rapport 2013 enda tm

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    2013 - enda tiers monde / Organisation internationale non gouvernementale

    Publication :ENDA Tiers Monde / Secrtariat excutif

    Citation : Enda Tiers Monde/ Secrtariat excutif, Rapport annuel 2013, Alternatives au-del des OMD,Dakar, Sngal, mai 2013, 88 pages

    Responsable de la rdaction : Mouhammad Fatih MBENGUE

    Photos de couverture : Enda Tiers Monde

    Infographie : Alassane DIOP

    Impression : Polykrome(Dakar, Sngal)

    Rapport disponible auprs du Secrtariat excutif dEnda Tiers Monde :Complexe SICAP-Point E

    Avenue Cheikh Anta Diop X Canal IV

    BP :3370 - DAKAR (Sngal)

    Tl. : +221 33 869 99 61

    Fax :+221 33 860 51 33

    Standard : +221 33 869 99 48

    Email :[email protected]

    Site Web :http://www.endatiersmonde.org

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    Table des matires

    SIGLES ET ACRONYMES ...............................................................................................................................................4

    EDITO ...............................................................................................................................................................................................7

    PREMIRE PARTIE : Lagriculture familiale garante de la souverainet alimentaire.. 10

    DEUXIME PARTIE : Pour une vision alternative au-del des OMD........................................24

    CHAPITRE 1- Agriculture et souverainet alimentaire..................................................................................27

    CHAPITRE 2-Energie et changement climatique..............................................................................................32

    CHAPITRE 3-Gestion des ressources naturelles.............................................................................................37CHAPITRE 4-Villes et gouvernance inclusive ....................................................................................................43

    CHAPITRE 5-Accs leau et gestion des dchets........................................................................................52

    CHAPITRE 6- Sant pour tous et prvention........................................................................................................59

    CHAPITRE 7- Jeunesse et ducation alternative...............................................................................................67

    CHAPITRE 8-Autonomisation des femmes..........................................................................................................75

    CHAPITRE 9- Commerce et intgration rgionale. ...........................................................................................80

    Partenariats ENDA-CEDEAO................................................................................

    92

    LISTE DES ENTITES DENDA.................................................................. ..................................................................100

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    Siglesetacronymes

    ACP

    ADPIC

    AEJT

    AGR

    AIAF

    AICAPC

    APE

    AREED

    BCE

    BID

    BIT

    BP

    BRICS

    CADDEL

    CAE

    CEDEAO

    CEREEC

    CGLUA

    CILSS

    CNCR

    CNEAP

    COPAGENCORAF

    CRDI

    CTS

    DES

    DSRP

    ECB

    ENDA TM

    ETA

    FAO

    FARA

    FAREM

    FASER

    FCR

    FIDA

    FOSCAO

    FRM

    GIEGIEC

    Accord sur les aspects des droits de la proprit intellectuelle touchant au commerce

    Association des enfants et jeunes travailleurs

    Activits gnratrices de revenus

    Anne internationale de lagriculture familiale

    Agriculture intelligente face au climatApproche par les comptences

    Accord de partenariat conomique

    Afrique Rural Energy Enterprise Development

    Banque des connaissances endognes

    Banque islamique de dveloppement

    Bureau international du travail

    Budget participatif

    Brsil, Russie, Inde, Chine, South Africa

    Confrence africaine de la dcentralisation et du dveloppement local

    Communaut de lAfrique de lEst

    Communaut conomique des Etats de lAfrique de lOuest

    Cits et gouvernements locaux unis dAfrique

    Comit inter Etat de lutte contre la scheresse au Sahel

    Conseil national de concertation des ruraux

    Collectif national de lducation alternative populaire

    Coalition pour la protection du patrimoine gntiqueConseil ouest et centre-africain pour la recherche et le dveloppement agricoles

    Centre de recherche pour le dveloppement international

    Comit technique de suivi

    Diplme dtudes spcialises

    Document de stratgie de rduction de la pauvret

    Ecole communautaire de base

    Environnement et dveloppement du Tiers Monde

    Ecole du terroir agrocologique

    Food and Agriculture Organization

    Forum for Agricultural Research in Africa

    Fonds dappui la rinsertion des migrants de retour

    Fdration des associations des Sngalais de lextrieur de retour

    Formation coin de rue

    Fonds international de dveloppement agricole

    Forum des organisations de la socit civile de lAfrique de lOuest

    Forum rural mondial

    Groupement dintrt conomiqueGroupe dexperts intergouvernemental sur lvolution du climat

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    GPF

    GRN

    HCR

    ICMD

    ICPAC

    IDSIEPF

    IFDD

    IGMVSS

    IMF

    IST

    IWPAR

    MAEJT

    NASAN

    ODD

    OMD

    OMC

    OMS

    ONG

    OIDP

    OLZT

    PAM

    PAOSPMA

    PNUD

    PNUE

    POSCAO/AC

    PPIV

    REPAOC

    REPTA

    ROPPA

    SLEC

    TEC

    TVA

    UEMOA

    UICN

    UNFPA

    UNICEF

    UNITAR

    VIH

    Groupement de promotion fminine

    Gestion des ressources naturelles

    Haut commissariat aux rfugis

    Initiative conjointe pour la migration et le dveloppement

    IGAD Climate Prediction and Applications Centre

    Institute of Development StudiesInstitut de lnergie des pays ayant en commun lusage du franais

    Institut francophone du dveloppement durable

    Initiative de la Grande muraille verte pour le Sahara et le Sahel

    Infections sexuellement transmissibles

    Informal Waste Pickers And Recyclers

    Mouvement africain des enfants et jeunes travailleurs

    Nouvelle alliance pour la scurit alimentaire et la nutrition

    Objectifs de dveloppement durable

    Objectifs du millnaire pour le dveloppement

    Organisation mondiale du commerce

    Organisation mondiale de la sant

    Organisation non gouvernementale

    Observatoire international de la dmocratie participative

    Organisations locales des zones transfrontalires

    Programme alimentaire mondial

    Plan damnagement et doccupation des solsPays les moins avancs

    Programme des Nations Unies pour le dveloppement

    Programme des Nations Unies pour lenvironnement

    Plateforme des organisations de la socit civile de lAfrique de lOuest pour les Accords de Cotonou

    Petits primtres irrigus villageois

    Rseau des plateformes dONG dAfrique de lOuest et du Centre

    Rseau Education pour tous en Afrique

    Rseau des organisations paysannes et des producteurs de lAfrique de lOuest

    Schma de libralisation des changes de la CEDEAO

    Tarif extrieur commun

    Taxe sur la valeur ajoute

    Union montaire ouest-africaine

    Union internationale pour la conservation de la nature

    United Nations Population Fund

    United Nations of International Childrens Emergency Fund

    United Nations Institute for Training and Research

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    Enda, btisseur dalternatives...

    Moussa MBAYESecrtaire excutif

    Pour un monde plus convivial, juste et durable

    Le rseau international ENDA TiersMonde sactive depuis sa cration,au lendemain de la Confrence deStockholm sur lEnvironnement et leDveloppement (1972), dans de nom-breux secteurs du dveloppement

    durable. ENDA sengage dans lapromotion de socits plus justes et plusquitables, plurielles et inclusives, pourle changement politique, conomique etsocial. ENDA travaille concrtement parle biais de la recherche action, lexpri-mentation, laccompagnement, lassis-tance technique, la pression politique etla mobilisation sociale et citoyenne pourrduire la pauvret dans le monde.

    La ralisation de ses missions passe

    par le protagonisme social, linnova-tion permanente (en rapport avec lespopulations, leurs intrts, moyens etlogiques), la visibilisation des exprimen- critique sur les contextes et enjeux dedveloppement, aux chelles locales,nationales, rgionales et internationales.Il sagit globalement de repenser ledveloppement avec une pense propreet alternative, en lien avec les mouve-ments sociaux porteurs de progrs pourlhumain et la terre.

    Parmi les grandes ONG internationales,ENDA TM se singularise par le fait dtre

    n au Sud et de stre dvelopp essen-tiellement partir du Sud. Paralllement son implantation et son dveloppementen Amrique latine (Colombie, Rpubliquedominicaine, etc.), en Asie (Vietnam etInde), en Afrique de lEst (Ethiopie), danslocan indien (Madagascar), en Afriquedu Nord (Maroc et Tunisie), et en Afriquecentrale (Cameroun), cest au Sngalet en Afrique de lOuest (Mali, Gambie,Guine-Bissau, Cap-Vert, Burkina Faso,etc.) que la majorit de ses actions se d- plus vulnrables.

    Organisation non gouvernementaleinternationale ne au Sud, pour ser-vir les peuples du Sud, ENDA a, depuistoujours, men son combat contre lamarginalisation des dfavoriss etpour le dveloppement durable, deux

    niveaux. Dabord, en agissant la baseen faveur de lamlioration des condi-tions de vie des groupes vulnrables.Ensuite, en prenant une part active dansla bataille des ides, qui implique unengagement fort dans la recherche-action pour le dveloppement, lelobbying et le plaidoyer lors desconfrences internationales, le combatcontre toutes formes dhgmonie, etc.

    En septembre 2012, lAssemble

    gnrale, tenue Dakar, a entrin latransformation de lorganisation ENDATM en un rseau dassociations auto-nomes, partageant les mmes vision

    Une nouvelle configuration,un nouvel lan

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    Objectifs du millnaire pour le dveloppement.12 Objectifs de dveloppement durable.

    et mission, avec un secrtariat excutifassurant le lien et la cohsion ncessaires la convergence vers le mme but.

    La solidarit, la complmentarit et lacohrence du rseau reposent notam-ment sur une Plateforme stratgique

    faon participative. La mise en place,pour et par les membres du Rseau,dune telle plateforme permet dedisposer dun instrument dadhsionqui garantit la cohrence et la conver-gence stratgique dans le rseau ENDA.Cette plateforme sert de cadre dactionet de collaboration politique, strat-gique et oprationnelle, aussi bien eninterne quen externe. La PSC est dotedun horizon de 5 ans qui se renouvelle

    selon lvolution des contextes, des en-jeux et des priorits politico-stratgiquesau niveau local, national, rgional et inter-national .

    Ainsi, sa grande diversit thmatiqueet gographique trouve un cadre decohrence et de convergence valoris par sur les processus majeurs de lagenda dudveloppement.

    Le Rseau sappuie sur des entitschampionnes dans leurs domaineset dont les acquis et ralisations sontvalorises, en tenant compte duprincipe de subsidiarit, dans ledialogue politique, le plaidoyer et larplication dexpriences russies dansdautres contextes domines par desproblmatiques similaires. Le secrtariatexcutif, dans son nouveau rle,cherche apporter une plus-valuesupplmentaire aux ralisations desentits, mettre en perspective leursinitiatives dautres chelles,favoriser leur coopration sur des enjeuxcommuns, pour un impact et unecrdibilit collective renforcs, tout enveillant la consolidation de lensemble etau respect du principe de responsabilitpar chaque associ.

    Les nouveaux paradigmes du change-ment social et de lagenda international du

    dveloppement (OMD, ODD, etc.) devanttre btis dans une approche bottom-up,avant dtre consacrs linternational,ENDA la particularit

    dtre lune des rares organisations enmesure de soutenir une telle approcheaux chelles indiques. Larticulationdes chelles et linterface entre lesdiffrents acteurs qui sy meuventsont en effet des contributions essen-tielles pour assurer la pertinence des -

    cit de leur mise en uvre. ENDA estdevenu un rseau capable de relier lesdiffrents bouts dun systme internatio-nal qui loigne les pauvres des riches,discrimine les catgories faibles etmarginalises, gnre lexploitation depays et rgions entires par les multinatio-nales et les Etats dominants. Il sallie auxmouvements sociaux et autresorganisations progressistes, pour leverla voix contre les injustices, inventer un

    nouvel ordre mondial rconciliantlhumanit avec ses valeurs positives,et faire remonter les logiques souter-raines, celles des gens den bas , leursproblmes et leurs solutions propres, pour

    Sur ces bases, le rseau internatio-nal ENDA TM construit des positionscommunes sur des thmes concrets lui permettent davoir une voix forte et

    les scnarios rgionaux ou internationauxde reprsentation (Rio+20, Forum socialmondial, Forum social africain, etc.). Lescontributions et le rle jou dans de telsscnarios seront capitaliss en faveur denouveaux projets, publications, alliances,processus ducatifs et autres potentiali-ts.

    Quant aux alliances, elles sont lies

    aux postures stratgiques : ENDAa conscience que le changementest laffaire de tous et svertue btir des alliances avec une massecritique dacteurs, pour contribuer deschangements sociaux, politiques,environnementaux, conomiques et

    Pour atteindre de tels objectifs, lesmembres du Rseau sassocient dansdes groupes thmatiques et gogra-

    phiques, pour organiser les convergencesncessaires, avec lappui du secrtariatexcutif, et avoir un impact collectif surles grands enjeux.

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    Btir des alternatives pour undveloppement durable et quitable

    Mme si la philosophie daction qui aprsid la formulation des OMDdiffre fondamentalement de celledENDA, force est de reconnaitre queleur ambition croise maints gards

    ses proccupations de toujours,autant dans les domaines de la scuritalimentaire, de lducation, de lgalit, delaccs aux soins et de la prservation delenvironnement, que dans celui dela promotion dun partenariat juste etquitable pour le dveloppement. A lheuredu bilan (rapidement esquiv) et de la 2012, y compris les ODD, il est impor-tant pour les pays du Sud dlargir les

    perspectives et dasseoir de vritablesprocessus de transformations cono-miques, sociales, culturelles et environne-mentales bien ancrs.Si ENDA insiste sur un progrs cono-mique inclusif et redistributif, il ne sagitpas l de charit ou daction humani-taire base sur une bonne volont sou-cieuse de rpondre une demande dite sociale . Il sagit plutt de requali- systme qui, au fond, ne peut sepasser deux) pour arriver transformer lastructure mme de lconomie : redistri-buer, pas seulement par llite, mais aussi etsurtout par le bas, cest soutenir lademande et habiliter le maximum depersonnes, comme acteurs cono-miques de dveloppement, dansun jeu somme positive. Un statutadapt pour les acteurs de lconomiedite non formelle (cratrice de richesseset demplois, et qui nest pas consid-

    rer comme rebut pour des gens condam-ns la dbrouillardise) et une inclusivedonnent la possibilit de trans-former le plus grand nombre de per-sonnes actives en vritables contri-buables. Par ailleurs, alors quelleapporte, par exemple, prs dun tiersdu PIB du continent africain et emploie65 70 % de la population, lagricul-ture familiale est, sans nul doute, unlevier important qui permettra de crer

    plus de croissance inclusive, dansune perspective durable (rpartitionquitable de la croissance ; rduc-tion des disparits spatiales, cono-

    miques et sociales entre les villes et lescampagnes). Une gouvernance fon-cire responsable est ncessaire pouramnager les conditions de sondveloppement optimal, notamment au vudes tendances inquitantes dacquisitionmassive de terres arables dans les paysdu Sud.

    Une action courageuse et quotidiennedoit tre entreprise pour la concrtisa-tion des droits conomiques, sociauxet environnementaux, notamment pourles plus dfavoriss. Dans ce sens,lautonomisation des secteurs sociauxexclus, des femmes, de la jeunesse et delenfance, des artisans et acteurs delconomie populaire requiert uneinformation relle, des processus de for-mation et de capacitation, la cration et

    le renforcement des mouvements so-ciaux, lapprentissage et lexercice deleaderships dmocratiques, ainsi que laconstruction de postures collectives etdinitiatives dans tous les domaines dela vie dmocratique. Il convient de com-prendre que la dmocratie sexerce, nonseulement travers lexigibilit des droits,mais aussi dans la construction dun pro- donations, ni assistantialisme, mais seconstitue en sujet de son destin. Il avancevers un principe de participation collectiveet dengagement dans les processus deprise de dcision sur les affaires dintrtcommun.Linvestissement le plus durable etrentable est dans le capital humain,qui dcoule de lducation, de la forma-tion professionnelle, de ltat de santde la population active, de son aptitudephysique et mentale au travail, delaccs un minimum de protection

    sociale ; lducation et le dveloppe-ment des comptences/capacits,notamment des jeunes restent doncdune importance primordiale. mondiaux est grosse de risques dune plus grande vulnrabilit aux chocsqui secouent parfois ces marchs , lona alors raison dinsister sur la ncessi-t, pour les pays du Sud, de consoliderles solidarits et complmentarits,

    renforcer lintgration rgionale et, enparticulier, dvelopper le commerceintrargional. La poursuite de la construc-tion des Etats-nations est un impratif,

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    mais elle se fera dans une perspectivedintgration rgionale et de convergencedes projets de socit, de justice cono-mique et de ressourcement culturel, desouverainet sur les ressources natu-relles et dengagement pour le progrssocial des plus pauvres. res-ponsabilits, dune gouvernance dmo-cratique, et dinstitutions fortes, gagesde politiques cohrentes, performantes. Ainsi, le rle catalyseur delEtat, coupl un contrle citoyen, gagede transparence, doit tre intgr touteapproche gagnante.Le Rapport annuel 2013 donne une vuelarge et prcise des actions du rseauENDA TM, toutes les chelles, pour

    -liant dans les modes dintervention :

    tiondinfrastructures, organisation deformations, renforcement derseaux sociaux et profes-sionnels, mise en place demutuelles dpargne et de crdit ;lappui technique, etc. ;

    des capacits des acteurs,

    espaces de concertation, produc-tion dinformations stratgiques,inclusion des sans-voix dans lesngociations, promotion delentreprenariat, rechercheparticipative, etc. ;

    pour un changement de modle,etc.

    Les dfis de la transversalit et de la

    convergence sa richesse en une dynamique coh- et ainsi, contribuer la ralisation dunmonde solidaire et en paix, respectueuxdu devenir de la Plante, des droits et dela dignit humaine, de la justice sociale etde la diversit culturelle, o les diffrentesressources sont rparties quitablementet gres dans lintrt des gnrations

    actuelles et futures.Aussi, mentionnerons-nous quelqueschantiers majeurs du Rseau pour 2014-2015, qui indiquent la voie trace pour

    poser de nouveaux jalons.La capitalisation des expriences, desleons apprises, des dialogues poli-tiques et des activits alternatives inno-vantes dENDA constitue un socle desavoir dont le partage et la confrontation dautres approches dlimite un modede pense propre. Face aux modesde pense dominants, dont on connataujourdhui les mfaits, ENDA sepropose de partager, de propager etdenraciner ces savoirs auprs du plusgrand nombre de partenaires sociauxet de membres du rseau. Dans cesens, les Universits dENDA, vontcontribuer la formation et au renforce-ment des membres des communautset des mouvements sociaux (dans lesdiverses rgions daction du Rseau),

    la diffusion et lchange des savoirs, lerenforcement dune pense alternative,etc.Dans cette lance, ENDA envisagede publier prochainement un Rap-port alternatif sur lAfrique les leons des diverses expriencesmultisectorielles conduites par lesacteurs (ENDA TM et partenaireslimitrophes), travers les thmatiquesmajeures de ses champs de conver-

    gence. Ce rapport, sera publi tous lesdeux ans, et consistera en un compte-rendu priodique des volutionssocitales, conomiques et poli-tiques issues des initiatives strat-giques mises en uvre par certainescommunauts, personnes, organisa-tions, et pays, en rupture avec les sch-mas de dveloppement dominants.Le Rapport alternatif sur lAfrique,sera un rfrentiel sur lmergenceeffective dune Autre Afrique, invisible etindchiffrable par les indicateurs clas-siques du dveloppement.

    Le prsent Rapport 2013 est un dENDA et son nouveau dpart. Ildmontre, sil en tait besoin, la richessede ses ancrages gographiques etthmatiques et surtout, lavant-gardismede ses positions et solutions proposesau monde du dveloppement, en Afrique,en Asie et en Amrique latine.

    Jespre quil vous inspirera de lespoirpour un monde meilleur.

    Bonne lecture.

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    enda tiers monde

    premirepartie

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    Lagriculture familiale,garante de la souverainetalimentaire

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    environnement

    etdveloppementdutiersmonde

    rapport annuel 2013

    11

    L

    agriculture familiale, sous toutes sesformes, est le mode dagriculture le plusrpandu travers le monde, et la scuri-t alimentaire en dpend, lchelle lo-

    cale comme celle de la plante. Elle concernelensemble des activits agricoles fondes sur lafamille et son importance est justiciable du faitquelle est fondamentalement lie de nom-breuses dimensions du dveloppement rural.Elle reprsente une forme de production agri-cole, forestire, halieutique, pastorale et aqua-cole caractrise par une gestion et une exploi-tation caractre familial, reposant sur unemain-duvre essentiellement familiale et fai-sant appel aux femmes comme aux hommes.Dans les pays du Nord comme dans ceux duSud, lagriculture familiale est la principale formedactivit conomique dans le secteur de la pro-duction alimentaire et joue un rle sociocono-mique, environnemental et culturel primordial. lchelle nationale, certains facteurs importantssont considrer dans le dveloppement delagriculture familiale, parmi lesquels laccs auxmarchs, la terre, aux ressources naturelles, la technologie, aux services de vulgarisation etau crdit ; mais aussi, les conditions agrocolo-giques, dmographiques, conomiques et so-

    cioculturelles, lenvironnement politique et lapossibilit offerte aux paysans de suivre des for-mations spcialises.

    En 2013, le FIDA a estim 1,5 milliard lenombre de personnes exerant une activitrelative lagriculture familiale, dans plus de500 millions de petites exploitations agricoles travers le monde. Et dans la mesure o 76 %de la population mondiale la plus pauvre viventen milieu rural, o lagriculture constitue le prin-cipal moyen de subsistance, toute vellit de

    pallier laugmentation rapide de la demande ali-mentaire mondiale par lessor de la productionfonde sur les techniques dagriculture grandechelle semble voue lchec. Et lorsquonsait que les mnages pauvres des pays duSud consacrent 70 80 % de leurs revenus lalimentation, et quenviron 842 millions depersonnes y souffrent de la faim, dont les troisquarts vivent en milieu rural, force est de consta-ter un paradoxe insupportable. Car aujourdhui,mme si lavis unanime des experts est que lascurit alimentaire la plus durable dpend dusort rserv aux petites exploitations familiales,les petits paysans sont encore trop souventlaisss pour compte. Pourtant, lagriculture

    familiale est incontournable du fait de sa capa-cit assurer la production de vivres et procu-rer des revenus des centaines de millions deruraux pauvres, et crer des emplois pour les

    femmes et les jeunes notamment. Ainsi, danstous les contextes, elle parvient offrir despopulations souvent marginalises des formesadaptes de rsilience de nature apporter uneproduction alimentaire plus durable.

    Cependant, malgr sa capacit faire participerla petite paysannerie aux processus inclusifsliant communauts et territoires dans la marchedune nation, favoriser la scurit alimentaire, prserver lenvironnement et les ressourcesnaturelles, et sauvegarder la biodiversit et

    le patrimoine des terroirs, lagriculture familialereste plombe par de nombreux cueils. Lespetits exploitants sont durement confronts auchangement climatique et linscurit, dans uncontexte daccaparement des terres, de mau-vaise gouvernance foncire et de concurrenceingale pour le contrle des ressources en eau.Il sy ajoute laccs trs limit aux ressources recherche, aux services de conseil et ldu-cation, qui rduisent les chances des petits ex-ploitants de faire de leur principale, voire seuleactivit conomique, une affaire rentable et p-renne.

    Lagriculture familiale a prouv son effi-cacit, son adaptabilit et sa durabilit

    Lors du Sommet des peuples qui a fortement coalitions de forces membres de la socitcivile mondiale ont dfendu lagriculture fami-liale et livr un vibrant plaidoyer en faveur de

    son rle irremplaable dans le combat pour ledveloppement durable. Leurs avis montraientque lagriculture familiale est indispensable audveloppement de lAfrique subsaharienne, parexemple, o les politiques dajustement struc-turel imposes il y a une trentaine dannesaux Pays les moins avancs (PMA), avaiententran le retrait de lEtat du secteur agricole.Ce remde de cheval a annihil les dynamiquesde production encore balbutiantes, laissant lespetits producteurs la merci dune concurrencetrop ingale de produits venant de rgions dumonde o les productivits sont beaucoupplus importantes. Limpact de ce sabotage dusecteur agricole a t dautant plus dsastreux

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    enda tiers monde

    premirepartie

    12

    que la dgradation des infrastructures agricoles,la forte baisse de lutilisation dintrants de qua-lit, la disparition des structures daccompa-gnement technique, lrosion des capacits de

    recherche, laccentuation de la pauvret ruraleet linstallation de la faim, qui en ont dcoul, ontdurablement fragilis les conomies nationales.Mme si, dans certains contextes, les agricul-teurs africains ont su dvelopper des capacitsde rsilience et dinnovation, et continuer ali-menter les villes en produits agricoles, mais auprix dune augmentation dsordonne des sur-faces cultives et dun appauvrissement, voiredune dgradation irrversible des sols et desressources hydriques.

    Alors que lagriculture redevient le centre dintel-lection dans les agendas du dveloppement, dufait de son interconnexion avec les plus grands sant, pauvret, dgradation des cosystmes,changement climatique, etc.), lon se rendcompte avec amertume que lAfrique subsaha-rienne qui na pas connu, comme les autres r-gions du monde, une transition conomique en-tranant un passage massif de lactivit agricolevers les autres activits secondaires et tertiaires,a vcu une urbanisation sans industrialisation,sans nouveaux gisements demplois. Do il r-sulte que le dveloppement des pays africainspose la question ardue de la place accorde la petite paysannerie, souvent en situation degrande pauvret, et juge non viable par la plu- des objectifs de modernisation agricole passantpar les grandes exploitations mcanises. Alorsque les analyses les plus pertinentes soulignentfortement le potentiel considrable de lagricul-ture familiale en matire de cration demplois.

    Larrive massive des jeunes sur le march delemploi en Afrique subsaharienne fait quils re-prsenteront jusqu 25 millions par an en 2025,do prs de 200 millions demplois pourvoiren une dizaine dannes en zone rurale. Celareprsente la fois une opportunit de dvelop-pement et une bombe sociale potentielle, selonque ces jeunes seront des actifs respects oudes chmeurs frustrs. Avec 65 % des actifs, lesecteur agricole en Afrique restera encore long-temps dominant, car les potentialits en matire

    de cration demplois, dans les autres secteursconomiques, demeurent fortement limites.Outre son importance dans la production et la

    scurit alimentaire, lagriculture familiale devraaussi ncessairement crer plus dactivits etde revenus, permettant ainsi lemploi de de-venir un critre majeur dans les stratgies de

    dveloppement agricole. -ses lexportation, les petits exploitants agri-coles restent dans lincapacit de faire valoir unavantage comparatif dans le march mondial.Les marchs des produits alimentaires au ni-veau sous-rgional restent les plus accessibles Sattacher les dvelopper est, par cons-quent, une donne essentielle pour linnovation

    volontaristes de soutien, voire de protection. majorit des mnages essaient de mener une

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    environnement

    etdveloppementdutiersmonde

    rapport annuel 2013

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    activit en dehors de lexploitation, mais avec raret et de la trop faible rmunration des em-plois hors-agriculture en milieu rural. Les plus

    pauvres semblent ainsi vous des activitsde survie et pigs dans un ddale de pauvretqui renforce lide selon laquelle pour rinvestirdans des stratgies de dveloppement ancresdans les territoires, seule une option radicalepour lagriculture familiale est mme de r-duire la pauvret rurale et enclencher une vraiedynamique de dveloppement.

    Les niveaux alarmants de pauvret rurale im-posent des investissements massifs dans lesbiens publics (infrastructures, formation, inno-

    vation, fonctionnement des marchs et intgra-tion rgionale), dont la cohrence doit sappuyersur des stratgies de dveloppement intgres,

    orientes clairement vers la lutte contre la pauvre-t. Do lurgence de rinventer des dmarchesterritorialises et participatives, au dtriment desapproches sectorielles peu coordonnes, avec

    de vritables priorits dactions. Lagriculturefamiliale, jouissant dun ancrage fort au sein desterritoires, pourra ainsi jouer pleinement son rledincubateur dinitiatives de dveloppement, carelle a fait ses preuves, partout dans le monde, eu

    son adaptabilit, sa contribution au capital social,son insertion dans des logiques territoriales et ladurabilit de ses stratgies. Les Nations Uniesayant proclam 2014 Anne internationale delagriculture familiale, il est esprer quelle soit

    de tout ce quelle peut offrir en termes desolutions au sous-dveloppement.

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    2014 proclame par les Nations Unies,Anne internationale de lagriculture familiale

    Linitiative de lancer une campagne en fa-veur dune Anne internationale de lagricul-ture familiale est ne de la crise alimentairemondiale de 2008 qui a remis au premierplan les questions relatives la scuritalimentaire. Elle a t porte par le Forumrural mondial (FRM) et soutenue par plusde 360 organisations de la socit civile etautres organisations paysannes. En 2011,sur proposition du gouvernement philippin(lors de la 37e session de la Confrence

    de la FAO), la 66e session de lAssemblegnrale des Nations Unies a proclam 2014Anne internationale de lagriculture familiale(AIAF). Cest ce qui a motiv la cration, ds2013, dun comit international de pilotagede lAIAF-2014 et, au niveau des pays, decomits nationaux de pilotage.

    La clbration de lAIAF-2014 dans le mondeentier est considre comme un outil depromotion de politiques actives favorablesau dveloppement des systmes agricolesde lagriculture familiale, paysanne, indigne,cooprative et de pche artisanale, dans uneperspective de durabilit environnemen- et la faim. La place de lagriculture familialedans la rduction de la pauvret et lamlio-ration de la scurit alimentaire lchellemondiale est primordiale. Ainsi, la promotionde nouvelles politiques de dveloppement,notamment au niveau rgional, national etlocal, est une faon dappuyer la petite

    paysannerie et les petites exploitationsfamiliales. Le but vis tant darriver rapide-ment lradication de la faim, la rductionde la pauvret rurale et laccentuation delimpact positif de lagriculture saine etdurable petite chelle dans la scuritalimentaire mondiale.

    LAIAF reprsente, par consquent, uneopportunit majeure dinaugurer desapproches novatrices du dveloppementagricole et rural, plus inclusives et plus du-

    rables, telles que : a) la reconnaissancede limportance des petites exploitationsfamiliales dans le dveloppement durable ;

    b) le recentrage de lagriculture pay-sanne dans les politiques agricoles, envi-ronnementales et sociales ; c) la recon-naissance des petits paysans commeacteurs part entire de la rduction dela pauvret rurale et de la scurit alimen-taire mondiale, du fait de leur importancemajeure dans la gestion des ressourcesnaturelles (GRN), et le dveloppementdurable. Les petites exploitations agricolesfamiliales ont donc un rle essentiel jouer

    dans la rduction de la pauvret et lam-lioration de la scurit alimentaire et cestpourquoi lAIAF garde toute sa pertinence travers ses quatre grands objectifs :

    1. appuyer llaboration de politiques denature favoriser lmergence duneagriculture familiale durable ;

    2. mieux connatre et mieux faireconnatre lopinion publique le rledterminant que jouent les exploitantsfamiliaux dans les secteurs delagriculture et du dveloppement ;

    3. sensibiliser aux besoins et au potentieldes exploitants familiaux, ainsi quaux confronts, et faire en sorte quilspuissent obtenir un appui technique ;

    4. dgager des synergies propres favoriser la viabilit long terme.

    Latteinte de ces quatre objectifs est toutefoisassujettie la reconnaissance du rle et desdroits des femmes dans laccs la propritfoncire et la consolidation de la lgitimit desorganisations paysannes et de leur rle dansla dfense des intrts des exploitants famili-aux. Cest ce qui permettra de leur ouvrir derelles perspectives dactivits conomiquesprennes en milieu rural, pour que peu dentreeux soient encore tents par lexode rural.Aussi la promotion des savoirs et savoir-fairelocaux permettra-t-elle dencourager la re- -tion sur les grandes orientations et la prise de

    dcision, et de mutualiser les enseignementset les mesures en faveur de lagriculture fami-liale qui ont port leurs fruits.

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    La non-financiarisation de la terre pourplus de justice sociale et dquit entreles sexes

    Dans tout projet de dveloppement vritable-

    ment porteur, lagriculture familiale doit trela priorit, car elle est porteuse dexternalitspositives sur lensemble des autres secteursde lconomie nationale. Et pour ce faire, ilfaudrait que, partout o elle est ncessaire, unerforme foncire soit adopte, avec le souciconstant quelle soit juste et prenne, parce que de la terre, et levant les contraintes foncires, exploitations agricoles familiales. Ce principe -sment ce pour quoi lon doit se battre dans uncontexte daccaparement des terres, pour uneplus grande justice sociale et environnemen-tale. Lever les contraintes foncires, pour lesexploitations familiales, nest pas une faveurdemande aux autorits politiques. Il sagit dundroit qui ne saurait tre exclu de la liste desdroits fondamentaux de la personne : le droit depossder la terre que lon travaille, de vivre de laproduction obtenue de la terre que lon travailleet de protger la terre dont on vit.

    Dans les pays en dveloppement, prs dela moiti des paysans sont des femmes.La plupart des lgislations foncires en vigueur

    dans les pays ouest-africains, par exemple,sont censes fonder un droit de proprit plusquitable, mais nont que rarement su le faire, carles femmes nont quun droit daccs et dutilisa-tion, et non de proprit sur la terre qui est mise

    leur disposition. Du fait des multiples contraintessociales, les femmes nont vritablement accs -tifs. Cette rsistance des coutumes se retrouvemme dans les primtres irrigus des valles foncire nont pas fondamentalement chang lestatut de la femme.

    en attribuant les parcelles irrigues lhomme

    chef de famille, les structures de gestion desprimtres irrigus en ont largement limitlaccs aux femmes. Certes, la situation co-nomique des femmes rurales nest pas partoutla mme, certaines dentre elles parvenantmme tirer leur pingle du jeu et acqurirdes terres. Quelques-unes deviennent dailleursdes productrices importantes, mais restent rareset, le plus souvent, instruites et exprimentes,parce quayant travaill dans le monde ruralcomme animatrices ou conseillres. Pour att-

    nuer cette ingalit dans laccs au foncier, danscertains contextes subsahariens, des terres ontt alloues collectivement aux associationsvillageoises fminines.

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    Mais malheureusement, la petitesse de ceslopins de terre, compare au nombre impor-tant des femmes qui les exploitent, ne permet ces dernires den tirer individuellement que de

    maigres revenus.Les rapports de genre dans le monde rural,qui fondent la position de la femme au sein dumnage, limitent fortement leurs responsabilitsdans le contrle du foncier. En voquant plushaut des particularismes quil sagit de faire vo-luer, lon pointe du doigt le manque dinstructiondes femmes, qui est la contrainte majeure dansla discrimination du genre. Celles-ci accusent un marginalisation dans le domaine de laccs et

    de la gestion du foncier. Elles sont largementsous-reprsentes dans les organisations deproducteurs, alors que ces structures jouent unrle de premier ordre dans lconomie rurale etles revendications citoyennes. Par consquent,les barrires sont surtout au niveau des repr-sentations qui sont culturellement enracines et,pour les lever, il faudra que les femmes soientplus fortement reprsentes dans les instancesdlibratives locales.

    Pour lever ces barrires, il faudra galementque les femmes cessent dapparatre commedes citoyens de seconde zone. Car lorsqueles femmes rurales sont prtes exercer unecitoyennet plus active ; lorsquelles franchissentle pas dcisif qui les mne hors de la sphredomestique, pour investir les arnes politiqueslocales ; lorsquelles intgrent les organisationscommunautaires de base et les conseils ruraux; lorsquelles deviennent des responsables lo-cales, voire des lues, elles parviennent alors imposer leurs vues, dfendre leurs droits, et

    leur accs au foncier sen trouve grandementfacilit.

    Miser sur lagriculture familiale pourdvelopper le commerce et lintgrationsous-rgionale

    On estime environ 17 % le taux depersonnes souffrant de sous-alimentation dans lapopulation de la sous-rgion ouest-africaine.Et du simple fait de laccroissement naturelde la population et de lamlioration probabledu niveau de vie, la demande alimentaire vafortement y augmenter dici 2030.

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    -merce entre pays ouest-africains est considr,par nombre dobservateurs, comme la solution,parce quil est en mesure de renforcer la place

    de lagriculture familiale et des produits locauxdans les conomies nationales. Toutefois, lecommerce sous-rgional reste faible et ne re-prsente que 15 20 % des changes com-merciaux par rapport aux importations en prove-nance du reste du monde et, pour uvrer sondveloppement, il est ncessaire de promouvoirdes politiques agricoles et commerciales adap- production et de commercialisation locales.Parce que pour favoriser lessor du commercesous-rgional, il faudra miser dabord sur les

    exploitations familiales et les micro et petitesentreprises du secteur agroalimentaire. En effet, locales est en mesure de prenniser les dbou-chs des exploitations familiales et de crer denouveaux emplois dans les interfaces urbain etrural. La crise alimentaire mondiale et lenvoledes prix de lanne 2008 ont mis en exergue lesrisques considrables pris par les pays africains,lorsquils dcident de renoncer leur souverai-net alimentaire pour se ddier exclusivement

    la production de quelques produits dexportation faible valeur ajoute.

    La croissance espre de la demande alimen-taire, conjugue lmergence dune grandeclasse moyenne, avec une exigence de pro-duits de qualit, constitue aujourdhui autantdopportunits incitant au dveloppement delagriculture familiale et du commerce sous-r- qui permet de comprendre pourquoi lAfrique

    de lOuest importe une bonne partie de sonalimentation, soit entre un tiers et la moiti desa consommation de riz, malgr les nombreuxprogrammes de soutien au dveloppement dela production rizicole depuis 2008. Les causesde ces lacunes sont diverses et varient selon problmes daccs aux facteurs de productionet aux services, faiblesse et volatilit des prix -

    un manque de services et dinfrastructures fontque les conditions dans lesquelles seffectuentle stockage, la transformation des produits et lacommercialisation occasionnent une certaine

    faiblesse des prix et une grande instabilit pourdes producteurs peu comptitifs par rapport des processus de transformation, la multiplicit

    des intermdiaires, le mauvais Etat des infras-tructures de transport, lenclavement de vasteszones coupes des marchs de commercialisa-tion, et le prix lev des services dnergie et decrdit font quil est moins onreux de faire venirun conteneur Dakar en provenance du Havre,quen provenance de Lom.

    Qui plus est, les commerants souffrent beau-coup de la faiblesse des services au niveausous-rgional, qui occasionne un manque descurit des femmes commerantes intervenantsur les marchs transfrontaliers, une quasi-ab-sence de services de crdit, un cot exorbitantdes transactions montaires entre pays, uneraret de mcanismes de rglement des diff-rends commerciaux entre oprateurs de diff-rents pays, des problmes de transport piedou par convoyage du btail, etc. En raison ducaractre peu concurrentiel des marchs, lesproducteurs agricoles nont aucune connais-sance prcise des vrais prix du march.

    Labsence de rels moyens de stockage a pourconsquence des productions la rcolte ven-dues un nombre rduit de commerants et despetits exploitants qui doivent accepter des prix lachat trop faibles. Ainsi, la concurrence desproduits imports et un changement des habi-tudes alimentaires affectent la comptitivit et laqualit des produits ouest-africains par rapportaux produits imports, car les consommateursprfrent ces derniers et lajustement se fait parune baisse des prix des produits locaux auxdpens des agriculteurs ou des transformateurs.

    La rentabilit de la production ou de la transfor-mation est alors fortement menace lorsque lesproduits locaux sont durablement supplantspar des aliments imports (telles les crales lo-cales par le pain de froment) et quune large par-tie des achats seffectue dans les supermarchsdes gants europens de la distribution (Gant-Casino, Systme-U, Da, etc.) en forte expan-sion dans les grandes villes. Par consquent,le changement des habitudes alimentaires de-

    vient une limite structurelle au dveloppementde lagriculture familiale et, corollaire oblig, la souverainet alimentaire de la sous-rgionouest-africaine.

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    Si lon ajoute cela la persistance des barrirestarifaires et non tarifaires au commerce, lon serend compte que le commerce sous-rgionalpeine dpasser un certain nombre de limita-

    telles que les limitations tarifaires. Certes, lab-sence dharmonisation ou la double impositionde la TVA, la non-reconnaissance de produitsimports des pays voisins comme produits r- divers prlvements effectus par les servicesdes douanes ou les collectivits locales, tendent sadoucir avec lapprofondissement du proces-sus dintgration sous-rgionale dans lUEMOAet la CEDEAO. Mais de nombreuses limitationsnon tarifaires constituent encore de nos jours

    des facteurs supplmentaires daccroissementdes dlais et des cots. Comme les procduresdouanires toujours longues et complexes, ledfaut dharmonisation des procdures, des do-cuments et des normes nationales, et les innom-brables contrles routiers (en moyenne deuxtous les 100 kilomtres en Afrique de lOuest).Dailleurs, certains Etats vont mme jusqu limi-ter les exportations vers les pays voisins, dansle but de garantir la disponibilit de certains pro-duits sur leur propre march et ainsi, limiter la

    hausse des prix (le cas des aliments du btailau Mali, du sucre et du riz au Sngal, etc.).La lourdeur et la complexit des procduresdouanires, et les nombreux contrles routiersfacilitent, voire gnralisent la corruption end-mique, le versement dun bakchich permettant

    Labsence de relles mesures de protection dumarch sous-rgional est aussi un problmemajeur, dans la mesure o la comptitivit desproduits locaux par rapport aux produits impor-

    ts du reste du monde dpend des politiquescommerciales promues par les gouvernements.Alors que la forte protection du march de laCommunaut de lAfrique de lEst (CAE) permetde limiter la concurrence de produits imports bas prix, la situation est totalement diffrentedans une grande partie de lAfrique de lOuesto les importations de produits de base (riz, laiten poudre, sucre, etc.) dans lUEMOA et dans laCEDEAO ont un effet dfavorable sur les prix la consommation et donc sur les prix aux petits

    producteurs.3

    Avant la rvision du tarif extrieur commun (TEC) des pays de la zone CEDEAO, le TEC appliqu au sein de lUEMOA tait trs bascompar celui de la CAE : 10 % sur le mas contre 50 % au niveau de la CAE ; 10 % sur le riz paddy contre 75 % dans la CAE ; 5 %sur le lait et le bl contre 60 % dans la CAE.

    3

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    Objectifs de dveloppement durable (programme dedveloppement pour laprs-2015 initi par les Nations Unies).

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    Aussi le poids politique de certains secteursconomiques (socits dimport-export, grandsngociants, etc.) ou sociaux (populations cita-dines) favorise-t-il fortement ladoption de poli-

    tiques nationales privilgiant les changes com-merciaux avec le reste du monde, au dtrimentde la production agricole et des changes sous-rgionaux, notamment dans les pays ctiersdisposant de bonnes infrastructures portuaires(Sngal, Cte-dIvoire, Ghana, Togo, Nigria,etc.). Les limites encore persistantes dans las-sociation des organisations de la socit civileaux choix politiques (fdrations paysannes,syndicats commerants, ONG, mouvementssociaux, centres de recherche, etc.) renforcent

    dacteurs conomiques dominants.

    Dans le but dappuyer les pays ouest-africainsdans leur volont de renforcement de lint-gration rgionale et leurs efforts pour raliserla souverainet alimentaire, il est urgent dins-crire dans les orientations nationales et sous-rgionales, et dans les accords commerciauxbilatraux (APE) ou multilatraux (OMC) enngociation, une combinaison cohrente dediverses politiques. Comme le soutien au dve-

    loppement de la production agricole, le renfor- transformation de la production, la constructionet lamlioration des infrastructures de transportet de commerce lintrieur des pays et aux rgionaux. Le processus en cours en Afrique delOuest, avec notamment la mise en uvre delECOWAP (politique agricole de la CEDEAO)laisse esprer des rsultats encourageants, auniveau sous-rgional et dans chaque pays, mais condition que les Etats daignent mettent en

    Aujourdhui, lagriculture familiale est directe-ment concerne par les objectifs 1 et 2 des ODD: -

    En Afrique, comme du reste en Asie du Sud oucertains pays dAmrique centrale, plus de 70 %des pauvres habitent dans les zones rurales etvivent de leurs activits dans de petites exploi-

    tations familiales.Par consquent, il est tout fait cohrent queles programmes mis en uvre pour rduire lapauvret prennent en considration le monde -vret qui y svit. Mme sil faut reconnatre quele terme agriculture familiale couvre des ra-lits trs dissemblables, la production agricoletant de nos jours le fait dune grande diver-sit dexploitations agricoles qui, ne serait-cequau cours des dix dernires annes, a connu

    dimportantes recompositions et autres muta-tions.

    Il rsulte de tout cela une diffrenciation deplus en plus nette entre les exploitations agri-coles, notamment avec lmergence, dans lescampagnes africaines, dun modle fermier,compos de vritables entreprises fortementdotes en facteurs de production et rpondantaux logiques du march.

    Mais dans le mme temps, les petites exploi-tations familiales plus traditionnelles, mlant

    logique dautoconsommation et logique demarch, restent largement majoritaires, avecdes dotations plus ingales en facteurs deproduction et, par consquent, plus vulnrables.

    Le principal enjeu des politiques agricoles venir rside essentiellement dans la prise enconsidration de la dimension particulire de cetype dexploitation, pour en faire la cible priori-taire dans la lutte contre la pauvret.

    visant exclusivement un objectif de produc-tion accrue de biens agricoles ne sont pas enmesure de rduire les ingalits sociales etdisparits souvent observes en milieu rural.Do la ncessit de prendre en charge cesdimensions sociales et environnementales dansles objectifs des politiques agricoles qui serontmises en uvre dici 2030.

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    Dclaration de Dakar

    Dans la perspective de lAnne internatio-nale de lagriculture familiale, nous parti-cipants, reprsentants des mouvementspaysans, dorganisations rgionales spcia-lises dAfrique de lOuest, des chercheurs,des dcideurs, et des ONG, la Confrenceinternationale tenue Dakar, du 11 au 12dcembre 2013, sur le thme : Agricultureau Sahel et changement climatique : quellesinnovations et voies de transformation ?

    1. Constatant que :

    Le Sahel fait face une transition dmogra-phique inacheve et une transition cono-mique embryonnaire, alors que lagriculturefamiliale motrice de ces transitions est -matique, la libralisation des changes,linscurit dans laccs la terre, leauet lnergie.

    Lagriculture familiale est un levier du dve-loppement durable au sahel, mais aussi le

    secteur le plus vulnrable aux changementclimatique.

    Le changement climatique est une ralitavec des consquences sociales, cono-miques et politiques trs importantes.

    La variabilit et les extrmes climatiquessont, pour les pays du Sahel, les plus est expose, accentuant lextrme vulnra-bilit des populations rurales.

    Lagriculture familiale constitue une nichede pratiques et de savoirs pour ladaptationaux changement climatique.

    La propulsion des systmes de productionagricoles dans une dynamique de trans-formation (dconstruction / construction)en vue de renforcer la rsilience des com-munauts et des cosystmes traverslamlioration de la productivit, le dve-loppement de lentreprenariat social, lagnration de nouveaux emplois dcents, et la souverainet alimentaire est duneurgente ncessit.

    2. Considrant que :Laccs lnergie et leau (disponibilitet accessibilit) est un droit humain inali-nable et que leur matrise est un des piliersfondamentaux de la transition des exploi-tations familiales pour faire face aux effetspervers de changement climatique.Les exploitations familiales constituentdes niches de dveloppement de synergieentre les conventions biodiversit, change- Les innovations technologiques (scienti- (organisationnelles) et institutionnelles des piliers de la transformation des exploi-tations familiales ; et des bonnes pratiques dans le domaineEau-Energie et leur intgration dans lespolitiques et stratgies de dveloppementagricole sont des contraintes lever.La valorisation des connaissancesendognes prouves et la prise encompte des dimensions culturelle,thrapeutique, spirituelle et sotrique delagriculture familiale est une condition pouren assurer la prennit et le dveloppement.

    Recommandons

    familiale au cur des politiques, par

    des investissements structurants,laccs massif lirrigation pouraugmenter la productivit dans uneperspective durable en faisant plusrecours aux nergies alternatives,lensemble tant accompagn par des communautaires (CEDEAO) appropries ;

    agriculture-eau-nergie-changementclimatique, intelligentes, pour la transition des exploitations familiales, dansla perspective de lnergie durablepour tous .

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    innovations paysannes, desconnais- sances endognes et la

    cration de plateformesdchanges multiacteurs sousforme de communauts depratiques (OP, chercheurs, pour une mixit des connais-sances, un apprentissagemutuel, le renforcement descapacits et dincubationdentreprises sociales.

    terres et une gouvernance foncireresponsable qui scurise laccs desexploitations familiales au foncier et la mobilisation des fonds.

    renforcer les synergies, et permettre

    succs et les bonnes pratiques detous les acteurs tous les niveauxpour transformer le changementclimatique en opportunit.

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    dadaptation de lagriculture auchangement climatique (agriculture

    intelligente), en accompagnant lesEtats dans la prise en compte dela rsilience et des aspectsnutritionnels dans les Programmesnationaux dinvestissement agricole(PNIA), les Plans daction pour lagestion intgre des ressources eneau (PAGIRE), les Plans dactionnationaux dadaptation (PANA).

    des institutions rgionales, autour

    de la CEDEAO, pour la coordinationet lharmonisation de la mise enuvre des diverses initiatives depolitiques agricoles et dadaptationau changement climatique.

    rsultats et des expriences desprojets et programmes pilotesporteurs de bonnes pratiques, pouren faire des programmes structur-ants, pour toucher plus de commu-

    nauts la base.

    territoriaux pour une occupation etune utilisation intgre et judicieusedes territoires et des ressources.Une telle mesure permettra de mieuxmettre la disposition desexploitations familiales les ressour- et physiques ncessaires leurtransformation.

    besoins des exploitations familialeset facilitation de laccs aux mcanis-

    mes existants.

    plaidoyer pour une mobilisationautour de la transformation desexploitations familiales dans le cadrede lAnne internationale de

    lagriculture familiale.Fait Dakar, le 12 Dcembre 2013.

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    Pour une vision alternative

    au-del des OMD

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    Rapport du Panel de Haut Niveau (HPL), issu dun processusde consultations internationales sur lagenda du dveloppe-ment post-2015, et intitul : Un nouveau partenariat global: radiquer la pauvret et transformer les conomies vers ledveloppement durable .

    5

    Communiqu de presse de M. Jim Yong KIM, Prsident dugroupe de la Banque mondiale, Washington DC, 10 avril 2014.

    6

    Lorsquon se penche attentivement sur lebilan de treize annes de mise en uvredes OMD, force est de constaterquelques avances indniables qui ne

    peuvent et ne doivent tre passes sous silence.Toutefois, il convient de temprer lenthou-siasme de ceux qui, voquant cette priode,parlent de la rduction de la pauvret la plusrapide de lhistoire de lhumanit . Car mmesi 1,5 million de personnes supplmentairessont passes chaque an au-dessus du seuil mme si la mortalit infantile a rgress de plusde 30 %, sauvant ainsi trois millions denfants enplus chaque anne par rapport lan 2000 ;mme si le nombre de victimes du paludisme at rduit de 25 % ; mme si les nouvelles

    par, sinon liminer, du moins endiguer lapandmie du VIH/sida ; mme sil faut attribuerces progrs une combinaison alliantcroissance conomique, amlioration despolitiques et engagement chelle mondialepour les OMD ; force est de constater que,comme le confesse, gne, la Banque pauvret dici 2030, cest faire reculer de 50millions chaque anne le nombre de personnesvivant avec moins de 1,25 dollar par jour, lesplus pauvres dentre les pauvres. Autrement dit,faire en sorte quun million dindividus sextirpentchaque semaine de la pauvret au cours desseize annes venir.

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    Cet aveu montre que, pour laprs-2015, mmesil faudrait se garder de faire table rase desOMD pour se lancer dans une nouvelle dyna-mique ex nihilo, les acquis de quinze annes de

    mise en uvre devraient tre multiplis par 50,du moins pour ce qui concerne la lutte contrelextrme pauvret et la faim, pour que ces dun net recul de la pauvret dans le monde,cest se fonder sur une rduction en chiffresbruts lchelle mondiale qui ne tient aucune-ment compte des disparits entre pays, et descarts devenus ahurissants, au sein mme dessocits, entre pauvres et riches. Car en ralit,les nettes amliorations notes dans les statis-

    tiques sont essentiellement imputables au dve-loppement rapide des BRICS (la Chine et lIndeen particulier).

    Pour ENDA, latteinte des OMD ntant ni dpasser la fois la logique et lambition quidemeurent trs limites, dans une optique dedveloppement durable. La promotion dundveloppement qui soit vritablement durableexige des objectifs qui soient cibls sur lespopulations les plus pauvres et les personnes

    victimes de lexclusion. Des objectifs quiprennent en compte les cons- violence sur le dveloppement, mais aussilimportance de la bonne gouvernance et de larationalisation des institutions qui garantissentun Etat de droit, ainsi que la libert dexpres-sion et la redevabilit des gouvernements,quils soient nationaux ou locaux. Des objectifsassociant la croissance une logiqueinclusive et porteuse demplois ne ngligeantni les initiatives dconomie populaire du secteur informel , ni lexigence de justiceenvironnementale et sociale que repr-sente laccs des paysans sans terres laproprit foncire si cruciale pour lagriculturefamiliale. Des objectifs intgrant les dimensionsconomiques et sociales du dveloppementhumain, tels qunoncs dans la Dclaration dumillnaire, et qui associent troitementEnvironnement et Dveloppement. Bref, desobjectifs ns dune vision alternative novatrice etporteuse dun vrai changement social, liant

    intimement rduction de la pauvret etrduction des ingalits, car le monde quiparviendra vaincre lextrme pauvret seraaussi celui qui aura vaincu lextrme ingalit.

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    CHAPITRE1 Agriculture et souverainet

    alimentaire

    World Bank, Securing Africas Land for Shared Prosperity, pp.26-27 : lAfrique possde prs de la moiti de toutes les terres

    utilisables non cultives de la plante. Ce sont environ 202 mil- pourtant le niveau de pauvret le plus lev du monde. Ses faiblesperformances sur le front du dveloppement suggrent quelle napas tir parti de ses abondantes terres agricoles et ressources

    7 naturelles pour enclencher une croissance partage et soutenue.Pour ce faire les pays dAfrique devraient renforcer laccs la terre

    et la proprit foncire pour les pauvres et les personnes vuln-rables, par la redistribution des terres rurales, la rgularisation desdroits des squatteurs sur les terrains urbains publics, la suppres-sion des restrictions frappant la location des terres et la promotionde lgalit des sexes, en documentant les droits des femmes.

    Depuis plus de trente ansdj, ENDA utilise troisentres dans sa stratgiede dveloppement des

    communauts vivant en milieu rural:la lutte contre lusage despesticides comme acte fondateurdune agriculture saine et durable ;la promotion de lagriculture

    familiale comme pralable fondamental etdterminant de la souverainet alimentaire ; et comme gage de laccs des paysans (et surtoutdes femmes paysannes) au foncier. Ce principe plus grande justice sociale et environnementale,est aujourdhui au cur de la problmatique dudveloppement de lagriculture familiale et pourcause. Lever les contraintes foncires, pour lesexploitations familiales, nest pas une faveurdemande aux pouvoirs publics. Il sagit dun

    droit qui ne saurait tre exclu de la liste desdroits fondamentaux de la personne. Le droit depossder la terre que lon travaille. Le droit devivre de la production obtenue de la terre quelon travaille. Le droit de protger la terre donton vit.

    En juillet 2013, un nouveau rapport de laBanque mondiale a propos un plan pourenrayer laccaparement des terres et lapauvret en Afrique par une meilleure gouver-nance foncire, rappelant au passage que la

    question de genre est cruciale, les femmes, quiont un rle important dans lagriculture, devantavoir le mme droit foncier que les hommes.Faisant le lien entre la mauvaise gouvernancedes terres et les faibles performances cono-miques et sociales de nombreux pays africains,ce rapport marque la reconnaissance tardivepar cette institution du problme de laccapare-ment des terres sur le continent.

    Aussi les autorits charges de mener bien lesprocessus de rforme foncire en cours, commecest actuellement le cas au Sngal, doivent-elles tre conscientes de porter une lourderesponsabilit.

    Pour ENDA, russir cette rforme foncireexige que lon se garde den faire une questionpurement technique, lie des questions derendement lhectare, de productivit et de

    rentabilit conomiques des exploitationsagricoles. La rforme foncire doit tre fondesur des valeurs et doit aussi prendre en comptedes ralits et des particularismes locaux quilne sagit pas de combattre, mais de faire voluerpatiemment et positivement.

    Elle doit ncessairement dboucher sur despropositions qui rglent, une bonne fois pourtoutes, la question de lquit entre homme etfemme, dans laccs la proprit foncire.Si tel nest pas le cas, quel que soit le contexte,

    lon pourra dire haut et fort quelle est un chec.

    ENDA renforce sa campagne contrelaccaparement des terres

    Devenue une problmatique mondiale, avecla triple crise nergtique, alimentaire et -rement des terres concerne aujourdhui,rien quau Sngal, plus de 800.000hectares de terres arables, soit prs de 33 % des

    surfaces cultives. Lexemple du Sngal estparticulirement rvlateur de lvolution dufoncier en Afrique de lOuest, dans la mesureo le pays est considr comme lun desplus avancs en matire de dcentralisationdans la sous-rgion. Car en dpit de lexis-tence de textes lgislatifs (en particulier la Loisur le domaine national et la Loi dorientationagro-sylvo-pastorale), la volont damliorer la

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    gouvernance foncire et dereconnatre les droits des po-pulations dans une politiquefoncire cohrente est entra-

    ve par la concentration entreles mains de lEtat du pouvoirrelatif au foncier. Car malgrle transfert des comptencesen matire de gestion foncireaux communauts rurales,lEtat utilise tous les moyensinstitutionnels sa dispositionpour en reprendre le contrle.

    En effet, aprs le lancement,durant le premier semestre de2013, du processus de rformefoncire, le gouvernementsngalais cherche actuelle-ment rformer le code descollectivits locales, travers lacte III de la dcentralisation .Pour les populations rurales,cet acte III nest quune nouvelle stratgie de -sentants de lEtat. Il prvoitla communalisationdes communauts rurales qui permettra lappli-

    cation de la Loi n 2011-07 du 30 mars 2011 por-tant rgime de la Proprit foncire. Cette Loi,vote sous lancien prsident Abdoulaye WADE,dessaisit le Conseil rural, devenu Conseil muni-cipal, de ses prrogatives en matire dimmatri-culation des terres agricoles. Cest la raison pourlaquelle ce projet de loi n 21 2013 portant sur lecode des collectivits locales a t lobjet dunevive contestation populaire ds son adoption parlAssemble nationale du Sngal.

    Pour prserver la paix sociale, le chef de lEtat a au parlement pour rvision et son gouvernementa annonc le report des lections locales demars juin 2014, pour avoir le temps de mettreen uvre cette loi. Dans ce contexte, les exploi-tations familiales sont plus que jamais mena-ces, car elles risquent de perdre le contrle de Le gouvernement actuel ne semble pas beau-coup miser sur lagriculture familiale, car il de-meure persuad que lagrobusiness est le seul

    moyen de dvelopper le secteur agricole. Ainsi, et de puissantes multinationales, laccord cadrede coopration de la Nouvelle alliance pour la

    scurit alimentaire et la nutrition (NASAN).Les rformes annonces dans cet accord cadrevisent scuriser les agroindustriels, grce

    sans prendre en compte leurs effets dsastreuxsur les producteurs agricoles et sur lenvironne-ment.

    ENDA-Pronat, bas Dakar (Sngal), arenforc, en 2013, la campagne tous azimutscontre le phnomne pernicieux daccaparementdes terres au Sngal et dans toute la sous-rgion ouest-africaine. En partenariat avec leRseau national des femmes rurales, ENDA-Pronat a organis 19 ateliers de sensibilisa-tion sur les enjeux fonciers et de formation surla lgislation foncire avec les populations deplusieurs localits du Sngal, qui ont vu laparticipation effective de plus de 2500personnes. Des femmes et des hommes,conseillers ruraux comme producteursagricoles et autres acteurs du dveloppementrural, ont t sensibiliss sur lampleur croissantedu phnomne daccaparement des terres etsur la ncessit de scuriser les droits fon-ciers des exploitations familiales (leveurs etagriculteurs). Ces ateliers ont permis la

    constitution de plateformes de veille etde dfense des droits des populationslocales sur le foncier, en vue de peser sur ledbat national sur la rforme foncire en cours.

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    Impacts des investissements agricoles grande

    chelle en Afrique de lOuestENDA-Pronat, en tant que point focal de laCOPAGEN (Coalition pour la protection dupatrimoine gntique) au Sngal, a gale-ment organis, du 4 au 8 novembre 2013 Dakar, un atelier sous-rgional pour partagerles rsultats des Etudes sur les impacts desinvestissements agricoles grande chelle enGuine, en Guine-Bissau et en Cte-dIvoire,et laborer un plan daction. Car mme si

    le phnomne daccaparement des terrescontinue de faire des victimes, les actionsdes membres de la COPAGEN sous- et daction sur le foncier au Sngal) ont t

    - les victimes de laccaparement desterres se mobilisent de plus en pluset sorganisent dans les diffrenteszones pour dnoncer le phnomne etrevendiquer leurs droits ;

    - grce la campagne, ENDA et sespartenaires sont parvenus empcherdes accaparements de terres dans

    certaines zones du Sngal, commepour le cas de la compagnie agricole deSaint-Louis Gud, du projet Sntha-nol Fanaye, de la ferme de WADE Diokoul, du projet touristique au Wassa-dou, etc. ;- la dnonciation, travers les mdias, vision inquitante du gouvernement

    actuel sur la promotion de lagrobusiness travers la future rforme foncirea pouss le premier prsident de lacommission nationale charge de larforme foncire dmissionner ;- suite aux dnonciations faites parENDA-Pronat, le Conseil national deconcertation des ruraux (CNCR)et dautres acteurs du CRAFS, legouvernement a adouci sa positi-on sur le processus des rformes et

    commenc agir avec plus de prcautions, avec notamment une consulta-tion de la socit civile ;

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    Nouvelles dynamiques de gestion durabledes ressources en eauDans sa stratgie de mise en place de dyna-

    miques favorables au dveloppement de lagri-culture familiale, travers la gestion durable desressources naturelles, ENDA-Pronat vise deuxchangements principaux :

    systme dexploitation et les change-ments de pratiques et dattitudes dans lavalorisation et la gouvernance desressources du terroir ;

    acteurs qui adoptent lcologie et la biodi-

    versit dans les terroirs.Pour arriver des tels changements, ENDA-Pronat cherche renforcer des initiativescologiques dj en cours, individuelles oucollectives, avec des animateurs locaux desgroupes de recherche. Ces groupes portentles changements au niveau technique, social,conomique et politique, travers un proces-sus de recherche-action liant exprimentationset diagnostics dans les terroirs. Ces groupesslargissent dautres producteurs, des lus

    locaux, des institutions et des organisationsdappui dans chaque terroir, travers un processuscontinu de partage et dvaluation des rsultats.Ce processus permet ainsi de concevoir desoutils et mthodes de gestion durable desterroirs adapts lcologie et aux ralitssociales, pour concevoir des plans de gestioncologique faire valider par les instanceslocales de dcision.

    Dans les quatre zones dintervention dENDA-Pronat au Sngal (les Niayes, la rgion deTambacounda, le dpartement de Podor etla rgion de Fatick), les villages sensibilisscommencent se concerter et mener desactions pour mettre en place des mcanismesde gestion durable des ressourcesnaturelles. On peut ainsi citer la mise en dfensdu marigot de Doubel et la mise sur pied delEcole du terroir agrocologique (ETA) Koussanar (rgion de Tambacounda). LETAest un concept qui associe mthodologie etaction pour permettre aux populations

    locales de mieux matriser et valoriser lesressources de leur terroir. LETA permet ainsi derenforcer les acteurs locaux sur les bonnespratiques agrocologiques et de concilier

    productivit, faible pression sur lenvironnementet gestion durable des ressources naturelles.Tout tant ici questiondquilibre entrelhomme, ses activits agricoles et le milieu

    naturel. Plusieurs ateliers villageois ont faitlobjet dune organisation rgulire avec lesacteurs locaux dans plusieur terroirs. Celaa t le cas dans la mise en dfens dumarigot de Doubel situ dans le terroir deSar-Thilal. Cette tendue deau doucereprsente aujourdhui une ressourcecommune indispensable une vingtaine de environ (12 km de long et jusqu 250 mtresde large).

    Durant les premiers ETA avec les chefs devillage, mme sil est clairement ressorti quela prservation du marigot est une proc-cupation partage, la plupart dentre euxmettaient des rserves, car dans cette zone,les populations ont t plusieurs fois trompespar des individus malintentionns mettant audevant des projets fantmes. Il a fallu deuxautres ateliers dchanges et dinformationspour que les chefs de village daignent mettreen place un comit et dposer une demande

    dattribution du marigot auprs du conseilrural de Ndoga-Babacar, en septembre 2013. commission domaniale, le conseil rural a en dfens dont lanalyse suscite aussides questions dordre juridique et opra- comit de chefs de village est juridique-ment apte grer cette ressource et aussi dedlimiter, tout au long du marigot, unespace dun kilomtre au moins pour pouvoir

    contre laccaparement des terres.

    Energies alternatives et techniquesdirrigation plus conomes en eauLa crise nergtique actuelle na pas pargn Sngal, des Niayes et de la zone de Koussa-nar, obligs de recourir lexhaure mcaniquede leau, laide de pompes fonctionnant avec

    les nergies fossiles ou la traction animale pourles besoins domestiques et labreuvement dubtail. Pour leau destine lagriculture, lescots nergtiques peuvent reprsenter jusqu

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    40 % des charges, dans la zone des Niayes etla rgion du Fleuve. De 2010 2012, ENDA-Pronat a men avec succs une premire ex-primentation sur le pompage olien, coupl un systme de goutte goutte dans les Niayes.Suite cette premire, trois autres exprimenta-tions sont actuellement en cours dans la rgiondu Fleuve, dans les Niayes et dans la zone deKoussanar, avec des groupes de rechercheproccups par la problmatique de laccs

    leau et de son cot dans les exploitationsagricoles.

    Lon peut galement citer lexprience menepar ENDA-Pronat dans la mise en place dunsystme de pompage solaire dans la zone deKoussanar (rgion de Tambacounda) o ENDA-Pronat accompagne les producteurs de Sar-Boubou, depuis environ dix ans, pour la matrisedes pratiques agrocologiques. Dans ce village, accder leau potable, abreuver le btail et

    dvelopper le marachage pendant la saisonsche, car la nappe phratique se situe uneprofondeur de 33 mtres, ce qui est particulire-ment pnible pour les femmes.

    ENDA-Pronat, en partenariat avec une entre-prise sngalaise spcialise dans le pompagesolaire, a conu un systme adapt aux condi-tions locales et la profondeur de la nappephratique. Ce nouveau systme qui devrait as-surer lapprovisionnement en eau au moins pen-dant vingt ans, a t mis en place en dcembre

    2013 et comporte : pompe solaire situe au fond du puits etpermettant lexhaure de leau vers un

    rservoir tanche en bton arm de15 m3 ;

    les activits de marachage ;

    correctement le village en eau potable etdeux abreuvoirs connects pourabreuver le btail.

    Au vu des changements obtenus, lexemple du

    village de Sar-Boubou illustre une belle alter-native en termes de gestion communautaire desressources, notamment pour contrecarrer lararet, la chert ou encore la pollution de leaucause par laccaparement des ressources parles grandes entreprises nationales et multinatio-nales. Il constitue aussi un bel exemple pour lareconqute dune gouvernance des ressourceslocales par la communaut locale qui vit de cesressources et se met sur un trajet propice undveloppement local durable. Tout ceci est en

    phase avec lesprit de la Dclaration de Berlinsur le droit leau, mise par plusieurs organisa-tions partenaires, dont ENDA-Pronat (Sngal),la COAJ (Argentine) et lassociation BerlinerWassertisch (Table ronde eaux Berlinoise)en Allemagne.

    Dans cette dclaration, ces organisationssengagent uvrer avec les communautspartenaires dans les diffrentes rgions duSngal, pour dmultiplier les exemples degestion autonome des ressources naturelles

    et lutter contre toute option de privatisation desressources locales, nfaste au dveloppementde lconomie rurale et lpanouissement dessocits paysannes.

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    Dans ses rcentes conclu-sions relatives la situa-tion de lAfrique, le Groupede travail III du Groupe

    dexperts intergouvernemental surlvolution du climat (GIEC) a attirlattention sur le fait que : a) lecontinent constitue lune desrgions du monde les plus vuln-

    rables au changement climatique et aux varia-

    tions du climat ; b) dans de nombreux paysafricains, la production agricole et la scuritalimentaire seront gravement mises en dangerpar le changement climatique et les variationsdu climat ; c) la pression lie laccs leausera srieusement augmente dans plusieurssous-rgions, et mme les pays non encoreexposs ce risque devront sattendre unepression accrue sur leurs ressources en eau ; d)les risques sur la sant humaine, dj aggravs

    encore plus svrement sur les communautsdu fait du changement climatique et desvariations du climat.

    ENDA est plus que jamais conscient que lebesoin de moyens dadaptation, pour faire face une importance accrue auprs de toutes lescatgories dacteurs, quils soient preneurs dedcision, spcialistes du dveloppement ouorganisations communautaires de base. Carpour beaucoup de communauts en Afrique,

    ladaptation nest pas un choix, mais unencessit. Et mme sil est vrai que larduction des facteurs de vulnrabilit est enmesure de contribuer augmenter la capacitdadaptation des populations, cest toutefois larduction durable de la pauvret qui reste le En effet, les recherches menes par ENDAces dernires annes ont montr que certainesstratgies dadaptation ont pu crer de vraiessynergies avec les efforts mis en place par lescommunauts pour atteindre les Objectifs dumillnaire pour le dveloppement (OMD).

    Cette dimension est dune importance majeuredans le dveloppement de stratgies intgres

    de rsilience et dadaptation, qui comprennent, subsistance et dimportants changements dansle travail agricole. En effet, les agriculteursafricains ont su laborer et mettre en uvrediverses stratgies dadaptation destines mi-norer les impacts ngatifs des variations clima-tiques. Ces efforts pourraient, certes, se rvler -ments du climat, mais ils renforcent ENDA dans

    sa conviction selon laquelle des efforts accrus seront ncessaires pour rduire la vulnrabilit nombre dactivits de recherche-action, de capi-talisation des bonnes pratiques et de diffusion en uvre dans plusieurs pays africains, pour -nir les priorits et tester de nouvelles approchessur des bases communautaires.

    Des outils pour intgrer les stratgiesdadaptation au dveloppement

    Dans les pays du Sud, la variabilit et les chan-gements climatiques ont suscit un certain - -veaux outils adapts et de renforcement descapacits des acteurs. Dans le souci daccom-pagner les politiques et les citoyens, ENDA-nergie, bas Dakar (Sngal), sest plus quejamais attach au dveloppement de projets derecherche-action, fonds sur un certain nombrede stratgies destines faire face aux effetsdu changement climatique sur lenvironnement.Au nombre de ces projets lon peut citer le Projetde Dveloppement des capacits pour ladap-tation au changement climatique et lattnua-tion des gaz effet de serre (C3D+). Ce projetrenforce les capacits des pays du Sud dansla mise en uvre, lchelle nationale, desactions appropries pour lattnuation et ladap-

    tation aux changements climatiques, traversune approche Sud-Sud. Linitiative conjugue lessynergies de six instituts de recherche et de for-mation bass dans les pays en dveloppement

    CHAPIT

    RE2 nergie et changement

    climatique

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    (ENDA, CCCC, CSAG, ERC-UTC et MIND) ettrois autres partenaires du Nord (SEI, IISD etCIFOR). Situs en Afrique, en Asie, en Europe, centres forment un vritable rseau de dvelop-pement de capacits et de connaissances sousla coordination technique dUNITAR et lappui

    Le projet C3D+ dveloppe et teste les outilsdanalyse et de prise de dcision, ainsi quedes mthodes qui aident les pays concerns prennent en compte le changement climatique.La mise en uvre des activits de C3D+ aabouti trois rsultats cls : 1) lintgration des

    nationale, sectorielle et locale, et le renforce-ment de la prise de dcision ; 2) le renforcementdes comptences et des capacits rpondreaux changements climatiques dans les pays en et de la porte du projet, grce au renforcementde lapproche C3D+.

    Les rsultats de la phase actuelle du projetC3D+ ont amplement dmontr limportance defournir des outils adquats pour comprendre,

    communiquer et oprationnaliser lintgration duchangement climatique dans le dveloppement.La qualit et la pertinence des outils, tels quela bote outils pour ladaptation , prouvent

    nergie dans ce domaine. Cette exprience apermis ENDA de dvelopper, essentiellementen direction des dcideurs politiques, trois typesdoutils qui : 1) aident la ngociation ; 2) aidentles dcideurs locaux ; 3) apportent un soutien auniveau communautaire.

    Concernant le soutien propos au niveau com-munautaire, le but vis court terme est surtoutdorganiser la production dune large gamme dematriel dinformation en utilisant le contenu dela Banque des connaissances endognes (BCE)rcemment mise sur pied. Cette BCE renfermeles bonnes pratiques dadaptation aux effets duclimat sur lenvironnement et notamment sur les

    terres agricoles. apporter une valeur ajoutedans lanalyse de la vulnrabilit et de ladapta-tion, en exploitant les connaissances locales auregard des moyens dexistence des communau-ts, pour un dveloppement durable.

    Ce programme a permis ENDA-nergiedlargir sa base de donnes sur la BCL/BCE(les bonnes pratiques documentes couvrentplusieurs pays africains et plusieurs domaines :agriculture, pche, arboriculture, eau, etc.).Comme exemples de bonnes pratiques, lon

    peut citer le Za qui est une technique culturaleprise au Yatenga (nord du Burkina Faso) poursadapter aux impacts de la scheresse sur laproductivit des terres dgrades ; ou la demi-

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    lune qui, malgr ses ressemblances, diffrede la technique du za, parce que plus large etpermettant davoir une surface plus grande pourcultiver et collecter de leau.

    La capitalisation et lamlioration des connais-sances endognes ont t entames la suite documenter les bonnes pratiques, et parta-ger les connaissances ainsi capitalises. Desvisites de terrain ont t menes dans

    plusieurs pays dAfrique de lOuest, notam-ment au Burkina Faso, au Bnin, au Mali et enGambie. Au total, ce sont 36 bonnes pratiques Briefs publis.

    AfricaAdapt : premier rseau de partage desconnaissances sur ladaptation en Afrique

    Le rseau AfricaAdapt est unique en son

    genre en matire de partage des connais-sances sur ladaptation au changement clima- 2009 et opre en ligne (Online) grce

    des rencontres face--face qui permettentdimpliquer les communauts locales marginali-ses, ainsi que les parties prenantes nayant pasaccs Internet, dans le partage de connais-sances. En cinq annes dexistence, le rseauest devenu un vritable label, parce quoutilincontournable dans le domaine du partagede connaissances en Afrique. AfricaAdapt estcoordonn par quatre organisations :ENDA-nergie, FARA (Forum for AgriculturalResearch in Africa), ICPAC (IGAD ClimatePrediction and Applications Centre) et IDS(Institute of Development Studies). ENDA-nergie travaille lamlioration des outilsde la connaissance pour les initiatives lies lenvironnement et au dveloppement local,contribuant la recherche de possibilits dedveloppement de rechange. Au nombre deses acquis et ralisations qui sont autantdlments dimpact, lon peut noter :

    23 projets, mis en uvre dans 16 paysafricains, grce au fonds dinnovation qui a permis des communauts

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    vulnrables de dvelopper des changement climatique, notamment enfavorisant le partage de bonnes pratiques

    dadaptation base communautaire ;

    Meet & Greet : AfricaAdapt a suscitlintrt pour ladaptation en favorisantdes rencontres informelles, qui ontpermis ses membres, au-del deschanges virtuels, daller vers des inter faciliter les collaborations ;

    de connaissances au cours desquellesles diffrents acteurs du domaine deschangements climatiques se sontretrouvs pour partager leurs expri-ences et bonnes pratiques dadaptation ;

    runi plus de 200 acteurs, venusdAfrique et dautres continents et qui futune premire du genre ;

    dialogues radiophoniques en langueslocales avec les radiodiffuseurs commu-nautaires, travers le continent, lintention des communauts locales ;

    supports de communication ;

    ressources (projets, publications, news).

    AfricaAdapt compte aujourdhui 1 373 inscritssur www.africaadapt.net, issus de 125 pays

    dAfrique et dailleurs. Plus de 3 250 followers suivent les activits du rseau via le rseausocial Twitter (@AfricaAdapt) et il disposedune base de donnes unique lie GoogleMaps et comprenant plus de 400 institutions,projets, rseaux et experts travaillant surladaptation au changement climatique enAfrique. Un rcent rapport publi par le PNUD,en avril 2012, a rvl quAfricaAdapt constituela deuxime source dinformation en ligne laplus prise en Afrique, aprs Teamworks.

    Les perspectives du rseau AfricaAdapt sejouent prcisment durant la phase transitoireactuelle (2014-2016) vers son autonomisation,cest--dire son institutionnalisation.

    Cette phase survient dans un contexte de chan-gements plusieurs niveaux dans le partage desconnaissances, do la ncessit dune actuali-sation de la vision, de la mission et des objectifs

    du rseau. La nouvelle vision dAfricaAdapt estque la rsilience des personnes vulnrablesen Afrique est amliore grce un meilleuraccs et une meilleure utilisation des connais-sances sur ladaptation au changement clima-tique . Quant sa nouvelle mission, elle vise promouvoir et faciliter le partage des connais-sances pour ladaptation au changement clima-tique en Afrique, en particulier entre les commu-nauts africaines, leurs dirigeants, chercheurset praticiens, et surmonter les obstacles au

    changements politiques .

    Dans sa nouvelle phase, le rseau se proposedaller plus loin en crant des communautsde pratiques ou des espaces dchanges, quiauront pour but de sassurer que les proccu-pations des communauts cibles trouveront dessolutions pratiques dans la mesure du possible, travers une concertation entre les diffrentsacteurs. AfricaAdapt en tant que plateforme departage dinformations, de dialogue, de rseau-

    tage envisage ainsi de devenir une commu-naut de pratiques tous les niveaux, du localau continental. Le rseau envisage galementde mettre un accent particulier sur le plaidoyerpolitique, en connectant les proccupationslocales avec les dcisions politiques et avec lamise en uvre de ces dcisions sur le terrain.

    Initiatives pour le microfinancement delaccs lnergie

    ENDA-nergie apporte son assistance

    technique linitiative de dveloppement delentreprenariat rural en nergie durable (AREEDII). , Le programme AREED II vise largirlaccs aux technologies dnergie renouvelable approche qui combine loffre et la demande enservices nergtiques impliquant des institu- et fournir des services pour le dveloppement soutenir les organisations locales qui cherchent

    lancer des projets ou les entreprises de lner-gie rurale durable ; 2) engager les institutions

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    mepartie

    dnergie poursuivant des objectifs dedveloppement rural.

    ENDA-nergie, en tant quassistant technique, niveau local, assure le montage du projetdnergie renouvelable pour les membres de lamutuelle et la formation des IMF.

    Le rle dENDA-nergie est galement desuperviser ce processus et, au besoin, dap-porter son assistance technique pour lever lesobstacles et rsoudre les problmes tout aulong de lexcution du projet. Durant lanne2013, les ralisations dENDA-nergie ontrevtu divers aspects, notamment :

    technologies et le march ;

    quatre projets en partenariat avec lesmutuelles rurales dpargne et de crdit:le biogaz domestique (50 units) pour lamutuelle dpargne et de crditMEC-CREC de Ngaye Mkh ; installa-tion de plus 500 panneaux solaires pour

    la MEC le Sine dans la rgion de Fatick,les fours de fumage de poisson et desmodles de boulangeries fonctionnant aubois et au gaz.

    et la polit