le bonbon nuit 10

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Juin 2011 - n° 10 N uit

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Le Bonbon Nuit 10 : Arielle Dombasle, SebastiAn, Les Chandelles, Mélanie Laurent, La Femme, Eva Peel, Alister, Une nuit devant la radio, Michou, Herman Dune, L'art de l'open bar, Les orgies romaines — Marine Goutal, Xavier Magot, Manon Troppo, Thibaut Victor, Hind Mahmoudi, Sarah Bouakline, Stéphane Semain, Irina Aupetit-Ionesco, Mirah Houdon, Charles Faugeron, JF Julian, Eva Peel, Roxane Lagache, Adelmo Gargaloni | Régie publicitaire — [email protected] 06 33 54 65 95 | Contactez-nous — [email protected]

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Page 1: Le Bonbon Nuit 10

Juin 2011 - n° 10

Nuit

Page 2: Le Bonbon Nuit 10

BONBON-NUIT_148x210 20/05/11 15:19 Page 1

Page 3: Le Bonbon Nuit 10

1 — Nuit

édito

Bonne Nuit

Directeur Général — Jacques de la Chaise | Rédactrice en chef — Violaine Schütz [email protected] | Directeur

artistique — Tom Gordonovitch [email protected] | Photo couverture — Nicola Delorme | Secrétaire de rédaction —

Anne-Charlotte Anris & Marie Dupuis | Contributeurs — Marine Goutal, Xavier Magot, Manon Troppo, Thibaut

Victor, Hind Mahmoudi, Sarah Bouakline, Stéphane Semain, Irina Aupetit-Ionesco, Mirah Houdon, Charles

Faugeron, JF Julian, Eva Peel, Roxane Lagache, Adelmo Gargaloni | Régie publicitaire — [email protected]

06 33 54 65 95 | Contactez-nous — [email protected] | Siret — 510 580 301 00016 | OJD — en cours | Siège

social — 31 bis, rue Victor-Massé, 75009 Paris

Le printemps 2011 signerait-il l'arrêt de mort définitif du clubbing "de droite" ? Vous savez, ces clubs aux murs recouverts de velours rouge où on allait payer son verre 15 euros, sapé comme un jeune élu, pour écouter de la nu-disco. Désormais, les hipsters et les club-bers vont au bar de quartier, s'habillent comme en journée, boivent un demi ou un Ricard, grignotent quelque chose et écoutent des selectors (faux DJs) passer de vieux titres oubliés. Ont-ils vieilli ? Ou la crise financière s'est-elle tellement répandue qu'il apparaît tota-lement déplacé de laisser son bras pour une cuite dans la capitale ?

En tout cas, parmi les nouveaux rois de la nuit, à côté des indé-trônables Rex Club, Bus Palladium, Social, Machine et consorts, on trouve des troquets, voire des PMU. Chez Jeannette, Mauri 7, le Napoléon, le Sans Souci, le Lautrec, le Mansart ont presque détrôné les lieux minuscules aux allures de clubs échangistes et les disco-thèques industrielles. Le problème dans tout ça, c'est qu'on ne peut plus vraiment aller se faire un babyfoot en espadrilles, le cheveu totalement négligé et le mascara qui coule dans notre ancien bar "pourri" préféré. Depuis le retour du legging et de certains chanteurs de variét' française remis au goût du jour par les DJs, les "branchés" finissent toujours à s'accaparer ce qui jadis fut cheap et ringard. Mais en fait, on ne se plaindra pas de cette mode du bistrot cool, dans une ville où sortir demeure encore beaucoup plus cher que dans bien d'autres capitales. Allez, un autre Pastaga !

Violaine SchützRédactrice en chef

© B

runo

Has

sen

Régie [email protected]

06 33 54 65 95

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Page 5: Le Bonbon Nuit 10

3 — Nuit

sommaire

Juin 2011

le bon timing

les bonnes brèves

la bonne étoile

le bon producteur

le bon spot

les bons choix

le bon groupe

la playlist de

la bonne séance

le bon chanteur

la bonne expérience

le bon homme de nuit

les bonnes adresses de

le casse bonbon

le bon en arrière

trousse de secours

le bon agenda

p. 05

p. 06

p. 09

p. 13

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p.48

Le 20h du Bonbon Nuit

Arielle Dombasle

SebastiAn

Les Chandelles

Mélanie Laurent

La Femme

Eva Peel

Alister

Une nuit devant la radio

Michou

Herman Dune

L'art de l'open bar

Les orgies romaines

Page 6: Le Bonbon Nuit 10

03/06 21H Lussi in tHe sky + JoHn MitcHeLL + 21 yo 00H soirée BonBon04/06 21H uLMAnn kArArocké10/06 21H MArcus And tHe Music + cHeyenne doLL + tHe BeLMondos 00H soirée BonBon11/06 21H tHe LocoMotive sound corporAtion + LittLe HeLpers

17/06 21H Beef pArAdise + BosoM divine + MMMMMM 00H soirée BonBon18/06 21H Astings + norMA peArL + BovAry24/06 21H LAdy Like drAgon + AstoriA cLuB 00H soirée BonBon25/06 21H scArLett Queens + BAM !

programmation juin

Page 7: Le Bonbon Nuit 10

5 — Nuit

le Bon timing

Les événements à ne pas manquer

Roulotte

La pétillante Chrystel Ortiz rapporte de ses voyages

son inspiration, colorée et amusante. Bambis paille-

tés, têtes de tigres fluos en résine, cupcakes, pois-

sons japonais, ces bijoux font toujours sensation

quand on les porte en soirée. Quelques-uns sont à

vendre sur sa boutique : roulotte-boutique.com

Nouvelle collection disponible en juin.

Les Siestes électroniques @ Paris

Cette année, Les Siestes et le musée du quai Branly

s’associent pour proposer une déclinaison de la

manifestation toulousaine. Romain BNO, Etienne

Tron, Mo Laudi, Pilooski ou encore Awesome Tapes

from Africa seront présents. Pour l'occasion, le

musée ouvre ses portes au public pour des concerts

en plein air gratuits. Tous les dimanches de juin au

musée du quai Branly, de 15h à 17h.

Filmer la musique

Le festival ne se tiendra plus au Point FMR mais à

la Gaîté lyrique. Le programme reste néanmoins

inchangé : projections, concerts, performances et

installations. On trouvera des films rares ou inédits,

classiques et avant-premières et tous les soirs une

programmation musicale au top avec Koudlam, Alad-

din, Spectrum, Moon Duo, Ty Segall et d'autres.

Du 31 mai au 5 juin 2011 à la Gaîté lyrique.

Kate Moss vue par les plus grands

Kate Moss est à l'honneur à la Galerie de l'Instant

avec une exposition consacrée à l'icône indémo-

dable. Kate Moss par les plus grands photographes

montre des photos du top qui a débuté à 14 ans,

signées par Paolo Roversi, Peter Lindbergh, Juliette

Butler, Corinne Day ou encore Mary McCartney.

Jusqu'au 14 septembre - Galerie de l'Instant

46, rue de Poitou, Paris 3e.

Exposition

ModE

FEstivAl

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R

ÉvÉnEMEnt

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6 — Nuit

les Bonnes Brèves

Le 20h du Bonbon Nuit

Bruit de couloir : au mois de septembre, le Social Club ouvrira son club en sous-sol, designé par David Lynch et nommé le Silencio. Le club Silen-cio était le lieu imaginé par le cinéaste dans Mul-holland drive. David vient également de déclarer qu'il a bouclé un album électro. Surprenant !

Le Bonbon Nuit est désormais sur tumblr, à cette

adresse : http://lebonbonnuit.tumblr.com. Suivez-

nous !

La mode du bar clandestin en vogue à New York et Londres débarque à Paris. Le Candelaria, rue de Saintonge vient d'ouvrir et propose, dans une première partie du lieu, de se restaurer d'excellents tacos, et d’accéder, par une porte dérobée, à un bar à cocktails.

La graffeuse Fafi, interviewée dans le numéro 1 du

Bonbon Nuit, ouvrira une boutique éphémère à la

Galerie L.J. (12, rue Commines 75003), pendant une

semaine seulement, du 14 au 21 juin, de 11h à 19h.

On y trouvera ses derniers dessins, sérigraphies, pré-

sentation de ses collaborations, et la projection du

clip qu'elle a réalisé pour Carte Blanche (DJ Mehdi

et Riton).

Le Trianon a ouvert son café-restaurant le Petit Trianon, sur le boulevard Rochechouart, au rez-de-chaussée de l'établissement.

Les Apéros vintage de Bordeaux (verres de vin à 2

euros et concerts dans des lieux divers) reviennent

pour une nouvelle saison (la troisième), mais cette

fois avec le verre un peu plus cher, et des DJ sets.

Le 14 juin, ce sera à l’Escargot Montorgueil (38, rue

Montorgueil 75001) et le 28 juin au Point Éphémère.

Jean, du Sans Souci, a ouvert un nouveau restau-bar trop cool, le Mansart, rue Mansart, en face de l'inénarrable échoppe de kebabs Scar(f )ood.

Yuksek revient avec un nouvel album, Living On The

Edge of Time le 13 juin.

Le festival de courts-métrages Côté Court, qui aura lieu en Seine-Saint-Denis du 15 au 26 juin fête cette année ses 20 ans et reçoit le groupe Farewell Poetry, Vincent Moon, Gaspar Claus, Lee Ranaldo de Sonic Youth et sa compagne, Leah Singer, pour une performance intitulée sight Unseen ainsi que Charlemagne Palestine et the K qui joueront "live", harmonium indien pour l'un et ukulélé pour l'autre.

Du samedi 18 juin au dimanche 7 août se tiendra

l'expo Public Domaine - Skateboard Culture à la

Gaîté lyrique. Des concerts, des projections, des

événements, un skate-spot dans le square Émile-

Chautemps, une sélection de jeux vidéo et un fonds

spécifique d'ouvrages et de magazines au Centre de

ressources seront au programme. Cet événement a

été pensé par Vincent Carry.

Le mythique groupe de hip-hop De la Soul sera en concert gratuit le 17 juin pour une soi-rée Bloc Party / Diesel en plein air intitulée Only The Brave. Le lieu et les autres artistes n'ont pas encore été dévoilés. Plus d'infos ici :www.facebook.com/onlythebraveblockparty

La photographe Sophie Bramly exposera à la galerie

12MAIL des photos documentant l'émergence de la

scène hip-hop à New York au début des années 1980.

On y croise les Beastie Boys, Futura, Bambaataa,

le Rock Steady Crew et d'autres… Ces photos n'ont

jamais été publiées ni exposées. L'expo débute le 17

juin et durera tout l'été. Galerie 12MAIL - 12, rue du

Mail 75002.

Un double CD de Jean-Michel Jarre, Essentials & Rarities vient de paraître chez Dreyfus Music. Qui a dit « on s'en fout » ?

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7 — Nuit

vu, lu, entendu

Entendu au bar, vu dans la presse ou lu sur Facebook / Twitter

Jean Vedreine, c'est un peu la Nadine de Rothschild

du triangle d'or de Pigalle. Pedro

Déguisé en Super Mario, le détenu menaçait ses surveillants. le dauphiné libéré

C'est pas parce que le tigre a maigri que c'est un

chat. Marco

I feel bad that my toothbrush is in the bathroom 'cause terrible things happen in there. Judd

Wow, cela fonctionne vraiment ! Découvrez qui

consulte votre profil ! Non j'déconne…

Ce qui est bien à la campagne, c'est que tu peux mettre une robe de l'année dernière. Elsa

Le serial-creveur de pneus frappe 58 fois en une nuit.

L'Union

Il faut toujours tourner sept fois votre langue dans ma bouche avant de parler. M. Fort

La maison n'accepte plus l'échec. Sur la porte des

toilettes d'un PMU

La villa du prof de clarinette était une maison close. 20 Minutes

Les vieux adorent manger des cacahuètes. Ça leur

rappelle leurs dents. Marco

Ce n'est pas parce que tu as soif d'amour qu'il faut te jeter sur la première gourde. Laurent

Ils volent de la bière et mordent le gérant.

Vaucluse matin

Vous connaissez l'histoire de l'eunuque décapité ? Ça aussi c'est une histoire sans queue ni tête. Pierre

Il a confondu primaires et préliminaires. Fab

De deux choses Lune, l'autre c'est le Soleil. Beths

à la vie, à l'amour. Alba Thor

Moi perso, mon dealer il est au bout Delarue. Pat

Vive le porc du voile. Alexandra

Il y a des flash-back qui font mâles. Mucho

Pour vivre heureux, vivons couchés. Manon

Le fric, c'est freak. Troppo

Dormir tue. Comptoir du Panic Room

La chatte entre deux tabourets. Beths

I Wish You Were Beer. Manon

Un verre ça va, trois verres… ça va mieux.

La morale est plus haute que l'art. Houellebecq

1 tiens vaut carrément moins que 2 tiens. Marco

Il perd ses cheveux ? Chauve qui peut ! Léa

La vie est ainsi fête. M. Fort

Dealer à 72 ans. Midi libre

Braqués au couteau pour un kebab. l'Union

Elle m'a engueulé comme un pot pourri. Fabien

Un goût de déjà bu. Krivoshey

Reply us : facebook.com/lebonbonnuitparis

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8 — Nuit

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9 — Nuit

la Bonne étoile

® Violaine Schütz Ω Ali Mahdavi

Arielle n'est pas une femme, c'est une sur-femme.

Blonde, intello, chanteuse, actrice, mannequin, réa-

lisatrice, égérie… Rien ne semble résister à cette

femme fatale qui allie au charme un sens inouï de

la répartie. Sa dernière aventure ? Diva Latina, un

album de retour aux racines, où elle dévoile le côté le

plus "caliente" de sa personnalité. Rencontre avec

une néo-diva.

Quand on s'en va pour aller rencontrer LA blonde, c'est avec des papillons dans le ventre et de légères palpitations qu'on s'avance vers le lieu de l'interview. On pense à sa beauté gracile dans pauline à la plage de Rohmer, à une interview très spirituelle face à un Ardisson énamouré dans lunettes noires pour nuits blanches, à sa puissante voix entraînée à l'Opéra ou encore à son excur-sion glamour au Crazy Horse. En vrai, dans les somptueux salons du Louvre, sa mini-robe bleue comme ses yeux océan, ses grandes boucles, sa silhouette de sirène et ses bons mots désarment d'emblée. Mais au bout de quelques minutes, c'est son incroyable gentillesse qui frappe chez Arielle. Pas de déesse intouchable sur son piédestal, mais une femme généreuse et blagueuse n'hésitant pas

à vous apprendre que "el bonbon" en espagnol, ça veut dire les fesses, à charrier notre photographe et à nous souffler, entre deux réflexions plus philo-sophiques, qu'une frange ça nous irait bien. L'en-tretien peut commencer.

Comment allez-vous Arielle en cette journée promo ?

Oh, ce n'est pas vraiment une journée spécifique-ment différente des autres. Je passe mon temps à rencontrer des gens et nous autres les performers, c'est notre vie d'avoir des relations avec des jour-nalistes et des interviews en général.

Votre nouveau disque s'intitule Diva Latina : pour-

quoi cet attrait pour l'Amérique latine ?

Mon précédent album, Amor Amor, a été un si merveilleux succès (ndrl : disque de platine). Les gens m’arrêtent dans la rue pour me dire : « oh, mais chantez en espagnol ». J'ai fait cette petite incursion en français avec Katerine et Gonzales pour l'album Glamour à mort, et là je reviens à ce que j'aime tant : le latin swing dans ma langue natale espagnole. Le français est une langue plus intellectuelle. Je l'ai apprise au lycée. L'espagnol, comme le latin et l'italien, c'est étonnant pour

Arielle DombAsle

divA Et plUs qUE çA

Page 12: Le Bonbon Nuit 10

10 — Nuit

chanter. Il y a tous ces phonèmes qui sonnent immédiatement, et sont si bons et délicieux à arti-culer. Ça semble couler de source.

Vous avez vécu dix-huit ans au Mexique, comment

vous êtes-vous retrouvée là-bas et quels souvenirs

en gardez-vous ?

Mes grands-parents étaient ambassadeurs de France et mon père a eu un coup de foudre pour le Mexique, la rencontre avec ma mère, la passion de ce pays, de l'archéologie aux civilisations dis-parues en passant par la tequila… et ma mère. J'ai aimé grandir là-bas, la beauté du pays ! Les gens étonnants, la musique populaire dans n'importe quel petit village, pour n'importe quelle raison on entend cette merveilleuse musique et les gens dan-sent ! Les Latinos font de la musique avec tout ! Des rythmes, des percussions avec ce qu'ils trou-vent, en tapant sur des bouts de bois, güiro, cajon, conga. C'est cet archaïsme dans les percussions que je voulais retrouver dans le côté "roots" de l'album.

Cet album, très ouvert dans ses sonorités, sort juste

après de nombreux débats politiques sur l'identité,

c'était voulu ?

Sûrement, absolument même. Je suis un objet rapporté, culturellement métisse. J'ai beau avoir un aspect terriblement "french touch", je reste Latine. Et le fait de chanter un morceau avec Mokobe, symbole du rap urbain revendicatif au sein du 113, s’inscrit dans ce que j’aime, le mélange culturel. Sur cette reprise de pata pata de Miriam Makeba, avec ma culture latine, je voulais ce son afro-cubain et la présence de Mokobe, cette voix étonnante, et ce flow de rap ! La musique est le pays des rencontres, du métissage et de la liberté. Il y a de l'humour aussi dans les paroles écrites par Mokobe quand il me demande : « Hé Arielle, tu as peur des rappeurs ? ». Avec cette question en filigrane : à quoi finalement se réduisent les peurs ? L'inconnu ?

Comment avez-vous choisi les reprises de chansons

latines qui figurent sur ce disque ?

Elles correspondent à des choses que j'ai aimées, des moments qui ont compté. Ce qui est bien avec les reprises, c'est qu'elles évoquent des émotions énormes puisque ce sont des tubes pour beau-coup de gens ! J'aime l'idée d'avoir vécu avec mes contemporains et d'avoir goûté les mêmes choses,

Arielle Dombasle

“il fAut Devenir

soi-même, et çA

prenD Du temps” DisAit

rimbAuD,et s'in-

cArner Au plus

proche De sA vie

rêvée.

Page 13: Le Bonbon Nuit 10

11 — Nuit

Arielle Dombasle

celles qui durent. porque te vas de Jeanette par exemple, beaucoup de gens gardent des souvenirs forts d'instants vécus en l'écoutant. Mais le spectre du disque est très varié, de Nilda Fernandez à la Mano Negra, et je n’ai suivi que ma sensibilité. Je n'ai pas d'œillères, un peu comme un cheval fou. Passionné. Il y a sur ce disque un amour des décalages, avec à

la fois l'électro et la musique latine, la voix de canta-

trice et d'autres choses plus pop, ça vous vient d'où ?

Sans doute de la volonté de ne jamais s'enfer-mer dans des diktats. On a toujours tendance à mettre les gens dans des petits wagons pour les pousser sur des rails qui filent tout droit. La vie n'est pas comme ça. Elle est pleine de chemins qui bifurquent, de passions, de rencontres, d'éton-nements, de curiosités, de vie. La vie ce n'est que ça, du moins celle des artistes. On n'est pas des produits mais des êtres libres, c'est une affirma-tion avec laquelle j'essaie d'être toujours en phase. Quand j'étais au Conservatoire, on m’appelait la moderne, et le baroque que j'ai commencé à chan-ter, je l’ai tout de suite interprété accompagnée par des sons électro. « il faut devenir soi-même, et ça prend du temps », disait Rimbaud. Et s'incarner au plus proche de sa vie rêvée, en prenant des risques, en étant inventive. Car il y aura toujours des gens pour vous dire de ne pas faire telle ou telle chose. Il y a aussi un côté très dancefloor dans ce disque…

C'est ce que je voulais. Faire un disque qui donne envie de danser à tout le monde, et c’est le cas. Quand j'ai fait mon premier disque, c'était une cantate de Bach que j'ai enregistrée avec un LA 4 XC, ordinateur surpuissant de l'époque, et j'étais accompagnée à l'Ircam par un orchestre synthé-tique. J'aime l’audace, danser, sortir ! Je suis vivante quoi ! Je vais souvent au Montana et au Baron. Dans le clip de Porque te vas, réalisé par votre ami

Ali Mahdavi, on vous voit en homme et femme, toréro

et femme fatale, ça signifie quoi ?

C'est la vision d'Ali. Il a tellement de talent ! Il a une passion pour les figures très féminines : Gene Tierney, Ava Gardner, Grace Kelly, Marlene Die-trich, sa grande déesse. Chez moi, il voit de l’hy-per féminité, dit-il, mais il voit aussi un matador, je l’ai donc joué ! Homme-femme. Sur l'album, il y a un hymne de corrida, El Gato Montes mais la corrida au Mexique, c'est le vecteur par lequel passe l'insurrection, forces animales.

Où en êtes-vous de votre carrière d'actrice ?

Je tourne moins de films car la musique me prend tout mon temps et me dévore.

Vous avez repris Hasta Siempre, l'hymne au Che,

vous vous sentez l'âme d'une révolutionnaire ?

Enfin, d’une certaine manière, oui, d'ailleurs on m'a dit, horrifié : « Comment tu peux reprendre cette chanson, alors que le Che a fait couler tant de sang ? » Je sais qu’il a eu in fine un parcours très contestable, mais pour nous, les Latinos, il reste une figure charismatique qui a fait qu'un peuple entier s'est soulevé. Les événements récents du Printemps arabe méritent de grands leaders. Car quel bonheur de voir des gens prendre le pouvoir et se révolter.

Arielle Dombasle — Diva Latina Mercury/Universal

Ses adresses fétiches

≥ L’hôtel Raphaël, où j'ai vécu, et qui a abrité

Godard, Gainsbourg, Grace Kelly et Rosselini

≥ Le Ritz, où habitait ma marraine.

≥ Tous les parcs, Bagatelle, Babylone, Montsouris,

Monceau, je m'y sens bien.

≥ Les Trois Baudets, pour un concert.

≥ Le Carmen, à Pigalle où j'ai récemment écouté

chanter Fifi Chachnil, qui m'a donné les dessous

qu'on voit en transparence sous une robe que m'a

faite Jean-Paul Gaultier sur la pochette.

Page 14: Le Bonbon Nuit 10

12 — Nuit

le Bon producteur

® Irina Aupetit-Ionesco Ω Jean-Baptiste Mondino

Sebastian Akchoté alias SebastiAn aura su faire

monter la sauce. Des maxis parfois très méchants et

des remixes qui en disent long sur l’anticonformisme

du garçon ainsi que deux BO ont semé la rumeur de

son son surpuissant. Signé chez Ed Banger depuis

2004, SebastiAn sort enfin son premier album, Total,

avec 22 titres de musique radicalement entêtante, à

la fois bruyante et élégante.

Pourquoi as-tu choisi Jean-Baptiste Mondino pour

la pochette de ton album ?

À la base, je suis très fan du travail de Robert Mapplethorpe et je trouvais que Mondino était le plus apte à faire quelque chose qui se rapprochait de cette esthétique.

Qu'est-ce qui t'a influencé pour Total ?

C’est un méchoui de tout ce que j’aime… comme DJ Premier par exemple ; sa manière de travailler en termes de production m’intéresse beaucoup ; c’est quelqu’un qui découpe énormément les sons. C’est moi qui ai voulu le faire travailler sur le remix de Embody. Ed Banger s’est chargé de le contacter, Pedro lui a envoyé le track par mail et Premier a accepté tout de suite. Tout s’est fait très rapidement, la rencontre humaine a été brève mais j’ai perçu un homme rare, adorable et très serein.

Et comment as-tu rencontré Jean-Louis Costes ?

J’ai rencontré Costes quand j’avais 13 ans. À cette époque mon frère (ndlr : le musicien NoËl Akchoté) m’emmenait partout avec lui et surtout dans des lieux très alternatifs comme Les Instants

chavirés à Montreuil. Costes s’y produisait régu-lièrement. Mon frère, qui à ce moment-là tenait un label (ndlr : feu Rectangle), s’est dit que ce serait intéressant de faire un album avec deux des membres de Cercle vicieux et Costes. Mon intérêt dans la vie a toujours été de faire “des ponts” aussi bien humainement que musicalement… l’album nik ta Race est né de ça.

Et comment s’est fait le “pont” entre cet univers et

celui de Pedro Winter ?

Ça ne m’a jamais posé de problème de passer d’un style à l’autre sachant que je n’ai pas de style pré-établi… La rencontre avec Pedro a été le fruit du hasard. À cette époque, un des mecs de Cercle vicieux et moi avions un projet un peu moins “for-maté” que le reste et nous nous étions dit qu’on allait choisir un label qui ne serait pas un label de rap. Nous avions trouvé l’adresse d'Ed Banger dans un canard, je ne sais pas par quelle chance Pedro a répondu au téléphone. J’ai fait le rendez-vous et je lui ai rapporté des anciennes produc-tions, il m’a signé la semaine d’après. Je suis arrivé un peu avide dans l’électro car je n’y connaissais vraiment rien. L’idée pour moi était juste d’essayer de transposer ce que j’aimais dans le rap, dans la musique électronique… Finalement je n’ai fait qu’accélérer les tempos… Embody, le premier single, en est un parfait exemple.

lA totAlEsebAstiAn

SebastiAn — Total EdBanger/Because

≥ Sortie le 1er juin

Page 15: Le Bonbon Nuit 10

13 — Nuit

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14 — Nuit

Page 17: Le Bonbon Nuit 10

15 — Nuit

le Bon spot

® Irina Aupetit-Ionesco Ω DR

On dit des Chandelles, LE club échangiste, que c’est

un peu le Mc Donald du sexe : on peut croquer son

"happy meal" sur place ou à emporter. Valérie, la

créatrice et gérante des lieux, sourit à cette réflexion

en précisant qu’ici, on est dans la volupté et surtout

pas dans la rapidité. Ça en laisse plus d’un rêveur…

Quelle est l’histoire des Chandelles ?

Les Chandelles existent depuis 1993. J’ai créé l’agencement de l’établissement avec mon ex-mari ; je le gère seule depuis 2005. L’idée de base était de proposer un lieu de fête pour les gens en couple et pour moi le côté coquin et sexuel était finalement la cerise sur le gâteau ; ça n’était pas la priorité. Ce qui nous intéressait surtout, c’était d’axer le lieu sur la fête et la séduction… réap-prendre à séduire.

Vous trouvez que les mœurs ont changé depuis que

vous avez créé le lieu ?

Oui, les gens sont plus libres aujourd’hui. Les femmes notamment. Elles n’ont plus besoin de se faire tirer par les cheveux pour venir ici…elles viennent d’elles-mêmes. Les hommes, de leur côté, reprennent leurs marques. Au début de l’ouverture des clubs dits "échangistes", c’étaient

des lieux conçus par des hommes, pensés par des hommes pour les hommes. Les clubs échan-gistes étaient des alibis parfaits, à l’époque, pour des hommes qui n’assumaient pas de tromper leur femme. C’était plus "hard" il y a 20 ans ; aujourd’hui le couple moderne n’est plus dans des jeux de "marchandage" ; il fait une vraie différence entre le plaisir sexuel et la vie amoureuse.

Vous êtes la première femme à avoir tenu ce genre

d’endroit ?

Vraiment libertin, enfin ça dépend de ce qu’on y met derrière, sans jeu de mots, je crois que oui. Il y a eu chez Denise quand même aussi ; aujourd’hui je ne sais pas si on peut qualifier son établissement de "libertin".

Qui vient aux Chandelles ?

C’est très très large : des couples qui ont besoin de mettre du piment dans leur vie coquine, qui vont peut-être aller dans les salons, il y a ceux qui vien-nent pour passer un moment privilégié de séduc-tion ; il y a des vrais couples, des amants et des maîtresses, des femmes libres qui viennent avec un copain. Les gens qui viennent à la soirée Caprices de femmes (ndlr : soirée ouverte aux couples et

lUMièRE sUR lE liEU CoqUin

les chAnDelles

Page 18: Le Bonbon Nuit 10

16 — Nuit

aux célibataires) le lundi ne cherchent pas forcé-ment la même chose qu’un couple qui vient en soirée de couples exclusivement. À l’ouverture des Chandelles, les célibataires qui venaient étaient essentiellement masculins, maintenant on voit de plus en plus de femmes. Les gens qui fréquentent les Chandelles ont une démarche saine, de plaisir "simple" sans être "addict", et sans tomber dans des habitudes obligatoires de jeux pour jouir.

On dit qu’il y a beaucoup de gens connus qui vien-

nent aux Chandelles, c’est vrai ?

Les gens aiment bien parler… il y a de tout chez moi. Je ne reçois pas les gens en fonction de ce qu’ils font. Je suis loin des people. Je ne suis pas centrée sur ce que font les gens. J’ai sûrement refusé l’entrée à des gens très connus ou pas, je m’en fiche, c’est ce qu’ils dégagent qui m’intéresse.Justement, comment se fait la sélection à l’entrée ?Il faut quand même reconnaître que le physique y contribue un peu (rires) ; c’est plus facile de ren-trer aux Chandelles si on est joli et élégant que si on est vraiment moche et adipeux. Maintenant, je n’ai rien du tout contre les femmes rondes. Elles dégagent une sensualité que les fils de fer n’ont pas ; j’y suis très sensible.

Quelle est la différence entre un après-midi et une

soirée aux Chandelles ?

Je pense que lorsqu’on sort l’après-midi, on n'a pas forcément envie de danser et de faire la fête ; la nuit inspire plus ce genre de "folies". L’après-midi il y a plus de jeux, c’est encore plus coquin. Il y a un côté très excitant à se faire un cinq-à-sept.

Comment se déroule une soirée aux Chandelles ?

Ça dépend de leur désir… si c’est la première fois, ils passent le début de soirée au restaurant, puis descendent danser, boire un verre. Ensuite, libres à eux de jouer aux voyeurs ou aux acteurs. Il y a un salon un peu plus exhib, un autre un peu plus fermé pour jouer à plusieurs sans être dérangés,

et un dernier qui est beaucoup plus ouvert aux personnes qui sont plus gourmandes. Les gens se promènent beaucoup mais pas nus, ça n’est pas un club allemand ou belge naturiste ! Je n’aurais pas pu tenir un club où les gens se seraient baladés nus toute une soirée…

Pourquoi les Chandelles sont-elles la référence

dans le milieu ?

Il y a plusieurs facteurs qui y contribuent : sur le plan esthétique, nous sommes définitivement dans un lieu féminin, une sorte de cocon, de bou-doir. Les gens s’y sentent bien et du coup pour eux, il y a un réel décalage entre leurs fantasmes débridés plutôt Pigalle et la réalité. Je crois qu’ils sont agréablement surpris. Le profil des gens que je reçois peut aussi surprendre ! Lorsqu’on vient pour la première fois, on ne s’attend par forcément à voir une clientèle élégante. Je pense que la par-ticularité des Chandelles tient au fait que le lieu est tenu et géré par une femme. Un homme qui se comporte mal ne reste pas longtemps chez moi ; le plaisir doit être partagé !

Pouvez-vous nous raconter quelques anecdotes qui

se sont déroulées au club ?

Ça tourne toujours autour des mêmes sujets : les gens qui se croisent alors qu’ils ne devraient pas se croiser… des amis intimes, des frères et sœurs par exemple… ou la femme qui dit à son mari qu’elle est fatiguée, qu’elle a mal à la tête et qu’elle ne souhaite pas sortir pour finalement se retrouver nez à nez avec son époux !

Et où allez-vous lorsque vous sortez la nuit, en

dehors des Chandelles ?

Ça va faire au moins six mois que je ne suis pas sortie en boîte alors que j’adore les lieux où l’on danse. Je vais au Queen, au Milliardaire et au Magnifique même si je n’aime pas beaucoup la clientèle, et d’autres clubs où l’on joue de l’électro. J’aime le mélange lorsque c’est hétéroclite.

Les Chandelles

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17 — Nuit

Les Chandelles

Que pensez-vous des scandales sexuels qui se pas-

sent autour des hommes politiques tels Berlusconi,

Dominique Strauss-Kahn ?

Ça me fait rire et en même temps je trouve ça profondément triste que des hommes ayant des postes de pouvoir et de représentation, si cela est prouvé, aient recours à la violence pour assouvir leurs pulsions. Je n’ai pas beaucoup suivi l’affaire Berlusconi, mais je crois qu’il se paye des pros-tituées ; je n’ai évidemment pas trouvé ça génial en tant que femme. J’estime que si elles font ça c’est qu’elles n’ont pas le choix pour vivre correcte-ment. L’affaire DSK, je trouve ça scandaleux ! En entendant la presse étrangère et autres journalistes qui commencent enfin à ouvrir leur gueule, on se rend compte que ce cher monsieur est habitué à la drague "pressante" ; je n’appelle pas ça de la dra-gue ! J’appelle ça du harcèlement ; et c’est là où

encore une fois on voit que les femmes ne pren-nent pas leur place. Je souhaite vraiment que cela cesse, qu’enfin les femmes ne se laissent plus faire, et qu’elles arrêtent d’accepter l’intolérable.

DSK n’est donc pas le bienvenu chez vous ?

(Rires) Non !

Il est déjà venu chez vous ?

Je ne te répondrai évidemment pas ; )

Les Chandelles

≥ 1, rue Thérèse - Paris 1er

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18 — Nuit

les Bons choix

® Mirah Houdon Ω Rodolphe Marconi

Actrice épatante dans Je vais bien, ne t'en fais pas et

Inglorious Basterds, Mélanie Laurent, tout juste 28

ans, cumule les mandats. Après le rôle de maîtresse

de cérémonie du festival de Cannes le mois dernier,

c'est dans celui de belle des chants qu'elle revient,

avec un premier disque mélancolique, En t'atten-

dant. Elle nous parle de son univers en nous dévoi-

lant ses coups de cœur.

Un film ?

ponette de Jacques Doillon. C'est un film mer-veilleux qui m'a marquée à jamais.Un DVD ?

peau d'âne de Jacques Demy. C'est le film que j'ai le plus vu, enfant, et qui a déclenché mon envie de faire ce métier. Je rêvais d'une robe "couleur du temps" et je m'identifiais à Catherine Deneuve.Une chanson ?

Mon Héritage de Benjamin Biolay. Ce texte est magnifique. En préparant mes concerts, cette chanson s'est imposée à moi.Un disque ?

les Marquises de Jacques Brel, bien sûr. C'est le plus grand auteur et interprète à mes yeux. Je peux l'écouter en boucle et chaque chanson est un film qui se déroule. C'est un génie.Une actrice ?

De Jeanne Moreau à Catherine Deneuve, d'Isa-belle Huppert à Juliette Binoche, d'Isabelle Adjani

à Natalie Portman sans oublier Audrey Hepburn.Un réalisateur ?

J'admire beaucoup Paul Thomas Anderson.Un musée ?

Le musée Picasso où mon grand-père m'emme-nait et où il m'expliquait chaque tableau, son his-toire, ses couleurs, sa perspective…Un livre ?

Je suis fidèle à Olivier Adam, à Philipp Roth. Et dernièrement j'ai beaucoup aimé le livre de Marie Ndiaye, trois Femmes puissantes.Un lieu ?

Le resto de mon ami Claude Colliot (40, rue des Blancs-Manteaux) dans le 4e. Il m'a initiée et livré des secrets de cuisine. C'est un grand chef.Une émission TV ?

J'aime les émissions du style la semaine critique de Franz-Olivier Giesbert, ça balance à paris sur Paris Première, et j'aimais beaucoup En aparté de Pascale Clark sur Canal+.Et pour finir, ta nuit idéale ?

Ma nuit idéale est une belle nuit d'amour ou une belle nuit de sommeil. Je suis insomniaque et bien dormir est magnifique pour moi.

(En)CHAntEUsE

mélAnie lAurent

En t'attendant Atmosphériques

≥ En concert à La Cigale le 15 juin

120, boulevard de Rochechouart - Paris 18e

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19 — Nuit

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20 — Nuit

le Bon groupe

® Charles Faugeron Ω JF Julian

C'est bien connu, la femme est l'avenir de l'homme,

elle est désormais aussi celle du rock français. En

quelques concerts excitants et un EP, La Femme,

groupe originaire de Biarritz, a réussi à imposer son

mélange de synth-wave et de surf music stylé. Ren-

contre.

« sur la plage / dans le sable / je recherche des sen-sations ». Dès les premiers couplets de sur la planche, le mini tube indie du printemps, on est saisi par cette voix mutine, effrontée. On pourrait confondre La Femme avec de la "surf music" à cause de ses riffs saturés de réverb, mais ce serait passer à côté du phénomène. À l’heure où Paris débusquait cette petite perle grâce à Internet et ses réseaux sociaux, les membres du groupe, eux, finissaient déjà leur première tournée - improvi-sée - aux États-Unis. « on n’a pas attendu qu’on vienne nous chercher. on a envoyé des mails, passé des coups de fil, pris un visa de trois mois, et au final on a enchaîné 22 dates ! », s’exclame Marlon, le leader du groupe. « sur place, on allait de ren-contre en rencontre, ça nous a permis de jouer sur des scènes comme celle du Making time à philadelphie. » Soirée mémorable, à en croire Nunes, le trublion de la bande, M. Loyal du groupe qui décrit une ambiance de folie à la descente de l’avion. Avec le recul, Marlon fait ce constat : « on est allés chercher

là-bas la reconnaissance qu’on aurait toujours pu attendre ici. les Us nous ont donné notre chance. »

Et ils ont su la saisir. De retour en France au mois de mars, toutes les maisons de disques veulent les signer, toutes les salles veulent les booker : la Flèche d’Or, le Divan du monde, la Gaîté lyrique… Ils jouent chez Colette, passent à la radio, au Grand Journal de Canal+, en attendant Solidays et Rock en Seine cet été. « on veut créer une onde qui se pro-page et ne s’arrête plus. » Ces petits jeunes-là ne manquent pas d’aplomb. Si bien qu’ils tiennent en respect l’industrie du disque et n’ont encore signé nulle part. « Maintenant qu’on en est arrivés là par nous-mêmes, on hésite à donner les rênes à quelqu’un. Mais, on rencontre plein de gens », et ce n’est pas la présence ce soir-là du représentant d’un label indépendant américain qui les contredit.

C’est qu’ils ont beau avoir 20 ans, les cheveux peroxydés et des dégaines de rockers des années 1960, le groupe formé autour de Marlon et Sacha peut se vanter d’avoir trouvé son style : de la surf music donc - le groupe est tout de même né à Biarritz - teintée de sonorités électro des années 1980, avec des leads type Kraftwerk. Forts de ce cocktail efficace, ils s’imposent comme les héri-tiers de la new wave en France, les fils spirituels

l'AvEniR dU RoCk ?lA femme

Page 23: Le Bonbon Nuit 10

21 — Nuit

La Femme

de Marie et les Garçons ou du groupe de synth pop Performance. Mais eux voient plus loin, « on sera le groupe des années 10 ». À l’origine du projet : Sacha (guitare) et Marlon (clavier). Amis d’en-fance grandis à Biarritz, dans un cadre idyllique, « on allait surfer après les cours, c’était cool », jusqu’à ce que Marlon déménage à Paris il y a cinq ans. Qu’à cela ne tienne. « Chaque semaine, on s’en-voyait des morceaux bidouillés sur Garage Band. » À l’arrivée, ils ont écrit et composé ensemble « une quarantaine de chansons, de quoi faire deux albums », fanfaronne Marlon.

Avec eux, Noé, à la basse, jouait dans des groupes punk avant de rejoindre la formation, Sam, à la batterie, faisait déjà partie de la précédente aven-ture, un projet « rock, 60's » baptisé SOS Made-moiselle. Et bien sûr, Clémence qui chante et manie le clavier, en même temps qu’elle assure le

spectacle. Pour finir, Nunes nous confie qu’il mon-tera sur scène le jour où le groupe fera l’acquisition d’un pad.

Et La Femme dans tout ça ? Changeante. Les deux garçons ne s’interdisent pas une formation à géométrie variable. « début mars, Meghan chantait, dansait, slammait avec nous mais elle est repartie à los Angeles. Clémence est là pour l ’instant, mais il y a aussi léa et Marilou. » Alors, avis aux apprenties chanteuses !

La Femme — Le Podium#1 Ep Third Side

www.myspace.com/lunaetlescontacts

≥ En concert le 9 juin au Trianon

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22 — Nuit

la playlist de

Ω Thomas Lemoine

Eva Marie Pinon alias Eva

Peel est une hyperactive.

Journaliste, sound-designeuse,

programmatrice des Apéros

vintage, organisatrice d'expos,

chanteuse, productrice et surtout

DJ, elle apporte son énergie à

la scène club parisienne depuis

presque dix ans.

Le 1er juin, mix cinématic à la

Gaîté lyrique.

Le 24 juin au Pin Up Bar.

ww.myspace.com/evapeelband

evA peel

1 LCD Soundsystem — I can change

Alors que Murphy a décidé d'arrêter son projet avec LCD, il est question d'espoir et de transformation, une chanson trippante.

2 Paris — The Cross Over (Siskid's Lush Version)

Un très beau remix du producteur français à la sensibilité aussi rock qu'électronique, le côté 80 et les voix sont particulièrement réussis.

3 Christophe — Les jours où rien ne va

En plus d'une production orchestrale assez époustouflante, il y est question de la tristesse inhérente à certains moments de la vie.

4 Jonathan Richman & The Modern Lovers — I'm straight

Un morceau terriblement poignant (clip à voir), l'album original date de 1976 mais ce morceau est ressorti en 2003 - indémodable..5 The Immortals — The Ultimate Warlord

Composé par un duo belge, ce track est la quintessence d'une cer-taine vision rétrofuturiste de la musique électronique que j'aime.

6 SunSun — Winter Wizard

Ce morceau est un tribute à Art Department et aux sons des années 1990 électro - une future bombe de mon projet avec Mike Theis.

7 Metronomy — You could easily have me

Un morceau assez rock'n'roll que j'aime bien mais difficile de choisir parmi le dernier album qui est vraiment réussi.

8 Black Devil Disco Club — H friend

L'un des plus talentueux producteurs français, on ne s'en lasse pas. C'est hyper dansant et élégant à la fois…

9 Lee Hazlewood — The ballad of Lucy Jordan 20th centhury lee

Un morceau fantastique qui raconte l'histoire d'une femme qui n'a jamais fait de décapotable. Repris par Marianne Faithfull.

10 Devendra Banhart — I feel just like a child

Ce titre est juste irrésistible et me donne envie de danser, après je n'aime pas tout Devandra mais il faut reconnaître qu'il est particu-lièrement sexy ce Devendra…

Page 25: Le Bonbon Nuit 10

23 — Nuit

Omar m’a tuer de Roschdy Zem 8/10

L’adaptation d’un fait divers est toujours chose complexe. On atten-dait donc assez bêtement de la part de Roschdy Zem, acteur et citoyen engagé, un film à charge prenant parti volontairement pour la victime sans prendre la peine d’en décortiquer les tenants et abou-tissants. Erreur. Le jeune réalisateur évite cet écueil sans toutefois omettre de confronter un pays malade face à ses contradictions. En clair pour le réalisateur, l’État français et plus largement les hautes sphères qui n’ont que mépris pour les faibles et les impuissants. Une lutte des classes illustrée qui tient évidemment surtout par son intri-gue puisque la sobriété de sa mise en scène, si elle n’indique pas vraiment un talent inouï, a par contre le mérite de viser juste. Un "story telling" nécessaire encore plus aujourd’hui qu’hier.≥ Sortie le 4 mai

Blue Valentine de Derek Cianfrance 7/10

Les États-Unis ont toujours eu un savoir-faire bien particulier. Blue valentine le prouve en faisant la part belle à un scénario certes balisé mais porté par deux comédiens incroyables. Ryan Gossling et Michelle Williams sont tout simplement hallucinants dans le rôle des tourte-reaux au bord de la crise de nerfs. Tragédie romantique, bouleversante et sensuelle, Blue valentine abuse malheureusement parfois de son propre style lo-fi. Avec sa photo délavée et son dispositif proche du documentaire, le cinéaste tente d’approcher au plus près de la vérité mais peut donner l’impression de se regarder filmer. Alors malgré son scénario parfois prévisible, il n’en reste pas moins des séquences d’une rare efficacité transcendée par des comédiens totalement investis.≥ Sortie le 15 juin

Rendez-vous avec un ange de Yves Thomas et Sophie de Daruvar 1/10

Sous couvert de trame policière, cette histoire de couple, au mieux, nous indiffère. Avec son maigre postulat de départ et sa caracté-risation de personnages vus mille fois, le tandem de réalisateurs nous donne peu et pire, nous le donne mal. Chez les comédiens, même constat sans appel. Entre une Isabelle Carré en déliquescence constante et un Sergi Lopez auto-caricatural, le jeu est monocorde, lourd, et parvient à nous extraire totalement de cette histoire déjà peu captivante. Il faut dire que la trame de fond censée nous éveiller à la terrible douleur de l’euthanasie porte presque à rire et la mala-dresse avec laquelle elle est amenée confine à l’aberration. Un bon conseil, ce rendez-vous n’attend rien d’autre qu’un bon lapin. ≥ Sortie le 1er juin

la Bonne séance

® Xavier Magot Ω DR

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Paris la Nuit Roxane lagache www.roxanelagache.com

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26 — Nuit

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27 — Nuit

le Bon chanteur

® Manon Troppo Ω Antoine Legrand

Il aura fallu passer la Seine pour tomber sur cette

scène croquignolette : dans un troquet du 15e arron-

dissement, Alister, fraîchement papa d’un deuxième

album, Double Détente, se fait lire les lignes de la

main par Pascal, 1m95 et accessoirement l’homme

le plus tatoué de France. Lorsque la session touche

à sa fin, la nuit tombe sur Paris et bingo : Paris et la

nuit, c’est précisément ce dont je veux discuter avec

l’auteur de 7 Heures du matin, Paris by night, Hier

soir et j’en passe.

Alors, ce chiromancien, il a trouvé la raison pour

laquelle ce deuxième album traitait moins de fête et

de nuit ?

Le trentenaire semi-célibataire qui raconte ses errances de nuit, c’était le précédent album, Aucun mal ne vous sera fait (sorti en 2008, ndlr). Dans le morceau paris by night, je parle de recherche de taxi, ça arrive tout le temps. Tu le racontes une fois, point. Ce serait comme raconter le moment où tu changes de queue au supermarché à chaque fois que ça t’arrive. Même si c’est un autre super-marché et que cette fois-là, t’as choisi la bonne file, ok, on a compris. Je ne suis pas Bénabar, je ne vais pas faire une chanson à chaque fois que j’ai un problème avec mon Mac.

Tu avais fait un premier album autobiographique

qui racontait notre vie ; là, tu racontes d'autres vies

mais qui ressemblent moins à la nôtre.

C’est vraiment les réflexions que j’ai eues. Mais

trois ans après, si tu reviens avec les mêmes bla-gues, c’est inquiétant. J’ai évolué, je ne voulais pas me répéter, ç'aurait été l’arnaque. Je fais toujours la fête mais différemment.

Parce que faire la fête toute sa vie toujours de la

même manière, ça tourne en rond ?

C'est une question lourde de sens. Si "faire la fête" c'est se défoncer la tronche jusqu'à 7 heures du matin à chaque fois, physiologiquement, ce n'est pas possible. Et, intellectuellement, je n’ai jamais pensé « j’existe en sortant, en buvant ». Ma disci-pline à moi est assez extrême. Soit je ne sors pas du tout, soit je sors et là, c'est la f.ê.t.e. J’alterne.

Ton rapport à la fête a un lien avec ton rapport au

travail ?

J’ai un rapport très tendu au travail. J’ai compris tôt que tout ce qui était défonce et mode de vie un peu violent allait contre la création.

Donc pas de création dans un état second ?

Non. T’écris deux lignes, des fulgurances mais tu ne peux pas organiser complètement une chanson si t’es pas sobre. Je n’ai jamais cru à ça. Et moi, tard et éméché, écrire une chanson, c’est la dernière chose que j’ai envie de faire. J’ai envie de dormir !

Alors je me suis trompée…

(Me coupant) Mais, honnêtement, tu l’as aimé l’al-bum ?

AlisterlA nUit, il s’En lAvE lEs MAins

Page 30: Le Bonbon Nuit 10

28 — Nuit

Oui, mais j’imaginais qu’il avait été fabriqué un peu

pompette. Et surtout, la nuit.

Ah ça oui, j’ai du mal à vivre le jour. Je préfère le calme, le silence, l’errance. Même si tu sors, y’a une solitude latente. C’est ça qui m’intéresse. Le jour tout est formaté. La nuit, tout est moins dicté, les gens sortent de leur rôle.

Les chansons "de nuit" inspirées de la vraie vie ? la Fonte des glaces, Mauvaise Rencontre, les Mecs les filles, Room service, tu peux dormir ici…

Donc, finalement, c’est aussi un album nocturne ?

Finalement, oui. Mais je voulais que les choses soient moins sordides. Il existe aussi une nuit simple et jolie. Tu marches et tu rencontres des gens magiques. La nuit, c’est aussi des gens qui veulent souffler, qui baladent leur chien, qui trou-vent pas le sommeil, des touristes.

Et il t'arrive de sortir pour aller t’inspirer de la nuit

et des gens ?

Ce n’est pas programmé, je sors spontanément, quand j’étouffe. S’il arrive des choses, tant mieux. Et j’aime bien que ces choses se renouvellent.

Avec Double Détente, tu nous racontes des choses

nouvelles ?

Oui. Tu peux dormir ici, c’est du vécu que je n’avais pas raconté. Fin de soirée, on te dit : «Viens, monte, on ne va pas se quitter comme ça ». Et y’a ce moment bizarre, t’es assis sur le canap’, on te propose un thé ou un whisky, tu prends un whisky, il est 2 heures et… on va baiser ou pas ? Parfois il ne se passe rien. Et t’y penses en rentrant.

Et Drame chez les riches, c’est du vécu ? …

Bien, tu dépenses tout dans les toilettes ou pas ? (il rit) Je déteste la drogue.

Pourquoi ?

Parce que je suis hypocondriaque…

Docteur ? Ce morceau, c'est ça. quelque chose dans mon verre aussi. Je suis hyper hypocondriaque. Je flippe. J'ai un problème avec ça. Bon, tu m'diras… (il montre sa bière)

Alister

“tArD et éméché,

écrire une

chAnson, c’est lA

Dernière chose

que j’Ai envie De fAire. j’Ai envie De Dormir !”

Page 31: Le Bonbon Nuit 10

29 — Nuit

Alister

Nan, c'est pas pareil, l'alcool.

D’accord.

On n'a pas beaucoup parlé de Paris. Est-ce qu'elle

t’influence ?Clairement, y'a une empreinte parisienne. Je raconte la vie que je vois, que je vis. Je suis un vrai de vrai Parisien, et je le raconte.

Là, on est dans le 15e, tu connais ce quartier ?

(Mine déconfite)

Mmh… Alors quel quartier de prédilection ?

J'aime beaucoup Bastille. C'est très mélangé. Rue de la Roquette, c’est des touristes, des punks à chiens, des petits branchouilles et des "gens de banlieue" comme on dit aujourd'hui dans le JT. Le week-end, vers la rue de Lappe, il se passe un truc.

T'as des QG ?

Le Bastille Bar, un troquet qu'on appelle "chez Jeanine" entre nous. Jeanine, c'est la patronne. L'Industrie aussi, c'est bien pour les rdv de boulot.

Et tu termines souvent des concerts comme celui

du Fooding avec une partie du public chez un de tes

musiciens ?

(il angoisse à moitié) On te l'a dit, c'est ça ?

Alors, t'es un artiste de proximité ?

(il rit) Cela dit c’était très safe, hein, pas une bacchanale. On s'est bien entendus avec plein de gens, un pote habitait pas loin, on a fait un arrêt ravitaillement et on est montés chez lui jusqu’au petit matin, c'était cool !

Y'avait un piano, t’as joué ?

Ah non, déjà, le voisin a sonné à 5h, et y'avait même pas de musique… Sinon, je suis toujours ok pour jouer un morceau mais faut rester poli. Rien de pire que le type à qui tu demandes un truc et qui t’assène une heure de son art.

Un soir, j'ai vu Christophe accepter de jouer un mor-

ceau et finir par en jouer 15.

Ah mais si c'est Christophe, attends ! Là, c'est magique. Mais moi, je n'aime pas que les choses durent. Le charme, ça va vite, c'est éphémère. Faut pas raconter la même blague trois fois, faut pas s'imposer quand personne t'attend, tu joues un morceau, tu te casses. Tiens, la nuit est tombée.

Comme sur ton album.

(il rit) Développe ?

Pour moi, c'est typiquement l'album qu'on écoute en

se préparant à sortir.

Ça me plaît. C'est carrément le bon moment, ce que tu dis. C’est ça, la nuit qui tombe.

Et tu pourrais me définir Paris la nuit, en une phrase,

à ta sauce ?

Wow. Alors, Paris la nuit, c'est… un coffre-fort dont le cadenas n'attend plus qu'à être forcé. (Je vais pour éteindre l ’enregistrement) 42 min…42 minutes ?! Putain mais j’me casse !

Alister — Double Détente Barclay

≥ Alister est aussi concepteur et rédacteur en chef

avec Laurence Remila de Schnock, la revue des vieux

de 27 à 87 ans aux éditions La Tengo, sortie le 25 mai

en librairie.

Interview faite chez Pascal d'Arpentigny, chiroman-

cien : lignes de la main et taches d'encre. Le lundi,

17h-21h, 20€. Le Moka, 92 bd de Grenelle, Paris 15e

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30 — Nuit

le Bon look

Ω Hind Mahmoudi 7 Sarah Bouakline

Stéphanie

Store Manager

maillot de bain en nylon, jupe longue voilée,

pochette en cuir, ceinture en cuir,

American Apparel

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31 — Nuit

Le Bon Look

Cyprien

Key Holder

chemise en jean's, short en twill

ceinture en toile de jute

American Apparel

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32 — Nuit

la Bonne expérience

Télé, laptop, smartphone… Trop de lumière. Trop

d'images. La nuit à la maison n'est souvent plus

qu'un jour LCD. On éteint tout avant de finir dans

un cauchemar façon Vidéodrome. Et on part à la

recherche d'un peu plus d'humanité. Ça pourrait être

la voie de la nuit. Ou sa voix. À la radio par exemple…

Esprit de la nuit, es-tu là ? On s'y essaie à 23h, chez le leader des nocturnes radiophoniques en semaine : Europe 1 (104.7). Vu l'heure, on limite les risques… Peu de chances de croiser Drucker, Canteloup ou Morandini. Sushishop livre à l'ac-cueil. Caroline Dublanche arrive pour sa libre-antenne. Avec Fifi. L'homme qui la suit depuis 10 ans. Fifi, le réalisateur noctambule, qui, la journée, fait des anim' chez les retraités. Pas étonnant qu'il suive Caroline dans ses tribulations. À l'écoute d'auditeurs qui livrent leurs peines de cœur, de vie et de nuit - justement. Sous une petite lueur bleue, Caroline a une voix douce. Même quand on la sent excédée par ce mec qui s'est fait larguer et qui harcèle son ex. Elle se marre parfois, en off. Avec Fifi. Histoire de pas craquer. Pas facile d'écouter la misère du monde tous les soirs de la semaine. La nuit de Caroline, c'est un peu striptease. Et

l'horaire n'y est pas pour rien : « le registre de la confidence n'est pas le même la nuit. C'est un autre rythme. pas de publicité. Un peu de musique et sur-tout deux heures d'antenne. on a le temps de discuter 20, 30 minutes avec chaque auditeur… parfois plus ». Et de finir au pâté avec Fifi jusque 2, 3 ou 5 heures du mat'…

C'est sûr, on partage plus la nuit. C'est également ce que semble penser Radio Néo (95.2). L'asso-ciative née en 2001 et 100 % musique franco-phone, continue ses libres-antennes culturelles tous les lundis et mardis soirs. Tout le monde peut appeler. Pour son groupe, son prochain concert ou son coup de cœur. Et ça marche. On découvre les rockeurs de Jesus Christ Fashion Barbe. On sourit un peu quand Mary Luy de x-Factor 2009 - mais ça existait x-Factor en 2009 ? – appelle un peu trop souvent… Et on enchaîne sur les 600 titres diffusés tous les mois. C'est sûr, rien à voir avec le Top 40 de NRJ. C'est ici qu'on a entendu pour la première fois Camille. Ou qu'on a passé avant tout le monde Pauline Croze ou les Belges de Ghinzu. Rock, électro et surtout libre dans sa tête. Un peu trop ? 20h59. Interview interrompue

® Thibaut Victor

une nuit DevAnt

lA rADio

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33 — Nuit

par le réalisateur : « il va être 21h, on n'ira pas en studio ? ». Oui, ça ne serait pas une mauvaise idée. On se place autour de la table ronde et on prend le live… en live.

Un peu plus tard dans la semaine, ça part aussi en live. Tous les dimanches à 21h, sur Africa One (107.5), le sorcier Patrick Nguema Ndong nous invite à écouter ses "mises en scène" d'histoires abracadabrandesques. Extraits : « ça y est l'omelette est prête. il est temps d'appeler les morts ». Ou l'his-toire d'un homme qui appelle les morts à l'aide d'une omelette aux pouvoirs magiques. On vous épargne les bruitages… Décidément, on ne sait pas si on a trouvé la voix de la nuit, mais on est en bonne voie pour rigoler.

Et pour ceux qui n'ont pas trouvé leur voix, la nuit offre aussi une bonne programmation musicale. Dimanche soir, à minuit, il est déjà lundi mais il y

a encore un Électron libre sur France Inter (87.8). Une heure de nouveautés électro et de mix qu'on aime : Dave Clark, The Shoes, Gildas de Kitsune ou Discodeine. On conseillera sur Radio Campus (93.9) l'électro Poney Club du jeudi soir suivi du mix d'un label toujours pointu (K7!, Warp…), les découvertes de l'Agence tous disques le vendredi soir ou les Chroniques électroniques du samedi soir. Sans oublier l'émission Cargo de nuit pro-grammée de façon aléatoire pour une nocturne jusqu'au petit matin. Le week-end se la joue électro : sur Aligre FM (93.1), Audiometric se donne à fond dès 22h30 le samedi avant de laisser la place à liaisons dangereuses sur radio Libertaire (89.4) le dimanche à 22h. Sinon, libre à vous de tenter Judaïque FM (94.8) pour découvrir grâce à schmock on the water d'improbables musiques le samedi soir. Dernièrement ? Du post-rock israé-lien…

Une nuit devant la radio

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34 — Nuit

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35 — Nuit

le Bon homme de nuit

® Violaine Schütz Ω Adelmo Gargaloni

Le 20 juin, l'inénarrable et très bling bling Michou,

dernier grand personnage de la nuit, fêtera ses 80

ans au Trianon, entouré de 80 artistes. Il fallait au

moins ça pour célébrer cet excentrique aux lunettes

bleues et au brushing impeccable qui a survécu au

music-hall. L'icône connue jusqu'à Las Vegas nous

a invités à boire du champagne (« sa cure de jou-

vence ») dans son cabaret rue des Martyrs, Chez

Michou, ouvert depuis 55 ans. Récit.

« vous êtes en face du dernier dinosaure », blague Michou, présent dans son cabaret ce soir, comme tous les soirs depuis 55 ans. « pas une soirée que j'aie ratée. toute la journée, j'attends ce moment. quand les gens réservent, ils s'assurent toujours que Michou est là. Mais quelle joie, quel bonheur d'être là chaque soir, et de voir l'accueil qu'on me réserve. J'ai le droit à une fête toutes les nuits. » Quand l'homme en bleu arrive dans la salle, portant dans ses bras une mas-cotte à son effigie, tous les clients sont déjà instal-lés et l'accueillent en effet comme un roi. Le roi de la nuit. « Je suis parti de rien, je vivais près d’Amiens en picardie, dans un milieu modeste qui avait vécu la guerre. Je ne rêvais que d'une chose, paris et ses lumières et devenir populaire. la chose dont je suis le plus fier est d'être devenu une institution. on va chez Michou comme on va au Crazy Horse, au Mou-lin Rouge ou au lido. » Michel Catty, surnommé Michou, est né en 1931 d'une mère ouvrière et de

père inconnu, et a été élevé par une grand-mère qui ne savait ni lire ni écrire. Autant dire que les lumières de la capitale n'étaient pas gagnées. Un de ses plus vieux amis, assis à notre table, qui a été la star de son cabaret pendant 30 ans, Horten-sia, nous raconte : « il est vraiment parti de rien, il avait vécu le contexte de la guerre, il voulait tenter sa chance. À 17 ans il décide de monter à paris, muni d’une simple valise. quand il est arrivé à paris, il a enchaîné les petits boulots : vendre des journaux, faire la vaisselle dans des restos… puis il achète ce petit fonds de commerce, au 80 de la rue des Martyrs, dont il fait un resto. Un soir de carnaval, il a l'idée avec ses amis, la Grande Eugène, Fosfati, et d'autres, de venir déguisés en femmes. les clients ont trouvé ça très sympa, des journalistes de l'époque comme Yves Mourousi se sont intéressés au personnage, de là est né le spectacle. »

Celui que l'on surnomme Mimi ou le grand Chouchou était là avant la mode du burlesque. Stéphane, du Shoo Bi Dou, copie conforme de Chez Michou, dont l'homme en bleu est le par-rain, nous raconte : « il y a un moment où le caba-ret a été ringard, mais avec la mode du burlesque, tout le monde s'est souvenu de son rôle de pionnier. le concept dîner-spectacle a été beaucoup copié, avec plus ou moins de réussite. Et je peux vous dire que quand Michou partira, tous les transformistes du

michoutRUE BlUE

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36 — Nuit

monde seront en deuil. Michou est quelqu'un de vrai, qui ne fait pas semblant. il est là tous les soirs, en donnant beaucoup aux gens. Aucun acteur, au bout de deux heures de prise, ne peut en dire autant. Ce n'est pas un rôle. » Et c'est vrai que Michou, pourtant assez fatigué ce soir de l'avis de ses amis, donne de sa personne devant une salle comble (comme tous les soirs, sept jours par semaine depuis plus de 50 ans).

Quand les clients (de tous âges) ont fini de man-ger, il se lève pour monter sur scène entouré de ses Michettes (serveurs et transformistes fardés, étrangement beaux) et leur offrir quelques anec-dotes et blagues. Florilège : « vous savez pourquoi on mange si bien chez Michou ? parce que ça fait 15 ans que j'ai la chance de coucher avec le boucher ». « Un soir, il y a quelques mois, un type vient vers moi dans un café de Montmartre et me dit, vous per-mettez que je vous offre un verre ? J'accepte, surtout que, pas mal le mec. là, il me dit qu'il va venir au cabaret ce soir, car c'est son anniversaire. Je lui dis : c'est pas vrai ! laissez-moi vous offrir un très beau cadeau alors, laissez-moi vous offrir mon corps ! là, le type me répond : il n'y a rien de plus récent ? Je vous assure que c'est vrai. » « Un autre jour, un gars me dit : Michou, toujours les mêmes lunettes ? Je réponds à cette question con : oui, et toujours les mêmes fesses. » Une dernière pour la route ? « Un couple d'amis à nous a adopté un petit garçon. Un jour, leur fils se retrouve dans la salle de bains et dit à son père, qui se douche : papa, qu'est-ce que tu as un gros zizi ! le père répond : ah, mon chéri, mais si tu voyais celui de ta mère ! » La salle glousse.

Michou nous réserve en tête à tête le même trai-tement. Quand on lui demande très sérieusement ce qu'on mange au cabaret, il nous répond « du boudin », devant les rires à gorge déployée de ses amis et admirateurs. On essaie pourtant d'évo-quer des sujets moins potaches. Pourquoi le bleu, par exemple ? « parce qu'un jour je me suis retrouvé

Michou

“vous sAvez

pourquoion mAnge

si bien chez

michou ? pArce que çA fAit 15Ans que

j'Ai lA chAnce De

coucher Avec le

boucher.”

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37 — Nuit

Michou

dans le sahara, et j'ai été frappé par les touaregs, ces hommes bleus du désert. Je m'en suis inspiré. » Et comment fait-il, à bientôt 80 ans, pour assurer le show, tous les soirs ? « Je ne bois que du champagne, c'est ma cure de jouvence, mon secret de beauté. » Pas facile de sortir du registre du showman, et pour-tant au bout de quelques verres de "fontaine de jouvence", on y arrive, quand on évoque l'initia-tive dont il parle le moins. Parrain d'une tonne de projets de proximité dans son quartier chéri, il accueille tous les mois dans son cabaret les per-sonnes âgées de Montmartre. « pourquoi vous dites le mot “vieilles dames” ? Ce ne sont pas des vieilles dames. vous savez, je fais partie du troisième âge maintenant ! Ce sont des copains et des copines. Je fais ça en souvenir de ma grand-mère. » Cette mamie, qui l'a élevé en Picardie, et écoutait peut-être du

music-hall, faisant naître chez le petit Michou des rêves de gloire et de paillettes. Aujourd'hui, son cabaret rempli de photos de lui à tous les âges entouré de stars et d'hommes politiques, montre qu'il a réussi à faire de sa vie une œuvre. Le spec-tacle commence lorsqu'on quitte la salle, place à la revue de transformistes, dont Michou fut une grande figure comme l'atteste de sublimes pho-tos de lui en Brigitte Bardot plus vraie que nature. Plus que kitsch, le mot qui nous vient alors à l'es-prit, c'est : émouvant.

Cabaret-restaurant Chez Michou

80, rue des Martyrs - 75018

≥ Michou au Trianon, le 20 juin, dès 20h

Page 40: Le Bonbon Nuit 10

38 — Nuit

les Bonnes adresses de

® Violaine Schütz Ω Estelle Hanania

Le duo anti-folk franco-suédois que les States nous

envient sort ce mois-ci Strange Moosic. David « Ya

Ya » Ivar et Cosmic Neman en profitent pour nous

livrer leurs bonnes adresses parisiennes.

Une bonne adresse… pour manger ?

Ya Ya : Tien Hiang au 92, rue du Chemin-Vert, un restaurant végétalien délicieux.Néman : Soya Cantine au 20, rue de la Pierre-Levée, 75011 : le meilleur couscous végétarien !Pour boire ?

Ya Ya : Grazie, 93, boulevard Beaumarchais, qui fait les meilleurs cocktails. Testez le Montgomery !Néman : L'Autobus café, au coin de la rue Ame-lot et d'Oberkampf. En terrasse à n'importe quelle heure pour le café ou une bière.Pour aller voir un film ?

Ya Ya : Le Desperado, 23, rue des Écoles.Néman : un vieux film américain, dans le Quar-tier latin, au Grand Action par exemple, 5, rue des Écoles, 75005.Pour rencontrer des gens intéressants ?

Ya Ya : notre concert au Trianon, le 9 juin.Néman : le comptoir des cafés parisiens.Pour un premier rendez-vous ?

Ya Ya : la serre du Jardin des plantes.Néman : en terrasse square Saint-Gervais, à côté de la rue Vieille-du-Temple, à deux pas du musée Picasso.Pour y passer la nuit ?

Ya Ya : dans mon lit, Treca Impérial.Néman : hôtel du Petit Moulin, 29, rue de Poitou.

Pour danser ?

Ya Ya et Néman : Le Pop in, rue Amelot avec Yaya Herman Dune et Ringo Boesch aux platines.Pour un petit-déj' ?

Ya Ya : breakfast burrito ou Everything Bagel.Néman : croissant-orange pressée au comptoir de l'Autobus.À visiter la nuit ?

Ya Ya : le champs de Mars pour regarder la tour Eiffel scintiller.Néman : les bords de Seine sur l'île Saint-Louis.Pour faire des folies (achats) ?

Ya Ya : instruments de musique anciens, 6, rue du Pas-de-la-Mule, près de la place des Vosges.Néman : le disquaire indépendant Ground Zero, 23, rue Sainte-Marthe, 75010.Un trésor caché à Paris ?

Ya Ya : le Musée d'art et d'histoire du judaïsme.Néman : la statue de Dalida à Montmartre.Pour retrouver la Suède à Paris ?

Ya Ya et Néman : l'Institut suédois, rue Payenne.Pour retrouver les States à Paris ?

Ya Ya : la librairie Shakespeare & Co, rue de la Bûcherie, 75005.Néman : le dinner H.a.n.d, 39, rue de Richelieu.Si vous quittiez Paris, vous iriez où ?

Ya Ya : Venice, CA.Néman : rue Salvador Dali, à Cadaqués.

hermAn Dune

Strange Moosic Green United Music/Strange Moosic

≥ www.hermandune.com / Le 9 juin au Trianon

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39 — Nuit

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40 — Nuit

le casse BonBon

® Manon Troppo Ω www.bhmagazine.fr

Les soirées open bar, on va pas s’en plaindre. On s’y rend en courant, on en part en rampant, tout le monde est content, personne ne se souvient de rien. J’avais trouvé judicieux de m’affubler de 12 centimètres de talons pour ne pas être dépassée par tous, au comptoir. Comptoir qui allait bien entendu être assiégé. Ce soir-là, au Nouveau Casino et au café Char-bon, c’était Snatch qui régalait et l’endroit était rempli d’amis, et d’amis d’amis, qui pourraient être, selon l’adage, mes potes aussi. Tout présa-geait d’un grand moment de tendresse à venir donc. Et, ça a très certainement été le cas. Je dis “certainement” parce qu’après une première heure fort agréable, ma mémoire a passé l’arme à gauche à peine 22h sonnées. Je me revois, accoudée au zinc, commander des bières pour des amis glou-tons imaginaires et les siffler en moins de temps qu’il n’en fallait pour les servir tout en sachant qu’un anniversaire m’attendait à l’autre bout de la ville et qu’il faudrait bien, un jour ou l’autre, se décider à articuler correctement l’adresse dési-rée à un taxi. La suite n’est qu’un embrouillamini de flashs assez communs : et que ça rigole avec un type dont on ne sait pas d’où il sort, et que ça retombe sur un vieux pote à qui on avoue qu’on l’aimait pas à l’époque, et que ça salue une fille qui nous déteste en la confondant avec une autre fille qui nous déteste… Bref, rien de bien original. Et puis, ça part.

Dans le taxi, au moment fatidique où le chauffeur me demande ma destination, je réponds : « Rho l’autre, à l’anniversaire de dorothée, tiens.» - très bien, et c’est où, ça ?- Bin, là où habite dorothée ! Rholala, le boulet. »J’avais oublié, mais ils raffolent pas trop de ça, les gens, qu’on les traite de boulet, et, quand ils sont taxis, ils sont encore plus chatouilleux et ont cette fâcheuse tendance à nous demander d’aller voir ailleurs s’il y est, ce fameux boulet. Le lendemain, on compte les centimètres carrés de peau où on n’a pas de bleus (3), on se maudit de n’avoir que si peu de litres d’eau en réserve (5), on regrette le trop faible dosage de l’aspirine (1000) on cherche des pharmacies qui livrent, quitte à ce qu’elles soient en Bretagne (0), et on passe le reste de l’après-midi la tête dans le congélo pour faire taire toutes ces voix brûlantes à l’intérieur et calmer ses tempes intempestives. Et, là, pile quand on jure qu’on ne nous y reprendra plus, on se rappelle avoir promis de se rendre à un nouvel open bar, le soir même, c’est-à-dire dans quelques heures. Et, tout de suite après ce premier souve-nir, on se souvient d’avoir argué à l’hôte dubitatif « mais puisque je te dis que je viendrai, je viendrai ! tu sais bien que je n’ai qu’une parole ». Lourde et courbatue mais intègre, je me rends les pieds devant, et en Clergerie plates cette fois, vers l’antre du diable. Auprès du cerbère qui me débar-rasse de mon manteau, je m'enquiers du nom de

l'Art De l'open bAr

oU lEs REnContREs dU 3° GRAMME

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41 — Nuit

L'art de l'Open Bar

l’alcool qui coule gratuit à peine trois mètres plus loin, croyant apercevoir une couleur proche du caca. - du vermouth rouge. - Mais non ! vous êtes sûr ?, hurlais-je en le prenant presque dans mes bras. - sûr, oui. vous adorez ça ?- Je déteste ça ! C’est formidable. Et de l’enlacer vigoureusement. Maintenant que je savais que je ne pourrais avaler une seule goutte de cette infâme gnôle, je savais également que je garderais la tête haute jusqu’à mon départ et je pouvais alors me consacrer à aller briller de sobriété devant la compagnie éparpillée. Compagnie qui ne partageait visiblement pas mon avis sur la boisson ; à cette heure peu avan-cée, ils ne clignaient déjà plus des deux yeux en même temps et manifestaient à mon égard une joie de me retrouver tout à fait disproportionnée : nous nous étions vus 15 heures auparavant tout de même, un peu de bon sens les gars. Et puis non, mec, on ne lèche pas les oreilles pour dire bonjour. Quant à toi, si tu pouvais arrêter de me deman-der comment tu t’es comporté hier alors que nous n’étions pas au même endroit. Et toi, poulette chérie, il est un peu tôt pour parler de ta culotte à tout le monde, tu sais. Bref. Il semblait plus pei-nard pour mon mal de crâne encore assourdissant de me diriger vers des inconnus moins vacillants. Et là, horreur et damnation. Si nous sommes tous

supposés connaître un jour notre quart d’heure de célébrité, personne ne nous a prévenus qu’on risquait aussi 15 minutes de honte. Chaque nou-velle tête à qui je me présentais me répondait par un sourire en coin et un air goguenard suivis d’un « Mais, enfin, Manon, on s’est rencontrés hier, tU sAis ?! ». Et dans ce « TU SAIS », on aurait cru qu’il y avait toutes les situations les plus embar-rassantes alors qu’en fin de compte, l’allusion était simple : tout ce beau monde m’avait vue pour la première fois la veille, à quatre pattes. Allez donc essayer de paraître crédible après ça. Cette ville manque tellement, cruellement de soi-rées où l’on boit gratuit, que, sachez-le, quand il y en a une, tout Paris s’y rue. Tout Paris, c’est-à-dire tout votre Paris, tous les Parisiens qui vivent comme vous. Tous ceux avec qui vous pourriez même éventuellement vous entendre. Faire un enfant. Travailler pourquoi pas. Tous ceux qui s’in-crustent à la même soirée que vous le lendemain. Sachez-le. Gardez bien cette information en tête pour la prochaine Snatch, le 24 juin. L’apprendre à vos dépens est une expérience dont vous pouvez tout à fait vous passer. Et si vous n’êtes toujours pas convaincus, pensez quand même à éviter les escaliers du Nouveau Casino. Fumez par terre. Mais si, allez. Tout le monde s’en fout.

Mais le vrai problème de la nuit à Paris, c’est qu’elle est toujours trop courte.

Page 44: Le Bonbon Nuit 10

42 — Nuit

le Bon en arrière

Fantasmée au cinéma dans le Caligula de Tinto Brass

et récemment dans le remake vidéo de l’artiste

contemporain Francesco Vezzoli, l’orgie romaine

a des fondements historiques, parfois terrifiants,

d'autres comiques. Une histoire à baliser d’urgence.

Le rituel orgiaque, comme nombre de faits cultu-rels romains, est une déformation de la culture grecque. De même que les dionysies grecques, les bacchanales célèbrent le dieu du vin, mais en s’adaptant, la recherche de la communion avec la divinité passant au second plan. On trouve alors dans ces festivals un élément d’hystérie, de vio-lence et de sexualité, élément qui en arrive à domi-ner le culte viticole. Comme l’explique Burgo Patridge dans son Histoire des orgies, si le sexe était si présent dans ce rituel, c’est parce que les amateurs, en plaçant sur les épaules de la divinité la responsabilité des actes accomplis, pouvaient alors rejeter totalement leurs inhibitions. Partici-per à une orgie romaine, c’est avant tout manger d’énormes quantités de nourriture et ingurgiter du vin, sans limite. On considérait même qu’il était de bon ton d’être capable de vomir à volonté, afin de recommencer à manger.

Orgies des empereurs hédonistes, de César à Tibère

La forme du banquet pouvait occasionnellement se voir améliorée, à l’image de l’orgie donnée par César, connue comme le « dîner des douze dieux », à l’occasion duquel tous les invités parurent sous le déguisement des dieux et des déesses, tandis que l’empereur avait pris le costume d’Apollon. L’orgiasme, pour reprendre le terme qu’emploie Michel Maffesoli pour définir cette sociabilité particulière, devait jouer parfois comme levier politique dans la carrière des patriciens. L’em-pereur Tibère, connu pour avoir créé le poste de « maître des plaisirs impériaux », parce qu’il passa la nuit et deux jours entiers à festoyer avec deux hommes, les récompensa d’une manière qui peut surprendre : l’un par le poste de gouverneur de Syrie et l’autre par le poste de préfet de la ville de Rome.

Folie des grandeurs, l’orgie selon Néron

Les extravagances orgiaques atteignent leur point d’acmé quand les empereurs lèvent des impôts pour financer leurs plaisirs. Bains d’huiles par-fumées froides ou chaudes, breuvages de perles de grand prix dissoutes dans du vinaigre, miches

® Marine Goutal Ω André Félibien

les orgies

romAines

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43 — Nuit

de pain et morceaux de viande en or : Néron ne recule devant rien pour mettre ses convives dans de bonnes dispositions. Pour tenir ses banquets mirifiques. Il fait même construire dans sa villa une salle de banquet circulaire qui tournait sur elle-même jour et nuit.

Domitien, l’orgie sous le signe de Pluton

S’il revient à Héliogabale et Caligula d’avoir poussé à son paroxysme l’élément sexuel des orgies, Domitien les devance sur le plan de la créativité morbide, bien souvent associée et vécue dans la Rome comme aphrodisiaque. Il avait en effet pour habitude de recevoir ses invités dans une chambre dont le plafond, les murs et le plan-cher étaient tendus et meublés de noir. Les invités étaient introduits dans cette pièce, de nuit, où des

dalles de pierre ressemblant à des pierres tombales portaient le nom de chacun des invités. De beaux garçons nus et peints en noir comme des spectres pénétraient dans la pièce et exécutaient une danse macabre autour des invités qui tremblaient de ter-reur en s’attendant à ce que le coup fatal tombe à tout moment. Seul Domitien parlait, et il ne par-lait que de meurtres et de morts subites. Enfin, il renvoyait ses invités, à qui il envoyait un mes-sager, chaque invité pensant alors que sa dernière heure était arrivée. Divine surprise, il n’en était rien, chacun des invités recevait sa pierre tombale, taillée dans de l'argent !

Les Orgies Romaines

Page 46: Le Bonbon Nuit 10

tables de poker, billards, multicolore.

ouvert tous les jours de 13h à l'aube84, rue de clichy paris 9e

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chy montmartre

Page 47: Le Bonbon Nuit 10

45 — Nuit

Pharmacies de garde

84, av. des Champs-Élysées 8e

≥ 01 45 62 02 41

6, place de Clichy 9e

≥ 01 48 74 65 18

6, place Félix-Éboué 12e

≥ 01 43 43 19 03

Livraison médicaments 24/24

≥ 01 42 42 42 50

Urgences

SOS dépression

≥ 08 92 70 12 38

Urgences psychiatrie

Se déplace sur région parisienne

≥ 01 40 47 04 47

Drogue, alcool, tabac info service

≥ 0800 23 13 13 / 01 70 23 13 13

Livraison sextoys

Commande en ligne

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Faim de Nuit 01 43 44 04 88

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Allô Hector 01 43 07 70 70

≥ 7/7 — jusqu'à 6h

Apéritissimo 01 48 74 34 66

≥ 7/7 — jusqu'à 4h

Allô Glaçons

01 46 75 05 05 ≥ 7/7 — 24/24

Épiceries

L'Épicerie de nuit

35, rue Claude-Bernard 5e

≥ Vendredi et samedi jusqu'à 3h30

Épicerie Shell

6, boulevard Raspail 7e

≥ 7/7 — 24/24

Minimarket fruits et légumes

11, boulevard de Clichy 9e

≥ 7/7 — jusqu'à 7h

Alimentation 8 à Huit

151, rue de la Convention 15e

≥ 7/7 — 24/24

Supérette 77

77, boulevard Barbès 18e

≥ Mardi au dimanche jusqu'à 5h

Resto

L’Endroit, 67, place du Docteur-

Félix-Lobligeois 17e 01 42 29 50 00

≥ tlj de 11h à 1h, jeudi, vendredi,

samedi de 10h à 5h

Tabac

Tabac du Châtelet

4, rue Saint-Denis 1er

≥ 7/7 — jusqu'à 3h

Tabac Saint-Paul

127, rue Saint-Antoine 4e

≥ 7/7 — jusqu'à minuit

Le Pigalle

22, boulevard de Clichy 18e

≥ Vendredi et samedi jusqu'à 5h

Poste de nuit

52, rue du Louvre 1er M° Louvre-

Rivoli / Étienne-Marcel

Boulangeries

Snac Time

97, boulevard Saint-Germain 6e

≥ 7/7 — 24/24

Boulangerie pâtisserie

99, avenue de Clichy 17e

≥ 7/7 — 24/24

Chez Tina

1, rue Lepic 18e

d≥j jusqu'à 4h30 / v≥s jusqu'à 7h

Boulangerie Salem

20, boulevard de Clichy 18e

≥ 7/7 — 24/24

Fleuristes

Chez Violette, au Pot de fer fleuri

78, rue Monge 5e

≥ 01 45 35 17 42

Relais Fleury

114, rue Caulaincourt 18e

≥ 01 46 06 63 97

Carwash

Paris Autolavage 7/7 — 24/24

Porte de Clichy 17e

Shopping

Virgin Megastore

52, av. des Champs-Élysées 8e

≥ jusqu'à minuit

Librairie Boulinier

20, boulevard Saint-Michel 6e

v≥l jusqu'à 00h, m≥j jusqu'à 23h

Kiosques à journaux 24/24

38, av. des Champs-Élysées 8e

16, boulevard de la Madeleine 8e

2, boulevard Montmartre 9e

Place de Clichy 18e

Internet 24/24

53, rue de la Harpe 5e

≥ 01 44 07 38 89

20, rue du Fg-Saint-Antoine 12e

≥ 01 43 40 03 00

Envoyez-nous vos bons plans

ouverts la nuit : [email protected]

trousse de secours

Ouvert toute la nuit !

Page 48: Le Bonbon Nuit 10

Bonbon Nuit Party

Tous les vendredis

au Bus Palladium

Ω Stéphane Semain

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Page 50: Le Bonbon Nuit 10

48 — Nuit

Vendredi 3 19h30 Musée du quai Branly Gratuit

≥ Les Siestes électroniques : inauguration 21h00 Bus Palladium 6€ / gratuit à partir de 23h59

≥ Lussi in the sky + John Mitchell +21 YO + Bonbon

Party All Night !23h00 La Machine du Moulin 15€

≥ Sunset Club : Fred Falke / Autokratz Live / Zimmer

/ The Magazine Live Electro

Samedi 4 15h00 Musée du quai Branly Gratuit

≥ Les Siestes électroniques : Étienne Tron, Mo Laudi 23h00 Point Éphémère 15€

≥ We Are Enfant Terrible + Tigersushi Bass System

+ Antislash

Dimanche 5 15h00 Musée du quai Branly Gratuit

≥ Les Siestes électroniques : Hicham Chadly20h00 Studio de l'Ermitage 12€

≥ El ultimo Grito - Flamenco Electronico20h00 La Machine du Moulin 20€

≥ Mono + Guns of Brixton

Mardi 7 19h30 Nouveau Casino Gratuit

≥ Disorder : Who Knew, Ginga & Novorama Dj Set18h00 Café Caché Gratuit

≥ Boutique Sonore Party : Chief Black Cloud

Mercredi 8 20h00 Batofar 25€

≥ Inspectah Deck & Dj Mathematics (Wu Tang Clan)

Jeudi 9 20h00 Point Éphémère 10€

≥ Cinq 7 présente : Lise + Rover + Severin +

Mariama + Surprises !

Vendredi 10 21h00 Bus Palladium 6€ / gratuit à 00h

Marcus and the music + Cheyenne Doll + The Bel-

mondos + Bonbon Party All Night Long !

Samedi 11 21h00 Bus Palladium 6€

≥ The locomotive sound corporation + Little Helpers

+ Apes did ensemble

Dimanche 12 15h-22h Café Caché Gratuit

≥ I'm a Cliché avec Rame et Tone

Vendredi 17 19h00 Centre Fleury Goutte d'Or Gratuit

≥ Labo Électron Rock : The Twins, We were ever-

green, Who Makes Anita Shake !22h00 Bus Palladium 6€ puis gratuit

≥ Beef paradise + Bosom divine + MmMmMm +

Bonbon Party All Night Long !23h00 La Machine du Moulin 15€

≥ Fritz Kalkbrenner + Worakls + Will Spleen + Talia

Samedi 18 20h00 Karambole Café Gratuit

≥ DJ Meanz (Kokosnutt) et Madame B23h00 La Machine du Moulin

≥ Useless Party : Data / Siskid / Joakim / Dye (Live)

Lazyflow Digikid / Ftw + Street Tease + Sina

Dimanche 19 15h00 Musée du quai Branly Gratuit

≥ Les Siestes électroniques : Romain BNO (Respect

is burning)

Lundi 20 19h30 Café de la Danse 25€

≥ Go Tsuru Go ! Nosfell & friends en concert charité

pour le Japon

Jeudi 23 19h00 Galerie Chappe Gratuit

≥ Vernissage Exposition Julien Bear, Ce que je vois

Vendredi 24 21h00 Bus Palladium 6€ puis gratuit

≥ Lady like dragon + Astoria club + Bonbon Party

Samedi 25 20h00 La Flèche d'Or 10€

Maison Neuve + Breathe Owl Breathe + Redeye23h00 Glazart 12€

≥ Skank It Up : Loefah, Pinch, Boddika23h00 La Machine du Moulin 15€

≥ Cocotte Club : Azari & III + Yelle

Dimanche 26 15h00 104 Gratuit

≥ Open your Web #1 : Audio Live + Art Live

le Bon agenda

Sélection subjective d'événements à Paris

CœUR

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