fisher - l'insulte : la parole et le geste

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  • 7/25/2019 Fisher - L'Insulte : La Parole Et Le Geste

    1/11

    Langue franaise

    L'insulte : la parole et le gesteSophie Fisher

    Abstract

    It is the title of Leroy-Gourhan's work in this inverted order that will lead our path: insults are not limited to screams or

    vocatives - they are very often expressed by gestures, whether or not thse are accompanied by words. The recentexample of the "anarchist- entarteur" who targeted the French politician Chevnement clearly shows the link between an

    act and an interpretation by its victim. Thus, insults are not necessarily some abuse or a swearword; they may be a

    punctual act. Such an act further supposes in an enunciative analysis the recognition of the central role of the enunciator

    in action interprtation. This is evidenced by a corpus based on Sobrino's Spanish-French grammar as well as

    Argentinean, Brazilian, Spanish and French data. This study concentrtes on the notions of injunction, exclamation and

    onomatopoeia, which belong to the borders of the structured systems studied by grammars.

    Citer ce document Cite this document :

    Fisher Sophie. L'insulte : la parole et le geste. In: Langue franaise, n144, 2004. Les insultes : approches smantiques

    et pragmatiques. pp. 49-58.

    doi : 10.3406/lfr.2004.6807

    http://www.persee.fr/doc/lfr_0023-8368_2004_num_144_1_6807

    Document gnr le 08/09/2015

    http://www.persee.fr/collection/lfrhttp://www.persee.fr/doc/lfr_0023-8368_2004_num_144_1_6807http://www.persee.fr/author/auteur_lfr_981http://dx.doi.org/10.3406/lfr.2004.6807http://www.persee.fr/doc/lfr_0023-8368_2004_num_144_1_6807http://www.persee.fr/doc/lfr_0023-8368_2004_num_144_1_6807http://dx.doi.org/10.3406/lfr.2004.6807http://www.persee.fr/author/auteur_lfr_981http://www.persee.fr/doc/lfr_0023-8368_2004_num_144_1_6807http://www.persee.fr/collection/lfrhttp://www.persee.fr/
  • 7/25/2019 Fisher - L'Insulte : La Parole Et Le Geste

    2/11

    Sophie Fisher

    CELITH-EHESS

    [email protected]

    L insulte

    :

    la parole

    et le

    geste

    L'utilisation inverse du

    titre de

    Leroi-Gourhan n'est pas un hasard :

    l'insulte

    n'est

    pas

    seulement

    un cri, une interpellation,

    mais trs

    souvent un

    geste, accompagn

    ou

    non d'une parole.

    Ce

    mode d'expression se trouve

    illustr par

    l'exemple rcent de

    Ventarteur-anarchiste : L'attentat ptissier est

    une

    sorte de matrialisation de la lettre d'insulte, avec des mots

    qui

    sauteraient la

    figure

    et dgoulineraient dans le

    cou

    (P. Robert-Diard, 22-23.09.2002,

    Jean-

    Pierre Chevnement

    retrouve son entarteur

    devant le

    tribunal

    , Le

    Monde).

    Comme

    l'insulte verbale, cet acte

    a

    une source, mais aussi une

    cible

    - le

    candidat Chevnement -,

    qui

    interprte cet acte,

    dont

    [l]e but tait de salir, de

    ridiculiser.

    Un homme public n'a pas

    d'autre

    capital que son image (Ibid.). Le

    caractre situ de

    l'acte montre

    tout

    l'intrt d'une analyse nonciative

    mettant au

    centre

    de la problmatique le

    rle

    du co-nonciateur comme

    inter

    prtant. Une telle analyse peut trouver

    des prliminaires utiles dans

    la consi

    dration de

    sources

    mtalinguistiques.

    Les

    tudes

    faites

    par

    certains

    grammairiens

    constituent

    ce titre un matriau de

    choix.

    C'est

    l'exemple

    d'une

    grammaire bilingue,

    franais/espagnol, l'un

    des

    classiques de la

    fin

    XVIIIe

    sicle

    jusqu'au

    XIXe

    sicle,

    qui

    est

    considr

    dans

    les

    deux

    premires

    sections

    de

    cet article. Elles

    montrent les difficults de la

    dfinition des

    notions d interjection, d'injure

    et

    d'insulte. Ces difficults

    s'expliquent

    par le

    caractre

    culturalis

    de

    l'apprciation

    des notions, l'angle

    sous lequel

    elles

    sont envisages

    (dans

    le juridique par exemple),

    et

    par

    la situation nonciative

    des

    usages

    o

    la porte des

    actes

    est fixe de faon dterminante par la

    gestuelle. Ces paramtres sont directement pertinents

    pour

    la comprhension

    des faits franais, langue voisine

    d'une

    socit

    btie

    sur le mme

    modle

    que

    l'espagnole,

    comme

    le montrent les

    convergences

    avec les contributions

    ce

    volume. L'incarnation gestuelle de

    la

    parole

    agissante

    est

    le

    propos

    de la

    tro

    isime

    section.

    1NGDE

    FRANAISE

    144

    49

  • 7/25/2019 Fisher - L'Insulte : La Parole Et Le Geste

    3/11

    Les

    insultes

    : approches smantiques et

    pragmatiques

    I. LES INSULTES ET INJURES COMME INTERJECTIONS

    La grammaire franais/espagnol de

    Sobrino a

    connu

    trois

    poques

    trois

    versions

    et trois

    rcritures.

    Ces

    rcritures attestent de changements

    dans

    ses

    dfinitions du phnomne de l'insulte

    et

    de l'injure, changements

    qui

    sont le

    signe

    autant des

    transformations sociales

    que de

    la

    prudence

    linguistique

    qui

    les

    accompagne. Envisage dans le sens

    du parlable,

    du dicible ou de l'interdit,

    Y interpellation

    apparat en gnral hors

    des parties traditionnelles de

    la

    phrase,

    puisqu'elle

    concerne

    le

    rapport

    l'autre, mais

    aussi

    avec soi-mme. Ces

    rapports

    sont

    prsents dans

    la problmatique

    de l'interjection.

    Cette notion

    reoit

    trois

    dfinitions

    selon les trois versions

    du

    Sobrino,

    o

    elles

    sont donnes

    en

    franais, puisque c'est bien de

    grammaires

    pour des

    francophones

    qui

    apprendraient

    l'espagnol

    qu'il s'agit (les soulignements sont

    les ntres)

    *

    :

    Les

    Interjections sont

    des Particules

    qui s'entremettent dans le

    discours, pour

    marquer

    les passions de l'me. Mais comme elles sont peu importantes dans la Grammaire, je ne

    m'arrte

    point

    les expliquer. (Sobrino 1752 : 198)

    Les Interjections sont

    des Particules

    qui sont employes

    dans le

    discours, pour marquer

    les

    passions de

    l'me...

    (Sobrino 1801 : 182)

    Vinterjection est

    un mot dont

    on se sert

    pour

    exprimer

    un

    sentiment de

    l'me, comme

    la joie, la

    douleur, etc., ou pour

    rveiller

    l'attention.

    (Sobrino

    1881 :

    181)

    Ces

    dfinitions sont

    suivies

    d'une

    liste

    des

    diffrentes

    interjections

    (pp.

    181-3).

    Ds

    prsent, nous pouvons voir les diffrences entre les textes. Les

    deux premires versions

    emploient Particules

    pour caractriser l'interjec

    tion,e

    qui

    grammaticalement la met au rang de l'article, si

    on

    considre ce

    dernier

    comme l'articulation

    ncessaire

    de

    termes porteurs

    de

    sens.

    Par

    ailleurs,

    ces deux

    versions

    parlent

    des passions de l'me, le troisime des

    sentiments. La transformation

    de

    la

    passion

    en sentiment n'est pas

    un simple

    problme de style. Une indication

    allant

    dans ce sens est

    donne

    au dbut

    des

    deux premires dfinitions puisqu'il s'agit

    de

    particules

    qui

    s'entremet

    tent

    u qui

    sont

    employes

    dans

    le

    discours

    :

    l'on

    passe

    de

    l'involontaire

    au

    choisi. Et, ici, le point

    de

    vue

    nonciatif est

    fondamental

    car il

    suppose ce

    que,

    la suite de Culioli, nous

    appellerons

    le haut degr

    , ou l'aspect

    phatique au sens

    de

    Jakobson.

    Ces dfinitions

    peuvent tre compares

    avec

    la

    troisime qui

    part de l'usage et le recentre

    sur le

    sujet nonciateur.

    De

    Y

    interjection/interpellation,

    on aboutit

    Y interjection/expression du

    moi.

    On

    passe d'une

    socit

    d'ancien

    rgime, une socit

    police,

    une socit indi

    vidualiste

    centre

    sur le

    sujet.

    On le

    voit

    aussi

    dans

    la manire

    d'envisager

    1.

    Je

    remercie

    Irne

    Tamba

    de ses

    remarques

    propos

    des

    formes

    plurielle ou

    gnrique de

    l'article dans les citations ci-dessus.

    50

  • 7/25/2019 Fisher - L'Insulte : La Parole Et Le Geste

    4/11

    L'insulte

    la

    parole et

    le geste

    ce

    qui est aux limites de

    l'interaction

    verbale

    comme

    dans

    le

    cas de

    certaines insultes.

    Prenons comme exemple le traitement d'une expression

    qui

    nous sembler

    it

    trange

    dans une grammaire espagnole

    actuelle

    : Sobrino,

    avant

    de

    consi

    drer hidalgo,

    discute

    un

    hideputa

    qui

    n'a pas

    d'quivalent

    en franais.

    Les

    ditions

    de 1752 et de 1801

    diffrent

    peu, mais

    ce

    peu donne la mesure des

    transformations entre ce

    qui

    se dit et ce

    qui

    ne

    peut plus se dire :

    De la diction Hideputa

    [...]

    les

    espagnols ont une certaine

    exclamation on

    interjection d'admirer,

    savoir

    hideputa, qui s'emploie dans les comparaisons

    pour

    se

    moquer

    d'une

    personne,

    la

    montrant

    n'tre telle qu'elle devoit (1752 :

    199)

    (nous

    soulignons)

    De

    la

    diction Hideputa

    Les espagnols ont une

    expression

    moqueuse ou interjection, savoir : hideputa,

    qui

    s'emploie pour

    exprimer

    du

    mpris

    : O

    hideputa

    y

    que Roldn,

    para

    hacer

    fieros

    O

    quel Roland

    pour faire

    des

    bravades

    hideputa

    y

    que Nembroth, que

    magno

    Alexandro

    quel

    Nembroht, quel grand

    Alexandre

    (1801 :

    183)

    (nous

    soulignons)

    Notons

    que

    les deux dfinitions :

    une

    certaine exclamation ou

    interjection

    d'admirer (1752)

    et

    une expression moqueuse ou

    interjection, qui

    s'emploie pour

    exprimer du

    mpris

    (1801) montrent la

    difficult de

    rendre compte

    du

    phatique dans la transformation

    des

    situations nonciatives et sociales

    cinquante ans de

    distance,

    une poque marque

    par

    des

    bouleversements

    tels que la Rvolution et le dbut de

    l'pope napolonienne.

    Marque de

    l'excs,

    ce

    type

    d'injure

    -

    qui

    n'est

    pas

    une

    insulte

    -

    s'inscrit

    nanmoins

    dans

    une longue

    tradition

    hispanique

    (Moro, judio,

    ladrn,

    hertico), comme bougre

    (Puto) et son double (Paillard, lascif,

    rotomane). Celle-ci tant

    la seule

    version

    acceptable pour les

    honntes

    gens. D'ailleurs,

    le

    rfrent tymologique de

    l'antonyme

    hidalgo est

    envisag

    travers

    l'vocation de

    l'Examen de Ingenios

    de

    Huarte, livre rare

    dont

    l'argumentaire

    sur

    la question

    est

    rsum dans

    le

    Sobrino de 1752 :

    II

    faut

    dire

    qu'il fait

    une comparaison

    de ce mot, algo,

    dont

    la diction est en

    partie

    compose ; son

    contraire, qui est nada. (...)

    or

    il

    rapporte

    ledit

    nada au

    pch,

    ou

    vice,

    qui

    est

    bon droit dit rien

    :

    par

    algo,

    il entend

    la

    vertu

    :

    voulant

    infrer

    que

    hijo dalgo,

    signifie fils

    de

    la vertu.

    Une autre

    analyse est en

    outre prsente :

    [...]

    qui a

    bien

    de l'apparence, mais elle est fort ancienne

    hidalgo seroit compos

    de trois dictions, qui sont

    hijo

    de

    Godo

    ;fils

    du Goth

    cela

    cause

    que les

    Goths

    ont

    t les premiers

    Chrtiens

    en Espagne, par succession tant

    les

    vieux

    plus

    anciens,

    ils

    sont tenus

    pour

    les plus nobles,

    la

    diffrence des nouveaux convertis, tellement que

    par

    corruption de ces

    trois

    dictions se seroit form hidalgo, comme

    qui

    diroit

    hijo

    dalgo. (p 101)

    Par

    rapport

    ces deux

    ditions,

    celle

    de

    1881

    ne comporte

    plus

    comme exemp

    les

    es

    mots ou des expressions comme celles que

    nous avons

    vues (hidalgo,

    LANGUE FRANAISE 144 51

  • 7/25/2019 Fisher - L'Insulte : La Parole Et Le Geste

    5/11

    Les

    insultes :

    approches smantiques et

    pragmatiques

    hideputa,

    etc.).

    Car

    nous sommes dans

    la modernidad (1881 : 181) : l'interjection

    est presque une

    onomatope qui suppose peu de

    mots

    articuls

    utilisables en

    d'autres contextes. D o le fait

    qu'elle

    se ralise comme un cri :

    De

    l'Interjection

    L'interjection

    est

    un

    mot

    dont

    on

    se

    sert

    pour

    exprimer

    un

    sentiment de

    l'me,

    comme

    la

    joie,

    la

    douleur, et., ou pour

    rveiller

    l'attention.

    Les

    interjections

    les

    plus

    usites

    en espagnol

    sont

    ; ah,

    ay,

    chito, ea, ha,

    he,

    6, ola, ta,

    tate,

    to

    et

    vaya.

    Ce

    qui nous

    renvoie

    aux dfinitions de certaines

    grammaires

    franaises

    comme

    celle

    de Condillac

    ou

    de Desttut de

    Tracy, car ceux-ci, en

    tant qu'ido-

    logistes, tablissent un

    rapport

    ncessaire

    entre

    l'ide et le

    signe

    la reprsentant

    - lequel, parce

    qu'il

    s'agit du

    propre de

    l'homme - est

    un son articul, un cri,

    un

    mot ou

    une

    squence. Condillac,

    dans sa Grammaire (1750),

    crit

    au

    Chapitre XXV:

    Des

    interjections

    Les interjections, ou ces

    accens

    que

    nous avons vu tre communs

    au

    langage

    d'action

    celui des sons articuls, sont des expressions rapides, quivalentes quelquesfois des

    phrases

    entires. Elles

    n'ont point de place marque, elles

    n'en

    sont que

    plus expres

    sives soit

    qu'elles

    commencent un discours, soit qu'elles

    le terminent, soit

    qu'elles

    l'interrompent,

    il

    semble

    qu'elles

    chappent toujours au

    moment

    de produire leur

    effet.

    Aux accents

    naturels

    du langage

    d'action, les langues ont ajout

    des mots tels

    que

    hlas

    ciel

    Dieu La grammaire n'a rien

    remarquer sur

    ces espces de

    mots

    : c'est au sent

    iment

    les

    profrer

    propos. (Condillac

    1750

    295

    ;

    voir aussi Bertrand 2002)

    Si

    nous avons

    pris

    comme

    point

    de

    dpart

    la lecture

    grammairienne

    d'une

    interjection

    violente,

    c'est

    que

    l'insertion de

    ce

    type d'expressions dans un

    contexte nonciatif

    chappe ainsi la systmatique

    des

    grammairiens pour

    rejoindre

    cet

    entre-deux qu'est le

    langage d'action pour

    les

    sensualistes. Voyons

    comment

    cette

    thorie du langage

    d'action

    peut dpartager l'injure et l'insulte.

    2. L'INJURE ET L'INSULTE

    Les

    exemples

    pris

    dans

    ces vieilles grammaires

    espagnoles

    nous

    ont

    donc

    permis

    de

    voir la difficult

    qu'il

    y a marquer la diffrence entre

    l'insulte et

    l'admiration, ce que

    nous

    ne retrouvons pas

    dans les grammaires

    franaises.

    Quoique

    la spcificit

    de

    la construction

    espagnole

    permette de

    comparer une

    expression

    de

    type N de N

    (hijo

    de puta, fils de

    pute),

    avec une autre formation

    comportant la

    rduction du

    Nom : hijo> hi- + soit un

    indfini

    : algo, soit un

    autre Nom prcd par de : hi-rf-algo // hijo de puta, la

    transformation

    du sens

    allant

    de

    l'insulte

    l'admiration ne

    peut

    relever que de la

    contextualisation et

    de la fonction phatique. Les structures

    non

    quantitatives tudies par Milner

    (1978) construisent

    un rapport de

    type

    qualitatif dont

    le genre est rgl par le

    nom

    subsquent

    :

    un

    espce

    d'idiot

    /

    une.

    espce

    d'idiote oubliant,

    comme

    il

    le

    remarque,

    qu'espce

    est fminin (1978 : 93).

    Faisant un

    pas de

    plus,

    en effaant

    52

  • 7/25/2019 Fisher - L'Insulte : La Parole Et Le Geste

    6/11

    L'insulte

    la parole

    et

    le geste

    le dterminant pour construire l'injonction,

    l'exclamative

    insultante est l :

    Espce d'idiot /.

    Il

    est possible, dans

    une

    langue comme le franais,

    partir

    de

    structures de type N de N, de passer du cri, de

    l'onomatope

    ou du nom

    dno

    minateur,

    une structure de type phrase nominale,

    et

    finalement au geste.

    Comme

    l'crivent

    les auteurs de

    El

    arte

    de

    insulto

    (Luque

    et

    alii

    1997 :

    19)

    :

    L'insulte

    arrive

    mme

    devenir

    un

    loge

    ou

    une

    marque d'admiration

    :

    //

    muy hijo de puta, que bien

    juega

    alftbol /, dont la traduction

    Comme

    il

    joue

    au

    foot,

    le salaud

    ou Le

    fils

    de pute,

    comme il

    joue

    aufoot montre qu'actuellement,

    en

    franais, l'expression

    comportant N

    de

    N ne

    va

    pas de soi, mme si en post

    position cela

    semble

    plus

    vraisemblable

    : Comme

    il

    joue aufoot, le/ce fils de

    pute

    .

    Mais

    si l'insulte peut

    cesser

    de l'tre

    et

    devenir admiration,

    la

    diffrence

    entre

    l'injure et l'insulte persiste.

    La

    premire

    franchissant

    un pas

    social,

    car

    l'injuri

    est

    habilit

    s'abriter

    sous

    la loi

    et

    attaquer

    son

    injurieur,

    tandis

    que

    la seconde renvoie

    la

    remarque

    de

    Condillac,

    c'est au

    sentiment

    les

    profrer

    propos

    , ce sentiment appartenant - me semble-t-il -

    ce qui se

    trouve

    la base du langage

    selon

    les idologistes, l'expression d'une reprsent

    ation

    hatique.

    Les

    travaux

    concernant ces expressions

    en

    Espagne signalent la

    grande

    diffrence entre

    l'injure,

    le juron

    et

    le

    blasphme, car les

    deux derniers rele

    vaient

    des

    tribunaux

    religieux

    et

    le premier de la justice citoyenne. L'enjeu

    lgal

    est

    attest par

    la

    squence Manos violentas, palabras vedadas (Mains

    violentes

    et

    mots interdits)

    sur

    lesquels se

    fonde

    la

    lgislation

    mdivale

    en

    Castille

    et

    Lon, comme le rappelle le titre

    de Madero

    (1992).

    Prenons l'tymologie de insultare : il

    viendrait

    de in-

    introductif intensif

    et

    saltare. Comme

    l'crit

    Devoto

    (1979) : la valeur morale

    de

    sauter dessus,

    c'est-

    -dire insulter

    est

    d'poque

    Cicronienne . Selon

    le

    Robert, insulte

    aurait, de

    1380

    jusqu au

    XVIIe sicle, le sens d' attaque (insuit)

    et

    le premier

    sens

    serait

    :

    acte

    ou

    parole qui

    vise

    outrager

    ou

    constitue un outrage

    .

    Quant

    injure

    (1174, lat. iniuria,

    injustice, tort),

    c'est

    une injustice, un traitement

    contraire

    au jus, au droit. Par ailleurs, d'autres acceptions du

    terme

    tendent

    les

    confondre

    :

    Cour

    (XIII) :

    Attaque,

    calomnie, insolence,

    insulte, invective,

    sottise

    et

    en droit : toute expression outrageante

    qui

    ne renferme l'imputa

    tion

    'aucun

    fait .

    L'insulte

    serait donc

    un acte

    de

    langage au sens strict.

    Il est

    ponctuel

    et

    apparat comme

    l'irruption de

    la passion,

    de

    l'excs, en situation

    verbale.

    Il

    implique,

    comme l'injonction, une

    co-nonciation,

    et

    mme

    lorsqu'on

    s'auto-insulte, il

    est rare de

    ne

    pas s'adresser

    soi-mme en

    deuxime

    ou

    troisime personne. Que

    t'es

    con

    en est

    un exemple courant,

    mais dire :

    je

    suis con est pour le moins

    insolite

    (ce

    point

    a

    t

    dvelopp

    dans

    Fisher

    (1989),

    aussi n'y

    reviendrons-nous

    pas). Ainsi, lorsque

    Goffman parle

    du self-talk,

    il

    montre bien qu'il s'agit d'interpellations

    difficiles

    traiter dans

    le

    cadre linguistique

    traditionnel :

    mme

    les

    listes

    qu'il

    donne

    relvent

    du

    face--face

    et

    du contexte social.

    UKGOE

    FRANAISE

    144 53

  • 7/25/2019 Fisher - L'Insulte : La Parole Et Le Geste

    7/11

    Les

    insultes :

    approches

    smantiques

    et

    pragmatiques

    Nous pourrions

    dire

    qu'il y a bien

    une

    invocation - ou

    un

    retour ? - la

    rgle pour la transgresser

    dans

    la

    mise

    en

    jeu

    des

    lieux

    limites de renonciation

    o s'ancre

    l'interdit, en

    particulier le corps.

    Les

    parties du corps

    qui

    suppo

    sente rapport

    entre les sexes, les

    rapports

    entre humains mais

    aussi

    les

    rapports

    plus ou

    moins mtaphoriques avec

    des

    animaux dprcis :

    Sale

    cochon

    ou

    ;

    Marrano

    /,

    ce

    dernier renvoyant

    en

    espagnol

    et

    aux

    porcs

    et

    aux

    juifs convertis... Il en est

    de

    mme

    pour des

    mots

    tels

    que

    bougre

    selon ce

    que

    rapportent

    les auteurs de

    El arte del

    insulto

    :

    Lotti, a propos

    de l'italien

    buggerone,

    pose

    la

    question de

    la forte

    prsence

    de

    communauts cathares dans les Balkans, ce qui a fait

    que

    le mot bulgarum a

    pris, dj

    en

    italien

    mdival,

    la valeur insultante d'

    hrtique

    , d'o le mot

    franais bougre [...].

    Le

    mot bougre/bugger est devenu synonyme

    de heretic

    en

    gnral

    et

    deux sicles plus tard

    il prend

    la valeur de 'sodomite'

    [...].

    En

    fran

    ais, bougre

    a curieusement

    perdu sa signification d'hrtique et de sodomite et

    il

    est

    devenu

    prsent

    un

    mot

    informel

    pour

    dire

    mec

    ('to')

    et

    demeure une

    sorte

    de

    prfixe

    augmentatif

    sans

    signification

    prcise qui

    accompagne les

    autres insultes (bougre d'imbcile, etc.) (Luque et

    alii

    1997 : 51 ; notre traduction)

    Le

    rapport

    avec

    le fait religieux,

    et

    surtout

    avec

    la transgression,

    semble

    central

    dans

    le passage

    de l'injure

    au juron

    et

    au

    blasphme

    dont parle Benve-

    niste.

    Il n'est

    pas dans

    notre

    propos

    d'aborder

    cette

    question

    car

    elle nous

    forcerait

    parcourir un double chemin : celui des reprsentations d'un au-

    del et

    celui de l'ajustement

    de ces

    reprsentations

    dans des

    pratiques sociales

    o

    le corps, avec

    ce

    qu'il entrane

    en

    tant

    que

    rapports familiaux

    par

    exemple,

    est

    un

    des

    buts

    prfrs

    de

    l'insulte.

    Pour finir

    ce parcours

    allant de l'injure

    l'insulte, nous

    aimerions revenir

    sur le

    passage l'crit

    qui fixe

    en

    quelque

    sorte

    un modle.

    Il s'agit

    d'une note

    de Jorge

    Luis

    Borges,

    L'art de l'injure

    dans

    son Histoire de l'ternit :

    Commettre un sonnet, mettre en circulation des

    articles

    : le langage est un

    rpertoire de ces

    commodes insolences

    qui

    font

    les principaux frais des contro

    verses. Dire d'un crivain qu'il s'est dbarrass d'un livre ou qu'il l'a cuisin ou

    qu'il l'a pondu est

    une tentation

    par trop

    facile. Les

    verbes

    bureaucratiques

    ou

    boutiquiers

    font

    plus d'effet

    : expdier,

    donner

    suite, dbiter. Les mots dess

    chants

    se

    combinent

    avec d'autres,

    effusifs,

    et

    l'adversaire

    en

    reste

    pour

    toujours confondu. [...]

    (1933

    :

    443)

    Deux

    exemples pour finir.

    L'un est la

    clbre parodie d'insulte qu'improvisa,

    nous dit-on, le

    docteur Johnson

    : Votre pouse, monsieur, sous

    prtexte

    qu'elle travaille

    dans

    un

    lupanar,

    vend des tissus de

    contrebande

    . L'autre est

    la

    plus

    magnifique injure

    que

    je

    connaisse.

    Injure d'autant

    plus

    remarquable

    qu'elle

    constitue l'unique tentative de littrature de son

    auteur

    : Les dieux

    ne

    consentirent

    pas

    que

    Santos Chocano

    dshonort

    le

    gibet

    en y mourant.

    Il

    resta

    vivant,

    aprs

    avoir

    lass l infamie . Dshonorer le gibet, lasser l'infamie.

    force d'abstractions de cette

    qualit,

    l'injure que Vargas Vila dcharge

    bout

    portant

    perd

    tout contact

    avec

    la

    victime

    et

    la

    laisse

    indemne,

    irrelle,

    relgue

    au

    deuxime

    plan et peut-tre

    immortelle. (1933

    : 446)

    54

  • 7/25/2019 Fisher - L'Insulte : La Parole Et Le Geste

    8/11

    L'insulte

    la parole

    et le geste

    Ces

    quelques repres permettent d'apprcier

    la polyvalence de ces construc

    tionsangagires

    qui ont en

    commun de

    se trouver

    en

    marge

    de

    modles

    simplistes tels ceux

    de

    la belle langue ou

    ceux des phrases bien formes.

    Ils

    supposent, outre une approche

    nonciative,

    une mthodologie

    qui

    tienne

    compte des

    diffrentes

    modalits de

    l'expression. Je pense

    l'ironie telle

    qu'elle transparat

    dans la citation de Borges ou,

    du point

    de vue

    d'une

    mthode

    d'analyse, celle que proposait A.

    Culioli dans

    sa thorie

    des

    modal

    itsui rend compte

    non

    seulement des

    modalits

    traditionnelles

    (possible

    et

    ncessaire) mais aussi

    - et surtout

    -

    des relations intersujets et de

    l'apprciatif

    qui

    permettent l'tude

    dnonciations

    hors norme,

    telles l'insulte

    ou

    l'injure.

    Certaines

    parties du pome ci-aprs me semblent, elles aussi, relever d'un

    traitement de

    l'auto-insulte.

    Il

    s'agit

    de

    La balade du con o nous

    avons

    soulign le mot,

    mot

    qui

    finit par inverser son sens, le pauvre con

    devenant

    le

    tendre con qu'on

    aime. Voici quelques

    strophes

    du texte2 du pote

    et

    crivain

    argentin

    Isidoro

    Blaisten

    :

    Tu as raison maman,

    dit

    le con, et

    il

    but une

    ros

    Je

    ne serai plus

    con

    et il descendit du vent

    Je

    serai

    astucieux

    et

    gomancien.

    et il

    tourna une toile vers

    le

    bas

    [...]

    les parents

    riches

    arrivrent

    et lui

    dirent

    :

    Tu

    es

    pauvre

    mais

    pas con

    Et

    le

    con

    ne

    fut plus con

    [...]

    Alors,

    un

    marrant

    arriva et il

    lui

    dit,

    con joyeux.

    un

    pauvre

    vint

    et

    lui

    dit,

    pauvre

    con ;

    un

    triste

    vint et lui

    dit, triste con

    vint un

    pasteur protestant

    et il

    lui

    dit

    rvrant con ;

    vint un

    cur

    et il

    lui dit, sacro-saint con,

    vint

    un

    rabbin et

    lui dit, con de juif

    ;

    vint

    sa mre et elle

    lui

    dit, fils, ne

    sois pas

    con ;

    vint

    une femme aux yeux bleus et elle

    lui

    dit

    :

    je t'aime.

    (Notre traduction)

    Dans

    ce

    texte potique, qui

    runit

    paroles et comportements dans un

    non-rcit

    qui

    est

    une

    suite

    d'injonctions, nous

    passons

    insensiblement

    de

    la

    parole

    aux

    comportements.

    C'est ce dernier

    point

    qui permet d'invoquer

    les

    attitudes susci

    tant

    ussi

    bien des

    images que

    des attitudes accompagnant

    ou non la parole.

    2.

    Isidoro Blaisten, Balada del boludo , Antologa personal,

    Ed. desde la gente, s/d

    : Balada

    del boludo - Tienes

    razn, marna /

    dijo

    el

    boludo.

    /

    Y

    se

    bebi una rosa

    /

    - No ser mas boludo

    /.Y

    baj del

    viento / - Ser asruto y

    zahor

    /

    Y

    dio vuelta

    una

    estrella para abajo

    /

    Y

    se meti en

    el subte.

    /

    Y quedaron

    las gaviotas en el ro.

    /

    [...]

    /

    Entonces,

    /

    Vino

    un alegre y le dijo ;

    /

    Boludo

    alegre.

    /

    Vino un

    pobre y le dijo ;

    /

    Pobre boludo. /

    Vino

    un triste y le dijo ;

    / Triste

    boludo.

    /

    Vino

    un pastor protestante

    y

    le dijo ;

    /

    Reverendo boludo. /

    Vino

    un cura catlico y le

    dijo ; /

    Sacrosanto

    boludo.

    /

    Vino

    un

    rabino

    judo y le dijo ;

    /

    Tudfo

    boludo.

    /

    Vino su

    madr y le

    dijo

    ;

    /

    Hijo.

    no

    seas

    boludo.

    /

    Vino

    una mujer

    de ojos

    azules

    y

    le

    dijo

    ;

    /

    Te quiero.

    Je

    tiens

    rendre hommage cet

    crivain rcemment

    disparu.

    LANGUE FRANAISE 144 55

  • 7/25/2019 Fisher - L'Insulte : La Parole Et Le Geste

    9/11

    Les

    insultes

    : approches smantiques et

    pragmatiques

    3. DE LA PAROLE

    AU

    GESTE

    L'insulte,

    qui

    se donne in situ, est gnralement

    accompagne

    de mouve

    ments

    du

    corps.

    Songeons

    tous

    les

    comportements tudis par

    les

    spcial

    istes

    de

    la

    gestuelle,

    en

    particulier

    les

    gestes de

    la

    main

    et

    du

    bras :

    faire

    un

    bras d'honneur,

    dresser le mdium tout

    en refermant

    la

    main

    dans la bonne

    tradition

    mditerranenne,

    ou, plus infantilement tirer la langue.

    Si nous pensons

    aux graffitti

    qui ornaient les murs romains et pompiens

    (Petrucci

    1980/1986), ce sont bien des

    manires

    de dire

    qu'ils

    incarnent.

    Courts,

    comme les mots qu'ils reprsentent, figurs aussi, comme

    ceux que

    nous

    retrouvons

    dans les

    toilettes

    des lieux

    publics. On en trouve de mme

    dans

    certaines

    images

    mdivales destines

    non

    seulement

    tre

    des

    exempla

    mais

    aussi crer la peur du chtiment.

    Insultes

    et

    injonctions,

    mots dessins

    pour

    tre

    lus,

    comme les

    insultes

    du

    Capitaine

    Haddock

    dans Tintin, qui sont autant

    d'noncs encadrs,

    crits

    en

    termes trs souvent symboliques -

    donc

    incomprhensibles - avec des carac

    tres emprunts

    d'autres

    systmes

    d'criture

    et qui

    tous

    cachent

    en

    quelque

    sorte

    l'horreur

    du dit.

    Dans la trs belle exposition sur le Geste Kngo du Muse

    Dapper (2002), on

    a

    prsent, non pas

    des

    images - reprsentation bidimensionnelle classique -

    mais des

    sculptures qui

    agissent

    dans

    la

    socit. Par exemple,

    la reprsentation

    d'un homme, la

    main

    gauche

    sur la hanche,

    pour dcharger

    terre le mal,

    et

    la

    droite

    sur

    la

    tte,

    referme,

    pouvant

    tenir

    ou

    non un

    objet

    pour capter les

    bons effluves,

    bouche

    ouverte et langue dehors. Si elle

    n'est

    pas lue dans sa

    socit,

    elle peut trs bien tre

    interprte

    comme

    la

    reprsentation

    d'un

    tre

    malfique selon la lecture

    des

    Kngo

    des

    Amriques. En effet,

    [. . .] l'art figuratif est,

    son origine, directement

    li au

    langage

    et beaucoup

    plus

    prs de l'criture au sens le

    plus

    large que de

    l uvre

    d'art. Il est transposition

    symbolique

    et non calque

    de la

    ralit, c'est--dire qu'il y a entre le trac

    dans

    lequel

    on admet de

    voir

    un bison

    et le

    bison lui-mme la distance

    qui existe

    entre

    le mot et l'outil.

    Pour

    le signe comme

    pour

    le mot, l'abstrait correspond

    une

    adaptation

    progressive

    du

    dispositif moteur

    d'expression

    des

    sollicita

    tionsrbrales de

    plus

    en

    plus

    nuances

    [...].

    (Leroi-Gourhan 1964 : 266)

    et

    ces mots

    de

    Leroi-Gourhan

    nous

    mnent

    vers notre conclusion.

    4. EN

    GUISE

    DE CONCLUSIONS...

    Si l'insulte

    est

    acte de parole,

    manifestation physique

    d'une passion

    comme

    le suggre

    Sobrino, il

    reste que ce genre de profration a des

    caractristiques

    de

    physique

    de

    la

    parole

    relativement

    strictes.

    Pas

    d'noncs

    longs

    ou de

    discours

    organiss,

    des

    squences quasi

    onomatopiques,

    sorte de souffle

    56

  • 7/25/2019 Fisher - L'Insulte : La Parole Et Le Geste

    10/11

    L'insulte

    la

    parole et

    le

    geste

    d'un corps qui se

    rebelle

    en

    agressant

    ou en rpondant

    une

    agression

    verbale.

    D'o

    la difficult du sujet. Un traitement de type liste

    de mots

    ne rend

    pas compte

    de

    l'insertion

    de ces

    comportements dans

    des

    comportements

    sociaux.

    Par

    ailleurs,

    la

    grammatisation

    telle

    que

    la

    pratiquent les

    Sobrino

    renvoie

    une hypothse sur

    la

    langue qu'on

    retrouve

    chez de Brosses

    (1765),

    Condillac (1750), Destutt de Tracy

    (1803) o le signe

    des ides

    se loge

    dans

    le

    corps stress,

    et

    cela

    nous

    rappelle la phrase

    de

    Leroi-Gourhan :

    II est

    trans

    position

    symbolique

    et

    non

    calque

    de la

    ralit

    .

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