guery - le roi dépensier

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Histoire du concept de Roi Dépensier

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  • Monsieur Alain Guery

    Le roi dpensier. Le don, la contrainte et l'origine du systmefinancier de la monarchie franaise d'Ancien RgimeIn: Annales. conomies, Socits, Civilisations. 39e anne, N. 6, 1984. pp. 1241-1269.

    AbstractThe Extravagant King. Gifts, Constraint and the Origins of the Financial System of the French Monarchy in the Old Regime.

    The origins of the modern state lead back in political history to monarchic power. The financial system of the last centuries of theOld Regime, which our own system inherited more than it believes, was still based upon the principle of the extravagant kingwhose largesse was initially political means of maintaining power. But the system was already based on one of taxation wherethe exercise of the power of one man depended on contribution from all. The modern state derives from this confrontationbetween the king as the magnanimous giver and his administrative apparatus, the constraining taker. Throughout the controversyover gifts which developed from the XIVth to the XVIth century, and which was followed by the debate over taxes in the XVIIthand XVIIIth centuries, it was always this practical aspect of the social contract which was at stake, be it between individualsgroups or society as a whole. It is therefore essential to understand the role of political authority in the interplay of powercontrived by social relations.

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    Guery Alain. Le roi dpensier. Le don, la contrainte et l'origine du systme financier de la monarchie franaise d'Ancien Rgime.In: Annales. conomies, Socits, Civilisations. 39e anne, N. 6, 1984. pp. 1241-1269.

    doi : 10.3406/ahess.1984.283129

    http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1984_num_39_6_283129

  • FINANCE ET POLITIQUE

    LE ROI PENSIER Le don la contrainte et origine du systme financier de la monarchie fran aise Ancien Rgime

    tat gouvern par un roi selon la dfinition de Littr la monarchie est le type de rgime politique qui dur le plus longtemps en France Entre le xe et le xvnie sicle un phnomne de si longue dure connu des changements qui obligent aux diffrents moments de son volution se demander quelle forme

    tat quel type de roi la question pose par La Botie aube du dve loppement en Europe de ce il est convenu appeler tat moderne pour quoi les hommes acceptent-ils obir un seul1 historien ne peut ajouter ses interrogations pourquoi cet Un a-t-il pris cette forme monar chique tait-elle indispensable ou simplement commode Comment est greff et dvelopp partir elle tat moderne en Europe qui finit par limiter ou mme supprimer la rfrence monarchique dans ses institutions comme dans exercice du pouvoir politique Mais les recherches de Michel Foucault nous ont habitu ne plus parler du pouvoir comme il tait un Dans le tissu du discours qui permet la formation et le maintien de relations sociales mergent des mcanismes qui sont la mise en uvre de pouvoirs2 Le pouvoir est toujours pluriel perptuel circulant en sens multiples dans le rseau des dis cours son vhicule tant le langage De ce point de vue le pouvoir ne sous- entend plus le seul pouvoir politique ni mme son extension autres secteurs activits agissant au moyen institutions codifies dans un droit Il est per manent et partout fait historique dont le pouvoir politique est une des modalits parmi toutes les autres dans ensemble des relations humaines

    Ce pouvoir politique fonctionne donc lui-mme au sein un ensemble de pouvoirs qui en le relayant lui donnent son efficacit celle-ci tant relative aux moyens mis en uvre pour favoriser ces relais Ces moyens les institutions principalement ont une traduction conomique exercice du pouvoir entrane des frais des dpenses il faut couvrir Les finances du pouvoir poli tique rendent compte de manire mesurable et dans leur principe mme de exercice de ce pouvoir Dpenses comme prlvements ne sont pas faits arbi trairement mais lis la conception du pouvoir politique sa circulation dans ensemble de la socit est pourquoi les finances du pouvoir politique sont un lieu privilgi tude des rapports entre cette forme emergente du pouvoir etJLensemble des pouvoirs qui nouent les relations sociales

    1241

    LorenzoEvidenziatoIl potere sempre plurale, continuo, circolante in sensi molteplici nella rete dei discorsi. Non c' solo il potere politico, che agisce in istituzioni codificate da un diritto.

    LorenzoEvidenziatoL'esercizio del potere politico implica costi che occorre coprire. Finanze.

  • FINANCE ET POLITIQUE

    Pouvoirs et relations entre membres une socit il l une problma tique de change bien connue des anthropologues des ethnologues moins des historiens plus attentifs aux stratifications sociales aux relations sociales un point de vue strictement conomique le terme change dsigne les diffrents modes de transferts de biens et de services excuts en contrepartie et en quivalence les uns des autres Mais change est pas seule ment conomique Au sens gnral le terme change applique tout mouvement intention rciproque entre deux parties dont change de biens qui est loin de prendre uniquement la forme du commerce est une des moda lits ou une des traductions matrielles Mouvement intention rciproque donc engagement de la volont le problme est dcidment bien pos par La Botie ingalit de pouvoirs recouvre une ingalit de la condition qui ne peuvent une et autre expliquer sans que la domination ne soit voulue mais sans que la servitude ne le soit galement Comment est-il possible que la plu part obissent un seul transfert de pouvoirs comment est-il possible ils le servent transfert de biens et de services comment est-il possible ils veuillent ou au moins acceptent de lui obir et de le servir telle est la problma tique du discours de la servitude volontaire

    Partons donc de cette problmatique de obissance Un un seul que la monarchie traduit dans le domaine politique Partons du roi il est le phnomne permanent que la dynastie perptue et qui est bien antrieur la notion moderne tat qui lui coexiste puis le fait disparatre Mais partons de lui en posant la question traditionnelle Qui fait roi qui renvoie change ingal des pouvoirs qui circulent le long des relations sociales

    Dans son essai pionnier sur le don3 Marcel Mauss montre que ide change de choses contre des choses selon la norme abstraite et extrinsque une valeur matrielle financire ou autre est une acquisition tardive de humanit On ne con oit pas dans la plus longue dure de histoire des peuples que change mette au premier plan les objets ou services changs indpendamment des personnes qui changent Au contraire les transferts de biens et de services mme avec usage de la monnaie ne sont que des signes un contrat tacite entre les personnes qui changent Ce contrat lie dans un rseau obligations rciproques des personnalits et des pouvoirs Se dessaisir en faveur autrui est lui livrer une part de soi-mme recevoir autrui est accepter de prendre une part de lui change et pouvoir sont lis dans un prin cipe existentiel o personnalit et appartenance ne font un De l provient dans les socits archaques change par don Donner signifie obligation de rendre un contre-don il est obligatoire de recevoir Ce systme fonde des actes de libralit et honneur qui se traduisent par des dpenses ostentatoires particulirement dans ce on appelle le systme potlatch mot emprunt au chinook et qui signifie action de donner Il culmine dans le sacrifice cas limite du don

    Marcel Mauss lui-mme insistant sur la valeur sociologique gnrale des faits

    1242

    LorenzoEvidenziatoMauss: legame di scambio e potere. Lo scambio vincola.

  • GUERY LE ROI LE DON LA CONTRAINTE

    et des principes il dcrit est pos le problme de leur survivance dans nos socits historiques4 Les exemples qui suivent ses propositions de recherches sont puiss dans Antiquit droits germanique romain ancien de Inde Depuis Mauss les historiens ont peu cherch dans cette voie Louis Gernet qui le cite distingue obligation qui nat de change par don de obligation juri dique proprement dite Il met hypothse de son existence sous une termino logie qui pose le problme mme du passage au droit5 Moses Finley note importance des dons et usage du mot dans le monde Ulysse mais sans les lier un systme change6 Marc Bloch sans citer Mauss lie change de dons et obligations dans son analyse du monde germanique primitif dcrit par Tacite7 Auparavant critiquant les notions conomie nature et

    conomie argent qui sont la base des livres Alfons Dopsch sur conomie du Haut Moyen Age8 il note abondance des changes de cadeaux dans la socit de cette poque mais se range malheureusement avis de Paul Kletler9 qui ramne cette pratique de poque carolingienne un simple troc10 Ferdinand Lot place les dons aux cts des impts dans les ressources finan cires de la royaut il les rattache au devoir aide du vassal son seigneur appuyant sur Mauss au contraire Georges Duby montre que change par dons rciproques obligation qui en dcoule inscrit dans un climat de vio lence il limite et entretient la fois Si change ne se fait pas la guerre est la sanction il se fait le butin qui forme le trsor o on puise peut venir man quer Capture et pillage redeviennent ncessaires12

    Dans les textes dcrivant les crmonies officielles la mention de change de dons est frquente Ainsi Hincmar archevque de Reims dcrit-il les placito qui se tiennent chaque anne dans une lettre crite en 882 la demande de quelques grands du royaume Il explique il recopie un trait de la rgle du palais crit en 826 par abb de Corbie Adalhard un des principaux conseil lers de Charlemagne Durant la seconde des deux assembles annuelles qui runit les personnages les plus considrables et les principaux conseillers du prince on recevait les dons gnreux du royaume Guizot cite ce texte comme le premier dcrivant origine du gouvernement reprsentatif13 Mais il ne dit rien des indications prcises il fournit pourtant par deux fois les dons faits au prince lui sont transfrs occasion des runions les plus importantes avec les plus grands du temps seniores image qui vient esprit la lecture de ce texte est celle offerte par les frises de Persepolis dfil hommes venus des diverses rgions de Empire pour offrir au roi qui parle dcide rgle les problmes des cadeaux avec cependant un ct moins crmonieux Les dons semblent faits en change des rponses faites par le roi aux questions des plus grands seigneurs du royaume des dcisions rclames par les problmes du temps dans une ambiance de retrouvailles trs conviviale On ne mentionne pas dans ce texte Hincmar des dons manant du roi

    autre extrmit de cette longue priode mdivale au xive sicle au moment o les assembles runies sont tout autrement sollicites pour subvenir aux besoins du roi Le Songe du Vergier indique encore les Roys et les Impe- reurs sont donataires et par consquent ils sont seigneurs 14 tre donataire est avoir la facult de faire des dons et en recevoir Godefroy dans le suppl ment de son dictionnaire de ancienne langue fran aise fait suivre etymologie du mot du commentaire suivant mot au sens mal fix celui qui la donation

    1243

    LorenzoEvidenziatoDuby: il dono reciproco si iscrive in un clima di violenza che esso a un tempo limita (se si dona non c' guerra) e alimenta (se non c' guerra non c' bottino da donare).

    LorenzoEvidenziatoIncmaro di Reims, 882 d.C.: doni al re da parte dei seniores del regno in occasione delle riunioni pi importanti. Doni in cambio dell'attivit di governo del re.

    LorenzoEvidenziatoLe Songe du Vergier, XIV secolo: "i re e gli imperatori sono donatori, e dunque sono signori". Donatore = sia chi dona che chi riceve il dono.

  • FINANCE ET POLITIQUE

    est faite et abusivement inverse est--dire celui qui la fait Ce est pas abusivement que le mot cette signification impliquant pas une direction pr cise de objet de mme que le mot donation qui existe dj en ancien fran ais et supplante donaison encore employ dans la premire moiti du

    xvne sicle Dans un remarquable article le linguiste Emile Benveniste donne la solution de ce problme15 Elle claire le don comme fait de civilisation Dans la plupart des langues indo-europennes donner exprime par un verbe de la racine *do qui fournit aussi un grand nombre de drivs nominaux Mais

    prendre exprime de la mme manire ambivalence smantique se fonde sur le fait que *do indique seulement le fait de saisir que ce soit saisir pour offrir est--dire donner ou saisir pour garder est--dire prendre Les expressions acheter et vendre prter et emprunter expriment dans ces langues par des verbes ayant des racines tout aussi ambivalentes Cette ambivalence implique toujours un change entre deux personnes ou deux par ties Un rapport de rciprocit est contenu dans la signification originelle du mot don mis souvent en relation avec un systme hommage ou hospitalit On ne peut lui donner pour le pass le sens actuel action sans retour

    Cette rciprocit prend pourtant une forme qui loigne de change exclusif de biens Si les exemples changes par dons ne manquent pas dans la littrature mdivale comme dans le cas prcit du texte Hincmar on ne voit pas souvent la matrialit du contre-don Et pourtant le lien est vident Dons faits en change de services rendus mme pour prix de la trahison

    Guenes Ii fels en ad fait trasun Del rei paien en as oud granz duns Or et argent plies et ciclatuns Mais et cheval et camelis et leuns16

    auteur appuie sur la valeur du don en le dtaillant dans ce passage de la chanson de Roland La trahison de Ganelon en est que plus grande Un autre tratre Mordred connat la manire de prendre la place du roi il trahit dans le ur des barons Pour se faire obir il leur distribue de riches dons et les convoque en une cour splendide17 Faisant le sige de la tour de Londres o est rfugie la reine Guenivre que le roi Arthur lui pourtant confie il attire par sa largesse tous les hauts seigneurs qui tenaient terre du roi les amenant eux aussi trahir Et pour signe de soumission ce nouveau matre ils lui apportent

    leur tour des dons On voit bien ici les cadeaux accompagner engagement personnel vis--vis du prince en rponse la largesse de celui-ci qui sollicite et oblige dj Le systme fonctionne travers des changes rciproques de dons18 et il fonctionne dans les deux sens initiative de donner signifie enga gement et demande engagement de celui qui re oit et acquiesce en donnant son tour Mais celui qui se sent dj engag envers autrui peut alors solliciter un don Ainsi par exemple ne manque-t-on pas de solliciter des dons de la part du roi Arthur19 Dans la partie du cycle qui concerne plus spcialement histoire de Lancelot ce roi re oit pourtant de la part un sage une le on de politique royale Le prudhomme qui la lui donne insiste sur le rle des dons Avec exercice de la justice de la vrit du ur qui doit pousser considrer tous ses vassaux compris les plus pauvres donner est la troisime vertu du prince

    1244

    LorenzoEvidenziatoBenveniste: donare da radice indoeuropea *do, che voleva dire prendere (sia per dare che per tenere). Implicava reciprocit, e non come oggi un'azione senza ritorno [la carit cristiana rompe, almeno in apparenza, la logica del dono di reciprocit]. Scambio di doni contro servizi resi.

    LorenzoEvidenziatoLa morte di re Art: sistema in entrambi i sensi, l'iniziativa di donare significa impegno e richiede impegno da parte di colui che riceve e accetta di donare a sua volta. Tre virt del principe: giustizia, verit di cuore e dono.

  • GUERY LE ROI LE DON LA CONTRAINTE

    dont le pouvoir et le territoire sur lequel il exerce dpendent totalement des dons il peut faire20 est pourquoi une vie princire panouie se mesure aux dons qui sont faits

    Biaus don si font en douts mie porter tesmoing de bonne vie21

    Dans Cligs ou la fausse morte de Chrtien de Troyes le hros de la premire partie Alexandre fils de empereur byzantin trouve dans la demande un don son pre expression la plus consquente de son sens de honneur et de sa qute de la chevalerie

    Un don fait il querr vos os Que je vuel que vos me doigniez Ne ne le me porloigniez Se otrouer me le devez22

    Le pre lui ayant accord ce don avant en savoir la raison il ne peut plus refuser le dpart de son fils qui veut se faire armer chevalier par le roi Arthur est pour ce grand voyage que le jeune homme rclame un don et ce don accord engage avance Empereur L encore le contenu du don est dcrit or argent gens armes chevaux draps de soie Conqurir un renom hon neur de servir le roi Arthur exigent de dpenser Celui-l est serf de son bien qui toujours amasse et accrot dit le fils Ayez soin de toujours tre large rpond le pre23 Donner dpenser deux aspects une mme obliga tion lie honneur lie hommage accumulation de biens de richesses dans un trsor pas autre signification que en fournir les moyens Le prince ne peut en passer abord le Dialogue de chiquier le dit clairement pour donner Car toute largesse requiert maintenant de puiser des deniers dans un coffre crit Georges Duby24 argent pris le relais des biens meubles ou immeubles Plus prosaquement que dans la littrature les dons du prince per mettent la constitution de patrimoines fonciers parfois importants Le roi change des bienfaits contre la fidlit une parent de plus en plus remuante depuis la dcadence carolingienne25 Le don circule maintenant dans le sens inverse de celui que dcrit Hincmar est le roi qui donne abord et ce don engage celui qui re oit la fidlit Le seul vrai matre tait celui qui avait donn conclut Marc Bloch26 Il bien change de bien contre pouvoir

    La controverse sur les dons largesse du prince et misre du peuple

    La vertu princire par excellence est la largesse la libralit Les romans courtois en donnent de multiples tmoignages Elle occupe en effet une grande place dans idal thique de la monarchie27 Mais elle pose problme car peut- on ainsi noncer un point de vue de morale une pratique qui met en cause un jeu de forces sociales des pouvoirs et parmi ces pouvoirs le plus grand celui du prince Christine de Pisan adressant au duc de Guyenne fils an du roi de France dans son Livre de Paix se place du point de vue du bon gouvernement Bien gouverner le peuple et la chose publique est assavoir clmence libra-

    1245

    LorenzoEvidenziatoDonare un obbligo legato all'onore. L'accumulazione dei beni serve solo a fornire i mezzi per donare.

    LorenzoEvidenziatoCon la decadenza carolingia, il re a donare, scambiando benefici contro fedelt (non pi viceversa, come in Incmaro).

    LorenzoEvidenziatoLa liberalit occupa un posto importante nell'ideale etico della monarchia. Ma si pu ancora parlare di morale per una pratica che implica un gioco di potere?

  • FINANCE ET POLITIQUE

    lit et vrit On retrouve les trois vertus indispensables chez un prince selon la le on de politique royale donne au roi Arthur par un sage cite plus haut28 Le Livre de Paix de Christine de Pisan est une institution du prince Elle consacre de nombreux chapitres au problme des dons que doit faire le roi Pour elle la racine de la libralit est chercher dans la charit Cependant

    la charit bien ordonne est celle qui premirement commence ses plus prouchains amis est--dire que non obst charit soit de bien faire un chascun qui pourroit nantmoins o est plus tenus ses prouchains que autre gent29

    La libralit est pas seulement donner dons de pcune terres joyaulx ou autres avoirs mais aussi en

    estre libral de aide de sa puissance de son corps de sa parole de sa peine de son bel accueil et bonne chre de pardonner de bon euer injure receues vou- lontiers secourir les besongneux et gnralement en toutes les choses en quoy on peut valoir autrui30

    La libralit inclut la largesse plus limite qui est seulement de donner plantureusement tant argent comme choses qui le valient...31

    Le danger est la folle largesse ou prodigalit qui consiste ne pas donner suffi samment ceux qui ont bien servi et trop ceux qui ont mal servi tre libral tre large suppose on mette de ordre dans ses dons propos du roi Charles Christine de Pisan crit

    Tout ce fait au propos du susdit roy Charles comme bien fust avisez en toutes choses qui affierent ce que on doit eschever pour cause de mal et ce que on doit faire pour cause de bien Et encores ce puet servir en respitant ordre il tenoit ou fait de donner ou employer ses dons laquelle chose tout fust ce trs grant largesse estoit fait par discreci et ordonnance en doubte nul si que faire se doit Et par ce avoit il tousjours assez de quoy fournir et continuer si que dit le sage o il enseigne que par telle moderaci soient faiz dons que on ait toujours de quoy continuer comme trop face grant mal au libral quant plus

    de quoy donner Est meilleur en user selon possibilit que grant largesse il convienne dfaillir32

    originalit de Christine de Pisan est de rattacher la libralit du prince la charit chrtienne La premire des raisons de donner est la charit les premiers

    qui donner ce sont les pauvres33 poque de Saint Louis un sicle et demi auparavant une telle attitude aurait t inconcevable Saint Louis donne donne beaucoup mme mais il donne surtout aux pauvres et on le lui reproche

    Si je dpensais beaucoup argent quelquefois aime mieux le faire en aumnes faites pour amour de Dieu que pour frivolits et choses mondaines34

    Christine de Pisan tente de concilier libralit et charit La libralit elle le sait et le dit est intresse elle est politiquement indispensable La charit elle ne le dit pas mais le sait peut effectivement entrer dans ce systme est justement un reproche qui sera toujours fait la conception troite de la charit chr-

    1246

    LorenzoEvidenziatoChristine de Pisan, Livre de Paix (1412-1414): la radice della liberalit, virt del principe, va ricercata nella carit. La liberalit non solo dono materiale ma anche spirituale.

    LorenzoEvidenziatoLa prima ragione per donare la carit, i primi a cui donare sono i poveri. Atteggiamento inconcepibile un secolo e mezzo prima, all'epoca di San Luigi.

    LorenzoEvidenziatoPisan tenta di riconciliare liberalit (politicamente interessata) e carit cristiana, che pu effettivamente entrare nello stesso sistema.

  • GUERY LE ROI LE DON LA CONTRAINTE

    tienne que de crer un rapport ingal entre celui qui donne et celui qui re oit peu compatible avec idal de fraternit et amour du christianisme

    Procd de gouvernement la libralit du roi est vante par la plupart des auteurs de la Renaissance Commynes insiste sur cette qualit chez Charles le Tmraire qui sait comme Charles dcrit par Christine de Pisan ordonner et rpartir les dons il fait Donner est bien un acte politique

    Nul prince ne le passa jamais de dsirer nourrir grans gens et les tenir bien reiglez Ses bienfaicts estoient point fort grans pour ce il vouloit que chacun en sentisi...35

    Pour saluer la mmoire de Marguerite de Bourgogne il crit encore Ce fut grant dommaige pour les siens car elle estoit trs honneste dame et

    librale et bien voulue de ses subjectz...36

    Louis XI remplace ensuite Charles le Tmraire dans le sonnet de la libralit Une grce luy feit Dieu car comme il avoit est cr plus saige plus libral

    plus vertueux en toutes choses que les princes qui rgnrent avecques luy et de son temps et qui estoient ces ennemys et voisins...37

    Rabelais galement crit une institution du prince mais sous une forme narra tive 38 et il est possible de rattacher son uvre au courant du discours politique de la fin du Moyen Age et de la Renaissance Il consacre donc la libralit du prince une grande attention Gargantua en change du ralliement de Toucque- dillon lui fait un don somptueux dcrit dans le dtail comme dans le roman courtois comme dans les mmoires comme dans les textes de morale politique Comme Chrtien de Troyes Commynes et Christine de Pisan Rabelais utilise le procd qui montre la force un lien par la description du don qui le scelle Toucquedillon re oit

    Une belle espe de Vienne avecques le fourreau or faict belles vignettes orfvrerie et un collier or pesant sept cens deux mille marcz gamy de fines peirreries estimation de cent soixante mille ducatz et dit mille escuz par pr sent honorable39

    Grandgousier prfre la clmence la vengeance envers Alpharbal qui fait alors assaut de largesse en lui donnant tous ses trsors Don excessif que Grandgou sier refuse au nom une ide plus vraie de la puissance Clmence libralit vrit on retrouve chez Rabelais les trois vertus demandes aux rois Sur les portes de abbaye de Thlme est inscrit

    La haut seigneur qui du lieu fut donneur Et guerdonneur pour vous ordonn Et pour frayer tout prou or donn40

    Donner de or est bien ordonner Accepter de or est aussi se dessaisir de son pouvoir au bnfice du donneur dans un change clairement exprim Le don un caractre alinant Dans la fin de Gargantua et le dbut du Tiers- Livre crit Daniel Mnager Rabelais crit un hymne au don qui annonce ceux crira de diffrentes manires Ronsard Il fait du roi la figure essentielle

    1247

    LorenzoEvidenziatoArtificio di governo, la liberalit esaltata dalla maggior parte degli autori rinascimentali. Commynes: il p. deve nutrire il popolo e tenerlo ben regolato [di nuovo, doppio aspetto della carit/liberalit, materiale e spirituale].

    LorenzoEvidenziatoRabelais, dono di Gargantua a Toucquedillon. Inno al dono alla fine del Gargantua e all'inizio del Terzo libro.

  • FINANCE ET POLITIQUE

    un monde o la puissance de donner appartient lui et Dieu il reprsente.41 Ronsard crit en 1562 adressant Charles IX

    Comme le corps Royal ays me royalle Tirs le peuple vous une main liberalle Et penss que le mal le plus pernicieux est un prince sordide et avaritieux42

    Il exprime la mme chose en adressant Henry II Or quant la vertu qui plus eslve aux cieux est Libralit exemple des Dieux Qui donnent foison estiment Avarice Comme elle est vraiment escolle de tout vice43

    Car les dons encore au xvie sicle engagent la noblesse envers le roi Et vous nobles Fran ois monstrez vous gens de bien Vers le Roy qui jamais ne vous refusa rien Soit offices ou dons ou amendes ou grces44

    est pourquoi Ronsard comme les crivains de la fin du Moyen Age critique la thsaurisation sans autre but elle mme

    Mais tu ne veux souffrir un thrsor dans le Louvre Se moisissant en vain une rouille se couvre45

    Tout ce discours toujours le mme sur la libralit comme moyen de gou verner ne va pas sans critique de la fa on dont le roi remplit ce trsor

    Ne pillez vos subjects par ran ons par tailles 46 crit Ronsard peu avant exalter la libralit du Prince Et pour lui pas plus que pour les autres auteurs de cette poque il l contradiction Les nombreux passages qui tmoignent de change de dons mettent en scne les grands de ce monde ou ceux qui par faveur spciale une dj puissante personne le deviennent Pouvoir participer cet change au moyen de ce type de dons terres objets de luxe domestiques est dj montrer son pouvoir et tre reconnu comme homme ayant du pouvoir comme dominant pas participer vous classe dans les gens sans pouvoir donc soumis domins Non pas que change de biens et de services existe pas en dehors un march dans le peuple mais les biens en cause ont une utilit dans la production la consommation un outil un animal de trait du bois du grain du sel Et est donc eux on cherche retrouver ou leur quivalent en nature ou en argent La folle largesse dans ces conditions est de laisser partir son bien de prter de donner sans engage ment en retour Dans un fabliau du xive sicle intitul prcisment De la folle largesse auteur exprime emble son adhsion au principe des dons Je ne blme pas ceux qui donnent ceux qui rcompensent les services 47 Mais ensuite il nous parle un autre type change Le bien chang est le sel dont vivent homme et la femme du peuple mis en scne Or la femme donne aux voisines le sel que le mari rapporte de son travail Je ne serai jamais si juste que je ne leur en donne volontiers Je ne veux pas on en ait besoin La femme est dans un type change avec ses voisins au-del du besoin Eux

    1248

    LorenzoEvidenziatoRonsard, 1562: la Liberalit la virt che pi di ogni altra eleva il principe al cielo, sull'esempio di Dio. Il dono impegna la nobilt nei confronti del re.

    LorenzoEvidenziatoLo scambio di doni qui messo in scena quello tra grandi, potenti. Non che non esistesse tra la popolazione uno scambio di beni anche fuori dal mercato: solo che era uno scambio che mirava a un utile (nella produzione o nel consumo). Sono beni che hanno a che fare col bisogno, non col potere.

  • GUERY LE ROI LE DON LA CONTRAINTE

    en revanche ont besoin du sel et profitent de sa largesse Son tort est de traiter le sel comme un quelconque objet or ou de luxe Il est li au besoin non au pouvoir Pour lui faire prendre conscience de son erreur homme lui fait prendre part au travail pnible qui consiste le ramener de la mer Et de cette prise de conscience rsulte une autre attitude

    Que personne ne vienne chez nous chercher une demi-mesure de sel il ne apporte pas argent Il beaucoup de misrables gens qui jettent folle ment leur avoir qui devraient utiliser leur profit48

    Besoin et travail tirent vers un autre type change mnent une autre fa on de le concevoir o le bien chang prend le premier pas sur la relation humaine que change de ce bien cre Qui un denier en aura la mesure tout de suite Qui pas le denier laisse un gage 49 conclut la salinire gurie de sa folle lar gesse Ce que ce conte moral met en cause est effet du systme change par dons dans le peuple Il entrane la ruine Le travail cre un autre rapport objet chang qui alors reprsente plus effort et le savoir pour le produire que le pouvoir il permet obtenir Le conteur moraliste termine pourtant sur le sage conseil incite tout le monde vivre sagement et donner comme il convient 50 Il ne conteste pas le principe du don Mais a-t-il vu il parlait dj un autre type change

    partir du xive sicle une controverse se dveloppe sur les dons change de dons et les obligations rciproques il entrane peuvent donner lieu des abus

    Abuz gouverne hault et bas Abuz donne ne baille riens Abuz live les folz estatz Abuz amuse tous les tiens Abuz accorde ung des biens Abuz oste plus il ne donne Tel cuide estre riche et des siens Que tout subit il habandonne51

    Ce passage de abuze en court mentionne la question des dons abus est de ne rien recevoir en change de ses dons et est aussi de prendre plus on ne donne Mais la vision de conomie changes comme conomie-don des auteurs de ce temps reste le moyen de leur critique du systme Dans sa svre mise en cause de la politique de Louis XI Claude de Seyssel note une mauvaise distribution de la richesse de la fa on suivante

    L o faisant les grands et excessifs dons le dit Roy Louis XI en enchris sait un petit nombre et en laissoit un bien grand nombre de mal contents Aussi ces grandes largesses se faisoient la charge du pauvre peuple Et bien pou- voient dire ceulx ausquels il donnoit ils estoient ainsi que les enfans des bestes et oiseaux vivant de rapine nourris du sang du pauvre peuple

    Hormis la rfrence aux animaux qui ne tmoigne que de ignorance zoolo gique du temps en retard sur Aristote insistance sur la misre populaire est constante dans le discours politique du xvie sicle Et on la trouve dans les

    1249

    LorenzoEvidenziatoBisogno e lavoro portano a un altro tipo di scambio, dove il bene scambiato prende il sopravvento sulle relazioni umane create dallo scambio.

    LorenzoEvidenziatoA partire dal XIV secolo, controversia sul dono e sugli abusi cui pu dar luogo. Seyssel: Luigi XI ha arricchito un piccolo numero a scapito del popolo povero. Ma non collega la miseria del popolo alla liberalit del principe. Insistenza sulla miseria popolare costante nel discorso politico del XVI secolo.

  • FINANCE ET POLITIQUE

    mmes textes que ceux qui font de la libralit une vertu princire et un principe de gouvernement Plus loin Seyssel prcise

    Et seurement estoit compassion de voir ou avoir la pauvret du peuple Mais un bien avoit en luy nostre bon Maistre est il ne mettoit rien en thrsor Il eno it tout et despendoit tout..

    Louis XI roi dpensier obit la rgle l est pas le reproche il doit tre libral il doit donner Mais

    il prenoit des pauvres pour le donner ceulx qui en avoient aucun besoing Au fort en nul mesure parfaicte en ce monde52

    Mais cette critique est celle une drive du systme non du systme lui-mme Guillaume Bude dans son trait De Asse critique longuement la guerre et la fis calit qui ruinent les pays Il dresse une peinture crue de la misre du peuple la fin du rgne de Louis XII Il en prend violemment exercice de la jus tice Je renonce satisfaire la race ignorante des juristes crit-il dans une lettre date du septembre 1521 Troyes o se trouve la cour53 Ceux il met ainsi en cause ce sont en fait les hommes de tat une poque o exercice de la justice participe administration du royaume Or ces hommes provoquent la misre populaire Cependant tout ceci est que mauvaise application du seul rgime politique valable selon Bude la monarchie Il va plus loin dans ce sens que Seyssel Ce dernier crit De tat monarchique en gnral il est meilleur que nul autre54 Pour Guillaume Bude la monarchie est pas seulement le meilleur des rgimes est le seul convenable Ce prince des humanistes est partisan un absolutisme sans restriction Le roi absolu doit aussi tre clment vrai et libral Les libralits rehaussent son prestige auprs des nations trangres encouragent les lites rcompensent les fidles serviteurs Elles sont un instrument entre les mains du prince et Fran ois Ier est lou pour ses dpenses55 Et appui de ses ides Bude va chercher ses exemples dans Antiquit56 Au fond est le roi antique qui est le modle pour les penseurs politiques de ce temps Fran ois Ier lui-mme est jug aune de ses illustres prdcesseurs lointains notamment Alexandre le Grand57

    Peu auteurs vont en sens inverse opposant aux libralits Machiavel est le plus notable de ceux-l Or comme dans les rpubliques bien constitues Etat doit tre riche et les citoyens pauvres...58 Son raisonnement est logique On ne peut donner sans fin sans se ruiner Pour remplir le trsor le prince peut recourir la conqute En ce cas les dons et la libralit sont de rigueur sinon les soldats ne suivent pas et surtout le prince dpense le bien autrui et non celui de ses sujets Ou alors il faut avoir recours impt toujours impopulaire Signe appauvrissement ce recours ruine estime et fidlit du peuple Machiavel reste dans cette logique De mme il rattache libralit et dpense ostentatoire Simplement il ne croit pas une telle politique possible durable ment Ce comportement de roi antique lui semble dpass Le mieux est inverser les donnes du problme accepter de passer pour ladre au dpart Le moindre geste parat alors une libralit59 important est la rputation et non la ralit est la rputation qui cre opinion publique avec laquelle le

    1250

    LorenzoEvidenziatoBud: il re assoluto deve essere clemente, vero e liberale. Le liberalit accrescono il suo prestigio e ricompensano i servitori fedeli. La miseria popolare frutto di una cattiva applicazione della monarchia.

    LorenzoEvidenziatoPochi autori si oppongono alla liberalit. Tra questi, Machiavelli, che collega la liberalit al prelievo forzoso.

  • GUERY LE ROI LE DON LA CONTRAINTE

    prince est confront et sur laquelle le pouvoir politique doit jouer60 Montaigne ne dit pas autre chose insistant sur le fait que la richesse distribue vient o elle retourne au mieux et que dans ce cas est-ce que la libralit En fait Montaigne ne fait ici que suivre Machiavel61 Deux courants donc chez les tho riciens politiques de la Renaissance la libralit la largesse par des dons somptueux ou au contraire pargne Machiavel crit le mot Le premier aboutit impt au prlvement forc est--dire rompre le lien construit sur change Le second prend acte de inluctable et doit donc repenser le pouvoir sur autres fondements On ne peut la fois regretter la pauvret du peuple et prner la libralit du roi comme Seyssel comme Bude Il ne agit pas de grande largesse de largesse folle ou de prodigalit qui ne sont pas toujours evitables viter impt est viter la guerre viter la libralit quand elle atteint sa limite Fantasme de argent dans esprit des seigneurs craignant de en avoir jamais assez pour tenir leur rang comme dans esprit des paysans qui ne savent o dissimuler leur maigre magot Invasion infection du social par argent crit Georges Duby62 Thoriquement le systme ne peut se bloquer est pourquoi dans la Le on de politique royale cite plus haut le sage en nonce les principes la gnrosit prserve de la ruine ava rice condamne est une des principales raisons de donner sans se lasser63 Mais en fait ce systme est prisonnier de la conjoncture conomique politique guerrire Les crises du xive sicle affectent lui aussi Comme pour le salinier et la salinire du fabliau du xive sicle dj cit le don devient difficile pour le prince de la mme poque Mais la diffrence de ces gens du peuple il en va de son pouvoir autant que de son prestige est abord un problme politique non conomique qui concerne les grands les riches donc riches des trois ordres ceux qui ont les moyens de recevoir pour donner o le reproche fait

    Saint Louis de distribuer aux pauvres o les encouragements des artistes la libralit du roi leur art en change une cour somptueuse o la distinc tion trs nette des thoriciens politiques du xvie sicle entre misre du peuple et largesse du prince Elles ne participent pas du mme ordre de choses

    Mais dj quelques voix discordantes lvent celle rasme donne le ton

    Igitur optime quidem ut dictum est augetur Principis census contractis impendiis et hic quoque juxta proverbium magnum vectigal parsimonia est Tarnen si vitari non pot quin exigatur aliquid et ita respopuli agitat onerentur barbarae acperegrinae mercs quae non tam ad vitae aduni neces- sitatem quam ad luxm a delicias et quorum usus divitum est peculiaris veluti byssus serica purpura piper aromata unguenta gemmae et si quid est alius huius generis Nam hine incommodum sentient tantum quorum fortunae ferre possint ob hane iacturum ad inopiam redigentur sed fortasse reddentur frugaliores ut pecuniae iactura morum tono sarciatur64

    Mme logique que celle de Machiavel mais avec un souci contraire une meil leure galit des conditions rasme rintroduit dans la controverse les absents du jeu des pouvoirs ceux qui subissent les petits les pauvres Et ce faisant il dnonce change dons-pouvoirs comme un abus

    ut commodius habeant principes populi rbus attenuatis...65

    1251

    LorenzoEvidenziatoMontaigne segue Machiavelli: la ricchezza distribuita viene da quelli a cui stata distribuita - e allora che senso ha?

    LorenzoEvidenziatoIl sistema del dono prigioniero della congiuntura (economica, politica, militare). Le crisi del XIV secolo rendono difficoltoso il dono per il principe. Solo che per il principe ne va del suo potere, del suo prestigio. Problema politico prima che economico, e che concerne i grandi, coloro che hanno i mezzi per ricevere e donare a loro volta. Di qui la separazione netta, nei teorici politici del XVI secolo, tra miseria del popolo e larghezza del principe.

    LorenzoEvidenziatoErasmo: se necessario tassare, si tassino i prodotti di lusso. Stessa logica di Machiavelli, ma con un interesse a una migliore eguaglianza di condizioni. Elogio della frugalit: il principe deve dare esempio di sobriet, eliminare il fasto.

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    Mais surtout il fait apologie de la frugalit La vraie morale ne peut tre lie au faste Il ne agit en rien de donner impression de la richesse de la largesse sans la vivre pleinement comme le soutient Machiavel Le roi doit montrer au contraire exemple de la sobrit limiter ses dpenses en supprimant le faste de sa vie Le grand impt est la parcimonie Dj rasme lie troitement dpenses et fiscalit Il propose mme un systme o la fiscalit corrigerait ingalit des conditions exclurait abus de la richesse en frappant les pro duits de luxe sans toucher aux articles de consommation courante66 Au dbut du xvie sicle dj. Montaigne abonde dans le sens rasme

    Que les Roys quittent hardiment ces marques de grandeur ils en ont assez autres. Que les Rois commencent quitter ces dpenses ce sera faict en un mois sans edict et sans ordonnance nous irons tous aprs67

    Aux xve et xvie sicles les attitudes changent dj sur la question des dons Dans le peuple voir le salinier et la salinire du fabliau cit plus haut comme chez les grands des crivains commencent dcrire change dons- pouvoirs en le critiquant en proposant ct de lui un autre modle change de rapports sociaux aussi On trouve encore des appels la libralit du prince aprs ceux des thoriciens politiques du xvie sicle mais ils ne font plus objet des mmes dveloppements Malherbe Aubign Chapelain font allusion68 Il semble que le thme de la libralit du prince dcline dans les textes littraires les mmoires les essais politiques au xvue sicle On rappelle encore dans les institutions du prince le devoir de libralit mais sans le discuter sans expliquer en quoi il est vertu royale en quoi il est moyen de gouvernement indispensable en quoi il carte galement de la prodigalit de la folle largesse une part et de autre de avarice de la parcimonie Comme chez tous les auteurs ayant trait la question auparavant on cite des exemples tirs des auteurs de Antiquit puis on sollicite les Mmoires de Commynes les penseurs du xvie sicle La citation suffit et remplace explication69 La place occupe par le sujet est rduite Au xvine sicle les ides sont claires sur le sujet et fort dif frentes article libralit de Encyclopdie rsume le point de vue des Lumires sur ce qui tait une des vertus essentielles du prince

    La libralit ne peut tre exerce que pour les particuliers parce ils ont des biens qui leur sont propres elle est injuste et dangereuse dans les sou verains Le roi de Prusse tant encore un prince royal avoit rcompens libralement une actrice clbre il la rcompensa beaucoup moins il fut roi et il dit cette occasion ces paroles remarquables autrefois je donnois mon argent et je donne hui celui de mes sujets70

    Et la seule rfrence ancienne faite dans cet article la libralit des rois renvoie Montaigne qui tait oppos Dans le mme ouvrage la largesse est assimile

    aux distributions faites la population lors des ftes et crmonies royales et auteur de article en retrouve plus exemple depuis Fran ois Ier Il conclut

    Les vraies largesses des rois consistent dans la diminution des impts qui accablent le malheureux peuple71

    1252

    LorenzoEvidenziatoSembra che il tema della liberalit del principe declini nella letteratura politica del XVII secolo. La l. ancora enumerata tra i doveri del principe, ma non ci si dilunga pi.

    LorenzoEvidenziatoEnciclopedia, XVIII secolo: la l. pu essere esercitata solo dai privati, pericolosa nei sovrani. La vera liberalit dei re ridurre le tasse al popolo.

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    Le roi dpensier le roi libral le roi donneur subsiste pourtant et les plus opposs aux libralits comme Voltaire le dcrivent tel

    Le roi qui voulait gagner les urs de ses nouveaux sujets et blouir ses voisins rpandait partout ses libralits avec profusion or et les pierreries taient prodigus quiconque avait le moindre prtexte pour lui parler72

    Mais le principe de la libralit des largesses de la dpense ostentatoire ne sera plus rig en vertu encore moins en bon principe de gouvernement Le roi doit tre un modle suivre dans une vision de homme qui chang idologie de la royaut ne repose plus sur les mmes valeurs entre le xvie et le xvnie sicle La monte de la libralit comme une des vertus cardinales du roi

    suivi le mouvement des ides absolutistes La critique et abandon de ces mmes ides font de celle-ci un dfaut chez le roi talement calcul de la richesse est plus re dans la pense politique que comme un archasme per sistant Ce que les penseurs examinent dsormais en priorit est impt ils pensent aux problmes de pouvoir sous angle financier ils commencent par la question fiscale les dpenses leur paraissent exagres et de nature tre facilement limites Le faste le luxe la somptuosit de la cour mais aussi des nobles sont mis en cause constamment La dpense est aussi est abord cette somptuosit73 Les mots drivs de la racine dap dpenses sont centrs sur la notion de dpense comme manifestation religieuse et sociale dans les langues indo-europennes banquet sacr animal de sacrifice

    fte est toujours de la dpense apparat de prestige il agit En latin dapsilis veut dire magnifique fastueux Ces termes renvoient une coutume de type potlatch o les thmes de rivalit existent plus La dpense de pur faste est destine soutenir le rang dans un esprit de concur rence avec ceux qui se trouvent au mme niveau social74

    Elle est encore un moyen blouir le roi adversaire ou concurrent tout comme les dons entre monarques Ces dons de roi roi expriment par leur valeur ou leur caractre symbolique la mesure de existence ou du dsir de rela tions entre royaumes au xvnie sicle les relations entre tats passent par de tels signes75 Comment ne pas rappeler ici les gondoles en bois prcieux dcores or et de pierreries qui traversent les Alpes enneiges sur des tra neaux tirs par des hommes cadeaux de Venise pour anniversaire du Roi de France prsence de Venise lors de la fte donne cette occasion dans le lm Ariane Mnouchkine consacr Molire Signes de reconnaissance amiti de liens entre tats les dons entre rois peuvent indiquer aussi une altration qui est comprise comme telle quand le don est re examen de celui-ci Une politique est institue sur cette base de la dpense ostentatoire entre le roi et la noblesse76 opposition entre thos social de la noblesse et du roi appuyant sur la dpense de prestige et thos social de la bourgeoisie professionnelle appuyant au contraire sur le revenu du travail et de la comptence devient de plus en plus nette sous Ancien Rgime Les rgles de conduite de la bour geoisie obligent rgler ses dpenses sur ses revenus et si possible dpenser moins elle ne gagne la diffrence permettant des investissements pour des gains futurs Les rgles de conduite de la noblesse obligent accorder ses dpenses son rang au prestige qui en dcoule Vivre selon ses moyens

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    LorenzoEvidenziatoMa nella realt la figura del re dispensatore continua a esistere. Solo la l. non pi esaltata come virt o come buon principio di governo. La l. ha seguito la fortuna delle idee assolutiste: una volta abbandonate, anche la l. venuta meno.

    LorenzoEvidenziatoI pensatori si concentrano ora sul tema dell'imposta: quando pensano al potere da una prospettiva finanziaria, cominciano dalla questione fiscale. Le spese vanno tagliate.

    LorenzoEvidenziatoL'opposizione tra l'ethos sociale della nobilt e del re (= spesa e prestigio) e quello della borghesia professionale (= lavoro e competenza) diventa sempre pi netta sotto l'Antico regime. Vivere secondo il proprio rango Vs vivere secondo i propri mezzi.

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    oppose vivre selon son rang Dans le premier cas on occupe abord de ses revenus dans le second abord de ses dpenses Dans le dialogue permanent entre le roi et ses ministres des finances sur le dsquilibre du budget durant Ancien Rgime une lutte entre ces deux lignes de conduite apparat De plus en plus les responsables du trsor royal principalement les contrleurs gnraux des finances demandent une rduction des dpenses au niveau des revenus tandis que le roi la fin de Ancien Rgime continue de dpenser avant de intresser aux revenus et au-dessus de ceux-ci

    Du don impt roi dpensier et tat fiscal

    Les ouvrages financiers rares Colbert placent tude des revenus aprs celle des dpenses est rgulirement inverse ensuite Administra teurs et conomistes ne raisonnent plus comme le roi en matire financire Couvrir les dpenses ne signifie pas que le problme se pose uniquement du ct des revenus Tout comme on sait dsormais que libralit du roi et misre du peuple ne sont pas indpendantes on sait aussi que nature et volume des dpenses sont lis et que le problme des dpenses et celui des revenus le sont galement Une rflexion dj budgtaire si on veut bien donner ce mot son sens gnral large de prvision et de vrification des dpenses et revenus mais en rapport les unes avec les autres nat et se dveloppe sur cette base depuis le milieu du xvne sicle utilisation du mot budget qui apparat dans les dernires annes de Ancien Rgime77 Au xvie sicle et au dbut du xvne sicle on parle plutt des revenus et dpenses du roi Dans la premire moiti du xvne sicle les revenus et dpenses sont dits de la couronne mais aussi dj de tat parfois pour les dpenses Ensuite si les revenus restent revenus du roi du moins pour les revenus ordinaires les dpenses sont presque toujours celles de tat La nomenclature des chapitres budgtaires volue peu dans les documents de administration Aumnes fondations rcompenses dons pensions cinq chapitres sur les dix-sept qui font la prvision des dpenses en 1523 cinq sur les huit qui concernent directe ment la personne du roi et la cour traitent des dons du prince78 Ces huit chapitres reprsentent en valeur 493 des dpenses prvues sans compter extraordi naire des guerres et les dpenses non payes des annes prcdentes En fait nous savons que ces postes peuvent tre trs importants La cour au sens large la guerre et le rglement de la dette sont de manire gnrale les trois grands domaines des dpenses monarchiques sous Ancien Rgime Ordonnateur principal de la dpense seul ordonnateur partir de Louis XIV le roi peut uti liser deux circuits pour dpenser un par ordonnances soumises au contrle de la Chambre des comptes autre par comptant qui chappent ce contrle Dans ce cas le roi donc pas justifier la dpense En 1523 tou jours si on isole les dpenses uniquement rserves au roi et sa cour les dpenses payes comptant reprsentent 397 du total On expliqu justifi ces dpenses par comptant sans contrle ni explication de leur motif par la ncessit pour tout tat avoir une caisse noire des fonds secrets pour payer leurs services de renseignements qui ne peuvent figurer explicitement dans le dtail un budget En fait les dpenses par comptant ont recouvert un

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    LorenzoEvidenziatoFino a Colbert, le (rare) opere di finanza studiano le entrate dopo le spese. In seguito accadr invece l'inverso: amministratori ed economisti nnon ragionano pi come il re in materia finanziaria.

    LorenzoEvidenziatoAttorno alla met del XVII secolo si passa dal considerare entrate e spese come prerogativa del sovrano a considerarle come prerogative dello Stato.

    LorenzoEvidenziatoIl re il principale gestore della spesa (l'unico, a partire da Luigi XIV), pu utilizzare due diversi circuiti: 1) ordinanze sottoposte al controllo della Camera dei conti; 2) "contanti", che sfuggono a tale controllo.

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    ensemble de dpenses engages bien au-del de ces rtributions espions Elles sont un second budget dans le budget gnral o passent aussi des dpenses tout fait avouables mais que le roi peut engager plus commodment budget du roi plus que de tat peut-tre ce qui ne signifie ni seul budget du roi ni que des charges tat figurent pas

    La nomenclature dtaille des dpenses gnrales de la monarchie donne illusion avoir affaire en majorit aux dpenses un roi Maison du roi des princes chambre au denier argenterie menus curies offrandes et aumnes prvt de Htel Cent-Suisses vnerie fauconnerie louveterie rcompenses btiments gardes du corps gardes diverses occupent la plus grande place de la nomenclature des dpenses de la monarchie avant mme les dpenses de type militaire ordinaire et extraordinaire des guerres fortifica tions artillerie marine galres tapes De la mme fa on que le personnel politique vit la cour participe au systme de la cour il marge dans ces cat gories de dpenses qui impliquent pas leur simple nonc on se trouve en prsence un budget tat tat moderne se construit sur ce terreau il merge de ce discours monarchique de ce systme financier de nomenclatures qui sont celles une royaut une monarchie qui pas toujours t accom pagne par cet tat moderne Les dons du roi sont devenus pensions gra tifications rcompenses dans la tradition de change de dons-cadeaux contre dons-talents aussi trs naturellement hui certaines pensions gratifications ou rcompenses alors

    nous apparaissent comme des subventions Mais le mot est pas dans la nomenclature financire de Ancien Rgime qui continue mler les subven tions de type moderne aux dons de type ancien Le maintien une noblesse laquelle le roi participe est ce prix le maintien du systme ancien de dons et de la magnificence comme systme quilibre des pouvoirs La noblesse tout au moins la noblesse pe irait sans cela droit la ruine affirme Montesquieu dans Esprit des lois Le roi ne est jamais et la fin de Ancien Rgime dissoci de sa noblesse Le pouvait-il Dans le roi cependant la fin de Ancien Rgime il deux personnes Pour la noblesse il reste le

    seigneur des seigneurs abord Pour les ministres et les magistrats il est abord le chef de tat un tat qui est de plus en plus ce on appelle tat moderne expression il faudrait nuancer Cet tat appareil du gouvernement du roi pourtant est pas ressenti comme faisant corps avec lui Pour la noblesse parce elle pas passer par cet intermdiaire entre elle et le roi de qui elle se sent proche par son genre de vie Pour le peuple au contraire parce il est au contact une administration qui est manifestation de contraintes le roi restant le protecteur arbitre suprme insurrection paysanne est surtout anti-fiscale anti-tatique et non dirige contre le roi Ce sont les reprsentants de appareil de tat qui sont mis en cause et non le roi79 Idologies monar chiste et galisatrice vont souvent de pair tat au contact par son appareil de ces paysans et artisans qui sont la plus grande partie du peuple est ressenti comme bafouant un sens lmentaire de la justice80 Il est ressenti comme un obstacle entre le roi et son peuple sentiment qui son parallle dans le thme littraire des mauvais conseillers qui empchent le bon prince de voir la ralit de son peuple Si tous reconnaissent en le roi le souverain la plupart ressentent bien aussi que tat ce est pas lui

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    LorenzoEvidenziatoLo Stato moderno si costruisce su questo terreno. Quelli che erano i doni del re diventano pensioni, gratifiche e ricompense. Ma accanto a queste "sovvenzioni" continua a sopravvivere l'antico sistema del dono tra il re e la sua corte.

    LorenzoEvidenziatoAlla fine dell'Antico regime, nel re convivono due persone: per la nobilt il "signore dei signori"; per i ministri e i magistrati il capo dello Stato. N la nobilt n il popolo identificano re e Stato: le rivolte popolari sono dirette contro il fisco e lo Stato, non contro il re.

  • FINANCE ET POLITIQUE

    tat est impt et pour la plupart seulement impt Initialement pourtant ce est pas au roi mais au peuple de dcider de impt est le peuple au sens large vague du mot qui dcide de fournir de donner des subsides au roi Les assembles de seigneurs les communes les tats provin ciaux les tats gnraux votent librement impt La discussion porte sur les motifs de la demande le montant Le tmoignage des tats des thoriciens comme des rois eux-mmes tablit nettement le droit accorder ou de refuser impt dvolu aux tats Ce vote de impt est justifi par le fait que le roi doit obtenir le consentement des seigneurs sur les terres desquels tend impt royal De plus il rpond la thorie trs vivement ressentie que les subsides accords au roi sont un don Par consquent le roi ne peut que le solliciter et non exiger auquel cas il serait un vol pur et simple On peu insist sur cette ide des reprsentants des tats que les subsides octroys comme impts entrent dans la logique du don

    Pourtant ds Antiquit le mot homrique qui dsigne les taxes et rede vances dues aux seigneurs et aux rois est toujours le mot don 81 au rgne de Charles le Chauve les revenus du roi reposent en partie sur le don annuel des membres de glise et de aristocratie Don volontaire mais en fait le roi considre comme obligatoire et rclame aux retardataires82 Dans le texte Hincmar cit plus haut on ne parle que des dons Seul ce mot est employ pour dsigner ce apportent au roi les grands du royaume83 Ail leurs Hincmar parle de ces dons comme un vectigal un impt donc En 1484 plus de cinq sicles plus tard un texte manant des tats gnraux lors de la sance du 10 fvrier de la mme anne dclare que assemble

    Octroyait ce prince par manire de don et octroi et non autrement et sans ce on appelle doresnavant tailles ains dons et octroi telle et semblable somme que du tems du feu roi Charles VII toit leve et cueillie en son royaume et ce pour deux ans prochainement venant et non plus et par dessus lui accorde la somme de trois cens mille livres Tournois pour cette fois tant seu lement sans consquence et par manire de don et octroi pour son nouvel et joyeux advenement la couronne de France et pour ayder supporter les frais il convient faire pour son saint sacre couronnement et entre Paris84

    Cette thorie morale rpandue au Moyen Age assimilant subsides accords au roi et dons est pour nous contradictoire avec ide impt que nous connais sons et que Ancien Rgime connue Mais origine de impt permanent cette conception peut selon nous parfaitement se concevoir si on se rfre au cadre mental de poque85 Nous sommes au tournant dcisif de histoire de la monarchie Sous les ncessits de la guerre de Cent Ans elle d trouver de nouvelles ressources financires Les revenus du domaine ne suffisent plus au roi En 1355 il demande abord un secours temporaire Vide qui provisoire devient progressivement permanente tout en continuant tre appele extraor dinaire Extraordinaire elle ne est plus dans la dure mais extraordinaire au systme en place qui oblige le roi tirer son revenu de son domaine de ce il est attribu ou on lui attribu Le passage un systme attributif un systme contributif opre dans extraordinaire Quand la premire aide est leve on utilise le cadre administratif prexistant au lieu de crer des circons criptions financires adquates86 Dans une fiscalit attribution un impt

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    LorenzoEvidenziatoPer la maggior parte della popolazione, lo Stato solo la tassazione. Ma inizialmente era il popolo (in senso lato) che decideva l'imposta, il sussidio da dare al re. L'idea era che i tributi sono un dono, il re pu sollecitarli ma non pretenderli.

    LorenzoEvidenziatoLe necessit finanziarie della guerra dei Cent'anni fa passare da un sistema attributivo (dono) a un sistema contributivo (tasse). Dapprima misura straordinaria, diventa progressivamente permanente.

  • QUERY LE ROI LE DON LA CONTRAINTE

    extraordinaire dans le temps peut tre assimil un don La contrepartie est le service rendu par le roi de dfense de justice par exemple Les tats provin ciaux continuent tout le long de Ancien Rgime de verser un don gratuit Le clerg fait de mme expression don demeure le don gratuit prolongeant le donum du Haut Moyen Age Gratuit parce intgr au systme fiscal il engage plus les parties de la mme fa on prcision ncessaire vu le sens gard longtemps le mot don impliquant rciprocit

    la fin du Moyen Age cette rciprocit est encore dans tous les esprits Les dputs des tats gnraux appuient sur la coutume87 Prendre le bien autrui est interdit il peut cependant le donner Il doit mme le donner en cas change rciproque que la logique du don implique est pourquoi la demande aide du roi par impt fait problme Non que change ne soit possible mais initiative du don revient alors la personne qui va le recevoir autre partie ayant un simple consentement donner Et ce don sollicit adresse au plus grand nombre Le roi par l signifie il se sent dj engag envers son peuple et il adresse au-del des grands des barons abord par leur intermdiaire puis trs vite directement en se passant eux au peuple tout entier ceux qui alors ne participaient pas ce jeu des pouvoirs Il le fait selon la mme logique de change de dons et de pouvoirs avec les grands Mais en inversant initiative il garde alors que est du peuple que doit venir le don il change la nature mme de ce don Il ne agit plus du don traditionnel entre prince et grands entre grands entre peuple est--dire entre riches du peuple) grands et prince Il ne agit pas non plus une insertion logique dans les changes de natures diverses des petits des paysans des arti sans aide dj est au-del du don Dj elle implique plus le domaine et les facults attributives de ceux qui peuvent donner mais les facults contri butives de presque tous change par la rciprocit obligatoire se substitue pour certains les plus nombreux change moins sr par la contrainte unilat rale impt est un don forc donc est plus le don puisque sans contrepartie immdiate ambigut est dans la contrepartie Car le roi justifie ce boulever sement de la rgle traditionnelle du don en mettant en avant des raisons la guerre la dfense de tous et non plus en se mettant en avant pour protger chacun Ce est plus le roi qui est en cause est la chose publique traduisons tat Le chevalier du Songe du Vergier le dit expressment

    II appiert donques que lez Roys maismement qui ne recognoissent souve rain en terre comme est le roy de France puent telles aides extraordinaires gabeles fouages et imposicions mettre leurs subjs comme le Pape Innocent le Tiers si le note expressment extra. Toutevoies il dist bien que ilz font grant pechi de mettre telles aides sanz cause mez cause comme est pour la def- fensse de la chose publique ilz le puent faire et justement mez que celles aides soient converties pour le deffensse de la chose publique et non mie en aultres usages quar se ilz le font aultrement le anc et la suer de leurs subjs crieront contre eulx au darrenier jour du jugement88..

    Et cette mise en garde est pas prise la lgre par les rois Ferdinand Lot le remarque ds le Haut Moyen Age Chose trange au premier abord les rois eux-mmes semblent considrer la leve de impt comme une opration peu recommandable tyrannique comme un pch dont leur me est charge

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    LorenzoEvidenziatoLa richiesta di aiuto da parte del principe al popolo (tasse) fa problema, perch l'iniziativa del dono spetta cos a chi lo dovr ricevere. L'aiuto cambia la logica del dono: l'imposta un dono forzato, e quindi non un dono, perch non ha contropartita immediata. Non pi la protezione diretta del re che viene offerta in cambio, ma le funzioni pubbliche = lo Stato.

    LorenzoEvidenziatoInizialmente la tassazione obbligatoria sentita dagli stessi re come qualcosa di peccaminoso, di tirannico.

  • FINANCE ET POLITIQUE

    Qi un malheur abatte sur leur famille ou mme simplement un person nage respect leur rsiste et les voil prts annuler la perception et brler les registres89 On pense aussi au pieux Charles et sa volont de supprimer tous les impts la fin de sa vie90 Le Songe du Vergier rappelle au passage autre principe chrtien de justice et de vrit qui oppose la distribution des pouvoirs selon la possibilit de donner

    Le povre quant il rien que il puist offrir est mie seulement oy mez est aussi contre justice et contre vrit dbout et opprim91

    Et est selon cette autre conception de la justice et de la vrit que les princes de ce monde seront jugs dans au-del et non selon celle de leur bonne gestion des dons octroys et re us qui permettent acquisition le maintien ou la perte de pouvoir change par don entre personnes qui suppose une double ini tiative est substitue initiative un seul contraignant tous les autres en change un service global futur plus lointain moins vident connatre et apprcier Au service rendu un seul la reconnaissance du pouvoir une per sonne prive que le don sollicite et matrialise comme signe est substitue une obligation gnrale pour une raison impliquant tout le monde impt ne peut pas vraiment entrer dans la logique du don malgr les tentatives faites Et si encore dans le texte cit plus haut les dputs des tats gnraux invoquent le don et non impt est au roi ils adressent et non tat tat dsormais li dans les faits comme dans les esprits la fiscalit Roi-donneur magni fique tat-preneur fiscal couple ambigu mais dissoci dans les consciences populaires Roi lointain dans imaginaire homme du dernier recours tat permanent prsent prenant par contrainte Car comment justifier la protec tion des biens et des personnes quand tat commence par les saisir et les contraindre Les justifications juridiques ne manquent pas Loyseau invoque les droits essentiels de la souverainet distinguant seigneurie prive de seigneurie publique

    Car puisque la puissance publique du souverain tend aussi bien sur les biens que sur les personnes il ensuit que comme il peut commander aux per sonnes aussi peut-il user des biens de ses sujets Mais comme le comman dement des personnes ne les rend pas esclaves aussi cet usage des biens ne les rduit pas en la seigneurie prive du prince pour ce que la seigneurie prive est la parfaite proprit dont on peut user discrtion mais usage de la sei gneurie publique doit tre rgl par justice et tre dirig la propre utilit et ncessit du peuple tant bien raisonnable que son prince qui Dieu baill en garde le puisse tirer du pril mme sa bourse malgr il en ait comme le malade on mdicamente contre sa volont92

    Contre sa volont On est pass entre le xrve et le xv sicle de impt royal consenti impt royal autorit Ds le xrve sicle impt temporaire royal est consenti par ceux qui ont alors le droit de percevoir impt et non par ceux qui doivent les payer qui restent en dehors de affaire comme ils sont pratiquement rests en dehors des dons hommes sans richesse et donc sans pouvoir impt devient permanent et autorit partir des tats de Tours en 1435 aides et de ordonnance royale de novembre 1439 taille royale qui sup-

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    LorenzoEvidenziatoTra XIV e XVI secolo, allo scambio di doni tra due persone (doppia iniziativa) si sostituisce l'iniziativa di uno solo, che costringe tutti gli altri in cambio di un servizio globale futuro. L'imposta non pu essere conciliata con la logica del dono. Ma nella coscienza popolare il re-donatore resta dissociato dallo Stato-predatore, identificato solo con la fiscalit.

    LorenzoEvidenziatoL'imposta diventa permanente e obbligatoria a partire dagli stati di Tours del 1435 e poi dall'ordinanza reale del 1439.

  • GUERY LE ROI LE DON LA CONTRAINTE

    prime en mme temps la taille seigneuriale Impt consenti nouveau aux tats gnraux de Tours de 1484 mais consenti par les reprsentants des contribuables cette fois les tats gnraux tant devenus lectifs impt est con comme un don du peuple temporaire et fix pour les deux annes venir Le roi

    oublie simplement de runir nouveau les tats gnraux il le fait enfin Orlans en 1560 il presque cent vingt ans que la taille les aides et la gabelle sont leves autorit par le roi chaque anne Les tats de 1560 1576 et 1588 limitent la thse de impt consenti impt nouveau Le roi tourne la difficult en augmentant les impts anciens ds Fran ois Ier on ajoute la taille une grande crue ds Henri II en 1549 le taillon Au xvue sicle impt autorit triomphe La doctrine suit Bodin est pour impt consenti employant mme le mot change

    Si donc le prince souverain pas puissance de franchir les bornes des lois de nature que Dieu dont il est image poses il ne pourra donc prendre le bien autrui sans cause qui soit juste et invitable soit par achat soit par change soit par confiscation lgitime93

    Le Bret affirme au contraire non seulement que impt se lve autorit mais que jamais le consentement en t la rgle

    Bien que le royaume de France ait toujours t pleinement monarchique. nanmoins nos anciens Rois le gouvernrent du commencement avec tant de modration ils levoient fort peu de chose sur leurs sujets parce que les revenus de leurs couronnes toient alors suffisants pour entretenir leurs dpenses Mais depuis que la guerre comme un feu dvorant consomm la plupart du fond de leur Domaine ils ont t contraints user absolument de leur autorit et de lever sur leurs peuples des tailles et des subsides mme sans leur consentement qui est un droit des plus remarquables de la souverainet des Rois et qui leur est si particulier que on tenu toujours pour maxime il

    eux qui aient le pouvoir dans leur Royaume de lever des impositions sur les peuples de leur obissance94

    On pourrait multiplier les citations Domat entrine ide de impt auto rit Pour cette obligation lgitime des sujets il propose le premier de subs tituer le mot contribution au mot impt partant de ide que les sujets contribuent aux dpenses de tat en change des services il leur rend impt est plus une atteinte la coutume qui veut on ne doit pas porter atteinte au bien autrui il est une obligation lgitime ide qui subsistera

    nous

    Est-ce dire que cet tat fond sur la contrainte impt en tant la traduc tion financire chappe dsormais totalement au principe de change Pas tout fait appareil tat est alors une technostructure des offices pour reprendre expression de Pierre Chaunu95 Dans usage des auteurs latins office la fonction est le nus mot dont les acceptions obligation de tche de faveur renvoient au domaine social Accepter un nus est obliger acquitter titre public par une distribution de dons de ser-

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    LorenzoEvidenziatoLa dottrina si adegua. Bodin ancora sosteneva l'idea di un'imposta su consenso. Per Domat l'imposta un obbligo legittimo dei sudditi in cambio dei servizi dello Stato.

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    vices Le mot enferme la double valeur de charge confre comme une dis tinction et de donations imposes en retour 96 La vente office est pas une vente au sens commercial du mot Il pas appropriation totale par un officier au dtriment de autre le roi Le service reste celui de tat achat un office contient un change entre roi et titulaire qui ne arrte pas au prix fix mais va au-del en contenant engagement du titulaire personne prive rendre un service au roi en change une rtribution Service public service de tat dans une communaut intrts public et priv liant notam ment les finances de tat la finance prive aux affaires Mais aussi nouvel intermdiaire entre le roi et le peuple Vauban La Bruyre Saint-Simon auront de cesse expliquer que Louis XIV t spar de son peuple par une arme de financiers administrateurs qui agissent au nom du roi mais en fait pour leur propre compte tat des bureaux aux offices est une barrire entre le roi et son peuple barrire nuisible parce elle rend le roi impopulaire tout en se rclamant de son service tat met jour ceux qui profitent du pouvoir et ceux qui le subissent ceux qui sont intgrs dans un rseau changes o le don la rciprocit sont clairement perceptibles et ceux qui ne connaissent que la contrainte la rciprocit tant peu vidente floue ou projete dans le futur dans ventuel en tout cas jamais gnrale

    tat moderne merge au moment o le don comme signe engagement rciproque est encore un moyen de gouvernement prn par les penseurs mais o la contrainte devient la rgle du pouvoir pour le plus grand nombre Ds lors le problme juridique est celui du monopole tatique de la contrainte de la vio lence Il accompagne celui du monopole de impt Ds lors la socit doit tre envisage sous forme globale Si Hobbes crit encore

    Riches joined with liberrality is power because it procureth friends and ser vants97

    il considre pourtant le contrat social comme un pacte de socit envisag glo balement Locke Spinoza Rousseau font de mme aprs lui et fondent une autre conception de la socit et de tat la ntre Marshall Sahlins fait remarquer que le don fonde aussi la socit mais sous forme segmentaire98 Il peut donc tre compris en terme de contrat est en tudiant les formes anciennes de contrats que Mauss est arriv au don Mais il est pas un contrat o tat notre tat puisse trouver place Au contraire il exclut ce qui ne veut pas dire bien sr que la socit il fonde est une socit sans pouvoir mais une socit o le jeu multiple des pouvoirs se passe du pouvoir tat tel que nous le comprenons et tel que nous le vivons

    change par don ne remet pas en cause la comptition entre les individus entre les groupes mais au contraire il avive Les relations sociales sont des relations de comptition Depuis les travaux de Freud nous savons que mme au sein de la famille les relations de parent chappent pas cette rgle Cette comptition ouverte ou cache admise ou refuse peut dgnrer en conflits qui dsquilibrent les relations entre les individus entre les groupes au point de ne plus permettre un bon fonctionnement de la cellule sociale de ceux qui pour tant doivent ou veulent vivre ensemble en famille en communaut en socit hui la justification du pouvoir au sein de la cellule sociale se trouve

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    LorenzoEvidenziatoMa la logica del dono non scompare nello Stato. Sopravvive nella distribuzione degli uffici. L'acquisto di un ufficio implica l'impegno del titolare a rendere un servizio a re in cambio di una retribuzione. Lo Stato diventa cos una barriera tra re e popolo: per alcuni (l'apparato amministrativo) significa reciprocit e scambio, per altri (il popolo) solo costrizione.

    LorenzoEvidenziatoLo Stato moderno nasce nel momento in cui il dono ancora un mezzo di governo, ma la costrizione diventa la regola del potere per la maggior parte della popolazione.

    LorenzoEvidenziatoIl contratto che fonda lo Stato moderno non ha pi a che fare con la logica del dono.

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    dans cette ncessit arbitrer de rsoudre et si possible empcher les conflits La limite apparat alors immdiatement dans la ncessit de exercer au nom de tous les intresss avec leur consentement et si possible avec eux Les pouvoirs politiques qui provoquent les plus grandes catastrophes sont ceux qui favorisent accentuent la comptition sociale La haine raciale la haine de classe entretenues fondent les dictatures Le pouvoir politique est accept il sait limiter la comptition la rduire sans la supprimer o la supriorit indniable de la dmocratie rgime trs complexe mais le plus apte obir cette rgle Une socit est autant plus vivante elle sait combattre une comptition sociale trop grande sans brimer des incitations positives On confond trop souvent encore vie sociale et agitation de vnementiel politique Les actuels pays du Tiers-Monde sont des socits qui cherchent vivre La guerre les luttes de pouvoir coexistent avec une immobilit parfois totale de la vie conomique sociale mentale culturelle Et si la socit de la France ancienne une histoire immobile selon expression de Emmanuel Le Roy Ladurie100 cette immobilit ce faible mouvement sur le long terme de la vie conomique et sociale accompagnent une agitation politico-militaire perma nente Le roi de France fait la guerre presque sans arrt au xvne sicle Roland Mousnier justifie tat fort Ancien Rgime par extrme varit rgionale mais aussi conomique culturelle de la France alors au terme une analyse de sa socit101 Cette varit avait trs certainement des aspects positifs qui expliquent une part de la nostalgie qui nous envahit vocation de

    ce monde que nous avons perdu Mais une socit de privilges o le privi lge est la rgle il maintient abord un fort niveau de comptition sociale bloque ensuite la socit dans des structures sociales figes ds que les privilges sont acquis et deviennent statuts La lutte consiste seulement tenter de les maintenir

    Il existe probablement un seuil au-del duquel la comptition moteur de toute socit doit tre limite Et il en existe galement vraisemblablement un autre en de duquel la comptition sociale est si rduite par des moyens de pouvoir politique tat elle existe plus si ce est en termes de lutte pour ce seul pouvoir Ds le tout dbut du xvne sicle Pierre Charron juriste et ecclsiastique ami de Montaigne pose ce problme dans les mmes termes Des richesses et de la pauvret il crit102 que ce sont les deux lments et sources de tous dsordres troubles et remuements qui sont au monde Les lgisla teurs et policeurs tat qui ont voulu porter remde au nom de galit sont retombs en mme mal Car il haine plus capitale entre gaux envie et jalousie des gaux est le sminaire des troubles sditions et guerres civiles La comptition ne cesse pas pour autant avec galit co nomique et sociale Nihil est aequalitate inequalius conclut Pierre Charron La solution est intervenir certes mais sans pour autant chercher uniformiser Les causes ingalit et Pierre Charron place parmi elles les donations

    doivent tre rgles et modres pour sortir des bouts et extrmits excessives et approcher aucunement de quelque mdiocrit et galit raisonnable Et pour ce faire il ne trouve un moyen Et ceci se traitera en la vertu de Justice est donc tout le problme de tat de ce qui fond ori gine que nous sommes renvoys tat jou ce rle en soumettant les rela tions sociales qui dans le champ des consciences individuelles ne sont jamais

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    LorenzoEvidenziatoCharron: ricchezza e povert sono i due elementi di ogni disordine e sollevazione del mondo. Ma non bisogna cercare l'eguaglianza.

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    vcues que une personne une autre donc une manire segmentaire des rgles gnrales valables pour tous Mais il su parfois canaliser bien ou mal la comptition sociale dans ces relations de personne personne la volont de prouver sa supriorit acqurir un rang par la dmonstration de sa richesse

    pas pour autant disparu Dans la France bourgeoise des xixe et xxe sicles les dpenses indispensables la bourgeoisie pour se distinguer des autres classes sociales ne sont pas ngliges103 On les spare seulement des autres dpenses tournes vers investissement ou pargne qui obissent autres rgles Au dbut de ce sicle conomiste amricain Alfred Marshall value all du revenu national les dpenses des plus riches pour acqurir un rang assurer honneur et influence sociale104 John Kenneth Galbraith note que ce phnomne est en train voluer en diminuant aux tats-Unis o il reste le plus important dans les rgions qui se sont dveloppes le plus rcem ment est une consquence logique de ces coutumes tribales que le march le plus important objets de consommation onreux est situ Dallas 105 Mais on peut interroger sur tonnant succs dans des pays trs diffrents du monde du feuilleton du mme nom qui par le cynisme et la vulgarit des rap ports sociaux et familiaux des classes dirigeantes qui sont montres dvoile les rapports entre le luxe la dpense de prestige achat des consciences et la lutte pour le pouvoir la dominance et les liens tisss ainsi entre les dominants et les domins pas seulement victimes mais agents de ce qui les mens cette posi tion Dans le Japon industriel de notre temps o on value le total des dons

    du revenu national106 le film de Yann Le Masson et Bnie Deswarte Kashima Paradise 1972 nous montre dans un village une fte donne par

    ceux qui ont refait le toit de leur maison Les invits apportent des cadeaux qui entranent obligation de faire autres cadeaux ainsi de suite. On retrouve encore dans les socits trs modernes ou on imagine telles de notre temps les contraintes qui existaient dans les socits agricoles traditionnelles du pass

    Celles-ci ont connu une conomie-don Avec tat moderne mergeant du don et de la contrainte une autre fa on de concevoir les problmes cono miques apparat La largesse le don comme change et principe de pouvoir sont fonds sur ide une abondance naturelle La pauvret constate est donc scandaleuse et des causes humaines que les humanistes dnoncent De l absence de contradiction chez les penseurs qui ne remettent pas en cause les dons la largesse la libralit comme Bude par exemple tout en condamnant extrme misre populaire Ce ils critiquent est impt qui ne peut entrer dans ce systme Prlever de la richesse sans que la volont de donner de celui qui la fournit soit relle en inversant initiative en se dclarant abord Le Pouvoir et en exigeant un tribut au lieu tre reconnu comme pouvoir parmi les pouvoirs par le don accept est aller au-del une limite que la nature des relations sociales impose est crer un lien de dpendance du prince vis--vis de ceux qui paient les redevances Or la monarchie absolue que ces penseurs prnent est pas une monarchie sans limite elle est aussi bien soumise la loi naturelle la loi de Dieu mais elle est une monarchie sans lien sans ce type de lien qui tient le roi le souverain mais que le peuple subit comme contrainte Aussi ils condamnent le comportement des princes qui continuent fixer leurs dpenses sans occuper des ressources pouvant les cou vrir La volont du roi ne peut exercer une manire complte par impt

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    LorenzoEvidenziatoLa liberalit, il dono come scambio e come principio di potere erano fondati sull'idea di un'abbondanza naturale. La povert ha cause umane, non naturali. La critica di Bud e altri al prelievo forzoso si basa sulla sua incompatibilit con la logica del dono.

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    malgr la richesse de son royaume au xvine sicle ide abondance naturelle reste ide conomique la plus rpandue Dans le dbat sur la libert du commerce des grains encore ide de fond est que la disette est le rsultat de la mauvaise organisation ou mauvaise volont des hommes et ne peut-tre impute aux limites de la nature des sols du climat Cette fa on aborder la discordance flagrante entre ide abondance naturelle et le constat de pau vret de la plupart des hommes se trouve dj chez les penseurs du xvie sicle Mais leur proccupation majeure est pas conomique elle reste politique Dans leurs analyses les libralits du prince renvoient ses ressources et celles- ci celles du pays impt royal permanent sur tous les sujets les obligs faire ce saut capital pour histoire de la pense Si le prince prlve un impt sur la richesse de ses sujets il ne peut plus raisonner comme Fran ois Ier qui rpond la question de ambassadeur de Venise sur ce il peut tirer de ses sujets pour ses finances Tout ce dont ai besoin selon ma volont 107 La volont du roi est lie en ce domaine par la richesse plus ou moins grande de ses sujets Il ne doit pas puiser il veut conserver la possibilit de sa richesse indispensable un bon exercice de son pouvoir De l les divergences soulignes entre le De Asse et institution du Prince de Guillaume Bude par exemple mais en fait deux morceaux un mme puzzle108 premier degr de cette

    dimension conomique du politique pour reprendre expression de Claude Lefort propos de Machiavel qui ne ddaigne pas lui non plus de intresser aux ressources des tats109

    Les Institutions du Prince procdent pour conomique comme la pense scolastique elles en parlent sans en faire une catgorie distincte Mais elles en diffrent en envisageant la richesse un royaume par rapport aux ressources de ses habitants ce qui les place alors du ct des ouvrages qui partir de Mont- chrtien et Adam Smith compris fondent conomie comme discipline autonome conomie qui est abord conomie politique tat sa richesse sont au ur de la problmatique des conomistes des xvne et xvn sicles110 Dans la libralit du prince les humanistes ont fait que retrouver les problmes de la circulation des richesses telle que envisage Aris- tote Mais ils ont largi la proposition antique la puissance du matre cor respondant la richesse de sa maison de son domaine de son okos en sui vant le mme raisonnement ils sont passs la puissance du roi correspondant

    la richesse du royaume Ce changement chelle capital rend possible une conomie politique Mais il ne rend plus possible le gouvernement un

    seul passant par un rseau obligations rciproques terme terme partie partie que le don manifeste Le rseau changes de dons est pas stable Il peut augmenter une limite infranchissable quantitativement et ne doit donc conserver un nombre limit de personnes de groupes tat se greffe abord sur les obligations du roi largies au-del des possibilits du groupe de ceux qui pratiquent change dons-pouvoirs Trs vite il agit plus de coexis tence que interpntration Le roi est devenu un chef tat Les monarchies qui ont subsist sont celles o les rois ont accept de distinguer en eux ce rle de celui du big man des anthropologues libre lui des problmes de continuit dynastique Les autres rois ont disparu rejets par la croissance de tat moderne ils ont contribu fortement crer hui dans une priode de crise grave qui touche presque tous les

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    LorenzoEvidenziatoL'imposta reale permanente sui sudditi porta all'idea che le risorse del re sono legate a quelle dei suoi sudditi. Il re non deve esaurirle se vuole conservare la possibilit della sua ricchezza. Si passa a considerare la "dimensione economica del politico" (Lefort).

    LorenzoEvidenziatoGli umanisti non fanno che allargare la problematica aristotelica: dalla potenza del padrone corrispondente alla ricchezza della sua casa, si passa alla potenza del re corrispondente alla ricchezza del regno. Nasce l'economia politica. Ma il governo di uno solo basato su una rete di obbligazioni reciproche uno a uno non pi possibile.

    LorenzoEvidenziatoLo Stato si innesta sul sistema di obbligazioni del re, ma le allarga oltre i confini del gruppo di quelli che praticano tra di loro lo scambio dono-potere. Presto si tratter pi di coesistenza che di inter-penetrazione.

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    pays du monde des degrs divers cependant nous sommes tous la recherche de la bonne conomie 113 Entre les inconvnients contraires du March et du Plan un fondant la comptition sociale sur les sentiments les moins bons et parfois les plus dangereux de homme au nom de son efficacit autre annihi lant cette comptition sociale en touffant avec elle le pouvoir crateur inpui sable de tre humain chaque systme ne appuyant plus que sur les inconv nients dnoncs de autre on reparle du don et de change il implique orienter dans cette voie est effectivement tenir compte de unit de tre humain homo conomicus Vhomo politicus si utiles pour analyse existent pas dans le champ de la conscience encore moins dans celui de inconscient Les maniements de ces concepts commodes risques de laisser une grande partie peut-tre essentiel de homme dans ombre autant ils fondent autant de mesures de dcisions qui rpondent aux problmes dans leur domaine mais se contredisent annulent en se combinant dans la pratique sociale Pour autant nous devons examiner toutes les implications du type de rciprocit dont le don est le fondement ne serait-ce que pour savoir si une socit de rciprocit gnrale est possible une socit o homme ne jouirait plus en dominant son semblable ou en tant domin par lui pour se fuir dans le pouvoir sur autrui dans le pouvoir autrui

    Alain GUERY C.N.R.S Centre de Recherches Historiques

    NOTES

    Etienne de LA BO TIE Discours de la servitude volontaire ou Un crit vers 1550 publi partiellement en 1574 dans le recueil anonyme Le rveille matin des Fran ais et compl tement en 1577 dans la compilation Les mesmoires des Estais de France sous Charles le Neuvime Le texte de La Botie t republi rcemment avec une prsentation de Miguel ABENSOUR et Marcel GAUCHEI des prfaces ditions antrieures et des commentaires DE LA MENNAIS LEROUX VERMOREL LANDAURER WEIL et une importante post-face de Pierre CLAS- TRES Libert Malencontre Innommable et de Claude LEPORI Le nom Un Paris 1978

    Toute oeuvre de Michel FOUCAULT est un dvoilement de cette microphysique du pouvoir pour reprendre une de ses expressions Dans sa le on inaugurale au Collge de France il rsume sa pense sur ce point Le discours est pas simplement ce qui traduit les luttes ou les systmes de domination mais ce pourquoi ce par quoi on lutte le pouvoir dont on cherche emparer ordre du discours Paris 1971 12

    Marcel MAUSS Essai sur le don Forme et raison de change dans les socits archaques Anne sociologique seconde srie 1923-1924 tome repris dans Marcel MAUSS Sociologie et Anthropologie Paris 1973 pp 145-279

    Des institutions de ce type ont rellement fourni la transition vers nos formes nos formes nous de droit et conomie Elles peuvent servir expliquer historiquement nos propres

    socits La morale et la pratique des changes usits par les socits qui ont immdiatement pr cd les ntres gardent encore des traces plus ou moins importantes de tous les principes que nous venons analyser Nous croyons pouvoir dmontrer en fait que nos droits et nos conomies se sont dgags institutions similaires aux prcdentes est--dire celles dcrites dans les cha pitres prcdents traitant des socits archaques du Pacifique) Marcel MAUSS Essai sur le don op cit. 228

    Louis GERNET Droit et prdroit en Grce ancienne Anne sociologique troisime

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  • GUERY LE ROI LE DON LA CONTRAINTE

    srie 1948-1949 22 Cet article t repris dans Louis GERNET Anthropologie de la Grce antique Paris 1968 pp 175-260

    Moses FINLEY Le monde Ulysse Paris 1969 59 Marc BLOCH The Rise of Dependent Cultivation and Seigniorial Institutions The Cam

    bridge Economic History of Europe Cambridge 1941 tome chap vi pp 224-277 Alfons DopscH Wirtschaftliche und soziale Grundlagen der europischen Kulturent

    wicklung aus der Zeit von Caesar bis au/Karl den Grossen Vienne 1918-1920 Paul KLETLER Nordwesteuropas Verkehr Handel und Gewerbe im frhen Mittelalter

    Vienne 1924 61 10 Marc BLOCH La socit du Haut Moyen Age et ses origines Journal des Savants

    1926 pp 403-420 42