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Les diarrhées infectieuses et parasitaires de la génisse

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Les diarrhées infectieuses et parasitaires de la génisseLes diarrhées constituent le problème de santé numéro 1 dans l’élevage du jeune veau. D’un point de vue zootechnique, elles entraînent des retards de croissance fortement préjudiciables à la croissance de la génisse. Les symptômes sont similaires quelle que soit la cause. Le diagnostic repose sur l’existence de symptômes associés et l’âge d’apparition. De multiples agents microbiens ou parasitaires sont les hôtes naturels ou pathologiques du tube digestif du veau.

Leurs natures conditionnent les étapes du diagnostic et la conduite prophylactique. Les principaux agents pathogènes responsables de diarrhée chez le veau sont des bactéries (surtout des colibacilles), des virus (en particulier le rotavirus et à moindre degré le coronavirus) et enfin des parasites (essentiellement des cryptosporidies).

Période d’expression des différents agents pathogènes

Principaux agents responsables de diarrhées chez le veau

Bactéries Virus Parasites

E. Coli (colibacilles) : ETEC, EPEC, VTEC Salmonella Clostridium Campylobacter

Rotavirus Coronavirus Virus BVD/MD (maladie des muqueuses) Torovirus (Breda Virus) Calicivirus (norovirus), etc

Cryptoporidies Giardies Coccidies (animaux de + de 3 semaines) Candida Toxocara Strongyloides

Liste non exhaustive. En gras, figurent les agents les plus souvent rencontrés

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Rotavirus

E coli ETEC

Cryptosporidies

Coronavirus

Coccidies

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Signes précurseurs Périodes Traitement Prévention

E. Coli

Veau (très) malade, Fécès liquides à grumeaux. Fièvre ou hypothermie Déshydratation

1ère semaine Consultez votre vétérinaire

Consultez votre vétérinaire

Diarrhée alimentaire

Diarrhée jaunâtre, onctueuse. Veau un peu abattu. Absence de fièvre

1-3ème semaine

Supprimer un repas de lait et remplacer par une buvée d’eau sucrée. Ne pas hésiter à donner un purgatif léger.

Hygiène Respect du plan d’alimentation

Rotavirus

Diarrhée jaunâtre, pâteuse à liquide. Veau abattu et mou. Température entre 38 et 39.5°C

1-2ème semaine

Fractionner les repas + boisson d’électrolytes (1 jour et ensuite du lait). + 10% de colostrum (indemne de paratuberculose)

Hygiène, colostrum

Cryptospo- ridiose

Diarrhée blanche - jaune- verte et acqueuse. Souvent avec du sang

2-3ème semaine Médicaments. Hygiène, colostrum

Coccidiose

Diarrhée marronverte, liquide souvent avec du sang. Veau chétif, amaigri

4ème semaine et +

Médicaments. Vérifier le plan d’alimentation

Eviter le contact fécès aliment. Contrôler la ration. Eau propre. Hygiène.

Lait dans le rumen

Diarrhée marron-grise, argileuse, veau au ventre ballonné avec clapotis

4ème semaine et +

Forme aiguë : vider la panse, tétine. Forme chronique : sevrer le veau.

Améliorer le protocole d’alimentation surtout des veaux malades

Les signes cliniques peuvent varier fortement, entre autres, à cause d’infections mixtes.

Rotavirus en 1er diagnostic Diarrhée alimentaire en 1er diagnostic

Coccidiose en 1er diagnostic

E. Coli en 1er diagnostic Cryptosporidiose en 1er diagnostic Lait dans le rumen en 1er diagnotic

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Les agents bactériens responsables de diarrhée Colibacilles Les bactéries sont avant tout des colibacilles. Les colibacilles sont des entérobactéries à Gram-, hôtes habituels du tube digestif. Les bactéries telles que les ETEC (E. coli entéro-toxinogène) provoquent une diarrhée néonatale en produisant des entérotoxines qui stimulent les sécrétions intestinales. Après une étape initiale d’adhésion aux cellules intestinales, les bactéries se multiplient localement et libèrent des toxines dans la lumière intestinale. S’ensuit alors une fuite hydrique d’origine toxique et donc de la diarrhée.

Autres agents bactériens

Les salmonelles ne doivent pas être négligées, surtout en élevage laitier, car elles représentent un risque zoonotique. Enfin, des clostridies et des campylobacters (avec là encore un risque zoonotique) peuvent aussi être rencontrés lors de diarrhées du veau. Les salmonelles sont elles aussi des entérobactéries à Gram– mais elles ne sont qu’occasionnellement détectées dans le tube digestif des animaux. Les clostridies sont des bactéries à gram+ anaérobies strictes sous estimées en pathologie néonatale du veau. Deux espèces de clostridies sont responsables de diarrhée néonatale du veau : Clostridium Perfringens et clostridium sordelli.

Les virus Les virus entériques (de même que les parasites) provoquent une diarrhée néonatale en détruisant les cellules épithéliales. Après une phase d’adhésion suivie d’une invasion des cellules entérocytaires, les virus occasionnent des lésions au niveau des muqueuses, à l’origine d’une malabsorption. L’absorption de l’eau, des électrolytes et du lactose est diminuée. Les lésions sont plus ou moins marquées selon l’agent concerné. En effet, la destruction des villosités lors de coronavirus ou de BVD est plus importante que lors de rotavirus. En plus de la diminution de l’absorption, une augmentation des sécrétions apparaît.

En outre, la poursuite d’une alimentation « classique » conduit à la présence dans l’intestin grêle de nutriments en excès par rapport aux capacités diminuées d’absorption. Cela entraîne une fuite hydrique d’origine osmotique, ainsi que des fermentations bactériennes indésirables dans le gros intestin. La diarrhée induite par une infection virale est pâteuse à liquide, fétide, avec parfois la présence de sang.

Les virus intestinaux les plus courants sont les rotavirus. Plus rares mais responsables d’une maladie plus sévère, les coronavirus sont également assez fréquents.

Rotavirus Les rotavirus sont de petits virus très résistants dans le milieu extérieur, notamment en présence de matières organiques (peut-être même d’une saison de vêlage à l’autre). Ces virus sont peu immunogènes et la contamination se fait par contamination digestive d’où l’intérêt de la vaccination des mères par voie parentérale. L’immunogénicité est accrue avec le nombre de stimulations

vaccinales, ce qui explique, pour partie, l’intérêt du colostrum des vaches les plus anciennes et justifie certains protocoles consistant à effectuer une primovaccination tous les ans. Seuls, ces virus sont responsables de diarrhées bénignes avec une morbidité élevée mais une mortalité faible mais ils ouvrent surtout la porte à d’autres agents pathogènes.

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Coronavirus Les coronavirus sont responsables de l’apparition de diarrhée sévère chez le veau âgé de 5 jours à 3 mois. Ils peuvent être également à l’origine d’une pneumopathie, la contamination par voie aérienne via les muqueuses nasale et oculaire étant possible.

Virus BVD Le virus BVD ou virus de la maladie des muqueuses est présent dans le tube digestif des IPI (infectés permanents immunotolérants) comme des infectés transitoires. Son rôle dans les diarrhées néonatales est controversé. La différenciation clinique entre maladie des muqueuses néonatale et diarrhée néonatale due à une infection aiguë par le virus BVD est délicate.Les parasites

Les affections parasitaires du veau avant le sevrage impliquent une exposition, non seule-ment à un agent pathogène, mais également à des facteurs environnementaux, d’hygiène et de gestion d’élevage. Le parasitisme digestif constitue l’une des atteintes sanitaires les plus courantes chez les ruminants. La plupart du temps, les animaux hébergent des parasites sans manifestation clinique. Un équilibre s’établit entre les parasites et le système immunitaire de l’hôte. Cet équilibre est beaucoup plus difficile à établir chez les jeunes individus dont le sys-tème immunitaire est encore immature. Il peut être rompu par tout facteur environnemental ou intrinsèque défavorable, ce qui conduit alors à des manifestations cliniques parfois très graves. Les affections parasitaires digestives du veau avant le sevrage ont en commun le fait de se manifester plus intensément chez des animaux jeunes et fragiles, de présenter une expression clinique sous la dépendance de différents facteurs environnementaux et d’être à l’origine de pertes économiques considérables dues à la difficulté et au coût du traitement ou aux pertes de production.

Cryptosporidiose à Cryptosporidium parvum Cryptosporidium est un parasite qui appartient à la classe des coccidies. L’ingestion d’ookystes sporulés conduit à la libération des formes infectantes dans la lumière intestinale. Elles se fixent dans la bordure en brosse des entérocytes, entre les microvillosités. Des ookystes directement infectants sont produits. Certains sont à l’origine d’une auto-infection et d’autres sont émis dans le milieu extérieur avec les selles. La période qui sépare l’ingestion d’ookystes infectants et l’excrétion est courte : la totalité du cycle est réalisée entre 2 et 5 jours.

La cryptosporidiose à C. Parvum s’exprime lorsque les concentrations animales sont élevées avec parfois des pics notamment en fin de période des naissances. La résistance des ookystes émis dans le milieu extérieur est très longue. Ainsi, la viabilité d’un ookyste dépasse un an à 4°C et plusieurs mois dans le sol.

La transmission est oro-fécale : les veaux se contaminent lors de l’ingestion d’aliments ou d’eau contaminés par des ookystes sporulés. Dans les étables, la transmission peut également s’effectuer de veau à veau.

La conduite d’élevage est le principal facteur qui influe sur l’expression d’une cryptosporidiose clinique dans un élevage : les mélanges d’animaux d’espèces et d’âges différents, les fortes concentrations animales et une mauvaise hygiène d’élevage sont impliqués.

Les symptômes apparaissent en général à l’âge de 7 à 15 jours (avec une variabilité entre 3 et 21 jours). La maladie est caractérisée par une diarrhée aiguë intermittente, verdâtre, aqueuse et nauséabonde. Ces signes sont accompagnés de dépression et d’abattement, d’anorexie et de perte de poids.

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Eimeriose Les eimerioses bovines, communément appelées coccidioses sont dues à la présence et à la multiplication de coccidies du genre Eimeria dans les cellules épithéliales de l’intestin du jeune bovin. Les ookystes sont rejetés avec les selles sur le sol. A ce stade, ils ne sont pas infectants (forme non sporulée).

Les ookystes subissent une sporogonie (passage de la forme non sporulée à la forme sporulée et donc à la forme infectante). L’humidité relative (en général > 70%), la température (> 20°C) et la présence nécessaire d’oxygène sont des facteurs qui conditionnent la réalisation de cette étape. L’ingestion de ces ookystes conduit au développement intracellulaire du parasite puis au rejet de nouveaux ookystes non sporulés avec les matières fécales. Les ookystes sporulés peuvent résister de 12 à 18 mois.

Les coccidioses interviennent à partir de l’âge de 3 semaines au moins et se déclarent chez des animaux fragilisés à la faveur de circonstances stressantes (transport, sevrage,…).

L’impact économique des coccidioses est considérable et résulte probablement davantage des pertes liées aux manifestations subcliniques de l’affection plus fréquentes (perte de valeur marchande, retard de croissance), qu’aux manifestations cliniques.

La coccidiose est une maladie plurifactorielle et, comme pour la cryptosporidiose, l’influence des facteurs qui découlent de fortes concentrations animales est fondamentale. Une diarrhée séreuse verdâtre peu évocatrice apparaît initialement. Les matières fécales rejetées contiennent du sang qui donne la couleur sombre et l’odeur nauséabonde caractéristiques. L’état général de l’animal demeure bon à ce stade et l’appétit est conservé. Un ou deux jours plus tard, la diarrhée devient très abondante avec de volumineux caillots de sang dans les fécès.

Les diarrhées néo natales des veaux sont des affections automno-hivernales d’intérieur. Les cas sont plus nombreux de décembre à avril avec un pic entre janvier et mars. A mesure que la saison de vêlage avance, les nouveau-nés sont soumis à une pression d’infection de plus en plus élevée. Cela conduit à une augmentation de la proportion de veaux présentant une affection digestive, généralement plus sévère.

Par leur origine essentiellement infectieuse, les diarrhées du veau voient leur incidence croître dans les élevages où la pression d’infection augmente et dont les veaux ont une immunité insuffisante (défaut de transfert colostral ou facteurs stressants comme le froid).

Ainsi, un des facteurs de risque principaux est donc constitué par un mauvais transfert de l’immunité : soit le veau a ingéré son colostrum en quantité insuffisante ou trop tardivement, soit le colostrum était de qualité médiocre. L’environnement des nouveau-nés est aussi un facteur clé dans l’apparition des diarrhées : le confort (paillage abondant, surface et volume d’air suffisants, absence de courant d’air) et l’absence de cohabitation avec des animaux d’autres classes d’âge sont 2 aspects essentiels à contrôler dans l’objectif d’une lutte contre ces affections.