ib suzanne pairault véronique 05 véronique à la barre 1967.doc

8/9/2019 IB Suzanne Pairault Véronique 05 Véronique à la barre 1967.doc

1/184

1


2/184

2


3/184


4/184

VÉRONIQUEA LA BARRE

0


5/184


6/184

SUZANNE PAIRAULT

VERONIQUEA LA BARRE

ILLUSTRATIONS D'ALBERT CHAZELLE

HACHETTE

317


7/184

Série Véroniq e

L! "or# ne $e Véroniq e 1%& no 73llustrations de eanne 4ives 5d

Véroniq e en (!)i**e 1%&& no %3llustrations d67lbert $ha8elle 5d

Le R!**+e $e Véroniq e 1%&7 no 1,-3llustrations d67lbert $ha8elle " 5d

Véroniq e . P!ri/ 1%01 no , &3llustrations d67lbert $ha8elle 5d

Véroniq e . *! 2!rre 1%07 no 3173llustrations d'7lbert $ha8elle 5d

9


8/184

: Librairie Hachette, 1967 ,.ous droits de traduction, dereproductionet d'adaptation réserves pourtous pa+s


9/184

I

3< NEdescendait pas beaucoup de monde, ce soir"l , la petite gare de %uin+ =uand les deu> feu> arri(re du tortillardse furent éteints dans l'obscurité, ilne restait plus sur lequai qu'une grande fille d'environ quator8eans, vêtue d'un bla8er bleu marine sur lequel retombaientd'épaisses bouclesde cheveu> rou>

? @ar ici A B lui cria l'emplo+é pressé de fermer lagré &usqu'au lendemain

Elle sedirigea vers la sortie, donna son billet, puis repritsa lourde valise @ersonne du campde voilene viendrait donc

sa rencontre# !ais soudain une haute silhouette

C


10/184

sortit de l'ombre, quelqu'un lui prit sa valise desmains ? )éronique )a+ssi(re, c'est vous# demanda une

voi> masculine D ui, c'est moi B, répondit"elle &o+eusement7doptée par ! )a+ssi(re, qu'elle aimait comme un véritable p(re, il lui était tou&ours agréable de s'entendre appeler de sonnouveau nom

7 la lueur de la lanterne, elle regarda celui qui lui parlait$'était un grand gaillard tr(s blond, au> +eu> clairs

profondément enfoncés sous des sourcils en broussaille 3lavait un gros chandail et un foulard noué autour du cou? e vais vous porter Fa au> %oélands B, dit"il bri(ve"

ment)éronique était un peu déFue G personne du club, ce

qu'elle vo+ait, ne s'était dérangé pour venir l'attendre $egarFon, avec son aspect rude, ressemblait plutHt un indig(nede la région

? )ous êtes des %oélands# B demanda"t"elle pour êtreaimable, tandis qu'il l'entraInait vers une deu>"chevau> sta"tionnée devant la gare

? e suis le moniteur du camp B33 ne lui demandait même pas si elle était fatiguée, si elle

avait fait bon vo+age 3l &eta la valise sur le si(ge arri(re de lavoiture, et, comme elle s'apprêtait + monter, l'arrêta

? @as vous, dit"il 'ai encore plusieurs courses faire %uin+ )ous pouve8 marcher &usqu'au camp, il n'+ a pas plusde deu> Jilom(tres

D e ne suis pas pressée, dit )éronique, &e peu> vousattendre, si vous voule8 B

Jilom(tres# =uand on vient ici,

1L


11/184

il ne faut pas avoir peur de se fatiguer u alors ce n'est pas la peine B

33 avait parlé si brusquement que les larmes mont(rent

au> +eu> de )éronique $e n'était pas qu'elle craignIt de sefatiguer G elle avait passé toute la &ournée assise en Magon etne demandait qu' se dégourdir les &ambes !ais arriver danscet endroit nouveau, toute seule, en pleine nuit

? cHtés, elle apercevait des lumi(resG lesquelles étaient celles du camp#

Enfin elle découvrit un poteau indicateur 4eureusement,elle avait une lampe de poche; elle s'approcha et déchiffra lesinscriptions $elle de gauche, demi effacée, indiquait un lieuinconnu; celle de droite, le phare, dont les éclats perFaient lanuit intervalles réguliers 7u"dessus, fraIchement repeint en blanc, le nom qu'elle cherchait G ? $amp de )oile des%oélands B

)éronique prit le chemin de droite Un peu plus loin, elletrouva une autre bifurcation et hésita de nouveau 7 droite,

11


12/184

elle distinguait dans le lointain la silhouette du phare; gauche, plus pr(s d'elle, une masse sombre, avec plusieursfenêtres éclairées

? $ette fois, se dit"elle, c'est l A BOevant la maison, pr(s de quelques barques retournéessur le sable, des m-ts étaient couchés avec leurs voiles serrées7 cHté de la porte, des brassi(res de sauvetage en n+lon orangeformaient une pile désordonnée actement remplaFant du directeur, puisque ! Qard, qui occupe habituellement ce poste, ne pourra venir que dans deu> mois e commenFais m'inquiéter de vous )ous n'ave8 donc pas trouvé acques la gare#

D Ri, mais ce monsieur D celui qui est venu mechercher D m'a dit de venir pied et qu'il m'apporteraitma valise

D .ou&ours aimable, notre moniteurA dit ! @aul Enfin,Fa ne fait rien, puisque vous êtes l 'ai fait retarder ledIner &usqu' votre arrivée 3ci le service estsimplifié, ce sont les &eunes qui font tout D sauf la cuisine,heureusement, sans quoi &e pense bien qu'on ne mangerait pastous les &ours e vais sonner la cloche pour prévenir que vousêtes arrivée B

33 agita vigoureusement une corde suspendue derri(re la porte d'entrée @uis il fit entrer )éronique dans une grande

12


13/184

« Ah, vous voilà! » dit-il.

1/


14/184

salle basse, au milieu de laquelle il + avait une longuetable entourée de bancs


15/184

$'était une grande fille tr(s blonde, si h-lée dé& que sonvisage paraissait plus foncé que ses cheveu> )éronique,quoique asse8 intimidée, lui tendit la main

? )ous êtes une amie de enaud Oerrien, n'est"ce pas# Blui demanda"t"elle


16/184

D 7hA l A l A ce que Fa peut être difficile, lesfillesA soupira obert, un gros garFon au> &oues pleines, en seservant une grande assiettée de soupe au poisson

D n sait bien que pour toi il n'+ a que la quantité quicompte A B rétorqua $hantai d'un air pincé)éronique, elle, mangeait la soupe de bon appétit !ais

le &ambon et les pommes de terre qui suivirent furent éga"lement l'ob&et de vives critiques de la part de plusieursmembres du club Elle remarqua que c'étaient tou&ours lesmêmes qui se plaignaient G quatre ou cinq filles et trois

garFons groupés autour de !arie" dile pliqua tout bas 7ndré )éronique Elle se figurequ'elle a le droit d'+ faire la loi 4eureusement, le directeur habituel ne l'écoute pas; ! @aul, qui n'est qu'un remplaFant, amoins d'autorité, mais il commence la connaItre =uant aumoniteur, oh A l A l A

D $omment le trouve8"vous, le moniteur# demanda)éronique

D O'abord, ne me dis pas ? vous B, ici tout le monde setutoie, c'est la r(gle =uant acques, nous avons beau"coup de chance de posséder un marin comme lui; celui de l'andernier ne le valait pas, loin de l

D 3l ne m'a pas paru tr(s aimable D 7h A Fa, il ne faut pas lui demander de faire des frais A

'ai l'impression que toutes ces filles 1 agacent avecleurs mani(res @our la voile, en revanche, il n'+ a pas mieu>r, mes copains et moi, c'est tout ce qui nous intéresse

D !ais moi aussi A B assura )éronique7ndré la regarda d'un air de doute )éronique, qui ne comprenait pas la plu"

1


17/184

part des termes qu'on emplo+ait, gardait le silence Ellese rendait compte que la plupart de ses nouveau> camaradesétaient des navigateurs e>périmentés

? e n'aurais peut"être pas dV venir ici, se dit"elle, moi quine sais rien !ais &'ai tellement envie d'apprendreA B7pr(s le dIner, les garFons se rendirent au village


18/184

D $'est vrai, approuva la brunette qu'on appelait $laudeEn dehors du moniteur, &e ne vois pas qui B

!arie" dile l'interrompit brusquement G

?


19/184

D Encore ne te plains pas, dit $hantai $e qu'il peut m'attraper, moiAB

7 ce moment, on entendit une voiture s'arrêter devant la

maison =uelques instants plus tard, acques, portant la valise,entrait dans la salle? 7lors, tu es bien arrivée# B demanda"t"il )éronique


20/184

? 'Alors, tu es bien arrivée? » demanda-t-il à Véronique.

2L


21/184

D 5coute, dit !arie" dile, si nous commenFons fairedes passe"droits,nous n'ensortirons pas

D Ka t'est facilede parler,toi qui téléphones ta m(re

toutes les fois quetu as quelque chose lui demanderA Briposta $laude)éronique ne voulut pasenvenimer la discussion Elle

déclaraqu'elle écriraitle lendemainet on éteignit la lumi(re!ais, a peine au lit,elle commenFa penser son p(re, audésappointementqu'il éprouveraiten nerecevant pas de lettre

ce premier courrier

Elle avaitle cPur sigros qu'elle faillit se mettre pleurerEllel'aimait tant,son p(reA$eu> qui n'étaient pas passés parlne pouvaient pas comprendre ce qu'elleéprouvaitGapr(s uneenfance malheureuse, ballottée d'orphelinaten orphelinat,avoirtout coupun p(re comme les autres !eilleur quelesautresA n aurait dit que le trop"plein d'amour inutilisé pendant des années n'en finissait pas dedéborder

.out coup, par la fenêtre ouverte, )éroniqueaperFutune lumi(re au"dehors $'était une lampe"tempête qu'onlaissait suspendue toute la nuit au"dessus de la porte d'entrée$ela n'éclairait pas beaucoup,maisce serait suffisant

)éronique se leva sans bruit, prit son bloc de papierlettres dans sa valiseet en&ambale rebord de la fenêtre

Oehors, il n'+ avait personne


22/184

camp me pla t beaucoup( c'est un peu comme si on #tait d#j bord! )a sent une bonne odeur de mer et de go#mons!

*l + a pour le moment une quin aine de membres, gar-ons et

.illes! "e ne les connais pas encore, mais de toute .a-on /enaud doit arriver dans quelques jours!!!

Elle ferma l'enveloppe, la timbra et la glissa dans la boItequ'avait désignée acques @uis, doucement, sur la pointe des pieds, elle regagna le dortoir 7u moment oW elle allait s'endor"mir, elle entendit des voi>; c'étaient ses deu> voisines, !arie"

dile et $hantai, qui parlaient dans l'obscurité? =u'est"ce que tu en penses, toi, de cette fille# B deman"dait !arie" dile

)éronique comprit qu'il s'agissait d'elle Elle n'aurait peut"être pas dV écouter, mais elle ne put s'en empêcher

? !oi# disait $hantai, &e ne sais pas encore Elle a l'air plutHt gentille

D e ne trouve pas, moiA déclara !arie" dile avecforce enaud avait bien besoin de nous l'envo+er e medemande quoi il a pensé

D .u es &alouse, avoue"le, parce que c'est enaudqui l'envoie, dit $hantai .u as peur qu'il s'occupe plus d'elleque de toi

D alouse, moiA protesta !arie" dile D n ne peut pas dire, elle est plutHt &olie D 7vec ces cheveu> rouges A e sais bien que tous les

goVts sont dans la nature, mais quand même En ce qui meconcerne, &'ai l'intention de m'occuper d'elle le moins possibleGnous ne sommes pas ici pour faire la leFon au> débutantes

D @our cela, acques s'en chargera, dit $hantai D


23/184

« Qu'est-ce que tu en enses, toi, de cette ille? » demandait "arie-#dile.

2/


24/184

avons &oué au> billes sur le port avec luiA En tout cas, tantqu'il sera ici, &'esp(re qu'il la m(nera un peu la baguette Elledoit en avoir besoinA e parie qu'elle n'a même &amais vu un

bateau D Elle dort, &'esp(re# dit $hantai en prêtant l'oreille D !ais bien sVrA Taisons"en autant, tu sais qu'il faut se

lever tHt B)éronique avait les larmes au> +eu> G pourquoi ces filles

la détestaient"elles# 5tait"il vrai, comme le disait $hantai, que!arie" dile lui en voulait d'être une grande amie de enaud#

$ontre cela personne ne pouvait rien; si elle était au>%oélands, c'est parce que enaud l'+ avait engagée, il pensaitqu'elle + passerait des vacances agréables 4eureusement, ilarriverait bientHt, ce moment"l , tout changerait

!ais elle était heureuse d'avoir dé& écrit son p(re Rielle devait le faire maintenant, elle ne serait peut"être pascapable de lui cacher son chagrin Et lui causer de la peine,cela, elle ne le voulait pour rien au monde A

20


25/184

II


26/184

4eureusement, avec ce beau soleil, il était difficile derester longtemps triste Elle avait préparé la veille, en défaisantsa valise, le pantalon et le chandail qui constituaient son

uniforme de marin; elle les revêtit avec plaisir et noua leslacets de ses tennisOans les lits voisins, les filles s'éveillaient peu peu; les

unes s'étiraient, les +eu> encore bouffis de sommeil, les autressautaient bas du lit et chantaient =uand !arie" dile ouvritles paupi(res, elle adressa )éronique un ? bon&our B bref,destiné évidemment repousser toute tentative de familiarité

)éronique lui répondit sur le même ton narines; sur latable il + avait des pots de lait, d'énormes miches de pain, unemotte de beurre

? acques n'est pas encore rentré de la gare# demandaquelqu'un

D 3l attend le courrier de @aris, tu sais bien que le train atou&ours du retard B

7 ce moment, acques fit son apparition 3l marmonna unvague ? salutA B auquel )éronique et deu> ou trois garFonsrépondirent seuls; la bande de !arie" dile, visiblement, tenait garder ses distances @uis il s'assit au bout de la table etcommenFa distribuer le courrier

)éronique ne pensait pas, peine arrivée, recevoir denouvelles 7 sa grande surprise, il + avait une enveloppe sonnom G elle reconnut l'écriture de enaud )o+ant tous lesautres ouvrir leurs lettres, elle décacheta vivement la sienne

"e ne t'#cris qu'un mot, disait enaud, pour que tu ne te sentes pas trop d#pa+s#e en arrivant au$ %o#lands! "'esp0reque

)E N3=UE 7


27/184

la bande t'a .ait bon accueil, mais je sais que la vie lbas est asse dure! 2rends les choses du bon c3t# et d#p4chetoi de .aire des progr0s pour que nous puissions naviguer

ensemble!

Un post"scriptum suivait G ? 5ais mes amiti#s au$copains et en particulier arie dile! B $ela, c'était gênant,maintenant qu'elle savait ce que !arie" dile pensait d'elle@as mo+en de l'éviter, pourtant )éronique, rougissant malgréelle, balbutia G

? 'ai un mot de enaud G il me charge de ses amitiés pour vous tous et surtout pour toi, !arie" dile B$elle"ci se contenta d'incliner la tête $hantai lui &eta un

regard malicieu>? Eh bien, dit"elle )éronique, il ne perd pas de temps

pour t'écrire, enaudA )ous êtes vraiment grands amis, ceque &e vois A

D En effet B, dit simplement )éronique Ellereprit sa lettre et la relut $'était si gentil enaud desonger lui rendre l'arrivée plus agréable 3l pensaittou&ours au> autres, &amais lui

acques avalait son dé&euner en h-te 3l faisait du bruit en buvant son café, ce qui provoqua che8 !arie" dile une mouede dégoVt =uand il eut fini, il prit la parole

? e pense que ce matin vous pourrie8 aller la baie des!ouettes; 7ndré serait chef de file @endant ce temps, &ecommencerai m'occuper de )éronique

D !ais, dit $hantai, est"ce que nous ne devions pasfaire le tour des RJiffs#

D 'aime mieu> que vous n'+ allie8 pas sans moi Nousirons cet apr(s"midi

D


28/184

acques hésita un instant ? $'est vrai, reconnut"il Eh bien, nous irons au> RJiffs ce matin '

D 7 propos, qui est"ce qui fait le ménage, au&ourd'hui#

demanda $laude 3l me semble que c'est ton tour, !arie"dile B$elle"ci se tourna vers )éronique ? .u es nouvelle, c'est

toi de t'+ mettre, déclara"t"elle ! @aul te le dirait, s'il étaitl

D @uisque tu me le dis, Fa suffit, répondit )éronique ene sais rien, mais &'ai de la bonne volonté .u n'as qu'

me montrer ce qu'il faut faire D hA ce n'est pas difficile Nous avons tous retapé noslits .u balaies par terre et tu nettoies les lavabos

D Oemain ce sera un garFon, dit 7ndré .u comprends,nous faisons Fa chacun tour de rHle

D Entendu, &e le ferai B)éronique descendit malgré tout avec eu> pour les voir

s'embarquer En sortant, les stagiaires prenaient une brassi(rede sécurité sur la pile, et l'enfilaient tout en descendant vers la &etée Une di8aine de bateau> étaient amarrés le long du quai ;ils + montaient deu> par deu>, l'un prenant place l'avant,l'autre l'arri(re )éronique entendait prononcer toutes sortesde mots qu'elle ne comprenait pas G écoute, foc, corps"mort, l'un derri(re l'autre, sortirent du bassin lagodille

? QientHt &'en ferai autantA B pensa"t"elle, ravieElle se rappela ce que lui écrivait enaud G ? Tais vite des

progr(s pour que nous puissions naviguer ensemble B hAoui, elle allait en faire, des progr(sA

@erdue dans ces agréables pensées, elle remonta gaiement la maison' se mettre ses t-ches ménag(res ! @aul étaitrentré, elle lui demanda oW se trouvaient les balais

? 7hA c'est dé& toi qui es de corvée# lui dit"il Eh bien

2


29/184

va dans le réduit qui est avant votre dortoir; tu trouverasun faubert et des Massingues B

)éronique ne connaissait ni l'un ni l'autre mot G déci"

dément, le langage des %oélands n'était pas la portée de toutle mondeA Elle n'osa pas demander d'e>plication et se dirigeavers le réduit qu'on lui indiquait G elle + trouva des brosses,une quantité de chiffons sales et une sorte de gros torchonemmanché d'un b-ton


30/184

courageusement, elle commenFa récurer la salle dedouches et les lavabos

=uand elle eut fini, elle décida de répondre enaud

pour le remercier Elle alla trouver ! @aul et lui demanda unecarte postale du camp ; elle en avait vu la veille sur son bureau

? .u tombes bien, dit"il, tu vas remplir tes papiers7ssieds"toi l B

=uand la feuille fut remplie, il la regarda avec attention? .u ne serais pas de la famille de $harles )a+ssi(re,

l'e>plorateur# D $'est mon p(re, dit fi(rement )éronique D .on p(re# e cro+ais que $harles )a+ssi(re n'était pas

marié D e suis sa fille adoptive D .iens, tiensA dit ! @aul Et depuis quand# D Oepuis deu> mois 3l m'avait vraiment adoptée avant,

mais il faut du temps pour les formalités B! @aul hocha la tête? Un grand bonhomme, ce $harles )a+ssi(re A Un

fameu> navigateur aussiA 3l faut t-cher de te montrer digne delui

D 'en ai bien l'intention, dit )éronique $e matin &e ne peu> pas encore naviguer, mais &'ai pensé que &e pourraismarcher &usqu'au phare

D e ne te le conseille pas, dit ! @aul Ri tu veu> voir le phare, tu pourras + aller en un quart d'heure en bateau; par la route, il te faudrait deu> bonnes heures

D 'ai pourtant vu tout pr(s d'ici un poteau D ui, mais la route s'est effondrée sur plus de

vingt m(tres @our aller au phare par terre, il faut passer %uin+

/L


31/184

D l oW le train t'a laissée hier D et faire le grand tour par @ort"$let

D 7lors en tout cas &e n'irai pas ce matin, dit )éronique

D .u peu> rester sous la véranda; il + a des livres pour t'occuper &usqu'au dé&euner BOe la véranda, la vue était magnifique sur la mer et sur

toute la cHte Une grande biblioth(que placée le long du mur contenait en effet une quantité de livres, dont la plupartavaient été laissés par des membres du club leur départ Rur un ra+on séparé se trouvaient plusieurs ouvrages concernant la

navigation voile? )oil ce qu'il me faut A B pensa )éroniqueElle prit celui qui lui parut le plus sa portée, parce qu'il

contenait un grand nombre d'illustrations G coupes et plans de bateau>, images de cordes et de nPuds Elle s'installa devantla vitré et commenFa sa lecture ? e ne navigue pas,

/1


32/184

mais &e ne perds pas mon temps B, se disait"elle au> voiles blanches éplo+éesA naurait vraiment dit une troupe de goélands volant au ras de lamer

Elle descendit sur la &etée pour accueillir ses camarades? Ka s'est bien passé# demanda"t"elle )ous êtes contents# B=uelques"uns lui répondirent gaiement, d'autres peine rude appela G

? !arie" dileA B$'était acques, resté le dernier sur le quai !arie" dile

commenFa par se retourner d'un air f-ché, comme pour dire G ?=ue me voule8"vous# B !ais acques restait debout l'e>trémité du mHle, désignant du doigt le bateau que la &eunefille venait de quitter !arie" dile hésita un instant, puisredescendit la &etée

? e ne t'ai pas dé& répété plusieurs fois qu'on n'amarre pas un bateau aussi court# lui dit acques


33/184

@uis elle sortit de sous un banc des ballons de toile bourrés de mousse de pol+éth+l(ne et en amarra trois dechaque cHté en les faisant pendre l'e>térieur de la coque

? Ka va, dit acques !ais ne recommence pas, ou &e tedonne un bl-me B!arie" dile remonta la &etée sans se retourner =uand

elle re&oignit les autres, $hantai lui lanFa G? Eh bien, tu t'es encore fait attraper, il me semble # D .out de même il avait raison, dit 7ndré, ton amarre

était courte 'ai failli te le dire moi"même, mais tu ne m'aurais

pas écouté D Oans le midi &'amarre tou&ours comme Fa, dit !arie"dile

D En !éditerranée ce n'est pas la même chose G il n'+ a pas de marées

D En tout cas, tu n'as pas répliqué A railla $hantai D @arce que mon grand"p(re m'a recommandé de

donner l'e>emple de la discipline !ais &'arriverai nousdébarrasser de ce acques, tu verras A B

7 table, elle n'ouvrit pas la bouche compagnons, mais sans insister G elle ne

//


34/184

voulait pas lui dire combien certains d'entre eu> luiétaient antipathiques

=uand elle eut fini, elle reprit son livre de navigation

=ue de choses elle avait apprendre avant l'arrivée de enaudA !ême si elle n'était pas encore bien forte, elle ne voulait pas,devant lui, avoir honte de son ignorance

=uatre heures arriv(rent rapidement Elle descendit sur la &etée en tremblant un peu amais aucun de ses professeurs dul+cée ne lui avait fait aussi peur que ce acquesA

3l était dé& l , dans un des bateau>, et l'aida + des"

cendre? 7ssieds"toi, dit"il 3l faut d'abord que &e te montre lesdifférentes parties du bateau, sans quoi tu ne comprendras rien ce que &e t'e>pliquerai < "bas, nous avons deu> Tinn $elui"ci, c'est un )aurien .u vois qu'il a deu> voiles G la grande, etcette petite triangulaire l'avant

D actement ée la grand"voile, c'est la borne G tu voisqu'elle est retenue l'arri(re par cette corde, qui est

D


35/184

&our, tiens, &'avais un des garFons comme équipier; &e luidis que son point d'écoute est accroché, eh bien, il m'am(ne lefoc en pensant que &e voulais parler du point de drisseA Un

gars qui navigue depuis un mois A $'est incro+able A D e pense que vous l'ave8 attrapé B, dit en riant )éro"nique qui pourtant ne se rendait nullement compte del6énormité de la faute

$hose étonnante, acques, lui aussi, se mit rire? ui, &e ne suis pas tou&ours poli, &e sais !ais apr(s tout

&e suis ici pour leur apprendre 7pproche"toi, que &e te montre

manPuvrer l'écoute de foc B)éronique s'appliqua de son mieu>; au bout d'unmoment, acques détacha le bateau et l'éloigna du bord lagodille, tout en restant dans le bassin @endant quelquesminutes, tout alla bien; )éronique commenFait se dire que cen'était pas si difficile quand tout coup, sur un ordre deacques, elle se trompa de cHté; l'écoute lui échappa des mainset le foc se mit battre

? Ne t'affole pas, dit acques eprends tes écoutes et faisce que &e t'avais dit 3l ne faut pas s'endormir quand onmanPuvre

D e suis désolée , balbutia"t"elle D Ne t'en fais pas G Fa t'arrivera plus d'une

fois, tu verras B)éronique était si honteuse qu'elle avait les larmes au>

+eu> =u'allait"il penser d'elle, ce moniteur sév(re que mêmeles bons barreurs redoutaient# Elle s'appliqua de toutes sesforces et ne commit plus d'erreur; ils firent ainsi plusieurstours dans le bassin, puis acques la ramena vers la rive

? Oemain matin, annonFa"t"il, tu prendras la barre unmoment

/


36/184

ions aigres"douces de !arie" dile la laiss(rent froide


37/184

III

E N$ E un apr(s"midi g-chéA B pensa )éronique enregardant s'éloigner les bateau>

3l + avait une semaine qu'elle était au camp des %oélands

Oé& elle souriait en se rappelant son ignorance du début, lafaFon dont elle avait dV chercher dans des livres des motsqu'elle emplo+ait au&ourd'hui aussi couramment que sescamarades Elle avait appris beaucoup de manPuvres G ellesavait virer de bord, amener le bateau sous le vent !ais,hélasA elle mesurait mieu> chaque &our tout ce qui lui restait apprendre

/9


38/184

acques, le moniteur, l'avait beaucoup aidée 3l étaitsouvent brusque, peu galant; il reprenait les filles aussi dure"ment que les garFons quand elles se trompaient !ais il était

compétent et &uste D deu> qualités que )éronique avait dé&appris estimer .out en la houspillant, il l'encourageait; celavalait mieu> que s'il lui avait fait des compliments quin'auraient correspondu rien de sinc(re

Est"ce dire que )éronique faisait dé& partie intégrantedes %oélands# 7 son grand regret, elle devait s'avouer quenon $'était surtout la faute de !arie" dile $elle"ci lui

manifestait une animosité qu'elle n'arrivait pas tou&ours dissimuler Et la plus grande partie de la bande, qui l'admirait pour beaucoup de raisons D !arie" dile nageait comme un poisson, manPuvrait son bateau comme quelqu'un qui s'+entraIne depuis di> ans D, était d'avance prête la suivre

)éronique, certes, n'était pas sans amis $laude, la brunette, l'avait adoptée; 7ndré et obert l'aidaient toutes lesfois que cela leur était possible !ais ils étaient tellementhabitués au> faFons de !arie" dile qu'ils ne les remarquaientmême plus 3ls étaient au> %oélands pour faire de la voile et lereste leur importait peu

@ourquoi )éronique était"elle de corvée plus souvent qu'son tour# ! @aul ne s'occupait pas de ces détails, il laissait lesmembres du club se débrouiller entre eu> de couper une besogne ennu+euse, se défilaientsouvent sans intervenir 7u&ourd'hui, par e>emple, le groupefaisait une sortie laquelle, avec l'accord de acques, elleaurait pu prendre part Eh bien, non, on avait décidé de partir de bonne heure; il fallait que quelqu'un rest-t pour aider lavieille vonne faire la vaisselle =ue chacun la fIt son tour,c'était parfait G )éronique ne se fVt &amais dérobée

/


39/184

devant une obligation qu'elle &ugeait &uste @ourtant,quand on l'avait désignée, elle avait protesté G

? !ais ce n'est pas mon tourA 'ai dé& aidé vonne avant"

hier D .u le fais si bienA B avait ricané !arie" dile $'étaitvrai G )éronique savait, elle, ce que c'était que faire la vais"selle; elle l'avait appris toute petite, l'orphelinat Ri c'était lune faFon de lui rappeler ses années difficiles, c'étaitvraiment laid et mesquin de la part de !arie" dile, qui, elle,avait tou&ours été g-tée par la vie

Oeu> &ours apr(s son arrivée, )éronique avait de nouveauentendu, la nuit, !arie" dile et $hantai chuchoter d'un lit l'autre OrHle d'amitié que celle de ces deu> filles"l G tou&ours prête se lancer des piques et ne s'unissant que pour nuire au>autres

? .u sais ce que &'ai appris# disait !arie" dile Eh bien,)éronique n'est pas la vraie fille de ! )a+ssi(re; ce n'estqu'une enfant adoptée

D 7lors, en somme, on ne sait même pas d'oW elle sort#Bavait répondu $hantai

)éronique, elle, était encore plus fi(re d'avoir été choisie par ! )a+ssi(re que si elle était sa véritable fille

.outes ces pensées ne l'éga+aient pas beaucoup; une foisses besognes domestiques terminées, elle se demanda cequ'elle allait faire de son apr(s"midi acques lui avait permisde manPuvrer seule, mais sous grand"voile seulement, sansenvo+er le foc et sans dépasser la balise qui marquait l'entréedu chenal Elle pouvait donc s'entraIner barrer une heure oudeu>, en attendant sa leFon du soir

Elle descendit &usqu'au bateau qu'on lui donnait générale"ment et vérifia qu'il contenait bien tout ce qu'il fallait X acqueslui avait appris que c'était l une précaution essentielleY

/C


40/184

@uis elle s'écarta du quai la godille, et, le cPur battant,commenFa hisser sa voile

cursion, mais seulement de croiser un peu lelong de la cHte $e serait tellement plus amusant B$ette fois, quand le bateau approcha de la balise, )éro"

nique, au lieu de virer, garda le cap sur la pleine mer En arri"vant en eau plus profonde, elle eut un peu d'émotion G il luisemblait que le bateau ne se comportait pas e>actementcomme avec acques !ais il avanFait, c'était le principal

l'eau était bleue et transparentecomme du cristal Rous une brise lég(re, le )aurien filait ventarri(re )éronique, la barre la main, se laissait doucement bercer par le clapotis Elle apercevait, au sommet de la falaise,le phare qui semblait l'appeler G ? )iens &usqu'ici, )éronique &usqu'ici seulement B

En arrivant au bout de la falaise, un peu avant le phare,elle décida de rentrer G au"del , en effet, il arrivait que la houlefVt plus forte Elle voulut remonter au vent et manPuvra sonécoute comme acques le lui avait fait faire les &ours précédents

7lors, sa grande terreur, elle s'aperFut que le bateau nelui obéissait pas evenu pr(s du vent, il se mit dériver lentement en s'éloignant de la cHte

)E N3=UE Z


41/184

? =ue se passe"t"il# B se demanda"t"elle, épouvantéeElle se cramponna la barre, mais cela ne changeait rien

7lors elle tira successivement sur les deu> écoutes de foc, sans

autre résultat que des mouvements qui lui paraissaient de plusen plus désordonnés, sans aucun rapport avec ses manPuvres.out coup, il lui sembla entendre crier du haut du

phare G levant les +eu>, elle aperFut un homme, vêtu d'un ciréde marin, qui dévalait les rochers comme pour se rapprocher d'elle 3l se rendit compte qu'elle le vo+ait et, mettant ses deu>mains en porte"voi>, lui cria quelque chose !ais le bruit de la

mer qui se brisait contre les rochers empêchait )éroniqued'entendreEnfin il arriva tout en bas, &usqu' une tr(s petite &etée

construite sous le phare Oe l , sa voi> portait mieu> G )éro"nique crut distinguer les mots G ? !ette8 alle8"+ B !aiselle ne comprenait tou&ours pas ce qu'il voulait dire EllecommenFait prendre peur G elle vo+ait que malgré ses effortsle bateau dérivait vers le large

que le soleilrendait presque blancs; le voir manPuvrer les avirons, oncomprenait qu'il en avait l'habitude )éronique reprit espoir;elle vo+ait qu'il se rapprochait d'elle Enfin il atteignit le)aurien; il + sauta et passa )éronique l'amarre de son proprecanot

? .ene8 Fa B, lui dit"il)éronique obéit sans répondre


42/184


43/184

mettait en mouvement chaque nuit l'immense lumi(re qui bala+ait la cHte#? Entre8, dit"il, &e vais vous donner quelque chose quivous remontera tout de suite B

33 versa dans le fond d'un verre un peu de liquide trans" parent comme de l'eau qu'il tendit )éronique $elle"ci + porta les l(vres G c'était si fort qu'elle faillit le recracher !aisaussitHt elle sentit une douce chaleur lui couler dans la

poitrine? Ka réchauffe, hein# dit le gardien N'a+e8 pas peur, &ene vous en ai pas donné asse8 pour vous faire mal !oi"même &e ne suis pas buveur, mais il m'arrive d'en prendre un peuquand les nuits sont trop froides

D $e doit être tr(s difficile, de faire marcher un phare#demanda )éronique

D 7utrefois c'était délicat; il fallait tou&ourssurveiller

0/


44/184

les lampes Oepuis qu'on a l'électricité, c'est différent5videmment elle peut manquer, Fa m'est arrivé une fois, maison a l'éclairage de secours B

)éronique acheva de vider son verre pas dire que acques ne le soit pas, mais

D )o+e8"vous, dit le gardien, mon -ge on est plusindulgent qu'au sien Et puis, s'il faut tout vous dire,acques déteste le métier qu'il fait en ce moment

D 3l a pourtant l'air d'aimer la mer# D


45/184

.erre"Neuve Ka, &e crois que Fa lui plaisait .andis quetoutes ces filles des %oélands D &e ne dis pas Fa pour vous D l'horripilent avec leurs mani(res 3l me dit qu'il aurait quel"

quefois envie de les prendre par les cheveu> et de lesaccrocher au m-tA D !ais pourquoi a"t"il changé de métier, alors# D $'est que )ous ne le répétere8 pas, au moins# B

)éronique leva gravement la main %oélands D une place tr(s bien pa+ée D, ma foi, il a accepté 7insi, lasaison finie, il pourra préparer son école

D hA &'esp(re qu'il réussiraA D e l'esp(re aussi, dit le p(re n ne voit pas souvent

des gars qui comprennent la mer comme lui Reulement, pour les %oélands, &e me rends bien compte qu'il est trop dur,trop brusque e le lui dis souvent G ? 33 faut mettre un peu ad'eau dans ton vin, mon gars $es demoiselles n'aiment pas ?qu'on les traite comme des mousses B Rave8"vous ce qu'ilme répond G ? Elles en auraient bien besoin A B

)éronique se mit rire

0


46/184

? 3l m'a dit pourtant la semaine derni(re qu'il + en avaitune qui n'était pas comme les autres, qu'on avait plaisir lafaire travailler, parce qu'elle n'avait pas peur de se donner du

mal !aintenant que &e vous vois, &e me doute qu'il s'agissaitde vous D Ri vous savie8 comme Fa me fait plaisirA D !ais, vo+ons, reprit le gardien, nous bavardons, et il

faut parer au plus pressé e le connais, mon acques, il ne plaisante pas avec la discipline R'il sait que vous êtes sortieseule, il est capable de vous interdire de naviguer pendant huit

&ours D hA mon OieuA s'écria )éronique, navrée Et moi quitiens tant faire des progr(s A B

Elle imaginait l'arrivée de enaud, se vo+ait obligée delui avouer qu'elle était punie pour désobéissance Non, cen'était pas possibleA Elle préférait reprendre le premier train pour @aris

? 33 n'+ a qu'un mo+en, c'est que acques ne le sache pas,dit le p(re

D !ais comment faire# amais &e n'oserai reprendre le bateau pour rentrer au> %oélands la voileA Et si &e prends laroute, avec ce chemin effondré, &'en ai pour plusieursheures; ils seront tous l quand &e rentrerai

D $e n'est pas Fa que &e pensais e peu>, moi, vousramener la voile &usqu' la balise, en prenant mon canot laremorque Une fois l'entrée du bassin, &e passe dans lecanot et vous rentre8 seule au> %oélands

D !ais cela vous obligera revenir &usqu'ici la rameA D $e ne sera pas la premi(re fois que Fa m'armeA dit"il

en riant e peu> bien faire Fa pour vous; &e vois que vous êtescapable de rendre &ustice mon acques, tout ours mal léchéqu'il est =ui sait si vous n'aure8 pas l'occasion de

0


47/184

le défendre aupr(s des autres# 3l + a des gens quivoudraient le renvo+er des %oélands, vous save8A

D e sais B, dit )éronique

3ls redescendirent la petite &etée oW les deu> bateau> se balanFaient cHte cHte, et prirent place dans le )aurien enamarrant le canot l'arri(re $onduit par la main habile dugardien, le petit voilier les ramena rapidement l'entrée du bassin < , le bonhomme attira son canot et monta bord avecune lég(reté que lui auraient enviée beaucoup de &eunes

? e dirai acques qu'il a un p(re formidableA déclara

)éronique 7u fait, comment vous appele8"vous# D e m'appelle !athieu !ais ne lui dites pas que vousm'ave8 vu, ou il comprendrait tout

D $'est vrai, que &e suis bêteA D )ous n'êtes pas bête G vous n'ave8 pas l'habitude

de mentir, c'est tr(s bien B

09


48/184

7pr(s la fra+eur qu'elle venait d'éprouver, )éroniqueavait un peu d'appréhension manPuvrer elle"même son bateau pour entrer dans le bassin !athieu, assis dans son

canot, les deu> mains sur les avirons, la regardaitamicalement $ela lui rendit son courage; elle tint sa barreavec fermeté et entra &usqu'au milieu du bassin sans encombre;une fois l , elle amena ses voiles, remonta sa dérive Xcettedérive, elle ne risquait plus de l'oublier, maintenantAY et vint la godille se ranger contre la &etée

qu'élitaimait

0


49/184

IV

[N7UO arrive ce soir A O(s le réveil, ce fut la premi(re pensée de )éronique Un télégramme, la veille, avait annoncé ! @aul que le &eune homme débarquerait %uin+ la fin del'apr(s"midi, par le même train qui l'avait amenée

7u dé&euner, elle s'aperFut immédiatement que la venuede enaud serait accueillie d'autre faFon que la sienne Tilleset garFons en semblaient également enchantés En se mettant table, acques annonFa qu'il irait chercher le &eune étudiant lagare

0C


50/184

? Nous irons tous A s'écria aussitHt 7ndré .ous en bande,n'est"ce pas#

D $ertains d'entre vous seront fatigués, ob&ecta

acques Nous faisons une longue sortie cet apr(s"midi Et,avec lui et moi, &e n'aurai que deu> places dans la voiture D n n'est &amais fatigué pour accueillir un copain

comme enaudA )ous vene8 aussi, n'est"ce pas, les filles# D !oi, &'irai, déclara !arie" dile $hantai aussi,

&e pense Et )éronique B, a&outa"t"elle en se tournantvers cette derni(re

)éronique n'en revenait pas $'était la premi(re foisdepuis son arrivée que !arie" dile s'occupait d'elle pour quelque raison que ce fVt 5tait"ce l'arrivée de enaud qui latransformait ainsi#

? 'avais l'intention d'aller la gare pied, dit"elle D !ais pourquoi# protesta !arie" dile acques nous

emm(nera toutes les deu>, n'est"ce pas, acques# B$e &our"l , )éronique s'efforFa de travailler mieu> encore

que de coutume acques l'avait prise comme équipi(re, et elles'appliquait suivre ses instructions Elle ne lui avait pas parléde son escapade au phare, mais depuis qu'elle avait fait laconnaissance de !athieu il lui semblait qu'elle éprouvait plusd'amitié pour le moniteur Oe son cHté, acques la rudo+aitmoins que les autres G sa bonne volonté le touchait malgré lui

? $'est son ?chouchouBAB disaient dédaigneusement!arie" dile et sa bande

Enfin on regagna le camp G on amarra les bateau> et onrangea le gréement comme tous les soirs @uis les garFons, quise rendaient la gare pied, se mirent en route; un peu plustard, acques sortit la deu>"chevau> de son hangar et appelales deu> filles qu'il devait emmener

L


51/184

3ls arriv(rent au moment oW le train entrait en gare)éronique se rappelait son premier soir, la mélancolie dudébarquement solitaire !ais elle était trop heureuse pour s'en

attrister; elle se ré&ouissait seulement que enaud, lui, fVtaccueilli par toute la bandeEnfin on l'aperFut qui, valise en main, se dirigeait vers la

sortie


52/184

n'adressa pas la parole )éronique $ependant, d(s qu'ilsfurent tous réunis autour de la table, devant la traditionnellesoupe au poisson, elle demanda elle"même enaud G

? $omment trouves"tu )éronique, toi qui ne l'avais pasvue depuis @aris# Elle est bron8ée, n'est"ce pas# n voit quel'air de la mer lui fait du bienA

D Elle est superbe A B déclara enaud)éronique n'+ comprenait rien Est"ce que !arie" dile

allait tou&ours se comporter ainsi désormais G indifférentecomme avant en tête" "tête, mais simulant l'amitié en présence

de enaud#7u> %oélands, on se couchait de bonne heure !ais, d(sle matin, tout le monde était ? sur le pont B, comme disait !@aul n discutait avec passion de ce qu'on ferait pendant la &ournée

a Nous avions pro&eté de faire le tour des RJiffs, dit!arie" dile $'était ta promenade favorite, tu te rappelles,enaud#

D 'en avais parlé hier, en effet, dit le moniteur !aishier la mer était belle $e matin le vent a changé G presqueforce 0

D cellent début !ais e>cuse8"

moi un moment; &'avais laissé mon ciré au fond de ma valise, &e vais le chercher tout de suite B

=uand il fut sorti, )éronique demanda tristement G? Est"ce que &e peu> + aller, moi, acques# B


53/184

sont mauvais, la mer asse8 forte 3l faut avoir des réfle>esque tu n'as pas encore B

3nstinctivement, )éronique tourna la tête vers !arie"

dile; dans les +eu> de celle"ci elle vit luire un éclair detriomphe ? Elle a fait e>pr(sA pensa"t"elle; elle les a poussés choisir une promenade que &e ne suis pas capable de faireA B!alheureusement, elle n'+ pouvait rien G le moniteur avaitraison, elle n'était pas encore asse8 entraInée pour une courseaussi difficile que les RJiffs

? 'aimerais qu'un de vous reste avec )éronique, dit

acques Elle est tr(s capable maintenant de faire une bonne petite équipi(re pour une course mo+enne

D !ais &e ne veu> pasA protesta"t"elle e m'entraIneraiseule en attendant d'être asse8 forte, voil tout B

.andis que les autres s'apprêtaient, 7ndré s'efforFa de ladécider 3ls discutaient encore quand enaud rentra dans lasalle

? Eh bien, )éronique, tu n'es pas prête# B demanda"t"il,surpris

)éronique secoua la tête? e ne suis pas encore capable d'aller au> RJiffs par le

vent qu'il fait, dit"elle 7ndré propose de rester avec moi,mais B

enaud s'était arrêté net? $'est vrai, dit"il, &e ne me rappelais plus que tu es

encore débutante !ais &e tiens voir d(s au&ourd'hui ce que tues capable de faire )éronique n'a besoin de personne, 7ndré, puisque &e suis l B

7ndré n'insista pas Un moment plus tard, alors que toutle groupe s'acheminaitvers la &etée, !arie"dile, qui

/


54/184

$n in on l'a er%ut qui, valise en main, se diri&eait vers lasortie.

0


55/184

marchaitdevant, se retournavers enaud qui fermaitlamarche avec )éronique

? Oépêche"toi, enaud, dit"elle Nous pourrionsembar"

quer ensemble,si tu veu> .u te rappelles peut"être que &en'étais pas mauvaiseéquipi(re Benaud h-ta le pas pour la re&oindre? Une autre fois, c'est entendu, !arie" dile, dit"ilgen"

timent !ais au&ourd'hui &e ne vous accompagne pas; &e resteavec )éronique

D 7vec )éronique A répéta !arie" dile qui semblait

pétrifiée D ui, &eveu> voiroWelle en est eme sens un peuresponsable d'elle, tu sais G c'est moi qui ai conseillé!)a+ssi(re de l'envo+er au> %oélands

D !ais, enaud les RJiffs, ta course favoriteA D Nous aurons l'occasiond'+retourner .u es gentille,

!arie" dile, mais n'insiste pas, &et'assure B)éronique détournait les +eu> pour dissimuler sa &oie

Elle était si heureusede montrer enaud ce qu'elle avaitapprisAElles'étaitdonnétantde mal, depuis son arrivée, pour pouvoirlui prouver qu'elleétait bonne quelquechose A

3ls regard(rent ensemble la flottille s'éloigner? $omme c'est &oli, toutesces voilesAdit )éronique qui

ne se lassait pasdu spectacle D .u aimes Fa, n'est"ce pas# e pensais bien que Fa te

plairait A !oi, trois &oursici mefont plus de bien qu'un mois de repos sans lamer

D !ais tu vas rester plus de trois &ours, &'esp(re# dit)éronique effra+ée

D Qien sVrA 'enai besoin, tu sais, &'ai tanttravaillé avant de partirA Ois"moi, tu as des nouvelles deton p(re#


56/184

$lle est su erbe ! » déclara avier.


57/184

9


58/184


59/184


60/184

sais pas si &e me spécialiserai en cardiologie, comme lui D Oe toute faFon, ce n'est &amais mauvais d'avoir quel"

qu'un d'important dans sa mancheA B fit !arie" dile en riant

emple, ce n'est pas vrai, pas vrai dutoutA B

$e soir"l , !arie" dile et $hantai bavard(rent longtempstout bas avant de s'endormir )éronique, partagée entre le désir de les écouter et la conviction que c'était l une actionméprisable, enfouissait sa tête sous le drap pour résister latentation 4eureusement, la fatigue vint son secours; elles'endormit bientHt d'un sommeil sans rêves !ais le

L


61/184


62/184

@ourquoi !arie" dile cherchait"elle ainsi lui faire mal#

@ourquoi# $'était vrai que enaud était tr(s bon, tou&ours prêt se sacrifier pour les autres !ais était"ce vrai qu' son égardil le faisait seulement par pitié# qu'en naviguant avec elle ilregrettait ses grandes sorties#

Elle se détourna pour cacher les larmes qui lui montaientau> +eu> ? .u n'as pourtant rien fait de particuli(rement dur hier

2


63/184

Ri tu crois que c'est en te dorlotant de la sorte que tuapprendras naviguerA

D e t'assure, acques, répéta )éronique e ne perdrai

pas ma &ournée, &e te le promets; &e répéterai tous mes e>er"cices autour de la balise .u dis souvent qu'il faut apprendre naviguer seul, n'est"ce pas#

D Qon, bon, comme tu voudras, dit acques .out ce que &e peu> dire, c'est que s'écouter ne m(ne &amais rien B

7pr(s le dé&euner, enaud vint la trouver ? $'est vrai quetu ne te sens pas bien, )éronique# demanda"t"il )eu>"tu un

comprimé d'aspirine# 'en ai dans ma valise .u as peut"être pris un peu froid# D Non, ce n'est rien, Fa va passer Ne t'inqui(te

pas pour moi, demain &e serai d'attaque D .u ne veu> même pas de moi comme médecin# D Non, tu vois B, fit"elle en riantElle s'efforFait d'être brave, mais la &ournée lui parut

longue En manPuvrant autour de la balise, elle avait du malconcentrer son attention et commit plusieurs fautes qu'elle sereprocha ? acques a raisonGce n'est pas ainsi que &e ferai des progr(sA pensa"t"elle avec amertume Et si &e n'en fais pas,alors &e ne pourrai &amais sortir avec enaud comme !arie"dile et les autres e ne veu> pas être un poids pour luiA B

Elle se promit de ne l'accompagner que quand elle seraitvraiment bonne équipi(re ? Ka viendraAse répéta"t"elle e medonnerai tant de mal que Fa viendra A B


64/184

«(a viendra! » se ré éta-t-elle.

0


65/184

D $omment peu>"tu dire Fa, enaudA .u sais bien que cen'est pas vrai Reulement B

Elle allait répéter ce qu'avait dit $hantai G acques, c'est

son métier G ? 33 est pa+é pour Fa B, et )éronique avait trouvéque c'était laid? Ri tu préf(res sortir avec acques, &e ne veu> pas t'en

empêcher B, dit enaud en s'éloignant? e lui ai fait de la peine B, pensa )éronique, le cPur

serré !ais n'était"ce pas mieu> de lui faire un peu de peinesur le moment, plutHt que de le laisser se sacrifier pour elle#

Elle descendit re&oindre acques sur la &etée Elle n'en"tendit pas !arie" dile, assise sur le mur au milieu d'ungroupe, dire haute voi> en les regardant s'éloigner G

? )éronique s'entend tr(s bien avec le moniteur Nous,nous le trouvons brusque et mal élevé, mais elle n'a pas l'air des'en apercevoir 3l est vrai que ce n'est pas sa faute G il n'+ a pas bien longtemps que ! )a+ssi(re a commencé s'occuper d'elle, n'est"ce pas# 7vant cela, Oieu sait qui elle vo+ait, la pauvre petite B


66/184

V

)5 N3=UE , naviguant avec acques, passait au large du petit port de Qénech quand ils aperFurent sur le mHle unhomme qui leur faisait des signes en agitant les bras

? $'est mon p(re, dit acques @our me héler ainsi, il doitavoir quelque chose me dire 3l faut que &'accoste, e>cuse"moi B

7 mesure qu'ils approchaient, en effet, )éronique recon"nut le bon visage boucané et le sourire accueillant du gardiendu phare

? .u peu> accoster un moment, acques# cria"t"il son


67/184

fils d(s qu'ils furent portée de voi> 'ai besoin de te parler; &e me demandais &ustement comment te le faire savoir


68/184

Un inconnu, en effet, sortait de l'hHtel attenant au café etregardait autour de lui comme pour chercher quelqu'un $'étaitun homme de taille mo+enne, tr(s corpulent, vêtu d'un élégant

costume de toile blanche blancs quicouronnait son visage h-lé lui donnait un aspect un peucomique

? !onsieur 7lvaro A B appela !athieupliqua!athieu e vous ai dit qu'il était moniteur dans un camp devoile, tout pr(s d'ici 3l est venu Qénech en naviguant avecla demoiselle

D 7lors vous save8 dé& tout Fa# dit ! 7lvaro )éro"nique en faisant le geste d'amener une voile )ous ave8 de laFance A !oi 8e voudrais apprendre aussi

D En somme, vous voudrie8 entrer au club des%oélands# demanda )éronique !alheureusement, &e ne crois pas que ce soit possible G le club est réservé au> &eunes B

! 7lvaro se mit rire si fort qu'il fit sauter un des boutons de son gilet

? 7hA ahA dit"il, 8e ne pense pas aller l'école commeun petit garFonA Ka, c'est un bon comment vous dites# oune bonne blague A

D !ais alors, monsieur# demanda acques D )otre p(re il m'a dit qu'au club vous n'étie8 pas

occou"pé toute la 8ournée heures pour m'apprendre \e vous paierai ce que vous voudre8; 8e souis tr(s rice B

7 l'appui de son dire, il sortit de sa poche un portefeuille bourré craquer


69/184

? $'est moi qui lui ai dit que tu pourrais lui donner deu>heures, acques, intervint !athieu pr(s pour un monsieur qui est parti,e>pliqua ! 7lvaro =uand 8e l'ai vou, 8'ai pensé G 7lvaro,mon cer, avec un bateau comme Fa tou deviendras un marinformidable A

D


70/184

? @ourvu qu'il accepteA B pensait )éronique $et étranger semblait disposé pa+er un bon pri>, et elle savait par !athieu que acques en avait besoin

!athieu pensait certainement la même chose, car ilinsista G ? .u peu> facilement donner deu> heures, acques D e peu>, en principe, dit celui"ci !ais au>

%oélands &e ne finis pas tou&ours e>actement l'heure D @arce que tu t'occupes de moiA dit )éronique e t'en

prie, acques, fais comme si &e n'e>istais pas B! 7lvaro se mit rire

? n ne peut pas faire comme si une 8olie demoisellen'e>istait pas, déclara"t"il aimablement !ais pouisque\acques vous donne des leFons, il peut nous en donnertousles deu> ensemble @as vrai #

D )ous accepterie8 que &'emm(ne )éronique#demanda acques

D Qien sourA 7lors c'est d'accord# )ene8 qu'on parle del'ar8ent B

.andis qu'ils s'éloignaient pour discuter des conditions,!athieu demanda )éronique G

? Ka s'est bien passé l'autre soir# @ersonne ne s'est aperFude votre escapade#

D %r-ce vousA dit"elle gentiment D Enfin, maintenant, nous ne serons plus obligés de

faire comme si nous ne nous connaissions pas A 'esp(re bienqu'un de ces &ours vous viendre8 manger des crêpes au phare

D Oes crêpes# répéta )éronique D !ais oui; &e suis un grand spécialisteA $eu> des %oé"

lands viennent tou&ours plusieurs fois dans la saison manger des crêpes au phare nva arranger Fa B

3l se tourna vers son fils qui revenait ? =uand vene8"vous manger des crêpes, acques# B

9L


71/184

)'es *re bien qu'un de ces +ours voua viendre man&er des cr esau hare.

)5 N3=UE Z


72/184

pas aller l'école parce que 8e souis tropvieu>, mais pour les crêpes 8e vau> un 8eune A

D Qien sVr, vous êtes invité B, dit !athieu! 7lvaro proposa d'aller prendre encore un verre de

cidre, mais acques déclara que )éronique et lui devaientrentrer au> %oélands

? Ka ne va pas te donner trop de travail, acques#demanda )éronique lorsqu'ils furent en mer

D Non, puisque &e te prendrai en même temps D !ais &e devrais te pa+er aussi, si tu m'entraInes en

dehors de tes heures de travail# D Ne dis pas de bêtises B, répondit s(chement

acques ions qui pourraient peiner celui"ci

? !ais c'est vrai A 3l faut reprendre nos bonnes habitudes)5 N3=UE 7


73/184

de l'année derni(reA dit aussitHt 7ndré Elles sontfameuses, les crêpes de !athieu A

D Nous pourrions + aller &eudi, proposa enaud

D e ne crois pas que &'irai, moi, dit !arie" dile D @ourquoi# fit obert, étonné Ka avait l'air det'amuser l'année derni(re

D 8ue veu>"tu# &'ai un an de plus B)éronique savait bien que ce n'était pas la vraie raison

!ais !athieu était le p(re de acques, que !arie" diledétestait

%oélands? Eh bien, tant pis pour elleA pensa )éronique Nous nousamuserons bien mieu> si elle n'est pas l A B

bandes G ceu> qui semontraient enchantés d'aller au phare et ceu> qui, suivantl'e>emple de !arie" dile, déclaraient que cela ne les tentait pas enaud, la grande &oie de )éronique, se rangea sanshésitation parmi les premiers 3l essa+a même de décider !arie" dile et $hantai, ce que )éronique &ugea bien superflu

? Ka me fera &oliment plaisir de revoir !athieu A déclara"t"il

D Est"ce que acques sera l # demanda $laude D $ertainement, nous irons tous en bande D Et vous fere8 la connaissance de ! 7lvaroA B s'écria

)éroniqueElle leur décrivit le gros Qrésilien qui, soi>ante ans

passés, décidait soudain de se mettre faire de la voile


74/184

? 3l doit être bien drHle, en effet; &amais &e ne t'avais vueaussi gaie A B dit 7ndré

$e qui ré&ouissait surtout )éronique, c'était la perspective

de la promenade au phare Elle se disait que l "bas ils seraientvraiment entre amis, sans la présence de !arie" dile qui laglaFait enaud et acques auraient l'occasion de faire mieu>connaissance; elle souhaitait les voir devenir bons camarades,tous deu> avaient des qualités qui devaient leur permettre des'apprécier


75/184

grands paquebots G le constructeur n'avait économisé nil'essentiel ni le superflu

? )ous aure8 du mal astiquer tout Fa, fit remarquer

acques D 7stiquer vous voule8 dire #B Et ! 7lvaro fitle geste de frotter vigoureusement de la main ? !ais 8e pense bien trouver Qénech oun garFon pour le faire

D En ce cas, dit sév(rement acques, vous ne sere8 &amais un vrai marin

D 7h A B pression hilare ? Eh bien, s'il faut le faire, 8e leferai A B déclara"t"il avec bonne humeur

Ri sa bonne volonté était aussi grande que celle de )éro"nique, il fallait reconnaItre que ses aptitudes maritimesl'étaient beaucoup moins 7vant même d'embarquer, il resta unmoment au bord du quai, oscillant d'un pied sur l'autre, n'osanten&amber le bordage que le flot approchait et éloignait tour tour )éronique et acques, debout dans le bateau, le"regardaient avec surprise

? Eh bien embarque8A dit le moniteur D $'est que Fa bou8eA B fit piteusement ! 7lvaro autres ne purent s'empêcher de rire @uis )éro"

nique, compatissante, lui tendit la main Rous le poids duQrésilien, le bateau se mit gIter

? 7h A 8e me sens mieu> quand 8e suis assis A B déclara"t"il en se laissant tomber sur le banc, ce qui secoua encore unefois le petit bateau

$omme il l'avait fait pour )éronique, acques commenFa par lui indiquer les diverses parties de la coque et du grée"ment ! 7lvaro était maladroit, mais il n'était pas sot G ilcomprit aussitHt ce que lui e>pliquait le moniteur =uand

9


76/184

acques lui mit les écoutes en main, il obéit au> ordresavec une célérité qui montrait qu'il avait encore de bonsréfle>es ? 33 est fameu>, votreCabrai déclara acques

D 7h A 8'ai fait une bonne affaire, hein# \esavais bien que 8e pouvais faire confiance ce marFandA\e ne m'+ connais pas en bateau>, mais 8e m'+connais en hommes B

< "dessus, il frappa un grand coup sur l'épaule deacques, au risque de faire chavirer leCabrai!

3l semblait enchanté de ses nouveau> compagnonsEnvers )éronique il se montrait d'une politesse e>quise qui lafaisait sourire =uant acques, il le traitait dé& en ami 7u bout d'un moment, il lui offrit une cigarette

? amais bord, répondit acques $'est une r(gleabsolue D $omment, au> %oélands personne ne foume#

D @ersonne, sauf terre

9


77/184

D 7hA B Oe nouveau le gros homme fit la moue @uis ilse mit rire ? Ri 8e ne dois plous foumer, 8e nefoumerai plous, voil )ous ne dire8 pas que 8e n'ai pas de

coura8e# D )ous en ave8 beaucoup, au contraire, dit)éronique acques aime bien fumer, lui aussi 3l accepteravotre cigarette quand nous serons de retour terre N'est"ce pas, acques# B

! 7lvaro n'en parla plus !ais quand ils furent deretour, il dit acques et )éronique G

? 7ttende8"moi un tout petit instant, tous les deu> B33 remonta rapidement l'hHtel et redescendit quelquesminutes plus tard, portant quatre cartouches de cigarettes qu'ildéposa dans les bras de acques

? .ene8A dit"il, comme Fa 8e ne serai plous e>posé latentation \e n'aime que les brésiliennes, et comme 8e n'enaurai plous, 8e serai bien forcé d'être sa8e

D !ais puisque vous pouve8 fumer quand vous n'êtes pas bord#

D Non, non, dit ! 7lvaro @uisque 8e ne peu> pasfoumer comme 8e veu>, 8e ne foumerai plous dou tout, voil AKa sera moins dour @rene8 les cigarettes, \acques, 8e vous ensoup"plie B

acques comprit qu'il fallait céder


78/184


79/184

? 3l est cinglé, ce t+pe"l A déclara obert D Un peu, mais il est tr(s gentil, tu verras D En tout cas, dit !arie" dile, la moindre politesse

aurait voulu que acques nous offre une de ses cigarettes D < , tu e>ag(res A dit $laude 3l t'en a offert une l'autre &our; tu avais dit que tu en avais envie, et pourtant tu l'asrefusée

D $e n'était pas une cigarette brésilienne B, fitremarquer $hantai

!arie" dile haussa les épaules

? Ka m'est bien égal, ses cigarettes; &e peu> m'en acheter si &'en ai envie, mais c'est un mal élevé, voil tout D $'est vrai qu'il n'a pas la gentillesse de son p(reB,

dit enaud)éronique se taisait Oepuis bien longtemps,

l'orphelinat, elle avait appris que la meilleure des politiquesconsiste souvent tenir sa langue !ais elle se sentait triste,comme toutes les fois que deu> de ses amis ne s'entendaient pas entre eu>

? 4eureusement, il va + avoir la soirée au phareA sedisait"elle $e &our"l , sans !arie" dile et sa bande, &em'arrangerai bien pour les rapprocher tous les deu> A B

9C


80/184

VI

)E N3=UE avait l'impression que ce fameu> &eudin'arriverait &amais Elle en attendait tant de chosesA O'abordl'occasion de causer tranquillement avec enaud D sans

!arie" dile, $hantai et toute leur bande Oepuis qu'elle prenait ses leFons Qénech avec ! 7lvaro, )éronique nevo+ait presque plus le &eune étudiant Elle était sVre queses deu> ennemies en profitaient pour chercher lui nuiredans son estime Elle avait confiance dans l'amitié deenaud, mais !arie" dile surtout le connaissait depuis

tellement plus longtemps qu'elleA Et puis il + avait son p(re, lemédecin, que enaud appréciait et aimait beaucoup

L


81/184

@eut"être )éronique avait"elle eu tort de croire ce que luiavait dit $hantai et de s'écarter de lui pour ne pas l'importuner tant qu'elle était novice 7 ce moment"l , elle n'avait pasencore appris se méfier comme elle le faisait maintenant Oetoute faFon, il était trop tard; elle ne pouvait pas revenir enarri(re !ais pendant cette soirée elle pouvait essa+er des'e>pliquer avec enaud

Elle se ré&ouissait que celui"ci, malgré les tentatives de!arie" dile, eVt accepté de venir au phare Qien mieu>, ilsemblait prendre cPur que la soirée fVt une réussite O(sl'avant"veille ce fut lui qui, a+ant réuni leur petite bande,demanda si on s'était occupé des provisions

? marc, il aime FaA B dit7ndré en riant

)éronique se demanda si le vieu> marc était cette boisson blanche tr(s forte qu'il lui avait fait boire le &our de son esca" pade ien qu'en + pensant, elle fit la grimace G elle voulait

bien en apporter si cela faisait plaisir !athieu, mais si on luien offrait, elle saurait ce qu'elle avait faire A? W va"t"on acheter les provisions# demanda"t"elle 7

%uin+# D Non, Qénech, c'est mieu> .u pourrais t'en charger,

toi qui vas l "bas tous les &ours B)éronique + consentit volontiers ? !ais il faudra me

dire ce que &e dois acheter, dit"elle

1


82/184


83/184

? !ais non, mais non, nous donnerons chacun notre part,dit )éronique

D $e n'est pas 8ousteA )ous êtes 8eunes et moi 8e souis

vieu> D Eh bien, qu'est"ce que Fa change# D Ka Fange toutA dit"il avec force =uand on est 8eune

on n'a pas d'ar8ent; quand on est vieu> on en a trop, et il fautl'emplo+er se faire pardonner d'être vieu> A B

3ls achet(rent des crevettes sur le port et les mirent aufrais dans du varech G le lendemain matin, )éronique deman"

derait vonne de les faire cuire ! 7lvaro, apercevant de belles langoustes, voulait absolument les acheter aussi G ilfallut lui e>pliquer qu'un repas au phare, la mode des%oélands, se composait e>clusivement de crêpes; on avaitseulement le droit d'apporter quelque chose pour les garnir

? 7lors 8e ne peu> pas apporter de langoustes parce quela langouste ne peut pas entrer dans la crêpe#

D $'est cela B, dit )éronique en riant7 l'épicerie, tandis que )éronique achetait du beurre, il

prit l'épicier part et lui demanda quelques boItes de caviar? Nous n'en avons pas, monsieur, répondit le

commerFant Ka ne se vendrait pas beaucoup dans la région D @as de caviarA s'écria ! 7lvaro !ais 8'ai

peut"être le temps d'en faire venir \e n'ai pas ma voitoure ici,8e l'ai laissée @aris avec le Fauffeur, mais 8e peu>lui téléphoner B

$ette fois encore )éronique dut lui e>pliquer que lecaviar, étant un mets de lu>e, ne convenait nullement undIner de crêpes au phare ! 7lvaro avait l'air navré

? !ais alors qu'est"ce que 8e vais apporter# dit"il \e nevois rien qu'on pouisse mettre dans des crêpes 7hA 8e saisAune caisse de MhisJ+A

/


84/184

D Nous préférons le cidre, dit )éronique !ais si vousvoule8, vous pouve8 apporter ! !athieu une bouteille devieu> marc; il aime bien en prendre un peu quand il a froid B

! 7lvaro, consolé, était prêt apporter une dou8aine de bouteilles de marc )éronique riait de bon cPur de sonenthousiasme et sa s+mpathie pour le Qrésilien en était encoreaugmentée G c'était si touchant, maintenant qu'il était tr(s riche,de vouloir donner au> autres ce dont il avait été privé &adis A 3lfit un peu la moue quand elle l'empêcha d'acheter plus d'une bouteille et rechigna quand elle refusa de lui laisser pa+er la

totalité de la note? !ais que ferais"&e alors de l'argent que les autres m'ontconfié# B lui demanda"t"elle

3l reconnut qu'il ne s'était pas posé la question)éronique eut un grand succ(s, le soir, en racontant leurs

emplettes au> %oélands $eu> qui devaient aller au phare lelendemain se ré&ouissaient de faire la connaissance de cesingulier personnage; les autres n'osaient rien dire, mais plusieurs d'entre eu> commenFaient dé& regretter de ne pasavoir accepté l'invitation de !athieu

3l avait été convenu que le lendemain apr(s"midi on feraitune sortie un peu plus courte que de coutume; une fois deretour au camp, )éronique partirait pour le phare avec un desgarFons afin d'aider !athieu tout préparer @endantce temps,acques, de son cHté, irait chercher ! 7lvaro Qénech,

? 33 me semble qu'ainsi tout est parfaitement arrangé, dit7ndré

D Rauf pour nous, qui aurons notre sortie écourtée, fitremarquer $hantai

D $'est votre faute; vous n'avie8 qu' accepter de venir au lieu de passer votre soirée au camp ne rien faire A

D Et qui te dit que nous ne ferons rien# répliqua !arie"

0


85/184

dile Nous avons &ustement l'intention d'aller Qénech=ue veu>"tu, Fa nous amuse plus que d'écouter !athieuraconter des histoires que nous avons entendues cent fois

D e me demande ce que vous trouve8 de plus amusant Qénech Ri c'est pour voir du monde, il n'+ en a pas; toutesles villas sont encore vides

D Nous n'avons besoin de personne, &e te remercie Entout cas, si nous voulions voir des gens intéressants, ce n'est pas au> %oélands que nous viendrionsA

D .ou&ours aimable, !arie" dileA B conclut 7ndré

7 ce moment, enaud entra dans la salle !arie" dile,feignant de n'avoir pas entendu 7ndré, se tourna vers le nouvelarrivant, qu'elle gratifia d'un aimable sourire

? .u n'as pas changé d'avis, !arie" dile# demandaenaud 3l est encore temps, tu sais B

!arie" dile hésita un instant ag(re A B

7ndré et )éronique transport(rent les provisions au fond


86/184

du bateau acques, qui partait de son cHté pour Qénech,d'oW il devait ramener ! 7lvaro, les escorta &usqu' la balise

? 7 tout l'heureA B lui cri(rent"ils en s'éloignant

)éronique revit avec émotion la grande falaise du phare$omme elle avait eu peur, la premi(re fois qu'elle s'étaittrouvée au pied de cette masse énormeA Et quelle sottise qued'avoir oublié sa dérive $ela ne risquait plus de lui arriver maintenant A

? .u as l'air tr(s gaie ce soir, lui dit 7ndré e t'aime bienmieu> comme Fa, tu sais B

3ls amarr(rent le bateau la petite &etée et grimp(rentall(grement les marches creusées dans le roc 7ndré portait legrand panier qui contenait les boissons; )éronique, le panier le plus léger

!athieu les attendait devant sa maisonnette ? 7liA $6est


87/184

tr(s bienA dit"il, vous n'êtes pas en retardA )ene8 voir par ici ; tout est prêt B

En plus du fourneau sur lequel !athieu faisait habituel"

lement sa cuisine, il avait disposé sur la longue table unréchaud alcool Oeu> grands saladiers étaient remplis de p-te, l'une tr(s blanche, l'autre presque noire

? $elui"ci, e>pliqua"t"il, c'est le froment, celui"l lesarrasin 'en ai fait une bonne quantité; c'est que nous seronsdou8e, et &e ne veu> pas qu'on parte de che8 moi le ventrecreu>A 'ai emprunté trois poêles, en plus des miennes, de sorte

que &e pourrai faire si> crêpes la fois D $'est magnifiqueA déclara )éronique D .ene8, continua !athieu, mette8"vous ici, au bout de

la table, pour préparer vos petites affaires e me charge descrêpes, moi, le reste vous regarde =u'est"ce que c'est que Fa#

D Oes crevettes toutes cuites et épluchées; &evais les écraser avec du beurre

D ui, &e me rappelle, vos camarades ont fait Fa l'annéederni(re, c'était fameu> B

vonne, la cuisini(re des %oélands, avait eu la précautionde donner )éronique un pilon pour mala>er son beurre decrevettes )éronique s'+ mit avec énergie, tandis qu'7ndréaidait !athieu disposer sur la table des assiettes, des verreset des couverts

? !ais vous ave8 tout un service de tableA remarqua)éronique

D .out Fa reste d'autrefois, quand &'avais ma pauvre défunte, dit !athieu avec un soupir !aintenant Fa neme sert plus que dans des occasions comme celle"ci !ais &e ledonnerai acques pour monter son ménage B

Une fois la table mise, )éronique regarda le couvert d'unPil critique

9


88/184

? $'est tr(s bien, déclara"t"elle, mais il manque quelquechose e sais ce que c'est G des fleursA $'est facile réparer; il+ en a tout autour du phare

D $e ne sont pas de belles fleurs, dit !athieu uste demauvaises herbes qui poussent comme Fa sans qu'on s'enoccupe

D ou trois bols comme celui"ci, par e>emple

D Oes bols A mais Fa n'est pas fait pour mettre desfleursA B Rans l'écouter, )éronique disposa sur la tablequelques bols remplis d'Pillets sauvages

? $'est qu'elle a raisonA dit le gardien, admiratif ien quede les voir, on dirait que Fa donne faim !a foi, &e n'aurais &amais pensé ramasser toutes ces plantes"l B

7 ce moment, ils s'entendirent héler du bas de la falaise;c'était le premier bateau qui accostait, amenant $laude etobert

? Nous avons fait la course avec les deu> autres, maisnous les avons battus A e>pliqu(rent"ils en arrivant

D =ui + a"t"il dans ces deu> autres# D Oans l'un,


89/184

D Ne le laisse8 pas approcher, ou il est capable de toutava1er sans même attendre que les crêpes soient cuites A dit7ndré

D =uelle réputation on nie faitA )ous alle8 me défendre,!athieu, &'esp(re A D 7hA voil un autre bateauA interrompit !athieu

qui regardait le large $'est probablement un des vHtres 7hAnon, &e reconnais leCabrai& &e vois acques et le Qrésilien B

Un moment plus tard, le moniteur et ! 7lvaro faisaientleur apparition au sommet des marches $e dernier, qui

transpirait grosses gouttes, s'épongeait le front avec sonmouchoir? $'est 8oli, ce8 vous, mais c'est hautA dit"il !athieu \e

devrais me faire gardien de phare, 8e redeviendrais mincecomme un 8eune homme B

@endant qu'on lui versait du cidre pour le réconforter, lesdeu> autres bateau> arriv(rent leur tour !athieu fit entrer ses invités dans la maison et les installa autour de la table

? 33 ne manque plus que enaud, dit 7ndré D QahA commenFons sans lui; Fa le fera arriverA proposa

obert, qui la perspective des crêpes mettait dé& l'eau la bouche

D 3l faut d'abord que &'aille allumer le phare B,dit !athieu


90/184

D \'ai perdu au moins di> JilosA !alheureusement, 8evais les rattraper en man8eant des crêpes

D )ous aime8 beaucoup Fa#

D \'aime tout ce qui est bon $'est bien pour Fa que 8esuis si gros B.andis qu'on plaisantait, )éronique, elle, scrutait la mer

dans la direction du camp 3l + avait plusieurs voiles en vue,mais aucune ne se dirigeait vers le phare

? @ourquoi enaud n'arrive"t"il pas# se demandait"elle$e n'est pas dans ses habitudes de se faire attendre B

3ls redescendirent; !athieu alluma ses réchauds et com"menFa verser la p-te $hacun venait chercher sa crêpe tour de rHle; le gardien maniait ses si> poêles avec une surprenantede>térité

? n croirait que vous n'ave8 fait que Fa toute votre vie Alui dit 7ndré

D $'est un peu vrai, répondit !athieu 'ai tou&ours étérenommé pour mes crêpes 7utrefois, quand &e naviguais pour l'5tat, les camarades me disaient G ? 7llons, !athieu,fais"? nous des crêpes comme au pa+s B Un &our, .ahiti,l'amiral les a goVtées

D hA vous êtes allé .ahitiA aconte8"nouscelaA B supplia $laude

!athieu commenFa dévider ses souvenirs Reule, )éro"nique ne l'écoutait que d'une oreille distraite $ela l'intéressait, pourtantA !ais elle ne pouvait s'empêcher de penser enaud,qui n'arrivait tou&ours pas


91/184

? $e n'est pas la $handeleur, bien sVr; &e ne peu> pasvous garantir que ceu> qui réussiront leur coup auront del'argent toute l'année !ais on verra quand même qui est

adroit et qui ne l'est pas B autres de ne pas partager son an>iété

$ependant ils finirent, eu> aussi, par s'inquiéter de

l'absence de leur camarade? =u'est"ce que enaud peut bien faire# dit tout coup$écile

D 3l était prêt, quand vous êtes partis# demanda 7ndré D 3l finissait un chapitre !ais ce n'est pas Fa qui a pu

le retarder &usqu' maintenant

C1


92/184

D 3l en a peut"être commencé un second et il a oubliél'heure# hasarda $laude

D 3l il ne peut rien lui être arrivé# demanda )éro"

nique d'une voi> qui tremblait un peu D e vais vous dire, moi, ce qui lui est arrivéAdit obert avec son gros rire 7u dernier moment il a changéd'avis, il est parti pour Qénech avec les autres, voil tout

D !ais il n'aurait pas eu peur de nous inquiéter# D 3l n'+ a pas de danger, dit acques versle plafond, mais ce moment la crêpe se détacha et vint lecoiffer comme un bonnet


93/184

VII

E NE veu> pas pleurer, pensait )éronique, assise dans lanuit au bout de la &etée 3l ne faut pas, c'est ridicule, il n'+ a pasde raison B

!ais pourquoi, pourquoi enaud n'était"il pas venu#acques affirmait qu'un accident n'était pas possible 5tait"cevrai, alors, ce que prétendait obert, que !arie" dile avaitréussi le décider#

7 présent c'était fini G il était trop tard, il ne viendrait plus !algré tout, )éronique s'obstinait sonder des +eu>l'obscurité; toutes les quin8e secondes le grand ra+on

C/


94/184

du phare faisait apparaItre une mer vide !ême leclapotis du flot contre la &etée semblait dire d'un ton moqueur G? 33 ne viendra pas 3l ne viendra pas B

.out coup )éronique entendit un pas pesant descendreles marches de la falaise Elle sursauta G qui donc venait ici, et pourquoi# Elle s'était peine posé la question qu'une voi>l'appelait par son nom G ? )éroni i queA B Elle reconnut !7lvaro et se leva; quelques instants plus tard, le Qrésilien lare&oignait sur la &etée

? \e pensais bien que vous étie8 l , dit"il en posant la

main sur son épaule =u'est"ce qu'il + a, ma petite fille# n adu Fagrin# B)éronique commenFa par se redresser ? !ais non, pas

du tout, &e B ! 7lvaro lui coupa la parole? .a, ta, ta, ce n'est pas la peine de me Fanter cette

Fanson"l , moi \e souis trop vieu> pour croire des men"son8es \e vous ai bien voue, l "haut 7lors, quand 8e mesouis aperFou que vous partie8, 8e me souis dit G ? 7lvaro, amon cer, tou ne vas pas la laisser pleurer toute seule A B

D !ais &e ne pleure pas A protesta )éronique D )ous ave8 tort, Fa vous ferait du bien 7llons, ne

faites pas la sauva8e \e souis vieu>, 8e peu> comprendre bien des Foses =u'est"ce qui vous fait tant de Fagrin, ma petite enfant# B

$ette fois, les défenses de )éronique s'écroul(rent Ellefondit en larmes, la tête sur l'épaule de ! 7lvaro

? < , l , comme Fa c'est mieu>A dit le gros homme 3t pouis vous alle8 me dire si 8e me trompe $e qui vous a fait dela peine, n'est"ce pas, c'est quand on a parlé de ce gai"Fon,enaud, qui devait venir ce soir#

D e sais bien que c'est bêteA sanglota )éronique@uisque acques dit qu'il n'a rien pu lui arriver, Fa n'a pas

C0


95/184

d'importance, apr(s tout !ais il avait promis Et cen'est pas gentil pour les autres, pour !athieu

D Rurtout si c'est cette fille, !arie" dile, qui

l'en a empêcé, n'est"ce pas# )ous ne l'aime8 pas, )éronique,cette !arie" dile# D e la détesteA B murmura )éronique entre ses dents

! 7lvaro lui tapota l'épaule? $e n'est pas 8oli, Fa G il ne faut détester personne .out

Fa s'arran8era, 8e vous le promets O'abord, ce que vous faitesl , ce n'est pas 8entil, pas 8entil dou tout pour votre ami

enaud D @our enaud# répété )éronique, surprise D !ais oui $'est un grand ami, n'est"ce pas# Eh bien,

un grand ami, c'est quelqu'un en qui on doit avoir confianceEt parce qu'il n'est pas l , vous pense8 tout de suite que c'estsa faute, qu'il a manqué sa parole A $e n'est pas bien, Fa, pas bien du tout Ri un ami me faisait Fa, moi, 8e ne le lui pardonnerais 8amais A B

)éronique s'essu+a les +eu> $'était vrai G elle n'avait pasenvisagé la question sous cet angle Ri elle avait tant de peine,c'était donc qu'elle manquait de confiance en enaud# En cecas, le coupable, ce n'était pas lui, c'était elle

? )ous ave8 raison, balbutia"t"elle e ne devrais pas ilne faut pas !ais quelle autre raison pouvait"il avoir de ne pas venir#

D \e ne souis pas le Qon Oieu, dit ! 7lvaro, sans Fa 8evous le dirais tout de suite !ais vous le saure8 ce soir enrentrant, ou demain $'est un garFon bien, ceenaud, d'apr(s ce que disent les autres #

D 3l est merveilleu>A s'écria )éronique D Eh bien, il faut être merveilleuse aussi en n'a+ant pas

C


96/184


97/184


98/184

? $h, vieu , qu'est-ce qui t'est arrivé? » demanda André.

C


99/184

D )ous pense8 si &'étais contrarié, poursuivit enaud e pensais vous tous qui m'attendie8 l "bas e ne pouvais pas aller au phare parla route, avecce chemindéfoncé il

m'aurait fallu plusieurs heures !ais &e me suisdit que &e pouvais essa+er de venir l'aviron, oula voile en gou"vernant avec une godille 'ai cherché des avirons D plusun seul A

D $omment, dit obert, il n'+ en avait pas dans legarage#.u m'étonnes, &'en ai vu trois ou quatremidi

D )a voir toi"mêmesi tu ne me crois pas G le garage

étaitvide D 3l fautque le voleur les ait emportés avec le gouver"nailA s'écria $laude $'est sVrement un pêcheur des environs;quid'autre pourraitavoir besoin d'avirons#

D 5coute8, dit 7ndré, nous verrons Fa demainmatin; pourle moment nous tombons de sommeil B

.oute la bande alla se coucher !ais)éronique eut dumal s'endormir G ellene cessaitde penser la soirée au phare

Ellese reprochait d'avoir accusé enaud demanquer de parole,alorsqu'ilavait été retenu au camp contre sa volontéElle pensait aussi au gouvernailet au> avironsGcommentavaient"ils pu disparaItre ainsi# Un voleur, c'était invrai"semblable; les pêcheurs de la cHteétaient d'honnêtes gensO'ailleurs, parmieu>,qui donc pouvait avoirenviede prendrele matériel d'un dériveur#

7 moins que ui, cela,c'était possible Gquelqu'unavait puvouloir empêcher enaud dese rendre au phare laveille ausoir

Un visage se dessina dans l'espritde )éronique G !arie"dileA ui, !arie" dile était ve>ée que enaud eVt préférél'invitation de!athieu la sienne Elle avait pu tenterunederni(re fois de le convaincre, puis, n'+ réussissant pas,

CC


100/184

avait dérobé le gouvernail et les avirons pour l'obligerrester au camp

!ais n'était"ce pas l encore une mauvaise pensée# !

7lvaro disait qu'on ne doit détester personne; le p(re de )éro"nique le lui aurait dit aussi, elle en était sVre r, elle ne pouvait s'empêcher de détester !arie" dile $'était pour cela, peut"être, qu'elle avait tendance l'accuser 3l ne fallait pas,c'était mal

Elle s'efforFa de ne plus penser !arie" dile !ais mal"gré tout elle ne parvenait pas s'endormir Elle entendit un pas

s'approcher du camp G acques, sans doute, qui rentrait apr(savoir conduit ! 7lvaro Qéne

ib suzanne pairault véronique 05 véronique à la barre 1967.doc

Documents