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LE CAMEROUN DANS LES RELATIONS INTERNATIONALES LE CAMEROUN COLONIAL SANGO MATHIAS 07 septembre 2013 CHAP. 2 LE CAMEROUN COLONIAL (1884-1961) - Définir : impérialisme, colonisation, colonie, protectorat, administration directe/indirecte, régime de mandat, régime de tutelle, autonomie indépendance, condominium. - Relever l’emprise étrangère sur le Cameroun colonial à travers les grandes étapes de son évolution. - Relever la réaction opposée à cette hégémonie étrangère (nationalisme) par les Camerounais. - Etablir l’influence des grands évènements internationaux sur la vie politique et diplomatique du Cameroun. - Relever le sens de lorganisation, desprit de groupe, douverture sur le monde extérieur, le sens du dialogue et de négociation avec les puissances étrangères et les institutions internationales, le courage, la foi et lengagement des nationalistes, la volonté de se former politiquement. INTRODUCTION Après la période précoloniale, le second temps fort de l’histoire politique du Cameroun fut la période 1884-1961 : quelles relations le Cameroun a-t-il entretenu avec l’extérieur ? De par l’adjectif « colonial », on sait déjà que le Cameroun fut sous la domination 1 étrangère (I). Face à cette hégémonie 2 , la réaction camerounaise fut le rejet (nationalisme). I- LA DOMINATION ETRANGERE sur le CAMEROUN Le traité germano-douala du 12 juillet 1884 et plusieurs autres qui ont suivi avaient placé la côte camerounaise sous le protectorat allemand. Mais, les dispositions du Congrès de Berlin de 1884 avaient permis à l’Allemagne d’étendre sa domination sur l’intérieur usant de la force militaire. Le Cameroun était donc devenu une colonie allemande. Après la défaite allemande en 1916 au Cameroun, la France et la Grande Bretagne se partagèrent ce territoire après une brève période de condominium. Cependant en 1919, le Cameroun (les parties occupées aussi bien par la France que par la Grande-Bretagne) devenait un territoire sous mandat de la SDN dont l’administration était confiée à la France et à la Grande-Bretagne. Ce régime devait céder la place au régime de tutelle en 1946 alors que le Cameroun sous administration française venait d’être intégré à l’Union Française. 1 Exercice d'une autorité souveraine Exemple : subir plusieurs siècles de domination 2 Domination totale (politique, économique, sociale, culturelle ou individuelle) Synonyme: suprématie

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LE CAMEROUN DANS LES RELATIONS INTERNATIONALES

LE CAMEROUN COLONIAL

SANGO MATHIAS

07 septembre 2013

CHAP. 2

LE CAMEROUN COLONIAL (1884-1961)

- Définir : impérialisme, colonisation, colonie, protectorat, administration

directe/indirecte, régime de mandat, régime de tutelle, autonomie indépendance,

condominium.

- Relever l’emprise étrangère sur le Cameroun colonial à travers les grandes étapes de

son évolution.

- Relever la réaction opposée à cette hégémonie étrangère (nationalisme) par les

Camerounais.

- Etablir l’influence des grands évènements internationaux sur la vie politique et

diplomatique du Cameroun.

- Relever le sens de l’organisation, d’esprit de groupe, d’ouverture sur le monde

extérieur, le sens du dialogue et de négociation avec les puissances étrangères et les

institutions internationales, le courage, la foi et l’engagement des nationalistes, la

volonté de se former politiquement.

INTRODUCTION

Après la période précoloniale, le second temps fort de l’histoire politique du Cameroun fut la

période 1884-1961 : quelles relations le Cameroun a-t-il entretenu avec l’extérieur ? De par

l’adjectif « colonial », on sait déjà que le Cameroun fut sous la domination1 étrangère (I).

Face à cette hégémonie2, la réaction camerounaise fut le rejet (nationalisme).

I- LA DOMINATION ETRANGERE sur le CAMEROUN

Le traité germano-douala du 12 juillet 1884 et plusieurs autres qui ont suivi avaient placé la

côte camerounaise sous le protectorat allemand. Mais, les dispositions du Congrès de Berlin

de 1884 avaient permis à l’Allemagne d’étendre sa domination sur l’intérieur usant de la force

militaire. Le Cameroun était donc devenu une colonie allemande. Après la défaite allemande

en 1916 au Cameroun, la France et la Grande Bretagne se partagèrent ce territoire après une

brève période de condominium. Cependant en 1919, le Cameroun (les parties occupées aussi

bien par la France que par la Grande-Bretagne) devenait un territoire sous mandat de la SDN

dont l’administration était confiée à la France et à la Grande-Bretagne. Ce régime devait céder

la place au régime de tutelle en 1946 alors que le Cameroun sous administration française

venait d’être intégré à l’Union Française.

1 Exercice d'une autorité souveraine Exemple : subir plusieurs siècles de domination

2 Domination totale (politique, économique, sociale, culturelle ou individuelle) Synonyme: suprématie

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A- Le Cameroun : du protectorat allemand à la colonie allemande

(1884-1916)

1- L’étabLissement du protectorat aLLemand sur La côte camerounaise

Les Allemands n’étaient pas restés à l’écart des côtes camerounaises. Après 1860, les firmes

allemandes Woermann, ainsi que Jantzen et Thormalen s’impliquèrent davantage dans le

commerce avec les Douala. Aussi, à cause du déclin des activités commerciales autour de

Bimbia, le poste de commerce allemand de Bimbia dut fermer et son personnel fut envoyé au

« Cameroun » (Douala). En 1868, Adolph Woermann, un marchand de Hambourg, fonde une

maison de commerce à Douala. C’est ainsi que les relations commerciales entre Les

Allemands et les Douala s’accrurent réduisant l’influence britannique dans la région. Or,

jusqu’en 1884, l’Allemagne était anticolonialiste. Cette année-là cependant, l’Allemagne se

lança soudainement dans les conquêtes coloniales. Elle acquît un certain nombre de

possessions coloniales au rang desquelles les côtes du « Cameroun ».

En effet, après avoir échoué dans leurs tentatives de demande de protectorat Anglais, les chefs

Douala se retournent vers les Allemands. Le 12 juillet 1884, Eduard Schmidt, Eduard

Woermann et Voss, représentants de l’Allemagne, rencontrèrent les rois Akwa, Bell et leurs

subordonnés à Douala et signèrent le traité Germano-Douala. Ce traité3 instituait un

protectorat allemand sur Douala4. Ce traité définitif n’était pas conforme aux clauses du traité

initial. Il modifiait par exemple l’étendue territoriale concernée. Le 14 juillet, le Docteur

Gustave hissa le drapeau Allemand sur la ville de Douala lors de la cérémonie Officielle. Le

drapeau allemand flottait à "Cameroon Towns" devenu "Kamerun" pour les allemands et plus

tard Douala. Max Buchner fut désigné représentant impérial dans le territoire. Le 15 juillet

Nachtigal informa les commerçants britanniques de la signature du traité du 12 juillet.

L’arrivée tardive de Hewett5 à Douala justifia son appellation de « too late consul ». Déçu, il

quitta Douala et s’en alla à Victoria qu’il annexa pour le compte de la Grande-Bretagne. En

août 1884, le lieutenant A. Furlonger du Forward signa des traités préliminaires avec les

chefs Batoke pour le gouvernement britannique.

D’autres territoires de la côte connurent le même transfert de souveraineté que Douala par

voie de traité. Ce fut le cas de celui de Bimbia du 11 juillet 1884 entre Eduard Woermann,

Schmidt et Schultze, représentant la firme Woermann, et le roi William de Bimbia ; celui

couvrant la région de Bapuko à Saint-Jean entre les chefs et rois et August Lucke,

3 Certains universitaires ont réfuté le terme « traité » arguant que l’entente entre l’Allemagne et les rois Douala

était un accord et non un traité. Ndam Njoya, par exemple, dans Le Cameroun dans les relations internationales

écrivit que le traité du 12 juillet 1884 n’en était pas un mais un accord entre des firmes privées allemandes et les

princes Douala. Il souligne que si le traité préliminaire fut signé par le représentant de l’Etat allemand (Emil

Schutze), le traité final ne fut signé que les firmes allemandes au « Cameroun » même si l’Etat allemand le

reconnut plus tard. 4 L’une des clauses du traité définitif cédait les droits de souveraineté, de législation et d’administration sur le

territoire « Cameroun » aux firmes privées allemandes. 5 Pour les circonstances qui ont présidé à la signature du traité du 12 juillet 1884 et notamment la compétition qui

eut lieu entre Britanniques, Français et Allemands, voir le cours sur les « conquêtes et résistances au

Cameroun », classe de Première enseignement technique.

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représentant la firme Woermann ; celui de Lullaby à Campo et celui de Medune. Les

échanges de correspondance du 27 janvier et 31 janvier 1887 vinrent consacrer le transfert de

Victoria à L’Allemagne. La mission de Bale au Cameroun poursuivit l’œuvre de la mission

baptiste de Londres. Ainsi, ce compromis entre Anglais et Allemands permit à ces derniers

d’avoir le contrôle sur le pays.

Les traités signés consacrèrent le passage de la côte camerounaise sous le régime juridique de

protectorat6. En effet, les rois et chefs de la côte avaient transmis aux firmes allemandes,

représentants du gouvernement impérial allemand, tous les droits de souveraineté, de

législation et d’administration sur lesdits territoires.

Mais, les traités ne suffirent pas ; l’Allemagne dut recourir à la force pour faire passer sous sa

sa domination les territoires de l’intérieur.

2- La conquête allemande du Cameroun

A la conférence de Berlin avaient été adoptés certains points. Selon l’un d’eux, toute

puissance européenne installée sur la côte pouvait étendre sa domination vers l'intérieur

jusqu'à rencontrer une « sphère d'influence » voisine. L’Allemagne mit à profit cette

disposition pour étendre sa possession au Cameroun. Elle entreprit de conquérir les territoires

de l’intérieur. L'objectif pour les Allemands était d'atteindre les bassins du Congo, du Niger,

ainsi que le lac Tchad. La conquête s'est ainsi déroulée en 2 étapes.

2.1. L’expansion militaire dans le Sud-Cameroun et résistances

La conquête de la partie méridionale du Cameroun a été assez longue mais plus ou moins

facile. Ceci s'explique par la balkanisation de ces régions où les peuples combattaient à pied

sans stratégie et avec des armes de fortune.

L’occupation de l’Ouest et du Nord-Ouest

En 1888, Zintgraff remonta le Moungo jusqu’à Mendeme. Il continua ensuite jusqu’à Kumba

et Barombi. De là, il alla à Nguti et au pays Banyang. Ceux-ci résistèrent. Mais, il continua

vers le pays Bali où il arriva en janvier 1889. Après s’être assuré de la collaboration du Fon de

Bali, il alla vers le Nord dans l’Adamaoua. A son retour les Banyang lui résistèrent encore

une fois.

6 1 Régime juridique établi en vertu d'un traité international selon lequel un État suspend l'exercice autonome de

certains des attributs de sa souveraineté pour les mettre sous le contrôle et l'administration (d'un autre État)

Exemple : l'histoire du pays à l'époque du protectorat français 2 État ayant placé, par un traité international, l'exercice de certains attributs de sa souveraineté sous le

contrôle et l'administration d'un autre État Exemple :un ancien protectorat français

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En 1890, les Allemands tentèrent de faire le commerce de l’ivoire dans la région de Bafut.

Les Bafut tuèrent les messagers de Zintgraff. Celui-ci et ses amis Bali attaquèrent alors les

Mankon et les Bafut. Les Bafut vainqueurs, coupèrent les têtes de quatre amis de Zintgraff.

En 1901, Pavel battit les Bafut, mais le roi des Bafut essaya de résister. En 1907, le palais du

roi fut brûlé. Il dut s’enfuir sur la côte.

L'expédition conduite par Von Stetten passe par le pays Bamiléké, contourne par le pays

Tikar et atteint Foumban en 1902. Les chefs Bamiléké résistent pendant près de 7 ans (1890-

1897) A l'exemple du chef Fontem de la région de Bangwa Asonganyi qui est fait prisonnier

et exilé à Garoua après plusieurs années de résistance (1899-1903). On note la résistance des

Nso à laquelle les Bamoum dans le but de récupérer le crâne du roi Nsangou apportent leur

aide aux Allemands.

L’occupation de la côte

Certains chefs Douala n’avaient pas signé le traité germano-Douala. Le prince Lock Priso

(Kuma Mbape) d’Hickory town (Bonabéri) refusa de le signer. En fait l’opposition mettait

directement aux prises le roi Bell, partisan de l’annexion par les Allemands, et les princes de

Joss (Elame) et d’Hickory town. Selon les Britanniques, le différend est né de l’assassinat

d’un natif d’Hickory town par le roi Bell. Les natifs de Joss et d’Hickory town étant du même

clan, ils décidèrent d’attaquer Bell town. Pour les Allemands, la guerre résulta du refus du roi

Bell de partager les retombées du traité germano-Douala avec les autres rois et chefs. Mais

selon Joshua Tondi de l’Eglise Baptiste anglaise, un natif de Douala, le roi Bell avait gardé

pour lui seul les retombées du traité, contrairement au roi Akwa qui les partagea avec ses

notables. Cette attitude mécontenta les chefs de Joss qui décidèrent de signer un autre traité

avec les Britanniques leur cédant la ville de Joss. De leur côté, les autochtones d’Hickory

town ne voulaient pas de la domination allemande. Lorsque la guerre éclata, les Allemands

soutinrent le roi Bell qui leur dit que s’ils voulaient gouverner Bell, ils devaient renforcer son

autorité de chef. Cette aide des Allemands permit aux Bell de l’emporter sur les ressortissants

de Joss et d’Hickory town dont les maisons furent détruites. C’est l’arrestation du meurtrier

d’un Allemand qui mit fin aux hostilités. Il fut exécuté par l’administration allemande.

En 1891, les Allemands attaquèrent les Bakweri à Buéa. Les Bakweri, commandés par le roi

Kuva Likenye, résistèrent. Les Allemands furent battus et durent se rabattre sur la côte.

L'officier Allemand Gravenreuth qui conduisait l'expédition fut tué. En 1894, Von Stetten et

Hans Dominik attaquèrent par surprise les Bakweri qui furent vaincus. Les villages de Soppo

et Buéa sont soumis.

Les Allemands essayèrent de pénétrer dans l’intérieur en remontant la Sanaga. Les peuples

Bassa et Bakoko, commandés par les chefs Toko de Bona Ngan, Ngange de Pongo et Janje se

battirent vaillamment contre les Allemands. Les Bassa et les Bakoko réussirent à arrêter les

Allemands en bloquant la route de Yaoundé pendant longtemps.

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L’occupation du centre et de l’Est

Des expéditions conduites par Kurt Von Morgen; Hans Dominik; Hans Tappenbeck; Von

Kamptz; Zimmermann sont lancées contre les Baya (1900). En effet, du centre, Dominik

lance des expéditions vers l'Est contre les Maka et les Njem. Le roi Bertoua de la tribu Baya

et le roi Nguele Menduga de la tribu Maka menèrent la lutte contre les Allemands à l’Est. En

1907, ils furent vaincus par Dominik. Des expéditions sont lancées contre les Bafia (1905) et

les Banen (1910). Vers 1911, Dominik conquit les Bafia qui avaient résisté aux Allemands

pendant de nombreuses années. Avec la création du poste de Bafia en 1911, le Sud, le Centre,

l'Est, l'Ouest sont pratiquement occupés.

2.2. L’expansion militaire dans le Nord du Kamerun et résistances

C’est la 2e étape de la conquête Allemande. Elle sera brève mais très difficile ; Ceci parce que

les Allemands y affrontent des armées bien organisées sous les ordres des Lamibés avec des

soldats Foulbés aguerris par plusieurs siècles de conquête.

En 1888 Zintgraff, parti de Yaoundé, veut gagner l'Adamaoua par Tibati. Mais il est vaincu

par le Lamido de Tibati. en 1893 Von Morgen et Von Stetten sont à leur tour repoussés

devant Tibati. L'expédition "Kamerun Komité" du Dr Passage atteint Maroua en 1894, après

avoir rencontré une farouche résistance du Lamido Bouba Ndjida de Rey Bouba et traverse

Garoua et Guider. C’est sous le gouverneur Von Puttkamer que le feu vert pour l’occupation

du Nord-Cameroun a été donné. En 1895 une nouvelle expédition marche sur Tibati et

détrône le Lamido Mohaman. Tibati tombée, la route du Nord est ouverte et Ngaoundéré

occupée en 1901. En 1889, les Allemands construisirent un fort à Yoko. En janvier 1899, le

capitaine Von Kamptz quitta Douala avec les troupes coloniales. Le lieutenant Hans Dominik

et lui partirent pour une mission d’expansion. De Yoko, ils attaquèrent et remportèrent une

victoire à Tibati. Ils attaquèrent Ngaoundéré en 1901, Garoua en 1902. Ils conquièrent le

lamidat de Banyo en 1902 et exécutèrent le lamido Oumarou et les siens. Ce succès des

Allemands leur donna le contrôle de l’Adamaoua et mit momentanément fin à l’influence des

Foulbé dans la région. Le lamido Amadou de Maroua s’allia à l’émir de Yola mais ils

perdirent à cause des canons ennemis. Dans les monts Mandara, le sultan de Mora se battit lui

aussi contre les Allemands. Il fut vaincu. Les Allemands allèrent jusqu’à Kousséri qui venait

de perdre son chef Rabah, conquérant arabe. Privés des chefs organisateurs, les habitants de

cette région furent facilement vaincus par les Allemands.

Les Allemands établirent trois unités administratives dans le Nord-Cameroun appelées

résidences. Il s’agissait de Garoua, Ngaoundéré et Mora. Cependant et malgré le contrôle

allemand sur l’Adamaoua, les Foulani se rebellèrent contre les autorités allemandes. En 1903,

le résident allemand de Maroua, Graff Fugger, fut assassiné par Yérima Moustafa. Les

Allemands, sous la conduite du lieutenant Dominik, envahirent Maroua et y établirent une

administration allemande similaire à celle de Garoua.

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3- la délimitation du territoire « Kamerun »

ou la mise en forme de la colonie

En 1895, toutes les frontières du Kamerun étaient déjà

tracées. En effet, l’Allemagne s’est attelée à conclure

avec les autres puissances européennes occupant les

territoires voisins du Kamerun des traités délimitant les

frontières de la colonie :

- Le 21 avril 1885, traité avec la Grande-Bretagne

fixant la frontière ouest (de l’embouchure

d’Akpa-Yafé aux rapides du mont-Cameroun ;

- Le 24 décembre 1885 avec la France pour la

frontière sud ;

- Le 15 novembre 1893, fixation de la frontière occidentale (de Yola au Tchad)

- Le 4 février 1894 avec la France pour la frontière orientale.

Avec ces traités, le Kamerun prenait une forme triangulaire avec une superficie de 478 000

km².

L’incident d’Agadir survenu en juillet 1911 et ayant opposé la France à l’Allemagne donna

l’occasion à cette dernière d’accroître la superficie du Kamerun. Aux termes d'âpres7

tractations8, l'Allemagne renonce à être présente au Maroc en échange de l’abandon par Paris

de 272 000 km2 de territoires d'Afrique équatoriale, au Gabon, au Moyen-Congo et en

Oubangui-Chari, au profit du Cameroun allemand. Un traité franco-allemand est signé le 4

novembre 1911 à Berlin, laissant les mains libres à la France au Maroc. En 1912, l’Allemagne

céda le territoire du « bec de canard » à la France pour régulariser la frontière orientale.

Désormais, le « neue Kamerun » a une superficie de 750 000 km². Le « protectorat » s'étendit

du lac Tchad au nord aux rives de la Sangha au sud-est. La ville de Buéa au pied du mont

Cameroun en devint la capitale avant d'être destituée au profit de Douala en 1908. Et la carte

définitive du Cameroun sera dressée par le géographe Max Moisel en 1913.

Source : Histoire du Cameroun : aux origines…, http://www.camfaith.org/origines_cameroun.php

7 D’une dureté acharnée et intraitable Synonyme: rude Exemple : mener d'âpres négociations • être âpre au gain

8 Négociation souvent secrète et complexe pour parvenir à un accord [Remarque d'usage: parfois péjoratif]

Exemple : un accord concrétisé au bout d'un an de tractations

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La construction de l'état Camerounais : Cameroun allemand

Cameroun britannique

Cameroun français

République du Cameroun Source : Histoire du Cameroun, http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_du_Cameroun

4- L’expLoitation de la colonie9

Etablie pour accroître la puissance économique de la métropole, la colonisation donne lieu à

une exploitation économique intensive des colonies. Pour cela, les Européens transforment

profondément l'économie des territoires colonisés. Ils cherchent avant tout à s'assurer un

approvisionnement en matières premières nécessaires à leurs industries. Ainsi, transforment-

ils l’agriculture locale ; Peu d'industries sont implantées dans les colonies ; On assiste aussi au

développement du commerce ; D'importantes infrastructures sont construites afin d'acheminer

ces produits en Europe : chemins de fer, ports de commerce.

Le Kamerun ne fut rien d’autre qu’une colonie allemande. En effet, outre la conquête et

l’occupation allemande du territoire, celui-ci fut exploité économiquement par

l’Allemagne. De 1881 à 1915, l’administration allemande s’attèle à de très grands travaux

dont l’exécution est confiée à la WOERMANN LINIE dans le but d’étendre l’exploitation

économique de l’hinterland.

4.1. La transformation de l’agriculture locale en agriculture de plantation

S’il est vrai que les colonies offrent des débouchés pour les produits manufacturés des

métropoles, elles constituent avant tout des sources d’approvisionnement10

en matières

9 Territoire ou pays occupés et exploités par un autre

10

Ravitaillement en produits.

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premières notamment agricoles. Il y a donc développement de l’agriculture commerciale

destinée à l’exportation : Les colons développent les cultures d'exportation.

Au Cameroun, cette transformation de l’agriculture a commencé par la mainmise11

des

sociétés européennes et allemandes sur le secteur productif. Ainsi, l’économie du Cameroun

était-elle entre les mains des firmes de Hambourg qui voulaient établir une colonie

commerciale, la Handelskolonie, au Cameroun. Remarquons qu’avant l’occupation

allemande, certaines firmes allemandes étaient déjà présentes au Cameroun dont les deux plus

importantes étaient Woermann et Jantzen et Thormalen. Avec les expropriations qui suivirent

les conquêtes, ce chiffre décupla12

:

- La « Hamburg west african plantation company de Victoria, fondée en 1897, chargée

de la culture cacao et du caoutchouc à Neutagel, Molyko, Bolivamba, Isoka, Moli,

Malende, Toli, etc.

- LA Prine Alfred plantation pour le cacao, le café et la caoutchouc.

- La German Rubber company produisant le cacao, la caoutchouc et l’huile de palme.

- La Meanja Rubber plantation

- L’Africa Fruit comany, fondée en 1912, basée principalement à Tiko.

- La Bimbia plantation…

Ensuite, les colons développent les cultures d'exportation au détriment des cultures vivrières.

C’est la mise en place d’une économie de plantation13

Afin de faciliter cette exploitation, les Allemands créèrent la Kolonial Witschaftliches

Komittee, le comité colonial économique (CCE), en 1898. C’était un organe du Comité pour

l’importation des produits en provenance des colonies allemandes fondé en 1897.

4.2. Un faible développement industriel du Cameroun

Les puissances coloniales ne cherchent pas à développer l'industrie. Les colonies ne devaient

pas gêner l’industrie européenne qui était plutôt à la recherche de débouchés. Ces propos de

Jules Ferry le confirment d’ailleurs : « (…) La question coloniale, c'est, pour des pays voués

11

Domination exclusive et souvent abusive (sur quelque chose) [Remarque d'usage: peut-être péjoratif]

Synonyme: emprise Exemple : une entreprise qui a la mainmise sur une activité économique 12

Décupler : accroître de manière importante 13

Le terme de plantation ne s’emploie que pour des exploitations situées dans les pays tropicaux. Les principaux

produits des plantations sont la canne à sucre, la banane, le café, le thé, le cacao, le coton, le tabac, l’huile de

palme, l’arachide, le caoutchouc et les épices. Cependant, si le terme de plantation peut désigner dans certaines

régions une parcelle de culture vivrière, la plantation correspond essentiellement à un domaine de culture

spéculative. L’économie de plantation s’appuie sur les propriétés du sol et du climat tropical pour produire en

masse des produits destinés à un marché national ou international. On distingue deux types de plantation : la

plantation industrielle et la plantation familiale.

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par la nature de leur industrie à une grande exportation, comme la nôtre, la question même des

débouchés [...] la fondation d'une colonie c'est la création d'un débouché (…) »14

Au Cameroun, l’industrialisation n’a été qu’un souci secondaire pour l’administration

coloniale allemande, qui se limitait à l’import-export sans avoir la volonté de transformer la

moindre des matières premières locales. Avant 1940 et dans l’immédiat après deuxième

guerre mondiale, l’activité économique du pays était encore primitive et tournée

essentiellement vers l’agriculture et l’artisanat. Il manquait des ingrédients indispensables à

toutes implantations industrielles notamment les sources d’énergies, les capitaux, les capitaux

extérieurs et une épargne locale15

.

4.3. Un commerce désavantageux pour le Cameroun

Les échanges entre les métropoles et leurs colonies sont déséquilibrées :

Export des matières premières des colonies (gratuitement ou à moindre cout) : bois,

caoutchouc, coton,

Importation des produits manufacturés par les colonies (qui elles ne bénéficient pas de

réductions), car les industries européennes recherchent des marchés où écouler leur

stock.

Au Cameroun, les principaux biens importés étaient essentiellement manufacturés :

vêtements, liqueurs, armes, explosifs, montres, pipes, parapluies et riz, matériels de

construction des des routes et rails, acier, fer, machines, aliments et matériels médicaux.

Initialement, ces produits, spécialement l’alcool, étaient destructeur et sans valeur. Pourtant,

ils étaient profitables aux intérêts commerciaux allemands16

. De leur côté, les Allemands

importaient du Cameroun des produits agricoles : huile de palme, caoutchouc, ivoire, hévéa,

cacao.

L’Allemagne fut le principal partenaire commercial du Cameroun. Entre 1903 et 1912,

l’Allemagne importa du Cameroun pas moins de 60% de la production exportable

camerounaise alors que le Cameroun importa pas moins de 80% de ses besoins de

l’Allemagne.

4.4. Des infrastructures destinées à l’acheminement des produits en Allemagne

Les équipements et l’infrastructure sont un facteur important de l’exploitation économique.

Le développement du réseau de communication vise à relier les postes coloniaux entre eux, à

14

Discours de Jules Ferry en faveur de l'expansion coloniale, devant la chambre des députés, le 28 juillet 1885. 15

En 1935, Douala consommait 248 000 km/h d’électricité dont 65% était consommé dans des ateliers et le reste

dans l’éclairage public. L’énergie consommée provenait de la seule centrale thermique de Bassa et la petite

centrale du centre-ville localisée à Bonandjo. 16

Adolph Woermann affirmait d’ailleurs que c’est l’exportation de l’alcool qui permettait aux firmes allemandes

de maintenir une ligne de navigation vers l’Afrique, ligne qui était avantageuse à l’industrie allemande.

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faciliter l’écoulement des produits locaux vers les côtes pour leur acheminement vers les

métropoles. Aussi, les politiques de « mise en valeur » ne bénéficient-elles pas directement

aux populations indigènes.

D'une manière générale, l'exploitation économique des colonies développe particulièrement

leur littoral, où se trouvent les villes les plus dynamiques. Il y a donc déséquilibre spatial des

colonies. Sous l’administration allemande, les routes et les chemins de fer partaient de

Douala ou convergeaient vers elle.

a- Le développement de l’infrastructure portuaire

Du temps de la colonisation, il y a eu une amorce de spécialisation de ports : port bananier

pour Tiko, Kribi pour le bois, Douala pour toutes transactions confondu, Victoria aujourd’hui

Limbé pour la banane.

b- La construction du chemin de fer

Les Allemands mirent un accent particulier sur la construction du chemin de fer. La première

ligne de chemin de fer, « la ligne du nord17

», partait de Bonabéri à Nkongsamba sur une

distance de 160 km. Cette voie fut ouverte au trafic en 1911 et 1912. Une autre ligne fut

ouverte entre Douala et Widimenge sur la rivière Nyong, sur la route de Yaoundé. L’intention

des Allemands était d’étendre le chemin de fer à l’Adamaoua et, au-delà, au Tchad, mais la

première guerre mondiale les en empêcha.

Partis de la côte, les Allemands ont étendu leur domination sur des territoires disparates18

qu’ils finirent par unir cependant sous l’appellation « Kamerun ». L’administration et

l’économie de cette nouvelle entité furent entre les mains des Allemands, preuve que le

Cameroun durant cette période était dans une position d’infériorité. La substitution des

Allemands par les Français et les Britanniques à partir de 1916 n’a pas fondamentalement

changé la donne. Ce sont ces deux puissances qui ont continué à exercer la souveraineté sur

le Cameroun, même si ce fut essentiellement au nom d’organisations internationales.

B- de la domination allemande à la domination franco-britannique

En 1914, commençait en Europe une guerre opposant principalement l’Allemagne aux Alliés.

Malgré son éloignement, le Kamerun, à l’instar des autres possessions allemandes, n’en fut

pas épargné. Lorsque le 1er août 1914, l’Allemagne déclara la guerre à la France, Les troupes

françaises stationnées au Tchad, en Oubangui Chari (aujourd’hui, République Centrafricaine),

au Gabon, les troupes anglaises au Nigéria et les troupes belges au Congo, attaquèrent les

forces allemandes au Cameroun. Les Allemands, vaincus, évacuèrent le Cameroun dont

17

Nordbahn 18

Qui manque d'unité ou d'harmonie (soutenu)

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Français et Britanniques s’emparèrent. A la période d’incertitude juridique sur le statut de

l’ancienne possession allemande succéda une période de mandat puis de tutelle.

1- Le Kamerun, champs de bataille19 de la première guerre mondiale20

La première attaque contre les Allemands au Cameroun eut lieu le 5 août 1914. Elle aboutit à

l’occupation par les Français de la localité de Zinga que les Allemands leur avaient prise en

1911. L’attaque suivante, le 29 août, fut celle que lancèrent les troupes venues de Gambie, de

Sierre Leone, de la Côte-de-l’Or et du Nigeria, sous le commandement du général Cunliffe.

Garoua fut prise, mais les troupes britanniques durent battre en retraite. Elles ne réussirent pas

non plus à s’emparer de Mora au Nord du pays. Il leur fallait des troupes plus nombreuses.

En septembre 1914, le général de brigade Dobell, à la tête d’une armée franco-anglaise bien

plus nombreuse et soutenue par une puissante marine de guerre, attaqua Douala dont il réussit

à s’emparer. L’armée allemande à Douala, sous le commandement du lieutenant-général

Zimmermann, s’enfuit à Edéa. Le lieutenant-colonel A. H. W. Haywood dirigea l’attaque

contre Buéa où les Allemands se rendirent sans grand combat.

En juin 1915, le général Cunliffe et des troupes françaises s’emparèrent de Garoua. A

l’exception de Mora, le Nord était maintenant entre les mains des Anglais et des Français. Les

troupes de Cunliffe poursuivirent les Allemands vers le Sud, s’emparant de Banyo.

Ngaoundéré tomba entre les mains des Français, de même que Tibati. A l’Est et au Sud-est,

c’est une armée franco-belge qui chassa les Allemands.

Les troupes allemandes qui n’avaient pas été battues quittèrent la côte, l’est, l’Ouest et le

Nord du pays par Yaoundé.

Le 1er

janvier 1916, les troupes du général Dobell entraient à Yaoundé, rejointes quelques

jours plus tard par d’autres troupes. Les forces allemandes sous le commandement de

Zimmermann s’échappèrent par la Guinée Espagnole et Fernando Pô en passant par

Mbalmayo et Ebolowa et laissant derrière elles un grand nombre de soldats camerounais. Une

partie des autres soldats allemands réussit à regagner les ports de Douala, Kribi, et Victoria.

Le 20 février 1916, les courageuses troupes allemandes du fort de Mora, sous le

commandement du capitaine Von Raben, se rendaient. En effet, Le 18 février 1916, le

capitaine allemand Von Raben est assiégé et encerclé à Mora. Ce fut le dernier épisode de la

campagne camerounaise (1914-1916).

2- Les vainqueurs modifient le territoire Kamerun

19

Terrain d'affrontement de deux armées en conflit Exemple : secourir les blessés d'un champ de bataille 20

Pour les raisons de l’attaque conjointe franco-anglaise du Cameroun, lire Victor Julius Ngoh, History of

Cameroon since 1800, Presbook, Limbé, page 128.

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Le 06 Mars 1916, puisque l’Allemagne avait quitté le territoire Camerounais alors

l’Angleterre et la France se le partagèrent.

Le Général Dobell au nom de l’Angleterre et le général Aymerich au nom de la France,

partagèrent le Cameroun en deux zones d’influence ; Les anglais occupèrent une zone de 60 à

80 km de large le long de la frontière du Nigéria de 750 000 km² du « Neu Kamerun », soit

une bande de 85 000 km². La France prit le reste.

Le 14 Mars 1916, un télégramme du gouvernement français demande au général Aymerich de

restituer à l’AEF (Afrique Equatoriale Française) les territoires cédés en 1911 au Cameroun

Allemand.

La construction de l'état Camerounais : Cameroun allemand

Cameroun britannique

Cameroun français

République du Cameroun Source : Histoire du Cameroun, http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_du_Cameroun

3- La tentative d’établissement du condominium21 (1916-1919)

La campagne camerounaise de la première guerre mondiale a permis la création par les forces

alliées d’une force conjointe franco-anglaise appelée Force Expéditionnaire Ouest Africaine

(en anglais West African Expeditionary Force, WAEF) sous le commandement du général de

brigade Charles Dobell. Après sa prise par les Alliés, Douala devint le quartier général de

celle-ci en même temps qu’elle fit office de siège de l’administration franco-britannique des

territoires conquis, toujours sous la direction de Dobell.

21

Souveraineté de deux ou plusieurs puissances (sur un même territoire) Exemple : le condominium des Anglais

et des Égyptiens sur le Soudan

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En 1914 et afin de bouter22

les Allemands hors du Cameroun comme cela avait été fait en août

1914 au Togo, la France proposa à la Grande-Bretagne, à la fin de l’année, de former avec

elle un condominium (une administration franco-britannique conjointe) au Cameroun. A la

fin de janvier 1915, la France23

et la Grande-Bretagne s’accordèrent sur le principe de

l’établissement d’un condominium au Cameroun.

Cependant, dans les faits ce régime ne fut jamais concrétisé. En effet, les dissensions entre

Français et Britanniques ne permirent pas l’effectivité du condominium. Elles portaient sur la

question territoriale, mais aussi sur la direction de l’administration conjointe.

Au sujet de la querelle d’autorité. Les Britanniques avaient proposé que le général de

brigade Dobell soit à la tête aussi bien de l’administration civile que militaire. Pour les

Français, le britannique Dobell devait tenir les rênes24

du commandement militaire

cependant qu’un Français dirigerait l’administration civile. Bien plus, les Britanniques

proposaient qu’en cas de décès ou d’incapacité de Dobell et afin d’assurer la

continuité du service, l’intérim soit assuré par le plus gradé des officiers britanniques

en attendant la décision définitive de la France et de la Grande-Bretagne. La France

objecta en proposant que l’intérim soit assuré par le plus gradé des officiers qu’il fût

Français ou Britannique.

Au sujet de la querelle territoriale. Elle portait sur le sort des territoires conquis

conjointement ou séparément. Les Britanniques soutenaient que le condominium

s’étende sur tous les territoires qu’ils aient été conquis conjointement ou séparément ;

ce à quoi s’opposaient les Français pour qui le condominium ne devait s’étendre sur

les seuls territoires conquis conjointement.

L’ampleur des divergences eut pour conséquence l’échec du condominium et la partition

provisoire du territoire en février 1916 suivant la ligne Picot.

4. La conférence de Versailles change le statut du Kamerun

A la fin de la guerre, toutes les puissances se réunissent à Versailles en 1919 pour la

conférence de la paix ; toutes les anciennes colonies de l’Allemagne lui sont enlevés à savoir :

22

Repousser par les armes (soutenu; vieilli) Exemple : bouter l'ennemi hors des frontières 23

Les raisons de la proposition française et de l’accord britannique sont les suivantes :

Pour les Britanniques l’objectif des Alliés étant la conquête du Cameroun, cette tâche devait s’avérer

gigantesque sans une administration conjointe du territoire ;

Les Alliés voulaient conserver les ressources qui étaient exposées en cas d’une administration

incomplète et restreinte. Ainsi, les plantations étaient exposées à la ruine en cas de négligence ;

La France et la Grande-Bretagne voulaient consolider leur emprise sur Douala et ses environs ;

Les Alliés voulaient sécuriser les lignes de communication ;

Autant les Français que les Britanniques ont fait face à une farouche résistance des Allemands lorsqu’ils

opéraient isolement ; 24

1. lanière fixée à chaque extrémité d'un mors et servant à diriger (un cheval) Exemple : ne tire pas trop sur les

rênes, tu vas blesser ta monture

2. direction ou autorité liées au pouvoir Exemple : prendre les rênes de l'État

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le Cameroun, Le Togo, le Tanganyika, le Rwanda-Burundi, le Sud- Ouest Africain ; et selon

la conférence de Versailles, l’article 119 du traité de paix signé le 28 Juin 1919 disait ceci :

« l’Allemagne renonce en faveur des principales puissances alliées et associées à tous ses

droits et titres sur ses possessions d’outre-mer. »

Maintenant il était question de voir à qui allaient véritablement revenir ces anciennes

colonies ; c’est alors là que la formule du mandat fut proposée et adoptée, et selon cette

formule les anciennes colonies allemandes dépendraient de la Société Des Nations (S.D.N) ;

mais, elles seraient confiées à une puissance qui, en assurerait la gestion sous le contrôle de

l’autorité internationale. C’est ainsi que le Cameroun sorti définitivement du régime colonial.

5- aperçu sur la SDN et le régime de mandat

Société des Nations, c’est une organisation internationale créée en 1920, pour favoriser

l’alliance entre les peuples et le maintien de la paix.

L’idée d’une organisation internationale, bien qu’elle existe dès le XVIIIe siècle, notamment

chez Kant, ne prend véritablement corps qu’en 1918, constituant l’un des quatorze points25

définis par le président des États-Unis Woodrow Wilson. Ceux-ci organisent, au terme de la

25

Les Quatorze points du président Wilson est le nom donné à un discours du président américain prononcé le 8

janvier 1918 et énonçant des propositions pour l’établissement d’une paix durable après la victoire des Alliés

lors de la Première Guerre mondiale. Certaines de ces propositions américaines ont été accueillies par les Alliés

avec une vive réticence (particulièrement le 5e point dénonçant le colonialisme des pays européens). D’autres,

idéalistes, ne s’adaptent guère à la réalité née des nouvelles conditions de l’après-guerre. Mais le 14e point

annonce la fondation de la Société des Nations que Wilson a sans cesse défendue, malgré le refus des États-Unis

d’y adhérer.

Les Quatorze points du président Wilson, janvier 1918

1er

point. La disparition de la diplomatie secrète et des accords de paix ouvertement négociés ;

2e point. La liberté absolue de la navigation sur mer ;

3e point. La suppression des barrières économiques et l’établissement de conditions commerciales égales pour

toutes les nations ;

4e point. La réduction des armements ;

5e point. L’étude des revendications coloniales conformément aux intérêts des populations ;

6e point. La réorganisation de la Russie sous un Gouvernement librement choisi par le peuple ;

7e point. L’évacuation, la restauration, l’indépendance absolue de la Belgique ;

8e point. L’évacuation du territoire français ; la réparation du tort fait à la France par la Prusse en 1871 par la

prise de l’Alsace-Lorraine ;

9e point. Le réajustement des frontières italiennes suivant une ligne des nationalités clairement reconnaissable ;

10e point. Le développement autonome des peuples d’Autriche-Hongrie ;

11e point. L’évacuation de la Roumanie, de la Serbie, du Monténégro ; l’accès de la Serbie à la mer ;

12e point. L’autonomie des peuples non turcs de l’Empire ottoman ;

13e point. La constitution d’une Pologne indépendante avec des territoires habités par une population

incontestablement polonaise et ayant accès à la mer ;

14e point. La formation d’une Ligue des Nations qui devra fournir une garantie réciproque d’indépendance

politique et territoriale à tous les petits États.

Source : Rain (P.), l’Europe de Versailles, Paris, Payot, 1945.

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Première Guerre mondiale, la paix entre les Alliés. Proposant une coalition générale des

nations, ce plan est incorporé en 1919 au traité de Versailles, qui met fin à la Première Guerre

mondiale, et dont l’entrée en vigueur marque la naissance officielle de la SDN.

Avec la SDN, apparaissait le régime international de mandat. C’était le mode d'administration

exercé sous l'égide de la Société des Nations qui s'est appliqué après la Première Guerre

mondiale aux colonies turques et allemandes. Les mandats furent divisés en trois catégories,

selon l’aptitude présumée de leurs populations à parvenir à l'autonomie.

Les mandats de type A furent établis pour les anciennes colonies turques, pour lesquelles

l'assistance devait durer quelques années seulement. Parmi ces États, l’Irak et la Palestine

furent attribués au Royaume-Uni ; l’Irak obtint son indépendance en 1932, et la Palestine,

après de considérables dissensions internes, se scinda en 1948, en deux principaux États :

Israël et la Transjordanie (qui devint plus tard la Jordanie). La Syrie et le Liban furent

attribués à la France ; la Syrie obtint son indépendance en 1936, et le Liban en 1941.

Les mandats de type B stipulaient que la puissance chargée de l’assistance était responsable de

l’administration et de la promotion du bien-être des populations concernées, mais n'étaient pas

conçus dans une perspective d'indépendance à court terme. De telles administrations furent

établies pour les ex-colonies allemandes d’Afrique centrale, qui constituent aujourd'hui la

Tanzanie, le Rwanda, le Burundi, le Togo et le Cameroun, et pour certaines régions de l'actuel

Ghana.

Les mandats de type C, par lesquels la puissance chargée de l’administration était autorisée à

gérer les territoires sous mandat comme s’ils faisaient partie intégrante de son propre système

colonial ou territorial, furent établis pour les territoires qui constituent aujourd’hui la

Namibie, la Papouasie-Nouvelle Guinée, l’État indépendant des Samoa occidentales et les

petites îles de l’océan Pacifique.

6- L’étabLissement du mandat « b » pour le Cameroun

En vertu du pacte de la Société des Nations, les anciennes colonies turques et allemandes

furent officiellement placées sous la surveillance de la Société des Nations, et l’administration

des mandats fut déléguée à certaines des puissances victorieuses, jusqu’à ce que les régions en

question puissent se gouverner elles-mêmes.

Le mandat sur le Cameroun fut confié à la France et à l’Angleterre en juillet 1919 suivant

l’accord intervenu entre elles le 04 mars 1916 et l’article 22 de ce pacte plaçait ledit territoire

sous le régime du mandat « B ».

En fait la SDN était l’autorité suprême sur le pays de mandat, les pays mandataires devaient

lui adresser un rapport annuel pour lui rendre compte de leur gestion26

. Cependant, la SDN

n’imposait pas aux Français et aux Anglais la manière d’administrer le Cameroun. Au

contraire, chaque pays était libre de faire comme cela lui semblait bon, c’est ainsi que le

26

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Cameroun Britannique fut administré comme une partie intégrante27

du Nigéria britannique,

et le Cameroun Français comme une partie de l’empire colonial Français.

7- la poursuite de la politique hégémonique par les français et les

anglais malgré les restrictions du mandat

Le système des mandats représentait en fait un compromis entre le souhait des puissances

alliées victorieuses de garder un contrôle sur les régions conquises et leurs déclarations du

temps de guerre s’opposant à l’annexion territoriale.

La Grande-Bretagne reçut 1/5e du Cameroun et pour une administration facile, elle décida de

diviser sa partie en deux entités28

: une partie septentrionale administrée comme une partie du

Nigéria du Nord et une partie méridionale administrée comme une des provinces de la Région

Est du Nigéria et qui sera appelée plus tard le « Southern Cameroons ». Le Southern

Cameroons était situé sur la côte, entre la Cross River à l’Ouest et la rivière Moungo à l’Est ;

le Cameroun français étant à l’est et le Nigéria à l’Ouest.

De leur côté, les Français voulaient transformer les peuples colonisés du Cameroun sous son

administration en citoyens français à travers la politique de l’assimilation. Afin de renforcer la

position de la France, les français-camerounais (assimilés) se devaient d’apprendre la culture

française et tout ce qui était français. Le Cameroun français relevait de la responsabilité du

ministère des colonies français alors que son administration avait à sa tête un gouverneur.

Sur le plan économique, la politique économique avait pour axe de rotation le principe de la

mise en valeur propagé par Albert Sarraut. Cette théorie vasait à faire engranger à la France le

maximum de profits économiques d’abord avant d’envisager servir les intérêts économiques

des colonies et du monde. L’agriculture de plantation est donc restée l’activité économique

dominante. La politique fiscale reposait sur deux régimes fiscaux : le régime de capitation

(taxe par tête) et le régime de prestation. Ce dernier n’était rien d’autre qu’un système de

travail forcé qui obligeait tous les hommes à travailler pour l’administration 10 jours par an

sans rémunération. Or selon les dispositions du régime de mandat, « le mandataire doit

supprimer tout travail forcé ou obligatoire, sauf pour les travaux et services publics ». Même

si ces Camerounais travaillaient pour la construction du chemin de fer et des routes, ces

infrastructures étaient destinées non pas à servir le territoire camerounais, mais les intérêts de

la France.

27

Élément qui entre de façon indissociable dans la composition (d'un tout ou d'un ensemble) Exemple : une

région considérée comme une partie intégrante de l'État. 28

Les raisons de cette division furent les suivantes :

Le Cameroun britannique était très faiblement peuplé et n’avait aucune homogénéité politique ni tribale

Les frontières tribales étaient longitudinales et non latitudinales

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Le régime de mandat va perdurer29

jusqu’à l’éclatement de la seconde guerre mondiale à

laquelle le Cameroun fut partie prenante. En effet, à la proclamation de la guerre, En effet, le

27 août 1940, le colonel Leclerc débarque à Douala pour rallier les troupes de l’Afrique

Equatoriale Française. La majorité des camerounais éduqués se rallia à la France libre, mais

quelques camerounais germanophones furent arrêtés et convaincus d'intelligence avec les

allemands. Cette guerre, combinée à d’autres facteurs notamment la conférence de

Brazzaville, aboutit au développement du mouvement syndical au Cameroun français à

l’occasion du décret du 8 Août 1944

8- la mise sous tutelle du Cameroun à la suite de la seconde guerre

mondiale

Pour éviter la guerre entre les nations, la SDN fut créée en 1920, mais elle a failli à sa mission

avec l’apparition de la 2ème guerre mondiale, alors il fallait créer un autre organisme visant le

même but mais plus fort que la SDN ; c’est ainsi que du 25 Avril au 26 Juin 1945 à San

Francisco (Etats-Unis d’Amérique) à une conférence où 50 pays participent, l’on adopte la

charte c'est-à-dire le règlement des Nations Unis.

Le 24 Octobre 1945 la majorité des pays ratifient la charte, l’organisation des Nations Unies

en abrégé ONU est née. Cette charte va placer sous tutelle tous les territoires encore sous

mandat à la fin de la seconde guerre mondiale.

Le but final de la tutelle est nettement défini dans l’article 76 (b) de la charte des Nations-

Unies à savoir : « Favoriser le progrès politique économique et social des populations ainsi

que le développement de leur instruction, et favoriser également leur évolution progressive

vers la capacité de s’administrer elles-mêmes ou l’indépendance, compte tenu des conditions

particulières de chaque territoire à ses populations, des aspirations librement exprimées des

populations intéressées et des dispositions qui pourront être prévues dans chaque accord de

tutelle… »

Après une période intermédiaire sans statut juridique précis, le Cameroun est placé sous le

régime international de tutelle.

Le 13 décembre 1946, l’Angleterre et la France signèrent les accords de tutelle qui furent

approuvés par l’assemblée générale de l’ONU.

Des rapports étaient adressés chaque année au conseil de tutelle qui disposait également du

droit de visiter les territoires sous tutelle et d’accueillir les pétitions rédigées par les

populations desdits territoires. Dans ce cadre, quatre visites ont été effectuées par le conseil de

tutelle au Cameroun français : 1949, 1952, 1955 et 1959.

29

Continuer d'exister dans le temps (soutenu) Exemple : situation qui perdure.

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Cependant, le Cameroun sous tutelle Française sera administré comme partie intégrante du

territoire français et selon la législation française et le Cameroun sous tutelle Britannique

selon la législation Anglaise.

9- le renforcement de l’emprise de la France sur la partie du Cameroun

dont l’administration lui a été confiée

9.1. L’intégration du Cameroun dans l’Union Française en 1946 comme preuve du refus de la

France de voir le Cameroun s’émanciper hors du cadre français

La France va saisir le vide juridique entre la fin de la guerre et la signature des accords pour

faire du Cameroun une partie du vaste empire français. Pour cela, elle l’intègre dans l’Union

Française, comme les autres colonies30

. Cette union est créée par la constitution du 27 octobre

1946 et comprenait d'une part, la République française et, d'autre part, les territoires et État

associés à celle-ci. Le Cameroun y occupait le statut de « territoire associé ».

La qualité de « territoire associé » plaçait le Cameroun français dans une situation

intermédiaire à celle des « territoires d'outre-mer » de la République française, d'une part, et

des « États associés » à celle-ci, d'autre part.

Comme les « territoires d'outre-mer », mais au contraire des « États associés », le Cameroun

français n'était pas un État. Il en résultait qu'il n'était pas représenté au Haut-Conseil de

l'Union française : aux termes du premier alinéa de l'article 65 de la Constitution du 27

octobre 1946, celui-ci était « composé, sous la présidence du président de l'Union, d'une

délégation du gouvernement français et de la représentation que chacun des États associés a la

faculté de désigner auprès du président de l'Union ». Il en résulta, d'autre part, que le

Cameroun français fut représenté au Parlement de la République française. La loi n° 46-2383

du 27 octobre 1946, sur la composition et l'élection du Conseil de la République, prévut sa

représentation au Conseil.

En revanche, comme les « États associés », mais au contraire des « territoires d'outre-mer », le

Cameroun français n'était pas une collectivité territoriale de la République française et était

membre de l'Union française. Il en résulta qu'il fut représenté à l'Assemblée de l'Union

française. La Constitution du 27 octobre 1947 ne prévoyait pas la représentation des «

territoires associés » à l'Assemblée de l'Union française : son article 66 disposait que «

L'Assemblée de l'Union française est composée, par moitié, de membres représentant la

France métropolitaine et, par moitié, de membres représentant les départements et territoires

d'outre-mer et les États associés ». Mais la loi n°46-2385 du 27 octobre 1946, sur la

composition et l'élection de l'Assemblée de l'Union française, prévit sa représentation à

l'Assemblée de l'Union française.

30

Auparavant, en 1945, les Etats généraux de la colonisation, à Douala, confirmèrent l'attachement des colons

français au système colonial traditionnel

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Union française

UNION FRANÇAISE

Départements d'outre-mer (DOM)

Guyane

Guadeloupe

Martinique

Réunion

Territoires d'outre-mer (TOM)

Saint-Pierre-et-Miquelon

Établissements français de l'Océanie

Nouvelle-Calédonie et ressortissants français des Nouvelles-Hébrides

Établissements français dans l'Inde

Archipel des Comores

Madagascar

Côte française des Somalis

Sénégal

Mauritanie

Guinée

Soudan

Niger

Haute-Volta

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9.2. La semi-autonomie interne (loi-cadre) et nouvelles élections à l’ATCAM : 1956

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En 1956, la France accorda l’autonomie31

interne. Suite aux émeutes de 1955 et à

l’interdiction de l’UPC, la France réagira par la promulgation de la Loi-cadre dite « loi Gaston

Deferre » du 23 juin 1956. Cette loi disposait :

- L’institution des reformes par décrets après consultation de l’ATCAM et de

l’Assemblée de l’Union Française ;

- Que la France acceptait les développements politiques dans le Cameroun français dans

la mesure où ils satisfont au Cameroun français ;

- Que la tenue d’élections dans toutes les assemblées du Cameroun français obéisse au

principe d’un seul collège électoral.

Cependant la loi-cadre conserve la position dominante de la France. Le parlement français

conserve ainsi les pouvoirs suprêmes en matière législative et ses lois priment sur les

décisions des assemblées territoriales. Les services publics de l’Etat n’étaient pas assujettis au

contrôle territorial.

Suite à l’édiction de cette loi, l’ATCAM, qui a été élue en 1952, fut dissoute en novembre

1956 pour ouvrir la voie à de nouvelles élections en décembre 1956. A la suite de ces

élections, l’ATCAM élabora un projet de statut pour le Cameroun français qui fut approuvé

en janvier 1957 par 59 voix pour et 8 contre. Ce statut devint opérationnel le 4 avril 1957. Le

Cameroun devint un Etat autonome.

9.3. Le Cameroun français devient « État sous tutelle du Cameroun » (1957)

Conformément aux prescriptions de la loi-cadre, le nouveau statut adopté par l’ATCAM

devait faire l’objet d’un décret du gouvernement de la France pour être effectif. Par le décret

n° 57-501 du 16 avril 1957, postant statut du Cameroun, le Gouvernement français de Guy

Mollet érigea le Cameroun français, jusqu'alors simple « territoire associé », en État, sous le

nom d' « État sous tutelle du Cameroun ». Le 1O mai 1957, l’ATCAM se mua en Assemblée

Législative du Cameroun (ALCAM). Le 15 mai 1957, André-Marie Mbida est investi

Premier Ministre de l’« État sous tutelle du Cameroun ». Il sera à la tête d’une coalition

gouvernementale de tous les partis ayant obtenu des sièges aux élections de 1956, à

l’exception de l’Action Nationale. Ahidjo fut nommé vice-premier ministre et ministre de

l’intérieur.

9.4. L’avènement de l’ « Etat du Cameroun » (30 décembre 1958)

L'Union française fut dissoute par la Constitution française du 4 octobre 1958. Son titre XII

lui substitua la Communauté, union de droit interne comprenant la République française,

d'une part, et certains de ses anciens territoires d'outre-mer, d'autre part. Le Cameroun

français ne fut jamais un État membre de la Communauté. En effet, après le rapport de la

mission de visite de la IVe commission de visite de l’assemblée générale concluant à la

31

capacité à s'administrer librement

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maturité du Cameroun français pour l’indépendance, le Gouvernement français de Michel

Debré transforma l'État sous tutelle du Cameroun en « État du Cameroun » par l'ordonnance

n° 58-1375 du 30 décembre 1958, portant statut du Cameroun. Auparavant, le 24 octobre

1958, l’ALCAM proclama solennellement la volonté du peuple camerounais d''''accéder à

l'indépendance le 1er janvier 1960.

II- la réaction Camerounaise à la domination étrangère : le

nationalisme32 ou la lutte pour la souveraineté du Cameroun

La volonté de se libérer du joug colonial s’est fait véritablement jour au lendemain de la

seconde guerre mondiale avec la création du premier parti nationaliste camerounais, l’UPC.

Mais, on retrouve déjà des velléités33

nationalistes au lendemain de la première guerre

mondiale.

A- Les velléités nationalistes des Douala (1919-1934)

Suite à la défaite de l’Allemagne au Cameroun, les Français ont éprouvé des difficultés à faire

accepter leur autorité par les douala. De fait, avant cette défaite allemande, les Douala avaient

acquis un haut niveau d’alphabétisme, ce qui leur a permis de formuler leurs demandes de

manière éloquente, avec insistance et sans peur aucune. C’est l’élite Douala qui était à

l’avant-poste des protestations des Douala contre l’administration française à Douala entre

1919 et 1934. Le rejet de l’administration française par les Douala avait plusieurs causes dont

les principales étaient :

- Pour les Douala, la défaite allemande mettait fin au traité de 1884. Ils attendaient de la

France la renégociation d’un autre traité.

- Les pouvoirs et l’influence des principaux chefs Douala avaient été réduits par les

français lorsqu’ils ont pris en main l’administration de cette ville. Le but des Français

étant l’assimilation, ils décidèrent de nommer les chefs qui s’accommodaient des

politiques de l’administration française et de déposer les récalcitrants. Très souvent les

chefs Douala étaient molestés par les autorités. Par exemple, le chef Akwa, Betola

Akwa, fut emprisonné après avoir été accusé et jugé pour torture.

- Plusieurs Douala voulaient l’autodétermination et l’autonomie interne. A titre de

rappel, très tôt en 1919, les Douala se sont exprimés contre le fait d’être gouvernés par

les Français. En décembre 1929, ils demandèrent à la SDN de mettre fin au mandat

français sur le Cameroun français. Ils sollicitaient pour leur territoire soit une

32

Mouvement revendiquant pour une communauté le statut de nation autonome. Doctrine et action politique des

individus qui cherchent à réaliser l’indépendance de leur nation en la libérant de la domination étrangère. 33

Intention passagère qui ne se réalise pas [Remarque d'usage: parfois péjoratif] Exemple : abandonner ses

velléités de réforme

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autonomie interne, soit qu’il soit déclaré territoire neutre sous le contrôle de la SDN.

Heureusement pour les Français que cette pétition n’était pas partagée par tous en

dehors de Douala dans la mesure où certains chefs, tel que Charles Atangana,

éprouvaient des ressentiments contre l’appel des Douala à l’autodétermination.

Les Douala voulaient prendre part à l’avenir post conflit de leur territoire. A cet effet, ils

adressèrent une lettre à la conférence de paix de Paris le 18 août 1918 où ils réclamaient que

le Cameroun fût un pays neutre ; que les Douala puissent avoir la possibilité de choisir la

puissance qui devra les gouverner en cas de rejet de la première doléance ; la fin de

l’expropriation ; la révision du procès de Rudolph Douala Manga et de Ngoso Din ; que la

désignation ou le dépôt des chefs soient faits par les Douala eux-mêmes et non le

gouvernement, etc.

B- la quête de la souveraineté au Cameroun français : l’upc

1- Un programme nationaliste

L’UPC fut créée le 10 avril 1948 à Douala par Leonard Bouly et non par Ruben Um Nyobe

qui était hospitalisé à ce moment à Sakbayémé. Ce fut le premier parti politique indigène du

Cameroun français. Il fut rejoint plus tard par Um Nyobe, Ernest Ouandié, Abel Kingue et Dr.

Félix-Roland Moumié. Son programme politique comportait trois principaux points :

- Politique. L’UPC appelait à la réunification des deux Cameroun et à l’indépendance

immédiate.

- Social. Il militait pour la lutte contre la ségrégation raciale et à l’extension du système

d’éducation secondaire sans discrimination.

- Economique. Il appelait à combattre la discrimination dans les prix des matières

premières.

L’UPC s’allia des organisations traditionnelles telles que le Ngondo des Douala, le Kumze

des Bamiléké, l’Union tribale Bantou des Boulou.

2. L’activisme34 de L’upc

L’UPC a tout mis en œuvre pour la réalisation de son programme. C’est ainsi qu’en décembre

1952, la IVe commission de l’ONU a reçu des pétitions de certains partis politiques

camerounais par les voix d’Um Nyobe pour l’UPC, de Charles Okala pour le parti socialiste

et d’Alexandre Douala Manga Bell pour le BDC. Um Nyobe appela à la réunification des

Cameroun occidental et Oriental et l’indépendance immédiate. Pour Charles Okala, l’idée

d’indépendance était prématurée pour le Cameroun français alors qu’Alexandre Manga Bell

34

Attitude politique qui préconise l’action directe. Attitude morale qui insiste sur les nécessités de la vie et de

l’action, plus que sur les principes.

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militait pour la continuité de la tutelle sur le Cameroun français. La position de l’UPC devant

l’ONU irrita vivement la France.

Le succès grandissant de l’UPC inquiétait tellement les autorités coloniales françaises

qu’elles décidèrent d’adopter des mesures pour frustrer ce parti. En 1955, Roland Pré, Haut-

Commissaire de la France au Cameroun, décida de transférer Moumié et Ouandié à Douala

afin de mieux contenir leur influence et celle de l’UPC. Cette politique mit le feu à la poudre.

En avril 1955, les évêques catholiques du Cameroun français publièrent une lettre pastorale

pascale anti-UPC. Ils y mettaient en garde les fidèles catholiques contre les méthodes prônées

par l’UPC pour réaliser son objectif d’indépendance. A ce moment, la tension était croissante

entre les militants de l’UPC et les autorités coloniales. Entre le 22 et le 26 Mai 1955, l’UPC

organisa des émeutes35

. La cause immédiate de celles-ci fut la hausse de 100% des taxes

journalières sur l’occupation des comptoirs et étales du marché central de Yaoundé. Les

protestations, qui naquirent à Yaoundé, se répandirent à Obala, Edéa, Mbanga, Loum et

Nkongsamba avec de violents affrontements entre les manifestants et les troupes

gouvernementales.

Les conséquences de ces émeutes furent profondes :

- Le 13 juillet 1955, l’UPC fut interdite ;

- Cette interdiction fit régner une atmosphère d’insécurité dans le Cameroun français

dans la mesure où l’UPC entra dans la clandestinité et devint un parti terroriste ;

- Certains militants de l’UPC fuirent vers le Cameroun Occidental ;

- Les émeutes coûtèrent la vie à 21 personnes et 114 furent blessés ; des villages et

propriétés furent brûlés ;

- L’administration coloniale française pris des reformes dans l’optique de satisfaire les

aspirations des populations et d’affaiblir l’UPC ;

35

Les causes de ces émeutes étaient politiques, économiques et sociales. Sur le plan politique, l’administration

coloniale française signa, en avril 1955, un décret instituant des conseils de village sous le contrôle des autorités

traditionnelles. Le but était d’impliquer les communautés locales dans les projets économiques, sociaux et

administratifs. Plus tard, Roland Pré visita le territoire et à la fin des résolutions furent prises qui, pour la plupart,

étaient anti-UPC. Par exemple, le transfert des militants UPC vers des régions impopulaires. Le 22 avril 1955,

l’UPC fit une proclamation appelant : à la fin de la tutelle sur le Cameroun ; à l’établissement d’une assemblée

nationale constituante avant le 1er

décembre 1955 ; et l’institution d’un comité exécutif devant faire office de

gouvernement provisoire. La France vit cela comme une provocation et une déclaration indirecte

d’indépendance. Sur le plan social, l’UPC s’est opposée aux organisations telles qu’Ad Lucem d’ Aujoulat. ; Ce

qui contribua à accroître l’hostilité entre les catholiques et l’UPC. Sur le plan économique, une crise économique

frappa le Cameroun français en 1955 avec la chute des prix des principales matières premières sur le marché

mondial. Les principaux projets d’investissement furent arrêtés, ce qui créa un grand chômage. Les travailleurs et

leurs syndicats demandèrent des augmentations de salaires et le respect des droits des syndicats. L’USCC

organisa des grèves sporadiques de janvier à mai 1955 à l’appui de leurs demandes. Ce malaise économique fut

accentué par une hausse des impôts en mai 1955. La cause immédiate des émeutes de 1955 fut la hausse de

100% des taxes journalières sur l’occupation des comptoirs et étales du marché central de Yaoundé. Les

protestations, qui naquirent à Yaoundé, se répandirent à Obala, Edéa, Mbanga, Loum et Nkongsamba avec de

violents affrontements entre les manifestants et les troupes gouvernementales.

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- L’UPC fut divisée en deux factions : la faction légale dirigée par Théodore Mayi

Matip et la faction en exil ou « terroriste » dirigée par Um Nyobe et, plus tard, par

Ouandié, Kingue et Moumié ;

- Les Colons demandèrent l'intervention des troupes françaises afin de protéger leurs

biens. Ils craignaient que les marxistes ne détruisent les plantations. Mbida réclama en

vain l'amnistie pour les opposants en prison ;

- Le gouvernement français promulgua la Loi-cadre en 1956.

Suite à l’édiction de cette loi (loi-cadre), l’ATCAM, qui a été élue en 1952, fut dissoute en

novembre 1956 pour ouvrir la voie à de nouvelles élections en décembre 1956. Paul Soppo

Priso, dans l’optique de présenter une position politique commune, fonda un nouveau parti le

Mouvement d'Action Nationale du Cameroun. Cependant, Mgr. Mongo tint une rencontre

avec Um Nyobe, qui est entré dans la clandestinité, afin de pouvoir créer un climat propice au

dialogue entre l’UPC et l’administration coloniale. Il échoua dans sa tentative. L’UPC, bien

qu’étant membre du Mouvement d’Action Nationale, décida de boycotter et de saboter les

élections par tous les moyens. Les autres partisans au second congrès du Courant d’Union

Nationale (Mouvement d’Action Nationale) s’accordèrent sur leur participation à ladite

élection.

Malgré les menaces, les sabotages et assassinats, les élections se tinrent normalement dans

presque toutes les régions et départements administratifs excepté la Sanaga-Maritime, fief de

l’UPC, où deux candidats furent assassinés. L'insurrection commença chez les bassa dans la

nuit du 18 au 19 décembre 1956 : plusieurs dizaines de personnalités hostiles à l'UPC furent

assassinées ou enlevées, des ponts, des lignes téléphoniques et d'autres infrastructures furent

sabotées. Des unités de la garde camerounaise réprimèrent violemment ces évènements ce qui

entraîna le ralliement des paysans aux maquis. Les troupes se retirèrent en mars 1957.

3- La poursuite de l’idée d’indépendance malgré l’interdiction de l’UPC

Cette Assemblée tint sa toute première session le 10 mai 1957 et, à cette occasion, l’hymne, le

drapeau et la devise furent choisis. L’ATCAM élabora aussi un projet de statut pour le

Cameroun français qui fut approuvé en janvier 1957 par 59 voix pour et 8 contre. Ce statut

devint opérationnel le 4 avril 1957. Le Cameroun devint un Etat autonome.

Conformément aux prescriptions de la loi-cadre, le nouveau statut adopté par l’ATCAM

devait faire l’objet d’un décret du gouvernement de la France pour être effectif. Par le décret

n° 57-501 du 16 avril 1957, portant statut du Cameroun, le Gouvernement français de Guy

Mollet érigea le Cameroun français, jusqu'alors simple « territoire associé », en État, sous le

nom d' « État sous tutelle du Cameroun ». Le 1O mai 1957, l’ATCAM se mua en Assemblée

Législative du Cameroun (ALCAM). Le 15 mai 1957, André-Marie Mbida est investi

Premier Ministre de l’« État sous tutelle du Cameroun ». Il sera à la tête d’une coalition

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gouvernementale de tous les partis ayant obtenu des sièges aux élections de 1956, à

l’exception de l’Action Nationale. Ahidjo fut nommé vice-premier ministre et ministre de

l’intérieur.

Le 19 février, Ahidjo est investi comme nouveau premier ministre à la tête d’un

gouvernement de coalition formé de l’UC, de l’Action Nationale des Paysans indépendants,

d’un ministre sans bannière politique et de trois autres nommés hors de l’ALCAM.

Ahidjo va bientôt amener le Cameroun sur les chemins de l'indépendance, une indépendance

contrôlée par la France en tous points de vue.

Son programme se déclinait donc ainsi :

- l’unité camerounaise qui ne signifiait pas seulement l’unité des parties nord et sud du

Cameroun français, mais aussi l’unité avec le Cameroun britannique ;

- une nation camerounaise qui signifiait la réalisation de l’indépendance dans un délai

raisonnable ;

- et la coopération franco-camerounaise dans une fédération d’Etats africains

indépendants impliqués dans une confédération avec la France

Le principe d’indépendance étant approuvé par la France, l’ALCAM modifia le statut de 1957

afin d’y incorporer cet élément nouveau. Ainsi, Le 12 juin 1958, l'Assemblée législative du

Cameroun prit une première résolution « affirmant l'option de l'État du Cameroun pour

l'indépendance, au terme de la tutelle »36

. Le 24 octobre 1958, elle prit une seconde

résolution « déclarant notamment la volonté du peuple camerounais de voir l'État (sous

tutelle) du Cameroun accéder à la pleine indépendance le 1er janvier 1960 »37

. Le 28 octobre

1958, la France informa la IVe commission de l’assemblée générale de l’ONU de

l’indépendance du Cameroun français.

Ce projet n’approuva pas l’assentiment de l’UPC pour qui c’était une imposture38

. déploya

l’énergie pour le contrecarrer.

4- La demande de rejet de L’upc du projet d’indépendance39 formulé par

Ahidjo

36

Ordonnance n° 58-1375 du 30 décembre 1958 portant statut du Cameroun, publiée au Journal officiel de la

République française n° 12113 du 31 décembre 1958 : préambule, premier alinéa. 37

Ordonnance n° 58-1375 du 30 décembre 1958 portant statut du Cameroun, publiée au Journal officiel de la

République française n° 12113 du 31 décembre 1958 : préambule, alinéa 2. 38

1. manipulation mentale consistant dans l'usurpation d'une identité ou de la responsabilité d'une action

(soutenu) Synonyme: mystification Exemple :les impostures savamment orchestrées d'un faussaire

2. manœuvre destinée à tromper les autres par l'utilisation abusive ou mensongère de principes éthiques

(soutenu) Exemple : l'imposture d'un programme électoral démagogique 39

Autonomie politique totale Exemple : un pays qui accède à l'indépendance

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Le 13 septembre 1958, Um Nyobe est tué près de Boumnyebel40

. Malgré cela, l’UPC continua

d’occuper la scène politique. Quand l’assemblée générale de l’ONU décida de discuter du

futur de l’indépendance du Cameroun français, Moumié accusa le gouvernement d’Ahidjo

d’être illégitime, d’être une création de Paris et la réunification n’était pas encore réalisée sous

l’égide de l’ONU. Pour ces raisons, Moumié appela la Ive commission à rejeter la demande

d’Ahidjo en faveur de l’indépendance. Les débats étaient dès lors suspendus au rapport d’une

mission de visite de l’ONU au Cameroun. En décembre 1958, cette mission rassembla assez

d’éléments pour convaincre la commission que le Cameroun français était mature et prêt pour

l’indépendance. En conséquence, l’assemblée générale de l’ONU se réunit pour examiner la

situation du Cameroun français. Le statut du Cameroun français de 1959 et le rapport présenté

par la mission de visite de l’ONU de 1958 œuvrèrent en faveur de l’indépendance du

Cameroun français. Le rapport en question rejeta toutes les demandes de l’UPC : dissolution

de l’ALCAM, nouvelles élections et un calendrier pour la réunification. En présence de 27

camerounais francophones, la IVe commission de l’assemblée générale de l’ONU ouvrit les

débats sur l’indépendance du territoire.

L’UPC rejetait l’ATCAM au motif qu’elle ne reflétait pas la volonté des Camerounais. A

cela, Ahidjo répondit que l’ALCAM avait en son sein les candidats de tous les partis ayant

remporté des sièges aux élections. Alors qu’Ahidjo avait le soutien du bloc de l’Ouest,

Moumié était soutenu par le bloc de l’Est. Le 12 mars 1959, le Conseil de tutelle de

l’Organisation des nations unies vota, par 56 voix contre 9 et 16 abstentions, l’annulation de

l’accord de tutelle et pour l’accession du Cameroun français à l’indépendance le 1er janvier

1960.

Le 1er janvier 1960, en présence du secrétaire général de l’ONU, Dag Hammarskjöld, Ahidjo

déclara l’indépendance du Cameroun français sous le nom de « République du Cameroun »

avec un drapeau vert-rouge-jaune. La cérémonie fut ensanglantée à Yaoundé et Douala par les

affrontements entre les terroristes de l’UPC et les troupes gouvernementales. Quarante

africains et trois européens furent tués. Le 10 avril 1960, l’ALCAM se mua en Assemblée

Nationale.

Le 21 février 1960, un projet de constitution fut soumis à un référendum et approuvé à une

écrasante majorité de 797490 voix. Le 5 mai 1960, S.E Ahmadou Ahidjo fut élu président de

la République. Il chargera donc Monsieur ASSALE Charles de former le premier

gouvernement du Cameroun indépendant. Le Cameroun entre comme membre de l’ONU le

20 septembre 1960.

C- La quête de la souveraineté au Southern Cameroons

40

Pour Ramadier, sa mort fut une grosse et irréparable erreur.

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Formé en juin 1953, le « Kamerun National Congress » (KNC) fut le premier parti politique

indigène au Cameroun occidental. Endeley en fut le président alors que Dibongue en fut le

Patron.

Cependant, le KNC était un ramassis de plusieurs aspirations politiques pour le territoire : les

autonomistes, conduits par Endeley, qui voulaient une région autonome pour le Cameroun

occidental mais dans la fédération nigériane ; les sécessionnistes dirigés par P.M. Kale et

généralement les autorités traditionnelles, qui voulaient la séparation d’avec le Nigeria et

demeurer un Etat indépendant ; le courant réunificationniste dirigé par Dibongue et plus tard

par Ndeh Ntumazah ; et enfin, le courant dirigé par Foncha pour qui il fallait s’en tenir à la

volonté du peuple et à elle seule.

Ce faisant, le KNC quitta la NCNC.

Malgré les succès fulgurants du KNC aux élections de 1953 et 1954 sur un programme

politique de séparation d’avec le Nigeria, Endeley et certains membres du KNC se mirent de

plus en plus à brandir plutôt l’option de l’autonomie au sein de la fédération du Nigeria, ce

qui n’était pas du goût de certains autres militants. La division fut totalement consommée

lorsqu’ Endeley signa une alliance avec l’ « Action Group41

». En 1955, Foncha quitta le

KNC et, avec Augustine Ngom Jua, fonda le « Kamerun National Democratic Party »

(KNDP) qui adopta comme programme la séparation d’avec le Nigérian. Dans certaines

localités, il est allé jusqu’à défendre la réunification avec le Cameroun oriental, programme

qui coïncidait avec celui de l’UPC ; ce qui permit aux deux partis de travailler ensemble.

Mais, en 1957, Felix Moumié et plusieurs autres membres de l’UPC du côté oriental du

Cameroun, en mission au Cameroun occidental, furent expulsés du Cameroun occidental vers

l’Egypte sur ordre du gouverneur général du Nigéria et à la requête d’Endeley. A la suite de

cette expulsion les membres de l’UPC côté occidental créèrent le « One Kamerun » (OK) sous

la direction de Ndeh Ntumazah.

Ainsi, en 1957, quatre partis politiques se partageaient la sphère politique au Cameroun

occidental.

Aux élections de 1959, le KNDP obtenu 14 sièges sur les 26 possibles contre 12 pour la

coalition KNC-KPP. Foncha (du KNDP) devint premier ministre du Cameroun occidental. La

défaite de l’alliance KNC-KPP mit en exergue les dissensions entre ces deux partis. Mukete

quitta le KNC et rejoint le KNDP cependant que Kale quitta le KPP pour former le

« Kamerun United Party » (KUP) qui appela à la séparation d’avec le Nigeria et à

l’indépendance du Cameroun comme entité politique séparée.

L’assemblée Général des nations unies, au cours de sa session de Mars 1959 avait adopté sur

le Cameroun britannique une résolution qui recommandait à la grande Bretagne d’organiser

41

Parti politique nigérian.

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sous la surveillance des Nations Unies, des plébiscites séparés dans la partie septentrionale et

dans la partie méridionale du Cameroun pour connaitre le désir des populations sur leur

avenir. Un premier plébiscite à lieu 07 Novembre 1959 au Cameroun, selon le vœu de l’ONU

pour savoir si cette partie du pays désire faire partie du Nigéria ou pas, la majorité se

prononce négativement. Un autre plébiscite intéressant les deux parties du Cameroun, a lieu

le 11 février 1961, le Cameroun septentrional se prononce pour le rattachement42

au Nigéria,

le 1er Juin 1961 la partie septentrionale de notre pays est rattachée au Nigéria ce jour est

considéré comme deuil national au Cameroun.

Le Cameroun méridional43

se prononce pour la réunification avec la république du Cameroun.

Le 09 juillet 1961, une conférence réunit à Foumban, le délégué des 02 parties du pays pour

jeter les bases constitutionnelles de la future fédération ; la célébration est fixée et célébrée le

1er Octobre 1961, la République Fédérale du Cameroun réunit à nouveau les 02 parties du

pays séparées depuis plus de 40 ans ;

Conclusion

L’Allemagne a commencé à construire l’Etat du Cameroun en le dotant de frontières. Mais, il

était sous sa domination. C’est dire que le destin du Cameroun était pensé et décidé par les

Allemands. Si la première guerre mondiale a donné l’opportunité au Cameroun de se mettre

en contact avec de nouveaux acteurs de la scène internationale, ce changement

d’interlocuteurs n’a mis fin à sa soumission aux autres qu’à partir du moment où les

Camerounais se sont décidés à être maîtres de leur destin. De ce fait, le Cameroun, devenu

indépendant en 1960, accède à la pleine souveraineté et devient un acteur à part entière des

relations internationales. A partir de ce moment, on peut supposer qu’il a la latitude de définir

ses liens non seulement avec ses voisins africains, mais aussi avec le reste du monde.

Pour d’amples précisions sur le rôle de certains grands personnages historiques et

politiques du Cameroun, lire les cours sur « les conquêtes et résistances au Cameroun »

(cours d’histoire des classes de Première ESG et des classes de Terminale EST) et « les

partis politiques au Cameroun » (cours d’ECM des classes de Première ESG)

42

La partie septentrionale du Cameroun sous tutelle britannique, par 60% des suffrages exprimés, choisit de se

rattacher au Nigeria. Ce pourcentage, qui fut vraisemblablement obtenu grâce à certaines irrégularités, fit couler

beaucoup d’encre et de salive et suscita une vague de protestations. 43

La partie méridionale du territoire sous tutelle britannique choisit, par voie référendaire et à une écrasante

majorité de 233571 voix contre 9774, d’accéder à l’indépendance et de se rattacher à la République du

Cameroun.

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LE CAMEROUN DANS LES RELATIONS INTERNATIONALES

LE CAMEROUN COLONIAL

SANGO MATHIAS

07 septembre 2013

BIBLIOGRAPHIE

- Victor Julius Ngoh, History of Cameroon since 1800, Presbook, Limbe, 1996.

- Etude socio-économique du littoral camerounais,

http://plusdegeographie.1fr1.com/methodes-b6/le-littoral-camerounais-b6-p10.htm

- "Mandat (histoire)." Microsoft® Encarta® 2009 [DVD]. Microsoft Corporation, 2008.

- Histoire du Cameroun, http://www.spm.gov.cm/en/cameroon/history.html

- Histoire du Cameroun : aux origines...,

http://www.camfaith.org/origines_cameroun.php

- Histoire du Cameroun, http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_du_Cameroun

- "Société des Nations [SDN]." Microsoft® Encarta® 2009 [DVD]. Microsoft

Corporation, 2008.