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INSIGNES ET SYMBOLES DE POUVOIR DU PREMIER ET AU SECOND EMPIRE MEXICAIN ET LEURS ANTECEDENTS HISTORIQUES Teodoro Amerlinck y Zirion English Abstract t The Author describes the arms and flags of the First and Second Empires of Mexico and interprets them in the light of the personalities involved and yyrfliin fte historical, political and mflitary contexiTot 'M3Xlcb?E'ufc^fe aid North Atiierlca ih the nineteenth century. IndSpendance du Mexique et Premier Empire Si, mSme avant la conquete du Mexique par les Espagnols, on peut consid^rer comme un empire celui des Azt§ques et son chef ie 'Tlatoani" comme un Empereur, monarque de vastes territoires et avec des rois ou seigneurs feudataires, caracteristique importante des empereurs; comme il n'y avait, S proprement dire, une nation mexicaine qui englobasse ia majeure partie des territoires avec lesquels s'est constituS, en 1821, le Mexique, comme pays indfependant; on considfere, comme premier Empire Mexicain, caiui que fonda Don Agustfn de Iturbide y Aramburu, apres ia prociamation du Plan cflguala, le 24 f^vrier de cette annee, et dont t'oeuvre ind^pendantiste fut accomplie, le 27 s^embre de cette m&me arm§e de 1821, tors de ientn§e, ensentole & Mexico, dtr dernier Chef Politique ftomme par I'Espagne, c'est ^ dire Don duan OBonoju, qui cioturait ia liste des vicerois, et qui avait reeonne iinddpendanee du Mexique et le chef de I'arm^e des Trois Garanties: (Religion, Ind^pendance, Union) leddj^ G^ndralissime, Iturbide. Ferdinand VII, captif des libSraux espagnols, ne reconnaissait pas cette independence, qui I'appelait comme Empereur du Mexique: pour I'assurer, un mouvement de foules demanda Iturbide, qui prdsidait la Rdgence de I'Empire naissant, accepter, pour lul et ses descendants, la couronne imperiale. II fut done proclame, par le Congres Constituant alors reuni, Empereur, sous le nom d'Agustin Premier et, le 22 mai 1822, II preta serment et accepta la Couronne qui lui etait offerte, grSce au dit Congres. L'Empereur fut reconnu par les contrdes qui avaient fait partie des Capitaineries Generates du Yucatan et de Guatemala. Celte-ci comprenait I'actuel etat toderatif mexicain de Chiapas et les r§publiques de l'Am§rique Centrale, h I'exception de Panama. L'Empire Mexicain stetendait ators sur cfnq-millfons de knorndtres carr6s qui comprenafent fe present Mexique et fes etats de Californie, Arizona, Nouveau-Mexique, Arkansas, Texas et efautres territoires situes dans les etats de Nevada, Oregon, Utah. etc. Drapeaux et armolries du Premier Empire Dds la proclamation du Plan d'lguala, fut cree pour I'Armee des Trois Garanties un drapeau tricolore dont le blanc representerait la purete de la Religion; le rouge, I'Union des Mexicains de sang espagnol, indien ou africain et le vert, couleur associde d I'esp6rance, I'lndependance. Plusieures varietds de drapeaux furent employees aux jours qui preedderent rinddpendance: mais la Rdgence de I'Empire Mexicain, le 2 novembre 1821, dtabli que le pavilion national et les drapeaux de I'Armee fussent tricolores et perpetuellement adoptees les couleurs vert, blanc et incarnat, en faisceaux verticaux (pals), et que fut dessinde, sur le blanc. I'aigle mexicain couronne. L'aigle qui ddvore dans son bee un serpent est une rdmlnlscence du Mexique aztdque, car la lev 18 Proceedings p. A5

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INSIGNES ET SYMBOLES DE POUVOIR DU PREMIER ET AU SECOND EMPIRE MEXICAIN ET LEURS ANTECEDENTS HISTORIQUES

Teodoro Amerlinck y Zirion

English Abstract tThe Author describes the arms and flags of the First and Second Empires of

Mexico and interprets them in the light of the personalities involved and yyrfliin fte historical, political and mflitary contexiTot 'M3Xlcb?E'ufc^fe aid North Atiierlca ih the nineteenth century.

IndSpendance du Mexique et Premier Empire

Si, mSme avant la conquete du Mexique par les Espagnols, on peut consid^rer comme un empire celui des Azt§ques et son chef ie 'Tlatoani" comme un Empereur, monarque de vastes territoires et avec des rois ou seigneurs feudataires, caracteristique importante des empereurs; comme il n'y avait, S proprement dire, une nation mexicaine qui englobasse ia majeure partie des territoires avec lesquels s'est constituS, en 1821, le Mexique, comme pays indfependant; on considfere, comme premier Empire Mexicain, caiui que fonda Don Agustfn de Iturbide y Aramburu, apres ia prociamation du Plan cflguala, le 24 f^vrier de cette annee, et dont t'oeuvre ind^pendantiste fut accomplie, le 27 s^embre de cette m&me arm§e de 1821, tors de i’entn§e, ensentole & Mexico, dtr dernier Chef Politique ftomme par I'Espagne, c'est ^ dire Don duan OBonoju, qui cioturait ia liste des vicerois, et qui avait reeonne iinddpendanee du Mexique et le chef de I'arm^e des Trois Garanties: (Religion, Ind^pendance, Union) leddj^ G^ndralissime, Iturbide.

Ferdinand VII, captif des libSraux espagnols, ne reconnaissait pas cette independence, qui I'appelait comme Empereur du Mexique: pour I'assurer, un mouvement de foules demanda Iturbide, qui prdsidait la Rdgence de I'Empire naissant, accepter, pour lul et ses descendants, la couronne imperiale.

II fut done proclame, par le Congres Constituant alors reuni, Empereur, sous le nom d'Agustin Premier et, le 22 mai 1822, II preta serment et accepta la Couronne qui lui etait offerte, grSce au dit Congres. L'Empereur fut reconnu par les contrdes qui avaient fait partie des Capitaineries Generates du Yucatan et de Guatemala. Celte-ci comprenait I'actuel etat toderatif mexicain de Chiapas et les r§publiques de l'Am§rique Centrale, h I'exception de Panama. L'Empire Mexicain stetendait ators sur cfnq-millfons de knorndtres carr6s qui comprenafent fe present Mexique et fes etats de Californie, Arizona, Nouveau-Mexique, Arkansas, Texas et efautres territoires situes dans les etats de Nevada, Oregon, Utah. etc.

Drapeaux et armolries du Premier Empire

Dds la proclamation du Plan d'lguala, fut cree pour I'Armee des Trois Garanties un drapeau tricolore dont le blanc representerait la purete de la Religion; le rouge, I'Union des Mexicains de sang espagnol, indien ou africain et le vert, couleur associde d I'esp6rance, I'lndependance.

Plusieures varietds de drapeaux furent employees aux jours qui preedderent rinddpendance: mais la Rdgence de I'Empire Mexicain, le 2 novembre 1821, dtabli que le pavilion national et les drapeaux de I'Armee fussent tricolores et perpetuellement adoptees les couleurs vert, blanc et incarnat, en faisceaux verticaux (pals), et que fut dessinde, sur le blanc. I'aigle mexicain couronne. L'aigle qui ddvore dans son bee un serpent est une rdmlnlscence du Mexique aztdque, car la

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t6gende rapporte que tes Azt^ques avatent regu de teurs dieux t'ordre de voyager depots teur emplacement d'origfne, nomm6 Idgendairement Aztian, jusqu'au lieu oO lls trouveraient on aigle d6vorant on serpent.Cet ancien symbole. qu’on trouve represents a I'epoque precolombienne, fut usitS, de plus en plus, aux annees qui precederent I'Independance et se trouvaient etre, lorsque qu'elle fut falte, un syrrtboie national. On pens© qu'elle figure la lutte de ce qui vole centre ce qul r&fipe, de ce qui est haul et bon contre ce qui est bas et mauvafe.

Des armoiries furent aussi adoptSes pour te naissant etat Mexicain. Oetait une synthese d'Siements europSens et amSricains. L'intentton de recueiilir la tradition autochtone est evidente. L'Seu, de forme baroque, montre un aigle epioye, regardant a senestre, couronnS, en train de devorer un serpent; pose sur un figuier de Barbarie {appeiS ne pas au Mexique) qui Smerge entre des ondes (rSminiscence du lac qui entourait I’ile sur laquelle Mexico fut bSti) et, en cimier, une couronne amerihdienne S sepf plumes, la centrale plus grandfe que les autres, L'§cu est orle, a efiaque cSte, d'une branche d'olive et d'une de laurier, symbolisant la paix et la victoire. PlacSs en sautoir, se montrait; ar dextre, une main de justice et; k senestre, um sceptre qui porte k son bout un orbe k croix. Rus-bas et k dextre, on trouve une masse azteque {rmcana ) et, k senestre, un arc et un carquois cinq flSches. L'Seu est eouvert-par-un-pavilion d'hermine et de-gueules, surmonte-par-la-

- couronne - mexicaine • de ■ ce - temps IS,-e-Ginq-fleurons -visibles ■ et • trois arcs s urmontds - par - un ■ glebe -d croix pommee. En haut, derriere le pavilion, un listel au trieolore dit, dans sa partie blanche, Religidni & dextre; Independencia, k senestre et, aussi k senestre, oO le listel se courbe, Unidn.

L'©cu est encercl© par le cottier de fOrdre Imperial de Guadeloupe, aux chafnons formes par des carquois, des arcs et des fldches, nouvelle reminiscence indienne. La croix ou plaque de I'Ordre porta’rt I’effigie de la Patronne du Mexique, la Vierge de Guadeloupe, conskJeree comme un syrrA)ole d'union religieuse et nationale, car elte etait apparue imprimee sur la tunique de I'indien Juan Diego.

Rdpublique et creation d'un Second Empire

L'Empire Mexicain eut une courte duree. Sujet k I'animosite de son puissant voisin r6pubiicain du Nord, non reconnu par I'Espagne et aux prises avec une grave situation de reconomie, produce p^r une sanglante revolution de onze ans et par le bJocus que, sur le Mexique. exergait la Marine de I'Espagtre,- Don Augustin- Premier, -pour ne pas ensanglanter eon pays en combattant des nombreux soulbvements; et nepas btre^aecusfrd'ambition, abdiqua le-19mars 1823:

La republique fut proclamee et celteTCi, d'apres la Constitution qui entra en vigueur le 4 octobre 1824, adopta la forme..federative, k I'instar de celle des Etats-Unis d'Amerique, forcee par la Prancmagonnefie. Geulemerit le Chiapas resta avec le Mexique des terfitdires de I'anclenne Capitainerie du Guatemala.

Le Mexique eut k combatfre en 1829 une expedition espagnoie qui voulait te reconquerir. En 1838 une autre, celle te frangaise, occupa le port de te Veracruz, guerre qui finit,' avec une mediation bfitantllque, le 9 mars 1839.

Les cobns nordamericains du Texas se revolterent en 1834 et reussirent k ce que te republique ainsi nomm6e secedasse du Mexique, apres une sanglante guerre finie en 1837. Une de ses consequences indirectes fut la guerre que firent au Mexique en 1846 ses voiSins des Etats-Unis et que, apres avoir vaincu un pays appauvri par des guerres et des discordes intestinates de ffederalistes et centrallstes: on pourratt dire de liberaux et conservateurs; le Mexique ceda, par le baits de Guadalupe Hfdalgo dU Z fSvrier 1846, plus de la moitiS de son territoire. Peu apres, fe 36 dScembre T853, il fut force par les -Etats-Unis d'Amerique a vendre une vaste region voisine k 1‘Arkansas- de- plus- de- cent-milte kilometres- carres-.

Tous ces malheurs firent penser k beaucoup de Mexicains que tes ambitions de I'Amerique du Nord devraient etre contrecarrees par I'influence europeenne et qu'un monarque sans des

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antfe^derts de f actm poorratt omr et arbitrer les^ divisions mexicatnes.

Oes penseurs et des politiciens Tecommandaient I'dtablissement aa Mexique d'une monarchie. Le Bf^sii, dent i'inddpendence 6tait contemporaine de ceHe du Mexique, avait r^ussi, sous un- regime impdrial, avoir tine destinde plus pacifique que celle de ce dernier. La Grdce appela en 1^8&1 un prineq danoisa regir ee payaet la dynastie de Gluei^sbourg fondee par le prince Ctuistian qui adopta le nom de George Premier, Roi des Helldnes; donna d ce pays six monarques, ce pul ddmontre gue dans I'optique des anndes soixante,. tdrection. d'une monarchie ne aemhiait pas chirndrique.

Le Sfdvrier 1861, sept dtatsTndridionauxdes Sats-tinislirentsdcession de i'Union et le 12avril de cede meme annde; eommengait urre guerre civile qui rfallait Mr que le 26 mai 1865. La neutralite Pdndvole de la France pour la Xltonfdderation sudlste dlolgnait pour le Mexique le danger d'une intervention des dtats mdridionaux des etats-Unis, engagds dans une terrible guerre avec ceux du Nord.

H semblait, done, gue tes cir<x>nstances pour le Mexique se montraient favorabtes pour prendre un eours politique diff&enl de c^i que les Sats-Unis avaient favorisd^, en aidant le Prdsident libdral Benito Juarez, declsivement centre le Prdsident conservateur Bon H/llguel Miramon, guand le premier dtait assidgd d la Veracruz et le blocus de la flotille des conservateurs fut empechd par une escadre nordamdricaine qui, aprds un combat qui produisit quarante mods, vainquit les Mexicains le 9 mars 1860.

Le31 octobre 1861, fut signde d Londres, one eonventionF par la France, I'Espagne ^ la Grande Bretagne pour porter des forces de terre et de mer sur le.litteral mexioain. pour exiger le palement d'obllgations,. Les. parties, contractantes. se compromettaient a ne pas acqudrir. des territoirea ni. des. avantages particuliers, ainsi comme a ne pas exercer des influences gui puissent porter atteinte au droit de la nation mexicaine d choisir et d adopter librement la forme de son gouvernement. Le 14 ddeembre de cette meme annde, eiTes rdussfssafent d occuper sans coup fdrir la Veracruz, aprds I'dvacuation des forces libdrales.

Des conferences eommeneerent avec le goovemenrent- de- Juarez. A peo, des querelles ^claterent entre les puissanoes Intervenantes et I'ailiance fut rompue le 9 avril 1862. Sans mdme recevolr. des. instructions, du. gouvernement espagnol, les troupes commanddes- par le. llbdral Pnm.se rdembarquerent, ainsi que les Anglais, antagonistes des conservateurs et qui avaient envoyd peu de forces militaires.

La France, done, resta comme seule pufesance d intervener. Eile manlfesta n'avotr pas de confiance dans le gouvernement juariste -et ddeida d'appuyer les rdactiennaires en armes. Les hostilitds se romplrent le. 19- avril. 1862 et continudrent avec variable fortune,, puisquiil. y eu. des echecs considerables des Frangais, avant de la chute de Mexico, aux mains des conservateurs mexicains le ler juin 1863, plus d'un an et demi aprds de I'occupation de la Veracruz. Les opportunilds se perdafent. Pendant que Juarez, entreprenaft une retraile qui alTail fe conduire success!vement, les anndes suivantes, jusqo'd la frontidre des Etats-Unis, les Frangais entraient, bien aeeueillis, a la CapItal^ Ie4 juin;

Le 24 de ce mois une Junte de Gouvernement fut installde et un Pouvoir exdcutif de trots individus, preside pat le gdndral Juan N. Almonte Le Gendtal en Ghd, Frangais Fer^, ptoelamaft gue les Frangais ne soutlendralent aucun parti et gu'lls .tdeheraient d'en tlnlr avec les discordes civiles,.dans le respect de ce que le peupie mexicain dlirait.

Le premier julllet, I'Gidre de Guadeloupe fut TdtaWie et ia Junto de Gouvemenrent, de 35 personnes, installde le 18 juin, nemma- 215 Individus notables pour- choisir le systeme qui conviendrait le roieux d leur avis. Les nominations furent faitesen faveur d'indivldus de valeur, de tendances politiques diffdrentes,. a I'exclusion des libdraux rdcalcitrants,. et cherchant d nommer des gens -de provenance gdographique diffdrente et appartenant d des professions et mdtiers divers. L’Assemblde de Notables se rdunit le 8 julllet 1863 et approuva le 10, la rdsolutlon d’adopter une monarchie moderde, hdrMtaire, avec un Prince catholique, et que to couronne impdrtolef usse

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offerte h S.A.I. et R. le Prince Ferdinand Maximiiien, Archiduc d'Autriche, pour iui et ses descendants.

Cette election avait 6t6 pr6par6e depuis quelques ann§es, car L'Archiduc Maximiiien 6tait consider^ comme de grand talent et culture, tr^s laborieux et avec de I'experience politique, puisqu'il fut Gouverneur G6n§ral du Royaume Lombard-V§nitien, en representation de son fr6re I'Empereur Frangois Joseph, du 28 fevrier-1857 au 20 avril 1859, et avoir demontr6, en union de sa conjointe, la Princesse Charlotte-Ameiie de Belgique, des qualites d'innovation, ainsi comme d'avoir un esprit de moderation et de concorde.il etait Amiral autrichien, avait fait le tour du monde dans la fregate Novara et manifeste des facultes litteraires exceptionelles et de I'amour pour les Beaux- Arts. II connaissait parfaitement plusieures langues, comme aussi, sa femme et savait de science militaire.

On pourrait signaler un defaut au couple : manquer de descendants. Cette circonstance allait le conduire, une fois au Tr6ne, e accueillir et faire habiter e leur palais les Princes Don Augustin et Don Salvador de Yturbide, petits-enfants du premier Empereur du Mexique, auxquels, probablement, I'Empereur songeait a en faire ses h6ritiers.

La famine de Maximiiien avait regn6 en Europe pour pr6s de deux slides et Napoleon III pensait, grace a cette 6lection, a s'attirer I'appui politique de I'Autriche-Hongrie, de la Belgique et mame celui de la Grande Bretagne, car la Princesse Charlotte appartenait a la dynastie des Saxe-Cobourg, la meme des enfants de la Reine Victoria. Esp6rances peu raussies.

Ce prince atait le second en droit pour succader en Autriche-Hongrie, praceda seulement par son neveu, I'Archiduc Rodolphe, futur suiclda. Ses liens avec des families souveraines ailemandes ataient considarables; mais I'HistoIre ravaieralt que toutes ces influences, importantes en Europe n'avaient pas'une force suffisante, en Amarique; pour le maintenir au Trone, et mame, non plus, en vie.

Drapeaux et armoiries du Second Empire et son historique

Lorsque le Pouvoir Exacutif fut mua en Ragence de I'Empire, le 11 juillet 1863, les armoiries du Premier Empire furent, a nouveau, usitaes avec des modifications <ie datail, portant sur les ornements extarieurs.

Une amnistie fut daclarae pour ceux qui reconnaTtraient le nouveau ragime, et dans les villes et villages, des actes d'adhasion furent recueillies et remises a des commissions chargaes de les porter a I'Archiduc, et qui, parties a Vienne du Mexique le .13 aoOt, se prasentarent au chateau de Miramar le 3 octobre 1863.

Maximiiien avait daja paria longuement a des Mexicains et tacha de s'instruire sur tout ce qui concemait I'Empire oCi on I'appelait, Sa raponse a ia Commission qui Iui offrit la Couronne fut aiusive; il conditionna son acceptation a ce que I'appel fut ganaral, ainsi qu'a avoir les garantles indispensables pour mettre le Mexique a I'abri .des dangers qui menagaient son integrite et son indapendance.

Les nombreuses actes d'adhasion que la Ragence avait recueillies dans I'ensemble du territoire oO elle dominait, convainquirent I'Archiduc qu'il atait appuya par ia volonta ganarale, raison pour laquelle il Initia des gestlons pour assurer la vlabllita du nouveau ragime qui devrait avoir, pendant ses premiares annaes, I'appui de forces frangaises.

II regut la promesse de I'Empereur des Frangais de maintenir au Mexique des forces dacroissantes jusqu'en 1867, annae dans laquelle il y aurait encore 25,000 soldats; mais comme Maximiiien compartait I'idae pravalente en Europe que le Mexique atait richissime et qu'il ne faudrait qu'une courte pariode de paix pour le convertir en un Pays de Cocagne; il accepta quelque chose d'une grande gravita : c'est.de payer 1,000 francs par an pour chaque soldat et de souscrire un emprunt aux conditions laonines, duquel une bonne partie servirait pour payer inmadiatement a des radamants frangais et des dapenses faites daja par la France par son intervention. Pendant les annees de prasence militaire frangaise il y eut une continuelle mauvaise volonta des chefs frangais vers les militaires mexicains qui appuyaient I'Empire, par jalousie naturelle, mais aussi parce qu'lls

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s'agissait de conservateurs.

■Le Pape Pie IX. comme ies Pr6lats mexicains, voulaient qu'une monarchie catholique applicasse les principes du Syllabus; mais la monarchie liberate napol6onienne d§slrait la liberty des cultes et maintenir en vigueur beaucoup des lois juaristes de R6torme. Les conservateurs ; la devolution des biens ecclesiastiques, en les recup^rant des adjudicataires, dont beaucoup etaient strangers et qui influengaient les chefs frangals pour le mantien du statu quo; la suppression des lois condamnees par reglise etait aussi demandee par les conservateurs qui etaient catholiques.

Le General Mejia, fusilie en 1867, avec Maximilien, demandait a accroitre sa brigade de deux- mille hommes el promettait I'enrolement de soldats en nombre egal a celui des armes qu'on lui donneralt, sans avoir gain de cause.

Parfois par gloriole et d'autres fois par des oppositions ideologiques, les chefs des conservateurs etaient econduits, comme fut le cas avec le grand militaire Miramon, un autre des fusilies avec I'Empereur, le 19 juin 1867.

On s'etait efforce, pendant que Maximilien se trouvait en Europe, de le maintenir a recart de ceux qui, comme plus tard fut demontre, etaient capables de mourir pour leurs ideaux.

La ville de la Puebla put etre prise la 5 mai 1862, si le General en Chef frangais n'eusse pas voulu se reserver la gloire de la victoire et celle des Frangais sans la participation de forces mexicaines qui etaient voisines.

Le membre du clerge qui appartenait au Triumvirat Regent, I'Archeveque de Mexico, Mgr. de Labastida, demissiona le ,18 octobre 1863, indigne par la politique liberate imposee par les Frangais. Le nouveau chef supreme frangais, le General Bazaine, jusqute son tetour en France, en fevrier 1867, s'opposa aux conservateurs et, comme k Metz en 1870, quand il livra aux Prussians cette place avec. 185,000 hommes, il traita avec les ennemis et offrit meme de vendre des armes aux republicains quand il se retire. Bazaine. condamne k mort en 1871, mais qui sauva la vie centre vingt ans de prison, echappa de I'lle Sainte Marguerite, ou il 6tait captif, grSce ^ la femme mexicaine qu'il avail 6pouse.

Ces antecedents historiques illustrent pourquoi Maximilien, comme on verra, ne surmonta pas sa couronne avec une croix, peut §tre le premier prince catholique, & abandonner cette coutume.

Du mois d'octobre 1863, commenga pour lui un via crucis. L'Archiduc voulait I'appui de I’Angleterre; II se rendit k Londres avec son 6pouse, le seui resultat fut qu'on lui d6sirasse bonne chance. L& m§me, la grand-rttere de Charlotte, Marie Arrtelie de Bourbon, s'opposa avec vehemence 6 r acceptation de la Couronne. Le Roi des Beiges, Leopold Premier, p§re de I'Archiduchesse, offrit seulement son agr6ment pour la formation d'une tegion de volontaires beiges de deux-milles hommes; de m§me, I'imp6rial frbre de Maximilien, se manifestait le plus rudement centre lui. Pour lui donner la permission d'accepter le Trone il exigea la renonciation & tous ses droits dynastiques et mSme k ses biens de famille. Telle durete, presque empecha I'acceptatlon et, quand II accepta flnalement, sous la forte pression de Napoteon ill; probablement ni lui ni la Princesse Charlotte voulaient conserver de liens avec un frere qui se montrait egolste et peut etre jaloux de la supterieure culture et plus brillante personnalite de son fr§re puine. Soit ce qu'il en soil, ce ne fut que le 10 avril1864, que I'Archiduc accepta le Sceptre et, comme il n'arriva aux plages mexicaines que le 28 mai de cette ann6e, il se trouva que tant de retards furent funestes pour son entreprise. De 1862 §1865, date de la terminaison de la guerre civile des etats-Unis, il aurait en trois ans pour r6tablissement et la consolidation de sa monarchie.

L'opposition frangaise interne a l'Exp6dition croissait. Partout, les chances diminuaient. Maximilien arrive done avec quelque argent, i'appui militaire frangais et la volonte de fonder un empire ou tous les Mexicains auraient une place. II tendit la main & ses ennemis les plus irrteconciliabtes; il tacha d'attirer 6 lui Juarez qui ne r^pondit qu’avec son rrtepris. II ne restitua pas les biens de l'£glise, ne parvint pas k un Concordat avec I'infiexible Pie IX. et peasant que, puisque les conservateurs ne le renverseraient pas, ce serait avec des lib^raux qu'il gouvernerait; ce que aurait et6 possible si le regime imperial fusse fort; mais les difficultes financidres et I'intransigeance d'une grande partie des lib§raux, qui confiaient toujours sur I'appui des Am6ricalns de Nord, firent

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impossible la prolongation de son regime avec des partisans accommodants en majorite, qui I'abandonndrent quand I'appui franpais s'affaiblit et seal celui des conservateurs put, pour quelques mois encore, maintenir un 6ph6m6re empire n6 entre des orages. L'lmpossibilit§ de payer ce qui 6tait convenu avec la France, les difficultes de la situation politique de cette nation, apr^s la victoire de la Prusse sur I'Autriche et ses allies allemands, en 1866, allaient conduire & acc6lerer I'dvacuation frangaise. Les £tats-Unis menac^rent la Belgique et I'Autriche-Hongrie, avec la rupture de relations diplomatiques si les milllers de volontaires pr6ts S s'embarquer S Ostende et & Trieste pour servir au Mexique, ne seraient empgch^s de le falre.

Le rdgime imperial mexicain luttait centre une arm6e rdpublicalne renforc6e par de I'armement moderne, fourni par les Etats-Unis, du type Springfield, produil dans la fabrique ainsi appelAe et qui fut fond6e pour pourvoir de quinze-mille fusils les juarlstes qui combattaient centre une arm6e pauvre, mal fournie et dont I'organisation avail retard^e.

Apres avoir mis au point ce qui se passait au Mexique lors de la fondation du Second Empire et ses antecedents historiques etant connus; on peut ^valuer ce que I'Empereur fit en matiere de symboles de pouvoir.

Le Statut Provisoire de I'Empire Mexicain, sign6 le 1 0 avril 1865, jour du premier anniversaire du serment de I'Empereur S Miramar, 6tablissait di I'article 78 ; Les couleurs du pavilion national sont le vert, le blanc et le rouge. Leur place, les dimensions et les ornements du pavilion imperial, de celui de guerre, du national, du marchand et de la flamme de marine, ainsi que les armoiries de I'ecu seront d6taill6s dans une loi spdciale.

En vue de cette determination, le Premier novembre 1865 6tait -decrdte, par I'Empereur et contreslgn6 par son Ministre d'etat Don Fernando Ramfrez, ce que suit; "L'6cu des armes de I'Empire a la forme ovale et le champ d'azur, 11 porte au centre I'aigle de I'Anahuac, en profil passant, soutenu par un nopal, supports par une roche inond^e d'eau et d6chirant le serpent; la bordure est d'or, chargee de rameaux de chSne et de laurier, sunnonte avec la couronne imp6riale; comme supports, les deux griffons des armes de nos ancStres, moitte la partie sup6rieure noire et i'interieure d'or; et derridre, en sautoir, le sceptre et I'6p6e; il est entoure du Collier de I'Ordre de I'Aigle Mexicain et comme devise "Equite dans la Justice". Le tout en conformity avec le models qui accompagne, signaiy avec le num6ro 2.” (Fig. i)

On peut observer que I'aigle de I'Anahuac, "en profil passant" du d6cret ne transcrit pas h6raldiquement ce que le modyie reprysentait. La couronne est surmontye -par le sommet d'un harpon, arms des Francs, lequel, sur une manche en bois, avail une points en fer pour blesser et deux fers tournys vers ie bas pour faire prise. Ce bout, yiygant sans doute, remplace I'usuelle croix; suppression qui ne peut ytre que volontaire, le souci du dytail de I'Empereur et son tempyrament d'artiste ytant connus. La devise jusqu'alors prysente dans les armes imperiales : Religion, Union, Indypendance, disparissait. Encore une concession au libyralisme.

Tous les symboles amyrindiens des primitives armoiries ytaient supprimys. Les griffons, coupes de sable et d'or, "des armes de nos ancytres” donnent y I'ycu un caractyre europyen qui ne conserve du prycydent que I’aigle de I'Anahuac, d’apparence rypublicaine, car n'ayant pas la couronne des armoiries imperiales iturbidiennes, Pourquoi? Pour yviter des complications artistiques ou politiques? La main de justice disparut et fut changye par une ypde. Penserait-on que la mention de la Justice dans la devise suffisait?

C'est aussi signifiant que le collier accoiy y I’ycu, de I'Ordre de Guadeloupe fusse supprimy.Cet ordre chevaleresque, tres religieux dans sa premtere ypoque, fut change en ordre cP6tat au Second Empire, avec peu de rapports avec la Religion, puisque, apr6s la ryforme de ses statuts, elle rycotnpensait "les myrites distinguys et ies vertus civiques" sans qu'il y eut un empychement pour

I'octroyer y des non-catholiques. Le collier de I'Ordre de I'Aigle Mexicain qui circondait I'dcu du Second Empire fut fonde y la myme date que les ryformes de I'Ordre de Guadeloupe, c’est y dire, le myme 10 avril 1865.

II ytait ytabli que la condycoration devait representer “I'aigle mexicain, aux ailes yployyes, se reposant sur un nopal et dychirant le serpent de la discorde intestine”. “Sur^a tete la couronne

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imperiale et croises sur sa poitrine le sceptre et I'epee, representant I'Equite et la Justice”. Get ordre etait le supreme de I'Empire et donnait a ses titulaires precedence, pratiquement, sur tous, puisqu'il n'y eut pas des descendants imperiaux ni des Cardinaux.

Le decret en reference disait sur les vexilles : Les couleurs du pavilion national sont : Le vert, le blanc et le rouge, places parallelement a la hampe, dans le meme ordre enumere et avec des egales dimensions pour chacun. Les ornements du drapeau Imperial sont: I'ecu aux armoiries sur la couleur blanche, et quatre aigles sur le nopal, couronnes, aux quatre angles du pavilion (Fig. 2). Celui de guerre n'a aucun autre ornement que I'aigle couronne sur le nopal au centre de la couleur blanche. Le marchand n'a pas des ornements et non plus la flamme de marine. La hampe des corps de troupe portera I'aigle couronne en volume, au sommet de la hampe.

En conclusion, la symbolique du second empire mexicain montra de I'attachement aux formes europeennes et I'ecart des symboles religieux; mais I'aigle mexicain et les couleurs du Premier Empire furent conserves parce qu'ils etaient consubstantiels de la nationality mexicaine.

Teodoro Amerlinck

Academician de I’Academie Internationale d'Heraldique (1977); Academicien de I'Academie Nationale d'Histoire et Geographie du Mexique (1966), Academicien de la Society d'HistoIre et Gyographie de Guatymala {circa I960); Acadymicien de I'Academie Guatemalteque (I'Etudes Gynyalogiques, Hyraldiques et Historiques (1952); Acadymicien et Prysident d'Honneur a Vie de I'Acadymie Mexicaine de Gynyalogie et Hyraldique (1950); Membre du VIII, IX, X, XI, XII, XIII, XIV, XV, XVI , XVII et XVIII Congres International de Vexillologie.

Addresse; Tres Picos 17, MEXICO D.F., 11560 MEXICO

T. Amerlinck : Insignes et symboles du pouvoir du premier et au second empire mexicain, Col. Plate I

Fig. 1 Fig. 2

From the Author’s transparencies ; Arms and flag of the Second Empire

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Teodoro Amerlinck : Insignes et symboles du pouvoir du premier et au secondempire mexicain, Col. Plate II

ICV 18, Victoria, BC : Two of our speakers - Senor T. Amerlinck. 92, and Mason Kaye, 14; right, Sr. Jorge Barbabosa,heraldist of Mexico, and panel participant at ICV 18.

Mr. Teodoro Amerlinck with Whitney Smith at an earlier Congress, XIII at Melbourne, Australia.Is Dr. Smith saying “but that is the flag of the first Empire, what about the second?” Right, at the 12th ICV,

San Francisco, Teodoro in discussion with Alessandro Ferrero (right) and Dan Cernovodeanu.

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