le bonbon nuit 26

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Novembre 2012 - n° 26 N uit

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Kanye West, Tame Impala, Edward Hopper, Zombie Zombie, Rikslyd, Vitalic, Mouloud Achour, Pierre Niney, Le prix du Zorba, Marie-Yveline, David Shaw and The Beat, Ice-T, KaS Product, Emmanuel Romeuf.

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Page 1: Le Bonbon Nuit 26

Novembre 2012 - n° 26

Nuit

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1 — Nuit

édito

Bonne Nuit

Rédactrice en chef — Violaine Schütz [email protected] | Rédacteur en chef adjoint — Michaël Pécot-Kleiner [email protected] | Directeur artistique — Tom Gordonovitch [email protected] | Président — Jacques de la Chaise

Photo couverture — Kanye West par Nicola Delorme | Secrétaire de rédaction — Anne-Charlotte Anris

Régie publicitaire — [email protected] Lionel 06 33 54 65 95 | Contactez-nous — [email protected]

Siret — 510 580 301 00016 | Siège social — 12, rue Lamartine 75009 Paris

Non, la soi-disant mort du clubbing parisien n’est pas due à l’ab-sence de lieux adéquats, au manque de folie de ses habitants, au prix exorbitant des boissons dans les clubs ou encore aux plaintes du voi-sinage. Si j’en crois une enquête, réduite certes, effectuée auprès de mon entourage, elle n’est due qu’à une seule chose, très éloignée de la vie de la capitale : le talent d’écriture des scénaristes des séries US.

Je m’explique. Depuis quelque temps, je ne compte plus le nombre d’amis, collègues, connaissances qui refusent d’aller à une soirée parce qu’ils regardent en boucle Girls, Homeland et Game Of Thrones. L’addiction à ces séries, extrêmement réussies, est telle qu’ils préfè-rent rester sous leur couette en buvant une tisane et enchaîner les épisodes plutôt que de braver le froid pour aller boire une bière au comptoir d’un établissement moins romanesque. Et je m’inclue dans le lot. Et non, ce n’est pas la vieillesse qui guette, parmi eux il y a aussi de très jeunes gens au sommet de leur forme et sans problèmes financiers.

Deux solutions donc pour que les Parisiens (et les Français en géné-ral) recommencent à sortir : soit éliminer les scénaristes US en ques-tion pour qu’ils arrêtent d’être si bons (trouver leur nom et adresse, accéder à leur maison calfeutrée sur les collines d’Hollywood, bref, c’est pas simple, sans compter la case prison). Soit incorporer un peu des ingrédients de ces séries aux intrigues passionnantes et per-sonnages touchants aux clubs et bars de la capitale. Claire Danes en serveuse bipolaire d’un bar rock qui sert des plats arabes ? Lena Dunham et ses copines sur le dancefloor d’un club indé qui fait aussi des gâteaux à la crème ? Un bar « heroic fantasy » avec chaises en fer, sosies des frères Stark à la porte, boissons rouge sang et dress code médieval ? Chers organisateurs de soirée, on vous laisse méditer ou rencontrer les fameux scénaristes.

Violaine SchützRédactrice en chef

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3 — Nuit

sommaire

Le Bonbon Nuit

le bon timing

la bonne étoile

les bons psychés

le bon art

le bon groupe

la bonne playlist

la bonne cuisine

le bon animateur

trousse de secours

le bon acteur

la bonne idée

la bonne ombre

la bonne révélation

le bon livre

le bon retour

le bon agenda

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Kanye West

Tame Impala

Edward Hopper

Zombie Zombie

Rikslyd

Vitalic

Mouloud Achour

Pierre Niney

Le prix du Zorba

Marie-Yveline

David Shaw and The Beat

Ice-T

KaS Product

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Bonbon Party

Vendredi 16 noVembre sur inVitation

[email protected]

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5 — Nuit

le Bon timing

Les événements à ne pas manquer

Lana Del Rey en version augmentée

On laissera les mauvaises langues gloser à l’infini sur

sa bouche et sa plastique (refaite, ok), ici on l’aimera

pour toujours, d’amour, pour sa sensibilité et sa noir-

ceur. La réédition de son album, Born To Die, augmen-

tée de huit inédits parfaits, nous donne raison. Lana

a plus de talent que ses détracteurs.

Born To Die The Paradise Edition disponible le 12

novembre.

Cinéma expérimental

Être rêvé est un film qui tisse le principe des « mathé-

matiques existentielles » à travers les vingt arron-

dissements de Paris. Celles-ci consistent à dire,

dans un langage universel – les mathématiques –,

une recherche universelle : la quête du bonheur. Une

expérience visuelle et intellectuelle à tenter de toute

urgence ! Le 11 novembre à partir de 11h au 104 et le

14 novembre à 21h au palais de Tokyo.

Good night Twilight

Bon débarras. La saga de vampires à l’eau de rose clôt

son dernier chapitre. Après la naissance de sa fille,

Bella s’adapte peu à peu à sa nouvelle vie de vampire

avec le soutien d’Edward. Mais les Volturi déclarent

la guerre à la famille Cullen, se sentant menacés par

cette naissance. Pendant ce temps, Robert Pattin-

son et Kristen Stewart recollent les morceaux dans

la vraie vie. Le 14 novembre sur les écrans.

French Touch / Graphisme, vidéo, électro

À travers plusieurs centaines de flyers, de pochettes

de disques, de vidéos, cette expo retrace l’histoire de

la french touch, dont la portée internationale a per-

mis à des graphistes tels que les M/M (Paris), H5, La

Shampouineuse, Geneviève Gauckler, Alex Courtès,

Sophie Toporkoff ou encore Hotspot, de s’imposer et

de s’ouvrir à d’autres champs d’application.

Jusqu’au 31 mars au musée des Arts décoratifs.

Wilf

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Roc

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DR

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ès +

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t Art

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R

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6 — Nuit

la Bonne étoile

® Violaine Schütz Ω Fabien

Alors qu’il sort une compilation avec des artistes de

son label G.O.O.D Music, intitulée Cruel Summer, dix

infos sur l’une des personnalités les plus influentes

de la musique actuelle.

1 - Le père de Kanye, Ray West, a fait partie des Black Panthers. Dans les années 1960 et 1970, il s’est battu pour les droits des Afro-Américains et s’est érigé contre le racisme. Il est devenu ensuite l’un des premiers photo-journalistes noirs à percer. 2 - Avant de se faire connaître en solo, Kanye a produit dans les années 2000 les albums de Jay-Z, Alicia Keys, Scarface et Mary J.Blige et était très respecté de ses pairs. 3 - Le 23 octobre 2002, le rappeur a subi un grave accident de voiture, fracturant sa mâchoire à trois endroits. Cela a changé sa vie et inspiré un de ses meilleurs morceaux, Through the Wire, dans lequel il chante : « Je m’excuse pour ma voix mec, si c’est pas clair du tout… Ils m’ont clôturé la bouche pendant je ne sais combien de temps, le docteur a dit quelque chose comme six semaines. » 4 - À cause de son moyen métrage grandiloquent, Runaway, Kanye a souvent été rapproché par des internautes chevronnés de la secte des Illuminatis.5 - Avec son quatrième album, 808s and Heart-break, Kanye a cassé l’image du rappeur gros dur (et lancé la mode de l’auto-tune) avec des paroles sensibles d’amoureux brisé (le disque parle entiè-

rement de son ex-petite amie, Alexis Phifer) et des sonorités proches du R’n’B et de la pop des années 1980.6 - Bête de mode, le producteur a lancé sa ligne de vêtements en 2011, saluée par les professionnels. Il a récemment humilié sa petite amie, Kim Kar-dashian, lors d’un épisode du show de télé-réa-lité de cette dernière en jetant tous ses vêtements jugés trop vulgaires et pas assez hype. 7 - Très amoureux de sa copine, l’Américain n’a pas lésiné sur les moyens pour satisfaire la belle Kim. Le mois dernier, il a dépensé un million de dollars pour fêter les 32 ans de la bimbo pour un séjour sur une île privée et des cadeaux.8 - Pour son tube Stronger, Kanye West a avoué s’être inspiré de Nietzsche, citant la maxime : « Ce qui ne tue pas rend plus fort. » 9 - Kanye a ouvert un restaurant de burgers à Chicago en 2008… fermé en 2011. Le snack devait ouvrir dix autres succursales et devenir une chaîne puissante, mais n’en a eu que deux. 10 - La chanson Niggas in Paris, jouée lors des concerts de Jay-Z et Kanye, raconte la vie des deux rappeurs nouveaux riches dans la capitale française : « Si vous aviez échappé à ce que j’ai échappé, vous seriez vous aussi à Paris en train de déconner. » What else ?

Kanye WestDIX CHOSeS que VOuS

Ne SaVez PaS SuR le RaPPeuR

Kanye West — G.O.O.D. Music Cruel Summer Def Jam

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7 — Nuit

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8 — Nuit

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9 — Nuit

les Bons psychés

® Raphaël Breuil Ω Maciek Pozoga

Tame Impala, c’est le groupe tendance que le tout-

Facebook partage en ce moment. Quelques heures

avant leur date au Bataclan, nous avons interviewé

Kevin Parker, guitariste principal, chanteur et com-

positeur. Mais de là à parler de leader… Une conver-

sation avec un chic type, pas trop prise de tête, c’est

le cas de le dire.

Quelles sont les meilleures conditions pour écouter

ce nouvel album ?

Tu dois écouter ça très fort, au casque en descen-dant… cette rue, là (il désigne le boulevard Vol-taire, visible depuis un minuscule tour bus).

C’est votre deuxième collaboration avec Dave Frid-

man, l’ingé-son star des années 2000, qui a colla-

boré avec les Flamming Lips, Mercury Rev ou plus

récemment MGMT pour ne citer qu’eux. Combien

vous a-t-il facturé le mixage de l’album ?

(rires) Je ne sais pas du tout. Ce n’est pas moi qui ai géré tout ça, bien entendu.

En lisant des interviews, votre biographie, et en

écoutant votre musique, on sent que vous avez un

univers bien à vous, une approche de la musique

propre, pourquoi faire appel à Dave Fridman une

seconde fois ? Les autres membres de Tame Impala

pensent que vous êtes assez talentueux et perfec-

tionniste pour le mixer vous-même. C’était une exi-

gence de votre maison de disque ?

Je ne pouvais pas le mixer moi-même, je ne suis pas assez bon… J’aurais peut-être pu, mais… À vrai dire, j’étais super fan de son travail. Ce n’est pas aussi formel qu’on peut le penser. À l’époque du premier album, on a proposé Dave Fridman à la maison de disque, qui nous a dit qu’elle allait essayer. Dave est très demandé et ne travaille que sur des projets qui lui tiennent à cœur. Alors quand il a donné son accord pour mixer le disque, on était sur le cul. Ensuite, le label m’a demandé si je voulais utiliser quelqu’un d’autre pour lonerism, je lui ai dit que non, je voulais Fridman à nouveau. C’est le meilleur ingé-son du monde. Je trouve que le travail accompli sur le premier album est génial. Pourquoi changer ?

Pourquoi avoir choisi ce titre, Lonerism ? Vous êtes

fan de MMORPG ? (Lonerism en anglais est un néo-

logisme employé pour décrire le fait de passer

beaucoup de temps sur un ordinateur en compagnie

d’amis virtuels ou imaginaires, ndlr)

Non, c’est juste une manière de décrire un peu le style de vie d’un solitaire. J’aime parcourir des villes, seul, à écouter de la musique. C’est ce que j’ai voulu transmettre avec ce deuxième album.

taMe IMPaLa

PaS BeSOIN D’aCIDe

Page 12: Le Bonbon Nuit 26

10 — Nuit

Vous intitulez vos chansons ou titres d’albums Soli-

tude in bliss, Innerspeaker, Lonerism… bref beau-

coup d’allusions à la solitude. Vous aimez vraiment

faire partie d’un groupe ? Ou vous préféreriez être

tout seul chez vous à écouter l’album sous acide ?

Heu… j’aime être dans un groupe… Tame Impala n’est qu’une partie de ma personnalité. La plus grosse partie de ma personnalité, mais il y en a d’autres. J’aime beaucoup jouer des morceaux informels avec des amis, faire des jams sessions, mais j’aime aussi faire partie de ce groupe. La soli-tude n’est qu’un thème de prédilection, la musique pour moi se joue à plusieurs. L’interaction est très importante.

Où est le reste du groupe d’ailleurs ?

Ils sont dans leurs « loges » (de toutes petites cou-chettes dans le bus, ndlr) en train de regarder Pulp Fiction, je crois… Je ne sais pas trop ce qu’ils font en fait. (rires)

Ça vous plaît d’avoir une image de groupe à écouter

sous acide, ou encore de rock pour fumeur de joints ?

Ouais je m’en fous. Ça ne veut pas forcément dire que l’on doit consommer ces drogues pour apprécier la musique. Au contraire, cela permet de simuler l’effet des drogues. Ça te fait penser à ce que tu as ressenti la dernière fois que tu t’es défoncé. Et ça c’est cool.

T’as trouvé du bon matos en Europe ? L’herbe de Paris est chelou, elle a un goût diffé-rent. Le reste je ne sais plus trop, je ne me rappelle que de la beuh de Paris.

Tout le monde parle de vous à Paris, les magazines,

les radios, vous êtes un peu la nouvelle tendance

hispter. Vous êtes plutôt flippés pour le concert de

ce soir ou au contraire cela vous excite que l’on vous

attende au tournant ?

Non au contraire, on est vraiment excités, on adore jouer sur scène, c’est toujours très excitant.

Tame Impala

“J’aLLaIs tout Le

teMPs dans ce bar vers

bastILLe, un truc quI

s’aPPeLLe Le MoteL. Je connaIs

tous Les gens quI y bossent, à force ILs

M’offrent tout Le

teMPs des verres.”

Page 13: Le Bonbon Nuit 26

11 — Nuit

C’est le deuxième concert de la nouvelle tournée et on est vraiment très contents.

Que penses-tu du public parisien ?

Les gens peuvent sembler un peu froids au pre-mier abord, mais après une petite chauffe, tout se passe vraiment bien. Si je suis suffisamment bourré, tout ira bien.

Vous adorez Paris, apparemment vous y avez passé

pas mal de temps. Vous dites que vous considérez la

ville comme votre seconde maison. Ma question est :

pourquoi donc ?

Le Velib’…

Ok… Et c’est tout ? Développe un peu. Qu’est-ce que

tu faisais ? Où tu sortais ?

J’ai vécu à Paris pendant six mois, j’ai déménagé en juillet dernier. C’est tellement différent de Perth (sa ville natale, en Australie), j’y ai passé un moment génial. Je n’ai pas eu la chance de décou-vrir la vie nocturne malheureusement, car je n’ai pas beaucoup d’amis ici, j’ai juste ma petite amie et des serveurs. Je suis plus un pilier de bar qu’un clubber… Mais j’allais tout le temps dans ce bar vers Bastille, un truc qui s’appelle Le Motel. C’est génial, je connais tous les gens qui y bossent, à force ils m’offrent tout le temps des verres. Sou-vent, je me réveille le matin après une soirée là-bas sans trop savoir comment je suis rentré chez moi. En tout cas, j’aime beaucoup cette ville et j’adore-rais y retourner dans le futur…

Et après la tournée, quels sont tes projets ? Tu restes

concentré sur Tame Impala ? Ouais, on se marre bien pour l’instant. On vient de commencer cette nouvelle tournée, après on va rentrer un peu chez nous et puis on va vite retourner en studio. Histoire de faire deux ou trois conneries et voir ce qu’il se passe.

En 2000, Radiohead choque tout le monde en sortant

Kid A, passant du brit rock 90’s à un style clairement

plus électro. Si vous deviez un jour casser votre style

et changer vos règles d’écriture pour sortir un album

complètement différent, ça serait quel style ? Un album de techno ! Je n’en écoute pas beaucoup mais j’aime l’idée. J’aime bien la musique électro-nique ou la dance… (un instant de réflexion) ou alors un album de hip-hop, ça me branche aussi pas mal le hip-hop. Un des deux.

Qu’est-ce que vous allez faire après le concert ? Un

after-party ou vous allez vous coucher ?

On est super jet-laggés là je pense qu’on va aller se coucher. Demain on enchaîne sur un autre concert, c’est le début de la tournée, donc on va commencer doucement. Après tout dépend de ce qu’on a en réserve…

Tame Impala

Lonerism Modular

≥ www.tameimpala.com

Tame Impala

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12 — Nuit

le Bon art

® Marine Goutal Ω edward Hopper — Office at Night (1940)

Jusqu’au mois de janvier, les murs du Grand Palais

seront ornés d’une centaine de toiles du maître.

Véritable machine à remonter le temps, l’univers

poétique d’Hopper se nourrit de rencontres et

d’aliénations, ces deux visages de l’Amérique, cap-

tés de jour comme de nuit.

Comme pour mieux s’affirmer, l’œuvre d’Edward Hopper s’est bâtie sur les contraires. Peinture jouissant d’une popularité sans pareille, comme en attestent les multiples recyclages culturels qu’elle engendre (illustrations en première de couver-ture de livre, citations dans les Simpsons), cette production reste en même temps hermétique. Elle se dérobe en permanence à la catégorisa-tion. Héritière de la tradition de la peinture réa-liste américaine du XIXe siècle, elle descend aussi des avant-gardes radicales que le jeune Hopper découvre à Paris, lors de ses voyages continen-taux, dans les années 1900. De la même manière, on assimile l’œuvre d’Hopper aux grands espaces américains et au mythe fondateur de l’Amérique : la conquête spatiale, dont il n’a de cesse de cap-ter la luminosité éclatante. C’est la lumière de la Nouvelle-Angleterre qu’il préfère, et c’est celle-là qui resplendit dans ses toiles et les titres qui les accompagnent. C’est le cas de early Sunday ou de Summer Interior, évocations ensoleillées de

scènes de la vie domestique radieuse et du bon-heur conjugal. Leur construction franche qui pro-gresse par aplats de beige, jaune et blanc marque la rétine et la mémoire de leur présence éblouissante qu’on en oublierait presque que Hopper, c’est aussi le peintre de la nuit moderne. Edward est en effet le roi du New York by night. Le profes-seur Robert Henri lui a enseigné la représentation des scènes réalistes de la vie urbaine, un principe qu’il applique consciencieusement, en dépeignant autant les vues de ville de jour que de nuit. Il devient, très vite, un as du cruising. Il dérive et déambule dans les rues de la Grosse Pomme pour regarder et croquer quelques motifs, comme ses modèles de toujours, les impressionnistes. C’est d’ailleurs pour décrire ce nouveau type de pra-tique, sur le motif, que Baudelaire devait parler du peintre de la vie moderne en 1863.

Du Soir bleu aux Noctambules

Dès 1907, avec la toile Soir bleu, dont le style doit tout aux œuvres de Picasso période Saltim-banques, Hopper explore l’univers poétique de la nuit, dans la veine qu’il déploiera tout au long de sa vie quand il évoque cette dernière : celle de la mélancolie. Dans un bar crépusculaire se déploie une allégorie de la fête impossible. Celle-ci, figu-rée par une tablée composée entre autres tristes

PeINTRe De la NuIT MODeRNe

edWard HoPPer

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13 — Nuit

sires, d’un clown lunaire, d’une serveuse (pros-tituée ?) grimée, de quelques clients anonymes, démontre à quel point la soirée est vouée à l’ennui. C’est sur le même type de paradoxe, l’impossible harmonie nocturne, que reposent le célébrissime Nighthawks (les Noctambules) et les Oiseaux de nuit, peint en 1942. Et c’est en portant le regard au-delà des parois de verre du Phillies, archétype du diner américain, que le spectateur accède à cette authentique tranche de vie. Spot électrique qui illumine le trottoir, rendant la nuit moins sombre, le bar est traité plastiquement, d’une façon dynamique, qui l’éloigne de la morosité du cabaret fin de siècle de Soir bleu. Pourtant, un demi-siècle a beau séparer les deux toiles, Hopper dénonce les accrocs, les résistances, et les échecs

de la modernité, dont la publicité lui vendait les bienfaits, sans succès. Poupées de cire immobiles, les quatre personnages du bar, dont la sublime blonde peinte d’après les traits de la femme de l’artiste, composent une assemblée figée dans un silence de plomb, que même les effets de l’alcool environnant ne sauraient briser.Icône américaine, la toile l’est avant tout pour sa capacité à donner une image au sens complexe, où l’imaginaire de la nuit – ses promesses de ren-contres – côtoie les limites du rêve américain.

Exposition Edward Hopper

au Grand Palais, Galeries nationales

jusqu’au 28 janvier 2013.

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14 — Nuit

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15 — Nuit

le Bon groupe

® Irina aupetit-Ionesco Ω Gilbert Cohen

Encore un bel élan créatif de la part d’Étienne Jau-

met et de Cosmic Neman. Le duo, jamais à court

d’inspiration, publie avec Rituels d’un nouveau

monde, un disque moins bruitiste et plus accessible

qu’auparavant. Explications.

Comment votre association a-t-elle débuté ?

Étienne : Nous répétions tous les deux sur des projets différents à Mains d’Œuvres. De mon côté, je jouais sur mes synthés et mon saxo pour accompagner un groupe et Neman, lui, répétait après nous. Il m’a proposé de mélanger la batte-rie et les synthétiseurs, ce qui tombait bien car j’aime énormément les groupes des années 1980 qui ont expérimenté ça, le mix acoustique/analo-gique. Notre premier concert s’est déroulé dans la cave du Pop In (105, rue Amelot dans le 11e), et à l’époque nous n’avions même pas de nom. Après cela, les choses se sont enchaînées. Ce qui est évident, c’est que notre duo était avant tout une démarche liée au plaisir. Neman : Ça, c’est la légende… La vérité est que nous nous sommes connus sur Facebook. (rires) Pour être un peu plus précis sur notre rencontre artistique, il faut savoir qu’Étienne partageait le studio dans lequel je bossais avec David pour Her-man Düne et surtout, c’était notre ingénieur du son.

Vos autres projets respectifs nourrissent-ils Zombie

Zombie ?

E. : Oui bien sûr ! Notamment sur la façon que nous avons de nous organiser sur scène. En ce qui me concerne, j’ai voulu enregistrer nos disques comme lorsqu’on les joue en live. Nous sommes des instrumentistes avant d’être des compositeurs et c’est ça qui nous a nourris avant tout. Neman a beaucoup d’expérience grâce à Herman Düne qui a beaucoup servi à Zombie Zombie, ne serait-ce que sur l’identité visuelle, et au niveau de nos tournées.N. : Je crois que nous faisions une musique qui est assez différente de celle que nous faisons mainte-nant. Nous avons une culture assez rock à la base et nous avons l’habitude de jouer des instruments. C’est ça qui fait notre identité et, effectivement, elle se nourrit aussi de nos projets respectifs.

Pourquoi avoir choisi un titre français pour votre

dernier album ?

E. : Ça interpelle tout le monde car de prime abord, ça peut passer pour un slogan, un mani-feste, mais ce qui nous a intéressé, c’était plus l’image et ce que ça évoquait.N. : Il y a une référence à des disques d’artistes français comme Richard Pinhas et Pierre Henry, qui ont toujours eu des titres très poétiques et

zoMbIezoMbIe

eNCORe DeBOuT

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16 — Nuit

« philosophiques ». Il y avait une envie d’appar-tenir à cette culture de la musique française qui, à mon avis, n’est pas assez mise en avant. Ce sont des gens qui sont très importants, mais pourtant tout le monde a toujours tendance à se tourner vers la musique anglo-saxonne. C’était un clin d’œil à ces disques français qui comptent pour nous ! Concernant la signification du titre, nous avions envie de nous placer comme des explora-teurs dans le nouveau monde de notre musique. Tout ce qu’on aime, c’est créer une sorte de transe lorsqu’on joue, ça fait donc appel aux « rituels ».

Rituels d’un nouveau monde a des sonorités très tri-

bales, aviez-vous besoin d’un retour aux sources ?

E. : Les sources universelles, oui, mais ce ne sont pas directement les nôtres. Nous avons fait une tournée en Amérique du Sud où beaucoup de choses étaient axées sur les percussions et la rythmique. La musique de danse nous intéressait beaucoup dans son aspect percussif. Nous avons donc invité un ami, Flop (Francisco Lopez, ndlr) à venir faire des percussions avec nous sur notre album. Nous voulions bousculer nos automa-tismes. N. : Flop est venu jouer des instruments brési-liens comme le pandeiro ou la cuica. On lui doit la touche « exotique » de l’album.

Quelles ont été vos influences pour cet album ?

E. : Nous avons pensé aux artistes de la scène française des années 1970, en tous cas, à leurs démarches et à leur état d’esprit. Des gens comme Lard Free, Heldon avec Richard Pinhas et plein de choses des années 1980 comme la musique de Bernard Szajner qui n’a jamais été rééditée et dont je suis complètement fan.N. : L’utilisation du saxo d’Étienne peut rappeler Gilbert Artman ou Urban Sax qui sont des gens qu’on aime beaucoup et nous avons envie de le signifier. Nous avons fait une reprise de Sun Ra (Rocket #9, ndlr) car il a son univers fait de jazz,

zombie zombie

“nous avons Pensé aux

artIstes de La scène

françaIse des années

1970, en tous cas,

à Leurs déMarcHes

et à Leur état

d’esPrIt.”

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17 — Nuit

de racines africaines et de pop. Il avait d’ailleurs son propre label, Saturn Records dans les années 1950, pour sortir ses disques. Il nous a vraiment beaucoup inspirés.

Pourquoi posez-vous vos voix aussi peu souvent sur

votre musique ?

E. : On la pousse quand même un petit peu… Nous avons fait une reprise de Dream Baby Dream de Suicide, The Beach de New Order, nous avons un morceau que nous allons faire sur scène qui s’appelle Nothing To Say. C’est un bon exercice. N. : Écrire des chansons, c’est très différent que de composer de la musique. Le format de notre musique est assez différent du format pop, trois minutes trente, couplet/refrain. On aime beau-coup ça mais, pour écrire une belle chanson pop, il faut en avoir écrit beaucoup auparavant avant d’en sortir une bonne.

Le dernier titre du disque, Black Paradise, est-il

le lieu où nous arrivons après avoir passé tous les

rituels ?

E. : Haha ! Peut-être ! N. : Pour la petite histoire, nous avons trouvé ce nom car Étienne avait fait un atelier avec des enfants et l’un d’entre eux avait sorti ça. E. : Nos titres viennent après la création des mor-ceaux. C’est troublant mais nous n’établissons pas de concept ou de partition avant de jouer. Nous prenons conscience des influences après. Les noms des titres viennent donc à ce moment.N. : En l’occurrence sur le morceau Rocket #9, nous avons pensé à un passage du documentaire Joyful Noise de Robert Mugge, où tu vois Sun Ra qui est devant la Maison-Blanche et qui dit : « If there is a White House, they should have a black house. »

En parlant de lieux « magiques », avez-vous des

endroits de prédilection à Paris ?

N. : J’aime bien aller à Extérieur Quai vers trois heures du matin à la gare de l’Est. Ça manque à

Paris les lieux où tu peux aller et te dire que ça sera bien à chaque fois. Dans des villes comme New York, Londres ou Berlin, tu as toujours des endroits où aller n’importe quand et tu sais que ça sera bien. Le seul endroit où je me sens chez moi, c’est le café en bas de mon appart : L’Autobus. J’y suis tous les matins pour mon café et j’y passe parfois le soir. Il ne s’y passe rien de spécial, mais c’est ça qui est bien aussi.E. : Je vais dans un bar qui s’appelle l’Hôtel du Nord dans le 18e. Il y a tous les poivrots du quar-tier et je m’y sens bien car c’est le seul bar qui n’a pas été envahi par les bobos.

Zombie Zombie

Rituels d’un nouveau monde Versatile

≥ www.myspace.com/therealzombiezombie

Leurs adresses :

Extérieur Quai

5, rue d’Alsace 75010 Paris

01 40 35 73 79

Hôtel du Nord

18, rue Véron 75018 Paris

01 46 06 40 99

zombie zombie

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18 — Nuit

la Bonne playlist

Ghost Town DJ’s - My Boo (BALAM ACAB Remix)

L’original sorti en 1996 n’est pas aussi bon, mais ce remix l’amène à un tout autre niveau.

Yellow Magic Orchestra - Firecracker

Une computer pop song orientale ! Cette chanson japonaise date de 1978 mais elle reste fun à jouer en soirée.

Orbital - Walk Now…

Orbital est une référence importante de la techno 90’s et n’a pas tant vieilli que ça.

Chateaubriant - That’s Real

Je ne sais pas grand-chose de Chateaubriant, à part qu’il est dans mes amis Facebook et qu’il vient de Strasbourg mais il fait de la très bonne musique pour les clubs.

John Maus - Matter Of Fact

« Pussy is not a matter of fact. »

Rikslyd - Oslo

C’est un morceau que j’ai écrit en hommage à la deep house, présent sur mon album, ecotone.

Magnetic Man - I Need Air (Digital Soundboy Remix)

Ce remix a une énergie incroyable et me donne la chair de poule à chaque fois.

Active Child - Hanging On

La beauté pure, parfait pour une soirée d’automne pluvieuse.

Loney Dear - Ignorant Boy, Beautiful Girl

Une chanson magnifique de 2004.

Brian Eno - Just Another Day

« One day, we will put it all behind, We’ll say, that was just another time, We’ll say, that was just another day on Earth. »

Cette Norvégienne sort un

premier album physique,

Ecotone, d’électro minimale

matinée de hip-hop et de sons

tropicaux sur le label français qui

monte, Tsumani-Addiction. C’est

aussi une DJette, connue sous

le nom de Diis Paradiis, qui nous

livre ici sa playlist du moment.

En concert avec le label Tsunami-

Addiction le 10 novembre au

Centre Pompidou.

http://rikslyd.blogspot.com

rIKsLydΩ anthony lycett

Page 21: Le Bonbon Nuit 26

19 — Nuit

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20 — Nuit

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21 — Nuit

la Bonne idée

® MPK Ω Bertrand Delous

Au Bonbon Nuit, on aime la littérature et le bar du

Zorba. Alors, quand ces deux amours un peu dange-

reux se réunissent pour devenir le prix littéraire le

plus destroy du pays, on se roule par terre, on remer-

cie les dieux et on exulte. On a bu des verres avec

Côme Martin-Karl, l’un des instigateurs de ce coup

de pied dans la fourmilière.

Côme, d’où t’es venue cette idée absolument géniale

de faire ce prix du Zorba ? D’ailleurs, n’est-ce pas

plutôt une sorte de contre-prix littéraire ?

C’est exactement ça, le prix du Zorba est un contre-prix littéraire ! En fait, cela vient d’une blague avec un pote. On parlait des prix littéraires qui sont tous chiants et super vieillots, et on s’est tapés une sorte de délire en se disant que la lit-térature pouvait devenir quelque chose d’un peu moins coincée du cul. Bizarrement, la littérature est l’un des arts qui est resté dans les oubliettes, contrairement à la musique, au graphisme, la danse, etc. Alors que la littérature, c’est hyper excitant. On a donc cherché un moyen de réveiller cette belle endormie qui est aujourd’hui confinée dans des bars relous rive gauche comme Le Flore, Les Deux Magots, etc.

Pourquoi avoir choisi ce repaire de noctambules

drogués qu’est le Zorba ? Parce que le Zorba, c’est un bar déglingué et crade, et parce qu’il y a du crade et du déglingué dans la littérature. Franchement, quel genre de littérature est soutenu par les médias aujourd’hui ? Ils traitent presque tous à 80 % de romans chiantissimes sur « ma ménopause », « mes règles douloureuses », « le magnifique tableau de la mort de mon père », etc. Et puis, on a envie de faire se rencontrer un certain public qui sort beaucoup et ne lit jamais, avec des auteurs un peu tarés. Ça nous faisait mar-rer de se dire qu’on allait brandir des livres et non des bières pendant les afters du Zorba. Peut-être que c’est aussi une mission pédagogique. (rires)

Comment avez-vous fait votre sélection ?

De manière complètement bordélique. J’ai regardé les avant-programmes de la rentrée litté-raire, je n’avais donc pas les bouquins en main, je me suis seulement basé sur les titres, les maisons d’édition et les pitchs. J’ai fait à partir de là une présélection de quinze bouquins, et d’une manière complètement unilatérale et antidémocratique, j’en ai retenu cinq en fonction de mon intuition. Ensuite, j’ai eu quelques difficultés pour obtenir

Le PrIx du zorba

le MeIlleuR PRIX lITTéRaIRe Du MONDe, BORDel !

Page 24: Le Bonbon Nuit 26

22 — Nuit

physiquement les bouquins par les éditeurs, parce que certains en avaient réellement rien à branler du prix du Zorba. Pour te dire la vérité, à l’heure où tu écriras l’article, la sélection sera encore pro-visoire et risque de changer. Certains bouquins ont été virés après avoir été effectivement lus, car je les trouvais trop pourris ou parce que la presse en avait déjà trop parlé. Et puis les membres du jury peuvent aussi compléter la liste selon leur bon vouloir. Comme je te disais tout à l’heure, c’est un beau bordel ! Ah oui, et puis il y a un livre que j’aurais aimé avoir dans la liste, mais sa sortie est toujours repoussée, c’est Capitaine Fuck, un livre qui parle d’un type dépressif qui fume des men-thols dans l’espace. J’aimerais faire ici un petit clin d’œil à son auteur, Philippe Tagli, qui a l’air d’être un mec vraiment cool.

As-tu un petit message à transmettre à Frédéric

Beigbeder, le créateur du prix de Flore ?

Déjà, tout le monde dit que c’est quelqu’un de très sympa, donc je n’ai aucune antipathie envers lui. Je pense que je lui rendrai hommage parce que sans lui, on aurait peut-être pas eu l’idée de monter ce prix. Au fond, sa démarche était un peu la même que la mienne… Si je l’avais en face de moi, je lui dirais : « J’espère que le Zorba, ce sera le prix de Flore réussi. »

Et si un jour il te proposait d’être membre du jury ?

Ah non, sa place n’est vraiment pas ici. Il est trop institutionnalisé rive gauche ce mec.

En parlant du jury, tu peux un peu nous le présenter ?

L’idée, c’était de mêler à la fois des gens de la nuit, parce que le prix est décerné à six heures du matin, et des gens qui bossent dans la littérature. Je voulais vraiment confronter ces deux univers qui sont aujourd’hui complètement hermétiques, alors qu’il n’y a aucune raison qu’ils le soient. Pour te citer des noms, il y a Ivan Smagghe, Pipi de Frêche, Roman Charbon, le cofondateur du prix

le prix du zorba

“L’Idée est de MêLer à La foIs des gens

de La nuIt, Parce que Le PrIx est décerné à 6 du Mat’,

et des gens quI bossent dans La LIt-térature. Je vouLaIs confron-

ter ces deux

unIvers.”

Page 25: Le Bonbon Nuit 26

23 — Nuit

qui bosse pour Vogue, Philippe Azoury du Nou-vel Obs, Pierre Siankowski et Géraldine Sarratia des Inrocks… Et puis tu remarqueras que sur notre Tumblr, on a vraiment présenté notre jury comme on présente des DJ avec leur label. Ça symbolise bien notre volonté de mettre la grammaire du clubbing au service de la littérature.

On est très fan d’Ivan Smagghe à la rédac. Comment

s’est-il impliqué comme membre de ce jury ? Ivan tient un blog avec Philippe Azoury qui s’ap-pelle Discipline in Disorder, qui est une espèce de truc intello et littéraire, c’est un mec très lettré en fait, un vrai lettré du clubbing. Pour moi, il repré-sente vraiment le pont qu’on veut faire entre ces deux mondes. Il s’est vraiment impliqué à fond, c’était d’ailleurs lui le membre le plus studieux de la bande, puisqu’il me rendait toujours en premier ses fiches de lecture et qu’il me réclamait les bou-quins en avance. Entre nous, je peux quand même te dire qu’hormis Ivan, il y a une belle brochette de branleurs dans le jury…

Comment vont se passer les délibérations ?

Les délibérations ne se passeront pas le soir même. On essaiera de faire un dîner tous ensemble dans un appartement que l’on me prêtera pour l’occa-sion. Je n’ai pas encore décidé des modalités de vote, il y aura sans doute plusieurs tours, et j’es-père vraiment qu’on va tous s’engueuler comme du poisson pourri. Et puis on fera l’amour tous ensemble avec les livres.

On pourra aussi vous soudoyer ?

Complètement ! On est ouverts à toute forme de pot-de-vin, que ce soit de la drogue ou de l’alcool.

Bon, et à six heures du mat’, comment tout ça va se

dérouler ?

Hé bien, on remettra au gagnant ou à la gagnante un chèque géant en carton de 500 euros, ce qui est une somme dans le milieu de l’édition, parce que

c’est un milieu de crevards, il faut bien le dire. Par contre, j’ai peu d’espoirs qu’il ou elle soit là, car les écrivains ne se lèvent jamais avant midi. Il y aura deux DJ pour mettre du son toute la matinée, et comme ce sera juste après La Trou au Biche à la Java, il risque d’y avoir plein de créatures déglin-gos qui viendront danser avec nous dans la bonne humeur. Comme l’encre aura coulé sur les pages, le maquillage des travelos coulera sur les joues. C’est beau, non ?

Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter ? Plein d’embrouilles avec les maisons d’édition.

Le Bonbon Nuit pourra faire partie du jury l’année

prochaine ?

À mort ! Inch’Allah ! Qu’il y ait un prix 2013 !

Le prix du Zorba

≥ Le 11 novembre au Zorba à 6 heures du mat’.

After DJ sets : Fakemannequin (Mort aux jeunes ) &

Samuel (Palace Rangers).

137, rue du Faubourg- du-Temple 75010

Sélection provisoire :

Anne Lenner, Ça va trop vite, Le Dilettante

Joy Sorman, Comme une bête, Gallimard

Éric Chevillard, L’Auteur et moi, éditions de Minuit

Nathalie Quintane, Crâne chaud, POL

Claire Guezengar, Soins intensifs dandy, Léo Scheer/

Laureli

le prix du zorba

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Paris La Nuit emmanuel Romeuf www.emmanuelromeuf.fr

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26 — Nuit

Page 29: Le Bonbon Nuit 26

27 — Nuit

le Bon animateur

® Violaine Schütz Ω C+/lahache

Animateur, journaliste, musicien et scénariste,

Mouloud a imprimé son style décalé, ses idées et

son humour sur le petit écran. Récemment, l’un des

chroniqueurs les plus sympathiques du PAF a lancé

un appel aux jeunes de France pour se barrer. Il n’en

fallait pas plus pour que nous, on ait envie de l’in-

terviewer.

Comment ça va ? Que faisais-tu la nuit dernière ?J’ai caressé mes chats Phoenix et Saori, puis j’ai joué à Super Street Fighter IV pour bosser mon Ryu, et ensuite je me suis endormi devant un épi-sode de louie.

Comment décrirais-tu tes nouvelles interventions

au Grand Journal ? Quel en est le principe ?Un puzzle de mots et de pensées, et une autre façon de délivrer de l’information, où l’on imagine des formes un peu neuves, et où l’on s’éclate.

Comment es-tu arrivé à la télé, quel a été ton par-

cours ?J’ai milité au Mouvement de l’immigration et des banlieues, fait de la radio sur Fréquence Paris Plurielle (106.3), Générations, écrit pas mal de temps chez Radikal, monté un label de musique avec La Caution, fait des documentaires pour lundi Investigation sur Canal Plus, puis un jour j’ai vu une annonce à la télé, j’ai envoyé ma cas-sette et on a fini sur MTV avec China. Je suis revenu à mes amours politiques dans la matinale

de Canal Plus et je mélange un peu tout ce que j’aime aujourd’hui, de l’actu pure à la culture dans le Grand Journal.

Quel genre d’ado étais-tu ?Le même que maintenant je crois. J’ai pas trop changé de délire, juste de vie. Enfin, si, j’arrive à parler à des gens sans rougir désormais.

Qu’est-ce qui a motivé ton appel dans Libé, intitulé

Jeunes de France, votre salut est ailleurs : barrez-

vous ! et cosigné avec Félix Marquardt et Mokless

dans lequel tu dénonçais les conditions de vie de la

jeunesse en France ?La démotivation de mes amis, l’immobilisme ambiant, et la vitalité que dégage la scène élec-tronique française, qui voyage dans le monde entier. Gesaffelstein, Surkin, Para One, Bobmo ou Kavinski m’ont ouvert les yeux. Quand on parle avec quelqu’un comme Brodinsky, qui est un mec empli de pureté, on a envie de se barrer pour mieux revenir. C’est l’idée du « barrez-vous », une invitation au voyage et à la découverte pour venir insuffler du vent frais ici.

Que s’est-il passé exactement avec Le Pen à la suite

de ce billet ?C’est à lui qu’il faut demander. Mais je suis fier d’avoir été clashé et nommé par ce monsieur. C’est mieux qu’un Oscar.

MouLoud acHour

BaRRez-VOuS !

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28 — Nuit

On va un peu parler « nuit »… Quel est ton meilleur

souvenir de soirée ?Tokyo, un karaoké en août 2010, une nuit magique avec un mec magique que j’aime et que j’aimerai jusqu’à mon dernier souffle.

Ton premier souvenir de soirée ?

Un truc du genre « retourne dans ta cité, vous êtes pas sur la liste ».

La plus belle rencontre faite la nuit ?Je crois que je me suis rencontré la nuit, j’ai par-fois réussi à combattre ma timidité, mais c’est dur quand revient le jour. J’y ai aussi rencontré une fille géniale, on n’est plus ensemble, mais on peut rencontrer des filles bien la nuit. Y’a pas que de mauvaises filles.

Ton pire souvenir de club ?

On ne garde jamais de bons souvenirs d’un club, on garde toujours des conneries, des gens, des bêtises faites. Je n’accumule jamais les rancœurs ou les plans pourris. Je n’arrive à me souvenir que du bon.

Un rituel avant de sortir ?

Ne pas oublier mes clefs, c’est la seule chose à laquelle je pense. Et aussi nourrir mes chats.

Que mixes-tu quand tu passes des disques ?Je ne passe pas des disques, je mixe, je joue, j’évite l’imposture. Ça va du hip-hop que j’aime à l’électro que j’aime, ou de vieux trucs de bledards, tant que les gens dansent. Les kifs perso ou les trucs hyper spé, c’est pour les amis à la maison.

Quelle est la meilleure musique d’après toi pour

faire la fête ?La musique sur laquelle les filles dansent bien, ça fait tout passer tant qu’elles répondent présentes.

Dans quel quartier habites-tu ?Dans le 11e, parce que je suis près de mes maga-sins de jeux vidéos préférés et que les copains ne sont pas très loin.

Aimes-tu vivre ici ?Oui, comme j’ai aimé vivre à Noisy-le-Sec. À chaque fois que je voyage, Paris me rappelle, et c’est vraiment magique. Mais paradoxalement, Paris n’est pas une source d’inspiration. C’est un lieu d’accomplissement, la ville qui m’a vraiment inspiré, c’est Noisy, le plus grand vivier de fous au monde.

Et la nuit à Paris, tu en penses quoi ?

J’aime bien rester chez moi, et sortir voir les copains quand ils jouent, sinon j’en pense pas grand-chose. Les gens qui théorisent sur la nuit devraient peut-être simplement se contenter de ne pas sortir et de rentrer. Ils sont restés dehors trop longtemps.

Un truc contre la gueule de bois ?Ne pas sortir.

Ton endroit préféré à Paris ? Dans le monde ?C’est chez moi. Faut venir chez moi pour voir, écouter la musique et les histoires.

Derniers CD achetés ?Les albums d’Oxmo Puccino, Mai Lan et Break-bot.

Tes Parisiens préférés ?Ceux qui sourient.

Quels sont tes projets ?On écrit un film avec mon compère Karim Bou-kercha, inspiré de ce qu’on a vu en suivant Gesaf-felstein et Brodinski en tournée cet été. C’est une comédie qui se passe dans ce monde fascinant, et ça arrive bientôt.

Mouloud achour

Page 31: Le Bonbon Nuit 26

29 — Nuit

Pharmacies de garde

84, av. des Champs-Élysées 8e

≥ 01 45 62 02 41

6, place de Clichy 9e

≥ 01 48 74 65 18

6, place Félix-Éboué 12e

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Livraison médicaments 24/24

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Urgences

SOS dépression

≥ 08 92 70 12 38

Urgences psychiatrie

Se déplace sur région parisienne

≥ 01 40 47 04 47

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01 46 75 05 05 ≥ 7/7 — 24/24

Épiceries

L'Épicerie de nuit

35, rue Claude-Bernard 5e

≥ vendredi et samedi jusqu'à 3h30

Épicerie Shell

6, boulevard Raspail 7e

≥ 7/7 — 24/24

Minimarket fruits et légumes

11, boulevard de Clichy 9e

≥ 7/7 — jusqu'à 7h

Alimentation 8 à Huit

151, rue de la Convention 15e

≥ 7/7 — 24/24

Supérette 77

77, boulevard Barbès 18e

≥ mardi au dimanche jusqu'à 5h

Resto

L’Endroit, 67, place du Docteur-

Félix-Lobligeois 17e 01 42 29 50 00

≥ tlj de 11h à 1h, jeudi, vendredi,

samedi de 10h à 5h

Tabac

Tabac du Châtelet

4, rue Saint-Denis 1er

≥ 7/7 — jusqu'à 3h

Tabac Saint-Paul

127, rue Saint-Antoine 4e

≥ 7/7 — jusqu'à minuit

Le Pigalle

22, boulevard de Clichy 18e

≥ vendredi et samedi jusqu'à 5h

Poste de nuit

52, rue du Louvre 1er M° Louvre-

Rivoli / Étienne-Marcel

Boulangeries

Snac Time

97, boulevard Saint-Germain 6e

≥ 7/7 — 24/24

Boulangerie-pâtisserie

99, avenue de Clichy 17e

≥ 7/7 — 24/24

Chez Tina

1, rue Lepic 18e

d≥j jusqu'à 4h30 / v≥s jusqu'à 7h

Boulangerie Salem

20, boulevard de Clichy 18e

≥ 7/7 — 24/24

Fleuristes

Chez Violette, au Pot de fer fleuri

78, rue Monge 5e

≥ 01 45 35 17 42

Relais Fleury

114, rue Caulaincourt 18e

≥ 01 46 06 63 97

Carwash

Paris Autolavage 7/7 — 24/24

Porte de Clichy 17e

Shopping

Virgin Megastore

52, av. des Champs-Élysées 8e

≥ jusqu'à minuit

Librairie Boulinier

20, boulevard Saint-Michel 6e

v≥l jusqu'à 00h, m≥j jusqu'à 23h

Kiosques à journaux 24/24

38, av. des Champs-Élysées 8e

16, boulevard de la Madeleine 8e

2, boulevard Montmartre 9e

Place de Clichy 18e

Internet 24/24

53, rue de la Harpe 5e

≥ 01 44 07 38 89

20, rue du Fg-Saint-Antoine 12e

≥ 01 43 40 03 00

Envoyez-nous vos bons plans

ouverts la nuit : [email protected]

trousse de secours

Ouvert toute la nuit !

Page 32: Le Bonbon Nuit 26

30 — Nuit

le Bon acteur

® Violaine Schütz Ω lisa lesourd

Après LOL et J’aime regarder les filles, le jeune

Pierre Niney crève l’écran dans la comédie Comme

des frères d’Hugo Gélin, aux côtés de François-

Xavier Demaison et Nicolas Duvauchelle. Dans les

salles obscures le 21 novembre et ici et maintenant,

en interview.

Qu’est-ce qui vous a plu dans ce rôle que vous tenez

dans Comme des frères ?Il s’agit d’un vrai rôle de « jeune » mais sans jamais tomber pour autant dans le cliché du genre. Maxime est un personnage qui fait rire, qui parle avec sincérité et qui touche aussi de par son histoire et sa réelle sensibilité. Il a 20 ans, il est spontané, curieux, drôle, car il aborde la vie avec un émerveillement et un premier degré à toute épreuve. Il a une énergie très communicative et propre à la jeunesse mais aussi une grande matu-rité, assez hors norme pour un mec de son âge. Cette sorte d’intelligence instinctive des choses est fondamentale dans le film car elle rend cré-dible son amitié improbable avec Eli, auteur de 30 ans et Boris, businessman de 40.

Des anecdotes de tournage ?

Nous nous sommes retrouvés avec Nicolas et Francois-Xavier dans le sud de la France, un mois avant de commencer le tournage, pour

faire une sorte de « stage accéléré » de potes. Personne n’aurait imaginé que cela prendrait aussi bien, ni nous, ni le réalisateur, ni personne. J’ai rarement autant ri en 72 heures, et j’ai sur-tout de grands souvenirs de Aix-en-Provence by night qui nous ont définitivement soudés !

Vous sentez-vous à l’aise dans le registre de la

comédie ?Je suis un grand fan de l’art subtil de faire rire. Je suis évidemment un admirateur éperdu de de Funès et Benoît Poelvoorde, de Jim Carrey et Jonah Hill pour les Américains. Mais le roi actuel reste pour moi l’Anglais Ricky Gervais, qui associe une réelle obser-vation profonde du genre humain à un culot des plus rares. J’ai toujours de l’admiration pour les gens qui se donnent vraiment du mal pour faire rire les autres. La série des OSS 117 témoigne de cette envie de créer quelque chose de nouveau avec aussi un réel souci esthétique. J’adore donc ce registre mais je n’ai pas du tout envie de me limiter à cela. D’autant plus que ma génération arrive avec des idées de films de plus en plus hétérogènes, qui mélangent les tons, en se souciant moins de la catégorie et du genre. Comme des frères a l’avantage de n’être pas qu’une comédie, le film a une vraie puissance comique mais c’est aussi un film élégant, réellement touchant et qui parle de sujets profonds et chers à Hugo, le réalisateur.

COMMe uN FRèRe

PIerre nIney

Page 33: Le Bonbon Nuit 26

31 — Nuit

Préférez-vous le théâtre ou le cinéma ? En quoi c’est

différent de jouer pour l’un ou pour l’autre ?Je n’ai pas de préférence, je suis réellement content d’avoir fait mes premières armes au théâtre, car cela m’a donné une réelle technique et des notions concrètes de ce qu’est ce métier. Le cinéma est un art beaucoup plus jeune et un outil absolument fascinant qui me passionne tout autant que les planches. Après six mois de tournée d’une pièce, j’ai hâte de courir sur un plateau de cinéma, et vice versa. Les deux sont réellement complémentaires pour moi et j’espère continuer à pouvoir passer de l’un à l’autre comme un Ian McKellen qui passe de Gandalf à Beckett dans la même année. Je trouve ça super.

Vous avez commencé très tôt (11 ans), comment

avez-vous été propulsé dans ce monde-là ?Les choses se sont enchaînées de façon relati-vement cohérente, étape après étape. J’ai com-mencé par une formation au Cours Florent, puis au Conservatoire national de Paris. En parallèle, j’ai joué plus d’une dizaine de rôles secondaires

dans des longs métrages, et j’ai donc eu le temps de découvrir ce métier et d’être sûr de mon désir. La rencontre avec mon agent, qui m’a repéré alors que je jouais ma pièce de fin d’année au lycée, est un événement important dans mon parcours qui a naturellement accéléré beaucoup de choses.

Quel est l’acteur avec lequel vous rêveriez de tour-

ner, et le réalisateur ?Di Caprio, pour le voir travailler de près et tenter de comprendre la bête. James Gray, pour la beauté simple avec laquelle il raconte les histoires.

Quels endroits aimez-vous à Paris ?

J’adore les jardins du palais Royal, je m’y balade sou-vent pour apprendre mes textes. Je vais souvent au Breakfast In America, rue des Écoles, le wrap est juste dingue.

Comme des frères sur les écrans le 21 novembre.

Un chapeau de paille d’Italie jusqu’au 7 janvier à la

Comédie-Francaise.

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32 — Nuit

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33 — Nuit

la Bonne cuisine

® MPK Ω Vincent arbelet

Pascal Arbez-Nicolas aka Vitalic, c’est un peu le

grand frère qui nous a fait découvrir la moiteur

des clubs début 2000. Créateur démoniaque de

quelques-uns des plus beaux hymnes de la décennie

précédente, il revient distiller sa science du dance-

floor avec Rave Age, troisième album qui risque de

surprendre son monde.

Le titre de ton album semble évoquer directement

les raves des années 1990. Et toi, comment as-tu

vécu cette époque ? Quel genre de raveur étais-tu ?

J’ai connu cette époque en effet, j’étais plutôt un raveur « good boy » et je n’aimais pas trop les gros rassemblements. Je préférais plutôt les petits évè-nements entre potes, genre 300-400 personnes avec un son un peu crade. Je t’avoue aussi que c’est quelque chose qui m’a vite fatigué. Fin 2000 le phénomène était mort, on y jouait qu’une techno pauvre et répétitive qui n’avait pas beaucoup d’in-térêt. Alors après oui, on peut voir un lien entre cet album et les raves parce que j’utilise certaines sonorités de cette époque, mais je pense que les références s’arrêtent là… Le titre Rave age m’est surtout venu comme ça… Il ne faut pas y voir une volonté de revival de ce mouvement musical. Et puis, il y a une dimension du mot « rave » qui signifie en anglais « délirer », c’est plutôt dans ce sens qu’il faut comprendre le titre de l’album.

Ce n’est pas un disque fait pour les vieux nostal-

giques, quoi…

Oui, c’est sûr que les vieux nostalgiques des raves ne vont pas aimer cet album, parce que c’est beau-coup trop chanté, on est sur un terrain qui n’est plus le leur. Ce n’est pas un disque qui est tourné vers le passé, j’ai pris des bribes de cette musique, et je les ai mélangées à de la disco ou à des textures électro. Il y a bien deux ou trois sons « hoover » qui se réfèrent à cet époque, mais c’est tout.

Comment ton expérience de DJ plutôt récente

(depuis 2009) a influencé l’écriture de cet album ? Je ne me prétends surtout pas DJ, parce que je fais plutôt des sélections, je pousse des disques en fait. Je fais ça d’une manière très légère. C’est vrai que le fait d’être derrière les platines m’a redonné l’en-vie de faire quelque chose de plus dancefloor et de plus festif. Flashmob (son album précédent, ndlr) avait un côté plus posé.

Tu dis que ce disque est différent des deux premiers,

qu’on y trouve une volonté d’être plus pop…

Ce n’est pas moi qui dit ça, mais Stéphane Alf Briat (avec qui il s’est occupé de mixer l’album, ndlr). En même temps, selon les personnes, cer-taines diront que l’album est pop, ou bien qu’il est très sombre, ou très techno… Même le mot

vItaLIc laSaGNeS eT MOJITO

Page 36: Le Bonbon Nuit 26

34 — Nuit

« pop » est difficile à définir, tout dépend de ce que l’on met derrière. Après oui, mon album est constitué de morceaux avec un format chanson, avec des couplets et des refrains… Peut-être que l’on peut dire « pop » dans ce cas-là, même si je n’utiliserais pas ce mot.

En restant sur le concept de « pop », c’est une forte

tendance actuelle de « popiser » la techno. Ne crois-

tu pas que cette dernière perde son pouvoir subver-

sif et rentre définitivement dans le rang ?

Ça fait très longtemps que la techno n’est plus subversive. On est dans l’époque du DJ sexy, même dans l’underground, où il faut être bien sapé et prôner l’hédonisme. C’est un mouvement qui n’a plus de grandes revendications, tout cela est mort en 1995 avec la fin de la techno de Chicago et de Detroit. En soi, il n’y a plus tellement de message, à part « je m’amuse et je picole », j’ai cette impression-là, après peut-être que je me trompe. Par exemple, j’adore aller à Berlin et au Berghain, et au final, même la techno du Berghain est impli-citement commerciale dans son underground… Elle utilise des recettes dont il ne faut pas s’éloi-gner, et ce club, malgré tous ses aspects positifs, ressemble des fois à une usine à touristes. Je crois réellement qu’il y a un business derrière tout cet underground calculé.

En parlant de voix, il y a beaucoup de featuring sur

Rave Age. Tu peux nous parler un peu de Joe Reeves,

qui chante sur Next I Am Ready et Fade Away. C’est

l’ancien chanteur de Shit Disco, c’est bien ça ?

Oui, c’est bien ça. Je ne l’ai jamais rencontré phy-siquement mais ça fait très longtemps qu’on dis-cute par mail. Après la sortie du premier album de Shit Disco, je lui ai envoyé un mail de groupie et j’ai eu une réponse…

Ça doit être sympa de recevoir un mail de groupie de

Vitalic !

Oui, je fais ma groupie des fois. Là, je suis à fond sur Pachanga Boys. Pour revenir à Joe Reeves, je lui ai écrit et ça a collé assez vite. Je ne lui ai rien proposé sur Flashmob, et puis je me suis souvenu qu’il fallait tenter l’expérience ensemble, et puis on a bossé sur Next I am Ready. Ensuite, au fil de nos discussions, il s’est mis sur Fade away, qui à la base devait simplement être une instru. Sans rien me demander, il a posé sa voix dessus et me l’a renvoyé, et du coup, il m’a dit que ce morceau était de la pure pop et qu’il fallait garder sa version. Ce que j’ai fait.

Justement, Fade Away, c’est un peu le morceau le

plus kitch de Rave Age…

Ça dépend comment on le prend ! Dans mes compos, il y a toujours pas mal de trucs un peu kitchs et nostalgiques à la Jean-Michel Jarre. Mais c’est toujours du kitch assumé ! Tu as passé pas mal de temps dans le Sud. Comment

tu définirais la nuit méditerranéenne par rapport à la

nuit parisienne ?

C’est vrai qu’à l’époque de l’écriture de l’album, j’étais souvent en Italie. Là-bas, il y a ce son-là un peu 90’s, ce qui m’a sans doute inspiré pour Rave age. Il y a une vie nocturne à Rome qu’on ne soupçonne pas, du mardi au dimanche, c’est du non-stop et il y a beaucoup de choix. Ils sont assez techno, ils écoutent des choses assez craspouilles,

Vitalic

“ça faIt LongteMPs

que La tecHno

n’est PLus subversIve”

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35 — Nuit

faciles, voire un peu pouet-pouet. En même temps, ils écoutent aussi des choses très pointues.

Il paraît que les Italiens aiment bien la kétamine… Dans certains endroits oui, on en trouve pas mal ! (rires) J’ai pu constater que ça tournait beaucoup dans les squats. Il y a d’ailleurs beaucoup plus de squats à Rome qu’à Paris. Le Forte Predestino par exemple, c’est un immense squat où il y a plein de soirées et deux festivals par an avec 8 000 per-sonnes… C’est quelque chose qui est complète-ment admis par la population, et qui fait partie du paysage romain.

La dernière piste de Rave Age est issue de la B.O.

du film The Legend of Kaspar Hauser avec Vincent

Gallo. On peut en savoir un peu plus sur ce long

métrage ?

Il est sorti en Angleterre début octobre, mais je ne crois pas qu’il y ait quelque chose de prévu pour la France. Comme l’annonce le titre, ce film raconte la vie de Kaspar Hauser, un jeune homme qu’on retrouve sur une plage sans mémoire, et qui doit faire sa place dans un village qui ne l’accepte pas. Ce film soulève le problème de la religion, de l’identité, et Davide Manuli (le réalisateur, ndlr) a également une obsession sur le DJing, puisque le film se termine par une très longue rave avec seulement trois participants. Ce long métrage est vraiment très très perché, il n’y a pas d’espace-temps, on ne sait pas où l’on est, ni combien de temps ça dure… Voilà, j’ai fait la B.O. de ce film, et pour l’album, j’ai repris l’un des titres du film qui s’appelait angoisse, je l’ai retravaillé et je l’ai placé à la fin de mon disque.

Il paraît que tu es un grand amateur de bouffe. Quel

plat correspondrait le mieux à ton album ?

Les lasagnes ! Parce que mon album est quand même un bon bordel, il y a pas mal de trucs dedans, avec des couches et des mélanges pas possibles. Donc ouais, un plat de lasagnes un peu expérimental.

Et s’il correspondait à un alcool, ce serait lequel ?

On reste sur l’idée du bordel, je pense à un mojito, tu sais quand ça fait une soupe avec le sucre, les feuilles de menthe, etc.

D’ailleurs en soirée, c’est quoi l’alcool que tu pré-

fères ?

J’aime bien la vodka quand même, ça me donne un bon coup de fouet quand je suis fatigué avant de passer sur scène, ça me détend. C’est un peu crado, mais j’aime bien la mélanger avec du coca.

Si on va à Dijon, tu nous conseilles de sortir où ?

Ben déjà chez moi, si tu veux bien venir manger des lasagnes et boire des mojitos. (rires) Pour le clubbing malheureusement, Dijon n’est pas dans une grande période, c’est un peu moribond. Quand je veux clubber, je prends un TGV et je file à Paris ou à Lyon.

La dernière bonne soirée dont tu es rentré à quatre

pattes, c’était quand ?

À Nîmes, début octobre. J’y ai fait le filage public de mon nouveau live à La Paloma, et ensuite, des potes espagnols ont loué un appart pour l’after-show privé. C’était du grand n’importe quoi.

Tu peux nous donner ton remède contre les grosses

gueules de bois ?

Manger un truc léger du style raclette ou fondue bourguignonne. Sinon, s’envoyer des huîtres !

Vitalic

Rave Age Citizen

≥ www.vitalic.org

Vitalic

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36 — Nuit

J’aime prendre le train comme personne. C’est-à-

dire que j’aime prendre le train comme personne

n’aime prendre le train et que j’aime le train comme

je n’aimerai jamais prendre personne.

J’aime vraiment ça. L’odeur des sièges, la barre pour se tenir aux toilettes, les rideaux que per-sonne n’a eu l’idée d’améliorer depuis vingt ans et le réveil en sursaut provoqué par l’ouverture d’une porte qui laisse passer le chuintement métallique des roues. Même les contrôleurs, je les aime. Je les aime comme on aime une conseillère d’orien-tation : avec mépris mais heureuse de la preuve furtive que quelque chose se passe et que la vie avance. Ça roule. Quand je prends le train, alors je quitte Paris, et ça veut dire que je vais bientôt revenir. C’est le secret des voyages : l’importance qu’on donne au départ, s’il n’est pas définitif ou forcé, est la plus belle preuve d’amour qu’on puisse donner au retour. J’aime les gares de Paris, aussi. Et pas seulement par extension. Ce soir-là, moi, c’était gare de l’Est que je me pointais. Un ami rentrait d’un week-end à Strasbourg en fin de soirée. Je m’étais bien évidemment portée volontaire pour l’accueillir au bout du quai. Comme de par hasard, le train de 23 h 05 était annoncé avec un retard de quarante minutes. Je me réfugiais dans un rade, pas loin, l’Extérieur Quai. Je m’accoude au bar quand tout à coup, un jeune homme sorti d’un chapeau s’assied à côté de moi et me prend par l’épaule comme si nous avions ren-

dez-vous et comme si nous attendions ce rendez-vous depuis une bonne dizaine d’années. Amical, le bonhomme, très amical. Je pense « heu… » mais ne moufte pas encore. L’uniforme, j’imagine, m’empêche de m’inquiéter complètement. - enfin ! lâche-t-il après un long silence, enfin une femme avec qui célébrer ! Le voisinage est en effet masculin, mais ça n’est pas là un argument vraiment fait pour me rassurer. Cette fois, je pense et dis :- Heu. Heu, quoi ?- Je ne peux célébrer la vie qu’avec une femme. Vous êtes une femme, vous donnez la vie, non ? et c’est exactement ce que je viens de faire. - Heu. Je voudrais pas me répéter mais, heu : quOI ?- Hé oui, les pompiers savent aussi faire ça. C’est rare mais ça arrive. Le pompier en question s’appelle Aurélien et vient de terminer son service en le concluant par un accouchement express, pressé et hasardeux. Je n’ai pas la folie des grands honneurs, mais il semble pêcher le compliment avec tellement d’es-poir que j’abdique. - Félicitations, donc ! C’était votre premier ? - le premier était, je l ’espère, le dernier. ça vous ennuie si je vous raconte ? Dans le bar personne ne parle et tout le monde s’est donc mis à l’écouter, et avec attention. - Moi, je ne sais pas mais je crois que les autres veulent savoir. Et le patron d’acquiescer en nous servant 2 bières.

la Bonne omBre

® Manon Troppo

MarIe-yveLIne

la SaGe-FeMMe éTaIT uN HOMMe

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37 — Nuit

Marie-Yveline

- elle a juste appelé parce qu’elle se sentait mal, comme si elle avait l ’utérus dilaté comme mon foie, là. Il pointe son verre de whisky, et ok, je vois ce qu’il veut dire mais je suis pas sûre qu’on puisse dire d’un foie qu’il se dilate. Passons. Le patron, qui veut apparemment sauter 45 minutes du film pour arriver directement à la scène d’action et fermer boutique, intervient auto-ritairement :- Bon, et donc ? - J’avais tout bien fait, le médecin allait arriver dans une dizaine de minutes, je sortais les serviettes du micro-ondes…- les serviettes dans le micro-ondes ? - On les mouille et on les met à réchauffer. C’est une ambiance chaude et humide mais surtout stérile pour le nouveau-né. - Bon, et donc ? répète le patron avide de mélo. - Il avait les yeux et les doigts collés…- Mais là, vous avez réussi ! - J’ai réussi. - Vous êtes heureux ? - Je suis heureux. et fier. - Je suis fière de vous aussi. - Mouais moi aussi, lance le patron en repartant en coulisses, semblant ne pas en penser un mot, visiblement déçu par le peu de sang et de larmes que l’anecdote lui avait offerts. - Il va s’appeler comme moi. Étonnée que le hasard fasse si bien les choses, je fais la tête de celle qui est étonnée que le hasard fasse si bien les choses. - la mère, avant que je parte, m’a demandé comment j’aimerais qu’il s’appelle. Je savais pas quoi répondre. Je tremblais de partout. - alors elle vous a demandé comment vous vous appe-liez. - Voilà. - Classe.- elle est venue le lendemain à la caserne pour que tout le monde le connaisse. C’était... pfiouh !- Vous trembliez de partout. - Voilà.

- C’est une jolie histoire. - Je sais pas. - Si, c’est une très jolie histoire, assurément ! dis-je en cherchant du soutien chez les rares spectateurs qui ont réussi à retenir leur attention jusque-là sans sombrer dans leur pinte.- Tout le monde s’en fout des jolies petites histoires iso-lées comme ça, vous savez. - Pas moi. Je suis très heureuse que vous me l’ayez racontée. - Vraiment ? - Je suis très heureuse que vous me l’ayez racontée et je la raconterai à mon tour. Dans un magazine même !- T’es sérieuse? - On ne peut plus. - On ne peut plus quoi ? - On ne peut plus sérieuse. - On ne peut plus être sérieuse ? - Non. Je. Oui, sérieusement, je la raconterai dans un magazine. - ça serait un grand honneur. Comment pourrais-je vous le rendre ? - Vous me vouvoyez ou tu me tutoies ? - Vous savez ce que je vais faire ? la prochaine fois que je donne la vie, si on me demande comment j’aimerais qu’il s’appelle, je répondrai ton prénom. C’était le pire honneur qu’on pouvait me rendre puisque je suis super unique et que pas touche à mon prénom mais, comme 23 h 45 sonnaient, je n’avais pas le temps d’argumenter. Juste celui d’être chafouine. - Je dois y aller. - Vous devez me dire comment vous vous appelez !- Marie-Yveline. Sur le quai, me remémorant le regard hagard du pompier face à ma réponse, et devant la certitude qu’il tiendrait sa promesse, je me disais qu’une gosse, un jour, allait se faire méchamment foutre de sa gueule à l’école à cause de son prénom. Et qu’elle se vengerait en devenant incroyablement géniale. Ça m’a fait sourire. Et, pour un dimanche pluvieux d’octobre à minuit gare de l’Est, franche-ment, c’était déjà pas mal.

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38 — Nuit

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39 — Nuit

la Bonne révélation

® MPK Ω lucien Perochon

Mancunien de naissance, Parisien d’adoption, David

Shaw (ex-Siskid) pourrait bien synthétiser ce qui

se fait de mieux dans la culture de ces deux villes.

So It Goes, son premier album aux accents pop 80’s,

délivre avec ses dix titres un joli bouquet de fleurs

vénéneuses dont le poison enivre autant qu’il hyp-

notise.

On t’a connu t’appelant Siskid. Ça fait quoi de récu-

pérer son nom propre ?

Mes productions techno sous Siskid commen-çaient un petit peu à s’essouffler, j’en avais fait un peu le tour, il fallait que je reparte vers quelque chose de nouveau. J’avais vraiment envie d’autre chose, et de sortir de ce schéma typiquement club, sans obligatoirement passer par une espèce de « coming out » pop.

Cela correspond aussi à une nouvelle identité artis-

tique, même si au final, tu as toujours été attiré par

le mélange des genres…

Oui, mais je ne revendique rien, et surtout pas mes influences rock. C’est une petite nuance, mais elle a son importance, j’aime autant l’électronique que le rock, toute la musique que j’écoute a tou-jours été un mélange des deux. En allant plus loin dans mon raisonnement, je dirais même que je ne fais aucune différenciation entre ces deux styles

musicaux, je n’ai pas développé mon oreille en mettant le rock dans une case, et la techno dans l’autre. Je ne veux surtout pas avoir le syndrome du « Je viens de là ».

Tu es donc désormais David Shaw. Mais David Shaw

and the Beat. D’où te vient cette obsession pour le

rythme ?

J’aime voir les corps danser, leur état à la fin de la nuit, j’aime l’idée de la transe au sens propre du terme, son côté « bayou », comme dans la scène du film angel Heart, où ils sont tous en train de dan-ser autour du feu complètement possédés. Quand tu transposes ça dans un club, ou dans un festi-val, ce sont vraiment des choses qui me parlent et qui m’obsèdent. Le beat, qu’il soit rock, hip-hop, ou techno, englobe et permet ces états de transe. Ensuite j’ai rajouté « and the Beat » à mon nom parce que David Shaw, c’est pas très bandant tout seul. Shaw est un nom très commun en Angle-terre, un peu moins que Smith, mais c’est assez bateau quand même.

Est-ce que tu penses que cette attirance que tu as

pour le rythme vient de tes origines indiennes (David

a grandi à Manchester, et son père est d’origine

indienne, ndlr) ?

Exactement ! Je ne sais pas d’où tu tiens ça !

davId sHaW & tHe beat

BeauTé TOXIque

Page 42: Le Bonbon Nuit 26

40 — Nuit

Quand j’étais gosse, ma mère écoutait de la pop de son époque, tandis que mon père passait beau-coup de disques de musique indienne. J’ai été très tôt éduqué aux sonorités des cithares et des tablas. C’est quelque chose qui m’a vraiment formé.

À quoi ressemblerait le « beat » de la nuit ?

À quelque chose de lent, pas parce que c’est une mode qui apparemment est en train de revenir, mais parce que ça te permet de danser plus long-temps. Et plus tu restes proche du rythme car-diaque, plus la sensualité et la transe sont rendues possibles.

Tu as été musicien du groupe Blackstrobe (gui-

tare, basse et clavier) aux côtés d’Ivan Smagghe et

d’Arnaud Rebotini. Tu as des nouvelles de Smagghe ?

Arnaud, je suis toujours en contact avec lui, Ivan, j’ai de ses nouvelles de temps en temps. J’’ai eu un super mail de sa part par rapport à l’album, ce qui m’a beaucoup touché. Et je lui dois énormément, parce qu’il m’a permis de mixer l’album dans son studio à Londres.

Tu peux nous parler du tatouage que tu as sur

l’avant-bras gauche ? (Il remonte sa manche) C’est un réglage de rail de 707 que j’avais noté au stylo Bic sur mon bras quand que je bossais aux studios Mains d’Œuvres. Ma copine de l’époque avait vu ces traits et avait aimé la dynamique, elle m’avait alors suggéré de me les faire tatouer. J’en ai d’autres, je suis très tatouages un peu cons, j’aime bien les petits des-sins enfantins ou les trucs de taulard. Pour le petit coup de pub, je vais chez une excellente tatoueuse à Lyon qui s’appelle Dodie.

Finders Keepers, Like Swans, Single Serving ou

Infected sont des chansons qui traitent des amours

désenchantées… Où vas-tu chercher ce sentiment

de « Je t’aime moi non plus » et des amours veni-

meuses ? Tu es malheureux en amour ?

Non, je n’ai jamais vraiment eu de soucis… Encore une fois, mon obsession - tu remarque-ras que je suis un garçon très obsessionnel - c’est la complexité des rapports humains, c’est là où je puise une partie de mon inspiration. Tu te rends compte qu’il y a des schémas beaux et tragiques qui reviennent souvent en amour, que tu vis per-sonnellement ou que tu apprends d’autres per-sonnes… Par exemple, une chanson comme Single Serving Friend traite des rencontres d’un soir, exprime des choses très fortes alors que ce type de relation paraît superficielle : des vies se croisent, c’est complètement éphémère, et cela peut être malgré tout super intense.

David Shaw and The Beat

“J’aIMe voIr Les corPs

danser, […] J’aIMe L’Idée de

La transe au sens

ProPre du terMe,

son côté « bayou ».”

Page 43: Le Bonbon Nuit 26

41 — Nuit

Comment as-tu écrit Transe in Mexico ? C’est vrai

que tu l’as conçu très vite au Point Éphémère sur un

mix de Maurizio Rebolledo ? Oui, je lui avais demandé en 2010 de faire un remix de Guns Stubs. Et on avait fait une release party de cet EP au Point Éphémère. Après mon live, forcément, j’ai lâché un peu de lest (il se racle la gorge), et pendant que Rebolledo faisait son mix, j’ai eu une espèce d’hallucination auditive, j’ai entendu une mélodie qui m’a vraiment fait tri-per. Du coup, j’ai couru dans les backstages pour chantonner cette mélodie devant le magnéto de mon téléphone, histoire d’en garder une trace. Quelques jours après, j’enregistrais cet air toxique en studio, j’étais content car ce morceau s’est écrit assez vite, je bosse d’habitude beaucoup plus len-tement.

Tes références sont nombreuses sur cet album. Tu

peux nous en citer quelques-unes pour situer ta

musique à nos lecteurs.

Je me rends compte que plus je vieillis, plus je reviens vers des choses qui m’ont marqué quand j’étais jeune, comme Prince, INXS, Initials B.B. de Gainsbourg, Wire… Mais aussi Nitzer Ebb, Nine Inch Nails, The Orb, Aphex Twin. Mes références sont vraiment un mélange de tout ça en fait. À un autre niveau, je suis aussi un fan d’AC/DC pour le groove, qui finalement est un groove de blues. Sans pour autant rentrer dans le truc « Oui, alors moi, mes racines c’est le blues, etc. » Je n’aime pas simplifier ou unifier les choses, je préfère la plu-ralité.

So It Goes est le titre de l’album et du dernier mor-

ceau y figurant. Je crois qu’il y a une sorte de clin

d’œil derrière cette expression... Par nostalgie, je regardais souvent à une époque des extraits sur YouTube de So It Goes, une émis-sion de Tony Wilson sur Granada Television entre 1976 et 1977. C’était un peu le Top of the Pops de l’époque, mais en plus quali. Du coup, le début

du générique de ce show télé m’a inspiré pour composer cette piste. Et puis « So it goes », c’est aussi une expression qui veut dire : « Ainsi vont les choses », « C’est parti ! », « Press play », c’est pour cette raison que j’ai appelé l’album de la sorte. C’était pour dire : « Voilà ce que j’ai fait, et voilà ce que ça donne. »

Quelles sont les différences entre la nuit mancu-

nienne et la nuit parisienne ? On boit dix fois plus là-bas qu’ici, c’est indéniable ! À Paris, ça râle sans doute beaucoup plus, mais je pense que l’on est plus ouverts sur les influences musicales étrangères, il y a moins cette fierté du « made in England ».

Tu es Manchester City ou Manchester United ?

City, maid, City ! Mais en même temps je m’en balance complètement, je dis ça parce que mes cousins sont City, et si je dis United, je me fais étriper ! (rires)

Les lieux où tu aimes flâner à Paris la nuit ?

Il y a des chiottes que j’ai vachement aimés récem-ment, mais je ne me rappelle plus où ils se situent. C’est un peu mon problème, j’ai des soucis de mémoire la nuit…

Ton alcool préféré ?

La téquila ! J’adore la téquila paf. Gamin, je me prenais aussi des cuites avec des pintes de cidre.

Ton remède contre la gueule de bois ? Une bonne grosse bière, avec un gros burger ou un petit déjeuner anglais bien gras.

David Shaw and The Beat

So It Goes/Her Majesty’s Ship

≥ http://soundcloud.com/davidshawmusic

David Shaw and The Beat

Page 44: Le Bonbon Nuit 26

42 — Nuit

le Bon livre

® Violaine Schütz Ω Steve Vaccariello

Ice-T, rappeur devenu inspecteur de police sur les

écrans avec New York, unité spéciale raconte son

passé de gangster dans un livre aussi haletant qu’un

épisode de la série culte, diffusée sur TF1. Ice, Ice,

baby !

Les téléspectateurs connaissent le visage de Tracy Marrow alias Ice-T car il incarne depuis des années l’un des personnages les plus attachants de la série américaine à succès New York, unité spé-ciale, l’inspecteur Fin Tutuola. Mais Ice a été avant cela un rappeur important. Et encore avant ça, un gansgter, un vrai, presque comme ceux qu’il pour-chasse aujourd’hui à l’écran. Dans son autobio-graphie qui sort en France ce mois-ci, il revient, dans un langage cru et sans détours, sur sa carrière de voyou et ses débuts difficiles dans la vie. L’en-fance est malheureuse : Ice est orphelin (« l ’ab-sence d’amour nourrit la rage » écrit-il), et grandit dans une famille d’accueil. Ado, il pratiquait la breakdance autant que le crime (tirer des sachets d’herbe, voler des autoradios) dans le quartier mal famé de South Central à Los Angeles, s’associant aux affaires des gangs locaux (il faisait partie du gang des Crips). En gros, l’idée c’était « marche ou crève », devenir un caïd, pour ne pas se faire trouer la peau par une balle. Il trouve une forme d’amour dans la fraternité du gang des Crips. « C’est la nature humaine. On a toujours eu des armées, des équipes et des bandes. » Inspiré par Iceberg Slim (un truand, auteur de livres et de poèmes), il se donne le surnom d’Ice-T. Il s’engage ensuite pendant quatre années au sein

de la 25e division d’infanterie de l’armée amé-ricaine. Pendant sa dernière année à l’armée, il apprend à mettre des vinyles sur une platine. Quand il revient à L.A. fin 70, il commence à faire du rap et au début des années 80, sur les conseils de son entourage, enregistre ses premiers singles. Il s’imposera vite comme un personnage impor-tant dans le milieu du rap West Coast et inventera quasiment à lui tout seul le gangsta rap. Sa car-rière dans le crime prend alors, aussi, de l’ampleur. Il applique ce qu’il a appris à l’armée (discipline, frustration, organisation, gestion de mission), au sein de la célèbre division « Éclair des tropiques », dans la rue pour dévaliser des coffres-forts dans des coups en bande lentement préparés à l’avance. Un accident de voiture dans lequel il frôle la mort le convaincra de mettre fin à la vie de caïd pour se consacrer à autre chose. Il tournera dans une cinquantaine de films, jouera dans sa propre série de télé-réalité avec sa femme aux formes plantu-reuses (Ice loves Coco) et atteindra un degré de notoriété rarement égalé pour un ancien bad boy. Celui qui résume son histoire ainsi : « Ma vie a été une grande histoire/ Dans une guerre absolue/ Dois-je faire le bien ? Dois-je faire le mal ?/ Faire la paix ou devenir dingue ? » a appliqué l’un de ces textes de chansons qui imposent le respect : « Il ne s’agit pas de monter le plus haut possible/ Il s’agit de pouvoir reculer si c’est nécessaire. »

Ice-tSOuS la GlaCe, le Feu

Ice, Mémoires de ma vie de gangster et de ma

rédemption - Ice-T et Douglas Century G3J éditeur

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43 — Nuit

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44 — Nuit

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45 — Nuit

Souvent décrit comme le précurseur de l’électro

clash, KaS Product avait certainement de l’avance

sur son temps. À partir d’énormes synthétiseurs

achetés à prix d’or, Spatsz et Mona, dans une

ambiance froide post-choc pétrolier, ont réussi à

combiner l’héritage punk à l’avant-garde électro-

nique. Trente ans après, c’est le label Ici d’ailleurs

qui réédite leurs deux premiers albums Try Out et By

Pass avec une tournée française à la clé. Rencontre

tout en douceur, entre Perrier et cafés crèmes au

Crowne Plazza de République.

Comment s’est passée votre rencontre au début des

années 1980 et la découverte du synthétiseur ?Mona : Un ami à moi qui jouait du saxophone m’a invitée chez Spatsz que je ne connaissais pas du tout. Je me suis retrouvée dans la cave d’une petite maison avec des synthés partout, c’est la première fois que je voyais ça. Et on a fait beau-coup de bruit...Spatsz : C’était deux ans avant KaS Product, je revenais d’Amérique du Sud où j’étais parti bosser pour me payer un synthétiseur. Et à l’époque, ça coûtait bien un an de salaire.

Pourquoi cette fascination pour le synthé ?

S. : Je jouais de la basse dans un groupe et je n’étais pas satisfait du son. Je cherchais l’originalité. Au

départ, notre musique était purement expérimen-tale et c’est au bout de deux ans que KaS Product est né, quand on a rajouté la guitare.M. : Je me rappelle que dans cette cave la pre-mière fois, il s’était foutu de ma gueule quand j’ai commencé à chanter car j’avais encore des tics de chanteuse de jazz et ça ne collait pas vraiment à sa démarche post-punk. Mais au final, on s’est trou-vés très vite.

Un an après, vous êtes en première partie de Mar-

quis de Sade, comment s’est passée la tournée ?

M. : Après deux 45 tours relayés surtout dans la presse étrangère, Take Me Tonight a commencé à passer dans des boîtes de Rennes et Hervé Bor-dier, le créateur des Transmusicales et le manageur de Marquis de Sade à l’époque, nous a contactés. On avait fait que deux ou trois dates, c’était donc un vrai défi. D’autant plus que rien n’était financé, on devait se débrouiller avec notre voiture, nos propres moyens.

Votre dernier album Ego Eye sort en 1986. Deux ans

après vous vous séparez avant un retour en force

dans les années 2000. Comment avez-vous vécu ces

années dans l’ombre du grunge notamment ?

S. : On a continué à travailler sur des maquettes sans l’idée de sortir un nouvel album. Ça ne s’est

le Bon retour

® Pierig leray Ω DR

Kas Product

l’aVaNT-GaRDe SYNTHéTIque

Page 48: Le Bonbon Nuit 26

46 — Nuit

jamais vraiment arrêté. On faisait chacun des choses éloignées de KaS Product. Moi, j’ai tra-vaillé dans la musique de film, Mona avait ses projets en solo.M. : J’ai travaillé avec Fréderic Lagnau, compo-siteur attitré de l’Opéra d’Évreux, un pianiste virtuose qui s’est lancé avec moi dans le sampler. Mais c’était incasable dans le milieu musical de l’époque donc rien n’est sorti. Mais je me suis vraiment nourrie de cette rencontre.

Puis viennent les années 2000 avec So Young But So

Cold et Des jeunes gens modernes, des compilations

qui reprennent chacun de vos titres. Comment expli-

quez-vous ce retour ?

S. : Il y a eu l’avènement de l’informatique musicale début 2000. Et les gens ont utilisé des émulations de synthétiseurs. C’est devenu une mode alors que nous à l’époque, on n’utilisait pas de séquenceurs, et on faisait tout manuellement. Cette période a été un vrai retour à l’électro. The Hacker nous cite d’ailleurs en référence pour remixer l’un de nos titres début 2000. M. : C’est fun de revenir après tout ce temps, chanter des morceaux que l’on a écrits à 20 ans et se retrouver devant un public multigénérationnel.

Moi, je suis attristé par la période actuelle qui est

tombée dans de l’électro facile, les gamins ne réflé-

chissent plus, n’ont plus de culture musicale. Qu’en

pensez-vous ?

M. : Oui, il n’y a plus de recherche, plus de ques-tionnement. C’est une mode et la musique est une consommation. S. : Aujourd’hui, il y a des gens qui te mâchent le boulot, on retrouve des albums de loops, ils pio-chent dedans et créent du rythme sans créativité. C’est le phénomène actuel, c’est très faible au niveau créatif. Tout s’uniformise. Avant c’était un risque de travailler avec des loops, maintenant on en retrouve partout.

KaS Product

“Le rocK s’est

InstItu-tIonnaLIsé et ça Pèse.

ça Peut tuer La

créatIvIté. Le MIeux

est d’être dans L’In-confort.

et auJour-d’HuI,

IL n’y a PLus d’In-confort

donc MoIns de

créatIvIté.”

Page 49: Le Bonbon Nuit 26

47 — Nuit

Vous avez fait quelques lives de temps en temps,

aux Eurockéennes notamment. Avec la réédition

de ces albums, vous vous lancez dans une véritable

tournée. Ça correspond à une vraie envie de remon-

ter sur scène ?

M. : On est super heureux de le faire. C’est un vrai choix de notre part.S. : Et il y avait une vraie demande depuis des années, pas particulièrement en France, mais dans toute l’Europe. On n’a jamais pu accepter les pro-positions pour diverses raisons et notamment le fait que Mona habite aux États-Unis. On a refait un concert à Nancy l’année dernière, ça nous a permis de nous tester. Ça s’est si bien passé que l’on a décidé d’organiser une tournée. La demande est là et les dates sont tombées facilement. Mais chose surprenante, il y a aussi une vraie demande en Amérique du Sud par exemple. M. : J’aime que la musique transcende les âges. Et des jeunes qui connaissent nos paroles par cœur, c’est dingue. Le mélange que l’on a retrouvé notamment à Mars Attack à Marseille, c’est génial.

Et quelle est la véritable motivation de cette réédi-

tion ?

S. : Il y a déjà eu deux rééditions en 1995 et 2005. Tout a été vendu et il n’y a pas eu de réimpression. On a cherché un peu et le label Ici d’Ailleurs nous a contactés. En plus des deux CD, on a souhaité rééditer en vinyle avec un maxi 45 tours et des bonus tracks. Et enfin des versions numériques, ce qui n’existait pas encore, excepté sur le Peer To Peer, mais là-dessus on s’en fout et on n’a aucun jugement par rapport à ça. La musique est faite pour être véhiculée alors que ce soit par ce moyen-là ou par un autre c’est très bien. On ne peut pas raisonner par et pour l’argent quand on crée de la musique. On n’a jamais fonctionné comme ça.

Y a-t-il de la dérision et de l’humour dans votre

musique ? Est-ce que vous ressassez, retravaillez le

son du passé pour en rire ensuite ?

S. : Tout à fait, mais c’est une analyse a posteriori. Quand on l’a fait, on n’a jamais pensé ça une seconde. Il y a une attitude de détachement, de recul par rapport à notre musique.

Aujourd’hui, cette distance et ce recul manquent

justement par rapport à la musique, non ?

S. : Oui, je pense. On travaille avec la nouvelle génération et les gens se prennent énormément au sérieux. (rires) Ce n’est pas pour dire « c’était mieux avant » mais c’était quand même plus cool dans les années 1980. Tout est normalisé. Le rock s’est institutionnalisé et ça pèse. Ça peut tuer la créativité. Le mieux est d’être dans l’inconfort. Et aujourd’hui, il n’y a plus d’inconfort donc moins de créativité.

Si vous pouvez me citer une œuvre culturelle qui

vous a marqués plus qu’une autre ?

M. : eraserhead de David Lynch, que l’on a décou-vert à New York dans un petit cinéma à l’époque où l’on enregistrait le second album. Ça nous a vraiment touchés.

KaS Product

≥ www.kasproduct.com

Réédition de Try Out et By Pass (Ici d’Ailleurs), leurs

deux premiers albums.

Avec une tournée française et notamment un

concert à la Machine du Moulin Rouge le 14

novembre avec le groupe Von Magnet.

Merci à Germain Hezard.

KaS Product

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48 — Nuit

Vendredi 02/11 23h La Machine du Moulin Rouge 15 €

≥ Wide Style #14 : Dj Vadim & Nosaj Thing23h Le Social Club 13 €

≥ The Burn Weekender Day 1 avec Dusty Kid00h Le Rex 15 €

≥ Automatik Spécial Definitive Recordings avec

John Acquaviva

Samedi 03/11 23h La Villette Enchantée Gratuit

≥ Gouru invite David Shaw 00h Le Rex 15 €

≥ Correspondant avec Andrew Weatherall

Mardi 6 /11 19h30 La Machine du Moulin Rouge 25 €

≥ Flying Lotus Live Video & Thundercat

Mercredi 07/11 23h Le Social Club Gratuit

≥ Stendhal Syndrome avec Bakermat

Jeudi 08/11 20h La Machine du Moulin Rouge 30 €

≥ Chinese Man and Friends

Vendredi 09/11 19h Le Glazart 15 €

≥ Low Leaf23h30 Le Showcase 12 €

≥ Herzblut Vs Systematic avec Stephan Bodzin

Samedi 10/11 00h Le Nouveau Casino 14 €

≥ Sound Pelligrino Thermal Team Plays Hip Hop All

Night Long

Dimanche 11/11 00h Le Rex 15 €

≥ Ostgut Ton présente Marcel Dettmann

Jeudi 15/11 20h Le Point Éphémère 17 €

≥ The Soft Moon20h La Bellevilloise 19 €

≥ Joey Badass ft. Pro Era

Vendredi 16/11 23h30 Lieu Secret 13 €

≥ Bon Esprit #2 avec Rebotini et Maelstrom

Vendredi 16/11 20h Le Wanderlust Gratuit

≥ David Caretta, Scratch Massive et Prince 85 23h30 Le Nouveau Casino 10 €

≥ MESS : Riva Starr, Olibusta, Mathieu 1000000 &

Shandor Posch00h Le Rex 12 €

≥ Pachanga Boys “We Are Really Sorry” Release

Party

Dimanche 18/11 22h Le Rex 10 €

≥ Cockorico, Ich Bin Cocko! avec Todd Terje

Vendredi 23 /11 23h La Machine du Moulin Rouge 22 €

≥ Jeff Mills (All Night Long) : Axis Records 20th

Birthday Party23h La Bellevilloise 15 €

≥ 1 Night 4 Labels00h Le Rex 12 €

≥ Casa Nostra avec Agoria

Samedi 24/11 20h La Bellevilloise 30 €

≥ Shuggie Otis23h La Bellevilloise 12 €

≥ Free Your Funk : Dj Pone, Crazy B et DJ Need (BNN)23h30 Le Showcase 12 €

≥ Secretsundaze Feat. Giles Smith And James

00h Le Rex 12 €

≥ Transsektoral Release Party avec Jimmy Edgar

Jeudi 29/11 18h Galerie 12Mail Gratuit

≥ Vernissage Susumu Mukai - Animas

Vendredi 30 /11 23h La Machine du Moulin Rouge 15 €

≥ Coffee & Marmelade#1 avec Skudge00h Le Rex 12 €

≥ Astroclub // We Want To Rave On avec Derrick May

Samedi 01/12 00h Le Nouveau Casino 12 €

≥ Paris La Nuit Party

Envoyez votre prog à : [email protected]

le Bon agenda

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