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Freud Más allá del principio de placer

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  • LE MTA- ET L' AU-DEL CHEZ FREUD

    Fernand Cambon

    Centre Svres | Archives de Philosophie

    2012/4 - Tome 75pages 597 621

    ISSN 0003-9632

    Article disponible en ligne l'adresse:--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

    http://www.cairn.info/revue-archives-de-philosophie-2012-4-page-597.htm--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

    Pour citer cet article :--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

    Cambon Fernand, Le mta- et l' au-del chez Freud , Archives de Philosophie, 2012/4 Tome 75, p. 597-621. --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

    Distribution lectronique Cairn.info pour Centre Svres. Centre Svres. Tous droits rservs pour tous pays.

    La reproduction ou reprsentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorise que dans les limites desconditions gnrales d'utilisation du site ou, le cas chant, des conditions gnrales de la licence souscrite par votretablissement. Toute autre reproduction ou reprsentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manire quece soit, est interdite sauf accord pralable et crit de l'diteur, en dehors des cas prvus par la lgislation en vigueur enFrance. Il est prcis que son stockage dans une base de donnes est galement interdit.

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  • Le mta- et l au-del chez Freud

    FERNAND CAMBON

    Paris

    Il y a longtemps que je lis et entends, en allemand et en franais, le mot mtapsychologie , en rapport avec Freud, ayant quelque vague ide de cequil dsigne et recouvre. Mais cela restait pour moi nimb dun flou trsartistique. Surtout, je ne parvenais pas rassembler, unifier les diversesralits auxquelles ce mot semblait renvoyer. Cest donc dabord pour satis-faire une curiosit [Wissbegierde = dsir de savoir] personnelle que jaientrepris lexploration dont je vais livrer ci-dessous les rsultats. Si jaiadjoint dans mon titre au prfixe mta- la locution prpositionnelle au-del [jenseits], cest parce que, lvidence, la smantique les rapproche.Cest aussi parce que cela fait belle lurette que je suis port considrer quelessai intitul Au-del du principe de plaisir 1 est peut-tre le texte majeurde Freud. On comprendra pourquoi le moment venu.

    Mtaphysique et mtapsychologie

    Bien sr, mme en toute ignorance de cause, on incline oprer un rap-prochement entre le terme traditionnel de mtaphysique et le nologisme,qui semble tre une invention de Freud, de mtapsychologie . Lintuitionnave ne nous guide pas mal, puisque cet apparentement peut sautoriser dedclarations expresses de Freud lui-mme. Cest ainsi quon peut lire dansla lettre quil adressait le 2 avril 1896 son correspondant Wilhelm Flie : Jespre que tu vas me prter aussi ton oreille pour quelques questionsmtapsychologiques. [] Jeune homme, je nai pas connu dautre ardentdsir [Sehnsucht] que celui de la connaissance philosophique, et je suisactuellement sur le point de laccomplir en me reconvertissant de la mde-cine la psychologie. Cest contrecur que je suis devenu thrapeute 2

    Archives de Philosophie 75, 2012, 597-621

    1. GW 13, 3-69.2. FREUD (2006), p. 233.

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  • Certes, les mots mtapsychologiques et philosophique nentretien-nent dans ce fragment de lettre que des rapports de contigut. Mais cettecontigut plaide aussi en faveur dun rapprochement smantique. On ynotera galement lincidence dnie de la mdecine, dont on peut consi-drer que la marque dorigine perdurera dans le caractre scientifique et exprimental de la psychanalyse, inflchissant par l et la philosophie etla psychologie, ici convoques. Enfin, que Freud rcuse expressis verbis toutevocation thrapeutique ne doit pas amener penser, comme certains du resteen tireraient de nos jours argument contre la psychanalyse, quil sest tou-jours perdument moqu de gurir ses patients ; mais cela doit rendre auminimum attentif au fait que lexigence pistmologique est pour lui demeu-re de part en part nodale, cruciale.

    Toutefois, on aperoit demble, par induction, qu enfoncer ainsi son coin mtapsychologie entre mtaphysique et psychologie, Freud vaproduire un mouvement de double torsion. Car, sil appelle par l de sesvux une psychologie qui irait au-del de la psychologie classique, il nemanque pas de se retourner simultanment contre la discipline vnrabledont il invoque le patronage. Autrement dit, en transportant hardiment leprfixe mta- , il ne se contente pas de postuler une analogie. Couplant mta- et psychologie, il prtend, fidle sa Sehnsucht de jeunesse, sim-miscer en retour dans la mtaphysique elle-mme et y oprer ce quil fautbien appeler dj une subversion. Il convient, sur ce point, de relire un pas-sage clbre de la Psychopathologie de la vie quotidienne :

    Je crois en fait quune grande partie de la conception du monde mytholo-gique, qui stend jusque profondment dans les religions les plus modernes,nest rien dautre que de la psychologie projete dans le monde extrieur.Lobscure aperception [Erkenntnis] (pour ainsi dire perception endopsy-chique) de facteurs et corrlations de linconscient se reflte [] dans laconstruction dune ralit suprasensible, qui doit tre transforme rebourspar la science en psychologie de linconscient. On pourrait se risquer dcomposer de cette manire les mythes du paradis et du pch originel, dubien et du mal, de limmortalit, etc., transmuer la mtaphysique en mta-psychologie 3.

    Le philosophe de mtier tiquera peut-tre devant ce qui peut apparatrecomme une voltige conceptuelle aventureuse. Si lon tente dtablir ici unesorte de logique dquivalences luvre, il conviendra de confrer unevaleur axiale au concept du suprasensible . Cest en effet ce qui peut seprsenter comme prdicat commun aux mythes, linconscient en tantquil chappe toute perception claire immdiate et la mtaphysique.

    3. GW 4, 287-288.

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  • Bien sr, cela ne peut faire sens que si lon use de manire quasi pjorativedu mot mtaphysique , usage qui ne sest introduit dans lhistoire de lapense occidentale qu partir dune certaine poque. Et il ne faudra pas selaisser surprendre par ces apparents retournements de la position, subjec-tive et thorique, de Freud lendroit de la philosophie. Nous essaieronspour une part de rendre compte de ce qui se donne ici comme contradiction.

    Tchons, cela dit, de bien entendre ce que Freud veut avancer dans cesphrases. En subjectivant le suprasensible, qui nest, selon lui, que pro-jection dans le monde extrieur de formations inconscientes, en le rapatriantau sein du sujet, sa vraie origine selon lui, il veut faire uvre de Lumirepar rapport la superstition. Et de fait, cest bien ce concept qui apparatsous sa plume avant et aprs le passage linstant cit. Poussons les chosesau pire ou au meilleur? : transmuer la mtaphysique en mtapsycholo-gie est, ni plus ni moins, chasser la superstition au nom des Lumires !

    La psychanalyse comme mtapsychologie

    Mais, en un lgitime mouvement de balancier, revenons au mot mta -psy chologie pris en lui-mme. Si Freud revendique ce nom nouveau pourdsigner ce quil est en train de dcouvrir et de construire, cest sans doutepour indiquer par ce prfixe lide que sa psychologie lui irait, parquelque biais, au-del de la psychologie dont il a connaissance autour de lui.De fait, cest bien cette pense qui sexprime, une nouvelle fois, dans sa cor-respondance avec Wilhelm Flie. Voici ce qui se dessine dans une lettre endate du 10 mars 1898 : Je te demanderai du reste srieusement si je suisautoris utiliser le nom de mtapsychologie pour ma psychologie quiconduit derrire la conscience 4. On notera la relative tranget de la pr-position hinter [derrire] , que je traduis littralement. On peut ce pro-pos penser lorigine aristotlicienne du mot mtaphysique , o meta a en un premier temps dsign seulement la postriorit en quelque sortespatiale du trait qui faisait suite celui de la physique, avant dtre lestpar la tradition de tous les sens cels dans ce riche prfixe. Mais plus impor-tant sera sans doute, du point de vue du geste fondateur encore suspenduen une interrogation et demande dautorisation , le fait quimplicitementcest proprement linconscient comme tel qui constitue aux yeux de Freudlau-del de la psychologie assimile une psychologie de la conscience.

    Le propos du prsent article nest pas de dduire et de dconstruire ladcouverte freudienne, mais seulement dy donner accs sous un certain

    4. FREUD (2006), p. 384.

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  • angle. Sans donc faire tat ici de largumentation affrente, je rappelleraique, dans son essai intitul prcisment Linconscient 5 , lequel fait juste-ment partie dune srie de textes proprement mtapsychologiques , Freudpousse les choses trs loin, allant jusqu faire de la conscience une sortede fonction adventice, inessentielle et intermittente en son fonctionnement : Il ne nous reste absolument rien dautre en psychanalyse qu dclarer lesprocessus psychiques en eux-mmes inconscients et comparer leur percep-tion par la conscience la perception du monde extrieur par les organes dessens. Et puis, en un geste de rvrence hardie lgard de la philosophie,il invoque, en le dplaant, le modle kantien face cet objet de percep-tion nouveau :

    La supposition psychanalytique de lactivit psychique inconsciente nousapparat dune part comme un nouveau prolongement de lanimisme primi-tif, qui nous fait partout miroiter des images limitation de notre conscience,et, dautre part, comme la continuation de la correction que Kant a applique notre conception de la perception extrieure. De mme que Kant nous aavertis de ne pas perdre de vue le conditionnement subjectif de notre percep-tion et de ne pas tenir celle-ci pour identique au peru connaissable, de mmela psychanalyse nous invite ne pas mettre la perception de conscience laplace du processus psychique inconscient, qui est son objet. De mme que lephysique, il nest pas ncessaire non plus que le psychique soit en ralit telquil nous apparat. Mais nous nous prparerons avec satisfaction faire lex-prience que la correction de la perception interne ne prsente pas une aussigrande difficult que celle de la perception externe, que lobjet intrieur estmoins inconnaissable que le monde extrieur 6.

    Ce passage longuement cit appelle quelques commentaires.

    (1) On saperoit qu linverse dune citation prcdente le parallle quetrace ici Freud entre philosophie et psychanalyse na rien de dsavantageuxpour la premire. Kant est du reste un philosophe quil invoque volontiers.

    (2) Dans une courte phrase, les mots physique et psychique sontbien mis en quivalence, comme dans le rapprochement des mots mta-physique et mtapsychologie .

    (3) Il ne faudrait pas oublier pour autant que Kant nest justement pasun mtaphysicien, que sa critique a prcisment pour objet la mtaphy-sique traditionnelle comme telle, que ce que Freud appellerait le suprasen-sible parce que justement hors dune intuition possible ne subsiste pluschez lui quau titre dide rgulatrice de la Raison. En un mot, ce que Freudmet en jeu ici est un transcendantalisme, mettant presque linconscient en

    5. GW 10, 264-303.6. Ibid., p. 270.

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  • position de chose en soi . Et cest peut-tre pour cette raison mme quilpeut frquenter Kant tranquillement 7.

    La mtapsychologie dans la psychanalyse

    Mais nous ne pouvons en rester l. En effet, oprant un nouveau glisse-ment mais dplacement et substitution ne sont-ils pas des procduresaxiales de la psychanalyse ? , Freud ne se contente pas den quelque sorteassimiler psychanalyse et mtapsychologie. Sautorisant du sens reu du mot mtaphysique , et en une sorte de jeu de poupes russes, il va assigner auconcept mtapsychologie une fonction spcifie dans le champ de la psy-chanalyse. Relisons ce sujet Schopenhauer, philosophe quil cite volontiers : Par mtaphysique, jentends toute prtendue connaissance qui va au-delde la possibilit de lexprience, donc de la nature, ou de lapparence don-ne des choses, pour fournir des claircissements sur ce par quoi celle-ciserait dtermine 8 Certes, on pourrait avoir ici la fcheuse impressiondune certaine incohrence, puisque je mets en avant une citation qui nestpas le fait de Freud, rintroduis une dfinition de la mtaphysique qui estprsente comme ngative, lempruntant de surcrot un philosophe qui asouvent par ailleurs les faveurs de Freud 9. Sur ces difficults qui ont donndu fil retordre lauteur de la psychanalyse lui-mme, je reviendrai vers lafin de cet article.

    Je cherche simplement ici faire entendre les diverses valences du pr-fixe mta- qui, comme flottant dans la langue, ont pu guider Freud danslusage quil faisait du mot mtapsychologie . Or, de cette dfinition phi-losophique on trouve comme un cho mtapsychologique direct dans unenote du bref essai Complment mtapsychologique la doctrine durve 10 . Celui-ci sinscrit dans le projet intitul Pour prparer une mtapsy-chologie, dont nous reparlerons, et qui devait comporter une douzaine detextes. la fin de cette note on peut lire : Lintention de cette srie estdclairer et dapprofondir les suppositions thoriques quon pourrait met-

    7. Petite remarque corollaire. Un ami analyste lacanien qui je rappelai un jour ce passagesourit face lattente de Freud selon laquelle lobjet interne devrait tre plus facile daccs sans doute pour cause de proximit que lobjet externe. Il discernait l quelque chose commeune navet. De toute faon, si lobjet interne prsente des analogies avec la chose en soi , onpeut toujours courir

    8. Cit in LALANDE (1983), p. 613. (SCHOPENHAUER, Die Welt, livre I, suppl., ch. XVII ;d. Grisebach, II, 201.)

    9. Freud cite souvent des passages de Schopenhauer en relation avec la sexualit humaine.10. GW 10, 412-426.

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  • tre au fondement dun systme psychanalytique 11. On voit du reste par lque le mta- , que ce soit en philosophie ou en psychanalyse, nest pas for-cment entendre comme une mtaphore qui viserait un au-del de futurinaccessible, comme dans la figure religieuse triviale, mais quil est plutt chercher dans une antriorit de structure, dans un pralable, une prsup-position, un fondement , quels quils soient. Plutt un en de au totaldonc. Or, cette structure, quon peut dire rgressive , est de part en partessentielle la dmarche freudienne.

    En un grand cart assum, portons-nous maintenant au tout dernierparagraphe de ce bref essai :

    Jetons encore la fin un coup dil sur la signification que revt une topiquedu processus du refoulement pour notre aperception du mcanisme des trou-bles psychiques. Dans le cas du rve, le retrait dinvestissement (libido, int-rt) concerne tous les systmes de manire gale, dans le cas des nvroses detransfert, cest linvestissement pcs qui est retir, dans le cas de la schizophr-nie, celui de lics, dans le cas de lamentia celui du cs 12.

    Dans le cadre de la prsente tude, ce nest pas tant le contenu thoriquede ce paragraphe qui nous retiendra que sa forme. Se manifeste ici, semble-t-il, clairement la volont de systmatiser formellement un rsultat, de livreren quelque sorte une clef quasi axiomatique qui permettrait la fois dem-brasser et de distinguer, de classifier aussi, selon une logique diffrencianteet unifiante, tous les cas de figure cliniquement envisageables. Il est sansdoute par ailleurs significatif que Freud lui-mme mette en jeu ici le mot systme comme lment de sa terminologie thorique : cs, pcs, ics.

    ce titre, ce petit complment est donc mtapsychologiquement exemplaire. Publi en 1916, sa formulation est remarquablement dcide ettranche. Mais, en fait, le filon mtapsychologique court travers touteluvre de Freud. Lun des premiers grands textes qui mritent ce prdicatest la fameuse section VII de Linterprtation du rve 13. Ds lors, ilconvient de distinguer, sans en perdre la pertinence une, entre des essais quirevendiquent expressment le titre de mtapsychologiques et des consi-drations du mme ordre qui peuvent apparatre au dtour dun texte quirelve plus directement de lexprience et de lobservation cliniques.

    On peut considrer que la logique de la prsente recherche nous invite plu-tt concentrer notre attention sur le premier des deux corpus ainsi dfinis.

    11. Ibid., p. 412 note 1.12. Ibid. p. 426. Les abrvations pcs, ics et cs dsignent respectivement les systmes pr-

    conscient, inconscient et conscient.13. GW 2/3, 513-626.

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  • Le vicissitudes de la mtapsychologie dans la psychanalyse

    Dans sa correspondance avec Karl Abraham, aprs une brve allusionannonciatrice dans sa lettre du 25 novembre 1914 ( jai commenc un ampletravail rcapitulatif 14 ), Freud, la date du 4 mai 1915, fait part son cor-respondant des dtails de ce projet :

    Mon travail prend maintenant forme. Jai termin 5 traits : celui sur Pulsionset destins des pulsions 15, qui est sans doute un peu aride, mais indispensablecomme introduction, et qui trouve dailleurs sa justification dans les suivants,ensuite le Refoulement 16, lInconscient, Complment mtapsychologique la doctrine du rve et Deuil et mlancolie 17. Les 4 premiers seront publisdans la srie annuelle de la Zeitschrift qui vient de commencer ; je garde toutle reste pour moi. Si la guerre dure assez longtemps, jespre pouvoir runir peu prs une douzaine de travaux semblables, et les livrer ensuite en destemps plus sereins lincomprhension du monde sous le titre : Traits pr-liminaires la mtapsychologie 18. Je crois que, dans lensemble, ce sera unprogrs. Genre et niveau de la VII section de Linterprtation du rve 19.

    Une fois de plus, je ne mattarderai pas sur le contenu des textes nom-ms ci-dessus. Encore que les titres, nodaux, parlent deux-mmes et queleur liste, mme partielle, ait dj soi seule quelque chose de program-matique . En effet, cela reviendrait exposer presque lessentiel du corpsthorique de la psychanalyse ; et, outre que cela excderait forcment lecadre de cet article, je ne pourrais que rsumer des choses dj connues dela plupart.

    Cette fois, je parlerai dhistoire. Je narrerai les vicissitudes de cet ambi-tieux projet, la fois important, fondamental et inabouti. Le lecteur saper-cevra quau-del des contingences et travers elles ces mandres seront rv-lateurs de dimensions essentielles de la mtapsychologie comme telle.

    Nous venons de parler dun projet ambitieux, de cinq essais dmentcrits et fort connus ; nous en avons cit les titres. La question se pose, bien

    14. FREUD et ABRAHAM (2006), p. 355.15. GW 10, 210-232.16. GW 10, 248-261.17. GW 10, 428-446.18. La traduction de ce titre gnrique varie dautant plus que le choix de Freud varie lui

    aussi : tantt, comme ici, Abhandlungen zur Vorbereitung der Metapsychologie, tantt ZurVorbereitung der Metapsychologie.

    19. FREUD et ABRAHAM (2006), p. 383-384. Soit dit en passant, si la guerre permit Freudde rdiger nombre de ces textes, pour la raison quelle le privait de patients, on verra aussi com-ment cest elle qui fut sans doute en un second temps responsable de linachvement du pro-jet. On apercevra comment.

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  • sr, de savoir ce quil est advenu des sept restants, susceptibles de compl-ter la douzaine annonce 20. On sait que Freud les a rdigs, mais que, mys-trieusement, sauf un dont nous allons parler en dtail , tous ont disparusans laisser de traces. On suppose gnralement que Freud les a dtruits,pour des raisons que nous allons tenter dlucider par conjectures. Prcisons.

    En 1963, lors de travaux prparatoires la publication de la correspon-dance entre Freud et Ferenczi, Ilse Grubrich-Simitis, ditrice connue et trscomptente de Freud, dcouvrit Londres lesquisse du douzime essaimtapsychologique. Le manuscrit se trouvait dans une enveloppe adresse Sndor Ferenczi. cette circonstance particulire deux raisons : premi-rement, en 1915, Freud a longuement dbattu dans sa correspondance avecFerenczi de son grand projet mtapsychologique ; deuximement, la secondepartie de cette esquisse, dont le titre gnrique tait Vue densemble desnvroses de transfert , est de lordre dune mditation dite spculative et phylogntique , du reste fort semblable aux sections finales de lAu-del du principe de plaisir ; or, parmi les disciples de Freud, Ferenczi taitle biologiste le plus comptent, et il avait crit lui-mme un livre hauteteneur phylogntique .

    Ce texte tardivement dcouvert, Ilse Grubrich-Simitis la publi dans legros volume qui a pour titre Nachtragsband et qui est venu sajouter en tantque complment ldition dj existante des Gesammelte Werke (p. 634-651). Dans les paragraphes qui suivent, je ne vais pas tant mattacher au textelui-mme qu lintroduction 21, la fois dense et fournie, dIlse Grubrich-Simitis, moins du reste pour les claircissements quelle prodigue sur les-sai lui-mme que pour les hypothses quelle formule sur le destin du pro-jet inabouti et pour le remarquable appareil de citations sur lequel elle prendappui cette fin.

    Quant la destruction probable des sept essais moins un, Ilse Grubrich-Simitis note dabord quils ont bien t rdigs en 1915, mais que la guerrealors en cours a empch matriellement leur publication (ne serait-ce quepar manque de papier !). Ensuite intervient le point dcisif : au moment ola possibilit matrielle souvre, soit nettement plus tard, ces textes appa-raissent Freud, emport dans le processus de ses recherches, comme tho-riquement dpasss. Il est notamment en train dlaborer alors le dua-lisme des pulsions de vie et de mort, qui formera lossature de lAu-deldu principe de plaisir, et que nous analyserons bientt.

    20. On a pu avoir connaissance des thmes dont ils auraient trait : la conscience, langoisse,lhystrie de conversion, la nvrose obsessionnelle, la sublimation et la projection. On verra souspeu de quoi il retournait dans le douzime et dernier de la srie.

    21. GW Nachtr., 627-633.

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  • Il est pour notre propos trs intressant de noter que Freud, tout de suiteaprs la guerre, semble mme en venir passagrement douter du sens dunetelle synthse dans son principe. Cest ainsi quil crit le 2 avril 1919 LouAndreas-Salom : Travailler de manire systmatique sur une matire nemest pas possible ; la nature fragmentaire de mes expriences et le carac-tre sporadique de mes ides incidentes ne le permettent pas 22 .

    Ceux qui sont plus ou moins familiers de la psychanalyse et que lavolont de systme affiche jusquici par Freud pouvait plonger dans lemalaise et la perplexit peuvent sy retrouver, tre enfin rassurs par untel propos et ramens leurs points de repre.

    En mme temps, comme souvent chez Freud, le constat dinachvementne le fait pas pour autant renoncer. Cest--dire que, non seulement il plaideen faveur dun appareil thorique en mutation permanente, mais quil ren-voie aussi un avenir toujours fuyant (mythique ?) o la synthse espreadviendrait enfin. Cest ainsi que, dans la Selbstdarstellung, en un passageo il parle de ses douze essais, il formule : Cette tentative resta ltat defragment [] car le temps dune telle fixation thorique ntait pas encorevenu 23.

    Continuons suivre lexpos dIlse Grubrich-Simitis. Sil arrive Freud nous le verrons encore de dfendre les vertus heuristiques de ce quilappelle spculation et imagination [Phantasie] , il assortit toujoursaussi cela de rserves, qui peuvent confiner une sorte de contestation int-rieure. Et donc, dans un courrier Ferenczi son complice en spcula-tion postrieur de trois jours seulement lenvoi de la Vue densemble, ilne peut sempcher de glisser le commentaire suivant : Je tiens quon nedoit pas fabriquer [machen] des thories ; il faut quelles dboulent dansvotre maison comme des htes non invits, pendant quon est occup desinvestigations de dtail 24

    Cette citation est blouissante, condensant en une image lessentiel de lapsychanalyse ! Gniale et paradoxale synthse de ce qui, justement, ne selaisse jamais synthtiser ! Tchons desquisser partir de l quelques traits.

    (1) Il faut quelles dboulent dans votre maison comme des htes noninvits . Je tiens que cest bien ainsi que Freud a effectivement opr ladcouverte de la psychanalyse, soit de linconscient. Il a trouv quelquechose quil ne cherchait pas, et dabord par rapport lui-mme. Il la trouvmalgr lui, si jose dire, son corps dfendant ; cela sest impos lui, sou-

    22. GW Nachtr., p. 632. ANDREAS-SALOM (1970), p. 122.23. GW Nachtr., p. 632. GW 14, p. 85.24. GW Nachtr., p. 632. FREUD et FERENCZI (1996), p. 86.

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  • vent dans la douleur, la honte et le dplaisir. Vrit drangeante comme lin-trus qui dbarque sans tre attendu. Cela scelle selon moi lauthenticit radi-cale de la psychanalyse : trouver ce quon ne cherche pas et quon naimeraitpas trouver. Consubstantialit de la dmarche et de lintrouvable objettrouv.

    (2) Do, entre autres, le concept de rsistance. Rsistance de Freud lui-mme, par exemple dans son aveuglement initial lendroit du transfert de Dora, prix payer pour une dcouverte . Rsistance du patient dans lacure. Enfin rsistance ubiquitaire du public, lintellectuel et le grand , quina trangement jamais t aussi forte quaujourdhui, alors quon pourraitcroire nos contemporains revenus de tout

    (3) Pendant quon est occup des investigations de dtail . Encoreune dimension essentielle. Cette attention du psychanalyste linfime, lasurprise et linsistance de l insignifiant , quil sagit justement de faire signifier : acte manqu, lapsus, rve, etc. Si une synthse thorique a unechance dune fois voir le jour, ce ne peut tre que sur la base friable du dis-parate du minuscule, rtif la totalisation.

    Cependant, poursuit Ilse Grubrich-Simitis, ce texte condamn parFreud est aujourdhui intressant [] parce quil donne un aperu de lancessit de limagination [Imagination] dans le processus de cration scien-tifique 25 . Et Freud de dcrire le 8 avril 1915 dans une lettre Ferenczi le mcanisme de la crativit scientifique comme une alternance de jeuhardi de limagination [Phantasie] et de critique raliste impitoyable 26 .La seconde partie de la Vue densemble serait un exemple dun jeu hardiqui na pas rsist la critique subsquente.

    Force est donc de rcapituler en disant que Freud fut sans cesse tiraillentre ces deux ples : celui de la ncessaire formalisation thorique et celuidu foisonnement imprvisible de lexprience concrte. En consquence, sifondamental que soit ce passage o il parle de thories authentiques commed htes non invits , Freud nabandonna jamais sa vise dune mtapsy-chologie. Or, on aperoit dsormais que cette vise, en tant mme quellereste toujours hors datteinte, a une fonction : celle dun moteur. En effet,couple cet autre moteur quest ce quimpose lexprience clinique, elle estl pour ne jamais laisser le chercheur quil est en repos. Autrement dit, nousen viendrions donner au prfixe mta- encore un sens nouveau : la mta-psychologie, cest la psychanalyse comme toujours au-del delle-mme. Parquoi nous introduisons le concept dau-del. peu prs synonyme de

    25. GW Nachtr., p. 632.26. GW Nachtr., p. 633. Freud et Ferenczi (1996), p. 66.

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  • mta- , il sen distingue littralement et pourrait bien signifier comme unediscontinuit dans le continuum de la mtapsychologie. Sorte de cran deplus et de radicalisation aussi. Le moment semble venu daborder lana-lyse du texte fameux Au-del du principe de plaisir.

    Au-del du principe de plaisir

    Cet essai, essentiel, date de 1920. Il va dabord y tre question, bien sr,du plaisir, comme concept. Or, ds la premire page (p. 3), Freud fait appel la mtapsychologie au sens classique. Manire de dire que, si lAu-delva oprer diverses mutations et torsions, il nadvient pas pour dcrterlabandon des acquis mtapsychologiques qui, dans certains de leurs termes,perdureront chez Freud jusquau bout. On naura donc pas affaire ici quelque sursomption , figure du reste trangre la dmarche freudienne.

    Mais faisons retour, ce propos, une lettre dj invoque de Freud Karl Abraham, en date du 4 mai 1915. En fait, Freud y objecte la prsen-tation et interprtation que son jeune collgue lui a faites dun cas, au nom,prcisment, de la mtapsychologie. Je cite un peu longuement :

    rotisme anal, complexe de castration, etc., sont des sources dexcitation ubi-quitaires qui ont ncessairement leur part dans tout tableau de maladie. Unefois, on fait ceci, et ailleurs, quelque chose dautre ; cest, bien sr, aussi lunede nos tches que de reprer quoi est advenu partir de quoi ; mais lexplica-tion de laffection ne peut tre donne que par le mcanisme, considr dunpoint de vue dynamique, topique et conomique. Je sais que vous me donne-rez bientt votre assentiment 27.

    Comme par hasard, cest dans le paragraphe suivant que Freud fait partdu grand projet de douze essais dont nous avons dj parl. Interprtons peine : rotisme anal, complexe de castration, etc. sont bien des dcou-vertes majeures de la psychanalyse ; mais cest comme si seule la dimensionmtapsychologique, linstant dfinie, permettait en quelque sorte darra-cher la psychanalyse la psychologie.

    Or, cest bien dans des termes expressment mtapsychologiques, soitconomiques, que Freud dfinit demble son concept de plaisir . Et decommenter aussitt : Nous sommes davis quune prsentation qui tentede prendre encore en compte, outre les facteurs topique et dynamique, cefacteur conomique est la plus complte que nous puissions actuellementnous reprsenter et qui mrite dtre mise en relief par le nom de mtapsy-

    27. Op. cit., p. 383.

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  • chologique 28. (Cet conomique sera aussi qualifi, ds les pages sui-vantes, de quantitatif .) Soit ; ceci prs, bien sr, que, sans quitter le ter-rain de la mtapsychologie, il va sagir dessayer daller, pour les raisons quenous verrons, au-del de cette conomie du principe de plaisir.

    Si celui-ci est dfini comme la tendance dominante rgulatrice des pro-cessus psychiques qui vise y rduire toute tension zro ou un seuil mini-mal, Freud va se mettre demble en qute de son au-del , soit de quelquechose qui le contredirait et/ou lui chapperait. trangement, il ne nous ditpas pourquoi il cherche dans cette direction. Cela ne se dvoilera que peu peu. Nous ne savons pas ce qui le motive et le fait en quelque sorte postulerlexistence de ce quil recherche ; nous nentrevoyons pas davantage en quoicela peut au juste consister. Nous nous apercevrons quil y a lorigine decette qute et des raisons de principe et aussi laccumulation, pour une partcontingente, dun certain nombre de faits dobservation.

    En ce dbut de texte, Freud est donc systmatiquement attentif toutce qui peut sembler contredire le principe de plaisir, lentraver, le mettre endifficult ou en chec ; on serait presque tent de dire : tout ce qui pour-rait tre justement susceptible de remettre en cause ce systme . Sans sui-vre pas pas linventaire argument quil dresse, faisons-en plutt ressortirquelques moments et articulations essentiels.

    Le principe de plaisir vient dabord massivement buter sur les cas ditsde nvrose traumatique , laquelle peut tre due un simple accident, maisque la Grande Guerre rcente a galement suscite en masse. Freud y a eunotamment directement affaire sous les espces de son propre gendre : MaxHalberstadt.

    Ce type de nvrose est paradoxal plus dun titre. Et cest dessein quejutilise et souligne ici ladjectif paradoxal . Il est peine besoin de rap-peler quest ainsi nomm ce qui va contre la doxa . Or, napprend-on pasque cest la dmarche initiale oblige de toute philosophie qui se respecte ?En une incise rflexive, jose ajouter que, justement, tout mtapsychologiquequil est, le principe de plaisir va plus dans le sens de lvidence communeque du paradoxe ; do lon peut tirer la consquence que cest dans le pr-sent essai que Freud accomplit le pas dcisif qui lui fait quitter toute psy-chologie .

    La nvrose traumatique, donc, est dabord nigmatique quant sasource. Mais elle lest surtout dans sa phnomnalit. Cest ainsi, crit Freud,que la vie onirique de la nvrose traumatique prsente ce caractre, quellene cesse de ramener le malade la situation de son accident, dont il sveille

    28. GW 13, p. 5.

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  • avec une nouvelle frayeur. [] Le malade serait pour ainsi dire psychique-ment fix au trauma 29. Freud note alors que le patient se comporte dunemanire exactement oppose et plus normale dans la vie veille : il yvite par tous les moyens ce qui pourrait lui rappeler laccident loriginede ses maux. Il remarque de surcrot que tout cela contredit la nature mmedu rve, dont il a jusquici tabli quil pouvait tre ramen dans tous les cas laccomplissement dun souhait. On relvera, bien sr, au passage que cette nature du rve est elle-mme homologue au principe de plaisir.

    Le paradoxe est donc le suivant : si le principe de plaisir est ce qui rgulenotre vie psychique, comment se fait-il que des rves puissent nous ramenerde manire rptitive une situation de pur dplaisir ? Cest intentionnelle-ment que je souligne ladjectif rptitive , lequel anticipe la suite.

    Mais, comme souvent dans cet essai hors du commun, Freud ne va passe colleter directement avec lnigme, plutt bifurquer immdiatement versune autre observation, dans lespoir quelle apporte son tour, comme debiais, quelque lumire.

    Cest vers le jeu denfant que Freud se tourne prsent, ce qui donnelieu de trs clbres pages sur son petit-fils hambourgeois ( Ernstl Halberstadt), quil a vu jouer avec une bobine, lectivement dans les cas osa mre sabsentait. Lpisode est si connu quil nest pas ncessaire de lerappeler. Mais ce qui frappe Freud, et qui favorise subrepticement le rappro-chement entre cette pratique enfantine et la parfois terrible nvrose trauma-tique, cest dune part la rptition, dautre part le fait que celle-ci sappliquepareillement une exprience vcue pnible .

    Cela dit, au terme de lanalyse, Freud va se dclarer du, finissant parconsidrer que, malgr les apparences, ce phnomne ne prouve rien demanire dcisive quant lexistence effective dun au-del du principe deplaisir . En effet, il avance quon peut voir dans cet exercice la manifesta-tion dune pulsion demprise , que lenfant peut en tirer un gain de plai-sir secondaire, par exemple un sadisme de rtorsion. Il rappelle commentla tragdie peut nouer culturellement une souffrance et une jouissance etquelle est ce titre sa fonction . Bref, il conclut quon voit ici surtout com-ment une exprience de dplaisir peut tre finalement mise au service durgne du principe de plaisir. Ce qui nous retiendra surtout, cest que cestloccasion pour Freud, mme sil utilise ces termes assortis dune ngation,de serrer de plus prs ce quil entend au juste par au-del du principe deplaisir . Ils se rpartissent sur deux pages. Il est nommment la recherchede quelque chose qui puisse se manifester de manire primaire et indpen-

    29. Op. cit., p. 10.

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  • dante du principe de plaisir 30 , pareillement de tendances qui seraientplus originaires que celui-ci et indpendantes de lui 31 .

    Spcifions peine : L indpendance vise une htrognit quant au rgne du prin-

    cipe de plaisir, quelque chose qui lui chappe, y fasse entame. Nous dcou-vrirons peu peu le caractre primordial pour Freud de cette postulation structurale .

    Il est intressant de noter lquivalence de lau-del et du plus ori-ginaire . Cest--dire, nous lavons dj suggr, que l au-del est plutt entendre comme un en de , comme quelque chose qui est plus loinen arrire ; dautre part, laspect corollaire de len quelque sorte prala-ble rejoint une des lectures que nous avions faites du prfixe mta- .

    Aprs la nvrose traumatique et de guerre, aprs le jeu denfant, et tou-jours relativement bredouille dans sa qute, Freud envisage prsent lex-prience clinique analytique directe, faisant observer que, si la cure sappuiesouvent sur des rminiscences, le travail de remmoration affrent revtgnralement deux formes concurrentes : celui de remmoration proprementdite [Erinnern] et celui de la rptition [Wiederholen] 32. Le matriau encause est en gnral du vcu infantile qui resurgit loccasion du trans-fert . Il veut signifier par l que, dans le premier cas, le patient se contentede faire passer le remmor dans la reprsentation et la parole et que, dansle second, le retour du refoul se manifeste plutt sous la forme d actes et/ou de comportements, vis--vis de lanalyste, ventuellement aussi horsdu cabinet de lanalyste. Il va de soi que le praticien prfre le premiermode au second, parce quil est plus conomique et fait gnralementmoins de dgts . Or, constate Freud, la pratique enseigne quil y a danstoute analyse une part de rptition invitable et irrductible. On noteraau passage quici le mot rptition prend un sens trs spcifique (actecontre reprsentation), lgrement diffrent de celui quil avait lors de sesprcdentes occurrences. Encore quil ne soit nullement exclu que le retouren acte de linfantile se mette secondairement dans la cure se ritrer.

    Cest pour dsigner cet irrductible que Freud invente alors le mot de compulsion de rptition [Wiederholungszwang] 33 , quil nonce une pre-mire fois entre guillemets.

    Freud se livre ce sujet une analyse vritablement mtapsychologique.Il prcise demble que ce qui pousse ainsi rpter, cest linconscient lui-

    30. Op. cit., p. 14.31. Op. cit., p. 15.32. Op. cit., p. 16.33. Op. cit., p. 17.

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  • mme, et que ce qui sy oppose peut tre bon droit qualifi de rsistance .Mais il se met bousculer la rpartition attendue en cette configuration dumoi, du refoul et de linconscient, annonant ainsi les surprenants rema-niements qui seront oprs dans Le moi et le a 34 (1923). Le lecteur doitavoir une bonne boussole. Cest ainsi quil est dit que la rsistance est elle-mme inconsciente, de mme que le moi, y compris en son noyau mme.Commentaire possible : plus il y a dinsu, et plus il y a de rptition, com-pulsionnelle. On voit que ce rordonnancement, topique, est en lui-mmetrs mtapsychologique. Cependant, mme si la carte de linconscient estpour ainsi dire brouille, reste que nous sommes face un schme o unmoi, dit consistant [zusammenhngend] 35 , rsiste un refoul dplai-sant , ce qui nous ramnerait presque la toute premire topique, o lespulsions d autoconservation refoulaient les pulsions sexuelles gnantes, et nous reconduirait au rgne sans partage du principe de plaisir.

    Mais nous revenons inopinment limplacable logique du prsent essai : Le fait nouveau et remarquable [], cest que la compulsion de rptitionramne aussi des expriences vcues du pass qui ne contiennent aucunepossibilit de plaisir, qui ne peuvent pas avoir t alors non plus des satisfac-tions, mme pas des satisfactions de motions pulsionnelles refoulesdepuis 36 .

    Freud est donc contraint de tourner le dos son schma le plus clas-sique : celui qui veut que lhomme soit perptuellement en qute de la rp-tition dune premire satisfaction rvolue. Comment expliquer ce relatifmystre ? Il faut supposer que, ds la protohistoire de lindividu, certainespulsions nont pas trouv se satisfaire, ont t mises en chec, mais quetout se passe comme si la personne nen tirait pas de leon , quelle taitpousse rpter cet chec originel mme. Cette exprience est malgr toutrpte, une compulsion y pousse 37 .

    Freud rappelle alors lobservation de ce quon peut reprer comme nvroses de destin o, par exemple dans sa vie amoureuse, tel homme outelle femme est immanquablement reconduit rpter le mme chec, trslargement son insu, souvent mme alors quil ou elle veut le fuir.

    Sans citer le nom de Nietzsche, il avance alors, entre guillemets, lexpres-sion ternel retour du mme [ewige Wiederkehr des Gleichen] 38 , pro-

    34. GW 13, 237-28935. Op. cit., p. 18.36. Ibid.37. Op. cit., p. 20.38. Op. cit., p. 21.

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  • pos de laquelle on peut remarquer que Nietzsche utilise plus volontiers dansce contexte le mot synonymique de Wiederkunft, tandis que Wiederkehr estle mot que Freud emploie quand il parle du retour du refoul . (Il nest dureste pas certain que tel ait t le contenu vis par Nietzsche travers ceconcept ; dans -kunft , il y a quelque chose dun avnement).

    Toujours est-il que Freud, en cette fin de troisime section, a limpres-sion de tenir enfin et de pouvoir nommer mais nest-ce pas la mme chose? cet impossible au-del quil cherche : la compulsion de rptition nousapparat plus lmentaire, plus pulsionnelle que le principe de plaisir quellepousse de ct 39 (je souligne).

    La section IV de lessai commence par une phrase lapidaire et abrupte : Ce qui suit prsent est spculation, souvent une spculation qui remonteloin 40 . Cela va durer de fait jusqu la fin du texte, qui en comporte sept.On peut reconstituer larticulation elliptique ainsi : jusquici, Freud a recher-ch un au-del du principe de plaisir dans ce que pouvait lui fournir lob-servation et lexprience. Il en a tir in fine un concept nouveau, la com-pulsion de rptition , qui parat correspondre lobjet de sa qute. Dansles lignes suivantes de la quatrime section, il prononce le mot mtapsy-chologique et introduit du mme pas une mditation sur le moi comme systme . On peut donc affirmer, ce qui tait prvisible, que, dans une cer-taine mesure, ce quil appelle spculation sera coextensif des consid-rations dordre mtapsychologique ; on pourra mme anticiper de manireconjecturale en disant quil va peu peu procder des remaniements de samtapsychologie pour mettre celle-ci au diapason de la dcouverte de lacompulsion de rptition.

    Pour ce faire, il prend un point de dpart extrmement classique, soitlexposition dtaille du systme P-Cs, cest--dire perception-conscience,topique qui remonte la section VII de Linterprtation du rve, voire lEsquisse 41, le premier de ses crits proprement psychanalytiques. Pages26 32, aprs avoir relev que lessentiel du systme P-Cs est dtermin parsa position de frontire entre mondes extrieur et intrieur, et selon des sch-mas toujours trs classiques, il met en place la ncessit dun pare-stimu-lus [Reizschutz] 42 , destin protger le moi dagressions du monde ext-rieur, en mettant surtout en avant des considrations quantitatives. Il arecours pour faire entendre son propos la comparaison avec un organisme

    39. Op. cit., p. 22.40. Op. cit., p. 23.41. FREUD (2011).42. Op. cit., p. 26.

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  • primitif qui consisterait en une sorte de vsicule unicellulaire, envisageantensuite sa complexification au cours de lvolution.

    On notera dans ces mmes pages la rcurrence des mots Bindung et bin-den, gnralement traduits par liaison et lier . En effet, il ne sagit paset il ne peut sagir pour lappareil psychique de se fermer toute excitation,dautant plus que cela est tout spcialement impossible vis--vis des excita-tions qui viennent de lintrieur. Sa tche requise est donc de rduire lesquantits opration dj dcrite dans lEsquisse et, dans le mme but,de les lier , parce que, ne circulant plus alors librement , elles serontmoins nocives, plus contrlables , pourrait-on dire, mme si ce mot nestpas de Freud. Ce terme de liaison sera progressivement mieux dfini dansla suite.

    partir de ce schma, Freud peut faire retour au problme prcdem-ment abord de la nvrose traumatique, dont on peut considrer, la lumiredes prsents dveloppements, quelle est la raction un choc dont la puis-sance a eu raison du pare-stimulus, la dbord. La dimension de la frayeur[Schreck] rentre aussi dans ses droits, puisque cest surtout la soudainetqui a pris les pare-stimulus de court, les empchant de dclencher uneangoisse qui a pour fonction positive de mettre la psych en tat dalerte.Do une premire approche possible de lnigme de ces rves, dj signa-ls, o cest la situation traumatique elle-mme qui ne cesse de se rpter. Ilconvient de citer ici longuement :

    Si les rves des nvross pour cause daccident ramnent si rgulirement lesmalades la situation de celui-ci, il est vrai quils ne servent pas accomplirun souhait []. Mais nous sommes autoriss supposer quils se mettent ainsi la disposition dune tche qui doit tre pralablement rsolue, avant que leprincipe de plaisir ne puisse commencer son rgne. Les rves cherchent rat-traper lopration de domination du stimulus accompagne de dveloppementdangoisse, dont le dfaut est devenu la cause de la nvrose traumatique. Ilsnous donnent ainsi un aperu dune fonction de lappareil psychique qui, sanscontredire le principe de plaisir, est cependant indpendante de lui et sembletre plus originaire que lintention du gain de plaisir et de lvitement dudplaisir 43.

    Continuons citer avant de conclure : Ainsi, la fonction du rve, quiconsiste liminer des motifs dinterruption du sommeil par laccomplisse-ment des souhaits des motions perturbatrices, ne serait pas sa fonction ori-ginaire ; il na pu sen rendre matre quaprs que la vie psychique dans sonensemble eut accept le rgne du principe de plaisir. Sil existe un Au-deldu principe de plaisir, il est alors consquent dadmettre aussi un temps

    43. Op. cit., p. 32.

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  • antrieur la tendance du rve accomplir des souhaits. Il nest pas ainsicontredit sa fonction ultrieure 44.

    De ces longues citations tirons quelques enseignements :(1) Nous retrouvons ici les adjectifs dcisifs, dj souligns : originaire

    et indpendant .(2) Cela confirme une fois de plus que l au-del freudien pourrait tre

    plus justement dsign comme un en de .(3) Toutes ces donnes se trouvaient dj prsentes dans la section pr-

    cdente, mais elles sont ici augmentes dune prcision, qui est aussi bienun dplacement logique : cet ensemble tout la fois chappe au principe deplaisir et ne le contredit pas. Antriorit et indpendance ne signifient doncpas contradiction, incompatibilit.

    (4) Enfin, dans le mouvement de toute cette avance, cest la fonctioncanonique mme du rve qui doit tre redfinie. Nous avions du reste djattir lattention sur lhomologie entre accomplissement de souhait et rgne du principe de plaisir .

    En une premire partie de la cinquime section, Freud va assez largementrcapituler tous les acquis antrieurs de lessai, en les articulant entre eux,mais surtout en introduisant au centre du dispositif la notion de pulsion. Ilannonce demble que les pulsions sont llment le plus important ainsique le plus obscur de la recherche psychologique 45 , soulignant par l unefois de plus le caractre invitablement conjectural de la mtapsychologie.

    Premire hypothse : les motions manant des pulsions ne se rattachentpas au type du processus nerveux li, mais celui qui est librement mobileet pousse la dcharge 46 . Autre postulat, thorique mais fond sur lexp-rience : on peut identifier linvestissement librement mobile ce qui est parailleurs appel processus primaire , et coupler le processus dit secon-daire avec les modifications qui surviennent dans linvestissement li ettonique 47 .

    Muni de ce nouveau montage, Freud peut reformuler certains constatsantrieurs : La tche des couches suprieures de lappareil psychique serait[] de lier lexcitation des pulsions qui affluent dans le processus primaire :cest seulement une fois la liaison russie que le rgne du principe de plai-sir pourrait simposer sans entrave 48 . Et, commente Freud, jusqu ce que

    44. Op. cit., p. 33.45. Op. cit., p. 35.46. Ibid.47. Op. cit., p. 36.48. Ibid.

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  • ce point et ce moment soient atteints, cest la tche de liaison pralable quiest prioritaire. La stratgie de lAu-del est dcidment faite de petits pas puisque, sil prouve le besoin de dire une nouvelle fois que ce processus est indpendant du principe de plaisir, il ajoute ici quil seffectue aussi enpartie sans gard pour lui , une telle affirmation thorique ntant pasdpourvue de pendant dans le rel psychique.

    Cest peut-tre linstant dindiquer un parallle possible entre lAu-delfreudien et ce que Nietzsche crivit sous le titre Par-del le Bien et le Mal(Jenseits dans les deux cas), condition de placer laccent un peu diffrem-ment. Les deux pourraient partager une commune audace aventureuse. Etcest une rfrence que je convoquerai une nouvelle fois ultrieurement.

    Nouveau nouage, dallure presque syllogistique : Freud revient alors surla compulsion de rptition, dont nous avons dj fait la connaissance, pouren souligner le caractre hautement pulsionnel, voire dmonique 49 dansles cas o elle entre en conflit avec le principe de plaisir. Parcourant leschamps explors dans les sections plus cliniques , il relve que, si le jeudenfant peut ne pas entrer en contradiction avec le principe de plaisir, cenest pas le cas de la rptition dans la cure analytique, qui passe de toutesles manires outre audit principe. Ce dernier constat permet de conclure queles expriences vcues infantiles qui reviennent ainsi au jour nexistaient pas ltat li, voire taient inaptes tout processus secondaire.

    Mais se pose alors la question de savoir comment on peut thoriquementrendre compte de la corrlation ainsi constate entre la compulsion de rp-tition et le pulsionnel. Freud pressent quil se trouve l, dans le cours de sa spculation , au seuil dun remaniement considrable de sa conceptionmme des pulsions. On sait que lanalyse qui suit est reste clbre et najamais cess dtre lobjet de commentaires. Il lintroduit ainsi : Ici ne peutque simposer nous lide que nous avons dbusqu un caractre des pul-sions universel, peut-tre non clairement reconnu jusque-l, peut-tre uncaractre de toute vie organique en gnral 50 . Quil soit remarqu au pas-sage, avant de poursuivre, quil est probable quici et dans la suite Freud faitsans le dire un usage du mot Trieb qui remonte sa source smantique plusindtermine d instinct , ou en tout cas ne lexclut pas ; tandis que la tra-duction par pulsion juste titre adopte en franais se prte moins unmaniement conceptuel souple.

    Jouant sur le prfixe wieder-, plus audible et marqu en allemand quenfranais, Freud conclut de la r-ptition au r-tablissement : Une pulsion

    49. Ibid.50. Op. cit., p. 38.

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  • serait donc une pousse immanente lorganique anim, qui tend au rta-blissement dun tat antrieur 51 . Il parle ce moment-l dune manifes-tation dinertie dans la vie organique , galement de la nature conserva-trice du vivant . Un peu plus loin, il utilisera aussi le mot rgression 52 .En cela, et jusqu ce point, nous ne sommes pas trop surpris puisque, nouslavons dj soulign, le mouvement du retour, dun retour au commence-ment et lavant est une, sinon la structure dominante de toute la dmarchefreudienne. Ce qui est nouveau, cest sa radicalisation et son universalisa-tion : hypothse que toutes les pulsions veulent rtablir de lantrieur 53 Ce qui peut troubler aussi, cest que le schme ici mis en jeu nest pas si dif-frent de celui qui prside au principe de plaisir, alors que la compulsion derptition tait justement cense emblmatiser ce qui lui chappe. Mais cestune contradiction apparente qui sera leve plus loin.

    Freud ne mconnat pas quil est ici au comble de la spculation , quilencourt mme le grief de mysticisme 54, au sens pjoratif du terme. Ilnignore pas non plus le caractre paradoxal de ce quil avance. Notamment,si tout tend linertie et au retour, il ny a gure que des perturbations ext-rieures qui puissent susciter quelque chose comme une volution . EtFreud en arrive une conclusion qui heurte violemment le sens commun, etselon laquelle la vie ne peut avoir pour but que de revenir son point dedpart, soit, aussi bien, la mort ! Formule clbre : Le but de toute vieest la mort 55 .

    partir de l, force lui est de constater quil en est ainsi venu contre-dire de front lune de ses toutes premires thses, celle des pulsions dauto-conservation. Et que faire alors des pulsions sexuelles qui leur taientcouples? Il ordonne ces dernires, assez naturellement la reproduction. leur manire, les cellules germinales travaillent en partie contre-cou-rant de la substance vivante. Mais on nen est pas pour autant quitte avec leparadoxe, puisquelles sont en fait encore plus conservatrices que les autres,plus rsistantes [resistent] aux influences extrieures. Freud dcide de lesappeler les pulsions de vie proprement dites 56 , les autres pouvant conti-nuer tre dites pulsions du moi .

    Et pour clore cette cinquime section, il persiste et signe : rien noblige cder au bon sens , malmen, et postuler quelque pulsion qui ferait

    51. Ibid.52. Op. cit., p. 39.53. Ibid.54. Ibid.55. Op. cit., p. 40.56. Op. cit., p. 43.

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  • aller de lavant et vers le haut ; refoulement et sublimation suffisent ample-ment linstauration et au dveloppement de la culture .

    La sixime section prend son point de dpart des derniers acquis de laprcdente : Freud pense pouvoir rcapituler en disant que les pulsions dumoi poussent vers la mort et les pulsions sexuelles vers la continuation de lavie. Cela implique une rvision drastique de la premire topique, pas tantdu point de vue de la rpartition que de celui du contenu. Il nest pas, biensr, sans ressentir lui-mme quelque embarras face au paradoxe heurtant desa thse. Cela lentrane aller en chercher quelque confirmation ou infir-mation du ct de la biologie de son temps. Il pense pouvoir conclure de sonexploration quau minimum rien ne vient exclure son hypothse 57, quilpeut donc continuer la mettre au travail. Il constate quil est ainsi conduit une conception de la vie pulsionnelle lectivement dualiste 58 . Ce termereviendra sous sa plume et nous devrons le serrer de prs. Autre traductionde ce dualisme : deux processus qui agissent en direction contraire, les unsqui construisent en vue dune assimilation, les autres qui d-construisent en vue dune dissimilation. Pourquoi ds lors ne pas parler de pulsions devie et de pulsions de mort 59 ? Il note alors sa convergence sur ce pointavec Schopenhauer. Et, ne lsinant pas sur les rfrences culturelles, il pro-pose dappeler, conjointement avec les potes et les philosophes, ros len-semble des pulsions de vie.

    Sensuit alors une discussion essentielle o Freud va dune part retracerles remaniements successifs de sa topique pulsionnelle et se confronter paral-llement ce quon peut appeler la question du monisme et du dualisme.

    Cest son essai Pour introduire le narcissisme 60 qui a le premier bous-cul la thorie premire du conflit psychique comme affrontement entre lespulsions du moi ou dautoconservation et les pulsions sexuelles. En effet,celui-ci revenait pour lessentiel poser quil y avait aussi un investissementlibidinal du moi, dit narcissique. Le danger tait ds lors dans une sortedindistinction, puisquil y avait de la libido partout. Le seul recours futalors, comme il sexprime, de substituer une diffrence topique une diff-rence qualitative : de distinguer une libido dite narcissique dune libidoobjectale. Or, la postulation dun ros englobant peut aviver le danger din-distinction en submergeant tout de libido. Freud ne mconnat pas quilrisque de se retrouver dans une position jungienne, par essence moniste.

    57. Op. cit., p. 53.58. Ibid. Je souligne.59. Ibid.60. GW 10, 138-170.

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  • lautre extrmit, il peut pour de bon prter le flanc la critique qui reproche la psychanalyse de vouloir tout expliquer partir de la sexualit 61.

    Cest alors quil revient avec insistance son actuelle distinction tran-che entre pulsions du moi = pulsions de mort et pulsions sexuelles = pul-sions de vie 62 . Il remet rsolument en avant le terme de dualiste , quilsouligne. Il tente aussi un parallle entre vie et mort dune part, amour ethaine dautre part, et met de surcrot en jeu sadisme et masochisme, postu-lant en ce point lexistence dun masochisme primaire, cest--dire au-del de celui quon peut dduire du sadisme, ce quoi tentera de rpondre sonessai ultrieur Le problme conomique du masochisme 63 .

    Cependant, la postulation des pulsions de vie confronte Freud une vri-table difficult logique, quon peut tenter de formuler ainsi. En effet, il sagitde marier le dualisme pulsionnel son affirmation universelle concernantles pulsions, savoir quelles tendent toutes par essence rtablir une sortedtat originaire. Autrement dit, comment ordonner les pulsions de vie lacompulsion de rptition, qui nous a conduit dabord dbusquer la pul-sion de mort 64 ? Biologiquement, la question est en gros de savoir si lonpeut supposer un quivalent de la copulation sexuelle dans les organismesles plus archaques. Lexigence est alors tout le moins la suivante : Si lonne veut donc pas abandonner la supposition de pulsions de mort, il faut leurassocier [zugesellen] ds le dbut des pulsions de vie 65 . La science nof-frant plus ici aucun recours sr, Freud fait alors appel au mythe, mais unmythe forg par un philosophe, Platon. Il rappelle le fameux rcit fait parAristophane dans Le Banquet 66 du corps humain concu dabord commedouble, ensuite coup en deux par Zeus, et dont les deux moitis sont dsor-mais possdes par lardent dsir [Sehnsucht] de retrouver lunit perdue.Dans la foule, Freud qualifie Platon de pote-philosophe 67 , ce qui nau-rait pas trop t du got de ce dernier.

    Se conformant aux citations ci-dessus produites par Ilse Grubrich-Simitis, ainsi parvenu au comble de lenvole de limagination, Freudprouve alors la ncessit dun temps de lucidit critique. Et nous allons, encette occurrence, en apprendre beaucoup sur ce quil en est de la mtapsy-chologie en ce nouveau paysage. Freud affirme ne pas tre lui-mme

    61. Op. cit., p. 56.62. Op. cit., p. 57.63. GW 13, 371-383.64. Op. cit., p. 60.65. Op. cit., p. 61 sq.66. Op. cit., p. 62.67. Op. cit., p. 63.

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  • convaincu par ces dveloppements et ne pas appeler y croire. Il nest passr dy croire lui-mme 68.

    Il se livre lors une passionnante rcapitulation chronologique des rap-ports entre observation et doctrine en psychanalyse. Nous avons dj vuavec lui en quoi ces sections de lAu-del du principe de plaisir constituentune troisime doctrine des pulsions. Les deux premires, dit-il, taient des traductions directes de lobservation en thorie 69 . Cependant, objecte-t-il sa propre objection, sa prsente nouvelle doctrine repose aussi sur dumatriel observ, soit les faits de la compulsion de rptition (je souligne).Laudace et le risque indits tiennent toutefois ceci que, pour aller juquaubout de cette ide, sans autre choix possible, on combine plusieurs fois dufactuel du purement construit par la pense [blo Erdachtem] et sloignebeaucoup, ce faisant, de lobservation 70 .

    En ce point, ce nest pas limagination qui prend le relais, mais unerflexion de haut vol, qui vaut quon sy arrte. Il y va, si je puis dire, de riende moins que de la subjectivit du scientifique ; cest--dire, aussi bien, deslimites de toute rgulation possible de lincontournable imagination scien-tifique . Suivons Freud pas pas : ceci prs quon est malheureusementrarement impartial l o sont en jeu les choses dernires, les grands pro-blmes de le science et de la vie 71. Et lon sait que ces choses dernires pouvaient pour Freud tre figures par la fresque de Signorelli Orvieto. Ilajoute : Je crois que chacun est domin par des prfrences dont le fonde-ment intrieur est profond, et dont il fait son insu le jeu avec sa spcula-tion 72 .

    * * *Quon me permette ici de faire entendre ma propre voix, la suite de

    celle de Freud. Je crois en effet que la plupart des grandes thories et dcou-vertes scientifiques sont trs secrtement guides par des fondements sub-jectifs derniers, qui chappent ceux quils habitent. Faut-il les baptiser inconscients ? Je ne sais ; il sont en tout cas de structure et se mettentsans doute en place trs tt chez le sujet . Je veux dire que le dualisme deFreud est quasi donn chez lui antrieurement toute exprience. Il ne peutobserver et penser quen termes dualistes. Et son Au-del du principe deplaisir est peut-tre dabord l pour prouver que, ds quun monisme menace, il faut tout prix le mettre en chec. Do lincompatibilit radi-

    68. Op. cit., p. 63 sq.69. Op. cit., p. 64.70. Ibid.71. Ibid. Je souligne.72. Ibid.

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  • cale avec Jung. Pourquoi Jung tait-il moniste, pourquoi Freud fut-il dua-liste ? Parce que ctait lun, parce que ctait lautre Et aucun des deuxne pourra jamais convaincre lautre. noter ce propos que Freud ne citeen tout Hegel que deux fois !

    Cest encore lun des points sur lesquels les deux Jenseits, celui de Freudet celui de Nietzsche, peuvent se rejoindre. En effet, cest ainsi que je suistent de lire lexigence que formule ce dernier dans ce livre dune psycho-logie des philosophes . Il appellerait par l sonder leurs assises subjectivesdernires et premires, bien sr.

    nonant tout cela, je ne suis pas infidle mon titre, puisque ce que jepointe travers la rcurrence du mta- , avec son extrmit d au-del nest que le mode axial selon lequel se monnaie justement le dualisme freu-dien. Ces deux mots disent bien la coupure inhrente au dualisme. Et ce dis-positif ne va pas sans vhiculer dailleurs une sorte de variante de transcen-dantalisme radical o sentrecroisent singularit et universalit. En effet,note Freud, sans un appareil langagier et conceptuel minimal de dpart, etavant toute laboration ultrieure, nous naurions mme pas pu percevoirles phnomnes observs dcrire 73.

    Eh bien, je suis freudien ; cest donc sans doute que je suis dualiste .Sans cette structure et hors delle, je ne pourrais ni vivre ni respirer ni pen-ser. On dit Lacan ternaire. Est-ce dire que cela me conduirait jouer Freudcontre Lacan? Nullement : je suis lacanien aussi. Mais le ternarisme laca-nien naurait jamais pu sdifier sans le socle du dualisme freudien, sanscet en de fondateur, auquel Lacan fit retour

    BIBLIOGRAPHIE

    Je traduis de lallemand toutes les citations de cet article, ceci dans un souci delittralit qui donne le meilleur appui possible mes commentaires hormis la cor-respondance entre Freud et Karl Abraham, dont je suis le traducteur. Par ailleurs,sauf mention expresse, je suis lauteur des soulignements dans les citations.

    Pour les ouvrages thoriques de Freud, il est renvoy aux Gesammelte Werke(Fischer), de la manire suivante : GW 13 dsignera par exemple le tome XIII desGesammelte Werke. Je nindique pas de traductions franaises, dune part parcequelles sont souvent trop nombreuses, dautre part parce que les traductionsGallimard et les uvres Psychanalytiques Compltes parues aux PUF portentpresque toujours la pagination des Gesammelte Werke en marge.

    73. Op. cit., p. 65.

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  • GW Nachtr. dsigne le Nachtragsband, volume additionnel aux GesammelteWerke, publi en 1987. Lintroduction dIlse Grubrich-Simitis la Vue densembledes nvroses de transfert ma rendu des services inapprciables. Le mme auteursest exprim plusieurs reprises sur cet essai de Freud, y compris directement enfranais. Si jai choisi ce texte-l, cest parce quil renferme des citations qui montt trs prcieuses.

    Outre les ouvrages thoriques de Freud, voici la liste des ouvrages cits et/ouconsults pour le prsent article.

    ANDREAS-SALOM, L. (1970) : Correspondance avec Sigmund Freud. Trad. L. Jumel, Paris,Gallimard.

    FREUD, S. (2006) : Lettres Wilhelm Flie 1887-1904. dition complte, Paris, PUF.FREUD, S. (2011) : Esquisse dune psychologie Entwurf einer Psychologie. Texte rdig par

    Freud en 1895. Trad. S. Hommel, J. Le Troquer, A. Ligeon, F. Samson, Toulouse, rs dition bilingue.

    FREUD, S. et ABRAHAM, K. (2006) : Correspondance complte 1907-1925. Trad. F. Cambon.Paris, Gallimard.

    FREUD , S. et FERENCZI, S. (1992, 1996, 2000) : Correspondance en 3 tomes. Trad. groupe duCoq-Hron, Paris, Calmann-Lvy.

    LALANDE, A. (1983 [1926]) : Vocabulaire technique et critique de la philosophie, Paris, PUF.LAPLANCHE, J. et PONTALIS, J. B. (1967) : Vocabulaire de la psychanalyse, Paris, PUF.NIETZSCHE, F. (1981) : Jenseits von Gut und Bse [Par-del le Bien et le Mal] in Werke III,

    hrg. von Karl Schlechta, Ullstein Materialien.

    Rsum: Je tente doprer un rapprochement chez Freud entre le prfixe mta- dans mtap-sychologie et la prposition synonymique au-del dans le titre Au-del du principede plaisir. Aprs une exploration notionnelle et chronologique de la mtapsychologie dans le corpus freudien, je me livre une analyse serre de lessai Au-del du principe deplaisir, y faisant notamment ressortir les notions de compulsion de rptition, de pulsionsde vie et de mort et de dualisme pulsionnel.

    Mots-cls : Mtapsychologie. Au-del. Compulsion de rptition. Pulsions de vie. Pulsions demort. Dualisme.

    Abstract : The study aims to connect the prefix meta- in the Freudian metapsychology with the synonymical preposition beyond in the title Beyond the Principle of Pleasure.After an inquiry into the notions and chronology of the metapsychology in the corpusof Freuds works, I engage in a close study of Beyond the Principle of Pleasure, especiallyhighlighting the notions of compulsion of repetition, life and death instincts and ins-tinctual dualism.

    Key words : Metapsychology. Beyond. Compulsion of repetition. Life instinct. Death instinct.Dualism.

    Mta et au-del chez Freud 621

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