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GRATUIT Bilingue et interculturel English version at the back www.thelasource.com Vol 13 No 7 | 25 septembre au 9 octobre 2012 Depuis 1999 Française … et Canadienne par HElEnE lEqUITTE Canada ! C’est en entam- ant l’hymne national ca- nadien le 11 juillet 2012 dans les locaux de Citoyenneté et Immigration Canada, que j’ai enfin pu savourer ma citoyenneté canadienne en français et en anglais. Une journée marquée du sceau du mérite, puisque j’ai dû atten- dre près de 10 mois une date de cérémonie of ficielle après avoir passé et réussi le test requis pour le prétendant « au titre » de citoyen(ne). Ce jour-là, 83 personnes de toutes origines ont écouté Madame le Juge donner son discours dans les deux langues. Je re- vois très bien encore le blason accroché au mur juste derri- ère elle, symbole du Canada représenté par les armoiries de la royauté anglaise (le lion et la harpe) et française (la licorne et la fleur de lys). Il y avait cette devise inscrite en latin juste en dessous : A Mari usque ad Mare, signifiant d’un océan à l’autre. Cette devise fait d’autant plus écho, que mes an- cêtres étaient certes gau- lois, mais aussi bretons ! De l’Atlantique au Pacifique, je me suis donc lancée à l’aventure au Canada, plus précisément à Vancouver. Pourquoi ? Quand je suis arrivée il y a quatre ans et demi, je n’aurais jamais pensé une seconde rester aussi longtemps. Forte de ma résidence permanente chèrement acquise après un an et demi d’attente en France (patience est mère de vertu), j’ai très vite res- senti un sentiment d’intense liberté. A la vue de ces mon- tagnes, le sentiment d’être au bout du monde m’a sub- mergé. J’ai aussi très vite compris l’origine du sobri- quet donné à Vancouver : ter- minal city. Terminus tout le monde descend ! J’ai traversé l’Atlantique et tout le Canada oilà une nouvelle qui ravira certainement les fumeurs de Gitanes et peut-être même les fans de Whitney Houston : Gainsbourg est de retour ! Au programme du Vancouver Inter- national Film Festival (VIFF ), le documentaire Je suis venu vous dire, de Pierre-Henry Salfati, réussit le pari fou de raconter le chanteur par lui-même. Trois ans de recherches et de mon- tages auront été nécessaires au réalisateur français pour as- sembler plus d’une heure et de- mie d’images, souvent inédites, et commentées par l’artiste, unique narrateur de sa propre Ô V Voir “Gainsbourg” en page 2 Dans ce numéro Voir “Verbam” en page 10 Gainsbourg, du privé au public par GUIllAUmE DEbAEnE vie. Traînante, éraillée, parfois même chuchotante, la voix off sans pareille du Poinçonneur des Lilas nous entraîne progressive- ment dans son univers, celui d’un homme qui aimait flirter avec les femmes et les limites de la so- ciété. Dans une forme de dualité permanente que montre bien le documentaire, Serge devait selon ses dires « se concentrer sur son être et sur son non-être ; le mec et le showman ». Gainsbourg et Gainsbarre. Une personnalité complexe que le réalisateur a voulu dévoiler en collant à son intimité. « Il s’agissait d’aller chercher des choses qu’on n’a pas l’habitude d’entendre de lui, en dehors des questions toujours posées en interview », expliquait Salfati récemment . Un dessein qui met en lumière la vie de ce- lui qui se rêvait d’abord peintre avant d’enfiler le costume pro- tecteur du poète maudit. Un sur mesure admiré ou détesté qui lui allait, au fond, si bien. « Gains- bourg n’a pas cessé de passer d’un style à l’autre. C’était cette fuite permanente dans des ha- bits toujours différents. La poésie est tout de même restée le fil rouge », commente le réalisateur. Un chemin qu’il a mis du temps avant d’emprunter. Le déclic Boris Vian Né à Paris en 1928 de parents juifs russes, Lucien Ginsburg se révé- lera sur le tard. Professeur de des- sin, de chant ou encore surveil- lant, l’homme enchaîne les petits boulots jusqu’à ses trente ans. Le vague à l’âme, il s’exerce longue- ment à la peinture et s’imagine vo- lontiers artiste de la Renaissance avant de raccrocher sans grande conviction le pinceau pour le pia- no. Crooner de cabaret, il ne se considère pas vraiment à sa place en exerçant cet art qu’il qualifie de mineur. C’est pourtant dans un de ces lieux qu’une rencontre ar- tistique lui montrera la voie au dé- but des années 50. Humoristiques, décalés et provocateurs, les textes que Boris Vian interprète devant la petite assemblée ce soir-là Nouvelle saison au Théâtre de la Seizième Page 6 Le VIFF en français Page 8 Radio-Canada : Scénario de rentrée Page 7 Photo par VIFF

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www.thelasource.comVol 13 No 7 | 25 septembre au 9 octobre 2012

Depuis

1999

Française … et Canadiennepar HElEnE lEqUITTE

Canada ! C’est en entam-ant l’hymne national ca-

nadien le 11 juillet 2012 dans les locaux de Citoyenneté et Immigration Canada, que j’ai enfin pu savourer ma citoyenneté canadienne en français et en anglais. Une journée marquée du sceau du mérite, puisque j’ai dû atten-dre près de 10 mois une date de cérémonie officielle après avoir passé et réussi le test requis pour le prétendant « au titre » de citoyen(ne). Ce jour-là, 83 personnes de toutes origines ont écouté Madame le Juge donner son discours dans les deux langues. Je re-vois très bien encore le blason accroché au mur juste derri-ère elle, symbole du Canada représenté par les armoiries de la royauté anglaise (le lion et la harpe) et française (la licorne et la fleur de lys). Il y avait cette devise inscrite en latin juste en dessous : A Mari usque ad Mare, signifiant d’un océan à l’autre.

Cette devise fait d’autant plus écho, que mes an-cêtres étaient certes gau-lois, mais aussi bretons ! De l’Atlantique au Pacifique, je me suis donc lancée à l’aventure au Canada, plus précisément à Vancouver. Pourquoi ? Quand je suis arrivée il y a quatre ans et demi, je n’aurais jamais pensé une seconde rester aussi longtemps. Forte de ma résidence permanente chèrement acquise après un an et demi d’attente en France (patience est mère de vertu), j’ai très vite res-senti un sentiment d’intense liberté. A la vue de ces mon-tagnes, le sentiment d’être au bout du monde m’a sub-mergé. J’ai aussi très vite compris l’origine du sobri-quet donné à Vancouver : ter-minal city. Terminus tout le monde descend ! J’ai traversé l’Atlantique et tout le Canada

oilà une nouvelle qui ravira certainement les fumeurs

de Gitanes et peut-être même les fans de Whitney Houston : Gainsbourg est de retour ! Au programme du Vancouver Inter-national Film Festival (VIFF), le documentaire Je suis venu vous dire, de Pierre-Henry Salfati, réussit le pari fou de raconter le chanteur par lui-même. Trois ans de recherches et de mon-tages auront été nécessaires au réalisateur français pour as-sembler plus d’une heure et de-mie d’images, souvent inédites, et commentées par l’artiste, unique narrateur de sa propre

Ô

V

Voir “Gainsbourg” en page 2

Dans ce numéro

Voir “Verbatim” en page 10

Gainsbourg, du privé au publicpar GUIllAUmE DEbAEnE vie. Traînante, éraillée, parfois

même chuchotante, la voix off sans pareille du Poinçonneur des Lilas nous entraîne progressive-ment dans son univers, celui d’un homme qui aimait flirter avec les femmes et les limites de la so-ciété. Dans une forme de dualité permanente que montre bien le documentaire, Serge devait selon ses dires « se concentrer sur son être et sur son non-être ; le mec et le showman ». Gainsbourg et Gainsbarre. Une personnalité complexe que le réalisateur a voulu dévoiler en collant à son intimité. « Il s’agissait d’aller chercher des choses qu’on n’a pas l’habitude d’entendre de lui, en dehors des questions toujours

posées en interview », expliquait Salfati récemment . Un dessein qui met en lumière la vie de ce-lui qui se rêvait d’abord peintre avant d’enfiler le costume pro-tecteur du poète maudit. Un sur mesure admiré ou détesté qui lui allait, au fond, si bien. « Gains-bourg n’a pas cessé de passer d’un style à l’autre. C’était cette fuite permanente dans des ha- bits toujours différents. La poésie est tout de même restée le fil rouge », commente le réalisateur. Un chemin qu’il a mis du temps avant d’emprunter.

Le déclic Boris VianNé à Paris en 1928 de parents juifs russes, Lucien Ginsburg se révé-

lera sur le tard. Professeur de des-sin, de chant ou encore surveil-lant, l’homme enchaîne les petits boulots jusqu’à ses trente ans. Le vague à l’âme, il s’exerce longue-ment à la peinture et s’imagine vo-lontiers artiste de la Renaissance avant de raccrocher sans grande conviction le pinceau pour le pia-no. Crooner de cabaret, il ne se considère pas vraiment à sa place en exerçant cet art qu’il qualifie de mineur. C’est pourtant dans un de ces lieux qu’une rencontre ar-tistique lui montrera la voie au dé-but des années 50. Humoristiques, décalés et provocateurs, les textes que Boris Vian interprète devant la petite assemblée ce soir-là

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2 La Source Vol 13 No 7 | 25 septembre au 9 octobre 2012

Guillaume Debaene, Nalla Faye, Claire Gendrault, Sophia Hyeyoen Kim, Nicole Lawson, Hélène Lequitte, Justine Leondhart, Ric Moore, Natalie Mundy, Derrick O'Keefe, Don Richardson, Nathalie Tarkowska, Phoebe Yu, Noëlie Vannier, Robert ZajtmannTraduction Monique Kroeger, Nathalie Tarkowska

Distribution Denis Bouvier, Sepand Dyanatkar, Alexandre Gangué, Victor Liu, Kevin Paré

Avis La Source n’est pas responsable des modifications

miracles braque les projecteurs sur une personne en particulier : Justin Trudeau.

En fait, depuis son arrivée à la Chambre des communes en 2008, son nom est en haut de liste com-me favori. Son nom, on le sait, ré-sonne avec une période de succès électoraux que de nombreux par-tisans et nostalgiques du règne de son père souhaitent profondé-ment revivre plus tôt que tard.

Sa décision en dira long sur l’avenir du parti. Si c’est non, le message sera clairement qu’il ne voit pas comment le PLC peut re-prendre du galon avant plusieurs années. On peut parier au moins deux à trois élections. Dans ce scé-nario, il serait non seulement relé-gué aux banquettes de l’opposition pour un bon moment, mais en plus, il verrait son équipe sénatoriale considérablement amoindrie. C’est important puisque la Chambre haute du Parlement lui a toujours permis une base opérationnelle politique stratégique lorsqu’il ne forme pas le gouvernement.

Tout repose bien entendu sur la prémisse qu’il est le seul capa-ble de remettre le navire libéral en état de faire face de façon sérieuse aux troupes conserva-trices. Pour ce faire, le PLC doit absolument retrouver ses lettres de noblesses au Québec tout en

Le grain de sel de Joseph Laquerre

journAl lA source

Adresse postale Denman Place PO Box 47020, Vancouver bC V6G 3E1 

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Fondateur et directeur de la publication Mamadou GanguéGérant de la publication Saeed DyanatkarResponsable de la production Samuel RamosResponsable adjoint de la production Marc HewittDirecteur de la rédaction Mike LeeRédactrice en chef (français) Julie HauvilleChef de la rubrique (Espace francophone) Jean-Baptiste LasayguesRédactrices en chef (anglais) Kate Kovaleva, Shalini NayarSecrétaire de la rédaction (français) Anne-Laure Paulmont Secrétaire de la rédaction (anglais) Saira Hayre

ou erreurs typographiques qui n’altèrent pas la lisibilité des annonces. La correction de toute erreur ou omission majeure relative à la pub-licité sera limitée à une insertion dans l’édition suivante.

La rédaction de La Source est à l’écoute de vos commentaires et suggestions sous forme de courrier postal ou électronique, afin de prendre ainsi de façon régulière votre pouls sur des sujets de reportage touchant votre communauté.

Pour réserver un espace publicitaire: (604) 682-5545

Assistant de bureau Kevin ParéCoordinateur Web Enej BajgoricWeb Eric Chu, Marjo Pekonen, Ernest SalvatMédias Sociaux Laetitia Berthet, Laurence GatinelConseillère à la rédaction Monique KroegerResponsable graphisme & arts visuels Laura R. Copes

Graphistes Lei Tian, Esther YuenPhotographes Denis Bouvier, Julie HauvilleIllustrateurs Joseph Laquerre, Gordon SpenceOnt collaboré à ce numéro Julia Ballerio-Dupé, Laetitia Berthet, Bessie Chow, Serge Corbeil,

sERGE CORbEIl

À mon tour

e Parti libéral du Canada an-nonçait récemment que le

nom de son prochain chef sera connu le 14 avril prochain. C’est près de deux ans après le dé-part du dernier chef en titre, Mi-chael Ignatieff. On a finalement établi la destination de la longue route vers une permanence à la chefferie.

Depuis 2006, lorsqu’elle a perdu le pouvoir aux mains des troupes de Stephen Harper, la formation plus habituée au pouvoir qu’aux banquettes de l’opposition, a amorcé une longue traversée du désert. Et comme toute forma-tion politique elle aspire bien sûr à former un gouvernement. Dans les circonstances actuelles, il est difficile de voir comment, à mo- yen terme, elle pourrait y arriver.

Outre ce détail qu’elle n’a pas de chef permanent depuis un bon moment, elle ne semble pas ar-river à obtenir quelque traction

Les libéraux fédéraux ont maintenant une date butoir

que ce soit dans l’arène des poli-tiques publiques. Pour un parti qui a quand même été longtemps aux premières loges de réformes importantes, c’est une situation pour le moins désolante.

Et c’est un peu le défaut des rumeurs qui courent au sujet du prochain chef potentiel. Il semble que ce qui anime les membres du parti en premier lieu est de trou-ver la personne qui les fera ga-gner plutôt que celle qui réussira à prendre le temps pour rebâtir la formation et lui donner un sens dans le paysage politique actuel au Canada.

Cette idée de trouver « le sau-veur » capable de rapidement ramener le PLC sur les ban-quettes du pouvoir a son lot de risques pour l’heureux élu en avril prochain. Si vous suivez un tant soit peu l’actualité politique, vous aurez rapidement constaté que cette recherche du faiseur de

L

Suite “Gainsbourg” de la page 1l’enchantent. « Quand j’ai entendu Vian, je me suis dit merde, il y a peut-être quelque chose à faire là-dedans, c’est intelligent, ce n’est pas un art mineur », nous confie Lucien, qui se faisait déjà appeler Serge avant de se faire un nom. « C’est à partir de là que je me suis mis à écrire », ajoute-t-il.

Des muses pour une gueule casséeEn raison de son physique particu-lier, le début de carrière de Gains-bourg s’avère compliqué. Comme le révèlent de nombreux passages du documentaire, le chanteur est préoccupé par son image. « Il n’y avait pas à l’époque de chanteur comme moi avec cette gueule des- troy. Sur scène, j’étais mort de trouille et j’entendais ah, cette gueule », se souvient-il dans le film. Une situation qui aura for-tement conditionné son rapport aux femmes, qu’il laisse rarement indifférentes, lui, le misogyne ti-mide au charme ravageur. « Mon-sieur Gainsbourg, je ne le connais pas et je ne souhaite pas du tout le connaître dans la vie », déclare la chanteuse Barbara dans des ima-ges d’archives avant de préciser : « Sur scène, c’est un monsieur que j’aime depuis très longtemps. Gainsbourg pour moi, c’est l’élégance, le secret, le silence et la pudeur. » Autant d’adjectifs que l’auteur conjuguera à des passions amoureuses entretenues avec les plus belles, à l’image de Bri-gitte Bardot, pour qui il écrira en « l’espace d’une nuit » les tubes Je t’aime, moi non plus et Bonnie and Clyde. Et comment ne pas oublier son idylle de dix ans avec Jane

Birkin, sa « lolita », sa « gitane » ? Une innocence, une fraîcheur et un accent so british qu’on se plaît à revoir et réentendre dans le docu-mentaire de Salfati.

Traveling avantPlus de vingt ans après sa mort, que reste-t-il de Gainsbourg ? Des frasques bien sûr, mais sur-tout l’œuvre imposante d’un ar-tiste qui se définissait lui-même comme une personne talen- tueuse et non comme un génie. Au fil des minutes et des années, le documentaire suit la longue décrépitude d’un homme dont on comprend progressivement le mécanisme créatif. « Je n’aime pas la stagnation », explique-t-il. « Je voulais des flashforward, pas des flashback. C’est ce qui m’a mo-tivé dans toute ma carrière. » En mêlant la poésie, art qui « n’a pas besoin d’accompagnement mu-sical » avec des mélodies, Gains-bourg s’est inventé son propre style. Un répertoire agrémenté de textes parfois plus légers, éro-tiques (Les sucettes) ou provo-cateurs (La Marseillaise version reggae) qui lui auront permis d’accéder au grand public. « J'ai retourné ma veste quand je me suis aperçu qu'elle était doublée de vison », s’amuse-t-il à préciser. Difficile pour autant de lui re-procher un éventuel manque de sincérité en parcourant ces ima-ges et son état d’esprit : « Il faut livrer son âme. Si on ne le fait pas, on est un faux cul et on ne tient pas la route. »

Gainsbourg by Gainsbourg: An Intimate Self-Portrait (Je suis venu vous dire)27 septembre à 15hEmpire Granville 729 septembre à 10h45Pacific Cinematheque6 octobre à 19h30,Empire Granville 6

consolidant sa base ontarienne. Dans le premier cas, il n’y a rien d’acquis d’avance pour Trudeau dont le nom ne laisse personne indifférent dans une province maintenant dirigée par un gou-vernement souverainiste.

Son défi, advenant qu’il devien-ne chef, sera aussi de déloger le Nouveau Parti Démocratique qui a explosé sur la scène québécoise l’an dernier et qui est maintenant dirigé par un député du Québec.

Ultimement, cette bataille sera gagnée par le chef du parti qui

pourra énoncer une vision qui puisse convaincre les électeurs qu’il s’agit bel et bien d’un pre-mier ministre en attente.

Pour y arriver, il me semble que Justin Trudeau a tout un défi devant lui. A ce jour, ses décla-rations au sujet des politiques publiques qui le motivent ont été, c’est le moins que l’on puisse dire, d’une inspiration limitée.

Ceci dit, ma prédiction c’est qu’il sera de la course avec une annonce dans quelques temps, en octobre.

Interview réalisée par Allo Music en février 2012

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La Source 3Vol 13 No 7 | 25 septembre au 9 octobre 2012

raîchement débarqué dans la province ? Nouvelle vie, nou-

vel environnement, peu de liens sociaux et la langue française ne vous est pas inconnue ?

La journée d’accueil « Bien-venue dans la francophonie de la Colombie-Britannique » se trouve être l’évènement idéal auquel tout nouvel arrivant francophone devrait participer.

Porte ouverte aux arrivants francophonesFpar lAETITIA bERTHET participants avec une majorité

de nouveaux arrivants franco-phones et francophiles.

Augmenter l'immigration francophone La Colombie-Britannique compte 361 000 locuteurs de langue française, ce qui représente 10% de la population de la pro- vince. Fondée en 1945, la FFCB est l’organisme porte-parole officiel de la communauté francophone

propose des objectifs mul-tiples. Elle permettra d’abord de réunir des francophones, les aider à se rencontrer et à s’intégrer. De plus, elle sou-haite les sensibiliser à l’inter-culturalisme et mobiliser la communauté existante pour créer des échanges avec les nouveaux arrivants car comme le souligne Pascaline Nsekera « Le défi, c'est la dispersion : beaucoup d’arrivants vien-

Le défi, c'est la dispersion : beaucoup d’arrivants viennent par l’intermédiaire de différents organismes et programmes. Ils sont éparpillés sur un grand territoire.Pascaline Nsekera, coordonnatrice en immigration de la FFCB “

très vite : j’ai eu mon uniforme après mon entretien et on m’a en-voyée faire du e-learning le jour même », explique Sylvie.

Pascaline Nsekera attire égale-ment l’attention sur le besoin d’accroître l’immigration fran-cophone car elle considère que : « la communauté diminue de manière graduelle et il y a égale-ment un déclin démographique dans la province. La seule façon de revitaliser la communauté est

sance des différents services di-sponibles pour les francophones à Vancouver « Je ne pensais pas que de telles associations existaient pour nous, le français ne semble pas être une priorité et n’est malheureusement pas ha-bituel ici ».

Une première étape Ces témoignages soulignent l’importance que peut avoir la Fé-dération pour un nouvel arrivant francophone qui ignore tout des usages pratiqués en Colombie-Britannique. Plus qu’une simple aide, la FFCB et les différents services qu’elle propose jouent le rôle « de première étape » et se révèlent être de réels ap-puis sur lesquels les franco-phones peuvent compter afin de s’intégrer et s’épanouir rapide-ment dans une nouvelle vie en Colombie-Britannique.

Pascaline Nsekera et Cécile Barbier soulignent que leurs partenaires sont primordiaux pour mener à bien ces objectifs « chacun apporte une pierre à l’édifice ». La FFCB s’appuie égale-ment sur une trentaine de parte-naires (Citoyenneté et Immigra-tion Canada, les communautés ethnoculturelles…) afin qu’ils jouent le rôle d’intermédiaires avec les nouveaux arrivants fran-cophones.

La journée d’accueil « Bienvenue dans la Francophonie de la Colombie-Britannique 6 octobre 2012 de 9h à 17hCreekside Community Recreation Centre au Village Olympique, Vancouver

Cette rencontre est organisée pour la deuxième année con-sécutive par la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique (FFCB). Différentes activités seront proposées par-mi lesquelles on retrouve une course de Dragon Boat organisée par l’Agence Francophone pour l’Accueil des Immigrants (AFAI) grâce à l’aide de nombreux spon-sors, des présentations artis-tiques traditionnelles, un défilé de mode multiculturelle... « Il y aura également des kiosques de plusieurs organismes comme la Chambre de Commerce Franco-phone de Vancouver, l’Alliance Française, Collège Educacen-tre et bien d’autres », explique Pascaline Nsekera, à l'origine du projet.

L’année passée, la FFCB a ac-cueilli environ 150 personnes. Cette année la fédération vise 200

dans la province. Deux de ses ob-jectifs sont le développement de l’espace francophone et le main-tien du patrimoine linguistique et culturel.

Mais, la fédération doit re-doubler d’efforts car la langue française est menacée en Co-lombie-Britannique. En effet, dernièrement le français a été à deux doigts de perdre son statut de langue officielle dans l’éducation et l’accès des ser-vices à l’emploi en français a été supprimé.

De nombreux organismes comme l’AFAI ont pour objectif de maintenir les acquis restants. Cécile Barbier, coordonnatrice de l’association le souligne : « on se bat pour que des services en français soient disponibles pour les francophones en Colombie-Britannique ».

Ainsi la journée d’accueil

nent par l’intermédiaire de différents organismes et pro-grammes. Ils sont éparpillés sur un grand territoire ».

De nombreux services fran-cophones et un espace d’accueil existent pour guider les nou-veaux arrivants dans ces nou-velles habitudes de vie.

Des arrivants déboussolésThierry et Sylvie, jeune couple de trentenaires français, sont ar-rivés en mai dernier afin de par-faire leur anglais. Ils s'étonnent des pratiques dans le monde pro-fessionnel : précarité, salaire et usages. Thierry exerce en France le métier d’informaticien. Sylvie, quant à elle est assistante recou-vrement dans une banque. « Ici, j’ai eu deux jobs et je n’ai jamais signé de contrat de travail. Il faut aller au contact pour obtenir un entretien et après tout peut aller

l’immigration francophone ».Ainsi, la FFCB mobilise les an-

ciens sur les actions à mener car « ils ont un rôle à jouer dans l’intégration des nouveaux. Si la communauté est fermée elle ne peut pas s’agrandir ».

Chloé est une jeune femme de 21 ans qui a tout juste fini ses études. Elle est venue en Colom-bie-Britannique afin de vivre une nouvelle expérience en terre in-connue. Elle ne restera au final que deux mois à Vancouver parce qu'elle a éprouvé de grandes dif-ficultés à s’intégrer que ce soit au niveau social ou professionnel, à cause de la barrière linguistique : « Je n’ai pas réussi à trouver d’emploi malgré de nombreuses tentatives et il a été difficile de me faire des amis car je n’arrivais pas à m’exprimer correctement en anglais ».

Chloé n’avait pas pris connais-

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otre monde passe par une mauvaise passe. Pour un

oui ou pour un non, on se bat, on se dispute, on se plaint, on s’entretue, on se révolte, on s’immole, on s’insulte et, si ça continue, pour couronner le tout, on finira sans doute par se détruire.

Tout le monde est mécontent. Les Musulmans ne sont pas con-tents, pour ne pas dire qu’ils sont furieux, à cause de la sor-tie d’une vidéo islamophobe, ir- respectueuse et insultante pour le prophète Mahomet sur You-tube. Répercussions ? Manifes-tations anti-américaines et anti-occidentales dans de nombreux pays. Le tout accompagné de saccage d’ambassades et de bi-ens. Résultat ? Plusieurs morts dont l’ambassadeur américain à Benghazi en Libye. Les Améri-

RObERT ZAjTmAnn

Le castor castré

Pas content les mécontentsN

Les Français, de leur côté, avec leur nouveau président de moins en moins normal, ne sont pas contents non plus car, comme chacun le sait, les Français ne sont jamais contents.

Les français s'interrogent sur la rivalité entre Ségolène Royal (gauche) et Valerie Trierweiler (droite).

poursuit sa répression de la dis-sidence.

Mécontentement de même en Amérique du Nord. Les Améri-cains ne sont pas contents de Mitt Romney qui, tout comme moi, continue de dire des bêtises. La différence c’est que moi je ne me présente pas à la présidence des Etats-Unis où Obama a pas mal de chances de l’emporter si son adversaire continue sur sa lancée en commettant gaffe sur gaffe.

La liste des mécontents s’allonge chaque jour. Les in-dignés s’indignent de plus belle. Le mouvement Occupy se refait une santé après avoir peaufiné ses objectifs. En Amérique du Nord toujours, les fans de hockey, dont je ne fais pas partie, sont loin d’être contents. Suite à un lock-out, ils risquent d’être privés de match pendant très longtemps si

cains, ça se comprend, ne sont donc pas contents.

Les Israéliens ne sont pas con-tents non plus du programme nu-cléaire des Iraniens. Les Iraniens ne sont pas contents car le Can-ada a rappelé son personnel de l’ambassade à Téhéran. Les pays du monde arabe ne sont pas con-tents à cause du gouvernement de Bashar El Assad en Syrie. Et la Turquie, en outre, n’est pas contente de sa minorité kurde. L’armée des forces de l’Otan n’est pas contente de l’armée afghane qu’elle doit entraîner. Les Chinois et les Japonais ne sont pas con-tents les uns envers les autres. Ils se disputent la paternité de petites îles insignifiantes. Une lutte territoriale qui risque de mal finir.

Par ailleurs les Européens ne sont pas plus heureux. Ils ne peuvent cacher leur dissen-sion concernant la zone euro. Les Espagnols, les Grecs et les Italiens ne sont pas contents des mesures austères prises par leurs gouvernements respectifs. On se met à leur place. Les Alle-mands, le moteur économique de ces lieux, ne voient pas d’un bon œil le concept d’une Europe où ce serait eux qui, continuel-lement, devraient payer la note des autres. Les pauvres. Les Français, de leur côté, avec leur nouveau président de moins en moins normal, ne sont pas con-tents non plus car, comme cha-cun le sait, les Français ne sont jamais contents. Les Russes ne sont pas contents de Poutine qui a enfermé les Pussy Riot et qui

les propriétaires milliardaires et les joueurs millionnaires ne trou-vent pas un terrain d’entente.

Au Canada, le mécontentement gagne du terrain. Les partisans du Parti Québécois ne sont pas contents du tout. Le parti est au pouvoir mais, faute de majorité, il ne peut en faire à sa guise. Dans l’Ouest l’insatisfaction est de mise. Les Albertains ne sont pas contents de l’opposition qu’ils rencontrent face à l’exploitation de leurs sables bitumineux et à la construction du Northern Gateway pipeline. En Colombie-Britannique, les gens d’affaires ne sont pas contents à l’idée que le NPD puisse prendre sous peu le pouvoir. Adrian Dix, le presque certain futur premier ministre provincial leur a fait comprendre, d’une manière claire et précise ses intentions et ses priorités. Taxer les banques et les grandes corporations au profit d’un meil-leur système d’éducation. C’est précis, mais ce n’est pas ce que la Chambre de commerce de Van-couver voulait entendre.

Vraiment pas contente la pla-nète. En fait, très mécontente.

J’espère, pour conclure, ne pas commettre un faux pas ni profé-rer un blasphème en disant cela, mais si j’étais Dieu, face à ce mé-contentement général, je recom-mencerais tout. Je me dirais : « D.D. (Divin Dieu), tu t’es trompé. Répare ton erreur. Il y a eu mal-donne. Tu reprends tes cartes, tu les brasses et tu les redistribues en t’assurant, cette fois-ci, que tout le monde soit content ». Mon article est fini. Content ?

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La Source 5Vol 13 No 7 | 25 septembre au 9 octobre 2012

Récemment, il condamna-it par exemple l’ostracisme d’immigrants africains sur le ter-ritoire (« Un message dangereux », juin 2012). Il soulève également des questions sur les conditions nécessaires pour la paix entre Israël et la Palestine, et dans ce sens, met en lumière des initia-tives positives (« Traverser Is-raël en vélo pour la tolérance et la paix », juin 2012), tout en me-nant un combat de front contre l’antisémitisme. L’objectif du journal est, comme tous les jour-naux communautaires ici, de ren-dre compte de la présence juive en Colombie-Britannique avec un œil sur l’actualité en Israël et sa diaspora.

n Israël, le quotidien Maariv ("Le Soir"), tiré à 180 000 ex-

emplaires, vient d’être racheté par le quotidien Makor Rishon, un journal édité par M. Shlomo Ben-Zvi, considéré comme proche de la droite nationaliste et des milieux religieux. Cette acquisi-tion, réalisée sur fond de crise économique de la presse dans le pays, suscite l’inquiétude, non seulement parmi les quelques 2000 salariés du journal qui re-doutent un changement de ligne éditoriale, jusqu’ici située au centre-droit, mais plus large-ment dans la société israélienne qui assiste à l’affaiblissement du pluralisme dans sa presse.

En effet, certains obser-vateurs prêtent à M Ben-Zvi l’intention de vouloir toucher le lectorat religieux, comme le souligne le quotidien de gauche israélien Haaretz, dans son ar-ticle « L’homme, son média et son message » (« The Man, his media and his message »), ou encore The Marker, selon lequel il sou-haite clairement « exercer son influence en vue d'un change-ment de la ligne éditoriale » du Maariv. Quid de l’indépendance de la presse, vis-à-vis du pouvoir en place et de la droite national-iste ? Neuf autres quotidiens sont publiés en Israël : un en arabe, un en anglais et deux en russe, les autres étant des publications de la communauté juive ultra-orthodoxe, auxquels s'ajoutent 17 hebdomadaires s'adressant à différents publics.

À Vancouver, l’hebdomadaire The Jewish Independant revendique son indépendance et sa liberté de critiquer son gouvernement. Le journal, à travers ses éditorialistes et contributeurs, fait résonner de multiples voix contradictoires et diverses, garantissant un certain pluralisme d’opinions.

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La presse israélienne lutte pour son pluralisme

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Un œil sur les médias

Une semaine pour rallier les jeunes aux enjeux politiques canadiens

n mai 2011, le Canada con-statait une nouvelle fois avec

regret la faible mobilisation des 18–24 ans aux élections, avec un taux de vote de seulement 38,8%. Un chiffre qui place au cœur du débat une des problé-matiques mises en exergue au cours de la Semaine canadienne de la démocratie, du 15 au 22 septembre 2012. Organisée pour la seconde année consécutive par l’organisme indépendant Élections Canada, établi par le Parlement et qui administre les élections, et en parallèle avec la Journée internationale de la démocratie des Nations Unies, l’initiative avait pour but de sensibiliser les jeunes à l’importance de la démocratie et du vote au sein de la société canadienne.

Un défi qui s’annonçait quelque peu ardu cette année, où certaines décisions poli-tiques ont déclenché de nom-breuses polémiques et embrasé les esprits. On pense notam-ment au printemps érable, avec les rassemblements étudiants contre la hausse des coûts des frais universitaires au Qué-

Ede Colombie Britannique pour échanger avec des leaders de la participation à la vie démocra-tique du Canada sur le sujet : « La culture démocratique cana-dienne ; des idées qui méritent d’être diffusées ! »

D’après Keith Archer, Direct-eur général des élections en C.-B. et un des intervenants à cette dernière conférence, « Le tab-leau de la jeunesse votante en C.-B. est similaire à celui retrou-vé au niveau fédéral. »

En effet, si certains évitent les urnes comme signe de pro-testation, la vraie raison der-rière le taux très faible de par-ticipation des jeunes est avant tout le manque d’information et d’intérêt dans la vie politique. Un phénomène générationnel ? Peut-être, lorsque l’on découvre cer-tains chiffres qui révèlent qu’en 1965 le taux de proportion des jeunes qui votaient pour la pre-mière fois s’élevait à 69% contre 34% en 2004.

« D’après une étude conduite par Élections Canada après les élections fédérales de mai 2011, la jeunesse a de moins en moins conscience du droit civique que représente le vote, » déclare Kirstan Gagnon, Agente prin-

par ClAIRE GEnDRAUlT cipale de rayonnement au sein d’Élections Canada. « Beaucoup croient que les partis représen-tés sont tous les mêmes et ne se sentent pas concernés par les incertitudes des jeunes face à l’avenir. »

Mais Kirstan est optimiste. Selon elle, les choses n’évolueront que grâce à un effort collectif et ce dernier a déjà commencé. Cette année, plus de 50 organismes ont uni leurs forces pour la Semaine Canadienne de la Démocratie et un nouveau défi national jeu-nesse a été lancé. Ouvert aux 14-30 ans, le principe est simple : chaque participant doit à l’aide de mots, d’une image, d’un tweet ou encore d’une vidéo expliquer sa contribution à la démocratie. En 2011, plus de 170 personnes avaient répondu à l’appel, en 2012 les organisateurs espèrent dépasser la barre des 300 ! Le concours attire et rayonne aussi grâce à son jury très populaire composé de Rick Mercer, K’NAAN, George Stroumboulopoulos et Michaëlle Jean.

Alors, intéressés ? Si la Se-maine Canadienne de la Dé-mocratie est finie, le défi est ouvert jusqu’au 30 novembre et attend vos créations !

bec et le vote de la loi 78 qui a suivi afin de restreindre le droit de manifester ; ou encore, côté Pacifique, à la loi 22 adop-tée en mars 2012 à Victoria par l’Assemblée législative qui vi-sait à contrer les moyens de pression établis par les enseig-nants en colère.

Une question se pose alors. Ces évènements seront-ils un déclic pour la jeunesse et auront-ils une incidence positive sur les prochains suffrages ?

Un manque d’information« La démocratie c’est un système où un peuple entier peut par-ticiper à la vie politique et être représenté, » explique Janice Lo, physiothérapeute et étudiante à UBC. La jeune femme continue sa réflexion en dénonçant l’apathie de la jeunesse face à ces enjeux et s’interroge sur le besoin d’un nouveau système de vote avec représentation proportionnelle.

Des opinions et des idées à partager qui ont été les bien-venues lors des ateliers de dis-cussion organisés à travers tout le pays du 14 au 25 septembre. Le lundi 17, plus de 270 étudiants se sont ainsi rassemblés au théâtre Freddy Wood à l’Université

La semaine de la démocracie a fait salle comble à UBC.

The Jewish Independent.

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6 La Source Vol 13 No 7 | 25 septembre au 9 octobre 2012

n apprend beaucoup sur soi-même quand on part en voy-

age, mais aussi quand on prend le temps d’explorer chez nous », souligne Craig Holzschuh, di-recteur artistique et général du Théâtre la Seizième. Le théâtre est une excellente manière d’explorer en restant « chez nous ».

Il est la seule compagnie de théâtre francophone en Colom-bie-Britannique, et ce depuis 1974. Sa mission est d’offrir un théâtre professionnel franco-

Le Théâtre la Seizième : plus qu’un simple théâtre

Oélémentaires de la Colombie-Britannique. Il est important de souligner que les tournées dans les écoles ne se limitent pas à la province. L’année dernière, la tournée dans les écoles s’est ré-alisée en Alberta et cette année, les représentations théâtrales se feront en Saskatchewan.Le but est de faire découvrir le théâtre aux élèves en les faisant partici-per à des activités adaptées à leur niveau.

La compagnie théâtrale est loin de limiter ses activités aux représentations. Effectivement, le Théâtre apporte son soutien

par jUlIA bAllERIO-DUPé

On apprend beaucoup sur soi-même quand on part en voyage, mais aussi quand on prend le temps d’explorer chez nous.Craig Holzschuh, directeur artistique, Théàtre la Siezième

Craig Holzschuh.

phone aux amateurs de la côte Ouest. Des trois ou quatre specta-cles présentés à chaque année, au moins une des créations provient de la compagnie et les autres sont des productions canadiennes. La Seizième met un point d'honneur à presenter des pièces contem-poraines, bien que des œuvres plus classiques comme celles de Molière y soient représentées. Elle propose aussi des créations

au développement du théâtre contemporain et de la commu-nauté artistique locale. Ainsi un programme de formation et de développement dramaturgique aux artistes de la scène a été mis sur pied. Aussi, des soirées-rencontres avec les artistes sont organisées afin de créer des liens plus étroits avec le public. De plus, le Théâtre la Seizième reçoit l’appui financier du Patri-moine canadien, car pour chaque dollar versé par les donateurs, le Patrimoine en donne un.

Reconnaître la société anglophonePour sa 38e saison, le Théâtre innove avec une nouvelle ima- ge graphique ainsi que des représentations avec surtitres en anglais. Cela fait déjà quelque années que la salle offre au pub-lic la présence de surtitres, mais avant cela n’était possible que pour les productions locales. Cette année toutes les pièces de théâtre ont droit à leurs surtitres avec des représentations dédiées à cet effet. Le choix d’assister à une représentation avec sur-titres ou sans surtitres est ainsi laissé au public. « Le but des sur-titres est de reconnaître la so-ciété anglophone et de s’ouvrir à un plus grand public », affirme Craig Holzschuh. Avec toutes ces nouveautés et son engagement qui se renouvelle à chaque année, le Théâtre prouve qu’il est prêt à rester encore longtemps auprès des francophones et francophiles de la Côte ouest.

S’il y a une pièce de théâtre à laquelle il faut assister, c’est La Face Cachée de la Lune de Robert Lepage. L’histoire est celle de Philippe qui cherche un sens à sa vie après la mort de sa mère et qui découvre les enseignements que le ciel peut apporter à ceux qui y portent une attention par-ticulière. La pièce vaut le détour surtout pour la prestation d’Yves Jacques, seul comédien sur scène qui interprète tous les person-nages de la pièce. La pièce sera représentée le 6 novembre 2012 au Goldcorp Center for the Arts à 20 heures. Pour se procurer les billets à la carte, il faut aller sur le site internet www.sfuwood-wards.ca. Bref, le Théâtre la Seizième est l’endroit idéal pour une sortie culturelle hors de l’ordinaire.

avec une « thématique qui touche un public à Vancouver et cela peut être du théâtre engagé ou encore politique, mais pas nécessaire-ment » souligne Craig Holzschuh. La compagnie théâtrale tient ses représentations au Studio 16, la salle multifonctionnelle du Cen-tre Culturel francophone de la Co-lombie-Britannique. Cette année, la saison s’ouvrira avec la pièce de théâtre Porc-Épic, présentée du 16 au 27 octobre prochains.

Pousser les limites du Théâtre Le Théâtre la Seizième offre une programmation et des ateliers de théâtre aux jeunes francophones et francophiles. En effet, cette an-née, la saison se clôturera en av-ril avec Statut quo et Les 7 peurs d’Émile. La première est une pièce de théâtre qui s’adresse à un public âgé de douze ans et plus, et dont la représentation se fait par le biais d’une tournée dans les écoles et en salle, au Stu-dio 16. La deuxième s’adresse aux enfants de cinq à douze ans, et est représentée dans les écoles

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La Source 7Vol 13 No 7 | 25 septembre au 9 octobre 2012

Les acteurs de la francophonie

La Société radio communautaire de Victoria met le cap sur ces 5 ans

dans lequel j’essaye d’apporter à la fois du sérieux et de la détente. C’est l’après-midi, nous avons le temps de partager ce moment, ainsi que notre culture franco-phone, avec nos auditeurs. »

Le Téléjournal C.-B. et Yukon18h à 19h, présenté par Julie Car-pentier, originaire de la région de Montréal, il s’agit de sa quatrième année au téléjournal.Le visage de la francophonie en C.-B. et Yukon, c’est ainsi que l’on pourrait qualifier le téléjournal et Julie Carpentier. Le journal a comme priorité l’information du public, et ce peu importe la langue à l’origine de ces nouvelles. « Nous essayons bien entendu de privilégier les informations en français, mais nous sommes là avant tout pour couvrir l’actualité, de cette façon la langue n’est pas un critère de choix lorsque nous déterminons les sujets. »

Quand on lui demande ce qu’elle pense de son rôle dans la fran-

jEAn-bAPTIsTE lAsAyGUEsChef de la rubrique Espace francophoneNouvelles francophones, Radio-Canada en première ligne

’il y a un moment vraiment ex-citant dans la vie des médias,

c’est bien la rentrée. Pour Radio-Canada Colombie-Britannique et Yukon, la rentrée c’est l’occasion de faire évoluer les émissions, de faire connaitre de nouvelles voix et éclore de jeunes talents. C’est aussi l’occasion de faire le point sur leur nouvelle programmation. Que vous soyez musique, nou-velles internationales ou locales, sujets de société ou de culture, il y a de bonnes chances que vous trouviez ce que vous cherchez en allumant votre poste. Petite visite guidée des voix de la francopho-nie sur les bords du Pacifique.

Phare Ouest6h à 9h, émission animée par Myriam Fehmiu, d’origine mont- réalaise, c’est sa troisième saison à la barre de Phare Ouest.L’émission du matin, son but, vous donner envie de commencer la journée du bon pied. Cette année, l’émission évolue de façon à col-ler davantage à l'actualité. Fini les points d’information à heure fixe, aujourd’hui Phare Ouest se veut réactive et flexible. Les moyens d’y parvenir, le décloisonnement et les réseaux sociaux. L’émission est touche à tout : musique, culture, actualité, économie sans compter des entretiens réguliers avec des intervenants du monde entier.

A la question : « Qu’est ce qui différencie votre émission de ses homologues anglophones ? » Myriam Fehmiu nous répond « qu’en tant qu’émission d’une minorité linguistique, nous som-

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La rubrique Espace francophone s’intéresse aux acteurs de la fran-cophonie en Colombie-Britannique. Cette semaine, coup de projecteur sur la Société radio communau-taire de Victoria (SrcV).

La province ne compte qu’une seule radio communautaire francophone, et c’est dans la cap-itale qu’est née celle-ci. En octo-bre 1999, la Société francophone de Victoria (SFV) découvre une proposition originale du Dr

mes plus proches des auditeurs, dans l’instantané et la flexibilité. J’essaie d’apporter de la chaleur et de la bonne humeur au début de la journée. »

Midi Express12h30 à 13h, émission animée par Julie Landry, acadienne du Nou-veau-Brunswick, c’est sa deuxième année en tant qu’animatrice de Midi Express.L’émission d’information par excel-lence. Son but, présenter l’actualité de la province, du pays, du monde et… du web ! Midi-express est une émission rythmée, dans laquelle tous les sujets sont abordés : socié-té, nouvelles provinciales, culture, économie, sports… A noter les excel-lentes chroniques qui rythment le flux d’information, tant sur les su-jets légers tels que les derniers buzz internet qu'à travers des enjeux plus sérieux, internationaux et de société.

Julie Landry : « Nous sommes dans l’immédiat, dans l’instantané. L’émission va à cent à l’heure. On

n’a pas vraiment le temps de se retourner, mais c’est justement ce qui la rend intéressante. »

Boulevard du Pacifique15h à 17h, émission animée par Ma-rie Villeneuve, québécoise de Chi-coutimi, c’est sa première année en tant qu’animatrice de Boulevard du Pacifique. Et pour cause, Boulevard du Paci-fique est la nouvelle émission de la rentrée. Un pari que la radio a remis entre les mains de Marie Villeneuve après l’avoir repéré cet été. Touche à tout : à la fois comédienne, chroniqueuse, réa-lisatrice, technicienne télé, son grand atout est de connaitre les differentes facettes de la radio de A à Z. Son émission aborde essentiellement des sujets cul-turels et de société en les mêlant avec de la musique, essentielle-ment d'artistes francophones du monde entier.

Marie Villeneuve : « C’est un job très prenant, passionnant et

fait le point sur cette initiative avec les docteurs Jacques Vallée (Président du CA de la SrcV) et Fadia Saad (Directrice générale et animatrice de la matinale).

La Source : Comment fonctionne aujourd’hui la SrcV ?

Dr Jacques Vallée : Nous avons deux employés à temps partiel et surtout une vingtaine de béné-voles qui nous offrent leur temps et leur énergie. Nous fonction-nons avec deux studios, ce sont donc des moyens très modestes.

LS : Quels sont vos rapports avec Radio-Canada ?

DV : Nous entretenons très peu de rapports avec la SRC, nous ne sommes pas sur les mêmes créneaux. Par contre, ils nous ont fait don d’environ 2000 CD de musique qui ont bien étoffé notre discothèque.

LS : Comment jugez vous la situa-tion de la radio actuellement ?

Dr Fadia Saad : Nous som-mes encore une petite struc-ture, avec de petits moyens mais l’embauche de deux personnes, même à temps partiel, est un premier pas vers une assise plus stable. Je suis moi-même une femme d’affaire, et avec un po-tentiel de 30 000 auditeurs dans la région, j’ai bon espoir de trou-ver des sources de financement complémentaires aux subven-tions et aux dons que nous re-cevons, comme par exemple avec de la publicité.

LS : Pouvez-vous nous décrire la matinale ?

DS : J’essaye d’informer nos au-diteurs sur un peu tous les sujets, des nouvelles locales aux actuali-tés nationales et internationales. Comme je suis une scientifique au départ (NDLR : le Dr Saad pos-sède un doctorat en Microbiolo-gie et un MBA en finance et mar-keting), j’intègre aussi les sujets en rapport avec les domaines de la santé et de la recherche, le tout accompagné d’instants de dé-tente musicale.

LS : Quelle est votre implication dans la francophonie ?

DV : Nous sommes présents dans tous les événements fran-cophones organisés dans la ré-gion, que ce soit par la SFV ou d’autres organismes, nous te-nons à montrer que nous som-mes profondément engagés dans la francophonie.

LS : Quel conseil donneriez vous aux francophones qui souhai-teraient suivre votre exemple et créer leur radio ?

DV : Venez nous voir, on va vous aider !

cophonie et de la communauté elle-même, Julie Carpentier nous répond « c’est une communauté dif-ficile à saisir, mais très dynamique, surtout depuis les jeux olympiques. C’est aussi une communauté très diversifiée, de Kamloops à Mail-lardville en passant par Victoria et le Yukon. Je me sens très impliquée dans celle-ci, pour que vive la fran-cophonie, dans le journal mais aussi dans les réseaux sociaux. »

Espace Musique8h30 à 12h, présentée en Colombie Britannique par Monique Polloni.Loin des standards musicaux de la province, la chaine Espace Mu-sique de Radio-Canada présente avant tout des artistes franco-phones du monde entier : France, Afrique, Belgique, Québec et tout le Canada se retrouvent chez Monique Polloni, qui, comme elle nous l’explique, « invite les auditeurs dans son salon pour savourer de la musique et décou-vrir des artistes étonnants. »

partir de ce moment, les étapes s’enchaînent de façon à créer en octobre 2004 la Société radio communautaire de Victoria. La communauté francophone va se regrouper autour de ce projet et sa générosité ainsi que l’appui de Patrimoine canadien per-mettront à la radio de se mettre en onde pour de bon en novem-bre 2007.

Cet automne, la radio continue de vivre, et de croître. La Source

Jacques Vallée qui ne soumet rien de moins que le projet de créer une station de radio communau-taire en français à l'intention des francophones et francophiles de la région de Victoria. L’idée est rapidement adoptée et une étude de marché est menée grâce au soutien fédéral et à un chèque de 30 000$ octroyé par Ottawa en 2000.

En août 2001, l'étude appuie de façon positive le projet, et à

De gauche à droite : Myriam Fehmiu, Julie Landry, Marie Villeneuve et Julie Carpentier.

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Jocelyne et Marc, bénévoles à la SrcV.

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Matthieu Kassovitz.

et qui plaira autant aux petits qu’aux parents.

El gusto Safinez Bousbia (Algérie, France, Irlande, Emirats Arabe Unis)C'est en 2003, à l’occasion d’un voyage de fin d'études en Algé-rie, que Safinez Bousbia, la ré-alisatrice, découvre par hasard le monde des maîtres de la mu-sique chaâbi. La bonne humeur – el gusto – caractérise la musique populaire inventée au milieu des années 1920 au cœur de la Casbah d'Alger par le grand mu-sicien de l'époque, El Anka. Elle rythme l'enfance de ses jeunes élèves du Conservatoire, arabes ou juifs. L'amitié et leur amour commun pour cette musique qui

"fait oublier la misère, la faim, la soif" les rassemblent pendant des années au sein du même orchestre jusqu'à la guerre et ses bouleversements. El Gusto, Buena Vista Social Club algérien, raconte avec émotion et bonne humeur comment la musique a réuni ceux que l'Histoire a sé-parés il y a 50 ans.

L’exercice de l’état Pierre Schôller (France, Belgique)Auréolé de trois césars. Le min-istre des Transports Bertrand Saint-Jean est réveillé en pleine nuit par son directeur de cabinet. Un car a basculé dans un ravin. Il y va, il n’a pas le choix. Ainsi commence l’odyssée d’un homme d’Etat dans un monde toujours plus complexe et hostile. Vitesse, lutte de pouvoirs, chaos, crise

e cinéma francophone et plus particulièrement fran-

çais se porte bien. Voilà une cer-titude. Ce n’est pas le Vancouver International Film Festival (VIFF) qui débute le 27 septembre qui viendra contredire cette ten-dance. En effet, cette saison en-core le Festival du septième art propose un coup de projecteur sur les productions françaises et regroupe neuf films.

Mais le directeur Alan Franey insiste : « Il y a bien plus de films en rapport avec la franco- phonie que ceux que l'on retrouve dans le « coup de projecteur » sur la France. Au total, ce sont 57 films qui ont un lien avec la franco- phonie, à travers des pays comme le Sénégal, la Belgique, le Congo, la France ou même le Québec et ce, dans les domaines du tournage ou du financement. » Cette influence française a toujours été très forte lors du Festival. Cela s’explique de plusieurs manières selon le direc-teur, « la France a un profond re-spect et un attachement particuli-er pour le septième art. Le cinéma a une place très spéciale dans ce pays, il y est donc très soutenu en matière de moyens de réalisation et bien sûr de diffusion. » Mais ce n’est pas tout, la présence d’un si grand nombre de films répond à une demande particulière selon lui. « La communauté franco-phone en Colombie-Britannique et plus encore ici à Vancouver est très cultivée, fervente d’art et ins- truite en matière de cinéma. »

Mais alors côté production, peut-on parler d’une french

La touche francophone du Festival VIFFL

touch dans le paysage ciné-matographique ? « Les films, qu'ils soient francophones ou d'ailleurs ne se conforment pas à un style. On ne peut pas dire qu'il existe une touche française si ce n’est dans ses réalisateurs tra-ditionnels comme Jean-Luc Go-dard ou François Truffeau ». La nouvelle génération est faite de diversité, parfois émouvante à l’image d’Ernest et Célestine, par-fois polémique comme l’Ordre et la Morale ou encore dans la beauté de l’image comme Renoir. « l’important est de faire preuve de curiosité et de conserver un équilibre entre les styles », rap-pelle Alan Franey. « Alterner drame, comédie ou documen-taire par exemple. Nous met-tons aussi un point d’honneur à proposer l’exact opposé des blockbusters, nous voulons de l’innovation, de la subtilité ». Et pour cela, la sélection est minutieuse. Retrouvez donc quelques coups de projecteur sur l’éventail francophone à l’affiche cette année.

Ernest et Célestine Renner, Patard, Aubier (France, Belgique, Luxembourg)Dans le monde convention-nel des ours, il est mal vu de se lier d’amitié avec une souris. Et pourtant, Ernest, gros ours marginal, clown et musicien, va accueillir chez lui la petite Cé-lestine, une orpheline qui a fui le monde souterrain des ron-geurs. Ces deux solitaires vont se soutenir et se réconforter et bousculer ainsi l’ordre établi. Un film à découvrir en famille

par jUlIE HAUVIllE

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économique… Tout s’enchaîne et se percute. Une urgence chasse l’autre. A quels sacrifices les hom-mes sont-ils prêts ? Jusqu’où tien-dront-ils, dans un Etat qui dévore ceux qui le servent ?

Renoir Coup de cœur de Alan Franey1915. Sur la Côte d’Azur. Au cré-puscule de sa vie, Auguste Renoir est éprouvé par la perte de son épouse, les douleurs du grand âge et les mauvaises nouvelles venues du front : son fils Jean est blessé… Mais une jeune fille, Andrée, ap-parue dans sa vie comme un mir-acle, va insuffler au vieil homme une énergie qu’il n’attendait plus. Éclatante de vitalité, rayonnante de beauté, Andrée sera le dernier modèle du peintre, sa source de jouvence.

L’ordre et la morale Matthieu Kassovitz (France Nouvelle Calédonie)Avril 1988, Île d'Ouvéa, Nouvelle-Calédonie.

30 gendarmes retenus en otage

par un groupe d'indépendantistes Kanak.

300 militaires envoyés depuis la France pour rétablir l'ordre.

2 hommes face à face : Philippe Legorjus, capitaine du Groupe d'intervention de la gendarmerie national (GIGN) et Alphonse Dia-nou, chef des preneurs d’otages. À travers des valeurs communes, ils vont tenter de faire triompher le dialogue.

Mais en pleine période d'élection présidentielle, lorsque les enjeux sont politiques, l’ordre n’est pas toujours dicté par la morale...

Journal de France Raymond Depardon (France, Lybie, Tchad)C’est un journal, un voyage dans le temps. Il photographie la France, elle retrouve des bouts de films inédits qu’il garde précieusement : ses débuts à la caméra, ses reportages autour du monde, des bribes de leur mé-moire, de notre histoire.

Après Mai Olivier Assayas (France)Région parisienne, début des an-nées 70. Jeune lycéen, Gilles est pris dans l’effervescence politique et créatrice de son temps. Comme ses camarades, il est tiraillé entre un engagement radical et des as-pirations plus personnelles.

De rencontres amoureuses en découvertes artistiques, qui les conduiront en Italie, puis jusqu’à Londres, Gilles et ses amis vont devoir faire des choix décisifs pour trouver leur place dans une époque tumultueuse.

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Certains ne veulent pas en parler, d’autres trouvent ça cool ! »

Il attend le festival avec impa-tience « Peut-être certains auront des liens avec le quartier, des gens intéressés par la culture noire américaine, des curieux. J’apprendrai d’eux comme ils apprendront de moi, c’est un fa- buleux moyen de dialoguer. » Cette visite guidée lui permettra peut-être aussi de remplir les blancs en transmettant un héri-tage historique. Bien qu’il aime la musique et la poésie, comme il dit « je ne pense pas que je ferai la visite en rimes, les gens viendront pour la poésie des lieux. »

Hogan’s Alley Poetry Festival 2012 : Poetic JusticeDu 28 au 30 septembrewww.blackdotcollective.org/HAPF2012www.househistorian.blogspot.ca/

Matthieu Kassovitz.

l y a la grande et la petite his-toire, les événements histo-

riques et ceux marquant des vies. Bien souvent les circonstances historiques apportent leur lot de joies et de maux. Alors des maux aux mots, les communautés s’expriment et partage leur his-toire, leur culture. Le festival de la poésie Hogan’s Alley rassemble pour la seconde édition des ar-tistes qui nous transmettront culture à travers leur art. Et il se peut qu’il y ait de belles surprises.

A Strathcona, des performeurs, des poètes, des musiciens, des auteurs, des conteurs viendront mettre leur créativité au service de la transmission culturelle. Hogan’s Alley est le quartier his-torique de la communauté noire de Vancouver. C’est également ici que Jack Deighton, plus connu sous le nom de Gassy Jack, vint en 1865 avant de s’établir dans le quartier connu aujourd’hui sous le nom Gastown, ce que peu de personnes savent.

Les événements programmés permettront l’interaction entre le public et les artistes. Le festi-val a à cœur cette année de pla- cer la communauté noire en avant, ne serait-ce que par les lieux de programmation. A travers les récits, les mots de- viendront des liens entre le passé et le présent. Ils seront là pour faire partager l’âme d’une culture. Le quartier de Hogan’s Alley qui a contribué au partage ethnique entre les communau-tés, sera lui mis en avant.

L’âme des demeures, l’histoire d’un quartierParmi les artistes cette année, James Johnstone, chercheur spé-cialiste dans l’histoire des habita-tions, animera une visite autour de l’héritage de la communauté noire du quartier. Ce passionné d’histoire et amoureux de son quartier, a exploré les archives de près de 800 maisons dont plus de 300 dans le secteur. Ce sont les bruits de sa propre maison qui ont aiguisé sa curiosité. Après un déménagement dans une mai-son ancienne, les craquements lorsqu'il montait son escalier l'ont interpellé. Sa maison essayait de lui dire quelque chose. Il a cherché à en savoir plus, qui avait habité là avant lui. C'est ainsi qu'il a com-mencé ses recherces et que la pas-sion est née. Il s'est rendu compte que les maisons avaient toutes des liens de par leur histoire.

Auparavant James Johnstone était guide pour les touristes japonais suite aux attentats du 11 septembre 2001, ce tourisme s'est effondré et l'historien s'est retrouvé sans emploi. Ses voi-sins et les habitants de ces mai-sons lui ont conseillé d'en faire

L'homme qui murmurait à l'oreille de Hogan's Alley

Ipar nOElIE VAnnIER son métier et de découvrir les se-

crets des demeures.Cet ancien guide s'est alors

spécialisé comme historien des maisons, conteur de l’histoire du quartier. Ses passions pour la géographie, l’histoire, l’architecture, et les langues s’y trouvent combinées.

Si chacun sait que Jimi Hen-drix a vécu à Vancouver dans ce quartier, qui sait que ce champion de boxe italien changea de nom car sa mère n’aimait pas le savoir bo-xer, ou bien les 2 frères noirs qui signèrent la Charte de la ville de Vancouver en 1886 à une époque où les noirs étaient victimes de discriminations, c’est l’histoire de Vancouver et pas seulement celle d’un quartier que portent ces maisons. Comme il explique : « Il y a beaucoup de connections avec l’histoire noire ici et beaucoup de fierté pour cette communauté. » Il connait chaque maison. « Ce ne sont pas de grandes histoires mais elles sont fascinantes. Le com-bat des familles immigrantes, la manière dont les gens se sont dé-brouillés pour faire vivre leur fa-mille, j’y suis sensible. » Générale-ment les gens sont contents mais « parfois on découvre des événe-ments pas très heureux voire tragiques qui ont pu arriver dans les maisons comme des morts, des suicides et parfois des meurtres.

James Johnstone devant la maison Dunlevy.

Les maisons livrent leurs secrets.

Erratum Mille excuses aux lecteurs et lectrices de l’édition du 11 septembre 2012 de La Source.

Suite à des contingences techniques insurmontables survenues durant la production de la version papier de l’édition du 11 septembre, des coquilles, petites et grandes, indésirables et fâcheuses, se sont invitées à l’impression du journal, à l’insu des gardiens farouches de la langue française.

La Source tient à présenter ses excuses auprès de son fidèle lectorat.

La rédaction

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10 La Source Vol 13 No 7 | 25 septembre au 9 octobre 2012

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Fête de la Culture 2012www.culturedays.caDes musicales de Broadway à SurreyAmbiance parisienne30 septembre 2012, 11h à 17h Studio 195, 195 ave Pemberton, Vancouver Nord. Gratuit.

Si l’envie vous prend, en ce diman-che 30 septembre, de déguster un croissant dans un studio d’artistes tout en découvrant leurs pein-tures, sculptures et autres œuvres d’art, c’est bien à Vancouver Nord qu’il vous faudra vous rendre ce dimanche 30 septembre.

* * *Ne jetez plus, recycler !29 septembre, 13h30 à 15h120 14ème rue Ouest, Vancouver Nord. Gratuit.

Ne jetez plus vos vieux magazines ou vos vieux chandails, venez plutôt apprendre à les recycler en enveloppes pour les premiers, en coussins pour les seconds. Cet atelier proposé par Denise Corc-oran vous montrera comment re-découvrir une utilité à ces choses que vous vous apprêtiez à jeter.

* * *Apprenez les rudiments de la batterie 28 septembre, 13h à 16hMarché culturel de Leigh Square 2253 Leigh Square (derrière la mairie) Port Coquitlam. Gratuit.

John Kurucz offre l’occasion aux personnes de tous âges d’évaluer leur chance de commencer une nouvelle carrière de batteur ou simplement… de s’amuser.

e Centre des Arts de Surrey présente des extraits de co-

médies musicales de Broadway à l’occasion d’une soirée au bé-néfice de la banque alimentaire de Surrey, le 29 septembre. Du Fantôme de l’Opéra à Evita en pas-sant par Les Misérables ou encore My Fair Lady, ce spectacle revisite quelques uns des grands moments des spectacles de Broadway.

Une idée qui vient du cœurChristopher Simmons et Debra DaVaughn sont les producteurs et principaux interprètes de cet évènement. Christopher expli-que la genèse de cet évènement « En 2005, nous avons voulu man-ifester notre reconnaissance à la commune de Surrey qui a tou-jours été d’un tel soutien pour nous. 80% des levées de fonds ayant lieu traditionnellement au moment de Noël, nous avons commencé à présenter un spec-tacle lyrique pour Thanksgiving. »

Car c’est dans l’art lyrique que ce ténor s’est fait une réputation en chantant du Bach, Mozart ou Verdi. Leur premier spec-tacle de charité The Promise of Living avait permis de récolter 6000 dollars pour la Banque alimentaire de Surrey. « L’opéra s’adresse à un public bien spéci-fique et nous voulons cette année avec A Night in Broadway toucher un public plus large et récolter, si nous faisons salle comble, 20 000 dollars dont l’intégralité sera reversée, comme chaque an-née, à la Banque alimentaire. », s’enthousiasme Christopher. Can-dide fait partie des extraits choi-sis par Christopher et Debra : « La musique de Candide de Leon-ard Bernstein est tellement bien écrite. Ça peut être à la fois con-sidéré comme de l’opéra et de la comédie musicale, c’est vraiment

Si vous avez des évènements à annoncer contactez-nous à l'adresse courriel suivante :[email protected]

récentes. Pour Vanessa, c’est l’occasion de réaliser son rêve d’interpréter certains airs célè-bres : « j’interprète All that Jazz dans le spectacle. C’est une chan-son vraiment spéciale pour moi car j’ai toujours voulu l’interpréter. Je chante aussi Mein Herr et ça sera vraiment amusant à faire pour moi car c’est du cabaret. »

Il y aura deux spectacles le même jour, l’un en matinée et l’autre en soirée, avec la volonté de les mettre à portée de toutes les bourses en faisant appel à un financement privé. Et quand nous interrogeons Christopher Simmons sur les goûts du public britanno-colombien : « Le public a tendance à être plus tradition-naliste qu’avant-gardiste mais il ne rejette pas pour autant la nouveauté comme par exemple lorsqu’il y a trois ans nous avons présenté des morceaux chantés tout en français à l’Eglise Unie de Langley. Cela n’était pourtant pas facile pour le public mais ils ont adoré et en ont même rede-mandé ! »

Surrey Arts Centre13750 88e avenue, Surrey www.surreyfoodbank.orgou www.surrey.ca

sage m’avait dit : « Hélène, en Amérique du Nord rien n’est ja-mais acquis ! » Et c’est vrai, rien ne l’est ! C’est au travers de mes différents emplois, stages et bé-névolats que j’ai pu réaliser que le Canada était un endroit où on pouvait créer littéralement sa vie. Une créativité empreinte parfois d’angoisse, de peur du lendemain, mais c’est aussi la capacité de tout un chacun de savoir rebondir. Ma cérémonie de citoyenneté c’est une boucle qui s’est bouclée sur quatre ans et demi d’apprentissage pour rester au Canada. Je n’oublie pas qui je suis, ni d’où je viens (mon grand-père s’en retournerait dans sa tombe). La France sera toujours mes racines, mon ber-ceau natal, mon sang puisque toute ma famille est là bas. Mais le Canada, c’est tout simplement une extension de moi, le jardin que je cultive ! Comme quoi on peut être Française et Cana-dienne, je crois que ça s’appelle être Franco-canadienne ! Et j’en suis fière, « keep calm and carry on » est devenue depuis lors ma devise !

pour arriver à l’entrée du Paci-fique. Un si long parcours guidé par une seule chose : l’envie d’évoluer. Le Canada est une terre d’immigrants et c’est sur la base de l’immigration et du multiculturalisme que s’est construite l’identité ca-nadienne. C’est sur cette même base que j’ai eu envie de sortir de la masse, de m’extraire d’une identité européenne forte de ses origines et de son identité culturelle, mais parfois étouf-fante et rigide pour ses propres enfants. Je viens d’un endroit où quand on est jeune, on n’a pas la même place que des personnes plus âgées. Ici la jeunesse, c’est le fuel de cette société. Les je-unes sont beaucoup plus con-sidérés. On peut essayer, rater, recommencer, apprendre et pour finir avancer, parce qu’on apprend toujours de ses expéri-ences passées.

A la veille de mon départ pour Vancouver, j’ai eu une conver-sation téléphonique avec un homme immigré depuis de très nombreuses années. Et ce vieux

Suite “Verbatim” de la page 1

Christopher Simmons et Debra DaVaughn.

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drôle ! » Quant aux Misérables de Victor Hugo : « C’est de la mu-sique plus populaire mais c’est très émouvant. »

Six chanteurs et chanteuses et cinquante enfantsLe choix des comédies musicales s’est fait en fonction des voix des autres chanteurs qui ont inspiré Debra (soprano) et Christopher (ténor). Parmi eux, Joel Klein, baryton, décrit par Christopher comme étant « un excellent acteur à la voix riche et merveilleuse. » Tamara Croft, mezzo soprano, fait également partie du spectacle : « C’est plus une chanteuse de jazz, elle a une voix fantastique. » Et puis il y a les cinquante enfants du chœur de White Rock : « Nous venons juste d’avoir une répé-tition avec eux et ils sont incroy-ables ! Matthew Bissett, notre di-recteur artistique, a cette façon très personnelle de s’approprier la musique et l’histoire et de les retravailler à sa façon, ce que nous découvrons au fur et à mesure. »

La danse étant une compos-ante majeure des comédies mu-sicales de Broadway, nous avons

voulu parler à la chorégraphe/Soprano Vanessa Coley-Donohue qui nous a répondu en français : « Je chante depuis l’âge de trois ans. Ça fait six ans que je fais de la comédie musicale. » Vanessa chante dans le spectacle en plus d’en régler la chorégraphie : « Ce concert est vraiment unique car on a choisi les meilleures mu-siques, les chansons les plus con-nues. » Elle enseigne également le ballet et le chant aux enfants : « La danse est un moyen de com-muniquer qui va bien au-delà des mots et du chant. »

Des airs que nous connaissons tousLa sélection des extraits de co-médies musicales s’est faite avec la volonté de mélanger des airs connus avec des chansons plus