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**** *journal_figarovox *auteur_goldnadel *date_fev21 Goldnadel: «l’islamogauchisme existe et je le rencontre tous les jours» FIGAROVOX/CHRONIQUE - Pour l’avocat et essayiste, «l’islamogauchisme» s’est développé depuis de nombreuses années, au sein d’une partie des milieux médiatiques et intellectuels, à travers une posture réflexe d’idéalisation de «l’autre» et de diabolisation de l’homme blanc occidental. Par Gilles William Goldnadel Publié hier à 17:47, mis à jour hier à 17:47 Gilles-William Goldnadel. JOEL SAGET/AFP Sponsorisé par cadremploi.fr Directeur Général H/F (CDI) POSTULER Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Chaque semaine, il décrypte l’actualité pour FigaroVox. Ainsi à en croire certains, l’islamo-gauchisme serait une manière de dahu, de yéti ou de monstre du Loch Ness. À lire le Monde et son éditorial du 20 février, il s’agirait d’une «notion aussi hasardeuse que fourre-tout». C’est fou comment ceux qui ont approché le monstre presque jusqu’à l’embrasser déclarent ne pas le connaître. Quant à moi qui aurai passé une bonne partie de ma vie intellectuelle, professionnelle, médiatique et politique à le combattre, je le connais par cœur.

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Goldnadel: «l’islamogauchisme existe et je le rencontre tous les jours»

FIGAROVOX/CHRONIQUE - Pour l’avocat et essayiste, «l’islamogauchisme» s’est développé depuis de nombreuses années, au sein d’une partie des milieux médiatiques et intellectuels, à travers une posture réflexe d’idéalisation de «l’autre» et de diabolisation de l’homme blanc occidental.

Par Gilles William Goldnadel

Publié hier à 17:47, mis à jour hier à 17:47

Gilles-William Goldnadel. JOEL SAGET/AFP

Sponsorisé par cadremploi.fr

Directeur Général H/F (CDI)

POSTULER

Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Chaque semaine, il décrypte l’actualité pour FigaroVox.

Ainsi à en croire certains, l’islamo-gauchisme serait une manière de dahu, de yéti ou de monstre du Loch Ness. À lire le Monde et son éditorial du 20 février, il s’agirait d’une «notion aussi hasardeuse que fourre-tout».

C’est fou comment ceux qui ont approché le monstre presque jusqu’à l’embrasser déclarent ne pas le connaître.

Quant à moi qui aurai passé une bonne partie de ma vie intellectuelle, professionnelle, médiatique et politique à le combattre, je le connais par cœur.

Avant que vous le décrire, qu’il me soit permis de sourire un peu à la vue de ces savants qui ne confèrent aucune valeur scientifique à un concept paraît-il forgé par une «extrême droite» dont l’étiquette a été attribuée à leurs contradicteurs minutieusement après analyse objective et contradictoire dans leur laboratoire.

Le Monde n’a sans doute jamais trouvé hasardeux de ranger ses adversaires dans une fachosphère et parfois de manier le concept de fascisme en prenant quelques libertés avec la science historique.

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De même, nos savants linguistes sourcilleux n’ont jamais répugné à utiliser les vocables «racisme systémique», «privilège blanc», «islamophobie», «appropriation culturelle» «domination hétéro patriarcale blanche» sans les avoir éprouvés scientifiquement dans leurs éprouvettes.

Si l’on veut le définir simplement, il s’agit d’un a priori systématiquement indulgent envers l’Autre, l’étranger, le radicalement différent, fût-il islamiste.

L’Islamo-gauchisme existe et je l’ai rencontré. Partout, et pas seulement à l’université. Il a depuis 40 ans irrigué la société française par capillarité. Et pas seulement dans les milieux gauchistes. Certains bourgeois le pratiquent quotidiennement et sans le savoir comme M. Jourdain.

J’ai toujours envisagé l’islamo-gauchisme dans son acception la plus large, au-delà de la définition intellectuelle élaborée par mon cher Pierre-André Taguieff qui l’a vu grandir avec le palestinisme antisioniste débouchant sur l’antisémitisme. Celui-là, existe encore, et je l’ai entrevu dans un éditorial du Monde du 9/12/19 souhaitant sans état d’âme, la victoire de ce Corbyn qui fut renvoyé, quelques semaines plus tard, comme un malpropre de son parti travailliste pour cause d’antisémitisme pro-palestinien.

À LIRE AUSSI :Universités: «l’islamogauchisme? Une réalité depuis 20 ans»

Mais l’Islamo-gauchisme dans sa version élargie n’a que peu de rapports avec le conflit israélo-palestinien. Il s’agit moins d’une pensée que d’une posture réflexe.

Si l’on veut le définir simplement, il s’agit d’un a priori systématiquement indulgent envers l’Autre, l’étranger, le radicalement différent, fût-il islamiste.

Et cet a priori a été l’apanage de la gauche lorsqu’elle a abandonné la classe pour la race et le prolétaire pour l’immigré. J’ai nommé ce réflexe «dilection pour l’altérité». Ce n’est pas tant, loin s’en faut, que l’homme de gauche aime particulièrement l’Autre lointain, mais il le préfère à son blanc prochain.

Dans tous mes écrits, j’ai tenté d’expliquer cette posture largement inconsciente par un antinazisme devenu fou. L’inconscient collectif post- chrétien ne parvenant pas à pardonner au blanc occidental d’avoir en commun avec l’antéchrist moderne Adolf Hitler la même couleur de peau.

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Dès lors, le blanc est diabolique et celui qui ne l’est pas, quels que soient ses actes, ne peut être que sa victime angélique.

L’ennemi honni c’est cet Occidental, dans le cadre d’un racisme anti blanc qui n’existerait évidemment que dans l’imagination débridée de l’extrême droite fascisante.

Si l’on veut observer maintenant, au travers de ce prisme, l’itinéraire d’un islamo- gauchiste emblématique tel qu’Edwy Plenel, ancien rédacteur en chef du Monde, on comprend mieux les évolutions d’un Islamo-gauchisme qui n’a jamais cessé d’être profondément le même.

Lorsqu’il appartenait à un groupe trotskiste, Plenel jeune, amoureux de la cause palestinienne parce que détestant l’État-nation occidental d’Israël militarisé et le vivant de manière dépitée comme une trahison du juif en pyjama rayé, aura été jusqu’à saluer l’assassinat d’athlètes israéliens à 30 km de Dachau.

Plus tard, il embrassera naturellement la cause des migrants musulmans forcément victimes du racisme français et policier jusqu’à devenir proche de Tariq Ramadan. Et aujourd’hui, tout naturellement, Plenel l’ancien fait sien le combat contre le privilège blanc.

Car il faut bien comprendre, qu’en creux, l’ennemi honni c’est cet Occidental, dans le cadre d’un racisme anti blanc qui n’existerait évidemment que dans l’imagination débridée de l’extrême droite fascisante.

À LIRE AUSSI :Islamo-gauchisme: «Quand une opinion se déguise en science»

Pour montrer que l’Islamo-gauchisme n’a rien d’un fantasme et qu’il existe au cœur même de l’université, bien au-delà des camps racisés interdits aux blancs de l’UNEF, je citerai Houria Bouteldja, responsable du Parti des Indigènes de la République, adoubée non seulement comme «antiraciste» par Danielle Obono mais également par de nombreux chercheurs de l’université: «Et ce sera toi, ce seront tes enfants qui subiront ça. Celui qui n’aura rien à se reprocher devra quand même assumer son histoire depuis 1830. N’importe quel blanc, le plus antiraciste des antiracistes, le moins paternaliste des moins paternalistes, le plus sympa des sympas, devra subir comme les autres… Bientôt il sera trop tard: les blancs ne pourront plus rentrer dans un quartier comme c’est déjà le cas des organisations de gauche. Ils devront faire leurs preuves et seront toujours suspects de paternalisme. Aujourd’hui il y a encore des gens comme nous qui vous parlent encore. Mais demain, il n’est pas dit que la génération qui suit acceptera la présence des blancs.»

Et pourtant, comme elle le déclare sans mentir: «aujourd’hui, le P.I.R. rayonne dans toutes les universités». Et nul ne songe à demander sa dissolution.

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Dans les campus et au sein de certains syndicats, la présence d’individus proches du PIR, est palpable autant que redoutable.

À ses côtés se tient Saïd Bouamama, de nationalité algérienne, «chercheur» auteur du livre Nique la France! La préface se présente comme une «bombe artisanale» «en voiles, keffiehs et casquettes à l’envers» au nom des «anticolonialistes, antisionistes et anticapitalistes».

En dos de couverture du livre le «sociologue» est présenté ainsi: «docteur en socio-économie, militant engagé dans les luttes de l’immigration pour l’égalité réelle des droits en France».

Il est directeur de recherche à l’IFAR situé à Villeneuve-d’Ascq. Le chercheur est payé pour ce travail par cet Institut de Formation des Agents de Recherche. Il ne fait l’objet d’aucune critique particulière et Mme Boudjema n’est pas un objet de grande contestation.

Bien au contraire, dans les campus et au sein de certains syndicats, la présence physique d’individus proches du PIR et qui n’ont pas grand chose d’autre à faire que d’impressionner, est palpable autant que redoutable.

Mais il n’y a pas qu’un islamo-gauchisme universitaire qui, s’il n’a pas perdu son pouvoir d’exclusion et de nuisance, est désormais dépourvu de tout magistère moral ou intellectuel.

Comment expliquer, que samedi matin sur l’antenne de France Inter la revue de presse de 8h45 débutait par les citations d’un article de Libération racontant les malheurs d’un Mohamed blessé à l’oeil par des policiers mais ne disait mot sur l’assassinat à Pau d’un humanitaire par un immigrant soudanais sans-papiers, sortant de prison après plusieurs condamnations pour délit de violence?

Pourtant, la presse écrite du samedi matin avait évidemment relaté le sujet, à commencer par le Figaro en première page. Pas davantage, le journal de 9h ne faisait allusion au drame tandis qu’il consacrait une chronique à des migrants Béninois.

Le meurtrier de Pau et sa victime n’avaient sans doute pas les bonnes couleurs à peindre qui en bourreau, qui en martyr.

J’affirme qu’il existe aussi un puissant islamo-gauchisme médiatique qui s’ignore.

L’islamo-gauchisme existe, je le rencontre tous les jours et à tous les carrefours.

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*****journal_figarovox *auteur_vial *date_fev21

Universités: «l’islamogauchisme? Une réalité depuis 20 ans»

FIGAROVOX/TRIBUNE - Frédérique Vidal, la ministre de l’enseignement supérieur, a demandé au CNRS de mener une enquête sur «l’islamogauchisme» dans les universités. Pour Olivier Vial, directeur du labo d’idées universitaire, cela fait de nombreuses années que l’islamogauchisme a fait son nid dans nos facultés et qu’il prospère en raison des lâchetés des instances universitaires, qui pratiquent souvent des «accommodements raisonnables».

Par Olivier Vial

Publié le 18/02/2021 à 18:25, mis à jour le 19/02/2021 à 10:49

«Au début des années 2000, les campus vont ainsi devenir le lieu où cette «

union» va s’épanouir.» selon Olivier Vial. CHRISTOPHE SIMON/AFP

Olivier Vial est Directeur du CERU, le labo d’idées universitaire et Président de l’UNI et de l’observatoire de la déconstruction.

A-t-on encore besoin d’une enquête pour prouver la montée de l’islamogauchisme à l’université, comme le demande la ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal? La violence et le nombre de protestations qui ont suivi cette annonce ne suffisent-ils pas à démontrer l’ampleur du phénomène. Si ce dernier n’était pas aussi important et installé, personne n’aurait à craindre une telle démarche?

Or, les indignations surjouées de nombre d’universitaires en études post-coloniales - dont certains revendiquaient et affichaient pourtant depuis des mois la mention #islamogauchiste dans leur biographie twitter - révèlent bien qu’ils sont nombreux à la redouter.

Quant à la Conférence des présidents d’université, pour continuer à dissimuler le problème sous le tapis et éviter que l’on s’intéresse à ce qui se passe sur ses campus, elle instruit l’habituel procès en diabolisation dénonçant, dans un communiqué, l’utilisation d’un terme qu’il conviendrait de «laisser sinon aux animateurs de Cnews, plus largement à l’extrême droite qui l’a popularisé.»

Mais de quelle extrême droite parle la CPU? Celle de Manuel Valls qui fut l’un des plus réguliers critiques de l’islamogauchisme? Celle de Claude Askolovitch du Nouvel Observateur qui dénonçait les «gauchistes d’Allah»? Celle de la militante Caroline Fourest qui, la première, révéla avec force les connivences d’une partie de la gauche avec Tariq Ramadan?

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Tout accepter par peur de stigmatiser n’est-ce pas déjà sombrer dans un des travers de l’islamogauchisme ?

Pour ne pas déranger les instances universitaires et surtout ne pas apparaître d’extrême droite à ses yeux, sommes-nous obligés de tout accepter? Accepter que l’Université Paris 1 supprime en 2019 un cycle de formation sur la «prévention de la radicalisation» animé par Mohamed Sifaoui à la suite des pressions exercées par des syndicats et des universitaires?

Accepter qu’à Lille, les représentations de la pièce écrite par Charb, le directeur de Charlie Hebdo assassiné lors des attentats de 2015, soient annulées au motif qu’elles seraient islamophobes? Accepter que des étudiants de Sciences Po organisent depuis 2016, le «Hijab day» pour inciter à porter le Hijab et ainsi banaliser son usage? Accepter que l’Université Lyon 2 cautionne un colloque intitulé «Lutter contre l’islamophobie» organisé en partenariat avec le Collectif Contre l’Islamophobie en France?

À LIRE AUSSI :«Islamo-gauchisme: à l’université comme au CNRS, nous devons réagir vite»

Accepter qu’un professeur de sociologie soit poussé à la porte de son laboratoire de recherche à Limoges pour avoir dénoncé la présence d’Houria Boutledja, la sulfureuse fondatrice du parti des indigènes de la République dans une formation proposée par son établissement?

Tout accepter par peur de stigmatiser n’est-ce pas déjà sombrer dans un des travers de l’islamogauchisme? Le journaliste du Monde Jean Birenbaum, dans un article de novembre 2020, montre comment par réflexe tiers-mondiste, une partie de la gauche a développé une forme d’indulgence vis-à-vis de l’islamisme.

Certains, de façon cynique, ont vu là une opportunité, une stratégie possible. Dès le milieu des années 90, une partie de l’extrême gauche trotskiste très présente dans les universités va ainsi commencer à théoriser la nécessité de se rapprocher des mouvements islamistes. Déçue par les classes populaires, qu’elle accuse de devenir de plus en plus conservatrices et d’être, de fait, incapable de porter la révolution, elle va se tourner vers les minorités et percevoir l’islamisme comme une arme et un allié efficaces pour lutter contre «l’impérialisme occidental».

« L’islamo-gauchisme » a forgé des concepts « universitaires » susceptibles de remplir l’arsenal militant de ceux qui veulent renverser notre modèle de société.

Au début des années 2000, les campus vont ainsi devenir le lieu où cette «union» va s’épanouir. La gauche altermondialiste, proche du NPA, qui alors tient le haut du pavé va s’amouracher de Tariq Ramadan et de ses fidèles dans les universités.

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En 2002, les étudiants musulmans de France, association proche des frères musulmans, font une percée remarquée lors des élections au CROUS (résultats dénoncés à l’époque par l’UNEF avant que le syndicat ne devienne le marche pied de cette mouvance). En décembre de la même année, sur pression d’associations et de syndicats, le conseil d’administration de l’Université Paris 6 appelle au boycott des universités et des universitaires israéliens. L’alliance est scellée.

La seconde guerre du Golf, en 2003, leur offre l’occasion d’apprendre à manifester côte à côte. En 2004, le service d’ordre de plusieurs organisations d’extrême gauche étudiante sera même mobilisé pour encadrer la manifestation pro-voile, organisée par le très radical Mohamed Latrèche du Parti Musulman de France.

À LIRE AUSSI :Universités: «Les discours racialistes et identitaires deviennent institutionnels»

Cette alliance entre islamiste et «gauchistes» ne s’est pas développée que dans la sphère militante, elle a également prospéré idéologiquement forgeant des concepts «universitaires» susceptibles de remplir l’arsenal militant de ceux qui veulent renverser notre modèle de société.

Ainsi dès 2003, le développement du concept d’islamophobie a été rendu possible par la rencontre d’universitaires, comme Vincent Geisser, chercheur au CNRS et d’associations militantes. Ces dernières vont alors multiplier les rencontres et les conférences avec comme objectif d’imposer le terme dans le débat public.

Aujourd’hui, le développement des études décoloniales poursuit le même objectif : offrir un vernis scientifique aux combats politiques du moment.

Aujourd’hui, le développement des études décoloniales poursuit le même objectif: offrir un vernis scientifique aux combats politiques du moment. Ainsi, les concepts de «racisme systémique», de «privilège blanc», de «blantriarcat» sont sitôt «produit» par l’université reprise par des activistes pour dénoncer l’État, la Police, le Patriarcat et nourrir le ressentiment des minorités contre nos sociétés dans l’espoir de les inciter à se soulever. Vieil espoir trotskiste.

Cela fait plus de vingt ans que l’islamogauchisme a fait son nid dans nos universités. Il prospère à l’ombre des petites lâchetés des instances universitaires qui ont souvent choisi de composer avec lui et de pratiquer ce qui ressemble à des «accommodements raisonnables».

En 2003, alors que les incidents et les revendications communautaires se multiplient, la vice-présidente de l’Université Paris 13, va, à l’occasion d’un colloque organisé par la CPU, proposer par

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exemple de mettre en place des commissions laïcité pour négocier l’application de ce principe dans les établissements. «9 étudiantes de Villetaneuse ont refusé de participer à l’enseignement obligatoire du sport, car elles portaient le foulard. Nous avons trouvé un compromis: elles sont d’accord pour suivre la réglementation sportive qui interdit le port du voile pour la course et la gymnastique, tant qu’aucun homme n’est présent. Nous avons donc formé un groupe uniquement féminin» se félicite-t-elle.

Alors a-t-on vraiment besoin d’une enquête pour mesurer l’influence de l’islamogauchisme dans nos universités? Peut-être! Mais la confier au CNRS et aux membres de l’alliance Athéna qui n’ont jamais fait preuve de grande lucidité en la matière, cela ressemble surtout à un nouveau moyen d’enterrer le sujet!

*****journal_libe *auteur_taguieff *date_oct20

Aux sources de l'«islamo-gauchisme»

Le philosophe Pierre-André Taguieff revient sur les origines d'un concept qu'il a contribué à forger. Selon lui, les usages polémiques discutables du terme ne doivent pas empêcher de reconnaître qu’il désigne un véritable problème : la collusion entre des groupes d’extrême gauche et des mouvances islamistes de diverses orientations.

Développer

Après l'attentat de Conflans, le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer a fustigé les «ravages» de l'«islamo-gauchisme» au sein de l'université. (Photo Alain Jocard. AFP)

par Pierre-André Taguieff, philosophe, politiste et historien des idées

publié le 26 octobre 2020 à 19h18

Tribune. En France, à entendre les clameurs qui montent de l'arène politico-médiatique, le nouveau grand clivage serait celui qui oppose les «islamo-gauchistes» aux «islamophobes». Cependant, rares sont ceux qui s'assument soit en tant qu'«islamo-gauchistes», soit en tant qu'«islamophobes», sauf par provocation. L'«islamophobe» ou l'«islamo-gauchiste», c'est toujours l'autre. Ces termes d'usage polémique sont des hétéro-désignations. Mais il serait naïf de reprocher à des termes politiques d'être polémiques. En les employant, on vise à stigmatiser un individu ou un groupe, pour de bonnes ou de mauvaises raisons.

Publicite

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Face aux «islamophobes» se tiendraient donc les «islamo-gauchistes», censés être islamophiles. Mais l’opposition est faussement claire. Il y a en effet de très nombreux citoyens français, de droite et de gauche, qui considèrent que l’islamisme, sous toutes ses formes, constitue une grave menace pour la cohésion nationale et l’exercice de nos libertés. Peuvent-ils être déclarés «islamophobes» ? C’est là, à l’évidence, un abus de langage et une confusion entretenue stratégiquement par les islamistes eux-mêmes. Ils sont en vérité «islamismophobes», et ils ont d’excellentes raisons de l’être, au vu des massacres commis par les jihadistes, du séparatisme prôné par les salafistes et des stratégies de conquête des Frères musulmans. Mais ils n’ont rien contre l’islam en tant que religion, susceptible d’être critiquée au même titre que toute religion. Quant aux «islamismophiles» d’extrême gauche, ils sont de deux types : il y a d’abord ceux qui, sur les réseaux sociaux, applaudissent les attaques jihadistes, ensuite ceux qui, intellectuels ou acteurs politiques, s’efforcent de justifier le comportement des islamistes en arguant que ces derniers ne font que réagir aux discriminations dont sont victimes les musulmans.

À lire aussiEn finir avec l'«islamo-gauchisme» ?

Il est de bonne méthode de revenir au moment de la formation de l’expression «islamo-gauchisme» en langue française. Il se trouve que, sur la question, j’ai joué un rôle, ce qui me permet d’intervenir en tant que témoin direct. C’est à partir de mes enquêtes, au début des années 2000 alors que débutait la seconde Intifada, sur des manifestations dites propalestiniennes où des activistes du Hamas, du Jihad islamique et du Hezbollah côtoyaient des militants gauchistes, notamment ceux de la LCR (devenue en 2009 le NPA), que j’ai commencé à employer l’expression «islamo-gauchisme», forgée par mes soins. Au cours de ces mobilisations, les «Allahou akbar» qui fusaient ne gênaient nullement les militants gauchistes présents, pas plus que les appels à la destruction d’Israël sur l’air de «sionistes = nazis».

Valeur descriptive

L'expression «islamo-gauchisme» avait sous ma plume une valeur strictement descriptive, désignant une alliance militante de fait entre des milieux islamistes et des milieux d'extrême gauche, au nom de la cause palestinienne, érigée en nouvelle cause universelle. Elle intervenait dans ce qu'on appelle des «énoncés protocolaires» en logique. J'ai utilisé l'expression dans diverses conférences prononcées en 2002, ainsi que dans des articles portant sur ce que j'ai appelé la «nouvelle judéophobie», fondée sur un antisionisme radical dont l'objectif est l'élimination de l'Etat juif. Pour ne prendre qu'un exemple, dans mon article synthétique intitulé «L'émergence d'une judéophobie planétaire : islamisme, anti-impérialisme, antisionisme», publié dans la revue Outre-Terre, j'évoque la «mouvance islamo-gauchiste» en cours de formation.

Il faut par ailleurs être d’une insigne mauvaise foi pour laisser entendre, comme le font certains aujourd’hui sur les réseaux sociaux, que je voulais par là assimiler insidieusement islam et islamisme, alors que tous mes écrits sur la question témoignent du contraire. Je n’allais pas forger, pour éviter de donner prise aux lectures malveillantes, une expression juste mais un peu lourde du type «islamismo-gauchisme», qui n’aurait d’ailleurs pas empêché des gens de mauvaise foi de s’indigner.

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«Judéo-bolchevisme»

Que, mise à toutes les sauces, l’expression ait eu par la suite la fortune que l’on sait, je n’en suis pas responsable. Mais ses usages polémiques discutables ne doivent pas empêcher de reconnaître qu’elle désigne un véritable problème, qu’on peut ainsi formuler : comment expliquer et comprendre le dynamisme, depuis une trentaine d’années, des différentes formes prises par l’alliance ou la collusion entre des groupes d’extrême gauche se réclamant du marxisme (ou plutôt d’un marxisme) et des mouvances islamistes de diverses orientations (Frères musulmans, salafistes, jihadistes) ? Pourquoi cette imprégnation islamiste des mobilisations «révolutionnaires» ?

Ecartons pour finir un argument fallacieux, souvent repris sur les réseaux sociaux, qui consiste à rapprocher, pour la disqualifier, l’expression «islamo-gauchisme» de l’expression «judéo-bolchevisme». Lorsqu’elle s’est diffusée, au début des années 20, dans certains milieux anticommunistes et antisémites, l’expression «judéo-bolchevisme» signifiait que le bolchevisme était un phénomène juif et que les bolcheviks étaient en fait des Juifs (ou des «enjuivés»). Il n’en va pas du tout de même avec l’expression «islamo-gauchisme», qui ne signifie pas que le gauchisme est un phénomène musulman ni que les gauchistes sont en fait des islamistes. L’expression ne fait qu’enregistrer un ensemble de phénomènes observables, qui autorisent à rapprocher gauchistes et islamistes : des alliances stratégiques, des convergences idéologiques, des ennemis communs, des visées révolutionnaires partagées, etc.

À lire aussi«Islamo-gauchisme» à l'université : la surenchère de Blanquer

C'est ainsi qu'on observe, d'une part, que des militants marxistes-léninistes passés au terrorisme, tel Carlos, se sont rapprochés des milieux islamistes, jusqu'à se convertir à l'islam en version Al-Qaïda et à prôner un front islamo-révolutionnaire «contre les Juifs et les croisés». Et que, d'autre part, des islamistes se sont ralliés au drapeau du tiers-mondisme, puis à celui de l'altermondialisme (tel Tariq Ramadan), avant de donner dans le postcolonialisme et le décolonialisme pour accuser les sociétés démocratiques occidentales de «racisme systémique». C'est ainsi qu'un pseudo-antiracisme importé des campus étatsuniens, représentant une nouvelle forme de racialisme militant désignant «les blancs» comme les seuls racistes, est devenu à la fois un moyen d'intimidation et un puissant instrument de mobilisation, principalement d'une partie de la jeunesse.

Les querelles de mots ne doivent pas nous empêcher de voir la dure réalité, surtout lorsqu’elle contredit nos attentes ou heurte nos partis pris.

*****journal_revue2mondes *auteur_toranian *date_fev21

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Islamo-gauchisme et université : quand les censeurs crient à la censure

Par

Valérie Toranian

FÉV 22, 2021 5 COMMENTAIRES

Inquiète de la progression de l’islamo-gauchisme au sein de l’université, la ministre Frédérique Vidal a décidé de confier une enquête au CNRS. Depuis elle subit les tirs de barrage d’une partie des enseignants et chercheurs ainsi que de représentants de la gauche et de l’extrême gauche, qui s’indignent de méthodes « maccarthystes ». On veut « censurer ». On veut tuer la liberté académique. Et surtout, argument suprême, « l’islamo-gauchisme » n’aurait, selon les détracteurs de la ministre, aucune réalité « scientifique ».

L’islamo-gauchisme existe

Les cris indignés des pétitionnaires qui demandent la démission de Frédérique Vidal n’y changeront rien. Dans un numéro de la Revue des Deux Mondes d’octobre 2018, consacré à la définition de l’islamo-gauchisme, Christophe Bourseiller, spécialiste de l’extrême gauche, rappelait que le ver était dans le fruit dès l’origine. Lors du congrès de l’Internationale communiste de 1920 à Bakou, il fut théorisé « que les groupes révolutionnaires ont pour objectif principal de se fondre dans les masses pour mieux les orienter. Si celles-ci deviennent islamistes […], les marxistes doivent leur apporter un “soutien critique” ».

Voilà pourquoi l’extrême gauche a soutenu la révolution islamique anti-démocratique, anti-femmes, anti-laïque de l’Ayatollah Khomeini en Iran en 1979. Le soutien à la cause islamique a d’ailleurs perdu toute « fonction critique » pour s’aligner au fil du temps sur un positionnement anticapitaliste, anti-occidental, anti-laïque. Et anti-israélien. Le travail que produit sur ce sujet depuis près de trente ans l’universitaire Pierre-André Taguieff est éloquent. C’est lui qui popularisera le terme d’islamo-gauchisme en désignant ainsi la terrifiante collusion entre trotskystes et islamistes (Hamas, Jihad islamique, Hezbollah) notamment lors d’une manifestation d’octobre 2000 où l’on entendit scander le slogan « Mort aux Juifs »…

« L’islamo-gauchisme moderne est l’expression d’une alliance entre une gauche dévoyée ayant oublié depuis belle lurette que la religion est l’opium du peuple et les nouveaux « opprimés » que constituent à ses yeux les masses musulmanes, nouveau prolétariat fantasmatique. »

L’islamo-gauchisme moderne est l’expression d’une alliance entre une gauche dévoyée ayant oublié depuis belle lurette que la religion est l’opium du peuple et les nouveaux « opprimés » que constituent à ses yeux les masses musulmanes, nouveau prolétariat fantasmatique. L’incarnation parfaite en fut longtemps le duo Edwy Plenel et Tariq Ramadan, alliance du trotskisme et de l’islam politique des Frères musulmans, trop heureux d’avoir trouvé dans les idiots utiles du gauchisme des amis défendant le totalitarisme islamique, le relativisme culturel et l’abandon de la laïcité et des droits des femmes.

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L’islamo-gauchisme existe bel et bien. Six Français sur dix estiment que c’est un courant de pensée répandu en France (sondage Ifop-Fiducial pour CNEWS). L’entrisme de l’islam politique a été détaillé par Gilles Kepel, Hugo Micheron, Jean-Pierre Obin et tant d’autres. Il n’y a que les pétitionnaires du Monde (dont aucun ne travaille sur l’islam) pour dire que c’est une vue de l’esprit.

L’islamo-gauchisme est-il un concept flou ?

Il est juste de dire que l’islamo-gauchisme est un concept qui embrasse large et manque de précision. Mais alors que dire des concepts de « racisme systémique », « racisme d’État », « privilège blanc », « racisé », « sexisé », « féminisme islamique »… qui n’ont aucun fondement scientifique ? Sans parler de l’« islamophobie » que l’islam politique a réussi à faire passer pour un nouveau délit de racisme, transformant la critique de la religion en crime, rétablissant de fait le délit de blasphème. Le tout avec les félicitations de la France insoumise et autres extrémistes défilant le 10 novembre 2019 « contre l’islamophobie », aux côtés de militants scandant « Allahu akbar ».

« L’université est travaillée par l’islamo-gauchisme, c’est indubitable. Mais elle est surtout largement soumise à un radicalisme militant décolonial qui englobe, dépasse et transcende l’islamo-gauchisme. »

Les sciences humaines et sociales regorgent de recherches sur des concepts flous, souvent copiés-collés de la production des universités américaines. Il ne s’agit pas de les disqualifier en bloc : le rôle de l’université est aussi d’étudier ces mouvements et courants de pensée qui traversent l’époque. Y compris l’islamo-gauchisme, le genre, le féminisme, la colonisation, le racisme. Le problème n’est pas de les étudier mais d’appréhender ces domaines en vertu d’une seule et même vision décoloniale/néoféministe/différencialiste. Le problème est de construire une doctrine totalisante et de discréditer tous ceux qui ne partagent pas cette idéologie. Il est impossible aujourd’hui d’étudier l’esclavage autrement que comme méfait de la colonisation blanche ; les traites négrières arabes ou l’asservissement des peuples conquis par l’empire ottoman ne rentrent pas dans la grille idéologique anti-occidentale : ils sont donc considérés comme « hors-sujets ».

L’université est travaillée par l’islamo-gauchisme, c’est indubitable. Mais elle est surtout largement soumise à un radicalisme militant décolonial qui englobe, dépasse et transcende l’islamo-gauchisme. Dans une même détestation du camp occidental, universaliste et « blanc ». Dommage que Mme Vidal se soit contentée de cibler l’islamo-gauchisme et n’ait pas décoché une flèche plus large.

Le CNRS est-il légitime pour faire cette enquête ?

Non et c’est toute l’incohérence de cette décision. Comme l’écrit Pierre-André Taguieff, « le P.-D.G. du CNRS, Antoine Petit, protecteur des études postcoloniales et défenseur de la “théorie critique de la race”, paraît fort mal placé pour favoriser une telle enquête et en garantir l’impartialité. Rappelons les positions qu’il a prises en novembre 2019 dans l’avant-propos qu’il a rédigé, en écriture inclusive, pour un méchant ouvrage collectif rassemblant des auteurs postcoloniaux et décoloniaux : “La ‘race’

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devient la nouvelle grille de lecture du monde sur laquelle s’intègre la grille du genre, et qui s’articule à la hiérarchie homme/femme […]. Dans une société non métissée, le social et le genre dominent, mais dans l’espace interracial, le social s’efface derrière le racial.” »

« Combien de présidents et de recteurs se soumettent lâchement à la pression de syndicats ou d’associations d’étudiants qui veulent imposer leur vision du monde ? »

La ministre s’est mise toute seule dans une impasse. Si le CNRS, à l’issue de son enquête, conclut qu’il n’y pas de problème d’islamo-gauchisme, que dira la ministre ? Qu’elle avait tort ? Or, elle n’avait pas tort. Qu’elle s’est trompée d’organisme à qui confier l’enquête ? Certains pensent qu’il aurait mieux valu nommer le Haut conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (HCERES), institution indépendante, qui a pour rôle d’apprécier la qualité des savoirs enseignés et non de contrôler leur orientation. Mais il y a fort à craindre que la polémique ne s’éteigne pas pour autant. L’université est jalouse de sa liberté et toute tentative de contrôle de la qualité des enseignements, même légitime, sera dénoncée comme une entrave.

Doit-on contrôler la liberté académique ?

Certainement pas, en revanche il importe de la faire respecter. Or, contrairement à ce que veulent nous faire croire les défenseurs de la liberté académique qui hurlent contre un nouveau « maccarthysme », l’université ne respecte plus cette liberté. Et ceux qui protestent contre la censure n’ont aucune honte à l’exercer en permanence, en discréditant ou en diabolisant toute parole qui n’entre pas dans la grille idéologique islamo-décoloniale. (Le fait de refuser tout débat autour de l’islamo-gauchisme en dit d’ailleurs long sur leur vision du pluralisme.)

Combien de présidents et de recteurs se soumettent lâchement à la pression de syndicats ou d’associations d’étudiants qui veulent imposer leur vision du monde ? Sylviane Agacinski a été interdite d’accès à une conférence parce qu’elle ne défendait pas la PMA. Alain Finkielkraut a été empêché d’accès à l’amphithéâtre de Sciences Po (son intervention fut finalement reprogrammée). On censure Les Suppliantes d’Eschyle, etc. A contrario, Rokhaya Diallo, militante racisée décoloniale, a portes ouvertes dans les universités, tout comme Lilian Thuram, défenseur de thèses essentialistes sur la culpabilité de l’homme blanc. Nul ne s’y oppose. Et tant mieux. Mais il est scandaleux de limiter ou d’interdire l’accès de l’université à ceux qui défendent l’universalisme, la République, le féminisme, la laïcité. Il est insupportable de les cataloguer comme réactionnaires, suprématistes blancs, racistes, néo-colonialistes.

« L’université ne doit plus être l’otage d’un militantisme radical déguisé en enseignement pseudo-scientifique. »

L’université en a connu d’autres. Elle a toujours été à la fois à l’avant-garde et à la remorque des modes. Elle fut marxiste à l’époque marxiste, maoïste à l’époque maoïste, constructiviste à l’époque constructiviste… Ses présidents, sauf exception, n’ont jamais fait montre d’un grand courage pour

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s’opposer à la pensée dominante du moment. C’est toujours le cas. Une chose pourtant a changé. Ceux qui s’opposaient à l’emprise des études marxistes en histoire dans les années soixante ne finissaient pas égorgés. Aujourd’hui le corps enseignant paye cher son courage lorsqu’il s’oppose à l’influence grandissante de l’islam politique au sein de l’éducation.

Comment faire respecter une vraie liberté académique et limiter l’emprise islamo-gauchiste et décoloniale sur l’université ?

On ne peut pas lutter pour la liberté d’expression et prôner le contrôle des savoirs au sein de l’université. Mais on ne peut pas non plus se résoudre à accepter cette défaite de la pensée intellectuelle que constitue le réel impact de l’islam politique et de la pensée décoloniale qui honnit la République, la laïcité, l’universalisme et les droits des femmes. Les protecteurs de l’islamo-décolonialisme s’abritent derrière la liberté académique ? Retournons-la contre eux.

Comme souvent dans notre pays, il suffirait d’avoir le courage de respecter ce que nous permet la loi pour contrer cette offensive dont il ne faut en aucun cas minimiser l’importance. Les portes des universités doivent s’ouvrir à la pluralité, les présidents des universités doivent arrêter de s’abriter derrière le « pas de vague » et « pas de critique de la gauche ». Ils doivent être fermes contre les tentatives de non-mixité, d’interdiction de certaines activités aux Blancs, de censure des œuvres littéraires et artistiques. Et si la liberté académique est visiblement bafouée, il ne faut pas hésiter à saisir le Procureur de la République. Que la justice s’en mêle.

Enfin, ne faut-il pas plus de transparence sur les fonds publics alloués à la recherche dans les sciences humaines et sociales ? Où va l’argent ? Qui décide ? Comment se cooptent les membres des conseils qui tiennent les cordons de la bourse ? Quels types de recherche sont favorisés par les institutions européennes, gros contributeurs aux allocations à la recherche ? Les enquêtes ne manquent pas qui pourraient déciller les yeux de ceux qui continuent de se complaire dans le déni et le « pas de vague ».

L’université ne doit plus être l’otage d’un militantisme radical déguisé en enseignement pseudo-scientifique.

*****journal_europe1 *auteur_durand *date_oct20

"Ce qu'on appelle l'islamo-gauchisme fait des ravages", dénonce Jean-Michel Blanquer

08h52, le 22 octobre 2020 , modifié à 09h26, le 22 octobre 2020

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Le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer, dénonce sur Europe 1 les ravages de "l'islamo-gauchisme". © Europe 1

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Alors que le gouvernement a décidé de mesures contre l'islamisme radical, accélérées par l'attentat de Conflans-Sainte-Honorine, le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer, dénonce sur Europe 1 les ravages de "l'islamo-gauchisme" et pointe du doigt notamment l'Unef et la France Insoumise.

INTERVIEW

Moins d'une semaine après l'attentat de Conflans-Sainte-Honorine, au cours duquel Samuel Paty professeur d'histoire-géographie a été assassiné pour avoir montré des caricatures de Mahomet en classe, le gouvernement a décidé d'une série d'actions contre l'islamisme radical. Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, a même dénoncé les rayons alimentaires halal ou casher, préludes selon lui au communautarisme. "On doit être attentif aux petits faits de notre vie collective. Mais moi, je pense surtout aux complicités intellectuelles du terrorisme. Notre société a été beaucoup trop perméable à des courants de pensée", réagit sur Europe 1 Jean-Michel Blanquer.

>> Retrouvez l'interview politique de Sonia Mabrouk en replay et en podcast ici

"Ce qu'on appelle l'islamo-gauchisme fait des ravages", poursuit le ministre de l'Education nationale. "Il fait des ravages à l'université, il fait des ravages quand l'Unef cède à ce type de choses, il fait des ravages quand dans les rangs de la France Insoumise, vous avez des gens qui sont de ce courant-là et s'affichent comme tels. Ces gens-là favorisent une idéologie qui ensuite, de loin en loin, mène au pire".

"Des complices intellectuels du crime"

Jean-Michel Blanquer revient sur le profil du meurtrier de Samuel Paty, un jeune homme de 18 ans d'origine tchétchène. "C'est un assassin qui est conditionné par d'autres gens, en quelque sorte des auteurs intellectuels de cet attentat", explique le ministre. "Quand vous avez des officines, des groupes comme ceux que nous sommes en train de dissoudre en Conseil des ministres, qui ont pignon sur rue, qui ne commettent pas eux-mêmes les crimes mais qui encouragent cette radicalité intellectuelle, ils sont les complices intellectuels du crime". Ce mercredi, le collectif pro-palestinien Cheikh Yassine a été dissous. D'autres structures comme le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) ou encore l'association Barakacity sont dans le viseur du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin.

>> LIRE AUSSI - Islamisme : "Dans l'Éducation nationale, une partie des responsables sont dans le déni"

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"Le poisson pourrit par le tête", ajoute Jean-Michel Blanquer. "Ce sont des idées qui souvent viennent d'ailleurs, d'un modèle de société qui n'est pas le nôtre. Nous avons un modèle républicain, universaliste. Ce que je souhaite après le drame que nous venons de vivre c'est que l'on arrête de se tortiller, je parle du débat public, face au problème. Je serais d'une très grande fermeté face à tout ceux qui, aujourd'hui, en se croyant progressistes, en réalité font le lit d'une forme de tolérance à la radicalité. C'est inacceptable et cela mène au pire."

*****journal_lepoint *auteur_anonyme *date_fev21

« L’islamo-gauchisme » est « un fait social indubitable », pour Blanquer

Sur BFM TV, le ministre de l’Éducation a emboîté le pas de sa collègue Frédérique Vidal en citant comme exemple Jean-Luc Mélenchon.

Jean-Michel Blanquer avait deja denonce << les ravages >> de << l'islamo-gauchisme >>, le 22 octobre dernier.

Jean-Michel Blanquer avait déjà dénoncé « les ravages » de « l’islamo-gauchisme », le 22 octobre dernier.

© Franck Dubray / MAXPPP / PHOTOPQR/OUEST FRANCE/MAXPPP

Par LePoint.fr

Publié le 20/02/2021 à 14h57 - Modifié le 20/02/2021 à 15h15

La polémique n'est pas près de se tarir. Quelques jours après les déclarations de la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Frédérique Vidal, qui avait demandé au CNRS une enquête sur l'impact de l'« islamo-gauchisme » à l'université, son collègue à l'Éducation, Jean-Michel Blanquer, a lui aussi défendu ce concept. Invité d'Apolline de Malherbe, le rendez-vous, sur BFM TV, le ministre a en effet estimé qu'il s'agissait d'« un fait social indubitable ».

Pour illustrer son propos, Jean-Michel Blanquer a même cité en exemple un certain… Jean-Luc Mélenchon. « Ça se voit dans les déclarations de certains politiques », a-t-il jugé. « Quand vous avez Jean-Luc Mélenchon qui participe à une manifestation du CCIF [Collectif contre l'islamophobie en France, NDLR], où il y avait des islamistes radicaux, monsieur Mélenchon tombe dans l'islamo-gauchisme sans aucun doute », a-t-il ajouté. Mais, pour le ministre, ce terme peut tout à fait prendre une autre forme.

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DOSSIERObservatoire du décolonialisme et des idéologies identitaires

« Je veux bien, après, que des spécialistes de sciences politiques analysent ça ou trouvent d'autres mots pour décrire le phénomène », a-t-il concédé, estimant que « chacun doit voir ça avec sérénité et objectivité ».

À LIRE AUSSIIslamisme à l'université : faut-il confier l'enquête au principal suspect ?

Pour rappel, Jean-Michel Blanquer avait déjà dénoncé « les ravages » de « l'islamo-gauchisme », sur Europe 1, le 22 octobre dernier. « Il fait des ravages à l'université, il fait des ravages quand l'Unef [Union nationale des étudiants de France, NDLR] cède à ce type de chose, il fait des ravages quand, dans les rangs de La France insoumise, vous avez des gens qui sont de ce courant-là et s'affichent comme tels », avait-il alors déclaré, avant de conclure : « Ces gens-là favorisent une idéologie qui, ensuite, de loin en loin, mène au pire. »

*****journal_ledauphine *auteur_chandellier *date_nov19

Islamogauchisme contre islamophobie

Par Antoine CHANDELLIER - 09 nov. 2019 à 06:04 - Temps de lecture : 2 min

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Photo Le DL /Pascal Tournaire

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Des valeurs de la République, c’est la première. La liberté. Elle permet à une femme de porter indifféremment un voile sur la tête ou la jupe profilant ses jambes. Elle garantit à quiconque le droit d’exprimer sa réticence envers une religion. L’islam aujourd’hui quand il affiche son visage le plus sombre, le christianisme hier quand il voulait imposer ses dogmes à la société et cacher ces seins qu’il ne saurait voir.

Il est troublant de constater l’empressement avec lequel une certaine gauche hémiplégique se met à signer des pétitions. Et s’apprête à rallier une marche contre l’islamophobie soutenue par de drôles d’obédiences assimilant nos lois laïques sur les signes religieux à l’école à un régime d’apartheid. Excusez ceux qui voient là une réaction antiraciste salutaire au climat d’hostilité dont l’acte d’un djihadiste jambon-beurre à la mosquée de Bayonne serait la manifestation.

Ils ne voient pas qu’ils sont les idiots utiles cautionnant un fâcheux amalgame quand ils font cause commune avec des imams pas franchement #MeToo faisant l’apologie du viol conjugal. Leurs aïeux idéologiques, héritiers de l’esprit des Lumières, qui bouffaient du curé et raillaient le cul-bénit, doivent se retourner dans leur tombe. Désespérant d’avoir perdu la classe ouvrière, cette gauche morale croit se régénérer en défendant ce qu’elle identifie comme une minorité maltraitée par les saillies de Zemmour à la télé. Pas gênée de se retrouver dans la posture si peu laïque de la droite dure qui manifestait avec Civitas contre le mariage pour tous ?

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À bien la suivre, critiquer la religion musulmane inciterait au terrorisme anti-musulman. Curieux syllogisme selon lequel il serait urgent de ménager à ce culte un traitement de faveur. Bref, lui céder un peu de nos lois et donner raison aux Cassandre qui pleurent déjà des territoires perdus de la République.

*****journal_crif *auteur_azeroual *date_oct20

INTERVIEW CRIF - DOCUMENTAIRE D'YVES AZÉROUAL : "ISLAMOGAUCHISME, LA TRAHISON DU RÊVE EUROPÉEN"

Pourquoi et comment une poignée d'intellectuels et de politiques de gauche et d'extrême gauche, peu nombreux mais très influents dans les médias et dans la mouvance des droits de l'homme, ont-ils imposé une sanctuarisation de l'islam dans l'espace politique français, au point d’en devenir complaisant avec l’islamisme au nom du "Pas d'amalgame"? Yves Azéroual pointe les agissements troubles de personnalités de la gauche radicale, les complicités idéologiques et les risques pour notre démocratie européenne de voir l’islam politique et radical s’imposer.

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Yves Azéroual* est le réalisateur d'un documentaire intitulé « Islamogauchisme, la trahison du rêve européen ».

Le Crif : Comment définissez-vous cette mouvance islamogauchiste dont vous parlez et quels sont ses objectifs ?

Yves Azéroual : L’islamogauchisme est avant tout une idéologie qui passe par une alliance objective entre la gauche radicale et l’islam politique. La question que je pose tout au long de mon documentaire c’est pourquoi cette gauche prétendument anticléricale a-t-elle conclu cette alliance avec l’islamisme ? Pourquoi, une poignée d’intellectuels et de politiques de gauche et d’extrême gauche, pour la plupart agnostiques et libertaires, peu nombreux mais très influents dans les médias et dans la mouvance des droits de l’homme ont imposé une véritable sanctuarisation de l’islam dans l’espace politique français jusqu’à laisser l’islamisme prendre racine.

Le Crif : Selon vous, pourquoi la gauche radicale est-elle si complaisante avec l’Islam radical ?

Les raisons sont multiples mais toutes convergent : en quête d’un électorat qui leur fait de plus en plus défaut, ils ont cru pouvoir regarder du côté des banlieues où, selon eux, se trouve le nouveau prolétariat, un prolétariat de substitution ! C’est à la fois méprisant pour les musulmans en général, et insultant pour ceux d’entre eux qui préfèrent Marianne aux barbus ! Naguère une partie de l’église catholique avait soutenu les révolutions sud-américaines ; aujourd’hui les gauchistes font la courte échelle aux musulmans radicaux : une théologie de la libération version 21ème siècle.

Or, ces idiots utiles sont tombés dans le piège tendu par ces fanatiques en apportant leurs voix et leur légitimité à des individus qui rejettent l’égalité homme-femme ; qui ne sont pas Charlie ; qui condamnent l’homosexualité ; qui professent des discours antisémites ; qui stigmatisent le passé de la France et dont la plupart n’ont jamais défilé contre les attentats qui ont endeuillé la France sous le prétexte fallacieux que ces rassemblements stigmatisaient la communauté musulmane !

Le Crif : Quelle est cette « trahison » du rêve européen que vous évoquez ?

Les valeurs européennes qui ont fondé notre vivre-ensemble et plus particulièrement en France notre devise « Liberté-Égalité-Fraternité » à laquelle il est urgent d’associer la Laïcité subissent des coups de butoir quotidiennement. Et depuis quelques années ces intimidations ont franchi un cap puisque les radicaux islamistes assassinent celles et ceux qui ne font que leur travail de pédagogie. Il

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est urgent de se réveiller car en laissant le champ libre à ces islamogauchistes, on prend le risque de voir la France et l’Europe devenir le terrain de jeu entre l’extrême-droite et les islamistes.

Le Crif : On reproche souvent aux personnalités publiques d’extrême gauche de ne pas condamner l’antisémitisme. Comment expliquez-vous ce silence ?

Leur silence coupable est devenu plus problématique dès qu’aux alentours des années deux mille la gauche radicale est devenue plus visible sur le plan politique. Or ce flirt entre une partie de la gauche et l’antisémitisme ne date pas d’hier. Il a été observé et repéré dès la fin du XIXe siècle et la première moitié du XXe siècle. Dès les années cinquante, il s’est trouvé des militants anarchistes ou de l’extrême gauche communiste pour prêter une oreille attentive aux thèses négationnistes et même accueillir certains des « assassins de la mémoire » dans leurs rangs.

C’est à partir des écrits niant l’existence des chambres à gaz et émanant d’un ancien socialiste devenu membre de la Fédération anarchiste, Paul Rassinier, que le négationnisme prend son élan et infiltre les milieux d’extrême gauche.

Depuis les années deux mille, la gauche radicale n’arrive plus à endiguer un antisémitisme militant dont l’antisionisme virulent est souvent le faux nez. Ainsi, les milieux d’extrême gauche critiquent Israël avec les Palestiniens, et très peu l’Arabie saoudite qui bombarde les Yéménites tous les jours. Ou encore : l’antisémitisme contre les Rothschild part de l’extrême-gauche, comme jadis de Proudhon et d’autres... Proudhon était antisémite, il avait des phrases très dures, qui aujourd'hui résonnent durement. Il dit "Il faut les brûler"…. On est en 1840 et c’est une idole de l’extrême gauche.

L'antisémitisme de gauche se représente les juifs comme une force capitaliste. Et le pendant serait le pauvre prolétariat musulman. Encore une fois, cette gauche ne va pas gagner des voix mais a, depuis longtemps, perdu son âme !

En hommage à Samuel Paty et à toutes les victimes du terrorisme islamiste, le documentaire est désormais disponible.

*****journal_causeur *auteur_fregosi *date_fev21

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Les fronts de l’islamo-gauchisme

Les dérives dénoncées par Frédérique Vidal ne sont qu’un élément d’une stratégie plus globale

parRenée Fregosi - 19 février 2021

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La ministre Frédérique Vidal a eu le courage de parler de l'islamo-gauchisme qui gangrène l'université française. Elle est depuis la cible des attaques de la gauche radicale et d'une partie de la presse française © MAXIME BIHOREAU/SIPA Numéro de reportage : 00944089_000018

«Moi je pense que l’islamo-gauchisme gangrène la société dans son ensemble, et que l’université n’est pas imperméable, l’université faisant partie de la société», a déclaré Frédérique Vidal sur CNews. En effet, les dérives militantes dénoncées par la ministre dans l’enseignement ou la recherche ne sont qu’un élément d’une stratégie plus globale inquiétante pour le modèle français. L’analyse de Renée Fregosi.

La ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche manifestait il y a peu sa prise de conscience d’un phénomène inquiétant. « L’islamo-gauchisme gangrène la société dans son ensemble et l’université n’est pas imperméable » disait-elle dans une interview télévisée. Depuis, la polémique enfle et la confusion s’accroît.

La situation est complexe en effet et l’intervention de Madame Vidal, même si elle est bienvenue, ajoute un peu de difficulté à sa bonne compréhension.

Il s’agit d’abord de bien définir l’islamo-gauchisme dont certains de ses tenants dénient l’existence même. Ensuite, il convient de resituer ce phénomène politique dans son contexte idéologique plus vaste, où s’articulent divers discours et mouvements jouant sur différents registres convergents. Par ailleurs, il faut souligner le fait que l’Université et la Recherche ne constituent qu’un des champs d’action de ces groupes militants. Enfin, signalons que le niveau de pénétration de toutes ces idéologies dans le monde universitaire varie selon les disciplines et les établissements.

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Une réalité

Le terme islamo-gauchisme est un néologisme formé à partir de deux mots : l’« islamisme » qui désigne une idéologie appartenant à plusieurs mouvements politico-religieux visant par des moyens divers (pacifiques et violents) à imposer un modèle de société de type totalitaire reposant sur une conception intégriste de l’islam ; et le « gauchisme » qui, défini à l’origine par Lénine comme « la maladie infantile du communisme », désigne depuis différentes formes de dérives idéologiques de gauche minoritaires (avant-gardistes, spontanéistes, populistes…).

Quelle que soit donc l’origine du mot, l’islamo-gauchisme est bien une réalité politique. Il s’agit d’une certaine gauche qui fait sciemment ou involontairement le jeu des islamistes dans leur combat contre tout ce qui en Occident contribue à l’émancipation des individus et notamment des femmes : l’humanisme, la libre pensée, la libre disposition de son corps, la laïcité, la démocratie.

A lire aussi: Madjid Messaoudene: un drôle de militant contre « l’islamophobie »

Cette alliance islamo-gauchiste, objective ou stratégique, qui n’est pas une première dans l’histoire, est soutenue aujourd’hui par la montée en puissance d’un courant idéologique polymorphe que l’on peut globalement désigner comme la « cancel culture » venue d’Amérique du Nord. Dans cette stratégie « du bâillon » visant à réduire au silence, l’ennemi est incarné par les blancs (sans majuscule) et plus précisément les mâles blancs, les occidentaux colonialistes, les chrétiens, les Juifs, les athées, les hétérosexuels dominants, les esclavagistes, les réactionnaires, les impérialistes…

Selon les groupes divers qu’on peut classer dans le mouvement islamo-gauchiste, la tactique commune consiste à inverser la charge de la preuve en se victimisant pour agresser les ennemis désignés, la violence verbale versant à l’occasion dans la violence physique pouvant atteindre le stade du lynchage et même de l’attentat terroriste (pour les islamistes).

Une stratégie très complète

La stratégie quant à elle s’organise sur trois fronts. D’une part, l’entrisme consiste à infiltrer les organisations de la société civile (syndicats, associations loi 1901, ONG et partis politiques) et les institutions (administrations, haute fonction publique, universités, magistrature voire forces armées), par une présence plus ou moins massive et surtout par la prise en main de postes de direction et de pouvoirs. D’autre part, l’hégémonie culturelle vise à gagner une influence dominante dans tous les domaines des arts et de la culture, de l’enseignement et de la communication. Enfin, la domination des esprits et des corps procède par la culpabilisation, l’intimidation, la pression, la menace et va jusqu’à la confrontation violente.

Vikash Dhorasoo et une vingtaine de militants antiracistes recouvrent d'un voile noir la statue du maréchal galliéni, héros de la Première Guerre mondiale et administrateur colonial français, Paris, 18 juin 2020. © J. Radcliffe/Getty Images/AFP

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Vikash Dhorasoo et une vingtaine de militants antiracistes recouvrent d’un voile noir la statue du maréchal galliéni, héros de la Première Guerre mondiale et administrateur colonial français, Paris, 18 juin 2020.

© J. Radcliffe/Getty Images/AFP

On a vu ainsi se multiplier les réclamations et les actions contre des pratiques occidentales comme notamment la mixité des sexes dans les espaces publics, la liberté d’expression orale et écrite, la non-discrimination selon des critères racialistes ou religieux. On assiste de plus en plus à la remise en cause verbale ou violente de faits historiques (l’esclavage séculaire d’Africains, de Slaves et d’Européens par les empires arabes et ottoman), de statues (Colbert, Schœlcher) et de commémorations (Napoléon). Les réécritures et réinterprétations d’œuvres classiques comme l’opéra Carmen ou le ballet du Lac des cygnes sont à l’ordre du jour, ainsi que l’empêchement physique de représentations comme les Suppliantes d’Eschyle, mais aussi la réécriture d’ouvrages de littérature pour enfants comme Le club des cinq ou Martine.

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Le règne du politiquement correct devient vraiment problématique

C’est dans ce contexte qu’il convient donc de replacer les dérives militantes au sein des universités et des organismes de la recherche scientifique. Le milieu universitaire et de la recherche se trouve en effet trop souvent soumis à la domination de clans, et son niveau scientifique affaibli par les règlements de compte où se croisent combats idéologiques et rivalités de personnes. Ignorant la distinction subtile entre « le savant et le politique » que faisait Max Weber dont les disciples de Pierre Bourdieu se revendiquent pourtant, nombre d’entre ceux-ci ont désormais pris le pouvoir dans plusieurs disciplines de sciences sociales (sociologie, anthropologie, science politique) et sont devenus également très puissants en histoire et dans les sciences humaines et artistiques. Ils y font régner le politiquement correct anti-occidental et la novlangue intersectionnelle, et cooptent enseignants et chercheurs selon des critères tout autant sinon davantage idéologiques que scientifiques.

Car ces groupes idéologisés dominent désormais la plupart des instances décisives: de nombreuses commissions du CNU (Conseil National des Universités) et la CPU (Conférences des Présidents d’Universités), ou encore la direction du CNRS et plusieurs de ses commissions, et jusqu’au HCERES (Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur) qui pour être « indépendant » n’en est pas moins concerné lui aussi. Certes les sciences dites « dures » sont pour l’instant moins touchées par ce phénomène (même si en médecine et santé publique notamment, le complexe de l’homme blanc se fait de plus en plus sentir, traquant volontiers la dimension « coloniale » dans le secteur des maladies infectieuses émergentes, par ex « médecine tropicale »). C’est donc sans doute parce qu’elle vient du champ de la biochimie que la ministre Frédérique Vidal connaît mal le phénomène qu’elle dénonce maladroitement depuis peu. Au demeurant, ces dérives militantes au sein des milieux universitaires et culturels, et ces idéologies différencialistes, racialistes,

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néo-féministes victimaires, séparatistes et islamo-gauchistes constituent un véritable problème politique à traiter comme tel.

Il en va du niveau scientifique de notre enseignement et de notre recherche, ainsi que de notre avenir commun dans une république universaliste.

*****journal_figarovox *auteur_rouart *date_fev21

Universités: «Les discours racialistes et identitaires deviennent institutionnels»

FIGAROVOX/ENTRETIEN - Suite à la demande de la ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, d’enquêter sur «l’islamo-gauchisme» dans les universités, le CNRS a dénoncé un propos «sans réalité scientifique». Pour Isabelle Barbéris, maître de conférences en arts de la scène, cette position est révélatrice de la complaisance de certains chercheurs envers les idéologies de «race» et de «genre» qui se répandent dans le milieu universitaire.

Par Victor Rouart

Publié le 18/02/2021 à 16:22, mis à jour le 18/02/2021 à 17:12

«L’institution cède trop souvent face aux diffamations et aux menaces.» selon Isabelle Barbéris. PHILIPPE LOPEZ/AFP

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FIGAROVOX.-Une polémique a éclaté suite aux propos de la ministre de l’enseignement supérieur à propos de la présence de «l’islamo-gauchisme» au sein de l’université. Le CNRS dit que ce n’est pas un terme scientifique. Partagez-vous ce point de vue? Est-il devenu un organe idéologique?

Isabelle Barbéris est maître de conférences (HDR) en arts de la scène et chercheur délégué au CNRS. Elle a notamment publié L’Art du politiquement correct (PUF, 2019).

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Isabelle BARBÉRIS.-«Islamo-gauchisme» est un terme qui désigne un faisceau de faits. Hourya Bouteldja, le CCIF reçoivent de très réguliers soutiens de la part d’universitaires et de chercheurs: comment l’ignorer et surtout, comment nommer cela autrement? Se demande-t-on ensuite si «totalitarisme», «fascisme», «obscurantisme» sont des «termes scientifiques»?

Outre la mauvaise foi, ce communiqué dévoie les critères scientifiques. Il voudrait invalider le terme «islamo-gauchisme» tout en décrétant que le décolonialisme, l’intersectionnalité et le racialisme seraient quant à eux très «scientifiques»!

Ce faisant, les auteurs de ce communiqué, dont on peut douter qu’il ait fait l’objet d’une consultation collégiale (le COMETS, comité d’éthique du CNRS, a-t-il été consulté?), donnent raison à la Ministre, et aux chercheurs inquiets pour les libertés académiques, précisément menacées par ces tendances qui, en France encore plus qu’ailleurs, sont les idiots utiles de l’islamisme.

La direction du CNRS fait ici preuve de complaisance à l’égard des politiques identitaires qui mettent en danger la démocratie, la culture et la recherche.

La direction du CNRS fait ici preuve de complaisance à l’égard des politiques identitaires qui mettent en danger la démocratie, la culture, la recherche-ce dont on ne pourra s’étonner quand on connaît les positions d’Antoine Petit, nommé par un Président de la République qui parle de «privilège blanc» et qui vient de confier une mission «décoloniale» à Pascal Blanchard.

Tout cela fait partie d’une politique globale, un multiculturalisme et un racialisme institutionnalisés qui sont les alliés des politiques ultralibérales. Ils procèdent par mise en concurrence exacerbée des identités et des personnes, là où la mise à la découpe se fait sur le terrain économique et financier.

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Les personnalités de gauche qui ont salué ce communiqué trahissent leurs valeurs fondamentales et montrent une fois de plus que le décolonialisme et la globalisation sauvage sont solidaires.

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La Loi de programmation pour la recherche participe de cette tendance, car elle affaiblit les instances consultatives paritaires au sein de l’Université, en affaiblissant l’HCERES et le CNU, qui sont pourtant les instances légitimes d’évaluation de la recherche. Leur contournement, en confiant cette enquête au CNRS dont ce n’est pas la mission, est de ce point de vue éloquent, ainsi que l’évitement de la solution démocratique de l’enquête parlementaire.

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La Ministre Frédérique Vidal, dont le projet d’enquête me semble devoir être soutenu, mais repensé, est dans une situation délicate car elle me semble prise entre plusieurs feux.

Pour autant, je ne pense pas que l’entrée par l’islamo-gauchisme soit la plus appropriée. L’entrée en matière est maladroite car, même si l’islamisme n’est jamais très loin, le problème est autrement plus large: il vient de l’emprise croissante des approches identitaires «genre» et «race» dans la recherche subventionnée, et des phénomènes tant d’endoctrinement que d’opportunisme critique que cela suscite, en mélangeant recherche et militantisme, dans un secteur-les sciences humaines-appauvri, vulnérable, qualitativement dégradé et par conséquent plus perméable au carriérisme, au cynisme, aux modes, aux effets d’entraînement…

Avez-vous, en tant que professeur, constatez ce phénomène à l’université?

Les colloques «indigénistes», sans contradictoire, mettant à l’honneur des militants, sont réguliers et très financés ; que penser d’une journée d’étude coordonnée par le CNRS et l’EHESS intitulée «La condition blanche. Réflexion sur une majorité française», et organisée avec le soutien du projet «Global Race» financé par l’Agence Nationale de la Recherche?

J’ai organisé à l’université Paris Diderot une lecture du texte de Charb, « Lettre aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes » qui a dû se faire sous protection policière.

Les exemples sont quotidiens, donc trop nombreux: création de chaires, d’instituts «genre» et «race» ; les sujets de thèse militants et sans distance à soi font florès. Je peux citer mon cas spécifique, bien que nous soyions fort nombreux à être ciblés. Les pressions sont constantes. Un collègue «intersectionnel», soutien de Décoloniser les arts (association proche du Parti des Indigènes de la République), est venu interrompre violemment une intervention dans un colloque, accompagné de «sbires» pour m’invectiver.

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Pour avoir critiqué le racialisme dans la culture et ses relais académiques, j’ai subi une cabale, des menaces de mort, des appels, souvent anonymes à mes collègues, mes employeurs, mes étudiants, mes contacts professionnels, exigeant ma destitution. J’ai choisi de démissionner d’un collège d’experts à la DRAC Ile-de-France suite à ces pressions, car la DRAC, qui ne pouvait m’opposer aucune faute professionnelle, me demandait de ne plus siéger, le temps que les pressions se calment-bref, une mise au placard en bonne et due forme!

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L’institution cède trop souvent face aux diffamations et aux menaces. Et quand ce n’est pas le cas, cela reste compliqué: j’ai organisé à l’université Paris Diderot une lecture du texte de Charb, «Lettre aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes», qui a dû se faire sous protection policière.

Ce phénomène est-il en progression dans les universités? Est-ce inquiétant?

Oui, car le racialisme, la religion multiculturaliste et les politiques identitaires s’institutionnalisent: cela passe par des nominations à la tête d’établissements nationaux, dans la culture, à l’université. Par des choix très ciblés de confier des audits publics à des représentants de cette idéologie, et toujours sans démarche pluraliste.

Les chercheurs universalistes sont exclus au nom d’une fausse diversité qui est en fait le relais d’une idéologie excluante, le contraire d’une diversité des idées.

Il y a peu, le racialisme était porté par des associations, des syndicats et des lobbys exerçant des pressions sur les responsables publics et les chercheurs. Mais désormais, c’est institutionnel. En accordant un crédit scientifique outré à ces approches, tout en réfutant leur critique, le communiqué du CNRS, qui ne reflète sans doute pas la position de la majorité de ses chercheurs, n’en est qu’une preuve supplémentaire.

Quelles sont les solutions pour lutter contre ce phénomène dans le cadre de l’université?

Dans la recherche comme dans les politiques publiques, cela passe par le rétablissement du contradictoire: les chercheurs universalistes sont exclus au nom d’une fausse diversité qui est en fait le relais d’une idéologie excluante, le contraire d’une diversité des idées.

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La recherche est actuellement trop fléchée sur les questions de «genre» et de «race», ce qui engendre des effets d’opportunisme délétères, notamment chez les jeunes chercheurs. Cela se joue en grande partie au niveau supranational, mais l’Agence Nationale de la Recherche pourrait contribuer à un rééquilibrage académique.

Des enquêtes parlementaires sur les identitarismes dans la culture, l’enseignement et la recherche constituent quant à eux une voie démocratique à prendre en considération. Il faudrait enfin reprendre en main la notion de «diversité», totalement dévoyée par un identitarisme antihumaniste, et mettre en œuvre une vraie réflexion critique, historique, pluraliste, rationnelle et généreuse, sur cet enjeu pour lui apporter des réponses qui n’atomisent pas la société, ce que souhaite la loi du marché. Que la recherche publique est justement censée contrebalancer et réguler.

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Jacques Julliard : « Qu'est-ce que l'islamo-gauchisme ? »

FIGAROVOX/ARCHIVES - La gauche se divise sur le Burkini. L'historien Jacques Julliard dans ses carnets du Figaro avait livré une puissante réflexion sur l'islam et la gauche. Elle peut être éclairante dans le débat actuel.

Par Jacques Julliard

Publié le 26/08/2016 à 19:44

Crédits Photo: François BOUCHON/LE FIGARO

Historien des gauches, éditorialiste à Marianne, Jacques Julliard est l'une des grandes figures de la vie intellectuelle en France.

Il y a un problème de l'islamo-gauchisme. Pourquoi et comment une poignée d'intellectuels d'extrême gauche, peu nombreux mais très influents dans les médias et dans la mouvance des droits de l'homme, ont-ils imposé une véritable sanctuarisation de l'islam dans l'espace politique français? Oui, pourquoi ces intellectuels, pour la plupart agnostiques et libertaires, se sont-ils brusquement pris de passion pour la religion la plus fermée, la plus identitaire, et, dans sa version islamiste, la plus guerrière et la plus violente à la surface du globe? Pourquoi cette étrange intimidation, parée des plumes de la morale? Pourquoi ne peut-on plus parler de l'islam qu'en présence de son avocat?

Le résultat est stupéfiant, aberrant. On vient en effet d'assister, en l'espace de deux ou trois ans, à la plus incroyable inversion de presque tous les signes distinctifs de la gauche, ceux dans lesquels traditionnellement elle se reconnaît et on la reconnaît.

Longtemps, la laïcité fut pour la gauche le marqueur par excellence pour s'opposer à la droite.

Au premier rang d'entre eux, la laïcité. Longtemps, elle fut pour elle le marqueur par excellence pour s'opposer à la droite.

Or voici que brusquement, elle est devenue suspecte à une partie de l'extrême gauche intellectuelle, qui a repris sans vergogne à son compte les errances de Nicolas Sarkozy sur la prétendue «laïcité ouverte». Car la laïcité de papa, dès lors qu'elle s'applique à l'islam, et non plus au seul catholicisme,

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apparaît soudain intolérante, voire réactionnaire. Pis que cela, elle charrierait avec elle de vagues relents de revanche catholique! Depuis que l'Église s'y est ralliée, elle serait devenue infréquentable!

Or la République à son tour est devenue suspecte. N'a-t-elle pas une connotation presque identitaire, «souchienne» disent les plus exaltés, pour ne pas dire raciste? N'est-elle pas le dernier rempart de l'universalisme occidental contre l'affirmation bruyante de toutes les minorités? N'est-elle pas fondée sur ce qui rapproche les hommes plutôt que sur ce qui les distingue? Un crime majeur aux yeux des communautaristes.

la République à son tour est devenue suspecte.

Il ne reste plus qu'à faire entrer le dernier suspect: c'est le peuple lui-même! N'est-ce pas Frédéric Lordon, un des porte-parole des Nuits debout (2 000 participants) qui attribue à son mouvement le mérite d'avoir «lavé» la place de la République de ses passions tristes, la commémoration officielle, la panique (un million de personnes)? Tout est dit, tout est enfin avoué.La récusation du peuple par les bobos, qu'ils soient modérés, façon Terra Nova, ou extrémistes, façon islamo-gauchiste, est un fait politique de grande importance, propre à transformer, selon le mot lumineux de Léon Blum, un parti de classe en parti de déclassés.

Il y a quelque chose d'insolite dans le néocléricalisme musulman qui s'est emparé d'une frange de l'intelligentsia. Parce que l'islam est le parti des pauvres, comme ils le prétendent? Je ne crois pas un instant à ce changement de prolétariat. Du reste, allez donc voir en Arabie saoudite si l'islam est la religion des pauvres. Je constate plutôt que l'islamo-gauchisme est né du jour où l'islamisme est devenu le vecteur du terrorisme aveugle et de l'égorgement.

Il ne reste plus qu'à faire entrer le dernier suspect : c'est le peuple lui-même !

Pourquoi cette conversion? Parce que l'intelligentsia est devenue, depuis le début du XXe siècle, le vrai parti de la violence. Si elle préfère la Révolution à la réforme, ce n'est pas en dépit mais à cause de la violence. Sartre déplorait que la Révolution française n'ait pas assez guillotiné. Et si je devais établir la liste des intellectuels français qui ont adhéré au XXe siècle, les uns à la violence fasciste, les autres à la violence communiste, cette page n'y suffirait pas. Je préfère citer les noms des quelques-uns qui ont toujours témoigné pour la démocratie et sauvé l'honneur de la profession: Camus, Mauriac, Aron. Il doit y en avoir quelques autres. Je laisse le soin aux psychologues et aux psychanalystes de rechercher, dans je ne sais quel réflexe de compensation, une explication de cette attirance des hommes de plume et de parole pour le sang, en un mot de leur préférence pour la violence.

L'autre explication, je l'ai déjà suggéré, c'est ce qu'il faut bien appeler la haine du christianisme. Il est singulier de voir ces âmes sensibles s'angoisser des progrès de la prétendue «islamophobie», qui n'a jamais fait un mort, hormis les guerres que se font les musulmans entre eux, quand les persécutions dont sont victimes par milliers les chrétiens à travers le monde ne leur arrachent pas un soupir.

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Singulier que le geste prophétique du pape François, ramenant symboliquement de Lesbos trois familles de migrants musulmans, ne leur ait pas tiré un seul applaudissement. Ils ont abandonné la laïcité, mais ils ont conservé l'anticléricalisme. Pis, l'antichristianisme.

Quant à moi, qui continue de croire plus que jamais à la République, au peuple, à la laïcité, au Sermon sur la montagne, je ne laisserai jamais dire que cette gauche-là représente la gauche

*****journal_revue2mondes *auteur_toranian *date_sep18

Les racines de l’islamo-gauchisme

L'édito de Valérie Toranian, à retrouver dans le nouveau numéro de la Revue des Deux Mondes.

Par

Valérie Toranian

SEP 27, 2018 8 COMMENTAIRES

D’où vient l’islamo-gauchisme ? Quelles sont ses racines historiques ? Pourquoi ce courant politique si marginal, incarné par une gauche radicale très peu représentative, influence-t-il autant la vie culturelle et universitaire, la société et les médias ? Comment s’est opérée cette dérive de la gauche qui aboutira à une véritable fracture idéologique au sein du camp progressiste ?

« Depuis leur origine, les groupes révolutionnaires ont pour objectif principal de se fondre dans les masses pour mieux les orienter. Si celles-ci deviennent islamistes […], les marxistes doivent leur apporter un “soutien critique”. Tel est, dès 1920, l’enjeu du Congrès des peuples d’Orient, qui se tient à Bakou sous l’égide de l’Internationale communiste », rappelle le journaliste Christophe Bourseiller.

Le lien historique entre certaines idéologies de gauche et l’islamisme est indéniable, reconnaît le sociologue et philosophe Raphaël Liogier. Il s’est construit « dès le XIXe siècle, en partie à travers la critique de l’Occident moderne », et est devenu le « champion de la lutte contre le capitalisme destructeur, porteur des revendications des damnés de la Terre ».

« L’oumma, la communauté des musulmans, se substitue peu à peu à l’Internationale prolétarienne. Sentant la classe ouvrière lui échapper à partir des années quatre-vingt, même la CGT se mettra religieusement au pas. »

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D’où la séduction qu’ont continuellement exercée sur cette gauche les Frères musulmans, supposés incarner l’islamisme le plus « social ». Voilà pourquoi Tariq Ramadan, petit-fils du fondateur de la confrérie, jouira d’un prestige certain et constituera dans les années deux mille la principale passerelle entre les trotskistes français et les Frères musulmans, écrit Christophe Bourseiller.

L’oumma, la communauté des musulmans, se substitue peu à peu à l’Internationale prolétarienne. Sentant la classe ouvrière lui échapper à partir des années quatre-vingt, même la CGT se mettra religieusement au pas. « Il est presque amusant, écrit le philosophe Denis Maillard, de voir des permanents de la CGT – sans doute de solides matérialistes athées – négocier pied à pied pour que, expliquent-ils au micro sur le parking de l’usine d’Aulnay, “les camarades maghrébins puissent comme tout le monde pratiquer leur religion”. » Au-delà de l’anecdote, remarque-t-il l’ « irruption du fait religieux au sein même du syndicalisme est le symptôme de l’affaiblissement (voire de l’effondrement) des institutions de la social-démocratie ».

» “Islamo-gauchisme” est un mot fourre-tout qui ne veut rien dire et sert juste à disqualifier l’adversaire dans le débat d’idées, accusent ceux à gauche qui se revendiquent d’un combat contre l’islamophobie. »

Comment définir l’islamo-gauchisme ? Pour l’universitaire fondateur du Printemps républicain Laurent Bouvet, ce mouvement « combine un radicalisme politique très marqué, notamment dans la revendication d’un certain degré de violence contre l’État et les forces de l’ordre », une « tradition anticapitaliste avec une complaisance sinon une connivence avec la cause islamiste ». La laïcité, poursuit-il, « y fait figure d’épouvantail, au même titre que la République, l’État, la Nation… Elle est rejetée […] comme un outil aux mains des dominants occidentaux, “blancs”, chrétiens (et juifs) contre ceux qui apparaissent […] comme la figure idéale des dominés : les musulmans ».

« Islamo-gauchisme » est un mot fourre-tout qui ne veut rien dire et sert juste à disqualifier l’adversaire dans le débat d’idées, accusent ceux à gauche qui se revendiquent d’un combat contre l’islamophobie. « L’islam n’est plus seulement dénigré, objet de condescendance, assimilé à la religion du colonisé. Il est devenu l’objet de l’angoisse d’être colonisé par ceux que “nous avions jadis colonisés, autrement dit les Arabes et les Africains », explique Raphaël Liogier.

Dénoncer le racisme, une évidence pour cette gauche radicale. Mais l’antisémitisme ? « Depuis les années deux mille, la gauche radicale n’arrive plus à endiguer un antisémitisme militant dont l’antisionisme virulent est souvent le faux nez », constate Didier Leschi, directeur de l’Office français de l’immigration et de l’intégration. Pour preuve, « l’incapacité des organisations d’extrême gauche à écarter de leurs manifestations de soutien à la cause palestinienne des slogans judéophobes et des courants clairement antisémites se réclamant de l’islam ».

« L’islamo-gauchisme, précise l’historien Jacques Julliard, c’est le refus et la haine de l’identité française. »

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L’incapacité également à voir surgir un antisémitisme meurtrier d’origine arabo-musulmane. Et l’incapacité à prendre ses distances avec Houria Bouteldja, porte parole du Parti des indigènes de la République, lorsque les indigénistes « associent “juif ” et “péril homosexuel”, fustigent un “impérialisme gay” qui viserait à imposer au tiers-monde une occidentalisation des sociétés et une dévirilisation des hommes indigènes. […] Ce type de prose, si elle n’était pas produite par une femme issue de l’immigration, serait immédiatement disqualifié », remarque Didier Leschi.

Mais Houria Bouteldja, bien au contraire, a droit dans les colonnes du Monde à une tribune de soutien signée par des intellectuels radicaux, rappelle Jean-Claude Michéa. Cela en dit « très long, poursuit le philosophe, sur l’état de décomposition morale et intellectuelle, et de panique idéologique, de cette fraction de l’extrême gauche qui n’a visiblement plus d’autre ambition intellectuelle, aujourd’hui, que de prouver par tous les moyens son appartenance à la partie récupérable de la “race” blanche ».

L’islamo-gauchisme, précise l’historien Jacques Julliard dans le grand entretien où il analyse les origines du mouvement, c’est le refus et la haine de l’identité française : « tout se passe comme si seuls les dominés, les anciens colonisés, avaient droit à une identité, mais non la France, parce qu’elle est coupable. Il s’agit là d’un néo-vichysme. En effet Pétain n’a cessé de culpabiliser les Français […]. La France a commis des crimes, je les ai toujours combattus, mais passer son temps à demander aux Français de faire pénitence, c’est du pétainisme, ce n’est pas la République. »

« Pour Alain Minc, Plenel se veut l’héritier de Charles Péguy, le redresseur de torts, et de Frantz Fanon, le défenseur des damnés de la Terre. »

Le journaliste Edwy Plenel est une des figures les plus médiatiques du courant islamo-gauchiste. Il explique à la télévision après le massacre de Charlie Hebdo en janvier 2015 que « la haine ne peut pas avoir l’excuse de l’humour ». Façon de suggérer que les dessinateurs l’avaient bien cherché…? Son site, Mediapart, relaiera immédiatement après les attentats une campagne non pas contre l’islamisme mais contre l’islamophobie et l’état d’urgence.

Pour Alain Minc, qui a bien connu le journaliste longtemps trotskiste à l’époque où il dirigeait la rédaction du Monde, Plenel, « mi-flic mi-prophète », se veut l’héritier de Charles Péguy, le redresseur de torts, et de Frantz Fanon, le défenseur des damnés de la Terre.

« Plenel est un réaliste, au sens philosophique médiéval du terme, autrement dit quelqu’un qui croit à la réalité des idées plus qu’à la vérité des multiplicités. Il ne croit pas ce qu’il voit, mais il voit ce qu’il croit », écrit le philosophe Michel Onfray dans son décryptage au scalpel du »plénélisme ». Racisme, islamophobie, xénophobie : trois mots sous la plume du journaliste vedette de Mediapart pour fustiger en permanence l’interlocuteur. Mais, poursuit l’auteur de Cosmos et de Décadence, « si dire qu’on trouve dans le Coran des versets homophobes, misogynes, phallocrates, bellicistes,

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antisémites, et ils s’y trouvent vraiment, et que leur usage politique fait peur à quiconque défend les valeurs de la République, à savoir liberté, égalité, fraternité, laïcité, féminisme, parce qu’il estime ces valeurs en danger, si dire tout cela, c’est être coupable de haine à l’endroit de tous les musulmans de la planète, alors effectivement plus aucun dialogue n’est possible ».

*****journal_figaro *auteur_anonyme *date_fev21

«Islamo-gauchisme» : Valls répond sèchement à Faure, qui «ne sait pas ce que veut dire» ce terme

Soucieux de tenir une ligne ferme face à l'islamisme, l'ex-premier ministre a désavoué jeudi Olivier Faure, le numéro un de son ancien parti, qui réfute une expression «inventée par l'extrême droite».

Par Le Figaro

Publié le 18/02/2021 à 14:16, mis à jour le 18/02/2021 à 14:39

Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, et l'ex-premier ministre, Manuel Valls.

Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, et l'ex-premier ministre, Manuel Valls. Photos AFP/Montage Le Figaro

Depuis son arrivée à la tête du Parti socialiste (PS), en 2018, Olivier Faure tente de tenir la ligne de crête : rester ferme face à l'islamisme, tout en conservant une expression modérée. Au point d'indigner, jeudi, l'ancien premier ministre socialiste Manuel Valls, agacé de voir le patron du PS réfuter le terme «islamo-gauchisme» - expression controversée qui établit une convergence entre islamistes et extrême gauche. Un bras de fer qui intervient quelques jours après que la ministre de l'Enseignement supérieur a provoqué un tollé, en demandant au CNRS une enquête à ce sujet dans les universités, pour distinguer ce qui relève de la recherche académique et ce qui relève du militantisme.

À LIRE AUSSI :Islamo-gauchisme: ces universitaires furieux contre Frédérique Vidal

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Condamnant une «accusation extrêmement grave» de Frédérique Vidal, Olivier Faure a dénoncé mercredi, sur CNews, «un terme inventé par l'extrême droite». «Je ne sais pas ce que veut dire “islamo-gauchisme” (...), qui laisse penser qu'il y a une partie du monde académique qui pourrait avoir un lien avec l'islamisme radical», a indiqué le premier secrétaire du PS, en écho aux

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«représentations caricaturales» et «arguties de café du commerce» de la ministre dénoncées mardi par la Conférence des présidents d'université.

Gauches «irréconciliables»

En forme de mise au point, la réplique de Manuel Valls s'est révélée sèche. «C'est pourtant assez simple», a écrit l'ex-premier ministre jeudi sur Twitter. L'«islamo-gauchisme», «c'est l'alliance directe ou indirecte entre une partie de la gauche (politique, syndicale, médiatique, intellectuelle...) et l'islam politique ou l'islamisme».

À LIRE AUSSI :Comment l'islamo-gauchisme gangrène les universités

Longtemps chantre d'une gauche sécuritaire, avant de se rapprocher de la majorité de La République en marche (LREM) puis de s'engager dans la vie politique en Catalogne (Espagne), l'ex-socialiste avait fait partie des premiers responsables politiques à employer cette expression, en 2016. L'ancien premier ministre avait à l'époque accusé une partie de la gauche radicale d'entretenir des liens avec l'islamologue controversé Tariq Ramadan.

Le théoricien des deux gauches «irréconciliables» - une gauche «républicaine» qu'il oppose à une gauche «communautariste», accusée de tourner le dos à la laïcité - en a depuis fait l'un de ses angles d'attaque favoris face à La France insoumise (LFI). Mais il avait jusqu'à présent épargné de leçons publiques les dirigeants de son ancienne formation politique.

*****journal_perditionsideologiques *auteur_grinshpun *date_nov20

Islamo-gauchisme: Université, idéologie, médias

novembre 29, 2020

Yana Grinshpun

par Yana Grinshpun

Réponse aux contre-tribunes. Université, idéologie, médias

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Il n’est pas étonnant qu’un grand nombre d’intellectuels connus par pour leur antisionisme virulent, leur légitimation indirecte de la violence terroriste, leur déresponsabilisation des meurtres commis au nom d’une religion « opprimée », crient à l’outrage à la publication du Manifeste des 100. Certains n’ont pas hésité à nous comparer avec des antisémites, ce qui est assez cocasse vu l’implication active de certains parmi eux au mouvement BDS. D’autres considèrent que les signataires du manifeste sont les délateurs anonymes en nous comparant à ceux qui écrivaient à la gestapo[1] ou, par le réflexe pavlovien bien connu à l’Université, nous désignent comme l’émanation directe de l’extrême de l’extrême droite.

L’avalanche de ces publications est un signe de panique. Nous avons protesté contre l’envahissement des chaires universitaires par la censure et par la domination d’une idéologie séparatiste, fondée sur la victimisation de groupes sociaux, l’assignation identitaire à la couleur de la peau et au sexe, fussent-ils « socialement construits » ; les appels à« dé-blanchir et démasculiniser »[2] la science. La violence des contre-tribunes témoigne du refus de voir ou d’admettre ce qu’est devenue l’Université.

Pourtant, un grand corpus d’articles de revues scientifiques, de colloques, de journées d’études, de thèses soutenues au sein des Universités Françaises, des cours proposés au sein de toutes les disciplines, aisément consultables en ligne, témoignent de la présence massive de l’idéologie dans les facs. De même, les invitations de militants du PIR, la propagande insidieuse de salafistes reconnus se fait de manière décomplexée à Sciences PO Paris[3]. Il suffit de se balader dans les couloirs de n’importe quelle université pour être ébloui par les appels à la non-mixité, à l’exclusion des hommes blancs cis dominant. Cette idéologie dite « décoloniale », poussée à l’extrême, produit une pensée préfabriquée. Le sens des mots est dénaturé, la démagogie la plus criarde se trouve parmi les plus « progressistes ».

Islamo-gauchisme à l’Université

Plusieurs contre-tribunes s’interrogent sur le rapport de l’islamo-gauchisme avec les actes terroristes. Deux reproches se font entendre :

-L’islamo-gauchisme ne renvoie à rien de concret, c’est un fantasme de l’extrême droite.

-Quand bien même un tel phénomène existerait les terroristes qui commettent des meurtres n’auraient pas suivi les cours universitaires.

L’islamo-gauchisme désigne l’alliance entre des mouvances de gauche qui se disent antiracistes et des mouvements islamiques qui convergent dans leurs objectifs la désintégration de l’État-Nation et la culpabilisation de l’Occident. Les propos de la sociologue Nacira Guénif, enseignante-chercheuse à Paris VIII, mais aussi militante indigéniste, peuvent servir d’illustration de cette convergence[4]. Elle explique que les musulmans sont une minorité « opprimée », réprimée par le « racisme systémique »

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de l’État français et qu’ils doivent mener un combat contre les oppresseurs colonisateurs. Cet appel d’une universitaire médiatisée s’inspire de la rhétorique désireuse d’en finir avec la « domination » historique des « colons » du monde occidental. En témoignent de nombreux appels à « décoloniser » l’univers social dans lequel nous évoluons et qui serait trop héspérocentré. (centré sur l’Occident)

Quant à l’idéologie et son rapport avec des actes terroristes, on sait bien qu’aucun idéologue ne prend la hache pour couper les têtes. Le pire parmi les idéologues islamistes aujourd’hui, l’imam Youssef Al-Qaradâwî, figure centrale de la confrérie Frères Musulmans, n’a jamais tué personne par lui-même tout en soutenant les mouvements terroristes qui visent la destruction de l’Occident. Ce sont les discours qui produisent l’idéologie, qui légitiment les actes violents, qui proposent une vision révisionniste de l’histoire, culpabilisent l’Occident, dédouanent les meurtriers de leur responsabilité, en inversant les rôles. Ce sont les discours idéologiques qui font des victimes bourreaux et des bourreaux victimes. C’est cette idéologie victimaires qui prétend « libérer » les « racisés » des Blancs, les Femmes de la « domination » masculine, les immigrés de la population française colonisatrice qui serait, selon ces analystes, essentiellement à droite[5]. Tous les universitaires connaissent la domination de ces discours qui ont envahi les Sciences Humaines et Sociales qui se transforment sous nos yeux en chaires de victimisation et de repentance. La victimisation pratiquée par ces idéologies introduit dans les sciences sociales une cohorte de dichotomies simplistes : hommes oppresseurs /femmes opprimées, occidentaux oppresseurs / musulmans opprimés, colonisateurs arrogants / indigènes humiliés, Israéliens bourreaux / Palestiniens opprimés etc. L’attribution de ces rôles aux groupes désignés s’enseigne dans les départements de sociologie, histoire, littérature comparée.

Un certain nombre d’événements universitaires en témoignent :

l’appel à soutenir Tariq Ramadan, signé par les « éminentes personnalités universitaires », les mêmes qui nient toute existence d’alliance entre la pensée d’une certaine gauche avec les courants ouvertement anti-Occidentaux[6] ;

la défense discrète des Frères Musulmans par Judith Butler, l’inspiratrice des « gender studies »,

le soutien aux régimes sanguinaires, comme celui de Morsi, d’Abbas ou d’Erdogan par les professeurs des universités qui enseignent en Sciences Politiques ne sont que quelques exemples de la convergence de l’idéologie de gauche avec l’idéologie prônée, par certains régimes terroristes, antisémites et sanguinaires.

Le soutien tacite au mouvement antisémite BDS : L’invitation par le Collège de France, de l’historien Rachid Khaldi, connu pour son activisme antijuif et le soutien ouvert au BDS, pour une série de conférences « Les Etats-Unis et la Palestine », les invitations de la grande figure de la « pensée décoloniale », le philosophe, Achille Mbembé, par les universités françaises qui incitent les étudiants à suivre ses conférences sur les listes de diffusions[7], et par les médias comme France Culture. Ce philosophe est membre du mouvement BDS, instigateur du boycott des collègues israéliens, signataire d’une pétition en 2010[8] qui exige la rupture des liens de son Université d’origine avec l’Université Ben-Gourion. En 2018, Mbembe se vante d’avoir réussi de désinviter les collègues israéliens pour protester contre « l’occupation illégale » des « territoires occupées »[9].

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Inversion victimaire et légitimation de l’islamisme

Alain Badiou, le fondateur du Centre international d’étude de la philosophie française contemporaine, a joué un rôle fondamental dans l’enseignement et la défense de la violence mais aussi dans la négativité du signe juif dont il montre une longue obsession[10]. Pour lui, la violence des khmers rouges ou des terroristes palestiniens est justifiable. Il n’a pas hésité à caractériser Israël comme un état colonial, lieu commun des discours de l’extrême gauche qui convergent avec ceux des islamistes de tout bord. Or, le mot « colonial » venant du contexte européen et plaqué sur une réalité différente relève de la fraude historique. L’enseignement de cet épisode historique a pris des tournures particulières en France en cachant les violences commises contre les populations non-musulmanes par le FLN.

A. Badiou explique également que les meurtres du 13 novembre 2015 ne sont pas liés à la religion musulmane, malgré les revendications des meurtriers, mais que ce sont plutôt des inégalités sociales qui en sont coupables.[11] La question de la religion au nom de laquelle les meurtres sont commis n’est pas abordée. Or, tous ceux qui souffrent des inégalités sociales ne tuent pas. Sinon, les meurtres se compteraient par milliers tous les jours. D’autre part, l’explication par « les inégalités sociales » ne tient pas la route, car il est bien connu aujourd’hui que les familles des meurtriers-terroristes ne sont pas des plus misérables. Dans la même veine, le philosophe Jean-Luc Nancy explique que le camion lancé contre les enfants à Nice en 2016 donne une image insoutenable du… nihilisme[12]. Ni le mot « attentat », ni « islamiste » n’ont été prononcés, malgré le fait que l’attentat a été revendiqué par Daesh. On assiste à l’escamotage du coupable et l’invention d’un coupable abstrait, le nihilisme, conceptualisé par le philosophe qui va jusqu’à masquer l’agent du meurtre de son récit. A l’instar de Badiou, Nancy propose que nous, les Occidentaux, nous en prenions à nous-mêmes. En gros, nous sommes coupables d’être tués. Les vraies victimes des attentats seraient alors… les terroristes.

Eric Hazan et Alain Badiou expliquent également dans leur livre Antisémitisme partout qu’on peut comprendre l’hostilité des jeunes envers les Juifs parce qu’ils s’identifient aux Palestiniens opprimés. Dans un tout récent article, l’anthropologue Alain Bertot[13] n’hésite pas à écrire que le tueur de Samuel Paty, Abdoullah Anzorov est un « déraciné » qui a donné sens à sa propre vie, il était, en somme, paumé, désespéré. Le meurtre devient donc la quête existentielle d’un paumé. Pas un mot sur l’éducation, la culture et la religion de ce personnage dont l’anthropologue universitaire ne sait que ce que qu’il a lu dans les médias. Le vrai coupable de cette tragédie, selon l’anthropologue, est « l’appréciation policière défaillante ».

Tous les attentats commis en France depuis 2003 sont commis au nom de l’islam. Aucun n’a été commis par des individus se revendiquant de l’extrême droite. En témoigne la parole des acteurs des meurtres qui disent pourtant clairement pourquoi ils les commettent[14]. Or, selon la logique de certains intellectuels, l’islam n’y est pour rien, il s’agit d’une quête de sens par les faibles, les déracinés, les perdus et les désespérés. Comme tous les meurtriers de ces dernières années étaient musulmans, l’islam devient, par une pirouette rhétorique victimaire, le synonyme d’une population opprimée et désespérée, désespéré qui souffre des maux infligés par la société occidentale

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dominatrice. Toute réflexion sur la nature de l’islam est qualifiée de raciste en verrouillant ainsi la possibilité de comprendre l’ampleur du phénomène. Les intellectuels qui construisent ce genre de théories inspirées du post-marxisme victimaire et qui peuplent des chaires universitaires sont très médiatisés, et sont loin d’être ostracisés. Certains expliquent pompeusement que les élites françaises ont fabriqué le problème d’islam, et que l’islamophobie est du racisme.[15] Le problème qui se pose est de savoir pourquoi, à chaque événement où des crimes sont perpétrés au nom de l’islam, certains intellectuels sont plus préoccupés par la sauvegarde de l’islam comme religion de paix que par sa critique.

La parole de ces intellectuels est audible tant à l’Université qu’au sein de l’espace public. Leur déresponsabilisation des meurtriers par la référence permanente au culte victimaire rendu aux « opprimés », la recherche des coupables abstraits, comme le nihilisme ou le désespoir des victimes de la société « islamophobe » responsable des actes meurtriers, s’inspire du communisme post-moderne agressif. Leur rôle est celui de conditionner le public par le matraquage des mêmes messages. En effet, qu’est-ce qui fait que des jeunes « paumés » s’identifient aux Palestiniens « opprimés », aux défenseurs du Prophète, poseurs de bombes, égorgeurs et non pas aux poètes, ouvriers ou entrepreneurs ? Les hommes d’affaires de la victimisation offrent une explication répétitive et rhétoriquement habile qui se situe au carrefour idéologique post-marxiste et islamiste (« vous êtes les victimes du colonialisme impérialiste blanc » disent des mouvances de la gauche ; « vous êtes les victimes de l’Occident islamophobe et enjuivé », disent les islamistes). Ces répétitions, érigées en rang de théories explicatives, conditionnent la conviction suivante : les meurtriers sont des victimes. Merah, qui s’est identifié avec les Palestiniens, a très bien compris cette logique victimiste qui atténue, excuse et soutient l’islamisme.

Lorsque Mohammed Merah dit aux médias français qu’il tue les enfants juifs parce que les Juifs tuent en Palestine, et que lorsqu’il tue les Juifs son message « passait mieux » (voir les enregistrements publiés par Libération) certes, ce n’est pas en cours universitaires sur le féminisme islamique[16] qu’il l’a entendu, mais il l’a bien entendu dans les médias auxquels il s’adresse et dont il reproduit le discours pour être audible et pour être compris. L’acte de Mérah, de Kermiche(qui a aussi expliqué pourquoi il commet le meurtre d’un chrétien, le père Hamel) est le fruit d’un positionnement politique et d’un discours idéologique, lequel est diffusé dans les médias et l’université.

Lorsque Abdoullah Anzorov égorge Samuel Paty, c’est aussi parce qu’il vient d’une culture où le conflit entre les croyants et mécréants ne date pas d’hier et qui n’est pas lié à son « vide intérieur ». Les intellectuels qui parlent d’un homme qui donne sens à sa vie en commettant un meurtre, donnent sens à ses agissements en fonction de leur idéologie aveugle qui contient en germe les incitations à des actes meurtriers qui ne vont pas s’arrêter avec Samuel Paty.

Décolonialisme à l’Université

L’obsession raciale où on s’intéresse particulièrement à la mise au pilori de la « race blanche » a envahi non seulement la sociologie mais aussi la sociolinguistique, la psychanalyse, la philosophie. La

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« race blanche », « l’identité blanche »[17] fût-elle socialement construite, fait office de nouvelle figure de dominant qu’il faut culpabiliser et déconstruire. À titre d’exemple citons ici Maxime Cervulle, spécialiste de la « blanchité » qui n’est rien d’autre que le masque de dominant:

« La problématique de la blanchité permet notamment d’introduire une conception relationnelle et systémique du pouvoir dans l’appréhension des rapports sociaux de race : il s’agit ainsi de contester l’idée selon laquelle les acteurs et actrices socialement perçu·e·s comme blanc·he·s échapperaient à l’emprise de la racialisation (Dyer 1997). Loin de tomber dans le piège de l’essentialisation, le concept de blanchité ne renvoie toutefois ni à un type corporel, ni à une origine définie, mais à un construit social : aux modalités dynamiques par lesquelles, en certains contextes sociohistoriques, certains individus ou groupes peuvent être assignés (selon un processus d’allo-identification) ou adhérer (selon un processus d’auto-identification) à une ‘identité blanche’ socialement gratifiante (voir Ignatiev 1996) »

Ce discours à prétention académique est une goutte dans l’océan d’écrits qui mettent en scène le Blanc, coupable de tous les crimes de lèse-humanité. C’est ainsi qu’une historienne décoloniale qui s’est étonnée dans l’émission récente sur France Culture de ce que le texte des cent disait à propos de l’omniprésence des catégories de blanchité, exprime son adoration[18] à celle qui apparaît comme la sauveuse de l’Occident coupable par l’amour révolutionnaire, Houria Bouteldja.

Le concept de « blanchité », même si on essaie de le cacher par des pirouettes rhétoriques renvoie au phénotype, à la couleur de la peau et a des relents du racisme primaire. Car c’est la blanchité qui donne des privilèges, selon les auteurs décoloniaux. Même s’il s’agit d’un SDF. Peut-on cesser d’être blanc ? Peut-on renoncer à sa peau ? Même après moult opérations esthétiques, on n’effacera pas le stigmate de la blanchité[19]

Le prêche anti-occidental va de pair avec celle des islamistes et les décoloniaux. Il n’est donc pas étonnant qu’une historienne décoloniale, Ludivine Bantigny, déclare sa flamme à la propagandiste indigéniste, Bouteldja laquelle déclare urbi et orbi de s’identifier à Mohammed Merah.

Antisionisme, néo-féminisme et l’Université

La virulence antisioniste, qu’on observe dans certaines facs[20], est propre à la fois au milieu de l’extrême gauche présente dans les médias et à l’islamisme[21]. Par exemple, au nom de la paix, Badiou propose d’oublier la Shoah pour ne pas offusquer les Palestiniens[22], il est sur ce point très soutenu par les discours d’Ahmadinejad[23].

Le blâme permanent de l’Occident, auquel participent avec vigueur les chefs de file des théories féministes (par exemple, Judith Butler) va de pair avec l’inculpation de la culture occidentale, l’hostilité évidente à son égard[24] et le déni de l’inégalité existante entre les femmes et les hommes

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au sein de la culture islamique. Judith Butler n’hésite pas à parler des Frères Musulmans comme d’un mouvement de masse révolutionnaire[25], en ignorant, apparemment les textes fondateurs de ce mouvement qui appellent aux meurtres des Juifs et à la prise de pouvoir en Occident. Dans le même texte où elle prend la défense des Frères Musulmans, elle vilipende le sionisme et la fondation de l’État Juif[26]. Il s’agit soit d’une ignorance arrogante de la philosophe soit d’une malhonnêteté intellectuelle. Le fondateur de ce « mouvement de masse », Hassan Al Bannah affirmait que l’Islam est à la fois le Livre et le Sabre[27]. Judith Butler est l’inspiratrice de la plupart des « écoles » dont les représentants occupent les chaires universitaires françaises et qui ne cachent pas leur présence aux manifestations pro-palestiniennes où, depuis 2014, « Mort aux Juifs » est entendu impunément.

Le professeur des universités Jean-Pierre Filiu, n’a pas hésité d’exprimer son soutien au frériste Morsi et sa fascination devant l’islamisme « modéré » d’Erdogan[28] ainsi que sa critique violente et mensongère de l’État d’Israël.

Les enseignants de la mouvance d’extrême gauche apportent leur soutien aux organismes qui entretiennent des liens étroits avec l’idéologie frériste : CCIF et Baraka City. Certains le font sur les réseaux sociaux, d’autres en parlent dans leur cours[29].

Ce sont ces phénomènes concrets et idéologiquement patents . Victor Klemperer disait très justement que « les mots peuvent être comme de minuscules doses d’arsenic : on les avale sans y prendre garde, ils semblent ne faire aucun effet, et voilà qu’après quelque temps l’effet toxique se fait sentir ». Le déconialisme, l’islamophilie, la nécessité de « déconstruire » l’Occident, le victimisme, les oppressions imaginaires gagnent avec la langue son moyen de propagande le plus puissant, le plus « public et le plus secret

*****journal_bfmtv *auteur_verner *date_oct20

D'OÙ VIENT L'EXPRESSION D'"ISLAMO-GAUCHISME"?

Robin Verner

Robin Verner

Le 23/10/2020 à 18:03

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Hommage à Samuel Paty à Conflans-Sainte-Honorine.

Hommage à Samuel Paty à Conflans-Sainte-Honorine. - Anne-Christine Poujoulat

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Depuis l'assassinat de Samuel Paty par un terroriste islamiste, des membres du gouvernement et des parlementaires ont vilipendé les "islamo-gauchistes". Née au début des années 2000, l'expression se détache sur une toile de fond déjà complexe.

L'unité politique qui s'est dessinée il y a une semaine après l'assassinat barbare de Samuel Paty par un terroriste islamiste à Conflans-Sainte-Honorine n'aura pas tenu très longtemps. Occupés à comprendre le processus ayant permis à l'islamisme de prendre une telle place dans la société française, plusieurs dirigeants ou membres de l'opposition se sont retournés contre certaines organisations ou certains de leurs collègues.

Une expression leur revient alors fréquemment aux lèvres au moment d'accuser une partie du personnel politique et de la société civile d'une forme de complicité intellectuelle envers ce fanatisme: "l'islamo-gauchisme". "Ce qu'on appelle l'islamo-gauchisme fait des ravages", a ainsi lancé jeudi, sur les ondes d'Europe 1, le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, désignant l'université, le syndicat étudiant Unef et la France insoumise. Aujourd'hui incontournable dans le débat public, la formule d'"islamo-gauchisme" est le fruit d'une histoire heurtée et son objet a varié.

Au début des années 2000

Il faut dire que l'expression a de quoi égarer, d'autant plus que "l'islamo-gauchiste" est soupçonné d'apporter son aide ou de couvrir de sa naïveté l'islamiste parfois qualifié d'"islamo-fasciste".

La catégorie de "gauchiste" elle-même a de surcroît quelque chose d'un peu vague. Né dans les cercles marxistes - Lénine faisant du gauchisme "la maladie infantile du communisme" - le mot est de longue date passé à droite où il sert à ramasser tous les courants d'une gauche jugés trop radicaux, qu'il soit révolutionnaires ou non. Lui associer la religion musulmane rend plus difficile encore la tentative de le cerner.

La généalogie de l'expression nous ramène au début des années 2000. Dans cet article, Libération a ainsi établi que l'essayiste Pierre-André Taguieff l'avait employé dès janvier 2002 dans son ouvrage La nouvelle judéophobie. "Des Juifs peuvent être tolérés, voire acceptés dans cette mouvance islamo-gauchiste, à condition qu’ils fassent preuve de palestinophilie inconditionnelle et d’antisionisme fanatique", y écrivait-il. L'intellectuel a expliqué au quotidien en 2016:

"Je ne peux pas dire avec certitude que l’expression est une invention personnelle. Mais les réactions de mes contemporains après mon premier usage de ce mot, en 2000-2001, exprimaient leur étonnement : à l’époque, on disait plutôt, ironiquement, 'islamo-progressistes', ou, dans les années 80, 'palestino-progressistes'".

Quant au contenu qu'il lui donne, il reprend: "J’ai essayé de montrer qu’un certain tiers-mondisme gauchiste se retrouvait côte à côte, dans les mobilisations propalestiniennes notamment, avec divers courants islamistes".

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Il s'agirait pour la gauche, selon les premiers promoteurs du concept d'"islamo-gauchisme", de rester connectée avec la religion de populations démunies, avec les musulmans dans le rôle du nouveau prolétariat.

L'évolution de l'altermondialisme

La notion fait vite son chemin dans la presse. Le Monde l'emploie pour la première fois, signale ici le journal, en septembre 2004. Elle accuse notamment les opposants, à gauche, à la loi prohibant les signes religieux à l'école, à commencer par le voile, mais aussi la tournure prise par l'altermondialisme. Dans ses travaux sur ce dernier courant, Timothy Peace, aujourd'hui maître de conférences affilié à l'université de Glasgow, remarque que le théologien Tariq Ramadan a participé à tous les Forums sociaux européens.

Il relève aussi la présence du Collectif des musulmans de France et du groupe Présence musulmane à Saint-Denis durant l'édition de 2003, deux organisations décrites comme proches du petit-fils du fondateur des Frères musulmans. Il note encore la participation au Forum de Florence en novembre 2002 de Fouad Imarraine, membre du Collectif des musulmans de France, lors d'un colloque sur "la place de l'islam en Europe et l'islamophobie".

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Dans l'arène

En 2004 d'ailleurs, la venue de militants musulmans parfois classés dans la famille des islamistes au Forum social européen de Londres conduit le journaliste Claude Askolovitch, émargeant à l'époque au Nouvel Observateur, à varier sur le thème de l'"islamo-gauchisme" en titrant l'un de ses papiers: "Les gauchistes d'Allah". Les années suivantes, c'est aussi en librairie qu'on retrouve des occurrences d'"islamo-gauchisme", comme en 2005 dans La tentation obscurantiste de Caroline Fourest ou en 2006 dans La tyrannie de la pénitence de Pascal Bruckner.

En 2010, dans un entretien accordé à l'AFP et relayé ici, l'intellectuel Alain Finkielkraut a donné une nouvelle orientation à l'expression. Définissant le public visé, il "s'inquiète" alors d'une "union de gens issus de l'immigration et d'intellectuels progressistes", un "mouvement islamo-gauchiste" qu'il estime "ostensiblement indifférent à la mémoire de la Shoah".

L'accusation en "islamo-gauchisme" demeure cependant rare dans la joute politique, exception faite de Marine Le Pen qui le dénonce en meeting en mars 2012 dans la foulée des crimes de Mohamed Merah. Force est de constater que, portée par l'horreur du terrorisme, elle a désormais déserté les marges pour s'imposer au centre de l'arène.

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*****journal_franceculture *auteur_caranta *date_fev21

Cette semaine, retour sur le tollé provoqué par les déclarations de Frédérique Vidal sur les dangers de islamo-gauchisme dans les universités française...

Frédérique Vidal le 1er octobre 2020, portant le masque du Ministère de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l'Innovation

Frédérique Vidal le 1er octobre 2020, portant le masque du Ministère de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l'Innovation• Crédits : SEBASTIEN BOZON - AFP

De quoi parle-t-on lorsqu’on parle d’islamo-gauchisme ?

Cette notion est-elle pertinente pour décrire un pan de la recherche et comment interpréter les propos de la Ministre demandant au CNRS de définir, je cite, ce qui relève de la recherche et ce qui relève du militantisme ? Voilà quelques unes des questions qui ont essaimé dans la presse cette semaine.

Dans le Figaro , le philosophe Jean-François Braunstein donne sa définition du mot et décrit je le cite, l’arrivée rapide en France des théories qui sont en train de détruire les universités américaines. Il existerait en France comme aux Etats-Unis, poursuit-il, un «racisme systémique» [...] et un «privilège blanc» : Le racialisme devient une sorte de racisme à l’envers.

Mais l’islamo-gauchisme engloberait selon lui d’autres champs, que le philosophe liste : les théories indigénistes et décoloniales, les études de genre, l’écriture inclusive, les études sur le handicap, le poids, ou la pornographie. Ce n’est plus l’objet qui compte précise Jean-François Braunstein, mais l’adhésion à certains présupposés [...] en accord avec l’approche militante et victimaire de ces «studies ».

Dans l’Express, le linguiste Jean Szlamowicz, co-fondateur du polémique « Observatoire du décolonialisme » précise que l’islamo-gauchisme ne se manifeste pas [...] par un soutien avéré à l’islamisme, mais par une convergence de facto [...] entre le genre, les mouvements décoloniaux ou l’emploi du mot islamophobie. Le linguiste ajoute : « à l’époque de Foucault ou Barthes, la démarche structuraliste consistait à voir comment fonctionne la société, à travers des structures enfouies et inconscientes. Elle n'avait pas pour ambition de renverser ces structures comme c’est le cas aujourd’hui. Et il conclut : Est-ce le rôle des universitaires de donner des outils d'action à un activisme social ?

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Du côté des instances universitaires et de recherche les propos de Frédérique Vidal ont été reçus avec stupeurs...

Avec stupeur et avec des communiqués de presse sans ambiguïtés. Alors que celui du CNRS a pour titre L’islamo-gauchisme n’est pas une réalité scientifique, la Conférence des Présidents d’Universités conclut le sien sèchement : « le débat politique n’est par principe pas un débat scientifique : il ne doit pas pour autant conduire à raconter n’importe quoi ».

Pour le sociologue et américaniste Eric Fassin interviewé par Francetvinfo.fr, il s’agit d’une « chasse aux sorcières ». « Quand on parle d'intersectionnalité comme je le fais dans mon enseignement » explique-t-il, « en articulant race, genre et classe, on donne à voir la complexité du monde. Du même coup, on interroge l'ordre social. On montre que les normes sont politiques : elles reproduisent des rapports de domination multiples. Et parler de domination, poursuit Eric Fassin, c'est poser la question de la source des inégalités, dont l'aggravation menace la cohésion de notre société.

Dans Libération, c’est l’économiste Thomas Picketty qui fait part de sa colère. Selon lui, l’hystérie actuelle autour de l’accusation d’islamo-gauchisme nous fait franchir, je cite, un nouveau seuil anti-intellectuel. Et L’économiste en appelle, comme de beaucoup d’autres sur Twitter, à la démission de la Ministre.

Alors de quoi l’islamo-gauchisme est-il le nom ?

Éléments de réponse, dans La revue des médias de l’INA, qui republie une étude de Benjamin Tainturier parue en novembre dernier. Le chercheur au médialab de ScPo et spécialiste de la guerre de l’information cartographie « l’espace discursif dans lequel se joue la médiatisation » du mot Islamo-gauchisme. Imaginez un nuage de mots avec en son centre le terme islamo-gauchisme, et où la proximité spatiale des mots équivaut à une proximité sémantique. En se basant sur une analyse de 2500 articles parus entre 2002 et 2019, Benjamin Tainturier étudie le voyage de l’islamo-gauchisme dans la parole publique, au fil des crises politiques et des attentats.

Analyse utilisant des modèles word2vec pour définir les termes qui apparaissent au voisinage de la notion d’islamo-gauchisme entre le 1er avril 2016 et le 28 septembre 2017.

Analyse utilisant des modèles word2vec pour définir les termes qui apparaissent au voisinage de la notion d’islamo-gauchisme entre le 1er avril 2016 et le 28 septembre 2017.• Crédits : Benjamin Tainturier, Medialab, ScPo, pour la Revue des médias, INA.

D’abord liés dans ce nuage de mots aux concepts d’occident de sionisme et d’antisionisme, le terme islamo-gauchiste reste cantonné à la question avant de se rapprocher des mots voile, musulmans, nationalité et république au tournant de l’année 2016, après les attentats notamment. Il en va ainsi d’une notion polysémique d’abord utilisée avec des guillemets et sans trop de sérieux, et qui s’enrichit au fil des débats sur les réseaux et par tribunes interposées pour devenir petit à petit, nous

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dit Benhamin Tainturier, « un véritable espace discursif cohérent et large qui parvient à émerger. Quelque part, et en dépit de sa polysémie, ajoute-til, la notion d’islamo-gauchisme se trouve enfin forte d’une certaine unité sémantique, [...] qui doit beaucoup, conclut-il à la promotion qu'en ont faite deux traditions politiques différentes : une certaine droite acquise aux idées néoconservatrices et une gauche républicaine défendant une certaine vision de la laïcité.

*****journal_20minutes *auteur_anonyme *date_fev21

« Islamo-gauchisme » : Définition floue, tollé dans les universités… Pourquoi la polémique continue

DEBATS La ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a estimé il y a dix jours que « l’islamo-gauchisme » gangrène en partie l’université, suscitant un débat très polarisé autour de cette notion floue et controversée

L.C.

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Publié le 22/02/21 à 19h16 — Mis à jour le 22/02/21 à 19h16

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Qu'est-ce que l'islamo-gauchisme ? Vous avez quatre heures.

Qu'est-ce que l'islamo-gauchisme ? Vous avez quatre heures. — ludovic MARIN / AFP

Le 14 février, Frédérique Vidal a dénoncé «l’islamo-gauchisme» qui, selon elle, « gangrène la société », et notamment l’université. Pour s’attaquer à cela, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a demandé au CNRS de faire une enquête.

Mais ses propos ont rapidement déclenché une polémique au sein d’une classe politique très polarisée sur la définition même de ce mot, et son application au débat sur l’université.

Mais de quoi parle-t-on exactement ? 20 Minutes fait le point.

C’est le terme qui fait débat. Depuis que la ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal a pointé, le 14 février dernier, l'« islamo-gauchisme » qui, selon elle, « gangrène la société dans son ensemble et l’université n’est pas imperméable », la polémique n’est pas retombée entre ceux qui soutiennent sa position et ceux qui la désapprouvent, réclamant sa démission. La ministre a fini par

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regretter ce lundi sur RTL, que sa demande d’une enquête sur l’université se soit transformée en « polémique ». Et Frédérique Vidal d’assurer que sa priorité restait « la question des étudiants ». Comment en est-on arrivé là ?

Qu’est-ce que l'« islamo-gauchisme » ?

C’est bien tout le problème. Ce néologisme est né sous la plume d’un politologue, Pierre-André Taguieff, en 2002. Dans une tribune parue le 26 octobre 2020 dans Libération, il explique le contexte dans lequel il a forgé ce terme. A l’époque, il faisait référence à « une alliance militante de fait entre des milieux islamistes et des milieux d’extrême gauche, au nom de la cause palestinienne, érigée en nouvelle cause universelle ». Le terme a ensuite été repris par des essayistes, des journalistes et des politiques de tous bords, de Marine Le Pen, en 2012, à Bernard-Henri Lévy, philosophe se revendiquant de gauche, en 2008.

Mais rares sont ceux qui définissent ce concept, qu’ils employent le plus souvent pour dénoncer la proximité ou le laxisme supposé de certains élus et militants de gauche envers des mouvements islamistes. Au cours de la campagne présidentielle de 2017, « deux gauches » s’écharpent sur ce sujet, lorsque l’entourage de Manuel Valls accuse son adversaire de la primaire socialiste Benoît Hamon de complaisance avec « la mouvance islamo-gauchiste ».

Aujourd’hui, les termes demeurent controversés, car ne reposant sur aucune réalité scientifique pour certains, ou ne servant que d’arme rhétorique pour stigmatiser la gauche ou disqualifier un adversaire politique selon d’autres.

Pourquoi en reparle-t-on aujourd’hui ?

Le 14 février dernier, la ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal a pointé sur CNews l'« islamo-gauchisme » qui, selon elle, « gangrène la société dans son ensemble et l’université n’est pas imperméable ». « Ce que l’on observe, dans les universités, c’est qu’il y a des gens qui peuvent utiliser leurs titres et l’aura qu’ils ont – ils sont minoritaires – pour porter des idées radicales ou pour porter des idées militantes », a-t-elle poursuivi, provoquant un tollé sur les réseaux sociaux et dans le monde de la recherche.

Ce n’était pourtant pas la première fois qu’un membre du gouvernement évoquait l’expression durant ce quinquennat, puisque le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait déjà taxé, début octobre, la France insoumise d’« islamo-gauchisme ». Concernant les universités, Jean-Michel Blanquer avait jugé après l’assassinat de l’enseignant Samuel Paty que l’islamo-gauchisme y faisait « des ravages », ciblant le syndicat étudiant Unef et LFI.

Cette fois, Frédérique Vidal a employé ce terme alors qu’elle semble viser plus largement des courants militants universitaires. Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a ainsi soutenu la

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ministre dimanche dans le Grand jury RTL/LCI/Le Figaro, faisant état de « situations [qui] interpellent », telles que « des pièces de théâtre, des conférences sont empêchées de se tenir ». Or, si l’on revient sur de récentes annulations d’événements dans des facs, elles ont été le fait de collectifs variés, allant du Conseil représentatif des associations noires de France (Cran) pour une pièce de théâtre à la Sorbonne à Paris, à des associations LGBT en amont d'une conférence à l'université Montaigne à Bordeaux, par exemple. Autant de mouvements qui n’ont pas grand-chose à voir avec « l’islamo-gauchisme ».

Quelles ont été les réactions aux propos de Frédérique Vidal ?

A l'Assemblée nationale le 16 février, la ministre a confirmé avoir demandé au CNRS, l’organisme public de recherche, « un bilan de l’ensemble des recherches » qui se déroulent en France, afin de distinguer ce qui relève de la recherche académique et ce qui relève du militantisme. « J’ai été interrogée […par des universitaires qui se disent eux-mêmes empêchés par d’autres de mener leurs recherches », a-t-elle justifié.

A gauche, cette sortie a provoqué une levée de boucliers (sauf de la part de Manuel Valls). Jean-Luc Mélenchon a attaqué la ministre qui, selon lui, « veut décider ce que l’on peut faire comme recherche à l’université » et un gouvernement qui « s’est saoulé de mots contre l’islam ». Le patron du PS Olivier Faure a lui jugé l'accusation de la ministre « extrêmement grave » L’écolo Yannick Jadot a réclamé la démission de Frédérique Vidal, comme les 14.000 signataires d'une pétition en ligne. Plus nuancé, François Bayrou, patron du MoDem et allié de la majorité, juge que l'« islamo-gauchisme » n’est pas « le premier problème de l’université ».

La prise de position de Frédérique Vidal a en revanche été plutôt bien accueillie à droite, chez Les Républicains et au Rassemblement national. « L’université est otage d’une idéologie qui, au lieu d’étudier le réel, cherche des coupables », a dénoncé ce lundi sur Twitter l’eurodéputé LR François-Xavier Bellamy. Le porte-parole du RN Laurent Jacobelli a lui dit « soutenir le constat » de la ministre. « L’islamo-gauchisme, on le voit partout », a-t-il déclaré au Talk du Figaro. Ce terme désigne, selon lui, « l’aide d’une partie de la gauche à la banalisation des idées islamistes ». « Ces gens de gauche […]… rchent une clientèle (électorale), quitte à renier les valeurs de la République », a-t-il dénoncé, en nommant les partis Génération-s et la France insoumise.

Quant au CNRS, il a accepté de participer à l’étude, tout déplorant une « polémique emblématique d’une instrumentalisation de la science ».

*****journal_figaro *auteur_cohen *date_fev21

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Islamo-gauchisme: «Faire confiance aux universitaires»

VIDÉO - Le député LREM Saïd Ahamada déplore la méthode de Frédérique Vidal et appelle à ne pas confondre recherche et militantisme.

Par Dinah Cohen

Publié hier à 20:14, mis à jour hier à 20:14

Enquête sur l'«islamo-gauchisme»: pour Saïd Ahamada «c'est une erreur de l'aborder de cette manière-là»

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C’est une polémique qui ne parvient pas à s’estomper. Invité du «Talk Le Figaro» lundi, le député LREM des Bouches-du-Rhône, Saïd Ahamada, a qualifié d’«erreur» la démarche de la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal. Depuis une semaine, la ministre est en effet condamnée par nombre de chercheurs et d’élus pour avoir demandé au CNRS de «faire un bilan de l’ensemble des recherches» qui se déroulent en France, pointant du doigt l’«islamo-gauchisme» qui «gangrène la société dans son ensemble et (dont) l’université n’est pas imperméable».

À LIRE AUSSI :Islamo-gauchisme: «Un combat idéologique à assumer par le macronisme»

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«Ce qui m’inquiète, ce sont tous les phénomènes qui visent à favoriser le séparatisme (…). Ce phénomène existe, il ne faut pas se leurrer», a d’abord déclaré Saïd Ahamada. Mais si les craintes sont partagées avec la ministre, la méthode, elle, ne l’est pas. «À mon avis, c’est une erreur de l’aborder de cette manière-là», a ainsi précisé le député.

Pour faire face, l’élu macroniste appelle plutôt à «faire confiance au monde universitaire pour faire le ménage s’il y a lieu», ainsi qu’à «ne pas confondre la recherche académique (…) et les organisations étudiantes et les débats qui pourraient être organisés par ces associations». «Au sein de l’université, beaucoup de choses se discutent, les idées circulent et c’est normal, a poursuivi l’élu. Toutes les

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idées doivent avoir la possibilité d’être défendues (…) à partir du moment où on assure un pluralisme des idées.»

À LIRE AUSSI :Islamo-gauchisme: le débat secoue les facultés

«S’assurer (…) que les débats existent» relève aussi, selon Saïd Ahamada, de la responsabilité des politiques. C’est d’ailleurs en ce sens que le député condamne les postures de certains partis. «Vous avez le Front national qui dit en gros préférence aux Français et aux Blancs, et puis, de l’autre côté, une partie de l’extrême gauche qui dit préférence aux Noirs et on exclut les Blancs», a-t-il fustigé, tout en s’opposant à «ceux qui veulent faire en sorte qu’un seul courant de pensée ait droit de cité ». Le député a ainsi affirmé combattre «ceux qui ont pour objectif de renverser la société et d’instaurer un climat qui serait d’opposer les Français les uns aux autres».

Une bataille que Saïd Ahamada mène notamment par la loi «visant à conforter les principes républicains», récemment adoptée par l’Assemblée nationale. «Il faut laisser à cette loi la possibilité de s’appliquer», a précisé le Marcheur, saluant par la même occasion un texte «équilibré» voté par une majorité «soudée».

*****journal_huffpost *auteur_lyafori *date_fev21

"Islamo-gauchisme": 6 ministres dénoncent la "dérive du débat politique"

Dans une tribune au "Monde", plusieurs proches d'Emmanuel Macron déplorent un "débat stérile".

Par Imane Lyafori

La ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation, Frédérique Vidal. (ludovic...

AFP

La ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation, Frédérique Vidal. (ludovic MARIN / POOL / AFP)

POLITIQUE - Depuis plusieurs jours, le terme “islamo-gauchisme” hystérise le débat public. Au point que ce mardi 23 février, Le Monde publie une tribune dans laquelle six ministres sortent de leur silence pour dénoncer une “irrationalité” autour de ce “concept” qui, selon eux, est “emblématique de la dérive du débat politique”. Un texte appuyé par la signature de plusieurs poids lourds de la macronie, du chef du parti présidentiel Stanislas Guérini au président de la commission des Affaires

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économiques de l’Assemblée Roland Lescure en passant par un très proche d’Emmanuel Macron, Stéphane Séjourné.

Pour les signataires, comprenant notamment Elisabeth Moreno et Agnès Pannier-Runacher, la tournure prise par le débat auquel plusieurs ministres participent s’éloigne de la lointaine promesse de dépassement des clivages politiques. Ce qui, au regard des engagements pris en 2017, n’est pas acceptable. Une prise de position qui marque une fracture au sein même des appuis du président de la République.

Un appel à se recentrer sur des problématiques concrètes

Cette tribune fait le constat d’une polémique “stérile [...] qui ne permet plus aucun débat” et qui se traduit uniquement par “anti-“islamo-gauchisme” d’un côté” et “pro-intersectionnalité” de l’autre.

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“Peu importe la détresse financière, sociale et psychologique de la génération actuelle: il fallait que le vocable employé annihile le reste,” constatent les élus. Et c’est pourtant bien ce qui ne cesse d’occuper la sphère médiatique, nourrie par les déclarations de la ministre de l’Enseignement supérieur mais aussi de ses soutiens (du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin à la députée des Yvelines Aurore Bergé), alors qu’une crise majeure frappe les étudiants.

Les signataires poursuivent en affirmant que le débat actuel reprend “tout ce qui a rendu le clivage droite-gauche stérile et délétère” par le passé. Ils regrettent également le temps que cette polémique commentée à longueur de journée sur les chaînes d’information en continu a confisqué. ”À s’écharper ainsi sur les plateaux télé, on passe tout simplement à côté de la vie quotidienne, beaucoup moins faite d’intersectionnalité et/ou d’‘islamo-gauchisme’ que de discriminations pures et simples”, écrivent-ils. En d’autres termes: les auteurs appellent à se recentrer sur les problématiques concrètes qui ont une incidence directe sur les populations victimes de discriminations au lieu de se lancer dans des batailles sémantiques.

À noter qu’un tel appel est loin d’être anodin, à l’heure où le Premier ministre Jean Castex refuse de rentrer dans la mêlée des “polémiques stériles” qui traversent la majorité, qu’il s’agisse de l’“islamo-gauchisme” ou des repas sans viande à la cantine. Signé par des proches du chef de l’État, il sonne comme un rappel adressé à ceux qui font polémique de tout bois chez LREM, au risque d’ajouter à une cacophonie gouvernementale déjà à l’œuvre sur plusieurs sujets.

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*****journal_lobs *auteur_ferey *date_fev21

« Islamo-gauchisme » : de quoi le procès des universités est-il le nom ?

TRIBUNE. Pour Camille Ferey, doctorante en philosophie, nos ministres font exactement ce qu’ils critiquent en taxant de « pseudosciences » idéologiques des courants entiers de la science sociale.

Par Camille Ferey (Doctorante en philosophie)

Publié le 23 février 2021 à 15h54

Temps de lecture 8 min

Frédérique Vidal, le 15 janvier 2020 à Paris. (LUDOVIC MARIN/AFP)Frédérique Vidal, le 15 janvier 2020 à Paris. (LUDOVIC MARIN/AFP)

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Depuis quelques années, et suivant un rythme exponentiel, l’université et les sciences sociales font l’objet d’attaques politiques et médiatiques virulentes. Ce procès récurrent, qui fait fi de toute mesure et de toute rigueur d’analyse, vise tantôt les professeurs, tantôt les chercheurs, tantôt les étudiants et leurs syndicats, tantôt des supposées « thèses » et « courants » de sciences sociales jugés « très puissants » et souvent très mal compris par leurs détracteurs acharnés. L’« université » dans son ensemble est ainsi accusée d’être « gangrenée » par des « idéologies » ou « pseudosciences », et de les diffuser dans toute la société française. « Séparatisme », « haine des blancs » et même actes terroristes lui sont ainsi imputés. De quoi ces discours irréalistes sur l’université sont-ils le nom ?

L’islamo-gauchisme : comment (ne) naît (pas) une idéologie

Un procès des sciences sociales

En 2015 déjà, Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur, accusait la sociologie de « justifier » le terrorisme en tentant d’expliquer ses mécanismes. Depuis, ces accusations se sont multipliées parmi les occupants du pouvoir et on a vu le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, déclarer suite à l’assassinat de Samuel Paty qu’il y avait un « combat à mener » contre « une partie non négligeable de la science sociale » (en l’occurrence les « thèses intersectionnelles »), qui « converge[rait] avec les intérêts de l’islamisme ». Puis ce fut au tour de M. Darmanin, ministre de l’Intérieur et de Mme Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de souscrire à la dénonciation pêle-mêle de « l’islamo-maoïsme », du « féminisme-racialiste », des indigénistes, de « ceux qui disent

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la race, le genre, la classe sociale », des « minorités agissantes », du « postcolonialisme » et des études « décoloniales ». Le procès de l’université est donc avant tout un procès des sciences sociales, qui résonne tristement avec les politiques restreignant la liberté académique dans des régimes autoritaires face auxquels il est pourtant de mise de s’indigner en France : Brésil, Pologne, Hongrie, Turquie…

Le flou total quant à l’objet du « combat à mener », qui s’apparente tantôt à l’ensemble de la sociologie, tantôt à certains courants et approches minoritaires, s’accompagne en outre d’un flou également total sur la manière dont ces courants des sciences sociales exerceraient leur « puissance ». Étant donné qu’aucun des terroristes ayant sévi en France ces dernières années n’avait mis les pieds à l’université, et à moins de supposer qu’ils s’illustreraient par une lecture trop assidue de Pierre Bourdieu ou de Kimberlé Crenshaw (fondatrice de l’intersectionnalité), le rôle effectif des sciences sociales dans la diffusion de l’islamisme reste entièrement à démontrer, une démonstration que s’épargnent les ministres pourfendeurs de l’université, qui pendant qu’ils occupent le pouvoir réel, affirment que ce sont des minorités féministes racialistes-indigénistes-décoloniales qui l’occupent.

LIRE AUSSI > Occident, féminisme, modernité… Ce que nous disent les penseurs postcoloniaux

Que se passe-t-il réellement à l’université ?

Mme Vidal risque d’être fort surprise par les résultats de son enquête visant à « définir ce qui existe comme courants d’études en France, sur différents thèmes ». Car il suffit de jeter un coup d’œil aux programmes de colloques et séminaires des différents laboratoires de sciences sociales ainsi qu’aux maquettes des formations universitaires pour voir la grande variété des thèmes et des disciplines enseignées (l’économie, la sociologie, la démographie, la géographie, la science politique, l’histoire, l’anthropologie, l’ethnologie, le droit…) et la présence minoritaire des approches intersectionnelles et décoloniales. Cette rareté explique peut-être que la ministre de l’Enseignement supérieur et le ministre de l’Education nationale semblent n’avoir absolument pas compris en quoi consistaient ces approches, comme l’ont rappelé plusieurs collègues dans des articles salvateurs.

De plus, il est particulièrement indécent d’agiter la menace d’un pouvoir occulte des universitaires et des sciences sociales dans le contexte actuel où étudiants et enseignants ont été totalement laissés à l’abandon et précarisés par le contexte sanitaire. Quasiment personne n’ayant mis les pieds à l’université depuis des mois, les contacts et activités scientifiques étant drastiquement ralentis, on peine à comprendre l’acharnement dont fait l’objet cette institution à bout de souffle. Le malaise de l’université, qui touche en particulier les sciences sociales, ne date d’ailleurs pas de la crise conjoncturelle du coronavirus. Il est structurel et résulte de choix politiques dramatiques pour la qualité de la recherche et de l’enseignement.

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Puisque la ministre de l’Enseignement supérieur souhaite réaliser des enquêtes sur ce qui s’étudie et s’enseigne à l’université, voici pour commencer quelques chiffres sur cette situation qu’il est bon de rappeler. Comme l’indique le dernier rapport sur l’état de l’emploi scientifique en France, 62 % des effectifs de chercheurs sont employés par les entreprises et non par les universités. Or, les domaines de recherche se concentrent dans le privé sur les sciences de l’ingénieur et les mathématiques, les sciences sociales n’occupant qu’1,5 % de l’emploi. On peut donc imaginer que la diffusion des méthodes et des thèses de science sociale dans l’organisation de la société, de l’économie et du travail est limitée, vu l’absence assez criante de chercheurs en sciences sociales dans le monde de l’entreprise.

Pour ce qui est du secteur public, dont les universités occupent la plus large part, seulement 11,1 % des chercheurs en poste sont spécialisés en « sciences sociales » et 10,1 % en sciences humaines (contre 77 % en mathématiques, physique, sciences de l’ingénieur, chimie, sciences de la terre, sciences agricoles, biologie et sciences médicales). Enfin, arrêtons-nous sur les doctorants et ATER (les chercheurs en contrat précaire d’un an) qui représentent plus d’un tiers des effectifs des chercheurs en universités et qui donnent une idée de l’évolution de la recherche. Sur les 14 065 doctorats délivrés en 2018, 13 % seulement relèvent des sciences de la société. Par ailleurs, le nombre de doctorants inscrits en 2018 a chuté de 12,4 % par rapport à 2009, une baisse qui frappe bien plus durement encore les sciences sociales, avec une réduction de 27 % de ses doctorants sur cette période. Et pour cause : à la rentrée 2018 seuls 44 % des doctorants en sciences de la société ont obtenu un financement pour leur thèse, contre 98 % en chimie et en mathématiques, 99 % en physique, 81 % en biologie et médecine et 96 % en sciences de la terre.

Il semble donc que le « combat » contre la science sociale ait déjà commencé, et ce sur le plan matériel qui lui permet d’exister. Dans ces circonstances de réduction des postes et des moyens, on voit mal comment et où peut s’exercer la « puissance » et les « ravages » de la science sociale en général, et de l’intersectionnalité en particulier. Enfin, la prétendue « haine des blancs » qui gangrènerait l’université ne semble pas avoir affecté les postes à responsabilité, puisqu’on peine grandement à trouver des personnes racisées à la direction des universités et départements de recherche et dans les rangs des enseignants-chercheurs titulaires.

« Thèses intersectionnelles » : Blanquer vous explique tout, mais n’a rien compris

De quoi ce procès des sciences sociales est-il le nom ?

Faut-il accorder à nos ministres sincérité et bonne foi dans leurs propos, dont l’absurdité relèverait du coup du manque d’information ? Il semble plutôt que leurs attaques relèvent de l’idéologie politique. En effet, les classes sociales qui occupent le pouvoir ont beaucoup à perdre de l’analyse des rapports de pouvoir par ces études, et défendent ainsi ardemment leurs privilèges et intérêts par le dénigrement systématique des courants de pensée qui articulent de manière stimulante l’analyse des déterminismes et injustices sociales avec une pensée de l’émancipation possible.

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Dans son dernier ouvrage déjà, Jean-Michel Blanquer s’inquiétait d’« une sorte de pessimisme » de la sociologie, du fait d’une « tendance » à « lire la société à travers le seul prisme des inégalités ». Défiant toute règle méthodologique du raisonnement, M. Blanquer sautait littéralement de ce constat mièvre à l’accusation en règle selon laquelle, du coup, la sociologie serait responsable des inégalités. La sociologie serait ainsi dotée du pouvoir suprême de faire advenir toute seule ce qu’elle décrit. Le rôle des politiques économiques, sociales, fiscales, salariales ? Que nenni, la faute à la sociologie. Il est clair que la mise en évidence par les méthodes de la science de la hausse criante des inégalités a de quoi effrayer ceux qui en bénéficient. La stratégie que ces derniers ont trouvée à opposer systématiquement à ces travaux alterne de ce fait entre déni et agressivité.

Tantôt il s’agit de les faire taire en les accusant de terrorisme et en assumant d’engager contre elles un « combat » qui prend des allures de chasse aux sorcières, tantôt il s’agit de nier le caractère scientifique de ces études en les renvoyant au « militantisme ». Or, en taxant de « pseudosciences » idéologiques des courants entiers de la science sociale, nos ministres font exactement ce qu’ils critiquent, c’est-à-dire s’octroyer le droit de statuer sur la scientificité d’une pensée sans avoir recours aux méthodes et canaux d’évaluation scientifique. Ils contribuent ainsi à brouiller la distinction entre la science et les opinions et approximations en s’accordant un droit de regard politique sur les activités scientifiques. Car ce sont précisément les méthodes et espaces de controverses scientifiques (revues, séminaires, colloques, publications) qui distinguent la science de l’opinion et du politique, tout en permettant au débat d’exister au sein de la science. Les court-circuiter en s’autorisant à juger ce que devrait ou pas étudier la science et ce qu’elle devrait dire, fait le jeu du relativisme et de la confusion.

Il est donc urgent de réaffirmer qu’il appartient à la communauté scientifique d’évaluer le caractère scientifique ou non des productions, et qu’il appartient ensuite seulement au politique de faire un usage émancipateur et démocratique de la science. Oui, la science a des effets pratiques et vise à résoudre des problèmes collectifs notamment sociaux. Oui, certains bouleversements et courants scientifiques ont pu servir de grandes causes émancipatrices et d’autres de sombres desseins. Oui, dès lors, la communauté politique peut débattre du juste usage de la science et de sa mise au service d’objectifs humains. Mais non, le politique ne peut pas décider de sa non-scientificité sous prétexte qu’elle ne converge pas avec la vision du monde qu’il défend. Une pensée qui pointe les défauts du réel n’est ni pessimiste ni meurtrière : elle est critique, et c’est son travail.

*****journal_ouestfrance *auteur_belier *date_fev21

« Islamo-gauchisme » : les enjeux derrière la polémique lancée par Frédérique Vidal

Dans l’enquête qu’elle a demandée, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, Frédérique Vidal, vise les « études postcoloniales » et « l’intersectionnalité ». Décryptage.

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Frédrique Vidal a déclenché la polémique en demandant une enquête sur l’islamo-gauchisme à l’université. Ici, la ministre à Poitiers mardi 23 février.

Frédrique Vidal a déclenché la polémique en demandant une enquête sur l’islamo-gauchisme à l’université. Ici, la ministre à Poitiers mardi 23 février.

Frédérique Vidal doit-elle démissionner ? C’est ce que réclament 600 chercheurs français, qui reprochent à la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation d’avoir demandé au CNRS une enquête sur les travaux universitaires à connotation « islamo-gauchiste », au lieu de se concentrer sur l’essentiel à leurs yeux : la gestion de la pandémie et le mal-être des étudiants. Décryptage de la polémique.

Qu’a décidé Frédérique Vidal ?

Le 14 février, la ministre de l’Enseignement supérieur a dénoncé l’islamo-gauchisme qui, selon elle, gangrène l’université. Dans la foulée, elle a demandé au CNRS un bilan de l’ensemble des recherches qui se déroulent en France afin de distinguer ce qui relève de la recherche académique de ce qui relève du militantisme. Devant le tollé, elle a précisé, depuis, qu’elle visait l’ensemble des radicalités qui traversent notre société , et plus précisément les études postcoloniales et l’intersectionnalité .

Qui réclame sa démission ? Qui la soutient ?

À la suite de l’économiste Thomas Piketty, 600 chercheurs ont réclamé la démission de la ministre, lui reprochant de faire planer la menace d’une répression intellectuelle . Ce mardi 23 février, 130 chercheurs, dont le politiste et historien des idées Pierre-André Taguieff, inventeur de l’expression islamo-gauchisme , ont pris sa défense dans Le Monde, dénonçant le dévoiement militant de l’enseignement et de la recherche », qui se complairait dans des théories fumeuses (« racisme d’État »), de néologismes tape-à-l’œil ». Ils souhaitent que l’enquête demandée soit confiée à une commission indépendante du ministère.

Qu’est-ce que « l’intersectionnalité » ?

Un concept forgé en 1989 par la juriste américaine Kimberlé Crenshaw. Selon elle, il existe une triple domination, de classe, de genre et de race, dont les femmes de couleur sont les victimes. Pour ses détracteurs, si nul ne peut nier le constat, le concept aurait dérivé au profit d’une vision victimaire et communautarisée, réhabilitant la notion de race et littéralement obsédée par des sentiments d’oppressions multiples »,selon les mots de la philosophe Anne-Sophie Chazaud. C’est ainsi que la présidente de l’Unef, Mélanie Luce, d’origine guadeloupéenne par sa mère, se présente aujourd’hui comme racisée , se disant la victime d’une double oppression en tant que femme et de couleur » .

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Que sont les études postcoloniales ?

Elles se sont développées dans les années 1980 sur les campus américains, après la publication, en 1978, du livre référence d’Edward Saïd, L’Orientalisme. Elles entendent déconstruire l’héritage culturel laissé par la colonisation, dans la foulée des écrits de l’écrivain martiniquais Frantz Fanon, militant de l’indépendance algérienne.

En France, la principale figure de ce courant de pensée est l’historien et documentariste Pascal Blanchard, chercheur associé au CNRS, créateur en 2011 avec Nicolas Bancel du groupe de recherche Achac. Ses champs de recherche sont les idéologies politiques et l’histoire militaire de la colonisation, les zoos humains , etc.

Dès 2019, Pierre-André Taguieff, le politologue Laurent Bouvet, créateur du Printemps républicain, ou la sociologue Dominique Schnapper, aujourd’hui présidente du Conseil des sages de la laïcité, ont critiqué ses travaux le qualifiant de bonimenteur du postcolonial business en quête de respectabilité académique » .

*****journal_lemonde *auteur_monodbroca *date_fev21

« Paroles de lecteurs » - Islamo-gauchisme contre extrême-droite, match nul

BILLET DE BLOG

« Personne ne se veut ni islamo-gauchiste ni d’extrême-droite. Ces deux termes sont utilisés, par le camp d’en face, pour désigner l’adversaire. Chacun des deux camps se veut le camp du bien, bien sûr, le camp de la victime », affirme Denis Monod-Broca.Publié aujourd’hui à 16h11

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Sujet du jour, l’islamo-gauchisme ! Quand je poste un commentaire sur un blog de droite, il arrive que je me fasse traiter d’islamo-gauchiste. Au contraire, sur un blog de gauche, l’injure suprême qu’il m’arrive de recevoir est d’être d’extrême-droite.

Tout est dit. Personne ne se veut ni islamo-gauchiste ni d’extrême-droite. Ces deux termes sont utilisés, par le camp d’en face, pour désigner l’adversaire. Chacun des deux camps se veut le camp du bien, bien sûr, le camp de la victime.

Celle-ci est, pour les uns, Israël et les juifs, pour les autres, les Palestiniens et les musulmans. Chacun des deux camps a d’assez solides arguments pour défendre sa position. Pourtant aucune des deux positions n’est intrinsèquement et définitivement juste.

Seule façon d’en sortir (réalisme ou idéalisme ?) : la fraternité. Exemple : si catholiques et protestants, si Allemands et Français s’étaient sentis frères, se seraient-ils, à tant de reprises, entretués ? La question mérite d’être posée.

Mais peut-être les frères, dignes descendants de Caïn, n’en finiront-ils jamais de tuer leurs frères… Y compris en Terre sainte ou à propos de la Terre sainte.

*****journal_lepoint *auteur_anonyme *date_fev21

« Islamo-gauchisme » : Vidal appelle à « relever le débat »

La ministre de l’Enseignement supérieur répond ce dimanche à ses détracteurs et déclare vouloir « relever le débat » après une semaine de polémique.

Frederique Vidal est au coeur d'une polemique depuis maintenant une semaine.

Frédérique Vidal est au cœur d'une polémique depuis maintenant une semaine.

© LUDOVIC MARIN / AFP

Source AFP

Publié le 21/02/2021 à 07h24 - Modifié le 21/02/2021 à 08h23

La ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal a indiqué dans un entretien au JDD souhaiter « qu'on relève le débat » alors qu'elle se trouve empêtrée dans une polémique après avoir

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demandé une enquête sur « l'islamo-gauchisme » à l'université. « Nous avons besoin d'un état des lieux sur ce qui se fait en recherche en France sur ces sujets », a indiqué Frédérique Vidal, assurant vouloir une enquête « au sens sociologique du terme ».

La ministre s'est retrouvée prise dans une polémique après avoir dénoncé, le 14 février, « l'islamo-gauchisme » qui, selon elle, « gangrène la société dans son ensemble, et l'université n'est pas imperméable », avant de demander mardi au CNRS « un bilan de l'ensemble des recherches » qui se déroulent en France afin de distinguer ce qui relève de la recherche académique de ce qui relève du militantisme.

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L'appel à la démission de 600 universitaires

Ces déclarations ont suscité de vives réactions dans le monde académique, au point que 600 universitaires (enseignants, chercheurs…) ont réclamé samedi, dans une tribune publiée par le journal Le Monde, sa démission en lui reprochant de « faire planer la menace d'une répression intellectuelle ». Récusant vouloir mettre en place une « police de la pensée », Frédérique Vidal y voit un « procès d'intention », assurant au contraire vouloir « déconstruire l'idée qu'il y aurait une pensée unique sur certains sujets et (…) protéger le pluralisme des idées à l'université ».

À LIRE AUSSIIslamisme à l'université : faut-il confier l'enquête au principal suspect ?

« Je suis universitaire. J'ai toujours défendu la liberté académique et les chercheurs », assure-t-elle. « Si les universitaires qui ne me connaissent pas ont pu se sentir froissés, ce n'était pas mon intention. Chacun doit pouvoir s'exprimer, c'est aussi dans le désaccord qu'on avance », a souligné la ministre.

Un « slogan politique qui ne correspond à aucune réalité scientifique »

Le CNRS avait accepté mardi de participer à l'étude demandée par la ministre sur « l'islamo-gauchisme », regrettant cependant « une polémique emblématique d'une instrumentalisation de la science » et un « slogan politique [qui] ne correspondait à aucune réalité scientifique ». « Je veux une approche rationnelle et scientifique du sujet. Il faut quantifier les choses, sortir du ressenti et du présupposé », avance-t-elle.

À LIRE AUSSI« L'islamo-gauchisme » face aux « réactionnaires de gauche »

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« Les libertés académiques, la liberté de la recherche doivent être défendues à tout prix. Ce que je souhaite, c'est savoir si ces libertés ne sont pas entravées dans le travail des chercheurs et des enseignants-chercheurs », indique la ministre. Frédérique Vidal relève : « Ce sujet suscite beaucoup de réactions, mais ce n'est pas notre priorité aujourd'hui. La priorité, c'est la situation des étudiants et la pandémie. »

*****journal_midilibre *auteur_anonyme *date_fev21

"Islamo-gauchisme" à l'université : Frédérique Vidal maintient l'étude et regrette la polémique

Frédérique Vidal a rappelé sa priorité ce matin sur RTL : "La question des étudiants". Frédérique Vidal a rappelé sa priorité ce matin sur RTL : "La question des étudiants". MIDI LIBRE - JEAN MICHEL MART

Education, Politique

Publié le 22/02/2021 à 10:34 , mis à jour à 11:40

Dans une interview parue au Journal du Dimanche (JDD) ce 21 février, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche réitère sa volonté d’une enquête sur "les radicalités" et "les études postcoloniales", entre autres. Sur RTL ce lundi 22 février, elle regrette que sa demande se soit transformée en polémique.

L'enquête sur "l'islamo-gauchisme" à l'université aura bien lieu ! Malgré la polémique suscitée par cette annonce la semaine dernière, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a confirmé l'information dimanche dans le JDD. Comme elle l'a réexpliqué dans l'hebdomadaire, Frédérique Vidal souhaite réaliser "un état des lieux de ce qui se fait en recherche en France sur ces sujets".

On le rappelle, ses propos avaient provoqué un tollé la semaine dernière, lorsqu'elle évoquait sur CNews notamment un "islamo-gauchisme" qui "gangrène la société dans son ensemble et l’université n’est pas imperméable".

Répondre aux critiques

L'objectif de cet entretien était aussi de répondre aux critiques qui se multiplient depuis l'annonce de la ministre. À l'image de ces universitaires et chercheurs qui demandent la démission de Frédérique

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Vidal dans une tribune publiée dans Le Monde, et cosigné par 600 personnels dépendant de son ministère. Très incisif, le texte évoque notamment "la menace d'une répression intellectuelle".

Faire la part des choses entre le travail des scientifiques et ceux qui se servent de ces travaux pour porter une idéologie et nourrir l’activisme

En quelque sorte, Frédérique Vidal leur donne raison en expliquant que l'enjeu de l'enquête est bien de "faire la part des choses entre le travail des scientifiques et ceux qui se servent de ces travaux pour porter une idéologie et nourrir l’activisme". De là à parler d'un arbitre des "bonnes pratiques universitaires", il n'y a qu'un pas. D'aucuns y verront une atteinte importante à la liberté universitaire.

Cependant, comme le CNRS le lui a rappelé, la ministre reconnaît que l’"islamo-gauchisme" n’est pas une réalité scientifique. Mais elle précise : "Quand je reprends le terme […], j’ai à l’esprit l’ensemble des radicalités qui traversent notre société." Les "études postcoloniales" et "l’intersectionnalité" sont également citées, plus loin dans l'interview.

On ne peut pas à la fois défendre les libertés académiques et ordonner une commission d’enquête jugeant si les libertés utilisées sont les bonnes ou non.

Pour tenter de se justifier, Frédérique Vidal évoque "des professeurs qui se disent empêchés" et "des présidents d’université qui demandent de l’aide". La commission permanente de la Commission nationale des universités considère qu’on "ne peut pas à la fois défendre les libertés académiques et ordonner une commission d’enquête jugeant si les libertés utilisées sont les bonnes ou non".

"Il n’y a pas lieu d’en faire une polémique"

Interrogée ce lundi sur RTL, Frédérique Vidal a dit "regretter" que sa demande se soit transformée en polémique. "Je dis que je veux un état des lieux sur ce sujet, il n’y a pas lieu d’en faire une polémique", a-t-elle estimé. "Des enquêtes, il y en a en permanence", a-t-elle enfin justifié.

La ministre de l'Enseignement supérieur a également précisé que les résultats de son rapport étaient attendus "dans les prochains mois". Frédérique Vidal a ensuite voulu remettre l'église au milieu du village : "Aujourd’hui, ce qui me préoccupe, c’est la question des étudiants […]. Comment on fait pour que les étudiants puissent sortir de cette crise en n’étant pas désespérés".

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Plus de 5.000 #étudiants ont demandé à bénéficier du chèque psy depuis début février, indique @VidalFrederique dans #RTLMatin @BSportouch \u2935\ufe0f pic.twitter.com/9KLEXeoqOI

— RTL France (@RTLFrance) February 22, 2021

Pour étayer son propos, elle est revenue sur le chèque psy promis par le gouvernement : il a concerné la première semaine de février 1 200 étudiants, puis 2 000 étudiants par semaine, pour un total de 5000 personnes aujourd'hui, indique la ministre.

Enfin, cette semaine marque aussi le retour des étudiants à l'université. Plus de trois quarts des universités ont déjà modifié leurs emplois du temps pour permettre aux étudiants de revenir en cours en présentiel une journée par semaine. Environ 90 % des étudiants sont concernés par ces nouveaux emplois du temps et parmi eux, 60 % reviennent tandis que 40 % préfèrent rester en présentiel, a précisé la ministre.

*****journal_europe1 *auteur_beytout *date_fev21

Controverse sur "l'islamo-gauchisme" à l'université : la ministre Frédérique Vidal a bien du mérite d'affronter les critiques

08h28, le 22 février 2021

AA

© Europe 1

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L'ÉDITO POLITIQUE EST UNE CHRONIQUE DE L'ÉMISSION EUROPE MATIN - 7H-9H

DIFFUSÉE LE LUNDI 22 FÉVRIER 2021

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Chaque matin, Nicolas Beytout, le directeur du journal "L'Opinion" analyse l'actualité politique et nous livre son point de vue. Ce lundi, il revient sur la polémique provoquée par la ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal avec sa sortie récente sur "l'islamo-gauchisme". Nicolas Beytout estime que la ministre a raison de persévérer.

Malgré la polémique qu’elle avait déclenchée, Frédérique Vidal a décidé de maintenir sa demande d’enquête sur l’islamo-gauchisme à l’université...

"Oui, et elle a bien du mérite, la ministre de l’Enseignement supérieur, d’affronter et de tenir face au déferlement de critiques venues de la gauche et de haine venue des réseaux sociaux. Sa faute ? Avoir dit tout haut ce que nombre de témoignages affirment déjà depuis des mois : dans les facs

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françaises, la liberté de pensée est menacée. Et elle l’est par ceux-là mêmes qui vocifèrent contre la ministre.

Pardon, mais c’est eux, ceux qui critiquent Frédérique Vidal, qui dénoncent au contraire une démarche ministérielle menaçante pour la liberté

Oui, c’est un grand classique dans ce genre de débat : ceux qui crient le plus fort au nom de la liberté sont en réalité ceux qui la menacent le plus et entendent qu’on les laisse tranquilles dans leur entreprise de manipulation. A l’université, un courant de plus en plus puissant propose de regarder tout l’enseignement sous l’angle de la remise en cause du colonialisme, avec un prisme de races, auquel s‘ajoute la question du genre. L’intersectionnalité fait des ravages...

L’intersectionnalité ?

Oui, c'est le fait d’analyser le monde et toutes les matières par le biais de la race, du genre et de la classe sociale. Ca donne un regard très partial sur les sciences et sur l’enseignement. C’est ce que dénonce Frédérique Vidal et c'est ce qu’elle veut analyser. Sauf que la Conférence des présidents d’université l’a mal pris : elle rappelle "que la recherche n’est pas responsable des maux de la société, mais qu’elle doit les analyser".

Ce qui est parfaitement exact. Mais à condition que ceux qui enseignent les théories du genre ou de la race n’empêchent pas les autres enseignants et chercheurs de continuer à voir le monde comme ils l’entendent. Or c’est là toute la question : des facs sont en train de passer sous contrôle de ces prophètes de l’exclusion, qui commencent à interdire toute expression divergente de la leur. C’est d’ailleurs un clivage très politique, très tranché gauche-droite. La gauche, en particulier l’extrême-gauche, est souvent islamo-gauchiste : elle voit l’islam comme la religion d’une minorité opprimée par la classe et la religion dominantes. Et elle pactise souvent, sur le plan électoral, avec leurs représentants. On voit beaucoup ça chez certains maires, comme à Trappes, par exemple.

Et la majorité présidentielle, elle se situe comment ?

Elle est divisée. Entre la droite et la gauche de la République en Marche, bien sûr. Ce qui donne une vraie cacophonie, et une impression d’hésitation de la part du chef de l’Etat entre défense un peu théorique de l’autonomie absolue des universités et défense de la liberté de pensée. Il va pourtant falloir qu’il se fasse une religion."

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*****journal_quotidiendoran *auteur_belkaid *date_fev21

Vu d’Algérie.Avec l’“islamo-gauchisme”, Macron fait du sous-maccarthysme

FRANCE

FRANCE

LE QUOTIDIEN D'ORAN - ORAN

Publié le 22/02/2021 - 12:48

Le président français Emmanuel Macron lors d’une réunion à distance du G7, à Paris le 19 février 2021. PHOTO THIBAULT CAMUS/The Associated Press/REUTERSLe président français Emmanuel Macron lors d’une réunion à distance du G7, à Paris le 19 février 2021. PHOTO THIBAULT CAMUS/The Associated Press/REUTERS

L’agitation du gouvernement rappelle l’hystérie de la célèbre chasse aux sorcières américaine, estime, affligé, ce journaliste algérien. En vérité, elle lui sert avant tout à nier le racisme en France et à faire oublier les vrais problèmes du pays.

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Dans l’histoire récente des États-Unis, le maccarthysme (1950-1954) représente un moment à part fait de paranoïa anticommuniste, de persécutions systématiques, d’incitation musclée à la délation et d’abus policiers et judiciaires. Orchestrée par le sénateur Joseph McCarthy, la traque des communistes et de leurs sympathisants prit rapidement l’allure d’une chasse aux sorcières où la folie le disputait à l’irrationnel et au grotesque. De cette période on retient aujourd’hui la violence subie par les mis en cause, l’arbitraire d’une machine devenue incontrôlable, son accumulation de dérapages et son arrêt soudain dès lors que vint à l’esprit dérangé dudit sénateur l’idée d’étendre sa croisade à l’armée américaine…

Dans le contexte actuel français d’obsessions régressives liées à l’“islamo-gauchisme”, il y a certainement des parallèles à faire, même si on est loin de la gravité de la situation américaine de l’époque. Mais quand la ministre française de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (excusez du peu) déclare qu’elle va demander au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) de faire une enquête sur l’influence de l’islamo-gauchisme dans l’université, on se dit que quelque chose de sérieux est en train de dérailler dans une Macronie qui flirte ouvertement avec l’extrême droite. McCarthy, lui aussi, voulait extirper l’“hydre communiste” des établissements scolaires et universitaires américains, et cela se traduisit par des milliers de professeurs révoqués ou de bourses refusées. À quand une enquête sur l’islamo-gauchisme dans les hôpitaux, les écoles primaires ou même les entreprises ? Le filon est énorme et il ne demande qu’à être exploité.

Une notion vide de sens

Mais, avant d’aller plus loin, relevons l’essentiel. On sait ce que fut – et ce qu’est encore (quoique) le communisme. Ses adversaires n’avaient aucun problème à cerner les contours de cette doctrine quelles qu’en soient les variantes. Quand McCarthy voulait, selon ses mots, “faire la peau au communisme”, on avait une idée de ce dont il parlait. Qu’ensuite le simple fait de se préoccuper de la santé des plus pauvres ou de réclamer des repas chauds dans les cantines scolaires fut qualifié par le sénateur et ses sbires de communisme est tout autre chose. Bref, on sait ce qu’est le communisme, mais qui peut bien nous fournir une définition de ce que serait cet islamo-gauchisme qui menacerait tant la République ?

À LIRE AUSSIOpinion. “Cancel culture” : au secours, les maccarthystes reviennent !

Si l’on exclut le recours à la dérision pour dénoncer une situation ubuesque, personne ne se revendique de l’islamo-gauchisme (ou alors, c’est pour faire peur à Mme Vidal ou pour que Jean-Pierre Elkabbach sorte de sa tanière). L’islamo-gauchisme, ce n’est rien de tangible. C’est une notion vide de sens. Ce n’est pas un courant politique, ce n’est pas une idéologie, ce n’est pas un texte ni une doctrine, et on serait bien en peine d’en désigner le Marx, l’Engels ou même le Lénine. Il est d’ailleurs intéressant de noter que ce terme, péjoratif, est né à l’extrême droite, qui en fait le reflet du tristement célèbre complot judéo-maçonnique (ou judéo-bolchévique). C’est la trouvaille des héritiers de Pétain et de Laval pour étendre le champ de la suspicion ambiante aux non-musulmans. Cela fait des années qu’il est facile de jeter l’opprobre sur un Kamel ou un Boualem en laissant entendre qu’ils cacheraient bien leur jeu, qu’ils pratiqueraient la taqqiya (tout le monde connaît désormais ce terme [signifiant la dissimulation ou la négation de sa foi afin d’éviter la persécution])

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et qu’ils ne seraient, en fait, que des islamistes déguisés, toujours prêts à prendre quatre femmes et à refuser les lois de la République.

Un débat censé faire diversion des vrais problèmes

L’étiquette islamo-gauchiste tombe donc à point pour s’attaquer à celles et ceux qui, sans être musulmans, disent avec courage que l’islamophobie – ou la haine des musulmans, puisque certains ne supportent pas ce mot – ne cesse de croître en France et qu’il est urgent de la combattre. On remarquera d’ailleurs que, souvent, ce sont les mêmes zélotes de la laïcité qui affirment que le terme “islamophobie” n’est qu’une invention des mollahs iraniens – énorme bêtise qui traduit l’inculture ou la mauvaise foi des concernés – et qui usent et abusent du terme “islamo-gauchiste” comme s’il désignait une réalité tangible ou un courant doctrinaire réel.

Nous assistons là à une énième diversion dont le but est de donner libre cours à des pulsions racistes très anciennes pour gommer le réel. En France, la crise du Covid-19 a démontré les faiblesses du système de santé, les errements de sa haute administration, les limites de son industrie (pas de vaccins…) et la pusillanimité de son pouvoir politique. Les hurlements convenus contre l’islamo-gauchisme et le séparatisme entendent aussi faire oublier ces longues files d’étudiants qui n’ont rien à manger et qui s’en remettent à la charité d’organisations non gouvernementales.

Il y a quelques jours, le quotidien Le Monde [Courrier international fait partie du groupe Le Monde] a publié une enquête fouillée sur le Luxembourg, ce paradis ou “havre” fiscal au cœur même de l’Union européenne. Des milliards d’euros ayant échappé au fisc français y dorment et s’y bonifient en toute tranquillité. On pourrait dire que c’est cela le vrai séparatisme, le fait de se dérober à l’obligation de tout citoyen envers l’État et la République, car qu’est-ce qu’un État s’il n’est pas capable de lever l’impôt en toute justice et équité ? À l’heure des bilans en matière de lits d’hôpitaux supprimés et de coupes claires dans les budgets de santé, c’est cela qui devrait faire débat, mais cogner encore et encore sur les musulmans et ceux qui dénoncent l’islamophobie est la plus aisée des stratégies. Mais… attention, à en croire la valetaille macroniste et les médias qui roulent pour Le Pen, il paraît qu’affirmer cela serait le signe de l’appartenance à l’islamo-gauchisme. Reste à préciser quelle tendance.

*****journal_leparisien *auteur_anonyme *date_fev21

«Islamo-gauchisme» à la fac : l’exécutif soutient Vidal tout en calmant le jeu

Une semaine après avoir dénoncé «l’islamo-gauchisme» qui selon elle gangrenait les universités, la ministre de l’Enseignement supérieur a été soutenue par plusieurs ministres ce dimanche.

Créteil, jeudi 28 janvier. La ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal (ici au centre) fait face à une pluie de critiques.

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Créteil, jeudi 28 janvier. La ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal (ici au centre) fait face à une pluie de critiques. LP/ Sylvain Deleuze

Par Le Parisien avec AFP

Le 21 février 2021 à 09h55, modifié le 21 février 2021 à 17h29

Elle se dit au cœur d’un « procès d’intention » mais semble déterminée à vouloir « déconstruire l’idée qu’il y aurait une pensée unique sur certains sujets et […] protéger le pluralisme des idées à l’université ». Une semaine après avoir créé la polémique en dénonçant « l’islamo-gauchisme » qui, selon elle, « gangrène la société dans son ensemble et l’université n’est pas imperméable », la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, s’explique. Elle était restée en retrait depuis ses propos sur le plateau de CNews.

LIRE AUSSI >Frédérique Vidal et « l’islamo-gauchisme » à la fac : 5 minutes pour comprendre un débat explosif

Dans une interview accordée au Journal du Dimanche, elle dit souhaiter « qu’on relève le débat ». Une réponse aux vives réactions dans le monde académique, au point que 600 universitaires (enseignants, chercheurs…) ont réclamé samedi sa démission, dans une tribune publiée par le journal Le Monde, en lui reprochant de « faire planer la menace d’une répression intellectuelle ».

« Nous avons besoin d’un état des lieux sur ce qui se fait en recherche en France sur ces sujets », a indiqué Frédérique Vidal, assurant vouloir une enquête « au sens sociologique du terme ». Une étude à laquelle le CNRS avait accepté, mardi, de participer tout en « regrettant cependant une polémique emblématique d’une instrumentalisation de la science et un slogan politique [qui] ne correspondait à aucune réalité scientifique ». Et la ministre de répondre au JDD : « Je veux une approche rationnelle et scientifique du sujet. Il faut quantifier les choses, sortir du ressenti et du présupposé », avance-t-elle.

« Pas le sujet prioritaire »

Quoi qu’il en soit, sur les réseaux sociaux comme dans les sphères politiques, les réactions vont dans le même sens. « Je n’ai pas bien compris l’utilité de faire cette sortie. Elle est très critiquée ces temps-ci. Elle ferait mieux de s’occuper des difficultés des facs avec le Covid », suggère un député. L’eurodéputé EELV Yannick Jadot a même demandé sa démission. « Elle doit partir. La ministre qui porte la disqualification de la recherche et de l’enseignement supérieur dans notre pays ne peut rester en poste », a-t-il estimé sur France 3 ce dimanche.

La ministre a par ailleurs été recadrée par le chef de l’Etat, via le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal : « La priorité pour le gouvernement, c’est évidemment la situation des étudiants dans la crise sanitaire, c’est évidemment la possibilité d’apporter un soutien financier aux étudiants en difficulté, c’est évidemment de permettre aux étudiants qui le souhaitent de pouvoir revenir

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progressivement en présentiel à l’université », a-t-il rappelé. Invité du Grand Jury RTL/LCI/Le Figaro ce dimanche, Gabriel Attal a souhaité que « l’on puisse passer à autre chose ».

Soutien de Blanquer et Darmanin

Dans son entretien dominical au JDD, la ministre de l’Enseignement supérieur fait, à demi-mot, son mea culpa en justifiant sa pensée. « Je suis universitaire. J’ai toujours défendu la liberté académique et les chercheurs, assure-t-elle. Si les universitaires qui ne me connaissent pas ont pu se sentir froissés, ce n’était pas mon intention. Chacun doit pouvoir s’exprimer, c’est aussi dans le désaccord qu’on avance. » Elle a reconnu que « ce sujet suscite beaucoup de réactions, mais ce n’est pas notre priorité aujourd’hui […] La priorité, c’est la situation des étudiants et la pandémie ».

Face aux appels à sa démission, elle a reçu, ce samedi, le soutien du ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer. Selon lui, l’« islamo-gauchisme » est un « fait social indubitable » qu’il faut « regarder en face », a-t-il assuré sur BFMTV. Gérald Darmanin lui a aussi apporté son soutien, la jugeant très courageuse, tout en précisant que « ceux qui font jonction » entre les « gauchistes » et les « islamistes » étaient « minoritaires ».

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La ministre a aussi pu trouver du soutien du côté… de la droite. Le vice-président délégué des Républicains Guillaume Peltier a dénoncé, sur France Inter/franceinfo/Le Monde ce dimanche, une « collusion entre une partie de la gauche et l’islamisme ». « Nous devons cesser d’être dans le déni », a quant à lui assuré le président LR du Sénat Gérard Larcher.

*****journal_francebleu *auteur_colin *date_fev21

Polémique sur l’islamo-gauchisme à l’université : anachronique et inopportun face à des étudiants en détresse

Mardi 23 février 2021 à 8:23 - Par Thierry Colin, France Bleu Sud Lorraine

Grand Est

A l’université de Lorraine, les propos de la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, sur «l’islamo-gauchisme» passent mal. Des enseignants demandent sa démission suite au discours «anachronique et inopportun» face à des étudiants en détresse psychologique et économique.

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"Il ne se passe pas une semaine sans un étudiant en larmes face à moi ..."

"Il ne se passe pas une semaine sans un étudiant en larmes face à moi ..." © Radio France - Thierry colin

«Il ne se passe pas une semaine sans un étudiant en larmes face à moi ou absent ou dont on n'a pas de nouvelles…» : ce chercheur à l’Université de Lorraine fait partie des signataires d’une pétition publiée par Le Monde demandant la démission de Frédérique Vidal après son propos polémique sur «l’islamo-gauchisme». Un discours jugé « anachronique et inopportun» par Cédric Prévot alors que la ministre a accompagné ses propos du souhait d’un audit sur la recherche en France.

Cédric Prévot, chercheur à l’Université de Lorraine en épistémologie et à l’université de Toulouse, figure parmi les dix premiers universitaires lorrains à avoir signé un texte qui a réuni dans un premier temps 600 noms et compte aujourd’hui plus de 14 000 signataires.

Etudiants en détresse psychologique et économique

L’islamo-gauchisme ? «Le sujet n'appartient à aucune réalité laborantine vécue. Ça nous paraît anachronique et inopportun. C’est davantage une invention d’opinion ou une invention médiatico-politique qu'une réalité universitaire» ajoute le chercheur qui se base sur son quotidien à Nancy, Paris et Toulouse.

Le doctorant, qui se penche depuis des années sur les langages de l'image dans les manuels d'histoire d'enseignement primaire de 1850 à 1950, estime que «l'urgence est ailleurs». Son quotidien, c’est des étudiants en détresse psychologique mais aussi économique face à la pandémie du covid-19 : «dans certaines villes, les étudiants ont déjà rendu leur appartement à cause de la précarité avec des étudiants économiquement confinés».

Ecoutez Cédric Prévot, chercheur en épistémologie.

Une polémique également évoquée par le président de l’université de Lorraine, Pierre Mutzenhardt, invité sur France Bleu Sud Lorraine ce mardi matin qui donne un conseil à Frédérique Vidal : «Elle devrait retirer ses propos et arrêter ces questions d'enquête qui n'ont pas de sens».

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« Islamo-gauchisme » : un terme sans « aucune réalité scientifique » selon le CNRS, Frédérique Vidal sous pression

La ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche est critiquée jusqu’au sein de la majorité pour s’être trompée de priorité en demandant au CNRS une enquête sur « l’islamo-gauchisme » à l’université.

Le Monde avec AFP

Publié le 17 février 2021 à 20h45 - Mis à jour le 18 février 2021 à 06h09

Temps deLecture 3 min.

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Plus d’options

La pression est montée d’un cran, mercredi 17 février, sur la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, Frédérique Vidal, jusqu’au sein de la majorité, pour avoir diligenté une enquête sur « l’islamo-gauchisme » à l’université, quand l’exécutif peine déjà à atténuer les stigmates de la crise chez les étudiants.

Le timing en a fait s’étrangler plus d’un. Après avoir épinglé dimanche soir, sur CNews, l’« islamo-gauchisme » qui, selon elle, « gangrène la société dans son ensemble, et l’université n’est pas imperméable », Mme Vidal a enfoncé le clou mardi en annonçant avoir demandé au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) « un bilan de l’ensemble des recherches » qui se déroulent en France, afin de distinguer ce qui relève de la recherche académique et ce qui relève du militantisme. Une « étude scientifique » plutôt qu’une enquête, s’empresse-t-on de préciser au ministère.

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Recadrage au sommet

Le recadrage au sommet s’est fait en termes policés à l’issue du conseil des ministres, mercredi. Emmanuel Macron a répété son « attachement absolu à l’indépendance des enseignants-chercheurs

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», selon le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, prenant ainsi ses distances avec l’étude demandée par Frédérique Vidal.

Puis Gabriel Attal a encore rappelé que « la priorité pour le gouvernement, c’est évidemment la situation des étudiants dans la crise sanitaire, c’est évidemment la possibilité d’apporter un soutien financier aux étudiants en difficulté, c’est évidemment de permettre aux étudiants qui le souhaitent de pouvoir revenir progressivement en présentiel à l’université », rejoignant plusieurs voix au sein de la majorité appelant Mme Vidal à se concentrer d’abord sur ces points. « Quand elle est sur un plateau de télévision, elle devrait être obsédée par la vie des étudiants, pas sortir ce genre de choses », se désole un cadre de la majorité.

L’enjeu politique est énorme pour l’exécutif qui voit fleurir les images d’étudiants dans les files d’attente devant des banques alimentaires, et les témoignages de détresse psychologique chez les jeunes. Ce hiatus a d’ailleurs été exploité par l’opposition, à l’image du sénateur (communiste) des Hauts-de-Seine Pierre Ouzoulias qui, interpellant le gouvernement sur les aides économiques pour les jeunes, a proposé avec ironie à Mme Vidal de « demander au CNRS à lancer une enquête sur le sujet ».

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« Instrumentalisation de la science »

Sur le fond, la sortie de Mme Vidal a provoqué la « stupeur » de la Conférence des présidents d’université (CPU), qui a publié un communiqué au vitriol vilipendant les « représentations caricaturales » et « arguties de café du commerce » du gouvernement.

Si dans un communiqué le CNRS s’est, lui, dit prêt à « participer à la production de l’étude souhaitée par la ministre », il a toutefois insisté sur le fait que le terme d’islamo-gauchisme « ne correspond à aucune réalité scientifique », regrettant une « polémique emblématique d’une instrumentalisation de la science ». Le centre de recherche a par ailleurs tenu à « condamner avec fermeté celles et ceux qui tentent d’en profiter pour remettre en cause la liberté académique indispensable à la démarche scientifique et à l’avancée des connaissances, ou stigmatiser certaines communautés scientifiques ».

« On va demander à nos chercheurs du CNRS de devenir des flics qui enquêtent sur leur propre université, c’est absurde, il s’agit d’un dérapage incompréhensible », abonde auprès de l’Agence France-Presse (AFP) Michel Deneken, administrateur provisoire à l’université de Strasbourg, mettant cette initiative sur le compte d’une stratégie politique pour « rallier la droite avant les élections régionales et la présidentielle ».

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Le sillon, qui avait déjà été emprunté en octobre 2020 par le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, était en effet creusé depuis plusieurs mois par la droite, dont le député Les Républicains (LR) de Vaucluse Julien Aubert, qui réclamait une mission parlementaire sur la question.

« Police de la pensée »

« Vous n’avez rien d’autre à faire que de lancer une police de la pensée ? », s’est insurgée, mardi, la députée La France insoumise (LFI) de l’Ariège Bénédicte Taurine, son collègue (LFI) de la Somme François Ruffin réclamant, lui, la démission de la ministre.

La polémique relance en tout cas les critiques autour de Mme Vidal, universitaire reconnue, spécialiste de la génétique moléculaire, mais accusée de manquer de poids et de sens politiques. L’adoption en novembre 2020 de la loi de programmation pour la recherche, son texte phare, a ainsi été polluée par des amendements controversés, notamment sur le « délit d’entrave » dans les facs. « On lui a confié une loi historique, et le truc passe sous les radars », tempête encore un poids lourd de la majorité.

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Mais beaucoup mettent aussi en avant la difficulté du poste, dans un contexte où le sanitaire et l’économique emportent tout. « Elle a commis une erreur de communication, consent ainsi le député (MoDem) du Gard Philippe Berta, mais ça ne remet pas en cause son activité. C’est une femme très courageuse. »

Sur son compte Twitter, mercredi, la ministre réaffirmait son engagement vis-à-vis de la jeunesse.

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D'où vient vraiment le terme "islamo-gauchisme" ?

ÉCLAIRAGE - La ministre de l'Enseignement supérieur a demandé une enquête sur "l'islamo-gauchisme" à l'université. Mais qu'est-ce que cela signifie ?

Frédérique Vidal à l'Assemblée nationale le 12 janvier 2021 (illustration)

Frédérique Vidal à l'Assemblée nationale le 12 janvier 2021 (illustration)

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Crédit : CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

Coline Daclin

Journaliste

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PUBLIÉ LE 17/02/2021 À 18:13

Selon la ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal, il "gangrène la société dans son ensemble". L'université non plus n'y serait "pas imperméable". Le terme d'"islamo-gauchisme" est employé ces dernières années par de nombreux acteurs de la politique et de la pensée française.

Le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer avait déjà fustigé en octobre dernier l'"islamo-gauchisme" à l'université. Avant lui, Gérald Darmanin avait déjà utilisé l'expression. Plus tôt encore en 2017, c'était Manuel Valls qui accusait la France insoumise d'"islamo-gauchisme" sur RTL. La même année, Marine Le Pen utilisait le même qualificatif pour parler de Benoît Hamon.

Mais que se cache-t-il en vérité derrière ce mot ? En France, il semble que ce soit le sociologue Pierre-André Taguieff qui ait utilisé pour la première fois le terme dans son livre La Nouvelle Judéophobie (Mille et une nuits, 2002). Comme l'explique Libération, il est alors actif au sein de la Fondation du 2-Mars, souverainiste chevènementiste. Pour Pierre-André Taguieff, l'"islamo-gauchisme" décrirait une tendance chez certains mouvements de gauche à se retrouver dans les mêmes combats que des mouvements propalestiniens, parfois aux côtés des islamistes.

Des significations multiples

L'expression est ensuite largement reprise. "Dans les sphères d'extrême-droite, elle désigne deux ennemis : l'islam et la gauche", commente auprès de RTL.fr Albin Wagener, enseignant-chercheur en analyse du discours à l'université Rennes II et à l'Institut National des Langues et Civilisations Orientales (Inalco).

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En parallèle, le terme est repris par de nombreux penseurs français, comme le romancier et essayiste Pascal Bruckner, la philosophe Elisabeth Badinter ou encore la journaliste et essayiste Caroline Fourest. Pour cette dernière, l'"islamo-gauchisme" a encore un tout autre sens : "Il désigne ceux qui, au nom d'une vision communautariste et américanisée de l'identité, combattent le féminisme universaliste et la laïcité", explique-t-elle dans Libération.

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La signification du mot est d'autant plus floue qu'elle est rapidement opposée à la notion d'"islamophobie". Un terme qui désigne une hostilité envers l'islam et les musulmans, mais qui fait lui aussi polémique. "Le terme islamophobie est mal choisi s'il doit désigner la haine que certains tarés ont des musulmans. Il n'est pas seulement mal choisi, il est dangereux", écrivait ainsi le dessinateur Charb dans Lettre aux escrocs de l'islamophobie qui font le jeu des racistes (Les Echappés).

Mot "mis à toutes les sauces" ou "faux concept" ?

Autant de polémiques qui poussent l'auteur de l'expression Pierre-André Taguieff à clarifier sa position dans une tribune à Libération en octobre 2020. "L'expression 'islamo-gauchisme' avait sous ma plume une valeur strictement descriptive, désignant une alliance militante de fait entre des milieux islamistes et des milieux d'extrême gauche, au nom de la cause palestinienne, érigée en nouvelle cause universelle. [...] Que, mise à toutes les sauces, l’expression ait eu par la suite la fortune que l’on sait, je n’en suis pas responsable", écrit-il, tout en soutenant qu'il demeure "un véritable problème" avec "la collusion entre des groupes d’extrême gauche [...] et des mouvances islamistes de diverses orientations".

Pour le géopolitologue Pascal Boniface, l'"islamo-gauchisme" est carrément un "faux concept". "Ceux qui sont dénoncés comme islamo-gauchistes ont lutté soit contre l'occupation de la Palestine [...] soit pour défendre le droit des minorités. Ils n'ont jamais plaidé pour la complaisance à l'égard du terrorisme, c'est une lourde accusation", explique-t-il dans une vidéo Youtube.

"Le problème avec ce type de mot-valise, c'est qu'on a l'impression que les deux mots se contaminent. L'islam et le gauchisme - qui ne veut pas dire grand-chose dans la mesure où il existe de nombreuses déclinaisons de la gauche - seraient liés, et mauvais", analyse le linguiste Albin Wagener. Comme l'historien israélien Shlomo Sand, il rapproche d'ailleurs l'expression de celle de "judéo-bolchevisme", utilisée notamment au siècle dernier par les nazis. "Parce que des Juifs avaient soutenu le bolchevisme, l'extrême-droite avait trouvé cette expression pour mépriser les Juifs et la gauche", rappelle l'historien, très critique de la vision française de la laïcité, auprès de RTL.fr.

Une "guerre" envers les sciences sociales ?

Dans sa tribune à Libération, Pierre-André Taguieff se défend en assurant que sa vision de l"islamo-gauchisme" ne signifie pas "que le gauchisme est un phénomène musulman ni que les gauchistes sont en fait des islamistes".

Le problème avec les mots, c'est qu'il peut y avoir une différence entre l'intention avec laquelle ils sont utilisés, et leur compréhension. "Le terme 'islamo-gauchisme' n'a pas perdu sa connotation d'extrême-droite", avertit Albin Wagener, qui estime que l'utiliser revient à "encourager un fantasme d'extrême-droite". Sans nier qu'il peut exister du militantisme à l'université, il regrette que l'expression soit utilisée pour cibler une partie de la recherche en sciences humaines et sociales.

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"Les vrais sociologues n'utilisent pas ces termes d''islamo-gauchisme' et d''islamo-fascisme'. On est dans une époque de confusion où on fait la guerre aux sciences sociales", estime dans sa vidéo Pascal Boniface. "Il faut au contraire réhabiliter les sciences sociales : expliquer un phénomène ce n'est pas le légitimer, c'est au contraire le combattre."

Reste à savoir si le terme sera réutilisé dans une éventuelle enquête du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) sur le sujet, que la ministre Frédérique Vidal appelle de ses vœux. Pour l'heure, le CNRS assure être seulement "en discussion avec le cabinet de la ministre" après son annonce.

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D'où vient ce procès en "islamo-gauchisme" qui touche les universités après la gauche?

Frédérique Vidal s'attire les foudres du monde universitaire depuis qu'elle a épinglé l'"islamo-gauchisme" qui, selon elle, "gangrène la société dans son ensemble et l'université n'est pas imperméable."

Le HuffPost

D'où vient ce procès en

LUDOVIC MARIN/AFP VIA GETTY IMAGES

D'où vient ce procès en "islamo-gauchisme" qui touche les universités après la gauche? (photo d'illustration Frédérique Vidal Jean-Michel Blanquer prise le 18 mars 2019)

POLITIQUE - Deuxième round. Après Jean-Michel Blanquer en octobre dernier, c’est Frédérique Vidal qui reprend à son compte les débats autour de “l’islamo-gauchisme.” Si l’expression en question n’est pas -du tout- nouvelle, elle ne cesse de gagner en visibilité ces derniers mois depuis l’attentat de Conflans-Sainte-Honorine notamment.

Quelques jours après l’assassinat du professeur d’histoire Samuel Paty, le ministre de l’Éducation nationale regrettait, sur Europe 1, la présence de “ce qu’on appelle communément l’islamo-gauchisme” au sein de la France insoumise ou de l’Unef en dénonçant un “courant” qui “favorise une idéologie qui ensuite, de loin en loin, mène évidemment au pire.”

Quatre mois plus tard, la ministre de l’Enseignement supérieur s’en prend plus précisément aux universitaires. Après avoir estimé, dimanche 14 février, sur Cnews, que “l’islamo-gauchisme” “gangrène” l’université et à fortiori toute la société, Frédérique Vidal a demandé, le lendemain, au CNRS de dresser “un bilan de l’ensemble des recherches” qui se déroulent en France, pour distinguer ce qui relève de la recherche académique et ce qui relève du militantisme.

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“Aucune réalité scientifique”

Et ce, au risque de susciter l’incompréhension de nombreux marcheurs, le courroux du monde universitaire... et le recadrage du CNRS lui-même. Dans un communiqué très critique, publié mercredi en fin de journée, le Centre national de la recherche scientifique condamne, entre autres une “instrumentalisation de la science” et “les tentatives de délégitimation de différents champs de la recherche.” Pour eux, “l’islamo-gauchisme’, slogan politique utilisé dans le débat public, ne correspond à aucune réalité scientifique.”

Ce que soutenait déjà Alexis Corbière au HuffPost, le 22 octobre dernier, en des termes différents. “Qu’il dise en détail ce qu’il nous reproche!”, réagissait-il, non sans colère, aux accusations de Jean-Michel Blanquer, en ajoutant: “Il utilise un mot qui a l’avantage de ne rien dire de précis.”

Avant les ministres de l’Éducation nationale ou de l’Enseignement supérieur, c’est Manuel Valls qui accusait ouvertement le mouvement insoumis d’islamo-gauchisme. En exemple, l’ex-premier ministre citait, comme beaucoup de détracteurs de LFI, la participation de la formation mélenchoniste à la marche contre l’islamophobie le 10 novembre 2019.

Cette manifestation, décidée après l’attentat de Bayonne, avait fracturé la gauche, le PS refusant de défiler aux côtés d’associations et personnages controversés. Est-ce le point de départ des accusations en islamo-gauchisme?

Pas du tout. À vrai dire, ce procès, qui touche aujourd’hui le monde universitaire, dure depuis de longues années. Il trouve sa source dans les mouvements altermondialistes.

De l’invitation de Tariq Ramadan à débattre avec José Bové au Forum social européen en 2003 à la candidature d’une femme voilée pour le NPA dans le Vaucluse, lors des élections régionales de 2010, toute une partie de la gauche va être accusée, à partir du début des années 2000, de complaisance avec l’islam (puis avec l’islamisme) que ce soit pour des aspirations nobles (la défense des minorités oppressées) ou des desseins contestables (l’électoralisme).

Un terme qui émerge en 2002 en France

L’expression peut également connaître des variantes, à l’image du “islamo-trotskiste” utilité par Marine Le Pen en 2017. Cinq ans plus tôt, le FN avait produit de faux tracts en langue arabe pour entretenir cette accusation.

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L’historien des idées Pierre-André Taguieff -directeur de recherche au CNRS- est l’un des premiers, en 2002, à utiliser le terme pour condamner l’antisionisme dans “la nouvelle configuration tiers-mondiste, néo-communiste et néo-gauchiste, plus connue sous la désignation médiatique de ‘mouvement antimondialisation’” dans son livre La nouvelle judéophobie.

Une expression, dont il revendique la paternité, sur laquelle il est revenu le 26 octobre dernier, dans une tribune publiée dans Libération, alors que s’enflammaient les débats autour du fameux islamo-gauchisme. “Que, mise à toutes les sauces, l’expression ait eu par la suite la fortune que l’on sait, je n’en suis pas responsable”, expliquait-il, en défendant la valeur “strictement descriptive” de ses mots: “l’expression ‘islamo-gauchisme’ avait sous ma plume une valeur strictement descriptive, désignant une alliance militante de fait entre des milieux islamistes et des milieux d’extrême gauche, au nom de la cause palestinienne, érigée en nouvelle cause universelle.”

Toutefois, pour l’historien, “ses usages polémiques discutables ne doivent pas empêcher de reconnaître qu’elle désigne un véritable problème.” À savoir: la collusion entre des groupes d’extrême gauche, “se réclamant du marxisme” et des “mouvances islamistes de diverses orientations (Frères musulmans, salafistes, jihadistes).” Une question qui semble bien éloignée des difficultés auxquelles les universités sont actuellement confrontées.

*****journal_franceinfo *auteur_bardella *date_fev21

VIDEO. "Islamo-gauchisme" : le gouvernement "a raison" de réclamer une enquête à l'université, estime Jordan Bardella

"Il y a dans notre pays toute une matrice intellectuelle où se diffuse la haine de la France", affirme sur franceinfo le vice-président du Rassemblement national.

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Mis à jour le 23/02/2021 | 10:39

publié le 23/02/2021 | 10:39

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Le gouvernement "a raison" de demander une enquête sur l'"islamo-gauchisme" dans lequel "baignent toute une partie de l'université française" et "toute une partie de la gauche", a réagi mardi 23 février sur franceinfo Jordan Bardella, vice-président du Rassemblement national, député européen.

"Faire une enquête n'est pas une atteinte à la liberté, on a encore le droit de mettre en place des enquêtes dans notre pays sur des sujets aussi graves", a-t-il souligné, alors que le président de Sorbonne Université, Jean Chambaz, a accusé le gouvernement de "draguer des secteurs de l'opinion publique dans des endroits assez nauséabonds."

"Culpabilisation permanente"

La ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, est empêtrée dans cette polémique après avoir demandé au CNRS une enquête sur "l'islamo-gauchisme" à l'université. Plus de 600 enseignants et chercheurs ont réclamé sa démission samedi, dans une tribune publiée par le journal Le Monde.

Mais pour Jordan Bardella, l'élection de Maryam Pougetoux, qui porte le voile, à la présidence de l'Unef (Union nationale des étudiants de France, syndicat classé à gauche) à Paris 4, en 2018, est un exemple d'"'islamo-gauchisme". "Quand Sciences Po organise un 'hijab day', c'est de l'islamo-gauchisme. Lorsque l'université de Paris 8 organise des camps d'été interdits aux blancs c'est de l'islamo-gauchisme", a poursuivi le vice-président du RN.

"Il y a dans notre pays toute une matrice intellectuelle où se diffuse la haine de la France, qui vise à se complaire avec l'idéologie islamiste et à être dans une logique de culpabilisation permanente des majorités où il faut désigner des coupables", a regretté Jordan Bardella.

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Islamo-gauchisme : mais d’où vient cette expression et qui l’utilise?

La ministre Frédérique Vidal a accusé cette semaine l’islamo-gauchisme de « gangrener la société (…) et l’université ». L’expression fait régulièrement polémique. Mais que veut-elle dire, qui l’utilise et depuis quand ?, nous interrogent plusieurs lecteurs. On fait le point.

Béatrice Quintin | Publié le18/02/202131 partages Partager Twitter

La ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Frédérique Vidal. Photo AFPLa ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Frédérique Vidal. Photo AFP

LECTURE ZEN

C’est le dirigeant d’un parti trotskiste anglais, Chris Harman, qui utilise le terme le premier, au Royaume-Uni, dans les années 90. Son idée était alors que l’islamisme politique puisse avoir des objectifs progressistes communs avec la gauche.

Le terme est ensuite utilisé au début des années 2 000 par un politologue, Pierre-André Taguieff, qui travaille sur la judéophobie. Il cherche cette fois à dénoncer le fait qu’une partie de la gauche se retrouve avec certains courants islamistes autour de manifestations pro palestiniennes.

L’expression telle qu’on la comprend aujourd’hui commence à être utilisée en France à partir de 2004, en plein débat sur les signes religieux ostentatoires à l’école. Elle devient une forme d’insulte visant à dénoncer la complaisance entre l’islamisme et la « bien-pensance » de gauche. En gros, ceux qui s’opposaient alors à l’interdiction du voile en environnement scolaire.

Une fracture sur l’explication des causes de l’islamisme radical

Ces dernières années, cette expression symbolise surtout une fracture politique sur l’explication des causes de l’islamisme radical, certaines personnalités surtout d’extrême droite taxant alors d’« islamo-gauchistes » ceux qui avancent des explications sociales à ces faits ou sont accusés de ne pas vouloir apporter une réponse sécuritaire suffisante. À La Voix du Nord, par exemple, nous avons été plusieurs fois taxés d’islamo-gauchiste par des internautes souvent issus de la « fachosphère », après avoir décrypté des fausses infos en lien avec ces sujets.

Ce terme a longtemps été très utilisé par un très petit groupe d’intellectuels, politiques ou essayistes, essentiellement marqués très à droite. Avant Frédérique Vidal cette semaine, soutenue par Gérald Darmanin, le terme a aussi été utilisé par Jean-Michel Blanquer au moment de l’assassinat de Samuel Paty.

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Pourtant, le CNRS, comme la conférence des présidents d’université ont bien rappelé cette semaine que cette notion n’a aucun fondement scientifique et n’a jamais été vraiment définie et étudiée.

*****journal_francebleu *auteur_monrozier *date_fev21

Frédérique Vidal persiste sur "l'islamo-gauchisme" à l'université

Dimanche 21 février 2021 à 11:19 - Par Anne Jocteur Monrozier, France Bleu

Dans un entretien publié dans le Journal du dimanche, la ministre de l'Enseignement supérieur souhaite "qu'on relève le débat" et répète son intention de demander une enquête sur "l'islamo-gauchisme" à l'université.

Frédérique Vidal lors d'une conférence de presse sur le Covid-19 le 14 janvier 2021

Frédérique Vidal lors d'une conférence de presse sur le Covid-19 le 14 janvier 2021 © Maxppp - Thomas Coex

"Nous avons besoin d'un état des lieux sur ce qui se fait en recherche en France sur ces sujets", indique Frédérique Vidal dans les colonnes du JDD ce dimanche, assurant vouloir une enquête "au sens sociologique du terme". La ministre de l'Enseignement supérieur s'est retrouvée prise dans une polémique après avoir dénoncé le 14 février "l'islamo-gauchisme" qui, selon elle, "gangrène la société dans son ensemble et l'université n'est pas imperméable", avant de demander mardi au CNRS "un bilan de l'ensemble des recherches" qui se déroulent en France, afin de distinguer ce qui relève de la recherche académique et ce qui relève du militantisme.

Ces déclarations ont suscité de vives réactions dans le monde académique, au point que 600 universitaires (enseignants, chercheurs...) ont réclamé sa démission samedi, dans une tribune publiée par le journal Le Monde, en lui reprochant de "faire planer la menace d'une répression intellectuelle".

Récusant vouloir mettre en place une "police de la pensée", la ministre y voit un "procès d'intention", assurant au contraire vouloir "déconstruire l'idée qu'il y aurait une pensée unique sur certains sujets et (...) protéger le pluralisme des idées à l'université".

Je suis universitaire. J'ai toujours défendu la liberté académique et les chercheurs. Si les universitaires qui ne me connaissent pas ont pu se sentir froissés, ce n'était pas mon intention. Chacun doit pouvoir s'exprimer, c'est aussi dans le désaccord qu'on avance.

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Le CNRS avait accepté mardi de participer à l'étude demandée par la ministre sur "l'islamo-gauchisme", regrettant cependant "une polémique emblématique d'une instrumentalisation de la science" et un "slogan politique [qui] ne correspondait à aucune réalité scientifique".

"Je veux une approche rationnelle et scientifique du sujet. Il faut quantifier les choses, sortir du ressenti et du présupposé, propose Frédérique Vidal. Les libertés académiques, la liberté de la recherche doivent être défendues à tout prix. Ce que je souhaite, c'est savoir si ces libertés ne sont pas entravées dans le travail des chercheurs et des enseignants-chercheurs", indique la ministre ce dimanche.

*****journal_lopinion *auteur_beuth *date_fev21

L’islamo-gauchisme dans les universités : et si le marché s’en chargeait ?

Marie-Catherine Beuth Marie-Catherine Beuth 21 février 2021 à 19h26

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Lancer une « enquête sociologique » sur les chercheurs qui « se servent de leurs travaux pour porter une idéologie » était-ce vraiment la meilleure façon de « protéger le pluralisme des idées à l’université » ? A fortiori quand cette demande vient de l’Etat ? Voilà la proposition paradoxale que Frédérique Vidal, la ministre française de l’Enseignement et de la Recherche, tente de défendre depuis une semaine, au nom de la lutte contre un « entrisme islamo-gauchiste » en milieu universitaire.

Paradoxale, elle est d’abord dangereuse : en cédant à ce type d’interventionnisme qui empiète sur la liberté d’opinion, le gouvernement français permet à n’importe quel régime illibéral, en Europe ou ailleurs, de justifier désormais toute chasse aux sorcières qu’il entreprend contre des universitaires, journalistes ou activistes.

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Ensuite, elle revient à tomber dans le même manichéisme paresseux dont se prévalent certains adeptes de « l’annulation » alors qu’un encouragement de la plus totale liberté académique aurait été plus sain pour l’université française. Que la France se frotte donc aux plus grandes universités américaines en matière de recherche sur le genre, le colonialisme, les sociétés patriarcales ! La concurrence promet d’être rude et saura faire ressortir les idées parmi les idéologies.

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Enfin, comment réconcilier cette initiative avec le projet d’émancipation esquissé par le candidat Macron pendant la campagne présidentielle de 2017 : il y était question d’« autonomie réelle » des universités, de « liberté de recruter » et de « souplesse » ? Si ce n’est, face à un entrisme ou un entre-soi désormais bien réels, en exigeant, en contrepartie de la liberté de recrutement, une mise sous condition du financement public.

*****journal_contrepoints *auteur_h16 *date_fev21

Et maintenant, un peu d’islamo-gauchisme universitaire !

Mbzt 24 01 2015, 2015, CC BY SA 4.0

L’islamo-gauchisme n’existerait pas mais déclenche pourtant une vague de protestation étonnante au sein des universitaires français…

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par h16

Et voilà que l’islamo-gauchisme est le grand thème du moment.

Il était pourtant évident que certain sujets ne devaient pas être abordés. Il était pourtant clair que certains concepts n’avaient pas le droit d’être évoqués, surtout dans le cadre policé, calme, pondéré et bien comme il faut, propre sur lui, de l’Université française. Et pourtant, malgré tout, il y a quelques jours, une ministre a abordé un sujet et évoqué un concept qu’elle n’aurait vraiment pas dû. Et là, c’est le drame.

Tout est allé très vite, dans un moment que certains qualifieront d’égarement tant il était clair, dès le départ, qu’il ne pouvait être question de ce genre de concepts dans ce qui tient lieu d’élite intellectuelle française : au cours d’un entretien accordé à CNews (pour rappel, il s’agit de cette horrible chaîne d’extrême droite selon la classification officielle), Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, réagissait suite à un article paru dans Le Figaro au sujet de l’islamo-gauchisme selon lequel certains enseignants se trouveraient empêchés dans leurs recherches et leurs

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enseignements par « certains militants gauchistes épaulés par l’entrisme d’activistes proches des Frères musulmans ».

Cet article faisait d’ailleurs lui-même suite aux déclarations du ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, quelques jours après la décapitation de Samuel Paty, sur les complaisances islamo-gauchistes de certains universitaires. Soufflant sur ces braises politiques, la ministre de l’Enseignement supérieur estime quant à elle que l’islamo-gauchisme gangrène en effet toute la société, dont l’Université fait partie intégrante et dans laquelle infusent donc les tensions et problèmes.

En somme, Vidal explique ici que certains enseignants, certains chercheurs universitaires utilisent leur aura pour porter un discours militant, et plus précisément dans le cas qui nous occupe, un discours gauchiste et favorable aux idées islamistes, et que ce militantisme peut se traduire assez concrètement par, notamment, l’empêchement de certaines recherches…

Ces déclarations, bien qu’assez banales finalement, n’ont pas manqué de déclencher un véritable tsunami de protestations chez les universitaires qui se sont empressés de mitrailler de la tribune (les pétitions électroniques enfiévrées ne devraient plus tarder).

Pour les intéressés, pas de doute : l’islamo-gauchisme est un concept qui n’existe pas et soupçonner qu’il puisse y avoir des mandarins capables de censurer des collègues au motif qu’ils ne sont pas idéologiquement alignés, c’est vraiment pousser le bouchon trop loin ; comment peut-on ainsi ouvertement admettre que certains seraient non seulement gauchistes, mais surtout islamistes ?! Vous n’y pensez pas !

Pas de doute : on a touché là un nerf ultra-sensible. Une fibre a été excitée. Un cri a été poussé, une armée s’est levée. L’affront devra être lavé tant ces accusations sont insoutenables !

Toute cette bronca, assez peu spontanée, est intéressante pour plusieurs raisons.

D’une part, elle tend à alimenter le brouhaha universitaire sur l’islamisme et le gauchisme.

Pourtant, ces universitaires, généralement les premiers à se baigner dans des piscines de moraline, se targuent de vouloir prendre en compte les problèmes des étudiants et notamment leurs difficultés liées à la période actuelle. Or, s’agiter comme ils le font sur le sujet est parfaitement contre-productif de leur souci affiché : on finirait presque par oublier les étudiants coincés chez eux, la chute

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continuelle du niveau académique français, l’état consternant des bâtiments et tout ce qui fait le charme délicat des universités du pays.

En revanche, l’attitude des outrés est tout à fait en ligne avec ce qu’on a l’habitude de voir dans le petit milieu universitaire français : on fait corps, on fait tribune, on proteste et on fait grève en transformant quelques bâtiments en ZAD. Un classique qu’on n’évitera probablement pas cette fois-ci.

D’autre part, la réaction semble avoir largement dépassé la réponse proportionnelle au sujet dont il est question. En pratique, ça fulmine de tous les côtés, ça s’emporte dans des tribunes médiatiques, sur twitter et un peu partout sur les réseaux sociaux, pour un concept que tous s’accordent pourtant bruyamment à dire qu’il n’existe pas.

Pour quelque chose qui n’a pas de réalité, pour quelque chose dont nos effervescents universitaires s’empressent de dire qu’il n’a aucune « base scientifique », voilà une bien curieuse surréaction là où un haussement d’épaule et quelques yeux au ciel auraient dû logiquement suffire.

Pourtant, ces mêmes universitaires ne manquent pas, a contrario, d’abondamment utiliser d’autres termes polémiques, des notions floues, mal cadrées, bancales, sans la moindre caution scientifique lorsqu’il s’agit d’évoquer le climat, le genre, l’économie ou la politique. Ce sont les mêmes qui s’étranglent de voir le concept d’islamo-gauchisme débouler dans l’arène publique qui ont, des décennies durant, déblatéré à qui mieux mieux sur l’ultralibéralisme, le néolibéralisme ou ses autres parfums sans avoir jamais réussi à en définir clairement les contours. Ce sont les mêmes qui nous abreuvent de leurs foireuses pensées sur les « constructions sociales du genre », la « domination patriarcale » et les autres foutaises intersectionnelles d’ampleur intergalactique, colonialistes et autres, et qui fulminent à présent lorsqu’un terme finalement assez facile à comprendre vient bousculer leurs plates-bandes.

C’est assez peu cohérent mais c’est assez cocasse.

Enfin, tout ce barouf ridicule montre surtout que les vieux réflexes staliniens du désir de censure ressortent vite : il va falloir faire taire ceux qui ont osé aborder le sujet, Vidal en premier.

Pétitionnons, tribunons, pamphlétisons mais surtout, agitons-nous pour ne surtout pas laisser l’engeance réactionnaire et autres hyènes dactylographes s’emparer de la question islamogauchiste à l’Université ! S’il y a débat, ce ne sera pas sur ce sujet, ce ne sera pas dans ces termes et ce ne sera pas avec ces gens-là. Qu’on se le dise !

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De ce point de vue, vouloir la démission de la ministre donne raison à la même Vidal qui, à l’Assemblée, expliquait que la radicalisation des discours empêchait de plus en plus les débats contradictoires. Au moins, elle n’aura pas eu besoin d’attendre longtemps pour en avoir une preuve éclatante…

Cette affaire est encore une fois une parfaite illustration de la façon dont le pays fonctionne : chaque nouveau sujet, d’une importance relative, chasse l’autre avec vigueur. Tout se passe comme si l’actualité était bâtie par les médias et les politiciens pour cacher les évolutions profondes de la société (augmentation de la misère et des violences, évaporation du régalien, absence consternante de toute gestion économique de moyen ou de long terme, instruction en berne).

Cette succession maintenant trop rapide de sujets garantit qu’aucun d’eux, surtout d’importance, ne sera correctement appréhendé par les médias, analysé par les politiciens et digéré par le peuple. Quant à la polarisation grandissante des débats, elle accroît la fracture entre le peuple et les élites dont les universitaires font partie.

À discuter du sexe des anges, cette élite auto-proclamée s’aliène chaque jour un peu plus ceux dont elle tire son pouvoir.

Forcément, cela va bien se terminer.

*****journal_marianne *auteur_brachettaguieff *date_fev21

Entretien avec Pierre-André Taguieff, première partie : qu'est-ce que l'islamo-gauchisme ?

Idées

Propos recueillis par Hadrien Brachet

Publié le 19/02/2021 à 17:02

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Les déclarations de Frédérique Vidal sur l'"islamo-gauchisme" à l'université ont créé la polémique. À travers un entretien en trois parties, « Marianne » donne la parole à Pierre-André Taguieff qui a travaillé à forger le terme au début des années 2000. Dans cette première partie, le philosophe et politologue analyse l'initiative de la ministre de l'enseignement supérieur et revient aux sources du concept d'"islamo-gauchisme".

Plutôt discrète sur la gestion de la crise sanitaire, Frédérique Vidal s'est offert un moment d'exposition médiatique en dénonçant la montée de l'« islamo-gauchisme » à l'université. En proposant, le 16 février, de confier au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) une enquête sur « l'ensemble des recherches » qui se déroulent en France, la ministre de l'enseignement supérieure s'est attiré les foudres d'une partie du monde universitaire. Au premier rang desquels le CNRS lui-même, assurant dans un communiqué que, « s'il pourra participer à la production de l’étude », l'islamo-gauchisme « ne correspond à aucune réalité scientifique. »

Mais la ministre n'est pas la première à s'inquiéter d'un tel phénomène. En octobre dernier, dans le sillage de l'attentat contre Samuel Paty, Jean-Michel Blanquer avait déclaré sur Europe 1 que « l'islamo-gauchisme » faisait « des ravages à l'université. » Dans la foulée, une centaine d'universitaires le soutenaient et alertaient dans Le Monde : « Il serait temps de nommer les choses et aussi de prendre conscience de la responsabilité, dans la situation actuelle, d’idéologies qui ont pris naissance et se diffusent dans l’université et au-delà. »

Marianne se propose de revenir aux sources de ce débat à travers un entretien fleuve avec Pierre-André Taguieff qui publie le 17 mars Liaisons dangereuses: islamo-nazisme, islamo-gauchisme (Paris, Éditions Hermann). Au début des années 2000, alors que la deuxième Intifada éclatait, le philosophe s'est attelé à conceptualiser « l'islamo-gauchisme. » Dans cette première partie, il analyse la proposition de Frédérique Vidal de confier une enquête au CNRS et donne sa définition de « l'islamo-gauchisme. »

Marianne :Quel regard portez-vous sur l’initiative de Frédérique Vidal de demander une enquête au CNRS sur les études menées en France ? Est-ce bienvenu que les politiques se saisissent de cet enjeu ?

Pierre-André Taguieff : Je ne peux que saluer cette prise de conscience et cette initiative, non sans cependant exprimer ma surprise devant le total revirement de Frédérique Vidal qui rejoint ainsi, quatre mois plus tard, les analyses, les positions et les inquiétudes justifiées de Jean-Michel Blanquer. Quant au moment choisi par la ministre pour faire cette déclaration inattendue, il est à l’évidence contestable. Mais l’on sait que l’argument douteux du « bon moment » permet de repousser indéfiniment la position des problèmes qu’on ne veut pas voir poser. La crise sanitaire et sociale ne doit pas interrompre la vie politique et les débats qui l’animent.

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La question reste de savoir comment, dans quel cadre et par qui l’enquête sera réalisée. Pourquoi choisir l’alliance Athéna [l’alliance thématique nationale des sciences humaines et sociales censée mener l'étude mais qui s'en éloigne dans un communiqué du 18 février, N.D.L.R.] plutôt que, par exemple, le Haut Conseil de l'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur (HCERES) ? Quoi qu’il en soit, c’est dans le cadre de l’alliance Athena que Lionel Obadia a rédigé récemment un rapport sur le statut des « sciences participatives », et qu’en 2016 a été réalisé le rapport « Recherches sur les radicalisations… ». Pourquoi pas, dès lors, un rapport dans le même cadre, mais dans une perspective tout autre, sur le statut des fausses sciences sociales calquées sur l’idéologie décoloniale, la « théorie critique de la race » et l’intersectionnalisme ? L’enquête et l’évaluation critique sur les dérives militantes et les impostures intellectuelles dans les milieux académiques rempliraient une fonction démystificatrice et contribueraient à la lutte contre le nouvel obscurantisme.

« La direction du CNRS, choisit clairement son camp idéologique. »

Mais le P.-D.G. du CNRS, Antoine Petit, protecteur des études postcoloniales et défenseur de la « théorie critique de la race », paraît fort mal placé pour favoriser une telle enquête et en garantir l’impartialité. Rappelons les positions qu’il a prises en novembre 2019 dans l’avant-propos qu’il a rédigé, en écriture inclusive, pour un méchant ouvrage collectif rassemblant des auteurs postcoloniaux et décoloniaux : « La “race” devient la nouvelle grille de lecture du monde sur laquelle s’intègre la grille du genre, et qui s’articule à la hiérarchie homme/femme (…). Dans une société non métissée, le social et le genre dominent, mais dans l’espace interracial, le social s’efface derrière le racial. »

On comprend dès lors que, dans un étrange communiqué publié le 17 février, titré « L’“islamogauchisme” n’est pas une réalité scientifique », la direction du CNRS, choisissant clairement son camp idéologique, puisse condamner « les tentatives de délégitimation de différents champs de la recherche, comme les études postcoloniales, les études intersectionnelles ou les travaux sur le terme de “race” ». Mais, par une flagrante inconséquence, la direction du CNRS donne son accord pour réaliser une enquête sur un phénomène qu’elle dit inexistant.

On peut s’étonner par ailleurs que, par ce communiqué illustrant maladroitement le recours à l’argument d’autorité, la direction du CNRS « condamne » l’emploi du terme « islamo-gauchisme » au nom de la défense de la « liberté académique » ! Pourquoi ne pas condamner aussi l’usage des termes politiques comme « néonazisme », « néofascisme », « extrême droite » ou « islamisme », voire « diversité » ou « universalisme », en tant que « slogans politiques » ne renvoyant à aucune « réalité scientifique » ? Le mot « racisme » est-il une insulte, un « slogan politique » ou un « concept scientifique » ? Est-ce à la direction du CNRS, par un communiqué de presse, de trancher ? Un tel parti pris témoigne surtout d’une affligeante ignorance de ces questions et d’une grande perméabilité aux modes intellectuelles. Mais surtout, on ne saurait être juge et partie. Dans ces conditions, l’impartialité de l’enquête ne saurait être considérée comme garantie.

« Il importe de faire une cartographie des secteurs de l’enseignement supérieur touchés par l’endoctrinement décolonial et islamo-gauchiste. »

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Ayant moi-même publié en 2018 un ouvrage savant, chez CNRS Éditions, intitulé « Race » : un mot de trop ? Science, politique et morale, précédé de nombreuses publications sur la question depuis les années 1980, je crois savoir de quoi je parle, contrairement à bien d’autres. Il ne s’agit pas bien sûr de délégitimer globalement les études sur les questions de race et les formes de racisme, mais d’expertiser sérieusement les travaux réalisés dans ce domaine. Or, en langue française, la plupart d’entre eux se présentent comme des catéchismes ou des bréviaires idéologiques, fabriqués paresseusement à coups d’emprunts aux publications militantes étasuniennes, et appliquant mécaniquement à la société française des outils conceptuels forgés pour analyser l’ordre social-racial américain, tel le « racisme systémique » (dit auparavant « institutionnel » ou « structurel »). Transposé par les activistes académiques à la française, cela donne le « racisme d’État », pur fantasme, alors que ce qui caractérise la France, c’est son antiracisme d’État.

Ce projet d’enquête et d’évaluation critique répond d’une certaine manière à la demande faite début novembre 2020 par le Manifeste des cent ainsi que par l’Observatoire du décolonialisme, lancé en janvier 2021, deux initiatives dues à des chercheurs et à des universitaires décidés à porter dans le débat public les interrogations sur le malaise profond suscité dans le monde universitaire par l’irruption de l’activisme décolonial, sous diverses étiquettes aussi floues qu’attrape-tout (« études postcoloniales », « études de genre », « recherches sur le racisme », sur « les discriminations », « l’intersectionnalité », « la diversité », la « théorie critique de la race », etc.). Il importe de dresser un état des lieux concernant les travaux supposés scientifiques réalisés par les enseignants-chercheurs dans les universités, de faire une cartographie des secteurs de l’enseignement supérieur touchés par la propagande et l’endoctrinement décolonial et islamo-gauchiste ainsi qu’une évaluation critique de la qualité scientifique des travaux réalisés dans un certain nombre de laboratoires. Il ne faut pas négliger non plus l’action de divers groupes de pression (associations, etc.), ni le rôle joué par certains syndicats étudiants qui apportent leur pierre à la construction d’une machine à normaliser la nouvelle pensée « radicale » unique, dénonçant la laïcité comme un masque de l’islamophobie et l’universalisme républicain comme un héritier de l’impérialisme français, et plus largement occidental. Comment, par exemple, ne pas s’interroger sur les conditions de possibilité de cet événement inédit : l’avènement d’une vice-présidente de l’Unef voilée ?

« Les convergences idéologiques et les alliances militantes entre islamistes et gauchistes dérivaient d’un commun antisionisme radical. »

Fournir des informations vérifiées sur l’occupation du terrain universitaire par des activistes ayant obtenu des titres ou des postes grâce à une discrimination positive dissimulée (favorisant les « minorités ») avec l’aide de réseaux militants actifs (dont les membres interviennent systématiquement dans les jurys de thèses des candidats affidés) et sur certaines pratiques relevant de l’esprit de censure et de la violation des libertés académiques (par l’exclusion et la criminalisation des contradicteurs, en tant que « dominants », « racisants » ou « mâles blancs hétéros »), c’est le premier pas dans une nécessaire contre-offensive intellectuelle. Dans l’enseignement supérieur, trop de laboratoires ou d’UMR sont sous l’emprise de diverses mouvances de la gauche radicale converties au décolonialisme et à l’indigénisme, qui font passer subrepticement dans les matières enseignées et les sujets de recherche des thèmes empruntés à la propagande et à l’endoctrinement islamistes, à commencer par celui de « l’islamophobie d’État », couplé avec la dénonciation litanique du « racisme systémique », formule magique mais concept vide sur lequel s’appuie la littérature pseudo-sociologique sur les « discriminations systémiques ».

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Comment définissez-vous l’« islamo-gauchisme » ?

J’ai forgé l’expression « islamo-gauchisme » au début des années 2000 pour désigner une alliance militante de fait entre des milieux islamistes et des milieux d’extrême gauche (que je qualifie de « gauchistes »), au nom de la cause palestinienne, érigée en nouvelle grande cause révolutionnaire à vocation universelle. C’est en observant, à partir de l’automne 2000 alors que débutait la seconde Intifada, un certain nombre de manifestations dites propalestiniennes où des activistes du Hamas, du Jihad islamique et du Hezbollah côtoyaient des militants gauchistes, notamment les trotskistes de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR, devenue en 2009 le NPA) ou des anarchistes, que j’ai commencé à employer l’expression « islamo-gauchisme ». Au cours de ces mobilisations, les « Allahou akbar » qui fusaient ne gênaient nullement les militants gauchistes présents, pas plus que les appels à la destruction d’Israël sur l’air de « sionistes = nazis » ou « sionisme = racisme ». Le 7 octobre 2000, au cours d’une manifestation propalestinienne organisée à Paris, le cri « Mort aux Juifs » fut lancé, tandis qu’une femme voilée arborait une pancarte où on lisait, autour d’un dessin représentant une étoile de David et une croix gammée liées par un signe d’égalité : « Stop au terrorisme juif hitlérien ! 1 Palestinien mort = 1 000 inhumains (Juifs) morts ».

La dimension antijuive de ces manifestations était frappante, ainsi que l’importance prise par la nazification des « sionistes » et plus largement des Juifs, destinée à faire entendre ce message résumant l’inversion victimaire en cours : les Juifs-sionistes sont les nouveaux nazis, tandis que les Palestiniens sont les nouveaux Juifs. L’instrumentalisation et le dévoiement de l’antiracisme consistaient alors à lui donner le visage de l’antisionisme, fondé sur l’image du Palestinien victime d’un « sionisme » fantasmé, celle d’un Palestinien non pas acteur mais victime absolument innocente d’un conflit dû à l’existence même de l’État d’Israël (« colonialiste », « impérialiste », « raciste »). Ces thèmes de la propagande palestinienne étaient intériorisés par toute l’extrême gauche et une partie de la gauche.

C’est donc l’analyse des particularités de la vague antijuive commencée en octobre 2000 qui m’a conduit à caractériser le premier moment de l’islamo-gauchisme contemporain : les convergences idéologiques et les alliances militantes entre islamistes et gauchistes dérivaient d’un commun antisionisme radical, c’est-à-dire de la forme contemporaine de la judéophobie. L’extrême gauche n’était pas encore convertie à l’islamophilie inconditionnelle et la « lutte contre l’islamophobie » – slogan du fréro-salafisme – n’était pas encore le grand thème mobilisateur. Par ailleurs, j’ai rapidement compris que ces convergences n’avaient pas surgi soudainement en 2000 et que la seconde Intifada n’avait fait que leur donner une visibilité plus grande. Le second moment de l’islamo-gauchisme, centré sur l’image du musulman victime du racisme, s’illustre précisément par les appels à « lutter contre l’islamophobie », qui se multiplient à partir du milieu des années 2000.

« L’emprise islamo-communautariste, favorisée par le ralliement des mouvances d’extrême gauche à la « lutte contre l’islamophobie », s’est considérablement accrue. »

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Quel est le présupposé idéologique commun des islamistes et des gauchistes ? La thèse selon laquelle l’islamophobie constitue la principale forme de racisme et celle selon laquelle l’antiracisme dit « politique » est le combat des combats. Il s’ensuit que l’ennemi commun est caractérisable soit comme « raciste », soit comme « islamophobe ». À l’extrême gauche, cet antiracisme islamisé tend à remplacer le vieil antifascisme communiste. On peut voir dans ces attitudes et ces comportements le résultat de la stratégie des Frères musulmans qui jouent sur la culpabilisation et le victimisme pour conquérir l’opinion occidentale. Bref, l’Occident « mécréant-islamophobe » (pour les islamistes) ou « capitaliste-raciste » (pour les gauchistes) est toujours le seul coupable.

Au moment où je l’ai forgée, en 2001-2002, l’expression « islamo-gauchisme » avait donc à mes yeux une valeur descriptive, en ce qu’elle désignait une alliance militante observable entre des milieux islamistes et des milieux d’extrême gauche, au nom de la cause palestinienne, érigée en nouvelle cause révolutionnaire supposée « universelle », comme certains marxistes, tel Étienne Balibar, le claironnaient. C’est par la suite, notamment lorsque l’islamo-gauchisme est entré dans les universités et dans certains syndicats étudiants tandis que le mouvement des Indigènes de la République (lancé début 2005) lui conférait un visage, que je me suis efforcé de donner à l’expression un contenu conceptuel.

La menace islamo-communautariste avait été signalée en 2003-2004 par Michel Laurent, alors premier vice-président de la Conférence des présidents d’université (CPU) et président de l’université d’Aix-Marseille II, qui s’inquiétait de la poussée de « tendances communautaristes, le plus souvent à caractère religieux », et précisait que ce phénomène « constitue à la fois une réalité que certains d'entre nous vivent au quotidien, et, plus largement, un sujet de crispation politique et de revendication dans notre société ». Depuis, l’emprise islamo-communautariste, favorisée par le ralliement des mouvances d’extrême gauche à la « lutte contre l’islamophobie », arme idéologique principale des stratèges islamistes, s’est considérablement accrue.

Parallèlement, la CPU a perdu sa lucidité, comme en témoigne son communiqué stupéfiant publié le 16 février, « “Islamo-gauchisme” : stopper la confusion et les polémiques stériles », qui constitue un singulier mélange de corporatisme aveugle, de mauvaise foi dans le déni, d’ignorance volontaire et d’arrogance. Il met en œuvre la stratégie des yeux grands fermés, celle qui consiste à mettre la poussière sous le tapis. Une fois de plus, on entend le « rien à signaler » des ronronneurs, le « circulez, il n’y a rien à voir » des partisans du statu quo, le « tout va bien » des grands féodaux pratiquant l’entre-soi. Et ce, sous les applaudissements des médias de gauche et d’extrême gauche, qu’ils soient, face à l’emprise islamo-gauchiste croissante, simplement complaisants ou activement complices.

Les heureux dormeurs de la CPU ne veulent pas voir ni savoir ce qui se passe sous leurs yeux. Pourquoi donc s’indignent-ils pompeusement devant une légitime demande d’enquête objective sur des dérives idéologiques et des pratiques douteuses observables dans certaines universités devenues des temples du décolonialisme et des territoires conquis de l’islamo-gauchisme alors que nombre d’enquêtes journalistiques, ces dernières années, ont mis en évidence le phénomène ? Comment ces indignés peuvent-ils ignorer, par exemple, les travaux de Bernard Rougier, de Gilles Kepel et d’Hugo

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Micheron sur l’imprégnation islamiste de la société française, et en particulier du champ universitaire ? Comment peuvent-ils ignorer que cette imprégnation commence dès l’enseignement secondaire, comme l’a montré Jean-Pierre Obin dans ses travaux ?

Les déclarations de Frédérique Vidal sur l'« islamo-gauchisme » à l'université ont créé la polémique. À travers un entretien en trois parties, « Marianne » donne la parole à Pierre-André Taguieff qui a travaillé à forger le terme au début des années 2000. Dans cette troisième partie, le philosophe et politologue analyse l'utilisation du terme par des personnalités politiques et réagit aux inquiétudes grandissantes concernant la précarité et la liberté académique des chercheurs.

Ces derniers jours le mot est sur toutes les lèvres, pour défendre sa pertinence, ou au contraire le vilipender. Frédérique Vidal s’inquiète de la montée de l'« islamo-gauchisme » à l'université. Marianne se propose de revenir aux sources de ce débat à travers un entretien fleuve avec Pierre-André Taguieff. Au début des années 2000, alors que la deuxième Intifada éclatait, le philosophe s'est attelé à conceptualiser l'« islamo-gauchisme. » Dans cette troisième partie, après avoir défini le terme et décrit son implantation à l’université, il analyse l’usage que les politiques font de la notion d’« islamo-gauchisme » dans un contexte d’inquiétudes concernant la précarité de l’université et la liberté académique des chercheurs.

*****journal_figaro *auteur_guerini *date_fev21

L'«islamo-gauchisme» est «un fait politique», selon Stanislas Guerini

Par Le Figaro avec AFP

Publié le 21/02/2021 à 12:06, mis à jour le 21/02/2021 à 14:31

Le dirigeant du parti Lrem Stanislas Guérini s'est exprimé au sujet de l'islamo-gauchisme.

Le dirigeant du parti Lrem Stanislas Guérini s'est exprimé au sujet de l'islamo-gauchisme. Francois Bouchon / Le Figaro

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La notion polémique d'«islamo-gauchisme» est attestée par une «convergence des idées» entre une partie de l'extrême gauche et l'islam politique, a estimé dimanche le dirigeant LREM Stanislas Guerini. «C'est un fait politique. (...) Je ne sais pas si cela a une réalité scientifique mais de façon indubitable, on voit aujourd'hui qu'une partie de la gauche, plus précisément de l'extrême gauche, mélange sa voix et fait converger ses idées avec l'islam politique», a déclaré sur Europe-Les Echos-CNEWS le délégué général du parti présidentiel.

À LIRE AUSSI :Islamo-gauchisme: «Quand le loup fait l’agneau»

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«Quand on voit il y a quelques jours, à la tribune de l'Assemblée nationale, [le chef de file des insoumis] Jean-Luc Mélenchon revendiquer fièrement sa participation à une manifestation contre l'islamophobie, qui disait qu'il y avait dans notre république des lois liberticides», a-t-il poursuivi, «c'est la preuve indiscutable qu'il y a une convergence politique de ces deux thèses-là, et qu'ils essaient de faire leur lit dans une vision sécessionniste de la société française. Il faut le dénoncer et le combattre».

À LIRE AUSSI :Islamo-gauchisme: Frédérique Vidal cherche à clore la polémique

La ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, est à l'origine d'une polémique après avoir demandé au CNRS une étude sur «l'islamo-gauchisme» à l'université. Quelque 600 universitaires ont réclamé samedi la démission de la ministre, lui reprochant dans une tribune publiée par le journal Le Monde de «faire planer la menace d'une répression intellectuelle». «Soyons attentifs à ce que notre débat politique ne tombe pas trop vite d'un côté ou de l'autre», a exhorté dimanche M. Guerini, après selon lui «des décennies» passées à «fermer les yeux dans le monde de l'éducation, quand il y avait des atteintes à la laïcité et à la liberté d'enseigner.»

*****journal_cnews *auteur_taveira *date_fev21

«ISLAMO-GAUCHISME» : QUAND CE TERME EST-IL APPARU POUR LA PREMIÈRE FOIS ?

Par Christian Taveira - Mis à jour le 18/02/2021 à 16:15

Publié le 18/02/2021 à 14:58

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La ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Frédérique Vidal, a jeté un pavé dans la mare après avoir affirmé, dimanche 14 février au soir sur CNEWS, que «l'islamo-gauchisme gangrène la société dans son ensemble et (que) l'université n'est pas imperméable». En France, ce terme resurgit régulièrement dans le débat public, mais d'où vient-il ?

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La terminologie elle-même fait d'abord polémique et recouvre des notions et des interprétations souvent différentes en fonction de celui ou celle qui l'emploie.

D'une façon générale, il est convenu de dire qu'il s'agit d'un néologisme. Cela signifie qu'il s'agit d'un mot apparu récemment dans la langue française.

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«Pour ceux qui l'utilisent, l'expression 'islamo-gauchisme' est une alerte, un mot 'choc' pour décrire l'alliance contre-nature d'une partie de la gauche avec un islamisme réactionnaire», expliquent les journalistes Sonya Faure et Frantz Durupt, dans un article écrit en 2016 et mis en ligne sur le site de Libération.

Mais «pour les autres, ceux qui en font les frais, elle n'est qu'une arme pour disqualifier une lutte légitime : faire entendre la voix des musulmans 'racialisés' et 'discriminés'», ajoutent-ils.

EMPLOYÉ EN 2002 PAR PIERRE-ANDRÉ TAGUIEFF

Si les racines de ce concept sont multiples, il trouverait notamment son origine au Royaume-Uni dans l'idée, lancée au sein de l'extrême-gauche britannique, selon laquelle l'islam pourrait contribuer à faire émerger un mouvement révolutionnaire.

Mais en France, le terme «islamo-gauchisme» a, dès le départ, recouvert une notion différente, telle que définie pour la première fois en janvier 2002 par Pierre-André Taguieff.

Dans son livre La nouvelle judéophobie (Ed. Mille et une nuits), le politologue et historien des idées analyse ainsi la montée d'un nouvel antisémitisme dont le centre de gravité se serait, dit-il, déplacé pour s'enraciner dans l’antisionisme islamiste ou d’extrême gauche. Pierre-André Taguieff condamne ainsi l'antisionisme de «la nouvelle configuration tiers-mondiste, néo-communiste et néo-gauchiste, plus connue sous la désignation médiatique de 'mouvement antimondialisation'».

«Des Juifs, écrit-il, peuvent être tolérés, voire acceptés dans cette mouvance *islamo-gauchiste*, à condition qu'ils fassent preuve de palestinophilie inconditionnelle et d'antisionisme fanatique.» Des années plus tard, dans une tribune parue en octobre 2020 cette fois encore dans Libération, Pierre-André Taguieff rappelle d'ailleurs que, sous sa plume, «l’expression 'islamo-gauchisme' avait une valeur strictement descriptive, désignant une alliance militante de fait entre des milieux islamistes et des milieux d’extrême gauche, au nom de la cause palestinienne, érigée en nouvelle cause universelle».

L'UTILISATION DU TERME DÈS LORS EXPLOSE

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Dans le sillage de Taguieff, des essayistes tels Caroline Fourest, Alain Finkielkraut, Pascal Bruckner à l'ancien Premier ministre Manuel Valls en passant par les journalistes Claude Askolovitch, les philosophes Bernard-Henri Lévy et Elisabeth Badinter, l'utilisation du terme «islamo-gauchisme» va ensuite, au cours des années suivantes, exploser, revêtant plusieurs sens.

Parti des sphères intellectuelles, l'expression se retrouvera dans la bouche des politiques. Avant Frédérique Vidal, le gouvernement l'a d'ailleurs lui-même utilisée à plusieurs reprises, notamment dans la voix de Jean-Michel Blanquer. Quelques jours après la décapitation du professeur Samuel Paty, tué près de son collège de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) pour avoir montré des caricatures de Mahomet à sa classe de 4e, le ministre de l'Education nationale avait ainsi dénoncé sur Europe 1 «l'islamo-gauchisme» qui «fait des ravages à l'université», en pointant notamment du doigt l'Unef et la France Insoumise.

«Je serai d'une très grande fermeté face à tous ceux qui, aujourd'hui, en se croyant progressistes, font en réalité le lit d'une forme de tolérance à la radicalité», avait-il notamment averti. En outre, une centaine de professeurs des universités et de chercheurs avaient soutenu le ministre de l'Education dans une tribune publiée par Le Monde. Et bien que partagés sur la notion d'«islamo-gauchisme», ils y dénonçaient toutefois le déni de certains de leurs pairs sur l'islamisme, les «idéologies indigénistes, racialistes et décoloniales».

Parmi les signataires, l'historien et membre de l'Académie française Pierre Nora, le politologue Pascal Perrineau, ou encore Gilles Kepel. Interrogé sur CNEWS en réaction à la polémique Vidal, le politologue, professeur des universités à l'Ecole normale supérieure et spécialiste de l'Islam, a d'ailleurs réaffirmé, ce jeudi 18 février, que la «pensée islamo-gauchiste» se déploie à l'université et porte atteinte à la recherche. «Le phénomène existe, je l’ai constaté moi-même», a-t-il ainsi déclaré à Laurence Ferrari.

UNE BATAILLE D'ARGUMENTS ET D'IDÉES

Reste que pour une autre large partie du monde académique, «l'islamo-gauchisme» est avant tout une affirmation reposant sur un fantasme et permettant de clore le débat sur un sujet très sensible qu'est celui de l'islam. «Le terme 'islam' accolé à un adjectif ou un autre nom est une manière de disqualifier l'autre», résumait, en 2016, l'islamologue Rachid Benzine, sur France Culture.

De même, une part non négligeable de chercheurs avancent que, derrière ce terme, se cacherait le refus d'envisager la complexité des phénomènes sociaux, qui, selon eux, s'inscrirait davantage dans une «lutte des classes» que dans une «lutte des races».

Après sa sortie de dimanche, Frédérique Vidal, par ailleurs elle-même universitaire, biochimiste spécialiste en génétique moléculaire, et présidente de l’université Nice-Sophia-Antipolis de 2012 à 2017, a quoi qu'il en soit enfoncé le clou ce mardi en annonçant avoir demandé au CNRS «un bilan de

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l'ensemble des recherches» qui se déroulent en France, afin de distinguer ce qui relève de la recherche académique et ce qui relève du militantisme.

De quoi provoquer la «stupeur» de la Conférence des présidents d'université (CPU) qui, dans un communiqué au vitriol, a fustigé les «représentations caricaturales» du gouvernement. De son côté, le CRNS s'est dit prêt, à «participer à la production de l'étude souhaitée par la ministre» tout en insistant sur le fait que le terme d'islamo-gauchisme «ne correspond à aucune réalité scientifique».

FRÉDÉRIQUE VIDAL FRAGILISÉE

Au niveau politique, les affirmations de Frédérique Vidal ont provoqué des vagues jusqu'au sein de la majorité, la mettant sous pression. En diligentant une enquête, d'ailleurs vite requalifiée en «étude», s'est-on empressé de préciser à son ministère, le propre camp de la ministre lui reproche de s'être trompée de «priorités».

Au moment où partout sur les écrans jaillissent des images d'étudiants patientant dans le froid dans des files d'attente longues de plusieurs centaines de mètres devant des banques alimentaires, et où les témoignages de détresse psychologique de jeunes se multiplient, l'enjeu politique est énorme pour l'exécutif.

La santé mentale des jeunes s'est dégradée à cause de la crise sanitaire.

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SOCIÉTÉ3 jeunes sur 10 ont déjà eu des pensées suicidaires, selon une enquête

Durant la traditionnelle conférence de presse suivant le Conseil des ministres, Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement, a ainsi tenu à assurer qu'Emmanuel Macron continuait d'être «absolument attaché à l'indépendance des enseignants-chercheurs».

«La priorité pour le gouvernement, a-t-il ajouté, c'est évidemment la situation des étudiants dans la crise sanitaire, c'est évidemment la possibilité d'apporter un soutien financier aux étudiants en difficulté, c'est évidemment de permettre aux étudiants qui le souhaitent de pouvoir revenir progressivement en présentiel à l'université».

La mise au point est faite mais Frédérique Vidal reste fragilisée. La polémique a relancé les critiques à son égard et les accusations de manque de poids et sens politiques.

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"Islamo-gauchisme" : l'enquête demandée par Vidal gêne-t-elle la "liberté académique" ?

11h43, le 20 février 2021

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Le maître de conférences Pierre-Henri Tavoillot était l'invité d'Europe 1, samedi matin. © Europe 1

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Invité de "C'est arrivé cette semaine" sur Europe 1, le philosophe et maître de conférences à la Sorbonne Pierre-Henri Tavoillot est revenu sur l'enquête demandée par Frédérique Vidal sur "l'islamo-gauchisme" dans les universités. Si le débat sur ce terme doit exister selon lui, il n'est pas en accord sur tous les plans avec la ministre de l'Enseignement supérieur.

ANALYSE

La ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a demandé au CNRS une enquête sur "l'islamo-gauchisme" à l’université, suscitant la polémique cette semaine. Selon elle, "l’islamo-gauchisme gangrène la société dans son ensemble et l'université n'est pas imperméable". Invité de C'est arrivé cette semaine sur Europe 1, Pierre-Henri Tavoillot, qui a créé à la Sorbonne une formation de "Référent laïcité", indique qu'il ne se "reconnaît pas intégralement" dans la démarche de Frédérique Vidal. S'il estime qu'un débat sur le sujet est "bénéfique et intéressant", une telle démarche soulève selon lui plusieurs problèmes majeurs.

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"Une forme de déni"

Pierre-Henri Tavoillot regrette d'abord qu'il y ait "une forme de déni" sur la question de "l'islamo-gauchisme". "Il y a ce type de problème dans l'ensemble de la société et il n'existerait pas à l'université ?" demande-t-il, en réaction à la fronde qu'ont provoqué dans le monde universitaire les propos de la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Le fait qu'ait été confiée une mission sur le sujet dans les universités au CNRS le "gène" également. "Des problèmes similaires se posent aussi au CNRS", avance-t-il.

>> LIRE AUSSI -Pierre-Henri Tavoillot : "La laïcité ne vise pas à effacer les religions, mais à lutter contre le prosélytisme"

Démarche "pas très astucieuse"

"Mais je pense que le point essentiel, ce n'est pas ça", poursuit Pierre-Henri Tavoillot. "Demander de faire un travail de recherche sur les chercheurs, ce n'est pas très astucieux. Ça ne me plaît pas, parce qu'il y a un principe qui s'appelle la liberté académique. Chacun peut faire les recherches sur ce qu'il veut", explique-t-il au micro d'Europe 1.

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Le maître de conférences à la Sorbonne rappelle d'ailleurs que "les idéologies ont parfaitement le droit de s'exprimer tant qu'elles ne constituent pas des pressions sur les individus ou sur les chercheurs. Tant qu'elles ne formatent pas des profils de recherche, tant qu'elles ne produisent pas des effets de censure."

>> Retrouvez toutes les émissions de Frédéric Taddeï en podcast et en replay ici

Et "il faut bien reconnaître qu'il y en a", avance Pierre-Henri Tavoillot, citant l'annulation de la représentation d'une pièce d'Eschyle à la Sorbonne en mars 2019. "Il y a ces phénomènes qui sont présents. Donc je crois que ce sont ces pratiques qu'il faut viser", affirme le philosophe. "Après, le débat d'idées, c'est notre boulot ! Si on n'est pas d'accord avec des thèses, on doit les affronter, se confronter et contre-argumenter", conclut-il.

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Islamisme à l’université : faut-il confier l’enquête au principal suspect ?

TRIBUNE. La ministre de l’Enseignement supérieure a commandé au CNRS une étude pour sonder l’islamisme au sein des universités.

La ministre de l'Enseignement superieur a commande au CNRS une etude pour sonder l'islamisme au sein des universites.

La ministre de l'Enseignement supérieur a commandé au CNRS une étude pour sonder l'islamisme au sein des universités.

© LIONEL BONAVENTURE / AFP

Par Xavier-Laurent Salvador et Jean Szlamowicz (de l'Observatoire du Décolonialisme*)

Publié le 17/02/2021 à 17h45

C'était en 2003. Dans le cadre d'un colloque sur « la laïcité à l'université » organisé en septembre par la Conférence des présidents d'université, le premier vice-président de la Conférence Michel Laurent affirmait que les « tendances communautaristes, le plus souvent à caractère religieux […] constituent à la fois une réalité que certains d'entre nous vivent au quotidien, et, plus largement, un sujet de crispation politique et de revendication dans notre société ». Dix-huit ans plus tard, en 2021, Frédérique Vidal a finalement convenu de l'existence d'un problème de militantisme activiste au sein de l'université française. Soit, exactement ce que la tribune des 100 encore très récemment et nous-mêmes au sein de l'Observatoire du décolonialisme et des idéologies identitaires dénonçons quotidiennement, notamment dans les colonnes du Point. Si on peut se réjouir de la légitimité du débat enfin reconnue par ce gouvernement, on peut cependant s'inquiéter de la méthode choisie… La ministre a expliqué vouloir confier la mission d'enquêter sur le militantisme à l'université au CNRS. Est-ce une bonne idée ? Pas sûr.

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Antoine Petit, président du CNRS, dans la préface qu'il rédige au livre de Pascal Blanchard et al., Sexualité, identité & corps colonisés, Éditions du CNRS, 2019 écrit que « La “race” devient la nouvelle grille de lecture du monde sur laquelle s'intègre la grille du genre, et qui s'articule à la hiérarchie homme-femme » (p.10). Il ajoute que « l'étude des “races” […] constitue le cœur de l'organisation de l'ordre sexuel colonial » (p. 10) comme également que « dans le cadre de sociétés très hétéronormées et androcentrées, la colonisation reste toutefois une entreprise matériellement et symboliquement masculine » (p. 9). Il proteste ainsi son attachement à une organisation racialiste et sexiste du monde, prêtant le flanc à l'idée que l'universalisme – cette clé de voûte de l'édifice républicain – ne pourrait plus jouer un rôle dans notre « économie darwinienne » de la recherche.

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Peut-être a-t-il raison ? Peut-être est-ce fondé ? Reste encore à le démontrer… Mais on peut comprendre que la communauté des chercheurs s'alarme de voir son patron changer la règle du jeu sans avoir été consultée. Nous sommes inquiets de voir que l'on confie l'enquête au principal suspect… Il existe pourtant une institution dont c'est la mission d'évaluer la recherche et l'enseignement dans le supérieur, dont le nom n'est pas évoqué. Il s'agit du Haut Conseil de la recherche et de l'enseignement supérieur (HCERES), qui pourrait être le corps d'une inspection générale du supérieur si toutefois on lui en donnait les moyens. On s'étonne donc de voir le CNRS, qui est comme l'Inserm ou l'Inria un organisme de recherche et d'innovation, devenir le principal acteur d'une enquête interne, quand on peut douter de la neutralité qui plus est du commissaire.

Un alignement intéressant des discours des ministères

Lorsque très récemment encore certains parmi nous s'alarmaient de voir Frédérique Vidal affirmer que « les études post-coloniales avaient leur place à l'université », force était de constater qu'elle avait raison de le faire et qu'il y avait dans ces propos une finesse qu'il aurait fallu prendre le temps d'expliquer. Non, les études post-coloniales ne sont pas le décolonialisme : les premières sont un observatoire sur des discours dans un contexte historique ; le second est une clé d'interprétation orientée politiquement qui subvertit les disciplines.

Et nous voyons se mettre en place aujourd'hui cette distinction, qu'il faut encourager, entre la légitimité incontestable de certaines études, et la subversion du discours scientifique par des projets sans assise disciplinaire et méthodologique. Oui, aujourd'hui dans l'université, on assiste notamment en littérature et dans les sciences humaines au dévoiement de la mission d'analyse et d'études académiques des phénomènes au profit de studies militant pour un ordre moral contestable fondé sur une grille de lecture racialiste et sexiste du monde, et ayant pour ambition de le changer.

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À LIRE AUSSI« L'islamo-gauchisme » face aux « réactionnaires de gauche »

Les exemples sont nombreux qui illustrent cette « autonomie » de l'université qui vire parfois au séparatisme. Nous en répertorions de nombreux exemples sur notre site. Tel chercheur introduit un article universitaire en expliquant que « ce despotisme bien-pensant, appelé « République » ou « laïcité » est corrélatif de pratiques diffuses de relégation ». Tel auteur déplore également que « si le poids de la famille sur les filles d'immigrés fait partie des lieux communs, l'impact de la pression “assimilationniste” est plus rarement admis » faisant de l'assimilation aux valeurs républicaines un phénomène de contrainte sociale contestable. Des universitaires présentent la France comme un État colonial, déclarent leur « amour » à Houria Bouteldja, défendent BarakaCity ou le CCIF ou développent une pensée militante obsessionnelle faisant de « l'islamophobie » un concept qui définirait l'État en France afin de diffuser l'idée que la France serait une terre d'apartheid comme une autre, sans histoire spécifique. On peut aujourd'hui soutenir une thèse historiographique sur un théologien des Frères musulmans recherché par Interpol ou écrire des articles relayant ses idées dans des revues savantes.

Déni corporatiste

Dans une réponse surprenante, les délégués du personnel universitaire que sont les présidents d'université réunis en conseil font un méchant procès à Madame la Ministre pour l'emploi du mot « islamo-gauchisme » qu'ils renvoient « aux propos de comptoir ». Ce faisant pourtant, Frédérique Vidal ne fait qu'employer à son compte et au compte de son ministère les mots mêmes qui furent employés par Jean-Michel Blanquer au sein même de l'Assemblée nationale – un comptoir d'un genre nouveau. L'usage du mot témoigne pour la première fois dans l'histoire récente d'une solidarité gouvernementale de positions et de discours entre le ministère de la Recherche et de l'Éducation nationale. Nous devrions donc institutionnellement nous féliciter de cet alignement qui témoigne d'une véritable prise de conscience politique d'un enjeu international et d'une mobilisation sans précédent dans l'histoire récente. Partout aujourd'hui on assiste à une mobilisation pour la défense des libertés académiques, comme au Canada où les chercheurs organisent pour la première fois une pétition pour le « Dépôt d'un projet de loi garantissant la liberté académique du personnel enseignant universitaire ».

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Au lieu de cela, la CPU nie l'existence de l'islamo-gauchisme au prétexte qu'il ne s'agirait pas d'un « concept scientifique » et « qu'il conviendrait de laisser […] à l'extrême droite qui l'a popularisé ». Certes, c'est un terme critique, mais il a bel et bien été décrit avec méthode, notamment par le philosophe et politologue Pierre-André Taguieff. Et surtout, il n'est pas moins scientifique ni pertinent que « droite », « gauche » ou « extrême droite ». Il est alarmant d'entendre parler de menace contre la liberté académique par la CPU ou les opposants aux propos de la ministre alors que les courants décoloniaux sont justement ceux qui tentent de museler le travail des chercheurs qui ne soutiennent pas leurs thèses. C'est un retournement argumentatif victimaire qui illustre un déni corporatiste. La CPU devrait pourtant se réjouir de mettre bon ordre aux dérives !

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À LIRE AUSSI Décolonialisme : une « pensée » en douze points

De son côté, l'Observatoire du décolonialisme et des idéologies identitaires voudrait être le lieu du débat où se construirait la cartographie intellectuelle de la pénétration des idées militantes importées de la sociologie américaine. Nous nous efforcerons de travailler à cette tâche afin de rassembler les éléments qui confortent l'universalisme républicain au sein de notre institution et le rapport que nous en tirerons sera évidemment mis à disposition.

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“La race devient la nouvelle grille de lecture du monde” : le profil suspect des futurs responsables de l'enquête sur l'islamo-gauchisme

Par Auteurvaleursactuelles.com / Samedi 20 février 2021 à 16:1912

Antoine Petit aux côtés d'Emmanuel Macron et de Frédérique Vidal, novembre 2019 © Benoit Tessier/AP/SIPA

Le lundi 15 février dernier, la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, annonçait le lancement d’une enquête sur l’influence de l’islamo-gauchisme à l’Université. Une enquête qu’elle a confiée… au CNRS, pourtant largement favorable aux nouvelles thèses racialistes et décoloniales.

« Faut-il confier l’enquête au principal suspect ? », s’inquiètent Xavier-Laurent Salvador et Jean Szlamowicz dans une tribune publiée par Le Point. Les deux hommes, enseignants-chercheurs et membres de l’Observatoire du décolonialisme, pointent du doigt le choix du CNRS pour mener une enquête sur l’islamo-gauchisme à l’université. Une décision surprenante, selon eux, puisque la direction du CNRS (Centre national de la recherche scientifique) s’est, à de nombreuses reprises, montrée favorable aux thèses décoloniales, racialistes, et plus généralement islamo-gauchistes. Les deux hommes citent notamment la préface qu’Antoine Petit, directeur du CNRS, signait en 2019 pour introduire un ouvrage intitulé Sexualité, identité & corps colonisés. Dans son texte, Antoine Petit se réjouissait que « la race [devienne] la nouvelle grille de lecture du monde ». Une grille de lecture à laquelle s’agrégerait notamment « la grille du genre », et un regard très critique sur l’universalisme et le colonialisme.

La recherche gangrénée par l’islamo-gauchisme

Au-delà du seul cas d’Antoine Petit, Xavier-Laurent Salvador et Jean Szlamowicz citent de nombreux exemples de sujets de recherches témoignant de la perméabilité du milieu scientifique aux théories les plus insensées. Dans les colonnes du Point, ils évoquent par exemple des universitaires déclarant

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leur flamme à Houria Bouteldla, connues pour ses déclarations racistes et antisémites. D’autres considéreraient la France comme un « Etat colonial » ou une « terre d’Apartheid » soumise à une « islamophobie » institutionnalisée. Plus grave encore, certains chercheurs se fendraient d’articles où République et laïcité sont considérées comme « despotiques », et où « la pression assimilationniste » est vertement pourfendue. Au sein des universités françaises, affirment les deux chercheurs, triompherait une vision « militante » de la recherche, défendant « un ordre moral contestable fondé sur une grille de lecture racialiste et sexiste du monde ». De quoi s’inquiéter de voir une telle enquête confiée au CNRS, qui ne s’est pas gêné pour réagir à la demande ministérielle en fustigeant l’islamo-gauchisme, concept « de comptoir » qu’il vaudrait mieux « laisser à l’extrême-droite ».

*****journal_parismatch *auteur_anonyme *date_fev21

Darmanin soutient Vidal face à la polémique sur "l'islamo-gauchisme"

Paris Match | Publié le 21/02/2021 à 15h44

La Rédaction avec AFP

Gérald Darmanin et Frédérique Vidal en 2019.Gérald Darmanin et Frédérique Vidal en 2019.

BUFKENS CEDRIC/SIPA

Gérald Darmanin a apporté dimanche son soutien à la ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, qui a demandé une enquête sur "l'islamo-gauchisme" à l'université.

Gérald Darmanin a apporté dimanche son soutien à la ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, qui a demandé une enquête sur "l'islamo-gauchisme" à l'université. Invité de Radio J, le ministre de l'Intérieur a jugé Mme Vidal "très courageuse". "Ce serait vraiment ne pas regarder la vérité en face que de ne pas voir que l'université, les services publics, des associations sont touchés par l'islamisme aidé parfois par les gauchistes", a dit M. Darmanin.

A lire :Frédérique Vidal insiste sur l'importance du débat sur "l'islamo-gauchisme"

Selon lui, il y a entre les "gauchistes" et les "islamistes", "une alliance objective pour mettre fin à la République" en mettant en avant "des explications essentialistes" et en voyant "tout sous le prisme de la race, de l'ethnie, au lieu de voir le citoyen". Toutefois, le ministre de l'Intérieur a estimé que "ceux qui font jonction" entre les "gauchistes" et les "islamistes" étaient "minoritaires". "Il y a des élus qui font des compromissions avec les islamistes. Ils ne sont pas très nombreux, mais ils existent", a-t-il dit en évoquant également des associations, dans le même cas.

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A lire :Pour Jean-Michel Blanquer l'"islamo-gauchisme" est un "fait social indubitable"

S'agissant de Mme Vidal, M. Darmanin a estimé qu'elle avait "raison de demander des critères objectifs" sur ce sujet. "Chacun sait que ce qu'elle dit est une vérité et que par ailleurs il faut l'objectiver", a-t-il dit. Frédérique Vidal est empêtrée dans une polémique après avoir demandé au CNRS une enquête sur "l'islamo-gauchisme" à l'université. Plus de 600 universitaires (enseignants, chercheurs...) ont réclamé sa démission samedi, dans une tribune publiée par le journal Le Monde.

*****journal_marianne *auteur_polony *date_fev21

Islamo-gauchisme à l'université : la polémique sémantique qui détourne du réel

Édito

Par Natacha Polony

Publié le 18/02/2021 à 19:03

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En dénonçant l'islamogauchisme qui « gangrène » l'université et en demandant au CNRS de contrôler les travaux des chercheurs, Frédérique Vidal passe à côté du problème du manque de pluralisme à l'université et fait l'impasse sur tous les maux dont souffre l'enseignement supérieur. Retrouvez l'édito vidéo de Natacha Polony.

C’est reparti ! Une nouvelle polémique sur un mot nous permet de nous empailler sur les concepts plutôt que de regarder le réel. Interviewée sur CNews ce dimanche 14 février, la ministre de l’enseignement supérieur Frédérique Vidal a expliqué que l’islamo-gauchisme « gangrène la société » et que l'université n'y est pas « imperméable ». Le terme fait polémique et, mardi 16 février, la ministre en rajoute une couche à l'Assemblée nationale en demandant au CNRS « un bilan de l'ensemble des recherches » pour distinguer ce qui relève de la recherche académique de ce qui relève du militantisme

Frédérique Vidal coche toutes les cases pour bien pourrir un débat ! Cela n’a pas manqué : tous ceux qui veulent expliquer que tout se passe très bien à l’université se sont jetés sur l'occasion. Le CNRS tombe bien sûr des nues lorsqu’on évoque un contrôle des travaux de recherche à la demande du pouvoir politique et explique que le concept d’islamo-gauchisme n’est pas un concept scientifique.

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C’est vrai. Mais dans la mesure où « blanc-triarcat », « privilège blanc » et tout le reste de l’arsenal décolonial et indigéniste sont considérés comme des concepts scientifiques, on peut se poser des questions.

Le concept d'islamo-gauchisme aurait été forgé par Pierre-André Taguieff. On ne comprend donc pas bien en quoi divers journaux peuvent expliquer qu'il vient de l’extrême droite car, jusqu’à preuve du contraire, Pierre-André Taguieff n’est pas d’extrême droite. Vieille tactique : quand un mot gêne, on explique qu’il vient de l’extrême droite afin de le décrédibiliser. (...)

*****journal_figaro *auteur_bastié *date_nov16

L'universitaire Gilles Kepel ravive la fracture à gauche sur l'islam

L'islamologue a publié une charge virulente contre les « islamo-gauchistes », qu'il qualifie de « charlatans » dans une interview à l'Obs. Une prise de position qui ravive une vielle querelle à gauche, alors que Licra s'oppose à la notion d'« islamophobie ».

Par Eugénie Bastié

Publié le 08/11/2016 à 17:10, mis à jour le 08/11/2016 à 17:53

Gilles Kepel publie La Fracture (Gallimard), un récit de la division du pays entre comunuataristes et identitaires. JOEL SAGET/AFP

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EN SAVOIR PLUS

Pavé dans la mare à gauche. L'universitaire Gilles Kepel, auteur de Terreur dans l'Hexagone, une genèse du djihadisme français, vient de publier La Fracture, un livre où il dénonce la division du pays entre, d'un côté, des groupes communautaristes prônant un islam conquérant et, de l'autre, les groupes identitaires alimentés par l'extrême-droite. Le spécialiste reconnu de l'islam français, qui a publié plusieurs ouvrages sur l'islamisation des banlieues, dénonce également avec virulence les «islamo-gauchistes» qu'il qualifie de «charlatans» dans une interview à l'Obs , où il fustige «ces intellectuels tétanisés par la culpabilité postcoloniale» devenus les idiots utiles de la lutte contre l'islamophobie.

Selon Kepel, ce terme est un leurre. «Les musulmans ne sont pas plus victimes de discrimination que d'autres personnes», a-t-il déclaré lundi sur France Inter . Il accuse notamment le CCIF (Comité

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contre l'Islamophobie en France) d'être le fruit d'une «stratégie de conquête» pensée et dirigée par les Frères musulmans. Il cible également le Bondy Blog, un média créé à l'occasion des émeutes de 2005 et hébergé sur le site de Libération d'être «totalement repris en main par cette frange frériste qui fait de l'islamophobie son principal slogan». «Pour les Frères musulmans, dans la mouvance de Tariq Ramadan, comme pour Marwan Muhammad (le directeur exécutif du CCIF), il y a une volonté manifeste de mobiliser cette jeunesse musulmane en occultant le phénomène des attentats, en se refusant à le penser», accuse l'islamologue.

Ce cri d'alarme de Gilles Kepel suscite des attaques virulentes à gauche, dans les rangs de ceux qu'il dénonce comme islamo-gauchistes. Le Bondy Blog a publié un droit de réponse à ses accusations, qualifiées de «délirantes et mensongères». Une indignation soutenue par le fondateur de Médiapart, Edwy Plenel, qui a qualifié les attaques de Kepel d'«ignorantes». Le fondateur de l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), Pascal Boniface a, lui, évoqué une «dérive inquiétante de l'Obs» et dénoncé le «narcissisme» et la «courtisanerie» du chercheur. L'ex-trader Marwan Muhammad a accusé Gilles Kepel, pourtant bardé de diplômes, d'être un faux universitaire.

Autre illustration récente de cette division à gauche, le refus par l'une des principales associations antiracistes françaises, la Licra, d'employer le terme «islamophobie», réaffirmé par son président Alain Jakubowicz ce week-end. Selon lui, le terme est «une imposture», utilisée «comme une arme contre la laïcité destiné à protéger un dogme religieux». Gilles Clavreul, le délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l'antisémitisme (Dilcra) a affiché son soutien à Kepel et à la Licra.

Tandis que le journaliste Frédéric Haziza a défendu Kepel et Jakubowicz dans leur dénonciation du terme islamophobie, le journaliste Claude Askolovitch écrit dans Slate : «Que cette Licra milite, activement, pour que le mot “islamophobie” soit banni du vocabulaire public est donc une catastrophe notable, politique et idéologique.»

«Islamo-gauchisme», un mot né dans les années 2000

Ces affaires ne sont que les dernières secousses d'une ligne de fracture qui divise durablement la gauche française, entre les tenants d'une laïcité scrupuleuse, que leurs adversaires qualifient parfois de «laïcards» et ceux qui voient dans les musulmans une minorité stigmatisée, que leurs adversaires qualifient d'«islamo-gauchistes». L'expression «islamo-gauchiste» a été popularisée à l'orée des années 2000 dans le débat public français. Comme le rappelait Libération, le mot apparaît sous la plume de Pierre-André Taguieff dès 2002. L'auteur de La Nouvelle Judéophobie désignait ainsi «la nouvelle configuration tiers-mondiste, néo-communiste et néo-gauchiste, plus connue sous la désignation médiatique de “mouvement antimondialisation”». Cette alliance se retrouvait notamment dans la défense par l'extrême-gauche du camp palestinien.

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Mais depuis les attentats terroristes de 2015, le terme a connu un véritable succès. Il a notamment été employé par plusieurs figures intellectuelles de gauche comme la féministe Elisabeth Badinter, l'éditorialiste Jacques Julliard, la journaliste Caroline Fourest ou encore le mouvement laïque du Printemps républicain, auquel appartiennent Gilles Kepel et Gilles Clavreul. Manuel Valls avait lui-même repris l'expression à son compte sur Radio J en mai 2016, accusant «les capitulations intellectuelles, les ambiguïtés entretenues qui forment le terreau de cette violence et de cette radicalisation».

Pour les personnalités visées, ce vocable est un néologisme infamant, destiné à empêcher tout débat. L'historien israélien antisioniste Shlomo Sand compare même le terme à celui de «judéo-bolchévisme» employé par les antisémites dans les années 1930.

Débutée après le 11 septembre 2001, la querelle sur l'islamo-gauchisme est loin d'être finie. Un an après le 13 novembre, la fracture n'a jamais été aussi grande entre la «gauche Plenel» et la «gauche Kepel».

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Qu'est-ce que le "djihadisme d'atmosphère" ? Les explications de Gilles Kepel

08h37, le 10 février 2021 , modifié à 09h22, le 10 février 2021

AA

Gilles Kepel était l'invité d'Europe 1, mercredi matin. © Europe 1

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Invité de la matinale d'Europe 1, mercredi matin, le spécialiste du monde arabe contemporain Gilles Kepel a détaillé le concept de "djihadisme d'atmosphère", qu'il développe dans son nouveau livre "Le Prophète et la Pandémie" (Ed. Galimard).

INTERVIEW

"La constitution d'une culture de la rupture avec la République et ses valeurs est quelque chose qui va ensuite créer tout naturellement la désignation de l'autre comme un infidèle, qu'il est licite de faire disparaître." Invité de la matinale d'Europe 1, mercredi matin, le spécialiste de l'islam et du monde arabe Gilles Kepel, qui publie Le Prophète et la Pandémie (Ed. Gallimard) a détaillé le concept de "djihadisme d'atmosphère" qui existe selon lui en France.

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>> Retrouvez l'interview politique de Sonia Mabrouk en replay et en podcast ici

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"J'ai essayé de comprendre ce phénomène en travaillant à chaud sur 2020, sur tout ce qui s'est passé dans l'année", explique Gilles Kepel au micro de Sonia Mabrouk, citant notamment l'exemple de l'assassinat de Samuel Paty, professeur décapité pour avoir montré des caricatures dans un cours sur la liberté d'expression. L'auteur présumé de l'attaque "n'appartenait à aucun réseau", contrairement à ceux des attentats commis les années précédentes, souvent revendiqués par Daech, souligne le spécialiste. Preuve, selon lui, qu'il existe "une atmosphère créée par des entrepreneurs de colère".

"Il faut mobiliser l'ensemble de la société"

Selon l'auteur, les explications de ce phénomène sont, notamment, à aller chercher du côté de la sémantique. "Le terme d''islamisme', qui dans notre vocabulaire désigne l'islam politique, incarné principalement par les Frères musulmans (…) a été traduit par des journalistes et des relais d'opinion du monde musulman comme 'islamique' ou 'musulman'. Donc on a fait d'Emmanuel Macron et de la France un pays islamophobe", estime Gilles Kepel "Si on n'avait pas détruit les études arabes en France, si on avait encore des arabisants capables en nombre suffisants dans notre haute fonction publique", l'écueil aurait d'ailleurs "évidemment pu être évité", tacle-t-il.

"Il faut que nous, universitaires, puissions produire des connaissances sur cette région [le monde arabe, ndlr] de manière sérieuse", avance donc le spécialiste. Comment, à part cela, combattre un djihadisme devenu ambiant ? "Nous sommes contraints de passer par les réflexions juridiques débattues en ce moment", répond Gilles Kepel, dans une référence au projet de loi "confortant les principes républicains" (ex-projet de loi sur les séparatismes). Déplorant le "french bashing" de certains médias anglo-saxons, qui voient dans ce texte "une réduction des libertés publiques", le spécialiste estime qu'un travail "culturel important" est nécessaire. "Il faut mobiliser l'ensemble de la société, et aussi nos compatriotes musulmans", "premières victimes", selon lui, du "djihadisme d'atmosphère".

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« Islamo-gauchisme » : la ministre française de l’Enseignement supérieur dans la tourmente

Les appels à la démission de Frédérique Vidal se sont multipliés la semaine dernière.

OLJ / le 22 février 2021 à 00h00

« Islamo-gauchisme » : la ministre française de l’Enseignement supérieur dans la tourmente

Frédérique Vidal, universitaire reconnue, spécialiste de la génétique moléculaire, est toutefois accusée de manquer de poids et de sens politiques. Archives / AFP / Pool / Thomas Coex

La très discrète ministre française de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Frédérique Vidal s’est attiré les foudres du monde politique et universitaire la semaine dernière après ses déclarations sur l’« islamo-gauchisme », un terme qui évoque une convergence entre islamistes et extrême gauche.

Jusqu’ici, la ministre était restée discrète malgré le malaise des étudiants empêtrés dans la crise de Covid, dont beaucoup lui reprochent de ne pas avoir saisi leur détresse et d’avoir réagi trop tard.

Dans un pays encore sous le coup de la décapitation d’un professeur d’histoire par un islamiste russe tchétchène en octobre, sa déclaration dimanche dernier sur la chaîne CNews au sujet de l’« islamo-gauchisme », qui, selon elle, « gangrène la société dans son ensemble et l’université, n’est pas imperméable », a suscité une fronde.

D’autant que Frédérique Vidal a enfoncé le clou mardi en annonçant avoir demandé à un organisme public de recherche scientifique français, le CNRS, « un bilan de l’ensemble des recherches » qui se déroulent en France, afin de distinguer ce qui relève de la recherche académique ou du militantisme.

Le terme « islamo-gauchisme » avait été lancé au début des années 2000 par un sociologue français, Pierre-André Taguieff, « pour signaler des formes de dérives d’une gauche très propalestinienne vers l’antisémitisme », et a ensuite été élargi et repris par l’extrême droite.

Les propos de la ministre ont suscité un tollé dans les rangs des universitaires. Plus de 600 membres de l’enseignement supérieur ont ainsi demandé samedi sa démission, dans une tribune publiée dans le quotidien Le Monde, lui reprochant de « faire planer la menace d’une répression intellectuelle » sous couvert d’enquête sur « l’islamo-gauchisme ».

Accablée sur les réseaux sociaux, Mme Vidal a aussi été recadrée par le président français, via le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal: « La priorité pour le gouvernement, c’est évidemment

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la situation des étudiants dans la crise sanitaire, c’est évidemment la possibilité d’apporter un soutien financier aux étudiants en difficulté, c’est évidemment de permettre aux étudiants qui le souhaitent de pouvoir revenir progressivement en présentiel à l’université », a-t-il rappelé. Emmanuel Macron a aussi répété son « attachement absolu à l’indépendance des enseignants-chercheurs », selon Gabriel Attal.

Le Centre national de recherche scientifique (CNRS) a rappelé que le terme d’« islamo-gauchisme » ne correspond « à aucune réalité scientifique ». Quant aux présidents d’université, ils ont exprimé leur « stupeur ».

« Si le gouvernement a besoin d’analyses, de contradictions, de discours scientifiques étayés pour l’aider à sortir des représentations caricaturales et des arguties de café du commerce, les universités se tiennent à sa disposition », a ironisé la Conférence des présidents d’université (CPU).

Appels à la démission

Dans une interview au quotidien Libération, l’économiste français Thomas Piketty a lui aussi demandé son départ. « Avec ses déclarations, Frédérique Vidal a démontré sa totale inculture et sa profonde ignorance de la recherche en sciences sociales. (...) Avec l’extrême droite aux portes du pouvoir dans plusieurs régions et au niveau national, c’est totalement irresponsable », a-t-il lancé.

Cette polémique relance les critiques autour de Frédérique Vidal, universitaire reconnue, spécialiste de la génétique moléculaire, mais accusée de manquer de poids et de sens politiques.

« Elle s’est clairement pris les pieds dans le tapis, mais personne dans le monde universitaire n’a intérêt à ce qu’elle parte maintenant. L’université et la recherche se sont battues pour avoir un ministère, donc un départ pourrait nous faire reculer au secrétariat d’État et être encore moins visible », craint un universitaire souhaitant garder l’anonymat.

À l’inverse, pour un chercheur souhaitant lui aussi rester anonyme, « un remplaçant à Frédérique Vidal ne pourrait être vu que comme un sauveur ».

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« Islamo-gauchisme » : le RN salue les propos de Frédérique Vidal

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« Islamo-gauchisme » : le RN salue les propos de Frédérique Vidal

Frédérique Vidal a demandé au CNRS une enquête sur “l’islamo-gauchisme” dans les universités. © Crédit photo : LUDOVIC MARIN AFP

Par SudOuest.fr avec AFP

Publié le 18/02/2021

Mis à jour à 17h55S'ABONNER

Laurent Jacobelli, candidat du Rassemblement national aux élections régionales dans le Grand Est, a appuyé les propos de Frédérique Vidal sur « l’islamo-gauchisme » dans les universités françaises

Le porte-parole du Rassemblement national Laurent Jacobelli a salué jeudi les propos de la ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal sur « l'islamo-gauchisme » qui, selon elle, « gangrène la société », suscitant des protestations et interrogations jusque dans la majorité.

« Oui, il y a de l'islamo-gauchisme dans nos facultés, dans nos universités, quand on voit par exemple qu'un syndicat de parents d'élèves, la FCPE, fait des affiches avec une femme voilée. (....) C'est bien qu'un ministre s'élève contre ça », a affirmé Laurent Jacobelli au Talk du Figaro.

« Je soutiens le constat » mais « j'espère que ça ira plus loin, que ce ne sera pas simplement dans les mains du CNRS », a ajouté le responsable d'extrême droite.

Attaque contre le CNRS

« En demandant au CNRS de faire l’enquête, c’est comme si vous demandiez à Al Capone de faire une enquête sur le trafic de drogue », a ironisé le candidat du RN aux élections régionales dans le Grand Est. « Le CNRS refuse d’employer même le mot d’”islamo-gauchisme”. Par contre, il fait des études sur le privilège blanc ».

« L'islamo-gauchisme, on le voit partout », a ajouté le représentant du RN, pour qui ce terme désigne « l'aide d'une partie de la gauche à la banalisation des idées islamistes ». « Ces gens de gauche (...) cherchent une clientèle (électorale), quitte à renier les valeurs de la République », a-t-il dénoncé, en nommant les partis Génération-s et la France insoumise.

Lors de son débat face au ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin jeudi dernier, Marine Le Pen avait déclaré qu'elle aurait « pu signer » le livre du ministre sur le « séparatisme islamiste » qui selon elle, décrit « l'islamisme de manière extrêmement claire » alors que « ce n'est pas du tout le cas de la loi » sur ce sujet adoptée mardi par l'Assemblée nationale, sur laquelle le RN s'est abstenu.

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À droite, le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau a également apporté son « soutien » sur Twitter à Frédérique Vidal. « Le combat contre l'islamisme est aussi intellectuel et culturel, merci à la ministre de le rappeler ».

*****journal_valeursactuelles *auteur_anonyme *date_fev21

Pour près de 60% des Français, l’islamo-gauchisme est répandu en France

Par Auteurvaleursactuelles.com / Vendredi 19 février 2021 à 10:3024

Image d'illustration. Photo CHAMUSSY/SIPA

Dans ce sondage commandé à l’Ifop-Fiducial pour CNews et Sud Radio, on apprend même que plus de la moitié des sympathisants de LREM et du Parti socialiste sont d’accord avec cette affirmation.

Le terme d’« islamo-gauchisme » fait débat depuis quelques semaines, notamment depuis la sortie de la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, estimant qu’il « gangrénait » la société dans son ensemble et l’université. Mais si la ministre a été recadrée au sein même de son gouvernement et dans le monde de l’Enseignement supérieur, un sondage réalisé par l’Ifop-Fiducial pour CNews et Sud Radio montre que les Français vont plutôt dans le sens de la ministre. En effet, de manière très générale, 58% estiment que « ce courant de pensée est répandu en France ». Selon l’étude, publiée le 19 février, « l’islamo-gauchisme » qualifie les « intellectuels ou personnalités, partis politiques, situés à gauche ou à l’extrême gauche qui minimiseraient la menace représentée par l’islamisme radical » ou alors « refuseraient encore de le dénoncer », précise CNews.

Si l’on prend les chiffres dans le détail et tous bords politiques confondus, huit sympathisants Les Républicains sur dix le pensent, contre sept sur dix du côté du Rassemblement national. Mais ils sont aussi 54% chez LREM et 53% au Parti socialiste à être d’accord avec ce constat. Même 40% des électeurs de la France insoumise appuient cet état de fait.

SUR LE MÊME SUJET “Islamo-gauchisme” à l’université : un sociologue dénonce un “tribunal” et “une chasse aux sorcières”

Favorables à la demande d’enquête

Le sondage se penche aussi sur les déclarations de la ministre sur l’Enseignement supérieur, et à en croire les sondés, 69% estiment qu’elle a eu raison de demander une enquête sur le sujet. Les

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Républicains (87%) et les Marcheurs (89%) plébiscitent d’ailleurs cette enquête, tandis qu’à gauche, ils sont un peu plus de la moitié à la juger « pertinente », note CNews.

En outre, sur la présence du courant islamo-gauchiste dans les universités, 56% de interrogés pensent que c’est bel et bien le cas. Mais les chiffres se différencient cette fois-ci selon le courant politique, car si les électeurs Républicains le pensent à plus de 70%, comme ceux du Rassemblent national (69%) et près de six Marcheurs sur dix, au contraire, à gauche, plus de la moitié estiment que « l’islamo-gauchisme » n’est « pas répandu à l’université ».

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Islamo-gauchisme à l’université : Frédérique Vidal ouvre la boîte de Pandore

Les affinités entre les franges collectivistes et réactionnaires de l’Islam et celles du gauchisme nihiliste n’existaient pas il y 15 ans. Avec l’effondrement de la gauche modérée, les rapports de force ont changé.

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Par Frédéric Mas.

En lançant une enquête sur l’« islamo-gauchisme » à l’université, la ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal a provoqué l’indignation des universitaires et d’une partie de la classe politique et médiatique. Madame Vidal a ainsi annoncé sur Cnews avoir chargé le CNRS de mener une « étude scientifique » pour définir ce qui « relève de la recherche et du militantisme ».

Elle est revenue à la charge ce mardi devant l’Assemblée nationale : va être mis en place un bilan de recherches afin de distinguer « ce qui relève de la recherche académique et ce qui relève du militantisme et de l’opinion ». Déradicaliser les facs en commandant un rapport ? L’ambition paraît à la fois extraordinaire dans ses buts et plutôt modeste dans ses moyens.

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Sur les bancs de la gauche radicale, qui s’est sentie visée, on s’est insurgé contre une « chasse aux sorcières » intolérable. La conférence des présidents d’université n’est pas en reste. Elle n’a pas caché son indignation, jugeant la « polémique stérile ». Elle regrette la « confusion » faite entre liberté académique et « ce qui relève d’éventuelles fautes et infractions ». Elle condamne également l’« instrumentalisation » du CNRS.

La gauche universitaire, elle, se moque. Les facs françaises seraient-elles aux mains de hordes de maoïstes pénétrés des idées de Khomeiny ? Tout cela tient du café du commerce et le monde éthéré de la recherche et de l’enseignement supérieur n’a de comptes à rendre qu’à lui-même, liberté académique oblige. Et puis d’abord l’islamo-gauchisme, est-ce que ça existe, en dehors des plateaux télé de Cnews et des pages de Valeurs actuelles ?

LA GAUCHE RÉPUBLICAINE CONTRE L’ISLAMO-GAUCHISME

Pour certains, parler d’islamo-gauchisme, c’est faire de la politique et pas de la science. Seulement l’argument suppose que l’enseignement échappe comme par magie au débat public.

L’expression « islamo-gauchiste » est une invention sémantique du politologue Pierre-André Taguieff pour désigner une reconfiguration particulière de la gauche de la gauche qui s’est accommodée de l’islamisme ou pire encore, qui l’instrumentalise comme critique de l’Occident et du capitalisme.

Ce n’est pas un élément de langage de l’extrême droite, mais de la gauche républicaine. Il s’agissait pour elle de désigner une frange de la gauche radicale en rupture avec d’autres courants d’émancipations classiques. Bien entendu, comme tout ce que la gauche abandonne, comme la liberté d’expression, la laïcité ou la République, l’extrême droite s’est empressée de se réapproprier le terme.

Pour Philippe Raynaud, la tolérance d’une partie de la gauche de la gauche vis-à-vis de l’islamisme la mettait déjà en tension vis-à-vis des courants républicains mais aussi des courants féministes et/ou favorables à la liberté des mœurs « qui perçoivent l’‘intégrisme’ musulman comme un danger (au moins) aussi grave que le conservatisme traditionnel1 ».

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Les affinités entre les franges les plus collectivistes et réactionnaires de l’Islam et celles du gauchisme le plus nihiliste n’étaient il y a 15 ans qu’un courant mineur de la gauche. Aujourd’hui, avec l’effondrement de la gauche républicaine modérée, les rapports de force ont changé.

La pression islamiste dans les médias et au sein des partis politiques de gauche s’est accrue, comme elle s’est accrue au sein de la société civile et des services publics. Pourquoi l’université serait-elle épargnée ? L’idéologie décoloniale et indigéniste qui en normalise le discours fait partie de l’éventail idéologique de la gauche actuelle, gauche qui a toujours prospéré dans l’enseignement public.

QUELLE FRONTIÈRE ENTRE OPINION ET RECHERCHE ?

Seulement Frédérique Vidal ouvre la boîte de Pandore. La frontière entre la science et la politique est sujet à débats depuis la naissance même des sciences sociales. Existe-t-il un étalon universel et faisant consensus au sein de la communauté scientifique permettant de distinguer l’opinion de la connaissance ?

Les différentes variétés de marxisme, de théories post-modernes ou de sociologies critiques qui prospèrent dans l’enseignement supérieur s’accordent au moins pour réduire la science à des rapports de pouvoir, d’idéologie et de domination.

Dans la discipline économique, toute pensée hétérodoxe, en particulier libérale, est proscrite. Pour qu’un Jean Tirole puisse être reconnu sur le plan mondial, il a fallu s’extraire du système universitaire français et inventer l’école capable de recruter et de former en se tenant à distance de la tambouille idéologico-politique de la gouvernance des universités comme de ses réflexes corporatistes profonds.

Avec les Cultural Studies qui s’installent depuis maintenant une dizaine d’années en France, la frontière a totalement disparu aux yeux même de ses pseudo-chercheurs : la position de pouvoir que constitue l’enseignement doit servir de levier pour transformer la société en fonction de la critique féministe, post-coloniale, racialiste, etc. L’idéologie doit tout commander, y compris la recherche en sciences exactes.

Faudra-t-il ressusciter le positivisme sociologique comme idéologie étatique officielle pour distinguer clairement les rentes idéologiques qui se sont agrégées au sein des universités des chercheurs consciencieux qui travaillent tranquillement dans leur labo ? L’exercice paraît vain et peu praticable, Auguste Comte est bien mort.

LA SOLUTION LIBÉRALE

Une solution libérale pourrait orienter l’action publique pour aider à dégonfler l’extrémisme anticapitaliste, dont l’islamo-gauchisme n’est qu’un avatar, au sein de l’université.

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Elle nous est suggérée par le philosophe Robert Nozick. Beaucoup d’intellectuels sont anticapitalistes parce qu’ils estiment que le système économique ne récompense pas leurs compétences correctement. De leur point de vue, ils méritent plus que les honneurs et le statut que le marché tend à leur donner. Ils vont donc valoriser les politiques publiques et les idéologies qui vont modifier les règles du jeu économique pour leur attribuer une plus grande place en société.

Cela peut se traduire politiquement par la monopolisation étatique de l’enseignement supérieur pour pallier une pseudo-défaillance du marché des honneurs et du prestige social.

Privatiser l’enseignement supérieur ou au moins libéraliser l’enseignement supérieur pourrait ainsi participer à dégonfler le marché des « intellectuels radicaux » et à les renvoyer à leur véritable valeur aux yeux du reste de la société, c’est-à-dire à pratiquement rien, et cela sans attenter aux libertés universitaires. Plus ambitieux qu’un rapport du CNRS mais moins porteur électoralement parlant, pas sûr que cela séduise nos édiles…

*****journal_republiquedespyrenees *auteur_bouguereau *date_fev21

La ministre et l’idiot utile de l’islamo-gauchisme

La ministre et l&rsquo;idiot utile de l&rsquo;islamo-gauchisme

Jean Marcel BOUGUEREAU

Archives PP

PAR JEAN-MARCEL BOUGUEREAU, PUBLIÉ LE 19 FÉVRIER 2021 À 7H01.

Fallait-il, comme la conférence des présidents d’université l’a écrit, qualifier cette notion « d’islamo-gauchisme » comme « venant de l‘extrême droite qui l’a popularisée » ?

Frédérique Vidal, ministre chargée des universités vient de se faire remarquer. Parce qu’en ces temps de pandémie, nombre d’étudiants sans ressources font la queue aux Restos du cœur ? Pas du tout. C’est pour avoir demandé au CNRS de lancer une enquête sur l’islamo-gauchisme qui gangrènerait l’université.

D’après Mme Vidal, il s’agit de définir ce qui relève « de la recherche et ce qui relève du militantisme ». Tollé de la conférence des présidents d’université, qui dénonce les « représentations caricaturales

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» et « arguties de café du commerce » de la ministre. Vu la broncha, le gouvernement ne l’a pas suivie : Frédérique Vidal a prestement été recadrée par le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, qui a rappelé l’« attachement absolu à l’indépendance des enseignants-chercheurs ». On ne saurait mieux signifier que cette intervention était inopportune.

Pour autant, fallait-il, comme la conférence des présidents d’université l’a écrit, qualifier cette notion « d’islamo-gauchisme » comme « venant de l‘extrême droite qui l’a popularisée » ? Un amalgame bien pratique pour nier l’existence d’un phénomène qui existe bel et bien.

La rédaction vous conseille Bayrou: l’"islamo-gauchisme" n’est "pas le premier problème de l’université"

Après l’assassinat du professeur Samuel Paty, décapité pour avoir montré des caricatures de Charlie Hebdo à ses élèves, une centaine d’universitaires a pointé « le déni face à l’islamisme et à l’importation des idéologies communautaristes anglo-saxonnes, le conformisme intellectuel, la peur et le politiquement correct » comme étant « une véritable menace pour nos universités, où la liberté de parole tend à se restreindre de manière drastique ».

A tel point que le président du CNRS, Antoine Petit, a écrit en 2019 que « la ‘race’ devient la nouvelle grille de lecture du monde sur laquelle s’intègre la grille du genre ». Et c’est encore Jean-François Braunstein, professeur de philosophie à la Sorbonne, qui sonne l’alarme, affirmant que « nous devons réagir avant qu’il ne soit trop tard ».Pour lui « l’islamo-gauchisme désigne une alliance de fait entre certains courants de la gauche et des mouvements proches des islamistes.

Ces courants gauchistes veulent voir dans l’immigré musulman le substitut de l’ancienne figure du prolétaire exploité et dans l’islam la religion des pauvres et des opprimés ». Évidemment, comme d’habitude, des voix s’élèvent pour demander la démission de Frédérique Vidal.

On est donc partis pour une polémique comme on les aime, à commencer par Jean-Luc Mélenchon pour qui « nous ne sommes plus en France, nous sommes en Iran », puisque nos gouvernants seraient en train « de faire la police des idées » !

Exemple typique d’un déni de réalité qui a abouti depuis longtemps à des territoires perdus de la République.

*****journal_figarovox *auteur_benedetti *date_fev21

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Vidal et l’islamo-gauchisme: «la réponse du CNRS est plus politique que scientifique»

FIGAROVOX/ENTRETIEN - Le ministre de l’enseignement supérieur a demandé au CNRS de réaliser une enquête sur «l’islamo-gauchisme» dans les universités. Arnaud Benedetti s’étonne de voir le CNRS chargé de cette enquête mais reconnaît que sa réponse est très partisane.

Par Alexandre Devecchio

Publié le 18/02/2021 à 20:20, mis à jour le 19/02/2021 à 13:56

Le centre national de la recherche scientifique. YOAN VALAT/AFP

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Arnaud Benedetti est professeur associé à l’Université Paris-Sorbonne. Il est rédacteur en chef de la revue politique et parlementaire.

FIGAROVOX.-Vous avez été directeur de la communication du CNRS pendant trois ans. Que vous inspire le communiqué de presse publié par ce dernier ce mercredi en réaction aux propos de la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal? Le CNRS est-il vraiment l’organe le plus légitime pour mener l’enquête souhaitée par la ministre?

Arnaud BENEDETTI.j’ai d’abord été surpris de l’annonce de Madame Vidal . Principalement quant à la méthode, car confier au CNRS qui est lui-même un opérateur de recherche, c’est-à-dire une institution dont le cœur de métier consiste à produire de la connaissance le soin d’investiguer les travaux de recherche conduits dans le cadre de l’université, m’apparaît une méthode susceptible de n’engendrer que de la confusion. Et ce pour plusieurs raisons: tout d’abord organiquement nombre d’unités de recherche sont mixtes , c’est-à-dire qu’elles disposent d’une double tutelle CNRS/ Universités .

En d’autres termes, le CNRS ne pouvait être en la matière que particulièrement gêné par la mission que la ministre souhaitait lui déléguer, étant lui-même en quelque sorte juge et partie. Ensuite parce que politiquement le design improvisé pour le moins de la commande ravivait politiquement des zones de conflits potentiels entre l’organisme et les universités, ce que la conférence des Présidents d’Universités n’a pas manqué de rappeler dans son communiqué de presse en dénonçant l’instrumentalisation du CNRS par l’exécutif.

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N’oublions jamais que l’organisation du système de recherche français constitue une forme de dentelle fine où les enjeux de pouvoir et de légitimité sont historiquement très sensibles pour qui se penche sur l’histoire des institutions scientifiques en France. Enfin parce que la Ministre, scientifique elle-même, ne pouvait ignorer les valeurs mais aussi les représentations auxquelles sont attachées viscéralement les communautés de chercheurs: l’indépendance de la recherche, laquelle mériterait sans doute d’être interrogée car elle est tout autant un principe indispensable que parfois l’objet d’un usage pour atténuer des opinions, notamment en ce qui concerne les sciences sociales.

L’affirmation selon laquelle l’islamo-gauchisme n’est pas une réalité scientifique me paraît d’abord être une expression bien plus politique que scientifique.

Les Universités comme le CNRS ont rappelé, à juste titre il me semble néanmoins, la force de la liberté académique, y compris si celle-ci peut parfois nous embarrasser car elle n’est pas sans abriter parfois des démarches à relents idéologiques, au demeurant provenant d’horizons divers. Personnellement j’y suis attaché, même si ce qu’autorise cette liberté peut parfois être contraire à ce que je pense. Mais à mon sens la liberté ne se partage pas .

À la limite, si le ministère voulait une évaluation sur les corpus de recherche, il eut pu demander à une autre instance bien plus habilitée, il me semble, à savoir le Haut conseil de la recherche et de l’enseignement supérieur (HCERES ) de mener cette mission. Le choix du CNRS ne pouvait structurellement que déboucher sur cette controverse. Mais la Ministre s’est piégée elle-même ...ne mesurant pas, faute d’un «habitus» réellement politique qu’elle ouvrait la boîte de Pandore d’une controverse que le jeu partisan ne manquerait pas de récupérer.

On est à front renversé : c’est l’organisme sous tutelle qui recadre la ministre. On imagine que sous De Gaulle ou Mitterrand, l’exécutif n’eût jamais accepté un tel affront .

Certains universitaires et observateurs accusent le CNRS d’être lui-même noyauté par «l’islamo-gauchisme» ou plus largement par «la mouvance décoloniale». Qu’en pensez-vous?

Ce qui est surprenant , sans l’être au fond réellement, c’est la tonalité du communiqué du CNRS. On est à front renversé: c’est l’organisme sous tutelle qui recadre la ministre. On imagine que sous De Gaulle ou Mitterrand, l’exécutif n’eût jamais accepté un tel affront. Même sous Jospin ou Sarkozy une personnalité scientifique aussi forte que Catherine Bréchignac a fait les frais de son indépendance.

Pour autant, le poids politique du CNRS a toujours été tel dans l’écosystème institutionnel de la recherche que son Président ou directeur général dispose d’un quasi-statut de «vice-roi». Compte tenu du poids hautement symbolique de la recherche, l’exécutif, sauf à déchaîner une déflagration qu’il ne maîtriserait pas, est contraint de se résigner à cette sorte de «droit de remontrance» digne des parlements d’ancien régime que lui adresse de la sorte le CNRS.

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La liberté académique doit être bien évidemment préservée, mais encore faut-il qu’elle s’accompagne de la pluralité des approches.

Le vrai problème que pose sur le fond le communiqué du CNRS, au-delà de la sécheresse de sa tonalité vis-à-vis de sa tutelle, c’est son parti pris résolu. Que dit-il? «l’islamo-gauchisme» n’est pas une réalité scientifique. Là réside la difficulté, d’ordre épistémologique car certes l’islamo-gauchisme n’est pas un courant organiquement constitué, mais quand bien même ne se limiterait-il qu’à être ( ce qui reste à démontrer ) une catégorie de perception, une représentation, voire une entreprise de délégitimation, en quoi ne peut-il pas être appréhendé scientifiquement?

L’affirmation selon laquelle l’islamo-gauchisme n’est pas une réalité scientifique me paraît d’abord être une expression bien plus politique...que scientifique. Le CNRS ne peut à mon sens se draper dans la seule autorité de la science pour liquider d’un revers de main, sans autre argumentation que cette affirmation exclusive, les convergences qui peuvent parfois s’observer sur le terrain entre des acteurs politiques, des sensibilités politiques et certains courants islamistes .

À LIRE AUSSI :Universités: «l’islamogauchisme? Une réalité depuis 20 ans»

Que cette réalité lui apparaisse mal caractérisée par la formulation est une chose - quoiqu’elle soit portée, faut-il le rappeler , par un de ses directeurs de recherche Pierre-Henri Taguieff; mais que cette formulation à ses yeux incertaine suscite le sentiment d’une dénégation, voire d’une liquidation du sujet pose problème d’abord scientifiquement . Sans compter que le soupçon de délégitimation que le communiqué oppose pour dénoncer l’impact que la caractérisation d’islamo-gauchisme ferait peser sur certains types de recherche est parfaitement réversible .

Est-ce que certains objets de recherche qui viseraient à réévaluer par exemple la question coloniale sur un angle moins dénonciateur ne seraient-ils pas a priori écartés? L’enjeu majeur consiste à garantir la pluralité des approches - ce qui ne me semble pas être le cas aujourd’hui. La liberté académique doit être bien évidemment encore une fois préservée, mais encore faut-il qu’elle s’accompagne de la pluralité des approches.

Ce communiqué immanquablement est le produit aussi de rapports de forces internes à l’organisme qui est tout sauf une instance monolithique, y compris dans le secteur hautement inflammable des SHS .

Selon vous, le CNRS ferait-il preuve de partialité?

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Le problème ne peut se limiter au seul CNRS, mais concerne d’abord le statut des sciences sociales qui sont l’une des composantes de l’organisme, mais loin d’être la seule. Les sciences sociales ont toujours été l’objet de combats politiques. Souvenons-nous de l’emprise du marxisme dans les années 1960 et 1970 . Un penseur de la force de Raymond Aron n’a pas été épargné par la violence de querelles académiques dont les ressorts étaient éminemment politiques.

Certaines passions idéologiques trouvent peuvent dans certains cas extrêmes sous l’habit de la science, professer des engagements au service d’une cause militante.

Le drame des sciences sociales , c’est qu’elles travaillent sur des objets d’une complexité inouïe, qu’elles mobilisent des chercheurs qui ont forcément une part de subjectivité dans la relation à leurs propres objets de recherche, qu’elles ne parviendront jamais à accéder à cette «neutralité axiologique» que Max Weber appelait de ses vœux .

Partant de cette difficulté, certaines passions idéologiques trouvent la matière à se développer, et peuvent dans certains cas extrêmes sous l’habit de la science professer des engagements bien plus au service d’une cause militante que de l’appétit de connaissances .

À partir du moment où l’on accepte que la connaissance sur le monde social ne peut être que relative et que nous reconnaissons le poids de nos histoires personnelles dans l’appréciation de la réalité, nous limitons, à défaut de les neutraliser totalement, les effets de notre subjectivité sur le travail du chercheur . Force est de constater que cet effort de maîtrise n’est pas partagé par tous.

Êtes-vous inquiet de la progression de cette idéologie?

Il existe à mon sens, à partir de l’expérience qui fut la mienne au CNRS, un autre problème qui est lié à l’histoire de ce dernier et à ses lignes de forces internes. Le CNRS a d’abord été forgé par des chercheurs issus des sciences exactes, des physiciens en particulier, considérés comme une forme d’aristocratie du monde des savoirs. Ce sont eux qui avec les biologistes ou les chimistes ont principalement dirigé l’organisme depuis sa fondation en 1939 .

» LIRE AUSSI - Universités: «Les discours racialistes et identitaires deviennent institutionnels»

Les sciences sociales ont implicitement un statut à part au sein de l’institution. Leur scientificité est parfois contestée ou regardée avec condescendance par ceux-là mêmes qui dirigent l’organisme. Il peut s’ensuivre un sentiment de déclassement des chercheurs en sciences sociales par rapport à leurs collègues des autres sciences.

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Cette potentielle frustration se compense au prix d’une très grande liberté d’organisation et de ton concédée à ces disciplines. Car là où nombre de chercheurs de ces sciences disposent d’un avantage comparatif par rapport aux autres professionnels de la recherche, c’est que très souvent ils disposent d’une plus grande maîtrise de la communication, de la verbalisation qui leur offre ainsi sur des enjeux médiatiques une plus grande visibilité.

Pour une grande part le CNRS tire sa notoriété de la qualité et de la quantité d’exposition de ses chercheurs en sciences sociales dont par ailleurs le capital relationnel en matière politique et médiatique est amplement supérieur à celui de la moyenne des autres chercheurs de l’établissement.

Tout dirigeant de l’organisme doit tenir compte avec cette réalité catégorielle d’un champ qui sait être bruyant, interpeller la société, forger ses propres leaders d’opinion qui peuvent parfois être plus en proximité avec le pouvoir politique que la seule hiérarchie de l’organisation. Le poids symbolique des sciences sociales peut ainsi apparaître comme inversement proportionnel à sa reconnaissance interne par l’institution.

*****journal_tribunedegeneve *auteur_anonyme *date_fev21

«Islamo-gauchisme»: une ministre française dans la tourmente

Frédérique Vidal, ministre française de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, a déclaré à la télévision que «l’islamo-gauchisme gangrène la société dans son ensemble et l’université n'est pas imperméable.» Des propos qui suscitent un tollé dans le milieu universitaire.

Publié: 20.02.2021, 20h53

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Le Centre national de recherche scientifique (CNRS) a rappelé que le terme d’«islamo-gauchisme» ne correspond «à aucune réalité scientifique».

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Le Centre national de recherche scientifique (CNRS) a rappelé que le terme d’«islamo-gauchisme» ne correspond «à aucune réalité scientifique».

Getty Images

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La très discrète ministre française de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Frédérique Vidal s’est attiré les foudres du monde politique et universitaire cette semaine après ses déclarations sur l’«islamo-gauchisme», un terme qui évoque une convergence entre islamistes et extrême-gauche. Jusqu’ici, la ministre était restée discrète malgré le malaise des étudiants empêtrés dans la crise du Covid, dont beaucoup lui reprochent de ne pas avoir saisi leur détresse et d’avoir réagi trop tard.

Dans un pays encore sous le coup de la décapitation d’un professeur d’histoire par un islamiste russe tchétchène en octobre, sa déclaration dimanche dernier sur la chaîne CNews au sujet de l’«islamo-gauchisme» qui, selon elle, «gangrène la société dans son ensemble et l’université n'est pas imperméable», a suscité une fronde.

D’autant que Frédérique Vidal a enfoncé le clou mardi en annonçant avoir demandé à un organisme public de recherche scientifique français, le CNRS, «un bilan de l’ensemble des recherches» qui se déroulent en France, afin de distinguer ce qui relève de la recherche académique ou du militantisme.

Le terme «islamo-gauchisme» avait été lancé au début des années 2000 par un sociologue français, Pierre-André Taguieff, «pour signaler des formes de dérives d’une gauche très pro-palestinienne vers l’antisémitisme», et a ensuite été élargi et repris par l’extrême droite.

Les propos de la ministre ont suscité un tollé dans les rangs des universitaires. Plus de 600 membres de l’enseignement supérieur ont ainsi demandé samedi sa démission, dans une tribune publiée dans le Monde, lui reprochant de «faire planer la menace d’une répression intellectuelle» sous couvert d’enquête sur «l’islamo-gauchisme».

Accablée sur les réseaux sociaux, Mme Vidal a aussi été recadrée par le président français, via le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal : «La priorité pour le gouvernement, c’est évidemment la situation des étudiants dans la crise sanitaire, c’est évidemment la possibilité d’apporter un soutien financier aux étudiants en difficulté, c’est évidemment de permettre aux étudiants qui le souhaitent de pouvoir revenir progressivement en présentiel à l’université», a-t-il rappelé.

Emmanuel Macron a aussi répété son «attachement absolu à l’indépendance des enseignants-chercheurs», selon Gabriel Attal.

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Le Centre national de recherche scientifique (CNRS) a rappelé que le terme d’«islamo-gauchisme» ne correspond «à aucune réalité scientifique». Quant aux présidents d'université, ils ont exprimé leur «stupeur». «Si le gouvernement a besoin d’analyses, de contradictions, de discours scientifiques étayés pour l’aider à sortir des représentations caricaturales et des arguties de café du commerce, les universités se tiennent à sa disposition», a ironisé la Conférence des présidents d’université (CPU).

Appels à la démission

Dans une interview au quotidien Libération, l’économiste français Thomas Piketty a lui aussi demandé son départ. «Avec ses déclarations, Frédérique Vidal a démontré sa totale inculture et sa profonde ignorance de la recherche en sciences sociales. (...) Avec l’extrême droite aux portes du pouvoir dans plusieurs régions et au niveau national, c’est totalement irresponsable», a-t-il lancé.

Cette polémique relance les critiques autour de Frédérique Vidal, universitaire reconnue, spécialiste de la génétique moléculaire, mais accusée de manquer de poids et de sens politiques.

«Elle s’est clairement pris les pieds dans le tapis mais personne dans le monde universitaire n’a intérêt à ce qu’elle parte maintenant. L’université et la recherche se sont battues pour avoir un ministère donc un départ pourrait nous faire reculer au secrétariat d’Etat et être encore moins visible», craint un universitaire souhaitant garder l’anonymat.

A l’inverse, pour un chercheur souhaitant lui aussi rester anonyme, «un remplaçant à Frédérique Vidal ne pourrait être vu que comme un sauveur».

*****journal_rtbf *auteur_fontaine *date_fev21

"Islamo-gauchisme": le mot qui hystérise le débat en France

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La ministre française de l’Enseignement supérieur veut vérifier si les universités ne sont pas gagnées par l’islamo-gauchisme. "Une polémique stérile", répondent les établissements. © Damien MEYER / AFP

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Daniel Fontaine

Publié le jeudi 18 février 2021 à 14h21

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L’islamo-gauchisme gangrène dangereusement les universités françaises, qui seraient devenues le repaire d’une idéologie dangereuse. C’était le thème d’une enquête du Figaro publiée il y a une semaine. Interrogée à ce sujet sur la chaîne CNews, la ministre française de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a annoncé qu’elle demanderait un "bilan de l’ensemble des recherches qui se déroulent en France", dans le but de démasquer les chercheurs qui utilisent leur position "pour porter des idées radicales ou pour porter des idées militantes".

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L’annonce a immédiatement provoqué un tollé dans les milieux académiques et une polémique politique. A l’Assemblée, la ministre a été accusée de lancer une "chasse aux sorcières" et une "police de la pensée".

Sortir des représentations caricaturales et des arguties de café du commerce

Le CNRS (Centre national de la recherche scientifique) a contesté la pertinence de la requête de la ministre : "La polémique actuelle autour de l’islamo-gauchisme, et l’exploitation politique qui en est faite, est emblématique d’une regrettable instrumentalisation de la science." Le CNRS se dit pourtant prêt à participer à l’étude que la ministre voulait lui commander. Entretemps, Frédérique Vidal a décidé de ne plus s’adresser au CNRS, mais à une autre instance, l’alliance Athena, qui dit elle-même n’avoir reçu aucune demande en ce sens, renforçant une impression d’improvisation politique sur un sujet explosif.

La Conférence des présidents d’universités a réagi de manière plus virulente encore, disant "sa stupeur face à une nouvelle polémique stérile sur le sujet de l’islamo-gauchisme à l’université." Les présidents appellent froidement leur ministre de tutelle à "élever le débat": "Si le gouvernement a besoin d’analyses, de contradictions, de discours scientifiques étayés pour l’aider à sortir des représentations caricaturales et des arguties de café du commerce, les universités se tiennent à sa disposition. Le débat politique n’est par principe pas un débat scientifique : il ne doit pas pour autant conduire à raconter n’importe quoi."

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C’est que la notion même d’islamo-gauchisme est contestée. "Islamo-gauchiste" serait plus une invective destinée à discréditer un interlocuteur qu’un concept scientifique opérationnel.

C’est une pseudo-notion dont on chercherait en vain un commencement de définition scientifique, et qu’il conviendrait de laisser, sinon aux animateurs de Cnews, plus largement, à l’extrême droite qui l’a popularisé

A l’origine, le sociologue Pierre-André Taguieff l’utilise pour désigner "une convergence entre intégristes musulmans et groupes d’extrême gauche, à la faveur d’ennemis communs". Mais dans son communiqué, le CNRS estime que qu’il ne s’agit que d’un "slogan politique utilisé dans le débat public" qui "ne correspond à aucune réalité scientifique. Ce terme aux contours mal définis, fait l’objet de nombreuses prises de position publiques, tribunes ou pétitions, souvent passionnées."

"Ce n’est pas un concept", renchérissent les présidents d’université. "C’est une pseudo-notion dont on chercherait en vain un commencement de définition scientifique, et qu’il conviendrait de laisser, sinon aux animateurs de Cnews, plus largement, à l’extrême droite qui l’a popularisé. Utiliser leurs mots, c’est faire le lit des traditionnels procureurs prompts à condamner par principe les universitaires et les universités."

Le terme a fait un retour en force dans le débat en France après l’assassinat du professeur d’histoire Samuel Paty, le 16 octobre 2020. Le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer avait déjà estimé à ce moment que "l’islamo-gauchisme fait des ravages à l’université".

Des universitaires de renom lui avaient donné raison, en publiant dans Le Monde un Manifeste des 100, dénonçant un déni du monde académique sur l’islamisme. Les signataires fustigeaient dans la foulée "les idéologies indigéniste, racialiste et décoloniale […] nourrissant une haine des Blancs et de la France […] et le prêchi-prêcha multiculturaliste". "Il est temps de mettre fin au nouveau terrorisme intellectuel, à base de décolonialisme et d’islamo-gauchisme qui règne dans les universités", martelait encore il a quelques jours le géographe Fabrice Balanche.

Tentatives de délégitimation

Frédérique Vidal voulait d’ailleurs aussi demander au CNRS d’examiner la pertinence de la recherche sur ces thématiques nouvelles. L’institution lui a, là aussi, sèchement répondu : "Le CNRS condamne, en particulier, les tentatives de délégitimation de différents champs de la recherche, comme les études postcoloniales, les études intersectionnelles ou les travaux sur le terme de 'race', ou tout autre champ de la connaissance."

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"La nouveauté ce n’est pas qu’il se produise un différend, banal, dans l’enceinte académique", écrit le spécialiste du monde arabe François Burgat, lui-même régulièrement taxé d’islamo-gauchisme. "C’est d’abord le fait que certains collègues, au demeurant très minoritaires, entendent s’abstraire des règles traditionnelles – paritaires – d’évaluation de la recherche et imposer leurs vues en faisant régler ce différend par voie administrative unilatérale. C’est ensuite le fait que cette vision des choses soit puissamment relayée non point seulement par le mainstream médiatique mais, bien plus gravement, que le gouvernement l’adopte sans la moindre distance critique. Dans ce contexte, les propos de la ministre de la Recherche font véritablement déborder le vase."

Appels à la démission

Le tollé provoqué par la sortie de la ministre de l’Enseignement supérieur la place désormais en position inconfortable. Les appels à sa démission se multiplient. "Elle livre à la vindicte populaire les personnes qui produisent et diffusent les savoirs dont nous avons tant besoin dans cette époque hyperviolente, dit l’économiste Thomas Piketty dans Libération. Avec l’extrême droite aux portes du pouvoir dans plusieurs régions et au niveau national, c’est totalement irresponsable. Elle doit partir."

Le gouvernement d’Emmanuel Macron se serait lancé dans une "opération de déminage" pour sauver la ministre contestée de toutes parts. Par l’intermédiaire du porte-parole du gouvernement, le président a rappelé son "attachement absolu à l’indépendance des enseignants-chercheurs". Des députés de la majorité reconnaissent une "maladresse" et une "erreur de communication", mais défendent "une femme très courageuse".

*****journal_opinioninternationale *auteur_taube *date_fev21

Islamo-gauchisme : Madame Frédérique Vidal, ne cédez pas à ces 600 complices de l’idéologie du racialisme qui mine l’université française ! L’édito de Michel Taube

Les 600 universitaires et chercheurs qui ont pétitionné dans Le Monde pour demander la démission de la ministre se comportent d’abord en corporation qui ne supporte pas que l’on puisse s’intéresser à l’usage qu’elle fait des fonds publics. Cela rappelle la magistrature qui ne veut avoir de compte à rendre à personne, même lorsqu’elle s’érige en pouvoir politique. Les 600 pétitionnaires reviennent aussi à la charge en dénonçant l’abandon des étudiants par la ministre durant la crise du Covid, comme si ces deux problèmes avaient le moindre rapport entre eux. Nous avons toujours pensé que le problème de l’université était qu’elle est dimensionnée en fonction du nombre d’étudiants en première année d’études, la plupart d’entre eux n’obtenant aucun diplôme leur garantissant un emploi. En cessant d’offrir le bac à tous (moins de 40 % en Allemagne ou en Suisse), au bénéfice de l’apprentissage, on règlerait l’essentiel des problèmes de l’université et une partie de celui du chômage. Mais cela n’intéresse pas nos 600 pétitionnaires. Ils préfèrent continuer à enseigner des

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matières inutiles à des étudiants qu’ils conduisent vers Pôle Emploi. Si l’on valorisait les études professionnelles autant que l’enseignement général, la France se porterait bien mieux.

Le terme d’islamo-gauchiste, pertinemment débusqué par Pierre-André Taguieff dès le début des années 2000 et qui donne une grand interview à Marianne, serait d’extrême droite ? Frédéric Vidal, Jean-Michel Blanquer, Emmanuel Macron ou Xavier Bertrand seraient d’extrême droite ? Nous serions d’extrême droite, alors que nous ne cessons de la combattre ? Ce seraient les Français, qui dans leur immense majorité dénoncent l’évidence incontestable de l’islamo gauchisme, l’alliance entre l’extrême gauche et l’islam radical, qui seraient d’extrême droite ? Ces analogies, ces accusations, ces procédés sont indignes de chercheurs ou d’universitaires. Affligeante naïveté ou choix délibéré de se ranger du côté des ennemis de la liberté et des Lumières ? Ce sont bien ces 600 pétitionnaires qui sont les suppôts tant de l’islam radical que de l’extrême droite, en niant une indubitable réalité.

L’islamo gauchisme est-il une science ? En tout cas, son étude entre dans les sciences humaines et politiques. Il devrait donc être étudié à l’université, particulièrement à Sciences Po., tout comme le nazisme et le stalinisme, au lieu d’être nié.

La réalité est que l’université française est dominée depuis des lustres par des intellectuels gauchistes qui ont trouvé dans la montée de l’islam politique un nouveau terrain de jeu pour justifier leur pensée socialisante : le racialisme poussé à l’extrême est devenu la nouvelle idéologie dominante dans l’université française. Leur cible : l’homme, le blanc, le capitaliste, les trois en un.

La pétition des 600 illustre aussi le décalage entre une certaine élite (et non pas l’élite) et le peuple. C’est ce décalage qui fait le lit des populistes de toutes obédiences, en particulier de l’extrême droite. Elle avait conduit Donald Trump à la Maison-Blanche, et pourrait l’y reconduire dans quatre ans. Elle pourrait aussi ouvrir la voie à Marine Le Pen, alors que le Rassemblement national draine dans son sillage une véritable fachosphère plus nauséabonde encore que l’aile droite des Républicains américains, car ultime déjection du régime de Vichy.

Mais aujourd’hui, les collabos, ce sont bien ceux qui considèrent que résister à l’islam politique est du racisme, de l’islamophobie, comme ils disent. Dans la plupart des pays musulmans, les gouvernants tentent d’endiguer sa montée, parfois sans aucun ménagement (Égypte, Émirats arabes unis, Mali, ou même Arabie saoudite qui en est pourtant le berceau). Et quand ce ne sont pas les gouvernants, c’est le peuple, en particulier la jeunesse, qui exprime son ras le bol de la dictature des barbus (Turquie, Iran, Palestine…)

En France, trop d’artistes, d’intellectuels, d’universitaires, de politiques, font leurs les revendications et les pleurnicheries de ceux qui veulent vivre selon les règles de la charia. Nous ne sommes pas d’extrême droite ! C’est vous qui l’êtes en servant ses intérêts et son dessein !