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RAPPORT FINAL DE PROJET COLLECTIF SOUMIS A L’INSTITUT DE LA BANQUE EUROPEENNE D’INVESTISSEMENT QUEL AVENIR POUR LE PATRIMOINE ARCHITECTURAL MILITAIRE ? LE CAS DE LA FORTERESSE DE BRIANCON Loïc AH-SON Camille LE Olivier PATE Christelle SAVALL Gabrielle SCHARFMANN

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RAPPORT FINAL DE PROJET COLLECTIF

SOUMIS A L’INSTITUT DE LA BANQUE EUROPEENNE D’INVESTISSEMENT

QUEL AVENIR POUR LE PATRIMOINE ARCHITECTURAL MILITAIRE ? LE CAS DE LA FORTERESSE DE BRIANCON

Loïc AH-SON Camille LE

Olivier PATE Christelle SAVALL

Gabrielle SCHARFMANN

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When we build, let us think that we build for ever. John Ruskin

Nous tenons à remercier particulièrement les personnes qui ont rendu possible l’avancée et la réalisation de notre projet, en particulier :

L’Institut de la Banque Européenne d’Investissement (BEI), représenté par Bruno Rossignol, Rémy Jacob, Campbell Thomson

Le maire de Briançon Gérard Fromm, son directeur de cabinet Vincent Faubert Isabelle Fouilloy, conservateur en chef du patrimoine de Briançon

L’office de tourisme de la ville de Briançon Laurent Meyer, responsable du pôle d’innovation économique d’Altipolis

Marie-Aude Puy, directrice de l’office de tourisme de Serre-Chevalier-Briançon L’équipe des projets collectifs de Sciences Po

Guy Clausse d’Europa Nostra Tina Pedersen pour son accueil chaleureux au bureau parisien de la BEI

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Table des Matières Données chiffrées sur Briançon ………………………………………………………………………………… 3 Quelles perspectives pour le patrimoine architectural militaire ? ……………………………….. 5 Résumé opérationnel ……………………………………………………………………………………………… 10

I. Projets de reconversion ………………………………………..………………………….………….12

A. Fort Dauphin ………………………………………………………………………………………………..12 1. Situation/description ………………………………………………………………………….12 2. Atouts/problèmes ……………………………………………………………………………....12 3. Projet envisagé …………………………………………………………………………………...12 4. Pistes de financement …………………………………………………………………………15

B. Communication Y …………………………………………………………………………………………15

1. Situation/description ………………………………………………………………………….15 2. Atouts/problèmes ………………………………………………………………………………15 3. Projet envisagé …………………………………………………………………………………...16 4. Pistes de financement …………………………………………………………………………22

C. Fort du Randouillet ………………………………………………………………………………………22

1. Situation/description ………………………………………………………………………….22 2. Atouts/problèmes ………………………………………………………………………………23 3. Projet envisagé …………………………………………………………………………………...24 4. Pistes de financement …………………………………………………………………………27

D. Fort des Salettes ……………………………………………………………………………………………28

1. Situation/description ………………………………………………………………………….28 2. Atouts/problèmes ………………………………………………………………………………29 3. Projet envisagé …………………………………………………………………………………...30 4. Pistes de financement …………………………………………………………………………30

II. Financements de la restauration …………………………………………………………….. 31 Annexes ……………………………………………………………………………………………………………….... 33

Plans de financement Modèles économiques Cartes Fréquentation touristique

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Quelques données chiffrées sur Briançon

Nombre d’habitants : 12573 (INSEE 2013) +271 habitants en un an Variation de la population - taux annuel moyen entre 2007 et 2012 : +1,2%

- dont variation due au solde naturel : +0,5% - dont variation due au solde apparent des entrées et sorties : +0,7%

Superficie : 28,1 km² Taux d’activité des 15-64 ans : 75,5% Taux de chômage des 15-64 ans : 9,2% (4ème trimestre 2015)

Budget de fonctionnement 2014 : 23,19 millions d’euros. En baisse de 6,27% par

rapport à 2013 Charges de fonctionnement 2014 : 20,221 millions d’euros. En baisse de 2,31% par

rapport à 2013 Dette au 31/12/2009 : 77,535 millions d’euros Dette au 31/12/2013 : 68,381 millions d’euros Dette au 31/12/2015 : 63,165 millions d’euros

Tourisme dans Serre-Chevalier Vallée :

Capacité d’accueil en nombre de lits : 51 677 en hiver 2014, 51 697 en hiver 2015 Nombre de nuitées : 1 473 700 en hiver 2014, 1 552 200 en hiver 2015. Soit 5,3%

de hausse Festival “Les Médiévales” à Briançon : entre 12 000 et 15 000 visiteurs

Fig.1 Taux de chômage par trimestre à Briançon entre 2003-2014 et nombre de chômeurs dans la zone d’emploi sur la période 1996-2014. (Source INSEE 2014)

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Fig.2 Localisation des Forts

Fig.3 Tableau des distances

Fort des Salettes X 1,4km 1km 1,8km 900m vol d’oiseau / 10mn en voiture / 15mn à pied

Communication Y 1,4km X 660m 520m 920m vol d’oiseau / 10mn en voiture / 20mn à pied

Fort Dauphin 1km 660m X 1km 1,2km vol d’oiseau / 3km par la route/ 10mn en voiture / 20-

30mn à pied

Fort du Randouillet

1,8km 520m 1km X 1,5km vol d’oiseau / 20mn en voiture / 5km par la route /

50mn à pied

Briançon (vieille ville)

900m 920m 1,2km 1,5km X

FS CY FD FR Briançon Vieille Ville

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Quelles perspectives pour le patrimoine architectural militaire ?

La conservation et la gestion du patrimoine militaire constituent des problématiques relativement récentes. En raison de la diminution des effectifs militaires, mais surtout de la rationalisation (fusion des garnisons, disparition des armes et outils lourds), de nombreux bâtiments, voire des ensembles militaires entiers perdent leur utilité. Le patrimoine est alors laissé à la charge des autorités militaires, au niveau national ou cédé aux autorités locales. Afin de donner à ce patrimoine une nouvelle vie, de nombreux projets de reconversion se sont développés en France et dans les autres pays européens.

Au-delà des problématiques générales de financement de la restauration, d’imagination de projets innovants et de recherche d’investisseurs potentiels, l’étude de cas des forts de Briançon nous a permis de mettre en évidence certaines caractéristiques propres au patrimoine militaire. Ces atouts et inconvénients doivent alors entrer en ligne de compte pour imaginer des projets de reconversion.

A. Les atouts

Un aménagement des lieux fonctionnel : Le patrimoine militaire se caractérise

par des aménagements fonctionnels et utilitaires car dédiés à l’accueil permanent ou temporaire de troupes et au stockage de matériels. Par conséquent, des démolitions ou abattements, difficilement conciliables avec les exigences de conservation, ne sont pas toujours nécessaires pour réinvestir les lieux. Nos projets prévoient ainsi des réaménagements légers, sans dénaturation des lieux.

D’autre part, le patrimoine militaire ne présente pas d’éléments “superflus”, par choix des bâtisseurs pour des raisons pratiques (exemple : absence de fontaines ou jardins, mobilier fragile). Les projets de reconversion ne souffrent donc pas de la prise en compte de ces éléments.

En conséquence, il est relativement aisé de se projeter dans le passé et d’imaginer l’ancienne atmosphère des lieux, ce qui constitue un atout non négligeable pour convaincre les investisseurs.

Une solidité matérielle des structures : Conçu dans une optique défensive, le patrimoine militaire se caractérise par une grande solidité des structures. Le matériel choisi, la pierre généralement, nécessite peu d’entretien et résiste aux intempéries et agressions du temps.

Ainsi, force est de constater que si de nombreux effondrements ont abîmé les forts de Briançon, leur état de conservation reste remarquable malgré leur quasi abandon pendant plusieurs dizaines d’années.

La solidité des structures permet d’obtenir ainsi des coûts de consolidation et reconstruction moins élevés. D’autre part, les projets ne seront pas restreints par la problématique de fragilité des lieux.

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B. Les points faibles

Un caractère monumental : Le patrimoine architectural militaire se caractérise

par des surfaces très importantes sur des espaces extrêmement étendus. Les lieux devaient en effet pouvoir accueillir des centaines d’hommes et du matériel encombrant.

En conséquence, les projets de reconversion demandent des moyens extrêmement élevés. Dans un premier temps, les travaux de restauration demanderont un temps considérable, des moyens matériels et humains importants. Ensuite, les investissements nécessaires pour réinvestir l’espace seront coûteux. Enfin, le coût de l’entretien ne devra pas être négligé.

Dans le cas des forts de Briançon, nous nous sommes ainsi résolus à développer des projets sur les “petits” forts des Salettes, Dauphin et de la Communication Y ainsi que sur une portion limitée du fort du Randouillet.

Situation : Les emplacements des structures militaires sont guidés par des choix stratégiques de défense : frontières, littoraux, cols montagneux, fleuves…

Deux inconvénients peuvent alors en découler :

Le patrimoine militaire peut se situer dans des régions périphériques et peu peuplées, au potentiel économique limité ou ne faisant pas l’objet d’une politique de développement. Les efforts de reconversion s’en trouveront peu encouragés. Cette problématique est d’autant plus exacerbée lorsque les collectivités locales sont propriétaires des structures. En effet leurs moyens sont aussi limités que leur taille est réduite. La charge économique de la reconversion ne peut alors être supportée.

D’un point de vue pratique, l’accessibilité peut aussi être compliquée : régions montagneuses, îles, climat extrême…

Les projets de reconversion peuvent alors directement pallier ces problématiques en augmentant leurs investissements (exemple : mise en place d’une ligne de ferry pour une île) ou les contourner.

Dans le cas du fort du Randouillet, dont l’accès est difficile, nous avons ainsi choisi la seconde option en imaginant un projet supposant une faible fréquentation humaine plutôt qu’un projet intégrant la construction d’un téléphérique.

Esthétisme : Le patrimoine militaire présente des caractéristiques esthétiques

limitées, n’étant pas conçu pour répondre à des impératifs de beauté. D’autre part, il n’y a généralement pas de mobilier rattaché.

Dès lors, les projets imaginés peuvent difficilement se limiter à de simples visites touristiques. Le nombre de visiteurs serait insuffisant pour assurer la rentabilité des lieux.

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Ainsi seul le projet du fort des Salettes, en très bon état et présentant des caractéristiques architecturales exceptionnelles, peut se reposer sur la seule visite des lieux.

Nous considérons au regard des éléments précités que le patrimoine militaire doit être appréhendé de manière autonome, en prenant en compte sa spécificité. La conciliation de ses atouts et inconvénients dans les projets de reconversion ne nous paraît pas impossible. Aucun inconvénient n’est véritablement prohibitif à condition de faire preuve d’imagination mais aussi de réalisme.

Quelle est la spécificité de Briançon ?

A. Spécificité française

Il convient de rappeler que la reconversion du patrimoine obéit en France à une réglementation stricte dans le but d’assurer son intégrité. Les immeubles classés ne peuvent être détruits ou déplacés, même en partie, ni être l’objet d’un travail de restauration, de réparation ou de modification sans permission de l’autorité en charge des monuments historiques, la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) et l’architecte des Bâtiments de France. Les autorités compétentes effectuent par ailleurs un suivi tout au long des travaux et des sanctions sont prévues en cas de non-respect de la réglementation.

S’agissant des projets de reconversion, qui demandent généralement des modifications et non une simple restauration, la réglementation ne précise pas formellement les limites aux modifications envisagées, ce qu’entend l’expression “maintien de l’intégrité”. L’architecte des Bâtiments de France dispose donc d’une grande latitude.

Il ressort néanmoins de nos recherches et discussions avec Mme Fouilloy, conservateur en chef du patrimoine de Briançon, que les autorités françaises font preuve d’un certain conservatisme quant à la nature des modifications autorisées. Celles-ci doivent ainsi être minimes et ne dénaturer ni l’aspect extérieur ni l’architecture intérieure des lieux. Cette contrainte n’existe pas dans tous les pays européens. L’Italie autorise ainsi des modifications conséquentes à l’intérieur des bâtiments dès lors que l’aspect extérieur est conservé (exemple de la citadelle d’Alessandria dans le Piémont voisin).

Dès lors, les projets de reconversion, en France, doivent prendre en compte cette problématique et ne pas envisager de modifications trop conséquentes. Nos projets s’y sont attachés.

B. Spécificité par rapport aux autres sites du réseau Vauban

Le Réseau Vauban est une association loi 1901 créée en 2005, qui fédère les douze sites fortifiés construits par Sébastien Le Prestre de Vauban (1633-1707) inscrits sur la Liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO. Selon le site Internet du Réseau, sa mission est triple :

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Coordonner les actions des villes responsables de la gestion des fortifications de Vauban inscrites sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, en collaboration avec les services de l’Etat ;

Favoriser le développement d’un réseau d’échanges performant en matière d’entretien, de restauration, de conservation, de valorisation et d’animation touristique et culturelle des sites de Vauban ;

Développer un centre de ressources d’envergure internationale sur le thème de la gestion du patrimoine fortifié de Vauban.

Fig.4 Villes membres du Réseau Vauban

Il nous a paru intéressant lors de nos recherches préliminaires de nous pencher sur quelques projets de reconversion qui ont été menés dans différentes villes du Réseau. En voici des exemples :

A Arras, une rénovation dans la citadelle conduite par la société Histoire et Patrimoine, spécialisée dans la réfection de monuments historiques, a permis la création de soixante appartements, pour un coût de 14 millions d’euros. Un datacenter a notamment été installé au sein de la poudrière en 2014. Les commerces ne sont pas encore installés dans l’enceinte Vauban mais celle-ci est appelée à devenir un lieu de vie à part entière.

A Besançon, un projet semblable est en cours de réalisation. Il consisterait en la construction d’un “éco-quartier” composé de 800 logements, de bureaux et d’équipements publics.

A Camaret-sur-Mer, la commune prévoit d’installer un Centre d’interprétation dans la tour Vauban. Il s’agira de rendre accessible l’histoire du monument à tous, ainsi que celle des autres sites construits par Vauban en Bretagne. Une tablette tactile serait distribuée aux visiteurs afin de rendre leur expérience la plus profitable possible.

A Villefranche-de-Conflent, en saison touristique (de juin à fin septembre), les visiteurs ont la possibilité de déguster des spécialités catalanes sur la terrasse du Fort Libéria.

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A Mont-Louis, en 1947, le premier four solaire expérimental est installé. Source d’énergie inépuisable, il permet de cuire des céramiques ou des poteries, ou de fondre des matériaux. Des visites guidées y sont organisées.

Si ces projets nous renseignent sur les possibilités de reconversion du patrimoine militaire, il convient de souligner que les situations, notamment géographiques, de chaque site sont très différentes. Si l’on prend l’exemple d’Arras, la reconversion de la Citadelle en logements est d’autant plus facilitée que cette dernière se situe au cœur de l’agglomération. En revanche, le cas de Briançon présente des difficultés bien spécifiques que nous avons dû prendre en compte lors de l’élaboration de nos projets de reconversion :

L’étendue géographique du site : ce sont plusieurs centaines d’hectares qui sont couverts par les cinq forts Vauban.

Les conditions climatiques : en hiver, l’eau s’infiltre dans les fissures et gèle, faisant éclater les pierres.

L’accessibilité des forts : situés en dehors de la ville, seules des pistes dans la montagne, praticables à pied ou en 4x4 permettent les visites.

La situation financière de la commune qui ne peut participer que symboliquement aux travaux.

Expliquer les échecs précédents

Dans la mesure du possible, nous avons donc conçu nos projets en tenant compte de ces difficultés, en privilégiant la faisabilité et la rentabilité économique. En effet, d’autres projets ont déjà été proposés pour la reconversion des forts de Briançon mais n’ont pas donné suite à une réalisation concrète pour diverses raisons :

Coût prohibitif des investissements envisagés : un certain nombre de projets hôteliers ont été envisagés pour le fort des Têtes, lesquels impliquaient plusieurs dizaines de millions d’euros d’investissement. De tels projets nécessitaient alors de trouver des investisseurs capables d’engager de tels montants, ce qui n’a pas été le cas.

Absence de prise en compte des contraintes climatiques : un projet de reconversion du fort des Têtes envisageait l’installation d’un golf, lequel nécessite un climat tempéré pour préserver les pelouses. Les températures hivernales à Briançon, extrêmes, auraient cependant entraîné la gelée de ces pelouses.

Absence de prise en compte des contraintes d’accessibilité : plusieurs projets de reconversion impliquaient l’installation d’un téléphérique pour accéder aux sites. Les coûts d’installation d’un téléphérique avoisinent les 10 millions d’euros et sont difficilement amortissables. La mairie ne dispose par ailleurs pas des moyens de financer un tel équipement.

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Résumé Opérationnel

Ce résumé présente les différentes possibilités d’aménagement et de reconversion

des forts Dauphin, Randouillet et de la Communication Y de Briançon. A partir d’expériences similaires conduites dans d’autres sites du Réseau Vauban et compte tenu de la situation particulière de Briançon, nous avons imaginé des solutions qui se veulent originales et attractives pour les investisseurs. Ces solutions devraient générer un revenu conséquent et permettraient à ces sites classés au patrimoine mondial de l’UNESCO, d’une grande valeur historique et architecturale, de retrouver une seconde vie. Les calculs peuvent être trouvés en annexe.

Fort Dauphin

Le Fort Dauphin, situé à 1540m d’altitude, a l’avantage d’offrir un panorama exceptionnel sur la Vallée de la Durance. Sa configuration et sa surface disponible sont idéales pour l’installation d’un restaurant de cuisine traditionnelle ou gastronomique qui pourrait attirer autant les Briançonnais que les touristes qui viennent visiter la ville chaque année. Des artisans vendant des produits culinaires et manuels traditionnels trouveraient également demeure dans le fort. Enfin, les visiteurs pourraient passer la nuit dans une des deux chambres minimalistes mises à disposition, afin de retrouver un contact auprès de la nature. L’idée serait ainsi de créer une sorte de centre gastronomique collaboratif, où tous les occupants vivraient en synergie.

Les investissements à réaliser correspondent à ceux d’un restaurant classique et s’élèvent à environ 325000 euros. Le projet sera rentabilisé en 5 ans, selon une hypothèse d’exploitation optimiste (voir annexe 1).

Une des conditions principales pour la réussite du projet réside dans l’accessibilité au site même en saison hivernale, époque de l’année à laquelle Briançon accueille un grand nombre de visiteurs.

Communication Y

La Communication Y offre de nombreuses possibilités d’aménagement. L’accessibilité aisée au site et son bon état général en font un lieu propice pour y créer un lieu de vie familial, culturel et sportif.

La configuration unique des lieux permet en effet d’installer des activités bon marché, originales pour Briançon et rapidement rentables rendant le lieu accessible et fréquentable à la fois par les locaux et les touristes. Ces installations comprendraient un espace cinéma modulable, un café où les produits locaux pourraient être mis en avant ainsi que de petites expositions dans le hall principal. Les installations sportives (escrime, tennis de table, tir à l’arc, zone d’adresse) seraient accessibles pour 10€ les deux heures ou 5€ pour une seule activité. Une partie de la Communication Y pourrait abriter des box à chevaux pour organiser des balades.

Les travaux de rénovation de la Communication Y sont estimés à 2 millions d’euros et les équipements à 150 000€ (en comptant la main d’œuvre). Le projet est rentable en 2 ans (voir annexe 2).

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Fort du Randouillet

Le fort du Randouillet est difficilement accessible et en mauvais état - à part les trois casernes mises hors d’eau. Le coût initial représenté par les travaux de mise en sécurité est absolument prohibitif (20 millions d’euros) et doit être pris en charge par des subventions. D’autre part, le fort est difficilement accessible : on ne peut envisager l’usage de la route, même après réfection, que pour les services essentiels. Tout projet fondé sur une venue du public dans le fort requerrait donc un téléphérique (à un prix sans doute hors de portée des finances locales).

Le projet de datacenter que nous avons envisagé dans ce fort a l’avantage de contourner le problème de l’accessibilité : la route existante peut suffire à la maintenance. Ce projet suivrait trois axes de développement non exclusifs : être un datacenter public local (sur le modèle du regroupement des services informatiques de la région Piémont), abriter les services informatiques de l’hôpital de la ville (pour suivre la politique de numérisation médicale de la Commission Européenne et du Gouvernement) et accompagner le développement de la région briançonnaise avec une offre de services destinée aux acteurs privés.

Le coût d’un datacenter est proportionnel à sa taille qui elle-même dépend de la stratégie de développement choisie. Nous avons effectué une simulation en reprenant les hypothèses du guide de la Caisse des Dépôts (janvier 2014, voir annexes) pour un datacenter de taille moyenne (500 m2). Le projet est rentable en 5 ans (voir annexe 3).

La taille du fort du Randouillet et sa situation rendent délicat d’imaginer y implanter une extension de la ville comme c’eût été idéalement le cas. De plus, la situation économique et financière de la ville, son implication pour la prochaine décennie dans le projet “Coeur de ville” rendent illusoire d’envisager un second projet de développement, surtout dans un lieu aussi particulier. L’idée du datacenter est donc d’accompagner le développement économique de la ville en la faisant devenir un centre de stockage avec un minimum d’investissement. Fort des Salettes

Nous aimerions développer l’attractivité du fort des Salettes qui est en parfait état et déjà ouvert aux visites à travers la mise en place d’une application. Elle pourrait être lancée à l’aide d’un financement participatif ou bien être intégrée à un projet plus large. Il serait intéressant de rassembler tous les forts dans cette même application, afin de limiter les coûts ainsi que gagner une audience plus large. On pourrait intégrer ce parcours de découverte à des applications existantes comme “Piste et Trésor” (iOS, Android, gratuite) qui fait découvrir de façon ludique le patrimoine aux enfants ou de façon plus traditionnelle dans “France audioguide” (iOS, Android, gratuite). Le financement de l’application pourrait être réalisé via un financement collaboratif (comme pour l’application “Balades fluviales” sur KissKissBankBank).

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I. Projets de reconversion A. Fort Dauphin

1. Situation / description

Le Fort Dauphin est situé à 1540m d’altitude. En relativement bon état, il fait actuellement l’objet de rénovations : des travaux de restauration du mur de traverse sur lequel s’appuie la caserne ont ainsi été lancés en juillet 2015. Ce fort présente la particularité d’avoir subi peu de transformations depuis sa construction, ce qui en fait un témoignage unique de l’architecture militaire de la seconde moitié du XVIIIème siècle.

En termes de structure, le fort Dauphin comprend surtout des fortifications, ainsi qu’un casernement et une poudrière. Le site occupe 4 ha ; la surface totale plancher est quant à elle de 1420m² (1300m² pour la caserne et 120m² pour la poudrière). La caserne comporte deux étages et deux cages d’escalier, abrite seize cellules pouvant accueillir environ 70 hommes. Une piste qui part de la ville de Briançon permet l’accès au site (20-30 minutes à pied, 10 en voiture), mais un deuxième accès pourrait être envisagé par le village de Fontenil.

En hiver, une meute de chiens de traîneaux est installée au sein du fort, ce qui en constitue la seule activité à l’heure actuelle.

2. Atouts / problèmes Le Fort Dauphin se distingue des autres par sa position géographique : il se situe en effet plus en retrait par rapport aux forts du Randouillet et des Salettes, et était destiné à l’origine à jouer le rôle de sentinelle auprès du fort des Têtes. L’accessibilité y est plus aisée que pour le fort du Randouillet, autant pour les piétons que pour les voitures. Enfin, sa position stratégique de protection du fort des Têtes permet aux visiteurs d’avoir une vue panoramique sur la vallée de la Durance. Le problème principal du fort Dauphin réside toutefois dans son accessibilité tout de même réduite : si nous avons pu utiliser un véhicule pour nous rendre jusqu’au site, la neige en hiver, si elle ne rend pas la piste impraticable du moins par les piétons, peut potentiellement apparaître comme un repoussoir.

3. Projet envisagé Afin de rendre le fort plus attractif, il faut donner une bonne raison aux visiteurs de faire le déplacement. Nous avons envisagé au début de notre étude deux principaux projets :

Faire de Briançon un pôle gastronomique. En 2014, Le Pêché Gourmand, situé en centre-ville, s’est vu décerner sa première étoile au guide Michelin, en faisant le premier restaurant étoilé de la ville. Un restaurant régionalement connu et reconnu, construit dans un cadre idéal - en retrait de la ville, au cœur de la montagne - pourrait donc potentiellement attirer les visiteurs et développer l’attractivité du fort.

Créer des hébergements touristiques haut de gamme. Le panorama exceptionnel sur la montagne et la vallée de la Durance forment un cadre idéal

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pour un hôtel surplombant la ville. La taille du fort ne permettant pas de créer plus d’une dizaine de chambres, l’hôtel serait plutôt conçu comme une maison d’hôtes conviviale à destination des clients étrangers aisés.

Nous avons choisi ici de nous focaliser sur la possibilité de créer un restaurant au sein

du fort, plutôt que sur les hébergements touristiques. En effet, les deux projets nécessitent un raccordement à l’eau et à l’électricité, ainsi qu’un système d’assainissement, mais la consommation du restaurant serait sans doute plus raisonnable que celle d’un hôtel, qui de toute façon ne peut être dissocié d’un espace de restauration. Si l’on construisait un tel complexe hôtelier, les investissements seraient énormes et difficilement amortissables. En revanche, le restaurant seul permettrait de développer le potentiel du fort tout en assurant des retombées financières, mais aussi économiques pour la ville.

Il faut avoir conscience que notre restaurant viendrait se placer en concurrence directe avec Le Péché Gourmand qui est déjà bien installé depuis presque six ans, et jouit de la réputation apportée par son étoile. L’enjeu consiste donc à miser sur un concept et une cuisine différents de ceux proposés par ce dernier. Le restaurant utiliserait des produits locaux, cultivés dans la région, voire, pourquoi pas, dans un jardin également situé dans le fort. Le concept d’un restaurant gastronomique et panoramique, mais aussi familial de par son fonctionnement, qui favorise la culture et l’utilisation des produits du terroir, permettrait aux visiteurs d’avoir une autre approche de la région. La proximité géographique avec l’Italie pourrait également rendre possible l’émergence d’une cuisine originale transalpine.

Le fort étant plutôt vaste et disposant d’un étage, nous pourrions envisager d’utiliser celui-ci pour y installer des artisans - fromager, boulanger, apiculteur par exemple - qui fourniraient directement le restaurant, mais qui vendraient aussi leurs produits aux clients. Des artisans produisant des objets typiques de la région - poteries, sculptures sur bois, vaisselle - trouveraient aussi demeure au-dessus du restaurant, participant pourquoi pas à la décoration de ce dernier. Nous pouvons également concevoir d’installer des logements (pas plus de deux ou trois lits) au confort spartiate à l’étage et à des tarifs attractifs, où les visiteurs pourraient venir se ressourcer tout en profitant de repas au restaurant à des prix préférentiels. L’environnement leur permettrait également de venir prendre part à la culture des légumes ou simplement de profiter d’un cadre naturel idéal.

L’idée serait de créer une véritable synergie entre le restaurant, les artisans et la possibilité de passer une ou deux nuits dans le fort. Au vu de l’actualité écologique et de l’essor des produits bio, un tel projet de centre gastronomique, collaboratif et responsable, où les visiteurs retrouveraient un contact avec la nature tant à travers les repas et la manière dont ils sont préparés, aurait de quoi attirer d’éventuels investisseurs et restaurateurs. L’établissement se situant plutôt dans une fourchette haute de prix (à laquelle on pourrait ajouter éventuellement une deuxième option plus basse pour les “dormeurs spartiates” du fort) et pouvant être qualifié de restaurant de haut standing, l’excellence des produits, la manière dont ils sont traités et la spécificité des recettes doivent permettre à eux seuls d’attirer les potentiels clients, même si le site est en retrait de la ville.

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Une stratégie de communication est donc à ce titre indispensable. Celle-ci doit mettre en avant la particularité du restaurant en ce qu’il s’inscrit à la fois dans une logique de conservation du patrimoine et de valorisation de la cuisine et des produits régionaux, tant manuels que culinaires. Des brochures seront mises à disposition des visiteurs à l’Office de tourisme de Briançon-Serre-Chevalier, ainsi que dans les hôtels.

Fig.5 Le fort Dauphin. Au premier plan l’endroit où étaient gardés les chiens. Au second, le bâtiment principal au sein duquel nous nous proposons d’installer le restaurant.

Les cellules supérieures étant destinées aux artisans et visiteurs temporaires. Cible visée La haute saison touristique pour Briançon est la période estivale, tandis que pour la station de ski voisine de Serre-Chevalier, l’affluence maximum s’observe plutôt en hiver. De par sa qualité d’établissement prétendant avoir une influence gastronomique régionale, le restaurant s’adresse à une clientèle relativement aisée. Deux publics doivent être distingués : les habitants de Briançon et de la région, et les touristes, dont le nombre varie en fonction de la saison. Nous supposons que les locaux auront tendance à aller dans ce genre de restaurant pour des occasions particulières, donc assez rarement. Il faut alors davantage cibler la population touristique dans l’optique de faire de l’établissement une étape incontournable pour tous les voyageurs. Notre centre gastronomique désirant néanmoins attirer la population la plus large possible avec ses artisans installés en son sein, son jardin et ses petites chambres minimalistes mais confortables, un lien privilégié avec les familles avec enfants par exemple, ou les jeunes couples désireux d’échapper à la vie urbaine est à mettre en place. Hypothèses d’exploitation Nous avons élaboré notre hypothèse d’exploitation sur la base de chiffres communiqués par le chef du Pêché Gourmand.

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Lors de la première année d’exploitation, nous envisageons de servir 24 couverts par jour en moyenne. La deuxième année et au-delà, ce nombre passerait à 36 couverts servis par jour. L’addition moyenne tournerait autour de 60 euros. Un menu gastronomique comprenant entrée, plat et dessert peut correspondre à ce prix. A raison de trente semaines d’ouverture (cette durée peut toutefois être revue à la hausse), cinq jours par semaine, le chiffre d’affaires réalisé serait de 324 000 euros annuels (voir annexes). Sept salariés, dont deux en apprentissage travailleraient au restaurant. Retombées économiques et sociales

Le restaurant pourrait potentiellement devenir une source de revenus pour la ville et pour toute la vallée briançonnaise. En effet, il permet tout d’abord la création d’emplois permanents, et saisonniers pendant les périodes d’affluence touristique. Les plats servis devant répondre à certains exigences de présentation et de goût, les employés en cuisine devront être qualifiés, avec si possible une ou plusieurs expériences dans des restaurants du même type. Il est toutefois envisageable d’embaucher une personne avec des qualifications moindres afin de lui offrir une formation et une première expérience dans un grand restaurant. Il existe en outre dix écoles hôtelières dans le département des Hautes-Alpes, dont deux à Briançon. Des partenariats privilégiés sont à envisager pour mettre en place des contrats d’apprentissage qui bénéficient autant aux élèves qu’au restaurant, qui pourrait en tirer un potentiel économique. D’ailleurs, un Brevet Professionnel de cuisinier en apprentissage a vu le jour en septembre 2015 au CRET de Briançon, en partenariat avec l’Institut des Métiers des Hautes-Alpes, avec le soutien de la Région PACA, de l’Education Nationale, de la Chambre de Commerce et d’Industrie et de la Chambre de métiers et de l’artisanat. Cette formation d’excellence constitue un débouché pour la population locale et une coopération intéressante à mettre en place entre le restaurant et les élèves. Enfin, la présence d’un restaurant au sein du fort Dauphin, apporterait de l’originalité à l’image de la ville de Briançon, car il s’inscrit directement dans une volonté politique de conserver et de valoriser les forts.

4. Pistes de financement Pistes de financement

Considérant leur étendue et les investissements nécessaires à la réalisation de ce projet, une participation de la mairie, autre que symbolique, ne peut être envisagée. L’essentiel des investissements réalisés proviendrait donc des entreprises qui souhaitent s’installer dans le fort et développer le potentiel économique présenté ci-dessus.

Les coûts de rénovation (qui s’élevaient à 4 830 000 euros selon une estimation de 2007 - à revoir à la hausse sans doute avec l’inflation) seront quant à eux pris en charge par les pouvoirs publics (subventions européenne, nationale et régionale) dans la mesure où l’installation d’un restaurant au sein du Fort Dauphin est amortie au bout de cinq ans si l’on suit notre hypothèse optimiste, et permet de réelles retombées économiques pour la ville de Briançon.

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B. Communication Y 1. Situation / description

La Communication Y est un bâtiment tout en longueur servant initialement à relier le Fort des Têtes au Fort Dauphin. Construit dans un vallon, il mesure approximativement 200 mètres de longueur pour 5 mètres de largeur et de hauteur. Forte de ces caractéristiques très atypiques, la Communication Y se distingue considérablement des autres fortifications de Briançon, autant par le style architectural que par les possibilités d’aménagement du site. Située approximativement à 1400m d’altitude, d’une surface utile de 835m² mais surtout d’une emprise totale de 40 290m², le potentiel offert par la Communication Y est très important. Par ailleurs, cette dernière est l’un des forts les mieux préservés de Briançon. La toiture a été récemment rénovée et seuls quelques pans de murs des fossés ainsi que l’intérieur de la communication sont à restaurer. Ainsi, le chiffre de 2007 de 4 000 000€ de rénovation pour l’ensemble du site peut probablement être revu à la baisse.

2. Atouts / problèmes La Communication Y est en relatif bon état comparé aux autres fortifications de Briançon. Certaines parties des remparts des fossés sont à consolider, le sol à l’intérieur de la coursive est à refaire mais la toiture a été rénovée récemment et le bâtiment dans son ensemble ne pose pas de problème de sécurité majeur. Par ailleurs, celui-ci de par ses nombreuses ouvertures jouit d’une luminosité très correcte pour un bâtiment à vocation défensive.

L’accessibilité au site est aisée, la route le reliant à Briançon est en bon état. Beaucoup de promeneurs passent devant la Communication Y, ce qui laisse penser que sous réserve que le projet de reconversion du fort soit intéressant, ce dernier ne devrait pas manquer de trouver son public. Du fait de sa proximité avec la ville de Briançon et le quartier de Fort Christiane, le raccordement en eau et électricité semble ne pas devoir poser de difficultés majeures. De plus, la Communication Y est aussi équipée d’un grand bassin de réception de sources et des eaux de pluie d’époque.

Enfin, le site, en plus du bâtiment en lui-même dispose de près de 40 000 m² d’emprise totale ce qui permet de laisser une large place à différents aménagements ou de penser des activités qui se baseraient sur la mise en valeur de cet espace.

Principal inconvénient, du fait de sa longueur très marquée, la question du chauffage en hiver devra être envisagée et adaptée aux différents usages que la rénovation se propose de mettre en place. La gestion du bruit devra également faire l’objet d’une attention particulière afin d’assurer que les différentes activités n’empiètent pas les unes sur les autres.

3. Projet envisagé La Communication Y de par ses caractéristiques (surface limitée et étroite) n’est pas à même de générer des revenus faramineux ni d’attirer les touristes en grand nombre. Il semble dès lors important de miser sur la population de Briançon et ses environs pour assurer la pérennité et la viabilité économique du site.

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D’où le projet de transformation de la communication Y en lieu de vie familial,

culturel et sportif à même d’être fréquenté par les locaux ainsi que les touristes de passage.

Briançon est à l’heure actuelle dépourvue d’espaces dédiés à l’escrime, au tir à l’arc. Par ailleurs, le premier club consacré à l’équitation et aux balades équestres se trouve à une dizaine de kilomètres de la ville. Relier la Communication Y au Fort des Têtes et au Fort Dauphin à travers des balades à cheval nous semble une manière idéale de faire découvrir aux locaux ainsi qu’aux touristes le patrimoine historique de la ville. Les box à chevaux pourraient occuper une partie d’une des ailes de la communication Y afin de préserver les chevaux du froid l’hiver. A l’extrémité de cette même aile (car les boxes de chevaux devraient être au nombre de 6 afin de rationaliser au maximum l’activité équestre en fonction de la demande locale) pourrait être installé un plan incliné (qui mettrait à profit la pente du bâtiment, cf. image plus bas) sur le modèle des compétitions de force de l’émission Intervilles. Au-dessus de ce plan incliné, une plateforme serait érigée à partir de laquelle des jeux d’adresse pourraient être installés, des paniers de baskets par exemple (cf. image plus bas). L’autre aile de la communication Y pourrait être équipée d’un revêtement rendant la pratique du sport possible, en particulier l’escrime (éventuellement modulable en kendō) et le tennis de table, activités nécessitant peu d’entretien, non coûteuses et plaisantes, à même d’attirer tous types de publics. A l’extrémité de cette même aile pourrait être installé un écran de cinéma rétractable (cf. image plus bas) où serait projeté un film par soir à des tarifs accessibles à tous. Par ailleurs, sous réserve de suffisamment insonoriser la porte menant à la pièce centrale qui relie les deux ailes entre elles (afin de ne pas déranger les chevaux), l’organisation de concerts un soir par semaine (celui où l’on ne passe pas de film) est envisageable. L’architecture originale, l’atmosphère particulière du lieu qui pourraient être relevées par un éclairage à la torche le long des parois laisse penser que des concerts de style de musique minimaliste (Sigur Rós ou The Lumineers par exemple), ou bien la tenue de “veillées traditionnelles” avec concours d’histoires pourraient trouver leur public. Il conviendrait dès lors d’alterner régulièrement afin de satisfaire tout un chacun. L’entrée serait libre ou à prix très réduit (1€ enfant, étudiant, retraité, chômeur et 2€ adulte, voire 0,5€ et 1€) et les recettes seraient tirées de la restauration et des boissons vendues au sein du café-espace de vie (voir plus bas). L’ancienne zone de tir situé derrière la communication Y offre un espace idéal et sans danger pour la pratique du tir à l’arc, une activité très économique et prisée des petits comme des grands. Les environs directs de la communication Y pourraient être embellis par la création d’un jardin partagé. Des parcelles seraient louées aux habitants qui les mettraient en valeur en faisant pousser des légumes et les aménageant à leur goût. Production qui pourrait éventuellement être vendue au sein de l’espace de vie-café au centre de la communication Y, qui pourrait comprendre un bar / snack, des fauteuils et un espace culturel lié au cinéma ou au patrimoine historique / culinaire de la région. Les abords du

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bâtiment pourraient également être aménagés dans les limites de ce que permet le classement en tant que monument historique afin de contribuer à faire de la Communication Y un lieu où se retrouver. Ces nombreuses activités sont rendues possibles grâce aux caractéristiques particulières du fort que l’on fait figurer ici, ainsi que quelques photos et schémas afin de mieux visualiser les futurs projets :

Surface Totale plancher : 1800 m² Surface Utile : 835m² Emprise totale : 40290m² Altitude : 1400m² Hauteur moyenne sous clef : 5m

Fig.6 Possible aménagement de la pente de la communication Y, avec un “Mur des Champions” dans le style d’Intervilles au bas de la pente, surmonté par une “Zone

d’adresse”

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Fig.7 Possible aménagement de l’autre pente en cinéma modulable avec sièges (agrémentés de coussins/tissus) creusés dans le sol. Le film serait projeté sur un écran

déplaçable. La façade derrière les sièges permettrait d’installer le matériel de projection et de stocker.

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Hypothèses d’exploitation Ce projet de rénovation de la communication Y n’est pas destiné à transformer le site en investissement dégageant plusieurs centaines de milliers d’euros de bénéfices mais n’en reste pas moins intéressant au vu de la facilité et de la vitesse de rentabilisation qu’il permet. En effet, le montant des travaux (hors coût de main d’œuvre) liés à l’installation et l’acquisition du matériel des différentes activités proposées s’élève à environ 100 000 euros. La majorité des installations ne nécessite pas de compétence d’aménagement intérieur particulière qui serait difficile à trouver et à financer. Par ailleurs, l’entretien de ces équipements est aisé. Deux gestions différentes du site sont envisageables : - Le bâtiment appartenant à la commune, la mairie décide une fois les travaux effectués de prendre en main le fonctionnement du site. La mairie embauche des habitants de Briançon pour gérer la structure. - La rénovation une fois faite, la mairie confie la gestion du site à une association d’habitants de Briançon ou du Briançonnais, qu’elle aura préalablement choisie.

Le fonctionnement du site serait divisé en deux. D’un côté l’activité équestre qui nécessite une organisation spécifique, de l’autre les activités sportives et culturelles du site.

L’objectif, modeste et réalisable serait d’atteindre 3000€ de recettes brutes par jour. Pour ce faire, l’accès au site serait accessible de 9 à 19h. La plage horaire 19 – 23h étant réservée à la projection de films, aux concerts, aux activités en lien avec le cinéma ou bien celles éventuellement organisées dans l’espace de vie central de la Communication Y.

Différentes formules sont possibles. (Prix donnés à titre indicatif) - Un tarif de 10€ qui donnerait accès à toutes les installations (équestres mises à part) pendant deux heures en fonction de la fréquentation. - Un abonnement au mois d’environ 30€. Possibilité de développer un abonnement « familial » (par exemple 50€ pour deux personnes, 70€ pour trois, 80€ pour quatre et plus…) afin de faire en sorte que la famille entière fréquente le lieu. - La location de la Communication Y à la journée pour 4000€ - Un accès à deux activités particulières complémentaires (Mur des Champions et Zone d’adresse par exemple. Ou tennis de table et escrime) pour 5€ les deux heures. - La location du lieu à un club sportif (tennis de table, escrime, ou tir à l’arc) pour une tranche horaire particulière à calculer selon la durée et la fréquence de la location. L’ensemble des activités du site ne nécessite pas l’embauche de personnels qualifiés dans l’enseignement de telle ou telle pratique sportive. L’embauche d’habitants de Briançon est donc à privilégier. Le personnel encadrant devrait être formé a minima pour l’escrime et le tir à l’arc mais l’acquisition de matériel d’initiation (les sportifs aguerris souhaitant utiliser les installations étant libres d’amener leur propre matériel) permet à un public familial de s’essayer sans risque aux différentes activités.

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En considérant que le site serait ouvert 300 jours par an (fermé le lundi -sauf concert- et les jours fériés habituels) et dégagerait 3000€ de recettes quotidiennes ; une fois les charges, taxes et salaires déduits, un amortissement de l’investissement initial au bout de cinq ans, voire plus tôt semble tout à fait réalisable. Cela encourage fortement une gestion communale du site, si toutefois la mairie désirait se saisir du projet. Retombées économiques L’installation au sein de la Communication Y d’un lieu de vie familial, culturel et sportif pourrait contribuer à l’activité économique de la ville et de la vallée. De par les nombreuses activités que le site proposerait, une dizaine de personnes à temps plein serait nécessaire au lancement du lieu. L’espace de vie central avec son café, sa petite bibliothèque, ses affiches et ses sièges, une fois les activités du site lancées, pourrait prendre davantage d’ampleur et développer son offre alimentaire en impliquant les agriculteurs de la région, ou en proposant à certains d’avoir un relais de vente pour leur production sur place. Le mélange d’activités éclectiques telles que le tir à l’arc, les jeux d’adresse ou encore la possibilité de faire de l’escrime contribuerait à donner une image nouvelle à Briançon, une ville où le divertissement est accessible à toutes les bourses et diversifié, ce qui pourrait attirer des personnes de tout le Briançonnais et peut-être faire sauter le pas à des gens résidant plus loin à qui il manque une activité supplémentaire à la visite de la vieille ville, à la randonnée et pouvant plaire à toute la famille, pour faire le déplacement. Cible visée Le projet que l’on se propose d’adapter à la Communication Y est un lieu de vie social, culturel et sportif. En cela il apparaît non seulement primordial mais aussi consubstantiel audit projet que la population locale Briançonnaise et du Briançonnais puissent le fréquenter. Le site se veut familial par essence. Les différentes hypothèses d’exploitation établies avançaient l’idée de différencier les tarifs selon les durées et les fréquences de pratiques, mais un tarif d’entrée familial (exemple : deux parents-un enfant, deux enfants-un parent, un enfant-un parent, deux frères et/ou sœurs ensemble etc.) ainsi qu’un abonnement familial au mois sont également envisageables. Etant un lieu dédié en partie au sport et où l’on peut se retrouver, les adolescents mais aussi les enfants (accompagnés de leurs parents) de Briançon et du Briançonnais constituent la cible majeure de la structure. La cible type pourrait donc être un groupe d’adolescents ou deux amis qui se rendent à la Communication Y le mercredi après-midi (ou le week-end) ou entre deux classes si le temps le permet, sinon à la fin des cours, pour s’amuser, se défouler, stimulés par l’esprit de compétition lié au tir à l’arc, aux jeux d’adresse, aux épreuves de force et à l’escrime. La Communication Y une fois reconfigurée pourrait également faire l’objet de locations à la journée par des entreprises extérieures à Briançon (ou non) souhaitant organiser des activités en parallèle de leurs séminaires (que pourraient

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potentiellement accueillir les autres fortifications de la ville) ou bien des sessions de team building auxquelles se prête particulièrement bien la Communication Y.

De plus, de par son originalité en termes d’activités mais aussi par sa composante lieu de vie comprenant bar / snack, des fauteuils et un espace culturel lié au cinéma ou au patrimoine historique / culinaire de la région, la Communication Y pourrait également attirer les touristes de passage. Qu’il s’agisse de s’approvisionner en denrées et artisanat local ou de pratiquer une activité sortant de l’ordinaire.

4. Pistes de financement

La reconversion de la Communication Y en lieu de vie comme expliqué plus haut n’a pas pour vocation de dégager des dizaines de milliers d’euros de bénéfices annuels. Néanmoins, le projet, une fois la rénovation finie et les équipements installés se veut rentable et autonome d’une quelconque aide financière de la mairie. Les coûts de rénovation doivent être estimés de nouveau mais on peut penser que ceux-ci avoisineraient les 2 millions d’euros. L’acquisition du matériel et son installation (en envisageant d’éventuels dépassements de main d’œuvre) ne devraient pas dépasser les 150 000 euros. Considérant les finances de la commune de Briançon, une participation autre que minime de la mairie à la rénovation de la Communication Y apparaît peu probable. Un équilibre dans la répartition des coûts de rénovation devra être trouvé entre les pouvoirs publics (subventions européenne, nationale et régionale) et d’éventuels mécènes. Un appel à la générosité des enfants du pays (si ce n’est financière, du moins médiatique), tels que Luc Alphand peut également être tenté. Si l’on part du principe que la Communication Y serait rentable sous cinq ans, on peut envisager que la mairie ainsi que la population du Briançonnais (via des plateformes de financement participatif) financent une partie si ce n’est la totalité des 150 000 euros des frais d’acquisition et d’installation du matériel lié aux activités. Des sessions de rénovation collective à la belle saison, à travers l’organisation d’ateliers et de découverte du patrimoine, sollicitant la population locale afin de la sensibiliser et lui faire aimer son héritage, peuvent également être organisées pour remettre en état les parties de mur les moins dangereuses, sous le contrôle des personnes habilitées.

C. Fort du Randouillet 1. Situation / description

Situé à 1600 mètres d’altitude, le fort du Randouillet surplombe le Fort des Têtes qu’il avait vocation de protéger. L’intérêt fonctionnel qu’il présente est son architecture distribuée sur trois niveaux : en haut le “donjon” d’où l’on devait tirer les pièces d’artillerie, en contrebas les casernements, et encore plus bas une zone de réserve, peu employée, avec une caserne. C’est le fort qui présente la plus grande surface utile :

260m² pour le “donjon” ou niveau supérieur (1 caserne, 2 corps de garde, 1 magasin et une poudrière)

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4635m² pour le niveau intermédiaire (3 casernes, 1 magasin et 3 poudrières), et 240m² pour le niveau inférieur (1 magasin et 1 corps de garde).

Malheureusement, l’accès au fort est en l’état, quasi impraticable : le chemin de gravier est très à-pic, étroit, et en très mauvais état (une longue fissure longitudinale indique un tassement de la moitié extérieure du chemin). D’autre part, malgré la mise hors d’eau des casernes et la restauration du mur surplombant l’entrée, le fort est dans un état de dégradation avancée, surtout dans la partie du donjon. Les deux niveaux inférieurs sont envahis pas la végétation, et sur tous les bâtiments précédemment listés comme se trouvant au niveau intermédiaire, seules les casernes sont en bon état, les autres sont partiellement effondrés ou en ruine.

2. Atouts / problèmes La taille du fort est un atout et un problème : les coûts afférents à l’entretien d’une telle structure sont insoutenables pour la municipalité et d’une façon générale, le bâtiment se dégrade plus vite qu’il n’est protégé : ainsi la municipalité a investi 500 000 € l’an dernier pour empêcher le mur surplombant l’entrée de s’effondrer, et au même moment, d’autres pans de mur des bâtiments du donjon s’effondraient également. Cependant, dans le cadre

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d’un plan de reconversion, la taille du fort et sa structure en niveaux peuvent permettre d’y envisager plusieurs activités d’ampleur conséquente.

L’accessibilité est une autre difficulté : du temps de l’armée, un téléphérique le reliait au Fort des Têtes. Il est aujourd’hui en ruine et inutilisable. Cependant, quels que soient les projets retenus pour la reconversion du fort, il est exclu d’imaginer une accessibilité du public par route, qui entraînerait inévitablement une congestion automobile dangereuse et dommageable au projet. Il faut un moyen de transport permanent, régulier et fiable, condition sine qua non de toute réussite d’une reconversion. Par conséquent, tout projet de développement ambitieux ciblant un public devrait envisager la construction d’un téléphérique reliant le centre-ville au fort, la route étant réservée aux accès particuliers (secours, maintenance, etc.).

3. Projet envisagé

Un projet de reconversion ambitieux, au regard de la situation particulière du fort

et de sa taille, devra s’inscrire dans une logique de développement qui justifierait les investissements nécessaires et qui serait elle-même appuyée par des retombées économiques d’une ampleur correspondante. La ville de Briançon, cependant, s’est engagée pour les dix prochaines années dans un vaste projet de développement nommé “Cœur de ville”, par conséquent, il est peu probable qu’elle trouve pertinent de mener de front un autre projet de grande ampleur. Nous avons donc choisi de ne pas sacrifier au principe de réalité, et plutôt que de proposer un ensemble de projets envisagés “dans l’absolu”, nous avons préféré trouver un projet qui nécessite le moins d’investissements possible tout en s’inscrivant dans une logique de cohérence et d’accompagnement avec la politique de développement économique de la ville. Nous avons trouvé intéressant d’installer un datacenter dans le Randouillet, étant donnée la conjonction entre la situation particulière du fort et le contexte économique de la ville. Ce projet aurait l’avantage de s’inscrire pleinement dans la stratégie de développement économique de la ville et d’occuper le fort à moindre coût. En effet, comme nous l’avons évoqué plus haut, installer dans le fort une activité qui supposerait la venue d’un public exigerait des investissements très importants, qui sont peu probables eu égard au contexte. Par conséquent, nous avons pensé ce projet dans une perspective évolutive, c’est-à-dire une ouverture vers un développement futur, suffisamment modeste pour être réalisable mais aussi assez importante pour justifier l’entretien du fort. Un datacenter en effet, ne nécessite qu’un accès au personnel de maintenance, qui peut parfaitement se faire par la route. Or la rénovation de celle-ci est bien moins onéreuse que l’installation d’un téléphérique (600 000€ contre plusieurs millions). Parmi les autres économies que l’absence de public permettrait de réaliser, on peut citer la limitation de la remise à neuf des bâtiments à ceux dont on aura l’emploi, la possibilité de laisser les parties non utilisées du fort en friche, ou encore le fait de ne pas avoir à installer un système conséquent de retraitement et d’évacuation des eaux et des déchets dans l’immédiat. Cependant, l’installation d’un datacenter dans le fort n’est pas un projet par défaut : il y a de nombreux arguments positifs qui soutiennent ce projet.

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Les avantages du fort pour le projet

L’intérêt d’installer le datacenter dans le fort ne se résume cependant pas à des économies en termes de coût d’opportunité par rapport à d’autres projets : le fort présente aussi des intérêts pour le datacenter lui-même. Au plan strictement financier, on peut imaginer que la ville (propriétaire du fort), consente à louer l’espace occupé par le datacenter à une somme bien inférieure au prix du marché des locaux destinés aux professionnels. Pour la ville en effet, la logique derrière la réhabilitation des forts est politique avant d’être économique : il s’agit de sauver le patrimoine avec une solution pérenne. Pour lancer un tel mouvement, il faut rendre les forts attractifs malgré leurs défauts, et nul doute qu’offrir des loyers réduits s’inscrive dans une telle stratégie.

Ensuite, Briançon est une ville extrêmement ensoleillée, la Durance coule toute l’année avec un débit important et l’air y est frais : ce climat particulier permettrait de réaliser une double économie au plan énergétique, en installant un système de production d’électricité (panneaux solaires, etc.) et en utilisant la fraîcheur ambiante pour réduire les besoins de climatisation. En effet, un datacenter est une installation extrêmement énergivore et 45% de sa consommation est due à la régulation de la température (principalement climatisation). L’économie potentielle est donc non négligeable : en admettant que l’air soit suffisamment froid six mois par an pour éteindre la climatisation, on peut estimer jusqu’à 25% d’électricité consommée en moins.

Enfin, dans une optique de pénétration du marché, le fait d’installer le datacenter dans un fort lui donnerait une visibilité supérieure : il serait facile de capitaliser sur l’histoire du lieu (Vauban, la défense, etc.) et sur l’attention portée à l’impact énergétique pour donner au projet une image de marque positive qui lui permettrait de retenir davantage l’attention des clients potentiels. Nous développerons à la fin de cette partie les facilités de financement que sa présence dans le fort ouvrirait au projet. Et puis, un fort qui protège des données numériques, quelle plus belle renaissance donner à un bâtiment initialement pensé pour protéger une population ?

Il est possible que, dans une optique de pure rationalité économique, il soit plus intéressant de construire un tel datacenter dans la vallée de Briançon. Cependant, comme nous l’avons évoqué plus haut, la conservation du patrimoine est un objectif politique, une autre logique à ajouter à la simple rationalité économique pour faire pencher la balance en faveur du fort. Enfin, l’exemple du datacenter exploité par la société Decima dans la poudrière de la citadelle d’Arras depuis 2014 montre que ce projet est viable économiquement. Les retombées économiques

Un datacenter est un élément essentiel de l’économie numérique et parfaitement cohérent avec la politique de développement économique engagée par les pouvoirs publics locaux et matérialisés par la pépinière d’entreprises Altipolis de Briançon. Les retombées économiques concrètes d’un tel projet sont difficiles à évaluer d’emblée, cependant, et sans trop spéculer, un datacenter est un actif à haute valeur ajoutée qui apporte d’importants investissements lors de sa construction et autour duquel va se développer un petit écosystème dédié à son fonctionnement : direction de ses opérations, stratégie marketing et maintenance.

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À plus large échelle, un datacenter est un actif structurant pour le territoire :

les entreprises du numérique se développent autour de lui et il grandit de leur croissance. L’implanter à Briançon transformerait la ville de périphérie de la côte niçoise dynamique en un centre régional à part entière. À cet égard, la géographie économique de la région PACA est parlante : entre la côte (de Nice à Marseille) et Grenoble, seules deux villes présentent un certain dynamisme au regard de leur population : Gap et Briançon. Autrement dit, à l’intérieur de la région, Briançon peut avoir l’ambition de se construire comme le centre d’une activité transfrontalière puisqu’elle est sans concurrent dans son voisinage immédiat. Et là où la situation montagneuse de la ville pouvait être un frein au développement d’activités économiques nécessitant une grande accessibilité (comme l’industrie lourde, par exemple), elle devient un atout dans une optique de développement de l’industrie numérique. En effet, la population de Briançon est en croissance tant au plan du solde naturel (+0,5 en 2012) que du solde migratoire (+0,7 en 2012), ce dernier confirmant l’attractivité du territoire, notamment due à sa qualité de vie (air pur, etc.). Tous les ingrédients sont donc réunis pour que Briançon se positionne comme un acteur central de l’économie numérique : une situation transfrontalière sans concurrent immédiat, une qualité de vie attractive et la volonté politique. Dans cette optique, seule manque l’infrastructure au cœur de cette stratégie de développement : le datacenter. Trois axes de développement pour le datacenter

Le projet de construire un datacenter est très complexe, tant au plan purement technique qu’au plan économique, dans la mesure où les deux sont interdépendants : en fonction du modèle économique assigné au projet de datacenter, on ne le construira pas selon les mêmes caractéristiques techniques. Le détail de son fonctionnement est bien au-delà de l’ambition de ce rapport, cependant nous allons ici présenter trois opportunités de développement non exclusives sur lesquelles pourrait s’appuyer le projet et enfin, nous présenterons une hypothèse chiffrée qui prouve la faisabilité financière du projet.

La première hypothèse de développement est celle d’un datacenter public local. Dans cette hypothèse, un plan de rationalisation des services informatiques publics pourrait être entrepris au niveau du département ou même de la région afin de les rassembler sur un même site pour optimiser les frais de stockage - ce site étant donc Briançon. L’échelle du projet en elle-même est à discuter, cependant ce dernier est d’autant plus faisable qu’il est en train d’être mené en ce moment même en Italie par la région frontalière Piémontaise : l’idée est que les administrations ne payent que pour les ressources informatiques qu’elles utilisent au lieu d’un forfait, la mutualisation du stockage étant une des solutions envisagées.

La deuxième hypothèse, compatible avec la première, est un datacenter beaucoup plus classique, privé, qui louerait du stockage et éventuellement d’autres services (cloud, « mirroring1 », messagerie, hébergement Internet, etc.). On peut aussi imaginer une ouverture du datacenter public au secteur privé pour réduire ses coûts, ou même un partenariat public-privé où les acteurs publics délégueraient la gestion de leurs services informatiques à une société qui pourrait aussi proposer ses services au secteur

1 “Mirroring” : pratique qui consiste à effectuer des copies de sauvegarde en temps réel

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privé. On peut noter ici que le datacenter pourrait nouer un partenariat avec la pépinière d’entreprises et aider les start-ups à se lancer, voir leur louer ses services par la suite. Les services offerts par le datacenter seraient à concevoir en fonction des priorités de développement identifiées : pour limiter la prise de risques, on pourrait envisager une construction évolutive au plan logiciel (partir sur une offre de services très basiques, comme du stockage, et ensuite, en fonction des perspectives de la demande, proposer d’autres services). Il faudrait également que la conception même du datacenter, au plan du hardware (matériel) intègre la dimension évolutive : ainsi, dans le but d’éviter une coûteuse surcapacité, il serait intéressant de concevoir une structure réplicable à peu de frais de sorte que l’offre croisse avec la demande.

Enfin, la dernière piste de développement est celle des services hospitaliers. Dans le cadre du plan hôpital numérique, l’État cherche à pousser les hôpitaux à moderniser leurs systèmes d’information, au travers d’un système d’aides financières et de certification des solutions logicielles. Vu l’importance locale de l’hôpital de Briançon et ses activités particulières dans les urgences de haute montagne (notamment liées aux sports d’hiver), il pourrait être intéressant d’envisager d’héberger dans le datacenter les solutions logicielles choisies par l’hôpital, voire - à un horizon plus lointain - de développer de telles solutions et de les faire certifier. Cependant, il faudrait alors prendre en compte les conséquences techniques d’un tel client, notamment en termes de fiabilité et de disponibilité moyenne des équipements (redondances, etc.). Au regard de la complexité d’une telle offre, il est plus probable de la considérer comme un développement possible de l’activité du datacenter plutôt que comme un point de départ. Hypothèse de fonctionnement

Pour démontrer la faisabilité financière d’un datacenter dans le fort, nous avons suivi les hypothèses chiffrées de la Caisse des Dépôts et Consignations dans son guide sur les datacenter locaux (2014). Les chiffres sont donc assez génériques et seraient appelés à varier en fonction de la valeur ajoutée des services proposés par le datacenter. Nous avons retenu dans notre hypothèse un datacenter de type tiers III (le plus courant actuellement). À noter cependant que le coût initial pourrait être bien moindre attendu que l’infrastructure (le fort) existe déjà et que nous avons considéré que le loyer serait très faible, étant donné que le but du projet est la sauvegarde du fort. Selon ces hypothèses, le projet est rentable, à condition toutefois d’exclure les coûts afférents à la rénovation et l’aménagement du fort lui-même de ceux du projet. Voir le tableau en annexe.

4. Pistes de financement

L’ambition double du projet (politique et économique) doit se refléter dans la

structure de son financement. Nous n’avons pas intégré dans notre plan de financement les coûts relatifs à la rénovation du fort, à la remise en état de la route, à l’arrivée d’eau, d’électricité et le rattachement du fort au réseau de fibre optique (Briançon, toutefois, est déjà reliée). L’équation financière, en effet, est simple : la décision de mettre le datacenter dans le fort n’est pertinente que dans la mesure où les coûts supplémentaires induits par le fort par rapport à une installation dans la vallée sont couverts autrement. Leur montant, en effet, réduirait à néant toute possibilité de rentabilité pour le datacenter à moyen

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terme (à peu près 600 000€2 pour la route et 8 millions d’euros pour un aménagement minimum du fort au niveau de l’entrée et de la plateforme centrale, selon les chiffres du rapport de 2007).

Par conséquent, tous les coûts afférents à la remise en état de l’infrastructure du fort devraient être pris en charge par des subventions publiques. Pour ce qui est du datacenter lui-même, il faudrait que le projet obtienne le soutien de la Région, ce qui lui ouvrirait plusieurs guichets de financements, parmi lesquels :

le fonds Fonds Européen de Développement Régional (FEDER), dans le cadre de ses objectifs de développement liés aux télécommunications,

le programme Horizon 2020, dans le cadre de ses objectifs TIC les Contrats de Plan État-Région (CPER) dans le cadre de ses missions sur

l’innovation et le développement des usages du numérique, et parmi les Programmes d’Investissement d’Avenir, le Fonds national pour la

Société Numérique (FSN) finance des projets de datacenter et de cloud computing, et le Fonds Écotechnologies pourrait contribuer si la conception du datacenter mettait l’accent sur la « propreté énergétique », avec une production renouvelable et une consommation optimisée (notamment un ratio « énergie totale consommée » sur « énergie consommée par les serveurs » le plus proche de 1 possible).

la Caisse des Dépôts et Consignations offre aussi d’autres financements en mandat de l’État pour de tels projets, mais ce sont les collectivités locales qui doivent prendre attache avec la Direction régionale de la Caisse pour en obtenir les détails.

Les possibilités de financement sont nombreuses et témoignent de l’enjeu que

représentent les datacenter locaux pour le développement des territoires. Installer le datacenter dans le fort faciliterait sans doute le déblocage de financements publics pour remettre le fort en état car ils s’inscriraient dans une perspective d’investissement, tout en restant raisonnables du fait que le projet ne nécessite pas la venue d’un public à l’intérieur du fort. On peut espérer que ce projet justifie de maintenir le fort en l’état jusqu’à ce que le contexte économique permette d’envisager pour lui des projets plus ambitieux autour de celui-ci.

Pour plus d’informations sur les datacenter locaux, dans l’hypothèse où ce projet séduirait les personnes concernées, consulter le Guide sur le Cloud Computing et les Datacenter à l’attention des collectivités locales (juillet 2015). D. Fort des Salettes

1. Situation / description

Le fort des Salettes est le plus proche de la ville et à 1538m d’altitude. Il est en excellent état et rénové chaque année par une association grâce à de jeunes bénévoles. La portion du mur extérieur surplombant la route a récemment été refaite à neuf par des professionnels.

Ce fort fait l’objet de visites libres, gérées par l’association et de visites organisées par la mairie (1266 l’année passée dont 343 en groupes et 134 lors des Journées du

2 Estimation fondée sur un coût de 100€ le mètre carré de route, coût donné simplement à titre indicatif et qui nécessiterait une expertise plus approfondie.

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Patrimoine). Le prix de ces visites libres, assez élevé (6€ pour peu d’explications) a récemment baissé. L’hiver, quelques balades en ski de fond sont organisées à proximité du fort.

Quelques panneaux explicatifs sont placés à l’entrée du site. Un spectacle de théâtre, dans le cadre de “Forts en fête” a fait fureur, sous la forme d’un cluedo d’époque. La visite commençait en bas du chemin menant au fort et encourageait les visiteurs à y monter.

2. Atouts / problèmes L’accès au fort est possible à pied l’été, la route est difficile d’accès par la voiture

(mais pas insurmontable, les facilités de parking une fois en haut se limitant à une dizaine de places maximum) et en partie coupée du fait des rénovations des canalisations (lors de notre séjour). La route n’est pas praticable l’hiver. Peu de coûts sont à envisager pour son maintien en l’état mais les volumes intérieurs ne permettent pas une utilisation particulière de celui-ci. La visite historique reste le seul débouché de ce fort et avec peu de recettes à la clé. Il s’agit donc d’optimiser ces visites afin d’offrir une expérience au visiteur et d’atteindre une autosuffisance à long-terme grâce aux recettes d’exploitation.

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3. Projet envisagé

Proposer un parcours de visite plus enrichissant pour les visiteurs qui commencerait dès le bas de la route pour susciter la curiosité et encourager à monter jusqu’au fort.

Un usage des nouvelles technologies via le développement d’une application et le

développement de panneaux indicatifs sur place destinés à la fois aux adultes et aux enfants (sur le même format que la troupe de théâtre avec une histoire et des étapes explicatives courtes). Panneaux indicatifs qui pourraient également apporter des informations sur certaines vues architecturales de la ville en contrebas, la végétation environnante ou des particularités du milieu naturel local.

Une application peut être financée à l’aide d’un financement participatif ou bien être intégrée à un projet plus large. Il serait intéressant de rassembler tous les forts dans cette même application, afin de limiter les coûts ainsi que gagner une audience plus large pour intégrer ce parcours de découverte à des applications existantes comme “Piste et Trésor” (iOS, Android, gratuite) qui fait découvrir de façon ludique le patrimoine aux enfants ou de façon plus traditionnelle dans “France audioguide” (iOS, Android, gratuite).

Le lieu pourrait également être loué pour des tournages ou des réceptions (ou même des jeux de rôle grandeur nature), plus fréquemment, via la mise en valeur de cette possibilité sur un site internet.

4. Pistes de financement

Des financements publics peuvent suffire pour l’installation de quelques panneaux notamment le long de la montée vers le fort. Le financement de l’application si elle se fait seule pourrait être réalisé via un financement collaboratif (comme pour l’application « Balades fluviales » sur KissKissBankBank).

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II. Possibilités de financement

Les coûts de restauration des forts sont prohibitifs. Inclus dans nos plans de financement, ils ne pourraient assurer la rentabilité des projets. La restauration ne peut donc se faire sans recours à des financements publics ou extérieurs.

Nous avons envisagé ici plusieurs modes de financement liés aux projets de reconversion. Les subventions de la DRAC et les subventions régionales d’exploitation étant axées sur le maintien en l’état du patrimoine culturel et étant déjà sollicitées, nous avons pris le parti de ne pas les développer.

1. Les fondations

Certaines fondations financent des projets de reconversion. Leur mécénat présente un intérêt particulier pour la communication Y, dans la mesure où elle nécessite moins de rénovation et donc de fonds.

Fondation d’entreprise Total : Il s’agit d’un mécénat en partenariat avec la fondation du patrimoine. Il est dédié à la restauration du patrimoine industriel et artisanal ou à la reconversion d’éléments notoires du patrimoine régional à des fins culturelles et touristiques. Les projets encourageant la formation professionnelle et l’insertion sociale ainsi que les projets situés à proximité des principaux sites industriels de Total sont privilégiés.

En l’espèce, le projet de la communication Y présente un caractère culturel marqué par la création d’un cinéma ou le développement d’activités liées au patrimoine. Le centre sportif et culturel, par des prix attractifs, tend à attirer une population large, de tous les milieux, devenant ainsi un lieu d’intégration et de rencontre des briançonnais. Enfin, s’agissant de l’activité de Total, deux sites majeurs, Provence et Manosque sont situés dans la région PACA. Un troisième site, celui de la Mède, fait partie des projets d’avenir de Total.

Fondation « pays de France » du Crédit Agricole : Le mécénat porte sur des projets mobilisant la communauté locale, ayant un caractère économique et culturel pour la région et portant sur la durée.

2. La “subvention d’investissement” de la région PACA

La région PACA peut financer la réalisation de projets par le biais d’une « subvention d’investissement ». Cette subvention peut être versée à une structure publique ou privée, en section d’investissement, pour la réalisation d’un projet lui permettant d'accroître son patrimoine.

Dans la mesure où nos projets tendent précisément à générer des revenus pour donner une nouvelle vie aux forteresses, nous pensons répondre aux critères de cette subvention. Elle nous semble particulièrement appropriée pour la rénovation du fort du Randouillet, qui vise à terme à assurer un rayonnement régional de la région briançonnaise, de ses entreprises et de ses infrastructures publiques (centre hospitalier).

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D’autre part, la région PACA encourage, dans le cadre de la demande de subvention, un engagement dans une démarche de développement soutenable. Le projet de data center présente à cet égard plusieurs garanties : transport limité, dématérialisation, déchets limités mais surtout recours à des énergies renouvelables.

3. La Banque de développement du Conseil de l’Europe

La CEB est une banque de de veloppement europe enne a vocation sociale relevant du Conseil de l’Europe. La CEB peut financer la restructuration et la re habilitation du patrimoine historique et culturel classe comme tel par l’UNESCO ou par l’Etat membre concerne dans le cadre du secteur d’intervention de la “gestion de l’environnement”. L’un des exemples phares est la réhabilitation des quartiers historiques de Kastoria, en Grèce, qui font partie de la liste des sept sites les plus menacés du patrimoine culturel européen d’Europa Nostra.

Les forts de Briançon, comme les quartiers historiques de Kastoria, font partie de ces sites menacés. Nous pensons donc qu’une demande de financement auprès de la CEB devrait être envisagée.

Le recours à ce financement nous parait particulièrement approprié s’agissant de la communication Y dans la mesure où la CEB finance aussi des projets visant à “l’amélioration de la qualité de vie en milieu urbain et social”, notamment par la création de centres socioculturels ou sportifs tels que les aires de jeux, les espaces verts, les parcs d’expositions, les théâtres, les bibliothèques… Le projet de la communication Y, par la création d’un centre sportif et culturel s’inscrit donc dans deux des secteurs d’intervention de la CEB.

Les financements des projets de la CEB peuvent passer par le biais de prêts directs ou de facilité de financement.

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Annexes

Annexe 1 : Débat d’orientation budgétaire 2014 de la ville de Briançon, site internet de la commune

Annexe 2 : Compte de résultat du fort Dauphin

Investissement initiaux (€)

Investissements cuisine et matériel 25000

Coût raccordement eau 46500

Coût raccordement électricité 50000

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Aménagement salle 5000

Rénovation des locaux et sécurité 200000

Total investissements 326500

Annexe 3 : Compte de résultat de la communication Y

Annexe 4 : Compte de résultat du fort du Randouillet

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Annexe 5 : Hypothèses de modélisation du Guide de la Caisse des Dépôts 2014

Annexe 6 : Communauté de communes du Briançonnais

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Annexe 7 : Distribution par nationalités des nuitées à Serre-Chevalier Vallée