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APOCRYPHA

LE CHAMP DES APOCRYPHES

1 1990

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APOCRYPHA

LE CHAMP DES APOCRYPHES

Comite de redaction

P. Geoltrain

E.Junod

J -C. Picard

Avec Ia collaboration scientifique

de I Association pour I Etude de Ia

Litterature Apocryphe Chretienne

(A.E.L.A.C.)

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 POCRYPH

La

fable

 REPOLS

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LA FABLE APOCRYPHE

I

Sous a direction de:

Pierre GEOL TRAIN

Jean-ClaudePICARD

Alain DESREUMAUX

@ Brepols 1990

Attribution du n° ISSN en cours.

D/1990/0095/44

All rights reserved.No part of this publication may be reproduced

stored in a retrieval system or transmitted in any form or by any means

electronic mechanical photocopying recording or otherwise

without the prior permissionof the publisher.

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APOCRYPHA

LE CHAMP DES APOCRYPHES

Apocryphal writings have ong beenconsidered nferior literary

products which one udged by their relationship o canonical or nor-

mative writings. Theyhave not yet really ound their place assub-

jects ofscientific study. Despiteperiodic interest rom specialists of

severaldisciplines they have remained, or the scholarlyworld as a

whole, marginal, little known and unexploited by historians of the

societieshat produced hem. Today, he enewal of anthropological,

linguistic and historical methodsallows the ormulation of new ap-

proaches to the phenomena reflected in the apocryphal writings.

Apocryphal biblical traditions offer an exceptional opportunity

for research. solated as an object for the erudition of Western

knowledgesince heXVIth century, theyhavebecomeduring the ast

thirty years the object of studies by large international and inter-

disciplinary teams with renewedperspectives.

Apocrypha -Le Champ desApocryphes will be published an-

nually and aims to offer aforumfor expression, xchange nd con-

frontation for all those wishing to transform the old object of

erudition into a new subject or historical reconstruction.

Already several main orientations are clear:

-the study of the production, transmission and transformation of

biblical apocrypha of Jewish and Christian origins, from Antiquity

to the Middle Ages, provided that there is a wish to escape hefascina-

tion exercised by the ideology of original text and traditional

models of literary genres ,'

-the exploration of the wealth of ethnographical informations con-

tained in the apocryphal traditions, reclassified according to time,

milieus of production and usage and in the light of the cultural and

linguistic contexts that have fostered the diverse collections,'

-the rediscovery of the heritage of the apocrypha, the history of

which will aid in gaining a better grasp on the nature of this singular

literary phenomenon,'

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-lastly the history of collections of extsand thehistory ofresearch.

Epistemologicalprejudices have ong beenaccumulated. Theyhave

no doubt made the apocrypha seemstrange objects or four cen-

turies.

Apocryphal literature hasbeenburied like treasuresn the vastex-

pansesof literature and imagination; elaboratedand transmitted by

numerousJewishcommunitiesand Christian milieus of Asia Africa

and Europe or two thousandyears these reasureswill be reexpos-

ed in Apocrypha -Le ChampdesApocryphes. This new ournal will

be written by scholars of different fields who want to participate in

this communal ask: to reestablish he real contours of apocryphal

collections to sketch the real nature of these monuments.

Apocryphal literature hasshapedor a long time imagination men-

tality and modes of life of so manysocietiesand cultures.

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APOCRYPHA

LE CHAMP DES APOCRYPHES

Longtemps considerees comme des sous-produits litteraires

que l on jugeait d abord par rapport aux ecrits canoniques

ou normatifs, les litteratures apocryphes n ont pas encore

vraiment trouve leur statut d objet scientifique. Aux epoques

memes oil des specialistes de diverses disciplines ont mani-

feste pour elles un immense interet, les litteratures apocry-

phes sont demeurees,pour l ensemble du monde savant, des

lEuvres marginales assez mal connues et surtout peu exploi-

tees par les historiens des societes et civilisations concer-

nees. Aujourd hui, Ie renouvellement des problematiques et

des methodes anthropologiques, historiques et linguistiques

permet d envisager d autres approches des phenomenes dont

temoignent les litteratures apocryphes.

Les traditions apocryphes bibliques offrent d emblee un

champ privilegie a la recherche. Constitutes en objet d eru-

dition dans l espace du savoir occidental depuis le XVle sie-

cle, elles benijicient d ores et deja des travaux effectues.

dans des perspectives largement renovees au cours des trente

dernieres annees, par de grandes equipes internationales,

souvent pluridisciplinaires.

Au rythme d un recueil annuel, APOCRYPHA-LE CHAMP

DES APOCRYPHES ouvre un espace d expression, d echange

et de confrontation a tous ceux qui s emploient actuellement

a reorganiser et transformer [ ancien « objet d erudition » en

un « nouvel objet» pour faire de 1 histoire.

Au ClEur de ces recherches, des orientations se dessinent

deja. On releve, entre autres :

-l etude des PRAT1QUES1SCURSlVESui, de [,Antiquite jus-

qu au Moyen Age et au-dela, ont produit, recueilli et trans-

forme les apocryphes bibliques d origine juive et chretienne.

Encore faut-il, dans cette voie, vouloir echapper a la fasci-

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nation qu exercent l ideologie du « texte » original et le mo-

dele traditionnel des « genres litteraires »;

-l exploration des CONSERVATOIRESETHNOGRAPH1QUES

constitues par les traditions apocryphes, redistribuees seton

leurs temps, leurs milieux de production et d usage, a travers

les reseaux culturels et linguistiques qui ont favorise la for-

mation de collections differenciees;

-la redecouverte de la POSTERITE DES APOCRYPHES dont

l histoire, redeployee dans la longue duree, permettra a

terme de mieux saisir la nature de cette veine litteraire sin-

guliere, battant au rythme des memoires collectives;

-entin, l H1STO1REDES CORPUSet l historiographie des etu-

des et des travaux qui revelent des espaces epistemologiques

011 se sont accumules des paradigmes, souvent heterogenes :

ce sont eux sans doute qui, depuis quatre siecles, ont fait

des apocryphes Get objet d apparence etrange, captif long-

temps, et aujourd hui encore, de solides prejuges.

APOCRYPHA-LE CHAMP DES APOCRYPHES est ouvert

a l image et a la mesure des richesses multiples enfouies

dans ces vastes pans de litteratures et d imaginaire, charries

et cultives par de nombreuses communautes uives et routes

les chretientes d Asie, d Afrique et d Europe pendant plus de

deux millenaires. Les pages du nouveau Recueil seront ecri-

res par taus ceux qui, dans leurs disciplines propres ou

depuis les lieux de leurs recherches particulieres, trouveront

des raisons de s associer durablement ou de participer ponc-

tuellement a l a uvre commune.. redonner les dimensions reel-

les et dessiner enfin la stature veritable de ces monuments

qui, long temps et de bien des manieres, fac;onnerent les

imaginaires, les mentalites et les espaces de vie de rant de

societes et de cultures.

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AVANT-PROPOS

LA FABLE, POUR TOUT DIRE

« Il me contait les apocryphes. J y pre-

nais un plaisir extreme qu aucune liUera-

ture ne m a fait connaitre a ce point; Ie

plaisir de la fable, pour tout dire. Mais

ou retrouverai -je aujourd hui ces histoi-

res? Ou sont nos conteurs d antan? »

L. TRAIG (Memo res)

Ce volume rassemble one douzaine d etudes sur les littera-

lures apocryphes, donnees par des savants reunis a Paris en

1986 a I occasion du centenaire de la Section des Sciences

Religieuses de I Ecole Pratique des Hautes Etudes. Les titres

de ces contributions, comme leur contenu, manifestent

d abord l etendue du champ de recherche et la multiplicite

possible des approches : sorte d eclatement initiateur qui met

en relief les aspects divers d une litterature dont l importance

enfin reconnue interdit qu elle SOil a nouveau marginalisee.

Des l abord, Ie lecteur reperera de lui-meme les differentes

entrees qui lui soot offertes, selon qu il s interesse de prefe-

rence a l historiographie, a l apoca~yptique, au monde d ex-

pression syriaque, a la presentation critique de theses recentes

ou au dossier concernant l inventaire et I edition des apocry-

phes armeniens. Tres vile cependant, il verra apparaitre, au-

dela de cette premiere approche thematique, les signes d une

convergence remarquable entre les auteurs qui, partant de

documents de genres differents, de cultures autres et de

problematiques diverses, remettent en question quelques idees

recues et dessinent de nouvelles pertinences.

C est d abord LA REMISE EN CAUSE DU PARTAGETRADITION-

NEL ENTRE APOCRYPHES UIFS ET APOCRYPHESCHRETIENS. La

frontiere entre deux series litteraires nettement delimitees est

rouverte, SOil qu on reconnaisse par I etude historiographique

l origine et les causes qui l avaient rendue infranchissable

(J -C. Picard), SOil que Ie dossier traite interdise de la main-

tenir (Ph. Alexander, R. Bauckham, M. Stone); et lorsqu une

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LA FABLE APOCRYPHE

these originale fait remonter a one date bien plus ancienne

que celIe generalement retenue la selection faite par Ie ju-

dalsme au sein de sa litterature (M.D. Herr), elle incite Ie

lecteur a s interroger sur leg modes de constitution des

« bibliotheques » dans leg divers courants du judalsme avant

la destruction du Temple. Nous voila donc conduits a traver-

ser les corpus et a reconsiderer l organisation que des gene-

rations d erudits et de savants, souvent theologiens, ont jadis,

naguere et tout recemment encore, impose a tel corpus parti-

colier, comme celui des « Apocryphes du Nouveau Testa-

ment » (J -C. Picard).

Celie transgression des frontieres a pour corollaire la ne-

cessite d ETUDIERLES APOCRYPHESANSLA LONGUEDUREE.

Un theme apocalyptique l illustre bien, celui du conflit entre

justice et misericorde (R. Bauckham). Des anciennes apoca-

lypses juives a Dostolevski, il y a tradition continue et one

meme preoccupation apparait dans Ie redeploiement de series

de textes apocalyptiques usque-la arbitrairement separees.

Un autre point de convergence est l importance que pren-

nent leg reuvres apocryphes pour I HISTOIREDESCULTURES T

DESMENTAUTEs.La litterature apocryphe n est pas seulement

one source qui eclaire quelques points d histoire. Pour

l Osrhoene, par exemple, elle fait acceder a toute one culture,

avec son histoire politique, sa langue et sa litterature propres

(H. J. W. Drijvers). Un archeologue epigraphiste peut meme

y rejoindre l histoire quotidienne en reinserant leg voyages

d un apotre dans Ie monde des marchands (J. Teixidor) et

deceler entre deux textes -l histoire d Ahiqar et celIe de

Thomas -one meme matrice et one transformation qui

eclaire, par difference, un aspect de l histoire des mentalites.

Ces approches revelent comment leg apocryphes sont donc

aussi souvent les archives d une culture.

Le cas de I Armenie en est one preuve: leg archives « apo-

cryphes » de la culture armenienne debordent largement leg

frontieres qu on leur avail reconnues jusqu ici; Ie nombre de

textes encore non publies ou meme insoup~onnes laisse ou-

vert un immense domaine de recherches (M. Stone). De

meme, la litterature apocryphe occupe one place de choix

dans leg debats d idees qui animerent Ie debut du XVllle sie-

cleo Le dossier historiographique consacrea Toland (P. Schmidt)

montre comment ce personnage a joue des apocryphes, et de~

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A FABLE, POUR TOUT DIRE

l Evangile de Barnabe en particulier, a la fois pour argumen-

ter one querelle theologique et pour ebaucher one autre his-

toire du christianisme a ses origines. En quelques annees, on

voit s instaurer, autour des apocryphes, un debat dans lequel

resurgissent les arguments d antiques controverses, mais 00

se mettent aussi en place les elements qui seront repris plus

lard pour reinterpreter l histoire des deux premiers siecles

chretiens.

Les apocryphes se revelent ailleurs comme un CONSERVA-

TOIREETHNOGRAPHIQUE.expose critique des travaux consa-

cres par trois ouvrages recents it la place des femmes dans Ie

milieu de production des Actes apocryphes des Apotres (J.-D.

Kaestli) est un exemple de la constitution d un dossier a par-

tir duquel on devra Caire one anthropologie des rapports entre

hommes et femmes dans plusieurs series de textes.

Travailler la litterature apocryphe, c est d abord travailler

sur des ecrits : ecrits a lire, manuscrits a retrouver, textes a

editer dans la multiplicite de leurs variantes, de leurs ver-

sions, de leurs transformations. 11 est donc inevitable qU ON

S INTERROGEURLE TEXTE.Lorsque des strates differentes y

soot decelables, on n a pas seulement affaire a des couches

litteraires qui se superposent : Ie texte re~u est one memou-e

dont les strates differentes soot celles de l imaginaire (B. Teys-

sedre). Lorsque s accumulent des series de manuscrits

variants, peut-on encore parler de « texte » et meme de

« genre litteraire » gardant one coherence (Ph. Alexander)?

Lorsqu un cycle comporte one serie de documents, comment

ces documents ont-ils ete reunis? Ont-ils ete transformes?

Comment ont-ils ete diffuses, ensemble ou separement, et

quels etats du texte doit-on privilegier? Quelles fonctions les

figures apocryphes ont-elles assurees dans I organisation de

constellations litteraires (A. Desreumaux)? Lorsqu au contrai-

re on n a plus que des ecrits fragmentaires depuis longtemps

relegues dans la categorie des cas « desesperes », que faire?

On peut les remettre en perspective historique de fa~on inedi-

te et montrer 1 interet que prennent, par exemple, les frag-

ments d Elkhasal pour peu qu on sache les replacer au carre-

four ou s entrecroisent et se repondent plusieurs series

documentaires : textes judeo-chretiens, apocryphes juifs, apo-

cryphes chretiens et traditions manicheennes (Mani possedait

douze aoocalvoses. dont celIe de Paul). La encore, il Caul se

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LA FABLE APOCRYPHE

situer dans la longue duree qui nons conduit jusqu au IIIC sie-

cle et en milieu mesopotamien L. Cirillo).

Bien d autres investigations dans Ie domaine apocryphe ont

ete proposees lots du colloque du centenaire : des apocryphes

juifs a leurs remaniements chretiens et aux pratiques recupe-

lattices qu elles manifestent; des apocalypses antiques a

1 apocalyptique hebralque plus recente et aux visions medie-

vales de l autre monde; des motifs d apocryphes dans l ha-

giographie et 1 iconographie coptes aux riches peintures de

Cappadoce et aux retables de Tarentaise; de 1 Evangile de

l Enfance conserve en ethiopien au tresor des apocryphes

armeniens; du cycle des apocryphes attribues a Pierre a la le-

geode du Christ XXIIC pretre du temple de Jerusalem; de la

discipline de l arcane dans l Eglise des premiers siecles a la

production et a la diffusion des apocryphes dans Ie monde

byzantin. Tant de perspectives esquissees,de debats instaures,

de chantiers urgents entrepris permettent d apercevoir des ter-

ritoires a ouvrir ou rouvrir a la recherche. La prochaine li-

vraison du CHAMP DES APOCRYPHES donnera les autres

contributions apportees pendant ce colloque par des cher-

cheurs venus de disciplines et d horizons divers. Tous auront

ainsi participe a one entreprise preparee et comme murie au

COUTSes dernieres decennies.

En effet, constitue pour l essentiel au COUTS u siecle

dernier, consolide au debut du notre, l acquis des sciences

philologiques et historico-critiques sur les apocryphes anciens

s etait cristallise et transmis dans des recueils devenus les

classiques du genre (Kautzsch, Charles, Hennecke-Schneemel-

chef). Les strategies cognitives qui entretenaient cet acquis

ont d abord cru trouver dans les lots de manuscrits decou-

verts en Haute Egypte en 1945 et en Palestine en 1947 de

quoi confirmer Ie dispositif general qui avail restreint l en-

semble du champ documentaire a deux courtes series de tex-

tes rapportees chacune a un espace historique tres limite.

Cependant, les fonds de Nag Hammadi et de Qumran

devaient reveler par la suite I inadequation des structures

compactes (Schneemelcher, 1959) bricolees a la hate pour en

controler I irruption, tout autant que celIe des modeles classi-

ques a I aide desquels on avail commence I etude des nou-

veaux documents. A terme, Ie retour des historiens vets les

gisements documentaires devait reveler la cause de cette~

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LA FABLE, POUR TOUT DIRE

11

inadequation : beaucoup trop de matiere avail ete ecarte par

une entreprise reductionniste, appuyee sur une pratique philo-

logique qui I avait confortee dans son dessein. II s agissait

d operer une selection drastique des seuls elements « primi-

tiCs » qui, dans une masse chaotique, avaient I heur de repon-

dre a I idee qu on se faisait, ici du « vrai » pseudepigraphe

de I Ancien Testament, la de 1 « authentique » apocryphe du

Nouveau Testament, recemment encore reduit a son strict

concept (Schneemelcher,1964). Le retour aux gisements docu-

mentaires et Ie redeploiement qui en resultait, firent mesurer

I ampleur du « reste » qu on avail laisse dans I oubli ou

qu on y renvoyait.

Or ce reste delaisse est a lui seul un univers. S il apparait

d abord comme un ensemble de traditions manuscrites aussi

luxuriantes que touffues, il est aussi fait de cycles amples (de

Pilate, de Daniel, d Esdras, de Marie, d apotres et autres dis-

ciples: toute une galerie de personnages, de figures tres

« actives» dans les memoires chretiennes). II recele de vastes

registres d ethno-litteratures et de collections ethno-linguisti-

ques. On y decouvre des posterites longues et diversifiees,

mouvantes, debordant Ie cercle etroit des « genres » assignes

a I apocryphe, pour s epanouir dans des pratiques discursives

renouvelees a travers Ie temps et I espace. Enfin, au-deJa du

monde de I ecriture, on y voit I apocryphe envahir I espace

feuillete de pratiques semiotiques differenciees, souvent arti-

culees au double registre de I oralite et de I ecriture : des

textes a I image, de I image aux toponymies, des toponymes

aux topographies legendaires capables de fa~onner des

regions entieres du monde en « lieux de memoires », de ces

topographies de pelerinages aux edifices et aux liturgies qui

modelent Ie temps, aux chants et aux treteaux animes de

« jeux » et de « mysteres », des graffiti aux fresques peintes,

aux sculptures et aux verrieres. Somme toute, ce reste si

vaste, si fiche d histoire, si anime des mentalites de peuples

et de langues qui y ont deploye leurs architectures et exerce

leurs anamorphoses successives, invitait a un renversement :

on devait desormais chercher I apocryphicite la 00 son histoi-

re longue et foisonnante lui avail donne vie, sans la contenir

plus longtemps dans les limites 00 des raisons autres qu his-

toriennes avaient pris I habitude de la tenir enfermee. Les

« litteratures apocryphes » devenaient des lors un cadre trop

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LA FABLE APOCRYPHE2

etroit : il Callait ouvrir resolument Ie champ a la Fable apo-

cryphe. C est donc ce titre qui a ete retenu pour les deux

premiers volumes du Recueil. Les lecteurs y suivront la

demarche entreprise par one trentaine de chercheurs reunis

pour rendre aux plaisirs de la Fable et aux appetits d histoire

un monde oublie : celui du continent apocryphe.

Pierre Geoltrain

Jean-Claude Picard

Alain Desreumaux

CANAL

Centre d analyse pour l histoire

du judaisme hellenistique

et des origines chretiennes

EPHE -Section des sciences reli2ieuses

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BIBLIOGRAPHIE GENERALE

Dans l ensemble du volume, on cite les ouvrages ou arti-

cles par Ie nom de leur(s) auteur(s) accompagnede la date de

parution; la reference complete se trouve dans la lisle ci-

dessous. Les revues, collections et dictionnaires sont abreges

de la maniere suivante (en general selon 1e code de S.

SCHWERTNER.ATG. Index international des abreviations

pour la theologie et matieres affinissantes, Berlin-New York:

W. de Gruyter, 1974).

Abreviations des ouvrages et collections

Dans leg communications en fran~ais. leg abreviations des livres

bibliques sui vent leg regles de la Traduction lEcumenique de la

Bible.

AAEG

AAWLM.G

ABAW.PH

AHDL

AION.G

AnBib

AnBol/

AnGr

Annales

AD

ANRW

Annuaire de l association pour l encouragement

des etudesgrecques en France, Paris.

colI. Abhandlungen der Akademie der Wissen-

schaften und der Literatur in Mainz. Geistes-und

sozialwissenschaftliche Klasse, Mainz.

Abhandlungen der (k.) bayerischen Akademie

der Wissenschaften. Philosophisch-historische

Abteilung, Miinchen.

Archives d histoire doctrinale et litteraire du

moyen-age, Paris.

Annali deU istituto universitario orientale di

Napoli. Sezione germanica, studi nederlandesi,

studi nordici, Napoli. .

colI. Analecta Biblica, Roma.

Analecta BoUandiana,Bruxelles.

Analecta gregoriana, Roma.

Annales. Economies, societes, civilisations,

Paris.

Der aile Orient, Leipzig.

colI. Aufstieg und Niedergang der romischen

Welt, Berlin-New York.

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LA FABLE APOCRYPHE

ASNS

Aug

BAC

BEC

BEThL

Bib

BIFAO

BSFE

BZ

BZNW

CAr

CChrSL

CCSA

CMC

CNT

CrSt

CRHPhR

csco

CSCO. ,£th

CSEL

CThAP

DACL

DAWW.PH

Annales du Service des Antiquites de l Egypte,

Le Caire.

Archiv fur das Studium der neueren Sprachen

und Literaturen mil Literaturblatt und Biblio-

graphie, Braunschweig.

Archivio storico per la Sicilia orientale, Cata-

nia.

Augustinianum, Roma.

colI. Biblioteca de autores cristianos, Madrid.

colI. Bibliotheque d etudes coptes, Le Caire.

colI. Bibliotheca ephemeridum theologicarum

Lovaniensium, Louvain.

P. Peteers, Bibliotheca hagiographica orienta-

lis, (Subsidia hagiographica 10), Bruxelles.

B iblica, Rome

Bulletin de l lnstitut fran~ais d archeologie

orientale, Le Caire.

Bulletin (trimestriel) de la Societe fran~aise

d egyptologie, Paris.

Biblische Zeitschrift, Paderborn.

Beihefte zur Zeitschrift fur die neutestamentli-

che Wissenschaft, Berlin.

Cahiers archeologiques, Paris.

colI. Corpus Christianorum. Series latina,

Turnhout.

colI. Corpus Christianorum. Series Apocrypho-

rum, Turnhout.

Corpus Manicheen de Cologne.

Coniectanea neotestamentica, Uppsala.

Cristianesimo nella storia. Ricerche storiche

esegetiche teologiche, Bologna.

Comptes rendus des seances de l Academie des

Inscriptions et Belles-Lettres, Paris.

Cahiers de la Revue d Histoire et de Philoso-

phie Religieuses, Faculte de Theologie protes-

tante de S trasbourg, Paris.

colI. Corpus scriptorum christianorum orienta-

lium, Roma.

colI. Corpus scriptorum christianorum

orientalium, Scriptores A?thiopici, Roma.

colI. Corpus scriptorum ecclesiasticorum lati-

norum, Wien.

colI. Cahiers theologiques de I actualite protes-

tante, Neuchatel.

F. CABROL, H. LECLERCQ,Dictionnaire d ar-

cheologie chretienne et de liturgie, Paris.

colI. Denkschriften der (k.) Akademie der

Wissenschaften in Wien. Philosophisch-historis-

che Klasse. Wien.

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BIBLIOGRAPHIE GENERALE

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DDC

DHGE

DOP

DThC

ErJb

EThL

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GCS

Gr

GRM

HThK

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1M

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JJS

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JPTh

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NT

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VOGT, Dictionnaire d histoire et de geographie

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colI. Dumbarton Oaks Papers, Cambridge/Mass.

Dictionnaire de theologie catholique, Paris.

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67

ZEEGERS .

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1891 Augustin. Contra Faustum CSEL 25).

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Jean-Claude PICARD

C.N.R.S.

L APOCRYPHE A L ETROIT

NOTES HISTORIOGRAPHIQUES

SUR LES CORPUS D APOCRYPHES BIBLIQUES

Une nouvelle generation de recueils d apocryphes bibliques a

vu Ie jour entre 1966 et 1985. Si l on peut, a leur propos, par-

ler d une « generation », c est qu ils ont en commun de creu-

seT chacun un meme type d ecart par rapport a ce qu ils contri-

buent ensemblea Caire econnaitre comme une norme anrerieure,

incarnee de facto par des recueils devenus, au COUTSes deux

premiers tiers de ce siecle, les « grands classiques » du genre.

Un genre tres singulier, en l occurrence. Beaucoup de disci-

plines, historiques et litteraires, ont donne naissance a des

recueils de traductions annotees, accompagnees introductions

critiques. 11 s agit Ie plus souvent de morceaux choisis dans un

ensemble documentaire, ou litteraire, plus vaste; ou d une

selection de pieces, operee selon des criteres qui peuvent va-

rier, mais repondent en general a la fonction du recueil : the-

matique, ou pedagogique, -et au public vise: specialistes,

etudiants, ou milieux cultives. Mais il semble bien qu aucune

discipline historique n ait jamais attendu de leIs recueils qu ils

servent de corpus.

Or il est arrive cette chose singuliere, dans Ie champ des

etudes consacreesaux litteratures apocryphes bibliques, que les

recueils de traductions produits depuis Ie debut du XXC siecle

ont pu se presenter explicitement pour certains, et ont tous

fonctionne comme des corpus, strictement definis et delimi-

tes. charges de reunir l entier de la serie documentaire desi-

gnee par Ie titre des recueils. Si l on peut trouver beaucoup

de raisons pour expliquer une situation pareille, il ne faudra

pas manquer d analyser les consequences qu elle a pu avoir

dans un domaine ou, tout Ie monde en convient aujourd hui,

il est des difficultes extremes a contenir la matiere documen-

taire dans les limites d une « definition » stricte.

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70

LA FABLE APOCRYPHE

Avant que n apparaisse la nouvelle generation de recueils,

on pouvait garder Ie sentiment que les « classiques » etaient

certainement des reuvres a completer au fur et a mesure que

des trouvailles, ou un nouveau consensus, degageraient, ~a ou

la, de nouveaux documents a integrer dans les series etablies.

Mais cette ouverture n etait nullement incompatible avec Ie

statut que de toute part on semblait unanime a reconnaitre a

ces recueils.

Fruits du travail scientifique accompli par plusieurs genera-

tions de savants,acmesdes methodesphilologiques et historico-

critiques elaborees par Ie XIXC siecle, -et tout particuliere-

ment par la science philologique allemande qui, dans ce mon-

de d etudes, garde jusqu aujourd hui un prestige redoutable,

-les « classiques » du genre etaient tenus pour des bases de

donnees serrant tout ce que I on voulait considerer comme

les acquis definitifs des progres decisifs accomplis par la

Critique entre la seconde moitie du XIXC siecle et Ie debut

du XXc. Sur cette base, on pouvait esperer ameliorer Ie texte

critique de telle ou telle piece grace a la decouverte de meil-

leurs temoins manuscrits; grace a one connaissance plus fine

des contextes historiques et des milieux socio-ideologiques

dans lesquels ces ecrits avaient ete composes, on s attendait a

devoir changer la date et/ou l identification du milieu d origi-

ne attribuee(s) dans ces recueils a tel ecrit, ou meme a la se-

fie entiere (comme l illustre, par exemple, la tendance qui se

dessina tres vile apres 1950, a Caire passer des milieux phari-

siens de Galilee a la communaute essenienne du Desert de

Juda, la plus grande partie des ecrits que R.H. Charles avail

attribues aux premiers).

Mais ces progres entrevus n excitaient l ardeur des heritiers,

et leur zele critique nourri par les trouvailles recentes de nou-

veaux manuscrits, qu a proportion de la certitude qui les habi-

tail de n avoir en aucune maniere a questionner, et moins en-

core a mettre en cause, I essentiel du profil que les recueils

classiques avaient su doDDera leurs « objets » respectifs.

La rigueur et I oubli : un concept au pays des apocryphes

Tous n avaient pas cependant une pareille vocation d hcri-

tiers assures de la valeur stable de I heritage. Le premier qui

entreprit, dans Ie champ des litteratures apocryphes, de

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L APOCRYPHEA L F-TROIT

71

remettre en cause les contours et I organisation interne de la

base de donnees constituant, dans son domaine propre, Ie

grand classique du genre, rut un theologien de Bonn, specia-

lisle des apocryphes du Nouveau Testament. Appele par E.

Hennecke a Ie seconder dans la preparation d une troisieme

edition, revue et mise a jour, de son recueil (publie one

premiere fois en 1904, et deja entierement remanie dans une

seconde edition parue en 1924) W. Schneemelcher concut,

apres la disparition du maitre, survenue en 1951, de modifier

tres profondement l objet construit par celui qui l avait invite

it la tache. 11 eut la volonte de mieux definir Ie « concept »

d « apocryphe du Nouveau Testament », d abord; pour s en

aider, ensuite, dans Ie redoutable pari qu il avail fait: donner

une structure compacte a un ensemble de pieces selectionnees

et distribuees selon des criteres deduits de la stricte defini-

tion du concept.

Mieux definir l objet intitule « apocryphes du Nouveau

Testament » avail de quai seduire: l ideal de la science s ac-

commode mal de l a-peu-pres, du Clou, du mouvant, du protei-

forme insaisissable. L objet que Schneemelcher se proposait

de delimiter avec rigueur, avail par plusieurs cotes conserve,

au debut des annees 50, cet aspect d indefinissable qui suffit

aux esprits recherchant la rigueur it reconnaitre l objet non

maitrise. Pour s en convaincre, il n etait que de comparer les

deux recueils edites la meme annee, en 1924, par M.R. James

et par E. Hennecke : leurs divergences etaient si nombreuses

que la tentation eta t forte de ne tenir pour acquis que ce

qu ils avaient en commun. Et meme en reduisant la surface

de l objet au « noyau » commun, aucun consensus ne parais-

sail s etre degage sur la date et Ie milieu d origine precis a

attribuer a chacon des ecrits Tennis dans one telle base.

En comparant cette situation des Apocryphes du Nouveau

Testament a celIe que les recueils classiques d E. Kautzsch

(1900) et de R.H. Charles (1913) avaient su si bien assurer a

la serie « symetrique » des Pseudepigraphes de l Ancien Tes-

tament, on pouvait rever de redresser la situation des

premiers en en ramenant Ie nombre it one serie restreinte,

rapportee it un cadre historique strictement defini, it l exem-

pIe de cet espace « intertestamentaire» assigne a la courte

serie des Pseudepigraphes de l Ancien Testament ormee par

Kautzsch et Charles.

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LA FABLE APOCRYPHE

2

A la fin du XVlIle siecle, plusieurs savants dont Johann

Saloma Semler (1725-1791), avaient exprime leur vir desir de

voir completer Ie corpus d apocryphes que Johann Albert Fa-

bricius avail entrepris de constituer au debut de leur siecle et

qu il avail tres largement ouvert en deux editions successives

(1703, 1719)1. L Auctarium codices Apocryphi Novi Testamen-

ti Fabriciani, contenant plusieurs inedits, pub ie par Andreas

Birch en 1804, repondait, entre autres, it cette attente.

En 1924, M.R. James et E. Hennecke n avaient pas intro-

duit dans leurs recueils tout ce qui avail ete inscrit it I inven-

taire des Apocryphes du Nouveau Testament par Fabricius et

ses continuateurs. La decouverte de nouveaux ecrits retenait a

cette epoque plus I attention que Ie deficit enregistre par Ie

Codex apocryphus fabricien, tel qu on en avail imagine I ob-

jet et la fonction jusqu au debut du XIxe siecle. Mais quand

parol, entre 1959 et 1964, la « troisieme edition » du recueil

des Neutestamentliche Apokryphen, cree jadis par E. Henne-

cke, il devint evident que I entreprise commencee par Fabri-

cius et continuee par Birch encore au debut du XIxe siecle,

n avait plus grand chose de common avec celie que Schnee-

melcher avail conduite, pour I essentiel, en I espace de huit

annees, de 1951 t 1959.

Au desir que la fin du XVIIIe siecle avail eprouve de voir

completer un corpus tres largement ouvert, avail succede

dans les premieres annees de la seconde moitie du xxe sie-

cle, Ie besoin radicalement contraire de resserrer Ie plus

etroitement possible I inventaire strictement ordonne des apo-

cryphes qui seuls meritaient, en toute rigueur, d etre inscrits

sous Ie label d « apocryphe du Nouveau Testament». Schnee-

melcher avertissait clairement ses contemporains: I heure

etait it la rigueur qui exigeait one selection draconienne pour

etre bien servie. Loin d ouvrir toujours plus avant Ie corpus

en direction de collections toujours plus nombreuses et plus

variees d apocryphes chretiens, multiplies en des langues et it

des epoques tres diverses, il fallait developper one strategie

inverse: mener one politique de peau de chagrin pour s assu-

ref enfin de la consistance de I objet contenu dans des limites

strictement definies par un concept central. Elaguer, donc, et

non pas ajouter a one collection qui, contenue dans des limi-

1. C est ce que Joseph V ARIOTevoquait encore en 1878 (p. V-VI).

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L APOCRYPHEA L F-TROIT

73

tes « raisonnables » en 1904, avail ete tres malencontreuse-

ment elargie et comme rendue a one fluidite regrettable des

19242.

Si la seconde edition du Hennecke portait toujours Ie titre,

traditionnel depuis Fabricius, d « Apocryphes du Nouveau

Testament », il n avait pas echappe au maitre com bien la

diversite des genres et la posterite longue du phenomene lit-

teraire etaient tenues trap a l etroit dans un tel titre. Aussi

lui arriva-t-il d user a l occasion d une autre expression pour

designer la veine dans son ensemble; E. Hennecke donna, par

exemple, a one etude parue en 1927, Ie titre suivant : Zur

christlichen Apokryphenliteratur (ZKG 45, p. 309-315). Adver-

saire decide du laxisme vagabond qui avail conduit ses prede-

cesseurs veTSde trap vastes horizons, Schneemelcher entra

dans la carriere en operant un retour spectaculaire a l intitule

fabricien classique; retour au titre seulement, non aI objet

que Ie savant bibliographe de Hambourg s etait employe a

cerner et decrire sous ces memes mots. Et tout semble s etre

passe, entre 1951 et 1959, comme si Ie theologien de Bonn

avail trouve la voie de la rigueur en prenant l intitule convcn-

tionnel au pied de la lettre. II cherchait un « concept » : Ie ti-

tre habituel lui en fournissait un, a la condition d en effacer

la memoire propre.

1. Aux origines du champ des apocryphes : breves remar-

ques pour redecouvrir Fabricius

Une analyse attentive du travail accompli par Fabricius

dans Ie champ des litteratures apocryphes serait tres utile. En

disposer permettra de mieux apercevoir et comprendre les

strategies qui se soot succedees pendant plus de deux siecles

et demi pour remodeler et Ie plus souvent tailler dans l objet

fabricien, aux fins toujours d adapter Ie profil des litteratures

apocryphes a une certaine actualite topique, aux besoins

d une apologetique, mais jamais plus apres Fabricius, sembIe-

t-iI, pour essayer de cerner et de comprendre I objet invente

par Fabricius et Iui donner un veritable statut d objet histori-

que « a part entiere », au, a l inverse, pour en demontrer Ia

2. HENNECKE.-SCHNEEMELCHER.,rad. R. McL WILSON, , 1963, p. 27

et 67.

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74

LA FABLE APOCRYPHE

chimere. En attendant qu'une etude approfondie vienne soule-

ver la chape d'oubli et/ou de malentendus qui s'est depuis

longtemps appesantie sur l'reuvre a bien des egards fondatri-

ce de Fabricius, on relevera ces quelques points.

Le titre latin des deux Codices fabriciens met Ie Testament

designe au genitif: Codex apocryphus Novi Testamenti (1703)

et Codex pseudepigraphus Veteris Testamenti (1713). Le per-

sonnage central ou les circonstances autour desquels les ecrits

pris en compte developpent leurs recits peuvent etre detaches

de (et donc aussi, rapportes a) l'un des deux Testaments com-

posant la Bible chretienne; et cela quelque soil l'origine des

traditions, ecrites ou orales, recueillies par les auteurs des li-

vres imprimes auxquels Fabricius a consacre son enquete 3.

Que ces traditions soient d'origine rabbinique, comme celles

que Ie savant bibliographe releve a propos de MoIse dans Ie

De vita et morte Mosis, pub ie par Gilbert Gaulmin en 1629

(et reedite par Fabricius a Hambourg, en 1714); ou bien isla-

miques, comme celles que Fabricius cherche en plusieurs oc-

casions dans la Bibliotheque Orientale de Barthelemi d'Her-

belot, publiee a Paris en 1697, grace aux soins de Galland;

ou encore, qu'elles soient, en n'importe queUe langue parlee

en quelque lieu et a quelqu'epoque par l'une des nombreuses

chretientes d' Afrique ou d' Asie ou d Europe 4, des recits

adoptes ou formes par des communautes chretiennes, des

moines visionnaires, des legendiers, des chroniqueurs, ou

meme des poetes et des romanciers : toutes les narrations

developpees autour de personnagesbibliques ou d'evenements

detaches de quelque partie de l'histoire biblique forment la

matiere apocryphe qui, par soucis de classification, est distri-

buee par Fabricius entre les deux Testaments. Le genitif a

3. Comme G. Po UPON in F. BOVON, 1981, p. 43) Ie rappelle, on

regrette souvent, a la suite de TUlLO (1832, p. VlI- VIII) que « cet eru-

dit [Fabricius] se soil contente de reimprimer des textes sans aucune

recherche prealable sur la tradition manuscrite ». C'est la un contre-

sens radical, ou une meconnaissance bien etonnante de la demarche

propre du bibliographe de Hambourg : il « ecumait » des livres impri-

mesopas des fonds manuscrits

4. Pour les langues orientales et I'hebreu, Fabricius eut, pour collabo-

rateur, son gendre. celebre, Samuel REIMARUS, 1694-1768), auteur

d'une Vie de l.A. Fabricius publiee en 1737.

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L APOCRYPHE A L F-TROIT

75

donc bien dans ses titres la valeur grammaticale de determi-

nation. Mais c est une determination qui ne dit rien de l ori-

gine du determine, et moins encore sur la genese du recit

primitif, ou de son rapport au x) livre(s) biblique(s) qu il

evoque.

De l examen de la masse tres heteroclite de pieces intro-

duites par Ie bibliographe dans chacun de ses deux Codices,

il res sort que Ie trait distinctif qui, pour lui, valait au docu-

ment de figurer dans Ie corpus des apocryphes, n etait ni sa

date, ni son origine, ni sa forme litteraire, ni un combine des

precedents frappe au sceau de l inauthenticite averee, ou de

la « supposition » (pseudepigraphie). Pour veniT grossir Ie

rang des livres apocryphes re~us comme leIs dans Ie monde

de l erudition grandie dans la Galaxie Gutenberg, il fallait

que la piece se donne elle-meme, ou par Ie secours de celui

qui l avait donnee a connaitre, comme une tradition memoria-

Ie relati ve a une figure ou un moment singulier de ce

« Temps des Origines » que constituent tout ou partie de

l histoire biblique, et ses inevitables entours dont ,la memoire

collective des peuples de tradition biblique a toujours su Caire

Ie lieu principal de son travail propre. Juives, chretiennes ou

musulmanes, orientales ou d Occident, de I Antiquite, du

Moyen age ou plus recentes : toutes traditions passees dans

les livres imprimes comme conservant la memoire de quelque

fait ou personnage lies aux temps bibliques meritaient de fi-

gurer, in extenso ou par simple mention, dans Ie champ des

apocryphes dont Fabricius avail entrepris l inventaire. Mais la

moisson se revelant d entree abondante, et les provenances

tres diverses, Ie savant se donna quelques moyens de classer

la matiere, pour en faciliter I enregistrement d abord, mais

aussi la consultation. Les temps bibliques se laissaient aise-

ment articuler en deux plages, a l imitation de la structure

bipartite de la Bible chretienne; et chacune de ces plages

pouvait etre organisee de diverses manieres : les genres litte-

raires offraient, a un certain niveau, un moyen parmi d au-

tres, d introduire un certain ordre dans la matiere accumulee

sur la plage « neo-testamentaire ». Les figures patriarcales et

prophetiques en offraient un autre pour la plage « vetero-tes-

tamentaire ».

Verifions par des exemples rapides la maniere doni Fabri

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LA FABLE APOCRYPHE

cius s y prit pour ouvrir son large inventaire des apocryphes,

livres et traditions memoriales entres dans Ie champ de l im-

prime. Il s etait publie en Allemagne, a la fin du XYlIC sie-

cle, one « Histoire de Claudia, femme de Pilate »; on la don-

nail pour traduite du syriaque. Pour fabuleuse qu elle put

paraitre, et bien que contraire a la tradition courante qui don-

ne a la femme du gouverneur Ie nom de Procula, Fabricius

en releva l existence par one breve notice inseree dans Ie

Codex apocryphus Novi Testamenti (1719, I, 398). A la page

450 du meme volume, Ie bibliographe reproduit une « Lettre

de I Hemorolsse a Herode » : cette piece apocryphe avail ete

reperee dans la Chronographie de Jean Malala (de la Crea-

tion du monde a la mort de Justinien I, en 565) que Edmond

Chilmead venait de publier, sur la base d un manuscrit de la

Bodleienne, a Oxford en 1691. Dans un ouvrage publie a

Lyon en 1641 (De origine S. Scripturae) J.-Eusebe Nierem-

berg mentionnait la presence d une Apocalypse d Amedee fran-

ciscain) dans un manuscrit de l Escurial; dans les revelations

dont ce franciscain avail ete Ie beneficiaire, il se trouvait Ie

texte des Psaumes de penitence adresses a Dieu par Adam et

Eve apres leur chute. Fabricius y reconnut ce type de memo-

rable dont les ecrits apocryphes se font souvent un devoir de

reparer I oubli. L Apocalypse d Amedee pouvait pretendre

entrer dans un recueil d apocryphes chretiens; mais les Psau-

mes d Adam et Eve etaient, selon Ie systeme de classification

adopte par Fabricius, a diriger vets Ie Codex pseudepigra-

phus Veteris Testamenti : ils trouvaient place, tout naturelle-

ment, dans la section consacree a Adam et aux productions

apocryphes attributes au pete de l humanite par les Juifs, les

Chretiens et les Musulmans (1722, I, 21-26 : texte latin des

Psaumes selon Amedee).

Le lissu de la memoire des origines.. Ie lieu fabricien des

apocryphes

Au XVIIIc siecle, un apocryphe pouvait etre ou de I An-

cien, ou du Nouveau Testament, au, comme certaines Hisloi-

res du Bois de la Croix, biblique, sans autre possibilite de

I affecter specialement a I une des deux plages testamentai-

res. Quelques apocryphes couvrent en effet toute I histoire

des « Origines» de I humanite sauvee par Jesus-Christ, du

Premier Adam jusqu au Nouvel Adam. La distribution etait

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LA FABLE APOCRYPHE

« fables » parmi leg fables de taus leg temps et de toutes leg

societes, mais qui se distinguent de toutes leg autres par Ie

fait que leg memorables qu'elles charrient soot taus specifi-

quement « bibliques ».

L'inauthenticite des histoires apocryphes qu un humanisme

chretien common a des J. Lefevre d'Etaples, des Michel

Neander et autres compilateurs de recueils d'Orthodoxogra-

pha, avail fait rechercher et publier a cotes de pieces ires he-

teroclites 9, de la fin du Xyc siecle a la fin du XYlc, etait

devenue l'unique motif de l'examen, sans cesse repete (et peu

variant) auxquels on leg soumit des Ie dernier tiers du XYIC

siecle et tout au long du XYlIc 1°, pour en mieux assurer Ie

rejet. Mais ces faux rejetes rejoignaient d'autres fables, nom-

breuses et variees, qui partageaient avec leg Apocryphes,

seuls prig en compte par leg historiens ecclesiastiques, Ie

meme soucis de conserver la memoire des « ancetres » de la

foi, Ie souvenir de « traditions memoriales » tombees ail eurs

dans l'oubli. Ce que Ie theologien, critique et historien pour

cause de controverses, rejetait donc comme inauthentique,

pouvait ainsi rejoindre leg autres fables bibliques, et inter

pares reveler one dimension « positive » doni les pourchas-

seurs de faux, tout a leur service d'une Verite ires exclusive,

n'avaient jamais eu Ie soupyon seulement.

L'ars critica pratiquait l'autopsie d'une reuvre et a la paiute

de son scalpel en mettait a nu leg vices leg mieux caches

pour conclure a l'inauthenticite quand Ie critique en avail

retrouve quelque signe infaillible. Tout I art du savant biblio-

graphe de Hambourg consista, au reboots de celie Critique

absorbee par sa seule volante de verite, a reunir leg faux

rejetes pour leg installer au creur d'un ensemble de fables

specifiques qui constituaient, a ses yeux, leur milieu naturel :

Ie lieu, en tout cas, ou il fallait savoir les replacer et se si-

tuer tout a la fois, pour entrevoir l' interet veritable de taus

ces « apocryphes » rejetes et interdits d'usage pour cause

d' inauthen ici te notoire.

9. Ces recueils sont decrits dans Th. IlTIG, De bibliothecis et catenis

patrum, Leipzig, 1707, p. 1-24. Voir les remarques de P. PETITMANGIN,

« Les Patrologies avant Migne , in A. MANDOUZE t J. FOUILHERON,

Migne et Ie renouveau des Etudes patristiques, Paris, 1985,p. 20-27.

10. Voir P. DOUHAIRE, 838, p. 121b-122a;G. POUPON,981.

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L 'APOCRYPHEA L 'F-TRaIT

79

C'est de ce lieu, etonnamment moderne et que je dirai vo-

lontiers anthropologique deja, que Fabricius pouvait « en de

spirituels et doctes detours » 11avertir ses lecteurs de sa de-

couverte. L'ironie cinglante qui arme son propos meriterait

qu'on s'y arrete: je Ie livre ici sans commentaire pourtant,

assure que chacun saura en apprecier l'humour et la veritable

portee. Achevant la seconde edition, revue et augmentee, du

Codex pseudepigraphus Veteris Testamenti, et par la meme

occasion les vingt-quatre annees de sa vie qu'il avait consa-

crees a la constitution du premier corpus de litteratures apo-

cryphes bibliques (1699-1723), Ie professeur de Hambourg

ecrivait au sujet des « fables » qu'il avait eu plaisir a collec-

tel sans pour autant s'y laisser prendre:

« Si j'ai cru devoir les rassembler, c'est que j'ai pense que

Ie meilleur moyen de les refuter etait de les presenter dans

leur integrite et dans leur ensemble aux lecteurs consciencieux.

« Comme ce soot d'ailleurs des choses qui datent de loin,

j'estime qu'elles ne seront pas sans utilite pour ceux qui se

livrent a l'etude de l'antiquite ecclesiastique. Tout n'y est pas

faux, au surplus, et, comme dit Ie poete, il n y a pas que

mensonge dans la bouche des Cretois . Ces faux evangiles

contiennent sur les mreurs, les usages et les traditions juives

des renseignements qu'il y aura plaisir et avantage a recueil-

lit. C'est Ie cas de dire, avec Clement d' Alexandrie, qu'il est

de ces choses dont 1 inutilite meme est utile » 12.

2. Du rejet au statut documentaire.

Au debut du XVIC siecle, des apocryphes divers etaient

entres dans Ie champ de I'erudition par diverses voies. L'une

des principales Cut celie des recueils d'ecrits ecclesiastiques

dont les « bibliotheques portatives », connues longtemps sous

Ie nom generique d'Orthodoxographa 13, soot restees jusqu'au

debut du XVlllc siecle la source presque exclusive des eru-

dits engages dans I'etude critique des apocryphes. A partir du

dernier tiers du XVIC siecle, I' emergence d' one volonte de

11. L expression, tres juste. est de P. DOUHAlRE1838. p. 123a)

12. Traduction de P. DOUHAIRE, 838,p. 123.

13. Voir plus haut note 9.

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80

LA FABLE APOCRYPHE

verite avait rejoint leg interets de I histoire ecclesiastique ela-

boree au creur des controverses confessionnelles: avec Cesar

Baronius, cette historiographie critique d un genre nouveau

prit resolument Ie parti d exclure leg apocryphes.

Le rejet des apocryphes fit, a la suite, et tout au long du

XYlIC siecle, l objet d un consensus eruditorum. Des Biblio-

theques d auteurs ecclesiastiques virent alors Ie jour: elles

firent, avant leg premiers recueils de Vies de Saints, la preuve

que l inauthenticite averee privait desormais leg apocryphes

en tous genres du droit de figurer encore dans leg registres

documentaires d une historiographie resolument acquise a

l ideal critique. Les nouveaux recueils de Peres et de pieces

hagiographiques ne contenaient plus que leg monuments dont

l authenticite n etait ou ne pouvait etre mise en doute: leg

faux en etaient resolument bannis, et de ce fait, perdaient tout

droit de figurer jamais, en quelque lieu historiographique que

ce soit, comme documents d histoire. L apocryphe ne perdait

pas seulement un statut de source pour l histoire ecclesiasti-

que: il etait l anti-document, Ie mensonge a rejeter loin de la

verite contenue dans leg seuls documents dont l historiogra-

phie attendait une connaissancedirecte du passe. L envers et Ie

contraire de la source authentique ce n etait pas un statut, mais

un passeportpour un voyage sans retour vers leg marges exte-

rieures et impraticables 00 Ie nouveau savoir historique enten-

dait releguer a jamais leg fictions, leg mensonges, eg histoires

pueriles et autres « contes a dormir debout » 14.

Ce rejet, bien peryU par G. Po upon 15, ut dejoue par Fabri-

cius au moment meme 00 il imagina de reunir en un Codex,

et bientot deux, tous leg apocryphes rejetes par leg historiens

ecclesiastiques, et ecartes des nouvelles Bibliotheques d ecrits

ecclesiastiques. Le rejet laissait leg exclus sans lieu: Fabri-

cius leur en ouvrit un. Ainsi fut ouvert Ie champ des apocry-

phes qui, deux siecles et demi plus tard, continue de fournir

sinon Ie cadre, au moins l espace-substrat oblige sur Ie fond

duquel se detache la matiere selectionnee pour remplir des

recueils d apocryphes plus ou moins specialises, larges ou

14. Cf P. DoUHAIRE.1838, p. 122a.

15. Dans sa precieuse contribution au volume collectif : F. BOVON,

1981.

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82

LA FABLE APOCRYPHE

Ce qui devait ires tot installer Ie paradoxe evoque a l ins-

tant et nourrir les prejuges funestes, c est ires vraisemblable-

ment la conjonction remarquable de l effort fabricien et d un

courant d etudes, ires polemiques, qui, entre 1680 et 1720,

joua d un petit lot d apocryphes et d ecrits apparentes pour

attaquer les institutions ecclesiastiques sur Ie fondement,

commun a toutes, de leur autorite : a savoir Ie Canon ui-m~me,

et tout specialement Ie Nouveau Testament. Dans des circons-

lances qui restent a examiner et a decrire, des erudits s em-

parerent des apocryphes rejetes par les historiens ecclesiasti-

ques pour les rapprocher des ecrits neo-testamentaires, et de

la serie des quatre Evangiles en particulier. L idee apparut

ainsi que les Evangiles canoniques pouvaient n avoir ete que

tardivement selectionnes parmi beaucoup d autres. Le fait

canonique seul leur aurait donne, a la suite, Ie statui de veri-

te revelee ou inspiree doni les autorites ecclesiastiques, qui

s en etaient fait une charte et l assise de leur legitimite, pri-

rent pretexte pour rejeter et condamner comme heretiques

taus les autres evangiles, et avec eux les lectorats qui n en

voulaient point d autres.

Isaac de Beausobre rapporte, par exemple, dans son Histoi-

re du Manicheisme, un echantillon des propos qu un espa-

goal, eleve dans la religion chretienne mais revenu au Judals-

me de ses peres, avail tenu au celebre Philippe van Limborch

(1633-1712). A Amsterdam, quelques temps avant sa mort sur-

venue en 1687, Isaac arabia de Castro disait a Limborch :

« 11 y eut autrefois quantile d evangiles qui eurent chacun

leurs partisans. Mais comme ils ne s accordaient pas, la plu-

part furent rejetes avec Ie temps et par l autorite des Conci-

les, de sOfie qu on n en a conserve que quatre en Europe,

parte que leurs ecrits se trouvaient les plus semblables » 18.

En Allemagne, Gottfried Arnold (1666-1714)publia en 1696

un premier ouvrage : « Le premier amour de la communaute

Cesare SEGRE, Critique textuelle, theorie des ensembles et diasyste-

mes », in Academie Royale de Belgique, Bulletin de la classe des let-

Ires, tome LXII, 1976, p. 179-292; Bernard CERQUIGLINI, a parole

me-die-vale,Paris, 1981; Roger DRAGONETTI, e mirage des sources.

L art du faux dans Ie roman medieval, Paris, 1987; etc.

18. Cite par J. PALLARD,Dissertation sur les livres apocryphes du

Nou~au Testament,Geneve, 1828, p. 56.

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L APOCRYPHEA L F-TROIT

83

de Jesus-Christ, c est-a-dire : restitution authentique des pre-

miers chretiens selon leur foi vivante et leurs vies saintes »;

suivit, en 1699, son « Impartiale histoire de l Eglise et des

heretiques depuis Ie debut du Nouveau Testament usqu a l an

de Christ 1688 ». Arnold y reprenait et y radicalisait un the-

me chef deja aux Centuriateurs : tres tot un processus de cor-

ruption etait venu voiler la verite premiere du Christianisme.

Mais, ajoute Arnold, dans ce processus de corruption fatale,

la verite n a jamais manque de temoins. Ce sont leg hereti-

ques, persecutes depuis la premiere decheance apparue au

temps des apotres, jusqu aux decheances eg plus recentes des

eglises, devenues toutes ensemble « Babylone ». Les hereti-

ques persecutes etant, depuis leg origines, leg seuls temoins

de la verite, il importe donc de leg laisser parler: « Pour

tela, il faut critiquer leg sources, verifier leg documents,

deceler leg intentions des auteurs (et leg falsifications), titer,

traduire, bref satisfaire a une methode historique impartiale

en faveur de ces hommes rejetes par tous leg partis » 19.

Les fragments d evangiles judeo-chretiens gardaient Ie sou-

venir du vrai christianisme, de l Ancien Testament et des ori-

gines chretiennes; mais d autres apocryphes, vilipendes par

leg historiens ecclesiastiques devoues aux causes de la Baby-

lone moderne, conservaient sans doute des bribes de la verite

primitive, amputee ou travestie dans leg livres du Canon.

G. Arnold traduisit, dans cet esprit, leg Reconnaissances

pseudo-clementines : O. Cullmann pouvait signaler en 1930

encore qu il n en connaissait aucune autre plus recente en

allemand 2°.

En Angleterre, John Toland illustra une demarche qui pre-

sente bien des analogies avec celIe de Gottfried Arnold. L au-

thenticite du Nouveau Testament fut, par 1 un comme par

l autre, ramenee au phenomene institutionnel : l eglise qui

avait forme Ie Canon de ses Ecritures saintes en en rejetant

d autres, ne l avait fait que pour asseoir son autorite sur la

19. Cite et analyse par Henry CORBIN,n RHPR, 1937,p. 100-103. Sur

cet erudit mystique lutherien. voir: E. SEEBERG. ottfried Arnold. Die

Wissenschaftund Mystik seiner Zeit, Meerans. 1923.

20. o. CULLMANN,930,p. 14-15.

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84

LA FABLE APOCRYPHE

pretention de detenir, seule, l'entiere et exclusive verite. Or

l'etude des monuments de l'antiquite chretienne montre suffi-

samment que la matiere canonique rut selectionnee parmi un

grand nombre d'ouvrages (Fabricius avail denombre one cin-

quantaine d'evangiles qui, A ses yeux, pouvaient se ramener A

one quarantaine d'ouvrages distincts A l'origine 21). La partia-

lite du choix montrerait que la ligne de demarcation etablie

entre Ie canonique et Ie non-canonique n'est pas celIe qui

distingue Ie vrai et Ie faux, mais one doctrine forgee, tout au

long d'un conflit surgi tres tot dans l'histoire primitive des

premieres communautes chretiennes, par one fraction resolue

a Caire triompher ses theses, pour etre resolument opposee

aux traditions des groupes Testesattaches aux origines juives

du Christianisme.

En brouillant a sa maniere, comme Francis Schmidt l'ana-

lyse si bien ici-meme, leg frontieres entre canonique et apo-

cryphe, John Toland avait-il entrevu la possibilite ainsi offer-

te aux « incredules » de ramener la « verite » des Evangiles

canoniques au rang des affabulations apocryphes? Le bouil-

lant britannique faisait-il Ie lit des theories de la future Ecole

du my the? Je ne pense pas que Toland ail vise autre chose

qu'a introduire one critique, tres radicale il est vrai, de l'im-

pense constitutif de l'histoire ecclesiastique : a savoir, l'equa-

lion consensuelle etablie entre Canon neo-testamentaire et

Verite historique. En en reCusant ' evidence mise au dessus

de tout soup~on, Toland mettait au jour Ie processus histori-

que qui avail jadis conduit a la forger pour servir leg des-

seins d'une institution recherchant Ie moyen de legitimer son

aspiration a detenir seule Ie pouvoir. En vidant sa querelle

avec leg institutions ecclesiastiques, Toland faisait aussi Caire

un grand pas a 1 histoire critique des origines chretiennes;

21. « Fabricius, Ie premier, a essaye de faire Ie denombrementde taus

ces anciens evangiles; il a rapporte, d'apres les premiers Peres, les

fragments de 50 de ces ecrits, mais il a eu soin de nous avertir que

plusieurs de ces livres lui paraissaieent avail eu Ie me-me itre, et

qu'on pouvait reduire a 40 evangiles distincts taus les fragments

connus ,. (J. VARIOT, 1878, p. 19). Voltaire evoquera, lui, les « 50

evangiles , mais Dom Calmet, deja, s'etait efforce a en diminuer Ie

nombre : il etait arrive a descendre jusqu'a 28 ou 29 (cf. VARIOT,

1878, p. 19-22).

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86 LA FABLE APOCRYPHE

face lourd de consequences,et dont les enjeux pour les theo-

logiens etaient bien de nature a fausser longtemps l approche

historique des vraies questions soulevees par la prise en comp-

te des relations aper~ues entre les canoniques et les apocry-

phes.

Fabricius n avail pas cette obsession du canonique ni Ie

besoin, semble-t-il, de ferrailler cantle les institutions. Si Ie

statut documentaire des apocryphes lui parut meriter Ie tra-

vail de les rassembler en un lieu specifique, ce fut, au bout

du compte, pour etablir leur difference. Les mensonges nuti-

les des historiens ecclesiastiques, recueillis et rassembles a

d autres fables de meme allure, consacrees aux meme figures

des temps bibliques, formaient ensemble un monde specifique

ou Ie mensonge n etait pas que mensonge, -et ou l inutile

trouvait son utilite : un monde d affabulation qui renvoyait

ceux qui en redecouvraient l existence aux hommes et aux

societes qui avaient forme et transmis, puis re~u et transfor-

me ces fables. Des fables dont Fabricius pensait qu elles

avaient, a la difference de la verite historique demandee par

les critiques aux seules sources authentiques, retenu quelque

chose « des mreurs, des usages et des traditions » de ceux qui

les avaient contees.

Un type de « verite historique » tout different de celui, tres

exclusif, que I histoire ecclesiastique avail in vente en trans-

posant dans Ie champ de I historiographie Ie regime d une ve-

rite strictement theologique. De ce transfert, la nouvelle his-

toriographie critique avail re~u la faculte d entretenir une

confusion majeure entre tradition et passe historique : elle

s acharnait a discerner Ie vrai du faux pour rejeter ce

dernier, « com me si de toujours la memoire humaine faisait

de I histoire sans Ie savoir » 22. La ou Toland s etait avec

passion attaque au registre du passe historique, Fabricius

avail choisi de rendre a la tradition un statut pro pre en la te-

nant a distance des turbulences qui gagnaient Ie champ du

« passe » a travers Ie retournement de I art critique cantle

I evidence soudain mise en causede I authenticite des Ecritures.

22. j emprunte I expression 11M. DETIENNE, 1981, p. 75,

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L APOCRYPHE A L 'F-TRaIT

87

3. Jalons poor one histoire des apocryphes(1722-1964)

« En histoire, disait il y a peu de temps encore Michel de

Certeau, tout commence avec Ie geste de mettle a part, de

rassembler, de muer ainsi en documents certains objets

repartis autrement. Cette repartition culturelle est Ie premier

travail. En realite, elle consiste a produire de tels documents,

par Ie fait de recopier, transcrire [...] ces objets en changeant

a la fois leur place et leur statuto Ce geste consiste a isoler

un corps, comme on Ie fait en physique. II forme la collec-

tion . II constitue des choses en systeme marginal [...] » 23.

Pour ce qui concerne les apocryphes bibliques, ce geste aura

a l'evidence ete celui que Ie jeune bibliographe de Hambourg

decida, un SOil de 1699, d'accomplir lorsque, « devisant a

souper avec son ami Christian Hillischer », et la conversation

etant tombee sur les evangiles apocryphes, « ils se convain-

quirent qu'il y aurait one grande utilite a en publier one edi-

tion complete» 24.

Mais la double edition de chacon des deux Codices fabri-

ciens ne rut que Ie point de depart d'une histoire qui

commencait, en ce debut du XVIIIe siecle, one carriere diffi-

cile puisque, deja, one partie des memes documents avail ete,

par one selie convergente de gestes d'une toute autre nature,

deplacee pour etre constituee la aussi en « systeme margi-

nal », mais un systeme qui au lieu d'isoler la collection pour

donner Ie temps de decrire et d'analyser Ie nouveau « corps»,

l'inscrivait d'emblee dans les marges d'un autre systeme, ien

moins que marginal celui-la, et tellement surdetermine que

l'autonomie requise pour l'etude du nouvel objet historique

ne pouvait s'y reveler qu'un vreux pieux : one illusion, un

vain mot.

De cette circonstance tres singuliere qui marqua sa naissan-

ce, I'objet apocryphe devait porter longtemps les stigmates.

Sa construction devait en etre freinee, sinon meme gravement

empechee et contrariee : son histoire est celIe d'une tension

maintenue entre deux orientations largement contradictoires,

23. Michel de CERTEAU, L operation historique », in J. LE GOFFet

P. NORA,Faire de l'hisloire, Paris, 1974, I, p. 20.

24. Voir P. DoUHAIRE, 838,p. 122.

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88

LA FABLE APOCRYPHE

mais tour a tour reactivees et relancees par diverses circon-

stances qui, en deux siecles et demi, vincent transformer de

differentes manieres les conditions epistemologiques qui

caracterisaient la situation dans laquelle les Fabricius et les

Toland inventerent ensemble, mais differemment, l apocryphe

moderne : un objet « a deux tetes », pour longtemps.

II vaut sans doute la peine de marquer quelques jalons, en

attendant de disposer d une enquete approfondie sur les em-

plois divers des apocryphes et les hypotheses variees qui, aux

XVlIlc et XIXc siecles, exploiterent les virtualites contenues

dans les travaux fondateurs accomplis entre l extreme fin du

XVllc siecle et les premieres annees du suivant. Comme il ne

peut s agir que d une breve esquisse, on se permettra de dis-

tribuer les quelques alons indiques entre deux courants, gros-

sierement distingues SODSes deux figures majeures de Fabri-

cius et de Toland.

3.1. L heritage fabricien ..Les Apocryphes du Nouveau

Testament.

On a deja evoque Ie desir que plusieurs eurent, a la fin du

XVIIIC siecle de voir completer Ie corpus de Fabricius. An-

dreas Birch, eveque danois d Aarhus publia en 1804 son Auc-

tarium; il sut aussi inviter Silvestre de Sacy, Ie grand orien-

taliste fran~ais du debut de ce XIxe siecle, it. collaborer it.

cette tache en lui demandant de traduire diverses pieces ara-

bes chretiennes (dont des sermons attribues au fameux Cyria-

que de Bahnasa-Oxyrhynque) 25. En 1823, J -C. Thilo exposa

dans la preface de son edition des Actes de Thomas, I idee

qu il se faisait d une vaste refonte du Codex apocryphus. En

1832, Ie premier volume de son nouveau Codex apocryphus

Novi Testamenti parol et Cut tout aussitot salue com me

« I une des productions philologiques les plus importantes »

25. Sur la correspondance de A. Birch et Silvestre de Sacy. cf. J.P.

MIGNE, 1856, col. 975. Cyriaque de Bahnasa parait avoir ete un

« griot » des traditions apocryphes,mais on ne sait lien de precis sur

lui, semble-t-il, en depit du grand nombre de morceaux en arabe et en

ethiopien qui lui ont ete attribues. En dernier lieu, voir R. BEYLOT,

« Bref aper~u des principaux textes ethiopiens derives des Acla Pila-

Ii », in LAOPL, 1, 1988,p. 181,n. 1.

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90

LA FABLE APOCRYPHE

evangiles, actes apostoliques, epitres, apocalypses3°. Le desir

d introduire plus d ordre dans la matiere surabondante visee

par la demarche fabricienne en etait arrive, a ce stade, a un

seuil oil la description Ie cede a la reduction: la recherche

de pieces a ajouter a I inventaire ouvert ici se renverse en

besoin urgent de rassembler en series les pieces principales

illustrant un meme modele formel, parmi les quatre represen-

tes dans Ie Nouveau Testament. Hisse du meme coup au rang

de paradigme, Ie Nouveau Testament perdait sa valeur de pla-

ge temporelle decoupee dans Ie « Temps des Origines » bibli-

ques, pour acquerir la fonction nouvelle de « corpus litterai-

re » de reference, de modele ideal dont Ie Codex apocryphus

avail dorenavant it imiter ou it reproduire la structure et les

formes.

Des lors, la voie etait ouverte a une reinterpretation non

necessaire, mais possible, du genitif « Novi Testamenti ». 11

suffisait, pour cela, que la determination du modele sur l ob-

jet modele SOil transposee, du champ de I operation historio-

graphique moderne, a celui de la realite historique « objecti-

ve ». Mais aussi, sans doute, qu une telle transposition paye

Ie prix de son illusion: it savoir se couper du processus his-

torique qui I avail rendue possible. 11 allait « oublier » I his-

toire des travaux qui avaient modele l objet pour rendre vrai-

semblable l illusion que l objet s etait lui-meme fa~onne en

imitant « Ie modele ». 11 fallut attendre, semble-t-il, plus d un

siecle encore apres Thilo, et sans doute une urgence capable

de motiver un tel acte de meconnaissance active, pour que

s actualise une telle virtualite. Et ce sera pour longtemps I in-

teret epistemologique du recueil publie par W. Schneemelcher

en 1959 et 1964 que de donner a voir concretement ce que

pent Caire l art de combiner I objectivisme «< projetant dans

la realite ce qui n existe que sur Ie papier, par et pour la

science » 31) avec la volonte tetue d effacer la me-moire

constitutive du champ d e-tude dans lequel I intervention du

30. I.C. THILO, 1823, p. 89. L auteur fixe, dans sa preface program-

matique, la methode a suivre pour « completer » I reuvre de Fabri-

cius : « Vt iis tantum Apocryphis edendis operam navemus. quIZ for-

ma externa. libris novi Testamenti respondent. id est Evangeliis.

Actibus apostolis. Epistolis et Apocalypsibus».

31. P. BOURDlEU, e sens pratique, Paris, 1980, p. 60.

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L APOCRYPHEA L F-TROIT

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precedent pretend inaugurer l ere de la rigueur scientifique :

l histoire de la discipline se cristallise dans a chimere d un

« concept » qui se substitue a la realite materielle de la mas-

se documentaire congediee au nom des artefacts construits

pour en tenir lieu.

3.2. L heritage fabricien. Les Pseudepigraphes de I Ancien

Testament.

Qu arriva-t-il a l autre plage de traditions memoriales ras-

semblees par Fabricius dans Ie Codex pseudepigraphus Vete-

ris Testamenti? Le fait important qu il ne faut pas perdre de

vue ici, est que la collection connue depuis Ie debut de notre

siecle sous Ie titre de Pseudepigraphes de l Ancien Testament

est Ie produit d une transformation radicale qui, entre 1830 et

1850 environ, est venue changer completement l objet fabri-

cien : non plus des traditions formees autour des temps et

des figures bibliques anterieurs a la venue du Christ, et

transmises dans les trois religions abrahamiques, mais desor-

mais one litterature juive pre-chretienne, composee par les

« precurseurs juifs du Christianisme », dans un contexte his-

torique defini de deux manieres.

Par rapport au « modele » biblique, cette litterature etait

dite intertestamentaire, c est-a-dire, pour l essentiel, compo-

see entre la cloture du canon vetero-testamentaire et I « ou-

verture » du canon neo-testamentaire. Sur Ie plan de l histoire

evenementielle, cette litterature etait l expression des drames

et des esperances vecues par Ie Judalsme entre en con lit ou-

vert avec l Hellenisme : d Antiochus IV Epiphane a Titus et

Hadrien. De l objet fabricien a celui que des Kautzsch et des

Charles fa~onnerent tres a l etroit, au debut du XXc siecle, la

distance est telle qu il faut sans doute parler de rupture veri-

table a propos des circonstances qui precipiterent la forma-

tion de l objet qui her ta du titre fabricien pour masquer

longtemps les conditions datees de son invention.

La Me-moire savante et Ie double heritage antique

Une telle rupture est intervenue a la faveur d un evenement

d une portee considerable doni leg signes avant-coureurs peu-

vent se relever a la fin du XVlIIe siecle deja, mais qui ne

s est precipite, a l echelle de l Europe toute entiere,. qu au

tours des trois premieres decennies du XIxe siecle SODSa

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L APOCRYPHE A L F-TROIT

93

pas mains, et de part en part, Ie produit d un long processus

historique engage par Alexandre Ie Grand, dans Ie dernier tiers

du Ive siecle avant J -C. La mission et Ie role providentiel du

Macedonien avaient ete de provoquer une fusion generate des

civilisations de l Orient et de la Grece. L episode celebre des

« Noces de Suse » en avail ete la premiere realisation d en-

vergure, et Ie symbole, pour la suite, de I emergence de la

nouvelle civilisation produite par la lente mais profonde fu-

sion de l Orient et de l Occident, appelee par Droysen du

nom d Hellenisme. Les deux heritages, Ie grec et I oriental,

etaient par la non seulement acquis, mais en plus legitimes a

travers une configuration socio-culturelle que tons reconnais-

saient, bon gre mal gre, comme Ie trait d union Ie plus sur

entre la civilisation europeennemoderne et la societe antique:

produit providentiel du melange de l Occident et de l Orient, Ie

Christianisme avail ete I aboutissement du « travail decisif de

I Antiquite en train d accomplir sa destinee » 32 et Ie point de

depart d un processus long qui devait aboutir dans I eclosion

de la Civilisation superieure de I Europe moderne 33.

L argument etant ainsi construit, il restait mains a en veri-

fier la valeur en Ie soumettant a I epreuve des faits, qu a en

preciser Ie scenario general par I ecriture circonstanciee des

sequences capables de lui donner Ie poids d une verification

par I exhibition de series documentaires susceptibles d etre

formees pour repondre a la nouvelle intelligence d un passe

requis par Ie present pour justifier ses aspirations les plus

« graves ». Que Droysen ail ete I inventeur genial d une solu-

tion particulierement bien adaptee aux contours du probleme

pose a la memoire classique d une Europe savante soudain

confrontee au probleme «< redipien? » 34) de se reconnaitre

32. G. DROYSEN, istoire de I Hellenisme, traduite sous la direction

de A. Bouche-Leclercq,vol. ill, Paris, 1885,p. 615.

33. L introduction d A. Bouche-Leclercq etait deja tIes perspicace.

Voir, aujourd hui, Claire PR~UX, Le monde hellenistique, Paris, 1978,

tome I, p. 7-9; et A. MOMIGLIANO, 983,p. 383-401.

34. On pensera ici a la version levi-straussienne du my he d <Edipe :

«Ii s agit toujours de comprendre comment un peut naitre de deux »;

« Ie my he d <Edipe offre une sorte d instrument logique qui permet de

jeter un pont entre Ie probleme initial -nail-on d un seul, ou de deux,

-et Ie probleme derive [...J Ie mime nait-il du meme,ou de l autre? »

(CI. LEvI-STRAuSS, nthropologie Structurale, Paris, 1958,p. 239-240).

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94 LA FABLE APOCRYPHE

rille de l union de deux heritages lit oil elle avail construit

son gout et son identite sur Ie postulat d un heritage unique

(celui du miracle grec recueilli et transmis par la Rome eter-

Delle des Tite-Live, Ciceron et autres Seneque, Virgile et Si-

bylle), -ou qu il ail ete, avec d autres, l organe particulie-

cement approprie d une sortie de crise que d autres ebauches

avaient contribue a dessiner et indiquer : cela importe pen,

ici. La fusion imaginee par Droysen, quoi qu en disent cer-

tains historiens et historiographes modernes de 1 « hellenis-

me », a valeur d une invention historiographique que tons les

essais anterieurs sur Alexandre et ses historiens antiques

n avaient en rien prepare.

Le theme de la fusion repondait en fait au probleme des

heritages antiques qui se posait avec une virulence extreme

aux heritiers d une Memoire classique devenus en ce debut

du XIxe siecle les decouvreurs, tour a tour enthousiastes et

inquiets, d une autre antiquite, vaste et profonde : l Orient

des Vedas, de Zoroastre et des Pyramides, vaste monde que

Ie dechiffrement des ecritures mortes animait soudain de

mille voix insolites.

De Droysen a Cumont, Ie paradigme du melange des civili-

sations a CORnu e nombreux amenagements. Mais il semble

bien que la memoire savante des sciences de I Antiquite,

classique et orientale, en a fait, tres tot, Ie principe de sa

reorganisation profonde. Le succes tres large du theme du

« syncretisme » trouve lit son explication, et vient montrer

que l espace historiographique occupe par l hellenisme,

d Alexandre et de ses successeurs d abord, de l Empire

romain ensuite, devenait pour la nouvelle vision du passe, in-

ventee entre 1830 et 1850, un espace tres special, tres large-

ment surdetermine, dans lequel toute l economie d une

Memoire savante trouvait desormais son centre de regulation.

Une nouvelle topique des « Origines du Christianisme »

Au creur de cet espace, la question des origines du Chris-

tianisme acquit une dimension nouvelle. Autour et comme it

l ecart du probleme theologique de l authenticite des ecrits

neo-testamentaires, ui-meme noue autour de la question de la

« Vie de Jesus », la topique neuve des Origines du Christia-

nisme distingua entre deux plages : en affiant du Jesus histo-

rique, un espace etait ouvert pour l etude des processus histo-

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L APOCRYPHEA L F-TRaIT

95

riques qui, it travers des fusions, ou des conflits, avaient pre-

pare l avenement du Christianisme. Rapidement, la question

principale y rut celIe de 1 identite « ethnique » et culturelle

des veritables « precurseurs » de la doctrine evangelique.

Pour y repondre, on rechercha des series documentaires sus-

ceptibles d eclairer Ie debat: les apocryphes vetero-testamen-

taires anterieurs a la naissance de 1 Eglise chretienne prirent,

dans cette circonstance, one valeur singuliere.

L Ethiopie venait de procurer de nouvelles pieces: Ie Livre

d Henoch et l Ascension d /safe; on soup~onnait depuis quel-

ques temps deja l origine juive pre-chretienne des Psaumes

de Salomon et de quelques livres des Oracles Sibyllins. On

fit de ces livres Ie noyau d une nouvelle serie documentaire a

construire pour servir it 1 histoire des precurseurs « juifs » du

Christianisme. Tout Ie Codex pseudepigraphus Veteris Testa-

menti, augmente des ouvrages du meme type qui commen-

~aient a sortir des fonds de plusieurs bibliotheques europeen-

Des, meritait d etre explore: mais les « pseudepigraphes de

l Ancien Testament » que 1 on y recherchait devaient, pour

etre retenus, repondre a un profil tres precis. Dans l reuvre

transmise par one ou plusieurs chretientes, en one ou

plusieurs langues de traduction, il fallait pouvoir degager ou

reconstruire Ie texte d un ouvrage juif, pre-chretien ou

contemporain de la naissance du Christianisme. Les instru-

ments de la nouvelle ecdotique allaient servir a traverser les

traditions manuscrites, ou it en remonter Ie coors, pour debar-

rasser les textes recherches de toute la gangue de fautes, de

contresens, d interpolations et autres injures que Ie temps et

les chretiens avaient infliges aux ecrits juifs originaux. L in-

terpretation philologique et historique allait, ensuite, detecter

les allusions historiques qui, dechiffrees, permettraient de da-

ter les textes reconquis sur les traditions manuscrites et

contre les usages qui en avaient defigure les formes primi-

tives.

S il se rencontrait quelque ecrit de tonalite juive mais

depourvu d enonces susceptibles d etre dechiffres comme des

allusions a des evcnements dramatiques de 1 histoire juive,

entre 200 avant J -C. et 100 apres J -C., sa valeur « documen-

taire » n etait pas assuree : on prit l habitude d ecarter ce

genre de pseudepigraphes de l Ancien Testament de la serie

en coors d elaboration. Pour ceux qui avaient l heur de

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LA FABLE APOCRYPHE

6

repondre aux necessites de la quete historiographique, en of-

frant des cryptogrammes de bon alai, il restait aux critiques a

en extraire les « idees religieuses » et a y reconnaitre les

marques du temps: influences de la civilisation dominante

ou, a l inverse, signes d une resistance ideologique a I Helle-

nisme et a ses seductions multiples. On pouvait ainsi esperer

repondre aux deux questions fondatrices de cette entreprise :

les Precurseurs etaient-ils de pUTS eritiers de MoYse et des

Prophetes, ou bien des syncretistes qui avaient ebauche quel-

que synthese entre Ie monotheisme ancestral et Ie meilleur de

la civilisation grecque repandue sur toute l aire des sagesses

orientales par la geste d Alexandre et la politique de ses he-

ritiers? Des TeVeS t des esperancesexprimes dans leur litte-

rature specifique, qu est-ce qui avail prepare la voie aux

idees « evangeliques » formulees par Jesus et/ou par ses dis-

ciples, et mises en forme dans les ecrits du Nouveau Testa-

ment?

Les ecrits selectionnes pour repondre a cet emploi historio-

graphique tres fermement delimite etaient necessairement ies

a un espace historiographique strictement defini : l espace

« intertestamentaire » (entre Daniel et les Evangiles) d un Ju-

daisme entre en conflit avec I Hellenisme. Toute tradition

memoriale en general, et taus les ecrits en particulier, qui

n offraient aucun moyen sur de les inscrire dans ce cadre,

perdaient du meme coup tout interet pour ceux qui avaient

entrepris la construction du corpus de la litterature juive

intertestamentaire en rampant totalement avec la tradition fa-

bricienne depourvue, desormais, de toute pertinence.

L autre pIage de la nouvelle topique des Origines du Chris-

tianisme, en aval du Jesus historique, offrit apparemment

mains de nouveautes capables de renover un espace historio-

graphique deja clairement circonscrit par des topiques ante-

rieures, tres classiques. Des premieres missions apostoliques

a l avenement de l ere constantinienne, leg trois premiers sie-

cles de I histoire du Christianisme etaient Ie theatre de deux

processus surtout: celui de la transformation de l enseigne-

ment de Jesus en doctrine chretienne, elaboree en theologie

tres complexe; et d autre part celui du conflit, tres illegal au

depart, entre la jeune religion sortie de son berceau uif pour

conquerir Ie monde romain et ses marches orientales, et la ci-

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L APOCRYPHE A L ETROIT 97

vilisation palenne environnante, intimement liee au pouvoir

politique et II- institution imperiale.

Coupee de son valet vetero-testamentaire, la fable apocry-

phe recueillie dans Ie Codex apocryphus Novi Testamenti

n avait certes pas a faire la preuve de ses origines chretien-

Des. Mais a l inverse des Pseudepigraphes affectes a l autre

plage, les apocryphes anciens se caracterisaient par une pau-

vrete extreme en enonces susceptibles d etre dechiffres com-

me allusions historiques a des evenements contemporains.

Aussi leur affecta-t-on une fonction generale : aux marges de

la litterature ecclesiastique « noble », du Nouveau Testament

aux Peres du debut du lye siecle, les apocryphes pouvaient

avoir conserve I echo des difficultes opposees par Ie monde

ambiant et Ie voids des cultures traditionnelles Uuive et

palennes) a la conservation du message chretien recueilli de

la bouche de Jesus par ses apotres. Insuffisante liberation a

I egard du Judalsme, ou adulteration prononcee du message

chretien au contact des religions et des mentalites proprement

palennes: judeo-christianisme attarde ou retrograde d un

cote, gooses pagano-chretiennes de l autre, Ie lot d apocry-

phes anciens dits du Nouveau Testament pouvait veniT illus-

trer ce que les auteurs ecclesiastiques « autorises » avaient

depuis longtemps fait connaitre des « maladies infantiles »

traversees par I Eglise primitive.

Illustrer un savoir historique globalement assure et ronde

sur des sources de bien meilleur alai que ces apocryphes au

texte si mal assure et de datation si aleatoire : c etait la, pour

les apocryphes chretiens, une fonction bien insignifiante en

comparaison du statut documentaire reconnu aux Pseudepi-

graphes de i Ancien Testament. Les apocryphes chretiens dits

du Nouveau Testament n heritaient de la topique neuve des

Origines du Christianisme autun « supplement d ame » : Ie

syncretisme ne semblait pas y avoir imprime quelques-uns de

ses tours remarquables, et, d une fa~on generale, leur exclu-

sion des « archives » officielles de la grande Eglise leur en-

levait toute pertinence sous Ie rapport des affaires touchant II-

la gestion des deux grands heritages antiques. Autant de

raisons pour laisser, au bout du compte, les theologiens culti-

veT comme en vase clos les raisons qu ils avaient de trailer

les apocryphes du Nouveau Testament dans leur maniere pro-

pre, loin des sujets qui concernaient les grands problemes de

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LA FABLE APOCRYPHE

la fin de I' Antiquite et de ses heritages majeurs recueillis

depuis la Renaissance. On avail vu un Droysen s'interesser

aux apocryphes juifs 35; on ne vit aucun historien de la civi-

lisation greco-romaine et de l'Empire soup~onner es apocry-

phes chretiens des quatre premiers siecles de constituer one

serie documentaire digne d'attention. Cette situation generale

des deux series d'apocryphes bibliques, bien distinctes SODS

Ie rapport de la « valeur documentaire » reconnue a I'une et

ignoree pour I'autre, joua un role important dans Ie processus

qui, au coors de la seconde moitie du XIXc siecle, eloigna

toujours davantage es deux collections I'une de I'autre.

Les derniers « genera/iSles»

En 1856 et 1858 parurent les deux volumes d'un Diclion-

naire des Apocryphes edite par Ie celebre Abbe J.P. Migne.

Cet ouvrage a ete bien a tort meprise par les specialistes de

I'une ou I'autre des deux series d'apocryphes bibliques, fa-

~onnees a distance I'une de I'autre selon les regles de la nou-

velle ecdotique, entre la deuxieme moitie du XIxe siecle et Ie

debut du suivant. La valeur « philologique » de I ouvrage a

souvent ete mise en avant pour justifier sa mise a I' ecart des

lieu x oil progressaient I'etude critique des deux sortes d'apo-

cryphes bibliques. II est bien plus probable que Ie rejet de

cette reuvre, passionnante a bien des egards, a trouve son

vrai motif dans un tout autre registre. Migne et ses collabora-

teurs, dont PoGoBrunet, bibliographe bien connu a cette epo-

que, sans ignorer ni negliger les etudes recentes qui s'effor-

~aient d'etablir I'origine juive pre-chretienne de divers

apocryphes de I' Ancien Testament, n'en avaient nullement

tire I'idee que I heure etait venue de separer radicalement les

Pseudepigraphes uifs des Apocryphes chretiens.

Au contraire Accumulant les travaux accomplis par lcs

35. Au dernier chapitre du dernier volume de sa Geschichte des Hel-

lenismus (1843), « Ie JudaYsme est] mentionne pour la premiere fois

comme un facteur important dans leg origines du Christianisme. [...]

Dans une lettre Ii F.G. Welcker, datee du 12 sept. 1843, nous trouvons

Droysen preoccupe des oracles sybillins et des Livres hellenistiques de

I. Ancien Testament. II exprime son intention d'etendre ses lectures a

la masse enorme des Apocryphes » (A. MOMIGLIANO,1983, p. 395-

396).

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L APOCRYPHE A L F-TROIT

99

successeurs de Fabricius, et ajoutant leg reuvres apocryphes

revelees par des editions recentes, l equipe de Migne elargit

Ie champ ouvert par Ie bibliographe de Hambourg : par des

recherches bibliographiques speciales (de nombreux opuscules

de la fin du xye siecle et du XYIe siecle sont signales, ainsi

que des livrets de colportages continuant leg traditions apo-

cryphes de la fin du Moyen Age); mais aussi, en relevant des

temoignages donnes sur leg traditions apocryphes de divers

peuples orientaux par des voyageurs du XYlIc siecle; en inte-

grant des documents recents sur la litterature samaritaine, sur

leg traditions arabes, uives tardives (Sepher haYaschar),gnos-

tiques (Pistis Sophia), etc. L ouvrage qui en resulta est par-

fois inegal : il est cependant one mine d informations, et

probablement Ie dernier echo de l entreprise vraiment fabri-

cienne. La personnalite du principal maitre d reuvre, P.G.

Brunet, n y est certainement pas pour rien : Ie bibliographe

qu il etait comprenait encore l esprit dans lequel avail reuvre

son celebre predecesseurallemand.

Mais one autre circonstance parait avoir joue un role im-

portant dans la confection du Dictionnaire des Apocryphes.

L inspiration initiale du projet avail ete puise dans un travail

consacre entre 1837 et 1841 au « Cycle des apocryphes » dans

la litterature chretienne, des origines jusqu au XYIe siecle.

L auteur en etait P. Douhaire, et son « Cours » avail parD, en

treize leyons, dans l Universite catholique. Comme plusieurs

autres erudits engages depuis leg annees 20 dans la redecou-

verte du Moyen Age, Douhaire avail ete surpris d abord, et

vile passionne, par l abondante posterite des livres apocry-

phes anciens dans tous leg secteurs des arts medievaux : l ar-

chitecture, la peinture, la sculpture, Ie theatre et leg liturgies,

la poesie, leg chroniques, Ie roman, et, pour finir, dans leg

jeux d une ampleur fantastique que diverges societes euro-

peennes avaient prig l habitude de monter sur de ires vastes

treteaux, pendant plusieurs jours ou meme des semaines d af-

filee, avec Ie concours du clerge et des corps de metier leg

plus divers: ce que la tradition franyaise designe sous Ie

nom de Mysteres. Douhaire avail appris II. connaitre leg apo-

cryphes dans Fabricius: il se lanya dans une vaste histoire

des des ins, litteraires surtout, du tresor poetique constitue

dans leg cinq premiers siecles de I ere chretienne, par toutes

sortes de fables apocryphes, multipliees en Orient et en Occi-

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LA FABLE APOCR YPHE

00

dent, en depit des « improbations » dont ces recits etaient Ie

plus souvent couverts de la part des autorites ecclesiastiques.

Douhaire etait un philologue medieviste; pour sa documen-

tation, il avail sous leg yeux leg Codices de Fabricius, I Auc-

tarium de Birch, et Ie premier volume du Codex de Thilo

dont il salua en termes tres elogieux Ie merite immense au

moment oil il apprenait Ie deces premature de cet editeur

d apocryphes qui avail rendu de signales services a ce genre

d etudes. 11 avail ete, d autre part, tres marque par I idee ex-

posee par Chateaubriand dans son Genie du Christianisme,

selon laquelle Ie Christianisme avail donne naissance it. une

veritable civilisation, caracterisee par une « poetique », des

« arts » et un imaginaire propre. A cet imaginaire deploye

par leg chretientes au sortir de I Antiquite, leg recits apocry-

phes avaient, a ses yeux, procure une veritable « mytholo-

gie », comparable aux mythologies d autres civilisations anti-

ques; et leg strates leg plus anciennes de cette « mythologie »

chretienne avaient, dans la suite des siecles, nourri un grand

nombre de genres discursifs, de recits poetiques et, pour fi-

niT, une vraie poesie en meme temps qu un theatre grandiose.

La veine, prise en charge par I imprimerie des ses premiers

instants, Cut cependant tarie tres vile au XVle siecle par ce

que Douhaire n appelait pas la Renaissance,mais une « reac-

tion palenne ».

Quoiqu il en soil, Douhaire Ie medieviste avail fait montre

d une double qualite : un gens historique ouvert deja aux phe-

nomenes de la longue duree, et a la complexite des traditions

continuees dans la mouvance des formes et des imaginaires

collectifs; une capacite, toute fabricienne, de saisir sous I es-

pece litteraire qui I interessait au premier chef pourtant,

I ampleur trans-semiotique de I objet « apocryphe » doni, loin

de tout scandale, il n hesitait pas a dire, en bon catholique

qu il etait, l analogie profonde qui l unissait au genre appele

ailleurs « mythologie ».

En composant pour I Encyclopedie de Migne, leg deux Dic-

tionnaires des Mysteres (1854) et des Legendes Chretiennes

(1855), Ie cornie Douhet avail deja donne une suite importan-

te au Cours de Douhaire. Les deux volumes du Dictionnaire

des Apocryphes voulurent en consacrer la forte et brillante

inspiration. Mais il semble qu apres 1858, celie veine d etu-

des et celie maniere d approcher leg litteratures apocryphes~

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L APOCRYPHEA L F-TROIT

101

soient retombees dans un oubli ou un desinteret total. Quel-

que chose de la perspective fabricienne se maintint, a la fin

du siecle et au debut du suivant, chez des savants comme F.

Nau, M.R. James, A Vassiliev et quelques autres encore. Mais

les etudes d apocryphes etaient tombees SODSa coupe entiere

des glandes entreprises reductionnistes, dominees par l ideal

philologique du texte critique, combine a l ideal historiciste

de la selie documentaire constituee Ie plus etroitement possi-

ble sur des criteres de selection et de choix mal disposes a

l endroit des pieces « atypiques » parte que mal classables

dans des categories preetablies pour illustrer one certaine

vision de I histoire.

4. Les heritiers de Toland et I ~ apocryphe-scandale »

La rumeur qui entourait l interet grandissant porte par tou-

tes sortes d erudits aux Apocryphes, s enfla tres vite alentour

1700. En trois ou quatre decennies, Ie paysage des etudes

consacreesaces litteratures changea tres profondement.

L emergence d une nouvelle historiographie des heresies

antiques y contribua, et leg premiers essais d une histoire cri-

tique des textes canoniques des deux Testaments y prirent

d emblee une part active. Dans ces divers registres, des ques-

tions nouvelles et des approches inedites reagirent leg unes

sur leg autres pour, finalement, determiner ensemble Ie lieu

ou, pour l essentiel et pour longtemps, leg « Apocryphes »

tiendraient Ie role que la reconnaissance de leur statut nou-

veau de documents historiques avait pousse un grand nombre

a leur accorder sur la scene tres sensible des Origines chre-

tiennes. Ce lieu, post-classique, des Apocryphes n etait pas Ie

champ fabricien, mais celui dans lequel Toland, ses contradic-

teurs, et beaucoupd autres erudits dont leg mobiles et leg tra-

jectoires ont ete depuis longtemps perdus de vue, reussirent

par la virulence de leurs nouvelles « querelles » a tailler a

cette litterature decidement insubmersible un nouvel habit:

celui qui sied it l objet de scandale.

Anterieurs, contemporains ou posterieurs aux ecrits canoni-

ques, leg Apocryphes anciens etaient entres dans l espace jus-

que-la inviole de la Verite historique scellee dans Ie Canon:

ils y avaient introduit d un cote Ie doute, et d un autre cote

Ie desir passionne de defendre l authentique contre leg forge-

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102

LA FABLE APOCRYPHE

lies a nouveau introduites pour Caire de 1 ombre a la Lumie-

re; et, ailleurs, Ie besoin d'amenager l'espace de la Verite

pour y conjuguer, dans un eventail d hypotheses « origina-

leg », quelque part du Canon avec des bouts d'apocryphes,

dans des dosages divers que J. Variot, en 1878, confondait

sous Ie nom general d'« alchimie » 36.

Au debut de ce XVllle siecle, la rumeur disait la formation

d'un couple scandaleux leg Apocryphes et Ie Nouveau Testa-

ment C'etait la une figure creee par des « libertins », des

« incredules », certes; mais une figure dont beaucoup allaient

paradoxalement s'accommoder : elle n'etait pas, en effet, sans

offrir des possibilites nouvelles a 1 apologetique que leg

temps nouveaux -on en rait alors dans l' Age des Lumieres

-commandaient a toutes leg confessions chretiennes d'Euro-

pe de mettle au niveau des nouveaux dangers.

Parmi de nombreux temoignages qu'il faudrait reunir et

etudier pour tenter de mieux percevoir la diversite des fils

qui se nouerent dans ce moment de crise passionnant (1680-

1720), celui de Dom Augustin Calmet (1673-1757) presente

l'interet de montrer comment la pejoration de l'age precedent

allait tout naturellement se conserver et s'entretenir dans

l'age nouveau, en epousant eg contours de la nouvelle situa-

tion : il s' agissait toujours d' opposer Ie mensonge et la veri-

te, et de confondre leg principes d'une saine critique avec

ceux qui avaient permis d'identifier Verite et Ecritures; mais,

desormais, denoncer Ie mensonge et Ie rejeter ne suffirait

plus: Ie mensonge etait, par la volonte des ennemis de la

religion, instal e aux portes memes du vrai, et il fallait savoir

en expliquer la presence -rendre compte de son surgisse-

ment « antique » dans leg marges du Canon, et si possible en

retourner la virulence au profit de la Verite assiegee.L'inten-

lion pieuse des fraudeurs etait, tout compte fait, une maniere

d'hommage rendu au modele: Dom Calmet esquissa dans sa

Dissertation sur les Evangiles Apocryphes un argument qui

allait connaitre pendant plus de deux siecles et demi un suc-

ces considerable:

« Ce qu'il y a de plus etonnant, ecrivait-il, c'est que des

personnes memes pieuses, et a bonne intention, mais pen ins-

36. Cf. J. VARIOT.1878,p. 353

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L APOCRYPHE A L F-TROIT

103

truites, se melerent aussi, par un exemple dangeureux [celui

des heretiques], de forger des ouvrages utiles, Ii ce qu elles

croyaient, Ii la religion, et voulurent par one Claude pieuse,

attirer dans leur patti leg juifs et leg paiens incredules. [...]

Ces personnes faisaient plus de tort au Christianisme qu elle

ne pensaient. Car, en melant ainsi la verite avec Ie mensonge,

et Ie certain avec Ie douteux, dans leurs ouvrages, eUes our-

nissaient sans y penser aux ennemis de la religion des armes

pour attaquer leg vraies Ecritures, et leur montraient I exem-

pIe de forger, a leur tour, des ecrits SODSes noms respecta-

bles et anciens, tout contraires Ii nos principes et a la verite

de nos Ecritures. Celse, Porphyre et Julien I Apostat n ont

pas manque de se prevaloir de cette ouverture qu on leur

donnait, et nos incredules encore aujourd hui s en servent

pour detruire la verite de la religion et I authenticitc de nos

Livres saints » 37.

En 1722, Jeremie Jones publia un veritable corpus d apo-

cryphes : moins etendu que celui dont Fabricius achevait dans

Ie meme temps la seconde edition, il etait surtout d un genre

nouveau. Les deux premiers volumes reunissaient les ecrits

publies dans leur langue originale et en traduction anglaise.

Un troisieme volume justifiait l entreprise : adversaire des in-

credules en general et de Toland en particulier, Ie reverend

Jones y developpait un ample commentaire destine Ii montrer

comment les Apocryphes venaient, comme malgre eux et par

contraste, demontrer I incontestable superiorite des Ecritures

canoniques. Le titre donne par Jones Ii son ouvrage indique

bien Ie gens de sa demarche: A new and full method of sett-

ling the canonical authority of the New Testament.

L .Evangile oral primitij de Lardner

Jeremie Jones avail invente Ie dispositij du contraste : pie-

tres ou rusees contrefa~ons, les apocryphes avaient suivi dans

Ie temps, et non precede, les ecrits canoniques auxquels ils

rendaient ainsi temoignage. Voltaire, pour sa part, avail entre

1740 (premiere ebauche de son Essai sur les ma urs) et 1769

(date de publication d une Collection d anciens evangiles sous

Ie pseudonyme de I Abbe Bigex) expose la these de I anterio-

37.

Cite par VARIOT, 878, p. 462.

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104

LA FABLE APOCRYPHE

rite d une abondante litterature apocryphe sur la formation

d un canon impose par l institution ecclesiastique comme

regIe de verite. Dans les dernieres annees de sa vie, Natha-

niel Lardner (1684-1768) ebaucha l idee que les Evangiles

canoniques comme les apocryphes dependaient d une seule et

meme tradition orale primitive: auteurs non autorises et mal

(ou peu) inspires, les redacteurs d apocryphes auraient tente

de donner one forme ecrite a I Evangile oral que seuls les

auteurs inspires des quatre canoniques reussirent a rendre

avec verite, grace a l action de l Esprit 38. Selon J. Variot,

Lessing aurait connu et adapte la these de Lardner 39. Mais

c est seulement a la fin du XIxe, semble-t-il, que cet Evangi-

Ie oral, capte differemment par diverses traditions, canoni-

ques et extra-canoniques, trouva un nouveau credit: Alfred

Resch emit, en 1899, I hypothese d un « Urevangelium » it la

base de sa recherche systematique sur les Agrapha. Quelques

annees plus lard, les premiers travaux de l ecole de la Form-

geschichte devaient inaugurer one nouvelle carriere pour cette

idee d une oralite premiere imaginee par Ie savant Lardner

dans Ie cadre de la querelle des apocryphes, vers la fin du

second tiers du XVIIIe siecle.

Du principe de Jones a l alternative de Cellerier

Au debut du XVlllc siecle, les « incredules » de Dom

Calmet avaient commence II- user de certains apocryphes pour

« attaquer les vraies Ecritures » et « detruire l authenticite

des Livres saints ». Un siecle plus lard, au debut du XIXc, ce

n etaient plus des « incredules » qui mettaient II- mal l authen-

ticite des ecrits neo-testamentaires, mais des theologiens et

des exegetes du Nouveau Testament. Sans Ie secours des apo-

cryphes, mais par Ie seul exercice de la methode critique,

l apocryphicite etait introduite au creur du Canon par Ies pre-

decesseurs immediats de D. F. Strauss (1808-1874). On vit

alors resurgir et se repandre I argument ebauche en 1722 par

Jeremie Jones: laisses presque sans emploi par les exegetes

critiques, Ies apocryphes furent appeles II- a rescousse par

38. Cf. J. VARlOT, 878,p. 352.

39. cr. J. VARIOT. 878. D. 352-353.

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LA FABLE APOCRYPHE

vres paraissent forts nombreux, surtout si l on examine Ie vo-

lumineux catalogue qu en a dresse Ie savant Fabricius... Mais

il Caul observer [...] que Ie mot apocryphe a ete prig dans un

gens beaucoup trop vaste, et donne a tort a des livres d une

nature fort differente » 41.

Trop de differences, dans la forme ou dans Ie contenu,

paraissent ainsi susceptibles de nuire au travail de comparai-

son: il raul, dans cette perspective apologetique qui ne cache

pas encore sa vraie nature, rendre leg termes comparables et

donc faconner un « objet » apocryphe sur Ie modele de l ob-

jet canonique. De lit la necessite de declarer la masse des

apocryphes non selectionnes atypiques ou meme franchement

etrangers au veritable genre de la litterature apocryphe. En

proposant de classer leg apocryphes du Nouveau Testamentse-

Ion leg genres litteraires representes dans Ie Nouveau Testa-

ment, Thilo apportait a cette approche un instrument bien se-

duisant qui, plus lard, pourrait Caire oublier son origine et

passer pour une propriete « naturelle » de l objet.

L alternative de Cellerier trouva, en 1835, une actualite

brulante dans Ie scandale provoque par la Vie de Jesus de D.

F. Strauss. Le caractere d affabulation prete aux Evangiles

canoniques mettait ces livres au nombre des fictions apocry-

phes. Dans son etude tres informee de I ouvrage, publiee en

1838, Edgar Quinet, qui n etait en rien specialiste, trouva

spontanement it opposer it I exegete allemand I argument de

la comparaison: « Le ton des evangiles apocryphes n est[ -il]

pas fort distinct de celui des livres canoniques? » s exclamait

I ami de Michelet 42.

De Cellerier a Quinet, quinze aDSse soot ecoules : cela a

suffit pour que I argument des apocryphes, manie au Siecle

des Lumieres par leg « incredules », et autres contempteurs

des institutions ecclesiastiques, soit entierement renverse en

son contraire. De documents susceptibles de servir a la mise

en cause de I authenticite des ecrits canoniques, les apocry-

41. J. PALLARO.Dissertation sur les livres apocryphes du Nouveau

Testament,Geneve, 1828,p. 2.

42. E. QUINET, 882, p. 202.

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L APOCRYPHE A L F-TROIT

107

phes sont, chez Quinet, devenus d abord et surtout autant de

preuves que Ie Nouveau Testament est bien Ie recueil d ecrits

exceptionnels, a nuls autres comparables.

Cette perspective devait envahir Ie champ de l etude des

apocryphes du Nouveau Testament. En 1858, l idee de faire

servir Ie contraste entre apocryphes et canoniques a la mise

en valeur de ces derniers gardait encore one certaine frai-

cheur, comme en temoigne ces lignes d un auteur « contem-

porain » reproduites dans les Additions au tome 2 du Diction-

naire des Apocryphes de Migne :

« Les livres apocryphes sont des recueils d emprunts faits

aux evangiles canoniques, meles de fables, de merveilles pue-

riles, grossieres, absurdes; c est la que se trouve, si l on peut

s exprimer ainsi, la mythologie du Christianisme. Aucun tra-

vail d apologetique, aucune introduction au Nouveau Testa-

ment n est aussi propre a eclairer un incredule qu une simple

lecture de ce raffias de mensongesempruntes a nos Evangiles

quoiqu ils affectent de reproduire les formes des recits sa-

cres. La difference est si palpable, si saisissante qu elle force

la foi; se detournant avec degout de ces fables, on se repose

avec delices au milieu de la divine et touchante majeste de la

parole de Dieu. Nous ne pouvons qu indiquer Ie parallele si

utile a tracer entre les Livres saints et ces contrefafons

deplorables »43.

On aurait tort, cependant, de penser que I argument du

contraste etait, par les conditions de son elaboration et les

circonstances de ses premiers emplois, destine a ne pas fran-

chic Ie cercle d une certaine forme d apologetique chretienne.

On Ie trouve aussi bien dans un ouvrage, tres eloigne d une

telle perspective, comme I Avenir de la Science (1849) d Er-

nest Renan. Le meme savant Ie mettait encore en bonne posi-

tion, dans l lntroduction a sa Vie de Jesus, publiee en 1863 :

« On remarquera que je n ai fait nul usage des evangiles

apocryphes. Ces compositions ne doivent en aucune fa~on

etre mises sur Ie meme pied que les evangiles canoniques. Ce

sont de plates et pueriles amplifications, ayant les canoniques

pour base et n y ajoutant rien qui ail du prix » 44.

43. Dictionnaire des Apocryphes. II. Paris. 1858,col. 1313

44. E. RENAN,Vie de Jesus, Paris, 1863,p. XLIII.

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L' APOCRYPHEA L 'F-TROIT

111

la, des allures trap radicales, et demander lors des correc-

tiCs, elle n' en etait pas mains Ie mobile et Ie moteur de toute

one epoque d'erudits lances « a la poursuite du mensonge et

de l'erreur » 51.

La prolixite des traditions memoriales, leur mouvance et leur

variance irreductibles, pour un certain nombre au moins, sem-

blaient remonter aux temps leg plus anciens deja: tout ce qui

caracterisait la maio um memoria agayait toujours plus leg his-

toriens ecclesiastiqueset leg critiques. De plus en plus, on vou-

lait la verite historique toute nue; on ne pouvait souffrir ce

« vray » qui souffrait de rester trop incertain tant il etait diffi-

cile, voice impossible, d'y demeler Ie faux, la fable, la legende.

Le gout classique du Vrai, sur de lui, se rehaussa de dire sur

tous leg tons son degout pour leg forgeries 52. Mais cette pas-

sion pour Ie « vray » avail son revers: Ie XYlIc siecle entier

excella tant dans la chasse aux apocryphes que les critiques

rivaliserent dans la pratique de leur art en pleine croissance;

tant et si bien qu'a la fin Ie rejet partout reclame des apocry-

phes eut un effet exactement contraire au but recherche. Loin

de leur donner un conge definitif, I' art des critiques s' entre-

tint et s'enfla d'y revenir sans cesse. Si bien qu'a la fin du

Siecle classique, Ie savant bibliographe de Hambourg eut tout

Ie loisir de rei ever Ie succes croissant des... apocryphes

A Ia fin du XV lIe siecIe, Ies Libertins, Ies Deistes et cer-

tains mystiques sans doute aussi, avaient deja prepare Ies

voies pour une prochaine rupture, profonde, avec Ia maniere

dont Ie consensuseruditorum de I'age classique avait confon-

51. Marc BLOCH,1964,p. 41

52. Ce « de gout » pour les « forgeries» antiques s'est perpetue jus-

qu'a nos jours, revivifie qu'i1 rut par Ie XIXe siec1e,bigot et rationa-

lisle, mais surtout « philo1ogue ». Voir, par exemple, Matthias

DELCOR, ans ACFEB, Paris, 1977,p. 41-42: « Au contact du langage

souvent obscur et tout en symboles de I' apocalyptique, on eprouve

plus d'une fois -je Ie sais par une longue experience -de l'ennui

sinon du degout ». Dans un genre voisin, on peut relire V. NIKIPRO-

VETZKY,La Troisieme Sibylle, Paris-La Haye, 1970, p. VlIet X. On

pourrait aisement allonger la lisle, mais c'est tres lassant, l est vrai

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112 LA FABLE APOCRYPHE

du (pour longtemps encore) theologie et histoire, autorite et

verite. Au tournant du siecle nouveau qui allait voir se lever

leg Lumieres, emergea alors, pour la premiere fois, le champ

des apocryphes : evenement majeur de l histoire (qui reste 3

ecrire) de la verite.

J A. Fabricius prit, ici, la plus grande part. Mais c est Cl:ttl:

part qui eut, au bout du compte, Ie plus a souffrir de la nou-

velle querelle des apocryphes mise en place par tous les apo-

logetes du nouvel age, au premier rang desquels leg adversai-

res de J. Toland portent une lourde responsabilite. Fabriciu~

avail ouvert a la recherche un vaste continent nourri par les

traditions memoriales, « apocryphes » ou « legendaires », des

communautes et des peuples attaches aux trois religions abra-

hamiques. Les apologetes, de Jeremie Jones a Jacob Elisee

Cellerier, ramenerent la « querelle » a de bien moindres pro-

portions: d un cote les ecrits canoniques du Nouveau Testa-

ment, leg quatre Evangiles surtout, et de l autre une « bro-

chette » d ecrits apocryphes bien connus, cites par les Peres

et condamnes par les Conciles et Ie Decret de Gelase : quel-

ques bribes d evangiles perdus, des evangiles de l enfance et

de la crucifixion, quelques actes apocryphes d apotres, quel-

ques epitres, une ou deux apocalypses.

Questions de style(s) et de gout: leg apocryphes devaient

assurement porter temoignage a la Verite canonique dont il

n etaient, Ie plus souvent, sinon toujours, que de mauvaises

imitations ou de pretentieux complements; des ombres por-

tees a la seule vraie Lumiere. De mauvaises « copies », dans

tous les cas, qui ne pouvaient que renvoyer l homllll: de gout

au Modele authentique, plagie par de bien faibles faussaires.

Un siecle d apologetique prepara la voie a l ancrage « defi-

nitif » d une serie relativement courte d « apocryphes du

Nouveau Testament », a la borne d un Canon utilise, dans

cette affaire, pour l etalonnage et l etablissement d un mode-

le. On continua a saluer de loin Ie grand bibliographe de

Hambourg : mais on precipitait dans Ie meme temps Ie vaste

champ qu il avail commence a parcourir et designe a la poste-

rite, dans un oubli couvert par un hypocrite silence. Les nou-

veaux specialistes des « precurseurs du Christianisme » pri-

rent en charge la moitie du continent apocryphe « invente »

par Fabricius, au moment oil leg specialistes des litteratures

chretiennes anciennes se decidaient a ne retenir de I autre~

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LA FABLE APOCRYPHE

Pour leg « Apocryphes du Nouveau Testament », et porte

par I air du temps, Edgar Hennecke ne retint dans son pre-

mier recueil que leg reuvres anciennes, datees pour la plupart

des lIe et IIle siecles. Apres la Guerre, certains savants

essayerent de relancer ces etudes d apocryphes en se mon-

trant mains reducteurs : P. Riessler proposa un tres vaste

recueil de Pseudepigraphesen 1928; E. Hennecke redressa en

1924 sa timidite premiere pour proposer un large « text-

book », ouvert a des veines d apocryphes ignorees en 1904, et

plein de notices tres variees qui invitaient plaisamment a

poursuivre leg enquetes ebauchees.D Angleterre vint, en 1924

aussi, Ie recueil de M. R. James qui, dans sa maniere propre,

ouvrait aussi des perspectives larges.

Mais, las, leg litteratures apocryphes ne passionnaient plus

grand monde en Europe. Leur gisement ne fut en quelque

sofie reveille et reactive que par leg ethos qui, au lendemain

de la Seconde Guerre Mondiale, vincent d Egypte et de Pales-

tine porter la nouvelle de deux trouvailles sensationnelles :

leg codices de la jarre de Nag Hammadi, et leg manuscrits

« hebreux » des grottes de Qoumran.

Les annees 50 furent remplies des turbulences suscitees

dans beau oup d esprits et de milieux par leg bribes de rensei-

gnements et leg premiers fragments ou rouleaux publies.

On assista alors a deux types de reactions parmi leg fares

specialistes qui connaissaient directement leg collections

d apocryphes, restreintes ou elargies, publiees au debut de ce

siecle. II y eut, d un cote, la precipitation de W. Schneemel-

chef, soudain effraye d avoir, un jour prochain, a introduire

de nouveaux ouvrages (evangiles, actes, epures, apocalypses)

annonces du cote de Nag Hammadi, dans un recueil dont il

avail en charge la troisieme edition. II choisit de resserrer

immediatement Ie champ, de l enserrer dans un filet tres

« rigoureux » de notions et de concepts, de definitions et

d explications : en un mot, de donner a l ensemble une struc-

ture compacte mieux arrimee que jamais au fait canonique.

De l improbable et stupide variante premiere (liberte ou faute

de copiste) jusqu a la contrefacon deliberee et gravement at-

tentatoire a la verite du message chretien authentique, leg

ecrits apocryphes « du Nouveau Testament» ne pouvaient

etre autre chose que des varietes, peu nombreuses,soigneuse-

ment repertoriees et classees, d ecriture parasite, anodine ou~

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L APOCRYPHEA L F-TROIT

117

il aura, dans 1 intervalle, retrouve Ie moyen de rejoindre Ie

corpus documentaire, redeploye, dont on l avait, pour des

raisons perdues aujourd hui, extrait et isole.

Ce que Sparks fit a Oxford. entre les annees 50 et 1984,

one autre equipe s employa aussi a Ie faire avec ses moyens

specifiques, ses perspectives pluridisciplinaires et pluri-con-

fessionnelles (dans un tour typiquement americain) a partir de

1970 environ. Cette equipe est celIe que dirigea Ie Professeur

de Princeton, James H. Charlesworth. Le recueil americain

parut, en deux volumes, en 1983 et 1985. Comme celui de

Sparks, il marque one rupture definitive avec les presupposes

trop reducteurs et Ie reductionnisme methodologique illustres,

au debut de ce siecle, par les recueils de Kautzsch et de

Charles.

Les perspectives tres riches et diverses ouvertes aux

recherches sur les litteratures apocryphes, juives et chretien-

Des, par les recueils de la « seconde generation », les Erbetta,

les Sparks et les Charlesworth (et quelques autres encore)

soot si vastes, les transformations qu elles rendent possibles

dans l approche historienne de 1 objet « liuerature apocry-

phe » soot si fondamentales et necessaires, que les presentes

notes ne sauraient suffire a en doDDer seulement un bref

aper~u : l enquete sera donc reprise et poursuivie ailleurs.

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Francis SCHMIDT

EPHE

JOHN TOLAND

CRITIQUE DEISTE

DE LA LITTERA TURE APOCRYPHE

1. Introduction

Quand Jean-Albert Fabricius meurt en 1736, il est celebre

dans toute la Republique des Lettres comme « Ie plus savant,

Ie plus fecond, Ie plus utile des bibliographes ». Quatorze ans

plus tot, Ie 11 mars 1722, John Toland mourait dans la plus

totale misere apres avoir « excite contre lui un soulevement

universel » (Molyneux, cite par P. HAZARD,1961,p. 136). Au

lendemain de la publication du Nazarenus, Lacroze. ecrivait a

Fabricius: « Toland est un homme ignorant de taus les Arts,

qui se rendit illustre et celebre par son impiete et sa seule

impudence» (L. CIRILLo-M. FREMAUX,1977, p. 556). Qu en

est-il de Fabricius et de Toland au regard de la posterite sa-

vante? Fabricius? Un immense erudit en qui l on reconnait Ie

pere fondateur des etudes sur les apocryphes et les pseudepi-

graphes, et que l on interroge aujourd hui encore comme un

collegue (G. POUPON,1981, p. 25-47). John Toland? Sans

doute a-t-il sa place dans I histoire de la philosophie, apres

Locke, apres les platoniciens de Cambridge, comme I un des

principaux representants du rationalisme critique des libres

penseurs. L histoire de la pensee religieuse retient en lui Ie

deiste. Mais ses polemiques, ses approximations et ses

inexactitudes I ant totalement exclu de I horizon historiogra-

phique et epistemologique des biblistes. C etait rejeter Ie

b6be avec l eau du bain. Car quel est I apport de Toland?

Sur Ie fronlispice de I Ars critica que Jean Le Clerc 1 a pu-

1. Sur Jean Le Clerc, voir A. BARNES, 938; sur inspiration et critique

chez Le Clerc. voir F. LAPLANCHE,986, p. 593-594. Sur I Ars Critica

voir M.C. PrrAssI, 1987.

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120 LA FABLE APOCRYPHE

blie en 1697 a Amsterdam, on voit one jeune femme assise

devant one table. Elle est en train d ecrire. De la main gau-

che elle examine un livre a la lumiere d une lampe que tient

un homme debout en face d elle. Sans doute faut-il reconnai-

tre dans ce personnage coiffe d un sablier aile, la figure du

Temps. A l arriere-plan one tenture relevee devoile one

bibliotheque. Deux ans plus tard, en 1699, lean Le Clerc

s expliquera des intentions qui etaient les siennes lorsqu il

ecrivait I Ars critica : « L on peut y voir les trois sciences

(...) la Theologie, la Philosophie et la Critique, concourir

egalement a inspirer des sentiments pieux et raisonnables,

touchant la Religion et les bonnes mreurs » (1699, I, p. 355-

356). Pour Le Clerc en effet, parmi taus les livres qu est sus-

ceptible d elucider la critique, il y a la Bible. Depuis les

Reformateurs, on admettait au sein du protestantisme Ie prin-

cipe de la clarte de I Ecriture ou perspicuitas scripturre,

corollaire de celui de sola scriptura : seul Ie texte inspire

echappe aux corruptions du temps. Seule l action de l Esprit,

dont Ie lecteur beneficie a son tour, est necessaire a l intelli-

gence immediate du texte satre. Pour les theologiens catholi-

ques au contraire, Ie texte est obscur : la mediation de la tra-

dition et de I Eglise est indispensable a sa comprehension 2.

Sur ce frontispice la figure ambigue du Temps, qui altere et

corrompt tous les livres, sacres ou profanes, et qui tout a la

fois tend vets la Critique one lampe destinee a eclairer les

passagesobscurs, illustre donc un changement dans Ie rapport

du protestantisme au texte biblique. Fran~ois Laplanche, dans

un article qui resume les conclusions de son etude majeure

sur L Ecriture, Ie Satre et l histoire ..erudits et politiques

protestants devant la Bible en France au XVIIe siecle (1986),

a montre quel a ete Ie role decisif, au sein de l orthodoxie

reformee, du groupe des theologiens saumurois dans ce

processus d historicisation de la Bible qui des lacs devient

objet de critique. L auteur souligne tout particulierement

l importance de Louis Cappel, dont la Critica sacra parait a

Paris en 1650. Bientot re~ue dans toute l Europe savante,

reprise dans la Preface de la Polyglotte de Londres (1654),

2. Sur la clarte ou I obscurite de l Ecriture, voir M. DE CERTEAU,

1978, p. 73-92; J. LE BRUN, 1980, p. 100-117; F. LAPLANCHE, 986,p.

211-212,365-367, 375-378, 444-445, 554-556, 730.

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121

OHN TOLAND

elle prepare Ie passage de l orthodoxie reformee a I ortho-

doxie eclairee -ou liberale -des Lumieres (F. LAPLAN-

CHE,1985, p. 463-488).

La critique d attribution est au centre de l activite critique

telle que la definit Jean Le Clerc: l ars critica est l art de

comprendre les auteurs anciens utilisant soit les vets soit la

prose (sive numeris adstricta. sive soluta oratione) et de dis-

cerner quels soot ceux de leurs ecrits qui soot authentiques et

quels soot les faux (dignoscendi qua nam eorum genuina

scripta sint. qua spuria). Pour lui la fonction de la critique

n est pas de chercher a etablir si ce qui est dit est conforme

a la verite ou non, mais seulement de comprendre ce que les

auteurs ont veritablement voulu dire. « En un mot, on cher-

theta la veritable signification de ce qui est dit, et non la ve-

rite des choses qui soot dites » (1697, Preface p. 1-4). La cri-

tique, selon Jean Le Clerc, comporte trois parties: d abord

des conseils relatifs a I ordre dans lequel il convient de lire

les Anciens en vue de faciliter l etude du latin, du grec et de

l hebreu. Ensuite les regles de I interpretation des mots et des

expressions. Enfin -et c est la la partie essentielle dont

traite tout Ie second volume de l Ars critica -les regles

permettant de reconnaitre chez les Anciens quels soot les li-

vres ou les passages libri aut loci) authentiques et quels soot

les faux (1697, Preface p. 5). Quatre indices -nODS dirions

de critique externe -permettent de supposer qu il s agit

d une fausse attribution ou d un passage nterpole : si les ma-

nuscrits anciens attribuent Ie livre a un autre auteur que celui

dont il porte Ie nom, si les citations que font les Anciens de

I ouvrage portant Ie meme titre soot absentes de ce livre, si

les catalogues anciens enumerant les reuvres de I auteur en

question ne font aucune mention de cet ecrit, enfin s il s agit

d un livre explicitement rejete ou considere comme douteux

par les Anciens. Aces quatre indices, s en ajoutent six autres,

nous dirions de critique interne: si Ie livre enonce des opi-

nions contraires a celles de I auteur, s il mentionne des eve-

Dements posterieurs a l auteur, s il temoigne d ignorances ou

de fables qui ne peuvent etre attribuees a I auteur repute au

contraire pour sa science, si Ie livre evoque des controverses

posterieures aI epoque de I auteur, si Ie style de I ouvrage

enfin ou son vocabulaire soot differents de ceux de l epoque

contemporaine de I auteur (1697, II, p. 431-534). On reconnait

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LA FABLE APOCRYPHE

lit plusieurs des regles enoncees jadis par les grammairiens

alexandrins. Comme eux, Le Clerc distingue deux domaines

de la critique d'attribution : celui qui permet de reconnaitre

un ecrit (liber) authentique d'un ecrit controverse ou apocry-

phe, et celui permettant de deceler Ie passage (locus) interpo-

Ie du texte authentique, la vraie de la fausse le~on. En effet,

des la seconde page de sa Preface, Le Clerc fait reference a

Aristarque de Samothrace. Cette ref(~rence est significative de

ce que, chez Le Clerc, la distinctio][l entre critique sacree et

critique profane est abolie.

La secularisation du texte bibliqule s'accompagne d'un in-

flechissement de la theorie de l'in ;piration. Ainsi les armi-

niens, it l'oppose de ceux qui consideraient que Ie texte bibli-

que est inspire jusque dans sa littl~ralite, distinguent deux

niveaux d'inspiration. L'inspiration immediate ne concerne

que les passages prophetiques enonces explicitement comme

etant parole de Dieu par des formules introductives du type

« Ainsi parle Ie Seigneur ». Partout ailleurs, l'inspiration est

non immediate. Loin d' ecrire mot a mot SODSa dictee de

I Esprit, I' auteur procede selon les '..oies ordinaires. Le texte

satre est soumis aux memes conditions d'ecriture et de trans-

mission que tout texte profane. II est susceptible de corrup-

tion, d'interpolation (F. LA PLANCHE, 985, p. 471-472).

L 'autorite d'un livre est fonction de son degre d'inspira-

tion. Pour R. Simon, ce qui pe:rmet de juger de son

inspiration, ce n'est pas son contenu, mais Ie rapport de son

auteur avec one intention divine (J. LE BRUN, 1984, p. 206).

Des lors les deux criteres essentiels soot d'une part l'authen-

ticite de son attribution et d'autre part Ie statut de son auteur

par rapport a l'influx divin : prophete, apotre, docteur, etc.

L 'argument de la succession apostolique, de la tradition qui

se porte garante de la canonicite des livres bibliques ne soffit

plus. Deja a l'occasion de la viole:nte controverse que les

theologiens calvinistes avaient mene'econtre les « Papistes »

au sujet des apocryphes ou deuterlocanoniques, ils avaient

recuse cet argument et utilise toutes les armes de la critique

pour exclure ces livres du canon de l'Ancien Testament

(F. SCHMIDT,1988, p. 165-173). On voit donc l'importance de

la critique, et principalement de l,a critique d attribution,

s'agissant de savoir si un livre est inspire ou non, canonique

ou non.

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OHN TOLAND

Preparee de l interieur, cette mutation, qui aboutit a la

desacralisation de la Bible, a ete precipitee par leg discus-

sions et leg polemiques que leg deistes ont conduites en An-

gleterre, de Herbert of Cherbury a Matthew Tindal. Dans un

ouvrage fondamental pour la comprehension des nouvelles

conditions epistemologiques qui ont permis l avenement de la

modernite, H. Graf Reventlow (1984) a montre comment,

avec leg deistes, la Bible perd l autorite qui etait la sienne

dans Ie domaine de la philosophie, de la pensee politique, de

l ethique. A l aube des Lumieres, en se pla~ant sur Ie seul

terrain de la raison, en recusant la revelation et toute forme

d inspiration, en s affranchissant des bornes de la critica

sacra, en appliquant aux ecrits canoniques eux-memes la cri-

tique la plus corrosive, celIe jusqu alors reservee a denoncer

leg seuls deuterocanoniques, John Toland ita bien au-dela de

la critique humaniste radicale des arminiens. Pour cela il se

servira des apocryphes, essentiellement ceux du Nouveau Tes-

tament, comme d un cheval de Troie pour abolir toute dis-

tinction entre ecrits canoniques et non canoniques et privet Ie

texte biblique de toute autorite.

Mais qui est John Toland? 3 Irlandais, ne en 1670 d one fa-

mille catholique, il se convertit a seize ans au protestantisme.

Berger jusqu a quatorze ans, il fait ses etudes en Ecosse,

re~oit one formation theologique au college de Glasgow,

devient maitre es arts a I Universite d Edimbourg. En 1692 -

il a vingt-deux aDS , il part a Leyde, suit I enseignement de

Frederic Spanheim-le-jeune 4 et fait la connaissance de Jean

Le Clerc. Annee decisive: la polemique qui a vu s opposer

Jean Le Clerc et Richard Simon dans les annees qui suivirent

la reedition a Rotterdam de I Histoire critique du Vieux Tes-

tament (1685) ne date que de cinq ans (R. VrnLTzEL, 1968,

p. 33-52); cinq ans plus lard Le Clerc publie son Ars critica

3. Voir la biographie de J. Toland in R.E. SULLIVAN, 982,p. 1-50.

4. Dans Ie Nazarenus (1777,p. VllI), Toland evoquera Ie souvenir des

le~ons d histoire ecclesiastique qu il a suivies aupres de Spanheim II.

Leyde: « 11 n y avoit rien qu il recommandit avec plus d affection Ii

ses disciples, que de consulter la Bible et les Peres dans les originaux

hebreux ou grecs, comme dans leurs vraies sources, et de ne jamais

determiner leur jugement que par l evidence de la verite ».

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JOHN TOLAND

125

1 interet au Bien (...). Le Teste, cherche-le dans ses ecrits ».

C est ainsi que se voit John Toland, lorsqu a la fin de sa vie

il redige son epitaphe (cite par P. HAZARD,1961,p. 139).

Parmi ces ecrits, il en est plusieurs qui se caracterisent par

leur philo-judaisme. En cela Toland se differencie des autres

principaux porte-parole du courant deiste, tel Matthew Tindal

ou Anthony Collins qui feront au contraire du judaisme Ie

principal responsable de la perversion de la premiere religion

naturelle (L. POLIAKOY,1981, 2, p. 13-20; H. Graf REYENT-

LOW,1977, p. 111-116). ans les Origines judaica , publiees en

17097, Toland utilise la description que donne Strabon (Geo-

graphie XVI, 35-39) de la Judee et des origines du judaisme

pour Caire de MoIse Ie fondateur d une religion raisonnable,

depourvue de superstitions. Loin d etre un gouvernement de

Dieu, one theocratie, la republique de MoIse est un gouverne-

ment purement humain, soumis aux changements et aux aleas

de 1 histoire. Avec Strabon, Toland voit en Moise un pan-

theiste, un spinoziste (Mosem enimvero fuisse Pantheistam,

sive, ut cum recentioribus loquar, Spinosistam. incunctanter

affirmat in is o loco Strabo : 1709,p. 117),dont Ie Dieu n est

pas un Dieu revele, mais la Nature, la matiere du monde

mecaniquement disposee (Naturam. vel Mundi materiam

mechanice dispositam, 1709 : p. 155). La premiere loi du ju-

daisme, Ie decalogue, est la loi de Nature inscrite sur deux

tables de pierre. Avant Ie Veau d or, la seule fete etait Ie sab-

bat. Les ceremonies juives prescrites dans la Loi n ont pas

ete formulees par Moise, qui n est pas l auteur de la Torah,

mais, longtemps apres lui, par des pretres superstitieux 8.

H. Graf Reventlow (1984, p. 305-306) a vu dans leg Origines

judaica la mise en place d un modele critique qui annonce

7. Les Origines ludaiciZ sive Strabonis de Moyse et religione ludaica

Historia, Breviter illustrata sont publiees en annexe Ii I AdeisidiZmon,

sive Titius Livius A Superstitione vindicatus, La Haye, 1709, qui est

dedie Ii Anthony Collins.

8. Toland ronde cette interpretation sur une exegese de Ez 20,24-25.

En 1709Jacquesde la Faye, predicateur de I eglise anglaise d Utrecht,

a publie une violente attaque contre leg Origines ludaiciZ; d apres lui

Toland y soutient notamment que: « Mosem et Scriptorem Pentateu-

chi fuisse Pantheistas, aut, ut recentiores loqui affiant, Spinosistas »

(1709,p. 250).

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LA FABLE APOCRYPHE

26

les Prolegomena zur Geschichte Israels de J. Wellhausen.

Sans rite ni superstition, la religion de MoIse est donc pour

Toland une religion exemplaire, une religion naturelle.

Ce philo-judalsme de Toland, loin de ne s exprimer qu a

l endroit des origines du judalsme, se traduit egalement par

des prises de position en faveur des juifs contemporains.

Dans un texte anonyme, destine aux eveques du Royaume-Uni

et publie en 1714 au lendemain de l avenement de Georges

leT, Reasons or Naturalizing the Jews in Great Britain and

Ireland. on the same foot with all other Nations. Containing

also. a Defence of the Jews against all vulgar Prejudices in

all Countries (H. MAINUSCH, 1965), John Toland lancait un

appel en faveur des juifs et de leur naturalisation.

Comme les Origines judaiclE, I Hodegus 9, publie en 1720,

est un essai prealable a un projet, souvent annonce mais qui

ne rut jamais realise, d ecrire l histoire de la Respublica Mo-

saica. Comment se fait-iI, demande Toland, qu en comparai-

son des antiquites grecques et romaines, l histoire des juifs

ait ete tant negligee? C est principalement parce que Ie cler-

ge en a fait sa chasse gardee. Les lalcs n ont pas Ie droit d y

jeter Ie moindre coup d reil. Meme avec la Reforme, rien n a

change en ce domaine : en Europe du Nord, on continue de

lire la Bible avec les lunettes des pretres. Comme ces peuples

qui pretendent que leurs mines soot hantees de dragons pour

eviter qu elles ne soient pillees par des etrangers, les pretres

parsement l Ecriture de miracles qu ils declarent echapper a

la critique et dans lesquels ils refusent de reconnaitre un

vaste champ ouvert a l interrogation philosophique. Pourtant

il est necessaire d y appliquer une « critique judicieuse »

(J. TOLAND,1720a, p. 4-5) : a titre d exemple, I Hodegus se

propose de doDDer une explication rationnelle de la colonne

de nuee et de feu qui conduit les Hebreux au desert 1°.

9. L Hodegus; or the Pillar of Cloud and Fire, that guided the

Israelites in the Wilderness, NOT MIRACULOUS: but, as faithfully

related in Exodus, a thing equally practis d by other nations, and in

those places not onely useful but necessary,constitue la premiere par-

tie du livre intitule Tetradymus,Londres, 1720.

10. Deja en 1693, Jean Le Clerc avail propose une explication psycho-

logique du miracle de la femme de Lot changee en statue de sel : ce

n etait la qu une figure indiquant qu elle avail ete petrifiee de peur

(R. VCELTZEL,968, p. 36, n. 3).

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128

LA FABLE APOCRYPHE

ment ne sont-ils pas des compagnons des Apotres au meme

titre que Marc ou Luc? Si celie qualite a parD suffisante pour

considerer ces deux derniers comme inspires, pourquoi l avoir

refusee aux deux premiers? Deux poids, deux mesures?

L authenticite de ces apocryphes, dira-t-on, a ete contestee

par la tradition. Mais l attribution de l Epitre aux Hebreux,

celIe de Jacques, de la Deuxieme de Pierre, etc. n a-t-elle

pas, elle aussi, ete mise en doute par les Anciens? Pourtant

ces epitres ont ete admises dans Ie canon. Pourquoi alors eli-

miner l Apocalypse de Pierre ou la Predication de Pierre?

Ici encore, deux poids, deux mesures?

La lisle des ecrits canoniques n a ete fixee qu en 360, au

concile de Laodicee. Les Peres du concile se sont trouves en

presence d une multiplicite de livres qui, jusqu en 130, etaient

Testesenfouis dans les archives privees de leurs destinataires

ou dans celles des eglises particulieres. Dans ces conditions,

sur quels criteres choisir quels etaient les « vrais monuments

des Apotres »? Par one revelation extraordinaire faite aux

Peres conciliaires? A ce que I on sathe, il n en est point

question. Par Ie temoignage des Anciens? Le catalogue de

Toland montre que les temoignages qui paTIent en faveur des

apocryphes ne soot pas de nature foncierement differente de

ceux qui se prononcent en faveur des ecrits finalement rete-

nus au sein du canon. Des ecrits douteux y ont trouve place;

it 1 inverse, des ecrits qui ont re~u des Anciens les marques

du plus grand respect ont ete exclus. Est-ce dire que Ie te-

moignage des Anciens doit etre considere com me nul? II

aurait fallu que les uns et les autres soient egalement admis

ou egalement rejetes.

Autrement dit, demande John Toland, « comment leg suc-

cesseurs immediats des Apotres ont-ils pu confondre si gros-

sierement les ecrits veri tables de leurs maitres avec ceux qui

leur ont ete faussement attribues? Comment, puisqu ils se

sont trouves si tot dans leg tenebres sur celie matiere, a-t-il

ete possible que leur successeurs aient ete plus eclaires

qu eux-memes? Quelle sfirete, enfin, peut-on attribuer au te-

moignage de ces Peres qui non seulement se contredisent leg

uns les autres, mais encore qui ne soot pas d accord avec eux-

memes dans les divers recits qu ils font des memes faits? »

(1699, p. 79; repris et traduit en fran~ais in 1777, p. 138-139).

Mais Toland va plus loin. Celse a accuse leg chretiens~

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OHN TOLAND

d'avoir pris la liberte -« comme s'ils avaient bu » -de

modifier Ie texte des Evangiles. A ceux qui estimaient que de

taus les livres du monde, seul Ie Nouveau Testament ne pou-

vail etre corrompu puisqu'il etait Ie seul a ne lien contenir

qui doive etre rejete, les manicheens, en la personne de Faus-

tus, ant retorque qu'il n'avait ete ecrit ni par Jesus lui-meme

ni par ses Apotres, mais par d'obscurs personnages qui se

soot fait passer pour les Apotres ou leurs successeurs. Les

plus anciens chretiens, les nazareens ou ebionites, n' avaient-

ils pas one copie de l'Evangile de Matthieu differente de la

nolle (1699, p. 59-64)? Non content de brouiller les frontie-

res entre apocryphes et canoniques, Toland, en lecteur de Ri-

chard Simon, etend Ie probleme aux bonnes et aux mauvaises

copies de l'Ecriture, aux vraies et aux fausses e~ons. Le vets

est dans Ie fruit: Ie faux est au creur meme des Ecritures

inspirees.

3. La controverse autour de I' Amyntor

Dans une reedition de l' Amyntor, Toland devait rappeler la

controverse qui a suivi la parution de son livre. « Mes princi-

paux antagonistes, ecrit-il, furent quatre theologiens, Ie Dr

Blackall, Monsieur Clarke, depuis Docteur en Theologie,

Monsieur Nye, recteur, et Monsieur Richardson, un non-

jureur depuis lots decede » (1726, p. 356).

John Richardson, B.D., ancien Fellow du College Emma-

nuel a Cambridge, entreprend de « defendre Ie canon du Nou-

veau Testament en reponse aux objections de l' Amyntor »

dans un ouvrage dont je suis la deuxieme edition, parue a

Londres en 1701. Que penser, demande Richardson, d'un

homme qui se defendrait de l' accusation d' etre un voleur de

grand chemin: il jure ses grands dieux qu'il est innocent, et

aussitot apres s'en va detrousser Ie premier voyageur venu.

Un voleur de grand chemin, voila Toland Blackall 1accuse

de mettre en doute l'authenticite et la canonicite des ecrits

neo-testamentaires; Toland proteste de son innocence, jure

qu'il n'a en vue que les apocryphes, pour ensuite se lancer

dans une longue argumentation qui vise a ruiner l' autorite de

la Sainte Ecriture (1701,p. 2).

John Richardson fait partie de ces theologiens et ces eru-

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LA FABLE APOCRYPHE

dits qui, apres la glorieuse revolution, refuserent de preter

serment a Guillaume et Marie par fidelite a Jacques II. C est

, .

un homme de la Haute Egilse, un conservateur.

It commence par redessiner leg frontieres que Toland avait

brouillees. It rappelle quels sont leg ecrits du premier canon

(les quatre Evangiles, leg Actes, leg treize Epitres de Paul, la

Premiere de Pierre et la Premiere de Jean) et ceux du second

canon (I Epitre aux Hebreux, la Deuxieme et la Troisieme de

Jean, Jacques, Jude et l Apocalypse). A cote des proto et des

deuterocanoniques, il y ales ecrits « ecclesiastiques », egale-

ment nommes « des Peres apostoliques » (tel Ie Pasteur

d Hermas ou la Premiere epitre de Clement aux Corinthiens);

enfin ces ecrits douteux dont Toland se sect comme d un che-

val de Troie.

Que penser de ses arguments?

1. Si Marc et Luc ant ete retenus alors que Clement ou

Barnabas ant ete elimines du canon, c est parce que Pierre et

Paul ant confirme l inspiration et la fidelite des deux pre-

miers, alors qu ils n ont lien dit des deux autres.

2. Si l on a retenu leg sept ecrits deuterocanoniques du

Nouveau Testament, dont pourtant l authenticite avait ete

contestee par la tradition, pourquoi alors, demandait Toland,

ne pas retenir egalement tel ou tel ecrit attribue a Pierre?

C est, repond Richardson, parce que leg premiers ant finale-

ment ete recus comme canoniques par l Eglise universelle,

alors que leg seconds n ont beneficie que de l approbation

d un ou deux Peres et de quelques Eglises obscures de Pales-

tine, ce qui ne saurait suffice a en etablir la canonicite.

3. Les citations des Peres, Ie fait que ces textes soient

appeles « Ecriture », ou qu il en gait fait lecture dans leg

eglises ne sont pas des criteres suffisants. It rant encore

qu ils aient ete ecrits ou autorises par leg Apotres, et cela au

temoignage de toute l Eglise primitive qui etait capable de

juger de ces questions. Pour Richardson, il est donc errone

de pretendre, comme Ie fait Toland, que leg disciples et leg

successeurs immediats des Apotres etaient « dans leg tene-

bres » en ce qui concerne leg ecrits originaux de leurs mai-

tres. Le concile de Laodicee, par Ie temoignage ecrit des pre-

decesseurs, etait donc parfaitement en mesure de distinguer

entre authentiques et douteux.

4. Et Richardson de s indigner de voir Toland reprendre leg

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LA FABLE APOCRYPHE

Loin d etre « dans les tenebres », les premieres generations

etaient pleinement en mesure de distinguer Ie vrai du faux,

en jugeant de la conformite des livres douteux avec la doctri-

ne et I histoire de nolle Sauveur telles que l Eglise les a

re~ues de la bouche des Apotres. Sur ce point, Nye rejoint

Richardson. Sur ce point seulement.

Parmi les temoignages cites par Toland sur la diversite et

la corruption des copies en circulation des textes canoniques,

Nye ne retient que celui des nazareens « II est vrai, admet-

ii, qu aux dires des Anciens, leur copie de Matthieu etait la

plus parfaite (plerestaton). II est bien regrettable, ajoute-t-il,

que cette copie ail ete perdue» (1700, p. 76-78, 11.6-117).es

sociniens voyaient dans les nazareens, -ces premiers juifs

acquis au christianisme qui, apres Jacques, « croyaient que Ie

Christ etait homme seulement » -leurs ancetres fondateurs

(R.E. SULLIVAN, 1982, p. 86). Des tors on comprend la

concession que fait Nye aux remarques critiques de Toland

sur l Evangile des Nazare-ens.

Quant aux livres des Peres apostoliques ou « ecclesiasti-

ques », qui ont ete juges avec grand respect par les Anciens

et cites comme Ecriture et qui pourtant n ont pas ete retenus

dans Ie canon, qu on leur accorde un statut comparable aux

apocryphes de I Ancien Testament. Car, ajoute Nye, il Caul

distinguer entre « Ecriture » et « divine Ecriture », entre

ecrits (simplement) canoniques et ecrits inspires (1700, p. 121-

122). On reconnalt ici une autre forme de la theorie de la

double inspiration. Ainsi Nye introduit-il differents niveaux

d autorite a I interieur me-me e l Ecriture.

En 1699, Ie jeune Samuel Clarke -il a alors vingt-quatre

ans -fait paraltre one autre refutation du catalogue de John

Toland intitulee Some Reflections on that Part of a Book

called Amyntor, or the Defence of Milton s Life. which rela-

tes to the Writings of the Primitive Fathers and the canon of

the New Testament U ai consulte I edition publiee it Londres

en 1731). En 1697, apres avoir fait ses etudes it Cambridge,

ou il defend les theses de Isaac Newton 13,S. Clarke avait

13. En 1715, S. Clarke se Cera Ie porte parole de I. Newlon dans la

conlroverse entre ce dernier el Leibniz; voir A. KOYRP., 962,p. 285-

286; H. Graf REVENTLOW,984, p. 339-341.

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JOHN TOLAND

133

rencontre William Whiston qui devait succeder a Sir Isaac a

Cambridge avant d en etre chasse pour arianisme. Comme

Whiston, comme Nye, Samuel Clarke est unitarien. Dans one

selie de conferences prononcees en 1704 et 1705, il entre-

prendra de demontrer qu il y a parfait accord entre religion

naturelle et revelation chretienne 14. Ses Reflections de 1699

sont pour l essentiel one reponse a l objection de Toland

concernant leg ecrits des Peres apostoliques (les Epures de

Clement, Ignace, Polycarpe, Barnabas ou Ie Pasteur d Her-

mas). Pour Clarke, ces ecrits sont authentiques. Mais contrai-

rement a ce que soutient Toland, ni leur authenticite ni leur

attribution aux compagnons des Apotres ne suffisent ales

placer au nombre des ecrits canoniques. En effet, pour qu un

ecrit sOil re~u dans Ie canon des Ecritures, il Caul ou bien

qu il ail ete ecrit par les Ap6tres eux-memes ou bien qu il ail

ete levu et approuve par les Apotres. Ce qui est Ie cas de

Marc, de Luc ou des Actes (Eusebe, Hist. eccl. II, 15 et III,

4), mais non celui des Peres de I age apostolique.

Bien que Toland ait ete proche des unitariens et qu il ait

ete considere comme tel par nombre de ses contemporains

(R.E. SULLIVAN,1982, p. 109-110), es repliques de Nye et de

Clarke montrent que ceux-ci tiennent a se demarquer vigou-

reusement d un voisinage par trop compromettant. Comme il

avait rencontre Jean Le Clerc et les arminiens pour bientot

les quitter, John Toland traverse Ie mouvement unitarien. Les

refutations des anti-trinitaires permettent de cerner avec plus

de precision ou reside la nouveaute des positions de Toland.

Comme Jean Le Clerc et les arminiens, comme les unitariens,

il fait appel a la raison. Mais il se refuse a admettre avec Le

Clerc que « la Raison et la Revelation soot deux Filles du

Ciel, qui ne se querellent jamais l une avec l autre » (J. LE

CLERC,1699, t. 1, p. 356). Tandis que les unitariens tiennent

a maintenir la distinction entre livres inspires, livres simple-

ment canoniques et livres ecclesiastiques non canoniques,

14. Ces Boyle Lectures, dont celles de 1705 sont intitulees The obliga-

tions of natural religion. and the truth and certainty of the christian

revelation, font de S. Clarke l un des representants es plus caracteris-

tiques du rationalisme ethique; voir H. Graf REVENTLOW,984, p. 341-

345.

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134 LA FABLE APOCRYPHE

quitte a recourir a I exegese allegorique la oil one interpreta-

tion litter ale serait contraire a la raison, pour Toland au

contraire leg necessites de la critique Ie conduisent a recuser

toutes frontieres separant ces differents ordres de textes:

pour lui Raison et Revelation sont deux sreurs querelleuses,

religion naturelle et Revelation ne sont pas compatibles.

4. Le Nazarenus

En 1709, John Toland decouvre a Amsterdam un nouvel

Evangile « a l usage des Mahometans » 15.11 Cera e fecit de

cette decouverte dans un ouvrage intitule Nazarenus : or Je-

wish. Gentile. and Mahometan Christianity, publie a Londres

en 171816.Mais des 1710, il analyse cet Evangile et en donne

one premiere interpretation dans one Lettre II Megalonymus.

Redigee en fran~ais, cette lettre demeuree inedite est intitu-

lee: « Christianisme Judaique et Mahometan, ou Relation de

l ancien Evangile de Barnabas, et de l Evangile moderne des

Mahometans : avec Des Reflections sur Ie demele entre Pier-

re et Paul, touchant I observation perpetuelle de la Loy de

Moyse par les Chretiens d entre les Juifs, de meme que des

preceptes Noachiques par les Chretiens d entre les Gentils;

ou l on prouve que toutes les deux doivent etre d obligation

indispensable selon Ie plan originel du Christianisme : comme

aussi Une Difficulte proposee touchant deux sortes de Chris-

tianisme, qui ont continue depuis Ie temps des Apotres jus-

qu a nous, ou l on donne un veritable fecit des Nazareens et

Ebionites » 17.

Pour Toland, cet Evangile des Mahometans n est autre que

I Evangile de Barnabas dont fait mention Ie decret de Gelase.

Loin d etre one invention recente, il remonte aux tOllS pre-

15. Sur cet EvBarn, voir L. CIRILLO-M. FREMAUX, 977 et en particu-

lief sur l histoire du manuscrit et les circonstances de sa decouverte

par Toland, voir p. 49-51 et I Annexe I de M. FREMAUX, . 553-556.

16. Je cite ci-dessous a traduction fran~aise,attribuee au baron d Hol-

bach : Le Nazareen, ou Ie Christianisme des luifs, des Gentiis et des

Mahometans,Londres, 1777.

17. Le manuscrit autographede cette lettre se trouve actuellement a la

Bibliotheque de Vienne, voir G. RICUPERATI, 967, p. 638sq. Sur la

polemique suscitee par Ie Nazarenus et les ouvrages publies en repon-

se, voir J. LELAND,1754 Lett. IV, 78sq.

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135

OHN TOLAND

miers temps apostoliques : on y trouve en eifel la christolo-

gie des nazareens, ici assimiles aux ebionites. « Ce livre

contient Ie vrai systeme des Anciens Ebionites, ou Nazareens

en ce qu il dit que Jesus-Christ n etoit qu un homme comme

leg autres (...). C est encore Ie systeme des Unitariens de nos

jours » (1777, p. 31-32). Pour leg nazareens comme pour

I Evangile de Barnabas, Ie grand adversaire, c est Paul: «lIs

Ie regardoient comme un apostat et comme un transgresseur

de la loi, qu ils representoient comme un homme qui s etoit

intrus dans Ie vrai Christianisme, dans lequel, quoiqu etranger

It. la personne de Jesus-Christ, il avoit substitue ses preten-

dues revelations It. a doctrine de ceux avec lesquels Jesus-

Christ avoit converse et auxquels il communiquoit encore

actuellement sa volonte » (1777, p. 53).

L importance de cette decouverte n est pas, aux yeux de

Toland, de conforter leg theses unitariennes ou sociniennes.

Elle est de mettre au jour quel rut Ie veritable « plan original

du Christianisme » (1777, p. 159). En eifel l histoire des na-

zareens, telle que Toland la reconstitue a partir de I Evangile

de Barnabas, lui permet de distinguer deux sortes de chre-

liens : leg chretiens convertis du judalsme qui contingent

d observer leg lois de MoIse, notamment la circoncision, et

leg chretiens issus du paganisme qui ne soot tenus qu aux

prescriptions noachiques, renouvelees par leg Apotres It. Jeru-

salem, sur l interdiction des viandes offertes aux idoles, de la

fornication, des viandes etouffees et du sang (Ac 15,19-20

commente par J. TOLAND, 1777, p. 78-79). Ce plan original

est d unir leg « Chretiens-Juifs » et leg « Chretiens-Payens »

« en un seul corps, en one seule societe » (1777, p. IX). Un

systeme qui permet, selon Toland, de resoudre one infinite de

difficultes : concilier Pierre et Paul sur la question de la

circoncision et des autres prescriptions de la loi juive; conci-

lief Paul et Jacques en ce qui concerne la foi et leg reuvres;

etablir one concordance parfaite entre I Ancien et Ie Nouveau

Testament.

Au lieu de « cette reconomie admirable », que s est-il

passe? « Le vrai Christianisme des Juifs a ete opprime par la

cabale superieure en nombre des Gentils, qui n en pouvant

supporter la simplicite et l accord parfait avec la raison (...),

l ont etouffe par degres SODSeg figures et leg mysteres de

leur paganisme, SODSeg distinctions et leg doctrines absurdes~

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LA FABLE APOCRYPHE

38

D autre part Toland met en garde ses rotors detracteurs.

Les nazareens et les ebionites ont eu leurs propres Ecritures.

I1s ont eu en particulier leur Evangile, appele l Evangile des

Douze Apotres ou Evangile des Hibreux. Lu publiquement

dans leurs eglises pendant plus de trois cents aDs, il y etait

regarde comme Ie seul vrai et Ie seul authentique. Des lots,

previent Toland, « il ne suffira pas a ceux qui entreprendront

de resoudre la question que je propose sur les Ebionites, de

citer nos Evangiles, nos Epitres et nos Actes des Apotres : il

faudra qu ils commencent par etablir qu ils soot veritables,

qu ils soot entiers; et cela par des arguments solides » (1777,

p. 146). Parmi ces arguments, il en est un que Toland recuse

par avance qu on ne se suffise pas d invoquer la tradition et

la succession apostolique. Car dans Ie passe toutes les sectes

ont toujours pretendu constituer la seule veritable Eglise :

« C est encore la meme chose aujourd hui entre tons les

Protestans d un cote et les Papistes de l autre, sans parler des

Grecs; chacon d eux se glorifiant d avoir par devers soi, je

ne sai quelle tradition et succession non interrompue ». Cette

pretendue succession apostolique ne repose que sur la tradi-

tion orale.

En realite « c est absolument a la loi ecrite, aux temoigna-

ges ecrits qu il rant avoir recours, c est a dire au nouveau

Testament seul pour la doctrine et pour la discipline» (1777,

p. 153-154). Toland ne voit dans la tradition et la succession

episcopale que des preuves faibles, meprisables. Car il s en

rant de beaucoup que la successiondes premiers eveques soit

sans interruption. Et pourtant c est d eux que « nos Phari-

siens de la haute Eglise d Angleterre ont la vanite de tirer

leur succession » (1777, p. 154). Pour les representants de la

High Church, nommement designee, c en etait trop. 11 leur

fallait reagir.

Ce que fit des 1718 Thomas Brett, un theologien non-ju-

rent, ancien de Cambridge, dans la preface d un traite intitule

Tradition Necessary to explain and interpret the holy Scriptu-

res. Quel est, demande-t-il, Ie veritable dessein de Toland, si

ce n est d invalider l autorite du Nouveau Testament, de Caire

passer pour bonne doctrine chretienne tout ce qu enseignent

« les enthousiastes fantasques » et autres imposteurs? Dans

ces conditions, Ie plus sur moyen d atteindre a ses fins n est-

il pas pour Toland de traiter avec dedain la tradition et la~

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JOHN TOLAND

139

succession apostolique, de n y trouver que « chimeres » et

« preuves meprisables })?

En realite, estime Thomas Brett, la question de I authentici-

te des Evangiles, des Epitres et des Actes, tout comme celles

de savoir s il est vrai que Ie Christ est homme seulement, s il

a ete crucifie ou non, sont des questions de fait qui ne peu-

vent ~tre prouvees que par des temoignages. Or il est impos-

sible de trouver quelque temoignage que ce soit concernant

ces temps anciens en dehors de celui de la tradition et de la

succession apostolique (1718, p. XXI-XXIII). On reconnait-la

Ie point de vue d un conservateur. Qu il s agisse du probleme

de I authenticite de l Ecriture, de I histoire du canon ou du

premier christianisme, il accorde toute sa con iance a la tra-

dition et a la succession apostolique dont la Haute Eglise

d Angleterre se veut Ie depositaire. Face aces temoignages,

ni la critique d attribution ni la critique historique ne sont

d autun secours. On voit que Thomas Brett reprend ici les

arguments que John Richardson avail developpes des 1701

dans sa critique de I Amyntor 2°.

L argument des 30 000 variantes et la critique de la tradi-

tion et de la succession apostolique prolongeaient la remise

en cause radicale de l autorite des ecrits canoniques que To-

land avail entreprise dans I Amyntor. Mais dans Ie Nazarenus

il va plus loin. De la critique d authenticite ou d attribution,

il passe a la critique historique. A la fin du Nazarenus en

effet, apres avoir rappele les difficultes doni il avail etabli la

lisle en conclusion de I Amyntor, il en ajoute une nouvelle:

« Puisque les Nazareens, ou Ebionites sont reconnus unanime-

ment par tous les historiens ecclesiastiques pour avoir ete les

premiers Chretiens, ou pour avoir ete les premiers parmi les

Juifs qui ont cru en Jesus-Christ (...), je demande comment il

a ete possible qu ils aient, les premiers de tous les autres,

pris de fausses idees de la doctrine et des desseins de leur

maitre? Car on les regarde comme les premiers heretiques; et

comment (au contraire, poursuit Toland) il est arrive que les

Gentils qui n ont commence a croire en Jesus-Christ qu un

certain temps apres sa mort par la predication de gens qui ne

20. Sur la reponse de Toland aux attaques de Brett, voir J. TOLAND,

1720 b.

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140

LA FABLE APOCRYPHE

l avoient jamais frequente ni vu, aient pu avail des notions

plus justes? » (1777, p. 142-143).

En posant cette question a partir de l Evangile apocryphe

de Barnabas qu il met sur Ie meme plan d autorite que les

Evangiles canoniques, Toland ecrit en polemiste. Mais en po-

lemiquant, il innove. Jusqu alors la fonction des apocryphes

etait d abord de separer la vraie de la fausse doctrine, de ba-

liser 1 espace canonique en vue d etablir ce qui est normatif

et ce qui ne l est pas, de dessiner en negatif les contours de

l orthodoxie. Desormais, en constituant les apocryphes en

objet d histoire, en posant Ie probleme de leur datation et de

leur milieu d origine, en opposant leur temoignage a celui

des ecrits canoniques, Toland se propose de « distinguer

l histoire d avec la fable, la verite d avec l erreur sur tout ce

qui regardoit les commencemens et les monumens originaux

du Christianisme » (1777, p. 137-138); en un mot, il fait

« fonction d historien » (1777, p. 10).

Des 1718,Thomas Mangey, alors Fellow au St. John s Col-

lege de Cambridge, publie a Londres ses Remarks upon Na-

zarenus. Mangey, qui recevra son titre de Docteur en theolo-

gie des mains de Richard Bentley en 1725, est connu

principalement pour sa grande edition critique des reuvres de

Philon d Alexandrie, value a Londres en 1742. Ses Remar-

ques sur Ie Nazarenus sont un vigoureux pamphlet cantle To-

land. II lui reproche d avoir attaque l integrite du canon et la

veracite du texte de l Ecriture, d avoir calomnie Paul, d avoir

prig la defense de I obstination, de la perversite et de l incre-

dulite des anciens juifs, d avoir mis en accusation les

premiers saints et martyrs, mais par-dessus tout d avoir mis

Ie comble a ses blasphemes en diffamant la religion chretien-

ne sous Ie nom de christianisme des Gentils.

Le nom de « nazareens » designe-t-il les premiers chrctiens

comme Ie soutient Toland? Nullement. Pour Mangey en effet,

c est a Antioche que les disciples furent appeles pour la

premiere fois du nom de « chretiens » (Ac 11,26). II est im-

possible que les convertis juifs aient prefere a ce nom sacre

Ie sobriquet injurieux de « nazareens » que leur attribuaient

leurs ennemis. Loin d etre I appellation de I ensemble des

premiers chretiens, Ie nom de « nazareens » indique donc en

realite une secte qui est separee du corps des croyants.

Quant au nom d « ebionites », loin qu il faille y reconnai-~

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JOHN TOLAND

141

tre avec Toland Ie mot hebreu signifiant « pauvre », il fait

reference a l heretique Ebion, disciple de Cerinthe.

Toland pretend en outre que ces nazareens ne faisaient une

necessite d observer la loi juive que pour leg seuls chretiens

juifs. Mangey affirme au contraire, en se fondant sur des te-

moignages patristiques, qu ils en faisaient une obligation pour

leg chretiens gentils egalement, et que c est la raison pour la-

quelle -outre la negation de la divinite de Notre Sauveur

-ils furent declares heretiques.

Pour Mangey enfin, loin d etre leg premiers chretiens, leg

nazareens ne firent leur apparition qu apres la destruction de

Jerusalem: Epiphane leg situe it cette epoque, Eusebe leg

situe sons Trajan et Theodoret sons Domitien. « Quelle exac-

titude, conclut Mangey, est-on en droit d attendre par ailleurs

d un Auteur qui par ignorance ou mauvaise volonte fait

erreur et sur Ie nom et sur leg intentions et sur la chronolo-

gie de la sette qu il defend? » (1719,p. 51-60)21.

En 1720, celui qui allait devenir Ie pere fondateur des etu-

des patristiques en Allemagne et devait ~tre celebre comme Ie

Fenelon ou Ie Bourdaloue allemand, Johan Lorenz Mosheim,

theologien lutherien et historien de 1 Eglise, entreprenait it

son tour de defendre l antique systeme des chretiens contre

leg attaques que lui livrait Ie Nazarenus. Pour Ie jeune Mos-

heim -il a alors vingt-six aDS -, il n y a jamais eu

d Evangile de Barnabas. Et quand bien meme ce soi-disant

Evangile aurait existe, ce ne saurait ~tre Ie texte dont Toland

a exhume la traduction italienne. Pour Mosheim, comme pour

Mangey, il ne Caul pas confondre Ie nom de « nazareens »

que leg juifs donnerent aUKpremiers chretiens a titre de sur-

nom injurieux avec la sette des nazareens dont par ent les

ecrits patristiques du quatrieme siecle. « L appellation des

premiers leur est donnee d apres Nazareth, la ville dans la-

quelle Ie Sauveur a ete eleve; celIe des seconds d apres Ie

mot hebreu qui signifie separation» (1722, p. 127). Comme

Mangey, Mosheim considere que Ie terme « ebionite » est

forme it partir du nom de l heresiarque Ebion : leg nazareens

et les ebionites soot donc deux sectes differentes.

Quant a la date de l apparition des nazareens, elle ne sau-

21. Sur la reponse de Toland aux critiques des Remarks de Mangey,

voir J. TOLAND.1720 b.

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143

OHN TOLAND

Tous leg textes, sac es ou profanes, leg « Monuments» de

la religion chretienne comme leg temoignages impies des he-

retiques ou leg « honteuses prevarications » des paiens 24,

sont egalement soumis a l activite critique. Et de fait, paral-

lelement aux ripostes des adversaires de Toland, leg mises en

garde contre leg dangers de la critique, leg exhortations a dis-

tinguer entre bonne et mauvaise critique se multiplient (J. LE

BRUN,1980, p. 117). Ainsi celIe du jesuite Ignace de Laubrus-

gel qui publie a Paris, en 1710, un Traite des abus de la criti-

que en matiere de Religion. S ingerer sans vocation a juger

de la Bible, donner trop de credit a la connaissance des lan-

gues et des Rabbins, rendre suspect Ie texte de l Ecriture,

multiplier leg mecomptes sur leg Auteurs des livres bibliques

et principalement sur Moise, attenter au canon des livres sa-

cres, s adonner a des conjectures impies contre l inspiration

des Saintes Ecritures, decrier l autorite des Peres: voila

quelques-unes des erreurs auxquelles induit la critique licen-

cieuse condamneepar notre jesuite. Richard Simon, Bayle, Le

Clerc, leg sociniens soot au premier rang de ces fauteurs de

trouble, sans oublier bien sur Ie Sieur Toland et son « libelle

impie » intitule Amyntor (I. de LAUBRUSSEL, 710, I, p. 271-

272).

Detruire la hierarchie des textes, abolir Ie cloisonnement

entre sources sacrees et sources profanes, aussi bien que leg

cloisonnements internes aux sources sacrees et ecclesiasti-

ques, leg soumettre toutes egalement a l activite critique, tel

est l apport de Toland au plan epistemologique. Cette innova-

tion lui permet de deplacer la problematique, de poser de

nouvelles questions sur des bases entierement renouvelees. Et

ceci tout particulierement dans Ie domaine de l histoire des

origines du christianisme : c est la Ie second apport de To-

land. La rupture qu il inaugure en ce domaine est comparable

a bien des egards a celIe qui s opere a la fin du XYlIc et au

debut du XVlllc siecle dans leg etudes historiques de I anti-

quite classique. Longtemps il a paru impossible d ecrire une

histoire de la Grece ou de Rome qui SOil autre chose que la

repetition de Thucydide, de Tacite ou de Tite Live. Les tra-

24. Voir I analyse de I Amyntor de Toland dans Ie compte rendu du

Canon of the new TestamentVindicated de J. RICHARDSON,n Journal

de Trevoux, uin 1704,p. 966.

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LA FABLE APOCRYPHE

44

vaux des antiquaires sur les inscriptions, les monnaies ou les

documents archeologiques se developpaient parallelement a

cette repetition des monuments itteraires, sans interferer avec

ces derniers. II a fallu attendre la critique pyrrhonienne des

sources litteraires pour qu a la fin du XYlIc siecle les mate-

riaux accumules par les antiquaires apparaissent comme des

temoins, plus siirs que telles-la, de la verite historique. De la

confrontation des unes et des autres devait naitre la reforme

de la methode historique analysee par A. Momigliano. Desor-

mais l histoire ancienne entrait dans une phase nouvelle: il y

avaitplace pour une histoire de la Grece ou de Rome qui

soit autre chose que la repetition des historiens anciens. Une

mutation qu allait precipiter au XVIIIC siecle Ie conflit entre

historiens erudits et historiens philosophes. «C est a ce mo-

ment, ecrit MOMIGLIANO 1983, p. 326), que Gibbon parut » :

son intention etait de reconcilier philosophe et amateur d an-

tiquites.

Toland s inscrit dans un mouvement comparable au sein

des recherches historiques sur les commencements du chris-

tianisme. Tant que Ie statut des textes canoniques leur confe-

fait une autorite bars de pair, l histoire de ces origines se

reduisait Ii la repetition des Evangiles ou des Actes des Apo-

Ires. En conferant aux apocryphes une dignite egale aux

ecrits canoniques, en confrontant leur temoignages, Toland

creait les conditions d une nouvelle histoire des origines

chretiennes.

Les sentiments d hostilite que suscita Ie Nazarenus dans Ie

camp des historiens theologiens ne soot pas moindres que

l horreur manifestee par les historiens erudits a la vue de la

troupe des historiens philosophes « envahissant Ie sanctuaire

de la science historique » (id. 1983, p. 324). Mais I histoire

du christianisme primitif n eut pas son Gibbon. Le triomphe

de Fabricius sur Toland illustre en ce domaine celui de I eru-

dition sur I histoire philosophique. Un triomphe de longue

duree. II fallut attendre Ie XIXC siecle et les travaux de

I ecole de Ttibingen pour que soit serieusement prise en

consideration la cinquieme difficulte sur laquelle Toland

concluait Ie Nazarenus25.

25. De fa~on generale, sur la fortune de I reuvre de Toland, voir

G. CARABELLI, 1975 que je n ai pas pu consulter. Sur la posterite

fran~aise de Toland -I article « Apocryphes » des Questions sur

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Bernard TEYSSEDRE

Universite de Paris I

LES REPRESENTATIONS

DE LA FIN DES TEMPS DANS

LE CHANT V DES ORACLES SIBYLLINS

LES STRA TES DE L IMAGINAIRE

Pour un peTe de l Eglise tel que Justin, au milieu du lie s.,

quels etaient les livres sacres, les Ecritures inspirees par

Dieu? Les Evangiles? Certainementpas. Il ne fa1lait voir la que

les « memoires » (upomnemata)d apotres ou de leurs succes-

seurs. Ce n est pas sur eux que Dieu avait repandu a profusion

son Esprit-Souffle, mais sur les Prophetes et sur la Sibylle 1.

L affirmation est grave, qui place les Oracles Sibyl/ins sur

Ie meme niveau que la Bible, tres au-dessus du Nouveau Tes-

tament. Pour ne l avoir pas prise au serieux, la tradition chre-

tienne risque d avoir fausse la lecture de ses plus anciens

textes. Et tout particulierement, de I Apocalypse. Pour l eclai-

rer, ses exegetes I ont confrontee soit avec d autres textes

attribues a « Jean », soit, dans les meilleurs cas, avec d au-

tres apocalypses, celles de Baruch, Esdras ou Henoch.

Presque jamais avec les documents qui lui soot apparentes de

plus pres, avec les Oracles de la Sibylle.

Pourquoi cela? En partie parce que leur lecture, en I etat

011DOUg oot parvenus ces Oracles, leg laisse a peu pres inin-

telligibles. Leur recueil, a moins d une extenuante preparation

des textes, ne montre qu un immense fatras de lambeaux dis-

palates, contradictoires, dont la production, Ie depecement et

les recollages ont occupe quelque dix siecles. Le recueil ne

devient utilisable que si ses « unites litteraires » ont ete

prealablement degagees, puis datees. Mais a son tour cette

tache en presuppose une autre, qui est de faire resurgir Ie

« travail de l imaginaire » en relation avec un arriere-fond

1. Justin, or. Apologie, 0,

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148 LA FABLE APOCRYPHE

culturel mal connu, souvent etrange. Chacune des « unites lit-

teraires » du recueil doit etre traitee comme une strate dans

un terreau sedimentaire hautement differencie et maintes fois

remanie, strate qui a sa coherence propre, ses caracteres sty-

listiques, ses configurations thematiques, ses intentions doc-

trinales ou polemiques, bref son « dessin » a retracer dans un

contexte soigneusementdate de l histoire juive.

En l an 83 avoJ.-C., la collection officielle des « authenti-

ques» Oracles Sibyllins disparut dans l incendie du Capitole.

Des copies plus ou moins fragmentaires ou clan destines en

avaient a coup sur rechappe et leur prestige restait grand,

comme Ie prouve, dans les Bucoliques (IV,4-8), la promesse

d un retour a l age d or, qui vaudra a Virgile de figurer, au

Moyen Age, parmi les prophetes inspires par Dieu. Des faus-

saires patens forgerent de nouveaux Oracles: Dion Cassius

rapporte que de son temps, au debut du IIIe S., on en recitait

qui prevoyaient la ruine de Rome provoquee par la reappari-

lion de Neron Ie matricide 2. Dans l ambiance hautement hel-

lenisee d Alexandrie, les juifs, qui decouvraient la un inge-

nieux detour pour assurer la diffusion de leur propagande,

firent de meme. lIs composerent en hexametres homeriques,

dans one langue artificielle, truffee de mots Tares ou desuets

et souvent aussi de barbarismes, les predictions qui expri-

maient leurs espoirs et leurs lottes, qui engageaient actualite

en ravivant leur haine contre leg patens oppresseurs par one

reinterpretation tendancieuse du passe ou par la promesse

d une revanche triomphale. L obscurite du messagea decryp-

ter et son antiquite factice redoublaient, par la fascination de

I enigme, son caractere Satre.

Parmi les quatorze chants du recueil, Ie cinquieme est l un

des plus composites. J admire que certains erudits aient pu

attribuer a un meme auteur des oracles qui font veniT Ie

Grand Destructeur tan tot de l Orient et tantot de l Extreme-

Occident, quI prevoient la Fin du Monde SODSe regne des

Flaviens ou d Hadrien, ou de Marc-Aurele, qui annoncent Ie

Dernier Jour tan ot par l eclipse definitive de la Lune, tantot

par l embrasement de la Comete et tan tot par one guerre

2. « Le dernier a regner sur les fils d Enee sera un matricide» (D.C.

62,18).

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LES STRATES DE L IMAGINAIRE

149

cosmique entre les astres. Ie ne pretendrai pas, dans Ie pen

d espace qui m est imparti, debrouiller l echeveau, mais seu-

lement proposer quelques exemples illustrant une methode.

1. Membra disjecta. Les strates du discours et la sequence

des Derniers Temps.

Considerons les deux segments OrSib 5,361-385 et 5,464-

483. Le premier debute ainsi : « II y aura tout a la fin des

temps, quand la lone prendra fin, one guerre qui rendra fou

Ie monde entier, (guerre) experte en fourbes stratagemes ».

L adjectif kosmomanes, etrange et de sellS tres fort, definit

one guerre « qui fait rage sur Ie monde en ier » ou plutot

« qui rend fou Ie monde entier ». II rappelle un theme

iranien, « l empire universel de la Guerre », de la violence

qui est aussi la Demence; bref, Ie Mal absolu qui precede et

provoque la Fin du Monde. L apposition epichlopos en dolo-

teti, « expert en fourbes stratagemes », s appliquerait mieux

a un homme qu a one guerre. Or Ie distique suivant fait sur-

gir, « des extremites de la terce », un personnage malefique

depeint SODS es traits qui font reconnaitre Neron, « matri-

cide, fugitif ». Mais a nouveau sa description prend un air

bizarre, noo oxustoma mermerizon, « ourdissant des machina-

tions acerees comme epee dans la bouche »; si bizarre qu one

glose s imposait : « II surpassera tOllS les hommes par

l acuite de toutes ses pensees » 3. La Sibylle donne l impres-

sion de citer quelque oracle preexistant dont elle voudrait

Caire application a Neron. Le second segment est pesamment

raccroche a one sequencede desastres qui frapperont Chypre,

Salamine, la Phenicie, enfin l Egypte. Voici reparaitre cette

« guerre qui rendra fou Ie monde entier », au moment oil

« se deversera en pluie » un funeste « ouragan d hiver ». Ces

deux locutions aussi avaient ete utili sees dans Ie premier seg-

ment. Leur reprise litterale, comme la « fin » (terma) du

soleil en pendant a celIe de la Lune 4, confirme que la

Sibylle prend appui sur Ie meme oracle. Les fleaux qui

accompagneront e Regne d universelle Violence soot par elle

decrits tout comme ils l avaient ete par Hystaspe Ie Mage.

3. OrSib 5, 364 et 346.

4. OrSib 5. 361 et 476.

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150

LA FABLE APOCRYPHE

Ou, plus precisement, la Sibylle parait citer un oracle grec

inspire d Hystaspe, en Ie commentant pas a pas pour elucider

son messageobscur, a la fa<;on dont un pescher de Qoumram

traitait les Saintes Ecritures :

« Alors rongeant leur propre creur les mortels devoreront

leurs parents

(epuises par la famine ils les avaleront goulfiment comme

nourriture).

Et sorties de toutes leurs tanieres les betes sauvages devore-

root Ie festin 5

(elles et les oiseaux devoreront taus les mortels).

Et l Ocean sera rempli de chases repugnantes deversees par

Ie fleuve

(il sera ensanglante par les cadavres et Ie sang des

hommes insenses).

Ensuite I exhaustion sera telle de par la terce

Que l on pourra denombrer les hommes

(et compter les femmes).

Mais one race effroyable poussera des gemissements par

milliers lorsque prendra fin

Le soleil, se couchant pour ne plus jamais se lever

(demeurant dans I Ocean ariD d etre purifie par immer-

sion dans les eaux, car il a vu les forfaits impurs de bien

des hommes).

Une tenebre sans lone enveloppera Ie vaste ciel lui-meme

Et one abondante brume obscure recouvrira les recoins de

I univers.

Mais ensuite pour la seconde ois la lumiere de Dieu regnera

(pour les hommes de bien,

pour ceux qui celebrent Dieu par leurs hymnes). »

Ma conclusion sera triple. Les segments OrSib 5,361-385 et

5,464-483 proviennent d un meme texte, morcele en deux

tron~ons. L auteur de ce document a pris appui sur un oracle

inspire d Hystaspe en s effor~ant de l appliquer it Nero redi-

vivus et de Ie concilier avec l orthodoxie juive, sans craindre

de perturber la sequence initiale. Enfin Ie compilateur, res-

ponsable du decoupage, n a pas menage les « raccords » de

5. Litteralement: « la table (servie) », trapezan.

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LES STRATES DE L IMAGINAIRE

151

son cru et a permute I ordre de certains groupes de verso

Autrement dit, Ie discours est un conglomerat de trois strates

successives il n a pas moins de trois « auteurs ». Cette hete-

rogeneite a I interieur d un poeme aussi bref (46 Iignes) est

de facheux augure. L analyse des representations sur Ies

Derniers Temps devra compter avec ce facteur supplementaire

de complexite. Procedons a un inventaire preaIabIe.

Type 1. L Univers detruit par un astre

-OrSib 5,155-156a

« La quatrierne annee (apres l incendie du Temple) un astre

irnrnense etincellera, qui a lui seul aneantira la terre

entiere ».

-OrSib 5,158-161

« Un astre irnrnense, tornbant des cieux sur la rner redouta-

ble, ernbrasera les profondeurs de l Ocean, et Babylone

elle-rnerne, et la terre d Italie par laquelle ant peri tant d He-

breux saints et fideles ainsi que Ie Ternple veritable ».

Remarque : cet incendie detruira Rorne-Babylene et l Italie,

ce n est pas encore la Fin du Monde.

Type 2. La Colere du Dieu biblique

-OrSib 5,298-299a + 302-305

« Alors en son courroux Ie Dieu imperissable qui habite

l ether jeuera du haul du tiel un ouragan. »

« Celui qui lance sa foudre d en haul exterrninera taus les

irnpudents avec des tonnerres, des eclairs et des foudres bru-

lantes (jetes) sur des hornrnes ennernis et il les exterrninera

cornrne irnpies au point que les cadavres joncheront la terre,

plus nornbreux que Ie sable au bard des rners ».

-OrSib 5,344-350

« L on pourra entendre de par Ie vaste tiel ethere, d en

haul, un fracas de tonnerre, la voix de Dieu. Les flarnrnes

irnperissables du soleil lui-rnerne n existeront plus, la lurniere

brillante de la lune ne reparaitra plus, a la Fin des Ternps,

lorsque Dieu regnera. Tout s obscurcira, il n y aura sur toute

la terre que tenebres, hornrnes aveugles, bctcs rnaligncs et

rnalheur. »

Type 3. Le Messie-Roi

-OrSib 5,414-425

« Voici qu cst venu des vOllies celestes un hornme bienheu-

reux, tenant en rnain Ie sceptre que Dieu lui a confie. II a

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LES STRATES DE L IMAGINAIRE

153

Sequence retouchee. L adaptateur juif a recule devant Ie

scandale du Messie vaincu par Ie Persecuteur. Les deux inva-

sions successives, l une venue d Occident et l autre du Sep-

tentrion, s enchevetrent, brouillant Ie message.

Type 6. La guerre des etoiles

A deux reprises Ie cataclysme cosmique est decrit non en

termes vagues, mais d apres one configuration precise de la

carte celeste.

-OrSib 5,207-212

« Lorsque la roue du pole, Ie Capricorne et Ie Taureau dans

les Gemeaux auront parcouru un demi-tour du ciel, que la

Vierge sera en ascension et que Ie Soleil, fixant de part et

d autre de son front Ie bandeau, regnera sur l ensemble de la

voute celeste,

alors il y aura sur toute la terre un immense incendie d e-

ther et dans les combats d astres naitra one nature nouvelle ».

-OrSib 5,512-531

(resume) La menace du Soleil etincelant. Le courroux de la

Lune parmi les eclairs. Les astres sont entres dans les

convulsions de l accouchement : Dieu les excite a se faire la

guerre. D immenses flammes combattent Ie Soleil, Venus-Lu-

cifer chevauche Ie Lion, Ie Capricorne frappe Ie tendon cer-

vical du Taureau, Orion derobe Ie fleau des Balances. Tour a

tour entrent en lice la Vierge, les Gemeaux, Ie Belier, les

Pleiades, Ie Dragon, la Ceinture, les Poissons, Ie Baudrier du

Lion, Ie Cancer, Ie Scorpion, la Chienne et Ie Bouclier

d Orion, Ie Verseau ...Enfin Ie Ciel lui-meme se dresse,

secouant les preux. En sa colere illes precipite, tete la

premiere, sur l Ocean. La terre entiere s embrase, Ie ciel

ethere Teste vide d etoiles.

Remarque. L on entrevoit one combinatoire complexe. La

« conflagration cosmique » (stoiciens) prepare « 1 Eon immo-

bile » (mazdeens). Le « theme de Nativite du Monde » (egyp-

tiens) s inverse en « conjonction astrale de la Fin ». La

guerre qui mobilise Luminaires et Zodiaque aboutit a l anni-

hilation mutuelle.

2. Voix discordantes dans Ie cinquieme chreur de Sibylles

La tache sera de caracteriser « Ie dessin » des principales

« unites litteraires » et si possible de les dater, ariD de mettre

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154

LA FABLE APOCRYPHE

en relation les « strates de l'imaginaire » avec les sequences

des DerniersTemps.

2.1. Document A. Une Sibylle amie d'Isis (OrSib 5,52-88

+ 179-183 + 187-213 + 484-511 ou 531)

Parmi Ie chreur mal accorde, il est une voix qu'on peut

isoler d'emblee, tant elle fait particuliere dissonance. C'est

celIe de cette Sibylle qui se targue d'etre « l'amie familiere

d'Isis », Isidos he gnoste (5,53), qui gemit sur les malheurs

d'obscurs sanctuaires d' Amon, compatit a la profanation de

Memphis par une ruee de Menades, a la dereliction de Sera-

pis prostre parmi de grandioses ruines et va jusqu'a qualifier

Isis de « deesse», thea (5,483).

Par trois fois ce chant « nationaliste » resonne distincte-

ment.

a) Bacchanales autour du socle de l'Isidium si digne de

pleurs, quand les eaux du Nil inonderont sous seize coudees

la terce entiere d'Egypte, imposant silence a la grace, a la

splendeur de son visage. Malheur a Memphis, jadis si puis-

sante, orgueilleuse dominatrice du monde, car Dieu lui-meme,

dans les nuages, lui Cerareproche d'avoir excite a persecuter

les juifs. Ces deux oracles contre la ville d'Isis se repondent.

L'invasion profanatrice d' Antiochos Epiphane prefigure la

domination romaine qui doit s'aggraver « dans les derniers

temps, quand les hommes secant absolument mauvais », qu'ils

adoreront des idoles fabriquees de leurs mains et meme des

animaux. C'est bien en vain qu'ils auront eu con iance en

leur protection

b) Apres un passage lacunaire, corrompu, d'ou emergent

les noms de Thmuis et Xuis, d' Alexandrie-la-nourriciere, ce

texte disparait. 11 refait surface lorsqu'a nouveau defilent les

calamites d Egypte. La domination perse, la prise de Thebes

par Antiochos Epiphane (170 avo J -C.), celIe d' Assouan par

les Ethiopiens (24 avo J -C.) se succedent 1 ordre chronolo-

gique est respecte. Cela ne rend que plus deconcertant Ie

Tamas,en apparence si heteroclite, qui va suivre :

« 6 Pentapole, un homme d'une force extreme causera tes

larmes. 6 Libye digne de tant de pleurs, qui rapportera en

detail tes malheurs? Et quel martel, Cyrene, pleurera ton sort

pitoyable? Jamais tu ne cesseras ton affreuse lamentation sur

ton destin funeste. Chez les Britons et les Gaulois riches en

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LES STRATES DE L'IMAGINAIRE

155

or, l'Ocean mugissant s'emplira de sang: car eux aussi ont

commis des for faits contre leg enfants de Dieu, quand a

Sidon un roi phenicien emmena de Syrie une multitude gau-

loise. II te tuera, Ravenne, toi-meme, et il conduira au massa-

cre » (5,196-205).

Quel denominateur commun peut-on trouver a la Pentapole

cyreneenne, aux Gaulois et Britons, a Sidon et a Ravenne?

La legion III, cantonnee en Syrie, est la Gallica -la legion

gauloise. C'est a Ptolemais, en Phenicie, que debarqua, pour

conquerir la Judee, Vespasien. Son armee avait pour renforts

leg auxilia fournis par Agrippa II, eparque du pays de Sidon,

un roi phenicien. Ravenne, port d'embarquement des troupes

romaines vets l'Orient, est situee en Gaule cisalpine.

L'homme « d'une force extreme » (megalosthenos) qui

incarne la Bete persecutrice de Daniel, ne designe pas,

comme on I'a cru, Trajan 7, mais Vespasien -lui qui com-

mande la legion gauloise, qui a ete legal en Bretagne et a

enrole plusieurs cohortes britonnes dans son armee danu-

bienne; lui encore qui fournit Ie lien avec leg malheurs de la

Pentapole, puisqu'il fit ecraser, en 73, les juifs de Libye

insurges contre I'autorite romaine.

c) Apostrophe a Isis, vouee a rester seule au bold du Nil,

quand de son nom nul ne gardera plus memoire; a Serapis

delaisse, gisant parmi leg marbles de son temple en ruines.

Car I Egypte se sera convertie au vrai Dieu. Un pretre vetu

de tin blanc lui bAtira un beau sanctuaire et, vets lui, Ie

Peuple elu portera ses offrandes en sacrifice, meritant ainsi

d' avoir part a la vie incorruptible. Est-ce I' annonce d' une

Jerusalem paradisiaque? Ou d'un royaume messianique? Non

pas. Ce temple est celui que Ie pretre Onias IV, fuyant la

Judee, fit eriger a Leontopolis avec I'assentiment du roi Pto-

lemee VII 8. Depuis tors, l'Egypte etait « pacifiee », Ie

« fleau » qu'etait son impiete avail disparu 9. Mais la treve a

prig fin. En 73, comme I'agitation des « sicaires » contre

Rome s'etait etendue de la Judee a l'Egypte, Vespasien fit

mourir dans leg tortures six cents rebelles et interdire toute

7. S. ApPLEBAUM, 950,p. 26-30.

8. Josephe,Guerre Juive VII,30.

9. Cette {( paix d'Egypte » a epoque du {( septieme roi grec» est un

theme du chant III (v. 318. 608-609).

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LA FABLE APOCRYPHE

56

celebration du culte juif a Leontopolis. En termes d une obs-

curite peut-etre deliberee 1°, la Sibylle proclame que les

Derniers Temps sont venus. Pour chatier ceux qui oserent

porter la main sur Ie grand temple d Egypte, Dieu Cerapleu-

voir sur toute la terce sa « bile », jusqu a detruire tous les

mauvais, tous les impies (5,504-509).

Ce texte emane d une communaute juive heterodoxe,

profondement marquee par son entourage egyptien, celIe du

clerge de Leontopolis, au lendemain de la destruction de son

temple qui appelle une imminente Fin du Monde. 11 a ete

redige peu apres 1 an 73.

2.2. Document B. Une lectrice essenienne du mage Hys-

taspe (OrSib 5)84-186 + 215-277 + 281-283 + 361-385

+ 464-483)

L hymne contre la violence-sans-mesure (hubris), transposi-

tion grecque d un theme iranien, Ie Regne d universelle Im-

piete, re~oit pour pendant un eloge de la Jerusalem future

qui, un moment, sur Ie mode d une litanie, apporte m~me aux

invectives leur exacte contrepartie rythmique. Cet ensemble

compose avec soin, inspire d un souffle poetique et mystique

peu commun parmi leg Sibylles, est assurement de la m~me

main. Sa thematique est fortement tributaire des « Mages hel-

lenises ». La Violence apparait a la fois comme « commence-

ment du Mal» qui a corrompu la Creation et comme son

« terme », puisque Ie temps instable du devenir « auto-deter-

mine », quand il aura atteint Ie paroxysme de douleurs qui

est sa limite, doit s abolir par retour a l Eon immuable et

qu ainsi Ie monde sera sauve. Le Messie, au seuil du Regne

des Justes, arretera Ie solei I a la fa~on de Josue, mais aussi

de Mithra. Comme pour leg Mazdeens, la « pluie de feu » se

deversera par deux fois, d abord pour chatier leg impies, puis

pour detruire ce monde. Pourtant cette Sibylle est juive, d un

judaYsme out particulier : « A nos propres discordes, impute

ces vicissitudes» (5,236). De quelles discordes peut-il s agir?

« II y eut autrefois parmi leg hommes la lumiere brillante

du soleil, quand Ie rayon lumineux des prophetes etait repan-

10. L oracle parait viser « les Ethiopiens », mais ils designent les

« hommes noirs », les « mauvais », comme dans Ie Traite de Shem.

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ES STRATES DE L IMAGINAIRE

du comme en libation communautaire. Une langue qui distil-

lait un beau breuvage a taus les mortels s est manifestee et a

progresse et Ie jour s est leve pour taus » (5,238-241).

Un personnage inspire par Dieu a prig la releve des

prophetes pour repandre la Lumiere. Que lui est-il advenu?

Un sort funeste sans doute, puisque, a cause de lui, « vien-

dront Ie couteau recourbe et Ie deuil » (5,243). Si la faute en

incombe « a nos propres discordes », ces traits ne convien-

draient-ils pas au fondateur d une communaute juive, perse-

cute par d autres juifs? En ce Messie qui mourut comme Ie

« Messie supprime » de Daniel, mais qui « a nouveau »

(authis : 5,255) descendra du ciel pour regner sur les Justes,

ne faut-il pas reconnaitre « Ie Docteur de Justice »?

L hymne cantle la Violence est precede d un oracle qui

parait bien du meme auteur, comme l indique l allusion repe-

tee aux fatales Moires (v. 215 et 230). 11 met en scene Neron

remonte du pays des marts et investi de diaboliques pou-

voirs :

« Car lorsque les Moires trijumelles qui filent les destinees

avec leurs fils tresses rameneront de sous terre celui qui

avail Cui par ruse (...), il detruira ta terre aussi, ilIa frappera

ainsi qu il a ete predit. Car it lui seul Dieu a donne de Caire

des chases telles que n en fit aucun des empereurs avant lui.

Tout d abord, apres avail extirpe du monstre tricephale, en

frappant un grand coup, la racine, il donnera a d autres de

s en repaitre, en sorte qu ils devorent les chairs de parents

d un roi impur » (5,215-224).

On reconnait ici, transpose, un theme iranien : la folie qui,

a l approche du Dernier Jour, poussera les parents a s en-

tre-devorer. Le monstre tricephale symbolise l empire des

Flaviens. La « racine », la gauche de la dynastie, c est Vespa-

sien. Ce sont ses deux fils qui « devoreront ses chairs »,

conformement aux rumeurs calomnieuses qui imputaient it

Titus et it Domitien Ie meurtre de leur peTe. L oracle a donc

ete ecrit apres Ie 24 juin 79. Mais quel rut I instigateur du

crime? Le Grand Persecuteur, Neron, agissant en prince du

Mal. II resume en lui la Violence et la Guerre, il incarne

Beliar. « Tout d abord » Ie matricide a livre Vespasien aux

parricides. Quel forfait doit-il commettre « ensuite »? 11 epa-

rail a la Fin des Temps, en Anti-Messie, dans I oracle

demembre en deux tron~ons (5,361-385 + 464-483), qui a prig

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LA FABLE APOCRYPHE

pour modele un Mage d Iran, Hystaspe. Modele textuel

peut-etre, et qui remonterait a l epoque hellenistique. Certains

vets incorpores a l hymne cantle la Violence sont dans Ie

meme cas, si les manuscrits ant correctement transmis la

promesse que «jamais plus Ie pied impur des Grecs ne souil-

lera de ses bacchanales a terre des Perses » (5,264).

2.3. Texte C. La Sibylle qui vir Ie Temple braler pour ta

seconde fois (OrSib 5.386-433)

Un texte coherent, tout d une venue, debute par une dia-

tribe contre les Romains, qualifies de « matricides» comme

s ils etaient tous solidaires de Neron et stigmatises pour leur

devergondage sexuel, leurs incestes, leur pederastie. II leur

oppose la piete des juifs qui n adorent point des idoles en

pierre mais « Ie Pere supreme de tous ceux qui ont reyu l es-

prit-souffle divin». II relate l incendie du Temple «que je

vis, moi, jete a bas pour la seconde fois ». Mais un Messie

envoye par Dieu detruira par Ie feu toutes les cites des

parens, rendra Jerusalem plus radieuse que les astres, y eri-

gera un temple magnifique, instaurera un regne de pRix et de

justice, exempt de tout pecht. Un indice aide a dater ce

document. Le trepas a. rappe Ie roi impur qui osa profaner la

Terre Sainte et jamais il n y eut d Russi clair avertissement

pour dissuader quiconque de s en prendre it Jerusalem. Ce

texte a do etre redige peu apres la mort prematuree de Titus,

Ie 13 septembre 81.

2.4. Document D. Une galerie de portraits imperiaux (Or-

Sib 5,12-49a + 50b)

Le debut du chant V, apres une breve introduction annon-

yant que la Sibylle en est venue « a I epoque funeste des

illustres Latins », fait defiler tour a tour les empereurs

romains, de Jules Cesar a Hadrien. lIs soot des gnes (sauf Ie

dernier) par Ie chiffre qui correspond a I initiale de leur nom

grec. Ce codage transparent est parfois agremente de jeux de

mots. Themes caracteristiques : I Egypte vouee a sa perte par

les mreurs depravees de sa reine Cleopatre; Tibere vainqueur

des Perses et de Babylone; Neron matricide, competiteur aux

Jeux panhellenes, tranchant I isthme de Corinthe, « terrible

serpent » qui enfanta la guerre et qui reviendra, ressuscite,

avec la vaine pretention d egaler Dieu; Titus arrachant Ie

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LES STRATES DE L IMAGINAIRE

159

pouvoir a Vespasien son pere; Domitien marque par un destin

fatal; Trajan voue a l ignominie d une sepulture en terce

etrangere apres avoir guerroye en Orient. Sur la fin, voici

1 inattendu : un eloge sans reserve du prince « au casque

argente » (argurokranos), Hadrien. Son portrait fait un

contraste abrupt avec celui d OrSib 8,50-64 qui a vice au

noir. Comment l expliquer? Le second convient a l empereur

qui a reprime l insurrection de Bar Kosbah, jusqu a cayer de

la carte Ie nom de Jerusalem, remplace par one Colonia Aelia

Capitolina. Le premier doit remonter au debut de son regne,

lorsque les juifs lui savaient gre d avoir Mis fin aux persecu-

tions de Trajan. La « galerie de portraits » a ete composee

entre 117 et 130. A l origine, semble-t-il, Ie poete s adressait

ainsi a Hadrien :

« Et SODS on regne, homme a tous egards eminent

(panariste), viendra la consommation des jours » (5,49a +

SOb).

La prediction ne s est pas verifiee. II a fallu repousser 1 6-

cheance. Un interpolateur a complete un vers par d autres

epithetes au vocatif; puis, a « SODSon regne », il a ajoute

« et SODSes rameaux issus de toi », car « trois auront Ie

pouvoir » et Ie dernier, plus tard, regnera seul. La revision a

eu lieu du vivant de Marc-Aurele, entre l annee 166 oil

mourut son associe Lucius Verus et l annee 177 oil il s asso-

cia Commode. Nous trouvons la l exemple bienvenu d un

oracle dont la redaction et la reactualisation peuvent etre

datees precisement.

2.5. Document E. Le tissu conjonctif.. desastres sur les

cites pai ennes. (OrSib 5,111-136+ 286-360 + 447-463)

Trois series d oracles brefs, souvent enigmatiques, annon-

cent des calamites a one multitude de cites ou de contrees

palennes, plus ou moins groupees d apres la geographie. Cer-

tains vets peuvent etre anciens: I Hellespont franchi par un

roi d Egypte qui conquiert la Macedoine, mais qui est abattu

par one horde barbare (5,336-339) : c est one allusion Ii Pto-

lemee Keraunos, vainqueur de Seleucos, puis tue par les Gau-

lois en 280 avo .-C. En ce cas l antique oracle est complete

par quelque vague generalisation, comme si son sens initial

s etait oublie, -ici par one enumeration des Libyens, Gala-

tes, Pamphyliens et Pisidiens. Le plus souvent la prophetie a

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LA FABLE APOCRYPHE

toute apparence d'un faux. L 'auteur fait parade de culture

grecque (les Lapithes en Thessalie, les Sirenes pleurant sur la

Phenicie), mais il est manifestement juif et les fleaux frap-

pent avec predilection les sanctuaires des idolatres : la Phry-

gie punie d'heberger Rhea, Ie temple d' Artemis a Ephese

precipite dans la mer, Milet devastee pour avail ecoute les

vaticinations d' Apollon Didyme. Le defile quelque peu mono-

tone de desastres est entrecoupe par tel avertissement sur la

Colere du Dieu immortel ou par telle priere en faveur de la

Judee.

Le pro cede qui « authentifie » de pieuses predictions en les

melant a des vets pa"iensou pseudo-pa"iens, st caracteristique

des Sibylles, particulierernent de leur chant III. La date des

oracles, pris un a un, est variable, mais la collection ne sau-

rail etre que posterieure aux evenements les plus recents

qu'elle relate.Le raz-de-maree en Lycie est rapporte par

Dion Cassius a l'an 68 ap. J.-C. et Pitane, selon la Chronique

d'Eusebe, rut detruite par un seisme en l'an 105. Le compila-

leur a pu etre contemporain de Trajan ou d'Hadrien.

2.6. F. Les « inserts ».

II s'agit de segments assez courts (dix a vingt vets) doni

chacon a sa coherence propre, mais qui ont ete encastres

apres coup dans un discours ou ils font figure de corps etran-

gets.

F. 1 (5,93-110)

Au moment ou la Sibylle « amie d'lsis » en vient aux mal-

heurs d' Alexandrie, Ie texte se brouille SODS'irruption d'un

conquerant « aux pensees barbares, d'une force extreme, ter-

rifiant a l'exces, fou enrage ». La Bete persecutrice de Daniel

reparait SODSes traits diaboliques de Neron ressuscite.

Qu 'aurait-il affaire en Egypte? Le meme oracle a ete

retrouve dans un florilege chretien ou il n'est nullement

question d' Alexandrie mais de Rome 11. C'est celie capitale

que Neron, a la tete des armees parthes, vient de vaster avant

de retourner sa folie contre Jerusalem. L'intrusion de phan-

tasmes neroniens dans Ie discours d'une amie d'lsis, auquel

ils sont si gauchement greffes, refute assez les erudits qui

seraient tentes d'attribuer Ie chant V a one Sibylle unique.

11. BibliotheQue Nationale, ms f ,Iec 1043, Col. 96v.

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ES STRATES DE L IMAGINAIRE

Cette etude a-t-elle eclaire les representations de la Fin des

Temps? Elle ne les a pas vraiment analysees et ne remplit

donc pas les promesses de son titre. Le decoupage en « uni-

tes litteraires » n etait que la question prealable, l illustration

d une methode; il aura occupe presque tout I espace. Mais

avant de chercher reponse, encore fallait-il mettre en place la

question. Sans ce « prealable », l analyse etait impossible ou

arbitraire.

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LA FABLE APOCRYPHE

par I auteur de l Elenchos one mission elkhasalte a Rome

dans la premiere moitie du Ille siecle, et par Origene one

autre mission, a cette meme epoque, a Cesaree de Palestine.

Par d autres chainons, Ie livre d Elkhasai arrivait dans les

regions de Transjordanie. Epiphane en temoigne.

Le Traite contre toutes les heresies, un ouvrage cite SODS

Ie nom d Hippolyte de Rome, l Elenchos IX,13-17 (mais voir

aussi IX,4 et X,29) fait un rapport de I activite du mission-

naire Alcibiade. Celui-ci venait d Apamee, en Celesyrie, et il

avail sur lui un « livre » (cJ. IX,13,1) : sans doute un exem-

plaire, en version grecque, du livre d Elkhasai, apparemment

Ie meme texte que celui des elkhasaltes d Apamee. Puis,

l Elenchos IX,13,6 (cJ. 14,3; 17,1) cite un autre texte : «Les

ecrits (ou les paroles ecrites) d Alcibiade » = ta autou eggra-

pha, pour Caire connaitre les dogmata, les doctrines propo-

sees par Alcibiade, du moins leurs points principaux, ton

rheton kephalaia. La question qui se pose a ce sujet est celIe

du rapport qu il y avail entre ces « ecrits » et Ie livre d EI-

khasai qu Alcibiade avail apporte a Rome. Nous nODS eman-

dons si les ecrits d Alcibiade etaient vraiment des « instruc-

tions privees » du missionnaire elkhasalte, appele par

Luttikhuizen un « maitre independant » (p. 67sq). A mon avis,

cette presentation de la source ecrite utilisee par I auteur de

l Elenchos (cJ. IX,13,6; 14,3 et 15-17,1)semble, tout au moins,

douteuse. En effet, I expression « ce livre-ci » designe, dans

Ie ch. 15,2-5, a Is fois Ie livre d Elkhasai, source ou se trou-

vail la lisle des noms des sept Temoins sacres, et les ecrits

d Alcibiade dans lesquels la lisle etait citee. II en va de

meme pour les deux autres citations du ch. 15,1.3, relatives a

I ecoute du livre (du message du livre), condition pour la

remission des peches. II s agit evidemment d ecouter Ie livre

d Elkhasal, comme Ie montre aussi Ie texte d Origene (ci-des-

SODS). cela on pourrait ajouter d autres remarques. II n est

pas sur que Ie mot tekna : enfants (15,1) ndique les disciples

d Alcibiade, puisque c est par ce meme mot que s adresse

aux lecteurs celui qui parle dans la source ecrite «< Elxal »)

qu avait connue Epiphane (cJ. Pan. h(£r. XIX,3,7). En outre,

la premiere personne, au debut de I exhortation de I Elenchos

IX,15,3, rappelle tout a fait la rayon de parler de I auteur des

logia cites dans la source d Epiphane (cJ. Pan. h(£r. XIX,4,3

et XXX,17,7). II n est donc pas certain que les citations des

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L'APOCALYPSED'ELKHASAI

169

ch. 15-17,1 (ou toutes leg citations) soient leg paroles, leg

enseignements d' Alcibiade. On peut se demander egalement,

surtout en deux cas, 15,4 et 16,2, si la troisieme personne du

verbe se rapporte a Alcibiade ou bien a la source que citait

I'auteur de l'Elenchos. N'ayant pas leg ecrits d'Alcibiade

dans leur en ier, DOUg e pouvons pas en doDDerune defini-

tion precise. II s'agissait, peut-etre, d'un texte qui citait et

commentait Ie livre de la revelation elkhasalte. II n est pas

sur non plus que Ie genitif, dans I'expression ta autou eggra-

pha, indique I'auteur des ecrits; l'Elenchos pouvait aussi bien

entendre parler de celui qui leg possedait et leg divulguait.

Ainsi, apres avoir resume la predication d' Alcibiade a Rome

(13,1-4), synthetise ses principales doctrines et celles de la

sette ou du groupe qui devait entourer Alcibiade (14,1 et 2),

l'Elenchos passe a la citation des ecrits eux-memes (15-17,1),

pour confirmer I'expose des doctrines qu'il venait de faire.

Et ce serait, vraisemblablement, par Ie texte des ecrits d' AI-

cibiade que I'auteur de l'Elenchos X,29,1 savait que leg

elkhasaltes « avaient forge un livre etrange appele d'apres un

certain Eikhasal ».

Origene, Home-lie sur Ie Ps 82 (dans un fragment cite par

Eusebe, Hist. eccl. VI,38), temoigne de I'activite d'un

missionnaire (anonyme) a Cesaree de Palestine, au temps de

Philippe l'Arabe (244-249 apres J -C.). Ce missionnaire

n'etait pas seul, mais etait entoure, semble-i-ii, d'un groupe

de disciples. Noter a ce pr,opos Ie passage de la troisieme

personne du singulier a celie du pluriel, phenomene qui se

retrouve d'ailleurs dans la notice de I'reuvre -Elenchos

IX,14 (cf. leg debuts des versets 1 et 2). Origene cite quelques

doctrines que leg elkhasaItes prechaient a Cesaree et nous dit

surtout qu'ils « montrent un livre et disent qu'il est tombe du

ciel» (c'est-a-dire qu'il contient une revelation). En

consequencece livre etait Ie centre de leur foi : ton akekoota

ekeines kai pisteuonta... II devait s'agir d'un autre texte, en

grec. qui divulguait la revelation elkhasaIte.

Un troisieme temoignage sur Ie livre d' Elkhasai vient

d'Epiphane. temoignage complique et plein d'enigmes. Epi-

phane avait connu un livre qui s'appelait « Elxal » (cf. en to

Elxaf, Pan. hter. XIX,6,4; XXX,7,4). Rappelons qu'Elxai (=

Puissance cachee) est la forme etymologique du nom de celui

aui. d'apres Epiphane, etait I'auteur du livre et Ie maitre des

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LA FABLE APOCRYPHE

sampseens Pan.hrer. XIX,2,2; 1,4b; LIII,I,2). Epiphane ne dit

pas ou exactement ni par qui il avail connu Ie livre « Elxai ».

On peut supposer que l heresiologue l avait connu en Pales-

tine, quand il etait moine du couvent d Eleutheropolis, avant

de passer a Chypre (en l an 367) et, naturellement, avant la

composition du Panarion (374-377). Epiphane ne dit pas que

Ie livre d Elkhasaf avail ete ecrit en Transjordanie. Si son

auteur avail ete Ie maitre des sampseens, tela ne veut pas

dire que Ie livre avail vu Ie jour en Transjordanie, ou

vivaient les sampseens. Ceux-ci, en effet, auraient pu tres

bien I adopter, puisqu ils avaient en Elxai leur « maitre »,

leur chef, ou leur autorite doctrinale. Le livre d Elxaf est cite

par Epiphane dans l heresie juive des osseens (Pan. hrer.

XIX) et dans celIe des judeo-chretiens ebionites (Pan. hrer.

XXX, 17,4-7), tandis que dans l heresie des sampseens LIII),

Epiphane expose ce qu il avait appris au sujet des elkhasaites

de son temps (ct. LIII,I,I). Un autre renseignement impor-

tant: Ie livre etait utilise, d apres Epiphane, par des sectes

des regions transjordaniennes : les osseens, ancetres des

sampseens, es nasareens, es ebionites et les nazoreens (Pan.

hrer. XIX,5,5; XXX,3,2; 17,5; LIII,I,3). Le texte « Elxai »

etait ecrit lui aussi en grec. Mais il est presque certain que

l original de ce livre etait en arameen, d apres Ie crypto-

gramme qu Epiphane avail lu dans son « Elxai » et qui est

cite dans Pan.hrer. XIX,4,3. M.A. LEVI (ZDMG 1958, p. 712)

en a dechiffre Ie sens : « Au jour du grand jugement je serai

votre temoin ». Le contexte de ce logion etait surement

eschatologique; il est question en effet du jugement dernier

(= Ie grand jugement). Celui qui parle assure ses fideles

qu ils n auront TieD a craindre ce jour-la, car il sera leur

temoin. II y a un rapprochement a Caire entre ce texte et ceux

de Ap 1,5; 3,14 et des Evangiles : Mt 10,32sq; Lc 12,8sq.Tres

probablement, ce logion elkhasalte releve lui aussi d un fon-

dateur de religion. L original arameen du livre d Elkhasai est

perdu.

Qu est-ce qu etait Ie texte « Elxai »? Le livre de la revela-

tion lui-meme, ou bien une source intermediaire faite de

seules citations? Personne ne peut Ie dire en toute certitude,

sur la base des renseignements d Epiphane. Nous savons, du

moins, qu Epiphane avait lu « Elxai » (ct. Pan. hrer.

XIX,3,4 : ou kateilepha) et qu il en connaissait la disposition~

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L'APOCALYPSED'ELKHASAI

171

des matieres (cf. XIX,4,3 : Ie cryptogram me etait cite vers la

fin du livre). Epiphane en connaissait egalement Ie genre lit-

teraire : c'etait un livre prophetique et inspire, plus exacte-

ment une apocalypse (XIX,I,4.7), son texte devait citer sur-

tout les discours, les exhortations de quelqu'un qui n'est

malheureusement pas nomme (cf. Pan. hter. XIX,6,4 : pone-

ros ho en to Elxaf lalesas). II semble que les trois cita-

tions directes d'Epiphane (Pan. hter. XIX,3,7; 4,3; XXX,17,7)

confirment cet aspect de la composition du livre.

Mais on ne peut pas savoir, en detail, Ie contenu de la

source et notamment si elle parlait de l'auteur du livre. Dans

tous les cas, je ne crois pas que Ie nom de l'auteur, Elxal,

SOil une deduction, une erreur commise par Epiphane. On

nous dit, en effet, que celui-ci aurait confondu Ie nom du

maitre des sampseens-appeles aussi Elkesaioi (Pan. hter.

LIII,I,I) -avec Ie titre du livre Elxaf. Epiphane en aurait

deduit que Ie livre avail ete ecrit en Transjordanie par Ie

maitre des sampseens. Mais les Elkesaioi ne soot pas des

elkhasaites et leur maitre n est pas Elxai, puisque leur nom

commencant par t ne depend pas de Elxai ecrit avec 11 .

En cela, la these de G.P. LUTTIKHUIZEN, 985, p. 137 va trop

loin. Un argument philologique de ce genre est peu utilisable,

surtout lorsqu'il s'agit de sources heresiologiques d'origine

incertaine et transmises par Epiphane. Pour les noms d Elkha-

sal et des elkhasaltes, il existe, en fait, une grande variete de

formes. La question de la difference des voyelles de ces deux

noms en grec depend de la transcription de la source semiti-

que. Pour en parler, il faudrait donc connaitre leg differentes

etapes du nom arameen sous-jacent.

Peut-on se fier aux citations d'« Elxai » faites par Epipha-

De? Ie ne gerais pas trop pessimiste ni reserve, meme s'il

faut etre prudent, s'agissant de textes d'Epiphane. En effet,

en deux cas, « Elxai » correspond au temoignage d' Alcibia-

de:

a) Ie texte de la vision (Pan. hrer. XIX,4,lsq; XXX,I?,6sq

= Elenchos IX,13,2sq);

b) la lisle des noms des Temoins sacres (Pan. hrer.

XIX,l,6b = Elenchos IX,15,2.5). Par ailleurs, Ie texte d'Epi-

phane cite la doctrine qui etait enseignee par les elkhasa ites

de Cesaree Ie double comportement en temps de persecution

(Pan. hrer. XIX,l,8sq; Ie texte d'Origene).

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172 LA FABLE APOCRYPHE

La source ecrite d'Epiphane represente donc one tradition

parallele et independante de la source de I' Elenchos et de

celIe d'Origene. Si « Elxal )) est one source independante, on

n'a pas Ie droit de considerer comme incertaines ou fausses

leg citations qui ne correspondent pas a celles de I' Elenchos.

II s'agit simplement d'autres citations, qui ne se trouvent pas

dans I' Elenchos et qui enrichissent noire documentation.

D'autre part, il n'y a pas de raisons suffisantes pour dire

qu'Epiphane a attribue a la source « Elxal )) leg doctrines des

sectes de Transjordanie.

L' Elenchos, Origene, Epiphane soot leg trois principaux

representants de la tradition chretienne sur I'heresie elkha-

salle et leg seuls qui mentionnent Ie livre d'Elkhasai. La tra-

dition manicheenne de la vie de Mani ne semble pas Ie

connaitre. Elle parlait seulement des

a) Baptistai (dans one branche de la tradition transmise par

Ie CMC) doni Ie chef (leader ou gr:ande autorite) avail ete

Alkhasaiosh ho archegos tou nomou (CMC 94,10sq);

b) Mughtasila = baptistes (dans one autre branche de la

meme tradition transmise par Ie Fihrist de Ibn al-Nadim doni

Ie chef (ou tete = r'is = archegos) et fondateur avail ete al-

Hasih (= Elkhasal).

En tous cas, Ie Mani du CMC ne cite jamais Ie livre d'EI-

khasai . Le seul texte qui DOUg e ferait penser est celui du

CMC 102,11-16,dans lequel Mani rappelle « la religion de

ceux qui ont lu sur la purete (hagneia), la mortification de la

chair (sarkoderia) et Ie repos des mains (anapausis ton chei-

ron) )). Dans one importante contribution, R. MERKELBACH,

1984, p. 49 pense qu'il s'agit la d'une citation du livre d'EI-

khasai . Mais il n y a pas de preuves certaines La reference

peut aussi bien indiquer d'autres textes, inconnus, de la

bibliotheque des baptistes.

2. L'original et son contenD

II y a plus d'un siecle entre I'origine du livre d'Elkhasai

en arameen et les differents textes elkhasaites faits pour

I'usage de la mission. II est donc normal que I'on envisage

des decalages litteraires et doctrinaux entre I'original et ses

versions ou ses adaptations.

Le livre d'Elkhasai est ne vers la fin de la guerre de I'em-

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L APOCALYPSE D ELKHASAI

173

pereur Trajan contre les Parthes (114-117apres J -C.). La

preuve en est Ie fragment cite dans I Elenchos IX,l6,4 (texte

reconstruit par G. Rreper suivi par H. Wendland). II s agit

d une prophetie. Elle semble annoncer une catastrophe apoca-

lyptique qui aurait dl1 eclater « parmi les anges impies (ou de

l impiete) du Nord », trois ans apres la victoire de Trajan sur

les Parthes, mais du vivant de l empereur (c/. palin plerou-

menon trion eton Traianou); la catastrophe aurait dl1 ebranler

« taus les royaumes de l impiete ». II n est pas exclu, a partir

de ce texte, que la catastrophe ail dli avoir un caractere

cosmique, probablement annonciateur de la fin du monde. En

ce sens, son contexte rejoignait la valeur eschatologique de

l anagramme arameen cite dans la source d Epiphane. II n est

pas besoin de dire que la guerre de Trajan ne se termina pas

par une catastrophe apocalyptique. L armee romaine, en effet,

se retira de la Parthie et les Parthes reprirent les territoires

qui avaient ete occupes. Trajan mourut en l an 117apres J.-C.

Pour ces raisons, la prophetie (et Ie livre qui la citait) doit

etre datee vets Ie temps de la victoire des Romains, ou lors-

que Ie prophete s apercevait que la defaite des Parthes etait

desormais un fait acquis (= l an 116), mais, de toute fa~on,

avant la mort de Trajan (= l an 117). Par la citation de l Elen-

chos IX,16,4 nous connaissons aussi Ie Sitz im Leben du livre

d Elkhasaf: Ie territoire des Parthes it l Est de l Euphrate.

Apres la conquete de Ctesiphon, pendant que Trajan etait

dans la region du Golfe Persique, les Parthes s insurgerent

cantle les Romains. Un fait important a signaler a cette occa-

sion : il y eut une insurrection des juifs de Mesopotamie,

insurrection cruellement maitrisee par Lusius Quietus, Ie lieu-

tenant de Trajan. On peut considerer cette insurrection

comme un aspect de la revolte nationale contre les Romains;

elle s inscrit d ailleurs dans la suite d autres soulevements

attestes dans la diaspora juive orientale: en Cyrenaique, en

Egypte et a Chypre (voir A. FUKS, 1961,p. 98-104).

La prophetie de la catastrophe, qui aurait dfi atteindre taus

les « royaumes de l impiete », a peut-etre un rapport avec ce

contexte historique. Parmi ces « royaumes » il Caulsans doute

compter aussi I empire romain. Le prophete temoignerait

ainsi d un esprit de vengeance cantle les Romains et de sa

solidarite avec les Parthes. Dans ce cas, l Apocalypse d El-

khasai a vu Ie jour dans un milieu juif ou proche de a cause

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LA FABLE APOCRYPHE

74

juive. Ecrite en l an 116 apres J.-C., elle devrait etre situee

avec leg autres apocalypses juives de la periode comprise

entre leg deux guerres contre Rome (66-70 et 132-135 apres

J.-C., telles leg Apocalypses d Esdras, de Baruch, d Abraham

et I Apocalypse d Hermas, la partie plus ancienne du Pasteur).

En ce qui concerne Ie contenu du livre, DOUg e pouvons

trailer ici toutes leg questions qui se posent. Nous DOUgimi-

terons a deux problemes de fond: Ie livre avait-il un carac-

teTe juif ou bien judeo-chretien? Parlait-il des rites baptis-

maux? Pour ces problemes DOUgevenons a la publication de

notre collegue G P. LUTTIKHUIZEN, 1985, qui constitue la

recherche la plus analytique et la plus documentee apres celIe

de W. BRANDT, 912.

2.1 Une apocalypse juive ou judeo-chrerienne

Luttikhuizen soutient que Ie livre d Elkhasai etait one apo-

calypse juive, remaniee ensuite par les judeo-chretiens. Cette

reuvre de remaniement se reflete dans la predication et les

« ecrits » d Alcibiade, ainsi que dans l activite des elkhasaites

de Cesaree. En ce qui concerne Alcibiade, en particulier, ses

doctrines etaient, en grande partie, celles de son Eglise

judeo-chretienne d Apamee en Celesyrie. Epiphane, en effet,

montre qu il y a un decalage entre Ie livre d Elkhasaio et les

doctrines d Alcibiade. Epiphane pensait que l enseignement

du pseudo-prophete appele Elxai avail un caractere juif.

Or, on ne pent demontrer I origine juive du livre d Elkha-

sai qu a deux conditions: a) pouvoir separer, dans la docu-

mentation que nous avons, les elements juifs des elements

chretiens posterieurs; b) alleguer un texte parallele d Epi-

phane qui montrerait, contre l Elenchos, I origine juive d un

passage.

A mon avis, ces deux conditions ne se realisent pas. Pre-

nons un texte d importance capitale, celui de la vision: Elen-

chos IX,13,2-3. Peut-on separer I Ange de la revelation et sa

signification chretienne (= Ie fils de Dieu)? Pent-on conside-

ref autrement que comme un couple les deux Anges de la

revelation? Rappelons que ce couple d Anges, symboles du

Fils de Dieu et de l Esprit Saint, correspond a one represen-

tation typiquement judeo-chretienne. Elle est fondee sur

I exegese de deux textes bibliques Es 6,2 et Ha 3,2. Nous

I apprcnons d Origene, De Principiis 1,3,4, citant les mots de

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L APOCALYPSED ELKHASAI

175

son maitre, I Hebreu, un judeo-chretien d Alexandrie (voir, a

ce sujet, P. NAUTIN, 1977, p. 132; 347; cf. p. 417). II n est

nul besoin de repeter ici la valeur de I « Engelchristologie »

aux origines du christianisme (cf. aussi, AscIs IX,27-36; Pas-

teur d Hermas, Sim. VIII,I,2; 3,2-3; IX,6,1; 12,8). Quant a

Epiphane, il cite Ie texte parallele de la vision: Pan. hrer.

XXX,17,7; XIX,4,1. Ici Ie nom de « Christ » remplace celui

de « Fils de Dieu » de l Elenchos. D autre part, on ne pent

pas dire que la source « ElxaY » ne parlait pas du « Christ ».

Les mots d Epiphane : Christon onomati omologei (Pan. hrer.

XIX,3,4) signifient que la source citait Ie nom « Christ » sans

Ie definir ou, peut-etre mieux, qu elle en parlait SODSorme

de representations archaiques qu Epiphane ne comprenait pas.

C est pourquoi il dit : « Je n ai pas compris... s il parle de

notre Seigneur Jesus-Christ ».

Dans les textes de la vision, il ne Caul pas chercher a dis-

socier les deux revelateurs et donner a I Ange symbole du

Fils, plus d importance qu a I Ange symbole de l Esprit. II

Caul essayer plutot de justifier ce couple, ce que permet

mieux, semble-t-il, la doctrine judeo-chretienne de la revela-

tion. Dans l Evangile selon les Hebreux, l Esprit Saint et Ie

Fils de Dieu etaient cites ensemble; Ie Fils est Ie « repos »

de l Esprit en tant qu il est I aboutissement de la revelation

des prophetes (cf. Saint Jerome, In Isaiam IV sur Es 9,1-3,

PL XXIV,148 C-D). Dans Ie texte grec des Actes de Thomas,

l Esprit est appele koinonia tau arrenos (= Ie Christ; texte

cite par R. MURRAY, 975, p. 313).

Pent-on demontrer, a partir d Epiphane, qu ElxaY etait un

juif? Du texte de Pan. hrer. XIX,I,5 on pent seulement

deduire I origine et la mentalite juives d ElxaY : « Bien qu il

provienne des Jnits et qu il pense comme un Juif il ne se

comporte pas seton la Loi ». Mais cette caracteristique consti-

toe la base meme de la plus ancienne definition des judeo-

chretiens : hoi ek peritomes (Ga 2,12). A man avis, Ie fait

qu Epiphane ail parle d Elxai dans Ie contexte d une heresie

du judaYsme, elle que celie des osseens, ne prouve pas qu il

considerait ElxaYcomme un juif. Ce qui interessait Epiphane,

semble-i-it, n etaient pas les osseensdirectement. L heresiolo-

gue entendait plutot parler de leurs descendants, de ce

« Teste » (cf. leipsana : leimma, Pan. hrer. XIX,2,2; XX,3,2)

qui ne se conduisait plus d apres la Loi juive (ouketi ioudai-~

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176 LA FABLE APOCRYPHE

zon) et qui avail rejoint les judeo-chretiens des regions trans-

jordaniennes. II y a la one indication importante pour l his-

toile du judeo-christianisme. La seconde partie du texte

d Epiphane, Pan. hrer. XIX,1,5, en effet, met en evidence Ie

caractere heterodoxe de l enseignement d ElxaY par rapport

aux doctrines juives officielles. Nous pouvons en trouver un

element dans Ie rejet de la pratique sacrificielle, en tant

qu elle ne correspondait pas it. a tradition des « Peres » et it.

l enseignement de la Loi (Pan. hrer. XIX,3,6). II s agit de la

critique des livres de Mo.ise, celle-la meme que pratiquaient

les nasareens (Pan. hrer. XVIII,1,4) et les osseens (XIX,5,1).

On est en presence d un milieu en rupture avec Ie judaYsme

orthodoxe; Epiphane I appelle « un schisme » (Pan. hrer.

XIX,5,1). L identification exacte des nasareens et osseens

nons echappe. II se pent que ces derniers soient, dans Ie

Panarion, un dedoublement des esseniens, dont Epiphane

avail parle dans I Hrer. X, et donc des baptistes. Quant aux

nasaraioi, il ne semble pas qu ils aient forme one secte spe-

cifique. Leur nom, sur la base de la racine semitique NSR :

observer, indiquerait plutot un milieu, celui que I on appelle

vaguement des « observants ». Nous ne savons pas en quoi

consistaient leurs observances. La lecture des textes esseniens

nons a appris que ce milieu-la ouvrait des chemins de spiri-

tualite autres que ceux du judaYsmeofficiel. Or ce qu on pent

deduire des textes d Epiphane, c est que Ie livre d Elxai

serait issu de ce meme milieu. Malheureusement, Ie manque

d informations nons empeche de pouvoir indiquer les liens

historiques qui unissaient la communaute du livre d ElxaY et

les sectes de Transjordanie.

2.2. Faut-il exclure les rites baptismaux et notamment Ie

second bapteme du livre d ElkhasaY?

L hypothese ne me semble pas avoir un fondement solide.

Elle se base, en effet, sur Ie caractere prive qu auraient eu

les « ecrits » d Alcibiade, les seuls qui citent les rites baptis-

maux. Or, il rant repeter a ce sujet que les « ecrits »

n etaient pas un expose de doctrines propres a Alcibiade. En

particulier, pour ce qui est du second bapteme, il n est pas

demontre que ce rite etait one initiative d Alcibiade, it. la

suite de la doctrine penitentielle introduite par Ie Decret de

l eveque Callixte. Deux textes soot en question: Elenchos IX,~

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L APOCALYPSE D ELKHASAI

177

12,26 et 13,4. On ne peut pas en conclure que Callixte aurait

administre un second bapteme et que cette pratique aurait ete

Ie point de depart de l instruction d Alcibiade sur Ie bapteme.

La section de l Elenchos sur Callixte et Alcibiade est d ori-

gine polemique. Elle s explique par les divergences theologi-

ques qu il y avait, notamment en matiere de penitence, entre

l auteur de l Elenchos, d opinion rigoriste, et l eveque

Callixte. C est la meme raison d ailleurs qui opposait Tertul-

lien, dans son traite De Pudicitia, a 1 « edictum perento-

rium » de Callixte. Le but de l auteur de l Elenchos etait de

presenter 1 eveque de Rome comme un heretique, comme il

l avait deja fait, peu avant, en l accusant de sabellianisme. La

predication romaine d Alcibiade sur Ie second bapteme lui

offrait a nouveau one excellente occasion d atteindre son

objectif. La discipline penitentielle de Callixte rappelait la

doctrine d Alcibiade; les deux, en effet, parlaient de nouvelle

remission des peches. L auteur de l Elenchos presenta donc

Callixte en tant que precurseur d Alcibiade et rattacha l here-

sie de celui-ci a celIe de Callixte (IX,I-12 et 13-17).11 n y a

pas de traces d un second bapteme qui aurait ete reellement

administre par Callixte. Quelques decennies plus tard, au

moment de la question du bapteme des heretiques, Ie pape

Etienne (254-257) pouvait dire que la tradition de readminis-

trer Ie bapteme n existait pas dans l Eglise de Rome (texte

cite par St Cyprien, Ep. LXXIV,I. Rappelons que ce sujet a

ete traite par A. d ALES, 1906, p. 64, et 1914,p. 226).

Je voudrais terminer par l interpretation de la section bap-

tismale : Elenchos IX,15. Nous devons, tout d abord, a la

querelle de l auteur de l Elenchos contre Callixte d avoir one

citation des deux fragments: 15,1-2; 15,3. On constate que Ie

second bapteme envisage seulement la remission des peches

d ordre sexuel (bestialite, homosexualite, inceste, adultere et

fornication, 15,1-2). Ce theme ne change pas dans Ie fragment

qui suit, puisqu on s adresse aux coupables d adultere (hom-

mes et femmes) auxquels se trouvent associes les faux pro-

phetes, probablement parce que la fausse prop he ie etait

consideree comme one forme de prostitution avec les demons.

Le palin lego, au debut du fragment 15,3, fait penser que

l auteur reprend l exhortation du fragment precedent. On peut

dire qu au premier plan de ces textes se trouve la souillure

de la porneia. Par Ie second bapteme, l homme en est purifie

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178 LA FABLE APOCRYPHE

(cf. katharisato en parallelisme avec baptisastho en 15,1.2) et

obtient ainsi « la paix et la participation a la vie des justes »

(15,3). Puis l Elenchos mantle ce qu il avail promis de Caire

(cf. IX,14,3), c est-a-dire que leg elkhasaites emploient des

paroles magiques (incantations) sur ceux qui ant ete mordus

par un chien (kunodekton). L auteur cite donc Ie fragment

15,4-6; son texte parle justement d un bapteme en tant que

remede cantle la rage transmise par un chien, lequel a en lui

un esprit de destruction: kuon lusson... en 0 esti pneuma dia-

phthoras. 11 est clair que pour l Elenchos il s agissait d une

recette cantle la rage. E. PETERSON,959, «( Die Behandlung

del Tollwut bei den Elchasaiten nach Hippolyt », p. 221-235),

a mantle que Ie « chien enrage » a un gens allegorique et

designe la morsure de la concupiscence. D apres cette inter-

pretation, il y a un rapport entre Ie fragment 15,4-6 et leg

deux premiers: tandis que Ie bapteme decrit dans 15,1-2; 15,3

purifiait l homme des effets de la porneia, Ie bapteme de

15,4-6 devait Ie purifier de l esprit meme de la porneia. En

effet, pourquoi la source de I Elenchos 15,4-6 aurait-elle dit

que personne n echappe au « chien enrage » : homme ou fem-

me, jeune homme ou jeune fille? Et pourquoi preter serment

par leg sept Temoins de ne plus commettre aucun peche (cf.

15,5b-6), s il s agit d un chien simplement animal? II ne sem-

ble pas s agir d une recette cantle la rage, mais d un bapteme

qui purifie l homme d un mal interieur qui Ie dechire. La

source d Epiphane parlait de la morsure d un serpent (cf.

Pan. hiEr. XXX,17.4), mais dans ce contexte Ie gens allegori-

que est mains explicite.

Or, il y a un certain nombre de textes qui montrent que la

« rage » et Ie « serpent » designaient des realites spirituelles.

Dans leg Ps-Clem., Hom IV,21,4; XIII,14,1 (B. REHM-

J. IRMSCHER,1953, p. 91,14; 200,8) ho lusson kuon est Ie

desir charnel qui pousse a l adultere : moicheia. Pour to er-

pelon, il Caul se rapporter a son synonyme, ho hophis, une

fois encore dans leg Ps-Clem., Hom XI,II,4; 18,1 (B. REHM-

J. IRMSCHER,1953, p. 159,12; 163,17); Rec V,17,1. 11 s agit

d un serpent qui est cache dans Ie creur de l homme et qui

est appele aussi un demon, Ie mauvais conseiller de l homme.

Aces textes on doit ajouter Phil on, De opificio mundi 157;

160; Legum allegoriiE 11,72; 74; 76: Ie serpent est l image

du plaisir : edone. Cette idee aura une longue posterite en~

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L APOCALYPSE D ELKHASAI

179

milieu syriaque, puisqu on la retrouve dans les Carmina Nisi-

bena (36,1) d Ephrem. Dans ce contexte, il taut rappeler que

vices et peches etaient representes comme des animaux, sur-

tout dans certains milieux de I Antiquite; il s agit la d une

tradition qui s est poursuivie jusqu au Moyen Age et au-dela.

Quel est Ie rapport entre I esprit de la rage et Ie « bapte-

me »? Un rapport analogue, semble-t-il, a celui qui existe

dans la Pistis sophia III (cf. ch. 115, MACDERMOT, 84, 13;

258,5sq) entre Ie bapteme et I antimimon pneuma (I esprit

rival) que les Archontes ant mis dans I homme avant sa nais-

sante. On pense egalem~nt au rapport qui existe entre Ie bap-

teme et la concupiscence dans Ps-Clem., Hom XI,26,4 :

« ...Cherchez votre refuge dans I eau... Celui qui ne se deci-

de pas a alter vers elle porte encore I esprit de la rage... ».

Au tours du colloque, cette interpretation symbolique du

chien et du serpent a ete appuyee notamment par B. Barc,

professeur a Lyon, et par Jacqueline Genot, professeur a

Paris III.

S il en est ainsi, Ie livre d Elkhasaf, dans Ie sillage d une

tradition juive plus ancienne, soulevait la question de I ori-

gine du mal. L auteur des Testaments des XII Patriarches,

Test. Ruben 111,3; 11-15; VI I, designe I esprit de fornication

(to tes porneias pneuma) comme la cause de taus les peches.

A cet « esprit » peut correspondre, d une part, 1 « esprit

mauvais » des textes de Qumran et, d autre part, Ie yezer

hara, Ie mauvais penchant, dont parle la litterature rabbini-

que. Notons que Ie penchant mauvais etait de plus en plus

identifie avec la concupiscence (cf. STRACK-BILLERBECK,V,

p. 466sq). C est par cette problematique que Ie bas-judalsme

posait la question soteriologique. La reponse n etait pas la

meme d un milieu a I autre. Le livre d Elkhasaf repondait,

conformement au principe fondamental des baptistes : I eau,

etant un element divin, purifie I homme du mauvais esprit de

la Dorneia.

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Richard BAUCKHAM

University of Manchester

THE CONFLICT OF JUSTICE AND MERCY:

ATTITUDES TO THE DAMNED

IN APOCALYTIC LITERATURE *

1. Introduction

In book Y, chapter 5 of The Brothers Karamazov, in which

Ivan Karamazov tells his story of the Grand Inquisitor, the

following passage forms part of Ivan's « literary introduc-

tion » to the story:

« There is, for instance, one such monastery poem (transla-

ted from the Greek, of course): The Holy Virgin's Journey

Through Hell, with descriptions as bold as those of Dante's.

Our lady visits hell and is shown round the torments by

the archangel Michael. She sees the sinners and their suffe-

rings. There is there, incidentally, a highly diverting category

of sinners in a burning lake: those who are thrown into this

lake can never swim out of it, and these God forgets -an

expression of extraordinary depth and force. And so the Mo-

ther of God, shocked and weeping, kneels before the throne

of God and begs for a free pardon for all in hell, for all she

has seen there, without distinction. Her conversation with

God is extraordinarily interesting. She beseeches,she refuses

.Wherever possible in this paper, abbreviations for apocryphal works

follow those used in J.H. CHARLESWORnI,983-85. In addition, note:

ApPetrAeth Apocalypse of Peter: chapters in the Ethiopic version.

ApPetr R Apocalypse of Peter: Rainer fragme'nt.

4 EsdrArm Armenian version of 4 Esdr (ed. Stone: see n.28).

ChrJerah Chronicles of Jerahmeel (trad. Gaster).

EpApp Epistle of the Apostles.

ApMarAeth Ethiopic Apocalypse of Mary (ed. Chaine: see n.?)

ApMarGr J Greek Apocalypse of Mary: chapters in James's text

(see n.3).

ApMarGr P Greek Apocalypse of Mary: chapters in Pernot's text

(see n.3).

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182 LA FABLE APOCRYPHE

to go away. and when God points to the stigmata on the

hands and feet of her Son and asks her: "How am I to forgive

his torturers?" -she bids all the saints. all the martyrs. all

the angels and archangels to kneel with her and pray for a

free pardon for all without distinction. It ends by her obtaining

from God a respite from torments every year from Good Fri-

day to Trinity Sunday. and the sinners in hell at once give

thanks to the Lord and cry out to him: "Thou art just. 0

Lord. in that judgement " Well. then. my little poem would

also have been of that kind had it appeared at that time. 1 »

Dostoyevsky has here summarized accurately the contents

of a Slavonic version 2 of the Greek Apocalypse of Mary 3. a

work of uncertain date 4. no literary merit s. but evidently. to

1. F. DOSTOYEVSKY,982, p. 289.

2. E. KoSAK, 1892, p. 151-152, ists printed texts of the Slavonic ver-

sions. Unfortunately, at the time of writing I am unable to consult A.

de SANTOSOTERO, 978.

3. Recent writers on the ApMarGr (A. YARBROCOLLINS,1979, p. 91-

92, 116; M. HIMMELFARB, 983, p. 23-24, 179) seem o know only the

Greek text published from a Bodleian MS by M.R. JAMES, 1893,

p. 107-126. In fact, several other, variant texts have been published:

M. GIDEL, 1871, p. 92-113 (Paris MS Gr. 390); A.VASSILIEV, 1893,

p. xxxii-xxxv, 125-134 a Rome MS, whith variant readings from a Vien-

na MS); H. PERNOT, 900, p. 233-257 (reprints Gidel's text, together

whith three more MSS: Paris Gr. 395, Paris Suppl. Gr. 136, and a MS

from Pyrghi). See also, for references to other MSS of the work, C.

TISCHENDORF,866, p. xxvii-xxix; JAMES,1893, p. 110; VASSILIEV,

1893,p. xxxv. A Cretan version is published by R.M. DAWKINS, 948.

Dostoyevsky's account does not correspond precisely to anyone of

the published Greek texts, which vary considerably. But each of the

elements of his account is found in at least one of these: the sinners

in the lake whom God forgets are in J23; God's inability to forgive

the Jews who inflicted the wounds of the crucifixion is in P21 (which

shows J26 to be defective at this point); the period of rest granted to

sinners corresponds to that in P25 (C text) and in Vassiliev's text (p.

132), better than to that in J29; other elements are found in all the

texts except those which break off before the end of the work.4.

Its probable dependence on the ApPaul is at present the only real

clue (see M. HIMMELFARB, 983, p. 159-160). Other literary relation-

ships (suggested by M.R. JAMES,1893, p. 111-113)annot be properly

assesseduntil a critical edition is available. See also the more general

considerations which point to the early medieval period, in M. GIDEL,

1871,p. 99-102, 108.

5. SeeM.R. JAMES,1893, p. 111: « extremely monotonous, quite con-

temptible as literature, and even positively repulsive in some parts»

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183

USTICE AND MERCY

judge by the number of extant Greek manuscripts 6 and the

versions 7, very popular. It is one of the least interesting of a

series of apocalypses which feature the seer s prayers for

mercy for the damned (see section 3 below), but Dostoyevsky s

use of it shows his awareness that it at least poses a serious

issue: that of eschatological justice and mercy, which has

been Ivan Karamazov s own theme in his famous argument

about theodicy in the preceding chapter. Although ostensibly

Ivan s account of the apocalypse forms part of a purely « lite-

rary introduction » to the story of the Grand Inquisitor, in

reality it also forms a conceptual link between this story and

the preceding chapter. It takes up the question of eschatologi-

cal forgiveness for the torturers 8, which Ivan has rejected 9

and Alyosha has already related to the crucified Christ 1°.

This echo of an early medieval Christian apocalypse in one

of the most penetrating modern discussions of theodicy may

begin to indicate that the apocalyptic literature was a vehicle

of some profound theological concerns in relation to divine

justice and mercy, though in a popular and dramatic, rather

than discursively theological way. This paper aims to trace

these concerns through the whole tradition of Jewish and

Christian apocalyptic literature, a literary and theQlogical tra-

dition spanning more than a millennium. The continuity and,

in many respects, conservative nature of the tradition will

justify a method of identifying stock themes which recur in

apocalyptic literature, without paying much attention to the

still very debatable issues of the dates and literary relation-

ships of many of the sources discussed.

6. See M.R. JAMES,1893, p. 109: « Hardly any collection of Greek

manuscripts is without one or more copies of it. »

7. Besides the Slavonic (n.2 above), there is an Armenian version

(S.J. VOICU, 1983, p. 177; M. HIMMELFARB, 983, p. 24 n. 52), and

perhaps an Ethiopic (M.R. JAMES,1893, p. 109; but the apocalypse

published by M. CHAINE,1909, p. 43-68, 51-80, s a different work of

the same ype).

8. The unpleasantly anti-Semitic nature of the discussion of this ques-

tion in the ApMar is ignored by Dostoyevsky.

9. F. DOSTOYEVSKY,982,p. 286.

10. Ibid., p. 288.

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JUSTICE AND MERCY

185

exult over (their oppressors), because the wrath of the Lord

of spirits rests upon them, and his sword will be drunk from

them » 15. sa 66:24 (LXX) is explicitly quoted in 2 Clem 17:

5- 7, wich explains how, at the last judgment, Christians will

give glory to God when they see the punishment of those

who have apostatized in order to avoid suffering in this life.

Other texts in which the righteous rejoice over the eschatolo-

gical punishment of the wicked are Jub 23:30; TMos 10:10;

ApAb 31:4; ApPetr E13. The language of these texts, especially

the last, suggests that the psalms may also have played a part

in inspiring the idea (cf. Ps 52:5; 58:10; 59:10; 118:7).

A further development, in line with the apocalyptic geogra-

phy which locates paradise and Gehenna within sight of each

other (1 En 108:14-15; 4 Esdr 7:36-38; ApEI 5:27-28), makes

the spectacle of the wicked in hell a matter of eternal satis-

faction for the blessed in heaven. Perhaps this is intended in

ApAb 31 :4, and it is rather more clearly intended in a passa-

ge in the Arabic Apocalypse of Peter (Book of the Rolls) 16,

but there are very few apocalyptic texts which press the no-

tion so far. Rather, it was the Fathers and the theologians of

the medieval church who, from this apocalyptic star-

ting-point, developed the « abominable fancy», as Dean Far-

rar called it in 187717, hat the eternal happiness of the bles-

sed in heaven will be enhanced by their consciousness of the

torments of the damned in hell 18.

It is important to realise that, difficult though it may be to

exclude altogether a desire for personal vengeance from the

motives of the apocalyptists, the essential motive was the

wish to see God s justice done. If hell is a triumph for God s

justice, setting to rights the injustice of this world, then the

righteous ought to rejoice to see it. In situations of serious

15. Tr. BLACK, 1985, p. 60. Cf. also the idea that God (1 En 94:10)

and the angels (1 En 97 :2) will rejoice at the destruction of the wi-

cked.

16. A. MINGANA,1931,p. 141. But in 1 En 62 11-13 his is explicitly

not the case.

17. F.W. FARRAR, 878,p. 66.

18. Patristic and medieval references in R. JOLY,1973, p. 174-177;

M. LANDAU, 1909, p. 188-192; W.J.P. BOYD, 1968, p. 51 n. 1. For the

disappearance of the doctrine in the XVIIth cent., see D.P. WALKER,

1964, p. 29-32.

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186

LA FABLE APOCRYPHE

injustice what Max Horkheimer calls « the longing that the

murderer should not triumph over his innocent victim » 19has

an ethical priority and must make first claim on the kind of

eschatological theodicy with which apocalyptic is concerned.

In such situations an easy universalism which extends bene-

volent mercy equally to the oppressors and the oppressed

would be an affront both to the oppressed and to the divine

righteousness for which they long 2°. Hence this first claim

on theodicy -which is also Ivan Karamazov s 21 -is em-

phatically acknowledged by the apocalyptic tradition. To the

credit of the tradition, however, it also sought ways to trans-

cend that first claim without denying it, as we shall see.

3. Intercession by the Seers

As well as approbation of hell by the righteous who rejoice

to see God s justice done, the apocalyptic literature lays

considerable stress on another reaction to hell by the righ-

teous. It frequently recognizes that a genuinely good man or

woman who faces the real horror of the torment of the dam-

ned will be moved to compassion and will implore God s

mercy for the damned. Simply because the horrors of hell are

so deliberately contemplated in apocalyptic literature, because

the apocalyptists set out to portray the torments for their

readers in the most vivid terms, they were bound to give ex-

pression to this natural compassionate reaction, which some-

times becomes a genuine protest in the name of divine and

human mercy against the notion of hell.

Prayers for mercy for the damned occur in the apocalypses

in a number of different contexts, but the most common si-

tuation is that in which the pseudonymous seer himself sees

19. Quoted in J. MOLTMANN, 974. p. 223; but cf. also Moltmann s

qualification of this on p. 178.

20. J.H. CONE1972. p. 104, quotes a Negro spiritual which, out of a

situation of opppression comparable to that of the apocalypses.provi-

des a close parallel to the apocalyptic theme of this section:

« Then they ll cry out for cold water

While the Christians shout in glory

Saying Amen to their damnation

Fare you well, fare you well. »

21. F. DOSTOYEVSKY,982. p. 286-287.

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JUSTICE AND MERCY

187

in a vision the punishments of the damned in hell and is

moved to intercede for them. This is the case with:

Zephaniah in the ApSophCop 2:8-9;

Ezra in the ApEsdrGr (passim) and the VisEsdrLal 8a, II,

18,22,33,42,47,55, 57c, 6122;

Baruch in the Slavonic version of 3 Bar 16:7-8;

Peter in ApPelr E3;

Paul in ApPaul 33, 40, 42, 43 and

the Virgin Mary in the ApMarGr 125-28, the ApMarAelh 23

and the TransMarSyr 24.

Similar cases in which the seer intercedes for the damned,

but does not actually see them in hell, are those of Ezra in

the QueslEsdrArm A 7 25, and Sedrach in the ApSedr 5:7; 8:

10; 16:2.

It is very significant that compassion for the damned is

thus attributed to ideal, exemplary figures of Jewish and

Christian piety. Though the divine reaction to their interces-

sion varies in the various texts, there can be no doubt that

the apocalyptists approve this compassion. They are allowing

the compassion which they and their readers feel for the

damned as an authoritative mode of expression. It is not a

sentiment they consider disallowed by dogma, but one voiced

by the greatest saints in direct dialogues with God, in which

God at any rate listens. The notion is probably based on ex-

tending to the dead the biblical tradition of intercession for

22. For the texts of these two works, see O. WAHL, 1977; P.M. Bo-

GAERT,1984, p. 50-70. For translations and introductions, see V.B.

MULLER, 1976; M.E. STONE,1983a; J.R. MUELLER-G.A. ROBBINS,

1983,p. 581-590.

23. M. CHAINE,1909,p. 68.

24. A.S. LEWIS,1902, p. 67. Abraham s intercession in TAb A14 does

not quite come into this category. For cases of intercession for the

damned where the intercessor is not the pseudonymous seer but the

righteous dead, see ApSoph 11 (Abraham, Isaac, Jacob, and all the

righteous dead); Tlac 7:11 (the patriarchs); Chrlerah 17:3 (the righ-

teous dead in general); and the instances at or after the Last Judg-

ment discussed in section 4 below. Sometimes the pseudonymous seer

is joined in his intercession by other saints and angels, as in ApPaul

43-44; ApMarCr 125-29. In 2 En 41, Enoch weeps, but does not ex-

plicitly intercede, for the damned.

25. For the only full translation, together with a valuable introduction,

see M.E. STONE, 983b.

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188

LA FABLE APOCRYPHE

living sinners by righteous men such as Abraham and Moses

(Gen 18:22-33; Ex 32:7-14, 31-34; cf. TMos 11:17; 12:6; 4

Esdr 7:106-111;QuestEsdrArmA39-40).

In the manner of apocalyptic literature, the points which

the apocalyptic seers make in their pleas for mercy for the

damned become conventional, as do some elements in the

divine response. Much of the material goes back to Ezra s

penetrating debate on theodicy with God and his angelic

representative Uriel in 4 Esdr. In that apocalypse, Ezra does

not view the punishments of the damned (though 7:78-87

recounts the punishments in the intermediate state), but his

concern about the fact that damnation awaits the majority of

people, including the majority of Jews, is a prominent ele-

ment in his debate with God. Ezra frequently expresses a

kind of protest against the theological orthodoxy voiced by

Uriel, and although his protests are always rebuffed, they are

by no means always adequately answered. In this way the

book keeps open some of the tensions inherent in its subject-

matter, and its genre allows the author to give free rein to

Ezra s arguments without exactly endorsing them. It must

have been this feature of 4 Esdr which appealed to the wri-

ters of a series of later Ezra apocalypses, which clearly to

some degree imitate the genre of 4 Esdr, though often focus-

sing the debate more narrowly on hell. These are the

ApEsdrGr, the ApSedr 26, the VisEsdrLat and the QuestEsdr-

Arm 27. Also of considerable interest is the Armenian version

of 4 Esdr, which Stone plausibly suggests is based on a

Greek revision of 4 Esdr 28. One effect of the additional and

rewritten material in this version is to soften the harsh theo-

dicy voiced by Uriel in 4 Esdr. The reviser seems to have

felt that Ezra s persuasive arguments for mercy deserved a

less uncompromising response from God. Finally, it should be

mentioned that Ezra s concern for the damned in 4 Esdr

26. The name Sedrach in this work is best explained as a corruption

of Ezra: so (most recently) M.E. STONE, 982d,p. 6.

27. Recension A of the QuestEsdr is a composite work, of which v.

16-30 (to which nothing in the abbreviated RecensionB corresponds)

are probably an insertion into the original Ezra apocryphon.

28. M.E. STONE. 979, p. ix; 1982,p. 292. Stone promises to give full

evidence in his forthcoming Textual Commentary on the Armenian

Version ~f IV Ezra.

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190

LA FABLE APOCRYPHE

metimes the solidarity goes a step further; Sedrach (ApSedr

5 :7) and the Virgin Mary (ApMarGr J25-26) ask to be punis-

hed with the damned in hell, while Ezra (ApEsdrGr 1: 11;

VisEsdrLat 89) and the Virgin Mary (ApMarGr J26) ask to be

punished instead of the damned, following in the tradition of

Moses' request (Ex 32:32).

(4) Humanity is God's own creation, made in his image: 4

Esdr 8 :7-14, 44-45; ApPaul 43; ApSedr 4:3; ApEsdrGr 1 10;

2:23; 5:16; ApMarGr P21; cf. ApPetr E3; VisEsdrLat 63.

If most people are to perish, for what purpose has God

made humanity, not as some trivial creation fit for destruc-

tion, but resembling himself?

(5) God is good and merciful: 4 Esdr 7:132-140; 8:31-36;

ApPaul 44; ApSedr 15:1; ApEsdrGr 1:10, 15; 5:18; cf. ChrJe-

rah 17:3.

The seers' appeal to God's own revealed nature, as merci-

ful, is essential to their plea. In 4 Esdr 7 132-140 -a passa-

ge so impressive as to be in danger of overbalancing the

whole debate -ApEsdrGr 1:10 and ApSedr 15:1, the appeal

echoes the classic Old Testament revelation of the divine na-

ture in Ex 34:6-7.

A corresponding set of conventional themes recur as the

divine arguments for rejecting the appeal for mercy:

(1) Only the righteous few are precious to God, who is un-

concerned about the loss of the wicked majority: 4 Esdr

7:52-61; 8:1,38.

The later apocalypses nfluenced by 4 Esdr baulked at put-

ting this extreme view into the mouth of God.

(2) You cannot be more loving than God: 4 Esdr 5:33;

8:47; 4 EsdrArm 7:19; ApPetr E3; ApPaul 33,40; cf. 4 Esdr

7:19.

The point seems to be: God loves his own creation more

than you do, but even so does not deliver the damned from

hell. Since his greater love is not a basis for mercy for the

damned, your lesser ove should not be. It is an odd argument

(3) God did not intend the destruction of the wicked: 4

Esdr 8:59; 4 EsdrArm 8:62H.

(4) They knew God's law and disobeyed t: 4 Esdr 7:21-24,

72-73; 4 EsdrArm 8:1B-D, 621-0; ApEsdrGr 5:19; VisEsdrLat

63.

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191

USTICE AND MERCY

(5) They have freely chosen evil: 4 Esdr 7:127-130; 8:56;

4 EsdrArm 8 :IB.

(6) God has already been patient with them: 4 Esdr 7 74;

4 EsdrArm 7 :74; 8 :41B; ApPaul 33.

(7) Opportunities for repentance have been rejected:

ApPaul 44; ApSedr 15:5; cf. ApMarGr J29.

Arguments (3)-(7) are the main elements in the classic

freewill defence of hell and amount to claiming that hell is

no more than the wicked deserve. They get a good hearing in

most of our apocalypses, and in most cases it seems that our

authors accept that these arguments justify the existence of

hell. On the other hand, they do not normally represent the

seers as wholly satisfied by them. In the face of the assertion

that the wicked have no excuse, the seers persist in trying to

excuse them (e.g. ApSedr 15:5; 16:20). Against the claims of

justice they continue to urge mercy. Thus there remains a

tension between a quite cogent defence of hell, in which a

sound traditional theological position is stated, and the never-

theless persistent compassion for the damned on the part of

the seers. In most cases, the tension is unresolved. Either the

seer s pleas are rebuffed or no result is mentioned at all.

Sometimes the tension is resolved by a concession from

God. The most famous of these is the Sunday rest of the

damned, a day s respite each week from the pains of hell, se-

cured by Paul s intercession in the ApPaul (44) and by the

Virgin Mary in the ApMarAeth 31. As Dostoyevsky correctly

reported 32, he ApMarGr adds a (presumably additional) pe-

riod of respite for the fifty days from Easter to Pentecost

(P25), a period also found in the ApPaulCop 33. But the most

remarkable case of a positive divine response to the seer s

plea for mercy is in the fourth recension of ApPaulArm, in

which the prayers of Paul and the Virgin Mary secure the

release of all sinners from hell and the actual abolition of

hell 34. This demonstrates that there was a real tendency in

31. M. CHAINE, 1909, p. 68. On the Sabbath rest of the damned,

which originated in Judaism, see I. LEVI, 1892-1893; T. SILVERSTEIN,

1935,p. 79-81. For the period in the ApMarAeth, see M. HIMMELFARB,

1983,p. 20.

32. F. DOSTOYEVSKY,982,p. 289.

33. E.A.W. BUDGE, 915,p. 1070.

34. AoPaulArm 35: tr. in L. LELOIR,1980, p. 284.

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192

LA FABLE APOCRYPHE

the whole tradition pressing towards apokatastasis, though

only in this case had it the freedom to attain this conclusion.

The apokatastasis in question, it should be noted, is not at all

of an Origenist kind, since it does not rest on conceiving hell

as purificatory. Rather the apocalyptists assume the purely

retributive justice of hell and base their hope on mercy:

human compassion finding a corresponding divine compas-

sion.

4. Intercession at the Last Judgment

In the previous section we have considered cases where the

apocalyptic seer, contemplating the punishments of the dam-

ned whether in vision or simply in thought), intercedes for

them. A somewhat different, though connected theme in the

apocalypses is a prediction of the intercession of the righ-

teous for the damned on or after the Day of Judgment, when

they will have received their final condemnation to hell.

In the first place, a significant series of texts display a

concern to deny that such intercession will be possible or

efficacious, in view of the finality of the divine verdict at

the Last Judgment, which will irrevocably fix the fate of

both classes of people. Whereas before that time prophets

-and holy men have interceded for sinners 2 Bar 85:1-2),

then there will be no « supplicating for offences, nor prayers

of the fathers, nor intercessions of the prophets, nor help of

the righteous » 2 Bar 85:12). Relatives will not be able to

intercede for relatives, nor friends for friends, nor the righ-

teous for the ungodly, « for then everyone shall bear his own

righteousness or unrighteousness, and) no one will be able to

have mercy on him who has been condemned» 4 Esdr 7:

102-115). The emphasis with which this denial is made in

these passagessuggests that the possibility of intercession on

the Day of Judgment was being canvassed and needed to be

denied 35.

Variations on the same theme are to be found in one of the

conclusions to the 1 ApJohGr, which predicts that the angels,

35. Cf. also TAb AI3:7. Other passagesstress that God will not listen

to the pleas for mercy which the wicked themselves will make to him

at the time of the Judgment: 1 En 62:9-10; SibOr 2:309-310.

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JUSTICE AND MERCY

193

the Virgin and all the saints will lament for the damned, but

« will do them no good » 36,and in ApEliHeb, which, having

allowed the righteous to see the downfall of the wicked, then

predicts that God « will move the temple a great distance

away from the eternal destruction, so that the godly will not

hear the voice of the lamentation of the ungodly and implore

mercy for them. They will become as though they had never

existed» 37. This interesting passage -which runs quite

counter to the thinking behind the « abominable fancy» -

acknowledges that the blessed in heaven could not contem-

plate hell whithout being moved to compassionate interces-

sion, and anticipates a certain kind of modern response,

which attempts to protect the blessed from such conscious-

ness of the horrors of hell 38. The passageshows rather clear-

ly that the « general change in the attitude to other people s

suffering », to which Walker attributes the modern obsoles-

cence of the « abominable fancy», did not begin de novo in

the seventeenthcentury 39, but has much earlier roots.

Such texts become more intelligible in the light of others

which assert that intercession for the damned at the Day of

Judgment will take place and will succeed. A medieval Chris-

tian and a medieval Jewish example will show how the same

category of intercessors -the great saints of the biblical

history -who feature in the material examined in section 3

can also play this role. In the Anglo-Saxon version of the

ApThom, the pleas of the Virgin Mary, Peter and the archangel

Michael 40 each secure the reprieve of a third of sinners 41. In

the NarDanHeb, it is the three patriarchs, the traditional inter-

cessors for sinful Israelites 42, who, standing at the three gates

of Gehenna on the Day of Judgment, will remind God of his

covenant and secure the forgiveness of all Israelite sinners 43.

36. C. TlSCHENDORF,866,p. 94.

37. G.W. BUCHANAN, 978,p. 440; M. BUTfENWIESER,897, p. 66.

38. Cf.C.S. LEWIS,1940, p. 114-115; . GEACH,1977,p. 123-149.

39. D.P. WALKER,1964, p. 30.

40. For Michael s role in interceding for and releasing the damned,

see ApPaul 43-44; ApMarGr 125-29; ApJohCop in the Discourse on

Michael the Archangel by Timothy of Alexandria (E.A. W. BUDGE,

1915,p. 1022-1029).

41. M.R. JAMES,1924,p. 562.

42. Cf.ApSoph 11; TJac 7:11.

43. G.W. BUCHANAN, 978, p. 476.

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JUSTICE AND MERCY

195

« I will grant to my called and chosen ones (Ethiopic: my

elect and righteous ones , as in E13) whomsoever they ask of

me, out of the torment, and I will give them (i.e. those for

whom the righteous pray) a good baptism for salvation in the

Acherusian lake, as they call it, on the Elysian plain, a share

in righteousness with my holy ones. »

The Acherusian lake is a feature of the Greek Hades (Pla-

to, Phaedo l13A-C, l14A-B) which appears elsewhere in Je-

wish and Christian apocalyptic (ApMos 37:3; ApPaul 22- 23;

EvBartCop 48), there as here with a purificatory function 49.

Just as the « Elysian plain » is used as a Greek equivalent

for the Jewish paradise, so the Acherusian lake may be used

as a Greek equivalent for the river of the water of life in the

Jewish paradise 5°.

Thus Peter's desire for mercy, so severely rebuked in E3,

is granted eventually, when taken up by the elect on the Day

of Judgment and after the justice of hell has been carefully

demonstrated. Although the ApPetr is largely a compilation

of traditional apocalyptic material, it is a deliberately redac-

ted compilation, and so it is worth asking how the traditional

themes in this case can be combined. There is a kind of logic

in the sequence. The justice of the punishment of the perse-

cutors is a justice owed primarily to the persecuted. But in

that case it is a punishment which can be remitted if the

martyrs themselves desire mercy for their persecutors. No

one else has the right to forgive oppressors, but those whom

they have oppressed do have this right. So if it is for his

people's sake that God must punish their oppressors, for his

people's sake (as SibOr 2:355, interpreting ApPetr E14=R,

states) he can save those for whom they desire mercy. In this

way the conflict of justice and mercy is resolved. One obsta-

cle to universal salvation -that of which the apocalyptic

tradition, because of its origins in situations of injustice and

persecution, was most aware -is effectively removed by the

compassion and forgiveness of the saints. Other obstacles are

48. E.A.W. BUDGE, 913,p. 208.

49. On the whole subject, seeE. PETERSON,959, p. 310-332. For fur-

ther Coptic material, see V. MACDERMOT,971,p. 619-623.

so. See E. PETERSON,959. p. 318, 323-324. The point is supported

by the fact that in the Greek geography he Acherusian lake is not on

the Elysian plain.

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196

LA FABLE APOCRYPHE

not considered, and it is not, of course, actually stated that

salvation will be universal 51,but as extensive as the compas-

sion of the elect.

Some part in the origin of this idea must have been played

by Plato, Phaedo 114A-B 52, according to which a certain

class of sinners, who have committed serious crimes but are

curable, can escape from torment into the purifying waters of

the Acherusian lake only by seeking and obtaining forgive-

ness from those they have injured 53. Certainly the underlying

concept of justice here is the same. But it is tempting to

guess that the idea found a home in Christian apocalyptic

because of its coherence with the Christian tradition of forgi-

veness for enemies and especially of the martyrs forgiveness

for their persecutors. If the martyrs, instead of predicting

their persecutors punishment in hell (4 Mac 10:11; 12:12; cf.

1 En 47:1-4), prayed for their forgiveness (Acts 7:60; Euse-

bius, Hist. eccl. 5:2:5) 54, surely (it would have been thought)

they will do so all the more when their erstwhile persecutors

beg their forgiveness and intercession on the Day of Judg-

ment. In fact, precisely this argument is reported by Augus-

tine as the view of some Christians who were probably in-

fluenced by the ApPetr (De civ. Dei 21:18)55.

The theme reappears in only a few other texts, probably

influenced by the ApPetr. SibOr 2:330-338 is certainly

dependent on the ApPetr; ApEI 5 27-29, a rather cryptic pas-

sage whose sense becomes quite clear in the light of ApPetr

E13-14, is very probably dependent on the latter; and EpApp

40 looks like another echo of the ApPetr. That the notion had

some currency in the early church is indicated both by these

passages and by Augustine (De civ. Dei 22: 18), but it came

under the suspicion of Origenism, as the refutation inserted

at SibOr 2:331 in manuscript « JI » indicates 56.

51. E. LUPIERI, 983,p. 369, thinks it is probably intended.

52. On the general question of Greek influence on the ApPetr, see

R.J. BAUCKHAM, 988.

53. In this case, he injured are in the Acherusian lake, being purified,

whereas in the ApPetr they are in paradise.

54. For a later example, seeA. HAMMAN,1961,p. 55.

55. I hope to argue in detail elsewhere that the ApPetr lies behind the

views of this group of misericordes.

56. See J.H. CHARLESWORnI,983,p. 353 n. c3.

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Philip S. ALEXANDER

University of Manchester

LATE HEBREW APOCALYPTIC

A PRELIMINARY SURVEY

1. Definition

The aim of the present paper is to survey late Hebrew apo-

calyptic literature, to map out its extent and to draw up the

agenda for its study.

The expression « late Hebrew apocalyptic » will doubtless

conjure up in the minds of most people works such asSefer

Zerubbavel, Tefillat Shim on ben follai, Nishtarot Rashbi,

SeIer Eliyyahu, Gedullat Moshe, and 3 En (Sefer Heikhalot).

These texts were dated by Zunz to the Gaonic era at the ear-

liest, and they are still today commonly regarded as mediae-

val. They constitute a body of material distinct from classic

early apocalyptic -1 En, 2 En, Rev, 4 Esdr and 2 Bar, all

of which were written before 150 CEo

SeIer Zerubbavel and the other texts clearly belong to late

Hebrew apocalyptic. But what are the limits of the corpus?

Here we run into the tricky problem of what we mean by

« apocalyptic ». In the present ground-clearing exercise I

shall adopt a broad, inclusive definition. I shall include

works presented in apocalyptic form, i.e. as the revelation of

a secret or mystery by supernatural means or agency. I shall

equally include works which, though not in apocalyptic form,

are devoted largely or exclusively to subjects central to clas-

sic early apocalyptic. We must beware of approaching the

material with dogmatic preconceptions of what is or is not

apocalyptic, of drawing boundaries which are meaningless in

terms of the ancient literature.

A reasonably satisfactory corpus emerges from our broad

approach -a distinctive body of literature unified by shared

traditions, motifs and style. It is important to define the

problematic of this literature in its own terms, even though

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198 LA FABLE APOCRYPHE

we may find ourselves in the position of « rediscovering the

wheel -of analysing yet again problems which have alrea-

dy been exhaustively canvassed in the study of classic early

apocalyptic.

By confining ourselves to texts in Hebrew we introduce

some welcome limitations to a subject which threatens to be

vast and unwieldy. We also focus attention on a group of

texts whose cultural setting is well-defined: since they are in

Hebrew we can assign them with confidence to Rabbinic Ju-

daism. However, we must bear in mind that apocalypticism in

the ancient world is an inter-cultural phenomenon, and in the

last analysis our texts will have to be set in the context of

the whole range of ancient apocalyptic -whatever its lan-

guage or religio-cultural milieu.

Late Hebrew apocalyptic has been surprisingly neglected by

students of apocalyptic. The great pioneers in the field tended

to take it for granted that apocalyptic died out in Judaism

around 100 CEo R.H. Charles, e.g., regarded 2 En as the

swansong of apocalyptic in Judaism -the last flicker of real

religious life before the dark night of Rabbinic legalism des-

cended. J H. Charlesworth has done much to widen the scope

of the pseudepigrapha -yet even his much expanded corpus

contains only one of our texts, viz. 3 En.

Late Hebrew apocalyptic is worth studying in its own right.

It provides vital evidence for the history of Judaism in the

Talmudic and mediaeval periods. The potential of this mate-

rial for challenging and correcting the standard histories of

Judaism is amply demonstrated by the work of Scholem.

Late Hebrew apocalyptic is also important for the student

of classic early apocalyptic since it defines the chronological

horizon within which his own texts lie. It also provides him

with the means of monitoring the transmission of the early

texts, and of determining whether or not they have been tam-

pered with by later apocalyptists. And, who knows, if he stu-

dies late apocalyptic, he may find there, lurking in the mass

of later literature, traditions or even texts that are much ear-

lier than he was led to suppose.

2. Survey

The field of late Hebrew apocalyptic can be mapped out

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199

EBREW APOCALYPTIC

first, as to its content, and second as to itsalong two axes

literary genres.

2.1. Content

Most of the material found in late Hebrew apocalyptic can

be classified under four heads:

(1) scenarios of the End-time;

(2) throne visions (= ma aseh merkavah);

(3) cosmology (= ma aseh bere shit);

(4) tours of Hell and Paradise.

Each of these topics represents in some sense a « secret »

-an area where knowledge can be acquired only by revela-

tion. All four topics, according to the ruling of m. Hag. 2,1,

would have been regarded by the Rabbis as esoteric. All fi-

gure to greater or lesser degree in classic early apocalyptic.

All are even found within the confines of a single early do-

cument, 1 En.

Scenarios of the End-Time.

This material is classically represented by Sefer Zerubba-

vel, in which we find an elaborate account of the eschaton

and of the coming of the Messiah. Sefer Zerubbavel describes

in detail the battles that will be waged by Messiah ben Jo-

seph and Messiah ben David against the final enemy of Is-

rael, Armilus the prince of Rome. Sefer Zerubbavel and rela-

ted texts are rightly classified by Even Shemu el as

« midreshei ge ullah » : they are shot through with a yearning

for the redemption of Israel, and with a sense that the end is

nigh. They list in detail the signs and omens that will herald

the eschaton, and they try to calculate the date of the Mes-

siah s coming. Some texts (e.g. the Prayer of Rashbi) do not

focus exclusively on the final stage of history, but offer

schemas which, from the standpoint of the actual date of

composition of the work, must include past history. These

schemas, however, are still presented as predictions of the fu-

ture by carrying the revelation fictionally to a remote point

in the past. These texts use the same sort of cryptic language

and symbolism as is found in the Book of Daniel. The in-

fluence of Daniel is evident in them at many points. Indeed,

like the Revelation of John, they may be classified as Daniel-

type apocalypses.

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202

LA FABLE APOCRYPHE

await those who accept or reject the commandments.There is

a strong emphasis on the principle of middah keneged mid-

dah. The principle member of the body through which a sin

was committed is singled out for punishment in Hell:

«Moses asked the Lord of Hell, and said: Why are these

hanged by their eyes and by their tongues, and are so fear-

fully tortured and so sorely punished? The Master of Hell

replied: Because they looked with an evil eye at fair

women and at married women, and at the money of their

friends and neighbours . Hell and Paradise are usually divi-

ded into compartments, commonly seven in number. Some

texts contain descriptions both of Hell and Paradise; others

confine themselves either to Hell, or Paradise. This material

is at least in part paraenetic : it is aimed at encouraging peo-

ple to keep the commandments (and perhaps also at defen-

ding the ultimate justice of God). It can be seen as a rather

dramatic type of musar literature.

The description of the seven circles of Hell in Seder Rabba

diBere'shit mentions the tortures of the damned only in rather

general terms: it seems more concerned with the physical

dimensions of Hell, and is more cosmological than ethical in

character.

It should be stressed that the surviving texts do not neces-

sarily confine themselves to just one of these topics: text

and topic are not automatically to be seen as coterminous.

E.g. Seder Rabba diBere'shit, as we noted, is largely cosmo-

logical, but it concludes with a significant throne vision. Ge-

dullat Mosheh contains a tour of Hell and Paradise, but it

opens with a description of the contents of the seven hea-

vens, which in our classification comes under cosmology.

3 En is composed mainly of standard Merkavah material, but

it also contains a certain amount of cosmology and eschatolo-

gy, as well as some traditions relating to the fate of souls in

Hell. The « purest» texts are those concerned with scenarios

of the end: these show little interest in throne visions, or

cosmology, or the fate of souls after death. E.g. the only

connection between the scenario of the end in SeIer Zerubba-

vel and the other three topics is the fact that Metatron, who

reveals the future to Zerubbavel, figures also in the treatment

of topics 2 and 4. Topics 2, 3 and 4, by way of contrast, are

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HEBREW APOCALYPTIC

203

often intertwined, and display close affinities of language and

style. Moreover a certain amount of eschatology can occur in

the context of throne visions, or of cosmology. E.g. descrip-

tions of the heavenly curtain (the Pargod) -a motif of

Ma aseh Merkavah -may involve a schema of history down

to the coming of the Messiah. Or a description of the seven

heavens may include a vision of the heavenly Jerusalem, or

of the Messiah waiting in Heaven for the time of Israel s

redemption -both eschatological motifs. The division be-

tween texts containing topic 1 material, and those concerned

with topics 2, 3, and 4, is not absolute: it is breached in one

direction, in that topic 1 material can occur in the context of

topics 2, 3 and 4. The general treatment of any given topic

will be similar in all the different texts. We are clearly

dealing with shared tradition. If a subject is introduced it

will be treated across the board in a predictable and stereo-

typed fashion.

2.2. Genre

There are three major genres, or forms of presentation,

used in late Hebrew apocalyptic, viz. apocalypse, midrash

and treatise. To these may be added the minor genres of

piyyut, florilegium and quotation.

Apocalypse

In the apocalyptic genre a Biblical figure (Moses, Zerubba-

vel, Elijah), or an eminent post-Biblical Rabbi (Ishmael,

Shim on ben Yoi)ai, Joshua ben Levi) receives a direct reve-

lation of some mystery by supernatural means. The Prayer of

Rashbi illustrates one of the basic patterns. The revelation it

contains is attributed to one of the great Rabbis of the se-

cond century CEo It is dated precisely to that period in his

life when, according to tradition, he was hiding in a cave to

escape the persecutions of the emperor Hadrian. Appropriate

to his dire straits, and to the distress of the Jewish people,

he prays that God would send him an angel to reveal to him

when the Messiah will come to deliver Israel. His prayer is

granted: Metatron appears and discourses to him at length

about the End-time.

A revelation may be received in different ways. Sometimes,

as in the Prayer of Rashbi, an angel descends to earth and

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HEBREW APOCALYPTIC

205

tion is used indirectly to validate the apocalyptic texts, in

much the same way as is Biblical tradition. This must be a

late development, only possible after the relevant traditions

have acquired some kind of sanctity, have attained, in fact,

the status of Oral Torah.

Midrash

Late Hebrew apocalyptic also presents itself as what may

be loosely termed «midrash ». The emphasis in this form of

presentation is on exegesis of Scripture. The material is vali-

dated not by appealing to fresh revelation but directly to

Scripture: an attempt is made to create the impression that it

is derived from Scripture. Few of the texts are midrashic in

any strict sense of the term. One that meets the criteria

better than most is Aggadat ha-Mashiatl which is set out as a

commentary on Nb 24,17-19. Its basic form is : Biblical lem-

ma + comment; it cites parallel proof texts directly from

other parts of Scripture, and in general its style is argumen-

tative in the manner of classic midrash. Yet its contents are

totally apocalyptic in character.

Another type of «midrashic» presentation is found in

Ma aseh Dani el. Basically this text is an interpretation of

Daniel cast in the first person. There is much simple aggadic

folklore in the text (as the title ma aseh rightly suggests), but

the central portion is a paraphrase of Daniel s visions of the

end. Ma aseh Dani el makes no pretence to fresh revelation,

since it bears an obvious relationship to a well-known Bibli-

cal text. It recalls the « rewritten Bible » type of commentary

which we find in Jub and 1 Q Gen.Apoc. Ma aseh Dani el

goes to some lengths to sustain the conventions appropriate

to a paraphrase: it contains very few direct quotations from

Scripture. The few that there are come towards the end, and

(being from Lev, Ps and Is) are historically plausible in a

text supposedly written in the Persian period. Other examples

of sustained paraphrase of Bible are the Targ. Tosefta to Ez

1, and the hexaemeron at the beginning of Seder Rabba diBe-

re shit, though the latter opens in classic midrashic fashion

with a string of commentaries on bere shit in Gn 1,1.

The differences between presenting the material as apoca-

lypse, or as midrash, are on the whole superficial. It is a

general fact of post-Biblical literary history that midrash

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208 LA FABLE APOCRYPHE

miscellanies of Rabbinic tradition. The most important of

these are in the Alphabet of Aqiva, sub aiel (the Metatron

traditions); sub zayin (the new Torah); and sub shin (the fate

of the wicked).

This survey of the genres represents only a very tentative

beginning to the task of describing the various ways in which

apocalyptic material is presented in Rabbinic literature. Three

general points must always be borne in mind. First, though

the various genres are easily enough distinguished analytical-

ly there is a tendency to combine and conflate them within

the actual documents. Second, there is no clearcut correlation

between the three major genres (apocalypse, midrash and

treatise), and four topics surveyed earlier: all three genres

are used for the presentation of each of the four topics.

Third, these two observations underscore the point that for

late Hebrew apocalyptic, genre is of secondary mportance to

content. The corpus of late Hebrew apocalyptic has to be

established first and foremost on the basis of content, not of

form. Any text which contains as its principal subject matter

apocalyptic material belongs to the corpus whether or not it

is in apocalypse-form. To confine ourselves solely to the apo-

calypses would be artificial and tendentious. A writer of the

Talmudic or post-Talmudic eras who wished to write about

apocalyptic matters in Hebrew might choose to cast his mate-

rial in the form of an apocalypse, a midrash, or a treatise. It

was of little moment which form he chose.

History

3.1. Literary Considerations

The history of late Hebrew apocalyptic can be written only

on the basis of a rigorous analysis of the literary characte-

ristics of the tradition as a whole, and of the individual docu-

ments. Much of the work done so far (e.g. Scholem s pheno-

menological account of the Heikhalot texts) has effectively

ignored literary problems, and so must be treated as very

provisional. The fundamental point is this: late Hebrew apo-

calyptic is a literature in an extreme state of flux, and that

fact has important implications for how we recover its histo-

ry. Some of the texts are little more than loose anthologies of

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HEBREW APOCALYPTIC

209

tradition: their redactional identity is extremely weak; they

hardly exist as defined literary works in any meaningful

sense of that term. Most are extant in a number of different

recensions: clearly the traditions were constantly re-edited

and rearranged in different combinations. Just how late the

active reworking of tradition continued is illustrated by Sefer

Zerubbavel which in the recension found in Wertheimer s text

of Heikhalot Rabbati appears to contain Shabbateanadditions.

Another case in point is the Heikhalot literature. There is

evidence to suggest that the Hasidei Ashkenaz who transmit-

ted much of this material to posterity did not confine them-

selves to passively copying out the texts; they edited them

quite heavily in places. They may even have created one of

the texts -Massekhet Heikhalot.

The inter-relationship between the various recensions of

any of the late Hebrew apocalyptic works poses a synoptic

problem of awesome complexity. It is probably pointless to

try to work back to an Urtext, at least in any text-critical

sense of that term. The text-critical model of an archetype

composed by a single author, which becomes corrupted acci-

dentally in the course of copying is not appropriate in this

case. The differences between the various forms of any given

work point to a strong redactional intervention. We should

then no more attempt to reconstruct the Urtext of Sefer Ze-

rubbavel, than we should attempt to reconstruct the Urtext of

the Gospels. This does not mean that we have to abandon any

attempt to write the history of the texts. It is perfectly proper

to raise the question of the inter-relationship of the various

recensions of Sefer Zerubbavel extant in the manuscripts, and

to try to discover their respective dates, just as it makes

sense to ask when the Gospel of Mark was written, and whe-

ther it is earlier or later than the Gospel of John. In the

study of late Hebrew apocalyptic the requisite literary analy-

sis has hardly begun. It is likely to prove very difficult, and

there is no guarantee that in the end the results reached will

command any more widespread assent than those which have

emerged from the study of the Gospels. However, there is no

other way forward.

3.2. Dating

Given the fluid nature of the tradition dating the individual

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210

LA FABLE APOCRYPHE

works becomes intensely problematic. When we consider the

date of a work such as Sefer Zerubbavel two points must be

kept in mind. First, since a number of different recensions of

Sefer Zerubbavel are extant we must specify the recension or

recensions we are talking about. Second, each separate recen-

sion will probably represent the end-product of a complex

process of literary evolution. We must distinguish between:

a) the date of the final redaction, i.e. the date at which the

form of the text attested in the manuscript(s) came into

being;

b) the dates of earlier stages in the growth of the final

form, such as may be uncovered by literary analysis;

c) and the dates of the individual traditions, or pericopae,

which make up the substance of the work.

In the case of a work such as Sefer Zerubbavel « date » is

not a simple, univocal notion. It is astonishing to note how

often such an elementary observation is ignored.

The literary problems are aggravated by the fact that there

are, in fact, few good indicators of date for any of the

works.

(a) The dates of the manuscripts (where they can be ascer-

tained) can only establish a terminus ante quem. They may

save us from dating a work too late, but they may not be of

much use in determining just how early it might be. It is, of

course, perfectly possible for an early work to be preserved

only in very late manuscripts. Few Rabbinic manuscripts pre-

date 1000, so the limits that palaeography can lay down are

likely to be only of marginal value.

(b) Quotations or references in the writings of dated au-

thors are important, but they do not prove as much as is so-

metimes supposed. AI-Qirqisani in the Kitab ai-Anwar quotes

an extensive passage from the elevation of Enoch traditions

in the Alphabet of Aqiva. This quotation is germane to the

dating of the Alphabet of Aqiva, and, indirectly, to the dating

of 3 En as well. Qaraite and Gaonic references to Heikhalot

literature show that Heikhalot texts circulated widely in the

9th and 10th centuries. The extensive summaries of Heikhalot

teaching by Rabbenu Hanan el, Hai Gaon and others indicate

in considerable detail what motifs were current in their day.

The eschatological passages in the writings of Sa adia and

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HEBREW APOCALYPTIC

211

Hai playa similar role vis-a-vis the scenarios of the end. Ho-

wever, such quotations, or references, never suffice to date

any specific work in any of the forms in which we now have

it. All they can show is that the work in some orm was ex-

tant at a certain point in time, or that certain of its ideas or

traditions were known at a certain date.

(c) When it comes to dating scenarios of the end constitute

a specially tricky case, since by their very nature they tend

to allude to contemporary events, when the work was written.

We should distinguish between explicit dates.and cryptic his-

torical references in these texts. An example of the former is

the assertion found in certain recensions of Seier Zerubbavel

that the Messiah would come 990 years after the destruction

of the Temple. Since eschatological texts like Seier Zerubba-

vel were written in imminent expectation of the end, this sug-

gests that Seier Zerubbavel (or at least the recensions contai-

ning this calculation) were redacted around 1000. There are

no good grounds for ignoring this evidence. I find it quite

extraordinary that some scholars can baldly assert that Seier

Zerubbavel was composed around the time of the Arab

conquest, when two recensions of the work contain an expli-

cit date which puts the text some three centuries later

By way of contrast, the cryptic historical allusions are much

more problematic: decoding them, and correlating them with

history as we know it, is a very tricky business. The Prayer

01 Rashbi illustrates the problem. Heinrich Graetz dated this

important apocalypse to the time of the Mongol invasion in

the 13th century. F. Baer referred it to the period of the Third

Crusade. Bernard Lewis proposes a final redaction at the time

of the First Crusade, but argues that the work contains blocks

of material reflecting different periods of Islamic history, pos-

sibly going back as far as the Islamic conquests of the 7th

century. Here we have the instructive spectacle of three great

historians disagreeing as to the historical events reflected in a

text. Clearly caution is in order. It is tempting to try and tie

in the texts with known Messianic movements, or periods

when Messianic speculation was rife. The trouble with this

approach is that we now know so many of these in the Middle

Ages that precise correlations are well nigh impossible.

The burden of these remarks should be clear. There is no

room for dogmatism in the dating of late Hebrew apocalyptic

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LA FABLE APOCRYPHE

texts -whether they be scenarios of the end, or concerned

with cosmology, God's throne, or Hell and Paradise. The

confidence with which some scholars will tell us when these

texts were written is not supported by the evidence.

3.3. Relationship to Early Apocalyptic

A major issue in the history of late Hebrew apocalyptic is

its relationship to the classic early texts. That some sort of

relationship exists seems beyond any reasonable doubt: the

two bodies of literature share too many motifs, ideas and li-

terary forms to be unconnected. The only question is : What

precisely is the relationship?

The problem is complicated by the fact that there appears

to be a hiatus in the history of apocalyptic in Judaism. Late

Hebrew apocalyptic may be hard to date, but there is a con-

sensus that most of the texts are post-Talmudic, or late Amo-

raic at the very earliest. This view is hardly surprising given

the references to Islam (Ishmael) in the eschatological texts,

and the explicit dates such as the one we noted earlier in

Sefer Zerubbavel. In contrast to the spate of apocalyptic wri-

ting in post-Talmudic times, there is little evidence of a

strong interest in apocalyptic in the Talmudic era. Indeed, the

major Rabbinic texts of this period seem from time to time

to- be hostile to the subject. So a gap opens up between clas-

sic early apocalyptic which comes to an end around 100 CE,

and late Hebrew apocalyptic which burgeons to life around

500 CEo This hiatus renders more difficult the task of explai-

ning the similarities between the early and the late apocalyp-

tic literature of Judaism.

Two hypotheses are worth exploring.

The firs is that there was, in fact, no direct continuity

between late Hebrew apocalyptic and classic early apocalyp-

tic: the relationship was indirect -through Christian apoca-

lyptic. The old Jewish apocalypses were preserved in Chris-

tian circles, which also continued to create new apocalyptic

works. Is it possible, then, that Judaism rediscovered apoca-

lyptic in the early Middle Ages under Christian influence? A

number of considerations appear to lend credence to this

point of view.

(a) The lack of interest in apocalyptic in the Talmudic pe-

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EBREW APOCALYPTIC

riod particularly in the early literature) suggests that the im-

petus towards the rebirth of apocalyptic in Judaism came

from outside.

 b) The parallels between late Hebrew apocalyptic and clas-

sic early apocalyptic seldom point unequivocally to direct

knowledge of the early texts on the part of the later writers.

There is no evidence, e.g. that 3 En depends directly at any

point on 1 or 2 En. This fact throws some doubt on the pos-

sibility that early apocalyptic texts were transmitted within

Judaism.

 c) There are numerous parallels between late Hebrew apo-

calyptic and Byzantine Christian apocalyptic: note, e.g. the

parallels between the ApDan on the one hand, and SeIer Ze-

rubbavel and related texts on the other. These parallels may,

in the end turn out to be closer and more significant than

those between late Hebrew apocalyptic and classic early apo-

calyptic.

 d) Finally, we should recall here the evidence that.Jews in

the Middle Ages developed an interest in old apocryphal

works of Jewish origin, and translated some of them into He-

brew. This indicates a knowledge of Christian literature, and

may point to a desire to reclaim parts of the Jewish literary

heritage that had been « lost » to Judaism.

The second hypothesis is that the apocalyptic tradition did

continue unbroken in Judaism: it simply went « under-

ground » in the Talmudic period; it became an esoteric doc-

trine. On this view late Hebrew apocalyptic and classic early

apocalyptic would be directly linked, but by subterranean

channels. Again there are arguments to support this position.

 a) The evidence for a lack of interest in apocalyptic in the

Talmudic era comes from the « canonic » texts of Rabbinic

Judaism -the Mishnah, the Talmuds, he midrashim. Though

important these do not necessarily define the whole content

of Jewish thought or literature at that time. The Rabbis them-

selves refer to apocryphal works sefarim bizonim) of which

they disapproved -though they do not make it at all clear

what these were.

 b) There is a certain amount of circumstantial evidence

that some early apocalyptic texts were preserved and passed

down within Rabbinic Judaism. E.g. Hebrew apocalyptic tra-

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LA FABLE APOCRYPHE

ditions apparently lying behind the ApPetr ernerge in late He-

brew apocalyptic. Analysis suggests that these traditions were

passed down in Hebrew through Rabbinic channels. Sirnilarly

Mosheh ha-Darshan rnay have had access to a Hebrew ver-

sion of the Jub. He seernsalso to have known traditions now

attested only in 1 En and the Testaments 01 the XII Pa-

triarchs.

(c) It should also not be forgotten that we do find sorne

apocalyptic rnaterial in the Talrnud. One thinks of the section

on Ma aseh Merkavah in Bavli Hagigah, or the fairly nurne-

rous Messianic or eschatological passages scattered through

Talrnudic literature. The relationship of this rnaterial whithin

the canon of Rabbinic Judaisrn to late Hebrew apocalyptic is

problernatic. Urbach suggested that late Hebrew apocalyptic

can be seen as a sort of midrash on these Talrnudic referen-

ces. This rather irnplies that late Hebrew apocalyptic has

been generated by reflection on the brief and often cryptic

staternents n the Talrnud. It is hard to rnake sense of this po-

sition unless we posit a discontinuity between Talrnudic tradi-

tion and late Hebrew apocalyptic. Midrashic activity could

hardly have taken place unless the Talrnudic traditions had to

sorne degree becorne fossilized, and their rneaning no longer

self-evident. There can be little doubt that late Hebrew apo-

calyptic uses Talrnudic tradition to legitirnate its ideas, and it

is possible that midrash was one of the rneans by which the

tradition was developed. But the discontinuity which Ur-

bach s view seerns to dernand is rather irnplausible. It is

rnore satisfactory with Scholern to see Talrnudic apocalyptic

as « the tip of the iceberg» -as evidence in the exoteric li-

terature of Rabbinic Judaisrn of an esoteric tradition of apo-

calyptic extending back into the classical period, and forward

into late Hebrew apocalyptic.

(d) Sorne late Hebrew apocalyptic texts have been dated to

the Talrnudic period. Scholern over the years pushed the

Heikhalot literature earlier and earlier. He even seerns to

have toyed with the idea that parts of Heikhalot Zutarti are

Tannaitic. Buttenwieser argued that Seier Eliyyahu originated

in the third century. Gruenwald accepts a 4th or 5th century

date for Re uyyot Yellezq el. Seier ha-Razim rnay belong to

the sarne period. All these dates are, of course, problernatic,

and have by no rneans won universal acceptance. But he is a~

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216

LA FABLE APOCRYPHE

that is genuinely eschatological. This raises profound issues

that cannot be pursued here.

3.4. Sitz im Leben

A major problem in the study of late Hebrew apocalyptic,

as indeed of apocalyptic in general, is the question of its Sitz

im Leben. While the Sitz im Leben of much Rabbinic litera-

ture is obvious the Bet ha-Knesset or the Bet ha-Midrash),

in the case of late Hebrew apocalyptic we have no clear idea

of the institutional life-setting with which we are dealing.

Late Hebrew apocalyptic was an esoteric literature; the texts

would not have circulated on the open book-market, nor, in-

deed, have been intended for a general readership. In what

milieu, then, were they born, and what institutional vehicle

carried them and transmitted them to posterity? Certain signi-

ficant analogies suggest that a consideration of the Greek

scientific tradition may throw light on this problem. Greek

scientific literature which treated such subjects as mathema-

tics, engineering, medicine, and architecture) was also, on the

whole, an esoteric literature. And it displays a striking

similarity to late Hebrew apocalyptic in the fluidity of its

traditions: texts were worked and reworked, and many are

extant in a variety of recensions. Note, for example, the three

recensions of the teaching of the 3rd century BCE Alexan-

drian engineer Ktesibius -in Philo of Byzantium, in Vitru-

vius, and in Hero of Alexandria. The « scientist » behaved

with considerable freedom towards the tradition: he did not

slavishly copy a text: he adapted it, added to it, improved it

and generally shaped it for his own ends. How then was the

Greek scientific tradition transmitted? Broadly it is possible

to distinguish two channels, one of which I shall call the

« scientific school », and the other the « scientific circle ».

The school consisted basically of a master and a group of

pupils who came together to study a particular subject. By

modern standards the physical needs of the ancient schools

were very rudimentary: some would not even have had a

permanent building to occupy. A successful school might

continue over a number of generations, with a succession of

masters and pupils. Teaching was oral, but from time to time

texts emerged from within the schools which contained the

written deposit of the teaching of the school. These someti-

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HEBREW APOCALYPTIC

217

mes were based on the students lecture notes; at others they

were more formal and authoritative works by the masters.

The « scientific circle» was a loose association of scho-

lars, known to one another either personally, or by repute,

who were drawn together by a common interest in some sub-

ject. While the school (in our sense) was confined to a speci-

fic locality, the circle could have very widely scattered

members. The means of communication in the school was lar-

gely oral; in the circle it was through written texts which

were passed around and copied. Archimedes, for example,

corresponded on mathematics with an astonishingly far-flung

circle of scholars. Such circles could be extraordinarily eso-

teric and elitist: there were probably no more than a dozen

cognoscenti in Archimedes day who could have followed the

advanced mathematics of a work such as the Psammites. Such

a work would have had no role as a book for the general pu-

blic circulating on the open book market.

How useful is either the model of the school or of the cir-

cle for the understanding of the Sill im Leben of late Hebrew

apocalyptic? Something analogous to the school certainly

seems to have operated in the case of the Heikhalot litera-

ture. The description of the Great Seance in Heikhalot Rab-

bati points to the existence of conventicles of Merkavah mys-

tics who met together to study Ma aseh Merkavah, and to

practise ascent to the Merkavah under the guidance of a mas-

ter. Heikhalot literature could, then, be seen as the deposit of

a school tradition. Eschatology was, to some extent studied

by the Merkavah mystics, and may have been one of the

topics discussed from time to time in the Yeshivot. But we

have no real evidence for schools of apocalyptists devoted to

the study of eschatology. Here the model of the circle would

make more sense: interested scholars in various places would

circulate texts among themselves, and correspond with each

other, in much the same manner as Jewish philosophers did

in the Middle Ages.

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Moshe D. HERR

Universite Hebralque

de Jerusalem

LES RAISONS DE LA CONSERVATION

DES RESTES DE LA LITTERA TURE JUIVE

DE L EPOQUE DU SECOND TEMPLE

II va sans dire que ce qui Testede ce que l on pent appeler

la litterature juive de l epoque du Second Temple, c est-a-dire

leg textes qui ant ete conserves usqu a nos jours, est loin de

representer la totalite ni meme la majorite de ce qui a ete

ecrit par des Juifs a cette epoque.

Par « ce qui Teste » j entends leg collections de textes

confines sons leg noms d apocryphes et de pseudepigrapheset

en outre la litterature judeo-hellenistique dans Ie gens etroit

du terme, y compris Philon et Josephe evidemment (je dig

« dans Ie gens etroit du terme » parte qu apres tout, parmi

leg apocryphes et leg pseudepigraphes il y a aussi quelques

reuvres ecrites en grec 1 par des Juifs de la diaspora). Et nous

pouvons maintenant y ajouter leg textes et leg fragments trou-

yes a Qoumran qui sont de deux especes (ou plutot trois mais

la troisieme espece, ce sont leg textes bibliques, qui ne nons

concernent pas ici, bien entendu). Nous distinguerons donc

premierement la litterature qoumranienne au gens etroit du

terme, c est-a-dire la litterature ecrite par des membres de la

secte, deuxiemement des reuvres ecrites bars de la secte, dans

la plupart des cas probablement avant la fondation de la

sette. Certaines de ces dernieres d ailleurs etaient deja

conservees dans leg apocryphes et leg pseudepigraphes 2 tan-

dig que d autres nons etaient inconnues comme par exemple

1. Comme. par exemple, parmi les apocryphes,Sg et 2 M et parmi les

pseudepigraphes, me-medans Ie sens etroit du terme, les Oracles

Sibyllins.

2. Comme, par exemple. Si, parmi les apocryphes, et Jubiles, parmi

les pseudepigraphes.

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LA FABLE APOCRYPHE

20

l Apocryphe de la Genese. Un seullivre, ecrit a l interieur de

la secte, Ie Document de Damas, inconnu jusqu a la fin du

XIxe s., avail deja ete trouve dans la Gueniza du Caire. Bien

entendu, la presence d un livre quelconque dans la bibliothe-

que des qoumraniens ne constitue pas, ipso facto, one preuve

que ce livre ail ete ecrit par un qoumranien. Levitique, Esai e

ou Daniel s y trouvaient aussi. Jubiles, les Testaments des

douze Patriarches etc. ne soot pas non plus forcement qoum-

raniens, bien que la secte ail accepte quelques-ones de leurs

idees et lois (comme, par exemple, Ie calendrier quasi-solaire).

Evidemment, on pourrait aussi ajouter les restes de la litte-

rature judeo-chretienne produite avant 135, notamment quel-

ques evangiles SOil canoniques SOil apocryphes, quelques epi-

tres et I Apocalypse de Jean. II s agit ici de textes ecrits par

des Juifs et non par des chretiens d origine paYenne.

Comme je I ai laisse entendre, il est evident (et je ne crois

pas qu il soil necessaire de Ie prouver ici) que ces testes ne

soot pas la totalite ni la plus grande partie de ce qui a do

etre ecrit par des Juifs entre Ie lye s. avant l ere chretienne

et la premiere moitie du lie s. de I ere chretienne et qui n a

ete in corpore ni dans la Bible U emploie ce terme ici pour

designer ce qui est appele Ancien Testament dans Ie monde

chretien) ni dans la litterature tannaltique-talmudique.

En partie par intuition, mais surtout a cause de documents

oil nons trouvons des allusions 3, par exemple dans les tra-

vaux des Peres de l Eglise et dans la litterature talmudique,

je suppose que, tandis que nons connaissons maintenant a pen

pres deux cents livres soil en en ier soil en fragments, la

production totale de la litterature juive de cette epoque devait

atteindre environ mille livres; c est donc dire que, comparati-

vement, ce que nons connaissons n est qu une faible partie de

cette litterature.

Maintenant la question que je voudrais soulever, et qui est

Ie sujet de ma conference, est surtout une question methodo-

logique, a savoir : comment faut-il considerer cette petite

quantile de textes qui a ete conservee dans les apocryphes,

3. Sur ces allusions et sur quelques citations, voir, par exemple,

E. SCHORERt al., III/II, 1987, p. 796-798, 805-808; aussi ibid, 1II/l,

1986, p. 185-186,546, 557-558, 694-700; cr. aussiA.-M. DENIS,1970,

p. 284-305.

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221

A LITTERA TURE DU SECOND TEMPLE

leg pseudepigrapheset la litterature judeo-hellenistique? Faut-

il y voir des specimens de cette .litterature, sauves au hasard

des circonstances, c est-a-dire, ipso facto, representatifs de

toute cette litterature? Us seraient representatifs parce que si

nons arrivons deja a un chiffre d environ one centaine nons

pouvons dire d apres la logique de la methode des statistiques

qu en prenant cent exemples tout a fait au hasard nous obte-

nons one signification statistique et donc one image a pen

pres representative de la totalite. Les apocryphes etant envi-

ron au nombre de quinze, leg pseudepigraphes entre trente et

soixante 4 et leg ecrits judeo-hellenistiques au gens etroit du

terme au moins deux douzaines (sans compter Philon et Jose-

phe), cela nons donne deja presqu une centaine de livres,

sans compter leg nouveaux livres trouves a Qoumran et la lit-

terature judeo-chretienne. Ainsi pour savoir si ces textes soot

representatifs, il Caul se demander d abord si ces textes out

veritablement ete choisis par hasard et c est ce que je me

propose de discuter ici.

On admet plus ou moins tacitement depuis quatre ou cinq

cents aDs, sans meme se poser de question a ce sujet, que leg

Testes de la litterature juive de l epoque du Second Temple

soot precisement des ex empIes conserves p.ar hasard et

proportionnellement representatifs de chaque secte ou groupe

ou siecle indistinctement au gre du hasard. C est ce tacite

accord que je veux mettre en question et je pense que, lors-

qu on commence a mettre en doute cette derniere affirmation

et que l on observe leg choses de pres, on s aperyoit que de

nombreux problemes se posent.

Tournons-nous d abord veTS ceux des apocryphes et des

pseudepigraphes qui out ete ecrits en hebreu ou en arameen

par des Juifs du Pays d Israel. N est-il pas etrange que,

4. Les pseudepigraphessont evidemment beaucoupplus nombreux que

ceux inclus dans les editions de E. KAUTZSCH,900 ou de R.H. CHAR-

LES, 1913 et me-med A. DUPONT-SOMMERt M. PHILONENKO,987.

Ct. P. RIESSLER, 928. L edition de J H. CHARLESWORTH,983-1985

comprend quatre-vingt-douze textes. Mais, parmi eux, vingt-quatre

appartiennent a la litterature judeo-hellenistique au sens etroit du

terme, six au mains sont sans aucun doute chretiens, un texte est

gnostique et un est palen. Voir aussi sur la question: A.-M. DENIS,

1970; J.H. CHARLESWORTH,981, p. 15-25; G.W.E. NICKELSBURG,

1981; M.E. STONE,1984; E. SCHORERt ai, III/I, 1986, p. 177-704;

III/II, 1987,p. 705-808.

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222

LA FABLE APOCRYPHE

parmi one cinquantaine d'reuvres, on ne puisse attribuer qu'a

peine one ou deux reuvres aux pharisiens? Et encore l'attri-

bution de ces deux reuvres reste douteuse N' est-il pas

encore plus etrange qu'on n'ait pu attribuer raisonnablement

aucun livre aux sadduceens? Comme on sail, depuis la

Renaissance et encore plus depuis un siecle et demi, les

savants ont essaye, et avec raison, de classer les apocryphes

et les pseudepigraphes non seulement chronologiquement et

d'apres leur genre litteraire, mais aussi d'apres les groupes

qui les ont produits. Et, depuis one generation, il est entendu

qu on ne peut attribuer de maniere convaincante aucune de

ces reuvres aux sadduceens.Celaest deja suffisant pour nODS

amener a poser une question et a essayer de voir plus loin.

Apres tout, meme si l'on ne peut pas trop s'appuyer sur Jose-

phe qui ne rapporte l'existence que de trois ou quatre grou-

pes et meme si, comme je Ie crois, il y avail beaucoup d'au-

tres groupes plus petits 5, il n'en reste pas moins que les

pharisiens ont do constituer, surtout vers la fin de l'epoque

du Second Temple, un groupe assez mportant numeriquement

(et meme hors de ceux qui faisaient vraiment partie du

groupe, il y avail beaucoup de sympathisants). On devrait

donc s'attendre a ce qu'ils nODS ient laisse plusieurs reuvres.

Quant aux sadduceens, c' est-a-dire I' oligarchie aristocrati-

que de Jerusalem, ils etaient la classe dominante politique-

ment, socialement et economiquement sinon ideologiquement,

depuis les derniers hasmoneens jusqu'a la destruction du

Temple. Le fait que, parmi des dizaines d'reuvres, aucune

n' ail pu leur etre attribuee, est deja significatif.

Avant de continuer, rappelons que jusqu'a la decouverte de

la Gueniza du Caire en 1895-96, pendant presque mille aDS,

les seuls ouvrages juifs de l'epoque du Second Temple, y

compris la litterature judeo-hellenistique comme Philon ou

Josephe, qui ont ete conserves dans Ie monde, l'ont ete seule-

5. Les principales raisons pour lesquelles on ne peut pas accepter tel

quel Ie rapport de Josephe sont : a) Josephe ui-meme ainsi que la lit-

terature tannaitique-talmudique et les Evangiles (y compris les Actes

des Apotres) font allusion a plusieurs groupes (ou personnes apparte-

nant a des groupes), en plus des « quatre philosophies»; b) il est

impossible d'attribuer la plupart des apocryphes et des pseudepigra-

phes a l'une quelconque des« quatre philosophies »; cf. M.D. HERR,

1981,p. 1-20.

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LA LITTERA TURE DU SECOND TEMPLE

223

ment par l Eglise chretienne. Or ce soot seulement les apo-

cryphes qui ont ete conserves en grec (soit traduction, soit

original), par 1 Eglise (au moins avant la Reforme), tandis

que les pseudepigraphes ont ete conserves respectivement,

chacon a son tour, en diverses langues, dans des monasteres

lointains, comme celui du Mont Athos, et par des eglises par-

ticulieres et lointaines, comme 1Eglise slave orthodoxe et les

Eglises nestorienne et monophysite 6. La question est donc

naturellement : Est-ce que l Eglise ou les Eglises nODSont

conserve sans distinction et au hasard les specimens qui leur

etaient parvenus ou bien s agit-il d un autre phenomene?

Cette question m etait venue vaguement depuis tres long-

temps. Mais la question rebondit et devint beaucoup plus

frappante avec la decouverte des textes de Qoumran. Gra-

duellement, quand on commen~a a publier les documents ou

des fragments de ces documents, disons deja dans les annees

50 -non pas seulement quand les premiers soi-disant sept

grands rouleaux furent publies mais surtout quand Ie D.l.D.,

I : Qumran Cave I rut publie en 19557 -la situation devint

plus claire et la question encore plus vive.

Comment est-il possible qu absolument aucune reuvre

produite par les qoumraniens (il s agit au moins de cent reu-

vres) n ait ete conservee parmi les apocryphes ou les pseude-

pigraphes? Ie ne parle pas ici des textes ecrits hors de la

secte, comme les Testaments des douze Patriarches ou Ie

Livre des lubiles, et conserves a Qoumran, mais des textes

produits dans la secte m~me.

Comme on sait, il est assez facile de decider si un frag-

ment appartient a la secte ou non. 11 soffit de quelques dizai-

Des de lignes. Nous savons tous qu il y a des cliches et des

recurrences qui caracterisent indubitablement la secte : des

termes comme « les anges des tenebres et les anges de la

lumiere » et d autres comme Ie mot « Yahad », les noms

6. L Eglise a egalement conserve, en grec, la majorite des reuvres de

Philon (quelques-unes seulement en armenien dans l Eglise armenien-

ne) et de Josephe (quelques passagesseulement en latin dans l Eglise

occidentale). De me-me es Peres de l Eglise (Clement d Alexandrie,

Eusebe, Pseudo-Justin) ant conserve des fragments de la litterature

judeo-hellenistique soit d apres Alexandre Polyhistor soit d apres les

originaux.

7. D. BARnlELEMY-J.T.MILIK. 1955.

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224

LA FABLE APOCRYPHE

« Juda, Ephraim et Manasse » ou encore l allusion a la theo-

fie de la double predestination dans sa forme premiere

comme dans Ie Document de Damas ou dans sa forme plus

elaboree comme dans Ie Manuel de la Discipline et les

Hodayoth (Hymnes). Dans la plupart des cas, cinquante ou

soixante mots suffisent.

Comment donc aucune de ces reuvres n a-t-elle ete preser-

vee? 11 y a beaucoup plus de cent ouvrages ecrits par les

qoumraniens et autun n a ete conserve par aucune Eglise.

Cela est plus que surprenant. Ici, il y a certainement one

signification statistique 8. Donc on peut deja arriver a l hypo-

these que l Eglise n a pas laisse au hasard la conservation

des reuvres, bien au contraire.

II teste a montrer quel est Ie caractere du corpus conserve

et comment et pourquoi il a ete preserve. C est parfois a

premiere vue et parfois apres une analyse plus profonde que

l on decouvre que presque toutes- eg reuvres qui soot restees

semblent attirantes pour des chretiens, soit pour 1 esprit chre-

tien en general, soit pour une Eglise particuliere dans cer-

tains cas, l Eglise ethiopienne par exemple. Ie vais essayer de

doDDer ci la plupart des exemples.

Premierement,- leg reuvres comme Ie Deuxieme livre des

Maccabees ainsi que Ie Quatrieme et Ie Troisieme livres soot

leg precurseurs de la martyrologie chretienne. Elles ont

fourni leg meilleurs exemples aux martyrs chretiens qui ne

pouvaient en trouver de pareils dans la Bible juive. II n est

8. II est clair qu a l epoque des Peres de l Eglise on avail deja trouve

plusieurs textes qoumraniens. Voir Eusebe,Hist. eccl. VI,16,3 (qui cite

Origene), sur la decouverte de rouleaux juifs : «en Hierichoi eureme-

nes en pithoi kala tous chronous Antoninon Lou uiou Severou », Anto-

nin, fils de Severe, etant Ie nom officiel de Caracalla (211-217).Voir

aussi la lettre de Timothee, Ie Patriarche de Seleucie (727-823), Ii.

Serge, Metropolite d Elam (mort vers 805), sur la decouverte de rou-

leaux dans une grotte, a cote de Jericho, vers l an 786 : au cours

d une chasse, e chien d un Arabe entra dans une grotte qui se trou-

vail dans les rochers et causa la decouverte de textes bibliques et

autres dont plus de deux cents psaumes. Voir O. BRAUN,1901,p. 299-

313; R.J. BIDAWID, 1956, p. 36-37. Voir aussi O. EISSFELDT, 949,

p.595-600; R. DE VAUX, 1950, p. 417-429; P. KAHLE, 1959, p. 16-17.

Mais aucun de ces textes ne rut conserve ni par 1Eglise ni par une

Eglise particuliere, ce qui est tres significatif.

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226 LA FABLE APOCRYPHE

parodiant Voltaire, on peut dire que, s ils n avaient pas

existe, leg chretiens auraient aime leg inventer. En effet, ils

servirent de base et de fondation aux theories antinomistes de

Paul. Wolfson 9 a deja prouve, il y a quarante aDS,que Philon

a fourni la source philosophique la plus importante pour leg

Peres de 1 Eglise. Dans cette categorie on peut ajouter leg

Sentencesdu pseudo-Phocylide et celles du pseudo- Menandre,

qui insistent sur leg preceptes moraux (quasi-noachiques) et

universels, comme Paul.

Cinquiemement, la plus grande partie des pseudepigraphes

soot des livres apocalyptiques. II n est pas besoin d insister

sur l importance que leg chretiens donnaient aux apocalypses.

La revelation divine par l intermediaire des anges comme

substitut des propheties, I eschatologie, leg descriptions detail-

lees du paradis et de I enfer, des anges et des demons, fai-

saient partie des themes essentiels de l enseignement de

l Eglise. Plus encore, plusieurs themes principaux des apoca-

lypses juives comme l histoire des relations sexuelles entre

leg anges et leg rilles des hommes ou la figure d Henoch

montant au ciel furent essentiels pour l Eglise. L histoire des

rapports entre leg anges et leg femmes et l engendrement des

geants par leg anges ainsi que les histoires des naissances

d Henoch et de Noe fournissent soi-disant one preuve de la

possibilite de la conception surnaturelle de Marie. Quant a la

fin d Henoch, ce rut one preuve pour la croyance a la fin

particuliere de Jesus.

Sixiemement, on arrive enfin a Flavius Josephe et on se

demandera pourquoi 1 Eglise l a conserve. La reponse me

semble evidente. C est seulement a cause du faussaire qui,

plusieurs siecles apres la mort de Josephe, a invente Ie cele-

bre Testimonium Flavianum et l a insere dans Ie texte des

Antiquites. C est a cause de ce faux que l Eglise a dfi garder

toute l reuvre de Josephe. La, elle trouvait la seule source

non chretienne qui, d apres leg Peres de 1 Eglise, pouvait

prouver l existence surnaturelle de Jesus; et quelle valeur

aurait eu ce fragment sans l reuvre complete? La preuve

residait dans Ie fait qu un historien juif croyant et pharisien,

donc ni chretien ni meme judeo-chretien, admettait, comme

en passant, existence surhumaine de Jesus.

9. H.A. WOLFSON,947; idem, 1970.

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227

A LITTER A TURE DU SECOND TEMPLE

J ai essaye de montrer quel etait l attrait, pour les chre-

liens, de presque taus les livres apocryphes qu ils ant conser-

ves, a l exception de Ben Sira, Baruch, Esdras apocryphe (I

[au III] Esdras), la Priere de Manasse et Psaume CLI.

Baruch et la Priere de Manasse insistent sur l importance de

la repentance -one notion essentielle pour l Eglise. En ce

qui concerne Ben Sira, il n y a pas lieu d y chercher un

attrait particulier pour les chretiens. En effet, les Juifs

eux-memes, Ii l epoque de la Mishna et du Talmud, avaient

considere Ie livre de Ben Sira comme faisant partie de la

Bible. Ce livre est cite plusieurs fois dans la litterature tal-

mudique, les citations etant annonceespar les termes shenee-

mar en hebreu ou dikhetiv en arameen, termes utilises uni-

quement pour citer des textes bibliques. II est meme parfois

cite avec la formule : « C est ecrit dans la Tora (citation d un

verset du Pentateuque) et repete par les Prophetes (citation

des Prophetes) et troisiemement mentionne dans les ketouvim

[Hagiographes] (citation de Ben Sira) ». Or si les Juifs

eux-memes sanctifiaient Ben Sira 10 l n etait que logique que

les chretiens qui sanctifiaient toute la Bible juive Ie fassent

egalement11.

Jusqu ici, j ai mentionne surtout les apocryphes, faisant

allusion seulement en passant a quelques reuvres des pseude-

pigraphes, comme les apocalypses, et de la litterature judeo-

hellenistique. Maintenant Ie moment est venu d expliquer

pourquoi tel livre des pseudepigraphesa ete conserve par tel-

Ie Eglise. Je me contenterai de quelques exemples. Les apo-

calypses ant ete conservees surtout par les Eglises d Orient et

non par l Eglise catholique, car dans celie derniere, a

l Ouest, il y a eu one reaction anti-apocalyptique au Moyen-

Age tandis qu a l Est l atmosphere apocalyptique a survecu.

La gran de Apocalypse d Henoch (Henoch ethiopien) et Ie

Livre des Jubiles ant ete conserves integralement seulement

par l Eglise ethiopienne. Pourquoi seulement par l Eglise

10. Voir M.Z. SEGAL,1958, p. 37-42; cf. M. HARAN, 1956, p. 245-

259; S.Z. LEIMAN, 1976, p. 92-97; voir aussi S. LIEBERMAN,1934,

p. 50-57.

11. Esdras apocryphe reproduit quelques textes de la Bible, prig dans

Chroniques, Esdras et Nehemie, et y ajoute une anecdotenouvelle qui

rut consideree comme historiquement authentique par plusieurs Juifs

hellenistiques (voir Josephe,Ant. XI,31-68). En consequence,ce livre

rut adopte egalementpar leg Peres de l Eglise.

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228

LA FABLE APOCRYPHE

ethiopienne et non par I Eglise armenienne ou I Eglise nesto-

rienne, ou par I Eglise monophysite syriaque? C est que Jubi-

ie s exige categoriquement que les justes (comme les anges)

soient circoncis et declarent que les non-circoncis sont les

enfants de la perdition. Ces reuvres insistent egalement sur

les lois de purete et d impurete. Or tela correspondait aux

coutumes originelles de I Afrique orientale. Ce n etait donc

pas one nouveaute pour les Ethiopiens. Au contraire, chez

eux les lois de la circoncision, de purete et d impurete ont

one signification des plus profondes et l Eglise ethiopienne a

trouve dans Ie Livre des Jubiies et Henoch one justification

pour continuer ces pratiques de I epoque paienne, malgre I at-

titude antinomiste de Paul que I on trouve dans ses epitres.

Revenons maintenant a la question: pourquoi l Eglise ou

les Eglises n ont-elles conserve aucune reuvre ni de la secte

de Qoumran 12ni des sadduceensni des pharisiens?

La litterature de Qoumran etait theocentrique. L homme

existe uniquement parce que Dieu I a voulu et pour la gloire

de Dieu uniquement. II n est qu un miserable veT plein d im-

puretes et de faiblesse : comment pourrait-il oser meme poser

des questions? Cette conception theocentrique semble tout a

fait a I oppose des theories comparativement anthropocentri-

ques de Paul. Pour Paul, apres tout, Dieu est venn vivre la

vie d un homme et meme mourir comme un homme pour

sauver les etres humains, et aucun disciple de Paul n aurait

pu accepter la conception des qoumraniens pour qui I homme

est one sorte de vermine ou d ordure. Un chretien aurait ete

choque, revolte et degoute par n importe quelle reuvre qoum-

ranienne.

12. II est evident que la ressemblance de la secte de Qoumran avec

celie des esseniens est plus grande que la ressemblance des ecrits

qoumraniens avec ceux de n importe quel autre groupe juif de l epo-

que. Cependant ce n est pas suffisant pour identifier leg qoumraniens

avec leg esseniens.Comme tous ces groupes sont ires peu connus, on

risque toujours de confondre des groupes partiellement semblables.

Cette erreur n est pas seulement celie des savants contemporains.

Ainsi, il y a presque deux mille ans, Herode Antipas avail deja

confondu Jesus avec Jean-Baptiste alors que ce dernier avail deja ete

execute. De la me-me a~on, Ie chiliarque romain avail confondu Paul

avec Ie magicien juif d Egypte deja disparu sur Ie Mont des Oliviers

quelques anneesauparavant. Cf supra, note 5.

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LA LITTER A TURE DU SECOND TEMPLE

229

Pareillement, mutatis mutandis, en ce qui concerne les

sadduceens. D apres Josephe, la litterature talmudique, les

Evangiles et les Actes des Apotres, les sadduceens niaient

totalement la resurrection des moTts, I immortalite de I arne,

ainsi que les idees de retribution selon les merites apres la

mort et la croyance en la pronoia (providence) intervenant

dans les affaires humaines. Tout cela n etait pas moins revol-

taut pour un chretien que la litterature qoumranienne. Quant

aux reuvres des pharisiens, il est clair que leur exigence de la

stricte observance des lois et leur attention aux details des

preceptes auraient beaucoup gene les chretiens et de toutes

rayons cela ne pouvait etre d aucune utilite pour les chre-

liens. Alors pourquoi les conserver?

II ne nons Testeplus qu A conclure. J ai essaye de montrer

que l Eglise n a pas du tout conserve des specimens de litte-

rature juive au hasard ni, ipso facto, des specimens represen-

tatifs de cette litterature. L Eglise n a conserve en general

que les reuvres juives qui venaient appuyer ses propres theo-

ries. C etait les similitudes qui attiraient. Ce n est guere

etonnant qu il y ail aussi des livres des pseudepigraphes

ecrits par des Juifs, qui ont ete pris par des savants pour des

livres chretiens comme, par exemple, Odre Salomonis, Vitre

Prophetarum, et meme Joseph et Asenath.

Comment s est donc produite la survivance des apocryphes,

des pseudepigrapheset des Testesde la litterature judeo-helle-

nistique 13et quelle en est la signification? Que I on me com-

prenne bien. Je ne veux pas un instant suggerer qu il s est

agi d une decision deliberee d un quelconque synode ou

concile ni meme d un groupe ou d individus discutant entre

eux et tranchant la question.

13. L article recent de G. VERMES t M. GOODMAN, 984, p. 31-39,

soutient la these que les textes qui nODS ont TeSteS e la litterature

judeo-hellenistique. c est-a-dire la litterature juive en grec, constituent,

en fait, a peu pres tout ce qui a jamais existe dans cette litterature.

Cette these, dite « sceptique », s oppose a l opinion commune que les

auteurs qualifient d optimiste et qui affirme que les livres « que la

tradition chretienne a sauves de l oubli, suivant des principes obscurs,

correspondent seulement a une fraction du corpus original» (ibid.,

p. 31). L argument principal que Vermes et Goodman alleguent a l ap-

pui de leur these est qu il ne semble pas qu il ail existe, hoTsde ce

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LA FABLE APOCRYPHE

30

C est simplement sans doute Ie resultat d un assez long

processus soi-disant naturel d elimination quasi darwinienne.

Les reuvres les plus adaptees I, I Eglise ont survecu. La litte-

rature juive de l epoque du Second Temple etait probablement

beaucoup plus variee que ce qui DOUS n reste mais la majeu-

re partie de cette litterature rut completement delaissee par

l Eglise comme d ailleurs par leg Juifs eux-memes qui en

avaient abandonne la totalite car elle ne convenait pas non

plus au judaIsme talmudique.

qui nous reste, une litterature judeo-hellenistique qui aurait ete

repoussee par une censure chretienne puisque Eusebe cite bien Arta-

pane oil I on peut trouver des details qui ne correspondent pas aux

idees des Peres de l Eglise (ibid., p. 34). A cela on peut repliguer

qu il n y a, chez Artapane, qu un seul detail qui pouvait gener l Egli-

se, a savoir que MoYseavait invente et introduit de nombreux cultes

dans la religion egyptienne, ce qui, d ailleurs, n etait qu un moyen

pour consolider I absolutisme du pharaon et qu il ne s agit la que

d une histoire concernant Ie jeune MoYse,eleve a la cour de Pharaon,

comme un Egyptien palen, avant qu il n ait decouvert sa veritable

identite et avant la revelation dIvine (cf.Y. GUTMAN, l, 1963, p. 123-

125; et GOODMANui-meme [E. SCHURERt al., ill/I, 1986, p. 522-

523]). En revanche, Artapane, quand il raconte que les portes de la

prison de MoYses ouvrirent d elles-memes pour lui permettre de s en-

fuir, fournit un excellent prototype et precedent aux Actes des Apotres

qui rapportent qu un ange vint sauver de la prison, de la me-me ayon,

les apotres et, encore une autre fois, Pierre seul (cf. Y. GUTMAN, l,

1963, p. 130). Encore plus recemment GOODMANE. SCHURERt al.,

III/I, 1986, p. 472, n. 4) a ajoute un autre argument a cette these

« sceptique », remarguant que, s il y avait eu d autres textes juifs en

grec, les Peres de l Eglise auraient pu s en servir dans leurs apologies

et leurs instructions, de me-meque d autres auteurs juifs auraient pu

aisement es citer et il conclut : « Failure to use more than a handful

suggests that only a few ever existed» (ibid.). A cela il faut repondre

d abord que cet argument repose sur la supposition gratuite que les

textes en question auraient ete vraiment attirants pour l Eglise. Je

soutiens justement Ie contraire. Car non seulement les textes perdus

n apportaient lien de particulierement interessant pour l Eglise, mais

plusieurs de ces ecrits devaient tIes probablement contenir des passa-

ges qui etaient en contradiction avec ses theories, comme, par exem-

pIe, l obligation d observer rigoureusement des preceptes comme la

circoncision, Ie shabbat, es lois alimentaires, etc. Par contre les textes

preserves par l Eglise contiennent effectivement plusieurs elements

utiles pour celle-ci (voir supra). Enfin, les autres auteurs juifs, corome

Philon et Josephe, ne citent aucun des textes judeo-hellenistiques

meme preserves et connus. II n y a donc pas a s etonner qu ils n en

citent pas d autres non plus.

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Ban I. W. DR/IVERS

Groningen

APOCRYPHAL LITERATURE

IN THE CULTURAL MILIEU OF OSRHOENE

Lecturing about apocryphal literature in the cultural milieu

of Osrhoene is totally different from e.g. giving a paper on

Albert Camus literary oeuvre and the culture of French Nor-

thern Africa, or James Joyce s Ulysses and the intellectual

climate at Dublin in the twenties. Although the difficulties of

such investigations should not be underestimated, I have been

confronted with so many questions and problems that a ques-

tion-mark after the title of this paper would be more

appropriate. Let me, therefore, first of all list some of those

problems in order to give an impression of the specific dif-

ficulties involved in the study of apocryphal texts that

originate in the Syriac-speaking area of Northern Mesopota-

mia, the tiny kingdom of Osrhoene with Edessa as its capital.

What are the characteristics of the cultural milieu of Osr-

hoene and are they different from those of other areas and

cities in the Near East in the first three centuries A.D.? Do

we possess sufficient sources for an adequate description of

Osrhoene s cultural pattern? Which apocryphal writings

originate in that specific cultural milieu? What mental and

religious outlook do they represent? Are they products of a

gnosticising branch of Christianity or just the opposite, to

mention only one of the current alternatives so hotly disputed

in our discipline. Possible answers to these questions are cru-

cial for any characterization of that cultural climate in East-

Syrian, since Christian apocryphal treatises that may have

been written there are the only literary sources for know-

ledge of its thoughtworld. The number of questions can be

greatly multiplied, but the main problems are sufficiently

clear and still unsolved.

Osrhoene was a tiny kingdom in Northern Mesopotamia,

whose capital Edessa was a Seleucid city. In 132 B.C. during

the period of decline of Seleucid power a local dynasty of

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232

LA FABLE APOCRYP~

Arab origin made Osrho~ne independent. From that time an

arabarchos ruled the city and the surrounding area and suc-

cessfully preserved its independence till 214 A.D., when the

emperor Caracalla made it into a Roman colonia. A last des-

cendant of the royal family may have ruled or at least been

present till 242 or 248 A.D. 1. For almost four centuries the

local rulers maintained the city s freedom and independence

between the rival powers in the East and the West, between

Rome and the Parthians, with astuteness and intelligence.

This history is an excellent example of the histoire a longue

duree that is so characteristic of the ancient Mediterranean

world.

The palpable remnants of Edessa s ancient culture are scan-

ty : some columns and capitals, mosaics and fragments of

sculpture, about seventy old-Syriac inscriptions and a certain

number of coins, supplemented by records of the era of the

kings that are found in later Syriac literature together with

some information about the detested pagan idolatry 2. Real

written sources that date back to that period are very few: a

letter of Mara bar Serapion to his son with philosophical

rules and recipes for his behaviour, a vivid eye-witness ac-

count of a flood of the river Daisan that is to be found in

the Chronicon Edessenum and a Syriac deed of sale dating

back to 243 A.D. that was discovered at Dura-Europos 3. In

that deed of sale the archives of the city of Edessa are

referred to as the place where important documents are kept.

The author of the ChronEdess took at least some of his infor-

mation from those particular archives which are also men-

tioned in the Doctrina Addaf, the legend of the origin of at

least part of the local Christian community. Eusebius explicit-

ly refers to the Edessene archives at the place where he got

1. For Edessa s history see R. DUVAL,1892; J.B. SEGAL,1970: a list

of Edessene kings can be found on p. 15; R.J. W. DRIJVERS,1977,

p.863-885.

2. See J.B SEGAL, 1970, p. 9-61 and the plates; H.J. W. DRIJVERS,

1972; H.J.W. DRIJVERS,980.

3. Mara bar Serapion s etter in W. CURETON,855, p. 43-48; F. SCHUl.,.

THESS, 897; Chronicon Edessenum I. GUIDI, 1903)presents the story

of the flood of 201 C.E. as first record; the Sytiac Deed of Sale from

Dura-Europos in J.A. GOLDSTEIN,966; H.J.W. DRIJVERS,972, p. 54-

57; cf A.R. BELLINGER-C.B.WELLES, 935.

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233

DESSENE APOCRYPHA

his version of the Abgar legend 4. Those archives contained

royal annals, laws and decrees, copies of deeds and official

correspondence, and if we consider the DoctrAddai a histori-

cally reliable document, the foundation act of the Christian

church. The Edessene archives was connected with the royal

chancery where the royal correspondencewas conducted.

The local Edessene institution had its forerunners in the

chanceries of the Seleucid empire which were modelled on

similar offices in Achaemenid times. A high-ranking courtier,

the epistolographos, was head of the chancery 5. The infor-

mation of the DoctrAddai on king Abgar's correspondence

with Jesus of Nazareth that was conducted by Hanan the

tabularius fits, in routine and pattern, the Royal Correspon-

dence in the Hellenistic Period (C.B. Welles). As the hellenis-

tic kings had done earlier, a copy of this correspondence was

inscribed in stone and put in public view near Edessa where

it was discovered in modern times 6.

The royal court had a central function in local urban cul-

ture. In its archives it kept the memories of the past in royal

annals. The ChronEdess preserved some traces and fragments

of those chronicles. The local ruler brought philosophers and

other scholars to his court like the hellenistic kings and the

sovereigns of the Mesopotamian realms. Bardaisan (154-222

4. The story of the flood of 201 C.E. ends with the following senten-

ces : « Haec acta regisque Abgari edictum conscripsere Maryahb bar

Shemesh et Qayoma bar Magartat, notarii Edesseni : eaque in tabula-

rium Edessenum intulere Bardin et Bolyad, ejusdem tabularii praefec-

ti, utpote urbis commissarii (Sharire) ». The Doctrina Addai, (G. Ho-

WARD, 1981), ends with the following statement: «As is the custom in

the kingdom of King Abgar and in all kingdoms, everything which is

said before him is written and placed among the records. Labubna,

the son of Senaq the son of Abshadar, the scribe of the king, there-

fore, wrote the things concerning the Apostle Addai from the begin-

ning to the end, while Hanan, the faithful (Sharira) archivist of the

king, set the hand of witness and placed it among the records of the

royal books, where the statuses and ordinances are placed. The mat-

ters belonging to those who buy and sell are also kept there with care

and concern»; cf. Eusebius, HE 1,13,5; Acts of Barsamya, CURETON,

1864, p. 72.

s. Cf. C.B. WELLES, 1934, p. xxxvii sq.

6. See M.V. OPPENHEIM.F.HILLER von GAERTRINGEN, 914, p. 817 sq.

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LA FABLE APOCRYPHE

34

A.D.) the Aramaic philosopher and astrologer and courtier of

king Abgar VIII the Great is well-known. Sextus Julius Afri-

canus who accompanied the emperor Septimius Severus to

Edessa met him there and admired his skill as an archer 7. In

that time Edessa most likely had a kind of « school » where

the young local aristocrats were educated and philosophy and

rhetoric were taught 8. The royal family had a prominent

position among the local aristocrats, so we learn from the

DoctrAddai that gives a description of the king and his

nobles. There existed a kind of patronus-cliens relationship

between the arabarchos and the members of noble families

that is clearly depicted on a recently discovered Edessene

tomb mosaic 9. The king functioned as « lord and benefac-

tor » of the local aristocratic families who in their turn

honored the members of the royal family with public inscrip-

tions, statues and columns. The same pattern of mutual

homage marking a common high rank in the social body of

the urban community existed at Palmyra and Hatra 1°. Syriac

was the spoken and written language at Edessa and the neigh-

bouring Osrhoene area, although large groups of the urban

population and surely the elite mastered Greek. Teaching and

literary education, however, were offered in Syriac. Philoso-

phical discussions were held in Syriac and philosophical

treatises were written in Syriac, so that Greek paideia

presented itself in Syriac disguise. Unlike the situation in

Antioch and its surroundings, a linguistic frontier was not a

cultural barrier dividing and separating the Greek-speaking

elite from the Aramaic-speaking rank and file. Greek and Sy-

riac functioned as languages that were equivalent to each

other with the consequence that treatises originally written in

Syriac were often immediatly translated into Greek and the

other way around. We may assume that a strongly developed

sense of national pride gave that specific function of cultural

7. Text in PC X, col. 45; cf. H.J.W. DRUVERS,966, p. 167.

8. SeeE.R. HAYES, 930; cf. H.-I. MARROU, 94~,p. 291sq.

9. H.J.W. DRIJVERS,982; J.B. SEGAL,1983, p. :107-110,s of the opi-

nion that the pictured Abgar bar Ma nu does not represent king Abg 4I

the Great but a later member of the royal house, when the dynasty

did not actually reign Edessa.

10. H.J.W. DRIJVERs, 982, p. 184sQ.

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235

DESSENE APOCRYPHA

vehiculum to the local Aramaic dialect 11.During the second

half of the second century A.D. when Edessa reached the

pinnacle of its political and cultural life, local coins had Sy-

riac legenda 12.

Although not a typical caravan-city Edessa was situated at

a junction of important high-roads leading to India and

China. An Indian embassy on its road to the emperor Elaga-

bal passed by Edessa and informed Bardaisan about Brah-

mans, Indian laws of purity and cosmological concepts. He

worked up all this information into a book on India that Por-

phyry knew of and from which he preserved some useful ex-

cerpts 13. Even knowledge of China and Chinese culture was

available at Edessa. For it was an important station on the

ancient silk-road and many travellers and merchants passed

by Edessa on their way to or from the Far East and often

sojourned there for some days.

This survey consists of cultural relics often preserved by

chance and of some stray records and notes -real cultural

bric-a-brac. It can be supplemented with information about

local dress and with scanty reports on pagan cults of Bel,

Nebo and Atargatis and the ancient Mesopotamian moon god

Sin 14. Taken as a whole, however, it is certainly not suffi-

cient to sketch a coherent picture of Edesseneculture. We do

not know anything about historical traditions that shaped the

Edessene national and cultural identity. Religious myths and

Syriac literature from the prechristian period are totally un-

known. We can only guess at social behaviour, at the prevail-

ing value system and at what people talked about in public or

private. For human culture is not a collection of artifacts and

written texts, but first and foremost « a set of control mecha-

nisms, plans, recipes, rules, instructions (what computer

engineers call « programs ~~), or the governing of be-

11. Such is the case with Bardaisan s writings, cf. H.J.W. DRUVERS,

1966,p. 63sq; Eusebius,HE IV, 30, and with the apocryphal AcThom.

12. Cf.H.J.W. DRUVERS,980,p. 28-33, pl. XXXII, XXXIII, XXXIV.

13. Porphyry, De Abst. IV,17; Porphyry, De Styge = FGH, III,C,

Fr.719; cf. H.J.W. DRUVERS, 966,p. 173-176.

14. Sin was venerated as Marelahe = « Lord of the Gods» at Sumatar

Harabesi sixty kilometers south-east of modern Or a in the Tektek

mountains, where a whole range of Syriac inscriptions attest to his

cult: see H.J.W. DRUVERS, 980,p. 122-145.

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236

LA FABLE APOCRYPHE

havior » 15. These « control mechanisms » consist of « sig-

nificant symbols », words, but gestures, sounds and images

too that give meaning to human experiences. and construct

reality into a human, i.e. a cultural world. In a scholarly

tradition that is different from anglo-saxon cultural anthropo-

logy we would use the term « mentalite » 16.

Written sources are the primary means of obtaining any

knowledge and understanding of « significant symbols » and

mentalities of ancient cultures and societies. Partly in con-

trast with and partly in addition to traditional philology, new

methods of text analysis have been developed in order to in-

vestigate texts as condensed meanings in a given social con-

text. Words like contextuality and intertextuality were intro-

duced into scholarly slang. For convenience and on purpose I

will pass over the higher cryptology of structuralism, since I

am not interested in the eternal, and therefore non-existent,

structures of the human mind, but in utterances and forms of

that mind in a specific social-historical situation. « Human

thought is basically both social and public », because human

nature or human mind does not exist independently of cul-

ture 17.

Apocryphal writings that probably originate in Osrhoene

and Edessa are almost the only sources of possible insight

into at least a segment of Edesseneculture in the second and

third centuries A.D. They reflect the reception of Christianity

in various forms into different groups of the population, and,

therefore, give an idea of their prevailing concepts. In the

same way Bardaisan s works and doctrine reflect and give in-

sight into the thoughtworld of the local philosophically train-

ed aristocratic milicu. I will restrict myself to the Doctr-

Addaf 18, he Acts of [homas 19,and the Odes of Solomon 20

15. Ct. GEERTZ, 973..p. 44; cf. for Geertz concept of culture as « an

ordered system of meaning and symbols, in terms of which social in-

teraction takes place », R.L. MOORE-F.EREYNOLDS,984,p. 11-74.

16 See J. LE GOFF, 974; G. DUBY,1961; M. VOVELLE, 979.

17. Ct. GEERTZ, 973,p. 45.

18. G. PHILLIPS, 876; G. HOWARD,981 eprinted Phillips Syriac text

and gave a new translation. The literary and historical problems con-

nected with the DoctrAddai are complicated: cf. A. DESREUMAUX.983.

19. Syriac text of the AcThom in W. WRIGHT, 871; seeA.F.J. KLIJN,

1962 and in particular F. BOVON,1981,p. 223sq.

20. J.H. CHARLESWORTII,977; the editio princeps of J. RENDELHAR-

RIS-A. MINGANA,1916-1920emains indispensable.

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EDESSENE APOCRYPHA

237

which does not imply that these writings all reflect the same

mentality and social context. It is possible that also the

Pseudo- Clementine writings and the Didascalia Apostolorum

are related to the Edessene milieu, but much is uncertain

here 21.The same holds true for the other writings under Tho-

mas name, although it seems highly likely that they also ori-

ginate in Syriac-speaking Northern Mesopotamia, since they

have much in common with the AcThom and the OdSo122.

The theme of conversion holds a prominent place in all

these writings. Background, milieu, and motives of conver-

sion are of paramount importance for our inquiry, since they

may mirror what driving forces played a role and what

values stood in high esteem. The milieu in which conversion

is usually situated is the royal court and noble circles related

to it. That milieu dominates and guarantees existing social

values and hierarchy, and consequently also changes in that

pattern. The royal court dominates the scene of the DoctrAd-

dai. and the apostle Judas Thomas, slave and twin of Jesus,

destroys marriages and social relations mainly at royal courts

and in noble families. The conversion of a king at the center

of the whole society bears a special importance which throws

new light on the often proclaimed revolutionary aspects and

anti-social trends of Thomas encratism.

The spiritual and intellectual climate of the Edessene royal

court is, at least partly, reflected in the philosophy of the

courtier Bardaisan. The Aramaic philosopher can be con-

sidered a typical representative of the elite and its cultural

ideal that shape young men for a leading role in society 23.

His view of man as a being that consists of body, soul, and

mind and on those three levels is ruled by the laws of nature,

by fate, and by freedom respectively is a special variant of

the anthropology of Middle Platonism 24. But it is also a view

that is characteristic of a ruling elite for which the superio-

rity of mind and free will is essential to the exercise of

power and to overcoming the revolt of the body and the

21. See R.H. CONNOLLY,929,p. lxxxvii sq.

22. That becomes clear from H.-Ch. Puech s impressive analyses

the main concepts n the Gospel of Thomas: H.-Ch. PUECH, 978.

23. See P. BROWN, 978a.

24. SeeA. DIHLE,1979.

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LA FABLE APOCRYPHE

38

caprices of fate. Being involved with spiritual matters and

with the divine world does not necessarily imply withdrawal

from society and a quiet life of study and contemplation. On

the contrary the concentration of cultural ideals in one man,

the philosopher, places him as teacher and paradigm in the

real center of society. The philosopher's presence at a royal

court, as e.g. Bardaisan at Edessa and-Longinus at Zenobia's

court in Palmyra, is, therefore, not mere decoration or

snobism of a barbarian monarch, but the representation of the

central values of society in the center of power.

Conversion and asceticism that would imply a farewell to

established social life is accordingly no part of Bardaisan's

philosophical doctrine. The divine spirit, identified by him

with God's logos or Christ, brings order into the chaos of

matter and dwells in man. It directs him to do good and to

control his physical existence and vicissitudes in life. That is

the real ideal of the well-educated and wise aristocrat Bar-

daisan's well-attested polemics with Marcion consequently

has a much deeper ground than a mere theological dispute on

the principles of creation at first sight would suggest. Two

lifestyles come into conflict here. The cultural ideals of a

ruling class will always make a stand against an ideology

that in principle rejects the existing order as the deficient

product of an envious evil God. Another well-known op-

ponent of Marcionitism in the East and Bardaisan' s contem-

poray, Aberkios was a man of upper-class literary education

too 25. Key-words of Bardaisan's thoughtworld are harmony,

order, freedom which taken together represent the cultural

ideal of local Edesseneelite.

Edessene apocryphal writings speak a totally different lan-

guage and display a completely different mental outlook. The

AcThom that are almost contemporaneous with Bardaisan

have a royal court as main scene of action, but Judas Thomas

is a stranger and outsider in that milieu. He is a slave and in

the eyes of kings and nobles a sorcerer who ruins marriages

and is considered a danger to established order 26. The keryg-

25. See W. WISCHMEYER.980.

26. Cf. the emotional scenes between Karish and king Mazdai and the

apostle Judas Thomas: Karish said to Judas: « Get up. wretch and

corruDtor and enemv » (WRIGHT. 871.D. 236).

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240

LA FABLE APOCRYPHE

evil only a temporary disturbance of order and harmony, his

fellow-citizens, who are responsible for the AcThom, take a

more agonistic view. Man is permanently exposed to the

powers of seduction against which he ought to fight. In that

struggle Christ is not in the first place a divine teacher, as

Bardaisan sees Him, but a divine helper, with whom man can

identify provided that he creates room for Christ's Spirit in

his physical being by keeping it pure. Then, but only then,

can every man gain royal status, whereas kings and their

nobles are exposed as poor defenders of a social order that is

mere earthly appearance and does not have any value and

subsistance sub specie aeternitatis.

Actually a complete inversion of social roles is taking

place here. A slave obtains royal status by his ascetical strug-

gle and enkrateia. Royal kinsfolk give up their hereditary

positions completely out of free will and cheapen hemselves

with a mean sorcerer, as Charis and king Misdai call Judas

Thomas. The AcThom demonstrate how that role inversion.

brings about a new social grouping that is at right angles to

traditional antique society by uniting the upper class and the

rank and file into one and the same ideal of humanity. For

the majority of Edessene Christians this surely means that

their ascribed status is considerably higher than their actual

status 31.

We must be very careful to look at a writing like the

AcThom exclusively from a literary viewpoint. The mental

out-look that comes to the fore in such a treatise is the ex-

pression of the specific way the author or the group that is

responsible for these acts viewed the world and formulated

their central values. In the very text of the AcThom there are

no indications that can help us identify that group more pre-

cisely. Although the AcThom usually are labelled folk litera-

ture (Volksliteratur ) the sophisticated symbolic character of

the text forbids such a labelling. The Acts must have been

written and read in circles that had a thorough knowledge of

Old and New Testament, and of traditions linked to it of

theological and philosophical problems and disputes. We

might think of the milieu of schooled labourers and mer-

chants that constituted a substantial part of Edessa' s mid-

31. cr.

GAGER, 1975; W.A. MEEKS, 1983.

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EDESSENE APOCRYPHA

241

dIe-class32. Interest in theological and metaphysical questions

is not exceptional in such circles 33.

The origin and background of this encratite ideal which the

AcThom preach is not to be sought in Christianity, although

Christianity shaped this ideal in its own way. Paul Veyne and

Aline Rousselle have made clear along different lines how

this specific relationship of man with his own body and with

his or her partner's body originate in a gradual revolution in

sexual morals that took place during the first two centuries

A.D. In particular medical literature of that time gives a clear

insight into what was at stake 34. The AcThom remain within

the context of that more general and broader pattern of

sexual morals in which in a marriage the male partner

represents « Ie corps maitrise » and the female « Ie corps

domine ». A man, the apostle Thomas, preaches the ideal of

virginity to women

That ideal of virginity serves as « a program for the

governing of behavior », a « discours » Foucault would say.

The strong emphasis that is put on the function of the spirit

in the process of realization of this program makes manifest

that we have to do with « vertus interiorisees » that are

preached, not practised or applicable to all members of socie-

ty, but to a restricted number of special individuals, the

so-called « covenanters », Christian saints, and Manichean

electi 35.

The central place of the royal court in the AcThom -by

32. Cf. C. COLPE, 1979.

33. A good example in Cl. GEERTZ, 1983, p. 59sq, where he gives a

description of an inland county-seat in Java: « ...in the midst of this

depressing scene there was an absolutely astonishing intellectual

vitality, a philosophical passion really, and a popular one besides, to

track the riddles of existence right down to the ground. Destitute

peasants would discuss questions of the freedom of the will, illiterate

tradesman discoursed on the properties of God, common laborers had

theories about the relations between reason and passion, the nature of

time, or the reliability of the senses. And, perhaps most importantly,

the problem of the self -its nature, function, and mode of operation

-was pursued with the sort of reflective intensity one could find

among ourselves in only the most recherche settings indeed )), a

description that would fit third-century Edessa

34. P. VEYNE, 1978; A. ROUSSELLE, 983.

35. Cf. H.J.W. DRIJVERS,1984b.

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LA FABLE APOCRYPHE

42

the way, the only apocryphal writing where that is the case

-connects them with the DoctrAddai which reports the con-

version of Edessa's dynasty and aristocracy to the new faith.

The DoctrAddai was written sometime during the last quarter

of the third century as a progaganda tract of nascent Edes-

sene orthodoxy against the claims of the local Manichean

community of being the only true form of Christendom. The

Christian apostle Addai whom Judas Thomas sent to Edessa s

the foil of the Manichean missionary Addai whom Mani sent

out and who preached allover the Mesopotamian area. Titus

of Bostra wrote his Contra Manicheos a century later in

order to refute Addai's treatises. Very soon the Greek text

was translated into Syriac and is to be found in the oldest

extant Syriac manuscript written at Edessa in 411 C.E. 36 On

the one hand the DoctrAddai presents itself as a record from

the Edessene archives, where the royal correspondence was

kept; at the other hand it is related to Manichean missionary

progaganda which often was made at a royal court 37. It is

not too far-fetched to assume that this particular literary

form was chosen on purpose to give the DoctrAddai a maxi-

mum of status and effectivity.

It is noteworthy that the DoctrAddai polemizes extensively

against Jews and pagans, whereas the AcThom do not carry

on a controversy with other religions -again an exception

among the apocryphal acts The polemical tone is not,

however, truly hostile, but more persuasive. Jews and pagans

are summoned to convert to the only true religion and treated

with a distinct esteem. Everything points to an origin of theDoctrAddai"

that is to be sought in a Christian group with a

pagan background, on which Judaism exerted a strong attrac-

tion. When Christianity grew stronger at Edessa, hostility

against the Jews became greater too 38.

The DoctrAddai. does not preach an overt asceticism, but it

is in doctrine of salvation and christological views very

similar to the AcThom. We come across the same Spirit-

36. Cf. H.J.W. DRUVERS,983.

37. Cf. L.J.R. ORT, 1967, p. 50sq; 95sq; W. SUNDERMANN, 974

H.J.W. DRUVERS, 983,p. 179.

38. H.J.W. DRUVERS. 1985a.

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243DESSENE APOCRYPHA

Christology and the same view of Satan and seduction 39. Is

any clear trace of asceticism missing owing to polemics with

Manicheism for which the ascetic struggle was the only way

of salvation? It is not easy to get a clear-cut idea of the

milieu in which the DoclrAddai" originates. It seems most

likely that literate circles of e.g. higher-middle class Edes-

sene citizens with a pagan background and strong bonds with

local traditions and customs are responsible for this first-

class literary fiction and forgery. Circles that were not part

of local aristocracy, but certainly not at the other end of the

social scale. Perhaps circles from which priests of the pagan

pantheon were recruited taking into account the touching and

dramatic story about the conversion of the priests Shavida

and Abednebo. But much of this is mere guesswork, since ac-

curate information is lacking.

The AcThom as well as the DoclrAddai" clearly seek to join

up with traditional patterns of Edessene society in which

court and nobles played a paramount rOle. Conversions are

situated, therefore, at the royal court, and initiatives in or-

ganizing the new faith are taken there. Therein the Christians

display their tendency to gain an acknowledged place in the

urban community and to find ways of dealing with other

people. We see the same tendencies and characteristics during

the third century in the Christian community at Dura-Euro-

pos, whose chapel with some frescoes and inscriptions was

preserved and excaved in the thirties 4°. The chapel func-

tioned as a baplislerium, where the catechumens were bap-

tized, and then took their places as neophytes in the com-

munity 41. Baptism is the sacrament par excellence that

symbolizes the entrance into new immortal life. It unites man

with Christ his bridegroom and liberates him from Satan and

his heir. Through baptism man participates in God's wisdom

and knowledge, His power and will represented by Christ on

earth. Through baptism Christ as Spirit will dwell in man's

39. Cf. DoctrAddaf, ed. G. HOWARD, 981,p. 41 : « His (i.e. Jesus)

body is the clean royal garment of his glorious divinity by which we

are able to see his hidden Lordship. Therefore, we herald and

proclaim this Jesus the Messiah, we glorify his Father with him, and

we extol and worship the Spirit of his divinity... ».

40. C.H. KRA LING, 967.

41. Cf. O. PERLER, 972.

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245

DESSENE APOCRYPHA

OdSol should consequently be dated in the second half of the

third century, when Manicheism was a strong rival in the

religious melting pot of Edessa, and they are therefore con-

temporary with the DoctrAddai which also aims at the Mani-

chees. The highly symbolical language of the Odes connects

them with Ephrem Syrus' poetic oeuvre and with e.g. the

baptismal catechesesof John Chrysostom. They are not bap-

tismal hymns, but hymns of the baptized believers who are

truly sons of God 45.

The OdSol represent a characteristic Syriac literary genre

of highly poetical lyrical poetry with a didactic character.

Bardaisan's hymns belong to the same genre like the hymns

in the AcThom. Manichean and Mandaic hymns are offshoots

of the same tree 46. These hymns create another identity in

the singer and his hearers, they raise him to another level of

existence, where he possesses divine wisdom and immortal

life, and evil can do him no harm. Title, imagery, and

religious concepts relate the OdSol with the AcThom and the

DoctrAddai . The Poet is son of God, the eternal king, just as

Jesus is God's son, and Solomon was great king David's son.

The OdSol display thereby the same anthropological-christo-

logical pattern as the famous Hymn of the Pearl, which

paraphrases he kerygma of the AcThom in a condensed orm.

The Odes belong to the tradition of Wisdom literature and

contain elements of Middle Platonism like those which come

to light in the Sapientia Salomonis and especially in the Sy-

riac version of it 47. Like the AcThom and the DoctrAddai

they mirror the thought world of a literate elite which had a

central place in Edessene Christianity at the end of the

second and through the third century C.E.

With minor differences all these writings reflect more or

less the same milieu, where strong emphasis was put on the

function of the human and divine Spirit as the only means of

returning to an original condition of immortality and close-

45. H.J.W. DRlJVERS, 985b,passim: a new investigation of the many

parallels between the OdSol and Ephrem's poetical oeuvre would be

rewarding.

46. See in particular T. SAVE-SODERBERGH,949, mainly devoted to a

study of the Psalms of Thomas,p. 163sq; P. NAGEL,1980,p. 15-27.

47. H.J.W. DRJJVERS,986.

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246

LA FABLE APOCRYPHE

ness to God. Man is taught and helped to regain that condi-

tion, his original royal status. Such a view of rnan and world

has nothing to do with gnosticisrn and its negative view of

rnatter and creation. On the contrary, rnan is able to restore

the original god-given condition of the world. Like Bardaisan

these groups oppose the Marcionites. They also polernize

against the Manicheans, who in their turn oppose Bardaisan's

views 48. Notwithstanding their strong enkrateia they rernain

within the existing social context. Men and wornen give up

sex, not their social position

Edessa was known in antiquity as the Athens of the East,

and apocryphal literature that was produced there confirrns

that designation. It shows a considerable philosophical in-

fluence and accords a central place to the spirit in the

process of salvation which cornprises an ascetic lifestyle in

cornbination with obtaining knowledge and insight into the

divine plan of the world. That literature has a special flavour

and displays sornething of the world-wide relations which

Edessa as cultural center sustained. But it also represents

local cultural values centered at the royal court. It is ab-

solutely not gnostic, but strongly opposes gnostic groups and

ideologies like Marcionites and Manicheans. It is, therefore,

not arnazing that irnages and religious concepts in third-cen-

tury apocryphal literature laid the basis for further develop-

rnents in the fourth century, and are closely related to

Ephrern's theology and poetry. Edessa's rnost farnous church

father vehernently opposed Marcionites, Manicheans, and Bar-

daisanites, as our apocryphal authors did a century earlier.

The apocryphal literature of the early phase of Edessene

Christendorn thus developed into what in later tirnes was con-

sidered orthodoxy. Throughout that developrnent Edessene

religious and theological literature, apocryphal and « canoni-

cal », rnirrors the vital powers of a strong and persistent

local philosophical and literary tradition, also called the

« School of Edessa». It did not develop in splendid isolation,

untouched by hellenisrn as one scholar once put it, but in

continuous exchange of ideas with in particular Antioch. It is

48. Mani opposed Bardaisan's views in his Book of Mysteries of

which al-Biruni preserved some parts in his book on India, cf. H.J.W.

DRUVERS, 966,p. 204sq.

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247

DESSENE APOCRYPHA

the best proof of the strength

biosis with local religious and

birth to that rich and intrig

apocryphal literature.

of hellenistic culture in sym-

cultural traditions which gaveuing

phenomenon Edessene

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250 LA FABLE APOCRYPHE

Doctrina Addai? Conformement aux titres des manuscrits

eux-memes, je nomme Doctrina Addai l reuvre syriaque

conservee dans plusieurs manuscrits extremement peu variants

les uns par rapport aux autres 3 et racontant l histoire du roi

Abgar d Edesse et la predication de I apotre Addai: dans cette

ville. Celie reuvre doit etre soigneusement distinguee de ce

que F. Nau appelait « Les Canons des Apotres rediges par

Addai: » 4 et doni J M. Sauget a retrouve un passage sur l uni-

que papyrus syriaque connu et qu il nomme ires justement

« Didascalie d Addai: » 5.

La Doctrina Addaf et Ie phenomene d apocryphicite.

11 ne viendrait a personne l idee de considerer la Doctrina

Addai comme one chronique; pourtant, cette reuvre que,

disons-le d emblee, je considere d une grande homogeneite,

comporte one chronologie, des lettres, des actes; elle fait Ie

fecit de I action de personnages nommes et places dans Ie

temps et l espace d un royaume bien connu qui a joue un

role important dans l histoire du moyen-orient entre l empire

romain et I empire perse et dont la civilisation christianisee

est a I origine de formidables COOlantsitteraires et theologi-

ques. Tout comme one chronique, l reuvre cite des documents

que je vais enumerer, il rapporte des actions et des discours.

Nous sommes en 343 AG (32 AD), SODSempereur Tibere;

3. Le seul manuscrit complet connu de la Doctrina Addaf est a Lenin-

grad, Bibl. Pub. Syr. ns 4 (premiere edition avec traduction anglaise

par G. PHILLIPS, 876); trois manuscrits de Londres, British Library,

sont de la me-me amille; ils avaient ete edites par W. CURETON,864,

avec d autres fragments d autres familIes de la me-me euvre. L histoi-

re, en fait, est davantage connue SODSne autre version, celIe qu Eu-

sebe a utili see dans son Hist. eccl. 1,13,1-22 edition et traduction par

G. BARDY.1978,p. 40-45). On trouvera quelques details dans A. DES-

REUMAUX,983.

4. F. NAU, 1912,p. XXIX-XXX et traduction fran~aise p. 223-234.

5. J.M. SAUGET, 985, p. 1-16 et pl. I-II. II est necessairede bien pre-

ciser cela car les textes syriaques de ces deux reuvres si differentes

portent pourtant Ie me-me itre: « Doctrine (ou enseignement) de

I Apotre Addai ». On prendra garde, en outre, de denommer Doctrine

de Simon Kepha dans la ville de Rome une troisieme reuvre syriaque

differente, que L. VOUAUX,Paris, 1922,p. 194, confond avec la Doc-

trina Addaf.

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LA DOCTRINA ADDAI

251

Ie roi Abgar d'Edesse (l'actuelle Urfa, en Turquie), qui a

besoin d'un medecin, entend parler de Jesus a l'occasion d'un

courtier qu'il envoie a Eleutheropolis -Beit Gubrin (l'ac-

tuelle Beit Jibrin en Palestine), l'invite a venit chez lui se

mettle a l'abri des manigances uives et a Ie guerir; il re~oit

en reponse la promesse que Jesus lui enverra un disciple et

que sa ville sera protegee de ses ennemis; Ie chancelier Han-

nan, envoye du roi, etait aussi peintre: il rapporte, avec cette

lettre de Jesus, un portrait qui est place dans Ie palais. Apres

l'Ascension, l'apotre Addal, l'un des 72, est envoye par

l'apotre Judas-Thomasa Edesse; il y guerit Ie roi Abgar, pre-

che a loisir, construit une eglise, organise la communaute,

assure la succession du gouvernement de l'Eglise; Ie roi

Abgar, de son cote, ecrit a l'empereur Tibere pour faire punir

Pilate et les juifs. De plus, la mission evangelique s'etend au-

dela du royaume d' Abgar, en « Assyrie » dont Ie roi Narsal

correspond avec Abgar. Enfin, la succession episcopale a

Edesse, interrompue par Ie martyre d' Aggal Ie successeur

d' Addal, est retablie grace a Serapion d' Antioche.

Pourquoi, avec la Doctrina Addai" ne serions-nous pas dans

l'histoire, dans la chronique? Est-ce parce qu'il s'agit,

comme l'indique Ie titre, d'une doctrine, d'un enseignement,

d'une predication? Mais l'auteur de la Chronique anonyme

integre lui aussi l'histoire, a Cesaree de Cappadoce, d'un

portrait du Christ Celle-ci, d' ailleurs, n' est peut-etre pas

sans rapport avec l'histoire du portrait rapporte par Ie peintre

d' Abgar.

En brei, je voudrais faire remarquer, pour sittler la Doctri-

na Addai" que, d une part, Ie titre et Ie « genre litteraire » de

cette reuvre ne permettent pas de rendre compte de son origi-

ne et de son destin -remarque que je crois valable pour

I ensemble des textes que nous considerons appartenir a la

litterature apocryphe chretienne -et que, d'autre part, un

texte comme celui-ci ne doit pas etre emiette, aussi composite

puisse-t-il paraitre (c'est-a-dire compose a partir de multiples

pieces), car son fa~onnage nous laisse sur nOtre faim quant a

l'auteur de sa redaction, puisque de celui-ci nous ne connais-

sons que Ie nom: Labubna bar Sennaq bar' Abdshaddal. Ce

qui est cependant mportant; non pas tant par la connaissance

du nom precis -qui designe un personnage inconnu par ail-

leurs -que parce que, de la sorte, cette reuvre est signee,~

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253

A DOCTRINA ADDAI

1. La Passion du Christ a eu une portee universelle :

« Toute la Creation desirait et souffrait dans sa crucifixion

qui eut lieu pour nous » (§ 3) 7.

La Passion concerne toutes Its creatures; c'est ce que ma-

nifestent Its phenomenescosmiques qui ont eu lieu a ce mo-

ment-la; ils attestent en meme temps que c'est Ie createur qui

est crucifie:

« Le tremblement qui a saisi les creatures lors de la cruci-

fixion montre bien que tout ce qui est cree depend et releve

de la vertu de son createur qui etait avant les mondes et les

creatures. » (§ 52); « les creatures qui ont ete ebranlees par

son meurtre et qui ont ete terrifiees lorsqu'il a souffert la

mort, temoignent qu'il est Dieu createur; ce n' est pas pour

un homme que la terre a tremble; ce n'est pas pour un hom-

me que Ie soleil s'est obscurci; ce n'est pas pour un homme

que Ie voile du temple des juifs s'est dechire du haut en bas,

mais pour celui qui leur disait : ..Voici que votre maison res-

tera deserte. Voici en effet que si ceux qui l'ont crucifie ne

l'avaient pas reconnu pour Ie fils de Dieu, ils n'auraient pas

annonce la destruction de leur ville » (§ 55); « au moment ou

ils Ie crucifiaient, Ie soleil se voila, la terre trembla et toutes

les creatures etaient ebranlees comme si, a ce moment, toute

la creation et ses habitants disparaissaient» (§ 74).

De plus, ces signes cosmiques soot une preuve que la mise

a mort a bien eu lieu, tile n' est pas une apparence : meme

des gens qui n'y assistaient pas, comme les habitants d'Edes-

se -situee a 20 jours de Jerusalem, precise la Doctrina

dans son introduction -, soot temoins de l'eclipse de soleil;

ce phenomene astronomique qui a toujours fait l'objet de

nombreux commentaires dans les textes des ecrivains de

I' Antiquite est ici utilise comfit preuve de l'historicite de la

crucifixion de Dieu :

« Bien que vous n ayez pas ete presents au moment de la

passion du Christ, du moins, par Ie soleil qui s'est obscurci

et que vous avez vu, apprenez et comprenez la grande cala-

mite qui a eu lieu a ce moment de la crucifixion de celui

dont 1Evangile a vole au quatre coins de la terre » (§ 42).

2. Le second theme est celui du but de la predication

7. Nous citons d'apres notre traduction (a paraitre dans la Series Apo-

cryphorum) selon notre decoupageen paragraphes.

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254 LA FABLE APOCRYPHE

d' Addal : annoncer que Jesus, qui est Dieu, ressuscite leg

morts; c'est evidemment ce theme qui est au centre de la let-

tre d' Abgar et qui s'exprime dans cette reflexion presque

amusante

« (...) C'est par ta parole que tu gueris; et meme leg

morts, tu leg ressuscites. Lorsque j'ai entendu dire que tu fai-

sais ces prodiges magnifiques, je me suis dit : ou bien tu es

Dieu qui est descendu du ciel et qui as fait cela, ou bien tu

es Ie fils de Dieu qui as fait tout cela » (§ 3).

Cette exclamation revient egalement dans la lettre d' Abgar

a Tibere que cite la Doctrina :

« II leur avail meme ressuscite des morts » (§ 74).

Au § 12, la predication d' Addal consiste a expliquer :

« Comment il a vivifie leg morts par sa mise a mort. »

On notera avec interet que se trouve, au passage, une defi-

nition de ce qu'est, pour Ie pseudo-Labubna, l'Evangile de

Jesus: c'est une annonce de la resurrection future et de la

retribution et c'est cette annonce-IAque leg ap6tres sont char-

ges de Caire partout :

« II raconta (...) comment Ie Christ avail fait connaitre aux

ap6tres ce qui serait revele A la fin des temps et a la

consommation de toutes leg creatures, la resurrection a venir

qui sera celIe de tous leg hommes, la separation qu'il y aura

entre leg agneaux et leg chevres, entre leg fideles et leg im-

pies » (§ 14).

« Si ce n'est parce qu'il y a une bonne fin pour leg hom-

mes fideles, Notre-Seigneur ne serait pas descendu du ciel,

ne serait pas venu A la naissance, A la souffrance de la mort,

ne nous aurait pas non plus envoyes pour que nous soyons

predicateurs et evangelisateurs » (§ 15).

« Je suis, dit Addai, Ie disciple de Jesus-Christ, (qui est) Ie

medecin des ames souffrantes et Ie sauveur de la vie A

venir. » (§ 36).

« Tout ce pour quoi Notre-Seigneur est venu au monde,

c'est pour nous apprendre et nous montrer qu'a la fin de la

Creation, il y aura repos pour tous leg hommes et que leurs

actions seront peintes sur leurs personnes et que leurs corps

serviront de registres pour leg sentencesde justice (...) II n'y

aura IA personne qui ne sache lire parce que chacun lira en

ce jour leg ecrits de son propre livre et Cera sur leg doigts de

ses mains Ie compte de ses actions... » (§ 47).

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LA DOCTRINA ADDAI

255

« Je dispense avos oreilles les paroles de mes levres dans

lesquelles sont depeintes la venue du Christ, celIe qui a eu

lieu et celIe qui aura lieu, et la resurrection et Ie reveil de

tous les hommes, et la separation qui aura lieu entre les fide-

les et les impies et la promesse benie des joies futures qu ob-

tiendront ceux qui croient au Christ » (§ 61).

11 faut citer Ie passage suivant, qui devait devenir une mine

pour 1es debats sur la resurrection des corps et que l on trou-

ve utilise explicitement dans les recueils et chaines patristi-

ques en tant qu extrait de la Doctrine de l Apotre Addai :

« Les ames humaines -toutes les ames -qui quittent ce

corps ne meurent pas; elles vivent et se relevent; elles ont

une demeure et un lieu de repos. En effet, l intelligence et la

comprehension de l Ame ne cessent pas, parce qu est repre-

sentee en elle l image de Dieu, laquelle ne meurt pas. Car il

n en va pas pour elle comme pour Ie corps insensible qui ne

ressent pas, lui, 1 odieuse corruption qui lui est imposee. La

recompense et la retribution, elle ne peut les recevoir sans

lui. Parce que son labeur n est pas uniquement sien, mais

aussi celui du corps on elle demeure » (§ 90-91).

Cette resurrection et cette retribution supposent la foi qui

consiste a croire que Jesus est Dieu et peut ressusciter les

morts : c est, a mon sens, une des raisons de l insertion dans

la predication d Addai: de l histoire de l invention de la Croix

(§ 16-30); enfin, Ie recit tient a affirmer que la predication

d Addai: reussit puisque cette annonce se traduit dans la prati-

que de la communaute nouvellement fondee :

« Et ils croyaient a la resurrection des morts et ils enter-

raient leurs morts dans l esperance de la resurrection » (§ 71).

3. Le troisieme theme est directement christologique; il in-

siste sur les relations divines entre Ie Christ et Ie PeTe

« Jesus a accompli la volonte de celui qui l a engendre; il

siege avec lui dans la gloire, celIe dans laquelle il est depuis

l eternite » (§ 9).

« Bien qu il ail pris un corps, il est Dieu avec son PeTe »

(§ 55).

II insiste sur Ie fait que Ie Christ, c est Dieu qui devint

hornme -Addai: explique :

« comment et pourquoi Ie Christ s est abaisse et a humilie

sa divinite sublime dans Ie corps qu il a revetu » (§ 12).

Les prieres de la reine Protonice sont, en fait, des procla-

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LA FABLE APOCRYPHE

56

mations theologiques, oserait-on dire « cousues de fil

blanc » :

« Montre la force puissante et vigoureuse de ta divinite qui

habitait a 1 interieur de ton humanite » (§ 22).

« Fils de Dieu qui as reve-tu un corps et devins homme »

(§ 36).

C est cela qui lui a perm s de sauver les hommes :

«Dieu, qui as ete crucifie, as ete depose dans ce tombeau

et en tant que Dieu qui vivifies tout, ressuscitas et en fis res-

susciter avec lui un grand nombre» (§ 20).

Cet abaissement ut libre et volontaire, fruit d une decision

divine :« S il ne l avait pas voulu, il ne serait pas mort; si

cela ne lui avait pas plu, il n aurait pas non plus reve-tu Ie

corps; cette me-mevolonte qui l avait porte a naltre d one

vierge l a abaisse encore jusqu a la souffrance de la mort et

a abaisse a grandeur sublime de sa divinite » (§ 37).

Dans la narration, ce probleme s exprime sous la forme

d une question tres concrete:

« (Deux chefs) venaient trouver Addal et 1 interrogeaient au

sujet du Christ pour qu illeur dise comment, alors qu il etait

Dieu, il etait apparu (aux apotres) comme un homme. Com-

ment pouviez-vous Ie regarder? » (§ 66).

Cette question traverse toute l reuvre qui organise ses ele-

ments narratifs et ses documents pour lui donner reponse :

« Bien que son aspect fut celui d un homme, sa force, sa

science et sa puissance etaient de Dieu » (§ 39).

En alignant, si j ose dire, ces affirmations toutes orientees

dans Ie meme sens, il m apparait que, d abord, elles soot Ie

fait d un texte qui n est pas du tout un ramassis de naivetes

populaires, mais traduisent l organisation d une pensee theo-

logique coherente, qui a ses Leit-Motiven, ses preoccupations.

A quel courant theologique peut-on les rattacher? Nous ne

pouvons pas ne pas les mettre en regard d expressions typi-

ques des discussions de la fin du ye s. entre chalcedoniens et

anti-chalcedoniens. Nous sommes quasiment dans l univers

des Jacquesde Saroug (eveque de Batna pres d Edesse de 518

a 521), Philoxene (metropolite de Mabbug de 488 a 519), Se-

vere (patriarche d Antioche de 512 a 518) et a chaque fois

que je lis la Chronique Syriaque, j aurais envie d y integrer

les discours de la predication d Addai tellement ceux-ci me

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258

LA FABLE APOCRYPHE

rnais doni nous ne possedons plus que sa version grecque II.

Les deux farnilles soot donc representees par deux reuvres

irnportantes de la litterature chretienne ancienne, I'une en sy-

riaque et I'autre en grec, peut-etre distantes d'un siecle et

derni dans Ie ternps et doni I' reuvre grecque est la plus an-

cienne, ce qui ne signifie pas forcernent la plus proche de ce

qu'etait Ie docurnent ancien qu'elle reutilise; je pencherais

presque pour Ie contra re en considerant rapidernent ceci : les

deux textes, qui se suivent pas a pas, possedent de notables

differences. Dans la Doctrina, Jesus est Ie bon rnedecin; sa

reponse a Abgar par I'interrnediaire de Hannan est orale et ce

dernier execute sans difficulte un portrait qu'il rapporte a son

rnaitre; dans I'llistoire Ecclesiastique d'Eusebe, Jesus est Ie

bon sauveur; Ie rnode de sa reponse n'est pas precise (et

peut-etre Eusebe fait-it montre en cet endroit de prudence en

s'arrangeant pour conserver une equivoque) et surtout cette

reponse ne cornporte pas ce qu'on a nornme « la finale edes-

senienne » prornettant I'irnprenabilite de la ville; enfin, Dulle

rnention n'est faite du portrait. Je suis assez convaincu par

I'argurnentation de Tixeront au sujet du docurnent original 12

desorrnais integre dans ces deux reuvres si differentes; a ceci

pres que je ne vois pas de raison decisive de penser que Ie

texte traduit par Eusebe, celui qu'il a eu sous les yeux en sy-

11. Ie laisse de cote les versions syriaques de I'Histoire d'Eusebe;

comme beaucoupde traductions faites du grec en syriaque, elles sont

effectuees de ires pres, souvent mot a mot. On notera tout de meme Ie

paradoxe : les manuscrits de ces traductions syriaques d'Eusebe sont

assezrecents (VIIIe-Xe s.) et circulent manifestement comme pieces

separeesdonc s'interessant specialementa l'histoire d'Abgar et d'Ad-

daY; comment expliquer qu'on ait eprouve Ie besoin de realiser de tel-

les traductions, alors qu'on disposait du texte syriaque plus complet

de la Doctrina Addai ? Autorite d'Eusebe? Statui non canonique de la

Doctrina syriaque? Tout simplement peut-etre, diffusion restreinte de

celle-ci? Plus explicitement, il y a peut-etre bien des raisons d'ortho-

doxies theologiques la-dessous; si la Doctrina est bien un texte mono-

physite comme je Ie crois, il n'est pas etonnant que des cercles chaI-

cedoniens aient choisi un lieu plus orthodoxe; grace a I'reuvre

d'Eusebe, ils pouvaient disposer eux aussi de I'histoire d'Abgar et

d'AddaY, mportante pour les origines de I'Eglise d'Edesse.

12. L.I. TIXERONT, 888, p. 82sq; Celui-ci conclut clairement: «Euse-

be a donc possede Ie document tout en ier, Iettres et fecit; il y a pui-

se, sans intermediaire, Ies renseignementsqu'il nous communique. »

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  59

A DOCTRINA ADDAI

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LA DOCTRINA ADDAI

261

homme que les Juifs ant crucifie. A la lecture de ces nouvel-

les, ajoute Ursinus, Tibere envoya des gens pour deposer Pi-

late, qui a suivi la volante des Juifs et il mena~a aussi les

Juifs qui ant crucifie Notre-Seigneur. »

Et N. Zeegers de constater que cette tradition est au carre-

four de plusieures reuvres apocryphes : la Doctrina Addai, la

Didascalia Addai, les Actes de Pilate, la Lettre de Jacques

de Jerusalem a Quadratus, la Doctrine de Simon Kepha dans

la ville de Rome, qui soot d'ailleurs souvent associees dans

les manuscrits. En tout cas, on l'aura reconnu a cette breve

citation, Ie texte de notre Doctrina Addai comporte les

memes expressions qu'Ursinus. Evidemment, les relations

entre les sources soot difficiles a demeler : il faudrait connai-

tre les rapports mutuels entre la relation d Ursinus et la cor-

respondance Pilate- Tibere, de quelle maniere se situait cette

derniere dans Ie complexe des AcPil, et ou a surgi la corres-

pondance Abgar-Tibere qui integre les themes d'Ursinus.

Parmi toutes les reuvres que nous avons citees et dont nous

commen~ons a percevoir q u' elles entretiennent quelques

rapports entre elles, au mains de voisinage, il faut nous arre-

ter sur une piece difficile a manier car composite elle aussi,

mais dont l'une des strates au mains figure incontestablement

dans l'environnement documentaire du pseudo-Labubna, c'est

la Didascalia Addai. Cette reuvre est situee au IIIe s. par

F. Nau. Les themes qu'elle vehicule et que la Doctrina Addai

a reutilises soot importants : il s'agit d'une part des signes

cosmiques qui accompagnaient a mort du Christ:

« (...) lorsqu'il ebranla Ie monde et toutes les creatures et

que les astres du ciel s'obscurcirent » 15;

et d'autre part -et surtout, je crois -la mise en scene

de l\envoi des apotres apres l' Ascension:

~ '

« Re~urent Ie sacerdoce des apotres : Edesse et taus les

pays environnants et toute la Mesopotamie, de l'apotre Addai

l'un des 70 disciples, qui y batit une eglise et y servit

comme guide et chef.

« Re~urent Ie sacerdoce des apolres : la Perse entiere et Ie

pays des Assyriens, des Armeniens, des Medes, les pays de

Babel et des environs, Ie Beit Houzoie et les Geles jusqu'aux

15. Didascalia Addai 11,4. Texte syriaque par P. de LAGARDE,1854,

p. 35; traduction F. NAU, p. 225.

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262

LA FABLE APOCRYPHE

frontieres de l'lnde et jusqu'a Gog et Magog et aux autres

pays, de tous cotes, de Aggal fabricant de soie, disciple de

I'apotre Addal. » 16

Dans la Doctrina Addaf, un accent particulier est mis sur

la place de Jacques dans I'eglise de Jerusalem:

« (...) Jacques, qui avait ete fait administrateur et inspec-

teur dans I'eglise que nons 17avions construite la-bas 18 ...) »

(§ 17 et 32).

L 'expression est quasi-identique a celie de la Didascalia

Addaf:

« (...) Jacques, Crete de Notre-Seigneur, qui rut guide et

chef de I'eglise des apotres batie a Sion. » 19

Pen etonnant, dira-t-on : cette tradition est aussi ancienne

que saint Paul (cf. Gal 1,18-19); mais elle occupe vite one

place importante: Eusebe I'atteste plusieurs fois 20 en invo-

quant Ie temoignage de Clement d' Alexandrie 21; on la trouve

dans plusieurs autres textes de litteratures apocryphes qui

s'interessent aux apotres. Mais parmi celles-ci, la Doctrina

Addaf attribue a Jacques, a propos de I'histoire de I'invention

de la Croix par Protonice, un role specifique, celui de secre-

taire des apotres

« Jacques, administrateur de I'eglise de Jerusalem, lui qui

avait vu de ses yeux cet evenement, ' ecrivait et Ie faisait sa-

voir aux apotres mes compagnons, dans leg villes de leurs

regions. Et leg apotres eux aussi ecrivent et font connaitre a

Jacques tout ce que Ie Christ a realise par eux et on Ie lit

devant toute I'assemblee du peuple de I'eglise » (§ 32).

16. IV.9. LAGARDE. 854. p. 43; F. NAU, p. 232-233.

17. Sc. les apotres. AddaI parle comme I'un des membres du groupe

des apOtres. Cf. aussi § 29: « La nouvelle (...) se repandit jusqu'aux

apotres mes compagnons» et § 31 : «Tout ce que realisent les apotres

mes compagnons,nous Ie pre-chongdevant tout homme. » II faudrait

examiner la place que tiennent et la Didascalia et la Doctrina Addaf

dans Ie dossier des Actes apocryphes des apotres; qu'est-ce qui fait,

par exemple, qu' Adda i dit : « ...ce ne sont pas seulementces choses,

mais aussi ce qui fut fait en son nom apres son ascensionque nous

publions et pre-chons» (§ 15)? « (...) voila notre enseignement en

tout lieu et en toutes regions. »(§ 53)18.

Sc. a Jerusalem.

19. IV,l. LAGARDE, 854, p. 42; F. NAU, p. 231.

20. Hist. eccl. 1,12,5; 111,7,8; V,5,3.

21. Hist. eccl. 11,1,2-3.

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LA DOCTRINA ADDAI

263

Voila donc Jacques promu par Addai auteur des Actes des

apotres. Il y a peut-etre une raison; que Jacques ail, vis-a-vis

des apotres, un role particulier, apparalt dans un texte comme

l' Epistula Petri 00 il est destinataire et gardien des ecrits de

Pierre, mais aussi dans une tradition du Transitus Marire qui

fait de lui egalement Ie temoin que leg apotres se sont retrou-

yes a Jerusalem au moment de la mort de Marie et qu'ils ont

ecrit deux par deux leg fameux « six livres » 22. Pour la chro-

nique du pseudo-Labubna, cette figure de Jacques secretaire

des apotres et des 70 est une aubaine, un garant tout trouve

pour son texte dont l'apostolicite, meme avec la recuperation

de Judas-Thomas, laissait un peu a desirer ...L'invention de

la Croix lui permet cette recuperation.

Le troisieme document, precisement, est l'invention de la

Croix par Proton ce, au temps de « Jacques, frere du Sei-

gneur », « premier eveque de Jerusalem ». Nous avons vu

plus haul que ce texte est lui aussi essentiel dans Ie dispositif

theologique du pseudo-Labubna et nous venons de dire en

quoi il est important pour Ie « montage » de la Doctrina. Il

est hors de question de discuter ici leg problemes multiples

que posent leg traditions et leg textes sur l'invention de la

Croix 23 dont la Doctrina integre une version, la plus longue,

de la derniere legende du cycle 24. Ce qui nous importe, c'est

de remarquer que, outre 1'« accrochage » a Jacques de Jeru-

salem, l'integration de ce fecit apporte a la Doctrina l'ordre

de bannissement des juifs par Claude et la reference a la

« Predication de Simon Kepha dans la ville ». A cet endroit,

nous voyons l'indice d'une utilisation qui est certainement

plus qu'une simple allusion, de l'reuvre syriaque appelee

Doctrine 25 de Simon Kepha dans la vii Ie de Rome 26. En

effet, la plupart des themes vehicules par cette derniere sont

tout a fait semblables a ceux de la Doctrina dont on retrouve

leg details suivants : Simon preche a Rome oil il attire leg

22. RHO 626.

23. L hypothese la plus e1aboree II. ce sujet est celIe de M. Van Es-

BRCECK,984, p. 99-134.

24. Voir la presentation detail1ee par M. Van ESBRCECK,979, notam-

ment p. 112-121.

25. Le mot est Ie me-me ue pour Ie titre de 1a Doctrina Addai .

26. Sur la Doctrine de Simon Kepha dans la ville de Rome, voir

A. BAUMSTARK,922. p. 69.

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LA FABLE APOCRYPHE

64

nobles paYensqu il invite a renoncer a leurs dieux (c est sans

doute a cette situation que se refere l invention de la Croix

quand elle parle de Protonice). II insiste sur Ie fait que Jesus

avail effectue de nombreuses guerisons par sa parole. Mais

surtout, au creur du texte de la Doctrine de Simon Kepha, se

trouve une « demonstration » de la realite de la Passion du

Christ par la citation des temoins: les romains eux-memes

qui en out vu chez eux les signes cosmiques, Pilate qui a

ecrit a Cesar (et Ie debat qui s en est suivi au Senat). Globa-:

lement, il faudrait proceder a une analyse detail lee du dis-

tours kerygmatique de Simon Kepha en Ie comparant a celui

d AddaY (§ 31-61) a premiere lecture, ils me paraissent

presenter la meme structure, les meme themes et un grand

nombre d expressions communes.

Le quatrieme document que l on repere integre dans la

Doctrina Addaf est l echange de correspondance entre Abgar

et Tibere (§ 74-76). Abgar, desireux de venger la mort du

Christ, mais ne pouvant pas, pour des raisons diplomatiques,

franchir l Euphrate et aller Ie Caire lui-meme, ecrit a Tibere;

il lui explique que cette crucifixion injuste a ete accompa-

gnee de signes cosmiques. Tibere remercie Abgar, lui revele

que Pilate lui avail deja ecrit a ce sujet par l intermediaire de

son prefet; il lui annonce qu il a deja destitue Pilate et que,

quand il sera debarrasse de sa guerre espagnole, il ira punir

les juifs, ce qui rejouit beaucoupAbgar.

Cette correspondance se trouve egalement dans Ie texte dit

du Livre I I du Transitus M aritE syriaque 27; nous en avons

aujourd hui plusieurs manuscrits, sensiblement differents les

uns des autres et au sujet desquels on peut Caire l hypothese

que les variations s expliquent en grande partie par Ie fait

que cette correspondance a circule de maniere independante

et a ete integree de manieres diverses dans les reuvres ou on

la trouve aujourd hui. Certes, dans la Doctrina Addaf, au

debut de l histoire d Abgar (§ I), Ie gouverneur de Tibere

s appelle Sabinus fils d Eustorgius et siege a Eleutheropolis;

apres la mort de Jesus, dans la correspondance Abgar- Tibere

(§ 75), il se nomme Olbinus. C est inattendu. Car dans la

correspondance Abgar- Tibere qui est integree dans Ie Trans-

Mar II, Ie gouverneur s appelle Sabinus, comme au debut de

27. BHO 621

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LA DOCTRINA ADDAI

265

la Doctrina 28. Mais Ie changement opere par la Doctrina

Addai" reflete l' entrecroisement des planetes de la constella-

tion... Peut-etre, en effet, ce nom albinos conserve-t-il Ie

souvenir du procurateur de Judee Lucceius Albinus envoye

par Neron (apres la mort de Porcus Festus) 29 et dont Eu-

sebe 30 raconte l' arrivee et l' arbitrage dans l' affaire de la

condamnation a mort de Jacques de Jerusalem -encore lui

-par Ie grand-pretre. Je remarque en outre que Ie mari de

Xanthippe dans les Actes de Pierre s'appelle Albinus et qu'il

est un ami de Cesar 31.

Mais d'autres details montrent que la correspondance Ab-

gar-Tibere a circule independammentet avant la redaction des

six livres du Transitus: d one part, elle ne se trouve pas

dans tous les manuscrits de ceux-ci; d'autre part elle est

presente, dans celui du Sinal Syr.30 avec tine soudure redac-

tionnelle repetitive des plus laborieuses

II n'est pas exclu que l'on trouve cette histoire inseree

dans la Doctrina Addai" parce que c'est one histoire qui parle

de l'interdiction faite par les juifs, dans un cas a Marie, dans

l'autre a Jacques de Jerusalem, d'approcher Ie tombeau du

Christ. En tout cas, elle nous alerte sur Ie fait que 1 histoire

d'Abgar etait deja suffisamment connue au moment de la

redaction des Transitus et que l'une des raisons de la celebri-

te du roi d'Edesse etait son attitude vis-a-vis de l'empereur

de Rome et vis-a-vis des juifs respectivement.

Le cinquicme document qui est inclus dans la Doctrina

Addai" pose de multiples et complexes problemes : c'est la

tradition du portrait de Jesus, qui a deja fait 1 objet de savan-

tes etudes32. II est difficile d' essayer de resumer en quelques

mots la raison de son integration dans la Doctrina" Pour faire

court 33, e suggere que cette tradition serait nee en Palestine

oil elle serait liee plus particulierement a l'aspect thaumatur-

gique de l'action du Christ; I'Hist. ecc/. d'Eusebe en serait Ie

plus ancien lemoignage conserve. Elle aurait ete developpee

28. Dans TransMarSyr III (BHO 628), Sabinus est Ie procurateur dont

la rille Malchu est guerie par Marie.

29. Voir E. STEIN,1927,col. 1559-1561.

30. Ilist. eccl. 11,23,21-24.

31. Dans Ie « Martyre de Pierre », 34. voir L. VOUAUX,1922,p.420.

32. La plus importante reste celie d'E. von DOBSCHUTZ,899.

33. J'ai proposeailleurs quelqueselementsmoms sommaires voir n. 13).

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266

LA FABLE APOCRYPHE

en Osrhoene dans la continuite avec les habitudes artistiques

locales en matiere de portrait, notamment funeraire. La Doc-

trina en fait un argument christologique : «Le corps est donc

la pourpre pure de sa divinite illustre; c est grace a lui que

nons pouvons voir sa divinite cachee » (§ 39). Et si leg

rapports entre Abgar et Ie portrait du Christ sont assez sim-

ples au depart, on comprend sans peine qu ils se complexi-

fient et que la legende se developpe, tant chez leg auteurs et

leg historiens posterieurs (Evagrius, Jean Damascene,Georges

Syncelles, Theodore Studite, pseudo-ConstantinPorphyrogene-

te) que dans les refontes textuelles que l on trouve dans les

manuscrits grecs du Moyen Age.

L itineraire de ce motif meriterait alors d etre suivi dans Ie

subtil melange de ses manifestations litteraires et iconogra-

phiques. Au point de depart -celui, seul, du moins, que

nons sommes en mesure d apprehender dans ses attestations

textuelles -, il est bien un objet physique decelable dans la

documentation de I historien Eusebe. Mais il ne commence

son existence qu au travers d une mise en scene textuelle :

celIe du chroniqueur Labubna qui I~n fait un element narratif

au service d une theologie, cela par Ie jell de correspondan-

ces ou d echos qu il entretient avec un autre objet, litteraire

celui-la, et hierarchiquement superieur: la lettre de Jesus.

Dans la Doctrina, la parole transmise par la lettre se donne

en clair et joue Ie premier role: elle annonce ce qui va se

realiser dans Ie recit; Ie portrait e:)t un ornement qui appuie

la parole: l iconographie n est encore que simple illustration

du texte. Mais celui-ci sert de tremplin a celle-la : Ie texte

lui- meme va developper Ie fecit {~t I histoire du portrait va

petit a petit prendre son autonomie, s amplifier, devenir un

recit en soi, exploiter toutes les possibilites narratives: au

stade dernier, dans des traditions armeniennes et arabes, Ie

portrait est one image non faite de main d homme puisque

c est Ie Christ lui-meme qui imprime sa face sur Ie celebre

linge de Veronique. L image est devenue autonome : miracu-

leDge, elle accomplit des prodiges, des guerisons et suscite

des copies, tout autant miraculeuses. Mais surtout, c est

elle-meme qui devient a son tour Ie talisman de la cite

d Edesse et qui repousse l ennemi perse. Nous sommes au

bout de la chaine des transformatilons, les roles sont inver-

ses : son exposition solennelle au-dessus d one porte de la

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LA DOCTRINA ADDAI

267

muraille est accompagnee 'une inscription (grecque ) en lettres

d' or au Christ Dieu que tout homme y passantest tenu de vene-

rer. Cette fois-ci, c'est l'icone qui a donne naissance au texte.

Au terme de ce parcours a glandes enjambees, risquons,

par un survol, un resume plutot qu'une conclusion. Nous avons

commence par penetrer dans celie reuvre construite qu'est la

Doctrina Addaf par Ie biais des documents qu'elle utilise a

cause des themes qu'ils vehiculent. A chaque fois, comme par

un jeu de miroirs, l'horizon est renvoye plus loin, sur d'au-

tres textes. La « recuperation » par Ie pseudo-Labubna, de

cinq documents: la correspondance Abgar-Jesus, Ie portrait

du Christ, Ie pseudo-Ursinus, l'invention de la Croix, la cor-

respondance Abgar-Tibere, permet d'orchestrer des themes

theologiques essentiels; mais ceux-ci sont caches SODSeg fi-

gures par lesquelles s'organisent l'espace et Ie temps de la

chronique : Banias, Eleutheropolis, Sabinus, Olbinus, Jacques,

Pilate, Simon Kepha, Rome, Jerusalem, leg signes cosmiques,

la punition des juifs. Ces figures appartiennent a un univers

ou leg differentes planetes sont positionnees leg ones par

rapport aux autres dans one constellation ordonnee : I' Histoi-

re Ecclesiastique d'Eusebe, la Doctrine de Simon Kepha, Ie

Transitus, l'Epistula Petri, piece pseudo-clementine, la Didas-

calia, leg Actes de Pilate, leg Actes de Pierre.

C'est peut-etre one figure particuliere et particulierement

pregnante, qui est Ie pivot de celie organisation: celIe de

Jacques, frere de Jesus, premier eveque de Jerusalem, secre-

taire des Apotres, lui qui sera present lacs de l'invention de

la Croix et qui sera beneficiaire de l'intervention d' Abgar au-

pres de Tibere.

On percoit, dans ce cas, un mode de fonctionnement possi-

ble de I apocryphicite : accrochage sur un ecrit (Galates),

echos multiples d one tradition dans un eventail de textes

l'utilisant chacon pour son compte; a considerer ceux-ci, en

tout cas, on mesure, one fois de plus, combien leg delimita-

tions par genres litteraires ou par statuts theologiques entre

textes canoniques, patristiques, apocryphes, sont a bannir

dans I etude historique. Ici, notamment, il nODSmporte plus

de reconnaitre comment one figure comme celIe de Jacques

peut servir de charniere a des textes qui s'emboitent comme

des DouDees usses.

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270

LA FABLE APOCRYPHE

riode perse 4, mentionnent l approvisionnement en vivres qu il

fallait donner aux fonctionnaires en voyages. Ephodion, d au-

tre part, est un terme banal dans la litterature et l epigraphie

grecques; mais, parmi les chretiens, ce mot prend un SellS i-

gure : chez Clement de Rome, qui l utilise dans la premiere

de ses Epitres (2,1), il designe Ie viatique que donne Ie

Christ. La vie humaine, en effet, n est pour les chretiens

qu un chemin; cette metaphore revient souvent dans les Actes

de Thomas, dans les homelies d Aphraate, et, surtout, dans

les Hymnes de Saint Ephrem chez qui « Ie chemin », plus

qu une image de la vie, designe la vie elle-meme 5. Pour Ie

voyageur chretien, nous dit Ephrem, les prophetes deviennent

« les baffles milliaires », et les apotres, « les auberges » ou

se restaurer en chemin.

S il « restaure », l apotre n en Testepas mains, et en meme

temps un messager. Le titre d apostolos signifie « envoye au

loin »; et Ie voyage est en effet un des elements principaux

de taus les Actes apocryphes. La notion d apotre envoye en

mission aux peuples de la terre n appartient pourtant pas au

milieu judeo-chretien de Jerusalem mais a celui, plus helleni-

se et cosmopolite, de la Syrie dont Antioche etait Ie centre

culturel. Certes Ie theme de l apotre vivant dans un milieu de

marchands ne saurait etre pris pour une caracteristique propre

a la premiere litterature syriaque. Rufin d Aquilee dans son

fecit de l evangelisation du royaume d Aksoum (c est-a-dire

l Ethiopie qu il appelle l lnde ulterieure selon la terminologie

de l epoque) mentionne Ie voyage que fit dans ceUe partie de

I Afrique, Meropius, un philosophe de Tyr. Selon Rufin, Me-

ropius arriva a Aksoum accompagne de d~ux jeunes hommes,

Edesius et Frumentius. Ce dernier reussit, apres une serie de

peripeties, a partager avec la reine-mere Ie gouvernement du

royaume. Cette position lui permit de rechercher, parmi les

negociants romains, ceux qui etaient chretiens et de les en-

courager a prier selon l usage de Rome 6.

11 parait certain que Rufin calqua 1 histoire de Frumentius

sur celIe de Thomas, I apotre de l lnde des Parthes, telle que

4. P. GRELOT, 972,p. 427-452.

S. R. MURRAY,1975,p. 246-253

6. F. THELAMON, 981,p. 31-63.

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L APOTRE 271

l avait rapportee son compatriote, Chromate d Aquilee, dans

un de ses sermons 1. L histoire apocryphe des Actes de Tho-

mas releve neanmoins d une tradition autre que celIe, plus of-

ficielle, connue par Rufin. Car d apres leg Actes, loin de

voyager librement comme Meropius et ses compagnons, Tho-

mas rut vendu comme esclave a un fiche marchand indien.

Cet episode rappel e l histoire d Anthia, l herolne grecque du

roman de Xenophon d Ephese (3,11), qui rut, elle aussi, ven-

due comme esclave a un fiche indien se trouvant a Alexan-

drie pour affaires. Les esclaves amenes d Alexandrie au sud-

ouest de l lnde devaient passer par Koptos avant d entrepren-

dre la route du desert qui leg menait a la Mer Rouge et, de

la, en lode suivant un itineraire decrit par Pline (6,104) et par

l auteur du Periple de la Mer Erythree. Une inscription grec-

que de 90 de notre ere, « gravee par leg going de Lucius

Antistius Asiaticus, prefet de la montagne de Berenice, » sur

ordre de Mettius Rufus, prefet d Egypte, detaille « ce que leg

fermiers de l impot doivent reclamer pour leg droits de passa-

ge a Koptos » et fixe Ie prix des billets donnant acces a la

caravane 8. On imagine facilement que leg evangelisateurs de

l lnde leIs Ie philosophe Panthene, qui rut en 180, recteur de

l Ecole d Alexandrie (d apres Ie temoignage d Eusebe de Ce-

saree) ou, avant lui deja, l apotre Barthelemy (V,10,3), durent

pour accomplir leur mission se soumettre aux dispositions

contenues dans cette inscription.

Les Actes de Thomas semblent cependant envisager Ie

voyage de l apotre vers l lnde, non pas depuis Alexandrie,

mais depuis Jerusalem. Aussi fut-ce probablement a partir de

la Mesene, sur Ie Golfe, qu il gagna Ie nord de l lnde comme

Ie faisaient alors leg commercants palmyreniens. Les Actes

disent que Thomas avail voulu etre un homme fiche (§ 145)

mais que ce rut Jesus, son « jumeau », qui Ie detourna de son

desir, et Ie fit vendre a Habban comme esclave. Habban, un

marchand indien, l acheta quand il gut que Thomas pouvait

etre employe comme charpentier et qu il etait capable de

construire Ie palais que son roi, Gundaphor, voulait se Caire

batir depuis quelque temps (§ 3 et 17). Le theme de la

construction d un palais merite une attention particuliere

7. H. TARDIF, 971, ermonXXVI,10S-11S.

8. A. BERNAND,984,p. 199-208. 67.

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272 LA FABLE APOCRYPHE

parce qu il nons montre, mieux que d autres evenements fan-

tastiques de la vie de Thomas, l aspect subversif inherent it la

personnalite de l apotre chretien.

Thomas rut engage pour construire un palais au roi Gunda-

phor. Une fois dans Ie pays, Ie roi lui procura regulierement

l or et l argent necessaires pour realiser l reuvre, mais avec

la meme regularite, Thomas depensa 1 argent re\u pour se-

courir les pauvres (§ 19). Quand Ie roi visita la ville 011

devait se trouver Ie palais, ses amis lui firent savoir que Ie

palais n existait pas et, pice encore, que Thomas etait un ma-

gicien (§ 20). .

Mene devant Ie roi, Thomas protesta que Ie palais etait

bien construit, mais que Ie roi ne pourrait Ie voir qu au jour

de sa mort. Aussitot donne par Ie roi, 1 ordre de punic Tho-

mas et avec lui Ie marchand qui l avait achete, dut etre diffe-

re parce qu a ce moment meme Gad, Ie frere du roi, mourut

tres soudainement (§ 21). Arrive dans 1au-dela, Gad y vit Ie

palais magnifique qu avaient edifie la des bonnes actions

accomplies par Thomas avec 1 argent du roi. Aussi Gad

revint sur terce pour supplier son frere de lui vendre Ie pa-

lais (§ 22-24). Apres un premier etonnement, Ie roi comprit,

nons dit la version grecque des Actes, que son frere parlait

« des biens eternels qui lui appartenaient et qui devaient

venir »; Ie texte syriaque de son cote ne mentionne pas

l etonnement du roi et ne souligne pas Ie caractere allegori-

que de l evenement. Mais les deux versions s accordent en

revanche pour dire que Ie roi ne pouvait pas vendre Ie palais

qu il avail au ciel.

Avec 1 histoire de ce palais, l auteur des Actes revele son

intention. 11 s agissait de montrer au lecteur comment Thomas

avail voulu bouleverser les lois de l ordre naturel. L episode

s insere ainsi parfaitement dans Ie contexte du monde neotes-

tamentaire: les connaissances acquises par la foi y priment

celles de la raison. Pourtant Ie theme du palais edifie dans Ie

ciel est, sous une certaine forme, deja present dans la littera-

lure du Proche-Orient ancien. On Ie trouve, en effet, dans Ie

roman sapientiel d Ahikar. La vie d Ahikar, celebre sage de

la cour assyrienne du temps d Assarhaddon, est aujourd hui

connue dans plusieurs langues. La version la plus ancienne en

est Ie texte arameen fragmentaire de l epoque perse, trouve a

Elephantine. Le texte originel rut sans doute ecrit en akka-~

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L .APOTRE

273

dieD et, pour essayer de reconstruire Ie roman primitif dans

son integralite, DOllSne disposons a present que du texte sy-

riaque, conserve dans plusieurs manuscrits de provenance

nestorienne 9. La Vie et les Proverbes d Ahikar ne DOllSdon-

Dent, bien entendu, qu un apercu deforme de ce que rut

peut-etre l Ahikar historique -comme aussi l Evangile de

Thomas avec sa collection de logia, et les Actes de Thomas

permettent seulement d apercevoir ce que l Eglise syriaque

croyait avoir ete la figure authentique ou historique de l apo-

tre 1°. D apres Ie roman d Ahikar, Ie roi d Egypte demanda au

roi d Assyrie de lui envoyer un architecte capable de

construire un palais a mi-chemin entre Ie tiel et la terce.

Ahikar ne se decouragea pas devant one telle gageure. 11par-

tit pour 1 Egypte avec deux aigles et deux enfants. Arrive

dans Ie pays, il fit monter les enfants sur les aigles, puis il

les lacha. Les oiseaux monterent en haul, dans les airs. Ayant

ainsi gagne de l altitude, les enfants commencerent a crier,

comme on Ie leur avail appris : « Tendez aux architectes de

la bolle, du mortier, des briques, car ils manquent de tra-

vail. » Sur terre, et dans Ie meme temps, Ahikar se mil a

frapper les nobles avec un baton pour les inciter a doDDer

aux jeunes architectes si haul perches ce dont ils avaient

besoin pour batir Ie palais. II y avail dans Ie stratageme

d Ahikar toute la force d une demonstration par l absurde.

Mais la logique de cette conduite irrita Ie roi qui finit par

dire qu Ahikar etait fou.

Sans vouloir nullement suggerer une dependance quelcon-

que des Actes par rapport au roman d Ahikar, je veux ici

souligner que la conduite d Ahikar permet de bien compren-

dre ce qui, dans celIe de Thomas, doit frapper. Oblige de

Caire face a un probleme chimerique, Ahikar lui trouva one

solution qui, aussi bizarre qu elle rut, ne sortait pas nean-

moins de l ordre des possibles : ce rut peut-etre cette reduc-

tion du reve a la realite quotidienne qui irrita Ie roi, a la ma-

niece doni un Grec aurait pu Quant it lui se revolter contre

one interpretation temporelle du my he. En faisant semblant

d obeir au roi, Ahikar n avait voulu prouver autre chose que

9. F. NAU, 1909; F.C. CONYBEARE-J.R. ARRIS-A.S.LEWIS,1913 (2C

ed.).

10. H.-Ch. PUECH, 963,p. 278-307.

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274

LA FABLE APOCRYPHE

ceci : a savoir que I impossible est impossible. En revanche,

I architecte Thomas n avait accepte la mission de construire

un palais terrestre que pour lui substituer cette antique ga-

geure : n en point construire sur terre, comme chacun peut Ie

faile, mais au ciel, comme il parait a tous impossible de Ie

Caire. Et Thomas reussit I impossible tache demontree par

Ahikar pour mieux prouver au roi que seul Ie palais celeste

etait digne d etre edifie. Avec Thomas, I impossible etait

devenu la seule realite possible pour qui voulait entendre la

vraie « sagesse» dont il etait I apotre.

Une fable attribuee a Esope a aussi recueilli Ie theme du

palais dans I air. D apres Ie texte grec, a la demande du roi

d Egypte : « D ou me viennent ces hommes qui volent? »,

Esope avait repondu : « lis appartiennent a Lyceros, Ie roi

d Assyrie. Comment veux-tu, toi qui es un homme, chercher

querelle au roi? » Ni echappatoire ni miracle. Esope rappel e

a son auditoire que I ordre actuel des choses, etabli depuis

toujours, est inebranlable et, par consequent, qu il est impen-

sable meme pour Ie roi d Egypte de bafouer I autorite du roi

d Assyrie. Rien ne permet a I homme de quitter Ie monde

reel dans lequel il est ne : seule une revelation du monde qui

est au-dela du sien pouvait apprendre a cet homme I existen-

ce d un palais celeste capable de Caire mentir tous les « im-

possibles » averes des sagessesantiques.

Un log on fameux de I Evangile de Thomas trouve a Nag

Hammadi donne la recette infaillible pour etre admis dans ce

royaume hots du temps: « Quand vous ferez de deux un,

quand vous ferez de I interieur I exterieur, et de I exterieur

I interieur, et du haul Ie bas, quand vous ferez du male et de

la femelle un de sorte que Ie male ne so t pas male et que la

femelle ne so t pas femelle, quand vous ferez des yeux un et

mettrez one main dans one main, et un pied dans un pied, et

une image dans une image, alors vous entrerez dans Ie royau-

me » (logion 22). D autres textes chretiens des premiers sie-

cles font reference a I ascese enoncee par ce logion : leg

Actes de Pierre, par exemple, affirment que I etat actuel des

choses doit etre redresse; Pierre, crucifie la tete en bas,

devient one image plastique d Adam qui, renverse apres la

chute, organisa Ie monde conformement au sort qu il s etait

fait, et qui finit ainsi par voir tout, dans Ie monde, a I envers

de ce que Dieu avail cree. L enseignement transmis par Pier-~

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L APOTRE

275

re est clair: « Si vous ne faites pas gauche ce qui est droit,

et droit ce qui est gauche, et inferieur ce qui est superieur et

anterieur ce qui est posterieur, vous ne connaitrez pas Ie

royaume. » 11. C est une vision intellectuelle qui peut bien

rappeler a l homme d aujourd hui maintes reflexions du genre

de celles que I imagination du romancier autrichien Hermann

Broch prete a Virgile, mourant a Brindes.

A la base de I esprit missionnaire de Thomas, fils de

l Eglise syrienne, il y avail one theologie qui croyait a la

presence sur terce d une gnose capable de racheter l homme :

la consommation des temps etait deja arrivee et I apotre ne

faisait qu annoncer la bonne nouvelle. Le nom de Thomas si-

gnifie en arameen « jumeau », en grec Didymos, et il se com-

porte certainement dans ses Actes comme Ie jumeau du

Christ: tan ot il avoue connaitre leg mysteres que Ie Christ

lui a confies, tan ot il reste silencieux pour Ie laisser parler.

Seule la foi permettait aux hommes et aux femmes qui sui-

vaient l apotre de voir en lui « un homme de deux formes »,

pres duquel se tenait « un parent lumineux » (§ 34, texte

grec) 12.

Thomas avail ete introduit en Inde par un Marchand et, s il

Caul en juger par Ie vocabulaire que l apotre utilise dans leg

Actes, il rut toujours sur sa terce de mission entoure par des

marchands, comme Frumentius, aux dices de Rufin, l avait

lui-meme ete en Ethiopie. Ces traits laissent entendre que

l ascendant du Marchand dans la societe du lie et IIIe siecles

dot etre considerable. Rappelons que leg provinces romaines

groupees autour de la Mediterranee connurent un grand essor

economique a cette epoque-la, et que leg provinces orientales

de l Empire, en particulier, reussirent a s assurer, par Ie com-

merce avec l Arabie et l Inde, one vie confortable. Ce rut

precisement dans Ie milieu de marchands de la Mesene, sur

Ie Golfe, que Flavius Josephe situe I histoire d Ananias, un

Marchand juif qui, grace a son metier, reussit a s introduire a

la cour et put ainsi convertir la famille royale au judalsme.

Bien entendu, l influence culturelle et religieuse qu Israel

exer~a sur la peripherie du monde palestinien ne comportait

11. L. VOUAUX,1922, p. 443-451, ch. XXXVIII (texte grec du « mar.

tyre de saint Pierre apotre »).

12. A.I. FESTUGIERE,983.

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276 LA FABLE APOCRYPHE

pas a cette epoque la vision apocalyptique qui etait caracte-

ristique ge la religion prechee alors par Ie Thomas des Actes.

En fait, I etroite relation entre nation et religion, inherente au

proselytisme juif, ne pouvait nullement inculquer I idee de la

fin imminente du monde temporel. Le message de Thomas,

en revanche, en annon~ant que les notions de famille et de

communaute ethnique etaient desormais r,evolues, pouvait en

meme temps predire avec force I arrivee prochaine de I apo-

calypse. Le rapport sexuel, meme dans la vie conjugate,

devint pour Thomas I objet d une condamnation constante; la

raison de cette attitude, certains fragments de I Evangile des

Egyptiens recueillis par Clement d Alexandrie dans ses Stro-

mates (111,13)nous la donnent, quand Salome demanda au

Seigneur: « Jusqu a quand la mort aura-t-elle du pouvoir? ».

II lui repondit : « Aussi longtemps que les femmes continue-

font a enfanter. » La procreation retardait donc I apocalypse.

Les etudes que plusieurs membres de la Faculte de Theolo-

gie de l Universite d~ Geneve ont consacrees aux Actes apo-

cryphes des apotres 13ont mis en relief I importance que la

figure de I apotre assume dans cette litterature; surtout, elles

ont fait remarquer qu a la difference de ce qui se passe dans

les Actes canoniques 011 apotre s efface derriere Ie message

qu il a a delivrer, c est, dans les Actes ~pocryphes, I apotre

lui-meme qui devient par sa vie, Ie revelateur du Dieu invisi-

ble. II me parait pertinent de rappeler ici que pour Epict6te,

Ie philosophe stolcien, Ie veritable cynique a ete,.lui aussi,

envoye par Zeus en qualite de « messager~)pour montrer aux

hommes one nouvelle maniere de vivre et que c est pour cela

qu il devient un « eclaireur » (kataskopos) (Entretiens 3,23-

24). La 011 l va, Thomas veut convertir sa vie en un exemple

a imiter: en s associant ceux qui Ie suivent il remplit sa

mission; en condamnant a vie conjugate il annonce publique-

ment la fin de la societe et Ie commencement sur terre de la

vie eschatologiqpe. II veut ainsi detruire cette meme societe

dont il s etait servi pour diffuser librement son message.

Mais Misdaios, Ie nouveau roi de l Inde, reagit avant que Ie

cataclysme ne puisse se repandre : il toe l apotre.

La fIn de I apotre fut, tout comme Ie commencementde sa

carriere, dans les mains d un marchand puisque ce fut un

13. F. BOVON, 981; E. JUNOD-J.D.KA?S11.I,982.

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L APOTRE

277

commer~ant d Edesse qui ramena leg reliques de Thomas

dans cette ville de Syrie du Nord. L eclat de l~entreprise rut

connu en Occident comme nous Ie laisse entendre Ie sermon

de Chromace, l eveque d Aquilee : « Comme son corps se

trouvait enseveli aux Indes, un commer~ant chretien fort reli-

gieux y partit pour affaires, afin de rapporter dans l Empire

des pierces precieuses et des marchandises. II y etait pousse

par Ie desir d un gain terrestre. Mais, homme d affaires dans

leg chases du monde, il devient homme d affaires dans leg

chases de Dieu. A son arrivee aux Indes, Ie lieu ou se trou-

vail Ie corps de Saint Thomas lui rut en eifel rievele et ordre

lui rut donne de I emporter avec lui it. Edesse. »14

V endu comme esclave, lui qui avail reve d etre un fiche

marchand, -architecte d un palais celeste apres avoir tra-

vaille comme menuisier it. la cour, et en tout cela precheur

ambulant d une nouvelle religion, -Ie Thomas des Actes

vecut en lode comme d autres visionnaires vecurent ailleurs :

taus contestataires de la societe fiche et marchande de leur

temps.

14. Voir n. 7.

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Jean-Daniel KAESTLI

Universite de Lausanne

FICTION LITTERAIRE

ET REALITE SOCIALE :

QUE PEUT -ON SAVOIR DE LA PLACE DES

FEMMES DANS LE MILIEU DE PRODUCTION

DES ACTES APOCRYPHES DES AP6TRES?

Le lecteur des Actes apocryphes des apotres ne peut man-

quer d etre frappe par la place qu y occupent les personnages

feminins. Les femmes qui ont « combattu pour la purete » -

Drusiane, Maximilla, Thecle, Mygdonia et d autres -ont ete

exaltees, a l egal des apotres, par les auteurs du Psautier

manicheen I. Les recits dont elles sont les heroines ont ete

etudies dans a recherchemodernesous angle philologique,

litteraire et theologique. Mais depuis quelques annees, ils

sont aussi l objet d un nouveau regard. Derriere les p~rsonna-

ges de fiction, on tente de discerner Ie milieu social et les

personnageshistoriques qui les ont fait naitre.

Trois travaux recents, d origine americaine, incarnent cette

approche nouvelle. Dans The Revolt of the Widows, paru en

1980, Stevan L. Davies se propose de reconstituer « Ie monde

social des Actes apocryphes » et tente de demontrer que ces

textes ont ete ecrits et Ius par des femmes chretiennes vivant

en communaute et pratiquant la continence 2. Dennis Ronald

MacDonald, auteur de The Legend and the Apostle, oppose

l image de Paul donnee par l auteur des Epitres pastorales a

celIe qui se degage de certains recits des AcPaul, recits qu il

rattache a la tradition orale et qu il attribue a I activite narra-

trIce de femmes en rupture avec l ordre patriarcal prevalant

dans la societe et dans l Eglise 3. Enfin, Madame Virginia

1. Cf. C.R.C. ALLBERRY. 938, Part 11.p. 143, 11-14;p. 180, 29-31 et p.

192,25-193,2; E. JUNOD-J.-D.KAES11.I, 982,p. 50-54 et 74-76.

2. S.L. DAVIES, 980.

3. D.R. MACDoNALD.1983. Voir aussi D.R. MACDoNALD.1984, p. 21-

38, 0\1 I auteur critique notamment la these de S.L. Davies.

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280

LA FABLE APOCRYPHE

Burrus, dans one these inedite 4, mais dont 1 essentiel a parD

dans la revue Semeia 5, part d une analyse de ce qu elle

appelle les « histoires de chastete » (chastity stories), ces

recits on l on voit one femme se convertir a la continence et

resister victorieusement aux assauts de l homme qui cherche

a briser sa resolution; comme MacDonald, elle pense que ces

recits ont one prehistoire orale, qu ils ont ete racontes par

des femmes, au sein de communautes feminines, et qu ils

refletent la liberation vecue ou desiree, que rendait possible

la pratique de la chastete.

La question que pose Ie titre de mon expose est nee de la

lecture de ces trois etudes. Sans pretendre en Caire one

presentation et one critique detaillees, je me propose d en

montrer l interet et les limites. Je commencerai par examiner

les hypotheses methodologiques qu elles ont en common.

Elles partagent d abord one meme orientation sociologique,

qui s est affirmee ces dernieres annees dans la recherche sur

Ie christianisme ancien 6. Face a one lecture essentiellement

litteraire ou doctrinale des textes, on s efforce d en Caire one

lecture sociologique, de reconstituer Ie « monde social » dont

ils sont issus. Traditionnellement, l etude des Actes apocry-

phes est dominee par les grands debats sur la theologie et Ie

genre litteraire : sont-ils gnostiques ou orthodoxes? S appa-

rentent-ils au roman hellenistique ou aux ecrits de propa-

gande religieuse de type aretalogique 7? Les questions posees

par les chercheurs americains sont d un autre ordre : derriere

ces textes, quel type de communaute peut-on apercevoir?

Quelles relations et quels conflits entre detenteurs de l auto-

rite et chretiens ordinaires? Quelle attitude vis-a.-vis des

institutions et des normes morales de la societe greco-

romaine? Les valeurs pronees favorisent-elles I emancipation

ou Ie conservatisme social?

One telle problematique est certainement interessante et sti-

4. V. BURRUS, 984.

5. V. BURRUS, 986,p. 101-117. e numero, consacre aux acres apocry-

phes, contient plusieurs autres etudes de chercheurs americains, aux-

quelles repondent des membres de I AELAC. J y discute en detail la

these de Mme Burrus: J.-D. KAESll.I, 1986, p. 119-131.

6. Voir en particulier J.G. GAGER,1975; G. THEISSEN, 979; W.A.

MEEKS, 983.

7. Cf. J.-D. KAESll.I, 1981.

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283

A PLACE DES FEMMES

Thomas)9, ainsi que des Actes de Xanthippe et Polyxene 1°. A

l inverse, MacDonald ne prend en compte qu un seul texte,

les AcPaul. La seconde difference, que nous avons deja rele-

vee, porte sur la nature des sources retenues : reuvres litterai-

res (Davies) ou legendes orales anterieures aI reuvre ecrite

(MacDonald et V. Burrus)? L enjeu de ces deux divergences

merite d etre precise. Dans Ie premier cas, il s agit de savoir si

l on peut reconstituer un milieu d origine unique pour l ensem-

ble des Actes apocryphes. Dans Ie second cas, la question est

celIe de la validite des criteres utilises pour identifier des legen-

des orales a l arriere-plan des Actes; si ces criteres s averent

suffisants, la possibilite d une etude sociologique sera plus forte,

puisque la tradition orale est un phenomene social, alors que

l reuvre litteraire peut avoir un caractere ndividuel tres marque.

Chacun des Actes doit etre etudie dans sa singularite

La methode adoptee par S.L. Davies souffre d un defaut

majeur. Elle presuppose que leg six Actes apocryphes choisis

torment une collection homogene, pouvant etre etudiee com-

me une unite, et qu ils proviennent donc d un meme milieu

social et religieux. D ou la formule qui revient constamment

sous sa plume: « The community behind the Acts ». Cette

perspective globale conduit a des distorsions. Elle tend a

effacer leg particularites de chaque texte et a etendre a I en-

semble de la collection, des caracteristiques presentes dans un

ou deux Actes seulement.

L exemple Ie plus evident est celui de la continence

sexuelle. Scion Davies, ellc serait presentee comme une

exigence absolue dans chacun des Actes et permettrait de

conclure que la communaute dont ils derivent se caracterisait

par la pratique de la chastcte I. Mais, comme I a bien montre

Yves Tissot, on ne peut pas parler de I encratisme des Actes

9. Pour chacun de ces textes, on trouvera des references aux editions,

traductions et etudes principales dans F. BOVON,1981,p. 287-305.

10. Texte edite par M.R. JAMES,1893, p. 58-85 (introduction p. 43-

54). S.L. DAVIES,1980, p. 8-9, situe leur redaction a la me-me poque

que les Actes les plus anciens (entre 160 et 225), en refutant les argu-

ments de James en faveur de leur dependancepar rapport aux AcPhil,

de date plus tardive. La question de I origine de ce texte devrait faire

I objet d un nouvel examen.

11. Cf S.L. DAVIES, 980, p. 32-34.

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284

LA FABLE APOCRYPHE

apocryphes en general 12. II n y a encratisme au sens strict

que lorsque la continence sexuelle est comprise comme une

condition d acces au salut et est exigee de chaque baptise,

qu il SOil marie ou celibataire. Dans ce sens, seuls les

AcThom peuvent assurement etre qualifies d encratistes : la

necessite de la purete sexuelle est non seulement un element

narratif present dans la presque totalite des episodes, mais

elle est aussi un theme dominant dans les discours de l apo-

ire. II en va autrement des autres textes. Dans les AcPaul,

par exemple, Ie motif de la continence ne se rencontre qu en

de fares sections du fecit, notamment dans l histoire de

Thecle, oil il ne concerne pas l ensemble des croyants, mais

seulement ceux qui ne sont pas encore maries. Son role est

encore plus reduit dans les AcPetr, oil il fait figure de simple

convention litteraire servant a mettre en branle Ie fecit du

martyre de l apotre. II n est donc pas possible d attribuer a

tous les Actes un meme milieu d origine, defini par une

meme pratique de l ascese sexuelle.

A l inverse de la demarchepreconiseepar Davies, il faut com-

mencer par etudier chacun des Actes dans sa singularite pour

decrire Ie monde social qui lui est propre. Ce n est qu apres

avoir mene cette tache a bien qu on pourra eventuellement arac-

teriser Ie monde social communa l ensemblede la collection.

Peut-on retrouver des Legendes oraLes anterieures a La com-

position des Actes?

Mais on peut se demander s il faut en rester a l etude de

chaque texte dans sa redaction actuelle: n est-il pas possible

de remonter a ses sources dans la tradition orale et reconsti-

tuer Ie milieu social qui les a transmises? A celie question,

MacDonald et Mme Burrus repondent par l affirmative 13.

12. Cf. Y. TISSOT. 1981, p. 109-119 et « L encratisme des Actes de

Thomas » (8 paraitre dans ANRW, 1I,2S,S).

13. lis s efforcent ainsi de mettre en reuvre Ie programme defini par

W. SCHNEEMELCHER, 964, p. 117 « Es wllre also jetzt m6glich, darU-

her hinaus die formgeschichtliche Arbeit an den Einzelstiicken aufzu-

nehmen... Sic wird nicht nur fUr die Geschichte der hinter den AAG

(apokrypen Apostelgeschichten) in ihrer literarischen Gestalt liegenden

mUndlichen Legendentradition wichtig sein, sondern es auch erm6gli-

chen, die AAG und ihr Material religionsgeschichtlich und kirchenges-

chichtlich richtig einzuordnen ».

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LA PLACE DES FEMMES

285

Derriere certaines sections des Actes apocryphes, ils cher-

chent a demontrer l existence de legendes orales, produites et

vehiculees par des communautes de femmes continentes. La

valeur de leurs conclusions sociologiques depend naturelle-

ment pour une bonne part du bien-fonde de leur these sur les

antecedents oraux des Actes. Cet aspect de leur recherche

merite une attention particuliere, car il touche a la question

centrale de la composition de nos textes : s inscrivent-ils dans

un processus de tradition, dont ils recueillent et adaptent

l heritage, oral ou ecrit? Ou bien sont-ils Ie fruit d une acti-

vile litteraire largement originale? A la fin de notre etude des

Acloh, nous avons ete amenes a retenir Ie second terme de

l alternative 14.Les arguments des deux chercheurs americains

font-ils pencher la balance de l autre cote?

La demarche de MacDonald

MacDonald concentre sa demonstration sur trois sections

des AcPaul : l histoire de Thecle, Ie fecit du sejour de Paul a

Ephese et celui du martyre de l apotre. Pour ces trois mor-

ceaux, I auteur des AcPaul aurait utilise des recits oraux

preexistants. Pour retrouver Ie contenD general et la forme de

ces recits oraux -mais non leur teneur litterale -, MacDo-

nald met en reuvre trois categories de criteres, dont il nODS

faut brievement apprecier la pertinence 15.

1. Des temoignages de la tradition ecclesiastique montre-

raient que ces trois legendes ont eu one existence en dehors

des AcPaul.

L emploi de ce premier critere, qui fait d ailleurs defaut

dans Ie cas du Martyre 16, est delicat et me semble sans

14. ct. E. JUNOD-J.-D.KAESTLI,1983, vol. 2, p. 426-427 et 682-684.

15. Cf. D.R. MACDoNALD,1983,p. 17-33.

16. La demonstration de la prehistoire orale de ce fecit est particulie-

rement fragile. MacDonald etablit un lien entre Ie Barsabas Justus du

Martyre de Paul -un des gardes du corps de Neron converti par

l apotre -et Ie personnage du meme nom cite en Ac 1,23, et chez

Eusebe (Hist. eccl. 111,39,9)selon une tradition remontant aux filles

de Philippe, via Papias. Ce personnage,condamne a se donner la mort

par Ie poison, ne pouvait etre qu un fonctionnaire romain; l episode

de son execution manquee aurait ete raconte dans une legende orale

du martyre de Paul, mais omis par Ie redacteur des Actes, pour une

raison qui nous echappe D.R. MACDoNALD,1983, p. 23-25).

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LA PLACE DES FEMMES 287

3. En troisieme lieu, MacDonald recourt aux categories ela-

borees par les specialistes de la litterature orale pour montrer

que les recits des AcPaul conservent les formes convention-

nelles de la narration orale 22. 11 Y retrouve sans difficulte les

« lois » degagees par Alex Olrik dans Ie cas de l epopee 23

ouverture et conclusion du fecit marquees par Ie contraste

entre Ie calme et Ie trouble; concentration sur un personnage

central; opposition entre figures du heros et de I antagoniste;

tendance a jumeler des personnages secondaires, sans traits

distinctifs; linearite du fecit, avec rappel occasionnel d eve-

nements passesdans des dialogues; duplication ou triplication

des scenes; gout pour la description realiste et pittoresque

dans des « scenes-tableaux »; inconsequences narratives 24.

Mais la plupart de ces contraintes formelles ne regissent-elles

pas aussi bien la narration ecrite que la narration orale? Ne

les rencontre-t-on pas dans d autres recits des Actes apocryphes

dont rien n indique qu ils aient preexiste sous une forme orale?

En resume, la demonstration de MacDonald ne me semble

pas convaincante. Les criteres adoptes et l application qui en

est faite ne permettent pas d etablir l existence de veritables

recits oraux en amont des AcPaul.

La demarche de Mme Burrus -L origine orale des « his-

to res de chastete»

Mme Burrus preconise elle aussi une approche « folklo-

riste » des Actes apocryphes pour saisir leur histoire pre-

litteraire. Mais alors que MacDonald se limitait a un seul

ecrit, elle fait porter son etude sur un type de recits repre-

sentes dans les cinq Actes les plus anciens. Sous Ie terme

d « histoires de chastete », elle regroupe des sections prove-

nant des AcPaul (histoire de Thecle et histoire d Artemilla),

des AcPetr (conversion des concubines d Agrippa et de Xan-

thippe), des Acloh (histoire de Drusiane), des AcAnd (histoire

de Maximilla) et des AcThom (recit des noces dejouees par

l apotre et histoires de Mygdonia et de Tertia). Comment pro-

22. Cf.D.R. MACDoNALD,1983, p. 26-33.

23. A. OLRIK, 1965, p. 131-141.

24. Cette derniere caracteristique n est pas empruntee It A. Olrik, mais

It A.B. LORD,1964.

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LA PLACE DES FEMMES 289

plus complets, Ie conflit opposant a femme chaste a son mari

ne constitue pas Ie fil conducteur de la narration 28. Le role

de l apotre ne peut pas etre reduit a celui du « donateur »,

communiquant a l heroine la force de resister victorieusement

a l antagoniste masculin et disparaissant du fecit avant sa

phase decisive 29. S il taut l assimiler a un personnage de la

typologie de Propp, c est plutot a celui du « heros-queteur »,

mais un heros qui parle et agit au nom d un autre: Ie Christ.

L erreur de Mme Burrus est d avoir neglige ce qui est au

centre des « histoires de chastete » et en informe la struc-

ture: l amour exclusif de la nouvelle convertie pour Ie Christ

et pour l apotre qui Ie represente visiblement 3°. L adhesion a

la chastete et Ie conflit qu elle declenche ne peuvent pas etre

compris independammentde ce theme central.

Peut-on neanmoins admettre que nos recits ant une origine

orale? Sur la question importante de leur rapport avec Ie

roman d amour hellenistique, je suis pret a doDDer raison a

Mme Burrus: leg « histoires de chastete » n ont pas subi l in-

fluence directe du roman, mais elles ant emprunte leg compo-

santes romanesques qu elles ant en commun avec lui a un

meme fonds de narrations populaires. Cet enracinement olklo-

rique n a pas ete suffisamment reconnu jusqu ici et merite une

recherche approfondie. Mais je ferai a Mme Burrus la meme

objection qu a MacDonald: il ne suffit pas de montrer que tel

28. Tertia et Mygdonia (AcThom) ou Maximilla (AcAnd) ne sub s sent

a proprement parler aucune violence de la part de leurs maris.

29. « The primary struggle clearly seems to be between the husband

and the woman: not only is the stuggle between husband and apostle

not always included, but even when it is emphasized, the apostle

leaves the scene relatively early in the story (function 10), so that

attention is shifted back to the woman and husband» (V. BURRUS

1986, p. 105; cf. aussi p. 115-116et V. BURRUS1984, p. 34-36 et

93-97). En realite, la « sortie de scene» de l apotre (sa mort) precede

de tIes peu la fin du recit. Ainsi, dans les AcThom et dans les AcAnd,

les fonctions 11 a 14 de Mme Burrus (Ie denouement du conflit) n oc-

cupent que quelques lignes, au terme d un recit qui couvre plusieurs

dizaines de pages.

30. Voir notamment es passagesoil les heroInes declarent leur amour

pour Ie Christ (AcAndGr 23, dans la future edition de J.-M. PRIEUR;

AcThom 117; Ac/oh 82,14-14)et les episodes oil Ie Christ leur apparait

sous les traits de l apotre (cites dans E. JUNOD-J.-OJ AESTLI, 1983,

p. 89, n. 2).

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291

A PLACE DES FEMMES

attention sur un argument particulierement important: celui

du « point de vue feminin ». L identification d un tel point de

vue se fonde sur deux criteres 31. D abord, les r6les respectifs

que Ie fecit attribue aux personnages de chaque sexe : on

admettra qu un texte a ete con~u pour des femmes et par des

femmes si Ie lecteur ne peut s identifier qu avec des person-

Dages feminins, presentes sous un jour favorable, alors que

les hommes n ont que des r6les insignifiants ou antipathiques.

Le second trilete est celui de la perspective adoptee par Ie

fecit : si les situations et les problemes decrits soot envisages

sous un angle pro pre aux femmes, Ie texte suppose un audi-

toire et un auteur feminins.

A partir de ces criteres, certains critiques ont propose de

reconnaitre des productions feminines dans des reuvres

anonymes de la litterature antique, leis l Odyssee ou I Hymne

a Demeter 32. Cet argument du point de vue feminin vaut-il

aussi pour les Actes apocryphes? A celie question, je repon-

drai de la maniere suivante : il y a des raisons solides d ad-

mettre que les Actes de Thecle refletent un tel point de vue

et proviennent d un milieu de femmes; mais l hypothese ne

vaut que pour ce fecit particulier et ne doit en autun cas etre

etendue aux autres Actes apocryphes, qui ne temoignent pas

d une sensibilite proprement feminine. J essaierai main enant

de justifier celie reponse.

Un texte a tendance «feministe » ..les Actes de The-cle

Les AcThecl constituent un ensemble narratif clairement deli-

mite, incorpore dans Ie cadre plus vaste des AcPaul, comme Ie

prouve Ie papyrus copte de Heidelberg, mais qui a aussi ete

transmis comme une reuvre independante 33. Par rapport au

Teste des AcPaul, et aux autres Actes apocryphes en general,

l histoire de Thecle presente d importantes particularites, qui

touchent directement au probleme que nous examinons.

1. Thecle tient clairement la vedette dans Ie fecit et relegue

Paul a une place secondaire. L effacement de l apotre est

particulierement frappant dans la seconde partie de l histoire,

situee a Antioche : il quitte inopinement la scene au moment

Cf. S.L. DAVIES.1980, p. 51sq; D.R. MACDoNALD,1983,p. 34-37;

V. BURRUS, 984, p. 60-68; et 1986, p. 107-108.32.

Cf. S. BUTLER,1897; M. ARnIUR, 1977.33.

Je me refererai Ii I edition de R.A. LIPSUS, 1891,p. 235-272.

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293

A PLACE DES FEMMES

3. L orientation particuliere de l histoire de Thecle ressort

surtout des relations de l heroine avec l apotre Paul. Tertul-

lien nous apprend que I exemple de Thecle etait invoque par

certains chretiens en faveur du droit des femmes a enseigner

et a baptiser 42. Parmi ceux qui affirmaient ce droit, tout

porte a croire qu il y avait bon nombre de femmes, et que

celles-ci ressentaient de maniere particulierement vive Ie

refus oppose par les detenteurs masculins de l autorite a l in-

terieur de l Eglise. De cette revendication et de ce conflit, Ie

fecit apocryphe me semble se Caire echo direct. N y voit-on

pas Thecle se baptiser elle-meme et recevoir de Paul I ordre

d « enseigner la parole de Dieu » 43? L importance de ces

deux actions est fortement soulignee par la construction

me-me du fecit. Au ch. 25, Thecle adresse deux demandes a

Paul, mais se heurte a un double refus. Elle exprime d abord

Ie desir de se Caire couper les cheveux et de I accompagner.

Mais l apotre ne veut pas d une telle association: « Les temps

soot mauvais, et tu es belle; il faut craindre que ne survienne

one autre epreuve, pile que la premiere, et qu au lieu de (I a)

supporter, tu ne te montres faible »44. Elle Ie prie ensuite de

lui doDDer « Ie sceau du Christ », mais il lui repond que Ie

moment n est pas encore venu «< Sois patiente, et tu recevras

l eau ») 45. Cette attitude negative prend la forme d un verita-

ble reniement dans la scene suivante (ch. 26). Au pretendant

qui Ie prend pour un parent de Thecle et qui cherche a

I acheter, il repond : « Je ne connais pas la femme dont tu

parIes, et elle ne m appartient pas » 46. Thecle va donc

affronter seule les epreuves qui l attendent a Antioche (ch.

27-39). Au ch. 40, lorsqu elle ita rejoindre Paul, Ie fecit fait

bien remarquer qu elle a pris elle-meme l initiative de satis-

Caire les deux demandes que Paul avait ecartees auparavant.

D abord, elle part Ie retrouver a Myre « apres avoir mis one

ceinture et avoir cousu sa tunique pour en Caire un manteau a

42. Cf TertuIIien, loco cit. (note 17).

43. AcPaulThecl 34, p. 260,2-261,4et 41, p. 267,5-6.

44.25, p. 253,4-6.

45. 25, p. 253,6-9.

46. 26, p. 253,14-254,1. Cette derobade, qui fait penser au reniement

de Pierre, pourrait bien exprimer Ie ressentimentde certaines femmes

II. egard des detenteurs masculins de I autorite dans l Eglise.

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LA FABLE APOCRYPHE

la maniere des hommes » 47. Comme Ie fait de se couper leg

cheveux, l adoption de cette tenue est one maniere d affirmer

son independance et sa volonte de participer a la tache

missionnaire de Paul. Ensuite, la premiere parole qu elle lui

adresse est pour lui annoncer qu elle a ete baptisee sans lui :

« J ai re~u Ie bapteme, Paul, car celui qui a reuvre avec toi

pour (l annonce de) l evangile a aussi reuvre avec moi pour Ie

bapteme » 48. Elle revendique ainsi clairement la legitimite du

geste sacramentel qu elle a accompli sur elle-meme. De

meme, lorsque Paul lui dit un peu plus loin: « Va, et enseigne

la parole de Dieu », c est Ie droit des femmes a exercer un

ministere d enseignement qui re~oit la caution de l apotre.

Thecle, dont Ie texte dit encore qu elle a « eclaire beaucoupde

gens par la parole de Dieu », est davantagequ un cas isole 49.

Les observations qui precedent me semblent suffisantes

pour etayer la these que leg AcThecl soot un texte d orienta-

lion « feministe ». Je suis donc enclin a admettre que ce fecit

a ete compose par one femme et qu il etait destine principa-

lement a un public de femmes.

Mais l hypothese n est-elle pas contredite par Ie temoi-

gnage de Tertullien? N affirme-t-il pas que l ouvrage inscrit

SODSe nom de Paul qui racontait I histoire de Thecle a ete

redige en Asie par un presbytre et que cet homme a perdu sa

charge apres avoir ete convaincu de fraude et avoir avoue

qu il avail agi par amour de l apotre? Je ne trois pas que

l on puisse mettle en doute la valeur des affirmations de Ter-

tullien, comme Ie fait Davies pour leg besoins de sa these 5°.

J avancerai plut6t l explication suivante : Tertullien se refere

aux AcPaul SODSeur forme complete, reuvre du presbytre

d Asie. Ce presbytre aurait integre dans sa composition cer-

taines sources preexistantes, parmi lesquelles l histoire de

Thecle. Rien ne s opposerait a ce que ce fecit, d abord inde-

pendant des AcPaul, soit l reuvre d une femme 51.

47.40. p. 266.3-4.

48. 40, p. 266.8-10.

49. 43. p. 269,6. Parler 11.e propos d une « grace toute speciale » ou

d un « cas particulier et isole », comme Ie fait L. VOUAUX. 1913,p.

225 (n. 2 et 3), releve d un parti pris apologetique.

50. Ct. S.L. DAVIES.1980. p. 108. Ses arguments sont refutes a juste

titre par D.R. MACDoNALD,1984,p. 24-25.

51. Une hypothese semblable est suggereepar Th. HAGG,1983, p. 162.

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295

A PLACE DES FEMMES

L interpretation «feministe AI des autres Actes apocryphes

ne repose pas sur des bases suffisantes

Qu en est-il du « point de vue feministe » dans les autres

Actes? A moo avis, les savants americains ont eu Ie tort de

generaliser les observations faites a propos des AcThecl.

L identification d un arriere-plan specifiquement feminin dans

les autres textes n est possible qu au prix d une lecture par-

tielle et parfois simplificatrice. Les arguments avances se

heurtent a de serieuses objections des lors que l on tient

compte de tous les elements d un fecit. J illustrerai cette cri-

tique par quelques exemples.

Prenons I histoire de la conversion d Artemilla 52,que Mac-

Donald et Mme Burrus tiennent pour one legende orale d ori-

gine feminine. Elle contient one predication de Paul a

l adresse d Artemilla, qui commence par one serie d invec-

lives : « Femme, dominatrice du monde, maitresse de l or

abondant, citoyenne du luxe exuberant, qui place son orgueil

dans les vetements, prends place par terce et oublie richesse,

beaDle et parure » 53. Comme l a bien vu E. Peterson, ce

n est pas la personne d Artemilla qui est ici visee, mais la

femme en general, en tant qu elle represente la nature mate-

rielle et passagere du .monde present 54. Ce texte est un

exemple parmi d autres de I utilisation des categories du

feminin et du masculin pour caracteriser deux principes

opposes. S il ne temoigne pas necessairementd une devalori-

sation sociale de la femme, il n en est pas moins difficile-

ment conciliable avec la these du point de vue feminin. Je

vois mal one femme mettre un tel discours dans la bouche de

l apotre.

Mon deuxieme ex empie sera emprunte aux AcAnd, plus

precisement au long fecit -en bonne partie inedit -du

martyre de I apotre 55,ou figurent la conversion de Maximilla

et l histoire de ses demeles avec Egeate, son maTi. Un strata-

geme de Maximilla pour se soustraire au devoir conjugal fait

52. AcPaul, Hambourg, p. 2-5 (ed. C. SCHMIDT-W. dHUBART,936).

53. AcPaul, Hambourg., p. 2.

54. Cf. E. PETERSON,959,p. 184.

55. L edition critique des AcAndGr, preparee par Jean-Marc Prieur

paraitra prochainement dans la Series apocryphorum. Je cite ce texte

d apres la division en chapitres de I edition Prieur.

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LA PLACE DES FEMMES 297

et dans Ie Satyricon de Petrone, ou du type des ConIes amou-

reux que DOUg conserves Parthenius de Nicee 58. C'est dans

ce domaine trap mal conDO des histoires populaires a theme

erotique qu'il Caul situer leg antecedents des sections roma-

nesques des Actes apocryphes.

2. L 'episode de la servante Euclia montre ensuite que leg

histoires dites de chastete ne refletent pas un point de vue

feminin et ne s' enracinent pas dans un milieu de femmes

affirmant leur autonomie par la pratique de la continence. II

illustre certes la resolution de Maximilla a refuser l'impurete

sexuelle, mais il Ie fait de maniere peu morale et surtout fort

peu feministe. Au lieu d'afficher ouvertement sa resolution,

elle utilise one autre femme qui continuera a satisfaire Ie

« de sir impur » d'Egeate et qui se souillera a sa place. Que

cette femme SOil de basse extraction et de mreurs dereglees

ne change rien a l'affaire, a mains de supposer que l'exi-

gence de purete sexuelle n' etait valable que pour one elite

bien nee Dans I' economie des AcAnd, DolCe ecit a one fonc-

lion de divertissement et tranche nettement avec leg parties

plus serieuses qui l'entourent, ou Andre enseigne et fortifie

leg siens. II est donc exclu qu'il ail ete compose pour l'edifi-

cation d'une communaute de chretiennes adeptes de la conti-

nence.

3. Le fecit montre enfin qu'on ne trouve dans leg histoires

de chastete ni contraste systematique entre personnages femi-

Dins et personnages masculins, ni tendance a peindre en naif

leg maris et leg representants de l'autorite politique 59. Le

portrait d'Egeate n'est pas celui d'un homme tyrannique et

sur de son pouvoir de male. Nous avons vu que sa reaction

etait dictee par la tendresse qu'il vouait a sa femme. Cette

image est confirmee par la scene suivante, ou il s'adresse a

Maximilla en des termes pIeing d' affection et de respect:

« J'etreins tes pieds, moi qui suis ton mari depuis douze ans

deja. Je t'ai toujours consideree, et je te considere maintenant

encore, presque comme one deesse, a cause de ta sagesse et

de ta conduite si convenable. II est possible, puisque toi aussi

58. Sur la delle de ces romans antiques Ii I' egard des his to res amou-

reuses de la tradition populaire, voir Th. HAGG, 1983, p. 166-191.

59. Contre S.L. DAVIES, 1980, p. 52sq; V. BURRUS, 1984, p. 66-68;

1986, p. 107-108. '

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298

LA FABLE APOCRYPHE

tu es humaine, que ces qualites aient subi un changement

passager. Si donc il s agit de cela, s il y a un autre homme

dans ta vie -soup~on qui ne m avail jamais effleure, je Ie

pardonnerai et je Ie cacherai, comme tu as toi-m~me supporte

mes nombreux ecarts. Et si c est one chose plus grave qui te

separe de moi, avoue-le et j y remedierai peut-~tre, moi qui

ai appris a ne te contredire en rien » 6°. On trouve ailleurs

aussi des discours de ce genre, ou un mari essaie de recon-

querir sa femme en depeignant I amour qu il Iui porte et Ia

detresse ou Ie plonge son changementd attitude 61. I est bien

evident qu on ne peut suivre Davies Iorsqu il rattache ces

plaintes amoureuses a I experience vecue de certaines chre-

tiennes qui s etaient separees de leur mari 62. Nous sommes

en presence de compositions romanesques, ou il est vain de

chercher Ia trace de situations reelles.

Les Actes apocryphes et Its « veuves»

II faut encore dire un mot des passages des Actes apocry-

phes qui font mention des « veuves ». Leur rapport avec Ia

realite sociale est d un tout autre ordre que celui des recits

romanesques 0\1 apparaissent Ies « heroines de Ia chastete ».

Les donnees qu ils fournissent peuvent en effet etre con ir-

mees par d autres documents du christianisme ancien 63. Que

peut-on en tiTer pour Ia question qui nous occupe? Ceux qui

situent I origine des Actes apocryphes dans un milieu specifi-

quement feminin identifient ce milieu avec Ies communautes

de « veuves » dont I existence est attestee par diverses

sources 64. Cette identification est surtout defendue par

Davies, qui s appuie principalement sur I interet particulier

que nos textes porteraient aux problemes des « veuves ».

L argument merite d etre examine, meme si I identification

proposee me parait insoutenable.

60. AcAndGr 23. Cf. aussi AcAndGr 36 (= AcAnd, fragment du Vatic.

808, 4, cd. M. BONNET, . 39,12-26).

61. Cf. AcThom 100; 114-117.

62. Cf. S.L. DAVIES, 980,p. 80-82.

63. Le dossier est rcuni par G. STARLIN, 973.

64. Cf. S.L. DAVIES,1980, p. 70-94 «< Widows and the Apocryphal

Acts »); D.R. MACDoNALD,1983, p. 39-40; 50-51; 73-77; V. BURRUS,

1984,p. 90-91 et 1986,p. 114.

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299

A PLACE DES FEMMES

Je releverai d abord que leg « veuves » ne sont pas mention-

flees dans tOgS eg Actes, ce qui devrait suffice a empecher

toute generalisation. C est ainsi qu elles sont completement

absentes dans ce qui flOgS este des AcAnd. Ce silence n est

sans doute pas fortuit. On pent en effet Ie rapprocher d une

autre particularite du texte : Andre refuse regulierement d ac-

cepter leg biens materiels offerts par leg beneficiaires de ses

miracles 65. L absence d interet pour la bienfaisance organisee

va donc de pair avec l absence des « veuves ».

Je remarque ensuite que, dans leg autres Actes, leg passages

0\1 il est question des « veuves » different par leur significa-

tion, et qu on ne pent pas en tirer un tableau homogene. lIs

comportent certes un trait constant: leg « veuves » y appa-

raissent toujours comme un groupe qui beneficie de I assis-

tance materielle de la communaute. Les biens mis a disposi-

tion par leg fideles plus aises leur sont distribues par

l intermediaire de l apotre ou de ses assistants 66. Dans ces

passages, eg Actes refletent la pratique caritative de l Eglise

en faveur des veuves, qu attestent aussi d autres sources 67.

Mais chacon d eux Ie fait d une maniere particuliere.

Les AcPetr sont ceux qui mentionnent Ie plus souvent les

« veuves » et qui peuvent Ie mieux justifier la these d un

auteur portant un interet particulier a ce groupe. Les femmes

qui se reunissent dans la maison de Marcellus pour y prier et

y recevoir assistance sont appelees aussi bien vidua que

virgines domini (ou Christi) 68. Nous avons ici la preuve evi-

dente que Ie terme de « veuves » pouvait prendre un sens

large et designer des femmes non mariees ayant fait vreu de

65. Ce refus est atteste dans Ie Liber de Miraculis B. Andrere Apostoli

de Gregoire de Tours (ed. M. BONNET, 1885, t. 1,2) : ch. 7, p.

831,22-23; 15, p. 834,39-40; 16, p. 835,1-12; 26, p. 842,3-7; 30, p.

844,16-17= Laudatio 38 (ed. M. BONNET, 894, p. 339,1-5). Deux pas-

sages seulement peut-etre secondaires -par lent d une distribution

d argent aux pauvres: Liber, ch. 5, p. 830,16-18; 12, p. 833,26.

66. Cf. AcPetr 29, p. 79,4-15; AcPaul, Heidelberg, p. 33-34; Acloh,

texte irlandais du Liber Flavus (cf. E. JUNoD-J.-D. KAESTLI,1983, p.

114-115 t 130-132); AcThom 59, p. 176,1-5.

67. Cf. notamment Ac 6,1; 9,36-41; 1 Tm 5,3-16, et c;:J.STARLIN,1973,

p. 449-450.

68. Comparer AcPetr 19, p. 66,13 (vidure) et 22, p. 69,22 (virgines

Domini); AcPetr 29 p. 79,5 (vidure) et p. 79,10 (virgines Christi).

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300 LA FABLE APOCRYPHE

chastete. Le groupe rassemble chez Marcellus comprend aussi

des seniores. On traduit habituellement par « vieillards », ce

qui implique que l assemblee est mixte. Ie pense qu il s agit

plutot de femmes qui constituent, a cause de leur age, one

categorie distincte a l interieur du cercle des « veuves » 69.

Le « service » (ministerium) decrit dans les ch. 19-22 est

donc destine specialement a one communaute de femmes.

Apres un temps consacre a l enseignement et a la priere, on

voit Pierre se mettre a « servir les vierges du Seigneur » 7°,

sans que soil precisee la nature de ce service. Mais il est

possible de faire Ie rapprochement avec Ie « service des

tables » d Ac 6 et de penser a un repas offert aUK « veuves ».

Dans Ie long fecit des AcThom, un seul passage concerne

notre sujet. On y apprend que Ie people converti apporte a

Thomas « beaucoup d argent pour Ie service des veuves. En

effet, il leg tenait rassembleesdans les villes, et a toutes, par

l intermediaire de ses diacres, il envoyait Ie necessaire, vete-

ments et provisions pour se nourrir » 71.L importance de ce

texte ne do t pas etre surestimee. II est trop isole pour qu on

puisse attribuer a I auteur des AcThom one preoccupation

marquee pour les veuves. II faut aussi tenir compte de sa

forme et de sa fonction dans Ie fecit. Nous avons affaire a

un sommaire, decrivant I activite de l apotre en termes gene-

raux et dans un langage impregne de reminiscences bibliques.

Sitot apres la mention des veuves, Ie texte indique que

Thomas ne cessait de precher et il resume Ie contenD de son

enseignement SODSne forme tres traditionnelle 72. Ne faut-il

69. Cf. AcPetr 19, p. 66,13-14 (viduas et seniores); 20, p. 66,22-23

(unam de senioribus viduam); 21,p. 68,17 (de senioribus vidurz) et p.

69,18 (ex senioribus viduis). Seniores doit etre la traduction de presbu-

tides, terme qui designe, d apres Epiphane,Pan. 79,4, les veuves d un

age avance.

70. AcPetr 22, p. 69,21-22.

71. AcThom 59, p. 176,1-5.

72. cr. AcThom 59, p. 176,5-11 : « Quant a lui, il ne cessait de

pre-chef,de leur parler et de leur montrer que ,, etait ce Jesus-Christ

que les Ecritures ant proclame, qui est venu, qui a ete crucifie et qui

est ressuscite des marts apres trois jours. II leur montrait ensuite, en

commen~ant par les prophetes (cf. Lc 24,27), ce qui concerne Ie

Christ, qu il fallait qu il vint et que rut accompli en lui tout ce qui

avait ete predit a son sujet ».

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302

LA FABLE APOCRYPHE

difficultes rencontrees par des responsables de la diaconie

ecclesiastique dans leurs rapports avec les veuves. II est clair

en tout cas que ce groupe de femmes n etait pas tenD en

grande estime par l auteur des Acloh.

En definitive, les divers arguments avances par les tenants

d une lecture « feministe » des Actes apocryphes s averent

insuffisamment fondes. Sauf dans Ie cas des AcThecl, on ne

peut pas situer la genese de ces recits dans one communaute

de « veuves ». Seule one etude de chaque texte dans sa sin-

gularite et dans sa totalite pourra evaluer it. sa josle mesure la

contribution des Actes it. a connaissance historique du chris-

tianisme ancien, et du role qu y ont joue les femmes.

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Michael E. STONE

Universite Hebraique

de Jerusalem

TRA VAUX ACTUELS

SUR LA LITTERA TURE

APOCRYPHEARMENIENNE

II Y a bien des annees que je m occupe de la litterature

apocryphe ecrite en armenien. Les ecrits que j ai etudies

son , pour la pI upart, relatif s aI AT et aux figures vetero-

testamentaires, mais il me semble que ces recherches ont

beaucoup a DOUg pprendre, soil au plan du contenu, soil au

plan de la methodologie, pour Ie developpement de la recher-

che sur leg apocryphes du NT, moins connus dans leur ver-

sion armenienne. Ce rapport se divise en quatre sections.

Dans les trois premieres je donnerai un resume de ce qui est

acheve sur Ie plan de ces etudes et la quatrieme sera consa-

cree aux travaux que j ai aujourd hui en chantier.

En dehors des apocryphes «classiques» des deux Testa-

ments, comme leg Testamentsdes XII Patriarches et Ie Prot-

evangile de Jacques, il existe en armenien un nombre si

grand d apocryphes qu il depasse toute mesure raisonnable.

La publication de ces livres apocryphes armeniens est un des

buts leg plus importants de roes etudes.

Depuis quatre-vingt dix aDS, leg Peres Mechitaristes de

Venise ont redige deux volumes de textes apocryphes, l un

relevant de l AT et l autre du NT (YovSEP IANC 1896;

T AYEC I 1898). Le volume des tcxtes veterotestamentaires est

traduit en anglais (J. ISSAVERDENS,934), mais jusqu a ce

jour la collection des apocryphes du NT reste sans traduction

en langue occidentale. C est maintcnant Dom Louis Leloir qui

traduit une partie de cette collection.

La contribution des Peres venitiens est immense, DOUg e

reconnaissons tous. Mais il Caul aussi insister sur leg proble-

Rapport acheve en septembre 1986

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APOCRYPHES ARMENIENS

305

tore apocryphe armenienne, ce qui est possible en theorie se

revele tout a fait impossible dans la pratique: De plus, pour

Ie travail d edition des textes, les problemes techniques soot

de premiere importance.

II faut par ail eurs ajouter qu il est evident que Ie reper-

toire conDO et publie des textes apocryphes en armenien

represente seulement one partie tres incomplete de l ensemble

des textes de la litterature apocryphe conserves en armenien.

En outre, les editeurs des collections venitiennes ne s interes-

saient guere aux textes composes en armenien, mais bien plus

aux textes traduits du grec et du syriaque. Certes, dans les

deux collections, on trouve aussi des textes composes en

armenien; mais, tout a fait naturellement, Ie regard de I edi-

teur se portait sur les textes qui etaient conDOSdans les

autres langues chretiennes et qui faisaient partie de la littera-

tore apocryphe connue.

Ces problemes d edition soot identiques pour tous les

textes apocryphes, qu ils appartiennent aux traditions neo ou

veterotestamentaires. De meme, les observations qui vont sui-

vre concernent aussi bien les textes relevant de l AT que

ceux du corpus apocryphe du NT.

1. (Euvres preparatoires

J ai parle plus haul du grand nombre des manuscrits arme-

niens. L existence d un manuscrit ou d une collection de

manuscrits ne soffit pas; pour les travaux savants, on a aussi

besoin des catalogues scientifiques des bibliotheques de

manuscrits. Tandis que quelques apocryphes armeniens sont

inclus regulierement dans les manuscrits bibliques, beaucoup

d entre eux ne s y trouvent jamais. Ainsi, par exemple, la

plupart des copies des Testaments des XII Patriarches, et

presque toutes les copies de 4 Esdras existent dans les bibles

manuscrites (M. STONE,1977; 1979, p. 6-11). Mais, pour les

Vita Prophetarum, la situation est differente. Les vies des

douze prophetes mineurs et d Esaie, de Jeremie, de Daniel et

d Ezechiel sont souvent ajoutees aux propheties attribuees a

ces personnages dans les manuscrits de la Bible, mais on n y

rencontre pas les vies d Elie et d Elisee, de Nathan et de

Zacharie fils de Jehoiada, ni celles des autres personnages

bibliques inclues dans la collection grecque des Vita Prophe-

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306

LA FABLE APOCRYPHE

tarum. Un sent manuscrit, Ie n' 1.500 d'Erevan, donne one

Bible entiere, y compris un cycle repandu des vies propheti-

ques, mais ce manuscrit remarquable qui a ete redige et reco-

pie par I'immense savant Mechitar Ayrivanetsi (XlIle s.), est

atypique, car il comprend beaucoup de « scholies» et d'au-

tres developpements (M. STONE, 1976B; HARUT'YUNYAN,

1985, p. 100-145). C'est dans les manuscrits de caractere

hagiographique que se trouvent les vies des autres prophetes

auxquels on n attribue pas un livre biblique independant

(M. STONE, 982a,p. 129-131).

Les livres apocryphes ne se trouvent pas seulement dans

les manuscrits bibliques ou hagiographiques. lis soot aussi

disperses dans des manuscrits de genres divers parmi lesquels

les Miscellanea (Z vacu en armenien) occupent one place

tres importante. On pent souvent deviner Ie lieu oil I'on trou-

vera des livres apocryphes dans one bible manuscrite, car its

soot a la suite des livres bibliques avec lesquels its soot en

rapport, ou bien its soot inseres a la fin des subdivisions du

canon. De meme, dans les manuscrits hagiographiques, les

textes apocryphes soot associes aux dates des fetes des saints

bibliques. Mais il est tout a fait impossible de savoir si un

manuscrit de caractere «mixte» conserve un texte apocry-

phe, sans Ie lire. C'est alors qu'on a besoin des catalogues de

manuscrits parce qu'il est evidemment impossible de lire tons

les manuscrits.

Combien de manuscrits armeniens soot-its catalogues? On a

pub ie un catalogue court de la collection d'Erevan (0. EGA-

NYAN,1965; 1970) qui offre seulement es titles des ouvrages

inclus dans chaque manuscrit, et parfois ne mentionne pas

des ecrits brefs ou sans titre. Le premier volume du catalo-

gue detail e a parD depuis quelques mois et on m'a dit a

Erevan qu'un nouveau volume doit paraitre chaque annee,

jusqu'a l'achevement du travail (0. EGANYAN, 1984). A

Venise, on a publie seulement deux volumes du catalogue, qui

comprennent environ 600 manuscrits (B. SARGHISSIAN,895;

SARGHISSIAN SARGSIAN, 966). Presque tons les manuscrits

de Jerusalem soot catalogues par Ie bibliothecaire des manus-

crits, Mgr N. Bogharian (N. BOGHARIAN,1966-1979) et Ie

catalogue des manuscrits des Peres Mechitaristes de Vienne

est acheve (J. DASHIAN,1895; H. OSKIAN, 1963). Le travail

de preparation des catalogues des autres collections fait aussi~

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LA FABLE APOCRYPHE

08

nien. La je peux parler de l edition critique de 4 Esdras, qui

est la premiere edition critique d un livre biblique ou quasi-

biblique armenien. Vingt et un manuscrits y sont collationnes

(M. STONE,1979). Un second texte du meme genre, les Testa-

ments des XII Patriarches, se trouv.e dans plus de 51 manus-

crits. J ai fait one edition preliminaire du Testament de Levi

en 1969 (M. STONE,1969). J ai alors ete oblige de constater,

les manuscrits etant tellement nombreux, que la preparation

d une edition critique serait un travail enorme, tandis que les

resultats pour la restitution du texte originel du livre seraient

limites. J ai reussi a mettre au point one methode grace a

laquelle on pent choisir un ensemble plus limite de manus-

crits (comprenant les manuscrits les plus importants du livre)

et qui permet de donner one conception claire de la structure

de la tradition manuscrite. Cette methode m a servi pour la

preparation d une editio minor du Testament de Joseph. Elle

a ete affinee par roes eleves Cox et Cowe dans leurs editions

des livres bibliques (M. STONE, 1975; C. Cox, 1981;

S.P. COWE, 1983) et je l utilise aujourd hui pour preparer

l edition critique des douze testaments. A ce propos, on doit

rappeler qu outre 4 Esdras, bon nombre de livres apocryphes

sont inclus dans les bibles manuscrites armeniennes: Joseph

et Asenath, les Vies des Prophetes, la Vie de Joseph du ps-

Ephrem, parfois la Sagesse d Ahikar, III Corinthiens, la Dor-

mition de saint Jean et d autres compositions encore.

b. J ai publie aussi des textes d apocryphes qui ne sont pas

lies au corpus biblique dans les manuscrits. Certains d entre

eux ont ete traduits en armenien du grec ou du syriaque,

mais certains autres ont ete rediges directement en armenien,

en utilisant des traditions anterieures tant juives que chretien-

nes. Parmi ces textes se trouvent les grandes paraphrases de

l histoire biblique, beaucoup de documents relatifs aux proto-

plastes, au roi Salomon, a Daniel et aux trois jeunes

Hebreux, etc. J ai publie un rapport sur ces ecrits (M. STONE,

1982c).

3. Resultats des travaux

Les resultats Ies plus importants de ces travaux concernent

Ia methode et I etude de la litterature et de son contenu. Pour

la methode, on doit souligner Ie developpement de la metho-

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APOCRYPHES ARMENIENS

309

dologie de selection des manuscrits a collationner pour les

editiones minores critiques. Ce point est tres important, car

les manuscrits soot souvent tres nombreux, mais les editeurs

de textes Ie soot moins. Les derniers travaux de Cox et Cowe

ont reussi a demontrer comment on peut se servir des edi-

tions ainsi preparees pour eclaircir les grandes lignes de la

transmission des manuscrits bibliques et l evolution du corpus

biblique et de son contenu (y compris les apocryphes). Pour

l etude du contenu, il suffit de regarder la publication et la

traduction de textes anterieurement inconnus. Leur traduction

en anglais offre aux non-armenisants la possibilite de les

consulter.

Pour 4 Esdras, j ai reussi a demontrer que la traduction

armenienne actuelle est une traduction fide Ie d un remanie-

ment grec du livre, acheve avant Ie yc s.

C est un exemple frappant de la christianisation d un texte

juif, que nous pouvons comparer avec Ie texte juif qui survit.

On a parle beaucoup de ce procede de christianisation et il

est main enant possible de l observer de pres. En outre, ce

remaniement est lie aux autres apocryphes chretiens mis sous

Ie nom d Esdras, qui existent en diverses langues. II Caul

insister sur l exemplarite de ce cas, tant au plan de la

methode qu au plan de l investigation du contenu. Pour ces

compositions tout a fait separees de la tradition du corpus

biblique et quasi-biblique, dont je viens de parler, il est

necessaire de souligner quelques points. Le premier est que

cette litterature est tres vaste et comporte un nombre extraor-

dinaire d ouvrages dont, a moo avis, seule une petite partie

est connue. La publication continue des catalogues de manus-

crits en revelera l ampleur. En outre, il Caul remarquer que,

pour ces ouvrages, notre distinction habituelle entre les apo-

cryphes vetero et neotestamentaires n est plus pertinente.

Beaucoup de ces livres traitent d evenements ou de personna-

ges appartenant aux deux testaments. Certes, quelques-uns

d entre eux soot consacres a des sujets puises dans l un ou

l autre testament, mais tous ces ecrits soot composes a partir

d une conception selon laquelle l histoire sacree toute entiere

forme une structure continue et unitaire. Les deux testaments

etaient une revelation divine unifiee. On decouvre souvent

qu un texte ecrit apparemment sur un sujet ou un personnage

mentionne par l AT, est d une importance capitale pour la~

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~ ..

LA FABLE APOCRYPHE

10

..

comprehension des traditions apocryphes liees aux personna-

ges ou aux evenements du NT. J'en donnerai un exemple. A

Erevan, j'ai recemment recopie d'un manuscrit un texte rela-

tit a l'expulsion des protoplastes du Jardin d'Eden. Dans ce

texte se trouve one tradition, connue aussi par d'autres apo-

cryphes armeniens, selon laquelle Satan a grandement trompe

les protoplastes en dehors du Paradis. Quand il faisait nuit,

les protoplastes craignaient de ne plus revoir la lumiere.

Satan prit l'aspect d'un ange et leur promit de faire revenir

la lumiere s'ils faisaient un pacte avec lui pour Ie servir

«jusqu'a la naissance de ce qui n'est pas ne et jusqu'a la

mort de ce qui ne meurt pas. }} Adam accepta de conclure cet

accord. Le lendemain, au lever du soleil, Adam et Eve recon-

nurent la tromperie du diable, mais Dieu les reconforta en

disant qu'il y avait la reference au Christ et promesse de son

Incarnation.

Dans la suite de ce texte, on trouve l'histoire de la nais-

sance, de la vie et de la crucifixion de J -C. C'est-a-dire

qu'on trouve la dans one histoire apocryphe narrative, les

conceptions theologiques bien connues. On y trouve reunies

des traditions touchant aux personnages de l' AT avec des

conceptions prises au NT; plus loin, en effet on trouve la

description de l' annulation par Ie Christ de l' accord entft''.

Adam et Satan. Des traditions sembIabIes apparaissent aussi

dans d'autres livres, independamment de cette histoire des

protoplastes. 11 est incontestable dans ce cas que la distinc-

tion entre les apocryphes veterotestamentaires et neotestamen-

taires n'est plus valable.

Enfin, pour conclure sur ce point, je veux insister one fois

encore sur la richesse de ces redactions en armenien, sur leur

importance pour l'etude de la litterature apocryphe et de

1 histoire intellectuelle du people armenien. Par ailleurs, ces

ecrits «vraiment armeniens}) sont d 'un grand interet pour

l'etude de la litterature juive plus ancienne. Tantot ils conser-

vent des traditions juives anciennes, connues ou meme incon-

nues; tantot ils offrent des aper~us sur la comprehension des

traditions d'origine juive dans la tradition armenienne. En

outre, on peut y trouver beaucoup de materiaux qui nous

eclairent sur les relations entre la litterature armenienne et

les autres litteratures chretiennes de 1 Orient.

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311

4. Travaux en cours

En ce moment, j ai en chantier leg ouvrages suivants qui

appartiennent au domaine de la litterature apocryphe arme-

nienne:

a. j ai acheve un commentaire sur la version armenienne (et

donc chretienne)de 4 Esdras qui paraitra l annee prochaine.

b. J ai acheve aussi la collation des manuscrits des Testa-

ments des XII Patriarches. J ai decouvert un manuscrit du

Xc s. qui demontre que la traduction armenienne, ainsi que

leg familIes du texte grec dans leur evolution ancienne, sont

au moins de trois cents ans plus anciennes que ce que nous

pensions jusqu a present.

c. Je continue toujours a rassembler et a editer leg textes

non-bibliques, et j ai deja reuni un certain nombre de textes

relatifs aux protoplastes, a Melchisedek, a Abraham, a Eze-

chiel et a Job.

d. En meme temps, leg travaux preparatoires continuent et

j ai prepare pour la publication un texte relatif au calendrier

juif, dont Ie comput ressemble a celui de Qoumran. Le travail

sur d autres listes de livres canoniques et apocryphes se

poursuit tout comme leg etudes de paleographie et de codico-

logie.

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TABLE DES MATIERES

3

e champdes apocryphes.

7

a fable, pour tout dire

13

Bibliographie generale.

-L apocryphe it l etroit : notes historiographiques

sur les corpus d apocryphes bibliques,

par Jean-Claude PICARD. 69

2 -John Toland. critique deiste de la litterature

apocryphe,

par Francis SCHMIDT. 119

3 -Les representations de la fin des temps dans Ie

chant V des Oracles sibyllins : les strates de l imaginaire,

parBernardTEYSSEDRE 147

4 -L apocalypse d Elkhasai : son role et son

importance pour I histoire du judaisme,

par Luigi CIRILLO.

.167

5 -The Conflict of Justice and Mercy: Attitudes to

the Damned in Apocalyptic Literature,

parRichardBAucKHAM

6 -Late Hebrew Apocalyptic: a Preliminary Survey,

par PhilipS. ALEXANDER .

7 -Les raisons de la conservation des restes de la

litterature juive de l epoque du Second Temple,

parMosheDavidHERR

249

8 -Apocryphal Literature in the Cultural Milieu of

Osrhoene,

parHanJ.W.DRIJVERS-La Doclrina Addai : Ie chroniqueur et ses

documents,

parAlainDESREuMAUX

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314 LA FABLE APOCRYPHE

269

279

10 -L ap6tre d apres la litterature syriaque,

par Javier TEIXIDOR 11Fiction litteraire et realite sociale : que peut-on

savoir de la place des femmes dans Ie milieu de

production des Actes apocryphes des Ap6tres?,

parJean-DanieIKAEsTLl .

12 -Travaux actuels sur la litterature apocryphe

armenienne,

parMichaeISToNE

303

Table des matieres

313

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Maquette de couverture: Vincent GOURAUD

Vignette: mosaIque du phenix d Antioche, d apres photo donnee par

Ie musee du Louvre (departement des antiquites grecques,

etrusques et romaines).

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