco)

U N E S C O

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RapDort technioue PP/Í979-80/4/7 ."6/05 MR/CC/CH/81/102 (Makambila ) le 31 mai 1981

© Unesco 1981 Printed in France

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SOMMAIRE

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AVANT-PROPOS

1.1. But de la mission 1

1.2. Itinéraire 1

1.3. Activités secondaires du consultant 2

INTRODUCTION : bref exposé sur le rôle d'un musée aux Comores

2.1. Volonté gouvernementale 3

2.2. Rôle d'un musée dans la société comorienne contemporaine 5

2.3. Orientation d'un Musée national des Comores 6

CREATION D'UN MUSEE NATIONAL

3.1. Musée central et musées régionaux 8

3.2. Statut juridique du Musée national 8

3.2.1. Création du Musée national comorien 9 3.2.2. Statut spécial du Musée au sein du CNDRC

et du Ministère de l'éducation nationale, de la culture, de la jeunesse et des sports 9

3.2.3. Conseil supérieur du Musée 9 3.2.4. Conseil technique 10 3.2.5. Association des amis du Musée national 12 3.2.6. Personnel 12 3.2.7. Dispositions financières concernant le Musée 15 3.2.8. Loi d'établissement du Musée 15 3.2.9. Suppression du Musée 16

3.3. Préservation du patrimoine culturel 16

3.4. Loi de protection du patrimoine culturel 18

3.4.1. But 18 3.4.2. Types d'objets protégés 18 3.4.3. Protection contre la destruction volontaire 18 3.4.4. Protection contre la vente 18 3.4.5. Protection contre l'exportation illicite 19

3.5. Recherche scientifique 19

3.6. Lieu d'implantation du Musée 20

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3.7. Effets de la réalisation du projet sur le plan tunnain et écologique 20

3.7.1. Effets négatifs 20 3.7.2. Effets positifs 21

3.8. Bâtiment du Musée 21

3.8.1. Locaux accessibles au public 21 3.8.2. Locaux non publics 22 3.8.3. Eclairage et conditionnement d'air 22 3.8.4. Propositions sur la répartition des

tranches 23.

3.9. Architecture du Musée 24

3.9.1. Bâtiment : utilisation et aménagement de l'espace 25

3.9.2. Construction : quelques données techniques 26

3.10. Evaluation du coût 26

3.11. Mobilier 27

3.12. Equipement technique et scientifique 28

3.13. Financement du Musée national 28

3.14. Formation du personnel 29

3.14.1. Conservateur 29 3.14.2. Conservateur des antiquités 30 3.14.3. Conservateurs assistants principaux 30 3.14.4. Techniciens de musées ou conservateurs

assistants 30 3.14.5. Responsable de l'éducation 30

3.15. Programme d'action immédiate 31

3.15.1. Loi instaurant le Musée national et loi relative â la protection du patrimoine culturel 31

3.15.2. Loi de création 31 3.15.3. Arrêté d'application de la loi 32 3.15.4. Envoi en stage du futur conservateur 33 3.15.5. Affectation d'un vieux local devant abriter

le Musée avant la construction de bâtiments définitifs 33

3.15.6. Affectation d'un véhicule tout terrain 34 3.15.7. Budget de fonctionnement 34 3.15.8. Premiere exposition temporaire 34 3.15.9. Exposition itinérante 34 3.15.10. Construction de bâtiments définitifs 35

IV. CONCLUSION 35

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I. AVANT-PROPOS

1.1. But de la mission

Selon la mission qui lui a été confiée au titre du Programme de parti­cipation 1979-1980, le consultant devait, en collaboration avec les services nationaux du Gouvernement de la République fédérale islamique des Comores, s'acquitter de ce qui suit :

- réaliser une étude de faisabilité en vue de la création d'un Musée national à Moroni, capitale de la République fédérale islamique des Comores;

- conseiller les autorités sur les mesures à prendre à court et à long termes pour la création du Musée;

- évaluer les besoins en personnel du futur Musée et proposer des stages de formation sur place ou dans la région.

1.2. Itinéraire

La mission du consultant, d'une durée d'un mois, débuta le 27 août 1980 et s'acheva le 27 septembre 1980. Pendant les 30 jours qu'il passa dans les Comores, le consultant entreprit :

- 4 tournées d'une durée totale de 4 jours à l'intérieur de la grande Comore (en dehors de Moroni);

- 6 tournées d'une durée globale de 7 jours dans l'île d'Anjouan:

- 2 tournées d'une durée globale de 2 jours dans l'île de Moheli.

Ces tournées lui permirent de prendre contact avec les villes et villages suivants :

a) Grande Comore

- journée du 2 septembre 1980 : première tournée

lieux visités : Ntsoudjini Mbeni Itsinkoudi Bouni

- journée du 6 septembre 1980 : deuxième tournée

lieux visités : Bangoikouni Mitsamiouli Ntsaoueni

- journée du 8 septembre 1980 : troisième tournée

lieux visités : Bandamadji Foumbouni

- journée du 9 septembre 1980 : quatrième tournée

lieux visités : Itsandra Iconi

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b) Anjouan

- journée du 11 septembre 1980 (après-midi) : première tournée

Visite des grandes familles d'Anjouan. Inventaire des objects d'art et d'artisanat dans cette ville.

- journée du 12 septembre 1980 : deuxième tournée

lieux visités : Ouani

- journée du 13 septembre 1980 : troisième tournée

lieux visités : Moya Fomoni Sima

- journée du 14 septembre 1980 : quatrième tournée

lieux visités : Domoni M'Ramani Chaoueni

- journée du 15 septembre 1980 : cinquième tournée

lieux visités : Tsimbeou Bambão

- journée du 16 septembre 1980 : sixième tournée

lieu visité. : Mirontsi

c) Moheli

- journée du 18 septembre 1980 (après-midi) : première tournée

lieu visité : Fomboni

Inventaire des objets d'art et d'artisanat dans cette ville.

- journée du 19 septembre 1980 : deuxième tournée

lieux visités : Ouallah Nioumachoua Wanani Djoiezi

Le consultant eut également l'occasion de visiter les collections privées de plusieurs notables et grandes familles tant à Moroni qu'à Anjouan.

Pour des raisons de sécurité des collections visitées, nous garderons l'anonymat de leurs propriétaires.

1.3. Activités secondaires du consultant

Outre l'accomplissement du but principal de sa mission - qui fait l'objet du présent rapport - le consultant a contribué :

a) à l'inventaire rapide de quelques sites et monuments historiques dans les localités visitées;

b) au recyclage d'un technicien de musées comorien .

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• La République fédérale islamique des Comores est très riche en sites et monuments historiques. Certains de ces monuments dateraient du Vllème siècle A.D. Le Consultant suggère la création d'un Département des sites et monuments historiques au sein du Centre national de documentation et de recherches sur les Comores.

L'opération de recyclage susmentionnée a été entreprise en faveur de M. Said Ahmed Saîd Omar, technicien de musées de nationalité comorienne.

L'intéressé était en contact quotidien avec le consultant, ce qui a permis à ce dernier le l'initier aux techniques de collecte d'objets sur le terrain, à la rédaction de fiches descriptives, à la sensibilisation des autorités locales sur le but et le rôle d'un Musée national dans la construction de la jeune nation comorienne.

II. INTRODUCTION : bref exposé sur le rôle d'un M usée aux Comores

2.1. Volonté gouvernementale

Il n'existe aux Comores ni musée ni institution culturelle ou de recherches scientifiques faisant fonction de musée. Cette situation découle d'une période coloniale quia/ait fait des îles Comores une dépendance de Madagascar. Ainsi, seul Madagascar était doté d'un musée.

Les îles Comores ont aujourd'hui accédé à l'indépendance, à la souveraineté nationale et internationale. Elles ressentent l'impérieux besoin d'assurer la sauvegarde et la mise en valeur de leur patrimoine culturel et naturel national afin de permettre aux jeunes générations en particulier et au peuple comorien en général d'acquérir une meilleure connaissance de leur pays, de leur culture et de leur histoire.

Ce besoin justifie la volonté du Gouvernement fédérale des Comores, consistant à créer un Musée national à Moroni, la capitale fédérale. Cette volonté gouvernementale est clairement exprimée et se trouve confirmée par plusieurs actes.

Le premier acte concerne la création par décret n" 79/06 du 11 janvier 1979 du Président de la République d'un Centre national de documentation et de recherches sur les Comores (CNDRC). Ce Centre comprend quatre sections :

1. les Archives nationales;

2. la Bibliothèque;

3. un Centre de recherches sur les traditions orales;

4. une section de muséographie regroupant les objets ayant une valeur historique ou culturelle.

Les trois premières sections fonctionnent déjà. Il reste à matérialiser la section de muséographie. Conformément aux dispositions du décret n° 79/06 du 11 janvier 1979 portant création du CNDRC, la section de muséographie "devra être développée par la suite pour constituer un Musée national".

Le second acte, non moins important est la demande n° 1587 présenté à l'Unesco au titre du Programme de participation aux activités des Etats membres pour la période 1978-1980. Les autorités comoriennes ont, par cet cte, sollicité le concours d'un consultant de vue de réaliser une étude de faisabilité pour la création d'un Musée national.

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Le troisième acte a été l'envoi de M. Said Ahmed Saïd Omar, instituteur de profession, au stage de "gestion de musées" organisé à Bordeaux (France) du 3 novembre au 15 décembre 1979 par l'Ecole internationale de Bordeaux de l'Agence de coopération culturelle et technique (ACCT).

Le consultant a trouvé à son arrivée à Moroni un jeune cadre comorien initié à la gestion des musées et des études relatives à la création d'un Musée dans la capitale fédérale.

Le cadre comorien concerné est M. Said Oma: déjà cité. L'intéressé est né vers 1958 â Ouani, dans l'île d'Anjouan (R.F. islamique des Comores). Il est titulaire* du Certificat d'études primaires élémentaires (CEPE), du Brevet d'études du premier cycle (BEPC) et du Certificat d'aptitude à l'enseignement primaire (CAEP); diplômes obtenus après six années d'études primaires, quatre années d'études secondaires et une année de formation pédagogique.

Comme mentionné plus haut, il a suivi du 3 novembre au 15. décembre 1979 un stage sur la gestion des musées à l'Ecole internationale de Bordeaux.

Relevant de la fonction publique du Gouvernement de Ngazidja (nom local de l'île de la Grande Comore), M. Saïd Ahmed Saïd Omar n'a pu être déchargé de ses fonctions d'enseignement et affecté au projet Musée dès son retour de stage, faut de poste budgétaire disponible au niveau de la fonction publique fédérale; organe administratif qui assure la gestion des agents du CNDRC. Toutefois, des assurances ont été données à la direction du CNDRC par le Gouvernement fédéral au sujet de l'affectation, dans un proche avenir de ce jeune cadre au projet de Musée.

Soucieux de la réalisation rapide du projet Musée, le Gouvernement comorien a obtenu de 1'Unesco une bourse de muséographie en faveur de M» Saïd Ahmed Saïd. Ce dernier suivra, grâce à cette bourse, le stage expérimental d'une durée de six mois qu'organise 1'Unesco au Centre de Niamey à compter du 1er décembre 1980.

Quant aux études afférentes à la création d'un Musée national.à Moroni, elles sont dans l'ensemble sommaires, mais confirment la possibilité d'ériger un un musée aux Comores.

La première étude, d'un volume de trois pages dactylographiées, double interligne, esquisse un 'avant-projet sommaire d'un musée ethnographique" à construire à Moroni. L'étude est assortie d'un plan de masse. Elle a été réalisée en 1971 par le Club Moana des Comores spécialisé dans la plongée, la chasse, la pêche et autres activités sous-marines. Le projet n'a jamais été matérialisé et l'étude est mise en dépôt au CNDRC. Le Club Moana n'existe plus.

La seconde étude, d'un volume de cinq pages dactylographiées, est l'oeuvre de Georges et Genevière Boulinier, respectivement chargé de recherches au CNRS (section "anthropologie, préhistoire, ethnologie") à Paris et ethnologue (sans précision de lieu de travail). Cette étude date du 6 août 1973 et s'intitule "Projet de musée archéologique et ethnographique des Comores". Ce projet est également resté lettre morte et un exemplaire de l'étude a été déposé au CNDRC.

La troisième étude, d'un volume de cinq pages ronéotypées date du 6 juin 1975. Elle est également de M. Boulinier avec la collaboration de M. Ali, responsable des affaires culturelles de l'époque. Cette étude "est inspirée du premier projet de musée qui avait été déposé au Ministère des affaires culturelles en août 1973 au cours de leur mission dans l'archipel par Georges Boulinier et Geneviève Boulinier". Comme pour les deux précédentes, la présente étude n'a pas eu de suite pour concrétiser la création du Musée.

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2.2. Rôle d'un musée dans la société comorienne contemporaine

Un programme d'action dans le domaine de la muséologie doit se fonder sur une certaine conception du rôle d'un musée dans la jeune République fédérale islamique des Comores. Après avoir écouté de nombreuses personna­lités comoriennes tant à Moroni (Grande Comore), Mutsamudu (Anjouan), Fonboni (Moheli) qu'à l'intérieur des trois îles visitées, le consultant pense pouvoir définir, au terme de sa mission, les fonctions d'un musée et particulièrement d'un Musée national aux Comores.

2.2.1. La première tâche du Musée sera de rassembler les témoins de l'héritage collectif de la nation comorienne. Nous avons la parfaite conscience

que bon nombre de ces témoins se perdent par destruction volontaire, par destruction naturelle et par vente à des touristes étrangers ou à des marchands d'art.

a) Destruction volontaire

La destruction volontaire des objets est le fait de l'homme. L'homme détruit soit par :

- ignorance : on ignore l'importance, la portée scientifique, la fonction sociale de l'objet fabriqué par les générations passées. Alors on le détruit en vue d'obtenir plus d'espace dans la maison, et d'y loger des objets modernes (grand attrait en Afrique pour les produits manu­facturés, importés d'Europe et du Japon). L'achat d'un mobilier neuf ou d'appareils électroménagers modernes est souvent à base d'une telle opération;

- méchanceté, vandalisme : comportement des vainqueurs à l'égard du patrimoine culturel et naturel des vaincus en temps de guerre;

- raisons et convenances religieuses : notamment les tabous, les interdits imposés par les mouvements religieux dits "antifétichistes";

- destruction naturelle : lorsqu'ils ne sont "pas entretenus par l'usage quotidien, les matériaux constitutifs des objets se dégradent très rapidement. De plus le climat tropical qui baigne les Comores exige la conservation des objets en bois, en métal, en fibres végétales et synthétiques, papier, e t c . , à l'abri de l'humidité et des intempéries. Faute de se conformer à cette exigence, les objets sous l'action de l'humidité et des intempéries se détériorent et "meurent";

- perte par vente : les touristes, les collectionneurs privés, en provenance des nations dites développées connaissent assez bien la valeur artistique et marchande des oeuvres d'art des pays du tiers-monde sur le marché international. L'art africain étant aujourd'hui une source d'énormes profits financiers, le touriste ou le collectionneur privé achète à des prix parfois dérisoires des objets qui sont les témoins irremplaçables de l'héritage culturel de nos peuples.

Ces objets font partie du patrimoine inaliénable et imprescriptible d'une nation, il est donc indispensable que le jeune Etat comorien assure une totale conservation et protection des éléments constitutifs de son patrimoine culturel et naturel.

Les objets que le M usée recueillera ne sont pas-seulement ce que les Occidentaux appellent oeuvres d'art ( en fait des objets rituels à représen­tation humaine), mais tous les objets utilisés par le Comorien dans sa vie quotidienne, circonstancielle, cérémonielle (exemple : les costumes et les parures du grand mariage), de travail ou de guerre à différentes étapes de son histoire, y compris le présent.

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2.2.2. On attend évidemment que ces objets recueillis soient conservés. C'est bien sûr la conservation matérielle de l'objet par les

traitements appropriés mais aussi la conservation des informations (toute pièce de musée parle, renferme une histoire, une tradition) qui identifient l'objet et en expliquent l'utilisation et la signification.

2.2.3. L'exposition des objets au public constituera la troisième fonction duMu.sée. Pour un pays comme les Comores où le taux d'analphabètes

adultes demeure encore élevé , le conservateur de musées s'efforcera de donner un caractère "non-ëlitiste" aux expositions permanentes, temporaires et , itinérantes. En d'autres termes, la présentation des objets au public ne doit pas être conçue pour intéresser d'abord les intellectuels, les lettrés ou les touristes, mais pour amener les Comoriens - dont beaucoup sont encore illettrés - à saisir l'évolution de la société, à comprendre la place de leurs ancêtres dans l'histoire de l'Afrique, de l'Océan indien et du monde, et la façon dont ils se sont adaptés à l'environnement de l'Archipel. Cette fonction d'éducation des masses fait du musée une institution engagée dans le présent et préparant l'avenir. Il sera un instrument important dans l'avènement d'une nation. Leîl.usée mettra également en valeur les caractères communs qui peuvent, par-delà les frontières des divers Etats de l'Océan indien, établir un lien entre les peuples ou les aires culturelles.

Il est évident que cette institution présentera un très grand intérêt pour les chercheurs étrangers en quête d'informations culturelles et artistiques sur les Comores.

2.2.4. Lorsqu'on jette un coup d'oeil sur les tableaux, les poteries, la vannerie, les sculptures sur bois (notamment les portes sculptées, des artistes et

artisans comoriens modernes, on s'aperçoit queles formes traditionnelles constituent une source importante de leur inspiration. Il s'avère donc indispensable que ces. artistes et artisans prennent contact avec des oeuvres traditionnelles qu'ils ne peuvent trouver qu'au musée. L'exposition sera montée avec des "exemplaires particulièrement heureux, d'un point de vue formel pour que le musée remplisse son rôle d'instruction esthétique auprès des artistes et artisans d'aujourd'hui".

2.2.5. Le musée est une institution publique qui collecte, conserve et expose des objets à des fins d'étude et de délectation. Nous devons adjoindre

à ces trois fonctions classiques une quatrième, celle d'interprétation globale du passé et d'instruction esthétique.

Pour que le musée accomplisse ces quatre fonctions, il faut qu'il en possède une cinquième, la plus fondamentale : la recherche scientifique.

Le musée est une institution de recherches au même titre que l'université. » La recherche en sciences humaines (ethnologie, histoire et préhistoire, archéologie, etc..) permettra au conservateur de faire progresser la connaissance du passé des Comores en vue de restituer le contexte social et culturel des pièces de ses collections.

2.3. Orientation d'un Musée national des Comores

Les cinq fonctions citées plus haut précisent le rôle que jouera le Musée dans la société comorienne contemporaine. Ce rôle sous-tend une orientation scientifique déterminée. En effet, si toute institution muséale

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rassemble des collections, les conserve et les expose à des fins d'étude et de délectation, chaque musée organise systématiquement ces activités en fonction de la ou des disciplines scientifiques autour de laquelle ou desquelles s'articule son programme : par exemple, l'histoire, l'ethnologie, la botanique, la biologie, l'archéologie, la minéralogie, etc.. Ces disciplines déterminent la typologie de chaque musée; par exemple : musée d'histoire, d'archéologie, d.'ethnographie, d'histoire naturelle, etc..

Le passé collectif dont le Musée national recueillera les témoins peut être réparti en trois grandes périodes :

'a) la préhistoire : des origines jusqu'à la "révolution agricole" c'est-à-dire depuis l'introduction de l'agriculture et de l'élevage;

b) la période traditionnelle : des débuts de l'agriculture à la "révolution industrielle" dont l'origine peut se situer pour les Comores à la colonisation française du XIXème siècle;

c) la période moderne : commençant en 1886 avec la colonisation française effective.

C'est sur les sciences humaines concernant le passé que s'articulera dans l'immédiat le M usée. Pour la première période, l'archéologie; pour la deuxième, l'ethnologie, ou anthropologie culturelle; pour la troisième, l'histoire en son sens strict de connaissance critique du passé fondée sur des sources écrites et orales (la tradition orale étant source d'histoire, elle revêt une grande importance dans le continent et îles africains). Ensuite des éléments de géologie, de botanique, de zoologie seront exposés mais dans la perspective de l'orientation dominante du M usée qui est le point, de vue humain afin de créer un lien étroit entre les différentes sections du M usée.

Il en sera de même de la génétique. La classification raciale et les facteurs qui expliquent la diversité des caractères physiques des populations seront mentionnés pour situer biologiquement les habitants des Comores parmi les hommes de l'Afrique et du monde.

De cette orientation scientifique du Musée, deux conséquences peuvent être tirées :

Première conséquence : le Musée comportera trois sections

- une section d'histoire et d'archéologie;

- une section d'ethnographie (ou anthropologie culturelle);

- une section d'histoire naturelle.

Ces sections seront créées dans 1' ordre chronologique suivant :

a) à court terme

sections : histoire et archéologie

ethnographie

b) à moyen terme

sections : botanique et géologie

c) à long terme

section : océanographie

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Deuxième conséquence : l'histoire, l'archéologie et l'ethnographie étant les principales disciplines du musée à créer, il est vivement souhaitable que le conservateur ait comme diplôme de base une licence ou un titre post-universitaire dans l'une de ces trois disciplines.

III. CREATION D'UN MUSEE NATIONAL

3.1. Musée central et musées régionaux

- musée central ou national à Moroni

- musées régionaux : un musée régional à Anjouan un musée régional à Moheli.

Le futur Musée national des Comores peut être constitué d'un centre unique à installer à Moroni, la capitale fédérale ou, au contraire, d'un musée central à Moroni et d'un réseau composé de deux antennes régionales : la première à Anjouan et la seconde à Moheli.

Cette dernière solution aurait l'avantage d'étendre l'action éducative du musée en dehors de Moroni, justement là où elle serait fort utile. En effet, chaque île de l'Archipel présente des particularismes locaux. Cependant nous ne suggérons pas la réalisation des musées régionaux à court terme.

Même si l'on disposait de moyens financiers et du personnel nécessaire pour exécuter un programme si ambitieux, il serait imprudent de le mettre en oeuvre avant que le musée de Moroni ne fonctionne de façon satisfaisante.

Il ne faut pas renoncer pour autant à toute action muséale en dehors de Moroni; des expositions itinérantes offriront un succédané de musée.

Le consultant recommande vivement que des expositions temporaires soient organisées régulièrement et fréquemment dans une salle du musée de Moroni aménagée à cet effet. Chacune de ces expositions temporaires conçues sur un thème pourrait devenir, après avoir été présentée pendant deux ou trois mois à Moroni, une exposition itinérante, faisant le tour des trois îles. Elle resterait ouverte au public, au siège du Gouvernorat (Mutsamudu pour Anjouan et Fomboni pour Moheli), pendant deux ou trois mois. Une exposition itinérante serait faite d'un petit nombre d'objets représentatifs de toutes les îles des Comores, expliqués par des panneaux, des photographies et des cartes (cas des documents d'histoire).

Le palais du sultan à Anjouan pourrait abriter de telles activités.

A l'exception des expositions itinérantes, tout l'effort doit être consacré à court terme au Musée national qui sera érigé à Moroni.

3.2. Statut juridique du Musée national

Le musée à créer devra être doté d'un statut juridique. Le consultant recommande que le Musée national soit un organisme public créé au sein du Centre national de la documentation et de la recherche sur les Comores (CNDRC) , lequel relève de l'autorité du Ministère de l'éducation nationale, de la culture, de la jeunesse et des sports.

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Etant une entité juridique de droit public, le musée doit être établi par une loi. Cette loi portera sur les points suivants :

- création du Musée national comorien;

- définition de son statut spécial au sein du CNDRC et du Ministère de l'éducation nationale, de la culture, de la jeunesse et des sports;

- fonctions de son conseil supérieur;

- conseil technique;

- association des amis du Musée national;

- personnel;

- dispositions financières concernant le musée;

- loi d'établissement du musée;

- suppression du musée.

3.2.1. Création du Musée national comorien

La loi crée le Musée national. Elle ne le confond pas avec son siège principal de Moroni. Ainsi, lorsque les conditions financières le permettront, des annexes régionales ou musées régionaux pourront être réalisés â Fomboni (Moheli), Mutsamudu (Anjouan) et ailleurs (par exemple : la transformation du palais du sultan à Bambao-Lamitzanga en musée d'histoire).

3.2.2. Statut spécial du Musée au sein du CNDRC et du Ministère de l'éducation nationale, de la culture, de la jeunesse et des sports

Le Musée doit être doté d'un statut légèrement différent de celui d'un service ordinaire de ministère. Ce statut spécial offre au Musée la possibilité d'assurer :

a) le plein contole de son budget de fonctionnement portant sur l'acquisition des collections, le montage des expositions, la publication des dépliants d'informations générales, des catalogues, voire des cartes postales et diapositives à vendre aux visiteurs et les missions de recherche et de collecte;

b) la possibilité de recevoir des donations et d'échanger des pièces;

c) la possibilité d'organiser des expositions temporaires ou itinérantes dans les musées des autres parties du monde avec retour obligatoire des pièces aux Comores à la fin des expositions.

3.2.3. Conseil supérieur du Musée

Le futur Musée national des Comores sera une section du CNDRC conformément aux dispositions du décret 79/06 du 11 janvier 1979 cité plus haut.

En conséquence, il conviendrait pour des raisons d'efficacité et de complémentarité de diverses sections qui constituent le CNDRC de ne pas doter chaque département ou section d'un conseil d'administration distinct du conseil d'administration du CNDRC. Ce dernier couvrira les activités de tous les départements y compris celles du Musée national et de ses éventuelles annexes régionales.

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Cependant, compte tenu de la spécificité des problèmes de musées, le consultant suggère la création d'un conseil supérieur du Musée.

- Le conseil supérieur est une assemblée qui assiste de ses avis le Ministre sur toutes les questions concernant le Musée.

- Secrétaire permanent du conseil supérieur, le conservateur assiste aux réunions avec voix consultative.

- Le conseil supérieur peut faire appel â toute personne qualifiée pour les questions relevant de sa compétence. Toutefois, la personne appelée n'a pas voix deliberative.

- La liste des membres du conseil supérieur du Musée national est publiée au Journal officiel.

- Les membres du conseil doivent jouir de leurs droits civils et politiques. Tout membre qui perd la qualité en raison de laquelle il a été désigné ou au mandat duquel il est mis fin par l'autorité qui l'a désigné doit être remplacé dans les trois mois.

- Le conseil supérieur du Musée national est présidé par le Ministre chargé de la culture et des arts ou son représentant. Le conseil est composé de .15 membres. Ces membres sont des personnalités choisies en raison de leur intérêt pour le patrimoine culturel et naturel des Comores. Ils peuvent être désignés comme suit, sur la proposition des organismes qu'ils représentent :

- 1 membre désigné par le Président de la République, chef de l'Etat;

- l membre désigné par le Premier Ministre, chef du Gouvernement;

- 1 membre désigné par le Ministre de la culture et des arts;

- 1 membre désigné par le Ministre de l'éducation nationale;

- 1 membre désigné par le Ministre de la justice;

- 1 membre désigné par le Ministre du travail;

- 1 membre désigné par le Ministre chargé de l'industrie;

- 1 membre désigné par le Ministre des affaires étrangères;

- 1 membre désigné par le Ministre de la santé publique;

- 1 membre désigné par le Ministre du tourisme;

- le directeur du CNDRC;

- 1 membre désigné par le Gouvernorat de Ganzidja (Grande Comore);

- 1 membre désigné par le Gouvernorat de Moheli;

- 1 membre désigné par le Gouvernorat d'Anjouan;

- 1 membre désigné par la Commission nationale de 1'Unesco.

Cette liste peut être modifiée par les autorités comoriennes.

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- Les membres du conseil supérieur sont nommes par arrête du Ministre chargé de la culture et des arts. Le conseil se réunit deux fois par an en juin et en décembre. En outre, le conseil se réunit chaque fois qu'il est utile sur la convocation de son président et chaque fois que la demande en est faite par la moitié au moins de ses membres. Un membre du conseil peut se faire représenter par un autre membre par procuration. L'ordre du jour est établi par le secrétaire permanent sur proposition du conseil technique. Il doit y faire figurer toute question dont le Ministre ou un membre lui demande l'inscription.

- La présence de deux tiers des membres au moins est nécessaire pour que le conseil puisse délibérer valablement. Si cette condition n'est pas remplie, le conseil supérieur est à nouveau convoqué dans un délai qui ne peut être inférieur à trois jours ni supérieur à dix jours. Dans cette seconde réunion, les délibérations sont valables, quel que soit le nombre des présents, mais elles ne peuvent porter que sur les questions mises à l'ordre du jour de la première réunion.

- Les délibérations sont prises à la majorité des membres présents ou représentés. En cas de partage, la voix du président est prépondérante. Les délibérations sont constatées par les procès-verbaux inscrits sur un registre spécial et signés par le président et le secrétaire permanent.

Les pouvoirs du conseil supérieur sont les suivants :

- Proposition de nomination ou de révocation du personnel autre que celui relevant directement du conservateur;

- Préparation de la réglementation des conditions générales de vente d'oeuvres d'art moderne et des copies d'oeuvres d'art traditionnel à l'intérieur des Comores et application de cette réglementation directement ou avec le concours des agents de l'Etat;

- Proposition d'établissement des musées régionaux;

- Préparation de la réglementation de la protection d'objets présentant un caractère archéologique, historique, paléontologieue et ancestral et application de cette réglementation directement ou avec le concours des agents de l'Etat;

- Examen du projet de budget.

3.2.4. Conseil technique

Le conseil technique est un organe interne au Musée. Il est essentiellement composé du personnel scientifique, technique et administratif du Musée national et de ses éventuelles annexes régionales.

Une de ses missions est de faire naître l'esprit d'équipe au sein du Musée.

Il est le lieu privilégié de la réflexion sur les problèmes de développement et d'épanouissement de l'institution et de la profession museales aux Comores.

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Le conseil technique se compose :

- du conservateur du Musée national qui en est le président;

- des directeurs des musées régionaux;

- des responsables des départements du Musée national;

- des techniciens de musées ;

- de la secrétaire de direction;

- de la "secrétaire-bibliothécaire";

- des gardiens-guides.

Le conseil technique propose le programme d'activités au conseil supérieur du Musée national. Il se réunit une fois par trimestre en séance ordinaire sur convocation de son président.

3.2.5. Association des amis du Musée national

L'association des amis du Musée national sera un organe de soutien financier et moral du Musée national. Il sera souhaitable qu'on ne limite pas le nombre de ses adhérents. Il sera constitué par des Comoriens et non-Comoriens qui s'intéressent à la préservation et ã la valorisation du patrimoine culturel et naturel des Comores.

Les membres éliront le bureau exécutif qui comprendra :

un président, deux vice-présidents, un secrétaire général et un trésorier.

Grace à ce mécanisme, qui n'est qu'un groupe de soutien, l'action et le souci du. Musée s'étendront à des milieux autres que celui du Ministère de tutelle. L'association des amis du Musée national sera régie par un statut et un règlement intérieur.

3.2.6. Personnel

La loi précise les catégories de personnel et les qualifications professionnelles requises.

Le Musée emploie deux catégories de personnel : le personnel cadre et le personnel subalterne.

3.2.6.1. Le personnel cadre se compose de :

- un conservateur;

- techniciens supérieurs ou conservateurs assistants principaux;

- techniciens ou conservateurs assistants;

- une secrétaire de direction;

- une secrétaire dactylographe.

a) Conservateur

Le conservateur assure toutes les fonctions de direction du Musée. Il est à la fois un scientifique spécialisé dans l'une des disciplines autour desquelles s'articule le programme du Musée, un muséologue initié aux méthodes et techniques museales, un administrateur chargé de la gestion des biens, du budget et de la direction du personnel cadre et subalterne.

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En sa qualité de nrusëologue, il exerce la responsabilité de différentes activités museales : conception et exécution des programmes de recherche scientifique, de formation et de conservation des collections, d'éducation populaire et d'instruction artistique et esthétique par les expositions, les conférences, débats et les publications.

En cas d'absence ou d'empêchement du conservateur, son intérim est assuré par un conservateur assistant principal.

' Lorsque des musées régionaux seront créés dans des centres tels que Mutsamudu (Anjouan) et Fomboni (Moheli), la direction de chacune de ces structures sera assurée par un conservateur assistant principal placé sous l'autorité du conservateur du Musée central ou national.

Le niveau d'études et de formation professionnelle du conservateur sera la maîtrise ou le diplôme d'études approfondies (D.E.A) en ethonologie, anthropologie culturelle, ou en histoire ou en archéologie et un stage de muséologie d'une durée de 9 ou 18 mois.

b) Techniciens supérieurs ou conservateurs assistants principaux

Ils assistent le conservateur dans la conception et l'exécution des programmes de recherche scientifique, de formation et de conservation des collections d'éducation populaire et d'instruction artistique. La répartition des attributions des conservateurs assistants principaux est organisée par le conservateur.

Le conservateur assistant principal est d'abord un scientifique, ensuite un muséologue nanti de bonnes connaissances museales, enfin un administrateur au courant de toute la vie du musée afin qu'il puisse remplacer le conservateur en cas d'empêchement de ce dernier.

Les musées régionaux d'Anjouan et de Moheli (s'ils sont créés) et les départements d'histoire, d'archéologie et d'ethnographie du Musée national des Comores auront chacun à leur tête un conservateur assistant principal placé sous l'autorité du conservateur du Musée national. Cependant le Musée national établi à Moroni ne recrutera de conservateurs assistants principaux que lorsqu'il aura atteint un niveau de développement suffisamment avancé.

Dans un premier temps, le conservateur dirigera "scientifiquement" et "administrativement" le Musée avec l'aide de ses quelques techniciens ou •conservateurs assistants; d'où la nécessité d'avoir dès l'ouverture du Musée un conservateur bien formé et compétent.

" Le niveau d'études et de formation professionnelle de ces techniciens supérieurs sera la licence ou un diplôme équivalent et un stage de muséologie d'une durée de 9 mois.

c) Techniciens ou conservateurs assistant*»

Ce sont les "infirmiers" du musée. Ils assurent sous la direction du conservateur et éventuellement des conservateurs assistants principaux diverses activités musêographiques :

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- collecte des objets; - montage des expositions; - cataloguage et enregistrement des pièces; - photographie; - conservation chimique des objets; - restauration et décoration; - rédaction de fiches descriptives; - tenue du registre d'inventaire; - petite menuiserie, etc..

Le recrutement et la formation des techniciens se fera en rapport avec le développement du musée. En d'autres termes, le Musée de Moroni naîtra avec un nombre réduit de techniciens.

Le niveau d'études et de formation professionnelle de ces techniciens sera un baccalauréat de l'enseignement secondaire ou diplôme équivalent et une formation de technicien obtenue par des cours comme ceux du centre de Niamey au Niger et par des stages dans les services des musées anciens et importants.

d) Secrétaire de direction

En tant que secrétaire du conservateur, elle est chargée de différents travaux de bureau tels que la correspondance, la dactylographie du travail de la direction, la dactylographie des fiches, la garde du registre d'enregistrement et des inventaires, la polycopie de brochures explicatives, etc..

e) Secrétaire dactylographe

Placée sous l'autorité de la secrétaire de direction, elle assure d'une part la dactylographie des travaux émanant des divers départements du Musée et d'autre part le fonctionnement de la petite bibliothèque spécialisée du musée (la bibliothèque du Musée dotée principalement d'ouvrages scientifiques ne sera nullement une bibliothèque de prêt.)

3.2.6.2. Le personnel subalterne comprendra :

- un planton chargé de la collecte et de la distribution du courrier et autres courses intéressant l'administration du Musée;

- un gardien veilleur de nuit : on recrutera de préférence un concierge .gardien veilleur logeant sur place avec sa famille;

- un personnel de nettoyage et d'entretien (en petit nombre, 2 à 3 agents). Ce personnel assurera l'entretien des bâtiments et du jardin;

- deux ou trois gardiens guides : les gardiens guides portent cette appellation pour deux raisons. D'abord ils sont "gardiens" parce qu'ils veillent sur les collections durant les heures d'ouverture du Musée, puis "guides" parce qu'ils assurent les visites guidées des expositions.

Les gardiens guides doivent pouvoir donner, chacun en comorien et en français des explications simples, claires et exactes aux illettrés et lettrés, aux nationaux et étrangers sur ce qui est exposé. Le choix sera porté sur des personnes ayant un intérêt réel pour le patrimoine culturel et natural et susceptible de recevoir du conservateur une formation élémentaire de guide. Ils auront comme niveau d'études le certificat d'études primaires élémentaire ou le niveau de la classe de 4ëme des collèges d'enseignement général.

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3.2.6.3. Dispositions administratives et financières relatives au personnel

Le Musée national étant un service d'Etat fonctionnant selon les règles de droit public, les salaires de ses agents et les charges sociales y afférents seront pris en charge par le budget féréral des Comores.

Le personnel scientifique, technique, administratif et financier (en cas de recrutement d'un comptable) relèvera du statut général de la fonction publique.

Le personnel non fonctionnaire sera régi par la convention collective en vigueur dans le pays.

Il est vivement souhaitable qu'on accorde des indemnités spéciales pour la recherche au personnel technique et scientifique du Musée.

3.2.6.4. Suggestions pour le démarrage du Musée : effectif en personnel cadre et subalterne

- 1 conservateur;

- 3 techniciens (l'un des techniciens sera spécialisé dans la décoration);

- 1 secrétaire;

- 1 gardien veilleur de nuit;

- 2 gardiens guides;

- 1 agent de nettoyage et d'entretien des locaux et du jardin;

- 1 planton.

3.2.7. Dispositions financières concernant le Musée

- les propositions- budgétaires sont arrêtées par le conseil supérieur;

- le budget du Musée national est alimenté par les subventions de l'Etat fédéral;

- le Musée national peut également recevoir des subventions des collectivités locales, des dons et legs de toute personne morale ou physique, publique ou privée intéressée ou encore des organismes étrangers ou internationaux;

- les opérations financières sont effectuées par le conservateur sous la responsabilité du directeur du CNDRC.

3.2.8. Loi d'établissement du Musée

Il est indispensable que la loi d'établissement du Musée stipule clairement "que les pièces portées au registre d'inventaire du Musée ne peuvent en aucun cas être vendues ou données. Sauf perte ou destruction accidentelle, une pièce ne peut sortir définitivement des collections que pour être échangée contre une autre pièce qui y entre aussitôt". L'échange doit être signalé dans l'inventaire et fera l'objet d'un procès-verbal.

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3.2.9. Suppression du Musée

La loi d'établissement précisera que la suppression du Musée national et de ses éventuelles annexes régionales "ne peut être décidée que par une autre loi". Cette dernière réglera la dévolution des collections. Les collections et autres biens meubles et immeubles dont disposera le Musée au moment de la suppression seront transmis, en aonsultation 'avec le Gouvernement comorien â une institution poursuivant des buts quasi analogues à ceux du Musée (exemples : institut national de la recherche scientifique, université, complexe culturel, etc...). i>

3.3. Préservation du patrimoine culturel

Le consultant a effectué des tournées à l'intérieur des trois îles qui constituent la République fédérale islamique des Comores. Ces tournées se sont déroulées dans l'ordre suivant :

1) Ville de Moroni et intérieur de la grande Comore : tournée effectuée en compagnie de MM. Pamir Benali, Abdallah Daoud et Said Omar respec­tivement directeur du CNDRC, ethnologue au CNDRC et technicien de musées.

2) Villes de Mutsamudu, Ouani et intérieur de l'île d'Anjouan en compagnie de MM. Abdallah Daoud et Said Omar.

3) Ville de Fomboni et intérieur de l'île de Moheli en compagnie de MM. Abdallah Daoud et Said Omar.

Ces tournées ont permis au consultant de se rendre compte de l'existence actuelle d'objets qu'il convient de rassembler dans les collections du Musée. En raison du temps qui lui était imparti (mission d'un mois), le consultant ne s'est surtout penché que sur les objets d'art et d'artisanat traditionnels. Nous préciserons d'abord les catégories d'objets que le Musée cherchera ã collectionner. Dans la mesure où il s'agit de conserver des objets qui relatent l'ensemble de la vie des sociétés comoriennes du passé, on ne peut se limiter à ce que les Occidentaux appellent "oeuvres d'art africain" qui sont en fait dans la plupart des pays du continent africain des représentations humaines (statues d'ancêtres, masques) ou des objets décorés (poterie, vannerie, textiles). La collecte couvrira tous les objets faits par les Comoriens et utilisés par eux à travers les différents âges de l'humanité : instruments de travail, outils, armes de guerre et d'apparat, arsenal de pêche et de chasse, ustensiles de cuisine, objets domestiques, objets rituels, etc..

Pour la période préhistorique on aura surtout des débris de poterie, des artefacts de pierre. Pour la période moderne ce sont des objets importés * le plus souvent qui ont été adoptés et intégrés dans la vie quotidienne des Comoriens. Ces deux classes d'objets ne présentent aucune difficulté d'identification. Ils posent au conservateur des problèmes inverses. ,

a) Les objets préhistoriques, mis à jour dans les fouilles archéologiques demeurent fort peu nombreux, cependant de nombreux sites archéologiques ont été repérés dans l'archipel comme le témoignent les recherches de deux archéologues américains du nom de Suzankus et Henry T. Wright;

b) Les objets modernes sont extrêmement nombreux. Le conservateur devra rassembler la collection la plus complète possible de tous les objets pré­historiques qu'il pourra trouver, tandis qu'il devra opérer un choix minutieux pour les objets modernes sous peine d'être submergé par ceux-ci. Les critères suivants orienteront cette sélection :

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i) Ancienneté relative :

On rassemblera ces objets modernes qui ne sont plus actuellement fabriqués ou vendus aux Comores : cas des "Suri" : grandes cuvettes en terre cuite avec intérieur en émail qu'on rencontre dans l'ensemble des trois îles. Cas également des poteries et céramiques d'origine arabe, chérazienne, malgache, etc...

ii) Degré d'accep tation et d'assimilation

On prendra les objets qui furent largement adoptés par les gens ordinaires et l'aristocratie dans l'ensemble du territoire : cas des "djambia" ou sabres d'apparat, des costumes brodés d'origine arabe, des tissus anciens tels que "sanare", "soubaya", "itambi", etc..

iii) Caractère significatif

La collecte portera sur des objets qui ont profondément modifié certains aspects de la vie; exemple : colliers en pompons rouges pour le mariage, colliers en perles rouges et dorées pour le mariage, lits et malles importés de Zanzibar, etc..

La partie la plus importante.des collections doit avoir trait à la période traditionnelle. La période traditionnelle est répartie aux Comores en trois parties :

- d'abord la période avant l'Islam : les informateurs de la tradition orale affirment que cette période prend fin au VIlême. siècle mais ils ne précisent pas la date de commencement de ladite période;

- ensuite la période des Bedja qui va de l'an 15 de l'hégire (c'est-à-dire VIlême siècle) jusqu'au XlVëme siècle. C'est la période l'islamisation;

- enfin la période des sultanats qui débute au XlVëme siècle (période chirazienne avec l'arrivée des princes chiraziens) et se termine en 1886 avec la colonisation française effective.

En vue de faciliter la tâches des chercheurs et des responsables du Musée, il peut être utile de définir de la manière suivante l'objet traditionnel : tout objet fabriqué et utilisé par les Comoriens antérieurement à 1886, date de début de colonisation effective de l'Archipel (grande Comore, Anjouan, Moheli) par la France.

Cette date, avouons le, est arbitraire. Mais nous l'avons retenue parce qu'elle marque le début politique d'une période pendant laquelle les objets modernes vont progressivement se répandre aux Comores. Comme il est très difficile, le plus souvent, de déterminer avec certitude la date de fabrication d'un objet, comme la plupart des objets fabriqués avant 1886 ont sans doute disparu, comme d'autre part on a continué après 1886 et comme on continue encore jusqu'à nos jours à faire des objets semblables par la matière, la forme, les dimensions, les procédés de fabrication aux objets antérieurs à 1886, il conviendrait d'étendre la notion d'objet traditionnel à tous ceux qui sont semblables aux objets dont on sait qu'ils ont été utilisés par les Comoriens avant 1886. Définis en ces termes, les objets traditionnels sont encore fort nombreux aux Comores sauf cependant les oeuvres d'art au sens cité plus haut.

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Il convient de noter que la statuaire et le masque n'existent pas dans l'art traditionnel comorien probablement du fait de la présence très ancienne de l'Islam dans les îles. Cependant'l'observateur ou le chercheur modernes seront sensibles aux varietés parfois fort belles des poteries, aux techniques du cuir, de la vannerie ou de la broderie, aux formes de certains éléments (appuie-têtes, tabourets), des tables de jeu ou des instruments de musique. Un intérêt particulier se dégage des apports indiens, extrême-orientaux, arabes qui furent si longtemps l'âme du commerce précolonial"'1. Le consultant préconise la politique ci-après en matière de collecte d'objets traditionnels.:

a) Il s'avère nécessaire d'obtenir deux à trois exemplaires de chaque catégorie d'objets en tenant compte : i) de l'ancienneté, la préférence aux exemplaires les plus anciens; ii) de la qualité d'exécution : dans un lot de plusieurs objets "identiques", prendre les plus beaux, les mieux élaborés.

b) Cependant, compte tenu de la rareté des objets d'art et d'artisanat fort anciens, il s'avère nécessaire de ne manquer aucune occasion d'enrichir la collection même au-delà des deux exemplaires d'une même catégorie.

3.4. Loi de protection du patrimoine culturel

La loi créant le Musée devrait être assortie d'une autre chargée d'assurer la protection des objets traditionnels contre :

a) la destructive volontaire;

b) la vente des objets à des marchands d'art nationaux ou étrangers;

c) l'exportation illicite d'oeuvres d'art.

La loi comprendra les dispositions suivantes :

3.4.1. But : la loi a pour mission de protéger de la destruction le patrimoine culturel comorien et d'assurer la conservation aux Comores des éléments

représentatifs de ce patrimoine.

3.4.2. Types d'objets protégés : la loi couvre les oeuvres d'art traditionnel. Est considéré traditionnel "tout objet semblable par la forme, la matière,

les dimensions, le procédé de fabrication à un objet connu utilisé" par les Comoriens avant 1886.

3.4.3. Protection contre la destruction volontaire : la loi interdit la destruction des oeuvres d'art traditionnel. Toute tentative de

destruction est passible d'une amende et de la saisie de l'objet sans dédommagement. L'objet saisi devient automatiquement propriété du Musée national,

3.4.4. Protection contre la vente : la vente des objets traditionnels à toute personne morale ou physique, à toute institution publique ou privée, est

formellement interdite.

La tentative de vente est punie d'une amende et la saisie de l'objet sans dédommagement. L'objet saisi est mis à la disposition du conservateur qui décidera de son affectation définitive : entrée dans les collections du Musée ou remise à son propriétaire que lorsqu'il est prouvé que la pièce ne présente

P. Vérin, Les échelles anciennes du commerce sur les côtes nord de Madagascar, 2ème vol., Lille, 1975.

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aucun caractère ancestral ou historique. Ainsi la vente d'oeuvres d'art ne possédant aucun caractère ancestral ou historique peut être autorisée. Le conservateur délivre à cet effet une autorisation écrite.

3.4.5. Protection contre l'exportation illicite : tout objet relevant de la catégorie des objets dits "traditionnels", c'est-à-dire utilisés aux

Comores avant 1886, doit être déclarée à la sortie du pays; il ne pourra quitter les Comores qu'après autorisation écrite accordée par le conservateur du Musée national.

En cas de création de musées régionaux dans les îles d'Anjouan et de Moheli, les directeurs de ces annexes régionales n'auront pas cette prérogative. Obligation leur sera faite de se référer au conservateur du Musée central.

L'autorisation ne peut être accordée que si les collections du Musée détiennent au moins quatre exemplaires de cette catégorie d'objets. Au cas où le Musée en possède quatre exemplaires, le conservateur doit motiver le refus d'exportation par une décision écrite.

L'objet régulièrement déclaré et non autorisé à sortir ne peut être saisi. Dans les trois mois qui suivent le refus d'autorisation, le conservateur est appelé à faire au propriétaire de l'objet une offre d'achat à un prix qui tienne compte de la valeur de l'objet sur le marché local. Le propriétaire a le droit de repousser cette offre mais non de sortir l'objet des Comores.

En raison du nombre considérable de sites et monuments historiques présents dans le pays et eu égard au fait que sites et monuments historiques font partie dupatrimoine national des Comores, le consultant recommande qu'une loi de protection des sites et monuments historiques soit prise cumulativement avec la loi suggérée plus haut.

3.5. Recherche scientifique

Pour créer un musée l'argent seul ne suffit pas. La condition préalable du bon fonctionnement et de la bonne exploitation d'un musée est la compréhension générale de son véritable rôle scientifique.

En conséquence, des recherches scientifiques doivent être menées au Musée national des Comores en fonction tout à la fois de la nature physique et juridique des collections.

Le personnel assez réduit du Musée dans les premières années de sa naissance ne sera pas évidemmant en mesure de réaliser un vaste programme de recherches. C'est pourquoi le conservateur, de concert avec le conseil technique, devra collaborer avec des missions étrangères de recherche. Cette collaboration s'étendra aux institutions nationales de recherches en sciences humaines et sciences exactes qui n'existent pas encore aux Comores.

Le personnel scientifique du Musée des Comores devra être aussi largement que possible associé aux recherches entreprises dans "son Musée" par des chercheurs étrangers. Aucune recherche, en tout cas, ne sera engagée sans que soit précisée au préalable la part qu'il y prendra et l'on veillera à ce que toutes les opérations qui sont de sa compétence, scientifiques autant que juridiques; luis soient effectivement confiées.

Le premier outil de recherche du Musée sera sa bibliothèque spécialisée comprenant essentiellement :

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- tous les ouvrages de sciences humaines publiés sur le passé des Comores et des îles de l'Océan indien;

- un inventaire de la documentation afférente au passé traditionnel des Comores ;

- un lot d'ouvrages relatifs aux phénomènes sociaux modernes aux Comores;

- une sélection d'ouvrages traitant des régions environnantes;

- une sélection d'ouvrages généraux portant sur l'Afrique traditionnelle au sud du Sahara et sur les pays de l'Océan indien; *

- des manuels de muséologie et muséographie.

S'agissant toujours de la recherche scientifique, on pourrait amener * les étudiants licienciés qui préparent leur maîtrise ou leur doctorat à travailler au Musée dans le cadre de leur recherche.

Le Musée deviendrait alors une structure d'accueil des étudiants en archéologie, histoire, ethnologie, etc.. Et les résultats de leurs travaux de recherche contribueraient au développement du Musée.

3.6. Lieu d'implantation du Musée

Le lieu choisi par'les autorités comoriennes est le terrain compris entre le CNDRC et le cinéma Al Camar. Ce terrain, d'une superficie d'environ 5 ha, est suffisamment grand pour loger tous les éléments du Musée. Le terrain étant propriété de l'Etat, n'entraînant donc aucune forme d'expropriation ou d'indemnisation, le coût du projet s'en trouve sensiblement réduit.

De plus, la position centrale du terrain dans la ville de Moroni en fait un endroit bien desservi par les axes de communication et assez accessible aux habitants de tous les quartiers de la ville.

Cependant le caractère du terrain "remblayé" rend nécessaire la mise au point d'un système de drainage des eaux de ruissellement (notamment les eaux de pluie).

La nature volcanique du terrain offre la possibilité d'édifier des constructions étalées et des constructions à étages (2 à 3 niveaux au maximum). Il convient toutefois de signaler la présence des alvéoles volcaniques dans la terre qui font obligation d'enforcer des piliers en béton armé dans le sol pour la construction de bâtiments à étages.

3.7. Effets de la réalisation.du projet sur le plan humain et écologique

Sur les plans humain et écologique, l'implantation du Musée comporte des effets négatifs et positifs.

3.7.1. Effets négatifs *

L'implantation du Musée pourrait bouleverser dans une certaine mesure le cadre et le mode de vie des habitants des terrains lotis se situant tout autour. Par exemple, jusqu'à ce jour, des voies d'accès ont été percées par les voisins sur ce terrain. Ces voies mènent aux demeures situées derrière le CNDRC. Le Musée une fois construit, ses voies et réseaux divers aménagés, son terrain entouré de grillage, les voisins devront trouver d'autres voies d'accès à leurs résidences.

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3.7.2. Effets positifs

Ils peuvent être de plusieurs ordres :

- amelioration du niveau culturel des populations;

- sensibilisation des masses populaires aux problèmes culturels;

- changement dans les habitudes et transformation possible des mentalités;

- animation du quartier et meilleure occupation des enfants qui bénéficieront des structures (service éducatif du Musée destiné aux enfants) et des activités du Musée.

S'agissant maintenant de l'environnement écologique, il est certain que le Musée modifiera, d'une manière ou d'une autre, l'environnement écologique. Il conviendrait cependant, en choissant le type d'architecture du Musée, de faire en sorte que celle-ci puisse, autant que possible, s'intégrer harmonieusement dans l'environnement naturel.

3.8. Bâtiment du Musée

La construction d'un bâtiment modeste mais offrant, de larges possibilités d'agrandissement est recommandée.

Pour évaluer les besoins immobiliers (en superficie et volume ainsi qu'en équipement incorporé dans la construction), on peut partir d'unités-modules de base carrée de 4 mètres de côté et d'une hauteur utilisable de 3,5 mètres. Chaque unité possède une surface de 16 m2 et un volume de 56 m3. Ces modules sont des unités de mesure qu'il ne s'agit évidemment pas de construire.

Une première construction suffisante pour huit années au moins comprendrait :

3.8.1. Locaux acsessibles au public

- une salle d'expositions permanentes d'"histoire et d'archéologie";

6 unités 16 x 6 3 96 m2 dimensions proposées : 12 m de long x 8 m de large » 96 m2

- une salle d'expositions permanentes d'"ethnographie ou d'anthropologie culturelle" (avec conditionnement d'air sur deux unités);

6 unités 16 x 6 » 96 m2 dimensions proposées : 12 x 8 =» 96 m2

- une salle d'expositions temporaires;

6 unités 16 x 6 = 96 m2 dimensions proposées : 12 x 8 • 96 m2

- une salle de lecture et petite bibliothèque de recherches

3 unités 16 x 3 = 48 m2 dimensions proposées : 8 x 6 =* 48 m2

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- hall d'entrée, couloirs et dégagements intérieurs, véranda dans le style architectural des Comores et installations sanitaires "hommes et femmes";

4 unités 16 x 4 " 64 n2

- une salle pour le service éducatif;

3 unités 16 x 3 - 48 m2 dimensions proposées : 8 x 6 a 48 m2

3.8.2. Locaux non publics

- une réserve (avec utilisation rationnelle de l'espace aérien par des étagères très hautes);

4 unités 16 x 4 » 64 n2 dont 1 unité avec conditionnement d'air dimensions proposées : 8 x 8 =» 64 m2

- le bureau du conservateur;

1 unité 16- x 1 = 16 m2

- un bureau pour la secrétaire et une dactylo (bureau attenant à la bibliothèque pour que la dactylo s'occupe en même temps de la bibliothèque);

3/4 unite 16 x 3 - 12 m2 4

dimensions proposées : 4 x 3 » 12 o2

- un bureau pour techniciens du Musée;

1 unité 16 x 1 a 16 m2 dimensions proposées : 4 x 4 = 16 m2

- un laboratoire de conservation et de restauration;

1 1/2 unité 16 x 1 x L6_ • 24 m2 dont 1 unité avec eau et prise de force 2

dimensions proposées : 6 x 4 » 24 m2

- un laboratoire photo (avec eau et prise de force);

3/4 unité 16 x 3 = 12 m2 4

dimensions proposées : 4 x 3 = 12 m2.

Au total 37 unités, soit 592 m2 (dont 28 unités - 448 m2 accessibles au public et 9 unités - 144 m2 pour les services et l'administration).

Le bâtiment préconisé sera construit en deux ou trois tranches suivant le volume des collections et les possibilités financières.

3.8.3. Eclairage et conditionnement d'air

Le Musée serait éclairé par la lumière naturelle et la lumière artificielle, La seconde serait plus utilisée que la première. La lumière naturelle serait de type zénital, soit latéral élevé. Les ouvertures donnant accès à la lumière solaire se trouveraient soit au plafond des salles, soit dans la partie supérieure des parois à plus de 2,30 m du sol. En outre, serait prévu partout un équipement électrique suffisant à l'éclairage complet du Musée le soir ou même pendant la journée.

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La lumière électrique est nécessaire pour les objets qui ne supportent pas la lumière solaire.

Le conditionnement d'air est prévu dans deux locaux (une salle d'exposition, une pièce de réserve) afin d'obtenir de bonnes conditions de conservation pour des objets précieux de nature organique (bois, textiles, peaux, etc..) qui sont détériorés par une humidité relative trop élevée. Selon les spécialistes, l'optimum d'humidité relative pour la conservation des objets de nature organique se situe entre 60 et 65 Z; les moisissures se formant à partir de 70 Z.

L'humidité relative à Moroni donne des moyennes mensuelles toujours supérieures au seuil des moisissures. Les moyennes extrêmes sont de l'ordre de 80~88 %. Le conditionnement d'air s'avère donc indispensable pour assurer la conservation des objets que l'on veut préserver.

3.8.4. Propositions sur la répartition des tranches

Première tranche : elle comprendra :

- une salle d'expositions permanentes;

6 unités « 16 x 6 • 96 m2

Cette salle servira dans un premier temps à l'exposition permanente d'"histoire et d'archéologie" et à celle d'"ethnographie". Pour plus de commodité, on pourra diviser la salle en deux parties avec un mur fin en contreplaqué. Ce mur léger sera détruit lorsqu'on aura construit la deuxième salle d'expositions permanentes prévue dans la deuxième tranche.

"Histoire et archéologie" 36 m2

"Ethnographie" &Q_ m2 96 m2

- une salle d'expositions temporaires; 6 unités = 16 x 6 = 96 m2

- une réserve; 4 unités = 16 x 4 = 64 m2

- une salle de lecture et petite bibliothèque de recherches; 3 unités » 16 x 3 - 48 m2

- le bureau du conservateur; 1 unité » 16 x 1 » 16 m2

- le bureau de la secrétaire et de la dactylographe (le bureau attenant à la bibliothèque); 3/4 unité = 16 x 3 - 12 m2

4

- le bureau des techniciens; 1 unité = 16 x 1 = 16 m2

- un laboratoire de conservation et de restauration des objets; 1 1/2 unité - 16 x 1 + 16. - 24 m2

2

- un hall d'entrée, dégagements intérieurs, véranda et installations sanitaires (1ère tranche); 3 unités - 16 x 3 = 48 m2

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La première tranche regroupe 26 unites 1/4, soit une surface globale de 420 m2.

La deuxième tranche est constituée par :

- une salle d'exposition temporaires; 6 unités » 16 x 6 » 96 m2

- une salle pour service éducatif; 3 unités = 16 x 3 = 48 m2 f

- un laboratoire photo; 3/4 unité » 16 x 3 » 12 m2

4 —

- le reste des couloirs, des dégagements intérieurs et des installations sanitaires; 1 unité =• 16 x 1 = 16 m2.

Au total 10 unités 3/4, soit une superficie globale de 172 m2.

Remarque : On pourrait construire une annexe â distance convenable du Musée proprement dit pour abriter :

- un appartement pour, le concierge veilleur de^nuit; 3 unités =» 16 x 3 » 48 m2

- un petit atelier de menuiserie chargé de confectionner les socles, vitrines, panneaux d'exposition, caisses d'emballage des objets, etc.. 2 unités =» 16 x 2 = 32 m2

- un petit garage; 2 unités » 16 x 2 = 32 m2.

L'annexe proposée pourrait entrer dans la deuxième tranche ou à défaut donner lieu à une troisième tranche.

3.9. Architecture du Musée

L'élaboration des plans d'un musée exige une collaboration étroite et suivie entre l'architecte et le conservateur du musée. Par ailleurs, il n'existe pas de schéma type de musée, de plan "passe-partout" qui puisse convenir dans tous les cas et en toutes circonstances. Au contraire, à chaque cas correspondent des conditions, des besoins, des objectifs et des problèmes spécifiques qu'il appartient au conservateur de préciser. Il reviendra par conséquent au concersateur du futur musée et au directeur du CNDRC d'indiquer ' à l'architecte l'objectif à atteindre et les premières dispositions à prendre. Ces deux personnes doivent participer à chacune des phases successives de travaux, faute de quoi l'édifice, achevé risque de ne pas répondre en tous «. points aux nombreuses et complexes nécessités d'ordre technique et fonctionnel auxquelles doit satisfaire un musée moderne.

Le consultant suggère une construction étalée ou construction à un niveau. Cette structure est moins onéreuse qu'une construction à deux ou trois niveaux. De plus, il serait vivement souhaitable que l'élaboration des plans d'archi­tecture soit confiée â un architecte comorien ou à défaut à un expatrié expérimenté qui vit depuis longtemps dans l'Archipel et maîtrise bien les lignes et styles architecturaux du pays et de la région (région de l'Océan indien).

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Le bâtiment devra présenter de larges possibilités d'extension afin que, le moment venu, les agrandissements ne nécessitent pas de modifications trop profondes et trop coûteuses. La partie initiale à construire doit être considérée comme le noyau d'une cellule pouvant se multiplier ou, au moins, se combiner suivant un plan prévu avec les agrandissements futurs.

3.9.1. Bâtiment : utilisation et aménagement de l'espace

Les architectes modernes ont l'habitude de créer de grands espaces d'un seul tenant qu'on peut ensuite diviser par des cloisons mobiles ou par des constructions légères qui sont groupées ou déplacées selon les besoins.

Le système traditionnel consiste au contraire à fragmenter l'espace par des murs permanents, en salles de dimensions diverses, qui peuvent être soit communicantes soit indépendantes; elles sont alors reliées par des couloirs.

Le Musée national des Comores aura avantage à adopter un système inter­médiaire avec une succession de salles de moyennes dimensions et plusieurs vastes salles (salles d'exposition permanentes et temporaires) pouvant être divisées de diverses façons, selon les besoins par des cloisons mobiles ou des constructions légères.

a) salles d'expositions :

Les salles d'expositions permanentes se succéderont en vue de créer des liens organiques entre les expositions d'objets historiques, archéologiques et ethnographiques. Les salles d'expositions peuvent être rectangulaires (12 mètres sur 8). La forme rectangulaire facilite la visite selon un seul sens; ce qui permet une meilleure compréhension de l'exposition d'une part et l'implantation des bâtiments autour d'un espace centrale d'autre part. En effet, il serait intéressant que-le bâtiment possède un patio central. On dresserait au centre de ce patio un aquarium ou un herbarium. Et autour du patio, on installerait des bancs avec dossiers pour le repos momentané des visiteurs.

b) couloirs et dégagements :

Les communications doivent s'effectuer aisément entre les salles réservées au public et les services du Musée pour que puissent s'établir de bons rapports entre les visiteurs et le personnel.

Par ailleurs, il doit être possible de séparer les locaux accessibles au public des locaux non accessibles ou services de telles sorte qu'ils puissent fonctionner indépendamment à tout moment. Ces dispositions nous semblent nécessaires pour assurer, la sécurité des collections lorsque le Musée est fermé au public, alors que le conservateur ou le personnel sont encore au travail et que la bibliothèque et la salle de lecture demeurent ouvertes.

c) hall d'entrée :

Le hall d'entrée doit être modeste mais attrayant. Il doit avoir une bonne capacité d'accueil pour rassembler des groupes importants de visiteurs (les groupes scolaires par exemple). Le hall d'entrée sera muni d'une ou deux tables pour la vente des catalogues, des cartes postales, etc.. Il y aura également un tableau d'affichage, un plan d'ensemble du Musée et un plan d'évacuation en cas d'incendie pour que le visiteur puisse s'orienter.

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3.9.2. Construction ; quelques données techniques

Des discussions que le consultant a eues avec les spécialistes comoriens de construction de bâtiments, les données techniques ci-après ont été retenues :

Sol : pour baisser le taux d'humidité relative, il conviendrait d'adopter un sol alvéolé au rez-de-chaussée. Cette hypothèse n'est valable que si le Gouvernement fédéral des Comores opte pour un plan à étage.

Orientation du bâtiment : l'orientation se fera dans le sens est-ouest compte tenu de la force de certains vents.

Murs : les murs extérieurs seront de préférence construits avec des briques agglos de 15-et les cloisonnements intérieurs avec des briques da 10.

Les enduits seront constitués par un mélange de chaux et de ciment pour amortir l'humidité.

Ouvertures : lés ouvertures seront en verre parce que le verre est "définitif", car il ne cède pas aux intempéries. Les ouvertures en bois se détériorent très rapidement sous l'action du climat tropical.

Il est également conseillé d'utiliser des auvents de 80 à 85 centimètres en deçà des parements pour--réduire, l'humidité des façades.

Toiture : la toiture sera en béton armé ou en très bonnes tôles de type BAC ALU.

Fondations, chaînages, longrines et poteaux à inclure dans les murs : tous ces éléments seront en béton armé. Le béton armé, dont l'usage sous des formes de plus en plus nombreuses se répand dans le monde entier, donne d'excellents résultats dans la construction des musées. Il offre un moyen simple d'isoler le Musée des vibrations extérieures (vibrations occasionnées par l'explosion d'un volcan par exemple, comme c'est souvent le cas aux Comores); sa résistance plus grande offre la possibilité de construire la toiture d'une seule pièce et de ménager à l'intérieur de vastes espaces qui peuvent ensuite être divisés par des cloisons en matériau léger.

3.10. Evaluation du coût

Le bâtiment qui abritera définitivement le Musée national à Moroni peut être construit en régie ou par un entrepreneur privé. Le prix du mètre carré est estimé en 1980 à 55.000 Francs CFS (cinquante-cinq mille) pour la construction en régie et à 70.000 Francs CFA (soixante-dix mille) pour un bâtiment construit par un entrepreneur privé national.

Evidemment ce prix concerne uniquement la surface pondérée et ne comprend pas les V.R.D. (voies et réseaux divers) et l'équipement. Il faut ajouter à ces prix 12 % par année du taux d'augmentation. Ces prix figurent ici à titre indicatif car un devis ne peut être établi que lorsqu'un plan et un cahier de charges auront été élaborés par un architecte. Une évaluation approximative donnant un ordre de grandeur pourrait être faite par un entrepreneur local sur la base des éléments suivants :

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a) une surface bâtie de 592 m2, voire 704 m2, si on annexe au bâtiment principal une dépendance comprenant :

- 1 appartement pour le concierge veilleur de nuit; - 1 petit atelier de menuiserie et d'emballage des objets; - 1 petit garage.

Cette surface de 592 m2 ou 704 m2 aurait :

a) une installation électrique complète; b) deux salles avec conditionnement d'air; c) deux salles avec installation d'eau et prise de force; d) un groupe sanitaire "hommes et femmes".

3.11. Mobilier

Le consultant ne recommande pas l'achat du mobilier spécial dit "de musée" pour les salles d'exposition. Ce mobilier est souvent importé d'Europe et il coûte très cher. Les Comoriens, comme le consultant a pu le constater, sont d'excellents menuisiers et ébénistes. Le Musée devrait embaucher â temps permanent un menuisier qui serait chargé de confectionner les vitrines, les panneaux et les socles destinés à présenter les objets au public.

Le Musée achèterait la matière première (planches, contreplaqués ou plaques Isorel, peinture ä huile, plexiglas, toile de jute pour l'aménagement des faux-fonds, etc..) et le menuisier les transformerait en mobilier.

Le consultant fait des propositions sur le type et la quantité du mobilier mais ne chiffre pas son coût en raison de la fluctuation rapide des prix enregistrée dans l'Archipel.

- 1 hall d'entrée, accueil, information

Une table et une chaise ou mieux un bureau-comptoir de type réception pour la vente des catalogues et de cartes postales, la vente ou la distribution de brochures et des dépliants.

- Deux salles d'expositions permanentes

Vitrines, socles, panneaux d'expositions.

- 1 salle d'expositions

Vitrines, socles, panneaux d'expositions.

- 1 salle de lecture et petite bibliothèque de recherches

20 mètres de rayonnage pour livres ainsi que deux tables et sièges pour dix personnes.

- 1 réserve

. des rayonnages en vois, latéraux et centraux, avec planches mobiles de 50 cm de profondeur,

. des armoires pour petits objets,

. des socles pour gros objets,

. de grands thermomètres hygrométriques.

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- Bureaux

du conservateur . 1 meuble bureau et 4 chaises, . 1 grande table et 10 chaises pour les réunions, . 1 classeur . 1 armoire métallique ou en bois.

de la secrétaire et de la dactylographe . 2 bureaux et 4 chaises, . 2 classeurs, . 1 armoire en bois, . 1 machine ä écrire ordinaire, . 1 machine a écrire à grands caractères, •> . 1 ronéo, 1 photocopieuse, 1 armoire en bois.

des techniciens . 3 bureaux, . 6 chaises, . 3 armoires.

- Laboratoire de conservation et de restauration . 1 table de travail, 2 sièges, des cuves d'immersion pour traitement des pièces, des produits chimiques, 10 mètres de rayonnage, 1 armoire métallique.

- Laboratoire photo ou chambre noire . Installations fixes en ciment avec dessus carrelé, équipement complet de chambre noire, produits chimiques.

- Atelier de menuiserie . Equipement de menuiserie.

- Garage . Equipement léger.

Remarque : Des meubles tels que chaises, armoires, bureaux, pourront être fabriqués au Musée, car le menuisier n'aura pas de vitrines, de socles et de panneaux d'expositions à confectionner tous les jours.

3.12. Equipement technique et scientifique

Nous entendons .par équipement technique et scientifique, l'équipement de laboratoire de conservation et de restauration, de laboratoire photo, les appareils à ultra-violets, à infrarouges, â lumière rasante et l'équipement d'atelier de menuiserie. *

Tout ce matériel, le Musée pourra l'acquérir avec la subvention qui lui sera allouée chaque année par le Gouvernement fédéral des Comores. Cepentant, « compte tenu du coût fort élevé de ce matériel, le consultant suggère que les autorités comoriennes formulent des demandes d'aide internationale, multilatérale ou bilatérale.

3.13. Financement du Musée national

Si on crée le Musée sur la base du programme qui vient d'être proposé, son budget ordinaire comprenant les dépenses de fonctionnement n'entraînera pas une charge considérable pour le budget annuel de la République fédérale islamique des Comores.

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Salaires et traitements du personnel cadre et subalterne risquent de constituer la partie la plus importante de cette charge s'ils ne sont pas supportés par le budget de l'Etat.

Les autres dépenses récurrentes (achat des objets de collection, fournitures de bureau, transports et missions sur le terrain produits d'entretien, abonnements à des journaux et revues, achat de livres, etc.) n'exigent pas des sommes très élevées. Les prévisions pourront être de l'ordre de 8.000 (huit mille) dollars.

Le problème de financement se posera surtout pour les dépenses de premier établissement ã savoir : construction de l'immeuble, achat du mobilier de base, achat de l'équipement technique et scientifique, acquisition d'un véhicule "tout terrain" de type Land-Rover pour missions de collecte d'objets et de recherches sur le terrain, achat d'une voiture légère pour les déplacements du conservateur et du personnel scientifique dans la ville de Moroni.

Le Musée étant un service d'Etat, le terrain sera sans aucun doute octroyé à titre gratuit par la ville de Moroni ou le Gouvernement fédéral. Le jeune Etat comorien étant confronté depuis sa naissance à des problèmes d'urgence extrême (éducation, santé, agriculture, construction de routes, e t c . ) , le financement de la construction du Musée national par les ressources propres des Comores n'est pas chose impossible mais difficile. La République fédérale isalmique des Comores entretient d'excellents rapports de coopération avec de nombreux pays du monde et de nombreuses organisations internationales. L'aide multilatérale ou bilatérale pourra fournir une solution au problème de financement qui ne cesse de préoccuper les autorités de tutelle du projet Musée.

3.14. Formation du personnel

Selon les termes de son contrat, le consultant avait entre autres missions celle d'évaluer les besoins en personnel du futur musée et de proposer des stages de formation sur place ou dans la région.

L'évaluation des besoins en personnel figure dans les chapitres précédents. Le consultant fait ici des propositions concernant les stages.

3.14.1. Conservateur

Diplôme de base : maîtrise ou DEÂ en histoire, archéologie, ethnologie ou anthropologie culturelle.

Lieux de formation : musée de Neûchâtel en Suisse ou de Tervuren en Belgique et musée d'art et d'archéologie de Tananarive (Madagascar).

A l'issue de sa formation, le conservateur effectuera des voyages d'études au Kenya et en Tanzanie. Il visitera les musées et institutions suivants dans les deux pays :

Kenya : - Fort Jésus Museum de Mombassa, - Musée et ville restaurée de Ngedi, - Institut britannique d'archéologie a Nairobi.

Tanzanie : Musées de Dar-es-Salam et de Zanzibar.

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Ces voyages d'études permettront à l'intéressé d'acquérir une meilleure connaissance des musées africains.

3.14.2. Conservateur des antiquités

A moyen terme, compte tenu de la présence de nombreux sites et monuments historiques aux Comores, on pourra envisager la formation d'un conservateur des antiquités.

Diplôme de base : licence ou maîtrise d'archéologie.

La formation s'effectuera selon le schéma ci-dessous :

a) association à un ou deux chantiers de fouilles, b) préparation d'un DEA puis d'une thèse de 3ème cycle, c) formation aux techniques de conservation et de restauration des

objets au centre de Rome.

3.14.3. Conservateurs assistants principaux

3.14.3.1. Conservateur assistant principal appelé dans l'avenir à diriger la section d'ethnologie.

Diplôme de base : licence d'ethnologie ou diplôme équivalent.

Lieux de formation : musée de Neuchatel en Suis se ou arts et traditions populaires (ATP) à Paris ou musée de Tervuren en Belgique.

3.14.3.2. Conservateur assistant principal appelé dans l'avenir à diriger la section d'histoire et d'archéologie.

Diplôme de base : licence d'histoire ou d'archéologie ou diplôme équivalent.

Lieux de formation : musée d'art et d'archéologie de Tananarive à Madagascar et association à un ou deux chantiers de fouilles.

3.14.4. Techniciens de musées ou conservateurs assistants

Diplôme de base : baccalauréat de l'enseignement secondaire ou diplôme équivalent et un stage de muséographie au centre de Niamey (Niger) ou au musée d'outre-mer de Brème (R.F.A.).

3.14.5. Un responsable de l'éducation : dont l'essentiel de la tâche consisterait à faire pleinement jouer au Musée son rôle culturel dans la communauté.

Le recrutement des enseignants paraît indiqué pour le meilleur fonctionnement d'un service éducatif de musée. Il s'agit en effet de gens qui par leur métier ont le sens du contact avec les groupes et savent les manipuler. Pour eux, la pédagogie n'est pas chose inconnue.

Profil du candidat : instituteur ayant fait un stage de formation au service éducatif pour enfants du centre Beaubourg-Georges Pompidou à Paris (France).

Pour que la formation des cadres de musées dans les divers centres précités donne droits â des intégrations, à des reclassements (pour les anciens fonctionnaires) ou à des promotions dans la fonction publique comorienne, le consultant recommande l'établissement par les experts de la fonction publique comorienne d'un statut du personnel du Musée national. Ce statut serait entériné par le parlement fédéral ou le conseil des Ministres.

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Le statut du personnel du Musée national peut être assimilé à celui du personnel de l'enseignement supérieur, secondaire et primaire. Ainsi le conservateur du Musée serait assimilé à un enseignant du supérieur; le conservateur assistant principal ä un professeur de lycée; le conservateur assistant à un professeur de CEG; le responsable du service éducatif sera également assimilé à un professeur de CEG.

3.15. Programme d'action immédiate

Le programme décrit dans cette étude de faisabilité concerne essentiellement l'organisation définitive du futur Musée national des Comores. Même si les autorités compétentes décident de mettre immédiatement en pratique les suggestions contenues dans le présent rapport, un temps assez long s'écoulera avant que le Musée soit doté d'un bâtiment neuf adapté à ses exigences, d'un personnel formé et d'un budget viable lui permettant de fonctionner normalement.

Le consultant affirme au terme de son étude de faisabilité que la création d'un Musée national est chose possible et urgente aux Comores. Cette création exige un programme d'action immédiate.

Ledit programme comportera certaines mesures de portée définitive à prendre très prochainement et d'autres mesures de portée transitoire. Leur ensemble offre la possibilité au projet Musée de débuter dès à présent ses activités publiques tout en mettant sur pied son organisation définitive.

3.15.1. La loi instaurant le Musée national et la loi relative à la protection du patrimoine culturel devraient être votées courant 1981 ou au plus

tard en 1982. Ainsi l'existence juridique du Musée serait assurée.

3.15.2. La loi de création devrait être accompagnée d'arrêtés d'application. L'un de ces arrêtés porterait nomination-de trois conservateurs

assistants. En envoyant M. Said Omar en stage de muséologie à l'école internationale de Bordeaux (France), les autorités comoriennes ont déjà marqué leur choix. L'intéressé a les aptitudes d'un excellent technicien et reste très attaché à sa future profession malgré les difficultés administratives (non-détachement auprès du CNDRC) qu'il a rencontrées à Moroni à son retour de l'école internationale de Bordeaux. La formation pédagogique de M. Saîd Omar, les techniques de gestion de musée qu'il a acquises à Bordeaux, les techniques muséographiques que lui fournira le stage de Niamey (Niger), l'orienteront vers l'action éducative auprès des élèves et des adultes¿ l'action de collecte d'objets sur le terrain et la direction du personnel subalterne.

Le consultant recommande vivement que M. Said Omar visite sur son chemin de retour aux Comores, â la fin de son stage de Niamey, les musées de :

a) Accra au Ghana, b) Kinshasa au Zaïre : l'Institut des musées nationaux du Zaïre

détient en Afrique le meilleur système de stockage des objets dans les réserves,

c) musée de Dar-es-Salam en Tanzanie.

Ces visites d'une durée de 2 à 3 jours chacune lui permettront de comprendre le fonctionnement et les difficultés d'un musée existant. Les discussions qu'il aura avec les responsables de ces musées nourriront son expérience professionnelle. Si cette proposition est acceptée, le nouvel initéraire aérien de M. Said Omar sera le suivant :

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Niamey-Lomé (Lome-Accra-Lomé par route) - Kinshasa-Dar-es-Salam-Moroni. Il existe des vols directs entre ces différentes villes. Les commissions nationales de l'Unesco ou les représentations du PNUD dans les pays visités pourront se charger de l'accueil du candidat.

Il reste le recrutement et la formation de deux autres techniciens. En sus de leur formation polyvalente du genre de celle qui est dispensée par le centre de JOS au Nigeria ou de Niamey au Niger, les intéressés auront chacun une spécialité.

t L'un sera spécialisé dans la décoration et l'autre dans la conservation

et la restauration des objets.

Le premier, c'est-à-dire le spécialiste de la décoration, suivra en plus du stage de Niamey une formation accélérée de trois mois à la Direction des antiquités historiques d'Aquitaine (en abrégé DAHA) sous la responsabilité de Mme Colette Jourdain : artiste-peintre, spécialiste en décoration de très haut niveau, dessinatrice spécialisée en archéologie pour les publications d'Aquitaine et adjointe au conservateur des antiquités historiques d'Aquitaine.

Le second, c'est-à-dire le spécialiste en conservation et restauration des objets, pourra acquérir cette formation au musée d'outre-mer de Brème en République fédérale d'Allemagne. Des candidats africains y suivent déjà cette formation. A la fin du stage de Brème, le candidat pourra effectuer des voyages d'études de courte durée (deux mois au maximum).

- Au Centre de recherches de l'histoire de la sidérurgie (CRHS) de Nancy, spécialisé dans la restauration et la conservation des antiquités métalliques. Le CRHS est dirigé par un eminent restaurateur, M. France Lanord.

- Au musée d'archéologie de Strasbourg doté d'un excellent laboratoire de restauration de céramiques et de verreries.

3.15.3. Un autre arrêté d'application de la loi devrait porter nomination à titre temporaire d'un conservateur faisant fonction.

L'activité de direction, notamment scientifique qui incombe à un conservateur doit être assumée par un conservateur faisant fonction dès la mise sur pied de l'embryon du Musée national si on ne veut pas assister à l'échec de l'opération. Durant la période transitoire précédant la construction des bâtiments qui abriteront de manière définitive le Musée, les tâches d'un conservateur faisant fonction seront moins absorbantes que celles d'un conservateur titulaire lorsque le Musée atteindra son plein fonctionnement, c'est pour cette raison que ces tâches peuvent être assurées à temps partiel par une personnalité ayant déjà d'autres charges. Ces tâches n'en sont » pas moins essentielles : "Conception d'une exposition temporaire sur un thème donné; représentation du Musée auprès des autorités politiques et adminis­tratives; liaisons à entretenir entre le Musée.et les diverses institutions ^ ou personnes qui peuvent l'aider dans l'élaboration d'une exposition tant au point de vue scientifique qu'au point de vue de la présentation; direction et contrôle des activités des conservateurs assistants".

Le consultant recommande la nomination au poste de conservateur faisant fonction, de M. Damir Ben Ali. Ce dernier a fait des études de sociologie à l'Ecole des hautes études sociales et à l'Ecole des hautes études en sciences sociales à Paris. Il a également fait en France des études d'anthropologie culturelle insulaire de l'Océan indien. Il est directeur du Centre national

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de documentation et de recherches sur les Comores. Il porte depuis plusieurs années un grand intérêt au patrimoine culturel et naturel des Comores. Il a fait preuve durant les 30 jours de la mission d'excellentes qualités administratives, pédagogiques et scientifiques. Personnage ouvert et intelligent, il a le contact facile avec les hommes de tout âge et de toute condition sociale.

3.15.4. Envoi en stage du futur conservateur appelé à prendre la relève du conservateur faisant fonction

Le Musée étant une institution permanente, sa direction administrative et scientifique doit être assurée par un conservateur titulaire dont le profil a été largement esquissé au paragraphe 3.2.6.1. a) du présent rapport.

Le consultant recommande la nomination au poste de conservateur de M. Abdallah Daoud. Monsieur Abdallah Daoud a fait des études d'ethnologie à l'université de Paris VII-Jussieu. Il est chargé de la planification et des recherches au Centre de documentation et de recherches sur les Comores. Monsieur Abdallah Daoud a les diplômes requis pour suivre la formation de conservateur. Il a fait preuve durant les 30 jours de la mission d'excellentes qualités administratives et scientifiques.

3.15.5. Affectation d'un vieux local devant abriter le Musée avant la construction de bâtiments définitifs

L'attribution d'un bâtiment salubre déjà existant s'avère indispensable si on veut dépasser le stade de simple projet sur papier. Après différents échanges de vues sur cette question avec les responsables du CNDRC, deux bâtiments ont retenu unanimement notre attention; il ne s'agit pas d'obtenir les deux locaux pour le projet Musée, mais l'un des deux uniquement.

Le premier est le bâtiment du Ministère de l'intérieur "Dar el Saanda".

Plusieurs raisons président au choix de ce bâtiment :

a) Bâtiment historique : le premier Gouvernement comorien dirigé par le Or. Said Mohamed Cheik. a été installé dans cet immeuble. De même, le drapeau actuel de la République fédérale islamique des Comores a flotté pour la première fois au-dessus de ce bâtiment.

Son Eminence Said Omar Ibn Smet, premier mufti (chef spirituel) des Comores a travaillé et résidé dans ce bâtiment.

L'histoire de cette immeuble a commencé en 1961. Il appartenait autrefois à un colon qui avait fait faillite et l'Etat l'avait racheté.

b) Situation géographique : le bâtiment est situé au coeur de Moroni, non loin des buildings administratifs, du grand marché, de la grande poste, de la Banque commerciale des Comores, des écoles primaires et du lycée de Moroni. Il est d'accès facile.

c) Présence de grandes, salles et d'un sous-sol en son sein : les structures actuelles du bâtiment peuvent être transformées en salles d'expositions permanentes et temporaires, en réserve, petite bibliothèque, laboratoire photo, laboratoire de conservation à des coûts raisonnables.

d) Existence de dépendances ou l'on peut installer des bureaux : ces dépendances sont situées derrière le bâtiment principal. Par ailleurs, le "Dar el Saanda" dispose encore d'une vaste cour qui peut favoriser l'extension future du bâtiment principal et de ses dépendances.

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e) Bâtiment surélevé et bien aéré : l'humidité relative y est moins élevée, notamment dans les salles situées au-dessus du sous-sol.

Le second est le bâtiment du service régional des PTT - Annexe de Moroni RP.

Ce bâtiment est assez vaste, bien situé géographiquement mais n'a pas de cour. Il est bâti sur deux niveaux; ce qui permettrait aux autorités du Musée de loger les services et les réserves à l'étage.

3.15.6. Affectation d'un véhicule tout terrain de type Land-Rover ou Toyota Diesel

Source de financement : Gouvernement fédéral des Comores ou aide bilatérale voire multilatérale à solliciter.

3 .15.7. Budget de fonctionnement

En même temps que le Musée national est créé par la loi, un budget de fonctionnement doit lui être alloué. Ce budget doit couvrir les dépenses suivantes :

- achat des objets à travers les trois îles;

- photographie de certaines scènes (grand mariage, séances de fabrication des objets exposés, etc..) qui fournissent une explication sociologique aux objets du Musée;

- élaboration de textes explicatifs;

- confection de panneaux et socles d'exposition;

- fabrication de vitrines et autre mobilier léger de présentation.

L'atelier de menuiserie n'existant pas encore, il faudra employer temporairement des menuisiers. Les travaux de peinture, des panneaux et socles et l'aménagement des faux-fonds dans les vitrines pourront être exécutés par M. Said Omar (de retour du stage de Niamey) avec l'aide du personnel subalterne du Musée. Le budget de fonctionnement devrait être au moins de l'ordre de 4.500.000 Francs CFA soit environ 20.000 dollars. Ce budget doit permettre, en partant pratiquement de rien, d'organiser la première exposition temporaire qui fera connaître le Musée national aux habitants de Moroni en particulier et des Comores en général.

3.15.8. Première exposition temporaire

Pour confirmer la naissance du Musée national et faire comprendre le sens de son action, les responsables du jeune Musée devront s'efforcer d'organiser une exposition temporaire à thème unique. Cette exposition devrait voir le jour dans les mois qui suivent la création juridique du Musée. L'exposition resterait ouverte au public de Moroni pendant 3 ã 4 mois et serait logée dans un local tel que le "Dar el Saanda" ou le bâtiment de service régional des PTT/annexe de Moroni-Recettes principales (RF). L'exposition sera conçue et réalisée en fonction des normes muséologiques internationales. Il faudra alors y consacrer beaucoup de temps et de soins. Le conservateur faisant fonction veillera à ce que cette exposition ne soit pas une oeuvre d'amateurs.

3.15.9. Exposition itinérante

La première exposition temporaire sera transformée en exposition itinérante dès qu'elle aura fermé ses portes.

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Le matériel et les objets ayant servi dans cette exposition seront transportés ã Mutsamudu puis à Fomboni pour y être présentés au public. L'exposition itinérante séjournera deux à trois mois dans chaque île. Elle sera montée et présentée au public par le personnel du Musée national.

Grâce à cette exposition, le Musée national pourra étendre son programme et ses services aux îles d'Anjouan et de Moheli.

3.15.10. Construction de bâtiments définitifs

Naturellement, il faudra rapidement prendre une décision de principe sur la construction du Musée et engager l'étude des projets architecturaux. L'étude des plans d'architecture peut être amorcés dès 1981. L'étude terminée, les autorités comoriennes se pxncheront sur le problème de sources de financement. Ces sources de financement peuvent être nationales ou étrangères. Le Gouvernement comorien les déterminera avec l'aide des services nationaux compétents.

Four aider à une évaluation dans le temps de ce programme d'action immédiate, on peut suggérer le calendrier suivant :

- mai-juillet 1981 : promulgation de la loi de création et arrêtés d'application (points 1, 2 et 3 du programme)

- août 1981 : affectation d'un local et d'un véhicule utilitaire "tout terrain" (points 5 et 6 du programme)

- août 1981 : nomination d'un conservateur faisant fonction (point 3 du programme)

- août 1981 : dotation budgétaire (point 7 du programme)

- août-décembre 1981 : préparation de la première exposition temporaire (point 8)

- janvier-avril 1982 : exposition ouverte au public

- â partir de mai 1982 : exposition itinérante ouverte au public pour deux ou trois mois à Mutsamudu (Anjouan) puis à Fomboni (Moheli) (point 9 du programme)

début d'élaboration des plans d'architecture (point 10 du programme)

départ en stage de M. Abdallah Daoud, le futur conservateur titulaire du Musée national (point 4 du programme)

départ en stage d'un technicien de musée (2ème technicien) : stage de formation au centre de Niamey (point 2 du programme)

départ d'un technicien (3ème technicien) en stage au musée d'outre-mer de Brème, République fédérale d'Allemagne (point 2 du programme).

Créer à Moroni un Musée national des Comores n'est vraisemblablement pas une tâche aisée. Au terme de sa mission, le consultant affirme que la réali­sation de ce Musée est chose possible. »Cet optimisme se fonde sur deux constatations :

- septembre 1981

- octobre 1981

- novembre 1981

- novembre 1982

IV. CONCLUSION

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D'une part, la République fédérale islamique des Comores est riche en :

- objets d'art et d'artisanat traditionnels tels que nous les avons définis tout au long de notre rapport;

- documents historiques et objets archéologiques;

- spécimens d'histoire naturelle. La matière est abondante et mérite d'être rassemblée, étudiée et exposée dans un musée.

D'autre part, la volonté gouvernementale a déjà annoncé la couleur du Musée. En prenant le décret n" 79/06 du 11 janvier 1979 portant création du CNDRC qui a en son sein une section de muséographie, en assurant la formation de M. Said Omar à l'Ecole internationale de Bordeaux et plus tard au centre de Niamey (Niger), en demandant à l'Unesco l'envoi d'un expert consultant, le Gouvernement de la République fédérale islamique des Comores a déjà entamé l'entreprise de fondation du Musée national. Cette ferme déter­mination des autorités politiques et administratives des Comores de réaliser le projet Musée dans les plus brefs délais est la garantie la plus sûre de son établissement.

Plusieurs autorités, comoriennes ont apporté leur soutien au consultant. Celui-ci leur en est très reconnaissant. Ne pouvant citer, tant ils sont nombreux, tous les membres du Gouvernement et de l'administration comoriens. qui l'ont aidé au cours de son séjour en République fédérale islamique des Comores, le consultant ne mentionnera aucun nom sauf ceux de MM. Damir Ben Âli et Abdallah Daoud, respectivement directeur du CNDRC et chargé de la planifi­cation et des recherches au CNDRC. Du jour de son arrivée à celui de son départ, le consultant a bénéficié du concours indispensable et cordial de MM. Damir Ben Ali et Abdallah Daoud.

Dans son association au travail de l'Unesco aux Comores, le consultant a été fort heureux qu'il lui soit donné de collaborer (en l'absence de M. Beliard, représentant du PNUD en congé), avec M. Janone, représentant adjoint du PNUD, en qui il a trouvé un amical conseiller qui lui a toujours réservé le meilleur accueil.