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c UNIVERSITE CATHOLIQUE DE LOUVA faculté des sciences économiques, sociales et politiques LA QUETE CHRETIENNE DES DROITS DE L'HOMME Michel SCHOOYANS Professeur à l'Université de Louvain-la-Neuve

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UNIVERSITE CATHOLIQUE DE LOUVAfaculté des sciences économiques,sociales et politiques

LA QUETE CHRETIENNEDES DROITS DE L'HOMME

Michel SCHOOYANSProfesseur à l'Université

de Louvain-la-Neuve

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UNIVERSITE CATHOLIQUE VE LOUVAIN

LA QUETE CHRETIENNE VES VWITS VE L'HOMME

p CL K

Michzl SCHOOVAMS

VfiobthteuJi à VUwLvihhitl de LouvcUx-ta-Neuve.

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LA QUETE CHRETIENNE VES VROJTS VE L'HOMME

SECTION I. - L'EMERGENCE HISTORIQUE VES VROITS VE L'HOMME

Van* l'histoire de Vhumanité., la découverte de* droit* de l'homme, occupe,une place, unique. Paradoxalement, cette découverte, a *urtout été *tlmulze

par V e.xpêrlence de la *ervitude, de. V oppre**lon, de Vhumiliation. L'homme,dirait-on, expérimente d'abord Vabsence de *es droit* : ceux-ci parais*entd'abord être perçu* "en creux". Van* telle *ituation concrète, l'homme *edécouvre empêché d'agir à. *a guise ou de *'exprimer librement; it e*tbneavoir droit à tel bien, que *on *emblable *'ob*tlne. à lui refuser-, iln'e*t pa* re*pecté pour ce qu'il e*t, pour qui il e*t.

§ 1. - Un double fondement

Or, ce* expérience* éprouvante* donnent lieu à une réflexion, à une. thêma-

tl*atlon. La contrainte, la coercition, la censure, le déni de ju*tice,

etc. *ont re**entl* comme incompatible* avec la lot fondamentale de Vexis

tence, humaine. Car *l celte-ci, et même la vie de chaque peuple, e*t unelangue a*piration à la liberté, tout ce qui. fiait ob*tacle à cette, liberté,

doit être dénoncé comme aliénant.

Le* droit* de Vhomme *ont donc toujour* déjà pré*ent* alor* même, qu'il* *ont

brimé*; il* *'lmpo*ent avant même qu'ils ne *oient explicitement déclaré*.

C'e*t par référence â ce* exigence* de la nature humaine que. nou* pouvon*

porter un jugement *ur le devenir historique.. La découverte, de ce* droit*

obéit du re*te à. un proce**u* historique : ce* droit* ne *ont nullement donné*

d'emblée, a priori. Il* apparais*ent au fiH de* *lécle*, pour autant que

le* homme* prêtent attention à leur émergence.

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mw

2.

Ce* droit* ont donc un double fondement. V'une part, II* répondent a une

condition de po**lbilité e**entlelle pour que l'homme. puis*e accéder à la

plénitude de *on humanité. Mais, d'autre part, ce* droit* *ont découverts

dan* Vexpérience historique.. Ainsi y a-t-il un rapport dialectique, étroit

entre, le* fondement* anthropologique* de* droit* de l'homme et leur fondement

po*itifi. C'est historiquement que, le* droit* *ont perçu*, puis énoncé* et

garantis par de* institution*. Le progrèz de. cette, découverte est attesté par le

fiait que ce* droit* *ont dévoilé*, déclaré*, proclamé* dan* quelque* document*

célèbres. Ils ne *ont pas octroyé* ou concédé* par quelque autorité "princleTe".

Mais, outre, que ces conquête* ne *ont jamais défiinitivement a**urées, attendu

qu'une régres*lon est toujours po**ible, elles doivent rester ouvertes à d'au

tre* conquêtes, à d'autre* dévoilement*. ^)

La quête de* droit* de l'homme, menée depuis de* *iècles par le* phllo*ophe*,

le* hommes politiques, le* juristes, etc., ne peut donc connaître aucun répit.

La pleine. reconnais*ance. de ce* droit* apparaît comme un horizon animant la.

quête et motivant la lutte, mais qui recule à mesure qu'on *'en approche..

Le* droit* de. l'homme ont aln*i fiait l'objet de diverses déclaration* au**l cé

lèbre* que la Magna Carta de IZT5, la Pétition de droit* de 162$, le Bill de*

droit* de. T6&9, la Véclaration d'Indépend once, de* Etats-Unis d'Amérique en

1116, la Véclaration de.* droit* de l'homme et du citoyen de Î1B9, la Véclaration

Universelle de* droits de l'homme, de 1948. Toute.fiois, chacun de. ce* document*

comporte Indissolublement deux injonction*. La première, consistz à traduiredan* la pratique, politique et dan* le droit po*itifi le* droit* qui *ont déclaré*.La *econde consiste à relativiser le* déclaration* de droits contenue* dan* ce*

documents, non pour en émousser l'impact, mais au contraire pour voir eh ellesun tremplin ver* le dévoilement de droits non encore découverts.

§ 2. - La participation de l'Eglise, à cette quête

Par *e* laies, par *e* théologiens, par *e* pasteurs, par *e* ml**ionnaire*, par

*a hiérarchie, l'Eglise catholique participe à cette longue quête de Vhomme, pourla découverte, de *es droit*. La ml**lon propre de. l'Eglise "comporte la defien*eet la promotion de la dignité et de* droit* fiondamentaux de la personne humaine"( 5). L'Eglise cathodique *'a**o-

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ïmfr

3.

de donc activement à V efifiort commun de tou* le* homme* de bonne volonté et de

toute* le* institution* qui oeuvrent à la promotion de* liberté* et de* droit*

fiondamentaux. Par là *'est ouvert aux catholique* un vaste domaine ou l'ententeet la collaboration avec de* non-catholique* sont particulièrement fiêconde*.En efifiet, par leur attention aux droit* de l'homme, le* dififiérente* confierionschrétienne* ont trouvé de nouvelle* raison* de dialogue et de concertation. Bien

plu*, ce souci commun a donné naissance à une sorte d'oecuménisme élargi, où

chrétien*, croyants non chrétiens, agnostiques, et même* athée* mettent en

commun les raison* *pécifiique* qui le* pou**ent à défiendre. l'homme et à promouvoir*e* liberté* et *e* droits.

Or, en dehors de* raison* d'ordre philo*ophlque, politique, ou juridique, qui

pou**ent le* homme* de bonne volonté à s'occuper de* droit* de l'homme, intervien

nent également de* motivation* d'ordre religieux, et plu* particulièrement, dan*[6]la perspective chrétienne, de* raison* d'ordre théologiguc. Chaque religion

trouve en efifiet dans le corp* de doctrine qu'elle pnofie**e de* raison* qui lui

*ont propre* d'oeuvrer à la promotion de ce* droit*. Vè* lors, à suppo*er

- dato non concesso ! - qu'une vaste convergence puisse être considérée, comme

acquise en ce qui concerne le* raison* philo*ophique*, politique* ou juridiques,

il re*te néce**aire d'expliciter le* raisons spécifiques qui poussent la commu

nauté catholique à promouvoir le* droit* de l'homme. Ve cet exnmen, on peut en

efifiet attendre non seulement la dis*ipation de certain* malentendu*, mais égale

ment et surtout de meilleure* assises en vue d'une collaboration plus large, mieux

fiondêe, plu* efifiicace.^^

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4.

SECTION II. - VONVEMENfTS SPECTÊQUES VE LA POSITION VE L'EGLISE CATHOLIQUE

Quelle* *ont donc le* raison* *pêclfilque* pour le*quelle*_l'Eglise catho

lique romaine milite pour le* droits de l'homme ?

§ I. - La réfiérence à l'Histoire du Salut

Pour le. chrétien, l'homme a été créé à l'Image de Vicu. Ce thème apparaît

dès le récit de la création, dans le livre de la Genèse [ch. 1-2). Vleu

crée l'homme intelligent, libre, responsable. Il le. crée homme et fiemme,

et cette altérlté originaire, qui émerveille Adam, est le. prototype .mêmede toute *oclêtê humaine. L'homme est appelé à nommer les créature* et

a**ociê par le travail au de**ein créateur de Vleu.

On *ait quel usage filt l'homme de cette liberté : la fiaute originelle, au-delà, de toute imagerie "naïve", engendre le comportement dominateur d'Adam

*ur Eve; la jalousie criminelle de Coin, bientôt meurtrier de son firère

[Gn 4) ; la démesure de Babel, où le* homme* défilent Vleu et *e divisent

[Gn H).

Pour l'Ancien Testament, l'exploitation d'autrui, *on a**ervis*ement, voire.

*on élimination phy*ique pure et *imple, ont leur cause dernière dan* le

re.fius, par l'homme, de *'accepter comme créature, de reconnaître *a dépendance, existentielle vis-à-vis de Vleu son créateur, Lx non-reconnais*ance

de Vleu entraîne une dégradation de la relation à autrui.

Or,au coeur de l'hi*toire humaine apparaît Jésu*-Chri*t, *auveur promis,annoncé par le* prophète*. Pour le. chrétien, Jê*u*-Christ, c'est le fiilsde Vleu fiait homme. Son Incarnation dignifile l'humanité entière, de* lorsque Vleu n'a pa* dêdai.gné de partager intégralement notre condition. Toutle Nouveau Te*tament proclame que Vleu nous aime au point d'avoir acceptéque son Vil* *'ofifire en *acrlfilce pour notre *alut. La mort du Christ encroix et *a résurrection glorieuse, son exaltation [Ph 2, 5-11), donnentà la joie et à l'espérance chrétiennes leur fiondement dêfiinitifi et ultime.

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5.

Jésus, c'est la Parole *alvatrice de Vleu, c'est la manifiestation de l'amourde Vleu, c'e*t l'alnê d'une multitude de firère*, le premier né d'une, création nouvelle [Col 1, 15).

§ 2. - L'Ecriture *ainte et la rêfilexlon thêologlgue

On peut dès lors dégager le* raison* *pécifiiquement êvangêlique* qui mettentles disciple* du Christ en demeure de travailler à la promotion de* droit*de l'homme. Pour la clarté de l'expo*ê, nous réunirons ce* raison* autourde cinq point* qui, du reste, *' articulent entre eux.

K Le Christ appelle tous le* homme* au. *alut. Il pulvérise, les division*entre Juifi*, Grec* et Barbare* [Rm 10,12), entre maître* et esclaves

[Ga 3,28), etc. A tous, la grâce est propo*êe. Il en résulte qu'est afifiir-mêe l'infilnle dignité de l'homme, de chaque homme. Ce point est de capitale, importance car, *i le* phito*ophle* politique* de l'Antiquité, et no

tamment le Stolci*me,avaient réfiléchi *ur la condition de l'homme dan* la*ociétê "co*mopolite" de Vépoque hellénistique, c'e*t au christianisme qu'ondoit l'acclimatation, déjà dan* l'Empire romain, de. Vidée. *elon laquelle,chaque personne humaine a une valeur absolue. C'est même, cette fierme. conviction qui devait très tôt entraîner de* dififilcultê* avec l'autorité politiqueimpériale.. Pour celle-ci, le* chrétiens étaient "athées", dan* la me*ure où,

*e *achant fiils de Vieu, et à ce titre, libre*, ils refiwsaient de rendre, à

César le culte, qu'appelait *on autorité prétendument divinisez [cfi. Ap 17).

Ici apparaît donc en germe, la dis*oclation entre la personne et le citoyen^et cette dis*ociation comporte en *on principe la justification, dan* de*

cas précis, de la dê*obéis*ance civile et de la mise en question de* régime*

et de* gouvernements.

B. Cependant, *l tous le* homme* *ont appelé* au *atut, c}est parer qu'ils

sont tous pécheurs. Tout l'Ancien Testament est déjà une longue dénonciation

du péché, qui vicie les relation* entre le* homme* et Vizu et entre les hommes.

Le Christ, à *on tour, reprend ce thème, "il dévoile le péché jusqu'à sa ra

cine. Le mal n'est pa* à chercher dan* les cho*e* extérieure*. Il procède du

coeur de l'homme. C'est de la que viennent êgolsme, adultère, violence.

[Mt 15,19), etc. Saint Paul donne à ce thème un *ingulier relie.fi dan* *es

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6.

êpltres. Or, le dévoilement du péché de l'homme est riche d'implication* pournotre réfilexlon *ur le* droits de l'homme. Le Christ nous rappelle en efifietque chacun de nous porte en *oi un oppre**eur. Chacun tend à être son propreVleu; chacun tend à *e pré*enter, suivant la célèbre fiormule. de. Protagoras, commela "mesure de toute cho*e" et même comme la mesure d'auttui. Vè* lors, dan*une perspective chrétienne, il n'y a pa* moyen de fialre l'économie, d'une conver-*ion personnelle Intérieure - pour laquelle nous pouvon* compter *ur la grâcedu Christ - *i nous voulon* *incèrement promouvoir les droit* de l'homme. Lalibération intérieure, ayant en Vleu son principe, est le. premier pa* de. toute"révolution" authentique.

C. Cette conversion personnelle n'est pas un événement purement "privé". Elleimplique un changement radical de notre attitude vis-à-vis de Vieu et vis-à-vis

de* homme*. Au**i bien le *e.cond commandement - l'amour du prochain - est-il*emblable au premier - l'amour de Vieu [Mt 22, 36-40) .L'homme étant image, deVieu, chaque homme, dan* sa singularité, exprime, quelque chosede Vinfilnie riches*e de Vleu. Vieu l'a aimé gratuitement en le. créant, en le.*auvant. Le commandement nouveau consiste à fialre comme Jésus : "Aimez-vous

le* un* les autre*, comme je vous aimés" [Jn 13,34). Pulvérisées, les cla**es,les castes, le* cloison*. "Car si vous aimez vos amis, quel mérite avez-vou* ?Les païens n'en fiont-ils pa* autant ?" [cfi. Mt 5,46 *.). Vè* lors, toute rencontre, avec un homme est pour le chrétien une Invitation à rechercher la trace

de Vleu, à découvrir en autrui quelqu'un que Vieu aime, comme il m'aime. S'approcher d'autrui, c'est toujours pour le chrétien, *e fialre proche de lui, commele Bon Samaritain *'e*t fiait proche du ble**é [cfi. Le 10, 29-31). Autrui, c'est

l'êpiphanle du visage de Vleu, et toute la mission de l'Eglise et de* chrétien**e rê*ume à lire ce visage, là ou II n'a pas encore été discerné dan* la plénitude

divine de *a manifiestation multifiorme.

Etre firères, c'est découvrir cette fiiliation partagée par chacun dan* *a

*ingularltê; c'est au**i *e laisser modeler par autrui; c'est collaborer, avec

une infiinie dêlicate**e, à la con*tltution, à Vêdifilcation d'autrui - car, nous

*omme* tous otage* le* un* de* autres, membre* du Christ (J Co 12,27). Etre,

firères enfiin, c'e*t prendre *y*têmatlquement le parti de ceux qui n'ont pas en

core été reconnus dans leur singularité ni promu* à la liberté à laquelle. Us ontdroit.

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7.

Le nouveau commandement appelle dès lors des traduction* concrète* au plan de*comportements. Il invitz d'abord à débusquer le pauvre, le marginal, le. lais*êpour compte, là où. personne n'a encore *oupçonné *a présence. Il comporte unappel à rechercher, dan* l'histoire, la réalisation d'une, firaternitê universelle, mais respectueuse de* dififiêrence*. {Par *on fiondemznt religieux, le nouveau commandement tran*cende la catégorie humaine de la justice.. Mai* c'estnotamment dan* la promotion de* liberté* et des droits fiondamentaux de. l'homme,que la charité peut *'exprimer objectivement dan* l'histoire. La charité intervient ici comme "régulateur" de l'action politique, juridique, économique,*ociale.\

•Elle. pre**e. de contester tout ce qui est ob*tacle à la firaternitê et de. mettreau point de* médiation* institutionnelles rapprochant davantage le* homme* *an*pour autant les unifiormlser.

p. La révélation apportée par le Christ à propo* de. la conversion et de lu

firaternitê universelle, a un retenti**ement direct *ur la manière chrétienne

d'envisager le* rapports de l'homme au monde , c'est-à-dire, le travail et la

culture. Pour le. chrétien, le travail ne *auralt être réduit à une *imple

marchandise; même *'il e*t pénible, il n'est pas châtiment. Il est d'abord

droit et devoir parce qu'il a**ocie l'homme à la. création [Gn 1,28). Il est

transfiormatlon, humanisation de la nature et II est appe.lé à rapprocher le* hom

mes, non à le* *éparer. Par le* produit* qui en rê*ultent, le travail est donc

échange, médiation entre les hommes; il appelle la. reconnais*ance$ il est déjà,

de ce point de vue, *ervice. Il appartient donc à l'homme d'ordonner la créa

tion au bien de l'humanité tout entière. L'histoire du mauvais riche [Cfi. Le

16, 19-31) et towUl'êpltre. de *aint Jacque* rappellent aux chrétien* qu'ils *ont

gestionnaire* et non propriétaire* de* bien* que le Créateur a mis à leur dis-

potition.

Ve cet en*eignement *crlpturalre découle d'emblée la condamnation radicale del'appropriation hédoniste, du ga*pillage, de la publicité irresponsable, del'escalade à la jouissance avaricieuse. Un travail dégradant, de* *tructure*

économique* fiaisant écran entre le* homme*, *ont incompatibles avec le* exigence*

de l'Evangile.

Compte tenu du *en* êvongêlique du travail, le chrétien pourra porter de* juge

ment* critique* *ur les condition* dans lesquelles *'e.xerce le travail et *ur le*

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è.

*tructure* économique* d'une *oclétè déterminée.. Mais V essentiel de sa

démarche con*istera à créer de* condition* empirique* qui permettent au

travail de *' exercer dan* de* condition* plu* confiorme* à la dignité

de l'homme et au de**ein de Vieu.

E. Enfiin, le. Salut *e fiait dan* le temp*. Or le temp*, pour le chrétien,

n'a rien de. cyclique; Il a un *en*, et c'est ce que l'on veut dire, lorsqu'on

parle d'Histoire sainte ou d'Histoire du Salut. Cette histoire, procèdevers *on terme. Et l'esptrance chrétienne, est précisément l'a**urance que

le sens ultime de ce. que. vivent actuellement VEglise, et l'humanité, ^accomplira et *era révélé à la filn de* temp*. Mais cette espérance, est

au**i épreuve, car Vieu n'a pas programmé une. histoire dont le* homme* *e-raient *imple* exécutant*. L'histoire, elle au**i, est cocréatlon.Elle est culture. En révélant à l'homme *a nature et *a vocation, le. Christ

le libère de l'emprise de* idole* de la société *éculière. L'homme n'apoint à *e *oumettre à la. "molra", à la Grande Année au jàtum, à la fiortuna :autant d'épouvantail* que le Christ a vaincu* en vainquant la. mort

[cfi. Ep 1,21); 1 P 3, 22, etc.).

Il *'ensuit que n'ayant rien de dèfiinitifi à protéger ou à con*erver, le.chrétien est totalement libre fiace au passé et au présent. Il peut et doit

refiuser ce qui fiut ou est fiacteur d'oppre**lon. L'Evangile désintalleconstamment, ou, *l l'on préfière, nous rappelle ce que notre conditionactuelle a de provisoire. N'ayant rien à garder ni rien à pTêtlger , noussomme* entièrement di*ponible* à un avenir qu'il nous appartient de créer,dont Vieu nous confie la responsabilité.

C'est par cette "ignorance", plu* divine que docte, que le chrétien *e distingue de* idéologue* qui prétendent emprisonner l'avenir ou, ce qui revientau même, le. délivrer de *e* incertitude*. L'avenir, pour nous, il fiaut l'inventer, le créer. Mais cet efifiort d'Invention est sous-tendu par l'espérance [cfi. Rm S ,20-22). C'est l'espérance qui pou**e le. chrétien à refiu-*er une. *ituation actuelle encore marquée par le péché et l'Injustice.C'est l'espérance au**i qui l'incite, à mettre *ur pied de nouvelle* ln*ti-tution*, animée* par un *ouci accru de justice et de liberté.

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L'espérance chrétienne comporte donc un principe de contestation permanente.Mai* cette conte*tation n'émane pa* du prurit du changement pour le changement.Elle a un *en*; elle a une fiinaUté et c'e*t cela précisément qui assure safiécondité. Par là, l'espérance chrétienne stimule la réfilexion *ur l'expériencehistorique de* communauté* humaine*. Elle provoque par le fiait même un appro-fiondis*ement de la réfilexion *ur le* liberté* et le* droits. L'espérance estainsi la *ource majeure du prophétisme chrétien. Elle nous révèle incessammentque l'humanité est capable d'un mieux être, auquel chaque homme est appelé àparticiper, et que nou* devons prendre l'initiative d'inventer et d'instaurer.

§ 3« - L'existence reçue en partage

Tout en *e *ituant à un niveau éminemment hellgleux, la. Bonne Nouvelle de Jésus-Christ se révèle donc être particulièrement stimulante pour une réfilexion sur lesdroit* de l'homme. La catégorie de l'avoir est balayée par la catégorie de l'être.Quelques thèmes-clé, éclairé* par l'Evangile, se chargent tout à coup d'un dyna-mlsme prodigieux. L'exigence de justice distributlve est urgée par le nouveau commandement. Bien plu*, désormais, ayant reçu gratuitement, U fiaut donner gratuitement. Il fiaut pousser l'amour jusqu'au pardon. La justice devient une tâcheinfiinle à réaliser : nous ne seron* plus jamais quittes avec autrui [cfir. Km 13,S).

Ve même, la liberté bourgeoise et individualiste cède la place à la re*pon*abilité.Ke*pon*abilité fiace à autrui, fiace à la société, fiace à la nature, fiace au temp*.Ma liberté, je dois la chercher dans cette tâche qui m'échoit : celle qui con*i*teà coopérer à la libération intégrale d'autrui.

Enfiin, tout ce qui *épare et divise se trouve condamné son* appel. L'humanité estd'abord l'ensemble des fiils de Vieu, et tout ce qui est clan, Etat, etc. a ses jour*comptés ou doit, du moin*, être relativisé. Par contre, tout ce qui rapproche le*homme*, tout ce qui leur permet de *e reconnaître et de *e rencontrer pour ce qu'ilssont, dans le respect de leurs dififiérences, tout cela s'inscrit dans le droit fiilde l'Evangile.

En dernière analyse - et pour résumer - si moi, chrétien, je dois reconnaître autruiet l'aimer, c'est parce que j'ai reçu comme lui l'existence en partage, c'est parceque Vieu l'aime comme il m'aime. Et cette assurance entraîne pour moi de* devoirsde morale Interpersonnelte et *ociale absolument impre*criptibles.

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EM

10.

Or, *i cette existence partagée a un *ens, nous croyons que ce sens ne connaîtra pas sa pleine réalisation ni sa pleine manifièstation dan* l'histoire humaine. Pour le chrétien, la vie terrestre ne *aurait voir Vaccomplissementdu tout de l'homme, et nous croyons que Vieu *eul mènera à l'histoire son ac-complis*ement total. Mais nous croyons aussi que chaque fiois que les chrétiensou les hommes de bonne volonté luttent pour dénoncer les injustices ou pourfialre respecter ceux qui on Ignore ou bafioue, ils se\fiont les artisans du dessein de Vieu dan* le monde et dans le temps [cfi. Mt 25, 3Ï-46).

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11

SECTION III. - PR0ITS ET VEV01RS

§ 1. - Le "nouveau commandement"

Il découle de ce qui vient d'être dit que, dan* la perspective chrétienne,toute réfilexion sur les droits de l'homme appelle nécessairement une réfilexioncomplémentaire sur les devoirs. L'existence que, tous, nous recevons en par

tage, nous la vivons sun le mode de la fiinitude et dan* la pluralité de no*

liberté*. Vès lors qu'est reconnue la radicale participation existentielle,

je dois admettre que Vieu qui me valorise comme personne, dans l'intelligenceet la liberté, valorise pareillement autrui.

C'est ici que s'enracine toute une éthique des devoirs, que l'on présente le

plus souvent sous son aspect négatifi : on explique - du reste fiort opportunément •

que ma liberté est limitée par d'autres libertés. L'éthique des devoirs se

fionde ici sur le fiait qu'en ultime instance, ni moi-même, ni autrui, nous ne

nous constituons nous-mêmes. On peut toutefiois envisager les choses de fiaçon

plus positive. Si en efifiet Vantrhopologle chrétienne se caractérise par un

optimisme invincible, autrui ne peut en aucun cas être mon rival, mon ennemi,

l'obstacle déclslfi à Vafifiirmation de mon moi, l'entrave fiatale à ma liberté.

Autrui n'est pas seulement mon complément par *a dififiérence. Cest par *a mé

diation que je prend* la me*ure de ma propre *ingularité. Nous nous constituons

le* un* les autres parce que notre existence est strictement personnelle.. J'ai

donc non *eulement le devoir de respecter autrui dans sa liberté; mais aussi le

devoir de coopérer à Vépanouissement de sa liberté, à Védifiicatlon de sa per

sonne dans toutes ses dimension*.

On entrevoit ici la prodigieuse nouveauté du "nouveau commandement" et la non

moins prodigieuse efifiicace sociale dont celui-ci est gros. Aimer autrui,

cela slgnifiie l'aime* de l'amour dont Vleu aime l'homme, sa créature, et l'hommesauvé par le sang de *on VUs. Aimer autrui, pour le chrétien, cela slgnifiie

participer à la création actuelle, en édifiiant autrui dans son intelligence et

sa liberté restaurée*, dan* *a singularité d'homme nouveau [cfin. Ep 4,24).

Cet amour trinitaire, exprimé dans l'amour créateur du Père, s'e manifiestêdans l'Incarnation et le sacnifiice ridem\3teur du Christ.

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12.

C'est donc uniquement dans la perspective trinitaire que l'on peut saisir

la radicale nouveauté apportée par le Christ. Vieu n'avait pas besoin

de créer l'homme, ni non plus de le sauver. Il a fiait l'un et l'autre par

pure gratuité, par amour. L'amour trinitaire, personnifiée dans l'Esprit,Vieu l'infiuse dans nos coeurs pour nous donner la possibilité de le par

tager et de le manifiester. Tel est donc le fiondement ultime et le précepte

finalement unique de l'éthique chrétienne, qui fiait de l'amour le devoirsuprême. Amour constituant d'autrui, amour créateur de singularité, amourvalorisant, amour rédempteur : nous devons répondre d'autrui devant Vieu[cfir Gn 4,9).

P.-.'L*>§ 2. - Echec à l'individualisme */., 7/x^r' ."-"""" / / itf.

\rf •Aii

Ve ces prémisses découlent directement diverses conséquences touchant lesdroits de l'homme. Retenons-en trois. Vabord, l'Evangile comporte une con

damnation sans appel de la liberté, non certes individuelle, mais stricte- 'Xment individualiste, telle qu'elle tend à pnévaloir dans certaines sociétésqui s'assignent étrangement cette liberté-ci comme idéal politique. Orcette conception de la liberté annonce la mort du tissu social et du lienpolitique. Elle conduit tout droit soit à Vafifiirmation de la puissance d'uneminorité qui canfiisque la. et les libertés à son profiit, soit à l'anarchie.Cette liberté-là est une liberté strictement irresponsable : personne ne

devant répondre de personne, nous sommes dans un état de nature régi par laloi de la jungle.

Ensuite, pour endiguer les abus ainsi engendrés, le* hommes cherchent souventà se mettre sous l'aile protectrice de l'Etat. Mais, bien que soucieux de remédier aux inégalités engendrées par la démesure des individualismes conquérants, les socjalismes ne *ont pas parvenus à se dégager de la conceptionde la liberté sous-tendant les régimes qu'ils entendaient contester. Leurconception de la liberté va de pair avec une méfiiance systématique vis-à-vis des personnes. Il en résulte, ici aussi, une liberté "irresponsable",au terme de laquelle nul ne doit répondre personnellement de personne. Onsait le type de régime q-ue secrète cette méfiiance systématique : un régimequi isole l'individu, qui éventuellement l' "unixOmensionallse", et qui, detoute manière le livre à l'Etat-Léviathan.

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13.

Enfiln, z& conception "re*pon*able" de la liberté, que l'on peut fionder philosophiquement mais qui trouve dan* l'Evangile des justifiications originales, ne

présente pas Vunilatéralisme qui caractérise l'approche de la liberté

que Von trouve dans les traditions libérale-bourgeoise et socialiste.

C'est pourquoi cette conception de la liberté ménage une articulation étroite

entre droits de l'homme et devoirs correspondants.

Que s'ensuit-il au plan concret ? En premier lieu,

que les associations entre les hommes ne sauraient être réduites à des rap

ports purement cjonltoctuels. En second lieu, que les institutions, oeuvra

des hommes, sont appelées non à séparer les hommes, mais à procurer des mê-

diatXm& entre eux. En troisième lieu, que nulle institution, fiùt-ce

l'Etat, ne peut prétendre à la déifiication. Enfiln que l'Etat ne peut multi

plier les initiatives intempestives, muselant les personnes et démobilisant

les corps intermédiaires. Tous, en efifiet, ont quelque chose à recevoir, mais

aussi à apporter, à la communauté humaine.

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14.

SECTION II/. - PORTEE VE LA CONTRIBUTION VE L'EGLISE

En rapprochant ce qui vient d'être dit de la première partie de notre exposé,on constatera que l'enseignement de l'Eglise, et, avec elle, du théologien,

apporte une contribution décisive à l'élargissement et à la dynamique des

droits de l'homme. Cela est particulièrement firappant lorsqu'on se reporte

aux conceptions limitée* des droits de l'homme qui ont prévalu dans l'Antiqui

té païenne.

Pour de* raisons philosophiques déjà, on peut afifiirmer que tout homme est *ujet

de droits fiondamentaux, antérieurement à, et indépendamment de. la reconnais

sance qui en est fiaite par une autorité politique. C'est même sur cette thèse

que s'appuyent, *ouvent explicitement, tous le* grand* mouvements révolution

naires occidentaux.Ceux-cl reprochent en efifiet aux Princes de ne pas avoir res

pecté le* liberté*, le* droits de l'homme et du citoyen. C'est cette thèsede philosophie politique qui sous-tend, en fiait, le* grands document* contempo

rain* portant *ur les droits de l'homme.

Tout Venseignement du Nouveau Testament apporte une confiirmation théologale à

cette position philosophico-politique. SI l'homme est fiUs de Vieu, il a,

par nai**ance> une dignité qu'un Empire ou un Etat ne *aurait prétendre laioctroyer [ou lui dénier) *an* tomber dans le ridicule. SI tous les hommessont appelé* à la firaternitê, le* fironttëres qui lu\ séparent doivent êtrerelativisées et parfiols carrément contestées.

ïl découle dès lors de l'Evangile que le droit positifi, le* institution* politique* et économique* jouissent d'une autonomi^^ que le pluralisme de*option* concrète* n'est pas sans limites; et même que toute déclaration dedroit* est marquée d'historicité.

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51»

15.

§ 1. - Autonomie nelatlve

En pnemlen lieu, on tAouve dans l'Evangile., un pnlnclpe de. contestation de,

tout positivisme junldlque nadlcal. Le. dnolt positif n'a. pas à émanen de. la

volonté césanlenne d'un despote Imposant ion anbltnalAe. Il doit tnadulne,

dans un contexte. hlAtonlco-cultunel donné, les exigences Inconditionnelles de*

dnolt* fondamentaux de l'homme.. De Zà de.pe.nd la. légitimité de. l'ondne lê.gal.

Voua le* même* naison* 6e tnouvent condamné* tous le* néglme* ne**ontls*ant

a la politique. pune. la politique, n'a pas poun but VaUlnmatlon d'une, volonté de. puissance; elle n'e*t pas pu/te e&Alcaclté. De. même, la vie. économique,

ne. *aunait-eUe obélA à quelque, loi d'alnaln, cellz du pno^lt, celte, de. l'ex

pansion Indéfinie. L'économie, n'a pas de quoi iounnln elle-mbne lejs finalités

deAnleA.es qu'elle nechenche - saui à ce**en d'îtne une science humaine.

§ 2. - Vlunallsme turltê Jl'L"(, /''

Vis Ion*, *l l'autonomie du dAolt, de la politique, de l'économie est relative,

Il va de *ol que le plunall*me des options conenéte* compatible* avec l'Evan

gile n'est pas Indéjlnl. Sans doute, VEvangile ne componte-t-U aucun pnognamme

concAet d'action. En dépit des tentatives étranges qui ont été faites en ce

sens, Il ne saunait iounnln lie* prémisses à pantin desquelles on pounnalt dé

duite des nonmejs conenete* auxquelles devnalt obélA l'activité temponeUbe. Voua

le contenu. emplAlque de cette activité, le chnétlen est nenvoyé à 6a compétence,

à son&voln, à son Imagination cAéatnlce. C'est pounquol, iace à une situationdonnée, le diagnostic ponté pan des chnétiens pounna vanleA>et la dlvenslté deces Intenpnêtatlonspounna donnen lieu à dlvens pnognammes d'action.

L'éventail des pnognammes envisageables pounna etne plus ou moins lange, maisla dlvenslté. deleuns contenus sena nécessalnement limitée tant pannes cnlttnesthéologiques communs, auxquels se né^tAent les chnétiens poun jugeA une situation,que pan la finalité ultime qu'Us necheAchent dans l'action. Il en nésultz que.centalns néglmes politiques ou centaines options économiques sont a pnlonl Incompatibles avec le nespect des dAolt* fondamentaux de l'homme, que l'Evangilepnesse de pnotégen et de pnomouvoln. Ve même tombe-t-U sous le sens qu'unchnétlen ne peut necounln à des moyens d'action qui, pan leun natune, nient

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16,

et Us cnlteAe* êvangéHque* de l'action et la frin ven* laquelle Ils pnéten-dent condulne. (u^--

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§ 3. - LapaAtdzl'hlstonlclM '• /c-,^'^\J ^' — XJ~ . jtxV

lLa nelatlvlté que nous venons de soullgnen est encone pfenceptible dans l'hlsto-nlcltê qui canactênlse toute déclanatlon de dnolt*. Cette hlstonlcitê a déjàété nelevêe à pnopos des gnandes dêclanatlons classiques* La penceptlon desdnolts de l'homme, pan et dans l'Eglise, et leun pnoclamation n'échappe pas àla même condition hlstonique. L'Eglise est une communauté vivante, qui nê^lê-chit sua ses expénlences et Sun celles de ses membnes. însênêe dans le monde,elle pantage les conditions d'existence des hommes. SI elle a en pnopne la lu-mléne de l'Evangile pouA êclalnen l'expénlence hlstonlque, elle ne jouit denul pnlvUege qui la dlspensenait d'une vigilance sans faille, à dé&aut de laquelle elle ne saunait apponten sa contnlbutlon à la cause des dAolts de l'homme.

On, à ce sujet, Il convient de nappelen aux chnétiens eux-mêmes, que c'est au&ll de son hlstolne que l'Eglise a $ait des expénlences successives pontant Sun

(72) —"'-*-—-----les dnolts de l'homme, il n'est pas Inutile d'êvoquen, à ce *ujet, quelque*exemple.*. Saint Paul ne conte*te pas l'immonalité de l'esclavage, que saintThomas consldlne encone comme de dnolt natunel '- l'immonalité de l'esclavagen'a été pençue que pnognesslvement. Ve même, n'est-ce que pnogne**lvement qu'aété afâlnmée l'égalité des dnolts de l'homme et de la iemme. Le dnolt à Vln-têgnlté phy*lque n'a pas toujoun* été d'une évidence aveuglante, et la tontuneavait sa place en chnétienté. La libenté nellgleuse, de pensée ou d'expne**lon,ne va de *ol que depuis le XTXe siècle. Le colonialisme, avec l'exploitationqui en est le conoUalne, n'a pas toujouns été dénoncé comme contnaine à l'Evan-g<Ue.

B/Le^, tant dan* l'Eglise qu'en dehon* d'elle, le. pnognès dan* la penceptlon de*dnolt* fondamentaux de l'homme *e tait à pantin d'une nêjlexlon *un l'expénlencehi*tonique. Et, sans doute, devons-nous tenln compte de cette mange de nelatl-vltê hlstonlque lonsque nous ponton* de* jugements Sun de* situations passées.

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17,

kbisl, tant poun le chAêtlen que poun le non-chnétlen, le pnoblême des dAoltsde l'homme dolt-ll êtne napnls Incessamment. L'attention doit îtne constammentnéactlvêe : le hlen n'est pas nonmatii, mais U nous suggene de nepnenaAe au-jound'hul la démanche fondamentale de mise en question qui e*t lasouAce detout pnognés.

§ 4. - La nêiênence au passé

Le pnognês de la conscience monale chnêtlenne, sa sensibilisation pnognesslve àdes pnobleme* nouveaux, le puissant stimulant que constitue l'Evangile à unenêilexlon sua les dnolt* de l'homme n'expliquent cependant pas pounquol l'Eglisea Ignonê ou boudé centaine* dêclanatlon* de dnoits, et pounquol elle a tandê àexpliclten *a po*ltlon à ce sujet.

Quelque* nemanque* à ce *ujet *ont néce*salne* poun clanlilen le* débat* et iacl-liten le dialogue. Tout d'abond, au**l longtemp* que le monde occidental a vécuen néglme de chnétienté, l'Eglise, pan la monale qu'elle pnêchalt, pnomouvalt de.<&& loAgzment ce que nous negnoupon* sous l'expnesslon "le* dAolts de l'homme".U panalssalt supenilu d'expliclten sou* ionme de "dêclanatlon de dnolts" cequi était déjà contenu dans des pnlnclpes monaux ialsant lange unanimité. Ensuite,les cêllbnes dêclanations, à l'exception de celle de 1948, pontent toutes sua desdnolts fondamentaux, centes, mais qui sont pnoclamês, concnètement, au bênêilced'un gnoupe paAtlculien : noblesse ou boungeolsle paA exemple. Centaines naissentd'ailleuns dans un contexte nettement antlclênlcal. Il iaut attendne 1948 pouAqu'appanaisse une dêclanatlon qui se veut unlvenselle.

Pan ailUuns,on contestenadifficilement que l'iniluence monale de l'Evangile seàolt cantonnée à la sphlme de l'Eglise : l'Evangile ne se laisse pas empnlsonnen(ci. 2 Tm 2,9). Vis Ions, Il est plausible d'admettne que l'iniluence plus oumoins consciente de l'Evangile ait pu senvln de catalyseun, chez des non-chnétiens,dan* la dénonciation de centaine* pnatlque* ou la. pnoclamatlon de centain* dAolts*MjisI est-ce pnobablement sous l'iniluence du chnlstlanisme que iut abolt le jusvltae neclsgue attaché à la patnla potestas nomaine.

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18,

Il iaudnait d'aulne pant nedécouvnln des textes maglsténlels tAop peu connu6publiés au XVI et Mlle *., à l'époque de* gnande* dêcouveAtes[I6hentalnsde ces textes sont d'une actualité sunpnenante pan les dêclanatlons qu'Us

compontent Sun la llbentê et les libentés des Indiens, ainsi que - avant la

lettne - sun le dAolt des peuples à dlsposen d'eux-mêmes.

Quoi qu'il en soit de ces neiênences au passé, Il neste que, depuis Léon XIII,

VtgJLLse s'est nesotument déclanée pantle pnenante dans le combat de l'homme

poun la neconnalssance de ses dnolts. Que cette évolution ait été stimulée

pan des mouvements de pensée éloignés du chnlstlanlsme, comment le nlen ?Mais II est suntout nemanquable que l'Eglise se laisse de plus en plus Inten-

pelleA pan le monde où. elle se tnouve Implantée. A nouveau, appanalt Icile noie de l'expénlence hlstonlque dans la matunatlon de la thématlsation thêbtlogique. On, si la condlttnn des ouvnlens, au XIXe siècle, détenminait

Léon XXII à pnoclamen les dAolts des tnavaUleuns, à combien plus ionte nal-

son l'Eglise devait-elle se laissen Intenpellen paA tes pnobllmes que soulèvent la guenne, la décolonisation, la pauvnetê dan* le monde d'aujound'hul.

Touteiols, avant de nappelen les gnandes étapes de Venseignement nêcent

4e VtglÀJse à pnopo* de* dnolt* de l'homme, nous ne pouvons passen sous

àixjence un pnoblème hlstonlque et doctnlnale de taille : celui de le tolénan-

ce.

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Iegg;:&>-

19.

SECTION V. - TOLERANCE OU INTOLERANCE ?

La tnaditlon catholique atteste que la neliglon a souvent été Invoquée poun Iz-gitimen des abus qu'il Imponte de dênoncen. Le concile Vatican 11 l'a du nestenappelê explicitement. Il neconnalt qu'"lt y a paniols eu dans la vie du peuplede Vleu, cheminant à tnavens les vlsclssltudes de l'hlstolne humaine, des ma-nlènes d'aglA moins con{onmes, bien plus même contAaines à l'espnlt êvangêlLque"(17).

§ 1. La hantise de la dissidence

la tolênance a longtemps été pnêsentêe comme une attitude tout négative : ons'abstient de molesten de& pensonnes ou de* gnoupes, sans que cette suspensiond'intenventions coencltives et/ou nêpnesslves Implique le moins du monde de l'in-

dlHênence. Il s'agit somme toute de supponten ce qu'on consldène comme un mal,

ce qui appanalt comme V expnesslon publique de l'enneun, ce qui est jugé commeune conduite blâmable.. Vans le monde chnétlen, cette conception de la tolz-nance est l'hênltlène dlnecte d'une pênlode de l'hlstolne que nous désignonssouvent d'un seul mot : la chnétienté. Pênlode, ou plutôt "éthos", climat, danslequel II y avait Imbnlcatlon, non seulement, pnatlqué, mais souvent thêonlque,

entne le pouvoln temponel et le pouvoln splnltuel.

Il n'est centes pas question d'entnepnendne Ici le pnocês de cette chnétienté.,

ne iùt-ce que ponce que se tnouvenalt démenti et même contnedit ce qui a été dit

plus haut. SI en eiiel, VInstaunatlon de la justice obéit à un pnocessus hlsto

nlque et dynamique, compnendne les choses dans leun contexte hlstonlque et cultu-

nel devient une exigence, de la justice elle-même.

Une pnemlène nemanque s'Impose Ici : sous l'angle où nous l'envisageons Ici, la

société médiévale doit plus à la cité antique que nous ne l'hvaglnons génénale-

ment. L'Athènes de Pênlclès était une société langement Intolénante, ou l'ostna-

cisme inappalt lejs opposants. La Rome Impénlale, exigeant le culte de l'empeneun,

a pnatlqué une Intolénance dont les chnétiens dînent les {nais jusqu'à Constantin.Une iols chnlstlanisêe, cette société n'a pas mi* en cause la vieille hantise dela dissidence ou simplement de la dliiênence. Chanlemagne, pan exemple, déployatoute la vlgueun nècessaine poun conventln les Saxons et les Intégnen à l'Emplne.

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20.

Ponce est donc de constaten qu'à Vlnstan de la société antique, mais sua desbases dliiênentes, une centaine société médiévale se voulait homogène, mêmes'il est vnai que son monolithisme et son IntAanslgeance étaient tempênêspan le nappel des devolns monaux du chnétlen vis-à-vis de ses semblables.

7\ Cette société s'est même dotée d'onganisatlons -comme centains ondAes nellgleux -en vue de la dépense de son Intêgnltê-En outne, cette même société devait loncêmenisecnéten une Institution inqulsltonlale. dont la junldlctlon, débondant la

sphène du doctnlnal, emplètenait Sun le domaine politique. La déviance politique était consldênêe comme une hênêsle et nêcionoquement. Le bnas sécutlen

devait même pounvoln à la déiense de Vlntêgnltê doctAlnale : VJuntolênance^à la iols doctAlnale. et civile, était la nègle. Vambiguïté de la thêonle

deAdeux glaives continue- à etne cultivée et les coniuslons qui s'ensuiventse panent de Vautonltê du Pape Gélose [Vè s.) et de saint Eennand. Sun ce

point, d'ailleuns, Luthen est encone un médiéval attandê.

L'histolne nous enseigne cependant ainsi que cette chnétienté a sicAétê elle-même sa pnopne contestation et sa pnopne mise en question. Qu'il suOlse d'êvo-

quen Ici, proun mêmolne, les iameuses quenelles du Sacendoce et de VEmplne,

et les apnes contnovenses qui eunent Heu, aux XlVème et KVème *lècle*, *un le*

nelatlon* entAe pouvoln tempenel et pouvoln splnltuel. On se souvient également

que c'est dans le contexte de* guenne* de neliglon* qu'ontsungl les gnande* discussions de l'époque modenne Sun l'Etat, le dAolt natunel, les dnolts de l'homme.

On, à la dliiénence du Saint Emplne, l'Etat modenne ne sena pas nécessainement conies-slonnel. S'il apponte encone, cl et là, son appui à telle ou telle neliglon,

ce n'est plus tant poun des nalsons doctnlnales que pouA des mollis d'oppontunltêpolitique. "Panls vaut bien une messe". Peu à peu, l'Etat se laïcise, se sêcula-nlse, et à mesune qu'il pnend, de ialt et de dAolt, ses distances vis-à-vis del'Eglise ou de telle coniesslon netlgleuse, cela n'a plus de sens d'attendAe delui qu'il *e montne tolênant. On *ouhaitena au contAaine qu'il *'ab*tlenne d'in-tenvenln dan* le* débats thêologlque* et doctnlnauxl et qu'il cnêe des conditionsiavonables à la HbeAtê de pensée, de discussion, de publication, etc.

Cette évolution aiilzune dans l'Edlt de Nantes [1598) et dans V'Act oi Tolenation"(1635). Elle tnouvena sa pnemlène systématisation dans l'Ecole duVnolt natunelà laquelle - justice leuA soit nendue - beaucoup de chnétiens ont tAès tôt appontêune contnlbutlon décisive. Les nêoscolastiques de la Renaissance, les Monanchoma-

ques Bodin pul* Gnotius, Puiiendoni, et même Hobbes à sa iaçon, - poun ne cit.en que' CfitlX-t* -

(SKV-fn

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21.

ont pnéclsément voulu mettre un tenme aux auenne* de neliglon en tentant de pnopo-&zn un tennaln d'entente non-confessionnel *un lequel on puisse {aine tond. Panlà, U* avalent en vue une *oclétê aanantlssant, à l'Etat, la paix Inténleune etta sêcunltê exténleune, et, aux citoyen*, la sauvegande de* llbenté* et de lallbenté.

Il neste qu'au plan de la pnatlqué concnète, cette évolution a langement été boudéepan les chnétlen* de toute concession. Grotlus lui-même devait *e ialne accusend'athéisme. A l'époque des Temps Modernes, l'Eglise catholique, en pantlcull.cn, ne

s'est pas bonnée à ialne anise mine à la quête phlloso^hlco-polltlco-junldlque des

dnolts de. l'homme; elle a iait anlse mine à Vaffirmation des nationalités. Bon-

non*-nou* à neleven quelque* exemple* tlnê* du monde catholique. La Dêclanatlon

de* Dnolts de l'Homme et du Citoyen [1789) a été boudée pan le* catholique* inan-

çal* ju*qu'au début de ce siècle. Le* pnomoteun* de l'Indépendance en Amênlque latine ont été accu*é* de "nébetllon" et de "sédition" pan Pie i/ÏI, dan* l'Encycll-

que Etsl tonalsslmo [1816). L'encyclique. Mirant vos [1832), de Gnégolne Xl/I, ne-

pnoche à Lamennais de se ialne te déienseun de la llbenté de conscience, et le thème. e*t nepnl* et modifié pan Pie IX dan* son encyclique. Quanta cuna [1864), etdans le iameux Sytlabus [1864) . Il iaut attendne Léon XIII et son encycliqueLibenta* pnae*tantl**imum [1888) poun que commence à polndne la pnobtématlque con-

temponalne, axée *un ta nette distinction entne Indl^énence doctAlnale et tolénancecivile.

§ 2. Une tâche éthique à promouvoir

Nous n'entnepnendnons pas ici. une autocritique à ce sujet, d'autant que notne. point\ de vue n'est pas celui de l'historien. Ce qui nous inténesse concrètement, c'est' ta possibilité, poun te chnétlen, de concilie* le nesoect de la vênlté névélée. et\ le respect dû aux personne*. La position de V Eglise iace au problème de la tolérance apparaît donc comme une vienne de touche de sa position vis-à-vis des dnolt*

\ de l'homme. Mou* voudrions donc montrer sommalnement en quoi et combien la problé-[18)

•mtlque actuelle di^ène de celle qui a lonptems prévalu

•Présentement, en etiet, on peut dire que la tolérance est devenue une vertu, unenécessité d'ondne moral, une valeur éthique à promouvoir. Encore iaut-l? pnendne.

•acte de Vévolution de la réflexion à son sujet, la tolérance ne connote. plus[aujourd'hui llidée de condescendance plu* ou moins hautaine ou d'Indulgence. Elle[n'est plus ressentie comne une concession, consistant à supponten le mal, ou commeiun dépit, iace à un mat vis-à-vis duouel on est. impuissant. La tolérance est deve-i . llQ)*nue une tâche, un protêt, un devoir

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22,

La tolénance ainsi entendue, n'est ni IndlHénence, ni scepticisme désabusé, nipanesse; elle est nespect des pensonnes, conilance dans leun capacité et leun déslnde nechenchen la vénlté; elle, est pnésomptlon de bonne iol. Elle pont dupnésupposé que nul n'est pnopnlétalne de la vénlté et que chacun peut pnognessendans sa nechenche. Cette tolénance n'est ni nellgleuse, ni dogmatique, ni doctAlnale; elle est civile. Elle n'Implique nulle néiénence à une doctnlne,à un système de pensée, à un ensemble de thèses philosophiques, à un conps devénltés névélées. Elle est une qualité d'attitude vis-à-vis des pensonnes EUt estneconnalssancs de dliiénence et d'alténlM. Elle est neius de toute standandisatlon

Sdes hommes, de toute néductlon unldlxnen*lonatl*anle* Elle nepo*e en iln deI compte *ua un iondement antknopologlque, au tenme duquel chaque homme est *ujetj de connaissance et de volonté : nul ne peut se substltuen à mol dans l'acte de: connaissance ni me déchangen de ma nesponsabllité au moment de V engagement.j

i.Moc6 compnlse de la sonte, la tolénance, outne qu'elle nepose sua de solides ionde-1> ments anthnopologiques, nepose aussi sun un solide iondement d'ondAe thèoloaique-

IPensonne, en eiiet, ne peut - au double sens de : n'a le pouvoln ni la possibilité

ïde - me ioncen à cnolne. La iol est pan déilnltion même l'acte éminemment pen-\sonnel d'un etAe Intelligent et tlbne. Elle, n'est ni contnainte ni simulation.

\Et le nouveau commandement [Jn 13,34) me pnescnlt d'almen tout homme, sans condl-

itton, ni distinction.

C'est à cette conception contemponaine de la toWiance qu'a souscnlt le Conclu

Vatican 11, lonsqu'll la nésume en ces tenmes dans la Constitution Gaudium et Spes :

"Le nespect et t'amoun doivent aussi s'étendne à ceux qui pensent et agissent

autnement que nous en matlène sociale, politique ou neligleuse ... Centes,i

cet amoun et cette bienveillance ne doivent en aucune iaçon nous nendne Indliiénentâ

ï l'égand de la vénlté et du bien. Mieux, c'est Vamoun même qui pousse les discl-i

'pies du Chnlst à annoncen à tous les hommes la vénlté qui sauve. Mais on doitUstinguen entAe l'enneun, toujouns à nejeten, et celui qui se tnompe, qui gandeioujouns sa dignité de personne ....

olénance doctAlnale; tolénance civile : deux expnesslons piégées qui pnêtent àje multiples abus et malentendus. Poun coupen count à quelques-uns de ceux-ci,frpllcitons quelques conséquences de ce qui pnécède. Ainsi peut-on dîne d'abondue la tolénance civile est panialtement conciliable. avec V "Intolénance'^ au sens

ië!!fe>v;'.T

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23

d'intnanslgeance doctrinale. Je ne dois pas mettre une soundlne aux vénltés

de ma iol, sous pnétexte que l'intégnlté de la iol à laquelle j'adhène senaitun obstacle à ta tolénance civile. C'est plutôt le contnaine qui est vnal :bien compnlse, l'Intégrité de la doctnlne apponte un double iondement théologique, à la tolénance civile : pan la ioi personnelle d'abond; pan la chanltéensuite. Aussi bien, aujound'hui moins encone qu'lvien, VIntransigeance doctAl

nale, là où elle a de quoi *e ionder, ne saunait-elle êtne Invoquée poun justl-

ilen VIntolénance civile.

V'autie part, on ne *aurait ialne iond sun la tolénance civile poun justlilen

une attitude dlscnlminatolre et oHensante vls-à-vi* de telle doctnlne nellgleu*e.

La pen*écutlon nellgleu*e entneprl.se sous le signe de la "libre pensée" n'émane

pas de la tolénance. civile au sens contemponain de l'expression. Elle pnocède

d'une sunvlvance anachnonlque de VIntolénance du Moyen Age et des guennes de

Religion, où s'amalgamaient le doctrinal et le politique. Ce même amalgame

ana.chnonlque *e. netnouve, avec la même Intolérance, dans les gnandes Idéologie*contemponalne*. Ea*ci*me et communl*me, dans leurs expnesslons Institutionnelles,sont en eiie.t des messianlsmes sécularisés, pnocédant de monlsmes stnlctementie.nmés à toute tnanscendance, dépounvu* de tout élément modénateun, en un mot :

totalltaines.

On voit pan là que V "intolénance" doctAlnale et la tolénance civile renvoientà des néalltés pnoiondement dliiénentes,qui. n'ont été discernées qu'à une époquerelativement récente et dont la coniuslon est encone entnetenue dans maintessociétés. Poun éviter cette ambiguïté, que centains ont Inténét à entAetenln, Ilvaudnalt mieux panier, dans le pnemien cas, d'intnanslgeance ou d'Intégrité doctrinale, d'attachement stnict à ta doctnlne névélée. Vans le second cas, on pan-lera plutôt du nespect des pensonnes, de. leur autonomie et de leun liberté.

Ala lumlène de ces précisions et distinctions, iastldleuse* mais Indispensables,la tolérance civile a\jpanalt comme l'un de* principaux iacteuns constltutlis de lasociété démocnatlque contemponalne. La tolénance civile coïncide finalement avecl'idéal démocnatlque. Celui-ci est une tâche politique, centes,mals II est d'abondet surtout une tâche éthique à neprendne sans cesse. A ce double tltne, Il Inten-petle les chnétlen* *oucleux de la promotion de* dnolts de l'homme.

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24.

SECTION VI.- UN ENSEIGNEMENT DYNAMIQUE

Aux yeux de beaucoup de cnoyants et d'incnoyants, Il est peu compnéhenslble

que le. magistène de VEglise catholique ait attendu jusqu'en 1891 poun

entAepnzndAe d'exposen systématiquement sa conception des dAolts de l'hom

me. Situé dans sa penspectlve historique, ce "netand" est pountant moins[21 \

supnenant qu'il n'y panait. Dans ce contexte, la publication de Renum

Novanum a même quelque chose d'étonnant et d'Inattendu. L'Eglise catho

lique du XIXe siècle a mal "dlgéné" la Révolution inançalse et sa

Dêclanatlon des Dnolts de l'Homme de If89, née, Il est vnal, dans un climat

tnès "théiste". Les papes ont vu d'un mauvais oeil les luttes poun l'Indépendance en Aménlque latine, face à toute nouveauté., le climat est à lasuspicion et ' la peun, mauvaise conseillène, suggèAe des condamnationstantôt pnéclpilées, tantôt sans nuances. L'espnlt laïque : voilà l'ennemi, et les censeuns sont pnompts à le débusquen pantout.

Dans le mêjme temps, centains pontlies cultivent la nostalgie de temps né-volus. Nostalgie partagée pan bien des milieux chnétiens qui, apnèsBossuet, de Malstne., de Bonald, continuent à pnésenteA la monanchle commele dAolt divin et pnoclament, jusqu'à la iln du XIXe siècle., l'allianceentAe le tAone et l'autel. En Allemagne, le Kultunkampi bnaque les catholiques sun une position déilante. En Italie, Vunlilcatlon se ialt matantet contne les déienseuns de* Etats pontliicaux. Dans plusleun* pay* d'Eu-nope et dans l'ensemble de VAménlque latine, même apnè* la. conquête del'Indépendance, le patAonal *ub*l*te et entAetlent des nappont* *ouventéquivoques entne le pouvoln ecclésiastique et le pouvoln civil.

Il est vnal que de* appel* Insistants sont lancé* pan de* catholiques dan*dlvens pays en iaveun des libentés civiles,et suntout en iaveun des dnoltsdes tnavallleuns. Leuns voix nestent Isolées. Ils sont consldénés comme

une menace poun l'ondAe social "tel que Dieu l'a voulu"; Ils sont manglna-(22)Usés, paniols condamnés.

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§ J. - De Léon XIII à Pie XII *?" -

Pan* patexX contexte, £a ilgune de Léon XIII [1878-1903] surgit comme unêclaln. La perspicacité, la pênétnatlon, la langeuA de vues de ce membne

de la noblesse nomalne et de ce diplomate^né, nappelons-le, en 1810- ontquelque chose d'Insolite. Sa lettne encyclique Perum novanum (15 mal 1S91]qu'il publie tAelze ans apnès son élection,se pnésente, aux dînes de

Jean XXIII, comme "la gnande chante de la neconstnuction, économique et

sociale." [Mater et Magistra, n° 26]. Cet aspect constnuctii, posltli, del'encyclique tnanche sua les mises en gande -au demeunant sténlles - des

décennies anténleunes. La nouveauté ne nêslde pas d'abond dans la procla

mation des dnolts à la pnopnlétê, au juste salaine, aux associations syn

dicales. Elle nêslde pnlnclpalement dans une qualité de negand ponté

sua le pnolétanlat, et dans la volonté de dégager des dlnectlves origina

les. Celles-ci visent à ce que l'insentlon des tnavailleuns dans la so-[24]

clétê soit davantage en harmonie avec les exigences du bien commun.

Pnêoccupê pan la cnlse modennlste, Pie X (1^35-1903-1914) n'Intervient

que paAclmonleusement en matiène sociale, pouA condamnen Le Sillon [1910]et suggênen l'Instauration d'une démocratie chrétienne, plus soucieused'ordre que de liberté., et dans laquelle les dlHênentes classes socialesappaAoissent encore comme émanant de la volonté du Créateur. Remarquonsque ces thèmes sont toujours répétés dans certains milieux Intégristes.

La guerre de 1914-1918 ne devait évidemment guère Inciter Benoit XV[1854-1914-1922] à se prononcer publiquement sur la question des droits del'homme. Il iut par contre le pnemien à encounagen les Etats à ne plusiormer qu'une société, en vue de "la déiense de leurs libertés particullè-nes" et du "maintien de l'ondre social". Ainsi voit-on polndAe, dès le.

23 mal 1920, dans l'encyclique Pacem Del munus des thèmes qui senont repriset iontement développés ultérieurement.

Quarante ans après Léon XIII, Pie XI [1857-1922-1939] met à jour l'enseignement de son Illustre, prédécesseur. Dans Quadrageslmo anno (15 mal 1931],il pnend acte de l'évolution du capitalisme, de la concentration des entreprises. L'essor du capitalisme ilnanclen a nompu les liens entre capital et travail. Les remèdes proposés par le socialisme - que ce sfit

25.

j<.

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26.

dans sa version communiste ou "êvolutlonnlste" - ne sont pas acceptablespar les chrétiens. Ceux-ci sont Invités à créer de nouvelles organisations.

Les unes seront de type conponatlste, les autres seront politiques. Alimen

tés pan les mouvements d'Action catholique - eux aussi stimulés pan Pie XI -

les mouvements syndicaux chnétiens et les partis démocrates chrétiens vont

connaltAe un bel esson avant la guerre 1940-1945. A propos de* premiers,

Pie XI signale le lien existant entre la libération des travailleurs et

l'accès de ceux-ci à la propriété. D'autre part, tout en recommandant les

onganisatlons politiques chrétiennes, Pie XI rappelle le iameux principe

de subsldlaritê [n° 86] i la personne ialt nauirage là où la compétence de

l'Etat devient exorbitante et où sa sphène. d'Initiative êtouiie l'Initiative

privée.

Quadnageslmo anno est publié à l'occasion d'un annivensaine. Ce texte dépassecependant déjà Perum novarum et sa pnoblématlque, en ce sens qu'il touchedu doigt le lien dialectique existant, au sein de l'Etat, entne problèmessociaux et politiques. Par lien dialectique, nous entendons Ici que l'examendes problèmes sociaux renvoie iorcêment à l'examen des pnoblèmes politiques,et réciproquement.

Les cinconstances allaient amenen Pie XI à expliciter sa pensée et à lui appor

ter de nouveaux développements. Dans l'encyclique Non abblamo blsogno (29juin 1931], Pie XI met les êvêques Italiens en garde contre les procédésdu régime iasclste. Dans Hit bnennenden Songe [14 mars 1937), Il condamne lenational-socialisme et en particulier son racisme. Quelques jours plus tard,dans Dlvlnl Pedemptonls (19 mans 1937), Il condamne le communisme avec lamême iorce. Dans ces trois documents, l'accent est mis, avec une netteté croissante, non plus sur les droits des travailleurs mais sur les droits de l'homme,sur les droits Individuels et non plus sur les seuls droits sociaux. Les menaces qui pèsent sur les libertés iondamentales de l'homme justliient l'InteA-ventlon du pape.

Parmi les nombreuses déclarations de Pie XII (IS76-I939-I95S), nous êplngleronsd'abord trois radio-messages. Celui de Pentecôte 1941 [1er juin] pnoclame le.dnolt au travail. Dans le message de Noël (24 décembre 1942], le pape soulignela relation entre droits iondamentaux et paix. Deux ans plus tard, exactement,Il exposera les exigences de la démocratie.

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21

Apnès la iln du conilit mondial, Pie XII, plus que ses deux prédécesseurs,dit sa conilance dans les organisations Internationales, telles VOIT[allocution du 19 novembre 1954) ou l'ONU [radio-message du 23 décembre1956]. Ces organisations entendent, en eiiet, ialre respecter les droit* del'homme, y compris la liberté religieuse, et c'est pourquoi le pape Invitele* catholique* à collaborer av^ec elle*.

§ 2. - Du Bon Pape Jean à Paul VI

Jean XXIII [1881-1958-1963] va enrlchiA cet héritage d'un apport dêclsli.Les écrits de ses prédécesseurs avaient un caractère pastoral iont marqué.

Or l'enseignement social de Jean XXIII, pape pastoral s'il en iut, présente

ceci de paradoxal que ses deux expressions majeure* *e trouvent consignée*

dans des documents nêdlgês, si l'on peut dîne, à inold. Maten et Maglstna

(15 mal 1961] et Pacem In tennis (H avril 1963] sont le irult d'une senelne

délibération d'un pape estimant le moment venu de produire des textes doctri

naux, qu'appelait l'évolution de la société mondiale.

Tant s'en iaut qu'à cela se borne la "révolution" du Bone Pape Jean. Car c'est

bien à une révolution qu'il procède, en commençant à regarder les problèmes

sociaux, économiques, politiques, pan l'autre bout de la lorgnette, à savoln

à partir du point de vue du Tiers Monde.

Eniin Jean XXIII présente l'Eglise comme ialsant partie de la communauté humai

ne. Elle a, certes, pour mission d'être lumiène du monde, mais aussi sel de

la terne. L'Eglise est au senvlce des hommes et de leun société. Pour Jean

XXIII, l'Eglise doit être présente au monde et collaborer à l'épanouissement

de l'homme. Cet appel apparaîtra surtout dans Mater et Maaistra. En y évo

quant le thème iameux de la "socialisation", le pape touche du doigt les mul

tiples ionmes nouvelles de la solidarité humaine, et c'est dans cette, lumière

qu'il examine notamment les pnoblèmes de la cogestion, de Vagriculture, du

sous-développement.

Les acquis majeurs des documents antérieurs, y compris ceux de Mater et Maglstnatnouvent leur synthèse dans Pacem In ternis. L'encyclique Innove néanmoinsau moins Sun trois points. Tout d'abond, aux dnolts iondamentaux de l'hommedéjà ênumênês ailleurs,elle ajoute celui à l'Instruction, celui à VInionmatlonet celui à la participation politique. En outre, Jean XXIII ne s'adresse pas

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28.

aux seuls chrétiens; Il propose son message à la nêilexlon de tous les hommes

de bonne volonté. Eniln, en attinant l'attention sua les "signes des temps",Jean XXIII annonce une mutation de méthode dont Gaudlum ^t Spes coniirmera laiêcondltê.

Document majeur du Concile Vatican 11, la Constitution sur l'Eglise dans le monde

de ce temps (7 décembre 1965] systématise les principes iondamentaux de Ven

seignement de l'Eglise sua les dnolts de l'homme en s'Inspirant, notamment, du(25L

courant personnaliste. Vu point de vue doctrinal, elle met en neliei V "autono

mie des réalités terrestres" [n° 36] tout en en signalant les limites. Cetteprécision libênatrlce vient à son heure, justement au moment où, pour son ensei

gnement, l'Eglise doit iaire de plus en plus appel aux science* hwnalnes, tant

pour interpnêteA le* signes des textes que poun déboucher sur l'action. Impossl-

ble, du reste, de ne pas être inappê par le caractère pastoral de Gaudlum et Spes.

La constitution ialt écho aux pnoblèmes vécus à la base; elle lance aussi un appel

vigoureux à l'engagement concret, à l'audace créatrice.

Plusieurs passages de la constitution abordent explicitement quelques aspects

iondamentaux de la problématique des droits de l'homme : personne et bien commun

[n° 26]; égalité de tous les hommes [n° 29); droits de l'homme et loi divine[n° 41]; apport de l'Eglise aux Institutions promouvant les dnolts de l'homme

[n° 42); développement par l'homme et poun l'homme [n° 65]; participation de chacun à Vonganlsatlon de la vie économique [n° 68].

Le pnoblème des dnolts de l'homme est également abondé dans divers autres documents concillaines. Citons simplement le Dêcnet sur les moyens de communication

sociale [n° 5); la Déclaration sur l'Education chrétienne [n0& 1, 2, 6, 9), etc.La rubrique consacrée aux droits de l'homme dans l'Index de l'édition inançaisedes textes condHaires compnend plus de trois colonnes de nêiênences !

L'appel à l'engagement concret est encone l'une des notes dominantes des pnemlèresinterventions du pape Paul l/I [1897-1963-1978] 7 C'est pourquoi le SouverainPontlie aiilrme à plusieurs neprises la conilance qu'il met en l'ONU pour la promotion des droits de l'homme et la sauvegarde de la paix [allocution aux NationsUnies, 4 octobre 1965]. Populorum pnognesslo [26 mars 1967] explore ainsi le liendialectique entne paix et développement, justice et llbenté. Le développement Intégral suppose et exige que les hommes de tous les pays deviennent eUectlvement

sujets de droits réels. Les pays riches sont concernés par cette exigence, qui

^sêstw--

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29,

doit iaire taire le* intérêts particulier* du Etats ou du groupu.

Populorum progru*io relève également que l'homme n'ut peu simplement un être

de. buoin*, mai* un être de. débite. Cut pourquoi, le, chemin qui le conduit à

la liberté passe, pan, la libération de. toutu lu servitudu qui lui viennent de.

la nature ou que lui Imposent le* hommu [n° 47).

Pour commémorer la célèbre, encyclique de Léon XIII, Paul VI publie en Ï97I 6a

lettre apostolique. Octoge*ima advenien*. Le Pape y *tigmati*e lu nouvelles ior-

mu de dé*humanisation que $ait puer *ur lu homme* V urbanisation accélérée,*

Il dénonce également lu discriminations dont la iemme &ait V objet. Paul VI

reconnaît également la légitime aspiration des hommu à l'égalité du droits et

à la participation politique. A propos de ce dernier point, il met en garde

contre Valiénation à laque,llz le* hommu sont expo*ê* au fait du idéologiu

contemporaine. Il rappelle la primauté du politique, dés qu'il 6'agit d'assurer

la cohésion du corps *ocial, la réalisation du bien commun, le rupect du liber

tés légitime* du individus, du iamille* et de* groupu.

le Synode du Evêque*, tenu à Rome, en 1911, e*t consacré lui aussi à la justice,

dan* le monde. Le. document iinal - portant ce titre. -se référé, à l^'Véclarationuniverselle du droit* de, V homme" >*an* {aire alhxsion aux. rê*ervu qui ai{leurent

encore, dan* Pacem in tzrris. L'Eglise doit dénoncer toute. *ituation d'oppru*ionet collaborer au développement intégral de tous le* homme*, spécialement du op

primé*. Le Synode rappelle, leur* devoir* aux nation* richu. Il rteommandel'éducation à la justice., même chez lu adulte*.

Van* l'exhortation apostolique Evanaelii Huntiandi, du 8 décembrz 1975, Paul l/I

rutitue. l'enseignement de l'Ealiie *ur lu droit* de, l'homme, dan* *a perspective,(27) "

spéci{iquement religieuse. Le. *abxt o{{ert par Jé*u*-Christ n'e*t pa* Ajntramon-dain. Il tran*cende le monde et V histoire. La libération o{{erte par le. Christ

déborde donc tout projet purement temporel, et lu libération* humainu *ont toujours partiellu. Il convient donc d'être attentif aux ambiguïté* du mot "libération". Néanmoln*, oeuvrer à la libération en contutant tout ce. qui opprimel'homme n'e*t pa* étranger a Vévangélisation.

La déclaration de la Commi**ion théologique, internationale, *ur la promotion humai-ne et le *alut en Jé*u*-Christ (1977) *e caractêrisz d'abord par le. relief qu'ellt

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30.

donne aux *ltuatlon* concrétu à partir duqueJU.es travaille le théologien.Toute théologie soucieuse, du liberté*, du droits de l'homme, de. la. libération, • >doit être attentive, au vécu *i ille veut être eUlcace.. Mais la déclarationrappelle au théologien ce. qui caractérise. *a tache. Il ne doit pa* solliciterl'Ecriture en vue, de la justification de programmu politique* particuliers.

C'est par contre en interrogeant l'Ecriture, que le* théologiens peuvent mieuxexpliciter le. rapport entre salut et libération. Ils *eront des lors en muure.

de préciser quel ut Iz rôle propre, de l'Eglise dan* la dénonciation prophétique,du Injustlcu et dans la promotion du droits de l'homme,.

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31.

SECTION VU.- JUSTICE ET MISERICORDE

depuis son élection, Jean-Paul II n'a cusê de prouver que, dans sa catéchèse

pontificale, Il entendait donner un relle{ tout-à-{ait exceptionnel au problème

de* droits de l'homme-et aux quutions connexes : développement, paix, etc.

Il l'a montré à de multlplu reprisu, *oit dan* d'tnnombrablu déclaration* à

propo* de quutlon* d'actualité; *olt par eu gute* - vêrltablu prédication* 0\par l'exemple - que *ont *u grand* voyage* de par le monde.

Il n'ut donc pas surprenant que l'enseignement de Jean-Paul II sur lu droits de jl'homme ait déjà {ait l'objet d'étudu nombreuses et appro{ondlu. Rendre compte, jdans le détail, de la richesse de cet emelgnement déborde le cadre de cette }étude» Nous prendrons *lmplement comme points de rê{érence du documents particulièrement révélateurs de V originalité, du projet pontl{lcal, éminemment christo-

centrique.

L'encyclique Pedemptor hominls [4 mars 1979) ut en grande partie consacrée explicitement au problème du droits de V homme. La dignité.^ de lapersonne humaineen vient, dit le Pape, à {aine partie de l'annonce de la vênÂM qui ^ent^de Dieu.Et le Pape rappelle "l'exigence d'honnêteté vl*-à-vls de la vérité comme conditiond'une authentique liberté". Il met au**i en garde contre toute liberté super{l-clelle, "qui n'irait pas jusqu'au {ond de la vérité sur l'homme et sur le monde"[ri0 12). Hais Jean-Paul II ne s'en tient pas à du déclaration* de principe.Il rappelle, "avec de* sentiments de*time pour le pa**ê et de pro{onde upérancepour l'avenir, le magnl{ique e{{ort pour donner vie à l'Organisation des NationsUnlu, e{{ort qui tend à dê{lnir et à établir lu droits objectl{s et Inviolablesde l'homme, en obligeant lu Etats membru à une rigoureuse observance de eudroits, avec réciprocité".

Et l& Pape précise : "La déclaration de eu droits eX aussi l'Institution del'Organisation de* Nation* Unie* visaient au**l à créer la base d'une révisioncontinuelle^ déprogrammes, du système*, du rêglmu, précisément à partir de cepoità^vue_.unique et {ondamenial qu'ut leUen de l'homme - disons de la personne^dans la communauté - et qui, comme {acteur {ondamental du bien commun, doit constituer le critère usentiel de tous lu programmu, systèmu et rêglmu" [n 17).

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32.

Parmi lu droit* {ondamentaux mentionné* par le Pape dan* ce long paragraphede l'encyclique, un relle{ *pêclal ut donné à la liberté religieuse. <

Tous eu thèmes sont résumés dans le discours adressé par Jean-Paul II à latrente-quatrième As*emblêe générale de l'Organisation du Nation* Unlu (2 octobre 1979). En plus de sa teneur doctrinale, le discours exprime un soucid'e{{lcacité politique : "Le Saint-Siège {ait grand cas de sa collaborationavec l'ONU. Le chemin {ondamental permettant d'éviter la guerre "passe parchacun du hommu, par la dê{inltlon, lareconnaI**ance et~le rupect du droitsInaliênablu du personnu et du communauté* du peuples" [n° J)".

Tout le discour* pontl{lcal ut une longue mise en garde contre lu brlmadudont lu hommu sont vlctlmu dans leurs droits, et un vibrant plaidoyer pourlu "droits objectl{s de l'esprit, de la conscience humaine, de la créativitéhumaine, y compris la relation à Dieu" [n° 19).

i

Non moins révélateur est le Uusage pour la Célébration, le, 1er janvier I9SI, dela journée de la Paix, que Jean-Paul II devait *lgner le 8 décembre Î9S0. Pour*ervir la paix, a{{lrme le Pape, Il {aut rupecter la liberté. Or, dans lu

rapports entre lu peuples, la liberté est blusêe lorsque lu relations sont

{ondêu sur lejJroltduplusJort. A l'Intérieur d'une nation, la paix ne peutrégner quand lu libertés Indlvlduellu, notamment en matière religieuse, ne sont

pas garantiu; quand est compromise la libre participation aux décision* collec-

tivu; quand le rejet de toute autorité ouvre la vole à l'anarchie; quand la sê-

curltê Interne est érigée en norme unique de* relation* entre l'autorité et les

citoyen*. Au plan *oclal en{ln, lu hommu ne *ont pa* vraiment llbru lor*-

qu'ut menacée la garantie d'un emploi; lorsque *ub*lstent d'Innombrables *er-

vitudu, que *e ru*erre l'êtau bureaucratique ou que *êvlt la colonisation Idéo

logique.

L'encyclique Vlvu In misericordia [30 novembre J9B0)ut *omme toute consacrée à

une étude appro{ondle du {ondement chrétien du droits de l'homme. Il ne *'aglt

donc pa* d'un écrit de circonstance, semblable au Message que nous venons d'évo

quer, bien que lu deux documents-que huit jour* à peine *êparent - *'éclairent

l'un l'autre.

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Xi~-/*.'

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33.

Van* *on encyclique, Jean-Paul II rappelle la menace de guerre et l'lmmen*e

dêtru*e du peuple* *ous-développés. Or, san* préjuger de ce que nous réserve

l'avenir, la deuxième encyclique de Jean-Paul II mérite d'être con*ldérêe

comme un du documents majeur* de *on en*elgnement *oclal. Bien *ûr, elle

ut plus que cela, puisqu'elle ut un long expo*ê *ur la miséricorde. Mal*

précisément, une du originalité* de ce déciment, c'ut qu'il explore le lien- à première vue *urprenant - entre miséricorde, morale, *oclale chrétienne,

théologie de* droits de l'homme. Tel, lu analysu de situations, l'exposé

du problèmu sont *uppo*ê* connus, de même que lu e{{orts mérltolru

déjà réalisé* par le* organisation* *péclallsêe*. Cependant, remarque Jean-Paul II, "lu programmu {onde* *ur l'Idée de justice ... *ubls*ent, en pratique, de* déformations" [n° 12 du texte). La justice elle-même peut se dégrader jusqu'à {aire prévaloir la loi du plus {ont, jusqu'à nier l'autre, jusqu'àImposer un clivage où s'a{{rontent *an* merci du "bon*" et du "méchant*".Inanité de la loi du talion [Ut S,3i)l La ju*tlce peut conduire à *a propre

ruine *l l'amour ne {açonne pas la vie humaine.

San* trop {aire appel aux re**ourcu de la philo*ophle, Jean-Paul II *e demandealor* d'emblée ce que l'Eglise peut {aine de *pêci{lgue pour coopérer à la"promotion d'hommu llbru dan* une *oclêtê de liberté". Satiêpon*e, Jean-Paul II la {ournlt *ous la {orme d'une longue méditation *urtrVamour et la ml-*érlcorde, qui permettent aux hommu de *e rencontrer entre eux dan* cettevaleur qu'e*t l'homme même, avec la dignité qui lui ut propre" [n0 14) .Le pro-ce**us consistant à {aire miséricorde e*t en e{{et une caractéristique u*en-tlelle et continuelle de la vie chrétienne. "Il con*l*te dan* la découverte

con*tante et dan* la mise en oeuvre persévérante de l'amour en tant que {orceà la {ol* unl{lante et élevante, en dépit de toute* le* dl{{lcultê* p*ycholo-glque* ou *oclalu". Car l'amour de Vleu, dont nous sommu l'objet et auquelnous participons, ut créateur. Il *'ensuit que la miséricorde "ut réellementun acte d'amour miséricordieux *eulement lor*que, en la réalisant, nous *ommu

par{alternent convaincus que nous la recevon* en même temp* de ceux qui l'acceptent de nous". Jean-Paul II {onde et Illustre cet enseignement en *e rê{érantà la parabole de l'en{ant prodigue [Le 15, n"32) • L'amour du père recrée le{Us prodigue, le revalorise, le rend à *a dignité de {II*: "Uen que celui-ciait dilapidé *on héritage, *on humanité ut cependant *auve; ... elle a étécomme retrouvée" in0 6).

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34,

Le mystère de la miséricorde divine éclaire ainsi la miséricorde qui, pratiquéepar les hommu, vaut à ceux-ci le titre de "bienheureux" [c{r Ut 5,7). La ml-*êrlcorde divine ut à vrai dire le fondement ultime de l'égalité et donc de

la {ratemltê entre lu hommu. L'amour de miséricorde que je porte à autrui

e*t lui-même un don de Vleu, que l'autre - qui, à *on tour, m'aime - reçoit aussi

de Vleu. Et s'il peut en être ainsi entre lu hommu, c'ut parce que Vleu lui-

même s'ut {ait homme en Jésus-Christ, qu'il a pris l'Initiative de m'aimer

(î Jn 4,10.19); qu'il m'a envoyé son E*prlt pour que je puis*e m'adruser à Vleu

en lui disant "Père" [Rm S, 15). Sre{, la revalorisation, la re-créatlon de

l'homme pécheur, le Père a voulu qu'elle passe par l'Incarnation de son Vils.

Jean-Paul II coupe ainsi court à une Interprétation "aliénante" et conducendante

de la miséricorde, comme *'ll *'agis*ait d'un proce**us unilatéral partant de

celui qui {ait miséricorde vers celui qui en ut gratl{lê [n° l4).En réalité,

ta relation de miséricorde de {onde *ur l'expérience commune de la dignité"qui ut propre à l'homme.

Enseignement aride, diront hâtivement certain*. Uals Jean-Paul II nous o{{re Icide nouvellu plstu de rê{lexlon pour {onder l'agir du chrétien. Vivu In ml-

serlcordla montre, dans un langage par{ois déconcertant, que du point de vuechrétien, les problèmes de justice *e po*ent d'abord dan* l'ordre de V être etnon dan* l'ordre de Vavoir. k{{lrmatlon capitale, qui bouleverse l'approcheclassique du problème justice-charité, Ici repris sous un angle vraiment neu{.

On pourra s'étonner de constater que la deuxième encyclique de Jean-Paul II développe assez peu certains thèmu capitaux, pourtant mentionnés, tel* l'Eucharistie ou le *acrement de Pénitence[n° 13) Mal* la brièveté elle-même de eurê{êrencu nous autùrlse à upérer d'autru documents pontl{lcaux.

Van* Vlvu In miserlcordla, Jean-Paul II a contracté - *l l'on o*e dire - aumoin* deux dette* enver* le peuple de Vleu et tous lu hommu de bonne volonté.L'une, consistant à expliciter que *i l'Eucharistie {ait l'Eglise, elle contribueau**l à êdl{ier la *oclété du hommu. L'autre, consistant à sortir le sacrementde Pénitence de la "désuétude" où certain* Remploient à l'enliser. SI en e{{etelle ut vraiment le *acrement de la conver*lon et de la réconciliation, la con-{u*lon doit Immanquablement avoir une e{{lcacltê "sociale" autant que "privée"pour du homme* *oucleux de ne point bâtir *ur le *able une *ociêtê de libertéet de paix.

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35.

SECTION VIIIr L'AMPLIFICATION VE LA PROBLEMATIQUE

Le bre{ rappel auquel nous venon* de procéder met en lumière le caractère

dynamique de l'enseignement de l'Eglise à propo* du droits de l'homme.Léon XIII avait en vue la condition du travailleurs. Or, la guerre 1914-

191%, et su retombées multlplu, allait déterminer une première ampli{l{i-

catlon de la problématique originaire. On *e rend compote que lu problèmu*oclaux doivent être étudié* en rê{êrence à la politique du Etats. Lu rê

glmu que ceux-ci se donnent requièrent un examen attentl{. Paix Intérieureet paix Internationale sont deux {aces complêmentairu d'un même problème,la première concerne *urtout lu gouvernants de chaque Etat; la *econdeIncombe plutôt aux organisations internatlonalu. Aux deux échoit la tâcheimpérieuse de {aire respecter les droits de l'homme.

Il n'tst dès lors pas surprenant que certains thèmu s'utompent ou mêmesoient éclipsés : organisations cat.holiquu de type *yndlcal, démocratie chrétienne, corporatisme. V'autru, parallèlement, émergent : coge*tion, participation, développement, organisation* non con{e**lonnelles ordonnêu à l'expli-citation, à la déclaration et à la promotion du droits de l'homme.

§ I. - Ve* rapport* direct* aux relations médiates

Avant Jean XXIII, la problématique *oclale chrétienne était encore largementimprégnée du catêgoriu caractêristlquu de la morale Interpersonnelle classique. Lu rapports sociaux qu'on y envisageait étalent souvent du rapportsImmédiat* entre personnu, s'établissant à l'occasion de telle activité.Van* le* petite* et moyennu entreprisu de la {In du XIXe *lècle, *e prononcer*ur le "juste salaire" présentait moin* de dl{{lculté* que celZes qu'ont ialXnaître lu concentration*, la technologie moderne, l'augmentation de la productivité. Peu à peu, cependant, l'enseignement de l'Eglise tient compte de larelation médiate à autrui. Celle-ci pa**e par VInstitution, par les organl-*atlons mises au point par lu hommu. Or Ici, la morale classique de la relation Immédiate à autrui *e trouve prise de court. La relation à autrui dontIl e*t Ici question a pour terme du personnu dont le vl*age me re*tera pro-

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36,

bablement toujours voilé. Pourtant, la vérité - et Ve{{lcacltê - de cette

Intention dépend d'instancu mêdlatu que nous devons créer, contuter, corri

ger avec d'autru hommes. Cette Intention ut à la merci d'Institutions

Indispensablu et pourtant toujours grevêu d'opacité ou lourdes d'une menace

d'objectlvatlon.

En ce *ens, l'appel à la conversion de* coeur* *e {ait plus pressant. Etre

dlsponlblu à autrui, cela ne *lgnl{le pas, Ici, privilégier la relationje-tu. Ve ma conversion Intérieure dépend la libération, car *an* cette con

version, je ne contuteral pas lu structuru d'oppruslon dont je bênê{lcle;je ne travaillerai pas à la création d'in*tltutlon* plus partlcipativu; je medéclarerai non concerné par lu problèmu du marginaux et du sous-développés.Bre{,je trouverai dans le {atalisme ln*tltutionnel la justification de muomissions, la rationalisation de mon égolsme, voire de ma volonté de puissance,

• (291le rempart de mauvaise {oV. '

L'Egli*e *e re{use, bien entendu, à {aire du ln*tUutlon* des *ujets d'agirmoral. Uais elle Indique aux chrétien* que eu Institutions doivent être con-*ldêréu comme de* création* culturellu, appelêu à *lgnl{ler la charité, àla canaliser vers les hommu, appelées en *omme, à o{{rlr un support Institutionnel à du {ormu êlarglu et dlver*l{lêu de {raternitê humaine.

la rê{lexlon *ur lu droits de l'homme a ainsi amené l'Eglise à dêprlvatlser*a morale. L'oppre**lon et l'Injustice résultent non seulement du égoXsmuet du passions; eHu *'Incarnent dans des *tructuru que lu chrétiens*ont Invité* à dê{atali*er. Puisque lu *tructuru *ont culturelles et historiques, leur trans{ormatlon dépend du hommu. Ve même, pour l'Eglise, chaquepeuple ut *ujet de droit* qui doivent être reconnus et rupectês par lu au-tru peuplu.

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37.

§ 2. - Une approche pluridisciplinaire

Le sou{{le qui caractérise l'enseignement de l'Eglise, *'ll *'Inscrit dans la

Tradition, s'il entend répondre aux Injonctions du *lècle, ut au**l Hé à une

Importante trans{ormatlon de méthode qui s'ut opérée. Il ne s'agit plus de

donner la primauté ai une méthode de type u*entiellement dêductl{, procédanti

explicitement ou implicitement à partir de prêmis*u supposéu êtabliu par

ailleurs. Sous l'ln{luence, entre autru, de mêthodu prêconlsêu par Cardijn

et con{irmêu par Lebret, on entend étudier les *ltuatlon* concrètu à l'aide

du ru*ource* du *clencu humalnu, porter un jugement chrétien *ur eu sltua-

tlon* en lu éclairant à la lumière de principu {ondamentaux, déboucher en{in *ur

de* décisions d'action, {ondêu elles aussi sur eu mêmu principu et justi{lêupastoralement. L'approche, désormais, ut nettement pluridisciplinaire.

L'évolution de la pratique ecclêslale, aprè* Pacem in terri*, allait con{irmerla rlches*e de cet apport que lu chrétiens doivent, pour l'e**entlel, à Jean KKlll.En dégageant Venseignement de l'Eglise d'à priori lnsu{{isamment critiqué* maisldentl{lé* abusivement à des principes, ce* principe*, précisément, allaient pouvoir apparaître dans toute leur vigueur et dans toute leur {êcondlté. En appro{on-dlssant son Insertion dans le dogme, l'éthique sociale chrétienne allait atténuerson caractère occasionnel ou:circonstanciel. Elle apparaît aujourd'hui comme une

théologie de la responsabilité, de l'Initiative, du risque, de la liberté, bre{,de* droits de l'homme, ou encore, si Von pré{ère, de la praxis chrétienne. Par le{ait même, cette théologie e*t moin* expo*êe qu'elle ne Va été à tomber dan* les

~plègu de la récupération Idéologique et de Vinstrumentalisation politique. SIV"unanimité" du chrétien* et leur encadrement dans du organisations con{esslon-nelles *'en trouvent compromis, leurs possibilité* d'engagement dan* du structuru*êcuUèru s'en trouvent multipliéu. Ve nouvellu {ormu de pluralisme *ont ou-vertu. Ve même, de mellleuru conditions de base se trouvent rêunlu pour que*'ln*taure entre chrétien* et non chrétien* un dialogue lntercon{u*lonnel poussé,et surtout une action oecuménique élargie.

Ifjfe^iffig"

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38.

SECTION IX. - L'ACTION OU LE TEUOIGNAGE EFFICACE

Nous avons situé la position de l'Eglise dans le cadre de la quête menée

par lu hommu pour que leur* droits soient reconnus. Nous avons ensuite

indiqué lu raisons *pêcl{lque* pour le*quellu l'Eglise catholique s'associait activement à cet e{{ort. Ultérieurement, nous avons

épingle quelquu-unu du êtapu *alllante* de l'itinéraire *ulvl par lemagl*tère ecclê*lal à propo* du droit* de l'homme. Nous pouvons en{lnenvisager les {orme* que prend l'action de l'Eglise en {aveur de la promotiondu droit* de l'homme. Cette action rend-elle *on discours crédible ?

Porte-t-elle un témoignage e{{lcace ?

§ 1. - Une action d'ordre moral

Ve* principu qui Vln*pire, Il résulte d'abord que cette action *era avanttout l'ordre moral. Cela ne *lgnl{le nullement que cette action ut uniquementd'ordre moral. Cette action *e veut e{{lcace et *e donne, ainsi que nous leverrons, du ln*truments visant à Vei{lcacltê. Uais en soulignant le caractère moral de cette action, on veut souligner lu moti{* religieux qui *tlmu-lent le, chrétien à l'action, tout en le renvoyant à *a compétence et à *a re*-

pon*abllitê.

§ 2. - Ve la dénonciation prophétique à la proclamation

La dénonciation de* chrétien* porte *ur de nombreusu {orme* de mépris de lapersonne, de re{us de liberté, de non-reconnais*ance de droit*. L'ênumératlonen *eralt longue, mais rappelon* quand même le* quutlons relativu à l'Intégrité phy*lque [par exemple : avortement, *térlli*ation, mutilation, torture,euthanasie, {alm, logement, maladlu, etc.), ou à l'Intégrité morale [parexemple : liberté religieuse, de con*clence et d'expression, racisme, dome*tl-cation par la publicité et la propagande, colonisation par Vin{ormatlon et lesidéologie*, re*pect de la vie privée, etc.).

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La dénonciation chrétienne porte également *ar le* aberration* politlquu [dél{l-cation de l'Etat, pseudo-ordre Imposé au nom de la sécurité nationale, dictatured'une minorité, Impérialisme, répre**lon, terrorl*me Idéologique, etc.), êconoml-quu [gasplllagu de la société de consommation, course aux armements, détériorations de Venvironnement, oubli du monde rural), ou même sclenti{lquu [partageInégal de la science et de la technologie, politisation ou miWtarisation du *a-volr).

En{in, la dénonciation porte aussi sur diverse* catêgorlu d'êtru humains qui ne

sont pas reconnus dans leur dl{{êrence et leur dignité : lu en{ants, les analpha

bète*, le* pauvre*, le* maladu, le* vieillards, le* handlca)oê*, etc.

Lu thème* que nous venons d'ênumêrer, et quantité d'autres, ont {ait l'objet de

nombreu*u dénonciation* de la part du chrétien* de toute condition, au cour* du

annêu écoulée*.

A eu dénonciation* {ont pendant, comme on *'en doute, la proclamation de certai

ne* liberté* et de certain* droits. E{{ectlvement, la dénonciation ne se présente

jamais que comme une "théologie du non", comme un re{us, comme un rejet préalableà la proclamation et à la promotion de droits corrupondant*.

Quelquu-un* de eu droits peuvent être évoqués : droit à la vie dans la dignité[à la santé, à l'éducation, au mariage, droit au travail, à l'habitat, à la proprié

té privée, à la participation politique, à la culture, etc. ) ; droit du peu\oluau développement intégral; rupect de* minorité*, etc.

Gardienne de la Parole e{{lcace de Vleu, l'Eglise croit que le me**age qu'elle proclame à propo* de l'homme tire *on e{{lcacltê, en dernier re**ort, de l'action deVleu dans l'histoire. C'ut la raison pour laquelle elle re{u*e de s'arrêter auseuil de l'action. Son discour* n'a rien d'incantatoire : Il tire *a crédibilité

de l'action qu'il provoque et nourrit.

Ici encore une énumératlon *eralt {a*tidleu*e et de toute manière Incomplète. Uaisquelque* exemplu expriment le caractère per{ormant du discours êvangêlique.

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40.

§ 3. - Acteurs et Institutions

Véjà au plus haut niveau, l'Eglise joint le geste à la parole.. Jean-Paul IIse déplace., particularise 6on discours selon Us lieux qu'il visite. AprèsIl napptl de. principes, Il n'hésite pas à expliciter quelque* conclusion*concrètes qui en découlent hic et nunc : libération Intégrale à. Puebla, liberté,religieuse en Pologne, rejet de la violence de VIRA, problèmes du. Vlet Wamou de la Palestine, etc. Jean-Paul II ne qualifie personne de pilpon,mais II appelle, un chat un chatl

Mais Vaction pe^onnellz du Pape ut préparée,soutenue et prolongée pan. desInstitutions romaines spécialisées au premier rang desquelles ilgure la Commission pontificale Justice et Paix. Cette, commission a publié plusieurs do

cuments de première lmpontxm.ee sur les questions que nous examinons.

Vaction du Saint-Siège est également assurée, pan. la présence de représentantsactifs, auprès des Institutions Internationales les plus prestigieuses : l'ONU

et les Institutions spécialisées qui en dépendent.

Mais l'Eglise catholique se mont/te. non moins active aux niveaux régionaux ou lo

caux. La Conférence de Puebla [2B janvier. - 13 février. 1979) a confirmé l'Egllsid'Amérique latine dans son engagement pour la llhératlon Intégrale.. Au niveau,

local, rappelons, outre les commissions nationales ou diocésaines "Justice et

Paix", les prises de position en faveur, de minorités opprimées : Indiens en

vole d'extermination, paysans ou ouvriers exploités, femmes stérilisées à leur.(32)

Insu ou contre leur, gré, etc.

L'Eglise dispose également de nombreuses Institutions spécialisées dont les

attributions comportent explicitement la promotion des droits de l'homme. Il

iaut évoquer. Ici des mouvements comme la Jeunesse ouvrière chrétienne, l'Actioncatholique. ouvrière, les syndicats chrétiens, les mutuelles, les écoles, lesuniversités, les hôpitaux, les hospices, les Institutions chrétiennes se con

sacrant exclusivement au développement, sans oublier., pariais, des partis poli

tiques se réclament explicitement de l'Inspiration chrétienne.

Mais c'est surtout par son lalcat que l'église apporte sa contribution la plusImportante et la plus riche à la promotion des droits de l'homme. Car si unepartie de ces laïcs travaillent dans des Institutions chrétiennes, la grande,majorité d'entre eux travaille, dans des Institutions non confessionnelles. Ils

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47,

y rencontrent des hommes de bonne volonté avec lesquels Ils collaborent

étroitement. Ainsi en va-t-U dam rfeô mouvements politiques, syndicaux,

sclentliiques, juridiques, médicaux, sociaux, etc., ou encore dans des orga

nisations spécialistes dans la dépense des droits de l'homme., telle, "Amnesty

International".

Eniln, les ckA.ttte.ns de. différentes concessions collaborent entre eux, soitdans le cadre de, telle, opération ponctuelle, soit dans Iz cadre d'une organisation spécialisée, comme. SOVEPAX. i'expérience, montre, d'ailleurs que cette,collaboration justifie, de grands espoirs dans le. domaine, oecuménique.

Oeuvrer à la promotion des libertés et à la reconnaissance des droits del'homme, iaire passer ces libertés et ces droits dans la pratique historique :voilà bien une tâche digne de mobiliser tous les hommes, et dont les chrétiensn'entendent point s'arroger le monopole. SI les chrétiens s'engagent corpset âme dans cette quête Incessante, c'est sans doute parce qu'Us trouvent dansl'Evangile des raisons Impérieuses de le iaire. Mais c'est aussi parce qu'ilsrencontrent sur leur route des hommes de bonne volonté qui, sans avoir découvert le Christ, savent ou croient que "l'homme passe iniiniment l'homme", etqu'Ul en vaut des lors la peine de consacrer le meilleur de sol-même à exalterce qu'il y a de plus humain dans l'homme.

les chrétiens désirent toutefois* développer spécialement Uur collaborationavec toutes les grandes &amiMes religieuses de l'humanité, avec lAsqusM.esUs partagent la conviction Inébranlable, que la commune référence au Transcendant modifie radicalement le sens de la vie humaine.

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w\

4Z.

V 0 T E S

(1) Pour une a]jpnoche philosophique du problème, on pourra se reporter a.Louis LACHAWCE, le droit et les droits de l'homme., Bibliothèque dePhilosophie contemporaine, PUF, Paris, 1959. UôZr aussi Arthur UTl,les fondements philosophiques_de la politique économique et sociale,traduit de Vallemand par H. Th. CQNUS, Ed. Valores, fribourg (S.)et Ed. Uauwelaerts, Leuven, 1961.

(2) Sur "les droits de l'homme et Vhistoricité", voir Jean LAPRIERE,Vie sociale et destinée, Coll. Sociologie nouvelle. Théories, 7, Ed.Duculot, Gembloux, 1973, p. 116-138.

(3) les droits de l'homme dans leur rayjport au droit positif sont étudiéspar Jean RTl'ERO, les libertés publiques, T. 1 .- Le* droits de l'homme,coll. Thémis. VftoU, 19, mt, Paris , 1973.

(4) A ce propos, V ouvrage de référence est ici dû à Philippe de laCHAPELLE, la déclaration univenselle des droits de l'home et le catholicisme, Bibliothèque constitutionnelle et. de Science politique,l.G.VJ., Paris, 1967. A compléter pan. Hubert LEPARGMEUR, A Igreja e oreconheclmento dos dlxeitos humanos na hlstôrla, Sao Paulo, Cortez eMortes, 1977.

(5) Synode des Eveques de 1971, document la justice dans le monde, dansla Documentation catholique, n° 1600, 3 janvier 1971, p. 15.

(6) Un des meilleurs exposés synthétiques sur cette question est celui procuré, par la Commission Pontificale "Justltla et Pax", l'Eglise et le*droits de l'homme, Document de travail n° 1, Cité du Vatican, T975.

(7) Grâce à l'initiative de V UNESCO, a eu lieu à Bangkok, du 3 au 7 décembre 1979, une .Importante réunion d'experts consacrée au thème la placedes droits de l'homme dans les traditions culturelles et religieuses del^hwnanitt. Cette rencontre a été organisée par la Division des vroAtsde Vhomme et de la paix; le ra\oport ^inal est le document portant len° SS-79/C0NV. 607/10.

(g) Parmi les étude* récentes sur ces questions, on relèvera celle de ^Gustave TH1LS, Droits de l'homme et perspectives chrétiennes, Cahiersde la Revue théologlque de louvatn, Z, PubLLcations de la taculte deThéologie, louvaln-la-Neuve, 19S1.

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43.

(9) On trouvera des développements sur ce thème dans J. MOLTMAWW,Théologie politique de la libération, publié dans figures et^dafeLdfc ^,fc*Pg*fftce. i^lévres, novembre 1971), dans les Cahiersde VUlemétrie, n"° Se, $9, 90, novembre-décembre 1971 - janvier-avril 1972, p. 12-18 et dans J.B. METZ, L'avent de Dieu, Ed. del'Epi, Paris, 1967.

(10) On se reportera pour ceci à J. MOLTMANW, Théologie de l'espérance,Coll. Cogitatio Eldel, 50, Ed. Cer^-Mame, Paris, 1970.

[11) Ces thèmes sont fréquemment développés par E. LEV1UAS, spécialementdans l'humanisme de Vautre homme, coll. Essais, Vota Moraana,Ed. Bruno Roy, {Montpellier), (T972).

[12) C^r Uarcel REGNIER, l'homme, Natuhe ou Histoire ?, dans les Etudes,octobre 196%, p. 447-Jffî.

(13) C{a in^ra, la section V, consacrée à la tolérance.

[14) Voir George THOMAS, The Christian héritage In politics, The BecklySocial Service lecture, 1959, londres, The Epuiorth Press, 1959.

(15) Bien qu'il date et malgré ses limites, on se reportera toujoursavec profit à l'ouvrage de Emst TROEITSCH, The social teacking ojthe Christian Churches, th.aducti.on anglaise de Olive WVON, Z vol.,Tke UniverSity otf Chicago Press, Chicago et londres, Ï976 [voir surtout le 1er volume).

[16) Quelques extraits de ces textes sont facilement accessibles dans lerecueil publié par *tarcel MERLE, l'an&colonialisme européen delas Casas à Marx, Coll. U, Ed. Armand Colin, 1969, p. 61-6%.

(17) Déclaration sur la liberté religieuse, 12.

[1$) On trouvera une bonne biblioara\ohie de base sur la tolérance dansRaimundo PAN1KKAR, Tolérance, Idéologie et Uythe, dans E. CASTELll[éd.), Démuthisation et idéologie, aubier, Paris, 1973, p. 191-206.La bibliographie occupe les pp. 204-206.

(19) Sur tout ceci, voir Albert VONVEVNE, laJoi écoute le nonde, Coll.Nouvelle Alliance, Ed. Universitaires, 3e éd., Paris, IV64, spécialement lu 111e partie, ch. 10, portant sua "Le sens positif de latolérance", p. 275-295.

(20) Constitution pastorale Gaudium et Spes, n° 2%.

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44.(21) Une étude, historique d'une partie de la période que nous évoquons Ici

a été orocuwe par Roger AU^ERT sous le titre L'Eglise catholiquede la crise de 1848 à In. première guêtre mondiale, 1ère partie du t. 5de la Nouvelle histoire, de l'Eglise, oubliée sous la direction deP.. AUPERT, M.V. KW'LES, L.J. ROKJER, intitulée l'Eglise dans le mondemoderne [1848 à nos jours), par R. AlP.ERT et al., Ed. du Seuil, Paru,1975, p. 7-21%. Pour la période contemporaine., on se reportera à la''Te partie du même volume, où R. AURERT présente le demi siècle gui apréparé Vati.can 11, p. 581-689.

(22) Sua ces problèmes et leurs prolongements, voir M.P. CHENU, La "doctrine sociale" de l'Eglise comme Idéologie, Ed. du Cetrf, Paris,, 1979.

(23) Pour une étude historique plu6 détallMe, on ne pourra se dispenserde recourir à Paul-Emile BOLTE, les droits de l'homme et la papautécontejnporaine. Synthèse et textes, Coll. La pensée chrétienne, Montréal, Eldes, 1975. On complétera par Patrick de LAUB1ER, la penséesociale de l'Egide catholique. Un Idéal historique de Léon XIII alean-Paul 11, Ed. Albatros, Paris, 1980. Au sujet des documents quenous présentons brièvement Ici, voir Henri (t'ATTIAUX, Statut des interventions du Magistère relative* aux, droits de l'homme, dans la Nou1velle Revue Thêologigue, t. 98, novembre-1976, p. 799-816, auquelon ajoutera Autonomie humaine et présence de. Dieu à la vie morale,dans Documents Episcopat, avril 1979, n7.

(24) Les textes oiilclels du Magistère sont publiés dans les Acta Aposto-llcae Sedls, Cité du Vatican; en français, on les trouve dans la Documentation Catholique, Paris. Les principaux textes ont été publies,avec commentaoïes, par V"Action populaire", Paris.

(25) Les ConstUutl.ons, décrets, déclarations et messages du Concile oecuménique Vatican 11 ont été publiés en édition bilingue latin-français par les Editions du Centurion, Paris, 1967. Excellents index et tables.

(26) CÂr PAUL VI, Prendre parti pour Vhomme. Textes réunis et commentéspar Gérard Défais, Pari*,, Centurion, 1977.

(27) Sur ce document, voir l'importante étude de. Mgr Philippe DELHAVE,L'évangélisatlon chrétienne auiourd'hui. Une relecture du Synode deT974 par S.S. Paul. VI. Exhortation Apostolique "Evangelli Nuntlandl",dans Esprit et Vie, n" 6, 5 février 1976, p. 65-70; n* 8, 19 février 1976, p. 97-107; n° 9, 26 février 1976, p. 114-120.

(28) la Commission Pontificale Justice et Paix, organe du Saint-Siège, aentrepris la publication d'une colle.ctlon consacrée explicitement àl'étude et à l'approfondissement de V"Enseignement social de Jean- PaulII". Adresse de la Commission : Palazzo San Calisto, Cité du Vatican.On se reportera également au volume Jean-Paul U et les^ droits de l'homme,Un an de pontificat, publié par Otto HOFFE, Augustin MACHERE7, cart.os-Josaphat Plkîô DÉ OllVEIRA et Charlotte de HAB1CHT, Editions Universitaires de Trlbourg Suisse, Vribourg [Suisse) et Paris, 1980.

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45.

[29) C$r Paulo FREIRE, Pédagogie de l'opprimé, suivi de Conscientisation etRévolution, Petite collection MaspeAo, 130, Paris, 1974.

[30) Sur V "expérimentation" et le risque légitime en morale, c^rM.P. DUBARLE, Ethique et décision rationnelle, dans Projet, n° 33,mars 1969, p. 325-336.

[3?) Les Actes de la Conférence de Puebla ont été publiés en (Aancals sousle titre Construire, une civilisation de l'amour : Document &inal de laConférence, de Puebla, coll. Documents d'Eglise, Ed. du Centurion,Paris, 1980.

[32) L'intérêt pour ces problèmes est attesté par d'innombrables publications.Citons, ci titre d'exemples, pour le Brésil. : Direitos humanos, publication collective, Série Teologia em dlâlogo, 2è éd., Edlccfes Poulinas,Sclo Paulo, 1978; Dlreltos humanos e evangellzaçao, numéro spécial de laRevlsta ecleslastlca. brasUëlra, vol. 37, mars 1977, éd. Vozes, Petro-polis.

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TABLE P E S MATIERES

SECTION 1. - L'EMERGENCE HISTORIQUE DESDROITS DE L'HOMME 1

§ 1. Un double iondement 1

§ 2. La participation de l'Eglise àcette quête 2

SECTION 11. - FONDEMENTS SPECIFIQUES DE LAPOSITION DE L'EGLISE CATHOLIQUE 4

§ 1. La référence à l'Histoire du Salut 4

§ 2. l'Ecriture sainte et la réflexionthéologique 5

§ 3. L'existence reçue en partage 9

SECTION 111.- DROITS ET DEVOIRS 11

§ 1. Le "nouveau commandement" 11

§ 2. Echec à l'individualisme. 12

SECTION IV. - PORTEE PE LA CONTRIBUTION PE L'EGLISE 14

§ I. Autonomie relative 15

§ 2. Pluralisme limité 15

§ 3. La part de l'historicité 76

§ 4. La référence au passé 1?

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fîP'tï '

SECTION V. - TOLERANCE OU INTOLERANCE ? 19

§ 1. La hantise de la dissidence 19

§ 2. .Une tâche éthique à promouvoir 21

SECTION VI. -UN ENSEIGNEMENT DYNAMIQUE 24

§ 7. Pe Léon XIII à Pie XII 25

§ 2. Pu Bon Pape Jean à Paul VI 27

SECTION Vil.- JUSTICE ET MISERICORDE 37

SECTION Vlll- L'AMPLIFICATION DE LA PROBLEMATIQUE 35

§ 7. Des rapports directs auxrelations médiates 35

§ 2. Une approche pluridisciplinaire 37

SECTION IX. - L'ACTION OU LE TEMOIGNAGE EFFICACE 38

§ 7. Une action d'ordre moral 38

§2. De la dénonciation prophétiqueà la proclamation 38

§ 3. Acteurs et institutions 40

Notes 47

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