the red bulletin novembre 2013 - fr

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NOVEMBRE 2013 UN MAGAZINE HORS DU COMMUN RED BULL éLéMENTS ADRéNALINE AU SOMMET SEBASTIAN VETTEL MAGAZINE SPONSORISÉ DANSE COMMENT LE FLEX A RéINVENTé BROOKLYN L’HOMME MACHINE CHANGE DE COMBINAISON

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novembre 2013Un magazine hors dU commUn

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11.10.2013 11:55 PDF/X-3-2003 (QUADRI_300dpi_tx_vecto) icc out isocoated v2-300

seb, c’est bien à l’heure où nous mettons sous presse ce 25e nu-méro de la version française de The Red Bulletin, Sebastian Vettel n’est pas encore mathématique-ment assuré de conquérir la planète F1 pour la quatrième fois de suite. il est en revanche acquis que sébastien Loeb tire sa révérence en WRc et que sébastien Ogier lui succédera dans le cœur des Français. Reste donc Vettel. à 26 ans, le pilote infiniti Red bull Racing est, quoi qu’il advienne, déjà dans l’histoire de la F1. Vous pensiez tout savoir sur l’Allemand ? Découvrez en totale exclusivité son incroyable amour des motos d’un âge certain, ces bécanes qui sentent bon l’huile moteur. sebastian Vettel vous embarque à l’arrière d’une de ces cagiva ou « béhèm » de collection sur une route de campagne... bon voyage ! Votre Rédaction

SebaStian Vettel Depuis son enfance,

le champion du monde en titre voue une passion sans borne à la moto. Reportage exclusif.

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Fanny Smith, la reine du skicross, en p. 24

« La veille d’une course, je prends une douche glacée »

NovembreLe monde de Red BuLL

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Red Bull élémentsC’est une des compétitions phares de l’outdoor dans l’hexagone. Retour sur une épreuve dantesque.

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magnus CaRlsenIl a la gueule de l’emploi, un regard de tueur et des neurones en fusion. Carlsen est le roi de l’échiquier.

CouRtney atkinsonLe triathlète australien est une des stars de sa discipline. Il dévoile, ici, ses méthodes d’entraînement.

Bullevard 16 énergisant monde  L’art en folie 18 énergisant France  Sosh à fond ! 19 dans la tête de…  Jennifer Lawrence 20 hier & aujourd’hui  Cellulaires 22 Kainrath Mon calendrier 25 sujet France  Red Bull Mini Drome 28 le bon numéro Montres

reportages 30 Vettel, passion moto

Dans le sillage de Sebastian

42 Magnus CarlsenPortrait du boss des échecs

48 Baltasar KormákurUne certaine idée du cinéma

52 Red Bull élémentsÉpreuve de forçats

60 Heaven’s BasementL’ombre et la lumière 

68 ROA rugitLe street artiste belge décape

74 Damian Foxallà l’assaut de la Jacques Vabre

76 FlexDanse vers le futur

action ! 88 matos Avec Remi Meum89 drinKs  Paris by Julien Defrance90 voyages  Envol parabolique91 coaching Courtney Atkinson 92 ma ville  Chicago93 musique  Bloody Beetroots94 déFi  Courir pour la bonne cause96 jeux vidéo  Le meilleur du meilleur 97 Focus Dates françaises à retenir98 dans le rétro Marcher sur la tête

Flex Plongée saisissante au cœur de Brooklyn, un des cinq boroughs de New York.

26un Coup de Boule d’iBRa ?’iBRa ?

Zlatan Ibrahimović est un attaquant complet. Le Suédois est notamment un as du jeu de tête. Démonstration.

D’un COup D’Ailes

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Novembrele MOnDe De ReD Bull

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contributionstrio du mois

THE RED BULLETIN France, ISSN 2225-4722

Publication & édition Red Bull Media House GmbH

Directeur de la publication Wolfgang Winter

Directeur d’édition Franz Renkin

Directeurs de la rédaction Alexander Macheck & Robert Sperl

Directeurs artistiques Erik Turek & Kasimir Reimann

Rédacteur en chef photos Fritz Schuster

Responsable de la production Marion Wildmann

Rédaction Christophe Couvrat (Rédacteur en chef France), Étienne Bonamy, Ulrich Corazza, Werner Jessner,

Florian Obkircher, Arek Piatek, Ioris Queyroi, Andreas Rottenschlager, Stefan Wagner,

Daniel Kudernatsch (Chef d’édition)

Traductions & relecture Susanne Fortas, Frédéric Pelatan,

Christine Vitel, Gwendolyn de Vries

Maquette Miles English (Directeur), Martina de Carvalho-Hutter, Silvia Druml, Kevin Goll, Carita Najewitz, Esther Straganz

Booking photos Susie Forman (Directrice création photos)

Rudi Übelhör (Directeur adjoint), Eva Kerschbaum

Reprographie Clemens Ragotzky (Directeur),

Karsten Lehmann, Josef Mühlbacher

Fabrication Michael Bergmeister

Production Wolfgang Stecher (Directeur),

Walter O. Sádaba, Christian Graf-Simpson (Tablette)

Impression Prinovis Ltd. & Co. KG, 90471 Nuremberg

Service financier Siegmar Hofstetter, Simone Mihalits

Marketing & management international Stefan Ebner (Directeur), Stefan Hötschl,

Elisabeth Salcher, Lukas Scharmbacher, Sara Varming

Channel Manager France Charlotte Le Henanff

Marketing & concept graphique Julia Schweikhardt, Peter Knethl

Ventes & abonnements Klaus Pleninger, Peter Schiffer

Publicité Cathy Martin 07 61 87 31 15

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Emplacements publicitaires Sabrina Schneider

Assistantes de rédaction Manuela Gesslbauer, Kristina Krizmanic, Anna Schober

IT Michael Thaler

Siège social Red Bull Media House GmbH,

Oberst-Lepperdinger-Straße 11–15, 5071 Wals, FN 297115i, Landesgericht Salzburg, ATU63611700

Siège de la rédaction France 12 rue du Mail, 75002 Paris, Téléphone 01 40 13 57 00

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Web www.redbulletin.com

Parution The Red Bulletin est publié simultanément dans les pays

suivants : Afrique du Sud, Allemagne, Autriche, Brésil, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Irlande, Koweit,

Mexique, Nouvelle-Zélande, Suisse.

Les journalistes de la SNC L’Équipe n’ont pas pris part à la réalisation de The Red Bulletin. La SNC L’Équipe n’est

pas responsable des textes, photos, illustrations et dessins qui engagent la seule responsabilité des auteurs.

Dépôt légal/ISSN 2225-4722

Ce journaliste autrichien a accom-pagné sa majesté Magnus Carlsen, dans son camp d’entrainement à Stabbestad, au sud-ouest d’Oslo. Le Norvégien participe en ce moment même à son premier championnat du monde d’échecs. Carlsen impressionne aussi par sa science du... beach-volley. Rottenschlager : « Ce n’est pas un intello distrait. C’est un sportif de haut niveau et un pro de la com. Malgré ses sandales au shooting ! » Comment renverser un roi, page 42.

Quand on fait ses premiers pas

dans l’ombre de Kurt Cobain, la route de la gloire semble toute tracée. La Californienne a conti-nué à se faire la main avec des su-perstars, dont Nicki Minaj ou en-core Kanye West. Mais elle a une préférence pour ceux qui évoluent en marge, toujours à la limite. Alors, The Red Bulletin a fait appel à son talent. Boatwright illustre admirablement l’histoire du Flexing et capture les acrobaties ahurissantes de ces gamins désen-chantés de Brooklyn. Flex, danse machine, page 76.

AngelA BoAtwright

Dans son travail, le photographe allemand n’est pas du genre à se laisser intimider. Diane Kruger ou Christian Lacroix peuvent en témoigner. Ici, au sommet du col autrichien de Furkajoch, Jans est dans son élément. C’est dans ce décor majestueux que Sebastian Vettel, la légende vivante Fritz Ehn et cinq élégantes dames de fer ont rendez-vous. « Soleil et bonne humeur, la journée par-faite », s’exclame Jans, tout à sa joie à l’issue du shooting. Roues libres, page 30.

« soleil et bonne humeur, la journée parfaite »Markus Jans

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Man itow i s h wate r s , É tat s - U n i s

rouge à lèveUne grue pour le photographe, un winch élec-trique pour le wakeskater et une mer de canne-berges (qui sont restées intactes) comme aire de jeu. On croit Ryan Taylor lorsqu’il dit rêver de cette photo depuis des années. À l’automne 2012, alors que les champs de canneberges sont inondés pour la récolte dans le nord du Wiscon-sin, Taylor appelle à la rescousse l’équipe de Red Bull Winch Sessions et Ben Horan sort son wakeskate. C’est dans la boîte. Plus sur www.ryantaylorvisual.com Photo : Red Bull Illume/Ryan Taylor

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Pu nta d e Lo b o s , C h i Li

Bleu nuitEn mai dernier, le surfeur chilien Cristian Merello

est réveillé par un ami qui lui apprend une nouvelle d’enfer : le Pacifique se déchaîne en tubes de plus

de 100 mètres de long à Punta de Lobos (« la pointe aux loups »), spot situé à quatre heures de route au

sud de Santiago. Merello appelle aussitôt Pablo Jiménez. Le photographe se précipite sur la plage,

saute dans l’eau et pagaie illico, sans combinaison, contre le courant et en dépit d’un froid glacial.

Dans l’œil du tube, le résultat vaut le coup d’œil.Plus sur www.facebook.com/pablojimenezfotografo

Photos : Red Bull Illume/Pablo Jiménez

M e r b l an c h e , ru s s i e

feu vertVoilà à quoi ressemble une journée ensoleillée dans la mer Blanche. Ici, à l’est de la Finlande, la température de l’eau plafonne à 15 °C au cœur du mois d’août. Pas de quoi effrayer la plongeuse Katerina Hamsikova, accompagnée par George Karbus. Le photographe jure que ce bloc de glace s’apprivoise facilement. S’il le dit.Plus sur www.emerald-vision.com Photo : Red Bull Illume/George Karbus

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arrêt sur images

Instantané

Les meilleures photos seront tirées au sort. Le ou la gagnant(e) repartira avec la gourde suisse SIGG siglée The Red Bulletin.

Faites-nous partager votre univers trépidant en envoyant vos clichés à [email protected]

Bullevard

san Francisco Tarron Williams remporte Red Bull King of The Rock des mains de Blake Griffin (à droite). Garth Milan

énergisant… à petites doses !

ROYAL LIFTING

L’Anglais D*Face adore le pop art. Blondes de BD, super-héros et icônes pop comptent parmi les motifs favoris de l’artiste de rue londonien. Cependant, entre ses mains, les œuvres de Roy Lichtenstein et d’Andy Warhol, les fondateurs du pop-art, prennent une nouvelle dimension. La reine d’Angleterre est relookée avec une coupe iroquoise et un anneau dans le nez, Marilyn Monroe en tête de mort ailée. « Je dénature des œuvres cultes pour pousser les gens à réagir et remettre en cause la société de consommation », dit-il. L’artiste vient de sortir sa première grande monographie retraçant son parcours, du tagueur à l’artiste coté. Ses prix dépassent aujourd’hui 70 000 €.

D*Face donne un coup de jeune au pop art, à coups d’anneau dans le nez et d’ailes de BD.

The Art of D*Face –

One Man and His Dog,

à découvrir sur www.laurence

king.com

Battle de B-BoysEn Corée du Sud, la 10e édition

du Red Bull BC One, le Championnat du monde de

breakdance, opposera 8 jeunes B-Boys à 8 champions.

LILOu (ALG) Unique double champion de Red Bull BC One. L’an passé, Madonna l’engage comme chorégraphe dans le cadre de sa tournée mondiale.

NEGuIN (BRé)Le champion 2010 faisait par-tie l’an passé du jury de la finale. Pour les dix ans, le capoeiriste remonte sur le ring.

OMAR (uSA)Vainqueur en 2004 de la 1re édition de Red Bull BC One, ce papa de 28 ans transmet son art aux plus jeunes, tout en soignant son comeback.

MOuNIR (FRA) C’est le tenant du titre. Après coup, il prétend n’avoir pas utilisé tous ses tricks. Bluff ou provoc ? À suivre.

La finale de Red Bull BC One le 30 novembre en direct sur www.redbullbcone.com

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Inspiration. Buraka Som Sistema ici chez eux, à Lisbonne.

Traqueurs de sonsComment Buraka Som Sistema abordent-ils un nouvel album ? Le quintette portu-gais commence par réserver des billets d’avion. C’est que ces musiciens d’électro savent que l’inspiration ne les attend pas dans leur salle de répèt’. Voilà six ans qu’ils écument le globe en quête de nou-velles cultures underground et de ten-dances musicales locales. Pour fusionner leurs trouvailles et créer un son multicul-turel, explosif destiné aux clubs. « Les courants musicaux intéressants ne naissent pas des studios d’enregistrement high-tech mais dans les arrière-cours », explique Branko, membre du groupe, dans le documentaire Off The Beaten Track. Le réalisateur João Pedro Moreira a suivi Buraka Som Sistema en Angola, au Venezuela, en France, en Inde, dans des studios nichés au cœur de ghettos et sur les grandes scènes de festivals. Le groupe croise la route de jeunes producteurs et celle de ses fans les plus célèbres, M.I.A, Skream et Diplo. Plus sur www.offthebeatentrackmovie.com

Antalya Jonny Walker lors de Red Bull Sea to Sky, un contest d’enduro disputé en Turquie. Lukasz Nazdraczew

Yamanashi Sur le lac japonais Yamanaka, le wakeboarder Shota Tezuka à Red Bull Wake and Wake Capture. Jason Halayko

Ceva Des apprentis riders admirent le maître italien Alessandro Barbero lors d’une session Red Bull Under My Wing. Damiano Levati

Jeux, sets et

records La Coupe Davis et ses légendes

Roy EmERSoN Entre 1959 et 1967, l’Australien soulève huit fois le saladier.

Record inaccessible ?

BJöRN BoRg Le Suédois rem-

porte la bagatelle de 33 simples consécutifs.

JoHN mcENRoE En 1982, l’Américain bat Mats Wilander

en 6 h et 22 min, soit le plus long simple

jamais joué.

La finale 2013oppose la Serbie

à la Rép. Tchèque à Belgrade (15–17.11)

PHoTo gAgNANTE

the red bulletin : Avec le recul, comment analysez-vous votre ultime prestation sur vos terres, au rallye d’Alsace (Loeb a été victime d’une sortie de route, ndlr) ?sébastien loeb : C’est comme ça. Je pense aux fans surtout. J’arrête à un moment où je peux encore assurer. Enchaîner la saison pro-chaine avec le championnat du monde des voitures de tourisme, c’est une manière d’amorcer la retraite en toute sérénité ?Je veux rester compétitif. Pour l’instant, nous testons la Ci-troën C-Élysée. Mon coéquipier Yvan Muller a bien plus d’ex-périence sur les circuits. Moi, je débute. Yvan est le partenaire idéal dans ma situation.

Qu’est-ce qui va le plus vous manquer ?Cette sensation de voler à 180 km/h sur les bosses et à travers les forêts, comme au rallye d’Écosse. Par contre, les réveils à l’aurore et les week-ends à rallonge, ça ne me manquera pas... Pour un rallye, tu es sur place dès le mardi. Une course le week-end, ça ne dure « que » du jeudi au dimanche.Que devient Daniel Elena ?Il joue à la pétanque et il boit du Pastis. Je te jure ! Il incarne le cliché parfait du Marseillais tranquille. Tandis que moi, je vais seul à l’hôtel, je vais seul aux courses… Et je l’appelle beaucoup plus souvent qu’avant !Plus sur www.sebastienloeb.com

merCi seb !Sébastien Loeb, 9 titres de Cham-pion du monde en poche, a donc mis un terme à sa carrière en WRC. Mais il n’en reste pas là.

Souvenir. Loeb, au volant de la DS3.

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En plein Paris, Sosh n’a pas

lésiné sur les moyens

Fin septembre, Sam Partaix réunit ses potes afin de participer à un événe-ment sans précédent. « Une rampe mobile dans les rues de la plus belle ville du monde. Du jamais vu ! » Pour rider à ses côtés, le Parisien invite notam-ment deux stars de la discipline, Aurélien Giraud et Vincent Matheron. De la Porte Maillot à la Cité Universitaire, les Franciliens n’ont d’yeux que pour ce rutilant truck yankee.

Confiée à Eric Merlot, concepteur-constructeur et « grand frère » de Par-taix, la construction de cette rampe éphémère en surprend plus d’un. Marie et Thomas viennent de Poissy : « C’est dingue ce qu’ils ont fait ! » Merlot signe pour l’occasion une rampe en bois (13 m × 2,5 m) postée à l’arrière d’un semi-remorque. Sosh sollicite l’artiste américain Douglas Lee, connu pour ses créations au style rétro et flashy inspirées des années 80.

Le Sosh Truck, 100 % connecté, attise les curieux. Aux platines, Poom et Plainview assurent. Cantonné aux skate-parks de quartiers, cet événement a permis de placer ce sport au cœur de la ville.Plus de skate sur www.redbull.fr

Colombo Au Sri Lanka, B-Boy Pelezinho devient prof de danse lors de Red Bull BC One All Stars. Red Velvet

Moscou Yuri Renov s’amuse dans la station de métro Vorob’evy Gory. Dmitry Krayuhin, Red Bull Skate Underground

Taipei Le bolide de « Silver Surfer » cristallise tous les espoirs lors de Red Bull Caisses à Savon à Taïwan. Victor Fraile

Peyragudes never dies !Combinaisons aux couleurs éclatantes, casques inté-graux et planches de skate comme on en voit peu… Bienvenue dans la station pyrénéenne de Peyragudes. Début août, ils sont 64 skateurs et 16 lugeurs d’élite à participer au Never Dies. Pierre Hardillier est sacré champion de France de skate, tandis que Marie Bou-gourd, chez les femmes, Yanis Markarian chez les ju-niors et Maxime Rubi en streetluge décrochent la lune dans leurs catégories respectives.Plus sur www.redbull.fr

à fleur de route

Mad dayLa première édition de The Mud Day a rassemblé 13 000 participants sur le terrain d’entraînement du camp de Beynes, dans les Yvelines. Les premiers se sont élancés à 8 h 40 puis, toutes les 20 minutes, des vagues de 400 personnes. Sur les 13 kilomètres du parcours, les Mud Guys ont rampé sous des barbelés, escaladé des filets, porté des sacs de sable, franchi des murs de 4 mètres de haut. La boue, oui mais aussi de la glace et de l’eau. Vivement l’année prochaine !Plus sur www.themudday.com

SoSh met le paquetUn semi-remorque de 35 tonnes, 20 skateurs et Paris en toile de fond... C’était le Sosh Truck !

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à boue de souffle

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dans la tête de...

Jennifer LawrenceRécompensée en février par l’Oscar de la meilleure actrice, la star montante de 23 ans attise

tous les fantasmes de Hollywood. The Red Bulletin dévoile ses secrets de fabrication.

2012, la razziaHunger Games a rapporté 700 millions de dollars. Le

2e volet de la trilogie, Hunger Games – L’embrasement, sort le 27 novembre. Entre-temps,

Jennifer a récolté un Oscar pour son interprétation d’une névro-

sée dans Happiness Therapy.

À fond la gamelleAlors que quelques pas seule-ment la séparent de son Oscar, J-Law trébuche. Et Hollywood se précipite. Sur scène, elle

déclare : « Messieurs, vous vous sentez mal parce que je suis tombée, c’est gênant, mais je vous remercie quand même. »

Belle répartie !

Ma chair et tendre

Dans Winter’s Bone, un drame qui se déroule dans un village paumé, le personnage de Lawrence écorche un écu-reuil pour nourrir sa famille. Aucun animal n’a été blessé, comme on dit dans les géné-riques. Jennifer assure que

la bête était vivante.

Plus sur www.imbd.com

Twitter, c’est nietC’est rare pour une jeune

femme de 23 ans, mais Jennifer n’est pas sur Twitter.

Elle envisage la chose comme une punition. Pour se nourrir d’infos en 140 carac-tères, mieux vaut se tourner

vers les bavards Kristen Stewart et Will Smith.

De plus en plus haut

Après Hunger Games – L’embrasement, Jennifer

sera toute bleue et couverte d’écailles dans X-Men – Days of Future Past, et à

l’affiche d’American Bull-shit. Avant de rejouer avec Bradley Cooper, son parte-naire dans Happiness The-

rapy, dans le drame Serena.

Passe ton bac d’abord

Jennifer Shrader Lawrence est née à Louisville, dans le Kentucky, le 15 août 1990.

La comédie lui permet d’apaiser son anxiété d’ado-

lescente. Ses parents lui balancent un cinglant

« Passe ton bac d’abord ! » Jennie le passe, avec deux ans d’avance.

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De la « brique » au smartphone, The Red Bulletin s’est penché sur 30 ans de téléphonie mobile. Une évolution en marche.

hier et aujourd’hui

allô !

fonctionsÉmettre ou recevoir des appels et sélectionner un numéro sont les seules actions possibles avec cet appareil. Le DynaTAC, qui fonctionne comme une radio, dispose d’un réper-toire de trente numéros. À l’époque, le nec plus ultra.

écran L’affichage est consti-

tué de diodes électrolu-minescentes, à l’instar

des calculettes des années 70. L’écran du

DynaTAC permet l’affichage du nom et du

numéro grâce à ses deux lignes.

ergonomieLong de 33 cm (difficile-ment logeable dans une poche de pantalon) et pesant plus d’un kilo, le tout premier téléphone portable est très encom-brant. D’où son surnom, « la brique ».

Le 3 avril 1973, martin cooper, ingénieur chez motorola, passe un coup de fil historique. Depuis la rue, il appelle l’entre-prise at&t pour tester son invention révolution-naire. Le téléphone cellulaire portatif est né. sa commercialisation débute en 1983 sous le nom de Dynatac 8000X. malgré une autonomie limitée à vingt minutes, 330 000 exemplaires sont vendus. cooper : « À l’époque, ce n’était pas très gênant vu son poids ! »

martin cooper et son proto-type motorola Dynatac 8000X, utilisé pour le pre-mier appel depuis un portable. Plus sur www.motorola.com

1983Motorola Dynatac 8000x

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écranFull HD de 13 cm pour des images

et des vidéos pleines de vie. Le capteur

au dos livre des pho-tos d’une résolution

de 20,7 mégas pixels et des vidéos en

1 080 pixels.

FonctionsEn intégrant un capteur

numérique, une Sound Station et une plateforme de jeux, le téléphone éta-

blit une nouvelle réfé-rence en termes d’exploi-

tation de données. Son Info-Eye recherche même

des informations sur l’objet pris en photo.

ergonomieLe terminal Android, 169 g, 144 mm de longueur et 8,5 mm d’épaisseur, est protégé par des plaques de verre trempé et traité pour résister à l’eau et à la poussière. Il peut donc finir dans la baignoire ou prendre des images jusqu’à 1,5 mètre de profondeur.

Kazuo Hirai, le PDg de sony, lors de la présentation de l’Xperia Z1 au salon de l’élec-tronique iFa Berlin 2013.Plus sur www.sony.com

sa présentation officielle à Berlin en septembre a marqué l’aboutissement d’un long projet secret. nom de code ? « Honami ». il permet à sony de pro-duire le smartphone le plus intelligent au monde. Le successeur de l’Xpe-ria Z propose des fonc-tions inédites, comme le info-eye (voir ci-contre) ou la possibilité de téléchar-ger sur le net des images vidéos live via Facebook. sans oublier que la batte-rie de l’Xperia Z1 a une autonomie de 14 heures en conversation.

2013Sony Xperia Z1

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TON MOMENT.HORS DU COMMUN©

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1 Mise en doucheLa veille d’une course, je prends une douche glacée de plusieurs minutes. Pour être tonique dès le départ, lorsque je dévale la piste à 90 km/h à côté d’autres skieurs ou que je saute à cinq mètres de hauteur.

2 elle et la cuissePendant la course, si je ne suis pas en train de sauter, je suis en recherche de vitesse. Avoir des cuisses solides est un gros avantage. Pour les renforcer, je fais de la musculation, notam-ment des flexions genoux avec une barre de 150 kg.

dure au Mal 4Les blessures font partie du ski-cross. Mon palmarès : ligaments

et ménisques déchirés… Les bobos ne m’arrêtent pas.

Pendant les Mondiaux 2011, je me démets le pouce. Je porte

une attelle et enchaîne avec la course suivante en Coupe du

monde et termine 2e.

Mental gagnant 5Fin 2011, je chute lourde-

ment. Verdict : déchirure du ligament croisé. La rééduca-tion est très éprouvante. Je

me répète : « Je reviendrai ! » Et, la saison dernière,

je gagne le titre mondial et le classement général

de la Coupe du monde.

consécration 3 Une course se gagne dans la tête. C’est pourquoi je joue la

carte de l’entraînement mental et de la pensée positive. Par

exemple, sur la ligne de départ, j’imagine que je franchis

la ligne d’arrivée en premier. Plus on visualise clairement

ces moments-là, plus il y a de chances qu’ils se réalisent.

Mon corps et Moi

La Suissesse de 21 ans, cham-pionne du monde de skicross, prépare une course à l’eau gla-cée, s’entraîne avec des haltères de 150 kg et dépasse l’adversité.

fanny smith

Plus sur fanny-smith.com

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vite fait, bien faitSportifs vainqueurs et parcours victorieux aux quatre coins de la planète.

Rond. Toms Alsbergs s’offre une balade à La Cigale.

Du public aux balcons, de la zik parfaite et, au milieu de la salle parisienne de La Cigale, le plus petit vélodrome du monde avec sa piste de 14 mètres de long pour 9 de large. Un cercle infernal dont on ne sort que vainqueur ou éjecté par une chute. Ces 150 fondus du pignon fixe connaissent la règle.

Le matin, il faut s’extraire des qualifications, un contre-la-montre individuel sur dix tours. Au milieu d’une concurrence re-levée, dont quelques pistards français comme Charlie Conord qui se classera 5e, ou les Québécois de iBike, Toms Alsbergs se révèle déjà le plus rapide des 32 riders qualifiés.

La deuxième phase, avec l’affrontement direct entre deux ad-versaires, démarre en soirée par les 16e de finale. Le niveau s’élève, l’ambiance aussi. La bagarre entre équilibristes sur deux roues électrise la salle tour après tour quand il faut enchaîner les virages serrés. Toute erreur se paie cash... dans le décor. Et quand deux riders chutent ensemble, comme Josh Gieni et le Français Simon Gomok, il faut la décision du juge-arbitre pour valider la victoire du second. À ce petit jeu, Toms Alsbergs, battu en finale il y a deux ans sur une chute, n’a pas de rival. Pas même Arturs Pavlovs, son dauphin. « Le niveau est élevé, résume le vainqueur. Il y a du stress avant chaque course. » Et du frisson à chaque tour de piste.Plus sur www.redbull.fr

Les bons tours d’ALsbergsLa 2e édition de Red Bull Mini Drome, com-pétition de vélo sur piste, a vu la victoire du Letton Toms Alsbergs.

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Duo. Alsbergs (à droite) et

Pavlovs. Les Grecs Iordanis

Paschalidis et

Kostas Trigonis ont

défendu leur titre

avec succès, à Ibiza,

lors des champion-

nats du monde de Tornado.

Grâce à sa victoire au Portugal, la surfeuse

hawaïenne Carissa Moore s’adjuge le

classement final du circuit ASP pour la 2e fois après 2011.

À Leogang (Autriche), le Canadien Steve Smith devance l’An-glais Gee Atherton. Il est sacré champion du monde de descente en VTT.

La Belgique, et surtout Puurs, semble être un terreau porteur pour la Sud-Coréenne Jain Kim. La grimpeuse de 25 ans remporte sa 4e médaille consécutive.

25

Bullevard

forte têteLe coup de casque de Zlatan Ibrahimović est un cas d’école. Martin Apolin détaille*.

PressionSur un corner, côté gauche, « Ibra » s’élève dans la surface de réparation et d’un coup de boule décroisé envoie le ballon dans la lucarne droite. Un geste qui s’explique par l’orientation du coup de tête combinée à l’action des forces à l’œuvre (croquis 1). Examinons cela de plus près. La déviation du ballon s’effectue en angle droit, et sa vi-tesse avant et après la déviation reste sensiblement la même. Soit 20 m/s (72 km/h).

Dans quelle direction le changement de vitesse (Δv) doit-il s’effectuer pour que la tête soit cadrée ? Cela sup-pose que v¹ + Δv = v², et donc Δv = v² – v¹. De manière graphique, cela revient à inverser la position du vecteur v¹ (croquis 2a) en le plaçant à la pointe de v² (croquis 2b). Orienté vers le haut à gauche, le vecteur Δv relie la base de v² à la pointe de – v¹ en formant un angle infé-rieur à 45 °.

La force qu’Ibrahimović met dans le ballon doit avoir cette même orientation. La deuxième loi de Newton défi-nit la force, comme étant le produit de la masse multi-pliée par l’accélération : F = m · a. Quant à l’accélération a, elle est le quotient du changement de la vitesse dans le temps : Δv/Δt.

De là, F = m · Δv/Δt et F ~ Δv. Ainsi, l’altération du mouvement est toujours proportionnelle à la force qui lui est imprimée. Et comme dans les deux cas, il s’agit de vecteurs, la force doit également s’orienter vers le haut à gauche avec un angle inférieur à 45 ° (croquis 3). Ici, l’in-tuition est trompeuse. Instinctivement, on pense qu’il faut viser la cage pour que la tête soit cadrée, une option qui envoie le ballon hors cadre à droite.

Quelle est la valeur absolue du changement de vi-tesse ? Celle-ci est de 20 m/s · √ 2 = 28,28 m/s parce que Δv est la diagonale d’un carré. Un changement de vitesse donc plus rapide que la vitesse du ballon avant et après la déviation, plutôt surprenant !

Pour déterminer la pression que subit la tête, nous avons besoin de la durée du contact. Celle-ci dépend de la dureté et de la vitesse du ballon et peut s’élever à seu-lement 6/1 000 s. L’accélération du ballon est alors de a = Δv/Δt ≈ 4 700 m/s². La masse du ballon étant d’envi-ron 0,45 kg, il s’ensuit selon F = m · a une force d’environ 2 100 N. Pour 6 · 10–³ s, cela revient à une pression d’une masse d’environ 210 kg.

ovationSi le géant suédois (1,95m, 95 kg) a été sacré champion à huit reprises (deux fois aux Pays-Bas avec l’Ajax Amster-dam, quatre titres en Italie avec les deux clubs de Milan, la Liga avec le Barça et la L1 avec Paris), il court après la C1.Plus sur www.ibrahimoviczlatan.com

*�Le�professeur�Martin�Apolin�a�48�ans.�Cet�agrégé�en�sciences�du�sport�est�physicien.�Il�enseigne�à�la�faculté�de�Vienne�(Autriche).�Apolin�est�aussi�l’auteur�de�plusieurs�ouvrages.�

Formule magique

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26

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Canon. Meilleur buteur de L1 la saison passée avec

trente réalisations, Zlatan Ibrahimovic est l’archétype

de l’attaquant moderne.

chriffres du mois

à la bonne heureD’un gramme à plusieurs tonnes, dans l’espace ou sous l’eau, avec une précision

à la nanoseconde près, l’heure s’affiche dans toutes les dimensions.

Plus sur www.timeanddate.com

La tour Abraj Al Bait à La Mecque

Buzz Aldrin et son Omega Speedmaster

43Avec ses 601 mètres, la tour Abraj Al Bait de La Mecque est le 3e édifice le plus élevé au monde. Achevée l’an dernier, elle abrite la plus grande horloge de la planète. Quatre cadrans de 43 mètres de diamètre, un mécanisme de 90 millions de pièces, des aiguilles de 23 mètres de long pesant chacune plus de 7 tonnes.

À Washington, le National Institute of Standards and

Technology abrite l’horloge la plus précise au monde. Constituée

de 10 000 atomes d’ytterbium (l’un des 18 métaux de terres

rares) refroidi à − 273 °C cette horloge atomique varie de moins d’une seconde tous les 13,8 milliards d’années.

13,8

3,4Le mouvement mécanique de la Calibre 101 de Jaeger-LeCoultre est une merveille de miniature. Boîtier de 14 mm de longueur, 4,8 mm de largeur et 3,4 mm

d’épaisseur, le tout pour un petit gramme. Ce chef-d’œuvre suisse a

vu le jour en 1929. Son assem-blage, réalisé à la main, a nécessité

une semaine complète.

Le temps, c’est de l’argent, c’est peu de le dire. Une Rolex Daytona coûte autant qu’une berline moyenne, une Greubel Forsey Double Tourbillon 30 ° Vision au-tant qu’une maison. Quant au mo-dèle unique, serti de diamants de 201 carats et créé par le Suisse Chopard, son prix est de 17 mil-lions d’euros.

201

10 916La première montre étanche est une Rolex Oyster de 1926. Le 23 janvier 1960, une Rolex Subma-riner, fixée à la coque du bathys-caphe américain Trieste réussit dans la fosse des Mariannes un test d’étanchéité par − 10 916 mètres. Soit le point le plus profond des océans connu à ce jour. Ian Fleming en offre une à son héros James Bond qu’il arbore dans les neuf premiers films.

L’Omega Speedmaster a décroché la Lune en satisfaisant toutes les exigences de la NASA : choc, dé-

pressurisation, surpression et ré-sistance à des températures allant de − 18 à + 93 °C. Le 21 juillet 1969,

au poignet de Buzz Aldrin, elle devient la première montre sur la Lune. Neil Armstrong avait laissé

la sienne à bord d’Apollo 11.

− 18

Le sous-marin Trieste, la Rolex Oyster et Sean Connery dans

Opération Tonnerre

L’horloge atomique de Washington

La montre aux diamants de Chopard

La Calibre 101 de Jaeger-

LeCoultre

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28 the red bulletin

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1 YEARANNIVERSARY

Les couLisses deRed BuLL sTRATos

présente

R e g a R d e z l e d o c u m e n ta i R e e n e x c l u s i v i t é s u R

r d i o . c o m / r e d b u l l s t r a t o s

Adolescent, Sebastian Vettel est un passionné de course automobile

mais aussi un fondu de deux-roues. Aujourd’hui, il en possède

quatre. Il les retape et les che-vauche, dans un refrain de

liberté et de détente. Loin de l’infernal rythme des pad-

docks. The Red Bulletin a eu le privilège de l’ac-compagner par un bel après-midi automnal.

T e x T e   : W e R n e R J e S S n e R P h o T o S   : M A R k u S J A n S

S T y L I S M e   : k L A u S S T o c k h A u S e n

LIBReSRoueS

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« La performance technique excep-

tionneLLe qu’on trouve sur ces

pièces incroyabLes m’inspire pLus de

respect qu’une formuLe 1 »

33

ur le contrefort du col de Furkajoch (Au-triche), un jeune homme, blouson en cuir et casque argenté, chevauche une moto insolite. Même les connaisseurs, venus en nombre pour participer à la virée, se penchent sur l’emblème pour en déchif-frer la marque. C’est une Scott Flying Squirrel, modèle 1938. Quant au pilote qui arbore un large sourire à son guidon, il faut être un sacré physionomiste pour reconnaître Sebastian Vettel. Une passion qui remonte à l’adolescence. « J’ai d’abord fait beaucoup de vélo, puis mon père nous a offert, à ma sœur et moi, un mini-Vespa. Je m’en souviens, c’était un jour de grand froid. Mon premier tour dans la cour s’était soldé par une belle gamelle tellement j’étais frigorifié. »

À l’époque, les idoles de Vettel sont exclusivement des pilotes de Formule 1. Hormis Michael « Mick » Doohan, le pilote moto australien, dont il admire les ex-ploits à la télé. « Je le trouvais un peu fou. J’ai eu la chance de rencontrer Mick, c’est un sacré personnage et une vraie légende vivante. » Sebastian Vettel a sept ans quand Michael Schumacher célèbre en 1994 son premier titre de champion du monde de F1. Le modèle du petit garçon, Allemand comme lui, est tout désigné. Le petit Seb vit une enfance heureuse. C’est sur son vélo qu’il découvre ses premiers frissons de liberté.

Vettel rembobine : « Le vélo me per-mettait d’aller en ville, à la piscine et de retrouver mes copains. Ç’a été une première étape vers l’indépendance. » À l’adolescence, il se met au karting et passe l’équivalent allemand du brevet de sécurité routière (BSR) pour la conduite d’un deux-roues. Plus question d’aller à l’école en vélo. C’est en mobylette débri-dée – pour en booster la vitesse – que Vettel se rend au bahut. « Ce bricolage, c’était du grand n’importe quoi », se sou-vient, rigolard, le champion du monde.

Né en 1987, il n’a pas connu la grande époque du tuning des « mobs », dont l’heure de gloire sonnait vingt ans plus tôt. Période durant laquelle toute une jeunesse se lançait dans la surenchère de la technique et de la vitesse, kit Polini à l’appui. « J’ai acheté ma première moto à 16 ans, avec l’argent reçu pour ma confir-mation. Une Caviga Mito, dont la face avant évoquait celle d’une Ducati. J’éprouvais toujours une petite gêne en arrivant au lycée car il était impossible de ne pas la remarquer sur le parking où elle était de loin la plus cool. » Comme les karts de course qu’il possède, la Caviga est équipée d’un moteur deux-temps. Une technique simple à avantage double. Tout d’abord, elle génère un nombre élevé de tours à la minute et elle fonctionne grâce à un mélange huile-essence, d’où cette odeur de gaz caractéristique qui s’en échappe. « J’aime les moteurs deux-temps depuis ma période karting. Leur bruit si particulier et cette odeur me rappellent ma jeunesse. Aujourd’hui, ils ont prati-quement disparu. C’est bien dommage. »

Tout le monde connaît la suite : la Ca-giva se fait de plus en plus rare sur le par-king du lycée, Vettel est trop occupé à prendre d’assaut les différentes catégo-ries de courses pour jeunes et fait ses dé-buts en F1 après avoir néanmoins décro-ché le bac. Malgré tout, on cause toujours moto chez les Vettel, surtout que le grand-père n’est pas peu fier de sa NSU Max et de sa BMW R 51/3. D’ailleurs, abandonnée dans une grange, son pilote de petit-fils a découvert une BMW iden-tique à la sienne. Laquelle, mal en point, a besoin d’une restauration complète. Se-bastian espère pouvoir s’en occuper lui-même, dès que la saison de F1 aura fait relâche, c’est-à-dire à la fin du mois. Son parc deux-roues personnel, outre une

S « Je faiS de la moto depuiS l’âge de 16 anS. À part perdre l’équilibre À l’arrêt, Je n’ai JamaiS eu d’accident »

34

36

« la norton semble vous supplier en permanence d’accélérer ! mais, je suis

plus à l’aise sur la scott. elle est faite pour la balade et permet de mieux apprécier le paysage »

Confiance. Professeur Friedrich Ehn (à gauche) adoube « l’élève » Sebastian Vettel.

« Me coucher dans les virages et ressentir l’inclinaison est une sensation incroyable »

vieille Vespa – à retaper elle aussi – abrite un scooter moderne pour tous les jours, « imbattable pour la ville », une KTM 690 Duke pour le plaisir des virages, et une BMW S 1000 RR à la hauteur du sportif qu’il est. Quand on a le talent et l’agilité exceptionnelle d’un champion du monde de Formule 1, on fait bonne figure, quel que soit l’engin : « Je peux rapidement m’habituer à la vitesse et aux enchaîne-ments de mouvements. Du coup, je suis à l’aise en un clin d’œil, mais c’est bien là que se cache le danger car je manque de pratique. » Sebastian Vettel a conscience de cette limite : « Sur ma selle, je ne suis pas du genre à me laisser griser. » Ça tombe bien car il aime s’évader sur deux-roues, à la recherche de moments d’har-monie et de méditation, trop rares pen-dant la saison de F1. « La moto procure une sensation de liberté unique, impos-sible à ressentir en voiture. Les sens agissent différemment. Je fais corps avec l’environnement, je peux m’arrêter et me poser à tout moment et en tout lieu. Même en ville, où la moto est moins contraignante qu’une voiture, ce n’est pas possible. Aujourd’hui, la moto a moins d’importance qu’autrefois, surtout chez les jeunes. C’est dommage. Je pense que cela vient des parents qui, trop heureux d’avoir survécu à leurs folles années moto, refusent que leurs enfants y touchent. J’espère que cela reviendra car elle procure des moments enrichissants, emprunts de beauté. » Des moments que sa réalité quotidienne de pilote en lutte permanente pour le titre mondial rendent encore plus appréciables.

ar Vettel est toujours entre deux avions, pour prendre le départ d’une nouvelle course à l’autre

bout du monde. Quelques jours de re-lâche sont précieux.

Fritz Ehn, ou devrait-on dire Profes-seur Friedrich Ehn tel que le surnomment les bikers, n’a pas fait le voyage tout seul. Il est accompagné de cinq bécanes d’ex-ception, des modèles des années 30, ex-posées en temps normal dans son magni-fique musée de Sigmundsherberg, non loin de la ville autrichienne de Horn. Dans le lot, une Brough Superior dont le prix se décline en six chiffres, une Norton International de 1935 victorieuse sur tous les circuits du monde, une Scott Flying Squirrel – la favorite de Sebastian – dans un état technique et esthétique excep-tionnel avec son moteur deux-temps bicy-lindre et son refroidissement liquide, et enfin une Ariel et une Rudge, deux chefs-d’œuvre de l’ingénierie anglaise.

Des arguments qui facilitent les échanges. Il ne faut pas plus d’une mi-nute à Fritz et à Sebastian pour se tutoyer et se lancer dans une discussion de spé-cialistes. « Entre le vieux lion et le jeune loup », dit le premier avec un sourire malicieux. Le plus jeune a l’air gaga de ces incroyables et vénérables dames de

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the red bulletin 39

fer, vêtues de noir et de chrome, qui, à plus de quatre-vingts ans, ont encore une pêche incroyable. « Que ce soit pour les deux ou les quatre roues, il faut toujours garder à l’esprit quand et comment elles ont vu le jour. Le niveau du travail ma-nuel est colossal, concède Vettel. Bien sûr, l’exactitude dans l’assemblage de ma Formule 1 est bien supérieure, mais avec une précision qui se joue au millième de millimètre près, même un artisan hors pair ne pourrait plus reproduire au-jourd’hui une telle prouesse. Du coup, l’excellence de la performance technique réalisée sur ces pièces admirables m’ins-pire davantage de respect. »

En cette belle journée d’automne, l’attention de Sebastian est monopolisée par la Norton et la Flying Scott : « La pre-mière, la Norton est une bête de course, ça se sent dès qu’on s’assoit dessus. Elle semble vous supplier en permanence d’accélérer ! Mais, je suis plus à l’aise sur la Scott. Elle est faite pour la balade et permet de mieux apprécier le paysage. » Peu à peu, la conversation prend une tournure philosophique, comme souvent entre bikers.

« Esthétiquement, les motos de course sont très élégantes, et à l’arrêt, elles se re-gardent comme des œuvres d’art. On peut aussi avoir la chance de rencontrer de magnifiques naked bikes qui dévoilent la beauté technique qu’elles cachent en elles. Toutes ces raisons font que je me suis passionné pour les motos anciennes. Leur processus de fabrication et de fonc-tionnement restent accessibles. Avec les voitures, c’est devenu très abstrait de nos jours alors que pour les motos, l’illusion qu’on pourrait les réparer soi-même ou, du moins, qu’on saurait par où commen-cer persiste. Je prends un plaisir fou à comprendre leur mécanique et leur mode de propulsion. »

Vettel a la technique dans la peau. Il la comprend, la respire. C’est que les 320 pensionnaires du musée de Fritz Ehn exigent une grande délicatesse. L’allumage nécessite un peu de patience, l’accélérateur doit être préalablement essoré, le point mort est inexistant, le changement de vitesse se fait en sens inverse, l’embrayage en liège est capri-cieux et les freins plutôt symboliques. Or, à aucun moment le Professeur Ehn ne relève la moindre maladresse à l’égard de ses précieuses machines d’un autre âge. « Vettel est l’un des nôtres », dit-il au moment où le jeune pilote de Formule 1 disparaît dans l’autre versant du col. Un sacré compliment venant de quelqu’un qui a plus de six décennies de métier d errière lui.

« J’ai touJours l’impression que mon

genou va toucher le bitume mais

heureusement, cela n’est Jamais arrivé »

Production : Christopher Schönefeld/made in germany,  Coiffure et maquillage : Berry Erwanto,  

Décor : Dagmar Murkudis, Motos : Fritz Ehn

41

n jour du mois d’août 2013, à Stabbestad, en Norvège. Il est 9 h 30. Magnus Carlsen dort. Il est trop tôt pour discuter avec le meilleur joueur d’échecs au monde. « Magnus se lève seulement dans une heure », précise son manager Espen Agdestein, la quarantaine avancée et des épaules de première ligne. Assis dans le lobby du Kragerø Resort Hotel, à deux heures de route au sud-ouest d’Oslo, ce dernier monte la garde. Derrière la porte d’entrée en verre, les voiturettes de golf se dirigent vers leur premier tee et le spa se remplit de convives. Au premier étage, Magnus Carlsen se tourne une fois de plus dans son lit.

C’est que le n °1 mondial des échecs prépare son premier championnat du monde à Stabbestad. Magnus Carlsen, 22 ans, menton large et traits marqués, est considéré comme le plus grand talent de sa génération. Avec un classement ELO de 2 872 (cette valeur équivaut aux résultats en tournoi, chiffre arrêté en février 2013, ndlr), il détient le record du plus haut niveau jamais mesuré. Mais sa renommée

UMagnus Carlsen, norvé-gien de 22 ans et n °1 mon-

dial des échecs, se lance ce mois-ci à la conquête de son premier titre plané-

taire. À Chennai, en Inde, il tentera de battre

Viswanathan Anand, indétrônable champion du monde depuis 2007.

Carlsen a confié à The Red Bulletin son

plan de bataille.Texte : Andreas Rottenschlager

Photos : Markus Jans

Lumière. Magnus Carlsen, n °1 au classe-ment de la Fédération internationale des échecs, s’appuie sur une mémoire photographique.

comment renverser

Unroi ?

42

va bien au-delà du monde des échecs. En avril, le magazine américain Time le désigne comme l’une des cent personnes les plus influentes de la planète.

Depuis début novembre, Magnus Carlsen affronte l’Indien Viswanathan Anand, chez lui en Norvège, pour le titre de champion du monde. L’affable Anand, lunettes rondes et expert en théorie des ouvertures, défend avec succès son titre mondial depuis 2007. Carlsen veut détrô-ner le champion de 43 ans. C’est au Kragerø Resort Hotel que s’établit son plan de bataille. La préparation commence au-jourd’hui à 10 h 30 par un petit-déjeuner léger. Carlsen, la mine mal réveillée, mange du muesli. Ses yeux sont marqués par de profonds cernes. À 11 heures, il dis-paraît dans une pièce sans fenêtre au pre-mier étage pour son entraînement d’échecs. Sa salle de réflexion est à peine plus grande qu’un placard à balais. À l’in-térieur, une table, quatre chaises, un ta-bleau vide. Deux grands maîtres d’échecs russes planchent avec Carlsen à une straté-gie contre Anand. Le plus gros problème du trio : que pourra Carlsen, dont le turbo se déclenche systématiquement entre le milieu et la fin de la partie, contre Anand, le spécialiste des ouvertures ? Le nom de ses conseillers ? « Confidentiel », répond Espen Agdestein, le manager.

Après s’être creusé la tête pendant deux heures, Carlsen va soulever de la fonte en salle de gym durant une heure. Sans programme d’entraînement fixe. « En tant que joueur d’échecs, il lui faut l’endu-rance d’un marathonien », dit-il. Puis son manager ajoute : « Si on n’est pas en forme, on se fatigue. Et si on se fatigue, on fait des erreurs. » À 15 heures, Carlsen prend le temps de répondre à une inter-view. Le plus grand joueur d’échecs du monde porte des sandales en cuir, un pull d’un vert vif à souhait et un pantacourt. Il est assis à la table, droit comme un I, et fixe son interlocuteur. Magnéto.

I. Génie« Magnus, quelle était ta moins bonne ma-tière à l’école ? – Les sciences naturelles. Je m’en suis vite désintéressé. – Celle où tu excellais ?– Les langues étrangères. Mes rédactions me font encore marrer aujourd’hui. »

Carlsen rit. Il parle un anglais presque sans accent.« Le plus important pour un joueur d’échecs : la créativité ou une bonne mémoire ? – C’est sûr que la créativité est la plupart du temps sous-estimée, glisse Carlsen. Garry Kasparov avait une excellente

l’époque des analyses assistées par ordinateur.« Qu’as-tu appris de Kasparov ? – Il pouvait reconnaître un schéma dans les coups de son adversaire. Même chez les excentriques, comme Vassili Ivant-chouk (vice-champion du monde en 2002, ndlr) ou Aleksandr Morozevitch (grand maître russe, ndlr). C’est là que j’ai remar-qué qu’il était supérieur à tous les autres grands maîtres.– Kasparov était-il difficile à lire sur l’échiquier ?– Non, il secouait la tête à chaque fois qu’il faisait une erreur.– Cela signifiait quoi ?– Absolument rien, je crois. Les joueurs d’échecs sont des paranoïaques notoires. On interprète beaucoup trop ce genre de gestes. »

Carlsen nous explique qu’il peut re-jouer de mémoire les coups décisifs de ses

« As-tu gArdé le nu-méro de liv tyler ? – non. – Pourquoi ? – Je Perds mon télé-Phone sAns Arrêt »

mémoire mais ça n’a pas été le seul élé-ment décisif de son succès. »

À propos de Kasparov, Carlsen a 13 ans lorsqu’il se retrouve pour la première fois face à l’ancien champion du monde russe lors d’un tournoi d’échecs rapides à Reyk-javik, en Islande. Carlsen, pull à capuche gris et bouteille de jus d’orange à la main, a l’air d’un écolier. « L’ogre de Bakou » arrive avec une demi-heure de retard. Il dit bonjour en vitesse et pose ses coudes sur la table.

Le gamin joue avec discernement, le grand maître enfouit sa tête entre ses mains. Pendant une pause de réflexion du Russe, Magnus flâne à la table d’à côté, afin d’observer la partie de son voisin. À la fin, Carlsen arrache le match nul à Kas-parov. Les journaux ont leurs gros titres : « Un ado ridiculise le dieu des échecs ». Kasparov quitte la salle sans lui adresser ses f élicitations, tandis que Magnus va fêter ça avec ses parents au McDo du coin.

Cinq ans plus tard en 2009, Hendrik, le père de Magnus, engage Kasparov pour entraîner son fils. Le Russe ouvre sa base de données à Carlsen et le conseille par téléphone pendant les tournois impor-tants. Leur collaboration s’arrête au bout d’un an. Kasparov déplore le manque de discipline du jeune prodige. Carlsen, lui, parle de « divergences d’opinion ». Par exemple, Carlsen évite les ordinateurs autant qu’il le peut. Une exception à

44 the red bulletin

Training. Magnus Carlsen à l’entraîne-ment au beach-volley. « Un super sport pour un joueur d’échecs », dit-il.

the red bulletin 45

L’an dernier, CarLsen a déCroChé 900 000 euros de gains et de Contrats pubLiCitaires. auprès des médias, iL a distanCé Kasparov depuis Longtemps

Focus. Le Norvé-gien a suivi une préparation in-tensive avant de se rendre aux Mondiaux de Chennai avec son staff, cuisi-nier et médecin inclus.

2 500 parties en tournoi. Des vidéos le montrent affrontant dix adversaires à la fois, tout en leur tournant le dos. Là, il contrôle 364 pièces, sans en voir aucune. « Comment fonctionnent tes procédés mnémotechniques ? – Je mémorise les positions sur l’échi-quier. – Imagines-tu des histoires avec les pièces, pour te faciliter la tâche ? – Non, je les enregistre visuellement, comme un appareil photo. »

Carlsen a l’air de commencer à s’en-nuyer. Pense-t-il aux échecs ? Les pièces paradent-elles dans son cerveau ? Com-ment se vide-t-il la tête ? L’histoire des échecs compte quelques génies auxquels le jeu a fait perdre la raison. Originaire de Vienne et naturalisé Américain, Wilhelm Steinitz, le premier champion du monde officiel en 1886, croyait à la fin de sa vie pouvoir déplacer les pièces grâce à des impulsions électriques partant de son corps. Bobby Fischer, considéré comme le plus grand joueur de tous les temps, a fait enlever ses plombages de peur que le KGB n’y ait caché des émetteurs à ondes ultracourtes...

Carlsen répond : « Ce n’est pas facile de me sortir les échecs de la tête, mais on peut parfaitement mener une vie agréable en pensant beaucoup aux échecs. » Quand il a besoin de se distraire, il regarde la série comique Larry et son nombril ou bien il fait une partie de golf. D’après The New York Times, il a gagné l’an der-nier 900 000 € grâce à ses parties d’échecs et à des contrats publicitaires. Quant à sa cote de popularité auprès des médias, Carlsen a distancé Kasparov depuis long-temps. La presse se l’arrache.

II. Pop star« As-tu gardé le numéro de téléphone de Liv Tyler ? – Non. – Pourquoi ? – Je n’enregistre que quelques numéros comme je perds sans arrêt mon téléphone. »

En 2010, Carlsen participe à une cam-pagne publicitaire avec l’actrice hollywoo-dienne pour la marque de vêtements hollandaise G-Star. C’est Anton Corbijn, formidable portraitiste et pointure de la photo rock, qui réalise les clichés. Elles montrent un Carlsen au regard sombre qui pourrait parfaitement jouer un recou-vreur de créances dans Les Soprano. Carlsen donne ensuite des cours d’échecs à sa partenaire Liv Tyler. Des photos sur Facebook le montrent aussi en train de jouer avec le milliardaire américain War-ren Buffet et Fred Durst, le rappeur de nu

metal. (« Buffet a été le plus difficile à battre. »)

Le promoteur d’échecs Andrew Paul-son décrit Carlsen comme « une parade contre les vieux Russes capricieux dont le nom commence par un K ». Le boulot de Paulson, c’est de faire des échecs un sport séduisant pour des retransmissions télévi-sées. L’an passé, il proposait d’afficher la fréquence cardiaque des joueurs à l’écran, la majorité des joueurs a refusé. L’idée plaisait pourtant à Magnus Carlsen : « Moi-même, j’aimerais bien connaître ma pulsation cardiaque. » Accompagné d’un cuisinier et d’un médecin particulier, Carl-sen s’est envolé pour Chennai, au sud de l’Inde, où il affronte Anand, le champion du monde, au Hyatt Hotel. Il tente de détrôner le roi. Le vainqueur sera celui qui totalisera 6,5 points ou plus, dans un maximum de douze parties. (En cas d’égalité, il y aura un jeu décisif.)

III. Guerrier« T’exerces-tu à garder un visage indéchif-frable ? – Non. On apprend à rester impassible quand on fait des tournois. – Anand dit qu’il analyse la respiration de son adversaire pour savoir comment il se sent.– Je sais exactement comment Anand se sent. Je peux, moi aussi, parfaitement lire en lui. »

Carlsen précise que les manœuvres psychologiques ne sont plus de mise sur les tournois, à l’image de celle que Bobby Fischer exercait à l’encontre de Boris Spassky au championnat du monde de 1972 surnommé « le match du siècle », quand il s’était glissé en pleine nuit dans la chambre du tenant du titre russe.

Les experts sont unanimes : la forme physique de Carlsen sera déterminante face à Anand. Et Carlsen alimente sa répu-tation de costaud sur tous les réseaux so-ciaux. Des photos sur Twitter le montrent sur un jet-ski, en plein match de basket ou sur un plongeoir de cinq mètres. Dans une vidéo, il anéantit le Français Laurent Fres-sinet, champion de blitz (jeu où la durée de réflexion d’un joueur est limitée, ndlr), en une partie de 2 minutes 28. Chambreur, Carlsen commente les coups de son adver-saire : « Trop faible ! Trop lent ! »

À 16 heures, le génie du noble jeu prend congé et se fait emmener en voiturette de golf sur le terrain de beach- volley. Ce sport, « idéal pour un joueur d’échecs », fait partie de son entraîne-ment. Lors du match au fjord de Kragerø, il est le seul à jouer torse nu.Mondiaux d’échecs à Chennai (Inde) jusqu’au 28 novembre. Plus sur www.fide.com

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Baltasar KormáKur s’apprête à tourner Everest, le long-métrage que le metteur en scène islandais de 47 ans espérait depuis toujours. En attendant, 2 Guns, son dernier opus, est toujours dans les salles.

Le jour où Baltasar Kormákur a failli mourir. En réalité, il y en a eu plusieurs. Mais focus sur un moment en particulier. C’était à l’occasion d’une séance de tra-vail sans cascadeur dans les eaux froides de l’Atlantique, au large de l’Islande. Kormákur est réalisateur, pas acteur. Il aime faire les choses lui-même. Cet Is-landais de 47 ans tourne des images du naufrage d’un chalutier, une des scènes cultes de son film The Deep, paru l’an dernier et tiré de l’histoire vraie du seul survivant d’un accident dramatique sur-venu en 1984.

Baltasar Kormákur ouvre la porte de la salle à manger, en contrebas, le bateau enfourne, plante son étrave sous une vague. L’eau s’engouffre, sauvage et bouillonnante. Les caméras volent dans tous les sens et le réalisateur est projeté contre la porte. « Je suis pris là-dedans, rembobine-t-il. Je nage de toutes mes forces pour m’éloigner de cette porte et sauver ma peau. »

Kormákur raconte cette anecdote de-puis les hauteurs de Los Angeles. Il est logé au célèbre hôtel Château Marmont. Installé à la terrasse du restaurant, il dé-tonne au milieu des clients de ce di-manche estival. Ici, en général, on parle gros sous, lunettes noires enfoncées jusqu’aux oreilles. Lui est détendu, un rien débraillé mais élégant. L’œil noir et le teint hâlé, il n’a rien à voir avec l’image qu’on peut se faire habitants de Reykjavik. Ses bottes en crocodile confir-ment qu’il est bel et bien un pirate. Pas-sionné de voile et de sports outdoor, l’Is-landais est un homme d’instinct plus que de calculs. Cela vaut aussi dans les af-faires du cinéma, où il se débat à grands coups de spontanéité et d’authenticité.

Sa palette de réalisation s’étale de la comédie sombre et un peu flemmarde à ses débuts, 101 Reykjavik en 2000, au polar complexe Jar City six ans plus tard, en passant par des succès comme Contre-bande (2012) ou l’introspectif The Deep. Son deuxième blockbuster hollywoo-dien, 2 Guns, est sorti en France le 25 septembre dernier. Il réunit Mark Wahlberg et Denzel Washington, deux valeurs sûres des films d’action produits outre-Atlantique.

Mais son chef-d’œuvre sera peut-être Everest au casting royal. Il met en images un accident de montagne avec notam-ment Josh Brolin et Jake Gyllenhaal. En mai 1996, huit personnes prises dans le blizzard succombent sur la route du plus haut sommet au monde. Comme à son

texte : andreas tzortzis Photos : Hordur sveinsson

d’act i o nH o m m e

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j e m e m e ts e n da n g e r da n s

m es f i l m s ca r j ’a i b es o i n d e m e s e n t i r v i va n t

Bonheur. Kormákur sur l’un des cent chevaux qu’il élève avec sa femme, dans un ranch posté à l’extrémité nord de l’Islande.

J e n e v e ux pas ê t r e t e n u pa r l’ i d é e

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habitude, le téméraire réalisateur prévoit de filmer dans des conditions proches de la réalité. Interview à très haute altitude, café en main.

the red bulletin : Pourquoi cette ma-nie de vous mettre dans des situations de tournage dangereuses ? baltasar kormákur : Vivre ce genre d’expérience est, d’une certaine manière, la meilleure façon d’en raconter d’autres. Si vous montrez aux gens des choses que vous avez vécues, vous êtes plus à même de raconter de belles histoires. C’est aussi simple que cela. Comment comptez-vous vous y prendre pour Everest ? J’ai envie de m’intéresser à ce que repré-sente cette montagne dans l’imaginaire collectif et individuel. Tout un chacun a, dans son âme, une histoire à raconter ou quelque chose à conquérir pour laquelle elle est prête à prendre le risque de tout perdre. Je crois que c’est mon chemin de vie, mais c’est aussi celui qu’entreprend chacun de nous, dans la voie qui lui corres-pond. Qu’est-ce que je fais ici ? Pourquoi suis-je loin de ma famille, de ma maison ? Qu’est-ce qui me pousse vers Hollywood, qu’ai-je besoin de conquérir ? Pour moi, l’Everest est cette route nécessaire. Lorsqu’on tend vers les contextes les plus extrêmes, on aspire à surmonter énormé-ment d’épreuves. Pourquoi je me mets en danger dans le film ? Parce que j’en ai be-soin. J’ai besoin de me sentir en vie. Après Contrebande, 2 Guns n’est que votre deuxième réalisation à Hol-lywood. Avez-vous un plan de carrière ? C’était une occasion en or ! Mais je n’ai jamais envisagé l’Islande comme un ter-rain d’entraînement en attendant Hol-lywood. Je ne suis pas un stratège. On ne peut faire que ce qui vient à nous. Per-sonne n’a les moyens de dire : « Je vais faire ça, puis ça, puis ça » en obtenant le résultat espéré. On doit juste savoir quand dire oui et quand dire non. Après 101 Reykjavik, on m’a proposé de réaliser La dernière maison sur la gauche, un film d’horreur (réalisé en 2009 par Dennis Iliadis et produit par Wes Craven, ndlr). Je n’ai pas voulu y aller, cela aurait défini ce qu’aurait été la suite. C’est ça, le truc. Parfois, on trace mieux sa route en disant non à Hollywood. Le film Everest est donc venu à vous ? J’ai travaillé avec le producteur Evan Hayes sur Contrebande. Il m’a envoyé le script. Je me souviens que, lorsque je l’ai

découvert, j’ai eu l’impression qu’on me mettait entre les mains le but de toute ma trajectoire. J’étais dans ma baignoire, dans un appartement à Londres, je lisais et d’un coup, j’ai dit : « Waouh ! Ce que je cherche depuis si longtemps est enfin là. » C’est exactement ce que j’avais toujours eu envie de faire, comme si on me l’appor-tait sur un plateau d’argent. C’est aussi pour cela que j’ai fait Contrebande. Je ne suis pas en train de dévaloriser quoi que ce soit, mais chacun a ses rêves et ses pro-jets. Un projet comme Everest, c’est moi. Votre avis sur Hollywood a-t-il évolué ? Le truc, c’est que les routes qui mènent à ce qu’on espère sont tellement longues et difficiles que, lorsqu’on y arrive, votre idée de la chose a largement eu le temps d’évoluer. Une fois sur place, on ne voit plus le même obstacle que depuis la mai-son. Ce n’est pas moins effrayant, c’est juste que ce n’est pas le même obstacle. Plus on monte, moins la montagne paraît haute. C’est ça le sens du voyage. Rendre la montagne plus petite. Votre père est un Catalan d’Espagne et votre mère est islandaise. Pensez-vous

votre cinéma en termes identitaires ? Pensez-vous que Hollywood le fait ? Non, je ne pense pas. Cela m’énerve quand, en Europe, les gens parlent du cinéma américain, ils ne regardent pas le tableau dans son ensemble. Oui, évidem-ment, les pires films se font ici, mais aussi les meilleurs. Hollywood, c’est juste une idée. La plupart des films se font ailleurs et la qualité vient des productions de Rus-sie, d’Europe ou de partout d’où l’argent peut venir. Hollywood est juste un point de rendez-vous planétaire. Quand peut-on parler de succès ? On devient suffisamment grand, dans ce milieu, lorsqu’on ne peut plus vous coller une étiquette. Prenons le réalisateur Ang Lee. Impossible de savoir ce qu’il va faire à l’avenir. Si vous regardez Brokeback Mountain puis Tigre et Dragon, difficile de dire que c’est le même qui a fait les deux. J’aime ça, c’est fantastique !

Ang Lee est un cinéaste étranger. Pen-sez-vous que cela a un rapport avec ce qu’il sait faire ?Je pense que Spielberg a le même talent, aussi. Entre Attrape-moi si tu peux, E.T. l’extraterrestre et Lincoln, voilà une in-croyable variété de projets, sans oublier Jurassic Park et tant d’autres ! Si Spiel-berg se lançait dans un drame à petit budget ou s’il faisait une suite à Serial Noceurs (comédie de David Dobkin sortie en 2005, ndlr), ça donnerait quoi ? En fait, je me demande pourquoi quelqu’un qui a autant de succès ne se contente pas de faire juste ce qu’il a envie de faire. Il a plus de 60 ans (66 précisément, ndlr), il a fait des tonnes de films. Il doit vouloir continuer à divertir. Peut-être croit-il en certaines valeurs qu’il veut continuer à mettre en images. Je pense cependant qu’il est dangereux de piloter un empire dont une partie de la puissance est construite sur le succès de masse. Vous êtes alors condamné à réaliser un type de films très particulier et cela vous enferme. Ma liberté m’a permis de faire The Deep. Je savais que ça allait être un carton en Is-lande, mais je savais aussi que je n’allais pas faire d’argent dans d’autres pays. Et je veux conserver cette autonomie. Avez-vous peur qu’on vous colle une étiquette ? On ne peut pas dire : « Voilà qui je suis, voilà ce que je veux faire exclusivement. » Les choses vous définissent au fil du temps. Je crois que si on s’échine à trou-ver précisément ce que devra être son chemin, alors celui-ci ne sera plus aussi jouissif que cela. C’est comme faire la fête le 31 décembre. Pourquoi est-ce que la Saint Sylvestre est la pire des nuits ? Parce que c’est prévu ! Tout le monde se jure de faire la plus folle des fêtes, mais c’est raté. Puis vous sortez par hasard un mardi, vous en prenez une bonne, vous rencon-trez une fille et vous tombez amoureux. Plus on planifie les choses, moins elles sont intéressantes. Ce procédé permet à beaucoup de personnes de surmonter leurs obstacles. Et je pense que, dans leur tête, c’est totalement inimaginable de parvenir au sommet de la plus haute montagne sur Terre. Quant à moi, je suis convaincu qu’il faut dompter ces démons qui nous maintiennent en retrait. C’est peut-être pour cela aussi que je me jette à l’eau, je ne veux pas être tenu par l’idée qu’un réalisateur doit rester scotché à sa chaise. Plus sur www.imdb.com

Pa r fo i s, o n t r ac e m i e ux sa r o u t e e n d i sa n t n o n à H o l ly wo o d

the red bulletin 51

Dantesque. Quatre sports, quatre équipiers. Les meilleurs mettent 5 heures. Les derniers, 9 heures. Bienvenue à Red Bull éléments.

E n s e p t e m b r e d e r n i e r , c i n q u a n t e - c i n q q u a t u o r s , p r o s e t a m a t e u r s , s e s o n t l a n c é s à Ta l l o i r e s , e n H a u t e - S a v o i e , d a n s u n d é c o r g r a n d i o s e , à l ’a s s a u t d ’ u n e c o u r s e d e r e l a i s u n i q u e a u m o n d e . Av i r o n , T r A i l , p A r A p E n T E E T v T T A u m E n u . r e p o r t a g e . T E x T E   : É T i E n n E B o n A m y

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Unisson. Friedrich Dähler, vététiste des Swiss Bulls, porte son équipe à la 11e place du général. Guillaume Chatain décolle vers le lac d’Annecy (page de droite) mais son Team Salomon Bulls reste scotché au pied du podium. Médaillé de bronze à Pékin, Julien Bahain dans ses œuvres, en aviron (en bas). Il relègue son poursuivant immédiat à plus d’une minute.

quelques centaines de mètres du rivage, au ras de l’eau, on devine un sanglier na-geant vers le pied de la falaise. Au loin, devant, quelques barques ballottent leurs pêcheurs. Au-dessus, le soleil ne se cache plus derrière la barre rocheuse de la Tour-nette. Et au milieu, paisible, le lac d’Anne-cy. C’est un samedi matin de septembre pour paresser au lit en reportant à plus tard le footing. Toujours l’été. Il ne manque plus que le tintement du clocher de Talloires pour marquer les neuf heures et ajouter la touche champêtre au décor de carte postale. Mais, à l’heure du caril-lon, c’est le rotor de l’hélicoptère de l’or-ganisation qui tonne au-dessus du port haut-savoyard et la détonation d’un pisto-let qui libère 55 skiffs alignés au large des pontons. Cap nord-ouest vers Sévrier. Un premier bord de 5 km pour s’essouffler. Une boucle de 11,7 km au total en contournant trois bouées. La 3e édition du Red Bull éléments fait bouillonner l’eau avant d’envoyer plus tard ses concurrents s’affronter dans l’air et sur terre. Bienve-nue chez les costauds.

La liste des 220 participants regroupe quelques-uns des meilleurs spécialistes français et internationaux du trail run-ning, du parapente, du VTT et de l’aviron. Quand ils ne sont pas le numéro un de leur discipline comme Kilian Jornet, reve-nu pour la 3e fois à l’assaut de l’impres-sionnante montée de la Tournette. « Ici, on ne recherche pas le succès personnel », raconte Christophe Bassons, ancien équi-pier de Festina et de La Française des Jeux, qui sait ce que l’effort veut dire quand on court le Tour de France. À 39 ans, celui qui a débuté jeune dans le VTT est redevenu un coureur de VTT ma-rathon. Par passion. Il découvre son pre-mier Red Bull éléments grâce au Team Mag Aviron. « Quand je courais en pro, je prenais déjà presque plus de plaisir à me dépouiller pour l’équipe qu’à penser à ma

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«   E n g r o u p E , l ’ é m o t i o n E s t m u l t i p l i é E   »D a n s l ’a i r e d ’a r r i v é e , l e s f a n s l e p i s t e n t . E n m o n t a g n e , l e s c o n c u r r e n t s l e v o i e n t f i l e r . K i l i a n J o r n e t , «   l ’ u l t r a - t e r r e s t r e   » d u t r a i l , n e s ’a r r ê t e j a m a i s . I n t e r v i e w e x p r e s s .

THE RED BULLETIN : Que vient-on chercher dans une compétition hors norme comme Red Bull éléments ?KILIAN JORNET : Un moment de par-tage avec des copains et du plaisir. On croise des gens de disciplines qu’on ne connaît pas, ça excite la curiosité. Et puis, un relais, tu cours pour l’autre. En groupe, l’émotion est multipliée.Vainqueur l’an dernier, 5e cette année ...En 2012, je pars 7e après l’aviron. Là, je suis plus loin (31e), c’est aussi ça le piquant de cette compétition. Après, tu donnes le maximum pour l’équipe (il finit 3e de l’épreuve de trail, ndlr). Ce n’est pas comme une course en ligne où tu te règles sur les concur-rents. Là, il faut aller vite, penser au relais suivant, à passer dans les meil-

leures conditions.En 2012, vous établissez le record de cette montée de la Tournette en 1 h 19’ 59’’. Un temps que vous ne battez pas cette année... J’aime les terrains techniques. Lors de cette édition, on a trouvé un sol plus gras. Surtout dans la partie la plus haute, en montagne, là où je me sens le mieux.Vous visez l’ascension (Summits of my life) de tous les grands sommets d’ici à 2015. Que reste-t-il au programme ?Après le Mont Elbrouz, je prévois, l’an prochain, le Mont McKinley au prin-temps et l’Aconcagua en hiver. Et l’Eve-rest l’année suivante. Mais je n’ai pas de timing précis, c’est la montagne qui décide.

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propre victoire. » Il va être servi. Son coé-quipier Julien Bahain, médaillé de bronze aux JO de Pékin en quatre de couple et avec un palmarès aussi long que son skiff, résume le challenge qui l’attend. « Ici, tu n’as pas de ligne d’eau. On est plus de 50, c’est la bagarre d’entrée. Il faut être de-vant. » Il arrache son embarcation à chaque pelletée. Il l’a promis : les deux premiers kilomètres à fond pour se déta-cher. Et le reste ? À fond. Aussi.

C’est sa première participation et dans son sillage, il distingue les silhouettes du Néerlandais Mitchel Steenman (Team Swiss Bulls) ou du Suisse Simon

Niepmann (Team Salomon Bulls), tous deux médaillés aux derniers Mondiaux en Corée du Sud. Devant, on s’explique entre cadors. Derrière, on rame. « Vu la concur-rence, t’essaies de pas trop prendre la vague », raconte Marc Fonta, membre du club de Marignane. L’eau à bord et le feu dans les bras, le Provençal souffre encore sur le lac quand Bahain apponte. Il reste 1 200 mètres à parcourir dans les ruelles de Talloires jusqu’à la ligne d’arrivée pour passer le relais à Cédric Fleureton, le trail runner de son équipe.

1 200 mètres avec un skiff de 10 kg et de 8 mètres de long sur l’épaule. Revenus

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et son skiff. Quand il arrive, le team Font-Romeu Altitude, dossard n °1, vainqueur l’an passé et grand favori, pointe au 31e rang ! Pouge a pris l’eau (1 h 01’’46). Avec son temps de 2012 (54’49’’), il au-rait lâché la fusée Jornet près de sept mi-nutes plus tôt.

Au niveau du chalet de l’Aulp, à la sor-tie de la forêt, quand la pente va bientôt se faire verticale, le Catalan est dans son domaine. Sur le sentier forestier, il a dou-blé plus de quinze concurrents. Il lui en reste autant à rattraper. À l’assaut de la Tournette, certains ralentissent, le cœur dans la bouche. Lui, il accélère. Seul le terrain gras le freine pour effacer avant le sommet les secondes de retard sur les deux derniers concurrents, partis avant lui. Il reste à « avaler » les échelles plan-tées dans la falaise, les plaques de granit au sommet et ce sera la zone de relais. Cédric Fleureton (1 h 25’’23, 3e temps) tient bon. Le Team Mag Aviron n °1 est le premier à laisser s’envoler son parapen-tiste, Hervé Franchino. Comme une tache de couleur, sa voile égaye le ciel et file vers l’alpage plus bas.

Juste derrière, Alexis Sevennec gri-gnote son retard de trois minutes pris à Talloires. L’ascension du spécialiste de ski-alpinisme et skyrunning change tout. À mi-parcours, le team Scott est 2e. Se-vennec peut profiter de la vue. « J’étais un peu malade avant », débute-t-il pour commenter sa course. Rigolard, il en-chaîne. « En fait, je suis venu reconnaître la montée la semaine dernière. J’aime ce relief. » 1 920 m de dénivelé positif, des passages à 21 %, des pentes à 80 %.

sur la terre ferme, certains rameurs vont boire la tasse au classement. « C’est un truc qu’on ne fait jamais. Tu ne t’en-traînes pas à courir avec ton bateau », s’amuse le premier leader de la matinée qui s’est fabriqué une protection en mousse pour le porter. Et pas question de malmener une embarcation dont le prix varie entre 4 000 et 9 000 €. Au bout du dédale, chaque rameur, exténué, passe le relais à son coéquipier en courant avec lui sous l’arche de départ.

epuis de longues mi-nutes, les meilleurs trails runners at-tendent là. Julien Ba-hain envoie son équi-pier de 39 ans, vers le sommet de la Tour-nette. La performance sur l’eau de Damien Gallet (2e aux Mon-diaux des moins de 23 ans en 2012, Team Insaisissable) place

son pote en 3e position. Alexis Sevennec (Team Scott), une des pointes du trail running français, file en 5e place. Quelques foulées dans les rues au milieu des spectateurs et ils vont s’expliquer à perdre haleine dans la pente pierreuse qui s’enfonce dans la forêt au-dessus du bourg. Une montée héroïque de 11 km. Le must.

Dans le carré d’attente, Kilian Jornet patiente. On s’étonne de le voir alors que plus de la moitié des concurrents a déjà détalé. Le Catalan guette Jérémy Pouge

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Humilité. La Tournette, majestueuse, du haut de ses 2 351 mètres (ci-dessus). Sacha Devillaz au bout de l’effort (à droite). Le trail runner de Team Ravanel and Co mettra plus d’une heure quarante pour rallier le sommet.

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u n s u c c è s f u l g u r a n tR e d B u l l é l é m e n t s n ’a q u e t r o i s a n s d ’ e x i s t e n c e . L’ é p r e u v e e s t u n r e n d e z - v o u s m a j e u r d u c a l e n d r i e r d e f i n d e s a i s o n .

Il s’inspire de son aîné, le Red Bull Dolomitenmann qui a fêté sa 26e année dans les alpes au-trichiennes. « Talloires s’est vite imposé comme le site idéal quand Red Bull nous a demandé de créer l’événement », glisse Ludovic Valentin, le coordina-teur du rendez-vous.

En 2011, à son lancement, Red Bull éléments s’installe en mai. Valentin : « On pensait que ce serait mieux pour la météo, avec des journées plus lon-gues. » Mais c’est en pleine sai-son pour les athlètes. Un an plus tard, elle se déroule à la mi-septembre. Une fois les pré-ins-criptions ouvertes sur le site, c’est la course pour trouver le chaînon manquant de son équipe. Laquelle se forme à dis-tance, grâce aux forums et aux réseaux sociaux, et se découvre parfois la veille de la course.

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Effort. Le vététiste Antoine Bouqueret

a tout donné (à gauche). Son

équipe, Asics, termine 7e. Michel

Lanne (Team Salomon Bulls) ar-rive à La Tournette

avec le 6e temps du trail (ci-dessus). La

délivrance, enfin.

Sur la crête, Sevennec jubile. et pour-tant, l’adresse de pilotage de Martin Bonis, le « voltigeur » de Font-romeu re-bat bientôt les cartes au classement. Avec le parapente, il faut embarquer les quali-tés techniques pour enchaîner trois dé-collages et trois atterrissages et avoir la « caisse » pour rejoindre deux fois une aire de take off située en altitude. Sept à huit minutes de vol au total et 2 351 m à s’envoyer à pied en deux fois. L’expé-rience vaut de l’or. La taille de la voile (entre 16 et 18 m2) fait la différence. et c’est avec tout le barda (2 kg de toile et les harnais) qu’il faut assurer ensuite la liaison entre atterrissage et redécollage. La victoire peut se jouer là. Une situation que Martin Bonis répète. Le parapentiste de Font-romeu est un aigle qui fond sur

la barge flottante, sorte de timbre-poste de 10 × 12 m, installée dans le port de talloires. Le vol se finit là. Au sec pour les pilotes les plus lucides à l’arrivée. encore quelques mètres, et c’est le départ du dernier relais. Alexis Chenevier (team Scott), Fabien Canal (innov8 – cyclex-perts) et Gregory doucende (Font- romeu Altitude) sont quasiment roues dans roues pour l’ultime manche du jour. il est midi passé.

en 2012, Chenevier s’était déjà imposé en Vtt mais son équipe avait fini 4e. Cette année, Pascal Giguet a monté son team Scott pour la gagne. et c’est à Chenevier de boucler l’affaire. Sur ce tra-cé infernal, difficile de composer avec le chrono. 23,5 km d’ascension, de dégrin-golade. des pentes à 15 %, 1 800 m de dé-nivelé. de la boue, des racines, des cail-loux. La terre se déchaîne. « C’est un des parcours les plus durs que je connaisse. Je me suis bien fait une frayeur ou deux en partant en glisse dans la descente. » Alexis Chenevier franchit la ligne d’arrivée peu après 14 heures. Soit 5 h 03’ 29’’ pour bou-cler les quatre épreuves. Qu’importe si ce sont dix minutes de plus que le chrono de Font-romeu Altitude l’an dernier, le team Scott tient son succès avec 1’45 d’avance sur Canal, innov8 – cyclexperts (encore deuxièmes) et Mag Aviron System de Bassons. Les corps et les machines portent les traces du toboggan infernal qui les a broyés. À chaque arrivée, une histoire. Celle d’une glissade, d’une chute, d’une casse. Christophe Bassons a le bras entaillé sur quelques centimètres, mais le cuir est bien tanné. Certains boitent. d’autres ont un pneu crevé, le dérailleur brisé. Antoine Bouqueret (team Asics), loin de sa Normandie, termine 7e au bord des larmes. Sans sa selle, cassée dans une chute. Au départ de son relais, il partait batailler pour le podium.

« Sur un tracé comme ça, se frotter aux garçons c’est chaud », résume la vététiste Fanny Bourdon, membre des Funny Girls, seule équipe 100 % féminine, classée 35e. Sa voisine, Laurie Genovese, acquiesce. Première féminine de la Coupe du monde de parapente à Val Louron en août, elle porte un strapping autour de ses deux doigts victimes d’une grosse entorse. « Je me suis fait ça en descendant la via ferra-ta sur La tournette au moment du relais. » trois heures et 56 minutes après Alexis Chenevier, Jessy Wastiaux, 4e relayeur du team Jean-Jambeletronc, passe la ligne. Neuf heures et 19 secondes de course au total. Le temps ne compte pas, seul de-meure l’exploit d’être allé au bout, avant de se pencher sur l’édition 2014. Plus sur www.redbull.fr

S u r c e t r a c é , d i f f i c i l e d e c o m p o S e r a v e c l e c h r o n o . 2 3 , 5 k m d ’a s c e n s i o n , d e S p e n t e S à 1 5   % e t 1   4 0 0 m d e d é n i v e l é . d e l a b o u e , d e s r a c i n e s , d e s c a i l l o u x

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1 e r j o u r ( T o u l o u s e )La rue étroite qui mène à La Dynamo est bloquée. Des conducteurs excédés klaxonnent et font signe à la ribambelle d’adolescents habillés uniformément en noir de les laisser passer. Ces derniers s’en moquent royalement. Ils en profitent pour se saupoudrer mu-tuellement de maquillage, lequel ruisselle en raison de l’averse persistante. Ils peignent aussi des cœurs surdimensionnés sur des cartons géants. Leurs voix aiguës couvrent les chansons hurlées par les télé-phones portables. Ces ados chantent les titres des Black Veil Brides. Où qu’il se produise, le groupe américain déclenche une petite Beatlemania, en par-ticulier Andy Biersack, le chanteur, âgé de 22 ans, sorte de clone juvénile de Marilyn Manson.

eaven’s Basement, ce sont quatre types qui partagent un rêve commun : la conquête de l’Olympe du hard-rock. Sid Glover (guitare), Chris Rivers (batterie), Rob Ellershaw (basse) et Aaron Buchanan (chant) surfent sur la bonne voie pour y parvenir. Grâce au premier al-bum Filthy Empire, le quatuor est propulsé en février dernier dans le top 10 de la BBC Rock et est salué par plusieurs magazines. Le jeune groupe a partagé des scènes avec Bon Jovi, Deftones et Papa Roach. Les concerts sont pour Heaven’s Basement l’essence du rock ’n’roll, la seule et unique raison de se lever tous les matins. Chris : « Nous jouons à chaque fois comme si c’était notre premier. Avec ardeur. Quitte à détruire une guitare, autant la démolir en bonne et due forme. Et si on doit sauter dans le public, autant s’y jeter complète-ment. Sur scène, il n’y a pas de place pour la demi-me-sure. » Le ton est donné.

Phénomène. Le chanteur et cerveau du groupe, Aaron Buchanan, garde la tête froide tandis que le batteur Chris Rivers, le guitariste Sid Glover et le bassiste Rob Ellershaw se la coulent douce (de gauche à droite).

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« LES SUCETTES C’EST TOP COnTrE

LA GUEULE DE BOIS »the red bulletin 63

Le match s’annonce compliqué pour Heaven’s Basement. Depuis hier, le jeune groupe de rock bri-tannique est en tournée en Europe aux côtés de Black Veil Brides. Le premier concert à Paris ne laisse pla-ner aucun doute. Les salles affichent complet, mais pas pour nos amis anglais. En tant que première par-tie, ils doivent gagner le respect et la reconnaissance des fans. Ça tombe bien, le chanteur Aaron Buchanan et ses potes aiment le défi. « Nous ne nous contentons pas de chauffer la place aux Black Veil Brides, nous voulons les défier et tout donner lors de nos concerts », confie-t-il dans les coulisses, quelques ins-tants avant de monter sur scène. À l’arrière, ses collè-gues s’échauffent. « Un, deux, trois, quatre ! Tu peux mieux faire », souffle le bassiste Rob pour encourager son collègue Chris, le batteur dégingandé du groupe. Il cogne dans les pattes d’ours de son adversaire tel un taureau sauvage. « Pendant une tournée, on reste constamment assis dans le bus et on n’a ni le temps, ni la place de s’entraîner », explique Chris, en sueur. D’où cette débauche d’énergie.

Le groupe a-t-il réellement besoin d’un tel échauf-fement ? Pas vraiment, en réalité. « How the fuck are you doing, Toulouse ? », demande Aaron à la foule en délire. On entend le hi-hat et le boom de la batterie ! Le quatuor démarre son concert comme une Ferrari, passant de zéro à cent en cinq secondes. Le guitariste Sid s’agenouille, à l’instar d’un Slash, ses longs che-veux devant le visage. Il finit par étrangler sa guitare.

« Je ne porte Jamais de caleçon en concert. c’est inutile »

2 e j o u r ( M a d r i d )Le bus des Heaven’s Basement est divisé en trois. À l’avant, la zone alcool et jeux d’ordinateur, le lounge ci-néma avec un grand téléviseur à l’arrière et, au milieu, les couchettes. Des lits superposés étroits rappellent les semaines de classe verte. Les effluves de vodka en plus. L’odeur est en partie couverte lorsque le voisin de cham-brée sort de son sac de couchage en rampant et se rafraî-chit avec du déodorant bon marché.

Le groupe est prêt. Il est 23 heures. Le bus est garé sur une place de parking souterrain. Quelques heures plus tard, c’est la surprise pour les garçons lorsqu’ils en sortent et se retrouvent sur une grande place en marbre blanc, face au Palais Royal. Le soleil les éblouit. Ils trouvent un café derrière le musicien de rue qui joue My Heart Will Go On de Céline Dion à la trompette. Sid com-mande une sucette glacée. « Il fait hyperchaud, j’ai la gorge sèche. Il n’y a rien de mieux qu’une sucette pour lutter contre la gueule de bois », essaie de se convaincre le guitariste. « Grazie ! », répond-il poliment à la serveuse avant de déclencher les rires du reste du groupe. « Après des mois de tournée, on confond les langues. »

Le chanteur Aaron, pas au top de sa forme depuis quelques jours, prend un thé pour soulager sa voix. Une autre conséquence de l’air conditionné qui sévit en tour-née. Deux semaines avant, à Toronto, c’était bien pire. Il a même dû aller chez le médecin. Verdict ? Le doc lui conseille d’annuler le show du soir. Aaron a tout de même chanté, à moitié malade. Il se sacrifie pour ses mu-siciens. Le rock est un sport d’équipe.

Juste après le petit-déjeuner, le groupe apprend la mauvaise nouvelle. Il doit se coltiner le matos jusqu’à la salle de concert, située à quinze minutes à pied. La rai-son ? Le bus géant est trop volumineux pour se garer à côté. Les aléas du métier. Tambours et grosse caisse sur l’épaule, ils chargent les amplificateurs, hauts comme des hommes, sur des chariots. En plein cœur de Madrid, les touristes s’étonnent en voyant haleter devant leurs yeux quatre types habillés de vestes en cuir et de jeans

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déchirés. « C’est génial de faire partie d’un groupe, hein », ricane Rob en essuyant son front dégoulinant de sueur. Devant la salle de concert, même spectacle que la veille. Des nuées d’adolescents tout de noir vê-tus, bardés de posters, CDs, stylos... En apercevant Heaven’s Basement, ils sont littéralement en transe. Bras autour des épaules, sourire, clic, au suivant ! Chaque membre du groupe enchaîne une cinquan-taine de photos. Aaron est surpris : « La plupart nous connaissent du dernier concert que nous avons don-né à Madrid fin 2012. » Le début du vedettariat ? « Ce n’est pas ce que je dirais, répond-il. La gloire rapide n’apporte rien. Le groupe, c’est ma vie. Je ne pourrais pas me pardonner de ne pas me donner à 100 % sur scène. La reconnaissance du public en est la récompense. »

Pendant la balance, le quatuor apprend que la vi-rée nocturne des Black Veil Brides a été un échec. Le chauffeur de taxi ne les a pas conduits au club de strip-tease local, mais à une maison close, en proche banlieue. Se rendant compte de l’erreur alors qu’il leur est réclamé 2 000 € à l’entrée, ils rentrent à l’hô-tel profondément déçus... Les Heaven’s Basement se marrent. C’est de bonne guerre.

Sous la douche, dans les coulisses, Aaron a trouvé un canon à eau avec lequel il décide d’ouvrir le concert. Le public est copieusement arrosé. Un jeu qui fait disjoncter la foule. Pendant I Am Electric,

« Si ce poSte reçoit 2 000 “J’aime”, notre roadie

Se fer a tatouer une aile de poulet avec un

chapeau de cow-boy »

Instantanés. Partir en tournée, c’est ça aussi : des fans avides de souve-nirs (en bas), une logis-tique un peu aléatoire (en bas à droite)…. Qu’importe ! Sur scène, les quatre musiciens sont les rois du monde.

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ses potes entonnent bruyamment des reprises d’Oasis à la guitare acoustique à 4 heures du matin. Néan-moins, le contraste entre son abstinence et les frasques de Sid, rocker en chef, est essentiel pour l’al-chimie du groupe. « Sur scène, cette friction se trans-forme en pure énergie », déclare Aaron. Ce mode de vie sain fait au moins un heureux. C’est Alex, le mana-ger de la petite bande. Il y a quelques années, il était en tournée avec le groupe anglais Primal Scream. Le changement est brutal : « Tous les soirs, nous devions porter leur chanteur sur scène. C’est plus agréable de travailler avec Aaron. »

10 h 30. Chris ouvre un œil dans sa couchette et se renseigne sur les possibilités de se doucher. Le bus est garé sur un parking désert de la banlieue de Barce-lone. Des camions, des caravanes abandonnées, des préfabriqués anonymes les entourent. Le chauffeur répond qu’il doit y avoir une cabine de douche à cinq minutes. Tandis que Chris cherche un dernier slip propre dans son sac de sport, les autres s’apprêtent à prendre leur petit-déjeuner. Affalé au comptoir d’un bar de quartier, Sid commande une tortilla et appré-cie la chaleur du soleil. « C’est pour cette raison que j’aime la vie en tournée, dit-il. Mon lit ne me manque pas. C’est même l’inverse. Quand je suis chez moi en Angleterre, je regrette les cafés espagnols avec leur grand choix de tapas. » Il écoute AC/DC pendant le trajet qui les conduit à la Sala City Hall, en centre-ville. « Il n’y a pas mieux pour te mettre dans l’am-biance. Après quelques chansons, t’es électrisé. Yeah, let’s go for it ! »

Une séance photos est (encore) prévue. Lorsque Chris lève au ciel une corne diabolique, son boxer aux couleurs de l’Union Jack sort de son jean. « Je ne porte jamais de caleçon en concert. C’est inutile, il est tout de suite trempé de sueur. » Amusé par cette anecdote, Sid raconte, tout en allant sur scène, que les gladiateurs de la Rome antique essuyaient leurs gouttes de sueur avant leur mort sur des tissus qu’ils offraient aux dames en guise d’aphrodisiaque. Si cette histoire est vraie, ce serait une juteuse affaire pour le quatuor. La troisième chanson est à peine terminée que Sid et Chris ont déjà enlevé leur tee-shirt. Il fait chaud. Incroyablement chaud. Chris frappe tellement fort sur sa batterie que le levier de la caisse claire cède juste avant un passage calme d’une chanson. Il reste vingt secondes avant le re-frain. Le roadie court à la batterie avec la nouvelle caisse claire. Il desserre fébrilement la vis et fixe l’instrument. Le refrain se rapproche, les guitares jouent plus fort. Un, deux, trois... ouf, la caisse claire est installée et le gig est sauvé ! Le public n’y a vu que du feu.

Après le concert, les garçons reviennent sur cet in-cident. Ils en rigolent. « C’était vraiment juste, avoue Chris. Trois secondes de plus et je manquais le dé-but. » Le bus doit être à Zurich le lendemain. 800 ki-lomètres de route de nuit sont au programme. En Suisse, ce sera le premier et unique jour de libre sur cette tournée. Qu’ont prévu les garçons ? Se la couler douce au bord du lac ? « Pas vraiment. Un gig se met-tra peut-être spontanément en place », explique Sid en montant dans le bus. Rideau.Plus sur www.heavensbasement.com

« AC/DC met DAns l’AmbiAnCe. Après quelques ChAnsons, tu es éleCtrisé »

la salle devient dingue puis elle s’embrase sur Fire, Fire. Lorsqu’Aaron se rapproche du bord de la scène, les filles crient et tendent leurs bras vers lui. Les cinq premiers rangs se lancent dans un delirium collectif assourdissant. « Je n’ai jamais vu ça, confie, abasour-di, le guitariste Sid, les yeux dans le vague, après le show. C’était peut-être notre meilleur concert. » Chris jette un coup d’œil à la page Facebook du groupe. Les premiers commentaires sont déjà en ligne, les fans attendent des réponses. On peut lire sur le mur : « Si ce poste reçoit 2 000 “J’aime”, notre roadie se fera tatouer une aile de poulet qui sourit avec un chapeau de cow-boy. » Aujourd’hui, le roadie en question ex-hibe fièrement la preuve de sa popularité sur le bras. Lorsque le groupe charrie le matos, un tonnerre d’ap-plaudissements le salue à l’entrée des artistes. Ce sont les fans des Black Veil Brides.

3 e j o u r ( B a r c e l o n e )Neuf heures du mat’. Aaron est attablé dans son élé-gant peignoir et joue aux échecs sur sa tablette. Contrairement à ses collègues, il ne boit pas et se couche immédiatement après les concerts. Pour mé-nager sa voix. Parfois, il a le sentiment de vivre une vie parallèle dans le bus. La réalité le rattrape lorsque

the red bulletin 67

ROA est une des stars du street art. Cet artiste belge rend les rues plus belles. Il s’est raconté à

The Red Bulletin au cours de la plus longue interview qu’il ait jamais accordée. Texte : Jasmin Wolfram et Andreas Rottenschlager

Photos : Philipp Greindl

bébêtesshow

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Marathon. « D’abord, ce sont les épaules qui brûlent, puis le dos et

l’index de la main droite, pointe ROA, 38 ans. C’est

lui qui presse le gicleur des bombes aérosols. »

douze heures quotidiennes, souvent sans pause. D’abord, ce sont les épaules qui brûlent, puis le dos, et enfin l’index de la main droite. C’est lui qui presse le gicleur des bombes aérosols que j’utilise. Et bien entendu, la tête fatigue aussi, parce que c’est un vrai défi mental. Comment transférez-vous l’idée née sur une feuille A4 à un bâtiment haut de plusieurs étages ?Je fais mon croquis directement sur le mur. Un mur est comme n’importe quelle autre surface de travail, mais en un peu plus grand. Je trouve ennuyeux d’avoir à reproduire quelque chose que j’aurais déjà peint, donc mon croquis initial est un simple gribouillage. Je veux, à chaque fois, créer quelque chose de neuf et frais.Au fil du temps, beaucoup de vos tra-vaux ont été retouchés par d’autres. Est-ce que cela vous dérange ? J’ai très envie que mes œuvres subsistent le plus longtemps possible mais, si je quitte un endroit, c’est que j’y ai terminé mon boulot. Le mur ne m’appartient pas, la planète ne nous appartient pas. Il s’agit de lieux publics et n’importe qui, armé d’une bombe ou d’un pot de peinture, peut modifier mon œuvre.Faites-vous du street art ou de l’art moderne ? C’est contemporain, pas moderne. Peu importe si le street art est défini comme un art intellectuel ou underground, s’il est pris au sérieux ou non. Le principal, c’est qu’il est. Le terme de street art a été inven-té par des gens qui n’avaient absolument rien à voir avec la rue et, comme un grand nombre de concepts, il n’est fait que de la connexion de deux mots : street et art. Les artistes de rue existent depuis bien plus longtemps que le terme. Cela ne se limite pas à la peinture, c’est aussi la jongle, le mime et la musique. C’est un terme né-

the red bulletin : Vous pulvérisez d’énormes motifs sur les murs de nos rues, avec la pression de faire très vite. Ce n’est pas qu’un travail d’artiste, c’est aussi un défi physique permanent...ROA : Oui, récemment, j’ai travaillé sur un dessin dans le port de Linz, en Au-triche. Ça a duré neuf jours, à raison de

ew York, Londres, Berlin… Les mégalopoles peuvent aussi se vivre comme un safari en y chassant ces géantes fresques animalières de ROA dans les cours cachées ou les façades

d’usines. Inspiré en partie par les croquis de Charles Darwin, l’artiste de rue belge et masqué révolutionne les villes de couleurs simples : du blanc, du noir et du rouge. Et sa trace, aujourd’hui, valorise un bien immobilier.

Autrefois condamné à jongler avec la loi, ROA bénéficie désormais de la protection des mécènes d’art contemporain qui lui offrent des espaces d’expression à la mesure de son talent. Certaines de ses œuvres atteignent la taille de plusieurs courts de tennis, tandis que les petites pièces s’exposent. Par exemple, au musée d’art contemporain de Los Angeles. L’an passé, la galerie d’art londonienne Stolen Space lui a même dédié une

exposition. Bien que son art soit voué à l’universalité, l’artiste reste caché. Aucune photo de lui à visage découvert n’existe. Quant à son pseudo, ROA l’avoue sans détour : « Il ne veut rien dire. »

La préservation de sa vie privée, le Belge l’explique simplement : « Les créa-tions sont plus importantes que les gens. »

The Red Bulletin le rencontre à Vienne, en Autriche, dans la galerie d’art Hilger Next. Du hip-hop assourdissant dégueule des enceintes planquées sur le balcon du deuxième étage. À l’intérieur, les bombes de peinture jonchent le sol. Le soleil tombe, la lumière ne va pas tarder à manquer. ROA s’active pour conclure sa dernière création, un martin-pêcheur toutes ailes déployées. À la tombée de la nuit, il dépose les armes, le temps d’une interview exceptionnelle.

Masqué. « Je suis un nomade de la peinture

murale », déclare l’homme sans visage.

ElsA

Ok

AzA

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70 the red bulletin

faste qui ne décrit rien. Parce que le fait de peindre est sanctionné par des amendes et des peines de prison, on réalise bien que cela ne plaît pas à tout le monde. On vi-vrait tous mieux si les gens craignaient moins pour leur vie privée et leur droit de propriété, et s’ils envisageaient ces œuvres comme un don et non comme quelque chose qui affecte leur environnement. Plus jeune, vous peigniez les murs de maisons abandonnées. Aujourd’hui,

vous êtes exposé dans des galeries prestigieuses. Comment vivez-vous ces deux extrêmes ? Un artiste est un artiste. Peu importe où et comment il fonctionne, ni le contexte dans lequel il exerce. Le sentiment essen-tiel qui doit l’animer est d’avoir envie de créer quelque chose. Ça n’a rien à voir avec l’estime que vous portent les gens ou la valeur que vous avez sur le marché. Même si c’est agréable d’avoir tous les

Pari. En juin dernier, ROA devient chèvre. Il produit deux

énormes fresques murales dans le cadre des Bubble

Days de Linz. Le Belge y consacrera neuf jours.

Les artistes de rue

existaient avant le

street artthe red bulletin 71

matins du pain, du fromage et de la confi-ture sur la table du petit-déjeuner. Comment définissez-vous le terme « artiste » ?Un artiste peut faire ce qu’il veut. Si quelqu’un arrive à cet étage de la galerie et défèque en plein milieu, s’il appelle ça de l’art, c’est de l’art. Que le public aime ou non, c’est une autre histoire. Un artiste ne devrait produire que des choses nées de son inspiration et non d’une obligation mercantile. J’ai eu toutes sortes de petits boulots pour pouvoir payer mes bombes de peinture. Maintenant, c’est l’inverse : je fais de l’argent avec ma peinture pour vendre mes peintures. Votre art tourne essentiellement au-tour de l’apprivoisement des animaux sauvages. Pourquoi ? Je ne les dompte pas réellement, pas acti-vement. Certains trouvent mes animaux doux, d’autres les trouvent agressifs. Lorsque j’ai fini de les peindre, ils sont statiques mais pas forcément morts. Les spectateurs leur prêtent l’attitude qu’ils souhaitent y voir. Tous vos sujets sont des animaux. Que n’aimez-vous pas chez l’être humain ? Les animaux révèlent beaucoup de choses sur l’époque dans laquelle nous vivons, sur les choses qui nous touchent et la façon dont nous menons nos vies en tant qu’êtres humains. Comment le travail de Charles Darwin inspire-t-il vos dessins ? Inlassablement, Darwin a traversé la pla-nète à la recherche des espèces animales, comme pris dans un tourbillon perma-

son n’est plus tout à fait ma maison. Je vis comme un nomade de la peinture murale. Certains de vos dessins au crayon rap-pellent les maîtres de la peinture fla-mande. Vous inscrivez-vous dans la li-gnée de cette école traditionnelle ? Nous sommes tous influencés par l’envi-ronnement dans lequel on grandit. C’est une sorte de marque qui inspire, même si on ne le réalise pas dans l’instant. De ce point de vue, oui il est possible que l’école européenne ait influencé mon style. Votre travail s’étend sur des murs de vingt mètres de haut. Comment parve-nez-vous à préserver les proportions ?Je n’utilise pas de projecteurs ni de grilles. Cela ne me servirait à rien parce que, quand je commence, je ne sais jamais comment cela va finir. Je trouve les idées pendant que je peins. J’ai des photos des animaux que je souhaite peindre, j’étudie leur squelette et, ainsi, je perçois leur ana-tomie et les proportions. En 2011, vous avez peint en Gambie. Comment les gens ont-ils réagi face à votre travail ? Les gens sont ouverts à la créativité, ils n’ont pas peur du changement. C’est la plus grande différence avec l’Europe ?Pour quelle raison les artistes occidentaux du graffiti peignent-ils quasi exclusive-ment sur des ruines ou dans la clandesti-nité ? Parce que ce sont des endroits où ils ne sont dérangés par personne. Mais ce sont aussi les lieux qui offrent le plus grand potentiel en termes de transforma-tion. Mais désormais, il y a des proprié-taires de fonds immobiliers qui spéculent sur l’idée que le street art peut revaloriser leurs biens. Qu’est-ce qui vous excite le plus : la liberté de la légalité ou le frisson de l’illégalité ? Que ce soit légal ou non ne change rien. La seule chose qui m’importe, c’est de créer quelque chose d’intéressant. Plus sur www.inoperable.at

Osé. Le travail de ROA à Linz (Autriche). En bas : un crâne

de chèvre chamoisée.

Un artiste peut défé-quer dans une galerie, il appellera ça de l’art

nent. En ce sens, nous sommes très proches. Je m’intéresse de très près à la biologie et au règne animal. Mais, je suis un artiste, pas un biologiste. Combien de temps parvenez-vous à passer chez vous, en Belgique ? Je suis arrivé à un stade où ma vraie mai-

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TONmOmeNT.HORS DU COMMUN

DES PHOTOS À

COUPER LE SOUFFLE

LE MONDE CHANGE

GRÂCE À EUX

AVENTURE SANS

FRONTIÈRES

ADRÉNALINE

INGÉNIEUX

EXTRÊME

TÉLÉCHARGEMENTGRATUIT

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TON mOmeNT.hors du commun

avec une épaule disloquée, et appelle des secours déjà sur zone pour porter assis-tance au trimaran Orange Project.

à bord de l’hélicoptère Super Frelon de la Marine nationale qui le ramène à terre, Foxall est transi et épuisé mais garde un semblant de lucidité, sous les yeux ébahis des secouristes. « Personne n’est respon-sable de tout cela, sauf nous. ç’a été un de ces moments injustes de la vie. Ce senti-ment perdure aujourd’hui. Cette course est devenue une affaire personnelle. »

La Transat Jacques Vabre est une aventure de 7 000 km. Trois semaines d’épopée pour des équipages en double lancés à pleine vitesse sur le tracé histo-rique des routes du café, de l’Europe vers

Les multicoques de la Transat Jacques Vabre ont quitté Le Havre, leur port d’at-tache, le 3 novembre dernier. Cette envo-lée vers le large représente beaucoup pour Damian Foxall. L’Irlandais s’est élancé aux côtés de Sidney Gavignet avec une seule idée en tête : prendre sa re-vanche sur la Transatlantique qui doit le mener cette année vers les eaux tropi-cales d’Itajai, dans le sud du Brésil.

Pour sa troisième participation à la Jacques Vabre, l’enfant du comté du Kerry, au tempérament bien trempé, am-bitionne « d’achever ce qui n’a pas pu l’être en 2005 ». Cette année-là, Foxall est associé à Armel Le Cléac’h à bord de Foncia, sur le même type de multi. L’aventure tourne court pour Foxall et Le Cléac’h en plein Golfe de Gascogne, où une vague scélérate retourne le 60 pieds et transforme leur ruée vers l’or en opération de survie. Foxall rembo-bine : « Il s’est passé ce qu’il s’est passé. Huit ans après, l’angoisse est toujours présente. Bon, dans l’histoire, on a joué de malchance et on a eu du mauvais temps. Pourtant, on avait réduit les voiles pour naviguer en sécurité. »

Pris au piège sous le bateau, diminué par une luxation de l’épaule, Foxall s’ar-rache pour remonter à la surface. Coincé entre la coque et le filet, il parvient à aspirer une bouffée d’air. Elle lui sauve la vie. Le Cléac’h, lui, est projeté en l’air puis retombe sans dommage sur la grand-voile qui amortit sa chute. Le Breton appelle son équipier. La réponse tarde. L’instant lui glace le sang. Il finit par apercevoir l’Irlandais dans la nuit. En nageant, il se précipite pour l’aider, l’ins-talle aussi confortablement que possible

des neuf tours du monde qu’il a entamés. Foxall compte 18 transatlantiques à son actif et un solide palmarès. En 2004, il signe un record autour du monde à bord du maxi catamaran Cheyenne, du regret-té Steve Fossett. Quatre ans plus tard, il s’impose dans la Barcelona World Race, courue en Imoca, le monocoque de 60 pieds du Vendée Globe, avec Jean-Pierre Dick sur Paprec-Virbac 2. Enfin, il fait partie de l’équipage victorieux de la Volvo Ocean Race 2011-2012, au sein de Groupama, barré par Franck Cammas. Depuis, Foxall et Gavignet alignent les milles à bord du MOD70 qui sert d’école pour les aventuriers omanais.

Cet été, Oman Sail a parcouru un tour d’Europe d’un nouveau genre, la Route des Princes, avant de s’adjuger la Fastnet en août dernier au détriment de Banque Populaire d’Armel le Cleac’h. « Sidney et moi avons déjà fait une course transat-lantique en double (la Transat AG2R 1997, sur le circuit Figaro, ndlr). Nous sommes complémentaires, détaille Foxall. La preuve, nous avons beaucoup couru l’un contre l’autre ! »

Foxall est dans la fleur de l’âge. L’im-pétuosité de la jeunesse combattante a fait place à une science certaine de la na-vigation. « Avec les années, on navigue toujours aussi vite mais on devient plus intelligent. En voile, l’expérience est précieuse. Ce qui est important, c’est de préserver cette soif de vaincre. Il y a des gars plus vieux que moi qui sont toujours au sommet. Tant qu’on est motivé et qu’on a les moyens de bien se préparer physiquement, alors on est opérationnel pour jouer la gagne. » Plus sur www.transat-jacques-vabre.com

l’Amérique du Sud. à bord du trimaran MOD70 du team Oman Sail, le binôme Foxall-Gavignet entend célébrer comme il se doit le 20e anniversaire de l’épreuve.

à 44 ans, Foxall a de l’expérience à re-vendre. La navigation sur un multicoque n’a plus vraiment de secrets pour cet Ir-landais marié à une Française. En 2003, il termine 3e de la classe Orma, les my-thiques 60 pieds, en compagnie de Karine Fauconnier sur Sergio-Tacchini. L’Irlandais a aussi rallié à bon port sept

« Huit ans après, l’angoisse est

toujours présente. Personne n’est

responsable de tout cela, sauf nous »

damian foxall

Bien en Sail À bord d’Oman Sail, le skipper irlandais a un compte à régler avec la Transat Jacques Vabre, dont il est le favori de cette 11e édition.

Texte : Declan Quigley Photo : Antoine Doyen

74 the red bulletin

À l’état sauvageDamian Foxall est l’ambas-sadeur de la Fédération canadienne de la faune. La préservation de la nature est un sujet cher à cet Irlandais qui a grandi dans un environ-nement rural.

Allez les Verts !Lorsqu’il est de passage au Canada, Foxall joue au football gaélique dans une équipe composée de Québé-cois et de Bretons plus que d’Irlandais expatriés.

Danse

MachineTexTe : DaviD Brun-LamBerT PhoTos : angeLa BoaTwrighT

Flexible. Le décor est planté. En pleine rue,

sous les yeux de leurs potes, Vibez (à gau-

che) et Jay Donn (ci-dessus) détonnent à

Brooklyn. élastiques ?

77

New Lots Avenue. Brooklyn Est. Terminus de la ligne de métro n° 3. Depuis 15 heures, une dizaine de types traînent sur une triste place en gravats. Ils parlent fort, miment des coups et s’esclaffent pour un rien. Soudain, l’un d’entre eux exécute un pas et se tord, comme pris de convulsions, aussitôt suivi par un aut-re. En un instant, ils sont plusieurs à enrouler leurs membres, maltraiter leurs bras et jam-bes dans une suite de combinaisons masochistes.

Lorsque des basses rugissent d’un ghetto-blaster laissant entendre un dancehall ner-veux au tempo élevé, les danseurs se déchaî-nent, infligeant à leur corps des supplices tels qu’on craint que leurs os se brisent. Pour au-tant, une beauté indéniable mais douloureuse naît de ces chorégraphies étranges qui voient ces garçons s’agripper sauvagement les uns aux autres, puis éprouver la résistance de leurs muscles sous le regard stupéfait des badauds. Car partout, au croisement de Warwick et de Livonia Street, on entend Modd ! (« Terrible ») ou B.A!, l’équivalent de Mazel Tov !

Le flex est désormais un peu le patrimoine d’East Brooklyn. « Grâce à cette danse, notre communauté voit sa culture célébrée partout aujourd’hui, assure Flizzo, colosse tatoué et figure respectée de ce bout du monde new-yorkais. Le flex est notre fierté. Un passeport pour échapper à la violence et exister. »

Apparu au début des années 2000, le flex est à la fois une danse, une culture urbaine et un mode de vie. Le mouvement a connu une lente maturation jusqu’à devenir un passe-port pour la gloire. Caractérisé par des con-torsions issues du bruk up jamaïcain, du pop-ping caribéen des années 60, du break dancing et de la pantomime, ce style s’est dé-veloppé durant la dernière décennie en un courant artistique autonome qui possède sa musique (un reggae dancehall futuriste proche d’une sorte de dubstep jamaïcain, ndlr), sa

R e e m av e c succ è s à 27 ans, cet amoureux de la culture jamaïcaine qui fait la force des clips de Sean Paul ou Elephant Manest un personna-ge clé de la scène flex. Enfant du comté de Kings devenu dan-seur professionnel à 14 ans, Reem est l’instigateur de la Battlefest League, événement consacré aux danses urbaines extrêmes. Inspirées des règles en vigueur au sein de la NBA, ces trois éditions annuelles mettent le feu aux quatre coins des états-Unis. Les danseurs s’affrontent pendant des rounds de 90 secondes. Le public les départage.

East Brooklyn. Situé en face de Manhattan, le « quartier » de Brooklyn est aussi grand que Paris. L’endroit est en perpétuel-le mutation, toujours avant-gardiste.

é dans les bas-fonds de Brooklyn, le flex s’est imposé au fil des an-nées comme une des danses urbaines les plus extrêmes des États-Unis. The Red Bulletin s’est rendu à New York afin de décortiquer ce phénomène en passe de toucher le grand public. Reportage.

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écrémé. Milk ne fait pas dans la dentelle. Son ob-session ? « Inventer de nouveaux mouvements. » L’épaule est jetée.

compétition annuelle (la Battlefest League), son mode de diffusion (YouTube) et ses stars. Grandi dans l’underground des quartiers ca-ribéens, le flex est d’abord né d’une absolue nécessité. Celle de traduire la brutalité d’une existence quotidiennement menacée par les gangs, la drogue, la délinquance et le chô-mage. Oui, le tableau est plutôt noir. Des fléaux que les gamins issus de ce coin d’Amérique ont choisi de conter par le biais d’une palette de mouvements qui puisent dans la culture jamaïcaine, le hip-hop et tou-tes les danses urbaines créées depuis trente ans aux états-Unis, voguing et krumping compris.

Le kaléidoscope est composite, fruit d’un melting-pot unique et varié. « Parmi les diffé-rents types de danses, il y a d’abord le bone breaking où les flexors mettent l’élasticité de leur corps à l’épreuve, explique Reem, fonda-teur de la Battlefest League consacrée aux danses urbaines extrêmes. Il y a ensuite le glidling, qui consiste à faire mine de se dépla-cer en flottant. Puis, le posing fait de mouve-ments rapides et violents. Il existe encore le get low où le danseur semble constamment en chute libre. Enfin, le connecting qui consis-te à raconter une histoire avec ses mains et le hat-trick, très populaire, où on danse tout en jouant avec une casquette. Tous célèbrent l’environnement dans lequel nous avons grandi. »

L’environnement en question, c’est le comté de Kings, l’un des plus pauvres de l’état de New York. Un foyer sur deux survit grâce aux aides sociales. Pour les résidents de Manhattan, East Brooklyn reste une terre in-connue. à Brownsville ou à Carnasie, le pay-sage n’est qu’une succession monotone d’immeubles, d’églises évangéliques par di-zaines, de liquor stores douteux aux arrière-boutiques plutôt sombres, de pavillons rési-dentiels moroses et comme dupliqués à l’infini. Plus loin, c’est une suite de parkings déserts, envahis de végétation sauvage et bordés de fast-foods qui n’ont de food que le nom...

Là traînent des jeunes désœuvrés. Roulant au pas et vitres baissées, une voiture de police

Bon e s, qu e l l e m ac h i n e ! Bones The Machine (ci-dessus et en démo en bas) incarne la nouvelle génération. À 25 ans et déjà dix ans de carrière, il est considéré comme un des meilleurs bones breakers (littéralement « casseur d’os ») du moment. Ce garçon au charisme évident dirige le NextLevel crew, collectif de onze flexors. Bones crée des chorégraphies innovantes, influencées par le ballet ou la danse contemporaine. La meilleure preuve ? La vidéo Zilla March réalisée à l’été 2011 dans le métro new-yorkais où son groupe apparaît torse nu. Il arbore des masques à gaz pour les besoins d’une performance sidérante. Décidé à se démarquer de ses collègues, Bones entend, à l’avenir, représenter l’avant-garde du mouvement.

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Jay don n l e tonDanseur de l’extrême, inventeur de la punchline (suite de mouvements agressifs dont l’équivalent pugilistique serait le crochet du droit) et leader du collectif The Ringmasters, Jay Donn est l’une des figures incontournables du flex.

Enfant d’East Brooklyn ayant échappé à la dé-linquance grâce à la découverte de cette danse, ce personnage haut en couleur réputé exubérant œuvre pour « faire comprendre aux gamins qu’ils peuvent s’en sortir uniquement grâce à leur ta-lent ». Convaincu que le flex est en passe de faire jeu égal avec la culture hip-hop aux États-Unis, il compte parmi ses plus infatigables représen-tants. Il a notamment accompli l’exploit d’imposer pour la première fois le flex en prime time à la télévision lors de l’émission America’s Best Dance Crew en 2010.

Vol. Entouré de son crew des Ringmasters, Jay Donn est une référence (en bas). L’art de la provoc prend souvent le dessus. Ici, suspendu en l’air, il vole puis se... tire.

the red bulletin 81

« Notre commu- nauté voit sa culture céléb- rée partout. Le flex est notre fierté. Un passeport pour échapper à la violence et exister »

Underground. Spyda (à droite) passe le témoin à Gutta. En toile

de fond, le métro new-yorkais.

Chapeau bas.

83

Surdoué. David a 8 ans et les crocs. Sous les yeux de Spyda, Jay Donn et Vibez (de gauche à droite), le gamin est nullement im-pressionné. La relève est bel et bien présente.

Marqué au fer rouge par des contorsions issues du bruk up jamaïcain, du popping caribéen des années 60 et du break dancing, le flex devient incontournable

les dépasse. Rompus au harcèlement des hommes du NYPD, ces ados défient crâne-ment les policiers du regard.

« Il y a une dizaine d’années, ce coin était vraiment chaud, assure Flizzo. Il y avait des flingues et de la dope. On était doués pour la danse, plus que pour le rap ou le basket. Avec elle, on évitait les embrouilles. Depuis long-temps on trempait dans le reggae d’Elephant Man ou de Beenie Man. Alors lorsque le bruk up est arrivé et qu’on a vu qu’il nous permet-tait de nous exprimer en façonnant notre pro-pre culture, on a foncé ! »

Jay Donn, tignasse ébouriffée, lignes svel-tes et corps saturé de tatouages, s’approche dans un jogging siglé Big Bad. Les yeux de Flizzo s’embuent. « Le vent », souffle le colos-se. On l’observe sécher ses larmes, puis essuy-er sa main sur la bande imprimée d’un ours en peluche et cousue à la base de son pull clouté. « Nous sommes issus d’un environne-ment violent, mais nous aspirons surtout à la paix, poursuit Jay Donn. Je souhaite que ceux qui verront Flex is Kings retiennent ça, avant tout. »

Flex is Kings est le puissant documentaire que la photographe Deidre Schoo et le réali-sateur Michael Beach Nichols ont consacré à la trajectoire des principaux acteurs de cette machine à danser. Autofinancé et bouclé à l’issue de deux ans de tournage grâce à deux campagnes Kickstarter, ce film magistral sé-lectionné cette année au très pointu festival de Tribeca pose un regard aiguisé sur ce mou-vement au moment où il semble basculer vers le mainstream. « Entre le début et la fin du tournage, une scission s’est produite au sein de la communauté des danseurs, explique Deidre Schoo. Alors que le flex devenait chaque jour plus populaire auprès du grand public, pour certains flexors il n’était soudain plus question de poster des vidéos sur You- Tube, le principal véhicule de promotion jusqu’à présent. Désormais, ils veulent capita-liser sur leur réputation. Notre documentaire a capturé les mois durant lesquels cette césu-re s’est produite. »

Après la participation du Ringmasters Crew de Jay Donn à l’émission télévisée America’s Best Dance Crew en 2010, le flex a amorcé sa marche vers la reconnaissance. Il est propulsé sur le devant de la scène dans la web série The Legion of Extraordinary Dancers, puis dans le cadre du YouTube Play Event au musée Gug-genheim. C’est dans ce cadre que The Huffing-ton Post et le New York Times lui consacrent un article. La curiosité du grand public est pi-quée. Les Ricains raffolent des next big thing. Madonna, Usher ou encore Nicki Minaj se sont d’ailleurs déjà entichés du phénomène.

Tous embauchent aujourd’hui des flexors dans les clips ou pour leurs tournées. Alors qu’il est à présent question d’argent et que des danseurs parviennent à lancer leur carrière, certains pionniers restent sur la touche, ulcé-rés de voir des pas et des mouvements qu’ils ont créés à l’issue de longues et pénibles sé-ances d’entraînement pillées par de nouveaux venus. « L’état d’esprit qui a prévalu dans la communauté est maintenant menacé, soulig-ne Reem. Nous sommes aujourd’hui à un tournant. Pour nous professionnaliser, nous devons collaborer avec des sponsors. Le fric devient une composante importante au mo-ment même où éclôt une nouvelle génération de danseurs. L’apparition des rivalités boule-verse la solidarité mise en place jusqu’à présent. »

Alors que la nuit tombe sur East Brooklyn, un badaud aborde Jay Donn, lui disant n’avoir pas vu « un seul flic dans les parages » depuis des heures. « Ils ne viennent plus, s’esclaffe le danseur. Désormais, ils nous voient à la télé. Ils ont compris et nous fichent la paix… »

Quatuor. Klassic, Stickz, Milk et Scream (de haut en bas et de gauche à droite) avant une démo sur le trottoir.

Détente. Flizzo a du mal à tenir en place. Avec un style qui lui est propre, il envoie. Tranquille.

the red bulletin 85

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À CHACUNSES AILES.

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Quoi de neuf en novembre ?

La prise de son en HD est dans le camp de Sony.

MUSIQUE page 93

Démence. Courtney Atkinson roule vers la gloire.

iron man d é c o u v r e z L A S u r P r e N A N T e M é T H o d e d ’ e N T r A î N e M e N T d u T r I AT H L è T e c o u r T N e Y AT K I N S o N . e T L e S f o r ê T S d 'A u T o M N e S e r o N T à v o u S .CoUrEz page 91

the red bulletin 87

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Le Norvégien Remi Meum a découvert le snowkite en l’an 2000.

Un garçon dans le vent

S n o w k i t i n g l e c h a m p i o n d u m o n d e R é m i m e u m R e n d h o m m a g e a u m at é R i e l

q u i l e g u i d e v e R S l e S p o d i u m S .

Meum est un snowboarder et un kitesurfeur talentueux lorsqu’il découvre le snowkite à l’âge de 15 ans. Ce sport lui permet de bala-der sa voile sur les lacs et sur les pentes, où il trouve des vents soutenus. Plus question d’emprunter les remontées mécaniques. Sur ces nouveaux espaces, le quintuple champion de Norvège est capable d’atteindre des vi-tesses proches des 100 km/h. À 28 ans, il est multiple champion du monde et signataire de tricks que personne n’avait osé imaginer. Son kit, y compris les lunettes Bluetooth, a évolué en même temps que lui. « Il y a eu beaucoup d’innovations en parallèle, confirme-t-il. Ça rend notre discipline plus sûre et confortable, tout en améliorant les performances. »Plus sur vimeo.com/remimeum

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Un bon cocktail, c’est quoi ? Le client ne doit pas sentir le goût de l’alcool, ni reconnaître les diffé-rents ingrédients. « Un Cosmopolitan n’a pas le goût de la vodka, du triple sec ou du jus de can-neberge. Il a juste le goût d’un Cosmopolitan », explique Julien Defrance, expert en cocktails. Ce Français de 34 ans crée des boissons pour les meilleurs bars de la planète. Sa société de consulting, Likidostyle, vient juste d’ouvrir une nouvelle succursale à Hong Kong. Globe-trotter averti, Defrance considère Paris comme LA réfé-rence dans ce domaine. Pourquoi ? Le cocktail a peut-être été inventé pendant la prohibition américaine, mais la diversité et la tradition de notre beau pays restent indétrônables en matière de spiritueux. « Une gorgée de Pierre Ferrand Dry Curaçao, c’est comme mordre dans une orange fraîche », déclare Defrance avec enthousiasme. Avant de suggérer ses meilleurs bars à cocktails de Paname.

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Dans l’hexagone, Julien Defrance s’est fait un nom.

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cocktail. De bons jus de fruits et des champagnes sûrs, ce n’est pas donné. Mais ne faites pas d’économies sur

ce point, vous sentirez une réelle

différence. »

2

« La meilleure façon de piler la

glace est de l’enve-lopper dans un tor-chon et de la briser avec un marteau. Certains la livrent à domicile, par sac de 20 kg. De quoi

faire quelques mojitos ! »

3

« n’essayez pas de monter un bar

chez vous. Concen-trez-vous sur un ou

deux cocktails cultes et faites en sorte qu’ils soient excellents. appre-nez à les faire à la

perfection. »

1

the red bulletin 89

Action !voyages

S’envoyer en l’air g r av i t é z é r o N U L B E S o i N D ’a L L E r D a N S L’ E S Pa C E g r  C E À C E B o E i N g Q U i v o U S M E t E N é tat D ’a P E S a N t E U r . B i E N v E N U E À B o r D D U g - F o r C E o N E .

conseil d’initién’oubliez pas de filmer !

« la caméra transforme l’expérience en une virée quasi galactique. mon conseil : une Gopro, dit rapoza. le mieux est de l’attacher autour de la poitrine et de ne plus y pen-ser. Vous serez alors époustouflé par les prises de vue. »

l a s v e g a s

m é g a l o trois plaisirs

reconnus

Aujourd’hui, la sensation d’apesanteur peut aussi être ressentie à bord d’un Boeing. Un vol en piqué, à partir d’une altitude de 10 000 mètres, vous ravira : « Le cœur bat à toute allure quand on se met à flotter d’un coup. Il n’existe rien de comparable, explique le photographe américain Bryan Rapoza qui a expéri-menté des vols paraboliques au-dessus de Las Vegas. C’est comme si on se mettait à respirer librement sous l’eau. »

Comment échappe-t-on à l’attraction terrestre ? Un pilote propulse le G-Force One, un Boeing 727, à une vitesse de 900 km/h selon une inclinaison de 45 °. Dix kilomètres au-dessus de la Terre, il ralentit les moteurs et fait plonger l’appareil en suivant une courbe parabolique. La force centrifuge exercée sur le Boeing permet de conserver la force gravitation-

nelle située, elle, à l’intérieur de la carlingue. Ce qui crée un phéno-mène d’apesanteur, pendant envi-ron 30 secondes. « La parabole est répétée 15 fois par vol, précise Rapoza. Ici, on a l’impression de ne peser absolument rien. On ressent l’ivresse de sa vie. » à tenter !

unique. maman, je vole !

piloterencore une envie d’accélération ? Grimpez à bord

d’un de ces bolides d’indycar de

600 chevaux et tentez de franchir

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même si vous perdez beaucoup. ce qui reste rare.

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Mars attaque« ces vols offrent plus que la simple apesan-teur, explique michelle peters, scientifique chez zero Gravity corporation. le G-force one peut aussi suivre une parabole imitant l’attraction de mars. on ne ressent alors plus qu’un tiers de son poids. et deux “paraboles lunaires” permettent d’avoir un poids divisé par six. »

recharGerune vue sur la skyline de las

Vegas à 60 mètres de haut fera de ce dîner à l’air libre une expérience

inoubliable. Grâce aux harnais de sécurité, pas

de risque qu’il se termine plus tôt que prévu.

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Élu triathlète de l’année de 2002 à 2004 dans son pays, l’Australien délaisse en 2012, à 33 ans, la distance classique (1,5 km à la nage, 40 km à vélo, 10 km de course à pied) au profit de l’Ironman (3,8 km/180 km/42,195 km), variante extrême du triathlon. « S’entraîner, c’est repousser les limites de sa résistance, dit Atkinson. La constance importe plus que la vitesse. » Son quotidien : séances de nata-tion parmi les cygnes du lac Hugh Muntz, à Gold Coast, en Australie, vélo et course à pied avec GPS et PowerMeter. « Le high-tech aide à l’analyse des performances mais le corps reste le principal régulateur, pré-cise-t-il. Une respiration difficile signale un surrégime. Avec le temps, on arrive à inter-préter tous les signaux du corps et donc à mieux doser l’effort. »

A M É L I O R E R S E S P E R F S« Évitez la dépense inutile d’énergie pendant la course, dévoile Atkinson. Un bon maintien du bassin  

se traduit par un style de course moins énergivore. Pour cela, il faut renforcer les fessiers. »

t e s t e r s a f o r c eLE CAPTEUR DE PUISSANCE D’ATKINSON

DES wATTS ET DU PUNCh« À vélo, le pédalier Shimano 9000 Power-  Meter mesure ma puissance en watts.  Ceux-ci augmentent avec la vitesse.  Et, le soir, on peut  analyser sereinement  mes résultats chiffrés sur l’ordi. »

Titiller ses limites  T r i aT h l o n l’a u s T r a l i e n C o u r T n e y aT k i n s o n s ’ e n T r a î n e pa r m i l e s Cyg n e s , b a r d é d e C a p T e u r s d e p u i s s a n C e , l e C o r p s e n m o d e r é g u l aT e u r d e v i T e s s e .

Courtney Atkinson, 34 ans, est triathlète.  Il a remporté l’Ironman 70.3, aux Philippines en 2013.

Focus. Atkinson à l’entraî-nement en forêt : « Éco-

nomiser sa puissance exige du travail. »

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Poser les mains sur les hanches, immobile sur une jambe 10 se-condes. Puis changer de jambe.

La version Superman : répéter l’exercice, mais en tendant un bras 

en avant 10 secondes.

Même exercice, en exécutant le mouvement de balancier (comme 

en course), cette fois.

Reproduire cette position sur le ballon de gymnas-tique quelques secondes et répéter 10 fois.

Soulever la jambe quelques secondes et répéter 10 fois (moins la jambe est haute, plus l’exercice est dur).

AcTion !conseils de pro

the red bulletin 91

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Action !ma ville

Un régime régulier à base de dessins animés, de lec-ture de comics et d’une bonne dose de graffitis dans les rues de South Side a mis Brantley sur la voie de la reconnaissance artistique. Bien que le quartier noir de Bronzeville, au sud, soit présent dans son cœur, l’artiste s’est déplacé progressivement vers l’univers bobo chic de Wicker Park. D’abord colonisé par les barons de la brasserie européenne, ce quartier du nord-ouest est un mélange de familles latino de la middle class américaine, d’étudiants et de différentes classes socioprofessionnelles liées à la gentrification. Pour Hebru Brantley, Wicker Park est probablement un des meilleurs endroits de Chicago pour sortir, de jour comme de nuit.

Le street artiste américain Hebru Brantley s’ins-pire de Wicker Park, à Chicago.

5 m a j e u rMon CHiCago à Moi

N. Milwaukee Ave.

N. Wicker Park Ave.

N. Elk Grove Ave.

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W. Julian St.

W. Beach Ave.

W. Schiller St.

Wicker Park

Dean Playground

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CHiCago, nouveau PouMon de L’art

aMériCain

« Des jeux vidéo et de la bière, what else ? » C H I C A G O F I G u r e n A I s s A n t e d e l A p e I n t u r e C O n t e m p O r A I n e , H e b r u b r A n t l e y d é v O I l e s e s A d r e s s e s p r é F é r é e s d e W I C k e r pA r k , l e q u A r -t I e r b O H è m e d e C H I C A G O . b O n p l A n   !

FiLter CoFFee SHoP1373 north Milwaukee avenue« L’endroit est très grand. C’était mon bureau. J’y faisais des es-quisses et y donnais des rendez-vous. J’y dessinais tout et rien, je dois bien faire trois ou quatre car-nets par an là-bas. »

rodan1530 north Milwaukee avenue« Ils passent des films très obs-curs sur le mur du fond, mais sans le son. Il y a une jolie carte. Je ne mange que du poisson et des légumes, et leurs bao vietna-miens (des sandwiches, ndlr) sont mes préférés. »

Saint aLFred 1531 north Milwaukee avenue« Dans les magasins de basket traînent des gamins un peu snobs de la semelle. À St Alfred, c’est un peu comme dans un barbershop. On peut se parler. »

tHe vioLet Hour 1520 north damen avenue « Ma copine adore ! C’est très sobre avec d’excellentes bois-sons. Il y a quelques règles, comme l’interdiction des télé-phones portables. C’est un peu comme quand on est invité chez quelqu’un et qu’il vous demande d’ôter vos chaussures. »

eMPoriuM arCade Bar1366 north Milwaukee avenue« Il y a des jeux vidéo rétro dans tous les coins ! Des jeux et de la bière, que demander de plus ? Je m’amuse beaucoup à NBA Jam et, comme je suis un grand fan des Tortues Ninja, je passe y jouer très souvent. »

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CHiCago, étatS-uniS

South Side

L Ac M i c H i G A NChICAgO

Bien PuBLiCune promenade

autour de Wicker Park permet

d’apprécier une ville en perpétuelle

mutation. choosechicago.com

LaCuna LoFtS

d’artiSteSBrantley et

d’autres artistes ont installé leur atelier à cette

adresse qui propose chaque

mois vernissages et spectacles. à découvrir.

lacuna2150.com

MuSée d’art MexiCainun joyau. ici

se mêlent les époques contem-poraines et leurs

artefacts. nationalmuseum ofmexicanart.org

Wicker Park

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92 the red bulletin

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Il a beau préférer le synthé à la guitare et porter un masque de superhéros en concert, Bob Cornelius Rifo est assurément... punk. Avec The Bloody Beetroots, il propulse le genre dans le XXIe siècle, des morceaux énergiques et entraînants n’ayant rien à envier au

rock. Un premier tube Warp 1.9, le révèle au public en 2009. Son compte Facebook affiche plus d’un million de fans. Bob Cornelius Rifo enregistre aussi avec des pointures comme Tommy Lee ou Paul McCart-ney. The Bloody Beetroots sort Hide, leur deuxième opus, dans lequel l’ex-Beatles se frotte à son premier morceau électro. Rifo nous révèle ici ses albums fétiches. www.thebloodybeetrootsofficial.com

Bob Cornelius Rifo, 35 ans, tête pensante des Bloody Beetroots.

Sony HDR-MV1Voici un caméscope pour musicos équipé de micros stéréos professionnels et d’un capteur réalisant d’impeccables images. Le réalisateur en herbe peut ensuite télé-charger son clip directement sur youTube

via une connexion Wifi intégrée. www.sony.com

1J’ai déniché cet album à Venise chez un disquaire atypique. Je suis resté bouche bée en l’écoutant. Connue pour

sa Bo d’orange Mécanique, Wendy Carlos interprète du Jean-Sébastien Bach sur un synthétiseur Moog. Il fallait oser mais c’est génial. L’album m’a ins-piré l’arrangement électro que j’ai fait de l’Ave Maria de Bach.

4 5Sur ma poi-trine j’ai ta-toué 1977, l’an-née de ma naissance et aussi celle du premier disque de The Clash et point de dé-

part de la grande époque du punk. Je dé-couvre l’album grâce à un oncle batteur à qui je dois aussi mon éducation à ce style de musique. Dès le début, l’énergie qui en ressort me submerge. Une fasci-nation demeurée intacte à ce jour.

2L’énergie brute qui se dégage de The Shape of Punk to Come est contagieuse. Mon premier album le prouve. C’est

Dennis, le chanteur de Refused, qui m’en a parlé. Ce que je réalise avec des synthés, Refused le fait avec des gui-tares. Autre point commun avec Dennis : notre admiration pour l’anarchiste Errico Malatesta.

En 1997, je suis Breakdancer. Rockit de l’al-bum Future Shock d’Her-bie Hancock est alors un de nos morceaux favoris. Sorti

en 1983, il n’a pas pris une ride et est à l’origine de la musique électro. Pour mon album, j’ai souhaité collaborer avec Hancock mais son agenda ne l’a pas permis. Je ne désespère pas de réaliser ce rêve un jour.

3C’est dans la discothèque de mes pa-rents qu’en-fant je dé-couvre l’album. Sa couverture m’intrigue.

Mais très vite, j’apprends des morceaux par cœur comme Here Comes The Sun. Enregistrer aujourd’hui avec Paul McCar-tney est évidemment un grand honneur même si je ne lui ai pas dit. En studio, nous sommes sur un pied d’égalité.

« Le punk me fascine » P l ay l i s t D e s B e at l e s à B a c h e n Pa s s a n t Pa r h e r B i e h a n c o c k , l e r o c k e r é l e c t r o D e s B l o o Dy B e e-t r o o t s D o n n e u n e l e ç o n D e m u s i q u e e t D é v o i l e l e s a l B u m s D e s a v i e .

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Tout ce qu’il faut savoir sur la danse la plus hot de l’an-née, histoire d’en

mettre plein la vue en soirée.

Wendy carlos Switched-On Bach

the clash The Clash

Refused The Shape Of Punk…

Herbie Hancock Future Shock

the Beatles Abbey Road

1En août dernier, le twerking fait son entrée dans l’ox-ford Dictionnary. Définition : danse

aux déhanche-ments suggestifs.

2En 1993, le DJ et

MC américain Jubilee est le

premier à utiliser le terme dans

Jubilee All, un mor-ceau où il scande :

« Twerk, baby ! »

3Une heure de twerk

permet de brûler 500 calories au mi-nimum. C’est plus que la pratique du

vélo ou de la course à pied. ou-bliez vos cours de

fitness et twerkez !

4Le twerk vient du

mapouka, une danse similaire de

Côte d’Ivoire où elle est interdite de télé à cause

de son caractère suggestif.

tWeRkingtWeRking

the red bulletin 93

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jusqu’à 39 courses 33 pays1 top départ

Action !course à pied

où çA se pAsse ?ce sont 39 courses répartis dans 33 pays. des routes en asphalte, des zones côtières, des déserts... Infos météo et parcours disponibles sur la page d’accueil de l’événement.

Qui peut pArticiper ?de l’amateur au champion olympique. Le but ? courir aussi longtemps que possible avant d’être rattrapé par les voitures. Âge mi-nimum requis : 18 ans.

Elle aura lieu en simultané sur les cinq continents le 4 mai 2014. Le coup d’envoi sera donné à dix heures, temps universel. Des États-Unis à la Nouvelle-Zélande, les athlètes s’élanceront en même temps sur plusieurs parcours. Ils prendront une cer-taine avance sur leurs poursuivants, ache-minés, eux, en voiture et qui les chasseront en augmentant peu à peu leur vitesse. Les coureurs rattrapés par les voitures seront éliminés. Le gagnant, évidemment celui qui aura parcouru la plus longue distance sans être devancé, sera le dernier au monde à rester en course. Ici, chaque parti-cipant, professionnel ou amateur, est un bienfaiteur. Les bénéfices seront entière-ment reversés à la fondation Wings for Life qui soutient la recherche sur les lésions de la moelle épinière. David Coulthard, l’ex pilote de F1, sera au départ : « Je n’ai ja-mais été un grand coureur, mais je vais bien évidemment participer à Wings for Life World Run. Nous devons courir pour ceux qui ne le peuvent pas. »plus sur www.wingsforlifeworldrun.com

cause de soi W ings For L iF e Wor L d run  C ’ e s t L e 4 m a i p r o C h a i n q u e s e d é r o u L e r a u n e é p r e u v e u n i q u e e n s o n g e n r e . L a p r e m i è r e C o u r s e à p i e d g L o b a L i s é e d e L’ h i s t o i r e e s t d e s t i n é e à t o u s C e u x q u i v e u L e n t s e m e s u r e r a u m o n d e .

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Vite, la vie !4 Mai 2014, 10 heures Tu

Qui poursuiT ?Les voitures prennent les coureurs en chasse 30 minutes après le coup de sifflet. Elles accélèrent progressi-vement et éliminent les participants qu’elles rattrapent.

Mon TeMps La distance parcourue s’établit à l’endroit où le coureur est rattrapé par la voiture. Un classement disponible instantanément sur le Web permet de situer sa performance.

PortUgaLESPagnEFrancEIrLandEangLEtErrEnorvègESUèdEPayS-baSaLLEmagnESUISSEItaLIEPoLognESLovaqUIESLovénIEaUtrIchEcroatIEUkraInEroUmanIEgéorgIE

tUrqUIEIndEtaÏWancoréE dU SUd

aFrIqUE dU SUd

aUStraLIEnoUvELLE-ZéLandE

Le pilote austra-lien de red bull

racing est un des ambassadeurs de

Wings for Life.

t i t r e s p o u r

c r a c k sUnE PLayLISt

dE choIx SIgnéE mark WEbbEr

1 Foo FIghtErS

EvErLong« Le rock se prête

parfaitement à la course à pied. ce morceau finit

sur un tempo élevé, du coup les jambes suivent. »

2 rEd hot

chILI PEPPErScan’t StoP« Le rythme de

can’t Stop est lé-gèrement plus lent. ce morceau m’aide à rester concentré

pendant une course. »

3thE ProdIgyFIrEStartEr

« Un shoot d’éner-gie supplémen-

taire. Parfait pour un finish, sur une dernière accéléra-

tion avant de s’écrouler ! »

Qui en bénéficie ?La totalité des recettes sera reversée à la fondation Wings for Life qui soutient la recherche en faveur de la paraplégie. Plus surwww.wingsforlife.com

the red bulletin 95

Tina Palacios, la charge de Call Of Duty

Call Of Duty Ghosts sera disponible à la fin du mois sur Xbox One et PS4.

Action !jeux vidéo l e s

a p p l i sDeS buTS, DeS

GuerreS eT PluS Sur iPhOne, iPaD

eT iPOD TOuCh

FOOTballSCOre!

wOrlD GOalSVoici l’art des sé-quences de jeu

bien léchées, des passes décisives

et des buts pleine lucarne. Tout ça à l’ internationale.

rPGThe SilenT aGe

l’histoire d’un bon mec à la mauvaise place, contraint de remonter le temps

pour résoudre une énigme.

bim !Samurai SieGeCommandez des

armées de samou-raïs et de ninjas et affrontez vos amis en temps réel. une

drogue dure.

mal De Crâne868-haCk

un jeu de puzzle complexe mais

addictif, avec 80 épisodes stylisés old-school. il faut

battre l’ordi.

Haute tension CA l l o f D u t y Au j o u r D ’ h u i , l e l A n C e m e n t D ’ u n b l o C k b u s t e r e s t u n é v é n e m e n t m o n D i A l .

série, l’attente se fait plus douloureuse pour ceux qui ont créé le jeu. « Quand on sort au restaurant, les gens remarquent nos tee-shirts et nous posent des questions, raconte Tina Palaccio, développeur qui a piloté la réalisation de Ghosts pour Infinity Ward. C’est dur de garder le secret. Mes parents m’ont ques-tionnée et, même à eux, c’était difficile de répondre moins que ce que nous avions décidé de révéler. »

Le jour d’après n’est pas non plus un jour de repos. « On est nombreux à rester sur le pont pour être certain que le jeu tourne correctement. Mais c’est un moment excitant ! » Plus sur www.callofduty.com/ghosts

En septembre dernier, Grand Theft Auto V a réalisé la plus belle première journée de l’histoire, avec 800 millions de dollars de bénéfices en 24 heures. Jusque-là, les quatre plus gros succès s’appelaient tous Call of Duty. Le cinquième opus, Call of Duty Ghosts, sort ce mois-ci. Excitante pour les fans de la

Grand designFaçOn Gran TuriSmO les amoureux de jeux de voiture vont découvrir leur nouvelle maîtresse. Depuis 16 ans, Gran Turismo redéfinit ce que doit être un jeu de pilotage. le der-nier-né, sixième du nom, rehausse en-core le réalisme. il sort le 6 décembre. www.gran-turismo.com

La guerre des consolesXbOX One VS PlaySTaTiOn 4 Deux consoles, deux écoles. C’est tellement dur de choisir ! alors, Xbox ou PlayStation ? le capteur kinect de la pre-mière nommée promet beau-coup, la carte graphique de l’autre déboîte. On choisit d’acheter… les deux ! www.xbox.com, www.playstation.com

Ghosts blockbuster. le tout dernier Call Of Duty sera-t-il le lancement le

plus lucratif de l’histoire ?

b i e n t ô t

96 the red bulletin

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notre sélection, en bonne

compagnie

23.11, saint-Denis

Dernière répétitionLe XV de Philippe Saint-André boucle ses test-matches d’automne avec la ré-ception de l’Afrique du Sud au Stade de France. Ce 3e match, après ceux contre les Blacks et le Tonga, laissera le public sur une dernière impression, bonne ou mauvaise, avant l’ouverture du Tournoi, toujours au Stade de France, contre l’Angleterre le 1er février. Autant passer l’hiver au chaud et avec optimisme.www.ffr.fr

l’exposition le surréalisme et l’objet présente à beaubourg, au cœur de paris, des dizaines d’œuvres et de photos si-gnées des maîtres Dalí, Duchamp, ernst, man ray ou

miro. pour mieux comprendre l’histoire de ce mouvement. « ceci est un morceau de fro-mage » signé magritte montre la voie (photo). nom d’une pipe ! www.centrepompidou.fr

Jusqu’au 05.01.14, paris

Toute beautéen 245 clichés exposés à la maison de la photo euro-péenne, sebastião salgado rend hommage à notre pla-nète dans son exposition genesis. www.mep-fr.org

AcTion !focus

Dessertl’élite mondiale

du patinage artis-tique fait une

halte à bercy avec le trophée bom-

pard. À 3 mois des Jeux de sotchi, le compte à rebours

débute. et la pression monte.

15-17.11,www.bercy.fr

16samedi

masculinavec masculin/

masculin, le musée d’orsay

affiche la nudité sans tabous. 230 œuvres,

toiles et photos, du XiXe siècle à

nos jours donnent à l’exposition un parfum de

scandale.Jusqu’au 02.01.14

museeorsay.fr

30samedi

aussi parisle psg, version handball, est un ogre. si vous ne

l’avez pas encore découvert, cette soirée de ligue des champions

contre les suisses du Wacker

thoune est la séance idéale de rattrapage.

www.psghand.fr

20mercredi

11.12, marseille

Soirée de gala

Jusqu’au 03.03.14, paris

objets surréalistes

l’ultime rencontre du groupe F de ligue des cham-pions entre l’om et Dortmund n’aura peut-être plus aucun enjeu sportif mais le Vélodrome ne peut ignorer l’événe-ment. la réception du vice-champion d’europe, nouveau club d’aubameyang, est de nature à faire bouillir l’enceinte marseillaise. et si une qualification est en jeu… www.om.net

conquête. Face au XV de la rose, lors du

tournoi 2013, thierry Dusautoir décolle.

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the red bulletin 97

the red bulletin numéro 26 sera disponible le 11 décembre prochain

dans le rétro

Depuis la nuit des temps, les Japonais se distinguent par un fantastique pouvoir d’imagina-tion. Au début du XIXe siècle, des théoriciens du mouvement, un poil illuminés, remettent en cause la bipédie. Baptisé « Pal-Koul », cette expérience vise à se déplacer sur toutes les extré-mités du corps de manière égale. Ici, nous sommes dans les sixties. L’acrobate Gyokusho Terajima s’amuse avec ses convives. Le poirier est né.

marcher sur la tête

98 the red bulletin

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ty

imag

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Vos artistes préférés partagent leurs coups de cœur musicaux : Headphone Highlights sur rbmaradio.com

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*Morceaux sélectionnés avec soin.

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