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SOMMAIRE
Guillaume Postel, Theodore Bibliander et Ie Protevangile de
Jacques. ntroduction historique, edition et traduction fran-
~aisedu MS. Londres, British Library, Sloane 1411,260r-267r,
Irena BACKUS
7
L' Evangileseton es Hebreux, ourcede l'Evangile de Luc,
Christian-Bernard AMPHOUX
67
QueUe etait la langue origineUe du pseudepigrapheconserve
en corte sous e titre de Paralipomenes e Jeremieet en arabe
sous e titre de Captivite des ils d'Israel Ii Babylone ?
Rene-GeorgesCOQUIN
79
Deux homeies de Paquesen anglaisancien,
RobertFAERBER ,
93
Apocrypha, Culture Medium and Development ofDoctrine.
Some Facts in Quest of a Terminology,
MartinMcNAMARA
127
Deux home ies pseudo-chrysostomiennes our la fete mariale
du 15 aout,
BernardOU1TlER
The Genre of the Acts of Andrew,
DavidW.PAO
179
Verites et contre-verites : la vie de Mani seton es Acta Arche-
[ai,
Madeleine SCOPELLO.
203
Pour une comprehension de la signification apocryphe dans
Ie continent scripturaire ,
IsabelleULLERN-WEITE
235
The Miracles of Jesus: An Ethiopian Apocryphal Gospel,
WitoldWITAKc.WSKI
279
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APOCRYPHA
Fondee en 199
I
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APOCRYPHA
Revue Internationale des Litteratures Apocryphes
International Journal of Apocryphal Literatures
Secretaire de redaction
S. C. MIMOUNI
Comite de redaction.
P. GEOLTRAIN, R. GOUNELLE, E. JUNOD,
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Comite scientifique
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Revue publiee avec Ie concours scientifique
de l Association pour l etude de la litterature apocryphe chretienne
(A.B.LA.C.)
et de la Societe pour l etude de la litterature apocryphe chretienne
(S.B.LA.C.)
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La Societepour l etude de la litterature apocryphe chre-
rienne, voulant assurer au Secretare de redaction de la
Revue une pleine liberte scientifique, declare qu elle
n acceptepas la responsabilitedes articles et qu elle la laisse
entierementaux auteurs.
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R POLS
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@ 1995 Brepols
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ISBN 2-503-50399-3
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Irena BACKUS
Universitede Geneve
GUILLAUME POSTEL,
THEODORE BIBLIANDER ET LE
PROTEV ANGILE DE JACQUES
INTRODUCflON HISTORIQUE, EDITION ET TRADUCflON
FRAN(:AISE DU MS. LoNDRES, BRITISH LIBRARY, SLOANE
1411,260r-267r
MS. Sloane 1411, held by the British Library in London, includes
among other Postelliana, the autograph of Postel'sLatin translation of he
Proteuangelion Jacobi, dated 1551 as well as the autograph copy of the
Greek text,copied by Postel n 1553. The Greek text,on closer inspection,
turns out to be the text Fa, consideredby Tischendorf,and later by Stryc-
ker; as completely independent of Postel's Greek prototype. The Latin
translation in MS. Sloane represents he primitive stageof the translation
published later (1552) by Bibliander who amended it considerably,
although not having a Greek text at his disposal. t is the Latin translation
of 1551 which we edit here with Bibliander's amendments n the orm of
variants. Modern editors of the Proteuangelion should henceforth work
from Postel'sprimitive Latin translation, not rom Biblianders published
version. Moreover; it is obvious that the Greek text Fa constituted one of
the two originals used by Postel or his Latin translation. His other origi-
nal (which we have called provisionally Pos.lat.) is no longer extant.Final-
ly, it appears that Postel's discovery of the Proteuangelion as well as its
publication by Bibliander constitutean important contribution to 16th cen-
tury discussions on the Biblical canon, which, it would seem, emained
uninfluenced by confessionaldifferences.
Le MS. Sloane1411 detenupar la British Library a Londres renferme
l'autographede la traduction Larine e Posteldu Protevangile aite en 1551
ainsi que le textegrec recopiepar lui en1553. Suitea un examen detaille,
le texte grec s'avereetrt; le texteFa, que Tischendorfpuis Strycker consi-
dererent comme tout a fait independant du prototype grec de Postel. La
traduction Larinequant a elle represente'etat primitif de a traduction, edi-
teepar les soins de Bibliander en1552. Nous editons ci le texte de la tra-
duction Larinede Postel d'apres le MS. Sloane 1411, en notant les rema-
Apocrypha ,1995, . 7-65
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I. BACKUS
niementsde Bibliander SOlIsorme de variantes.Les editeursmodernesdu
Protevangile doivent donc tenir compte desormaisde la traduction latine
de Postel telle que nous l'editons ici. Par ailleurs, on sail maintenant que
Ie texteFa est 'un desdeux originaux dont seservit Postelpour sa traduc-
tion, puisqu'il en disposait avant d'en faire la copie qui se trouve dans e
MS. Sloane1411. Lesecondoriginal de Postel (que nous avonsappelePos.
lat.) demeure nconnu. Enfin, commenous e montrons, a decouverte ar
Postel du Protevangile, ainsi que sa publication par Bibliander, constitue
un chapitre important de la discussionsur Ie canon, et ceci independam-
ment de tout differend confessionnel.
INTRODUCTION HISTORIQUE A
L'EDITION DU MANUSCRIT LONDRES,
BRITISH LIBRARY, SLOANE 1411
(260r .-267r.)
Par cette introduction, nous esperons apporter quelques ele-
ments nouveaux a noire etat de connaissances u texte grec utili-
se par Guillaume Postellors de ses ravaux sur Ie fecit qu'il bap-
tisa lui-meme ProteuangelionJacobi. Nous allons egalementexa-
miner de plus pres a traduction latine de Posteleffectuee en 1551,
editee avecdes remaniementspar Theodore Bibliander en 15521,
et editee ici pour la premiere fois d'apres l'autographe de Postel.
Entin, nous tenterons de decrire la maniere doni Postel et Biblian-
der re ,urent respectivement Ie Protevangile, a lecture qu'ils en
firent, et la place qu'ils lui accorderent, l'un et I'autre, dans Ie
canon du Nouveau Testament.
1. Proteuangelion siue de natalibus Iesu Christi et ips us matris Virgin is
Mariae sermo historicus diui Iacobi minoris, consobrini et ratris Domini
Iesu, apostoli primarii et episcopi Christianorum primi Hierosolymis.
Euangelica historia,quam scripsit beatusMarcus,Petri apostolorumprin-
cipis discipulus et ilius, primus episcopusAlexandriae. Vita Ioannis Marci
euangelistae, ollecta exprobatioribus autoribus per TheodorumBiblian-
drum. Indices rerum ac verborum, quae vicem commentarii implent,
concinnati per eundem. Basileae (Ioh. Oporinus), 1552. Ci-apres:
BIBLIANDER, roteuangelion,1552.
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UILLAUME POSTEL
Etat des travaux sur Ie texte grec de Postel
Dans son edition critique du Protevangile parue en 1961,
Emile de Strycker2, a la suite de Fabricius3, Tischendorf4 et
Amann5 (pour n'evoquer que les specialistes es plus eminents),
affirme ce qui suit au sujet du texte grec (et de la traduction lati-
ne) de Guillaume Postel:
Quand au COUTSe l'hiver 1549-50, l'humaniste fran~ais
Guillaume Postel rentra d'un voyage d'etudes d'un an et demi
a Jerusalemet a Constantinople, il rapportait dans sesbagages
Ie texte d'un ouvrage grec inconnu en Occident, mais extre-
mement repandu dans l'Orient chretien. II en fit une traduc-
tion latine que Theodore Bibliander publia en 1552, a Bale,
chez Jean Oporin, sous e titre de Protevangile,Testeusuel us-
qu'a nos ours. On ne sail ce qu'est devenu 'exemplaire grec
de Postel mais il y a peu de chancesque ce ffit un manuscrit
grec proprement dit: Ie Protevangile est une oeuvre qui se
trouve presque toujours dans les menologes, recueils litur-
giques de lectures pour les fetes du sanctoral, disposes selon
l'ordre du calendrier. II nous parait probable que Postel n'a
pas acquis un tel menologe, mais qu'il a simplement transcrit
ou fait transcrire a sonusage e seul exte qui l'interessait, celui
qu'on lisait habituellement a la fete de la Nativite de la Vier-
ge, Ie 8 septembre. II n'y a rien d'etonnant a ce qu'une telle
copie ail disparu a la mort de son proprietaire avec e Testede
sesnotes personnelles6.
Et Strycker de poursuivre en expliquant que ce fut douze aDS
apres la parution de la version latine, soit en 1564,que Michael
Neander 6dita Ie texte grec du Protevangile, d'apres des sources
manuscrites au moins en partie diff6rentes en y joignant la tra-
2. La forme la plus anciennedu Protevangilede Jacques.Recherches ur
Ie papyrus Bodmer 5 avecune edition critique du textegrec et une traduc-
tion annotee par Emile DE STRYCKER,.J. En appendice.. es versions
armeniennes raduites en latin par Hans QUECKE,S.J.,Societe des Bol-
landistes, Bruxelles, 1961 (Subsidia Hagiographica, no. 33), 3ss. Cite
ci-apres comme STRYCKER.
3. JohannesAlbertus FABRICIUS, odex apocryphusNovi Testamenti,. I,
Hamburgi, 1703,16-125.Nous nollS eferons ici a la deuxieme edition de
cet ouvrage: t. I, Hamburgi, 1719,39-126. Ci-apres FABRICIUS,719.
4. Constantinus DE TISCHENDORF,uangelia apocrypha, Lipsiae, 1853,
1-48. Ci-apres TISCHENDORF,853.
S. Le Protevangile de Jacques et ses remaniements atins. Introduction,
textes,raduction et commentaire ar Emile AMANN,Paris,1910 (Les Apo-
cryphes du Nouveau Testament ublies SOilSa direction de J. BOUSQUET
et E. AMANN). Ci-apres: AMANN.
6.STRYCKER..
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I. BACKUS
duction de Poster. Notons encore que Ie meme texte grec et la
meme version atine seront repris en 1569par Johann Jakob Gry-
naeus dans son vaste n-folio des Monumenta sanctorum Patrum
orthodoxographa8,et en 1703 par Fabricius dans son Codex apo-
cryphus. Ce dernier ajoute en italiques les phrases qui se lisent
dans Ie grec mais qui manquent dans a traduction latine; il met
entre parentheses es phrases qui se lisent chez Postel mais non
pas dans e grec9.Frappe par la difference entre Ie grec et Ie latin,
Fabricius ajoute encore un commentaire signalant des variantes
de la tradition indirecte.
En ce qui concerne l identification du texte grec de Postel, ni
Smid, qui publia son Protevangelium Jacobi. A Commentaryen
1965, ni Schneemelcherdans a cinquieme edition de sesNeutes-
tamentlicheApokryphen n avancent la moindre hypothese nou-
vellelO.
Intimement persuade du fait que la traduction latine de Postel
a comme base un texte grec autre que celui qui fut imprime par
Neander en 1564,Strycker, dans son edition, range la traduction
de Postel (Pos) dans Ie groupe des testes raditionis obliquae
(SBILMR Pos), qui se caracterise par de nombreuses e~ons se
detachant clairement du reste de la tradition et n ayant aucun
temoin anciencomme appui (Strycker en donne la liste aux pages
341-345). La recension du groupe remonterait selon lui au VIe
7. En appendice a son edition de la Catechesis Martini Lutheri parua grae-
co-latina, Basileae, 1564. Sur Michael Neander (Neumann), maitre d eco-
Ie, humaniste, ct. Hermann HEINECK,Aus dem Leben Michael Neanders,
Nordhausen, 1925. Voici Ie titre complet de son recueil d apocryphes de
1564: Apocrypha, hoc est, Narrationes de Christo, Maria, Joseph, cogna-
tione et amilia Christi extra Biblia, apud veteres ramen Graecos scriptores
patres, historicos et philologos reperta (inserto etiam Proteuangelio Jaco-
bi Graece, in Oriente nuper reperto, necdum edito hactenus) ex Oraculo-
rum ac Sibyllarum vocibus, gentium etiam testimoniis, denique multorum
veterum autorum libris descripta, exposita et edita graecolatine a Michae-
Ie Neandro Sorauiense... Basileae (1564). Nous nons fondons ici sur la
reimpression de 1567.
8. Quelques renseignements sur Ie recueil de Grynaeus dans: Frank HIE-
RONYMUS,Griechischer Geist aus Basler Pressen, Bale, 1993, no. 439. II
s agit de Johann Jakob Grynaeus (1540-1617), originaire de Berne, pro-
fesseur d Ancien, puis de Nouveau Testament a Bale, excellent hellenis-
te, qui devait devenir l un des fondateurs de l orthodoxie reformee a Bale.
Ct. HIERONYMUS,no. 434.
9. Ct. FABRICIUS,1719, 66--67.
10. H. R. SMID, Protevangelium Jacobi. A Commentary, Assen, 1965; W.
SCHNEEMELCHER,Neutestamentliche Apokryphen, 5. Auflage, Bd. I,
Evangelien, Tubingen, 1987,335-349.
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GUILLAUME POSTEL
siecle, e papyrus Bodmer 5, basede son edition, remontant quant
a lui au IIIe siecle.
Le texte grecde Neander/Fabricius, toujours d'apres Strycker,
n'appartient pas au groupe des testes raditionis obliquae. Visi-
blement mal a l'aise devant l'edition Neander/Fabricius (Fa),
Strycker constate que celle-<:i s'accorde avec e groupe pour plu-
sieursvariantes specifiques"mills que res rencontres soot res irre-
gulieres. De plus, note Strycker, "Fa contient de nombreuses
le~onsaberrantes, dont une bonne part seront mputables a l'edi-
teur", ce qui l'amene a formuler la conclusion suivante: "Ie texte
de Fa est eclectique et combine ceux d'au moins deux, plus pro-
bablement de trois ou quatre manuscrits, soit que Neander ait eu
plusieurs exemplairesa sa disposition, soit que sonmodele unique
ait deja integre des donnees provenant de sourcesdiverses"ll.
Le depouillement que Strycker effectua du grand ouvrage d' Al-
bert Ehrhard, Oberlieferung und Bestand der homiletischen und
hagiographischen Literatur der griechischen Kirche van den
Anfiingen his zum Ende des 16. Jhdts (I. Teil, Bd. I-III 2, 1-2,
Leipzig, 1936-52)12, e changea TieD, emble-t-il, a son hypothe-
se de base, a savoir que la traduction latine de Postel (Pos) faite
d'apres un original inconnu (proven ant selon toute probabilite
d'un menologe), et Ie texte grec que Neander mprima en vis-a-vis
de la traduction de Postel constituent deux temoins independants
l'un de l'autre.
11. Ct. STRYCKER,41-349, et specialement349.
U. Ct. Emile DE STRYCKER,Die griechischenHandschriften des Prote-
vangeliumsJacobi" in: D. HARLFlNGERg., GriechischeKodikologie und
Textuberlieferung, Darmstadt, 1980,577-612. Strycker y affirme (607):
"versio latina Gulielmi Postelli (Basileae, 1552) facta est e codice ad
manipulum 5.1.2 pertinenti. Ad editionem textus Graeci principem
Michael Neander (1564)vsus estexemplari e manipulo 3.4.2.2."Le grou-
pe 5.1.2 est considere par Strycker camille appartenant a la "Familia
Constantinopolitana" des manuscrits grecs (ibid., 604), representee
notamment par Ie MS. Vat. gr. 794 t. 71-81 (12esiecle). Le groupe 3.4.2.2
appartient (ibid., 599) a la "Familia Macedonica", dont Ie temoin Ie plus
ancien, Athon. Philotheos 83 ft. 162v.-175,date du 15esiecle. Les dos-
siersde Strycker, auxquels 'ai pu avoir acresgrace a l'amabilite de Mes-
sieurs Jean-Daniel Kaestli et Albert Frey de l' nstitut des sciences
bibliques a l'Universite de Lausanne,ne foumissent pas de donneessup-
plementaires sur Ie ou les modeles grecsde Postel, ni sur a traduction de
celui-ci.
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12
I. BACKUS
Le MS. Sloane1411
Or, la situation semble plus compliquee. Le MS. Sloane 1411 de
la British Library a Londres est un recueil de pieces de Postel
(dont certaines sont autographes) qui semble avoir echappe jus-
qu'a maintenant a l'attention tant des specialistes de Poster3 que
de ceux du Proteuangelion. Le manuscrit renferme notamment
quatre pieces autographes qui jettent line lumiere sur I' original de
Postel aussi bien que sur sa traduction latine. II s'agit des textes
suivants :
1) 253r.-259r. Titre: ' I aKw[3ov TOU aoEA</>o6EOV a1TouT6AOV ap-
XlE1TlUK61TOV LEpooOA~OV A6'Y0S 1TEpt TflS 'YEVEUEU>S' flS iJrrE-
pa'YlaS &U1TOlVllS 1')~WV 6EOT6KOV [sic].
inc. 'Ev TaLS LuToplalS TWV &{)&Ka </>VAWV TOU 11lA.
des. 86~a Kat TO KpaTOS ELS TOOO aLwvaS TWV aLWVWV,
a~-f)v.
2) 26Or.-267r.Titre en italien, barre La natiuita della glorio-
sa virgine Maria, et in generali modo de essanaesceJesunos-
tro saluatore, scritta per SanJacomo, ratello del signor, et del
volume Greco di SymeoneMetafraste cioe expositor della vita
de santi tradotta di Greco , remplace en marge par Ie titre en
latin Patris nostri Jacobi fratris domini sermo historicus de
natiuitate Deiparae .
inc. In historiis 12 tribuum Israel.
des. Cui gloria et fortitudo cum eterno patTe et bono viuifi-
coque Spiritu sancto nunc et semper et in secula seculorum.
Amen.
3) 267r.-271r.Titre Comelii centurionis actus et consumma-
tio .
inc. Post salutarem verbi super terram peregrinationem.
des. Et omnibus respondentibus amen spiritum bilans vocan-
ti tradidit [sic].
13. Franc;:ois ECRET,ui avait pourtant consulte e MS. Sloane 1411,affir-
mait en 1960: Si nous possedons e manuscrit original du Zohar, il ne
semble pas que l'original du Proteuangelionait ete conserve Notes sur
Postel in: Bibliotheque d'Humanisme et Renaissance, 2 (1960), 381).
Dix ans plus tard, Secret recensait e contenu du MS. Sloane 1411 sans
en tiler de conclusion. Ct. Franc;:ois ECRET,ibliographie desmanuscrits
de Guillaume Postel, Geneve, 1970 (Etudes de philologie et d'histoire,
t. 16), 112-121, et specialement 115. Secret se contente d'y relever les
titres sans aucun commentaire, et sans es incipit ni les desinit.
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14 I. BACKUS
Moi, Guillaume Postel, Ie restitue16,atteste solennellement
devant es disciplesde l'Eglise occidentale ou romaine que j'ai
transcrit ce qui precede d'un tres ancien codex de Constanti.
nople, deux aDS pres l'avoir traduit a Venise et apres l'avoir
appele Protevangile . Lorsque je cherchaisa savoir en toute
bonne foi de quelle autorite jouissait ce fecit, les archeveques
qui assistent e patriarche me repondirent en disant qu'il avait
exactement Ie meme poids et la meme autorite que tOllS es
ecrits sacres,car bien qu'il ne fassepas partie du canon, nean-
moins il est approuve par un consensus acite, et semble etre
des plus authentiques du fait que l'Eglise, toujours assidue
dans son recensementdes ecrits inauthentiques, ne l'a jamais
range au nombre des apocryphes.
Cela est confirme par Ie fait que, d'apres a tradition, la plus
grande partie du fecIt est parfaitement orthodoxe. En effet, il
ne contient rien de subversif, a condition d'etre lu a l'aide de
mes notes, qui expliquent tout ce qui pourrait paraitre inco-
herent.
Ajoutons encore que ce Protevangile ne contredit en rien Ie
fecit d'Hippolyte que l'on a l'habitude de joindre aux recits
evangeliquespour clarifier la genealogie du Christ. On trouve
Ie texte du fecit d'Hippolyte dans un tres anciencodex qui est
entre les mains de Nicolao Crasso. C'est ce que j'ai ecrit dans
ma traduction latine, qu'Oporin edita a Bale sans pourtant y
joindre mes annotations, choseque e deplore1?
16. C'est en 1547que Postel aurait ressenti en ui-meme la mort du vieil
homme et la renaissance une nouvelle nature. Ct. I. BACKUS, e miracle
de Laon. Le deraisonnable, e raisonnable, 'apocalyptique et e politique
dans es ecits du miracle de Laon (1566-78),Paris, 1994 De Petrarque i
Descartes,. 58), 32-37, et la litterature qui y est citee.
17. MS Sloane 1411,259r.-v.: Ego Gulielmus Postellusrestitutus fidem
facio ecclesiae occiduae siue Romanae alumnis, quod ex vetustissimo
codice Constantinopoli hoc transcripsi biennia postquam verteram et
nomine Proteuangelii inscripseram Venetiis, et summa fide quaerens n
quanam authoritate haberetur haec historia, est mihi ab illis primariis
archiepiscopis qui patriarchae assistunt esponsum, n eadem ide indu-
bitata in qua et sacra habentur conseruari et credi, licet non sit inter sacci
Canonis libros numeratum, sed tacito consensu ta approbatum, vt licet
non fuerit ascriptum canonicis, ex hoc videtur probatissimae fidei, quod
nunquam inter Apocrypha, quorum censendorum studiosissima fuit
ecclesia,numeratum. Confirmat illud quod traditione simplici maxima
pars huius historiae estreceptissima et nulla reprobata, modo secundum
adnotationes nostras considerentur quae videntur essediuersa. Adde
quod Historiae ex Hippolyto desumptae et Euangelio addi veluti ad cla-
ritatem genealogiae Christi solitae, cuius contextus in vetustissimo codi-
ce,penes Nicolaum Crassumest,hoc Proteuangelium Christi concordat.
Sic enim inscripsi in Latina versione quam Basileae edidit Oporinus, cui
multum doleD detractas essemeas adnotationes . Pour ce qui est de la
mention d'Hippolyte il pourrait bien s'agir d'Hippolyte de Thebes,auteur
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16
I. BACKUS
catholiques que des protestants. Sansdoute mettait-on deja en
cause 'authenticite du Proteuangelion. C'est donc en aout 1553,
loTsde son sejour a Venise, qu'il en recopia Ie texte grec, Oporin
en ayant imprime la traduction latine en 1552grace au travail de
Bibliander.
Mais la question de savoir si Ie texte que Postel recopia en 1553
etait bel et bien celui doni il s'etait servi pour sa traduction deux
ans plus tot Teste entiere. Par ailleurs, comment faut-il com-
prendre la premiere phrase de la note de Postel: fidem facio
quod ex vetustissimocodice Constantinopoli hoc transcripsi bien-
nio postquam verteram et nomine Proteuangelii inscripseram
Venetiis vu que ce n'est pas a Constantinople qu'il retourna en
1553,mais a Venise, oil se trouvait manifestement son original?
Deux reponses sont possibles : so t il taut comprendre codice
Constantinopoli au gensde codice Constantinopolitano (ou
codice Constantinopoli reperto ) soit il taut considererque Pos-
tel ment deliberement et invente un voyage a Constantinople qui
aurait eu lieu en 1553, cela pour rendre son texte encore plus
authentique. Le ton hyperbolique de la note dans son ensemble
rend celle-ci quelque peu suspecte.Toutefois, leg dates donnees
(1551 et 1553)correspondent parfaitement aux deux sejoursveni-
tiens de Postel et a la date de la partition de la version latine du
Proteuangelion (1552).
Quoi qu'il en soit, nous pouvons affirmer que l'on connait
desormais 'origine du texte grec mprime par Neander en 1564 et
1567. Quant a l'hypothese selon aquelle ce texte aurait servi de
base a la version de Postel, nous allons la mettre a l'epreuve en
posant rois questions.D'abord: la version atine de Postelest-elle
assezitterale pour nous permettre de reconstituer Ie texte grec?
Ensuite : dans quelle mesure egremaniementsde Bibliander peu-
vent-jig induire en erreur si l'on ne tente de reconstituer Ie pro-
totype grec de Postel que d'apres l'edition de 1552, sans tenir
compte du manuscrit? Troisiemement, la version manuscrite de
Postelporte-t-elle trace des convictions theologiques de celui-ci,
element susceptible de fausser toute hypothese emise sur le(s)
prototype(s) grec(s)?
Pent-on reconstitner Ie texte glee de Postel d'apres sa
version latine?
En creant un prototype grec Pos, Strycker degageaun certain
nombre de caracteristiques qui Ie distinguaient du texte Nean-
der/Fabricius (Fa). L'une des particularites qui avaient frappe
Strycker est e passage e la premiere a la troisieme personnedans
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UILLAUME POSTEL
Ie cas de la vision de Joseph et des phrases suivantes, qui serait dft
au desir du recenseur d'uniformiser Ie mouvement du recit22. II
s'agit des lignes 37a (1-20) dansl'edition de Strycker (PJ 18,2).
Celui-ci considere que l'original de Postel, comme l'ensemble du
groupe des testes traditionis obliquae23 (compose en grande par-
tie des versions en langues orientales, relativement tardives) lisait
,J5 8E lTEPlElTUTEl' w<JT]<j>Joseph se promenait) au debut de ce
passage. Toujours d'apres Strycker, tollS les autres temoins, y com-
pris Ie texte de Neander/Fabricius, ont la premiere personne au
debut du meme passage: 'E'YW 8E' 1w<JT]<j>TEPlElTUTOUVor, moi,
Joseph,je me promenais). Or, letexte de Neander (1567, 380) et
de Fabricius (106-107) lit, comme Ie note ce dernier 24, E'YWBE
(AE'YEl I w<JT]<j»TEpllTaTWV"mais moi, dit Joseph, en me prome-
nant"). On trouve Ia meme le~on dans Ie MS. Sloane 1411 (257r.).
Etant donne l'introduction indirecte de la troisieme personne par
la phrase AE'YEl I wm']<j>ans I' original grec, il est tout a fait legi-
time de soup~onner que la traduction de Postel "cum autem
obambularet Ioseph" est tout simplement une paraphrase du texte
Fa. Ayant ainsi commence a raconter Ia vision de Joseph a la troi-
sieme personne, il est normal qu'il ail continue sur ce mode. Dans
ce cas, Ia modification ne representerait qu'une transition de l'ora-
tio directa veTS 'oratio obliqua.
Un probleme analogue se pose pour Ie passage Kat C:lBov
'YuvalKa KaTa~alvou{Jav (Stryckler 37a, 20; PJ 19,1), on Ie texte
renoue Ie fil interrompu par la vision de Joseph. Selon Strycker,
Ie temoin grec de Postel comporte ici une le~on a la troisieme per-
sonne. Le MS. Sloane 1411 (257\1.), tout comme Neander (1567,
380), ne connait aucune le~on autre que celIe a la premiere per-
sonne. La divergence entre grec et latin est notee par Fabricius25.
La traduction de Postel26 est toujours a la troisieme personne: "et
ecce mulier descendens a montanis ail illi". II aurait tres bien pu
paraphraser Ie texte de Fa. : "et j'ai vu une femme qui descendait
de la montagne et qui m'a dit" par "tiens, une femme descendant
de la montagne lui dit", sans autre raison que de vouloir continuer
son fecit a Ia troisieme personne.
22. STRYCKER,44-345.
23. STRYCKER,1-62, 342-345.
24 FABRICIUS, 719,106,note (b): "Gr. ego veTO,nquit Joseph,ambu-
lans suspexi n coelo". Fabricius garde a traduction de Postel (MS. Sloa-
ne 1411,264v.; Bibliander, 1552,43; Neander, 1567,381: "cum autem
obambularet Joseph").
25. FABRICIUS,719,107.
26. MS. Sloane 1411,265r.
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I. BACKUS
Un examen de sa traduction des lignes 37a, 13-16 (PJ 18,2) Kat
lLOOV EAaVVOI1Eva 1Tpof3aTa Kat TU 1Tp6f3aTa EOTf]KEL. Kat E1TfJpEV
() 1TOLI11']VT]V XElpa auTov TOV 1TaTa~aL alITa, Katl'J XEtp au-
TOV 'taTll avw confirme l'hypothese selon laquelle Postel n'ap-
partiendrait pas a l'ecole de traduction de verbo ad verbum. Selon
Strycker, il faudrait s'attendre ici dans l'original de Postel a la
variante Kat t8ov 1Tpof3aTa EAaVVOI1EVa ~ Kat ou 1TpoEf3aLvov
a)J.,.' '(aTaVTo27. Le MS. Sloane 1411, 257v. ne comporte aucune
variante par rapport a la le~on de Strycker que nous venons de
citer ci-dessus. II en va de meme des editions de Neander et de
Fabricius. Ce dernier (1719, p. 107) se contente de signaler par
une parenthese que la version de Postel comporte ici des elements
qui ne se trouvent pas dans Ie grec. Postel rallonge en effet la phra-
se en la traduisant par et ecce oves erant dispersae nec progre-
diebantur sed stabant (MS. Sloane 1411, 265r.), mais, ce faisant,
il n'ajoute aucune idee nouvelle; il amplifie et explicite Ie grec.
Pour Ie Teste, il n'y a aucun doute que l'orientaliste faisait par-
tie des traducteurs qui preferaient, en cas de doute, rendre un mot
grec par deux mots latins, cela pour faire ressortir toutes les
nuances de son original. Voici un exemple de ce procede. Dans Ie
cantique d' Anne (MS. Sloane 1411, 261v.; ct. Strycker, 14,2 (PJ
6,3): qaw £i>81)v;MS. Sloane 1411, 254v., Neander 1567, 364:
aLaw 4J81)V upLcy T(j) 6E(j), on lit dans la traduction de Postel can-
tabo oden laudemue domino Deo . Bibliander (30-31) elimine Ie
mot oden, ce qui donne cantabo laudem... . On trouvera bien
d'autres exemples dans notre edition (cf. mens corue , 1. 98;
velum sell operimentum , 1.131; minister sacerdosue Dei , 1.
290-291, etc.). Etant donne la maniere de travailler de Postel, il
serait imprudent de s'aventurer dans des hypotheses concernant
son texte grec. II aurait tIes bien pu se fonder sur Ie texte Fa, du
moins en ce qui concerne la vision de Joseph.
Les remaniements e Bibliander
Comme Ie demontre noire edition, la version latine du MS.
Sloane1411 (folios 260r.- 267r., mmediatementa la suite du grec)
comporte de nombreusesdifferences par rapport a la version edi-
tee en 1552 par Bibliander. De fait, la traduction du MS. Sloane
1411 fut retravaillee par celui-ci.
Un exemple suffit a demontrer que l'edition de Bibliander ne
pent pas constituer un temoin fiable du texte grec.
27. STRYCKER,42.
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20 I. BACKUS
cus dans Ie texte latin de Postel. La difficulte de Bibliander quant
a.elle ne pent provenir que de ses tentatives de comprendre et de
dechiffrer la traduction de Postel sans la confronter avec Ie grec.
Plus precisement, Ie zurichois n'avait pas compris les mots amiav-
6ov et jauynthum , Postel ayant melange les caracteres grecs et
latins. Si Bibliander avait eu acces a.n'importe quel texte grec, il
aurait tout de suite compris de quoi il s'agissait. Par ailleurs, il
aurait certainement remarque l'absence du mot TO UlplKOVdans
la copie de Postel, comme Ie fit Fabricius quelque 150 ans plus
tard en comparant la traduction Postel/Bibliander avec l'edition
de Neander28.
Le passage que nons venons de discuter ainsi que la note de
Bibliander a. a page 35 de son edition nons amenent a. ormuler
les hypotheses de travail suivantes : Bibliander travaillait avec la
traduction de Postel telle qu'elle se trouve dans l'actuel MS. Sloa-
ne 1411 mais sans aucun texte grec. Postel, pour sa part, en reco-
piant Ie grec deux ans apres l'avoir traduit en latin, c'est-a.-dire en
1553, apres la parution de la version de Bibliander, aurait inevi-
tablement commis certaines erreurs, dont l'omission de Kat TO
UlplKOVdans Ie passage que nons venons de citer. Neander, dont
Ie texte grec contient la me-me omission, a manifestement impri-
me Ie grec d'apres Ie MS. Sloane 1411 (non sans quelques erreurs
et omissions de plus), avec la traduction latine (d'apres l'edition
de 1552) en vis-a.-vis, sans se preoccuper des divergences entre
celle-ci et l'original. Selon cette hypothese, Fa serait l'unique pro-
totype grec de Postel,
Toutefois, l'omission de la phrase Kat TO UlplKOV dans Ie MS.
Sloane 1411 et chez Neander d'une part et sa presence dans la ver-
sion de Postel d'autre part, pourrait tout aussi bien signifier que
l'original de Postel n'etait pas celui recopie par lui en 1553, ou
qu'il s'etait servi du texte recopie en conjonction avec un autre,
dont on a perdu la trace. Deux intercalations dans la version de
Postel demontrent en effet que celui-ci ne travaillait pas unique-
ment avec Ie texte grec de l'actuel MS. Sloane 1411. Notre pre-
mier exemple provient de la vision de Joseph. II s'agit de la phra-
se corrompue Et subitement toutes choses etaient de nouveau
emportees par leur cours (Strycker, 37a, 19-20; PJ 18, 2: Kat lTUV-
Ta e1']~El mO TOU8pol1ou airrwv U1T1)AawETo).a phrase manque
dans Ie texte grec du MS. Sloane 1411 (257v.) ainsi que chez Nean-
der (382). Fabricius (1719, 107) ajoute entre parentheses la tra-
duction latine de Postel d'apres Bibliander (p. 44) sed omnia sub
momento ab ipso cursu erant impulsa . Dans Ie MS. Sloane 1411,
28. FABRIOUS, 719,90.
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GUILLAUME POSTEL
265r., on lit: sed omnia sub momento ipso cursu erant impulsa
(id est consistebantvniuersa) . Comme Ie montre notre edition,
la parenthese ut supprimee par Bibliander, qui a en outre ajoute
la preposition ab, ce qui donne un sellS imilaire a celui de la ver-
sion de Strycker. Or, l'original de Postel devait comporter ici une
le<;ondont Ie sellSetait proche de celIe de la version georgienne
et omnes in vno momento currebant et in admiratione retenti
sunt , relevee par Strycker.
Notre deuxieme exemple se trouve dans Ie passagequi corres-
pond aux paragraphes 11, 10-12 et 14, 1-15 de l'edition de Stryc-
kef (PJ 5, 2 et 6, 3) : Anne vient de donner naissance une petite
fille. Apres deux fois sept ours [Lev. 12,5] d'impurete, elle se
lave, donne e seina l'enfant et lui impose e nom de Marie. Le fecit
parle ensuite du developpement de l'enfant, de la fete organisee
par Anne et Joachim pour les anciensd'Israel, et de l'allaitement
d' Anne. Or, Ie fecit de Postel comprend une interpolation a cet
endroit, que l'on ne trouve ni dans Ie grec du MS. Sloane 1411,
254v., ni chez Neander. Cette interpolation a beaucoup surpris
Fabricius (1719,82) lorsqu'illa trouva dans a version de Biblian-
del, de sorte qu'illui consacreune longue note (p. 82). Ene attira
egalement 'attention de Tischendorf, qui en retrouve l'equivalent
grec dans trois manuscrits datant du XIe au XIve siecle. Voici Ie
texte de l'interpolation dans e MS. Sloane 1411,261v. PJ 6, 3);
Et reclinauit earn n lectulo sanctificationissuae.Et exiuit et
ministrabat ipsis. Completo autem conuiuio discessere aeta-
bundi et posuerunt illi nomen Mariam. Quia nomen eius non
obliterabitur depressumue rit in aeternum,et glorificauerunt
Deum Israel.
Et dans l'edition de Bibliander, 31 :
Et reclinauit earn in loco sanctificationis suae, et exiuit et
ministrabat ipsis. Cornpleto autern conuiuio discessere aeta-
bundi et posuerunt illi nomen Mariam. Quia nomen eius non
obliterabitur in aetemum. Et glorificauerunt Deurn Israel.
Fabricius note a juste titre que ce passage n'appartient pas a
cette partie du fecit, Ie nom chez les Juifs etant toujours donne au
moment de la circoncision, et non pas au moment de l'ablactatio.
Strycker pour sa part remarque que Ie fecit avait deja evoque l'im-
position du nom (11, 10-12; PJ 5, 2). Notons en marge que, dans
l'interpolation des trois manuscrits grecs relevee par Tischendorf,
on lit: Kat E1TE6TlKaVvTfj ovo~a MapLa~ BLOTL,O ovo~a aiJTfJs-
ov ~apavO1']UETaL ElS- TOV alwva, jell de mots sur Map(a et
~apa(vw (faner). Ni Postel ni Bibliander n'ont su traduire Ie jell
de mots.
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I. BACKUS
L'interpolation en question constitue une preuve supplemen-
taire du fait que Ie texte recopie par Postel en 1553 n'est pas Ie
seul dont il se soit servi pour sa traduction du Prateuangelian.
Ainsi, la distinction etablie adis par Tischendorl et Strycker entre
Ie texte Fa et Ie texte Pas se brouille, Postel ayant deja disposedu
texte mixte Fa, ainsi que d'un autre prototype grec, perdu
depuis lors, et que nous appellerons provisoirement Pas. at.
Tendancesdoctrinales de la version de Postel
Notons d'abord que Bibliander elimina toutes les interpolations
de Postel qui auraient pu etre considerees comme tendancieuses.
II fit de meme pour sa traduction de certains termes, supprimant
notamment Ie mot clerus (pourYEpooota) et Ie rempla~nt par des
termes plus neutres, senatus ou gerusia. Pour ce qui est des inter-
polations posteliennes, la plus tendancieuse se trouve au folio 265r.
du MS. Sloane 1411 (cf. Strycker, 38,10-16; PJ 19,2). Le contex-
te en est Ie fecit de la sage femme loTSde la naissance de Jesus.
Nous Ie citons ici dans la traduction de Strycker :
[po 155-157] Et la sage-femme dit : moll ame a ete exaltee
aujourd'hui, car roes yeux ont vu des choses merveilleuses
aujourd'hui: (ils ont vu) que Ie salut est ne pour Israel . Et
aussitot la nuee commen~ a se retirer de la grotte et une gran-
de lumiere apparut dans la grotte, de sorte que les yeux ne
pouvaient (la) supporter. Et peu a peu cette lumiere se mit a
se retirer jusqu'a ce qu'apparfit un petit enfant et il vint
prendre Ie seinde sa mere Marie.
Voici Ie meme passage dans la version de Postel d'apres Ie MS.
Sloane 1411, 265r. :
...et dixit obstetrix. Magnificata est anima mea hodie quia
viderunt oculi mei stupenda. Quia salus Israeli nata est. Repen-
te autem fuit nubes in spelunca et lux magna, ita vt oculi nos-
tri non ferrent (NOTA QUOD HIC IACOBUSDE SEFATETURQUIA
FUIT SEMPERASSISTENS ARTUIMARIAE VT HAEC SCRIBERET).
Paulatimque lux sese subduxit quovsque visus est infans et
accipiebat vbera a matte ipsius Maria.
Ce passage fut remanie par Bibliander de la fa~on suivante
(1552,44) :
...et dixit obstetrix. Magnificata est anima mea hodie quia
viderunt oculi mei stupenda [om. Quia salus Israeli nata est].
Repente autem fuit nubes in spelunca et lux magna, ita vt oculi
nostri non ferrent [om. nota... scriberet]. Paulatim veto lux sese
subduxit, quovsque visus est infans et accipiebat vb era ab
ipsius matte Mariam.
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UILLAUME POSTEL
Ce passage presente de nombreuses difficultes en ce qui concer-
ne la relation entre la version de Postel et son texte grec d'une
part, et entre la traduction de Postel a l'etat pur et son rema-
niement par Bibliander d'autre part.
En consultant Ie texte grec du MS. Sloane 1411, 257v. (cf. Nean-
der, 1567,382; Fabricius, 1719, 109), il convient de noter les points
suivants : premierement la phrase quia salus Israeli nata est figu-
re bel et bien tant dans Ie grec du MS. Sloane 257v. que chez Nean-
der (p. 382) et chez Fabricius (p. 109) ou on lit chaque fois : Kat
OTl T~ ' I apal'J~ aWTilPla E yEVvfj~ (Fabricius, conformement a
ses habitudes, ajoute sa traduction latine en italiques : et Israeli
salus nata est). L'omission de la phrase dans Ie latin de Bibliander
(repris par Neander) serait donc tout simplement due a une dis-
traction du savant zurichois, et ne fournit aucun indice quant au
texte grec dont s'etait servi Postel.
Notons encore la phrase suivante (Cf. Strycker 38,14-16; Pl 19,
2) Kat 1Tapaxpfjfla 1i VE<j>E~TlV1TEaTEAAETOTOll a1TTl~alO1J,Kat
E</><iVl1j><;)s-lE ya EV T~ aTrrl~al(1> et aussitot la nuee commen-
~a a se retirer de la grotte et une grande lumiere apparut dans la
grotte ). D'apres Strycker, Ie prototype grec de Postel et Ie texte
grec de Fabricius omettent quelques mots entre 1i VE<j>E~Tlt
aTrrl~al(1> t condensent chacun a sa maniere les deux phrases en
une. Or, Ie texte grec derriere toutes res versions pourrait tres bien
etre celui du MS. Sloane 1411, 257v., repris par Neander (1567,
382) et ensuite par Fabricius (1719, 109): 1Tapaxpfjfla <Sf1i VE<j>E~Tl
E yEVETOj>Gy;lE ya EV T~ aTrrlAal(1> mais aussitot la nuee devint
une grande lumiere dans la grotte). Fabricius ajoute en note que
Ie grec signifie litteralement ex nube ilIa lux magna facta est .
Faut-il vraiment voir derriere la version de Postel, reprise telle
que lIe par Bibliander, une le~on autre que celIe de
Neander IFabricius? Tischendorf (1851, p. 35) reconstruit d'apres
la version de Postella le~on grecque E yEVETOVE<j>E~TlV T~
aTrrl~al(1>Kat <j>Gy;lE ya que l'on trouve egalement dans au moins
deux temoins tardifs (cf. Tischendorf, XVIII-XIX). Toutefois, la
traduction de Postel tient tout aussi bien si l'on admet qu'elle a
ete faite a partir de la le~on de Neander, sans Ie mot Kat, Postel
vallIant simplement dire mais subitement, la flute dans la grot-
te devint egalement/simultanement (= et) une grande lumiere .
Certes, fuit pour signifier devint, ainsi que et pour signifier egale-
ment ou simultanement relevent de l'usage poetique, mais, camille
nons l'avons deja remarque, Ie but de Postel n'est pas de produi-
re une version litterale. Beaucoup plus difficile a expliquer est sa
traduction de 6<j>8aAj-LoUs-uTwv par oculi nostri, que l'on trouve
egalement chez Bibliander, tandis que Ie MS. Sloane 1411, 257v.,
ainsi que Ie texte grec de Neander, comportent la le~on auTwv
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I. BACKUS
(leurs yeux). D'apres Strycker (156-157) et d'apres Tischendorf,
Ie texte grec de Postel comportait ici la le~n 'i]~wv,attestee ega-
lement par d'autres manuscrits. De plus, notait Strycker, Ie revi-
senTdu groupe auquel aurait appartenu Ie temoin de Postel "a
precisementeliminetoutes legpremierespersonnes"dans a vision
de Joseph qui precede notre passage cf. Strycker,157). Or, selon
DOUg,'est Postellui- me-mequi substitua nostri a auTwv.1l s'agit
la d'une modification tendancieuse,destinee a introduire sa glose
sur la presencede l'apotre Jacquesa l'accouchementde la Vier-
ge.
Trois remarques s'imposent ici. Premierement, comme nous
esperons 'avoir demontre, il taut, en examinant a traduction de
Postel/Bibliander, se metier des "faussesvariantes". Deuxieme-
ment, en ce qui conceme a question de la premiere et de la troi-
sieme personne dans la vision de Joseph, Postel aurait tres bien
pu traduire par la troisieme personne e texte "Neander" (ou Fa),
celui-ci comportant les elements tant de l'oratio directa que de
I' oralia obliqua. En outre, en substituantnostri a aiJTwv ansnotre
passage,Postel avail eu un but doctrinal bien precis, comme Ie
montre son nterpolation. La premiere personne, pour Ie cabalis-
te chretien, ne releve d'aucun souci de remettre Ie narratif dans
la bouche de Joseph29; e nostri se refere a l'apotre Jacques
lui-meme et sert a demontrer qu'il etait presenta l'accouchement
de la Vierge. L'emploi de la premiere personne rend du coup Ie
fecit non seulement authentique mais plus ancien que tOllS es
recits evangeliques reconnus comme faisant partie du canon
neo-testamentaire
Les tendances doctrinales de la version de Postel constituent
done un element important, dont il taut tenir compte lorsqu'on
s'interroge sur sesprototypes grecs.
La reception du Protevangile au XVIe siecle
Voici quelques remarques sur Ie pourquoi et Ie comment de la
reception du fecit par Postel d'une part et par Bibliander de
l'autre. Dans Ie cas de Postel, a moins de retrouver sesmargina-
lia, jadis supprimes par Bibliander et par son imprimeur, toute
conclusion ne saurait etre qu'hypothetique. Toutefois, la theolo-
gie de Postel est bien connue par ailleurs, et l'on voit bien pour-
quoi il s'interessait au Protevangile. Rappelons sa doctrine30. A
29. Ct. STRYCKER,57.
30. Pour plus de details, ct. Irena BACKUS, e miracle de Laon. Le derai-
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UILLAUME POSTEL
l'origine des temps, il y a l'unite divine et l'harmonie de Dieu, de
l'homme et du monde; a la fin des temps s'effectuera la reinte-
gration a l'unite totale, qui se presente ainsi comme un retour au
point premier. Accordant une importance primordiale a la valeur
symbolique des chiffres -sept et quatre notamment -Postel
divise l'histoire du monde en quatre periodes, chacune d'une
duree approximative de 1550ans: l'age de la nature (des origines
au Deluge); l'age de la loi (de MoIse a Jesus); 'age du redemp-
leur (de Jesus usque veTS e milieu du seizieme siecle). Selon sa
propre vision, Postellui-meme vit au debut de la demiere perio-
de, qui est celle de la revelation totale. Le monde corruptible est
cense durer six mille ans, chaque millenaire correspondant a un
jour de la creation. En 1547,suite a sa rencontre avec a celebre
vierge Jeanne a Venise31,Postel elabora egalement ses heories
sur la restitution dans es deux genres, masculin et feminin. Tout
comme Ie peche originel eut sa source dans Adam et Eve, ainsi a
restitution se fera par Ie deuxieme Adam (Ie Christ) qui trans-
mettra son corps, en premier lieu a la nouvelle Eve qui restitue
la nature tout comme son epoux restitue la grace . Rapprochant
ainsi la grace et la nature, Postel ne pent qu'insister sur l'impor-
lance de la presence du corps du Christ dans l'eucharistie. Par
ailleurs, l'idee de la mater mundi, la nature, l'equivalent feminin
de Dieu, revient constammentdans es ecrits de Postelapres1547.
Notons encore que, pour Postel, la restitution entrainerait la
concorde universelle et aurait pour consequencea conversion au
christianisme des Juifs et des Maures. Ce demier point constitue,
nons l'avons vu, un autre theme-cle de l'oeuvre de Postel, et Ie
motif de sesvoyages en Orient.
L'idee de la restitution dans es deux genres mplique une valo-
risation de la femme- vierge anonyme, celle capable de restituer
ce qu'avait detruit Eve par sa camalite32.Toujours en 1547,Pos-
tel redigea Ie De natiuitate Mediatoris vltima qu'il dedia aux Peres
du Concile de Trente, alors transfere a Bologne. II y expose es
quatre naissancesdu Christ: dans a generation etemelle au sein
du Pere; dans l'union du Verbe etemel avec Ie premier Esprit;
dans l'lncamation; dans l'eucharistie. C'est a la troisieme nais-
sance,soil loTsde l'lncamation, que commence a restitution dans
les deux genres. C'est precisement la vierge Marie qui devient
alors la prefiguration de la nouvelle Eve, celle qui amorce a res-
sonnable, e raisonnable, 'apocalyptique et e politique dans es recits du
miracle de Laon (1566-78) (Paris, 1994,De Petrarquea Descartes,. 58),
p. 25-46, et la litterature qui y est citee.
31. Ct. BACKUS, e miracle de Laon, 36s. WEILL, 72-81-
32. Ct. WEILL,80.
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I. BACKUS
titution de la nature en donnant naissanceau nouvel Adam, tout
en restant vierge.
II ne restait qu'a trouver un ecrit biblique qui accordata la nais-
sancede la vierge autant d'importance qu'a celIe du Sauveur.Le
Protevangilede Jacques, ui valorise es deux evenementsplus que
n'importe quel fecit canonique, faisait admirablement l'affaire,
comme Ie demontre Ie titre en italien (barre) que l'on trouve en
tete de la version de Posteldans e MS. Sloane: La nativita della
gloriosa virgine Maria, et in generali modo de essanaesce Jesu
nostro saluatore . II est vrai que Ie titre grec ne faisait etat que de
la nativite de Marie, mais celle-ci devait etre la plus importante
pour Postel, vu la grande quantite de recits canoniquesconsacres
a la nativite du Christ. Quand on considereen outre que pour Pos-
tella restitution universelle devait passer par la conversion des
Juifs, Ie Protevangiledevient selon son point de vue Ie texte Ie plus
susceptible d'effectuer cette conversion. Les Juifs peuvent ire la
preuve de la naissance irginale du Christ dans e passageoil l'on
voit Marie subir avecsuccese test de l'eau de malediction, confor-
mement a la loi mosaique exposee en Nombres 533.Ce dernier
point figure d'ailleurs dans 'introduction de Bibliander, qui decla-
re l'avoir appris par l'adresse de Postel ala republique venitien-
fie. Voici Ie passageen question dans a censura de Bibliander :
Postel ecrit ce qui suit dans e discoursoil it dedie sonoeuvre
[= la traduction du Protevangile] ala republique venitienne:
voila pourquoi l'Evangile dont DOllSDOllS ommesservis us-
qu'a maintenant ne peut (comme il devrait) etre tenu en esti-
me par les Juifs en particulier. IIlui manque cette base que
j'offre maintenant au monde, en ton nom, a savoir Ie fecit de
Jacques sur la naissance du Sauveur et de sa mere, la vierge
Marie, naissancequi fut approuvee publiquement par l'Eglise
juive . Et, parmi les raisons qu'il donne, Postel nsiste sur Ie
fait que les chefs du peuple juif en examinant Ie ventre de la
vierge Marie, femme de Joseph, a soumirent au test de l'eau
de malediction, conformement a ce qui est ecrit en Nombres
5,11-31 par Moise34.
33. Ct. STRYCKER, 1-35.
34. BIBLIANDER, Proteuangelion, 1552, 14-15: Et in sermone quo rei-
publicae Venetae opus dedicat, ita scribit : 'quod autem Euangelium, quo
ad hanc diem vtimur nunquam possit vt debet, ac necesse est, potissimum
apud Iudaeos, esse in precio sine hac, quam tuo nomine mundo offero
basi, Iacobi historia de Saluatoris et eius matris Virginis Mariae incuna-
bulis, fide publica munitis in corpore ecclesiae Iudaicae, his rationibus
clarum erit'. Inter alias autem rationes Postellus perpendit examussim,
quod Iudaei ei populi principes in explorando foetu Mariae, vir~s spon-
sae Josephi, adhibuerint aquas redargutionis, de quibus capite 5. Nume-
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UILLAUME POSTEL
Et Bibliander de preciser encore que l'orientaliste fran~ais
considere e Proteuangelion omme a basede tous leg ecits evan-
geliques et comme Ie debut de I' Evangile de Marc35.
Theodore Bibliander (c. 1504-64), successeur de Zwingli
comme professeur d' Ancien Testament a Zurich, partageait,
comme on Ie gait,quelques-unesdesconvictionsde Postel,notam-
ment celles sur l'hebreu comme Ursprache et celles sur la
concorde universelle qui passeraitpar la conversionpacifique des
Juifs et des Musulmans. C'est dans cette optique qu'il taut situer
son edition latine du Coran, parae en 154336. outefois, il etait
beaucoupplus modere que Postel, sanscompter qu'a la differen-
ce de ce dernier, il etait protestant et ne s'interessait donc ni au
cote feminin de la restitution de toutes choses ni aux questions
liees a la virginite. Deux preoccupations principales animent la
censurade Bibliander au Proteuangelion premierement, a place
qu'il taut accorderau fecit dans e canon (selon 'autorite de l'Egli-
se ancienne) deuxiemement, Ie statut a accorder aux nombreux
miracles decrits par Ie fecit.
La question du culte de la femme-vierge, si presente chez Pos-
tel, n'est pas meme evoquee par Bibliander.
En ce qui concerne la canonicite du texte, Bibliander note
d'abord que Ie codex du patriarche juif' Theodosius37 onne rai-
son a Postel et a l'ecrit, qu'on a diffuse sous e nom de Jacques ,
sur la coutume juive de l'epreuve de l'eau de malediction. Car,
poursuit Bibliander, on lit dans eg archives uives que leg parents
de Jesus urent convoques devant eg pretres uifs pour etre inter-
roges au sujet de leur fils. En meme temps, toujours d'apres leg
memesdocuments,on aurait convoque eg sages-femmes.Et c'est
seulementapres 'epreuve rigoureuse de l'eau de malediction que
leg pretres uifs auraient nscrit l'enfant comme Jesus, ils du Dieu
vivant et de la vierge Marie . Bibliander, comme il Ie dit
rorum Moses scripsit . On ne conserve aucune trace de l'adresse ala
republique venitienne de Postel.Elle n'est meme pas evoqueepar SECRET
dans sa Bibliographie desmanuscritsde Guillaume Postel,Geneve, 1970.
35. BIBLIANDER,Proteuangelion,1552,14: Ipse autem Postellus aesti-
mat vt gemmam inter libros theologicos et basim atque fundamentum
totius historiae euangelicaeet caput Euangelii secundumMarcum .
36. Sur Bibliander, ses ravaux et les iens entre sa penseeet celIe de Pos-
tel, cf. notamment Wolf Peter KLEIN,Am Anfang war das Wort. Theorie-
und Wissenschaftsgeschichtliche lemente riihneuzeitlichen Sprachbe-
wusstseins, erlin, 1992,230-260 et la litterature qui y est citee. La bio-
graphie standard de Bibliander est toujours celIe d'Emil EOLI: Biblian-
der in: Analecta reformatoria, II, Zurich, 1901,1-144.
37.11 s'agit du codex evoque dans Ie SuidasS.V. esus.Cf.la note 38,
infra.
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I. BACKUS
lui-meme, tire ses enseignementsdu Suidas s.v.Jesus) 'une part
et des Antiquites juives (3, 11.6)de Flavius Josephede l'autre38.
Ayant ainsi demontre, a sa satisfaction, que l'epreuve a laquel-
Ie fut soumiseMarie dans e Proteuangelion aisait partie des pra-
tiques juives courantes, Bibliander aborde la question plus deli-
cate des preuves historiques de l'existence d'un ecrit evangelique
emanant de la plume de Jacques, 'apotre et frere du Seigneur .
Son temoin principal est 'evangeliste Luc, dont Ie fecit canonique
evoque plusieurs hommes qui ont entrepris de composerun fecit
des evenements qui se sont accomplis parmi nons, suivant ce que
nons ont transmis ceux qui ont ete les ministres de l'Evangile a
sesorigines [ct. Luc 1, 1-2].
Selon Bibliander, ces ministres primitifs n'etaient ni Matthieu,
ni Jean, mais justement l'apotre Jacques. Luc lui-meme, note
Bibliander, ne traite que tres sommairementde la naissanceet de
l'enfance de Jesus,sanscontredire Ie fecit de Jacquespour autant.
Bibliander ne pouvait guere proposer une exegesesi osee de
Luc 1,1 sansse rendre vulnerable face aux accusationsd'hetero-
doxie. II devait absolument en appeler a une tradition aussi
ancienne que possible. En outre, il fallait qu'il cite non pas n'im-
porte quels auteurs anciens,mais les plus orthodoxes, et les plus
anciens.
II n'est pas etonnant de constater qu'il commence par citer Ie
De consensueuangelistarum 1, 1, CSEL 43,1-2) d' Augustin,.Ie
plus orthodoxe et Ie plus biblique des Peres aux yeux de tons les
reformateurs. Bibliander sail tres bien qu' Augustin n'a jamais
defendu la canonicite de l'ecrit que Postel devait appeler Ie Pro-
tevangile et il ne tente pas de demontrer Ie contraire. Mais Ie De
consensuapporte de l'eau a son moulin, Augustin y affirmant que
les recits evangeliques sont superieurs a la Loi et aux Prophetes
en ceci qu'ils en representent la realisation. En outre, ils sont
38.
BIBLIANDER, Proteuangelion, 1552, 15-16: Suffragatur etiam huic
traditioni Ebraeorum et huic scripto quod Iacobi nomine vulgatum est,
Theodosius Iudaeorum antistes, qui temporibus Iustiniani Imperatoris
ex Iudaeorum archiuis protulit Iesus parentes vocatos fuisse in concilium
et interrogatos de sobole, simulque vocatas mulieres quae parienti adfue-
runt. Ac post examen acre in catalogo sacerdotum adscriptum fuisse :
Iesus filius Dei viui et Mariae virginis. Quae copiosius memorat Suidas
in verbo 'I Tj(JOVS-.mitto quod Iosephus, sacerdos Iudaeorum, Iesum
confitetur esse Christum, quod multi principes viTi inter Iudaeos Iesum
esse Christum crediderunt, sed metu periculi non ausi sunt prae se ferre.
Ct. FLAVIUS JOSEPHE,Antiq. judo 3,11.6; SUIDAS, s.v. 'ITj(Jo1)s-n: MPG
96,1489, et in: ed. A. ADLER (Lexicographi graeci, Leipzig, 1928-38), t.
2, 622. Ct. aussi Apokryfy Nowego Testamentu, ed. Marek STAROWIEYS-
KI, t. 1 (Lublin, 1980), 196-197.
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UILLAUME POSTEL
l'reuvre des apotres qui ont connu Ie Seigneurdans a chair et qui
ont prig soin de se renseigner e plus minutieusementpossible sur
son enfance, sesparents et leg circonstancesde sa naissance,ariD
de pouvoir raconter sa vie a tous leg hommes de la fa~on a plus
detaillee. Et Bibliander d'ajouter, sans pour autant expliquer au
lecteur que ce ne sont plus leg paroles d' Augustin mais egsiennes
propres:
Apres Ie Christ lui-meme, et la vierge sa mere, et Joseph
l'epoux de sa mere, pourrions-nous trouver un temoin plus
digne de raconter la vie du Christ que Jacques e Mineur, fils
de Josephpar une autre femme, evequede Jerusalem,homme
dont la saintete lui valut Ie titre de defenseur (ou protecteur)
de son peuple39?
Le temoignage du plus orthodoxe representant de l'Eglise
ancienne occidentale est suivi par celui d'Epiphane de Salamine,
PeTegrec a la fois orthodoxe et tres ancien (comme ne cessede Ie
repeter Bibliander), auteur du Panarion contra octoaginta hae-
Yeses,ui avait paru pour la premiere fois en 1544chezOporin, a
Bale, dans a traduction de JanusCornarius. Le Panarion offre un
triple avantage a Bibliander : Epiphane s'y refere a des recits de
l'enfance de Jesus, ant pour attaquer ceux qui sacrifient a la Vier-
ge (Collyridiens, Hae : 79) (un tel sacrifice est heretique, les ori-
gines de la Vierge etant purement humaines) que pour contredi-
re ceux qui nient la perpetuelle virginite de Marie (Antidocoma-
riani, Hae : 78). Epiphane serait donc a la fois anti-catholique
dans sa negation du culte de la Vierge, et oppose aux anti- Trini-
taires dans son affirmation de sa virginite perpetuelle. De plus,
note Bibliander, Epiphane, dans sa refutation des Antidocoma-
riani (Haer. 78, 89.20),essaiede concilier Ie "recit de Jacques" et
la doctrine de la virginite perpetuelle de la vierge Marie avec 'af-
firmation canoniquede Matthieu 1,25: non cognouit Joseph]earn
donec perperit primogenitum suum. En abordant ce probleme
(dans ' Hae : 78, 20), Epiphane arrive a une exegesede Matthieu
1, 25 que Bibliander trouve tout a fait satisfaisante
Comment Josephaurait-il pu savoirqu'une femme recevrait
tant de grace...? Il ne savaitpas qu'un etre terrestre, et surtout
une femme, pouvait recevoir tant d'honneur. Donc, Josephne
39. BIBLIANDER, roteuangelion,1552,16-17 "Quem autem post Chris-
turn ipsurn et matrem virginem et Iosephurnmatris sponsurn,nueniemus
testem magis doneurn rerum Christi, quam Iacoburncognomento Mino-
rem, filium Iosephi, sed ex alia coniuge, episcopum Hierosolymitanum,
tam spectataesanctimoniae, t gentisarx et propugnaculumdiceretur...?".
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I. BACKUS
l'a pas reconnue usqu'a ce qu'il ait vu Ie miracle. II n'a pas
reconnu Ie miracle de Dieujusqu'a ce qu'ill'ait vu naitre d'el-
Ie. Quand elle enfanta, il reconnut alors l'honneur de Dieu40.
Ainsi, d'apres Ephiphane de Salamine (Haer:78,20), connaitre,
en Matthieu 1,25, signifie non pas avoir des rapports sexuels ,
mais simplement reconnaitre Ie miracle de la paternite de Jesus .
II est interessant de noter ici que Bibliander, en se reclamant de
l'exegese-plutot misogyne -d'Epiphane, se distancie ine fois
de plus du culte de la femme-vierge, l'un des themes-cles de la
theologie de Postel. Bibliander termine son analysed'Epiphane
en relevant, notamment, les estimations de celui-ci sur l'age de
Joseph au moment ou il epousaMarie. D'apres Epiphane (Haer:
78,8), Joseph aurait eu alors environ 80 ans, ce qui correspond
parfaitement a ses declarations dans Ie Protevangiie [19, 14].
Bibliander conclut en s'appuyant a nouveau sur Epiphane (Haer:
78,8): vu son age avance, comment Joseph, confronte au grand
nombre de prodiges et de miracles qui accompagnerent a gros-
sesse e Marie et la naissancede Jesus,aurait- il ose s'adonner a
la luxure et souiller Ie corps saint de Marie dans equel avail resi-
de Dieu lui-meme, auteur de notre purification chamelle41? Epi-
phane, docteur tres ancien, se revele etre en parfait accord avec
Ie discours evangelique de Jacqueset, plus encore, avec a tradi-
tion de l'Eglise, conclut Bibliander. L'idee qu'Epiphane lui aussi
ail pu lifer ses enseignementsdu Protevangiiene lui vient meme
pas a l'esprit. II ne lui Testeque deux difficultes a resoudre. Pre-
mierement, la tradition ecclesiastiquene se Tallie pas a Epiphane.
Ainsi, Jerome et Eusebe de Cesaree (HE 6. 25, 4-13) ne disent
rien au sujet du Protevangiie.Deuxiemement, Jacques y racon-
te des miracles que l'on retrouve dans Ie Recit de ia nativite de ia
40. BIBLIANDER, roteuangelion,1552,18: Vnde cognouissetquod tan-
tam gratiam acceptura essetmulier? Aut vnde cognouisset,quod tali
gloria glorificanda essetvirgo? ...Non nouerat autem, quod tali gloria
honorandus essetaliquis in terra, maxime mulier. Non igitur cognouit
ipsam donec vidit miraculum. Non cognouit psius miraculum donec vidit
genitum ex ipsa. Quando peperit, cognouit Dei honorem. Ct. Epipha-
De, Panarion, Haer. 79.
41. Ct. EPIPHANE,Panarion, Haer., 79; TISCHENDORF,853, XII, et
BIBLIANDER,Proteuangelion, 1552,19-20: ... quomodo inquam senex
Joseph, et prouectae aetatis, tanta signa ac miracula audiens, audebat
debacchari et contumelia afficere corpus sanctum, in quo Deus habi-
tauerat... vnde sancta et impolluta carDnobis aedificata est, in deitate
Saluatoris ? Annon probe consonateuangelico sermoni JacobiEpipha-
DillS, ntiquissimusecclesiaedoctor, mo traditio et historia ecclesiae,pso
etiam Epiphanio antiquior? .
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GUILLAUME POSTEL
vierge (Euangelium pseudo-Matthaei de natiuitate beatae
Mariae42), econnu comme apocryphe par Ie decret de Gelase
[= Ie decret pseudo- gelasien]. Bibliander trouve une reponse a
toutes ces objections. Premierement, Ie sile.nced'Eusebe et de
Jerome n'indique rien et ne prouve pas du tout que l'ecrit n'exis-
tait pas, car quaedam ignorarunt etiam diligentissimi scriptores,
quaedam n ecclesiisoccultata sunt diutius 43.Au contraire, pour-
suit-iI, Ie fait que Ie Protevangile soit passesons silence au lieu
d'etre explicitementevoque parmi leg apocryphes tels leg Evan-
giles de Thomas, de Barthelemy ou de Nicodeme (= Acta Pilati)
-plaiderait plutot en faveur de son authenticite44. Quant aux
paralleles avec ' Evangile du Pseudo-Matthieu (inedit a l'epoque),
Bibliander ne legconsiderepas comme probants. Apres tout, pre-
cise-t-il, on trouve de nombreux paralleles entre leg quatre Evan-
giles canoniques et leg Evangiles apocryphes de Nicodeme, Tho-
mas, etc. On trouve egalement des paralleles entre leg quatre
Evangiles et Ie Coran45.
En ce qui concerne Ie grand nombre de miracles, poursuit Ie
zurichois, il ne saurait aucunement geneT uisque l'ecrit remonte
42. Sur les paralleles entre les deux textes, cf. notamment TISCHENDORF,
1853, 43; STRYCKER, 1-42.
43. BIBLIANDER, Proteuangelion, 1552, 20.
44. Ibid., 21 : Hoc autem potius scriptum Jacobi commendat, quod inter
apocrypha et notha nuspiam numeratur vt euangelium Nicodemi, Tho-
mae, Bartholomaei et alia . Cf.la partie 5 du Decret [pseudo-] gelasien,
Notitia librorum apocryphorum . Le texte imprime dans Ie Dictionnai-
re d'archeologie chretienne et de liturgie 61, col. 744-745, comporte, parmi
d'autres titres, Euangelium nomine Iacobi minoris, mais, comme l'a tres
bien vu Bibliander a l'epoque, on n'y trouve pas d'evocation de 1 'Evan-
gile de Jacques, frere de Jesus , ni aucun autre titre qui pourrait faire son-
ger au Protevangile. Cf. Emile DE STRYCKER,Une ancienne version lati-
ne du Protevangile de Jacques avec des extraits de la Vulgate de Mat-
thieu 1-2 et Luc 1-2 in Analecta Bollandiana 83 (1965),365-402 et
402-410 (appendice par J. GRIBOMONT), specialement 367: Ie Decret de
Gelase, document anterieur a la fin du 6e siecle, mentionne parmi les apo-
cryphes a rejeter trois ecrits dont Ie sujet s' apparente a celui du Prot: n° 8
euangelion nomine Iacobi minoris; n° 141iber de infantia Saluatoris; n° 15
liber de infantia Saluatoris et de Maria vel obstetrice. Ii n'est pas possible
d'identifier ces ouvrages avec certitude... . Sur les editions des Actes de
Pilate au 16e siecle et leur statut par rapport au canon, cf. Remi Gou-
NELLE, Recherches sur les Actes apocryphes de Pilate . Les Actes de
Pilate Latins transmis par le ms. Bayerische Staatsbibliothek, Clm 28168
(memoire dactylographie, Universite de Geneve, 1993), 117-137.
45. BIBLIANDER, Proteuangelion, 1552,21. Non enim euangelium scrip-
tum a quatuor probatissimis Euangelistis ideo minus habet fidei et auto-
ritatis quia in multis consonant euangelia Nicodemi, Thomae, Bartholo-
maei, Nazaraeorum et Alcoranum Mahumedis .
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I. BACKUS
aux temps evangeliques, epoque des miracles. En outre, les
miracles du Protevangile non auocanthomines a Dei cognitione
et cultura, sed potius adducunt, quae natura est veri miraculi 46.
Ce sont de faux signes et des phenomenes sumaturels qui ame-
nent les mortels a rendre un culte a la creature et a delaisser e
Createur47.Et Bibliander termine son plaidoyer en faveur du Pro-
tevangileen attirant l'attention du lecteur sur es poilits suivants
(1) il n'y a rien dans e recit de Jacques qui contredise es recits
evangeliques; 2) 1eschretiens orientaux ant integre Ie texte a leur
tradition, et non pas pour des raisons impies (comme, par
exemple, un gout excessifpour Ie pouvoir ou les biens materiels)
pourquoi donc les chretiens d'occident l'ecarteraient-ils?
Mais, contrairement a Postel, Bibliander ne preconise pas 'in-
tegration totale du Protevangile dans Ie canon du Nouveau Tes-
tament. 11dit en effet :
Pourtant e ne trouve pas que ce fecit de Jacquesdoive jouir
de l'autorite totale, prerogative exclusivedes ivres canoniques
de I' Ancien et du Nouveau Testament par Ie consensusde
l'Eglise catholique dans aquelle veille l'esprit du Christ, et qui
lui permet de reconnaitre la voix de son berger et de son
epoux48.
Les arguments en faveur de la decouvertede Postelne suffisent
pas a l'elever au rang des ecrits approuves par Ie consensusde
l'Eglise, mais ils suffisent, aux yeux de Bibliander, pour ne pas
condamner e texte comme apocryphe.En effet, comme e montre
Ie paragraphe final de sa censura, e Protevangile assume pour
Bibliander un statut deuterocanonique avant la lettre49.Voici sa
conclusion:
Je trouve egalement ndigne de Ie rejeter parmi les contes
loufoques et farfelus des apocryphes, qui meritent d'etre
46. Ibid., 22.
47. Ibid., 22: Falsa autemsigna et portenta traducunt mortales ad colen-
dam creaturam, praetermisso creatore .
48. Ibid., 22 : Non censeo tameDhunc sermonem diui Jacobi eponen-
dum esse n apice supremaedignitatis et autoritatis, in quo libri canoni-
ci Veteris ac Noui Testamenti soli consistunt,magno consensuecclesiae
catholicae, n qua Christi spiritus viget et quae vocempastoris sui ac spon-
si agnoscit .
49. Le terme deuterocanonique fut employe pour la premiere tois en
1566 par Sixte de Sienne dans sa Bibliotheca sancta pour designer es
livres veterotestamentaires aisant partie de la LXX mais non du canon
hebralque. Ct. notre article Apocryphes a paraitre dans l' Encyclope-
die du protestantisme Geneve, Labor et Fides), . 1.
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UILLAUME POSTEL
cachesplutot que Ius, comme Ie dit Ie bienheureux Athanase.
Car, etant donne ~ue l'anonyme livre de Ruth selon equella
race de David seralt descenduede l'union entre Boaz et Ruth,
une femme moabite, fait partie du canondes ivres saints, l me
semble tout a fait inique de ne pas compter parmi les ecrits
ecclesiastiques sacres ce premier Evangile de Jacques, qui
contient Ie fecit de la naissancedu Christ et de sa mere, et qui
fait partie du canonbiblique desEglisesorientales.Apres tout,
la Lettre de Clementet Ie Pasteurd'Hermas furentsbadis onsi-
derescomme des ecrits saintspar toutes es Eglises , au meme
titre que l'on venere encore de nos jours les livres de Tobie,
Judith, la Sagesse e Salomon, ainsi que Ie Siracide, es Mac-
chabees, es troisieme et quatrieme livres d'Esdras. Tous ces
livres, a mon avis, sont nferieurs au fecit de Jacques, aut par
la qualite de leur argumentation que par leur style, plus com-
plique que celui du Protevangile et des loTSplus eloigne de
celui inspire par Ie Saint EspritS .
Bibliander est a notre connaissance e premier a proposer, ne
serait-{;equ'implicitement, la creation d'un "deutero--<:anon",ant
pour les ivres de I' Ancien que pour ceux du Nouveau Testament.
Le Protevangile y occuperait, Ie cas echeant, une place de choix.
Ce n'est pas pour rien que Ie zurichois fit imprimer Ie Protevan-
gile avec Ie texte de I' Evangile de Marc, valorisant ainsi I'hypo-
these de Postel selon aquelle Ie fecit de Jacquesaurait constitue
Ie debut longtemps perdu de ce fecit canonique. Bibliander, en
effet, affirme dans a preface a Johannes Gast qui precedesa cen-
sura:
J'ai mis au debut de l'Evangile de Marc Ie fecit historique
de saint Jacques, 'apotre de la naissancedu Sei~neurJesuset
de la bienheureuse vierge, sa mere, fecit consldere comme
authentique par les Eglises orientales. J'ai juge cet ecrit, tra-
50. Bibliander fait ici allusion notamment au temoignage d'Irenee Adv.
hael:, 3, 3, MPG 7, 849-852, etAdv. haer. 4,20, MPG 7,1032-1033.
51. BIBLIANDER, Proteuangelion, 1552, 22-23 : "Rursum indignum puto
reiici inter apocryphorum delyramenta, quae magis digna sunt aTfOKPV</>i'ts-
quam avayvw<JEws- vt inquit beatus Athanasius. Etenim si libellus Ruth
in canone librorum diuinorum positus est, qui genus Dauidis ex Booz et
Ruth Moabitica foemina deducit, idque oppresso nomine scriptoris, per-
iniquum mihi videtur hoc Euangelium primum diui Iacobi de natalibus
Christi et matris virginis ab ecclesiis orientalibus autenticis libris adnu-
meratum, saltern in ecclesiasticorum et hagiographorum numero non
haberl, in quo epistola Clementis et tibeT Pastoris olim constitit, hodieque
Tobias, Iudith, Sapientia Solomonis, Sapientia Iesu filii Sirach, historia
Machabaeorum, Esdrae tertius et quartus liber ab omnibus ecclesiis
habentur. Qui libri certe ab hoc germane Iacobi, argumenti excellentia,
et styli simplicitate, Spiritui sancto familiari, meo iudicio, vincuntur".
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34 I. BACKUS
duit en latin par Ie tres erudit Guillaume Postel et transmis jus-
qu'a moi pour lecture par notre Oporin, je l'ai juge, dis-je,
digne d'etre transcrit, annote et divulgue a ceux qui se pas-
sionnent pour la doctrine chretienne. Certes, Postel considere
qu'il s'agit la du debut de l'Evangile de Marc, et de la base de
tOllS es recits evangeliques52.
Comme Ie montre sa censura, Bibliander ne partageait pas l'op-
timisme de Postel concernant la canonicite du fecit. En outre, DOllS
l'avons deja vu, ce qu'Oporin avait transmis a Bibliander (a Zu-
rich) etait la traduction latine de Postel telle qu'elle se trouve dans
Ie MS. Sloane 1411 et, bien sur, sans Ie texte grec, que Postel ne
recopia qu'en 1553 d'apres un autre manuscrit, sans doute com-
plementaire de celui qui rut a la base de sa traduction en 1551.
Bibliander corrigea donc la version de Postel, apparemment sans
se referer au grec, en elimina toutes les interpolations, qu'il jugea
trop tendancieuses, et ajouta ses propres notes, peu nombreuses
et tres sobres, dont une niant categoriquement l'immaculee
conception de la Vierge53. II avait toutefois eu acres aux fameuses
notes de Postel, dont ce dernier deplorait la disparition deja en
1553, et que l'on n'a pas retrouvees depuis loTs. En effet, Biblian-
der en reproduit deux ou trois, au contenu purement historique.
Ainsi, a cote du passage on il est question des jours accomplis
d' Anne54, autrement dit de l'etat d'impurete suivant l'accouche-
ment, on lit dans l'edition de Bibliander (p. 29): A thoro coniu-
gali per dies purificationis separata. Postel .
Les autres protestants amenes a doDDer un avis sur l'authenti-
cite du Protevangile se montrerent bien plus prudents que Biblian-
der, voire carrement hostiles. Un catalogue complet de ces avis
figure dans l'edition de Fabricius et DOllSn'entendons pas Ie repe-
ter ici55. Quelques exemples suffiront. Henri Estienne, dans son
Apologie pour Herodote, accusait Postel de fraude, tandis
52. Ibid., 6-7: Nam euangelio secundum Marcum praefixi sermonem
historicum diui lacobi apostoli, de natalibus Domini lesu et beatae vir-
ginis matris ipsius qui authenticus habetur in orientalibus ecclesiis.Quem
a Guilhelmo Postello, ViTO octissimo, conuersum in Latinam linguam,
quum Oporinus noster legendum huc misisset, dignum iudicaui quem
transcriberem et annotatiunculis illustratum studiosis doctrinae Chris-
tianae communicarem. Certe Postellus caput hoc essecenset Euangelii
secundum Marcum et basim historiae euangelicae otius.
53. Ibid., 29, a cote du passagequi traite de la naissancede la Vierge, on
lit en marge: non asserithaecnarratio Mariam conceptamsine coniunc-
tione legitima parentum, vt fatui opinantur, teste Antonino etiam.
54. Ct. STRYCKER,1,5-12; PI 5, 2.
55. Ct. FABRICIUS, 719,41-65 et plus particulierement 55-57 (Henri
Estienne) et 58-59 (Abraham Scultetus,Andre Rivet).
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UILLAUME POSTEL
qu' Abraham Scultetus, auteur de la premiere patrologie refor-
mee, sansmettre en cause 'honnetete de Postel, releguait l'ecrit
au nombre des apocryphes sans hesitation aucune. Du cote de
l'Eglise romaine, l'accueil ne fut guere plus avorable: Extat nunc
scriptura quaedam ab haereticis nostrorum temporum typis excu-
sa, quae Proteuangelium... nscribitur , ironisait Sixte de Sienne.
Extat nomine S. Jacobi Proto-euangelium sed ab ecclesianum-
quam receptum , affirmait pour sa part Bellarmin56.Quant a l'at-
titude du lutherien Neander, premier editeur du texte grec, on ne
peut que la qualifier de sceptique: Au lecteur de juger s'il faut
ranger parmi les apocryphes 'Evangile de Jacques ,dit-il danssa
preface5?
Conclusions
Quatre conclusions principales s'imposent, doni la premiere
conceme les editeurs modemes du Protevangile: ils doivent desor-
mais tenir compte de la traduction latine de Postel telle que nous
l'editons ci-apres, la version imprimee en 1552 comportant de
nombreux remaniements de Bibliander, qui ne disposait,
semble-i-ii, d'aucun texte grec. C'est la copie de Bibliander (per-
due de nos jours) de l'actuel MS. Sloane 1411latin qui servit jadis
de copie d'imprimeur. En deuxieme lieu, on peut dire desormais
que l'on connait la maniere doni travaillait Postel, et que l'on sait
que c'est de lui qu'emanait Ie texte grec imprime par Neander en
1564 et en 1567, et ferris ensuite par Grynaeus et Fabricius. Troi-
siemement, Ie texte grec Neander/Fabricius (Fa) est l'un des
deux originaux doni se servit Postel pour sa traduction; Ie second
original, que nous avons appele Pas. tat. ci-dessus, demeure incon-
flU. Enfin, la decouverte par Postel du Protevangile, ainsi que sa
publication par Bibliander, constitue un chapitre important dans la
discussion sur Ie canon, ceci independamment de tout differend
confessionnel. En effet, la reception du Protevangile au 16esiecle se
confond inextricablement avec les questions capitales de l'autorite
de la Bible et de la tradition de l'Eglise ancienne grecque et latine.
La tradition latine medievale du Protevangile est releguee au passe.
D'apres les donnees a noire disposition, entre Ie ~ et Ie 15e siecle,
on trouve Ie Protevangile en Occident, SOliS ne forme plus ou moins
56. Ct. ibid., 53-54 (Sixte de Sienne), 54 (Bellarmin).
57. Ct. NEANDER, 567,331-332.
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I. BACKUS
fragmentaire,parfois melangeavecd'autresrecits d'enfance cano-
Diquesou apocryphes) ansdes ecueilshagiographiques,reviaires
(notammentceux de Mainz et de Soyons)et autres ivres de devo-
tion. La decouvertede Postelen1551opere ine rupture totale avec
la tradition latine medievale du Protevangile58.
58. Sur a tradition latine medievale, voir notamment : E. DE STRYCKER
in Analecta Bollandiana 83 (1965),365-410;J. M. CANAL,"Antiguas ver-
siones atinas del Proteuangelio de Santiago" in EphemeridesMariolo-
gicae 18 :3-4 (1968), 431-473; F. VATTONI,Frammento latino del Van-
gelio di Giacomo" in Augustinianum 17 (1977),505-509;J. A. DEALDA-
MA, "Fragmentos de una version latina del Proteuangelio de Santiago y
una nueva Adaptacion de sus primeros capitulos" in Biblica 43 (1962),
57-74; Jan GUSEL,Les evangiles atins de l'enfance,de M. R. James" in
Analecta Bollandiana 94 (1976), 289- 302, ainsi que les dossiers t l' n-
stitut biblique de Lausanne comportant des renseignements sur des
manuscrits medievaux inedits. Notons encore Ie manuscrit Paris, Ste
Genevieve 2787, t. 198r.-20Ov. 13e siecle), l'un des premiers temoins
latins it comporter Ie texte complet du Protevangile, ui est en rain d'etre
edite par Rita Beyers de l'Universite d' Anvers (Faculte des Lettres). Je
remercie Ie professeur Jean-,Daniel Kaestli de l' nstitut des Sciences
bibliques it Lausanne d'avoir bien voulu mettre it ma disposition a trans-
cription faite par Madame Beyers. D'autre part, je remercie Marlene
Jaouich d'avoir informatise mOll exte et d'en avoir ameliore Ie fran~ais.
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UILLAUME POSTEL
EDITION DU MS. LONDRES, BRITISH
LIBRARY, SLOANE 1411,260r.-267r.
Nous avons modifie Ie texte du manuscrit Ie mains possible.
Voici la liste des quelques modifications d'orthographe destinees
a faciliter a lecture:
v initial
u au milieu ou a la fin du mot
j remplace par i, gaur dans leg noms prop res, dont l'or-
thographe d'origine a ete scrupuleusement espectee, y
compris leg ncoherences Hanna, Anna, etc.).
Nous avons nsere leg mots barres dans Ie texte entre crochets
carres avec a mention barre en taliques.
Nous avons maintenu la division en paragraphesde Fabricius
pour faciliter la consultation de son edition. La division en para-
graphesde Tischendorf est ntroduite dans notre version ran~i-
se ci-apres.
Le texte latin a ete soigneusement ollationne avec e grec dans
Ie MS. Sloane1411,253r.-259r.d'une part et avec 'edition de 1567
de Michael Neander,356-392d'autre part. Par ailleurs, DOUgvons
collationne Ie texte grec du MS. Sloane 1411 avec celui imprime
par Neander. Nous avons egalement indique leg le~ons du MS.
Sloane atin, attesteespar d'autres manuscrits grecs.
Variantes
Toutes leg variantes, signalees par leg lettres de l'alphabet en
exposant, soot celles de l'edition de Bibliander de 1552. Nous
n'avons pas tenu compte des variantes d'orthographe. Pour evi-
tel Ie systeme encombrant des "exposants doubles" al ,a2,etc.,
DOUgvons ecommence 'alphabet chaque ois de a a z. La nume-
rotation des lignes du texte permet, Ie cas echeant, d'identifier
facileme }t la variante en question (par exemple, igne 10, val. g,
ligne 50, val. b, etc.)
Notes
Les notes signaleespar les chiffres sont de deux types. Celles
precedeespar 0 sont es notes marginales de l'edition de 1552de
Bibliander, qui reprennent (en partie) les notes marginales per-
dues de Postel. Les notes sans 0 sont nos propres remarques sur
les rapports entre la version latine et Ie texte grec.
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I. BACKUS
260r. [La natiuita della gloriosa virgine Maria et in generali
modo de essanaesceJesunostro saluatore, scritta per san Jaco-
roo, fratello del Signor, et del volume greco di Symeone Meta-
fraste cioe expositor della vita de santi tradotta de [lat barre]
5 greco. Ba"e. En marge on lit:]] apatris nostri Iacobi, fratris Domi-
ni sermo historicus de natiuitate Deiparaea.
In historiis [decem ba"e] 12 tribuum Israel erat Ioachim diues
valde et offerebat bmunera ipsi Deo dupla, apud semetipsum
dicensb sint facultates meae otius populi, Cet n remissionecpec-
10 catoruml meorum apud Deum, vt misereatur mei. Appropin-
quauit2 autem dies Domini magna, offerebantque filii Israel sua
munera, et stetit contra illumd Ruben, dicens
Non licet tibi offerre munus tuum quia semen in Israel non
fecisti. Et contristatus est osephe ] Ioachim valde et accessitad
15 duodecim tribuum genealogiamdicens apud seipsumf videbo in
tribubus Israel si ego soltiS non edidi semen n Israel. Scrutans
itaque inuenitg omnes iustos semen habuisse. Meminit itaque
patriarchae Abrahami, quod in hsuisvltimis diebusDeus illi dedis-
seth ilium Isaac. Contristatus itaque Ioachim non fuit visus vxori
20 suae.Sed n heremum iseipsum ranstuliti ibique fixit3 suaj ento-
ria kieiunauitque 40. diebus et noctibusk, dicens apud seipsum
non ascendam d cibum aut ad potum ldonec me respexerit chills
ba"e] Dominusl, sed erit fficibus meusffioratio mea.
Vxor autem eius Hanna duobus nluctibus lugebatn °et duplicio
25 angebaturangustia,dicens plango viduitatem meam et meam ste-
rilitatem. Venit autem dies Domini magna et dixit Iudith p<udise-
quaPeius : quousque andem affliges animam uam? Non licet tibi
lugere quia dies Domini magna est4.Cape taque hunc peplum et
a-a) Sanctipatris nostri Jacobi, ratris Domini sermo historicus de natiui-
tate Deiparae.
b-b) ipsi Deo dupla munera, apud semetipsum.
c-c) in remissione
d)ipsum
e) om.
f-f) intra se.
g) vidit.
h-h) vltimis diebus Deus dedisset lli.
i-i) abiit.
j)om.
k-k) et ieiunauit quadraginta diebus et quadraginta noctibus.
1-1) m.
m-m) meus cibus
n-n) lugebat uctibus.
0-0) duplicique
p) ancilla.
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Cum terra componif non valeo, quia terra fert suos ructus in tem-
pore suo, et gtibi benedicitgDomine.
Et ecce angelus Domini aduolauit8 dicens ei : Hanna, Hanna,
Deus exaudiuit orationem tuam. Concipies et paries, et celebra-
bitur semenh uum in toto mundo. Dixit autem Hanna9: viuit
Dominus Deus meus,quod siue masculumsiue foeminam genue-
TO,offeram illud munus Domino Deo nostro, et isacris lli minis-
trabit omnibus diebus vitae suae. Et ecce angeli duo venerunt
dicentes illii: Joachim vir tuus venit cum [261r.] gregibus suis.
Angelus enim Domini descendit ad eumj dicens: Joachim, Joa-
chim, exaudiuit Deus orationem tuam. Descende dehinck. Ecce
Hanna, vxor tua, in vtero concipiet. Et descendit Joachim et
vocauit pastoressuosdicens: adferte mihi huc 10. agnaspuras etl
immaculatas et erunt Domini Dei mei. Et adducite mihi 12. vitu-
los mundos et erunt sacerdotum et clerim. Et ferten mihi centum
hircos et erunt 100. hirci totius populi. Et ecce Joachim venit cum
gregibus sills, et stabat Hanna in porta viditque Joachim venien-
tern cum gregibus suis, et accurrens appensa est de colo eius,
dicens nunc cognosco,quod Dominus Deus benedixit mihi vehe-
menter. Ecce enim quae vidua eram, amplius vidua non sum, et
quae eram sterilis, in vtero habebo. Et requieuit Ioachim in domo
sua prima die.
Crastino autem obtulit dona sua, dicens in seipso si Dominus
Deus benedixerit mihi laminal0 sacerdotis, oc °manifestum aciet
[hoc barre] mihio. Et obtulit dona sua Joachim et attendit Plami-
ni seuefodPsacerdotis,quum qadmissus stqad altare Domini, et
non vidit peccatum in seipso. Et dixit Joachim: nunc noui quod
Dominus fpropitiatus estf mim, et remisit mihi omnia peccatamea.
Et descendit a temploS Domini iustificatus et venit in domum
suam. Concepitll itaque Hanna et completi sunt illi mensessex.
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f conferri.
g-g benedicit tibi.
h nomen.
i-i in sacris ebus illi... dicentes psi.
j ipsum.
k hinc.
I om.
m add. seusenilis ordinis gerusiae.
n adferte.
0-0 faciet mihi manifestum.
p-p laminae seuephod aut rationali.
q-q est admissus.
I-f est propitiatus.
s domo.
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UILLAUME POSTEL
Mense autem lano genuitt Hanna et dixit obstetrici : quid genuiU?
Ipsa autem dixit: feminam. Et dixit Anna: magnificata est anima
90 mea in bora ista. Et reclinauit earn. Impletis autem diebus12 iui-
sa est Hanna, et dabat vbera natae. Et nominauit nomen eius
Mariam.
De die autem in diem roborabatur puella; cum vera facta est
sexmensium, deposuit llam mater eius humi, vt experiretur illam
95 si erecta staret. EtV septem gressus ecit ambulando, et venit in
sinum matris suae.Et dixit Hanna: viuit Dominus Deus, quia non
ambulabis super terram donec te obtulero in templum Domini.
[261v.] Et fecip3 sanctificationem n cubili [ipsius barre] suo [nec
barre] et quicquid est coinquinatum Waut mmundumw satagebatX
100 segregaTe ropter illam. Et vocauit filias Hebraeorum immacula-
tas et seducebanp4earn. Factusque est puellae primus annus Yet
fecitY magnum conuiuium15 oachim et vocauit sacerdotumprin-
cipes et scribas et Zsenatum lerumuezet omnem populum Israel.
Et obtulit munera Ioachima psis sacerdotumprincipibus, et bene-
105 dixerunt illi dicentes Deus patrum nostrorum benedic huic puel-
lae et da illi nomen bnominatum celebreueb, aeternum in omni-
bus generationibus. Et dixit totus populus: amen, iat. Et obtule-
runt illam sacerdotibus et benedixerunt earn dicentes: Deus
altitudinum, respice super hanc puellam et benedic illi benedic-
110 tione quae intermissionem non habet. CEtabripuit illam mate~ et
dedit illi vber. Et fecit Hanna canticumDomino Deo dicens can-
tabo16doden audemuedDomino Deo mea, quia visitauit me, et
abstulit a me opprobrium inimicorum meorum. Et dedit mihi
Dominus Deus fructum iusticiae multiplicem in conspectueiuse.
115 Quis annunciabit filiis Reuben quod Hanna lactet? Audite audi-
te duodecim tribus Israel, quia Hanna lactat . Et reclinauit earn
in lectulof sanctificationissuae.Et exiuit et ministrabat psis.Com-
pleto autem conuiuio discessereetabundi et posuerunt lli nomen
t) peperit.
u) peperi.
v) om.
w-w) om.
x) add. ab ea.
y-y) fecitque.
z-z) toturn senaturn.
a) om.
b-b) celebraturn.
c-c) aiTipuit earn mater sua.
d-d) laudem.
e) suo.
f) loco.
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I. BACKUS
Mariam17,quia nomen eius non obliterabitur gdepressumue ritg
in aetemum, et glorificauerunt Deum Israel.120
Puellae autem apponebantur menseseius. Facta autem biennii
puella, dixit Joachim Hannae vxori suae introducamus earn in
templum Dei vt reddamus votum nostrum quod fromisimus ne
forsan a nobis auferat Deus succenseatuen nos, et sit inaccep-
turn donum nostrumh/18. Et dixit Hanna: expectemus tertium
125 annum ne forsan requirat [262r.] puella patTernauti matrem. Et
dixit Joachim: expectemus. Et facta est triennis puella. Et dixit
Joachim: vocate puellas Hebraeorum immaculatas et accipiant
singillatim lampades19, t sint accensae, ei conuertatur puella in
posteriora et kretinetur mens corue eiuskex templo Dei. Et fece-
130 runt sic donec ingressaesunt templum. Et recepit earn [principes
corrige en :] princeps sacerdotum et [osculati sunt corrige en :
osculatus est earn et dixit [dixerunt barre]: Mariam, magnificauit
Dominus Deus nomen tuum in cunctis generationibus et in vlti-
mis diebusmanifestabitDominus in te precium redemptionis suae
135 filiis Israel. Et constituit eamsuper tertium gradum altaris et immi-
sit Dominus Deus gratiam super ipsam, met exultabat pedibus
suismet dilexit earn ota domus Israel.
Et descenderuntparentes eius admirantes et laudantes Deum
quia non est conuersa puella erga illos. Erat autem Mariam Din
140 templo Domini instar columbae educatanet accipiebat20cibum
de manu angeli. Duodecim veroO annos nata corrige en :] anno-
rum facta in templo Domini, concilium sacerdotum factum est,
dicentium : ecce Mariam facta est annorum decem21 n templo
Domini; quid faciemus lli ne forteP maculetur sanctificatio Domi-
145 ni Dei nostri? Et dixere sacerdotesprincipi sacerdotum: tu sta ad
altare Domini ~t ingredere ad sanctuarium Deiq/22et ora pro ea
fet de illaf, et quodcunqueSmanifestauerit Deus, hoc faciemus.
Intrauitque princeps sacerdotumacceptododecadone23n sancta
g-g) om.
h-h) om.18
i) et.
j) nec.
k-k) abducatur mens eius.
I) om.
m-m) exultabatque subsiliendo pedibus suis.
n-n) instal columbae educata n tiemplo Domini.
0) autem.
p) forsan.
q-q) om.22
r-r) om.
s) quicquid.
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UILLAUME POSTEL
sanctorumet orauit tde ipsat. Et ecceangelusDomini astitit dicens
150 ipsi Zachariae : Zacharia exi et conuocaviduos populi et adferant
singuli virgam et cui ostenderit Deus signum, huius erit vxor in
custodiam. Exiuerunt autem praecones per vniuersam regionem
Iudeae et sonuit tuba Domini24 et occurrerunt vniuersi.
Josef autem abiecta securi exiit obuiam llis congregatiqueabie-
155 runt ad summum sacerdotem [262v.] acceptis virgis. Ab illisu
itaque accipiensvirgas ntrauit in templum et orauit. Completaque
oratione accepit virgas et exiuit. Reddidit itaque singulis eorum
et signum in illis non apparuit. Vltimam autem virgam accepit
Josef et eccecolumba exiuit exvvirga, et volauit in caputJosef. Et
160 dixit sacerdosJosefo : tu es sorte diuina electus vt accipiasvirgi-
oem Domini in custodiam apud te. Et contradixit Josef dicens:
filios habeo et sum senex, psa autem est uuencula; vnde timeo
ne forte ridiculus fiam filiis Israel. Dixit autem summussacerdos
Josefo: timeas Dominum Deum tuum et record are quanta fecit
165 Deus. Erant Datan et Abiron et Core. Quomodo apperta [ ] est
terra et deuorauit eos propter contradictionem suam.Nunc ergo
time Deum Josef ne forte et ista sint in domo tua. Territus Josef
illam accepit et dixit illi: Mariam ecce, ego waccipio e exw em-
plo Domini Deix et Ynunc derelinquo te in domo mea et vado
170 fabricaTe domas, et veniamy/25ad te. Et Dominus custodiat te
omnibus diebus26.
Factum est autem concilium sacerdotum dicentium : faciamus
velum sell operimentum pro templo Domini. Et dixit princeps
sacerdotum vocate mihi [vergines carrige en ] virgines immacu-
175 latas az domo carrige en ] tribu Dauid. Abeuntes itaque et dis-
quirentes inuenere septemvirgines et meminit princeps sacerdo-
turn ipsius Mariam, quoda essetde tribu [Juda barre] Dauid27,et
immaculata erat ante Deum. bEt inuenerunt ministri et adduxe-
runt illam et introduxere in templum Dominib/28. Et dixit prin-
ceps sacerdotum sortiamini mihi quaenamnebit aureum filum et
180 amiav8ov29, t byssum et sericum, et jaaynthum, et coccinum et
t-t) pro ea.
u) ipsis.
v) de.
w-w) te accipio de.
x) om.
y-y) derelinquam te dorni et vadam ad exercendurn neam oecodomicarn
fabrilernue altern et redibo25.
z) de.
a) add. i~sa.
b-b) om 8.
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veram purpuram. CEtMariam contigit [263r.] veram purpuram et
coccinumc. Et acceptis illis abiit in do mum suam. In ilia autem
tempore siluit Zacharias et factus est pro eod Samuel. Vsque ad
tee/3Docutus est Zacharias. Mariam accepta purpura et cocco
185 filauit.
Et accepta venal exiit haurire aquam. Et ecce vox dicens illi :
aue gratia plena, Dominus tecum, benedicta tu in mulieribus31.
Etg circumspiciebath Mariam in dextra et sinistra vt sciret vnde-
Dam sta vox facta esset.Et tremefacta intrauit in domum suam et
190 [quieuit barre] deposuit [venam barre] hydriam, et accepta pur-
pura sedit super sedemsuamvt operaretur. Et ecceangelusDomi-
ni stetiti in conspectueius dicens ne timeas Mariam, inuenisti gra-
tiam apud vniuersorum Dominum, et concipies ex Verba sancto
ipso. Et audiens Mariaj disceptabatapud se si concipiam a Deo32
195 et pariam vt gene at quaeuis mulier? Et dixit angelus Domini:
non sic Mariam, virtus enim Dei obumbrabit tibi, ideo et quod
nasceturex te sanctum vocabitur filius Dei et vocabis nomen eius
Jesum. pse enim ksaluum acietk populum suuma peccatiseorum.
Et dixit Mariam: ecceancilla Domini fiat mihi secundumverbum
200 suuml.
Et confecta purpura et cocco abtulitm ad sacerdotem. Et bene-
dixit illi et ait : 0 Mariam, magnificatum est nomen tuum et eris
benedicta in vniuersa terra. Acceptan autem exultatione Mariam
abiit ad Elisabet cognatam suam et pulsauit ad portam eius33.Et
205 audiens Elisabet proiecto coccino accurrit ad portam et apperuit
illi et ait : vnde hoc mihi vt veneritO mater Domini mei ad me ?
Quod enim in me est, exiliit et benedixit tibi. Latebant autem
ipsam Mariam ilIa mysteria quae locutus fuerat illi archangelus
Gabriel. Et intuens in coelum dixit: quaenam sum ego vt omnes
210 generationes Pita meP [beent barre] beatam34 icant? Et transe-
c-c Et ipsi Mariae contigit vera purpura et coccinus.
d ilia.
e add. vera 0 Maria30.
f hydria.
g om.
h add. autem.
i adstitit.
j add. cogitando.
k-k faciet saluum.
I tuum.
m adtulit.
n concepta.
0 veniat.
p-p me ita.
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45
UILLAUME POSTEL
git [263v.]qibi tres mensesq pud Elisabeth. De die autem n diem
venter eius intumescebat. Et timore perculsa Mariam abiit in
domum suam et occultauit se a filiis Israel. Erat autem annorum
sexdecimquando mysteriar haec iebant.
215 Facto autem psis sexto menge,ecce venit Josef a suis oecodo-
miis tseu abrilibus operibust.Et intrans in domum guam,vidit earn
grauidam. Et demissa facie sua35proiecit seipsum in terram et
planxit vehementerdicens quanam acie intuebor [faciem barre]
Dominum Deum? Quid autem orabo deuhac puelIa? Quia vir-
220 ginem accepi ex templo Domini Dei et non custodiui. Quis mihi
imposuit? Quis hoc mali tacit in domo mea et vitiauit virginem?
Nonne in me est recapitulatione consummata his ori a Adami?
Quoniam in bora gloriae eius intrauit serpens et inuenit Euam
solam et decepit earn. Sic sic reuera etVmihi contigit. Et surrexit
225 Josef de sacro, et accepta Mariam dixit illi : 0 quae tantae curae
Deo eras, quidWhoc fecisti? Et oblita es Domini Dei tui, tu quae
es educata in sancto sanctorum? Quid deiecisti animam tuam?
Quae cibum abx angelorum manu capiebas,quid hoc fecisti ? Ipsa
autem ftebat amarissime, dicens: munda sum et virum non
230 cognoui. Dixit autem lli Josef: et vndenam estergo quod in vtero
habes? Viuit Dominus Deus meus quod non cognoscoY nde hoc
mihi est.
Et stupefactus est Josef vehementer et persistebat cogitans:
quid de ea faciam? Et dixit Josef: si illius abscondampeccatum,
235 inueniar reus in lege Domini. Si ipsam raducam et propalem filiis
Israel, timeD ne parum aequumasit et inueniar tradens sanguinem
innocentem in iudicium mortis. Quid igitur de ilIa faciam? Equi-
dem clam ipsamb elinquam. Et occupauit eum nox. Et ecceange-
Ius Domini apparet ilIic/36dicens ne timeas hanc puellam. Quod
240 enim in ea natum est,de Spiritu sanctoest. Et vocabis nomen eius
JESUM.pse enim [264r.] saluum faciet populum suum a peccatis
q-q menses res.
r om.
s illi.
t-t om.
u pro.
v om.
w cur.
x de.
y scio.
z om.
a iustum.
b illam.
c add. in somnis36.
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46
I. BACKUS
suis. Surrexit itaque Josefa somno et glorificauit Deum Israel qui
dedit illi gratiam et custodiuit earn.
Venit autem Annas scriba ad Josef et dixitd illi: quare non
245 adfuisti ein nostrae/37 ynodo? £t ait illi Josef: fessuseram de via
et quieui prima die. £t conuersusest scriba et vidit Mariam graui-
dam [et barre] abiitque currens ad sacerdotemet ait illi: Josef cui
tuf testimonium plebes vehementer peccauit. Aitque sacerdos:
quid hoc? £t ait illi : virginem quam acceperatex templo Domi-
250 ni38 edauit et furatus est eius nuptias et non indicauit filns Israel.
£t respondensprinceps sacerdotumait: Josefhoc fecit? £t dixitg
Annas scriba : mitte ministros et inuenient ipsam grauidam. £t
abiere ministri et inuenerunt sicut dixit ipsishet adduxere llam39
et Josef in indicium et dixit sacerdos Mariam, quid hoc fecisti?
255 £t cur demisistii animam uam, quae es educata n sancia sancto-
rum, quae ex angeli manu cibum accepistij et audiuisti mysteria
ipsius et exultasti in conspectueius ? Quid hoc fecisti ? Ipsa autem
flebat amare dicens: viuit Dominus Deus mens quia munda sum
in conspectuDomini et virum non cognosco.£t dixit sacerdosad
260 Josef: quid hoc fecisti? Dixitque Josef: viuit Dominus Deus et
viuit Christus eius quia purus sum ab ipsa. £t dixit sacerdos ne
dicas falsum testimonium, sed dicito velum. Suffuratus es nuptias
eius et non manifestasti filiis Israel, et non inclinasti caput tuum
sub omnipotenti manu vt benediceretur semen uum.
265 £t rursusdixit sacerdos restitue virginem quam accepistia tem-
plo Domini. £t perfundebatur lachrymis Josef, et dixit sacerdos
potabo vas aqua redargutionis Domini4o et manifestabitur pecca-
turn vestrum in oculis [Domini barre] vestris. £t accepta aqua
sacerdos potauit Josefum. £t misit eum ad montana et rediit
270 sanus.Potauit et Mariam ipsam et misit ketiam ipsamkad monta-
na et rediit incolumis. [264v.] £t miratus est omnisl populus quod
[eius ba"e] peccatumnon sit manifestatum mseunon apparueritm
in ipsis. £t dixit sacerdon ] : Deus non manifestauit peccatum
d) ail.
e-e) om.3?
f) om.
g) ail.
h) llis.
i) deiecisti.
j) surnpsisti.
k-k) earn etiarn.
I) lotus.
ill-ill) om.
n) sacerdos.
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47UILLAUME POSTEL
vestrum, nec ego iudico vos, et absoluit eos. °Accepitque Josef
275 ipsam Mariam etOabiit in domum suam gaudens et glorificans
Deum Israel.
Factum est autemdecretum41ab Augusto Caesarevt describe-
rentur omnes qui erant in Bethlehem. Et dixit Josef: ego [descri-
barn corrige en ] describi curabo filios meos. De hac autem puel-
280 la quid faciam? Quomodo illam inscribam? Vxorem ipsam ns-
cribam? PSed psa non est vxor mea. In ipsam enim conser-
uationemPaccepiex templo Domini42. Nonne filiam? Sed noue-
runt omnes filii Israel quod non est mihi filia [mea barre]. Quid
de hac faciam? Equidem in ipsa die Domini faciam sicut voluerit
285 [Jesu barre] Dominus. Et strauit Josef asinam et fecit earn
conscenderesuper asinam.Jacobus autem et Symon43 equeban-
tur ~t appropinquabantqa milibus tribus. Et conuersus osef,vidit
ipsamrmestam et dixit in seipso: forsanquod in ea est, psamattri-
slatS.Et rursus conuersus Josef vidit earn ridentem et dixit ipsit:
290 0 Mariam quid hoc rei tibi estquod faciem tuam video quandoque
hilarem quando que mestam? Et dixit Maria Josefo: quoniam
duos populos44video in oculis meis, vnum quidem flentem et
gemebundum, Uetaliumu exultantem et ridentem. Et venit media
in viav, dixit illi Mariam: depone me ab asina, quia quod in me
295 est, me vrget vt progrediatur45.Et deposuit earn ab asina et dixit
illi: vbi te inducam et cooperiamwpudenda? Quia locus desertus
est.
Et inueniens ibi speluncam46,ntroduxit earn et praefecit illi
filium suum. ExiensqueX erquirebat obstetricem n regione Beth-
300 lehem. Quum autem obambularet Josef, vidit Ypolum stantem47
et aerem oberrantemY,et volatiliaZ [265r.]cessantia,et aspiciens
in terram vidita scafam cibariam positamb et operatores recum-
bentes quorum manus in scafa erant. Et mandentes non mande-
0-0 accepta taque Mariam Joseph.
p-p atqui vxor mea non est, psam enim in conseruationem42.
q-q om.
r earn.
s contristat.
t illi.
~-u alium autem.
v add. et.
w tegam.
x et exiens.
y-y polum coelumue stantem et aerem obterrentem.
z add. in media cursu.
a om.
b add. vidit.
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I. BACKUS
bant, et quit attollebant nil capiebant, et qui offerebant ori suo,
305 nil offerebantd. Sed omnium facies esursumerant intentaee. Et
ecce Dues erant dispersae nec progrediebantur, sed stabant. Et
eleuans pastor manum48suamf vt percuteret illasg cum virga,
manuseius stabat sursum. Et hvidit in torrentem fluminis et vidith
ora hircorum imminentia quidem aquae, sed non pot anti a, sed
310 omnia sub momentoi ipso cursu erant impulsa, iid est consistebant
vniuersaj.
Et ecce mulier descendensa montanis ait illi: tibi dico homo,
quo vadis? Et ait : obstetricem khebraeamquaerok. Et dixit illi :
ex Israel es tu? Aitque illi : sic. Ea autem dixit: et quae est quae
315 parit in spelunca? Et ait illi: quae mihi est desponsata.Et ait illi:
nonne est vxor tua? Dixitque Josef: non est mea vxor49,sed est
Maria educata in templo Domini, et habet conceptum ex Spiritu
sancto.Dixitque illi [Mar barre] obstetrix hocne verum est? Dixit
ei : veni et vide. Et abiit obstetrix cum pso, et stetit in conspectu
320 speluncae.Et eccenubes ucida50obumbrabat speluncam,et dixit
obstetrix : magnificata est anima mea bodie, quia viderunt oculi
mei stupenda. Quia salus Israeli nata estl/51.Repente autem fuit
nubes in spelunca et lux magna ita vt oculi nostri non ferrent.
m(Nota quod hic Jacobus de se atetur quia fuit semperassistens
325 partui Mariae vt haec scriberet52).Paulatimquem ux sesesub-
duxit quousquevisus est [puer barre] nfans et accipiebatvbera na
matTe psius Marian. Et clamauit obstetrix et ait: magna mihi
hodie dies est quia viditO [ ] hoc spectaculummagnum. Exiitque
obstetrix ex spelunca et obuiauit illi Salome, et dixit obstetrix ipsi
330 Salomae magnum tibi spectaculumhabeo narraTe virgo genuit
quem non capit natura ipsius et virgo manet virgo. Dixitque Salo-
me : [265v.]viuit Dominus Deus meus,nisi scrutata uero naturam
ipsius, Pnunquamcredam quod virgo pepereritP.
c) add. manus.
d) afferebant.
e-e) erant intentae sursum.
f) om.
g) eas.
h-h) aspiciens n torrentem tluminis vidit.
i) add. ab.
j-j) om.
k-k) quaero hebraeam.
I-I) om.51
m-m) paulatin veTO.
n-n) ab psius matTeMariam.
0) vidi.
p-p) non credam quod peperit.
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UILLAUME POSTEL
Et ingrediens obstetrix dixit ipsi Mariam: reclina te ipsam, qnon
335 enim paruum certamen ibi instatq. Quum autem n ipso loco pal-
pauit earn Salome, egressaest dicens: vae mihi impiae et perfi-
daeS3 uoniam tentaui Deum viuentem, et ecce manus mea igne
ardens cadit a me. Et flexit genua ad Deum et ait : Deus patrum
nostrorum memento mei, quoniam semenAbraharni sumret Isaac
340 et Jaacobs, t ne traducasme apud filios Israel, sed redde me pau-
peribus. Tu enim nosti Domine, quod in nomine tuo omnescuras,
et ope ationes meas complebam et mercedemabs e recipiebam.
Et eccetangelus Domini astitit dicens ad earn: Salome, Salome,
audiuit te Dominus: offer manum tuam puero et ubaiula ipsum,
345 et erit tibiu salus et gaudium. Et accessitSalome et gestauit eum
dicens: adorabo ipsum quia magnus rex natus est in Israel. Et
Vgestauitpuerum etV epente sanata est [manus mea barre] Salo-
me et exiit ex spelunca ustificata. Et ecce vox ad earn dicens ne
annuncies quae vidisti magna [in Jerusalem barre] donec ingre-
350 diatur puer in Jerusalem.
Et ecce Josef paratus est exire in JudaeamS4.Et tumultus
magnus factus est in Bethlehem wJudae; venerunt enimw magi
dicentes: vbi est qui natus est rex Judaeorum? Vidimus enim Xip-
SillSstellamX n oriente et venimus adorare ipsum. Et audiens
355 Herodes turbatus est et misit ministros ad magos. Et accersiuit
gummas sacerdotes et interrogabat illosY dicens quomodo scri-
bitur de Christo? Vbi nascitur? Dicunt illi : in Bethlehem Judae.
Sic enim scriptum est. Et dimisit eos. Et interrogauit magosdicens
ipsis: quodnamvidistis signumde rege genito? [266r.]Dicite mihi.
360 Et dixerunt illi magi: stella eius nata est magna, et illuxit super
stellas [mundi barre] coeli ita vt hebetarit eas, itaZ vt non vide-
rentur. Et sic nouimus quod arexmagnusnatus esta psi Israeli et
venimus adorare eum. Herodes autem dixit illisb : ite et perquiri-
te. Et si inueneritis, renunciate mihi, vt etCego veniens adorem
q-q magnum enirn tibi certamen ncumbit.
r om.
s add. sum.
t om.
u-u gesta llum, ent enirn tibi.
v-v gestato puero.
w-w inde enirn venere.
x-x stellam eius.
y eos.
z vsque adeo.
a-a flatus est rex magnus.
b om.
c om.
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I. BACKUS
365 ipsumd. Et exiere magi. Et ecce stella quam viderant in oriente,
conducebat eosequousque intrauit in speluncam. Et stetit super
caput speluncae,et viderunt magi puerum cum Maria matTeeius
et adorauerunt ilIum. Extrahentesque dona de suis marsypiis,
dederunt illi aurum, thus et myrrhan. Et responso accepto ab
370 angelo ne redirent ad Herodem, per aliam viam reuersi sunt in
regionem suam.
Videns autem Herodes quod illusus esseta magis, ratus misit
illuc homicidas occidere Dronespueros qui erant in Bethlehem a
biennio et infra. Et audiensMaria quod occiderentur pueri, timo-
375 re perculsa accepit puerum et fasciis finuoluit et reclinauit eumf
in presepio bourn. Elisabet autem audiens quod Johannes equi-
reretur55, conscendit n montana et circunspectabatvbi eum [rev
barre] absconderet,et non erat locus absconsionis.Et gemensEli-
sabetvoce magna dixit: 0 mons Dei recipe matrem cum ilio, nec
380 enim poterat ascendereElisabet. Et repente diuisus est mons et
illam recepit. Illuxit autem llis lux; angelusenim Domini erat cum
illis custodiens llos.
Herodes autem querebat Johannem56.Et misit ministros ad
Zachariam patTerneius dicens vbi abscondisti ilium tuum? Ipse
385 autem respondit dicens : ego sum gminister sacerdosueDeig et
assisto templo Domini: non noui vbi est filius meus. Et abiere
ministri et renunciarunt ista Herodi. Et iratus dixit: filius eius est
regnaturus super Israel et misit had Zachariam rursushdicens :
[266v.]dic verum, vbi est filius tuus. An nescisquod sanguis uus
390 sub manu mea est? Et iuere ministri et irenunciarunt ipsi Zacha-
riae istai. Dixit autem: testis estDeus quod jnon [cognoscobarre]
nouij vbi est filius meus. Tu si vis funde sanguinemmeum, spiri-
turn enim Deus recipiet quia sanguinem nnocentem fundis. In
templi Dei vestibulis circa interceptum Zacharias est occisus.
395 Et abierunt sacerdotes ad horam salutationis. Et secundum
consuetudinem non obuiauit illis Zachariae benedictio, et kstete-
runt sacerdotes alutare ilIum et glorificare Altissimumk. Tardan-
te autem llo timebant intrare. Vnus autem eorum audens ntrauit
et renunciauit sacerdotibus quia Zacharias est occisus. Et
400 audientesaudentesque ngressisunt et viderunt factum et laquea-
d eum.
e om.
f-f obuolutum ipsum reclinauit.
g-g sacerdosministrans Deo.
h-h rursus ad Zachariam.
i-i denunciarunt talia ipsi Zachariae.
j-j nescio.
k-k cessaruntsacerdotessalutare ilIum et benedicere altissimo.
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I. BACKUS
NOTES
10 Ait Eccles. 3 eleemosyna resistit peccatis, et Luc. 11 et Dan. 4.
2 0 Principium anni vel in testa Paschatis vel tabemaculorum. Pos-
tel.
3 0 Ibi greges habens.
4 0 Tentatio ex domesticis grauior.
5 0 Iurandi formula.
6 0 Sterilitatis malum per comparationem foecundae creaturae
amplificat.
7 Sloane MS. 1411, 253v.: o'l~Ol iTlVl W~OlclJeflV;OUX W~OlclJeflVEYW
TotS' iTETElVo1S'TOU oupavou OTl TU iTETElVU TOU oupavou YOVl~a
EL<JlV EVWiTlOV<JOU,o'l~Ol TLVl W~OlW~V EYW; OUX W~OlclJeflVEYW
TO'iS' UAOYOlS' (~lS' OTl aUTU QAoya (l\>a YOVl~a EL<JlV EVWiTlOV
<JOV,KUplE. Ol~Ol TLVl W~OlW~V EYW; OUX W~OlW~V EYW TO'iS'
ooa<Jl TOtrrOlS' OTl aiJTu TU v8aTa YOVl~a EL<JlV EVWiTlOV <JOV
KUplE. o'l~Ol TLVl W~OlclJeflVEYW, OUX W~OlclJeflVEYW TO'iS' KiJl a<Jl
TftS' eaAa<JO'llS', OTl Kat TU Ku~aTa yaAT)VlWVTa Kat <JKlpTWVTa
Kat Ot EV aiJTo1S' LXe1JE:S'UAOYOOOlV JE,KUplE. Neander (p. 360,
ed. de 1567) omet leg references aux oiseaux du ciel et aux eaux
avec leurs poissons.
8 0 Ita Isaac promittitur, et Samson, et Samuel.
90 Vt Anna mater Samuelis Vallet. N .B. 11. 53.55 agnas puras...
Dei mei. On en trouve l'equivalent dans MS. Sloane 1411, 254r. :
<j>EpETE~Ol 8E:Ka u~va8aS' U<JiTlAOVS- at U~W~OVS-,Kat E<JOVTal
at 8E:Ka u~va&S' KVplCV Tl\> eEl\> ~OU. Omis par Neander.
10 0 Lamina sacerdotis videtur quae in fronte pontificis nomen
lahweh praetulit. De ephod et AOYElCVn Exodo et alibi multa.
11 0 Non asserit haec narratio Mariam conceptam sine coniunc-
tione legitima parentum, vt fatui opiniantur, teste Antonino etiam.
12 0 A thoro coniugali per dies purificationis separata. Postel.
13 0 Vt quicquid prophanum esset, procul remoueretur.
14 0 Potius in alium locum, quam a via sancta morum.
15 0 In ablactatione conuiuia exhibuerunt Israelitae, vt Abraham,
Gen.21.
160 Hymnus qualis Annae matris Samuelis.
170 Mariam nomen prophetissae safaris Mosis. Sonat autem ama-
ritudinem, quam experta est virgo mater iuxta dictum Symeonis.
18Dans Ie grec de Neander et dans Ie MS. Sloane 1411, 254v.: Kat
UiTp6cr&KTOV YEVOlTO TO 8wpov l'J~WV.
19 0 Virginum gestamen symbolicum sine superstitione ethnico-
rum vel ineptientium Christianorum. Parabola x. virginibus etiam
lampades attribuit. Vt circa tabemaculum fuerunt foeminae velu-
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53
UILLAUME POSTEL
ti diaconissae, ta illo tempore etc., velut Anna prophetissa,Luc.
2.
200 Vt Christo seruierunt angeli et multis electis multifariam
ministrarunt.
21D In templo quidem. Nam tertio aetatis anno introducta fuit.
N.B. MS. Sloane1411,255r.; Neander (1567), 368 et Fabricius ont
la le<;on 8w&KaETl'IS
22Manque dans Ie MS. Sloane 1411,255r. et dans Neander, 368.
Phrasesupprimee par Bibliander -pour des raisonsstylistiques?
230 Dodec. a numero duodenario nomen habet, oraculum vel
rationale, in quo 12. apides nscripti, nomina 12. ribuum.
240 Sortibus desponsaMariam. Epiphanius paulo aliter scripsit.
25Pas d'equivalent grec de veniam ad te / redibo dans MS. Sloa-
ne 1411,255v.,ni chez Neander (1567,p. 370).
26Pas d'equivalent grec de omnibus diebus,ad lac. dansMS. Sloa-
ne 1411,255v., ni chez Neander (1567,p. 370).
270 Dauidis soboles Mariam.
28Pas d'equivalent dans e grec. a. MS. Sloane1411,255v.ad lac.,
doni la le<;on orrespond a celle de Neander (1567,p. 370). On ne
sait pas pourquoi Bibliander supprima cette phrase.
290 Haud scio an legi debeat alllavTOV,d est, non coinquinatum.
Et hyacinthum pro iacynthum.
300 De hoc silentio, Lucae 1. MS. Sloane1411,255v.Pasde varian-
te ici par rapport a Neander (1567,p. 370) et Fabricius. On atten-
dait donc : vsque ad tempus quo locutus est Zacharias . La le<;on
ad te se trouvait sansdoute dans 'autre prototype grec de Postel;
elle est egalement retenue par Tischendorl (PJ 10,2). La cor-
rection de Bibliander fut sansdoute improvisee.
310 Nuncium angelicumde Filio Dei nascituro, Matth. 1, Luc. 1.
32MS. Sloane 1411,255v.ad lac. add. (WVTOSout comme Nean-
der (1567,372).
330 Luc. 1.
340 Sicut etiam miratur super his quae dicebantur de filio Iesu.
Luc.2.
350 Lucta Josephi, Mat. 1.
36MS. Sloane 1411, 256v.: KaT' ovap de meme que Neander
373-376. La version de Bibliander est sansdoute influencee par
Ie texte canonique (Mt. 1,20).
37MS. Sloane 1411,256v.,Neander 376: auvo8lq lillwv.
380 SiquidemMessiaserat tunc in omnium expectatione, ege cau-
turn fuit vt quaecunque oemina e tribu Iuda peperisset, aut fer-
ret vterum, ad principes referretur. Vt Postellus etiam ex Iudaeo-
rum libris annotauit.
390 Mariam et Joseph n judicium producuntur ob partum.
400 De aquis redargutionis et judicio suspectaeadulterae, Num.
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5. Le passageconcernant a soumissionde Marie a l'epreuve de
l'eau de malediction (potauit et Mariam... incolumis)ne se trouve
pas dans Ie texte grec du MS. Sloane 1411 (cf. p. 256v.-257r.),ni
chez Neander (cf. p. 378). La le~on est toutefois retenue par
Tischendorf (PJ 16,2).
410 Luc. 2.
42Le passageSed psa / Atqui vxor... Domini ne figure pas dans
Ie grecdu MS. Sloane1411,257r.Ct. Neander,p. 378,380. L'equi-
valent de sed psa vxor mea non estest atteste par les MSS BILR.
In ipsam... Domini inconnu en dehors de la version atine de Pos-
tel.
430 Qui fratres Iesu dicuntur, Marc. 6. Iacobus Alphaei filius qui
maior. Filii Josephsed ex alia matTe.
440 Duo populi separati in Christo, alter amplectens eum, alter
respuens.Quos gemini Rebeccaeetiam figurarunt.
450 Positus est in ruinam et resurrectionem multorum.
460 Earn sitam essead oTtum oppidi Bethlehem testatur Postel-
Ius.
470 Prodigium oblatum JosephonascenteChristo, repraesentans
perturbationem mundi non agnoscentisneque recipientis serua-
toTem.
480 Plenior constructio : eleuante pastore manum.
490 Negat vxorem esseMariam, ex qua videlicet ipse procreaTe
voluerit sobolem, non autem coniugemdesponsatam.
500 Ortus Messiae per angelospastoribus ndicatus etiam prodi-
giis aliis illustratur. Quid enim magisadmirandum, aut ad salutem
necessarium, quam Dei filium esse hominem factum ex Spiritu
sancto et virgine matre?
51Dans Ie grec du MS. Sloane: 1411, 257v.; chez Neander: p.
382-384.
52Remarque de Postel, non reproduite par Bibliander, ad. loco
(1552,44).
53 ncredulitas foeminae alioquin piae non absimilis Thomae
incredulitati. Quae dum poena nflicta emendatur,omneshomines
admonet veritatem recipere.
540 Magorum adoratio, confitentium Christum, Matth. 2.
550 Fuga seruatus oannes Baptista.
560 Zachariae mars inter templum et altare. De quo Postellus
autumat Dominum loqui, 23. Matthaei. Alii tamen [ ].
570 Simeon ustus pontifex.
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55
TRADUCTION FRAN<;AISE DU MS.
LONDRES, BRITISH LIBRARY,
SLOANE 1411260r.-267r.1
1,1Dans les histoires des douze tribus d'Israel, Joachim etait fort
fiche et il presentait au Seigneur sesoffrandes en double, en se
disant: "que mes richessessoient pour tout Ie peuple et pour la
remission de mes peches aupres de Dieu afin qu'il ait pitie de
moi". Or, Ie grand jour du Seigneurapprocha et les fils d'Israel 1,2
presentaient leurs offrandes. £t Ruben se dressa devant lui,
disant :
"II ne t'est paspermis d'apporter ton offrande, parce que tu n'as
pas engendre de posterite en Israel". 1,3 t Joseph ] Joachim flit
fort afflige et alIa consulter la genealogie des douze tribus en se
disant: "je verrai dans es tribus d'Israel si e suis Ie seul a ne pas
avoir fait de posterite en Israel". £t en faisant l'enquete il trouva
que tOllS es justes avaient eu line posterite. £t il se souvint du
patriarche Abraham, comment en sesderniers ours Dieu lui avail
donne Isaac pour fils. 1,4 t Joachim, fort afflige, ne se montra pas
a sa femme, mais se rendit au desert et il planta la ses entes, et il
jeuna quarante ours et nuits, en se disant e ne monterai ni pour
mangerni pour boire jusqu'a ce que Ie Seigneur e soit toume veTS
moi; et ma priere sera ma nourriture." 2,1£t sa femme Anne se
plaignait en deux complaintes et avait [Ie coeur] serre par line
double angoisse,disant : "je me lamente sur moll veuvage et ma
sterilite." 2,2Or, Ie grand jour du Seigneurapprocha et Judith, sa
servante,dit: "jusqu'a quand humilieras-tu ton ame ?" II ne t'est
pas permis de pleurer car Ie grand jour du Seigneur est arrive.
Prends ce peplos et ome-toi la tete. Car, aussivrai que je suis ta
servante, u as 'allure royale. 2,3 t Anne dit: "eloigne-toi de moi,
car e ne ferai pas cela, parce que Dieu m'a fortement humiliee.
Pais en sorte que Ie Seigneurne m'infecte pas de ton peche". Or,
Judith, sa servante, repondit : "que faut-il que je te dise, vu que
tu n' ecoutespas mes paroles? C' est a uste titre que Dieu a ferme
ton sein pour qu'il ne donne pas de fils en Israel". 2,4 t Anne flit
fort affligee, et elle enleva sesvetements de deuil et s'oma la tete
et mil sa toilette de mariee. £t veTs a neuvieme heure, elle des-
cendit dans son jardin pour se promener. £t, voyant un laurier,
elle s'assit dessouset offrit line priere au SeigneurDieu, disant :
1. Cette traduction se donne pour but de faire ressortir a particularite du
texte grec de Postel tel qu'il transparait dans sa version atine. Elle estde
ce fait aussi itterale que possible, sans outefois devenir une veritable
traduction de verba ad verbum.
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I. BACKUS
Dieu de mes peres, benis-moi et exaucema priere, ainsi que tu
as beni Ie ventre de Sara et que tu lui as donne pour fils Isaac .
3,1Et regardant veTSe ciel, elle vit dans e laurier Ie Did d'un petit
oiseau. Et elle se mit a se lamenter en elle-meme, disant : helas,
a qui puis-je etre comparee et qui m'a mise au monde? Et quel
sein m'a engendree pour que je sois nee si maudite aux yeux des
fils d'Israel? Car ts me blament, ts se moquentde moi et its m'ont
bannie du temple du SeigneurDieu. 3,2Helas, a quai suis-je sem-
blable? Je ne peux pas etre comparee aux oiseaux du ciel, car
meme es oiseaux sont feconds SallSes yeux de leur Seigneur I].
De fait, Seigneur,ce qui est en moi, je te Ie remets. Helas, a quai
puis-je donc etre comparee? Je ne peux pas etre comparee aux
betesde la terre, car elles aussisont econdesdevant oi, Seigneur.
Helas, a quai est-ce que je ressemble?Je ne peux pas etre com-
paree aux animaux prives de raison, car ils sont feconds devant
toi, Seigneur.Mais a quai serai-je comparee? Je ne peux pas etre
comparee aux eaux car elles aussi sont fecondes devant toi. De
fait, ces eaux, tan ot calmes, tantot bondissantes, e louent par
leurs poissonsde mer. 3,3Mais, helas, a quai puis-je etre compa-
ree? Je ne vaux pas aut ant que la terre, car la terre produit ses
fruits en temps opportun et te benit, Seigneur .
4,1Et voici qu'un ange du Seigneurvola veTS lle, disant: Anne,
Anne, Dieu a exauce a priere. Tu concevras et tu enfanteras, a
posterite sera repandue dans Ie monde entier . Et Anne dit:
aussi vrai que vit Ie Seigneurman Dieu2, si ' enfante,que ce soit
un gar<;on u une fille, j'amenerai cette offrande au Seigneurnotre
Dieu et l'enfant sera a sonservicedans e temple to us es ours de
sa vie . 4,2Et voici qu'arriverent deux anges ui disant: Joachim,
ton marl, vient avecses roupeaux . En effet, un ange du Seigneur
descendit veTSui, disant: Joachim, Joachim, Dieu a exauce a
priere. Descends d'ici. Voici que ta femme, Anne, va concevoir
dans son sein . 4,3Et Joachim descendit et il appela sesbergers,
disant: apportez-moi ici dix agnelles sans ache et sansdefaut,
et elles seront pour Ie Seigneurman Dieu; et apportez-moi douze
veaux propres et ils seront pour les pretres et pour Ie clerge; et
apportez-moi cent chevreaux et les cent chevreaux seront pour
tout Ie peuple. 4,4Et voici que Joachimarriva avecses roupeaux,
et Anne etait postee a la porte et elle vit Joachim arriver avec ses
troupeaux; et, courant veTSui, elle se suspendita son Call,disant
maintenant je saisque Ie Seigneur Dieu m'a grandementbenie.
Voici que, ayant ete veuve, e ne Ie suis plus, et ayant ete sterile,
2. Lit. : vit Ie Seigneur mon Dieu.
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57UILLAUME POSTEL
je concevrai en moD sein". Et Joachim se reposa, e premier our,
dans sa maison.
5.1Et Ie lendemain l apporta sesoffrandes disant en ui-meme : si
Ie Seigneur Dieu benit pour moi Ie petalon du pretre, ce sera un
signe pour moi3. Et Joachim apporta sesoffrandes et il fit atten-
tion au petalon ou a l'ephod4 du pretre lorsque celui-ci fut admis
a l'autel du Seigneur,et il ne vit pas de faute en ui-meme. Et Joa-
chim dit: "maintenant e saisque Ie Seigneurm'a fait grace et qu'il
m'a remis taus mespeches." Et il descenditdu temple du Seigneur
justifie et il vint dans sa maison. 5.2Ainsi Anne con~ut et il s'ac-
complit pour elle six mois. Et Ie neuvieme mois Anne enfanta, et
elle dit a la sage-femme: "qu'ai-je enfante ?" Et celle-ci dit: "une
fille." Et Anne dit: "mon ame a ete exaltee en ce our." Et elle la
coucha. Et quand ses ours furent accomplis, Anne quitta5 [la
chambre nuptiale] et donna Ie sein a la nouvelle-nee, et elle lui
donna Ie nom de Marie.
6,1Et de jour en jour la petite fille se fortifiait; et quand elle fut
agee de six mois, sa mere la mit a terre pour voir si elle se tenait
debout. Et elle fit sept pas en marchant et vint veTSe giron de sa
mere. Et Anne dit: "aussi vrai que vit Ie Seigneur man Dieu, tu
ne marcheraspas6sur cette terre jusqu'a ce que e t'emmene dans
Ie temple du Seigneur". Et elle fit une purification dans sa
chambre et elle se donna de la peine pour eloigner out ce qui etait
impur ou pollue, a caused'elle. Et elle appela es filles pures des
Hebreux et elles l'emmenerent. 6.2Et la petite fille arriva a l'age
d'un an et Joachim fit un grand festin et invita les princes des
pretres et les scribes et Ie conseil, autrement dit Ie clerge, et tout
Ie peuple d' srael. Et Joachim apporta les offrandes a cesprinces
des pretres et ils la benirent, disant: "Dieu de nos peres, benis
cette enfant et donne-lui un nom renomme ou repandu eternel-
lement, dans outes les generations." Et tout Ie peuple dit : "amen,
ainsi soit-il". Et ils la presenterent aux pretres et ceux-ci la beni-
rent, disant : "Dieu des hauteurs, ette les yeux sur cette enfant et
benis-la d'une benediction permanente". 6,3 t sa mere l'empor-
ta et lui donna Ie sein. Et Anne fit un cantique au SeigneurDieu,
disant: "je chanterai un cantique, ou une louange, au Seigneur
mODDieu, parce qu'il m'a visitee et qu'il a enleve de moi l'outra-
ge de mes ennemis. Et Ie Seigneur Dieu m'a donne un fruit de sa
justice, multiple devant lui. Qui annoncera aux fils de Reuben
qu' Anne allaite? Apprenez, apprenez, es douze tribus d' srael,
3. Lit.: il me rendra a chose vidente.
4. Ct. Exode25,7.
S. Lit. : sesepara.
6. Lit. : c'estque u ne marcheras as.
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I. BACKUS
qu' Anne allaite". Et elle la deposadans e lit de sa sanctification,
et soffit et se mit ales servir. Quand Ie festin fut termine ils se dis-
perserent pleins de joie et lui donnerent Ie nom de Marie, parce
que son nom ne tombera pas en oubli et ne sera pas efface, pour
l'etemite. Et its chanterent es louanges au Dieu d' srael.
7,1Or, pour l'enfant sesmois s'ajoutaientaux mois. Et lorsque 'en-
fant eut deux aDS, oachim dit a Anne sa femme: "menons-la au
temple de Dieu pour accomplir Ie voeu que DOllS vons fait, de
peur que Dieu ne l'enleve a DOllS t qu'il ne se mette en colere
contre DOllS t que notre offrande ne soit rejetee." Et Anne dit:
"attendons la troisieme annee pour qu'il ne lui arrive pas de cher-
chef sonpeTeou sa mere". Et Joachimdit: "attendons". 7,2Et 'en-
fant eut trois aDS.Et Joachim dit : "appelez es filles sanssouillu-
re des Hebreux et qu'elles re~oivent chacune une lampe et que
ces ampes soient allumees, pour que l'enfant ne se retoume pas
en arriere et que son creur ne soit pas retenu en dehors du temple
de Dieu." Et elles firent ainsi usqu'a ce qu'elles fussent entrees
dans Ie temple du Seigneur. 7,3Et ilIa mit sur Ie troisieme degre
de l'autel et Ie SeigneurDieu fit descendresa grace sur elle et elle
dansait avec sespieds et toute la maison d' sraell'aima.
8,1Et sesparents descendir:ent, dmirant et louant Dieu parce que
la fille ne s'etait pas retoumee contre eux. Et Marie etait elevee
dans Ie temple du Seigneurcomme une colombe et elle recevait
de la nourriture de la main de l'ange. 8,zMais orsqu'elle atteignit
l'age de douze aDS ans Ie temple du Seigneur, l se fit une deli-
beration des pretres, qui disaient: "voila dix aDS ue Marie est7
dans e temple du Seigneur; que devons-Dolls aire d'elle, de peur
que la sanctification du Seigneur notre Dieu ne soit par hasard
souillee ?" Et les pretres dirent au prince despretres: "mets-toi
pres de l'autel de Dieu et entre dans e sanctuairede Dieu et prie
pour elle et a son sujet; et tout ce que Dieu aura revele, DOllSe
ferons". 8,3Et Ie prince des pretres, ayant pris Ie vetement aux
douze clochettes, entra dans Ie saint des saints et pria a son sujet
Et voici qu'un ange du Seigneurparut disant a Zacharie: "Zacha-
rie, SOTSt convoque les veufs du peuple et qu'ils apportent cha-
CUD ne baguette: et celui auquel Dieu montrera un signe, a
celui-ci reviendra a garde de la jeune femme". Et les herauts sor-
tirent a travers toute la region de Judee et la trompette du Sei-
gneur retentit, et taus accoururent.
9,1Et Joseph, ayant ete sa hache, soffit lui aussiau-devant d'eux
et, reunis en groupe, ils se rendirent chez e grand pretre, ayant
re~u eursbaguettes.Et, recevantd'eux les baguettes, l entra dans
7. Lit.: Voila queMarie a eu dix ans
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UILLAUME POSTEL
Ie temple et pria. Et quand il eut acheve sa priere, il prit les
baguettes et sortit. Illes leur donna a chacun et il n'y avait pas de
signe en elles. Or Joseph e~ut a derniere baguette et voici qu'une
colombe sortit de la baguette et se percha sur la tete de Joseph.
Et Ie pIetTe dit a Joseph: "c'est toi qui es ire au sort pour prendre
en garde chez oi la vierge du Seigneur". 9.2EtJosephprotesta, en
disant: "j'ai des fils et je suis un vieillard, tandis qu'elle est une
jeune fille: c'est pourquoi je crains de me TeDdIe idicule devant
les fils d' srael". Et Ie grand pIetTe dit a Joseph: "crains Ie Sei-
gneur ton Dieu et souviens-toi de tout ce qu'il a fait quand il y
avait Datan et Abiron et Core: comment a terre se fendit et les
engloutit pour lui avoir resiste.Et maintenantcrains Dieu, Joseph,
que cela n'arrive egalementdans a maison. 9,3 oseph, rempli de
crainte, la prit pour lui et lui dit: "voici, Marie, je te re~ois du
temple du Seigneur Dieu et maintenant e te laissedans ma mai-
son et e m' en vais construire desbatiments et e viendrai veTSoi.
Que Ie Seigneur e garde tOllS es ours".
10,1Or il se fit une deliberation des PIetIeS, disant : "faisons un
voile ou une couverture pour Ie temple du Seigneur." Et Ie prin-
ce des pIetIeS dit: "appelez-moi les vierges sanssouillure de la
tribu de David". lis s'en allerent et, en cherchant, ilstrouverent
sept vierges. Et Ie pIetTe se souvint de Marie, qu'elle etait de la
tribu de David, et qu'elle etait sanssouillure devant Dieu. Et les
messagers a trouverent et l'amenerent dans Ie temple du Sei-
gneur. Et Ie prince despIetIeS dit : "tirez-moi au sort laquelle file-
ra Ie fil doTe et l'amiante, Ie liD et la soie, et Ie bleu, et l'ecarlate
et la pourpre veritable." Et la pourpre veritable et l'ecarlate echu-
rent a Marie. Et elle les prit et partit pour sa maison. A ce
moment-la, Zacharie perdit la parole et Samuelle rempla~a.Jus-
qu'a toi a parle Zacharie [ ]. Et Marie, ayant pris la pourpre et
l'ecarlate, se mit a filer.
11,1 t elle prit sa cruche et sortit puiser de l'eau. Et voici qu'une
voix lui dit : "rejouis-toi, pleine de grace, e Seigneurest avec oi;
tu es benie parmi les femmes." Et Marie regardait a droite et a
gauche pour voir d'ou venait cette voix. Et toute tremblante, elle
entIa dans sa maison et deposa sa cruche. Et apres avoir pris la
pourpre, elle s'assit sur sa chaise pour travailler. 11.2 t voici que
l'ange du Seigneur parut devant elle en disant: "n'aie pas peur,
Marie, tu as rouve grace aupres du Seigneurde toutes choses,et
tu concevras de son Verbe saint." Et Marie, ayant entendu ces
paroles, hesitait en elle- meme, disant: "si je con~ois de Dieu,
enfanterai-je comme enfante n'importe quelle femme?" 11,3Et
l'ange du Seigneurdit: "non, pas ainsi, Marie, car a puissancede
Dieu te couvrira de son ombre; c'est pourquoi Ie saint fruit qui
naitra de toi s'appellera fils de Dieu et tu lui donneras e nom de
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I. BACKUS
Jesus. Car c'est lui qui sauvera son peuple de ses peches." Et
Marie dit: "voici la servantede Dieu, qu'il en soit fait de moi selon
sa parole".
12,1 t apres avoir travaille la pourpre et l'ecarlate, elle les rap-
porta au pretre. Et ilIa benit et dit: "Marie, ton nom est magni-
fie et tu serasbenie sur oute la terre". 12,2t, pleine de joie, Marie
partit chez sa cousine Elisabeth et frappa a sa porte. Et Elisa-
beth, ayant entendu, eta l'ecarlate, courut a la porte, lui ouvrit et
dit: "d'ou me vient que la mere de man Seigneur vienne chez
moi? Car voici que ce qui est en moi a tressailli et t'a benie." Or
les mysteresdont l'ange Gabriellui avait parle etaient cachespour
Marie. Et elle regarda Ie ciel et dit: "qui suis-je, moi, que toutes
les generations me proclament bienheureuse ainsi ?" 12,3 t elle
passa rois mois la-bas, chez Elisabeth. Et de jour en jour son
ventre grossissait. Et, saisie de crainte, Marie se rendit dans sa
maison et se cacha des enfants d' srael. Or elle avait seize ans
quand ces mysteres s'accomplirent.
13,1 t son sixieme mois arriva, et voici que Joseph entra de ses
chantiers, ou de ses ravaux en batiment. Et il entra dans sa mai-
son et la trouva enceinte. Et il baissa e visage et se eta par terre
et pleura amerement, disant "de quel front regarderai-je veTSe
SeigneurDieu ? Quelle priere ferai-je au sujetde celie jeune fine?
Car je l'ai re<;ue ierge du temple du Seigneur Dieu et je ne l'ai
pas gardee. Qui m'a trompe? Qui a commis ce forfait dans ma
maison et m'a ravi la vierge? Serait-ce que l'histoire d' Adam s'est
repetee en man cas? En effet, au moment ou Adam se trouvait
au sammet de sa gloire, Ie serpent entra et trouva Eve seule et la
seduisit. De meme, de meme [dis-je] en est-il advenu pour maio
13,2 t Josephse releva de sa priere8, appela Marie et lui dit : "toi
que Dieu a entouree d'une si grande sollicitude, pourquoi as-tu
fait cela? As-tu oublie Ie Seigneur on Dieu, toi qui as ete elevee
dans e saint des saints? Pourquoi as-tu avili ton ame? Pourquoi
as-tu fait cela, toi qui recevais de la nourriture de la main des
anges?" Et elle pleura amerement, disant: "je suis pure et je ne
connais pas d'homme." Et Joseph ui dit: "d'ou est alors ce fruit
que tu as dans ton sein ?" "Aussi vrai que vit Ie Seigneur man
Dieu que je ne sais pas d'ou il est en moi".
8. Lit. : de son rite. Latin: de sacra, ne correspond a aucune variant1
connue dans e grec. La difference entre Ie grec de Neander et Ie latin d1
Postel avait deja frappe Fabricius. (1719,p. 96,note q).
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UILLAUME POSTEL
14,1 t Joseph fut fort effraye et continuait de reflechir: "que
dois-je faire d'elle ?" Et Josephdit: "si je cache sonpeche, e serai
considere coupable selon la loi du Seigneur, Si e la trahis et la
defiance aux fils d' srael, e crains qu'une injustice soil faite et que
je sois trouve coupable de livrer un sang nnocent it une condam-
nation it mort, Que dois-je donc faire d'elle? Assurement, je la
repudierai sansbruit," Et la nuit.Ie surprit, 14,2 t voici que I' ange
du Seigneur ui apparait, disant : "fie crains pas cette jeune tille,
car ce qui est ne en elle est de l'Esprit-Saint, Et tu lui donneras e
nom de Jesus; car c'est lui qui sauvera sonpeuple de sespeches",
Et Josephse leva de son sommeil et glorifia Ie Dieu d' srael qui
lui avail donne sa grace, et il garda la jeunefille, 15,1 r Ie scribe
Anne vint it Joseph et lui dit: "pourquoi n'as-tu pas paru it notre
reunion ?" Et Joseph ui dit: "j'etais fatigue apres Ie voyage et e
me suis repose Ie premier jour," Et Ie scribe se retourna et vit
Marie enceinte, 15,2 t il partit en courant veTSe pretre et lui dit :
"Joseph, que tu appuies de ton temoignage, a commis un grave
peche," Et Ie pretre dit: "qu'est-ce que c'est ?" Et illui dit: "la
vierge qu'il avail re~ue du temple du Seigneur, ll'a souillee et il
a furtivement consomme son mariage avec elle et il ne l'a pas dit
aux fils d' srael", Et Ie prince des pretres lui repondit: "Joseph
a-t-il fait cela ?" Et Ie scribe Anne dit : "envoie des messagerset
ils la trouveront enceinte," Et les messagerspartirent et la trou-
verent comme ill'avait dit, Et ils l'emmenerent avec Joseph
devant e tribunal. 15,3 t Ie pretre dit : "Marie, pourquoi as-tu fait
cela? Et pourquoi as-tu avili ton arne, toi qui as ete elevee dans
Ie saint des saints, qui as re~u de la nourriture de la main de l'an-
ge, qui as entendu sesmysteres et qui as clausedevant ui? Pour-
quai as-tu fait cela? Et elle pleura amerement, disant "aussi vrai
que vit Ie Seigneur man Dieu, je suis pure devant lui et je ne
connais pas d'homme," 15,4 t Ie pretre dit it Joseph: "pourquoi
as-tu fait cela ?" Et Joseph dit: "aussi vrai que vit Ie Seigneur
Dieu et que vit son Christ, e suis pur de commerce avec elle", Et
Ie pretre dit : "fie rends pas de faux temoignage, mais dis la veri-
te, Tu as consomme urtivement sonmariage, et tu ne l'as pas fait
savoir aux fils d' srael, et tu n'as pas incline ta tete salls la puis-
sante main pour que ffit benie ta descendance",
16,1 t Ie pretre dit encore: "rends la vierge que tu as re~ue du
temple du Seigneur," Et Joseph ondit en armes, et Ie pretre dit:
"je valls ferai boire l'eau de l'epreuve du Seigneuret volfe peche
apparaitra it vas yeux," 16,2 t, prenant l'eau, Ie pretre fit boire
Joseph et l'envoya it la montagne, et il revint sain et sauf, Et il fit
boire aussi Marie et l'envoya, elle aussi, it la montagne, et elle
revint saine et sauve,Et tout Ie peuple fut dans 'etonnement que
la faute ne ffit pas apparue ou ne rut pas rendue manifeste en eux,
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I. BACKUS
16,3 t Ie pIetTe dit : "Dieu n' a pas fait apparaitre votre faute, moi
non plus je ne vous juge pas." Et illes renvoya. Et Joseph prit
Marie et partit pour sa maison plein de joie et glorifiant Ie Dieu
d' srael.
17,1 t il arriva un oldIe de l'empereur Auguste que se fissent ns-
crire tons ceux qui habitaient a Bethleem. Et Joseph dit: "pour
moi, je ferai inscrire mes fils. Mais a l'egard de cette jeune fille
que dois-je faire? Comment la ferai-je inscrire? Comme ma
femme? Mais elle n'est pas ma femme. Car e l'ai re<;uedu temple
du Seigneur,pour la garder. Alors, camille ma fille ? Mais taus leg
fils d' srael savent que je n'ai pas de fille. Que dois-je faire d'el-
Ie? Dans cette journee du Seigneur, e ferai selon la volante du
Seigneur. 17,2 t Josephsella son finesseet ilIa fit asseoirdessus.
Et Jacob et Simon suivaient, et ils s'approchaient, a une distance
de trois milles [ ]. Et Josephse retourna et la vit triste; et il se dit
en lui-meme : "peut-etre ce qui est en elle la rend triste". Et Jo-
sephse retourna de nouveau et la vit qui riait; et illui dit : "Marie,
qu'as-tu donc la, que je vois ton visage tan ot riant tantot assom-
bri ?" et Marie dit a Joseph: "c'est que devant mes yeux e vois
deux peuples, l'un qui pleure et se lamente, et l'autre qui fit et
exulte." 17,3 t il arriva a mi-chemin et Marie lui dit: "fais-moi
descendre de l'ane, car ce qui est en moi me presse pour appa-
raitre". Et ilIa fit descendrede l'anesse et lui dit: "ou t'emmene-
rai-je et abriterai-je ta pudeur? Car l'endroit est desert".
18,1 t il trouva la une grotte, l'y conduisit et la confia a son fils, et
partit chercher une sage-femme dans la region de Bethleem.
18,2 t Josephen se promenant vit Ie ciel mmobile et l'air qui bou-
geait et leg oiseaux qui ne bougeaient pas. Et, regardant la terre,
il vit une terrine deposee et des ouvriers couches, et leurs mains
etaient dans la terrine. Et ceux qui machaient ne machaient pas,
et ceux qui soulevaient ne prenaient rien, et ceux qui portaient a
la bouche n'y portaient rien. Mais leg visagesde taus regardaient
en haut. Et voici que leg moutons etaient disperseset qu'its ne pro-
gressaientpas mais etaient immobiles. Et Ie berger leva la main
pour leg frapper avec son baton, et sa main s'arreta. Et il regarda
Ie courant de la riviere et il vit leg bouches des chevreaux qui
etaient tout cantle l'eau mais ne buvaient pas. Et toutes choses
etaient subitement emportees par leur cours, c'est-a-dire toutes
chasesetaient arretees [ I].
19,1 t voici qu'une femme qui descendaitde la montagne lui dit:
"l'homme, ou vas-tu ?" Et il dit : "je cherche une sage-femme
juive". Et elle lui dit: "es-tu d' srael ?" Et illui dit: "oui". Et elle
dit : "et qui estcelIe quienfante dans a grotte ?" Et illui dit : "celIe
qui est ma fiancee". Et elle lui dit: "n'est-elle pas ta femme ?" Et
Josef dit: "elle n'est pas ma femme, mais Marie qui a ete elevee
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dans Ie temple du Seigneur, et qui porte un fruit con~u du
Saint-Esprit . Et la sage-femme lui dit: cela est-il vrai ? Et
Joseph lui dit: viens voir . Et la sage-femme partit avec lui
19,2et 'arreta it l'endroit de la grotte. Et une nuee umineuse cou-
vrait la grotte, et la sage-femme dit: mon ame a ete exaltee
aujourd'hui, car mes yeux ant vu des chasesmerveilleuses; c'est
que Ie salut est ne pour Israel . Et aussit6t a nuee dans a grotte
devint une grande lumiere, de sorte que nos yeux ne pouvaient
pas la supporter. (Note que Jacquesparle de lui-meme ici, car il
assist it l'accouchementde Marie du debut it la fin pour pouvoir
ecrire ces chases) Et peu it peu la lumiere se retira jusqu'it ce
qu'apparut un petit enfant; et il prenait Ie sein de sa mere Marie.
Et la sage-femme poussa un cri et dit : comme il est grand pour
moi Ie jour d'aujourd'hui; c'est qu'il a vu celie grande merveille .
19,3 t la sage-femme sortit de la grotte, et Salome a rencontra,
et la sage-femmedit it Salome: j'ai it te raconterune grandemer-
veille: une vierge a mis [un fils] au monde, ce dont sa nature n'est
pas capable, et la vierge Teste ierge . Et Salome dit: aussi vrai
que vit Ie Seigneurman Dieu, si e n' examine pas sa nature, e ne
croirai jamais que la vierge a enfante.
20,1 t la sage-femme entIa et dit it Marie: couche-toi, car ce
n'est pas un mince debat qui va it ton encontre . Et Salome ou-
cha sa nature, et sortit en disant malheur it man iniquite et it ma
mauvaise oi, parce que j'ai tente Ie Dieu vivant, et voici que ma
main, consumeepar Ie feu, se detache de moi. 20,2 t elle flechit
leg genoux devant Dieu et lui dit: Dieu de nos peres,souviens--toi
de moi, de ce que je suis la posterite d' Abraham, d'Isaac et de
Jacob. Et ne me donne pas en exemple aux fils d'Israel, mais
rends-moi aux pauvres. Car tu sais, oi, Seigneur,que c'est en ton
nom que 'accomplissaismes guerisonset mes goinget que e rece-
vais man salaire . 20,3 t voici que l'ange du Seigneur parut, lui
disant: Salome, Salome, Ie Seigneur a exauce ta priere.
Approche ta main de l'enfant et prends-le dans es bras, et il sera
pour toi salut et joie. 20,4 t Salome approcha et Ie prit dans ses
bras, en disant: je l'adorerai car c'est lui qui est ne comme grand
roi en Israel . Et elle prit l'enfant dans sesbras et aussit6t Salo-
me fut guerie et elle sortit de la grotte justifiee. Et voici qu'une
voix lui dit: n'annonce pas eg chasesmerveilleuses ue tu asvues
jusqu'it ce que l'enfant gait entre dans Jerusalem .
21,1 t voici que Josephse prepara pour partir pour la Judee. Et il
se fit une grande agitation it Bethleem de Judee. En effet, leg
magesvinrent, en disant : ou est celui qui est ne comme roi des
Juifs? Car no us avons vu son etoile en Orient et nous sommes
venus 'adorer . 21,2 t Herode, en entendant cela, fut trouble et
il envoya desserviteurs aux mages.Et il convoqua aussi egprinces
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I. BACKUS
des pretres et illes interrogea en disant: qu'est- il ecrit a propos
du Christ? Oil doit-il naitre ? ils lui dirent: a Bethleem de
Judee; car c'est ainsi qu'il est ecrit . Et illes renvoya. Et il inter-
rogea leg magesen leur disant : quel signe avez-vous vu au sujet
du roi qui vient de naitre? Dites-le moi . Et leg mages dirent:
son etoile fut grande a sa naissance,elle a eclaire leg etoiles du
ciel au point d'amortir leur eclat, de sorte qu'on ne leg voyait plus.
Et ainsi DOUg vons reconnu qu'un grand roi est ne pour Israel, et
no us sommes venus l'adorer . Et Herode leur dit: allez a sa
recherche, et si vous Ie trouvez, annoncez-le moi pour que moi
aussi e vienne l'adorer . 21,3 t leg magessortirent. Et voici que
l'etoile qu'ils avaient vue en Orient leg guida usqu'a ce qu'elle ffit
entree dans la grotte. Et elle s'arreta au bout de la grotte, et leg
mages virent l'enfant avec sa mere, Marie, et ils l'adorerent. Et
tirant des dons de leurs bourses, ls lui donnerent de l'or, de l'en-
cens et de la myrrhe. 21,4Etayant accepte a decision de l'ange de
ne pas retourner a Herode, ils retournerent par une autre route
dans leur pays.
22,1 lors, Herode, voyant qu'il avail ete oue par leg mages,se mil
en colere et envoya sesassassins our tuer tOllS eg petits enfants
qui etaient a Bethleem, depuis l'age de deux aDSet en dessous.
22,2EtMarie, apprenant qu'on tuait leg enfants, saisiede peur, prit
l'enfant et l'emmaillota et Ie coucha dans une mangeoire a betail.
22,3 t Elisabeth, apprenant qu'on recherchait Jean, monta dans
la montagne et elle cherchait aut our d'elle un endroit pour Ie
cacheT,et il n'y avail pas de cachette. Et, poussant un gemisse-
ment, Elisabeth cria : montagne de Dieu, re~ois a mere avec son
fils . Car Elisabeth etait incapable de monter. Et aussitot a mon-
tagne se fendit et la re~ut. Et la lumiere brilla pour eux, car l'an-
ge du Seigneur etait avec eux, qui veillait sur eux.
23,1Or Herode continuait a chercher Jean; et il envoya des servi-
leurs a Zacharie, son peTe,disant : oil as-tu cache ton fils ? Et
il repondit en disant : moi, je suis un ministre, ou un pretre de
Dieu et e demeure dans Ie temple du Seigneur; e ne saispas oil
est moo fils. 23.2 t leg serviteurs partirent et rapporterent cela a
Herode. Et it se mil en colere et dit : son fils va regner sur Israel .
Et illes envoya de nouveau a Zacharie, en disant: dis la verite,
oil est ton fils? Ne sais-tu pas que ton sang est a portee de ma
main ? Et leg serviteurs partirent et rapporterentcela a Zacha-
fie. Or, il dit: 23,3Dieu m'est temoin que e ne saispas oil est moo
fils. Toi, tu peux verser moo sang si tu veux, quant a moo esprit,
Dieu Ie recevra parce que c'est un sang nnocent que tu verses.
Dans Ie vestibule du temple du Seigneur, pres de la barriere,
Zacharie fut assassine.
24.1 t leg pretres partirent a l'heure de la salutation. Et la bene-
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UILLAUME POSTEL
diction de Zacharie ne vint pas a leur rencontre comme a l ac-
coutumee. Et les pretres resterent pour saluer Zacharie et pour
glorifier Ie Tres-Haut. 24,2 t, comme il tardait, ils avaient peur
d entrer. L un d eux, pourtant, s enhardit pour entrer et rapporta
aux pretres que Zacharie avail ete assassine.24,3 t quand ils
eurent entendu [cela] ls s enhardirent a entrer, et ils virent ce qui
etait arrive. Et les lambris du temple gemirent et ils etaient fen-
dus depuis Ie haul jusqu au bas. Et son corps ne fut pas trouve,
mais son sang ut petrifie dans e vestibule du temple. Et, saisisde
frayeur, ils sortirent et annoncerent a tout Ie peuple que Zacha-
rie avail ete assassine. t les tribus au peuple l entendirent et elles
Ie pleurerent et se lamenterent trois jours et trois nuits. 24,4 ais,
apres trois jours, les pretres tinrent conseil [pour decider] qui ils
mettraient a sa place. Et Ie sort tomba sur Symeon. C etait lui, en
effet, qui avail ete averti par une prophetie du Saint-Esprit qu il
ne verrait pas a mort sansavoir vu d abord Ie Christ dans a chair.
25,1 t moi, Jacques, qui ai ecrit celie histoire, lorsque Ie trouble
qu Herode suscitaeclata a Jerusalem, e me retirai dans e desert
jusqu a ce que Ie trouble a Jerusalemse soil apaise.Et je glorifie
Dieu qui m a donne Ie don d ecrire cette histoire. 25,2Eta grace
soil avec ceux qui craignentnotre Seigneur esus-Christ,a qui soil
la gloire et la puissance, vec e PeTeetemel et Ie bon Saint-Esprit
vivifiant, maintenant et toujours et dans les siecles des siecles.Amen.
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Christian-Bernard MPHOUX
CNRS
L EV ANGILE SELON LES HEBREUX
SOURCE DE L EV ANGILE DE LUC
Among the apocryphal gospels, he Gospel according to the Hebrews
shows he unusualparticularism to be classifiedby Eusebiusof Cesarean
a group of intermediate writings between hoseof the New Testament nd
thosewhich have been ejected asheretical. Does what is left of this book
allow us to put it on the same evel with some apostolical writings (as the
Didache), or neotestamentary the Revelation of John)? Two old refer-
ences,he gnaceof Antioch s and the Papias , nvite us to consider hat this
book wasamongst he sources of Luke, which ustifies, obviously, he Euse-
bius classification.
Parmi les evangilesapocryphes, Evanglie selon es H6breux presente
la particularite remarquable d etre classe ar Eusebede Cesaree ans une
categoried ecrits intermediairesentre ceux du Nouveau Testament t ceux
qui sont rejetes ommeheretiques.Ceque nous conservons e ce ivre perdu
nous permet-il de rendre comptede cettemisea egaliteavec certainsecrits
apostoliques comme a Didache), voire neotestamentairesI Apocalypse
deJean)? Deux references nciennes, une chez Ignaced Antioche, l autre
chez Papias, nvitent a considererque ce ivre a figure parmi lessourcesde
Luc, ce qui justifie, evidemment,e classement ropose par Eusebe.
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68
C.-B. AMPHOUX
L Evangile selon les Hebreux est Ie nom d un ecrit ancien doni
il ne nous est parvenu aucune copiel, mais doni il subsisteun cer-
tain nombre de mentions et de citations, de Clement d Alexandrie
a Jerome, qui laissent ouverte la question de la place de ce livre
parmi leg ecrits judeo-chretiens2. Mais l interet de ce livre est
ailleurs. D une part, Eusebe reserve a cet « evangile » une place a
part en Ie classant,non parmi leg ivres a rejeter, comme a plupart
des ecrits apocryphes,mais parmi ceux qui ne sont ni canoniques
ni heretiques et qui jouissent d une certaine consideration, sans
avoir leg qualites de ceux qui entrent dans Ie corpus du Nouveau
Testament3.D autre part, leg deux plus anciennesmentions de ce
livre semblent Ie rattacher a la tradition de Luc plutot qu a celIe
de Matthieu ; si bien que ce livre perdu demeure une enigme,
quant a sonorigine et son contenugeneral. Aussi nous proposons-
nous d examiner ici plus specialementeg deux mentions qui appa-
rentent ce livre a la tradition lucanienne et d en tirer quelques
enseignementsquant a l origine probable du livre.
1. 11n est pas raisonnable, dans ces conditions, de vouloir porter un juge-
ment d ensemble sur l reuvre. Appartient-elle, pendant un moment de
son existence au moin~ au courant que I on appelle «judeo-chretien» ?
Se confond-elle avec I bvangile des Nazoreens, sur lequel on est ii. peu pres
aussi mal informe? La question DOllS parait de pure forme. En dehors
des evangiles canoniques, on ne petit guere parler precisement que de
trois ecrits portant Ie nom d evangile : Ie Protevangile de Jacques, l E-
vangile selon Thomas et I Evangile de Nicodeme ; ajoutons encore, tout
au plus, leurs descendants directs, et remarquons qu aucun d eux ne con-
cerne Ie fecit du ministere de Jesus. Y a-t-il eu tine quatrieme tradition
concernant ce rninistere, qui soit distincte de celIe qui va former les evan-
giles canoniques ? Nous ne Ie croyons pas. L autonomie des fragments
d evangiles non canoniques presentant des episodes du ministere de Jesus
Teste ii. etablir. Mais, pour autant, ce ne soot pas necessairement des
reuvres qui dependent des evangiles canoniques, et c est Iii. tout leur inte-
ret ; dans certains cas, elles peuvent etre Ie temoin de sources des evan-
giles. Et nous croyons en tenir deux exemples.
2. Cf. P. VIELHAUER -G. STRECKER, ewish-Christian Gospels, dans W.
SCHNEEMELCHER Ed.), New Testament Apocrypha, Louisville (Kent.),
1991, 134-165 et 172-178; M. ERBETTA,Gli Apocrifi del Nuovo Testamento,
t. 1/1, Turin, 1975, p.111-136. Voir aussi: A. F. J. KLIJN, Patristic eviden-
ce for Jewish Christian and Aramaic Gospel tradition, dans E. BEST -R.
McL. WILSON (Ed.), Text and Interpretation, Cambridge, 1979, p. 169-177.
3. Dans son Histoire ecclesiastique (III, 25,4-5), Eusebe mentionne comme
V6~Ol, «batards », entre les livres reCtUS t les livres rejetes, les Actes de
Paul, Ie Pasteur d Hermas, I Apocalypse de Pierre, I Epftre de Barnabe,
les Instructions des apotres, I Apocalypse de Jean et, ajoute-t-il encore, I E-
vangile selon les Hebreux.
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L'
EVANGILE SELON LES HEBREUX
Un bref rappel des principaux manuscritsde la tradition textuel-
Ie des evangilesestnecessaire. es onciauxB.03 (Vaticanus) t S.Ol
(Sinai ticus) oot des Bibles grecquesdont Ie texte a ete recenseet
pourvu d'une division numerotee,ls representent eseditions reali-
sees ers e milieu du We siecle, Alexandrie (B) et a Cesaree(S)4,
et soot la base du texte du Nouveau Testament imprime d'au-
jourd'hui. Oe plus, pour leg evangiles, e texte de B reproduit sim-
plement une edition plus ancienne, egalementalexandrine, reali-
see vers 175, andis que celui de S utilise une recension de la fin
du llIe siecle (celIe de Pamphile ?) qui subit diverges nfluences,
et en particulier celIe d'un type de texte dit « palestinien », cou-
vrant en realite une aire geographiqueplus large et correspondant
plutot a un texte «courant », c'est-a-dire non recense -d'ou la
diversite du texte, d'un temoin a l'autre -, et represente par des
manuscrits medievaux : l'oncial 0.038, ou Codex de Koridethi, leg
familIes f et f3, leg minuscules28, 565 et 700,notamment. L'edi-
lion alexandrine de 175 est encore representee,pour Luc et Jean,
par Ie papyrus p75 Bodmer XIV-XV) et suivie plus librement par
p66 Bodmer II) et p45 Chester Beatty I), tous trois copies vers
200. Avant cette edition, une autre a eu lieu a Smyrne,vers 120, et
n'est plus representee que par un manuscrit bilingue, 0.05, Ie
Codex de Beze, copie au Ve siecle avec une version latine (itd),
mais elle est encore attestee dans de nombreusescitations, chez
Justin, Marcion, Heracleon, Tatien, Celse, Irenee, Tertullien,
notamment. Cette chronologie servira de base de comparaison
entre leg evangilesdits « canoniques » et leg autres ecrits.
1. Le temoignage 'Ignaced'Antioche
Dans la lettre d'Ignace Aux Smyrniotes,nous isons cette paro.
Ie du ressuscite :
3,1-2 : Apres la resurrection, je sais et je craig qu'il etait lui-
meme dans a chair. Et lorsqu'il vint veTS eux qui etaient autour
de Pierre, illeur dit: «Prenez, touchez-moi et voyez ('I'TlA.u(f)il-
crute ~E Kut '(OEtE) ue je ne suis pas un demon incorporel ».
4. II existe en grec trois systemesde division numerotee des evangiles,et
chacundes grands onciaux, A, B et S, en contient un ; cela contirme I'ob-
servation des variantes qui permet de conclure que cesmanuscrits attes-
tent les trois principales editions realiseesau IVe siecle,celie d'Antioche
(A) etant un peu plus tardive que les autres. Ct. C.-B. AMPHOUX, Les
divisions du texte grec des Evangiles dans I' Antiquite », dans Actes du
colloque de Chantilly, decembre 1994 a paraltre).
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C.-B. AMPHOUX
La parole a un contexte narratif, a la difference des paroles de
Jesus eunies dans es discours evangeliquesde Matthieu,de Luc,
ou dans ' Evangile selon Thomas.L'origine estdonc probablement
differente. Or, cette parole, ne figurant pas dans es evangiles en
termes identiques -ce qui est assez commun pour les lettres
d'Ignace, contenantplutot desallusionsaux Evangilesque descita-
tions litterales -, a dans Luc un equivalent tout a fait remarquable
qui, de plus, commence par les memesverbes :
24,39 : «... Touchez et voyez (\JfllAa<p1'jcratE at 'LDEtE), 'es-
prit n'a pas des os et des chairs (ocrtEa Kat crapKas-) omme vous
observez «(3AE1tEtE) ue j'ai» (D). A partir de cette premiere
redaction, Marcion mutile Ie texte en supprimant les mots qui
heurtent son docetisme, «toucher» et « chairs» ; et Ie verbe
« observer» «(3AE1tEtE)st corrige en «contempler» (~E(J}pEltE5.
Apres Marcion, les mots supprimes sont retablis; «chairs »,
encore au pluriel dans p75 (crapKas-Kat ocrtEa), passe ensuite au
singulier, plus abstrait, et « contempler » est maintenu :« ...Tou-
chez-moi et voyez, un esprit n'a pas de chair et d'os (crapKa Kat
ocrtEa) comme vous contemplez (~E(J}pEltE)que j'ai» (B).
Les deux paroles expriment une idee commune: Jesus est cor-
porellement ressuscite, idee que l'on trouve egalement chez Paul,
en lCo15. L'expression OU1J.1°Vl0V1crroJ.1u'tov,demon incorpo-
reI », e&i commentee a deux reprises, apres Ignace: Origene, qui
la critique dans l'introduction du De principiis (ou llEpi l1pxwv),
la dit provenir d'un ecrit qu'il appelle Instruction de Pierre -Ie latin
Doctrina Petri recouvre un probable L110Uxl'J'tou) llE'tpOU, mais
ce livre d'Origene ne nous est pas parvenu en grec- ; et Jerome,
dans la preface de son Commentaire sur Isai e, a dit provenir de
l' Evangile seiGn les Hebreux. Ce double commentaire souleve au
mains deux questions: les deux titres recouvrent-ils Ie me me
ecrit? Et peut-on dater l'attestation d'Ignace?
-La Doctrina Petri est un ecrit qui n'est pas connu autrement:
TieD ne permet un rapprochement avec les KllPuyJ.1u'tu llE'tpOU,
«Predications de Pierre », l'une des sources des Homelies clemen-
5. D'apres Tertullien, Adversus Marcionem 4,43; De carne Christi 5; et
Epiphane, Scholie78; voir A. VONHARNACK,Marcion, das Evangelium
vom remden Gott, Leipzig, 1924,p. 239* ; et C.-B. AMPHOUX, Le chap.
2 de Luc et l'origine de la tradition textuelle du Codex de Beze (D.O5 du
NT) », dans Filologia neotestamentaria (1991),p. 21-49,ct. plus particu-
lierement p. 36-37.
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EVANGILE SELON LES HEBREUX
tines6; mais il se situe dans line tradition se rattachant au nom de
Pierre. L Evangile seton les Hebreu.x, au contraire, par ses autres
attestations, s inscrit plutot dans la tradition de Matthieu, qui n est
pas sans rapport avec celie de Pierre; l une et l autre, en revanche,
semblent plus eloignees de celie de Luc, si bien que Ie titre Doc-
trina Petri, a premiere vue, n aide pas a elucider Ie rapport avec la
tradition de Luc.
-La date des lettres d Ignace d Antioche est, a juste titre, fort
discutee. On en retient surtout, aujourd hui, leg passages concer-
nant l autorite de l eveque, pronee par leg lettres, et qui ne sem-
ble pas avoir d autre attestation avant 150, alors que la redaction
des lettres d Ignace se situe, selon Eusebe, SOliSTrajan (98-117)7,
c est-a-dire vers 110. De fait, leg lettres contiennent des allusions
aux evangiles qui out un caractere archalque et ne peuvent, sans
difficulte, etre situees vers 150, c est-a-dire a l epoque de Justin.
Nous avons resolu cette difficulte de date de la maniere suivante :
Ignace aurait bien ecrit ses lettres vers 110, mais son intention
aurait ete de proner l autorite d un livre en projet, non celie d un
arbitre de la communaute ; Ie projet en serait visible dans la let-
tre Au.x Ephesiens. One generation plus lard, leg conditions out
change; au moins a Jerusalem, l echec politique de Bar Kocheba,
soutenu par Rabbi Aquiba (135), a montre que l autorite du livre
que s etaient donne leg pharisiens ne suffisait pas. Et c est a Smyr-
ne que serait nee, chez leg chretiens, l idee de se doDDer un arbi-
tre qui prend Ie qualificatif d E7tlOlCo7tOC;,«veque ». Peu apres leg
evenements tragiques de Jerusalem, Polycarpe aurait rassemble
et edite leg lettres d Ignace, et introduit a cetle occasion leg passa-
ges concernant l episcopat monarchique, modifiant ainsi l autori-
te pronee par Ignace. Et c est de cetle edition que viendrait Ie texte
d Ignace que no us connaissons. En somme, pour ce qui est des
allusions evangeliques, DOUgmaintenons la date de 110. L ecrit que
cite Ignace existe a cetle date, c est donc un livre du Ier siecle ;
mais pourquoi Ignace se refere-t-il a lui plutot qu a Luc? Si DOUg
n avons pas d indice de l existence de Luc avant Ignace, c est peut-
etre que celui-ci a cite un autre livre, parce que Luc n est pas enco-
re connu de lui. Notons que Ie livre cite est assez ancien pour
qu Ignace Ie connaisse deja, et qu il a assez d autorite pour etre
considere par lui comme rapport ant line parole authentique de
Jesus ressuscite.
6. A. SIOUVILLE, es Homelies clemen ines,Paris, 1933,p. 9-13.
7. Eusebe de Cesaree,Histoire ecclesiastiqueII, 33 [Trajan] et 36 [Igna-
ce].
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C.-B. AMPHOUX
2. Le temoignage de Papias
L'autre temoignage est celui de Papias, egalement apporte par
Eusebe : celui-ci se ermine, en effet, par une allusion a un episo-
de introduit par Papias dans ses prop res ecrits et emprunte a
l' Evangile seton les Hebreux; il s'agit de l'histoire de la «Femme
adultere »
3,39,17 : Le meme Papias (...) expose aussi une autre histoi-
re a propos d'une femme(1tEpi yuvatK6~) accusee de nombreux
peches (&1ti 1toJ..J..al~1~aprlat~ Ota(3J..ll~Ei(Jll~)devant Ie Sei-
gneur, que renferme l'E'vangile selon les Hebreux (to Ka~'
'E(3paiou<; EuaYYEJ..tOV).
Le rapport entre celie histoire et l'episode de la« Femme adul-
tere » est etabli dans la traduction latine d'Eusebe, faite par Rutin,
qui traduit 7tEP\ YuvatK6~ t.7t\ 7tOAAai:~ il aptiat~ par de muliere
adultera. On peut songer a contester celie interpretation, mais elle
presente un appui textuel ; la premiere mention de la femme en
question, dans l'episode qui se trouve ordinairement (mais pas
dans tOllS les manuscrits) en In 7,53-8,11, se fait dans les termes
suivants :
In 8,3 :« Les scribes et Ies pharisiens amenent une femme sur-
prise dans Ie peche» (tn 1I~up't1<;t YUVULKU U'tE1ATl~~EVTlV),
selon D. Les papyrus p66et p75 gnorent I'episode, de meme que
Ies onciaux du IVe siecle (B S) et Ies temoins du type de texte
alexandrin (L T W 33) ou du texte « courant » avant 300 (0565).
La premiere tradition d' Antioche (Avid) est incertaine ; mais plus
tard, celIe de Byzance integre I'episode, avec une correction du
passage mentionne : « Les scribes et Ies pharisiens amenent une
femme surprise dans l'adultere» (YUVULKU n j.101XE1<;t
KU'tE1ATlj.1j.1EVTlV).a vieille Iatine se partage entre I'absence de
I'episode (ita f I q) et Ies traductions mulierem in adulterio
(itaurcer'), qui est aussi Ia Ie<;onde Ia Vulgate, ou mulierem moe-
cationem (itff2), qui supposent, I'une et I'autre, j.101XE1<;t,adulte-
re », contre 1Ij.1up't1Q,peche », Ie<;on e D (in peccato muliere, itd).
La correspondance entre Ie ton aJ: apn<;t e D et Ie ton noAAaI~
aJ: aptiat~ du temoignage de Papias autorise a considerer qu'il
s'agit bien du meme episode. II y a donc, dans I' Evangile seton les
Hebreux que connait Papias, un episode correspondant a celui de
la Femme adultere, qui a une redaction sans doute un peu diffe-
rente, mais un contenu equivalent.
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L EVANGILE SELON LES HEBREUX
73
Or, il est clair que l episode n est pas a sa place, dans Jean.Deux
exemples suffisent a montrer qu il n en a ni Ie vocabulaire ni Ie
style: Ie premier conceme es personnagesen presence«< es scri-
bes et les pharisiens » soot un couple employe dans les Synopti-
ques, mais jamais dans Jean) et Ie second, es particules (0£ est
employe abondamment dans l episode, alors que Jean prefere
oov). Autrement dit, l episode n appartient pas au ivre dans equel
il DOllS st parvenu. Le vocabulaire et Ie style, en revanche, res-
semblentdavantageaux Synoptiques.Mais cela ne suffit pas a eta-
blir un rapport avec Luc. Il taut, pour cela, prendre en compte
l une des variantes concernant episode : dans a famille j13, qui
groupe une dizaine de minuscules (13 69 124346543 788 826 828
983, selon l Edition IGNTP, Oxford, 1987), episode prend place
non dans Jean,mais dans Luc, a la fin du ministere, uste avant a
Passion,soit entre les chap. 21 et 22. Celie variante est nexplica-
ble par les reglesordinaires de la critique textuelle: ce n est ni une
variante harmonisante,comme il s en rouve dans celie famille de
manuscrits (par ex. Lc 22,43-44ransposeapres Mt 26,39,de l epi-
sode de Gethsemane dans Lc a son correspond ant dans Mt), ni
une variante explicative, puisque cet episode intervient dans un
contexte oil il ne s integre pas, mais demeure autonome de ce qui
l entoure. Nous y voyons donc un nouveau type de variantes : il
peut s agir d une survivance d un etat du texte des evangilesante-
rieur a celui que represente D comme a toute la tradition ulterieu-
re, et c est a tout son nteret.
Ainsi, on peut faire etat de deux elements ndependants pour
etablir un lien entre I Evangileselon esHebreux et Luc: d un cote,
une parole de Jesus essuscite nvitant sesdisciples a constater sa
corporalite, avecune formulation plus concise,dans un, mais rre-
cevable selon Origene, et un enonce qui commence de la meme
fa~on puis se complique comme pour contoumer une difficulte,
dans autre ; et de l autre cote, un episode issu du premier livre,
qui entre ensuite par interpolation dans Jean,mais que l on trou-
ve encore dans Luc, grace a la petite tradition de la famille f 13,
Deux elements, ce n est pas beaucoup pour etablir Ie contenu de
ce livre perdu et determiner son rapport avec Luc; mais analyse
des genres itteraires de ce dernier peut DOllS aider.
3. Lessources e Luc
La redaction de Luc combine, a tout Ie moins, trois genres it-
teraires distincts : un fecit de naissance, soIenneI et poetique
(chap. 1-2); un fecit du ministere de Jesus, ait d episodes inde-
pendants ou correIes, mettant en presenceJesusavec divers nter-
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74
C.-B. AMPHOUX
locuteurs, adversaires ou malades (chap. 3-9 et 18-24); entin, un
ensemble de paroles depourvues de cadre narratif, reunies en un
enseignementcentral dispose entre les episodes sur la rencontre
des enfants, situes en 9,46-48 et 18,15-17 chap. 10-17,y compris
quelques fares episodesnarratifs, ainsi que la fin du chap. 9 et Ie
debut du chap. 18). Et nul ne songea contester,aujourd hui, que
ces parties distinguees par Ie genre litteraire correspondenta des
sourcesdifferentes reunies par Ie redacteur.
Le fecit du ministere se prete a une deuxieme distinction: on y
trouve, d une part, un ensembled episodes qui ant dans Matthieu
et dans Marc la meme disposition relative et qui torment, une fois
reunis separement,une structure si forte qu on doit envisager u ils
ant constitue,d abord, une sourcepropre8; et, d autre part, un reli-
quat d episodes dont Ie statut estplus divers: les uns sont propres
a Luc, d autres se trouvent dansMarc et Luc, d autres encore dans
Luc et Matthieu,mais avecune disposition relative toute differen-
te9.L unite de ce reliquat n est pasevidente; il a pourtant une orga-
nisation interne que l on peut mettre en evidence et qui permet
d envisagerque cet ensemble narratif provienne d une quatrieme
source, distincte des trois precedentes.Ce reliquat a, en somme,
une qualite qui Ie distingue des autres : il se definit negativement,
une fois reconnues et rassemblees es parties qui constituent les
autres ensembles.Le reliquat parait ainsi correspondre a la partie
du livre autour de laquelle se sont agreges es trois ensembles
mieux caracterises,selon e projet du redacteur.
Or, c est a ce reliquat que DOllSmenent les deux temoignages
sur I Evangile selon es Hebreux. Et plus precisementa la fin de ce
reliquat: l episode de la Femme adultere, selon a place attestee
par f3, terminait Ie ministere, et la parole du ressuscite,d apres Ie
parallele de Lc 24,39,prenait place dans e dernier episode du ivre,
qui mettait ainsi accent sur a corporalite de la resurrection.Ainsi,
tout ou partie de ce reliquat a un rapport avec un livre dont DOllS
savons, par ailleurs, qu il existe avant Ignace, a pour lui quelque
autorite, et se rattache alors a la tradition de Pierre, avant de se
rapprocher,peut-etre seulementau ie siecle,de celIe de Matthieu.
Ce livre a deja des caracteristiques de vocabulaire et de style
appartenantaux Synoptiques,et il a en communavec Luc une idee
8. Ct. C.-B. AMPHOUX, «La composition de Matthieu inscrite dans dix
propheties de la Bible grecque », dans G. DORIVAL -O. MUNNICH (Ed.),
Kurd rol >l;6, SeLon LesSeptante, Paris, 1995, p. 333-369 (et specialement p.
347).
9. C.-B. AMPHOUX, «op. cit. », dans G. DORIVAL -O. MUNNICH (Ed.),
Kurd roVt; 6, SeLon Les Septante, Paris, 1995, p. 349. Nous presentons ci-
apres tine lisle corrigee de ces episodes.
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75
EVANGILE SELON LES HEBREUX
qui ne se trouve pas dans es autres evangiles la corporalite de la
resurrection.
A ce point de nolle etude, il sembleque Ie nom d Evangileseton
les Hebreux corresponde a une source de Luc plutot qu a un ecrit
qui en soil derive; et ce n est pas n importe queUesource, mais
eUe concerne la partie de Luc autour de laqueUe es autres sont
venues s ajouter, au moment de la redaction. Les deux elements
qui permettent d etablir un rapport avec Luc sont independants
et complementaires,mais ils ne suffisent pas a rendre compte du
contenu de cet ecrit qui intervient dans a partie qui forme Ie cceur
de Luc; on peut, en revanche, a partir de Luc, dessinerprecise-
ment les contours de cette partie; en tenant compte de la presen-
ce de la Femme adultere a la fin du ministere, on aboutit a un
ensemble de vingt quatre episodesque voici :
Mc
Lc
Mt
1,21-39
3,13-19
8,14-17
10,1-4
5,3-12/ 10,21-25
8,5-13
11,2-19
4,21-25
5,15 10,26
4,35-41
5,1-20
5,21-43
6,6b-13
9,38-41
8,23-27
8,28-34
9,18-26
10,5-8
(12,30)
8,18-22
9,35-38; 10,9-16
11,20-27
Echec de Jesus a Nazareth
Succesde Jesusa Capharnaum
L appeL desDouze
Enseignement aux Douze
Guerisons de 2 hommes
Jean Ie prophete et Jesus
Simon Ie pharisien et Jesus
La vraie famille (a)
La Lampeet e secret
La vraie famille (b)
La tempeteapaisee
Guerison du demoniaque
Guerisonsde 2 femmes
Mission des Douze
Pour ou contre nous
La route de Jerusalem
Enseignement en mission
Retour de mission
Appel de Zachee Ie peager
Parabole des mines
Pleurs sur Jerusalem
Aumone de Laveuve
La Femme adultere
Les signesdu ressuscite
La corporalite du ressuscite
(25,14-30)
12,41-44
4,16-30
4,31-44
6,12-16
6,20-49
7,1-17
7,18-35
7,36-50
8,1-3
8,16-18
8,19-21
8,22-25
8,26-39
8,40-56
9,1-6
9,49-50
9,51-62
10,1-16
10,17-24
19,1-10
19,11-27
19,41-44
21,1-4
[ap.21,38]
24,13-35
24,36-49
(28,16-20)
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76
C.-B. AMPHOUX
Cet ensembles etend du debut a la fin du ministere de Jesuset
en couvre un peu moins de la moitie ; les referencesdes paralleles
de Marc attestent que ceux-ci ont la meme disposition relative et
se repartissent sur tout Ie ministere; ceuxde Matthieu, au contrai-
re, sont groupes dans la premiere partie du ministere de Galilee
(chap. 3 a 11) et presentent une organisation differente.
Le lien qui existe entre Marc et Luc, pour cesepisodes,merite
d etre approfondi, mais ce n est pas ci notre objet; qu il nous suf-
rise de rappeler que la premiere redaction marcienne est situee,
par deux temoins ndependantset complementaires,dans entou-
rage de Pierre, lequel est porteur de traditions venantde sonexpe-
rience passee,au temps de Jesuset de la communaute primitive 1°.
Et les deux premiers episodesmentionnes de Marc reposent, us-
tement, sur une telle tradition. Ainsi, les deux titres « Instruction
de Pierre » et « Evangile selon es Hebreux » disent quelque chose
de cet ensemblede Luc ; Ie rapport reste a preciser, mais on doit
noter que la source de Luc a laquelle ils correspondent apparait
comme une amplification en milieu paulinien (peut-etre en Asie)
d un ecrit plus ancien redige dans entourage de Pierre.
Conclusion
11existe au debut du lIe siecle, et depuis un certain temps pro-
bablement, un ecrit evangelique dont nous gnorons presque out,
sauf deux elements qui proviennent de la fin du livre: un episode
racontant I histoire de la Femme adultere, connu de Papias,et une
rencontre de Jesus essusciteavec sesdisciples dont Pierre est Ie
premier, au COUTSe laquelle illeur revele sa corporalite, par une
parole que connait et cite Ignaced Antioche. Cet ecrit se ransfor-
me, au COUTSu lIe siecle, et devient un livre de tradition mat-
theenne dont on connait plusieurs citations, et notamment une
parole de Jesusattribuee par Clement d Alexandrie a I Evangile
10. Ces emoins sont Papias, oujours d apres Eusebe (Histoire ecclesias-
tique III, 39,15) et Ie Pseudo-Clementd Alexandrie a qui I on doit la let-
tre sur I Evangile secret de Marc; lettre publiee et commentee par son
inventeur, M. SMITHClement ofAlexandria and a secretGospel of Mark,
Cambridge/MA, 1973. Ct. aussi mainenant I.-D. KAESTLI,« Evangile
secretde Marc. Une version longue de l Evangile de Marc reservee aux
chretiens avances dans l Eglise d Alexandrie », dans I.-D. KAESTLI
D. MARGUERATED.), Le mystereapocryphe Introduction ii une ittera-
ture meconnue,Geneve, 1995,p. 85-106 (traduction fran~aise de cette
lettre aux p.103-106).
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L' EVANGILE SELON LES HEBREUX
77
selon les Hebreuxll, nom que ce livre avail deja pour Papias et qu'il
garde jusqu'a Jerome.
Des indices patristiques et textuels nons amenent a conclure
que, dans sa forme du ler siecle, cet ecrit constitue une des sour-
cesde Luc. Plus precisement,une des sourcesnarratives du minis-
tere de Jesus.Le lieu oil ce livre est connu est ' Asie, c'est-a-dire
la region de Smyrne et d'Ephese. Le lieu de sa premiere utilisa-
tion reperee est celui de la redaction de Luc, probablement aussi
l' Asie. Est-illui-meme originaire d' Asie? L'idee de la corporalite
de la resurrection est un indice favorable, mais Ie rattachement a
la tradition de Pierre signifie qu'une partie au moins a une autre
origine. II pourrait s'agir, en somme, d'un ecrit emanant, dans un
premier stade, de l'entourage de Pierre, puis remanie et amplifie
en Asie. On pense, ainsi, au « Marc primitif », atteste par Papias,
puis a une redaction amplifiee que Luc ou un autre Asiate aurait
produit ; on en formule ici l'hypothese, en attendant de pouvoir
la conforter par de nouveaux ndices.L' Evangile selon es Hebreux,
cite par Ignace et mentionne par Papias, se presente, en somme,
comme la premiere source de la redaction lucanienne de l'Evan-
gile, utilisant elle-meme un ecrit primitif redige dans 'entourage
de Pierre, peut-etre Ie livre de Marc. Cette sourceva constituer la
partie principale de Luc, celIe autour de laquelle s'organiseensui-
te la matiere puiseedans d'autres livres, et que l'on distingue dans
Luc, parce qu'ils sont a l'origine d'ensemblesbien caracterises.Et
quand, au Ye siecle,Eusebe mentionne ce ivre dans une catego-
rie intermediaire entre les ecrits canoniqueset heretiques, l attes-
te que Ie souvenir de cette origine remarquable ne s'est pas com-
pletement efface.
11. Citee en Stromates II, 9,45 : t<\lKa~' 'E/3pmou<; EuaYYEAirp,6 ~aul1a-
cra<; 3acrlAEuEl, YEypantal, Kai b /3acrlAEucra<; vanaTjcrEtal, «dans l' E-
vangile seton les Hebreux, Celui qui s'etonne regnera , est-il ecrit, et
celui qui regne trouvera Ie repos . Parole qui rappelle la deuxieme de l' E-
vangile seton Thomas (EvTh 2), en partie conservee en grec (Pap. Oxy.
654) : 111'1aucracr&o 6 ~ll<tmv toU ~lltEl v £<0<;v> EUPt;1, ai otav EUPt;1
<9al1/31l9TjcrEtal, Kai ~al1>/3ll~Ei<; /3acrlAEucrElKa<i /3acrlAEucra<; va-
na>ucrEtal, «que celui qui cherche ne cesse de chercher jusqu'a ce qu'il
trouve, et quand il aura trouve, il sera stupefait, et stupefait il regnera, et
regnant il trouvera Ie repos» (la partie restituee l'est d'apres la parole
copte). On rejoint ainsi la tradition mattheenne des paroles.
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i5ene-Georges COQUIN ,
Ecole Pratique des Hautes Etudes, Paris
QUELLE ETAIT LA LANGUE ORIGINELLE
DU PSEUDEPIGRAPHE CONSERVE EN
COPTE SOUS LE TITRE DE
PARALIPOMENES DEJEREMIE ET EN
ARABE SOUS LE TITRE DE CAPTlVITE
DES FILS D ISRA£L A BABYLONE?*
Thepresent studydealswith the CopticArabic and Garshuni versions f
the Paralipomena of Jeremiah.After an extensive onfrontation of theses
versions, he following resultscan be suggested:1. the original should be
written in Egypt as well as the Coptic and Arabic versions,. . according o
several arguments, t appears hat the Coptic version s the translation of a
Greek original.
La presente etude traite des versions coptesarabes et karchounies des
Paralipomenesde Jeremie.Apres un examenapprofondi de ces versions,
il resulte espropositions suivantes: 1. l original aurait ete ecrit en Egypte
aussibien les versionscoptesqu arabes;2. suivant plusieurs arguments, l
apparau que la version copte est a traduction d un original grec.
Comme Ie titre de cet article Ie fait supposer, e ne parlerai ici,
que desParalipomenesde Jeremie ransmis en copte sous un titre
equivalent a l ouvrage de meme ntitule, parvenujusqu a nous en
grec.
Depuis l edition du texte copte accompagnee une traduction
anglaise par K.H. Kuhn1, on gait que leg Paralipomenesde Jere-
mie nous ont ete conservesau complet dans un manuscrit decou-
vert au Fayoum (Egypte), en 1910, et aujourd hui depose a la
* Le lecteur voudra bien excuser auteur de donner certains extes orien-
teaux en transcription.
1. K. H. KUHN, « A Coptic Jeremiah Apocryphon », in Le Museon 83
(1970),p. 95-135et p. 291-350. e suis sa division en chapitres et celIe des
ver~etsproposee par J -M. Rosenstiehldans sa hese de doctorat, encore
inedite.
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R.-G. COQUIN
Pierpont Morgan Library de New York (= Copte'f. II existe un
deuxieme temoin copte, partiel celui-la, provenant de la celebre
bibliotheque du Monastere ronde par Chenoute, pres de Slihag
(Haute-Egypte), connu sous son nom populaire et tardif de
«Monastere Blanc », doni quelques euillets (6 apparemment)ont
echappe a la destruction et soot conservesdans certaines biblio-
theques d'Europe ou d'Egypte (a Paris, Bibliotheque Nationale-
fonds copte; a Vienne, Nationalbibliothek-fonds Copte et au
Caire, Institut Fran~ais-fondscopte). J'ajouterai qu'un folio -Ie
Paris BN copte, 13zt, P17 (= Copte2), provenant certainement de
la meme bibliotheque du Monastere de Chenoute -appartenait
peut-etre au meme codex, mais un doute subsiste encore a ce
sujet3.Enfin, it convient de mentionner un dernier feuillet de papy-
rus, qui provient d'un codex date du VIle siecle -Ie Londres,
British Library, E. A. 105784ce qui DOUgonne un terminus ante
quem non; disons, d'ailleurs que leg autres temoins copies soot
dates, par l'editeur, du Ixe siecle5.
D'autre part, DOUgvons un certain nombre de manuscritsd'une
version arabe, soit transmis en caracteresarabes, soit en caracte-
res syriaques (karchouni). G. Graf, dans sa monumentale Ges-
chichte der christlichen arabischen Literatur, enumere vingt-trois
manuscrits6: so t vingt manuscrits dans Ie corps de l'ouvrage, a
quoi on doit ajouter trois autres qu'il cite dans ses Nachtriige-
d'apres leg catalogues qu'il avait pu depouiller a l'epoque.
2. II s'agit du manuscrit Pierpont Morgan M 578, ffo 97v-13Ov. a plus
recenteanalysecodicologiquede ce manuscritestdonneepar L. DEPUYDT,
Catalogueof Coptic Manuscripts in the Pierpont Morgan Library, Lou-
vain, 1993,n° 173 (praes, . 358), qui Ie date du lxe siecle(entre Ie 14 avril
891 et Ie 29 aofit 893) d'apres Ie colophon conserve au Musee Corte du
Caire, repondant ainsi aux doutes ormules deja par A. ALCOCK, he Life
of Samuelof Kalamun, by Isaac the Presbyter, Warminster, 1983,p. vii.
3. K. H. KUHN, « or. cit. », in Le Museon 83 (1970), p. 96-97, e croit du
meme codex. Si es ignes ont Ie meme nombre de lettres, es colonnesde
ce feuillet n'ont pas un nombre de lignes equivalent a celles des autres
folios (cf. Paris, Vienne, Le Caire) -soit 30/311ignes -mais un nombre
neUementplus grand -soit 33/341ignes.
4. Ct. K. H. KUHN,«op. cit. », in Le Museon 83 (1970), p. 97 (descrip-
tion); p. 334-336 edition); p. 339 (traduction). II est en dialecte fayoumi-
que.
5. K. H. KuHN, «op. cit. » in Le Museon83 (1970),p. 95-97.
6. Pour ce qui concerne I' Histoire de la Captivite des enfants d'Israel ii
Babylone (il s'agit du titre de la version arabe des Paralipomenesde ere-
mie en corte) ct. G. GRAF,Geschichte er christlichen arabischenLitera-
fur, t. I, Vatican, 1944,p. 213-214et t.lI, Vatican, 1947,p. 487. Dans la
reimpressionde 1959,es Nachtriigeont ete placesen fin du tome I, p. 671,
lignes 24-26.
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ARALIPOMENES DE JEREMIE
Sansdoute, es catalogues, estesmanuscrits,dresses ar Y. ' Abd
al-Masih, pour les bibliotheques des monasterespres de la Mer
Rouge, dedies a saint Antoine et saint Paul, n'en revelent pas?,
mais, en revanche, l'inventaire etabli par Ugo Zanetti8, pour la
bibliotheque du Dayr Abu Maqar au Wadi al-Natrfin (Egypte) fait
apparaitre trois nouveaux temoins: les 394 (= Hag. 28), 395 (=
Hag. 29) et 400 (= Hag. 34) -ce qui porte a vingt-six Ie nombre
connu de copies arabes ou karchounies, nombre fort respectable
pour l'ensemble de la litterature arabe-chretienne.
Certes, il est possible que des bibliotheques (eglises ou monas-
teres) non encore inventoriees (ou insuffisamment) puissent en
contenir d'autres, mais t y a peu de chances ue ce chiffre de vingt-
six soit de beaucoupdepasse.
Repartition probable de ces emoins arabes 00 karchoonis
Cet ensemble compte tenu de l'echantillonnage a ma portee,
deux etant edites et traduits9,un troisieme estmis a ma connaissan-
ce par une traduction qui en revele leg caracteristiques peut etre
classeen deux recensionsprincipales :
1.- La syrienne : principalement, Ies manuscrits ecrits en kar-
chouni (arabe en caracteres syriaques), qu'on petit grouper d'une
part: a) Ies Paris BN SrI. 65, 273 et 276, Ie premier etant seul edite
(en caracteres arabes, et traduiPO) ; b) Ies Mingana arabe-chretien
20 (28)11,SrI. 24012, 6913et 500, auxquels on adjoindra Ie Londres
7. C'est la meme chose pour leg bibliotheques de trois eglisescairotes,
publiees par A. KHA1ER O. H. E. KHs-BuRMEs1ER, aint-Menas,Sain-
te-Vierge, dite Qasriyat al-Rihan, et Saints-Serge-et-Bacchus,e Caire,
1967-1977.
8. U. ZANElTI, Les Manuscrits de Dair Abu Maqar. Inventaire, Geneve,
1986,p. 58-59.
9. Voir ci-dessous, otes 10 et12.
10. L. LEROY-P. IB,« Un apocryphe carchouni sur a captivite de Baby-
lone », n Revuede l'Orient chretien15 (1910),p. 255-274et p. 398-409;16
(1911),p. 128-154.
11. Selly Oaks College (Birmingham, Royaume Uni).
12. A. MINGANA,«A Jeremiah Apocryphon », in Woodbrooke Studies1,
Cambridge, 1927, p. 125-233 -reproduit in The Bulletin of the John
Ryland's Library, 11 (1927),p. 352-341 je cite cette demiere edition, plus
courante. L'editeur a utilise deux manuscrits, e Paris BN gyro 5 (mais ne
parait pas connaitre I'edition de Leroy-Dib) et Ie Mingana gyro 40.
13. Collationne sur tirages aimablementprocures par I'Inter Documenta-
tion Companyde Leyde (Pays-Bas)qui detient leg microfilms de tOllS eg
manuscrits Mingana, et que je remercie.
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R.-G. COQUIN
BL Or. 359914 t Ie Beyrouth, Univ. Amer. 280, no 26, 6. Cette recen-
sion se caracterise surtout, par une modification, d origine proba-
blement palestinienne : Ie remplacement d Astarte par Zeusl5.
2.- L egyptienne: ecrite en caracteres arabes, qu on doit, sans
doute, repartir en deux sections:
a) la premiere comprenant es manuscrits de Cambridge Univ.
syr. Add. 2886 (incomplet), de Dublin, Trinity CoIl. 1531,9
et de Strasbourg BNU or. 4180 (ar. 33);
b) la seconde, lus nombreuse, eunit les copiesencore en Egyp-
te, soit: Le Caire Musee corte, Lit. 43 (olim 42) (= G. Grat,
n° 59; Simayka, n° 159); Le Caire Musee corte, Hist. 478 (=
Grat, no 721; Simayka, no 112); Le Caire Musee corte, Hist.
159 (Grat, n° 706; Simayka, n° 120); Le Caire, Patriarcat
Corte, Hist. 30 (Grat, n° 468; Simayka, no 622); Le Caire,
Patriarcat Corte, Hist. 76 (Grat, manque; Simayka,n° 666);
Le Caire, Patriarcat Corte, Hist. 88 (Grat, manque; Simay-
ka, n° 683)16.
14. Inedit, mais traduit en francais par E. AMELINEAU,Conteset Romans
de l Egyptechretienne, ome 2, Paris, 1888,p. 97-151; Amelineau indique
rarement ses sources. La base de cette traduction a ete donnee par C.
RIEU, Supplement o the Catalogueof the Arabic Manuscripts in the Bri-
tish Museum, Londres, 1894,p. 28-29 (on relit remarquer que E. Ameli-
neaua traduit sept extes conserves ansce manuscrit)et plus lard, par W.
E. CRUM,n Journal of Royal Asiatic Society 1937,p.326-330, raes.p. 329
(dans sa recension du catalogue de Mingana). Je note que C. Rieu donne
Iii une bonne descriptionde ce manuscrit.E. A. W. BUDGE, gyptian Tales
and Romances, ondres, 1931,qui a beaucoupexploite ce recueil d Ame-
lineau, n a pas retenu ce exte.
15. Devenant ros dans e Londres BL Or. 3599,d apres a traduction de E.
AMELINEAU, p. cit., ome 2, Paris, 1888, . 98-99 et p. 113; E. Amelineau,
n ayant pas connu d autres temoins, n a pas compris que Ie manuscrit de
Londres etait defectueux: rUs ii la place de zUs (difference d un point dia-
critique): celie graphie fautive, je ne l ai retrouvee dans aucun autre
temoin de la version arabe.
16.J ai examine en detail, e manuscritdu Caire Musee Copte Lit. 43 (olim
42), mais non leg autres manuscrits cairotes, ni ceux du Dair Abu Maqar,
ni Ie Jerusalem,Sainte-Anne 52; pour celie raison, mODclassementest
partiellement hypothetique, bien que leg manuscrits encore en Egypte,
ont peu de chance d avoir subi des nfluences syro-palestino-mesopota-
miennes.
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83
ARALIPOMENESDE JEREMIE
Une place a part doit Sire faite au Paris BN gyro 3817fD 115r-
137r (date de 1474A.D.; outre qu il est Ie temoin Ie plus ancien
date pour ce lexie, il donne une redaction ires proche du caple
(surtout du CopteZ) it est ecrit en caracteresarabes usqu au para-
graphe 29 (soit 26 pagesdonc environ leg2/3 de l ouvrage) Ie Teste
etant transcrit en caracteressyriaques (karchouni). Bien plus, de
nombreuses le~ons sont conformes au caple et contraires aux
manuscrits karchounis ou arabes, comme Ie tableau qui suit Ie
montrera; de plus, par deux fois, il reproduit, assezmaladroite-
ment, Ie chiffre 40, en chiffre cursif caple (~ ) ce qu illisait sans
doute sanscomprendre, dans son modele egyptien (plus loin, ce
chiffre est transcrit en tallies lettres (arba in : fo 129r)18: ll avait
deja (fO 115v) donne en tallies lettres arabes et ici (fO 129r) en
caracteressyriaques.
De cet examen, l apparait main enant possible de preciser que
l archetype etait egyptien et que de lui derivent deux recensions,
l une egyptienne, naturellement plus fidele a l original, l autre
syrienne, ayant subi des nfluences palestino-mesopotamiennes
suivant en cela A. Mingana, qui supposait «two recensions...an
Egyptian recension, and a Syrian, Palestinian or Mesopotamian
recension»19.
17. Decrit brievement par H. ZOTENBERG, atalogues sic) des Manus-
crits syriaqueset Sabeens e a Bibliotheque Nationale,Paris, 1874, .191a;
j ai pu I etudier a loisir, sur des reproductions fournies par Ie Servicepho-
tographique de la BN.
18. Ces chiffres cursifs coptes sont reproduits dans quelques grammaires
coptes, par exemple : celles d A. Mallon (40ed.), a la page 234; de L.
Stern, en face de la page 470; de W. Kosack, p. 148 (a cote de la forme
« ivresque ») et aussidans Ie Catalogue des Manuscrits de Simayka (au
tome 2 [Patriarcat Copte], p. 509 (tableau reproduit dans The Coptic
Encyclopedia,New York, 1991, ome 6, p. 1821 a-b).
19.A. MINGANA,« op. cit. », n The Bulletin of theJohn Ryland s Library
11 (1927),p. 352.
8/20/2019 Apocrypha 6, 1995.pdf
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,
..
84 R.-G. COQUIN
Paris BN syr. 65 (= Min-
gana gyro 69 et 240,
Londres BL Or. 3599,
Cartel ou Copte2 Paris BN syr. 238 Strasbourg BM or. 4180,
et Le Caire Mus. Copt.
; lit. 43)
"., . '
§ 4,5: porte de Benja- (1" 117') porte de Benja- (1" 231') :... porte du Soleil
min... min...
§ 9, 2: ...illes conduisit a (1" 117'): ...ils allerent (1" 233') : ils Ie trouverent
un caveau, ls trouverent avec Baruch, a I'exterieur dans un naos...
Jeremie, qui s'y tenaiL. de la ville... et ils Ie trou-
verent dans une grotte ,
assisa tresser des euilles
de palmier...
§ 11,6-7: pendant qua- (1" 118'): ~ (= 40) ans (1" 233'): quarante ans
rante (deux fois). (deux fois). (une fois).
§ 11, 16 (Copte2): et a la (1" 118'): a la place... des (f 234'): au lieu de la
place du troupeau de cailles,que je fig descen- manne et des cailles que
cailles... dre sur VallS du ciel... Dieu envoya a vas peres...
§ 13, 12 (Copte2) coupes (1" 120'): et I'odeur de (f' 235'): ...les anges et
remplies du parfum des I'encens manta devant Ie les saints ntercederent et
prieres...le feu du parium Seigneur, et il huma la seprostemerent devant e
<des prieres des saints> bonne odeur <du parfum Seigneur, II agrea e par-
manta devant Ie PeTe. des prieres> des saints... fum de leurs gemisse-
mentset de eurs supplica-
tions...
§ 13, 13: lesperes du peu- (1" 120') et les peres du (1" 235') et il eut pitie du
pie, Abraham, Isaac et peuple, Abraham, Isaac, peuple d'Abraham, Isaac
Jacob se prosternerent Jacob et Moise seproster- et Jacob; il retira sa cole-
devant e voile du Vivant nerent adorant devant Ie re et ne Ie perdit pas...
voile...
§ 14, 11: 'Veux-tu que (1" 120'): veux-tu que je (1" 235'): Je vais ordonner
j'envoie du ciel Mistrael, fasse descendre,Mistrael, a Satanael, 'ange de la
l'ange de la colere...' l'angede la colere,sur eux colere de les perdre...
§ 19, 2 et 4: ...Cyrus et (fO 122') Cyrus et (1" 236') : ...les generaux
Amisaros, les generaux <A>misaeos, les gene- et es chefsCyrus et Isaris
en chef. raux en chef...
§ 21, 7-13: il avait fait (1" 123'): et il ordonna (1" 237'): om.la mention
apporter un foie de che- qu'on apporte un foie de du "foie de chevre..."
vre... il plafa Ie foie de chevre... et, il plafa Ie foie
chevre ..et, il rosa Ie foie de chevre a sa gauche...
de chevre a sa droite... "
-
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PARALIPOMENESDE JEREMIE 85
§ 26, 5 : il fit trainer 12.{XXJ (£0 126V) : il fit comparai- (£0 239') : il se fit amener...
jeunes gens par tribu. tre 12.000 jeunes gens de au nombre de 220.000...
chaque tribu...
§ 27,2 et 4: ...sur les mar- (fO 129V): ...sur les mar- (£0 239V) : om. istas nota-
ches de l'autel... (precision ches du temple... sur les tiones.
repetee deux fois). marches de l'autel...
§ 29, 1: il enleva sa robe (£0 127') : il ota son vete- (£0 240'): Jeremie se
prophetique... (Copte2): il ment de prophetie... il se depouilla de ses vete-
se ceignit d'une ceinture ceignit d'une ceinture de ments de lumiere... et
de lin... il prit <de> devant 1m.. et il prit de la poussie- ayant... passe un voile de
Ie sanctuaire de la poussie- re <de> devant Ie sanc- lin... (£0 24Or) : des que Ie
re et la posa sur sa tete... tuaire et la jeta sur sa tete... peuple vir Jeremie... la tete
couverte de poussiere...
§ 30, 5: Ie Dieu d'Abra- (£0127'): Ie Dieu de mon (£0 240V): Ie nom de mon
h
'
t ' '
Abh
S
..,
m VI pere ra am Vlt elgneur... est vivant30, 2: II (Nabuchodo- (£0 128V): il revetit un (£0 241'): om.istas notatio-
nosor) revetit un manteau manteau royal et s'assit nes.
royal.. de la crainte et de sur son tr6ne avec crainte
la comprehension entou- et quietude (1).
raient son tr6ne...
§ 31, 4: ils avaient dimi- (£0 128V): ils avaient dimi- (£0 241 ,) : il trouva qu'ils
nue de 225.000 hommes. nue de 22 myriades et avaient diminue de...
demi, soit 200 mille et 25 220.050 personnes.
mille.
§ 35, 1: et, Jeremie se (£0 132r) : et, Ie prophete (£0 243V) : om. istas nota-
tenait dans un caveau, a Jeremie se tenait dans un nones.
l'exterieur de Babylone. naos... dans une des grot-
tes... a l' exterieur de Baby- -,
lone... c.
§ 36, 17: que leur dieu (fO 133V): ce qu'll a fait (£0 244V): Voulez-vous...
fasse avec nous comme aux Egyptiens et aux que Ie Seigneur vous fasse
avec les hommes d' Egyp- Amorrheens? comme aux Amorrheens 1
te... (Copte2) avec les rois
des Amorrheens 1
Ce tableau comparatif -il pourrait etre allonge -montre au
lecteur que la recension primitive est representee par trois
temoins:
a/ Ie Coptel, manuscrit complet Pierpont Morgan;
b/ Ie CopteZ,malheureusement artiel, mais tres important pour
les quelqueseuilletsconserves;
c/ entin, cet unique manuscrit (Paris BN syr. 238) de la version
arabe, qui est res voisin des e~onsdes manuscrits coptes, et se
distingue nettement des autres temoins de la version arabe.~
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86
R.-G. COQUIN
De cetteconfrontation,on peut retenir espointssuivants:
1.- L'original doit avoir ete egyptien, soit redige en grec, soit en
copte; il serait llusoire de supposer,du fait qu'il y a de nombreux
manuscrits karchounis, un original syriaque : outre la presencede
deux codicescoptes, la version arabe est, a l'evidence d'origine
egyptienne, meme si certains manuscrits presentent des influen-
ces syro-palestino-mesopotamiennes Ie mot arabe birba , trans-
litteration du copte n + p n E (= temple) que l'on rencontre dans
de nombreux manuscrits karchournis, et d'autres termes d'origi-
ne egyptienne, comme la presencede chiffre copte cursif (~), Ie
montrent assez.
2.- Le Copte2doit avoir ete la redaction a plus repandue, puis-
que Ie Paris BN gyro 38 a nombre de le~onscommunes avec ui;
il semblerait, d'apres l'analyse, preparee par J.-M. Rosenstiehl,
que ces e~ons ont quelque chanced'etre fideles a l'original.
3) Le Paris BN syr. 238 confirme plusieurs points en discussion
dans Ie Copte1 a/ au § 8, 5 : suit Ie copte et n'a pas l'addition des
manuscrits karchounis, a propos d'un hypothetique emprisonne-
ment (pour la 3 fois) de Jeremie ; b / au § 11,11 : place ce verset,
conformement a l'hypothese de J.-M. Rosenstiehl qui suppose ci
un deplacementdans e Coptel, ce qui confirme qu'on doit s'ecar-
tel du temoin copte complet; c/ au § 11,16: appuie la le~on du
Copte2, elative a la mention des cailles, que passesoussilence, e
Copte1; d/ aux §§ 29, 2 et 41, 1: confirme la confusion probable
qu'on est amene a supposerentre T (il s'agit de l'article feminin)
TOY 0 M T E (= tour) et TOY 0 0 T E (= colonne)19bis.
Lieu de composition u pseudepigraphe
Ayant ainsi etabli les familIes de manuscritscoptes,arabes (soit
en caracteresarabes,soit en caracteressyriaques),on doit mainte-
nant se poser la question importante, qui consiste a preciser la
patrie originelle de ce texte.
Le fait que nous disposionsd'un assez rand nombre de manus-
crits, oil la version arabe a ete transcrite en caracteressyriaques
pourrait nous faire illusion, en nous faisant prejuger d'un original
syriaque. Cependant, nous devrons tenir compte de la double ori-
gine des manuscrits karchournis : d'une part, quantite de manus-
crits syriaques ant dli etre transposesen arabe, mais en caracteres
19bis.Cf. W. E. CRUM,Coptic Dictionary, Oxford, 1939, p. 447a-bet 480a
(racine oymot).
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87
ARALIPOMENES DE JEREMIE
syriaques (afin d eviter qu ils ne tombent sous les yeux des occu-
pants ottomans), ce qui etait devenu necessaire, dans la mesure
ou la langue, parlee par les chretiens de Syrie ou du Liban, n etait
plus Ie syriaque, mills l arabe; d autre part, a partir du xye siecle les
chretiens syriaques emprunterent a leurs coreligionnaires chre-
tiens coptes ou meme nestoriens, quantite de traites, originelle-
ment composes en arabe (ceci fut Ie cas des nombreux ouvrages
des XlIe-XIIIe siecles -l age d or de la litterature arabe-chretienne
d Egypte), parmi ces documents figuraient des versions arabes de
textes composes en Egypte, ou bien en grec, ou bien en copte;
ceux-ci se reconnaissent aisement, nombre de termes etant pro-
pres a l arabe-chretien egyptien; un bon connaisseur de ces parti-
cularismes, comme l etait A. Mingana, lui-meme d origine chal-
deenne, l a remarque, comme ille note, dans son edition2O; cette
double origine est bien connue21. II semble que la provenance de
la Captivite des fils d Israel a Babylone soit a placer dans cette
seconde source des manuscrits karchoumis; d ailleurs, les deux
manuscrits dates, les plus anciens (Ie Paris BN syr. 238 (date de
1474) et Ie Mingana syr. 369 (date de 1481) soot du xye siecle, les
autres appartiennent aux XVIe,XVIlIe ou meme au XIxe siecles; ceux
qui ne portent pas de date precise, remontent, selon les caracte-
res paleographiques, aux xve XVlIe, XVIlIe, OUXIXesiecles; comme
par hasard, aucun ne parait ante rieur au xve siecle.
Par consequent, on peut admettre que cette version arabe ait
pour origine un texte primitivement elabore en Egypte. Bien plus,
on peut preciser que Ie substrat de cette version arabe etait un
texte copte (original ou lui-meme version du grec). Outre les indi-
ces, que j ai releves dans Ie Paris BN syr, 238, je noterai ci-dessous,
les« copticismes »qui apparaissent dans ces manuscrits, pourtant
ecrits en caracteres syriaques :
I) au § 13,1, nous isons dans I edition Leroy-Dib22,ce qui suit:
« Sedechias, e roi,... retira (du temple) les deux colonnes de mar-
bre qui eclairent sans lambeau et es mil dans(Ie texte arabeporte
20. A. MINGANA, Op. cit. », n The Bulletin of theJohn Ryland s Library
11 (1927),p. 356,note 5; p. 357,n. 4;p. 381,n. 5;p. 384,n.12; p. 392,n.3
et p. 393,n. 4 et 8.
21. Par exemple on verra l edition de Su-MIN RI, La Cavernedes tresors,
Louvain, 1987 (CSCO, 486-487); voir aussi, a liste etablie par H. ZOTEN-
BERG, p. cit., Paris, 1874,p. 234-243 1 auteur note les manuscrits ecrits
en karchouni.
22. a. L. LEROY-P. IB, «op. crt. », n Revuede l Orient chretien15 (1910),
p. 263 (texte): lignes 18 et 21 et p. 272 (traduction): lignes 20 et 25.
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R.-G. COQUIN
fl) to piscine qui se trouvait devant les idoles de Baal et de
Zeus... », et plus loin: « il fit placer pour lui-meme une table pres
de (Ie texte arabe porte fl ) to piscine de Baal et de Zeus... ».
Cette «piscine» est incongrue dans ce contexte, et l on com-
prend qu un copiste ail eprouve Ie besoin de corriger Ie texte qu il
lisait; or, il faut savoir :
a) que parmi les fares mots empruntes au copte, dans arabe-
chretien d Egypte, se rouve Ie mot birba (= n (art. copte mas-
culin) + p n E (= temple), ce qu un arabophone non egyptien
ne pouvait comprendre;
b) que ce mot a simplement ete translittere en caracteressyria-
ques,ce qui donnait t<:J ~ ; or, il faut savoirque es deux ettres
(forme mediane) ~ et ~ sont tres semblables et peuvent aise-
ment etre confondues; un copiste, ne comprenantpas e sensde
ce mot, a tente de Ie carriger, en ecrivant Ie terme Ie plus voisin
quant a la graphie23,mais a presence nsolite d une birka (= pis-
cine) dans ce contexte aurait dfi l empecher d admettre cette
lecture.
Nous sommesdonc ici devant une erreur du copiste, qui avait
lu ~;~ mais a corrige en birka, creant ainsiune veritable distor-
sion du texte car tOllS eg manuscritsque j ai pu examiner de cette
version arabe, portent birba soit ecrit en caracteres arabes, gait
transcrit en caracteres syriaques. On notera que dans certains
manuscrits Ie mot, bizarre pour un etranger a l Egypte, est rem-
place par un banal bayt (= maison) ainsi, dans e Mingana gyro 40,
fo 8r: wa a bihim ila bayti al-ladi (ou al-ladhi) fihi al-asnamu
Ba ali wa Zlisi, qu il traduit «illes apport a dans la maison oil
etaient eg doles de Baal et de Zeus »24; l retient ainsidans sa ra-
duction Ie texte du manuscrit de Paris.
L utilisation d un tel mot, propre a l arabe chretien egyptien,
montre bien qu un copiste syrien, palestinien ou mesopotamien,
23. Je sais gre a G. Troupeau, d.avoir eu la gentillesse d examiner sur ce
point precis ce manuscrit karchouni; ce dernier est tres clair: il est bien
ecrit: ~ ;~ .Toutefois, Mingana, qui cite ce manuscrit, raduit « emple »
(A. MINGANA,«or. cit. », in The Bulletin of theJohn Rylands Library 11
(1927),p. 363 -deux fois); aurait-il compareavec e Mingana,syr. 369, qui
porte bien, au f 132v par deux fois, sansambiguite .<:3 ~ .A. Mingana
connaissait-ille sensde ce terme propre aux chretiensegyptiens? En tout
cas, l avait du etre intrigue par l intempestif ~;~ du Paris BN syr. 65.
24. Ct. A. MINGANA,« or. cit. », in The Bulletin of the John Ryland s
Library 11 (1927),p. 402 (texte) et p. 363 (traduction).
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89ARALIPOMENESDE JEREMIE
avait sous eg yeux une copie venant d Egypte ou pour Ie moins,
un modele ayant scrupuleusement ecopie un archetypeegyptien.
2) au § 9, 1 et 35,125, auteur DOUg epeint Jeremie, assisdans
un «naos» (version arabe), alors que Ie texte corte parle d un
caveau ou grotte (E 2 Mo.o. Y); au Teste,quelques manuscrits
precisenta exterieurde Babylone,.or, Ie mot corte E 2 Mo.o. Y
est souvent equivalent de ta<po<;,e qui DOUgonduit a supposer
une confusion en arabe (oules graphiessoot Ies semblables) ntre
tlifUset nliwUs (= grotte et temple): ceci DOUgmeneencore a sup-
poser un substrat egyptien plutot que syriaque (oula translittera-
tion de ta<po<;est pas donnee dans eg dictionnaires, et a toutes
chancesd etre fort rare.
3) A la fin du § 39, 14, e nom d un mois egyptien, Barmuda est
cite; quelques manuscrits karchounis gardent Ie nom egyptien,
d autres donnent Ie nom syrien du mois a peu pres equivalent
(Nisan); ce faisant, es premiers trahissent eur source,sinon mme-
diate, du moins celIe de leur archetype, car, on ne lirait pas un tel
nom de mois dans un texte redige par un chretien de langue syria-
que.
On peut ajouter que la version arabe a ete faite sur un texte
copte, proche de notre Copte2comme a comparaison aite ci-des-
sus entre les deux temoins coptes et Ie Paris BN syr. 238 a bien
montre; precisonsque bien des e<;ons e ce Copte2se retrouvent
dans une ou l autre copies,soit en caracteresarabes,soit en carac-
teres karchounis, de cette version arabe. En particulier, elle men-
tionne les caillesenvoyeespar Dieu, aux Hebreux, (§ 11, 16) par
exemple dans Ie Paris BN syr. 65, fo 234 mais aussidans Ie Min-
gana syr. 369, fO132 , igne 1 et dans e Mingana syr.240, fo 7 , ligne
15, etc...
Pour terminer avec ces emprunts coptes, e dirai encore -ce
qui n avait pas echappe a E. Amelineau26 -que Ie traducteur
arabe transpose a topographie, bien connue, d Alexandrie dans
celIe de la Jerusalemantique, en parlant de la« porte du Soleil »
la oil Ie copte disait« la porte de Benjamin »27.C est a de nouveau
un indice de la patrie du traducteur.
25. Sansdoute, Ie mot copte E 2 M Q. Q. Y se it encore au § 31, 13, mais,
dans ce contexte, la plupart des manuscrits de la version arabe rende Ie
terme par un vague abal (= montagne), ainsi, e Paris BN syr. 238, 129 .
26. E. AMELINEAU, p. cit., tome 2, Paris, 1888,p. 101,n. 1.
27. Ct. The Coptic Encyclopedia,New York, 1991, ome 1, p. 96, et tome
8,p.4.
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90
COQUIN
Languede composition u pseudepigraphe
Dans l'etat actuel de la documentation, on dispose d'une edi-
tion du texte copte -ce qui faisait defaut aux premiers editeurs de
la version karchounie (Leroy-Dib et Mingana) -ou il est clair que
Ie copte est «premier» -selon l'expression de K.H. Kuhn28,qui,
toutefois admet que celui-ci puisseetre seulementune version d'un
document grec. C'etait aussi l'opinion de A. Mingana29; mais
aucun de ces deux critiques n'a cherche a donner un debut de
demonstration a celie proposition. Je vais tenter de Ie faire ici; si
chaque element Testesujet a discussion,'ensemble m'apparait suf-
fisant pour entrainer l'adhesion du lecteur:
§1,2:ETETNOYE2 NOBE EAM NOBE:on
s'attendrait a lire un article indefini 0 y devant N 0 BEet ensui-te
precedant 0. N 0 Mi" 0. : il est vrai qu'il s'agit la d'une citationbiblique,
et chacun sail que la langue de l'original (hebreu ou grec)
a influence Ie copte.
§ 6, 3 : E T E 0. r pin n 0. C n P po: celie phrasenomi-
native demanderait, semble-t-il une copule (n E); elle est
d'ailleurs en contradiction avec une phrase semblable de § 12, 5,
comme l'a note K.H. Kuhn3O; elle quelle, cette phrase parait
incomplete31.
§9,2:dttAITOY EZOYN EYEZMddY(=il
leg conduisit a un caveau): plusieursmanuscritsde la version arabe
mettent ici, au lieu de « caveau », Ie mot nawUs : ce qui revele une
confusion entre leg deux termes nawus et tatus, comme il a deja
ete dit. Cette meprise a pu etre commisesansdoute en corte ou en
arabe, de toute fa~on elle etait possible en grec.
§ 10, 2: A E Ej"O 0 Y H PEN P 0 M n E Ej"O
M n P 0 III H T H C M n N 0 Y T E (=quoiquej'aieteprophe-
te de Dieu d'innombrables annees): on ne s'explique pas celie
repetition de E "j0 , sinon par une maladressedu traducteur, ayant
commence sa traduction, l'interrompant, puis la reprenant.
K. H. KUHN,« op. cit. », in Le Museon 83 (1970),p. 103.29.
A. MINGANA,«op. cit. », n The Bulletin of theJohn Ryland's Library,
11 (1927),p. 353.
30. K. H. KUHN,«op. cit. », in Le Museon 83 (1970),p. 113,n. 19.31.
11est vrai que la photo du manuscrit semble permettre de lire N T E
avant a.r pin n &. Faut-il suppleer <E n Z M Z a. ~> comme au §
12,5? De toute fa<;:on,e copiste a omis quelque chose
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ARALIPOMENES DE JEREMIE
§ 14,6: d r w n d 8 r C I dC T H P ION d rIM p 1MW P tt
(= et, ils ont detruit mODsanctuaire): c'est, peut-etre line inver-
sion pour TeDdIeun passif dont Ie copte est depourvu, ce qui don-
nerait« et, mODsanctuaire (ou« autel ») a ete detruit », mais
cette inversion fait penser a un original grec qui, beneficiant de
flexions, a line syntaxe Ies souple.
§14,9:o.YW ttco EnEI1\o.OC ETo.KO'l(=
Je surseois11'aneantissementde ce peuple): on ne s'explique pas
la place de n E I 1\ 0. 0 C, qui est,d'apres Ie sensde cette phra-
se, complement non de t t C 0, mais bien de T 0. K 0 'I, si ce
n'est par la traduction servile d'un original grec, qui pourvu de
flexions, permet de telles inversions.
§ 20, 6: 0. '( W n A I B 0. N 0 C 0. tj To.o. tj E 2 po.I
(= et, l'encens, ll'offrit [a Baal]): de nouveau,une inversion nha-
bituelle en corte, je suis ente de la comprendre, comme un « pas-
sif» corte, a savoir: «et l'encens rut offert [a Baal] ».
§29,7:EnEIAH conc filM EPE EPEMlo.C
E I P E M M 0 tt (= chaque mploration, que faisait Jeremie, il
la faisait [pour Ie peuple de Dieu]): comme a phrase qui suit, est
construite de maniere identique, on ne peut se defendre de voir Iii.
une veritable syntaxe,alors que Ie copte manie plutot la parataxe.
§ 31, 19: n p p 0 A E E Z E A E Kid C dYE N T lj
E Z P diE T B d BY W N E lj M H P (= on fit monter
aussi e roi Sedechias t Babylone, attache...): cette inversion du
complement suggereun passifgrec, t savoir « e roi Sedechias ut
emmene, attache, t Babylone... ».
§ 32, 17: n E A 0. INN E I E PHI (= se disaient-ils, les
uns aux autres): une telle incise, requente en grec, ne l'est pas du
tout en copte; elle serait nsolite, si Ie texte a ete composeen copte.
§ 36, 17 : M H E T N E 0 Y w 1M N TEn E Y N 0 Y T E
E I pEN M M 0. N N 8 E N N E P M M N K H M E (= est-ce
que vous voulez que leur dieu, nous fasse; camille avec leg hom-
mes d'Egypte?) : pareille construction, plutot maladroite en corte,
fait davantage songer a une traduction malhabile (d'autant que Ie
Copte2 fait etat, avec leg Egyptiens, des Amorrheens).
De tous ces ndices, il apparait que, seton oute vraisemblance,
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92
R.-G. COQUIN
la version arabe depend d un texte copte, assezdifferent de celui
qui nous est parvenu, et que ce dernier etait lui-meme une traduc-
tion, parfois approximative, d un original grec.
Ma conclusion est breve:
1. la comparaison des diverses recensionscoptes et arabes des
Paralipomenes e Jeremieou de la Captivitedes ils d ]srael a Baby-
lone me conduit a considerercomme premier Ie copte par rapport
a l arabe.
,
2. je puis admettre, comme une hypothesenon denuee e onde-
ment,que la version copte repose sur un original grec.
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Robert FAERBER
Universite de Strasbourg II
DEUX HOMELIES DE PAQUES
EN ANGLAIS ANCIEN
A French translation with notesand commentaries of two Old-English
Easterhomilies probably rom the middle of he xth century, opied n man-
uscriptsof the end of the xth and the xlth centuries.They combine themat-
ically in an original way he themeof the Harrowing of Hell and the theme
of heJudgement.No direct Latin sourcehas yet been ound for either. The
Harrowing sectionsbelong o the general tradition of theActs of Pilate,but
do not derive rom them directly. That in the irst one especially ontains
elementsunknown elsewhere, uch as the ong speeches f Adam and Eve
to the Lord, but found in other Old-English texts of the Ixth centuryand
evenbefore. TheJudgementsectionsare n the tradition of the Apocalypse
of Thomas seeR. FAERBER,L Apocalypsede Thomas en vieil-angiais »,
Apocrypha 4 (1993),p.125-139). Both homilies areprobably original com-
positions, with a Hiberno-English background.
Traduction en franfais, avecnoteset commentaires, e deux homeliesen
anglais ancien, composeesveTs e milieu du J( siecle, copiees dans les
manuscritsde la fin du J( siecleet du XI siecle,qui associent hematique-
ment, d une maniere originale, les themesde la Descente ux enterset du
Jugement dernier. Aucune source atine directen en a ere trouvee usqu il
present.La partie Descente ux enters,bien que sesituant dans a tradition
generaledes Actes de Pilate, n en derive pas directement.Elle comprend
des elementsoriginaux, en particulie1; dans une des home ies, es longs
discoursd Adam et d Eve demandant ardon au Seigneu1: a partie Temps
derniersetJugementderivegeneralement e l Apocalypsede Thomas,dont
il existeune versionen anglaisanciendu J( siecle ct R. FAERBER,L Apo-
calypsede Thomas en anglais ancien », Apocrypha 4 (1993), p.125-139),
mais aussi avec des elementsoriginaux ou puises dans d autressources. i
estprobable qu il s agit de compositions originales anglaises;car nous en
retrouvons despassagesdentiquesdans d autres textesanglais anterieurs,
en particulier dans des compositions poetiques du debut du /J( siecle. i
n estpas impossiblequ il l arriere-plan il y air une tradition hibemo-anglai-
se.
Apocrypha 6, 1995,p. 93-126
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94
R. FAERBER
Nous presentons ci une traduction fran~aiseavec commentai-
re de deux homelies de Paques composees en vieil-anglais, qui
associentd une maniere originale Ie theme de la Descente aux
enters et celui du Jugementdernier.
II s agit, d une part de l homelie VII du recueil d homelies appe-
Ie Blickling Homilies , d autre part d une homelie copiee dans es
margesdes pages297s du manuscrit41 du Corpus Christi College
de Cambridge (CCC 41), dont il existe une deuxieme version dans
Ie manuscrit CCC 303.
Les Blicking Homilies sont un recueil de dix-huit home ies
dont Ie manuscrit date de la fin du Xe siecle ou du debut du XIe1 ;
huit de ces extes sont uniques, dont l homelie VII, leg autres ont
des paralleles dans d autres manuscrits.Leur date de composition
est difficile a determiner: leg criteres linguistiques permettent de
leg sittler entre 875 et 925, bien qu il soit tout a fait possible que
certaines soient encore plus anciennes,et leur lieu de composition
en Mercie2. Le recueil a ete publie par R. Morris avec une tra-
duction en anglais moderne3.
Le manuscrit CCC 41 est une copie de Bede du Xle siecle, et
dans es marges de certaines pages ont ete copies par la suite un
certain nombre de textes, dont six homelies; notre homelie se rou-
ve aux pages297s, aisant suite immediatement a une home ie sur
Ie Jugement dernier selon l Apocalypse de Thomas4.Elle a ete
publiee par W.H. Hulme5.
Le manuscrit CCC 303 est une collection tardive d homelies et
de vies de saints, la plupart d £lfric et onze anonymes, dont la
secondeversion de l homelie, donnee par CCC 41.
1. Les homelies sont appelees Blickling Homilies parce que Ie manus-
crit se rouvait au Blickling Hall, Norfolk (Angleterre); il est maintenant
a la Princeton University Library, W.H. ScheideCollection.
2. H. SCHABRAM,uperbia . Studienzum altenglischenWortschatz,Miin-
chen 1965.R. VLEESKRUYEREd.), The Life of St. Chad.. an Old Engli-
sh homily, Amsterdam 1935.R.J. MENNER,« he Anglian vocabulary of
the Blickling Homilies »,T.A. KIRBYand H.B. WOOLF Ed.), Philologia..
the Malone anniversary studies,Baltimore, 1949,56-64.
3. R. MORRISEd.), The Blickling Homilies of he Tenth Century,Londres,1874-1880.
4.Cf. D.G. SCRAGG,«he corpus ofvemacular homilies and prose saints
lives before l£lfric », Anglo-Saxon England 8 (1979),p. 236. Cf. M. FORS-
TER,« A New Version of the Apocalypse of Thomas in Old English »,
Anglia 73 (1955).
5. Cf. W.H. HULME,«The Old English Gospel of Nicodemus », Modem
Philology 1 (1903-1904), . 32-36.
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EUX HOMEUES DE PAQUES
Les deux homelies ant en commun Ie fait qu'elles associent,a
l'occasion de Paques, a Descente aux enfers et Ie Jugementder-
nier. Cette association thematique est unique et ne se trouve
(semble-t-il) que dans ces deux homelies anglaises.
Elles ont ete partiellement commenteesdans e cadre du theme
de la Descente aux enfers6 et dans celui de l' Apocalypse selon
Thomas7.
D'autre part, nous presentons en annexe une autre homelie de
Paques, qui a certains traits communs avec Blickling VII; elle se
trouve dans Ie manuscrit CCC162.
BLICKLING HOMILY VII
Dominica Pascha
Tres chefs freres, ce temps pascalnous offre un signe manifes-
te de la vie etemelle, comme nous allons a present l'entendre et
l'apprendre, afin que personnene soit plus dans e doute que c'est
en cette meme saison de l'annee que s'accomplira Ie grand eve-
nement, celui oil Ie meme Seigneur siegera sur Ie trone du juge-
ment : devant lui se tiendront toute la race des anges et toute la
race humaine et toute la foule des esprits maudits, et les actesde
chaque etre humain seront passesen revue, et celui qui mainte-
nant est obeissantet prend a coeur a passionet la resurrection du
Seigneur ecevra a recompenseceleste; et celui qui neglige d'ob-
server es commandementsdu Seigneur ou oublie sa misericorde
sera uge avecseverite et puis habitera dans es tourments etemels
qui n'auront pas de fin.
Et puis ce temps (pascal) est de tous les temps Ie plus eleve et
Ie plus sacre, et ce temps veut nous donner la joie divine comme
aussi a joie terrestre, car Ie Seigneur est ressuscite des molts
6. J. J. CAMPBELL,« o Hell and Back: Latin Tradition and Literary Use
of the Descensus ad Inferos in Old English », Viator (Medieval and
RenaissanceStudies)13 (1982).
7. M. McC. GATCH,«Eschatology n the Anonymous Old English Homi-
lies », Traditio 21 (1965). M. FORSTER,op. cit. », Anglia 73 (1955). M.
CLAYTON, Delivering the Damned: A Motif in OE Homiletic Prose »,
Medium Aevum 55.Cf. aussi M. McC. GATCH, Two Uses of Apocrypha
in OE Homilies », Church History 33 (1964). R. FAERBER, L' Apocalyp-
se de Thomas en vieil-anglais », Apocrypha 4 (1993),p. 125-139.
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R. FAERBER
comme modele pour les hommes, apres sessouffrances et apres
les entraves de la mort et apres es liens des tenebres de l'enfer;
et il a plonge Ie prince des demons dans es tourments et a exerce
sur lui la vengeanceetemelle, et il a delivre l'humanite, selon ce
qu'a dit Ie prophete David, qui a prophetise ce temps, disant :
'Notre Seigneurnous a liberes', et it a execute es menacesdont il
avait menacedepuis longtemps es demons maudits. Et il a mani-
teste devant es hommes maintenant tout ce qui avait ete prophe-
tise depuis toujours par les prophetes, par sa passion et sa resur-
rection et par sonravagedes enters et par la foule des miracles qui
avaient ete annonces tout cela, ll'a accompli.
Ecoutons donc et reflechissons it ce qu'il a fait et par quels
moyens l DOllS liberes. Il ne l'a pas fait par contrainte, mais il est
venu sur terre de par sa propre volante et il y a souffert de nom-
breux trahisons et pieges de la part des juifs et des mechants
scribes, et puis it la fin il a laisse clouer son corps sur une croix et
il a subi la mort pour DOllS, ar il voulait DOllS oDDer a vie eter-
Delle. Et puis il envoya son glorieux esprit dans es abimesde l'en-
fer, et il enchainaet ecrasa e prince des enebreset de la mort eter-
nelle, et il tourmenta cruellement sesassocies, t il brisa les partes
de l'enfer et taus sesverrous d'airain, et il fit sortir taus seselus,
et de sa lumiere eclatante, il vainquit les tenebres des demons.
Et ceux-ci urent effrayes et s'exclamerent,disant : D'ou vient
cet etre si fort, si brillant et si terrible? Le monde qui nons etait
soumis depuis ongtemps, et la mort nons payait de grands ributs,
jamais auparavant il n'est arrive que l'on ail mis fin a la mort,
jamais auparavantune telle terreur ne s'estempareede nons et de
l'enferB.Helas, qu'est cet etre qui penetre sanscrainte dans notre
domaine? Et non seulement il n'a pas penTdes tourments que
nons infligeons, mais il vent aussi delivrer les autres de nos liens.
Nous pensionsque c'etait lui par la mort duquel oute la terre nons
serait soumise.Tu nons entends,notre prince? C'estcelui-la meme
dont tu as depuis si ongtemps essayede provoquer la mort, et tu
8. C'est a traduction litterale du texte; il est evident qu'il y a des erreurs
de scribes ou de traduction. Le texte latin source (ct. commentaire) dit
ceci mundus ille qui nobis subditus fuit semperquenostris usibus mor-
tis tributa persolvit nunquam talem mortuum misit . Aussi, M. FORSTER,
«Altenglische Predigtquellen »,Archiv 116 (1906),propose-t-il d'amen-
der Ie texte anglais (en particulier en corrigeant 'geendod' / mis fin, en
'gesended' / envoye) : Le monde qui nons etait soumis depuis si long-
temps et nons payait de grands ribus par la mort -jamais auparavant un
tel mort ne nons a ete envove ... .
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R. FAERBER
Celie priere fut entendue sansdelai, et immediatement a foule
innombrable des ames saintes fut elevee, sur ordre du Seigneur,
hOTSes ourments de l'enfer, et il abattit l'ancien ennemi et Ie eta
enchaine dans es abimes de l'enfer. Les amesdes saints remplies
d'une joie ineffable s'adresserentau Seigneur,disant: Remonte,
maintenant, Seigneur,Sauveur,Christ, voici que tu as ravage 'en-
fer et enchaine dans ces ourments Ie prince de la mort. Manifes-
te maintenant a la terre la joie que, par ta resurrection, tous tes
elus puissentse rejouir de ta resurrection et y mettre leur espoir.
Adam et Eve n'etaient pas encore liberes, ils etaient encore
enchaines.Adam, d'une voix remplie de pleurs et de lamentations,
s'adressaau Seigneur,disant Aie pitie de moi, Seigneur;aie pitie
de moi au nom de ta grande misericorde et efface ma faute, car j'ai
peche contre toi seul et j'ai fait Ie mal devant toi. J'ai erre comme
la brebis qui perit. Jette ton regard sur ton serviteur, Seigneur,car
tes mains m'ont cree et fa~onne; n'abandonnepas mon ame parmi
leg habitants de l'enfer; manifeste moi ta rnisericorde et libere moi
de ceschaineset de cette prison et de l'ombre de la mort. Le Sei-
gneur et Sauveur eut pitie d' Adam et seschaines s'ouvrirent sur
Ie champ,et, embrassanteg genoux du Seigneur, l dit : Mon ame
benit Ie Seigneur et tout ce qui est en moi son saint nom. Toi qui
as montre de la misericorde pour roes autes, toi qui as gueri tous
roesmaux, tu asdelivre ma vie de la perdition etemelle, tu as satis-
fait roesdesirs de bonte .
Eve etait toujours enchaineeet, en pleurs, elle dit : Tu es uste,
Seigneur, et juste est ton jugement; il est uste que je subisseces
souffrances; j'etais en honneur au paradis et je n'en etais pas
consciente; j'etais devenue comparable et semblable a une bete
sans raison1°.Mais toi, Seigneur, bouclier de ma jeunesse, moo
bouclier, ne te souvienspas de ma folie11, e me rejette pas oin de
ton regard, ne detoume pas ta misericorde de moi, ne te detour-
ne pas en colere de ta servante ecoute, Dieu plein de grace, ma
10. Exactement, la phrase veut dire :'...j'etais devenue perverse et sem-
blable a...'; selon M. FORSTER op. cit. », Anglia 73 (1955), il Y aurait une
erreur scribale concernant Ie mot traduit ici par 'perverse., ( witherme-
de ), et il faudrait lire wiffmede = 'comparable'.
1L Ici egalement, Forster pense qu'il y a une erreur de scribe. Le mot tra-
duit ici par 'bouclier', scyld devrait etre son homonyme scyld , 'peche',
prendre la forme du genitif ( scylde ), comme Ie mot traduit par 'folie'
onunwisdomes , et etre rattache a 'fie te souviens pas' (qui demande Ie
genitif), donc : '...ne te souviens pas du peche de ma jeunesse et de ma
fnlip ,
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DEUX HOMELIES DE PAQUES
99
voix, avec aquelle moi, ta pauvre servante, e te supplie, car ma
vie et mes anneesse sont consumeesen soucis et en amentations.
Seigneur, tu sais ce dont je suis taite, que je suis poussiere et
cendres, si tu retiens mes autes. Je te supplie a present, Seigneur,
au nom de ta servante, sainte Marie, que tu as honoree de gloire
celeste; tu as rempli son sein pendant neuf mois du tresor du
monde; tu sais que 1u es ne, Seigneur,de ma fille; et que sa chair
est de ma chair et sesos de mes os. Accorde-moi ta faveur, Sei-
gneur, pour l'honneur de sa gloire, accorde-moi a faveur a moi la
plus malheureuse des femmes, man Createur, aie pitie de moi et
delivre moi des liens de la mort. Et Ie Seigneur et Sauveur eut
pitie d'Eve et ses iens s'ouvrirent sur e champ.Elle s'ecria,disant:
Que ton nom, Seigneur, soit beni dans Ie monde; car ta miseri-
corde est grande devant moi; tu as de ivre man ame de cet enfer.
Alors Abraham, Ie patriarche, et toutes les ames des saints qui
etaient enchainees epuis a creation du monde eleverent eur voix
pleine de joie, disant : Nous te rendons grace, Seigneur,et nous
te louons, car tu nous as delivres de l'auteur de la mort et tu nous
as remplis de joie par ta venue.
Alors Ie Seigneur,avec e butin qu'il avail pris dans l'enfer, sor-
tit immediatement, vivant, du tombeau, ressuscitepar sa propre
puissance,et puis revetit son corps mmacule, et il se mantra a ses
disciples, car il voulait enlever tout doute de leur coeur. Et il mon-
tra les blessures et les marques des claus a ceux qui ne croyaient
pas, car il voulait que personne ne soil dans Ie doute quant a sa
resurrection; et ensuite, aUKyeux de nombreuses personnes, il
manta au ciel et s'assita la droite de Dieu Ie Pere, d'ou il n'avait
jamais ete absentetant donne sa divinite, car il y etait toujours eta-
bli. Que tons les croyants soient dans a joie et se rejouissent, car
Ie sangdu Christ a ete verse pour nons. Rejouissons-nousdans e
Seigneur,nons qui celebronssa resurrection, car il n'a en rien dimi-
Due sa divinite en prenant Ie corps humain et il nollSa delivres de
la puissancedu diable.
Nous entendons ainsi, chefs freres, combien de souffrances Ie
Seigneur a endurees pour DOUg, n DOUgachetant avec son sang
des chaines de l'enfer. Examinons donc quelle recompense DOUg
avons a lui offrir, lorsqu'il en fera leg comptes ce meme our, lors-
qu'il siegera sur Ie trone du jugement; alors DOUg evrons avec
notre propre ame rendre compte et faire amende de to utes leg
chasesque DOUg vons faites contre sescommandements ou que
no us n'avons pas faites comme DOUg urions du. Reflechissons
avec combien de crainte toutes leg creatures devront aborder ce
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R. FAERBER
moment oil Ie jugement sera proche; la venue de ce jour sera er-
rible pour toutes les creatures.
Ce jour-la, Ie ciel et la terre et la mer et tout ce qu'ils contien-
Dentpasserontet, ce our-la, de meme Ie soleil et la lune passeront
et leg etoiles n auront plus de lUI1liere.£t la croix du Seigneursera
dressee parmi leg etoiles, cette croix qui a mis en fuite tous leg
esprits damnes sur terce. £t ce our-la, Ie ciel sera plie comme un
livre et, ce our-la, la terre sera reduite en cendres et, ce our-la, la
mer sera assechee t, ce our-la, toute la puissancedu ciel serabou-
leversee et secoueeet, six jours avant ce our, se manifesteront,
chaque our, leg signessuivants
Le premier jour, a midi, il y aura de glandes lamentations de
toutes les creatures, et on entendra une voix forte au ciel, comme
Ie bruit d'une armee qui se rassemble et se met en rangs; et puis
un nuage de sang se levera au nord et recouvrira tout Ie ciel; et
apres ce nuage, viendront des eclairs et dutonnerre toute la jour-
nee, et, Ie soil, il pleuvra du sang.
Le deuxieme jour, on entendra, venant du ciel, Ie grand bruit
d'une armee qui se prepare au combat et la terre sera deplacee et
Ie ciel s'ouvrira en partie a l'est et, par cette ouverture, sortira une
grande armee et elle couvrira et cachera e ciel, Ie soil, et une pluie
de sang et de feu se mettra a devorer et a consumer a terre et Ie
ciel tombera sur eg quatre coins de la terre12;et toute la terre sera
plongee dans l'obscurite, a la onzieme heure de ce our. Et alors
Ie peuple dira : Que Ie SeigneurDOUgpargne et ait pitie de DOUg,
lui que leg angesont loue lorsqu'il estne a Bethlehemdisant: Gloi-
re a Dieu dans eg ieux tres hauts et aux hommes sur erre qui soot
de bonne volonte .
Le troisieme jour, la terre au nord et la terre a l'est se parleront,
et les profondeurs rugiront et voudront devorer la terre. Alors
toutes les puissancesde la terre seront renverseeset il y aura un
grand tremblement de terre, ce our-la.
Le quatrieme jour, apres a tJoisieme heure, il y aura de grands
coups de tonnerre dans Ie ciel; et toutes les idoles tomberont; et
puis ce sera Ie coucher du soleil et pourtant aucune umiere n'ap-
12. Forster propose de corriger gefeaIIen 'tomber' en gefealden
'plier'; mais,dans e poeme riandais Saltair na Ran (cf. commentaire), il
est bien dit, sembIe-t-iI,Que e ciel tombera sur Ia terre.
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DEUX HOME-LIES DE PAQUES
paraitra; et la tune sera eteinte et la terre sera plongee dans les
tenebres; et les etoiles iront a contresens13oute la joumee ; et les
hommes pourront les voir aussiclairement que la nuit lorsqu'il fait
tres froid; et its halront les richessesde ce monde et to utes les
chosesqu'ils aiment.
Le cinquieme jour, a la troisieme heure, Ie ciel eclatera de l'est
a l'ouest; et tous les anges egarderont par cette ouverture la race
des hommes. Et alors tous les hommes verront que Ie moment de
la fin du monde est arrive. lIs fuiront dans les montagnes et se
cacheront devant a presencedes angeset ils diront a la terre et la
supplieront de les engloutir et de les cacher et ils souhaiteront
qu'ils n'eussent amais ete engendres par leur pere et leur mere.
C'est ce qui a ete prophetise autrefois dans les livres du Christ:
Heureuses celles qui sont steriles, heureux les ventres qui n'ont
jamais engendre et les seins qui n'ont jamais allaite , Et puis ils
diront aux colliDes et aux montagnes : Tombez sur nous et cou-
vrez et cachez-nous,pour que nous ne subissionsplus la terreur
que nous inspirent ces anges.Maintenant tout ce que nous avons
tenu cache devient manifeste.
Le sixieme our, avant a troisieme heure, des quatre extremites
de la terre, Ie monde entier sera rempli d'esprits damnes, qui
essaierontde faire un grand butin d'ames humaines,comme ' An-
techrist l'avait fait auparavant. Et quand il viendra, il menacera
d'envoyer dans leg tourments eternels leg ames qui ne lui obeis-
sent pas; et puis a la fin lui-meme sera chassedans leg douleurs
eternelles. Ce jour-1ft donc, saint Michel viendra avec une armee
celeste d'esprits saints et il tuera tons leg damnes et leg chassera
dans eg abimes de l'enfer a causede leur desobeissance ux com-
mandements de Dieu et a cause de leurs peches. Et alors toutes
leg creatures verront la puissance de notre Seigneur, bien que
maintenant l'humanite ne veuille pas a reconnaitre.
Apres ceschoses, e septieme our seraproche. Et saint Michel,'Archange,
ordonnera de sonner es quatre trompettes aux quatre
13. Le mot anglais withersynes est un hapax; Morris, dans son glossai-
re des Blickling Homilies, Ie traduit par a cross he sight ? , et les autres
lexicographes ont adopte ce sens. M. FORSTER,«p. cit. », Anglia 73
(1953), se fondant sur une etymologie possible, approche Ie mot du mot
allemand 'widersinnig', 'qui est contraire au bon sens,absurde..'; notre
phrase pourrait dans ce cas signifier que 'les etoiles prennent un COUTS
contraire a leur COUTSabituei'.
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102
R. FAERBER
extremites de la terre et tons les corps ressusciterontde la mort,
qu'ils aient ete cachesdans a terre ou noyes dans l'eau ou devo-
res par les animaux sauvagesou enleves par les oiseaux ou dechi-
quetespar les poissonsou qu'ils aient quitte cette terre d'une autre
maniere. Tous devront se relever et aller au jugement, dans la
forme dont ils s'etaient pares de leur vivant. Mais ce n'est pas d'or
ou de vetementsde pourpre, mais de bonnes et saintesactionsque
nons devonsetre pares, si nons voulons etre it la droite du Seigneur
et SauveurJesus-Christavec es ames ideles et elues, qu'il enver-
ra dans a lumiere etemelle.
Aussi devons-nonssonger, ant que nons Ie pouvons, ace dont
notre ame a besoin, de penTde manquer cette occasion avorable
et de vouloir nons repentir quand ce sera trap tard. Sayans
humbles et misericordieux et charitables, debarrassons-nousde
tout ce qui est frauduleux et mensongeret haineux et chassons-le
de notre coeur et sayans ustes es uns envers es autres. Car Dieu
lui-meme ne tiendra pas compte de la penitencede qui que ce soit,
et aucune ntercessionne servira a TieD, ar il sera alors plus cruel
et plus impitoyable qu'aucune bete sauvage ou que ne pent Ie
devenir n'importe que Ie humeur violente. Et plus la puissance
d'un homme aura ete grande et plus il aura ete fiche sur cette erre,
plus Ie luge supreme sera exigeanta son egard, lorsqu'il sera sou-
mis a un jugement strict, comme il est dit : "Celui qui jugera les
pauvres sansmisericorde, sera soumis a un jugement severe."
Reflechissonsdonc, ires chers freres, avec sagesse t discerne-
ment, aces choses,pour que, grace a nos oeuvres de justice et a
noire misericorde, nollS rouvions un uge clement et que, par l'hu-
milite et par l'amour veritable de Dieu et des hommes,nous acce-
dions au bonheur eternel avec noire Seigneur a on il vit et regne
d'eternite en eternite. Amen.
HOMELIE CCC41
[Etant donne la mediocrite du manuscrit, nons avons fait appel
a la version de CCC303, bien meilleure, bien qu'elle presente elle
aussides difficultes d'interpretation.]
Hec estdies quam ecit Dominus, exultemuset letemur ea
Treschers reres,on nousparle dansce ivre du grandevene-
menp4 qui s'est produit cette nuit : notre Seigneur et Sauveur
14. CCC303 dit "wundre" = 'miracle'
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EUX HOMELIES DE PAQUES
Jesus-Christ, elie nuit, celIe d'aujourd'hui, est essuscite esmarts
1'1 inuit et il est descenduchez es habitants de l'enfer, car il vou-
lait ravager 'enfer -et c'est ce qu'il a effectivement ait -et vaincre
Ie prince des demons. Et c'est ce qui lui est en eifel arrive15.Le
diable est appele et nomme Satan, c'est 1'1ire Ie prince du mal, et
il regne et demeure dans es profondeurs de l'enfer. Nore Seigneur
est descendudansl'enfer pour delivrer les amesdes saints. Il est
dit, dans ce livre, qu'accourut aux partes de l'enfer line foule
d'hommes affreux et horribles 1'1oir. Et il est dit que ceshommes
etaient les gardiens des habitants de l'enfer et des partes de l'en-
fer, et qu'ils voulaient fermer celles-ci pour empecher que noire
Seigneur vienne et entre. Il est dit qu'ils furent terrifies, lorsque
noire Seigneurvint aux partes de l'enfer celie nuit, et que les ver-
rOllS e briserent et tomberent 1'1erre 1'1 on approche. Et il entra,
noire Seigneur, et il mil l'enfer en pieces et delivra les ames des
saints qui etaient pendant si ongtemps dans es tourments. Et les
diables se dirent les tins aux autres : "Oh qui pourrait bien etre
ce guerrier qui penetre chez nous? Est-ce que nos gardiens dor-
maient, lorsque ce heros est venti chez nous?16ou bien aurait-il
fait un pacte contre noire chef? ou bien l'aurait-il tue et ainsi pu
penetrer chez nous ?"
Le chef des diables avait quitte sescomparsesde l'enfer? pour
inciter les uifs it.clouer Ie Christ sur a croix, et il n'etait pas enco-
re revenu, helas, pour voir quel carnage etait reserve it. 'enfer.
Et notre Seigneurpenetra plus avant dans 'enfer avec 'eclat de
sa umiere, jusqu'a ce qu'il vit Adam, notre peTea tons, avec ons
ses descendants. Et Adam prit la parole et dit: "(Nous nons
demandons) Quelle est celie lumiere qui brille si fortement dans
cet enter a travers ce monde terrible ?"18Et les diables se dirent
les uns aux autres : "Quel est cet etre si brillant et si eclatant qui
nons accable de sa lumiere? On nons vent du mal. Jadis nons
avons ete condamnesa nons cacheT ans nos cavernespour qu'il
ne nons tourmente pas avecsa errible force. Oh, nons savonsque
jamais personnen'a eu 'audace auparavantde penetrer cheznons
vivant. Est-ce qu'il partira d'ici sansque nons ne puissions nons
15. Litteralement : 'et celui-ci a vraiment fait l'experience que c'etait bien
Iii-son ntention'.
16. Ces questions sont en discours indirect, introduites par: "talia5 we",
'nous nous demandons'; dans CCC 303, a formule est "wene we".
17. CCC303 : "wresof 5rerehelle gefaran" : 'etait paTtide l'enfer'.
18. Ct. note 16.
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R. FAERBER
venger?19Nous savonsque amais auparavant ] 2°.Jamaisune
lumiere si belle n'est venue dans ce lieu aveugle, dans ce noir
abime. Et DOUg ntendons et voyons que ces affreux tourments
eternels soot rendus muets, que ce lieu infernal et ces ortures sont
rendus aveugles, ce qui ne s'est amais produit auparavant. Ces
amesne tremblent plus sousnos coups, elles ne tressaillentplus et
ne sont plus terrifiees. Et DOUgoyons que cet etre brillant est venu
ici pour delivrer ces ames. I ravage l'enfer; il ne veut pas rester
avec DOUgans ces ourments.
Et puis, est-il dit, alors que les diables se lamentaient ainsi, la
foule des premiers etres humains et Ie peuple en detresse,Adam
et sa descendance, omberent aUKpieds du Seigneur et en pleurs
lui direntZ1: Seigneur, delivre-nous de ces tourments, pour
qu'apres toi il n'y ail plus de diable pour nous opprimer. Et
lorsque Ie puissant Satanse precipita sur lui avec orce, noire Sei-
gneur viot et lia Ie prince desdiables et Ie fouta aUK ieds et detrui-
sit sa puissance.Et noire Seigneurprit Adam par la main et Ie lira
de l'enfer avec toutes les ames ustes qui se trouvaient la. Et ce
jour-la, Ie jour d'aujourd'hui, il oonduisit a grande oule dessaints
avec ui hors de l'enfer et la mena au ciel et fit asseoir es ustes sur
les siegesqui etaient restes noccupes pendant si ongtemps.
Nous devons donc avoir present a l'esprit, tres chefS reres, dit
l'auteur de ce livre, que notre Seigneuravait 'intention, cette pre-
miere nuit de Paques,de revenir sur cette terre, pour mettre fin a
ce monde, comme ille dit lui-meme: Je viendrai et j'apporterai
avec moi les recompenses. I reviendra dansce monde, il viendra
et ce sera errible. Le soleil et la lune s'obscurciront, et les etoiles
tomberont sur terre, et les cieux seront replies comme un livre. Et
notre Seigneur enverra quatre anges et ceux-ci souffleront dans
quatre trompettes aux quatre coins de la terre. Puis [il est dit] que,
lorsque les trompettes auront sonne, ni poisson, ni oiseau, ni eau,
ni bete, ni feu, ni les nombreusescreatures le
corps de l'homme sur cette terrt (dans l'eclat de son regard) (en
19. Ct. note 16. /
20. Le texte semble dire: jamais auparavant sur terre nous n'avons vu
un tel etre dans notre lieu de securiti (selon e manuscrit; la phrase eta-
blie par Hulme n'a guere de sells).Le texte de CCC 303dit: jamais aupa-
ravant la terre ne nous a envoye un tel etre dans notre lieu de securite .
21. L'analysesyntaxiquede cetle phrase, elle que Hulme l'a etablie,pose
probleme: CCC 303 nous a permis d'en retablir la structure.
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DEUX HOMELIES DE PAQUES
105
un clio d'oeil)Z2,alors a terre sera aussineuvequ'elle l'etait Ie jour
oil Dieu l'a creee. Alors l'ame et Ie corps seront reunis, et
ensemble ls sortiront de la terre et iront au ugement; et puis la
terre brulera avec tOllSses resors et elle se consumera et fondra
et s'enfonceradans 'enfer (?). Et notre Seigneurseraassissur son
traDe et il aura dans eg mains sa croix et elle brillera sur toute la
terre et elle sera couverte de sang,comme elle l'etait Ie jour de sa
passion; et leg blessuresseront ouvertes et aussi raiches qu'elles
l'etaient Ie jour oil Judas (sic) en a afflige a soncorps. Du feu bru-
lera devant Ie traDe du Seigneur,et toute la race humaine brulera
dans ce feu, avant de se presenter au ugement, afin que chacun
soit d'autant plus brillant et clair aux yeux du Christ. Et puis leg
anges de Dieu examineront leg oeuvres accomplies par chaque
homme, qu'elles aient ete bonnes ou mauvaises.Les hommes se
tiendront devant Ie jugement, ceux qui ne lui auront pas obei, ni
observe sesenseignementsmaintenant. Ils seront a tremblant et
pleurant, et leur valeur ne serapasplus grande qu'ici sur erre celie
du plus viI esclave. Quant aux princes et aux rois qui maintenant
prennent et saisissentpar a force leg biens des pauvres, ls hale-
teront23et respireront fortement et du sangcoulera sur leur visa-
ge et il ne leur sera donne aucune purification ni repos.
Helas, ce sera un jour amer et un jour terrible. Ce sera,helas, e
jour du malheur et Ie jour de la sonnerie des COTS,e jour des
grands cris et Ie jour de l'anxiete. Ce sera, helas, Ie jour de la
detresseet Ie jour de l'affliction; et ce sera,helas, e jour tremblant
du jugement qui attend tOllS eg hommes. Et leg anges de Dieu
viendront et separeront eg bong des pecheurs, et ils placeront leg
bong a droite et leg pecheursa gauche. Et notre Seigneurse tour-
nera alors veTSa gauche et il s'adresseraa tOllS eg pecheurs, out
comme s'il parlait a chacun en particulier, et il dira: "0 homme,
je t'ai forme de mes mains pour que tu sois a moo image Je t'ai
place au milieu des delices du paradis, et tu as meprise leg beaux
22. Le sells de ce passageest difficile a determiner et meme Ie texte de
CCC303ne permet pas de resoudre Ie probleme. L'enumeration semble
rappeller ce qui est dit dansBlickling VII a propos des diversescausesde
la mort des hommes. Est-ce que Ie sellSpourrait etre : 'ni..ni...ni-- ne
detruiront plus Ie corps de l'homme et en un clin d'oeil tout sera aussi
neuf qu'au jour de la creation'? ou bien: 'il n'y aura plus de distinction
entre poisson, oiseau et en un clin d'oeil etc.' ? D'autre part, CCC 303
dit: 'en un clin d'oeil', et CCC 41 dit : 'dans l'eclat de sesyeux'.
23. Le manuscrit lit: "hisworccettap" que Hulme a decompose en "his
worc cettap", ce qui ne donne pas de sens; il faudrait Ie decomposeren:
"hi sworc(c)ettap",ce qui signifie "ils haletent ou haleteront", dont l'idee
est reprise dans Ie verbe suivant.
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106
R. FAERBER
commandements et tu as prefere suivre Ie seducteur plutot que
celui qui t'a cree. Tu t'es exclu du destin que je t'avais offert et tu
as rejete la gloire et choisi la mort. Alors je me suis abaisseafin
d'entrer dans un sein virginal, et je suis ne par une naissance
humaine 24 our toi, et j'ai supporte les inconvenients de la petite
enfance et j'ai souffert les souffrances humaines, j'ai endure les
gifles qu'on me portait sur Ie visage et l'on a crache sur ma face et
j'ai bu du vinaigre et du fiel; et l'on m'a frappe de verges et l'on
m'a place une couronne d'epines sur a tete et j'ai laisse ransper-
cer moo cote, pour t'arracher a fa mort.
Regarde maintenant et vois les cicatricesde mes blessureset les
marques des clous dont moo corps a ete transperce. Tout cela, e
l'ai souffert pour toi, lorsque 'ai voulu que tu regnesau ciel. Pour-
quoi, 0 homme, as-tu oublie tout ce que j'ai souffert pour toi, et
pourquoi reponds-tu a tout cela avec ngratitude? Je ne me plains
pas de ma mort25mais rends-moi ta vie, pour laquelle j'ai donne
la mienne. Pourquoi me souilles-tu avec tes peches moi et Ie
temple que je m'etais consacre en toi? Tu as donne au diable la
maison dans aquelle je pensaisreposer. Pourquoi te depouilles-
tu maintenant de la joie du royaume ces cieux? Plus lourde etait
la croix de tes pechesque la croix sur aquelle j'ai ete tue.
Et voila je vous dis, eloignez-vousde moi, maudits, dans Ie feu
eternel; et je ferme devant vous aujourd'hui les portes du royau-
me des cieux, comme vous avez ferme la porte devant les mal-
heureux qui vous ont supplies en mon nom. Je ne veux plus
entendre voile voix aujourd'hui comme vous ne vouliez pas
entendre la voix de ces pauvres.
Les diables se saisiront alors de ces ames et les meneront en
enter. Puis sainte Marie se evera et s'avancera et s'agenouillera
devant notre Sauveur et Ie suppliera de pardonner au tiers de la
foule des condamnes: et ill'exaucera et il iTa separer un tiers de
ces ames et placera es bolls a sa droite.
Puis saint Michel se evera et s'avanceraet s'agenouilleradevant
noire Sauveur et Ie suppliera de pardonner a un tiers de la foule
24. Le texte dit mines ece gebyrd = 'ma naissanceetemelle'; CCC 303
parle de mrennescgebyrd = naissancehumaine'.
25. Le texte semble res corrompu a cet endroit. CCC 303 est plus clair et
correspond a la source atine (ct. commentaire): non tibi ego de morte
mea queror (je ne me plains pas a toi de ma mort). Un des poemes sur
Ie jugement demier s'inspire de la meme source et dit : Ne ascige c nu
owiht bi pam bitran dea~e minum , qui traduit la phrase atine.
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DEUX ROMP-LIES DE PAQUES
107
des condamnes.Et ill'exaucera et iTa separerun tiers de ces ames
et placera les bons a sa droite.
Puis saint Pierre se Ievera et il s'avancera et s'agenouiIIera
devant notre Sauveur et Ie suppliera de pardonner a un tiers de Ia
foule des condamnes.Et iII'exaucera et il iTa separer un tiers des
ces ames et placera Ies bans a sa droite.
Et leg diables se saisiront de ceux qui resteront et leg meneront
en enter, et saint Pierre leg suivra et il fermera l'enfer et ettera la
cl6 dans leg profondeurs, pour que jamais plus Dieu ne s'en sou-
vienne26.
Et alors notre Seigneur se tournera veTS es bans et dira:
'Lorsque 'avais faim, VallSm'avezdonne a manger; orsque 'avais
soif, VallSm' avez donne a boire; lorsque j' etais nu, VallSm' avez
vetu; lorsque j'etais un etranger, valls m'avez recueilli; lorsque
j'etais malade, valls m'avez visite.' Et ils diront: 'Domine, quand
etait-ce que tu etais dans e besoin?' Et notre Seigneur eur repon-
dra: 'Lorsque VallSavez fait l'aumane aux pauvres, c'est moi qui
l'ai re<t'ue.'Et il se evera, notre Seigneur,de son trane et il mon-
tera au ciel et avec lui taus ceux qui maintenant ici sur terre aspi-
rent au royaume et qui Ie meritent et qui obeissentaux comman-
dementsde notre Seigneur.Et Ie Seigneurvit et regne,PeTeet Fils
et Saint Esprit, d'eternite en eternite. Amen.
COMMENTAIRE
Les deux homelies font partie de ce qui a ete appele les home-
lies anonymesvernaculaires , pour les distinguer des homelies et
sermonsdes deux grands predicateursde la fin du Xe siecle, Elfric
et Wulfstan. D'autre part, laplupart de ceshomelies ont ete com-
posees avant la reforme benedictine du milieu du Xe siecle, bien
que les manuscrits dans lesquels elles ont ete copiees datent au
plus tot de la fin du Xe siecle et surtout des XIe et XlIe siecles.
Nos deux homelies sont des sermons composites a caractere
parenetique, les exhortations etant integrees dans Ie fecit de la
Descente aux enters et de la resurrection et dans celui des temps
derniers et du Jugement, et non pas fondees sur des passages
bibliques explicites; il n'y a guere d'elements exegetiques.
26. Ici egalement, DOllS vons choisi Ie texte de CCC 303.
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R. FAERBER
C'est d'ailleurs une des caracteristiquesde la plupart des home-
lies anonymes ...l'accent est presque entierement tropologique.
La preoccupation mmediate des predicateurs etait de convaincre
leurs auditeurs pour qu'ils vivent une vie moralement droite dans
ce monde. La dimensioneschatologiqueres importante deshome-
lies est un moyen d'exhortation en dressant un tableau vivant et
direct des recompensesde la vertu et des punitions de l'iniquite.
Les predicateursne s'interessentpas, semble-t-il, aux aspectsdog-
matiques ou n'ont pas eg connaissances ecessaires,ls ne specu-
lent pas sur egdifferents mystereschretiens et ne font aucun effort
exegetique 27.Nos deux homelies en sont une bonne illustration.
Et cela explique aussi pourquoi on a recours dans ces home ies
anonymesa des sourcesautres que bibliques, aux grands predica-
leurs du passe,mais surtout aussia des sourcesapocryphesplus
ou moins orthodoxes.
Comme dit dans l'introduction, la particularite de ces deux
homelies est l'association hematique explicite de la Descente aux
enters et du Jugementdemier. Cette associationn'a rien de vrai-
ment original au plan theologique. II y a un lien evident entre Ie
jugement qui a lieu dans l'enfer -liberation des ames ustes et
enchainementde Satan -et Ie jugement de l'humanite a la fin des
temps; leg deux sont des evenementssoteriologiques fondamen-
taux. Mais ce n'est, semble-t-il, que dans ces deux textes anglais
que ce theme re~oit un traitement homiletique original.
L'association typologique de la Descente et du Jugement est
tres nettement au creur de cette homelie. La Descente est en fait
presenteecomme un exemple ou un paraUeledu Jugement,et dans
leg deux mouvements, 'accent est mis sur Ie salut des ustes. Nous
ne savonspas s'il existait une homelie latine comportant tOllSces
elements; si Qui, 'auteur de notre homelie n'aurait fait que tra-
duire sa source. I me semble plus probable, pourtant, que l'asso-
27. ... the emphasis s almost entirely tropological. The preachers are
concerned with the immediate problem of convincing their hearers o live
moral lives in this world. The considerable eschatological dimension in
the homilies is a means of exhortation and of making vivid and immedia-
te to the audience the rewards for virtue and the punishment for iniqui-
ty. The homilists seemuninterested or unable to explore points of dogma,
to speculate Christian mysteries,and to develop ntricate exegetic argu-
ments . Cf. M. A. DALBEY,«Themes and Techniques in the Blickling
Homilies », in P. E. SZAMACHB. HUPPE Ed.), The Old English Homi-
ly and its background, New York, 1978,p. 221.
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DEUX HOMELIES DE PAQUES
109
ciation de la litterature sur a Descente ...avec du materiel apoca-
lyptique ait ete faite en premier par lui. 28
Mais DOUgaissons aux specialistes Ie so n d'en faire l'analye
theologique et exegetique. Le commentaire qui suit ne concerne
que leg textes, leurs sources eventuelles, leurs rapports avec
d'autres textes contemporains. Nous traiterons leg deux homelies
separement, car malgre leur identite thematique, elles soot nde-
pendantes 'une de l'autre.
L'homelie Blickling VII
Dans Ie manuscrit, cette homelie fait suite a quatre homelies
pour quatre dimanches du Careme, qui soot fortement parene-
tiques et qui mettent l'accent sur l'action salvifique du Christ, et
l'homelie de Paquessemble couronner cela en proclamant la vic-
toire definitive du Christ sur Satan et la liberation des ustes. Et
cette action est annonceedeja dans ceshomelies.Ainsi, dans celIe
pour Ie dimanche des Rameaux, il est dit que la victoire procla-
mee ce our signifie la victoire que Ie Seigneur riomphant a rem-
portee sur Ie diable [...] lorsqu 'il descendit (aux enters) et devas-
ta l'enfer et emmena es amesdes ustes et delivra de la puissance
du diable tousceux que, depuis Ie commencementdu maude, il y
avail mis en servitude , et 'homelie conclut par: Les justes, avant
la venue du Christ, crurent en lui et l'aimerent et parlerent de sa
venue; par sa Passion, ls furent liberes des tourments de l'enfer
et furent sauvespar sa resurrection... et DOllS ayansaussiqu'il va
revenir DOllSuger et mettre fin a ce maude. II taut donc qu'il DOllS
trouve prets, et DOllS ayansque dans ce bref espacede temps il
28. The typological associationbetween he Descent and the Judgment
is clearly at the very heart of this homily. In fact the Descent s created as
an extended exemplum or parallel for the Judgement, with the final
emphasis in both sections on salvation of the just. We do not know, of
course, whether a Latin homily existed which contained all of this mate-
rial, in which case he Blickling homilist was merely translating. It seems
more likely to me, however, that this combination of Descent ore... and
Apocalypse material was first made by this homilist for this homily .
J. CAMPBELL, op. cit. », Viator (Medieval and RenaissanceStudies)13
(1982). Cf. M. A. DALBEY«Patterns of preaching in the Blickling Easter
Homily», TheAmerican BenedictineReview 24 (1973).
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R. FAERBER
DOUgaut meriter Ie repos eterneI, et puis DOUgejouir dans a oie
angelique avec notre Seigneur Iii. 011 l vit et regne iI. amais.
Amen 29.
Notre homelie commence par sittler Ie theme: la relation inti-
me entre l'evenement pascalet Ie Jugementdernier. Celui-ci aura
lieu un jour de Paques.Et a ce moment seront presents devant Ie
trone du Seigneur la race des anges, a race deshumains et la race
des diables . Ce detail est un motif frequent dans es homelies et
dans a poesie sur Ie Jugement demier et il semble particulier a la
tradition anglaise3O.I est vrai que l'on trouve one representation
semblable dans one homelie de Saint Ephrem (ou plutot pseudo-
Ephrem), oil il est dit : II tela apparaitre devant lui Ie ciel et la
terre pour les uger. Les habitants du ciel et es habitantsde la terre
se tiendront tremblants devant ui. La foule de ceux en haul et la
foule de ceux dans es lieux inferieurs seront remplies de frayeur
face au jugement qui les menace... 31.Mais lien ne permet d'eta-
blir un lien entre Ie pseudo Ephrem et les homelies anglaises il
n'etait pas nconnu, mais l y a trop peu de traces pour pouvoir par-
ler d'influence32.
La Descente aux enters
Comme Ie souligne Campbell (1982),dans aucunautre texte en
prose en vieil-anglais Ie fecit de la descenteaux enfers n'a ete trai-
te de maniere si detaillee. Apres une sorte de resume de l'action
du Christ dans sa descente, il y a un long discours des diables
effrayes s'adressanta leur chef Satan 'accusant d'avoir mal cal-
cule son coup. Puis, il yale discours des amesdes ustes s'adres-
sant au Christ liberateur, Ie glorifiant pour sa venue et son acte de
29. R. MORRIS, p.cit., Londres, 1874-1880, . 63.
30. M.R. GODDEN,« n Old English penitential motif» dans Anglo-Saxon
England 2 (1973). A part les exemples cites par Godden, on peut citer
trois autres occurenceshomiletiques, signaleespar C. A. LEES, Theme
and Echo in an anonymous Old English Homily for Easter », Traditio 42
(1986),p.115-142: dans 'homelie de Cotton Junius 121,dont il seraques-
tion en annexe,dans une homelie du manuscrit de Corpus Christi Colle-
ge Cambridge 162 (publiee par H.L.C. TRISTRAM, ier altenglischePre-
digten aus der heterodoxen Tradition mit Kommental; Uebersetzung nd
Glossar, Freiburg im Bresgau, 1970) et dans l'homelie, In die Sancto
Pasce,publiee par C. A. LEES, op.cit. », Traditio 42 (1986).
31. Selon a traduction allemande de E. BECK,CSCO, vol. 321,Sermo I,
p. 9, ignes 341-346.
32. Cf. J.D.A. OGILVY,Books known to the English 597-1066,Cambrid-
ge/MA,1967.
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DEUX HOME-LIES DE PAQUES
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liberation. Ensuite, c'est Ie tour d' Adam et d'Eve de supplier Ie
Seigneur de leur pardonner leur faute initiale. Enfin, c'est Ie brei
chant de louange d' Abraham et des ames delivrees.
On a mis ce fecit, jusqu'a present, en rapport direct avec un ser-
mon pseudo-augustinien, Ie Sermo 160 dans Migne PL 39.33Ce
sermon a comme titre dans Migne De Pascha . C'est un sermon
composite que Migne subdivise en 5 sections et que Ie Diction-
naire de theologie catholique34decrit en ces termes : ..(Le ser-
mon) est comme Ie canevasdetaille d'un drame en cinq actes.
Au premier point, un recitatif met en relief la liberation du Sau-
veur, montre qu'il est a mort de la mort et la morsure de l'enfer.
Au second point, ce sont les exclamations du Tartare a l'arrivee
du Christ. Au troisieme, les objurgations de l'enfer au diable son
chef. Au quatrieme, les supplications des ustes a leur Sauveur.
Au cinquieme, par une permission de Dieu, les justes se retour-
nent contre leurs bourreaux, et chantent la victoire du Verbe
incarne.
En note, Migne indique que Ie texte est consarcinatus ex Gre-
gorii et Eusebii sententiis , une compilation d'extraits de Gregoi-
re et d'Eusebe; d'autre part, il met certaines sections entre cro-
chets et dit en note quae minime reperiuntur in manuscriptis et
quibus distractis, caetera inter se aptius cohaerent , que cespas-
sagesne se trouvent que rarement dans leg manuscrits et que, si
on leg enlevait, Ie reste constituerait un tout coherent.
En effet, leg parties non mises entre crochets torment un ser-
mon coherent sur la Descente aux enters. Or ce sermon existe
effectivement dans 3 manuscrits anglais du XlIe siecle B.M. Har-
ley 652; Cambridge University Library I 1,2.19 et Gonville and
Gaius College Cambridge 149/199. II a aussiete utilise par Mar-
33. Cf. M. FORSTER,Altenglische Predigtquellen I », Archiv fUr das Stu-
dium der neueren Sprachenund Literaturen 116 (1906),p. 301-307.D.N.
DuMVILLE, « Liturgical Drama and panegyric responsory from the eigth
century? A fe-examination of the origin and contents of the ninth-cen-
tury section of the Book of Ceme », The Journal of Theological Studies,
23 (1972), p. 374 -406. J.J. JACKSON, op.cit. », Viator (Medieval and
RenaissanceStudies)13 (1982).
34. Rubrique: Descente aux enfers, vol.4/1, p. 607.
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R. FAERBER
tinus Legoniensis35. 1est attribue a Augustin.36 Nous Ie designe.
rODS ar la suite par 'homelie Harley'.)
Le SerIno 160de Migne Ie reproduit en l'amalgamanta d'autres
homelies, dont une qui a probablement servi pour l'homelie
CCC41, comme nous Ie verrons plus loin. La partie Descente aux
entersde Blickling VII est ondee sur ce sermon et en est une tra-
duction partielle, parfois litterale.
Ce qui est pourtant original et remarquable, ce sont es discours
d' Adam et d'Eve, qui ne se trouvent pas dans l'homelie Harley.
Aucune source n'en ete trouvee jusqu'a present.
Mais une source a dfi exister it. 'epoque de la composition de
noire homelie, car quatre autres textes de l'epoque vieille-anglai-
se y ont puise, l'un en latin, les trois autres en anglais.
Le texte latin se trouve dans ce qui a ete appele The Book of
Cerne , Cambridge University Library Ll.I.lO, un manuscrit du
debut du IXe siecle.37C'est une Descente aux enfers qui semble
avoir la forme d'un drame liturgique et doni Ie texte reproduit en
partie exactement l'homelie Harley, mais qui, comme Blickling
VII, continue par les supplications d' Adam et d'Eve; Ie discours
d'Eve est tronque, car il manque un feuillet a cet endroit du
manuscrit.
Le meme sermon Harley a ete utilise dans une home ie qui se
trouve dans e manuscrit Junius121 a la Bodleian Library Oxford.
Le manuscrit est une collection d'homelies d' Elfric avecquelques
home ies 'anonymes' dont une pour Paques, In Die resurrectio-
35. Sermo 25, PL. 208,col. 926s. Notons que Martinus Legoniensis XIIe
siecle)prolonge Ie fecit de Ia Descente aussidans une perspectiveescha-
tologique : per triumphum passioniset resurrectionis Christi, Deus res-
taurabit omnia quae in coelis et in terris per peccatumprimi hominis sen-
serunt detrimenta , et ainsi a ouvert nobis portas caelesti regni . Et il
conclut par I'exhortation: debemus ambulaTe n quantum possibile est
sicut Christus ambulabit .
36. M. R. JAMES, ans son Descriptive Catalogue of he Manuscripts n the
Library of Gonville and Caius College,Cambridge, 1907,par exempIe, e
decrit camille sermon de Aureli Augustini Doctoris Egregi Yponsenis
episcopis,avec six autres textes d' Augustin .
37. Le manuscrit a ete publie par A.B. KUYPERS,The Prayer Book of
Aetheluald the Bischop, commonly called the Book of Cerne,Cambridge,
1892.La section qui nous nteressea ete publiee et commentee par D. N.
DUMVILLE,«op.cit. », The Journal of Theological Studies23 (1972).
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114 R. FAERBER
Hwret, pu tram minre dohtor, drihten, onwoce
idee ne se trouve pas dans Junius 121.
' .
Notonsquecette
Voici une traduction de la supplication d'Eve de Junius 11:
...Evene pouvait pas encore lever es yeux sur a gloire (du Christ)
et elle prit la parole et dit : Je t'ai offense autrefois, Seigneureter-
nel, lorsque Adam et moi nons avonsmangedeux pommes, nduits
par la malice du serpent, ce que nons n'aurions pas dfi faire. Le
detestable etre, qui maintenant brule a jamais dans cet abime de
feu, nons instruisait, disant que nons aurions la gloire, un sejour
bienheureux, Ie ciel, en notre possession.Et nons avons cru aux
paroles de cet etre maudit et nous avons cueilli Ie fruit brillant sur
l'arbre sacre. Mal nons en prit, lorsque nons avons dfi entrer dans
ce gouffre de feu et sejourner des milliers d'anneesdanscette ter-
rible chaleur. Je te supplie maintenant, Seigneur des cieux, par
cette armee,cette foule d'angesque tu asameneeavec oi jusqu'ici,
permets-moide sortir de la avec es miens. Et elle tendit les mains
au roi des cieux et supplia Ie Seigneur de lui accorder sa bien-
veillance au nom de Marie: N'est-ce pas de ma fille que tu es
venn sur terre pour Ie saint des hommes? Et maintenant, il est
devenumanifeste que tu es DieD, Ie Createur etemel de toutes les
creatures.
Une comparaisonentre Harley, Ceme, Junius 121 et Blickling
permet d'etablir les rapports suivants entre les quatre textes, en
prenant comme base Harley: Harley comprend 4 parties: (1) la
descente aux enters du Christ, (2) la complainte des diables
effrayes, (3) la supplication et la louange des ustes, en deux par-
ties separeespar une section recitative, (4) l'exhortation de l'ho-
meliaste.
Ceme reprend a partie (3) ; completant a supplicationdes ustes
par une serie de versets de psaumes, l remplace la louange des
justes par une autre sene de versets de psaumeset ajoute les sup-
plications d' Adam et d'Eve.
Junius utilise Harley (2) (complainte des diables) et continue
par Ie texte tel qu'on Ie trouve dansCeme.
Blickling traduit Harley en ajoutant les supplications d' Adam
et d'Eve.
La Martyriology et Christ et Satan ont puise a cette meme
source.
Cette source atine a ete composeeprobablement en Angleter-
Ie, et, comme Ie plus anciendes extes, Ceme, est du VIIIe siecle.
11 e peut qu'elle date de la meme epoque et que Ie lieu de com-
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115EUX HOME-LIES DE PAQUES
position soit la Mercie. 11n'est pas impossible qu'il y ait eu une
influence irlandaise; Dumville41 aborde Ie probleme a propos de
Cerne, mais ne fournit aucune reponse precise.
Ce qui est nteressanta noter estque Ie materiel ajoute par l'au-
leur de Cerne, ainsi que leg supplications d' Adam et d'Eve, sont
une compilation de versets des Psaumes.Dumville leg a identi-
fies42,et il precise que Ie Psautier utilise etait Ie Psautier dit
Romain43.Selon Dom Robert Weber44Ie plus ancien manuscrit
de ce Psautier est anglais,copie au VIIIe siecle; au IXe siecle ont
ete ajoutees des gloses nterlineaires en vieil-anglais (mercien);
cette version glosee se trouve dans Ie manuscrit British Library
Cotton VespasiusA I .45 es versets atins de Cerne et leg textes
anglais de Blickling et de Junius correspondent presque exacte-
ment au texte de ce Psautier glose. II est donc possible qu'il ail
servi aux auteurs de ceshomelies.
Ce qui est certain, c'est que la Descente aux enfers dans ces
textes, homelies et poemes, ne derivent pas du texte de I' Evan-
gile de Nicodeme Actes de Pilate,mais, comme Ie montre Camp-
bell, d'une tradition homiletique -voire liturgique -parallele.
En effet, comme Ie note Fernand Cabrol46, de bonne heure les
liturgies firent une place a la descente aux enfers, generalement
dans es offices de la semaine sainte ou du temps de Paques , ce
qu'il illustre par quelques citations de textes liturgiques dont Ie
contenu rappelle tout a fait certains aspectsde nos homelies et
poemes.
L' Evangile de Nicodeme etait connu en Angleterre, mais pro-
bablementplus tardivement. Une traduction anglaiseen a ete faite
au XIe siecle, dont il existe trois manuscrits Cambridge Univer-
41. D.N. DUMVIUE, « op.cit. », The Journal of Theological Studies 23 (1972).
42. D.N. DUMVILLE, « op.cit. », The Journal of Theological Studies 23
(1972) p. 379-380.
43. R. WEBER, Le Psautier Romain, Rome, 1953.
44. R. Weber, op.cit, Rome, 1953.
45. Publie par H. SWEET,The Oldest English Texts, Londres, 1885, sous Ie
titre « The Vespasian Psalter », p. 182-420. Ce meme Psautier glose a ete
recopie au XIe siecle dans un manuscrit de I' University Library de Cam-
bridge, ff 1-23, et pub ie par K. WILDHAGEN,Der Cambridge Psalter, Ham-
bourg, 1910.
46. F. CABRaL, « Le 'Book of Ceme' -Les liturgies celtiques et gallicanes
et la liturgie romaine », Revue des questions historiques 37 (1904), p. 210-
222.
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117
EUX HOMELIES DE PAQUES
Jesus.Une autre particularite est au 3eme our, ou Ie nord et l'est
de la terre separlent et au 4eme our, ou les etoiles vont a contre-
sens 53.
La particularite du 6eme jour est I'arrivee de I' Antechrist a la
tete d'une armee de diables et celIe de saint Michel avec sonarmee
d'anges et la grande bataille qui se ermine par la victoire de saint
Michel. Cela correspond aux autres versions, sauf e fait que dans
celles-ci ni I' Antechrist ni saint Michel ne sont mentionnes.Notre
homelie est a seule a specifier que Ie demier signe avant-coureur
est a venue de I' Antechrist. On retrouve cela plus explicitement
dans une autre homelie Blickling (Blickling XI), oil I'on dit:
(Le Jour dujugement) n'est pas oin, car tous leg signesavant-
coureurs clout parlait notre Seigneur se gout produits, a l'excep-
tion du demier, l' Antechrist, qui n'est pas encore venu sur terre.
Mais Ie moment n'est plus tIes loin 011 ela se produira, parce que
celie terre est destinee a prendre fin dans notre ere, car cinq des
signesavant-coureurs se gout produits deja dans notre ere Vne
grande partie de celie ere est deja revolue, c'est-a-dire dix des971
,
annees...
Dans Blickling VII, Ie 7eme jour est marque par la defaite de
l' Antechrist et c'est Ie Jour du jugement. Cette defaite complete
la victoire du Christ sur Satanau coursde sa descenteaux enfers.54
Le 7eme our est e Jour du jugement avec a sonneriedes rom-
pettes et la resurrection de tOllS es corps, avec a precision que les
corps ressuscitentquelle qu'ait ete la maniere doni ils ont perdu
la vie; nousrencontrons cette precision dansd'autres homelies sur
53. Si c'est bien la Ie sens du texte; cf note dans a traduction.
54. En ce qui concerne a defaite de I' Antechrist, il y a deux traditions:
selon 'une, c'est e Christ lui-meme qui intervient, dans 'autre, c'est saint
Michel. Bede, par exemple, dit dans son De ratione temporum : per-
cusso autem llo perditionis filio ab pso domine sive Michaelo archange-
10 (cite selon W. BOUSSET, er Antechrist in der Ueberlieferung des
Judentums,desneuen Testamentes nd der alten Kirche, Gl)ttingen, 1885,
p. 152). Cette reference ai' Antechrist estpuisee dans a legendede I' An-
techrist, qui sera exploitee au debut du XIe siecle par Wulfstan, qui y
consacreplusieurs homelies (cf. A. NAPIER,Wulfstan,Berlin, 1883),avec
comme source probable Ie Libellum de Antichristo de l'abbe Adso de
Montier-en-Der (Entre autres : R. KONRAD,De artu et tempore Anti-
christi, Munchener Historische StudieD,Abt. Mittelalterliche Geschich-
te, vol. I, 1964).
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118 R. FAERBER
Ie Jugement, comme par exemple dans Vercelli II et dansune des
home ies attribuees a Wulfstan, dans pratiquement les memes
termes: ...ce jour, les trompettes sonneront aux quatre coins de
la terre et alors tOllS es hommes ressusciterontde la mort, que la
terre les ail engloutis, ou que Ie feu les ail consumesou que la mer
les ail noyes ou que les animauxsauvageses aient devoTes u que
les oiseaux les aient emportes, tOllSressusciteront ce jour-la...
(Vercelli 11)55. ette idee se trouve egalement dans une homelie
attribuee a saint Ephrem, oil il est dit que les morts ressusciteront
ala sonnerie des rompettes, ceux que la mer a engloutis, que les
animaux sauvagesont devoTes, ue les oiseaux ont dechires,que
Ie feu a consumes, OllSseront ressusciteset viendront se presen-
ter devant Ie juge 56.
Le Jugement ui-meme n'est pas decrit comme dans es autres
home ies fondees sur l' Apocalypse de Thomas ou comme dans
l'homelie CCC 41 (cf. plus loin). Ce qui est souligne, c'est qu'en
ce our de ugement, la repentanceviendra trop lard, que c'est des
maintenant qu'il taut se convertir et mener une vie droite, si l'on
veut etre de ceux qui seront a la droite du Seigneur: Ie predica-
leur reprend ici ce qu'il a deja dit au debut de son sermon et en
conclusion du fecit de la descenteaux enters. Ces trois passages
d'admonition, comme Ie souligne Campbell nouent ensemble es
differentes sources et ils sont formules dans un langage si proche
de celui que l'on trouve dans de nombreusesautres homelies de
Blickling que Ie tout semble former une unite soudee caracteris-
tique de cet homeliaste 57.
L'homelie CCC 41 (CCC 303)
Cette homelie n'est incorporee dans aucune anthologie de ser-
mons; elle est solee, copiee dans les marges du manuscrit avec
d'autres textes. Celui qui Ie precede est une desversionsde l' Apo-
calypse de Thomas 58.Mais il n'y a aucun lien textuel entre les
deux; de meme la langue et Ie style different considerablement.
55. M. FORSTER,er Vercelli Codex CXVII, Halle, 1913.
56. Cf. CSCO,vol. 139, Sermo I, p.13, lignes 510-514.
57. ... splice the various sources ogether (and are) worded in language
so closely o that found in many other Blickling homilies that the whole
seems welded into a unity particularly characteristic of this homilist
J. J. CAMPBELL, op. cit. », Viator (Medieval and RenaissanceStudies)13
(1982),p. 138.
58. Cf. R. FAERBER, op.cit. », Apocryphe 4 (1993).
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119EUX HOME-LIES DE PAQUES
C'est un texte mediocre a tout point de vue -langue, style, com-
position -au point que Campbell59en dit : ...etant donne la mau-
vaisequalite de cette homelie, je ne pense pas que l'on se donne-
ra la peine d'en rechercher es sources . C'est un texte copie d'une
source elle-meme defectueuse sans efforts de la part du copiste
pour l'harmoniser. Le scribe de CCC 303 a fait cet effort en partie
et a adapte a langue a son propre dialecte. L'un et l'autre contien-
nent des traits de langue qui permettent de deduire que l'original
premier appartient probablement a l'aire dialectale du mercien du
IXe siecle. Et l'on peut supposerqu'il est de la meme origine gene-
Taleque Blickling VII.
Du point de vue de sa structure, c'est, comme Blickling, une
homelie ou plutot un sermon composite, puisant dans des sources
diverses; a cinq reprises il est fait reference a 'un (des) livre(s)',
mais ce sont en partie probablementdescitations de memoire, sur-
tout dans a section sur la Descente aux enfers. C'est un sermon
pour Paquescomme Blickling et, comme dansBlickling, il y a deux
parties, un recit de la Descente aux enfers et un recit des temps
derniers et du Jugement dernier.
La Descenteauxenfers
Elle comporte trois parties: l'arrivee du Christ dans es enters
avec un premier discoursdes diables effrayes, sonentree dans 'en-
fer avec la supplication d' Adam et un deuxieme discours des
diables effrayes, la supplication de la foule des ames ustes, la
defaite de Satan et la delivrance des ustes.
Notons quelques particularites : les deux discours des diables
sont introduits par exactement la meme phrase: hi wreron ffa
sprecende, fa helwara, him betweonum and hi cwredon. Le pre-
mier discours est une serle de questions ndirectes ntroduites par:
taliaffwe... (dans CCC 303: welle we... ): 'DOllSDOllS eman-
dons... 60. e deuxieme estune serle de phrasesexclamatives ntro-
duites par l'adverbe exclamatif: hwret . Par contre, les ames
justes n'ont droit qu'a deux phrases, 'une dans a bouche d' Adam
qui s'exclame avec exactement a meme structure de phrase que
les diables: taliaff we... , l'autre la supplication au Seigneur de
les delivrer.
59. J.J. CAMPBELL,« p.cit. », Viator (Medieval and RenaissanceStudies)
13 (1982),p. 142.
60.Cf. note dans la traduction.
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120
R. FAERBER
Les deux discours des diables contiennent des phrases qui pro-
viennent du discoursdes diables dans e sermonDe Paschale ttri-
hue a Cesaire d' ArIes61,qui a aussiete utilise pour Ie Sermon 160
dans Migne (c' est Ia partie mise entre crochets avec comme titre:
Voces tartari ad adventum Christi ).
Dans Ie premier discours
-Ubinam putatis janitores nostri dormierunt cum ste bellator
claustra nostra vexebat?
Taliga~ we hwa?lJere ssegeatweardasslapen Oa Jesyhtling
in to us eode?
(Est-ce que nos gardiens dormaient lorsque ce guerrier est
venu chez DOUg)
-Nunquidam iste cum auctore nostro composuit aut forte ipsum
agressusvicit et sic nostra regna transivit ?
O~lJe taliga~ we hwa?lJer e ha?bbehis ware gesttewi~ usne
ordfruma? O~lJehe hine ofslegeneand ~urh lJethe into us
eode?
(Ou bien aurait-il fait un pacte contre notre chef? ou bien 'au-
rait-il tue et ainsi pu penetrer chez nous?)
Dans Ie deuxieme discours
-Male turbati sumus.
Yfele we sindon her in gebegane
(On DOllS eut du mal)
-Nullus huc vivus intravit
nfRnig ifigende into us eode
(personne (n'a eu l'audace) de penetrer chez no us vivant)
On peut egalement Doter l'allusion a un vrai combat entre Ie
Christ et Satan, se terminant par la defaite de celui-ci et son
enchainement.
Le Jugement emier
Les temps demiers et Ie Jugement soot rattaches a. 'evenement
de Paques par la me-me dee que dans Blickling VII, c'est-a.-dire
que Ie Jugementdecoule de cet evenement,que ce qui s'estpasse
lors de la Descente aux enters est pour ainsi dire Ie prelude du
Jugement.
61. PL. 67. col. 1041-1043.
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DEUX HOMELIES DE PAQUES
121
II Y a deux parties: les signesavant-coureurs et Ie jour du Juge-
ment lui-meme.
Les signes avant-coureurs sont une liste de phenomenes clas-
siques,mais sans 'ordre chronologique des septjours de l'Apoca-
lypsede Thomas.On peut en relever certaines caracteristiques. I
y a l'insistance sur Ie role du feu: Ie feu estd'une part Ie feu devo-
rant de la fin du monde, l'incendie universel -comme dans Ie
Christ III de Cynewulf; d'autre part il est Ie feu purificateur bru-
lant devant Ie trone de Dieu, qui rend les etres humains d'autant
plus pUTS evant Ie regard du Christ . Cette idee se trouve dans
d'autres homelies sur e ugement, comrne par exempledansBlick-
ling 1162: ...alors les marts se leveront et leur enveloppe corpo-
relle sera aussi ransparente que du verre et lien de ce qui est mal
en elle ne pourra plus etre cache. Ou bien dans une des homelies
de Wulfstan63 ...toute la terre brulera ce jour-lit et taus les etres
humains ressusciteront de la mort et traverseront ce feu veTSe
jugement et celui qui passera a travers es flamrnessansetre brUle
sera purifie de tout peche.
L'idee de l'incendie universel et du feu purificateur devant Ie
traDe du jugement est un theme traditionnel dans la litterature
apocalyptique, bien que ne figurant pas dans l'Apocalypse de
Jean64.
L'autre particularite est l'effet de la sonnerie des trompettes:
rendre laterre aussineuve que Ie jour ou Dieu l'a creee en effa-
~ant outes les differences entre les creatures et la matiere (1. 60-
63)65.Cette idee ne se trouve dans aucune des homelies sur Ie
Jugement du moins dans Ie corpus anglais. On pourrait peut-etre
la mettre en rapport avec 'autre idee qu'aumoment dujugement
la terre redevient plate66. Vne idee semblable se trouve, par
exemple, dans a meme homelie sur Ie Jugementdemier attribuee
a saint Ephrem: De meme que Ie createur a cree (les enfants
d' Adam) egaux l'un a l'autre, illes reveillera egaux. II n'y aura
personne qui sera plus grand physiquement ou plus petit... 67.
62. R. MORRIS, p.cit., Londres, 1874-1880, .110-111.
63,A. NAPIER, p. cit., Berlin, 1883,Homelie n° 3 p. 25.
64. Sur cette tradition voir: W. BOUSSET,p.cit., Gottingen, 1885,p. 159s.
65. Si c'est bien la Ie sensde la phrase: cf. note dans a traduction.
66, TH. HILL, «The Old World, the Levelling of the Earth, and the Bur-
ning of the Sea », Notes and Queries 19 (1972), p. 323-325.G. D. CAIE,
The Judgment Day Theme in Old English Poetry, Copenhague, 1976.
67. Cf. CSCO,vol. 139,p. 15.
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122
R.FAERBER
Le jour du Jugement sera terrible: il est decrit par une liste
d'expressionsredondantes, comme dans d'autres homelies, dont
la source est peut-etre Sophonie 1,15-16: Jour de fureur que ce
jour, jour de detresse et d'angoisse, our de desastreet de desola-
tion, jour de tenebres et d'obscurite, jour de nuee et de sombres
nuages, our de sonneriesde cor et de cris de guerre...
CCC 303 a simplifie cette partie: il n'y a pas celie Iiste, une
exhortation Ia remplace Comprenez bien, chers reres, que des
choses erribles vous assaiIIeront et vous menaceront Ie jour oil
noire Seigneur viendra pour juger tous ceux qui ont ete crees
depuis Ie premier homme Adam jusqu'a aujourd'hui: tous vien-
dront pour etre juges...
Le Jugement comprend cinq etapes:
-la separation des boos et des mechants (selon Matthieu 25),
-Ie discours de Jesusaux mechants a sa gauche,
-les intercessionsde Marie, Michel et Pierre,
-Ie diable enmenant es damnes en enter accompagnede Pier-
re avec a cle
-Ie discours de Jesusaux boos et leur montee au ciel.
Le discours de Jesus aux mechants est une traduction presque
litterale du Ego te homo du sermon 57 de Cesaire d' Arles68.
Quant aux intercessions de Marie, Michel et Pierre et la cle de
Pierre, ces elements se retrouvent presque identiques dans I'ho-
melie Vercelli VII, la version anglaise de I' Apocalypse de Tho-
mas69.
CCC 303 ne contient pas es intercessions: il se pent que selon
S. Cutforth 7°,cette omission reflects scribal ntention designed o
remove a passagewhich was theologically problematic... (reflete
l'intention du scribe d'omettre un passage heologiquement dou-
teux...); en effet lElfric avait condamne cette croyance comme
heretique, et Ie scribe en copiant 'homelie s'estconforme a lElfric.
68 M.J. DELAGE,Cesaired'Arles. Sermonau peuple, Paris, 1986,p. 25 et
suivantes (SC 330).
69. Ct. R. FAERBER,op.cit. »,Apocryphe 4 (1993).
70. S. CUTFORTH,Delivering the damned in Old English Homilies -An
additional note », Notes and Queries238 (1993),p. 435-437 S. Cuttorth
sepropose de taire des recherchessur es deux extes de CCC 41 et CCC
303 dans Ie cadre d'une dissertation). Ct. aussiR. FAERBER, op.cit. »,
Apocryphe 4 (1993).
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DEUX HOME-LIES DE PAQUES
II est interessantde noter que dans Christ et Satan nous trou-
vans la meme sequenced'evenements pour Ie jourdu Jugement:
la sonneriedes rompettes; la reunion du corps et de l'ame; la croix
couvertede sanget es blessuresdu Christ; Ie feu qui consume 'uni-
vers; Ie feu qui revele et brule les peches; et surtout Ie discours de
Jesusaux pecheurs,selonCesaired' ArIes, developpe en 134vers71.
ANNEXE
Comme la plupart des homelies anglaises,surtout les home ies
dites anonymes, sont des sermons appelant a la repentance, a une
vie vertueuse, soulignant les tourments de l'enfer et les joies du
paradis, et insistant sur a puissance alvifique du Christ. Les motifs
de la Descente aux enters et du Jugement dernier y apparaissent
tout naturellement, mais ne sont pas associesau plan thematique,
comme dans es deux home ies Blickling 7 et CCC 41.
L'une de ceshomelies merite d'etre signalee, car c'est aussiune
homelie de Paques.Elle se rouve dans e mansucrit Corpus Chris-
ti College Cambridge 162,parmi des homelies d' /Elfric. Le manus-
crit est du XIe siecle. L'homelie est unique; il n'y a pas d' autre
copie. Elle a ete publiee une premiere fois par K.G. Schaefer2;un
fragment en a ete publie par R. Willard73.Elle a ete publiee une
seconde ois avec un commentaire par Clare A. Lees74.
C'est une homelie tres composite sansveritable structure the-
matique, alignant des motifs plus ou mains disparates,puisesdans
la Bible, dans des ecrits apocryphes et probablement dans la
memo re collective. Lees en analyse les themes: Ie paradis ter-
restre, les maux du 6eme our, les joies du dimanche, la descente
aux enfers, Ie jugement dernier, un choix anarchique et naIf
d'elements... une massed'informations concernant Paques sans
vrai messagepour les auditeurs 75.
71. A.S. COOK,The Christ of Cynewulf, Boston, 1909.
72. K.G. SCHAEFER,n edition of Five Old English Homilies for Palm
Sunday,Holy Saturdayand Easter Sunday,Columbia, 1972 Ph. D. Diss.).
73. R. WILLARD,Apocrypha in Old English Homilies,' the Apocrypha of
the SevenHeavens,Leipzig, 1935.
74. C. A. LEES, op. cit. », Traditio 42 (1986),p. 115-142.
75. An undiscriminate and unsophisticatedselection of material... a mass
of information loosely based on Easter without any clear message or the
audience . C.A. LEES, op.cit. », Traditio 42 (1986),p. 142.
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124
R.FAERBER
La Descente aux enters contient les motifs traditionnels : les
partes de l'enfer fracassees, 'irruption de la lumiere eblouissan-
te, l'enchainement du diable, des discours. Mais il y a deux ele-
ments originaux : Ie diable est appele Leviathan et il est fait men-
tion du sort de Judas: Et ce our-la, Ie jour d'aujourd'hui, Ie Christ
alIa aux enters et brisa et abattit les partes de fer et enchaina
Leviathan, Ie prince des diables, et precipita Judas dans es pro-
fondes tenebres. Et puis il prit Adam et Eve et les emmena avec
leurs enfants et leurs descendants. Comme pour Blickling VlIet
CCC 41, a sourcedirecte de tout cela n'est pas ' Evangile deNico-
deme.
Quant au Jugementdemier, il a lieu, comme dans Blickling VII,
un dimanche de Paques: ... de me-mequ'aujourd'hui il est res-
suscite des marts, de me-me l viendra ce me-me our de Paques...
et ce our-Iii. ressusciteront aus les marts et ils se tiendront devant
Ie siege du Christ confessant eurs peches...
Et comme signale plus haut, au jour du Jugementse presente-
ront devant Ie Seigneur a race des habitants de l'enfer, celIe des
habitants de la terre et celIe des habitants des cieux .
SelonLees, l'isotopie thematique semble ndiquer que la com-
pilation a ete faite par un auteur parfaitement au courant des
themes et des motifs propres a l'homelie anonyme 76.C'est a dire
qu'il s'est constitue une sorte de tradition apocryphique home-
litique concernant entre autres a Descente aux enters et Ie Juge-
ment dernier, fondee sur la Bible et sur des textes plus ou moins
orthodoxes et legendaires retravailles par l'imagination des
auteurs.
CONCLUSION
Les home ies que DOUg vons presentees et commentees ainsi
que leg poemes qui en partagent la thematique sont fortement
marques par la dimensionparenetique, par l'exhortation a la peni-
tence et a une vie vertueuse, ondee sur 'histoire du salut avecses
deux poles fondamentaux, la liberation des ustes au cours de la
Descente du Christ aux enters et Ie Jugementdernier. Plus gene-
76. The range of thematic echo suggests hat the compilation is by a wri-
ter thoroughly aware of the themesand motifs common o the anonymous
homily (cf. C.A. LEES,«op. cit. », Traditio 42 (1986),p.l40).
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EUX ROMP-LIES DE PAQUES
ralement on peut dire, au plan dogmatique, que ce qui domine (et
c'est Ie cas pour bon nombre d'homelies anonymes, en particu-
lier celles de Blickling), c'est a dimensioneschatologique: e salut
que Ie Christ apporte n'est complet qu'avec a consommation ina-
le.
Certes, cela laisseouverts et sans eponse de grandsproblemes,
comme par exemple l'etat des amesentre la mort et Ie jugement,
ou bien Ie critere de saintete pour ceux que Ie Christ a liberes de
l'enfer au moment de sa Descente et menes au ciel. Mais, comrne
Ie souligne McC Gatch, cesproblemes ... ne sontpas au centre de
la conception du salut... Car c'est a qualite de la vie dans 'ordre
present qui range la personne parmi celles qui suivent Ie uge qui
delivre de l'esclavage du diable, et qui lui donnera accesa l'ordre
divin plus tard. Le probleme concernant la nature de ce qui se
passeentre la mort et Ie jugement, n'exige donc pas une investi-
gation theologique urgente 77.
11est d'ailleurs probable que cette perspective soit liee a la vie
liturgique. En particulier en ce qui conceme a tradition de la Des-
cente aux enters, comme Ie note Femand Cabrol (ct. plus haut)78.
11est aussi nteressantde noter que l'association du theme de la
Descente et de celui du Jugementse retrouve dans l'art religieux.
Etje cite Graham Caie79, ui se retere aD. Milosevic: De meme
que la Descente aux enters est l'image centrale dans l'homelie
eschatologique de Paques dans Blickling, de meme la Descente
est a scenecentrale dans a mosalque de Torello sur Ie Jugement
dernier. L'oeuvre est en grande partie inspiree par Ephrem, Ie
Syrien, et la juxtaposition des deux scenes ignifie que, tout comme
Ie Christ est descendupour liberer tons les tideles, il redescendra
pour ranimer les benis. Dans les deux scenes, l est un heros
conquerant, arme de la croix en guise d'epee, sauvant 'homme
des mains de l'ennemi, et, comme la Descente est placee au-des-
77. periphical to the view of salvation... For it is the quality of one's
life in the present order which associatesone with the followers of the
judge who has procured his release from the bondage of the devil and
which will procure his admissionby the judge to the divine order in the
future. The question of the nature of individual experiencebetween death
and judgement, herefore, s not really a pressingone for theological nves-
tigation (cf. M McC GATCH,«op. cit. », Traditio 21 (1965),p.131).
78. F. CABRaL, «op. cit. », Revue des questions historiques 37 (1904),
p.210-222.
79. G. D. CAIE,op. cit., Copenhague,1976.
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R. FAERBER
du Jugement.fuge so.
mage du Sauveur prend Ie pas sur celIe du
Nous avons mentionne it plusieurs reprises Saint Ephrem, Ie
Syrien, chez lequel on trouve des themes sembIabIes t tel ou tel
element hematique de nos homelies.Certes, t lire sesmemre apo-
calyptiques, on y touve la meme nsistanceque dans es homelies
apocalyptiques anglaisesanonymes sur les horreurs de la fin des
temps et du jugement, ainsi que sur la penitence et la vie droite
qu'il faut mener taut qu'il estencore emps.Mais il serait aux d'en
conclure qu'Ephrem pourrait etre une source pour nos homelies.
Ephrem n'etait guere connu dans I' Angleterre de l'epoque qui
nous conceme, du moins selonOgilvy81. I estvrai que M. Schmidt
affirme que presque toutes les bibliotheques de l'Europe , tous
les monasteresen talie, Allemagne, France, rlande, Angieterre,
Espagne,possedaientun corpus latinum de saint Ephrem depuis
Ie VIIIe siecle 82.Le seul texte dont il existe une copie dans un
manuscrit conserve en Angleterre est e De compunctione cordis,
Lambeth Palace204.
Les sourcesdirectes de nos textes ont probalement ete compo-
seesen Angleterre ou eventuellement en rlande par compilation
de sermons de la tradition gallicane qui dominait l'Europe occi-
dentale jusqu'a la reforme carolingienne... et qui ne faisait pas la
distinction entre ecrits canoniques et ecrits apocryphes et parfois
preferait ces derniers parce que leur contenu etait plus proche des
representations que l'on se fl1isait et en appelaient plus a la fan-
taisie 83,
so. Just as the Descent into Hell is the central image in the eschatologi-
cal Blickling Homily on Easter, so the Descent is the central scene in the
Torello mosaic on the Last Judgement. The work is largely inspired.. by
Ephraem of Syria, and the juxtaposition of the scenes implies that, just as
Christ descended to free all the faithful, so he will descend again to resur-
rect the blessed. In both scenes, he is a conquering hero, armed with the
cross as a sword, saving man from the ennemy and, as the Descent is pla-
ced above the judgement, the image of Saviour takes supremacy over the
Judge . Cf. D. MILOSEVIC, The Last Judgement, Pictorial Library of Eas-
tern Church Art, Recklinghausen, 1964.
8L Cf. J.D. A. OGILVY, Books known to the English 597 -1066, Cambridge
/MA.1967.
82. M. SCHMIDT «Influence de Saint Ephrem sur la litterature », Parole
d'Orient 4 (1973), p. 325 ; « Irdisches und Himmlisches Gericht », III. Sym-
posium Syriacum, 1980, Rome, 1983, p. 287s.
83. H. L.C. TRISTRAM,Vier altenglische Predigten aus der heterodoxen Tra-
dition, Inaugural Dissertation zur Erlangung der Doktorwtirde der Albert-
Ludwigs-Universitat zu Freiburg im Bresgau, 1970, p. 6.
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Martin McNAMARA
Milltown Institute, Dublin
MIDRASH, APOCRYPHA, CULTURE
MEDIUM AND DEVELOPMENT OF
DOCTRINE
SOME FACfS IN QUEST OF A TERMINOLOGY
Le Midrash, traditionnellement, a ere considere comme un genre litte-
raire juif et rabbinique. Plus recemment, sa presence a ere reperee deja dans
la Bible hebraique et maintenant aussi dans le Nouveau Testament. Les
recents debars autour de la nature du Midrash sont examines ici dans le
contexte plus large de ['interpretation de la Bible par la Bible et sur [' arriere-
fond du processus canonique. Quelques-unes des caracteristiques et des
techniques midrashiques sont presentees et analysees aussi comme faisant
partie de la litterature apocryphe chretienne, et de la litterature exegetique
patristique. Dans ce cadre, on traitera aussi de la reflexion sur ['au-dela se
trouvant dans la litterature apocryphe et theologique irlandaise.
Midrash has been traditionally regardedas somethingspecifically Jew-
ish and rabbinic, but later as a reality ound already in the Hebrew Scrip-
tures and present also in New Testamentwritings. In this essay he more
recent debates egarding he nature of midrash are examined n the arger
contextof inner-biblical exegesis nd against he background of canonical
process.Somemidrash-type eaturesor techniques re examinedand these
are seen o be found also in apocryhal and traditional Christian commen-
tary iterature. In the light of this there s a consideration of the reflection
on the afterlife in Irish apocrypha and Irish theological treatises.
Some years ago after reflection on the matter I wrote an essay
under the title "Midrash, Culture Medium and Development of
Doctrine. Some Facts n Quest of a Terminology" . In that essay
1. Published in Proceedingsof the Irish Biblical Association 11 (1987
published 1988),p. 67-87.
Apocrypha 6, 1995,p. 127-164
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M. McNAMARA
noted that a certain amount of what I had observed concerning
midrash would hold good as well with regard to some at least of
the apocryphal literature and to the mentality that produced it.
What I intend to do here is to go over some of what I have said
concerning midrash and develop the principles involved with
regard to the apocrypha.
We can begin with a rapid glance on some writings on midrash
over the past six decades.
1. Traditionalunderstanding f midrash
Traditionally the term midrash was associatedwith Rabbinic
Judaism and with it alone, and this even when authors were not
quite at one in the definition or description of midrash. After all,
the term for one thing describedone of the major divisions of rab-
binic literature. The word has been so defined in dictionaries of
the English language.Thus in The Shorter Oxford Dictionary on
Historical Principles2we are told that it comes from the Hebrew,
and means commentary (with reference to its use in the 1613
Revised Version of 2 Chron. 24 27). The dictionary defines it as
an ancient Jewishhomiletic commentary on some portion of the
Hebrew Scriptures, in which allegory and legendary illustration
was freely used.Hence Midrashic . The StandardDictionary of the
English Language. nternational Edition of the EncyclopaediaBri-
tannica (1954)defines the word as: Jewish exegetical reatise on
the Old Testament,dating from the 4th to the 12thCentury,specif-
ically the Haggadah , noting that it derives from the Hebrew, with
meaning explanation .
Essayson midrash in earlier times made the samepoint. In his
entry on the word in 1908 in L. Vigouroux's Dictionnaire de la
Bible H. Lesetre defines he term (which under German nfluence
he writes as midrasch ) as commentaire rabbinique du texte de
la Sainte Ecriture 3, and goeson to say hat this commentarywhich
is both on the legal and the historical and moral parts of the sacred
books has as purpose to study the text not merely in itself but also
2. Oxford University Press,1944; revised with addenda, 1953.Likewise
Chambers20th CenturyDictionary. New edition. Edinburgh 1983, . 796
Midrash. The Hebrew exposition of the Old Testament -in two divi-
sions,Haggada and Halachah .
3. LEsETRE. 908.col. 1077.
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ID RASH, APOCRYPHA
with the help of comparisonswith other passages, f various com-
binations and of allegorical explanations. t never occurred to him
that midrash could be anything other than rabbinic.
Jewish scholars, more familiar with the rabbinic sources,have
been more nuanced in their definitions and descriptions, but nat-
urally take midrash as something abbinic. In his Dictionary of the
Targumim, he Talmud Babli and Yerushalmi,and the Midrashic
Literature4 Marcus Jastrow explains the Hebrew and Aramaic
word as textual interpretation, study , but especially,with capi-
tal M. homiletic book . Similarly J. Levy in his dictionaries of Tal-
mudic Literature and of the Targumim5. n 1934 he Jewishschol-
ar Umberto Cassuto wrote an essay on Midrash for the
Enciclopedia Italiana. In this contribution he notes that the term
has as meanings: 1) the exegeticalexamination of the sacred exts
which was carried out by the Hebrew teachers rom the talmudic
period (indicated as the last centuries before Christ and the first
five centuries after Christ) and by the teacherswho continued their
work; 2) the results of this examination. Cassutorecalls that the
term bet ha-midrash, house of the midrash , is found in Ecclesi-
asticus51 :23 to designate the school where the sacred texts are
studied, although it is not easy o determine what kind of study s
intended in the passage. n the specific sensesisted by him, Cas-
suto notes that the term is very frequent in the rabbinic literature,
which in itself, in fact, is in good part midrash. He further notes
that this research,close examination, in the matter of the biblical
texts became particularly intense and active in the circles of Phar-
isaic Judaism, and then in those of rabbinic Judaism which con-
tinued Pharisaism, n so far as hese circles, animated by the most
passionate ove and deep veneration for the Bible, tended to make
the Bible the fundamental norm of all forms of the life of Jewish
societyand of the individual Jew and saw n it the exclusivesource
of all wisdom. He continues as ollows6
This gave rise to assiduous and zealous, loving reverent,
detailed and subtle study of the biblical text, a study which
tended to closely examine and precisely determine its mean-
ing, even ts most hidden meaning or that which was believed
to be such, in order to draw from this norms for life and for
teaching on religion and morals. From this also derived the
4. New York and London, 1886-1903;many later editions (with preface
1903).
5. LEVY,1925 (1963),p. 34; 1867-1868 1959),vol. 2, p. 12f.
6. Enciclopedia Italiana, vol. 23, Rome 1934,p. 239.
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M. McNAMARA
interpretation of the word of scripture, an interpretation
which, quite unconsciously ame o modify its meaning, adapt-
ing it to changed imes and to changed socialand political con-
ditions. Thereby also s explained the intense effort to connect
with the Bible, through a more or less artificial exegesis, he
traditional juridical and religious customs, and the new insti-
tutions or the new norms of law and of religious ife which were
coming nto being within Judaism or which were penetrating it
from without -all this in order to give them that official con-
secration which alone could derive from the connection with
revealed law, he one sourceof (human) aw. From this besides
is explained the analogous ntense activity to connect n a sim-
ilar fashion with the text of the Bible ancient traditions, his-
torical or legendary, relating to biblical personagesand to the
events of biblical history; likewise the traditional or newly
formed teachings n matters of religious beliefs and moral oblig-
ations, of the national and human awareness,of the religious
expectation concerning the future of Israel and of humanity.
All this was midrash. And just as midrash was the complex of
all this exegetical activity on the texts of the Bible, so also the
teaching of this midrash, and the individual norm or the indi-
vidual point of teaching resulting from this exegesis was
midrash (in this senses with the plural form midrashot).
Midrash halakah or halakic midrashwas that with juridical con-
tent; midrash haggadahor haggadicmidrash hat of non-juridi-
cal content. And the expression bet ha-midrash, house of
midrash (plural butte midrashot) becomes the customary
denomination for the Pharisaic and rabbinical schools.
2. Newerviewpoints
i. ReneeBloch. In the Supplement o Dictionnaire de la Bible,
vol. 5 (1957)7, there appeared posthumously an essay on
Midrash by Renee Bloch. (She herself had perished on her way
to Israel in a plane shot down over Bulgaria in July 1955). It was
a study that was to prove extremely influential in the modem his-
tory of midrash. In this essayBloch studies the meaning of the
term, the characteristics of rabbinic midrash, the biblical origins
of midrash (with examples taken from the Bible), midrash in the
biblical milieu. This essayof Bloch was he culmination of a num-
ber of studies by her on the subject. She recognised he need for
7. BLOCH,1957,col.1263-1280;English translation p. 29-50.
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MIDRASH, APOCRYPHA
an exact definition of midrash, sinceshe realised that the term had
taken on the pejorative meaning of fable, legendary tale, a fact
which in her view was keeping scholars away from studying
midrash in its relation to Scripture, and from examining ts scrip-
tural origins. In the essay eferred to she examines he meaning of
the terms midrash and related words in the Bible and in rabbinic
literature. In the latter, she notes, the term midrash has taken on
a technical meaning, and alwaysused n relation to Scripture, in
the senseof to seek, o bring oneself o understand he sense, he
content, of the scriptural text; to explain, to bring out in public,
the senseof the Scripture 8. As the essential haracteristicsof rab-
binic midrashshe nstances he foUowing9 it has ts point of depar-
ture in the Scripture; it is of a homiletic nature; it is an attentive
study of the text, and adaptation to the present; it is of two kinds
-haggadah and halakah. She writes1O
This intense activity of the practical study and interpreta-
tion of the Torah, carried out over severalcenturies,gave birth
to a collection of explanations and commentaries, which after
they had first been ransmitted orally from generation o gen-
eration by the teachers,came finally to be edited and to form
a corpus of halakic commentaries -the tannaitic midrashim
-which contain very old materials and which have in good
part retained the simple interpretative methods of the ancient
teachers, limiting itself to a very literal interpretation of the
biblical text.
The haggadah,she continues, has given birth to an mmense it-
erature which comprises homilies and continuous commentaries
on biblical books. It makes ts appearance irst as a form of popu-
lar instruction where the biblical text occasionally serves as a
spring-board o raise oneself o meditation of the divine mysteries.
In her section on the biblical origins of midrashll Bloch consid-
ers the historical background of the birth of the midrashic process
-during the exile (Ezekiel, Isa 40-55), he Persianperiod (the for-
mation of the Canon and the consequences f this for midrash, he
role of the Torah in life and cult). She begins the section on the
evolution of the literary genres by recalling that the origin of the
midrashic genre in inseparable from the formation and the life of
the sacred books. The first developments of midrash are to be
8. BLOCH,1957,col. 1265; trans.p. 31
9. ibid., col. 1265-67; rans. 31-34.
10. ibid., col. 1267; trans. 33-34.
11. ibid.. col. 1267-1276: rans. 34-44.
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M. McNAMARA
sought within the Bible itself and in the literature attached o it -
the versions, apocrypha. The later literature of purely midrashic
character will remain in continuity with the Bible and the rabbinic
literature. Bloch devotes attention to the anthological process
or style, which A. Robert had identified in certain books such as
Proverbs 1-9, n which words or formulas of earlier books of Scrip-
ture are seenasreemployed n later books, either literally or equiv-
alently. As examples of midrashic processeswithin the Bible she
instances Chronicles, Ezekiel 16, sa 60-62,Prov 1-9, Canticle of
Solomon, Ecclesiasticus 24 and 44 :1-50 24, the Wisdom of
Solomon, Ps 132 (which she regards as apparently a midrashic
reflection on the oracle of Nathan), Ps 88 and some further exam-
ples of a minor nature. She goes on the consider midrash in later,
non-biblical, writings: the apocryphal literature (midrash and
apocalyptic), the versions of the Bible, the Palestinian Targum,
which in her view cannot be considered a translation but rather
originally a kind of homiletic midrash or simply the outline of a
series of homilies on Scripture, given in the synagogue after the
public reading of the Torah. She ends her inquiry into this history
by a consideration of midrash in the New Testamenp2.Quite nat-
urally, she remarks, the tendencieswhich she has described n cur-
sory fashion are to be found in the New Testament.She adds ur-
ther that the study of the midrashic procedures in the New
Testament which, she sadly emarks,were up to then almostcom-
pletely ignored) would be of the greatest nterest. She ists some
of the New Testament exts which are of interest from this point
of view: the Gospelsof Matthew, Luke (especially he infancy nar-
ratives), but also Paul, Hebrews, the Apocalypse of John. All the
forms of midrash, she concludes,are thus found in the New Tes-
tament : the close examination of a biblical personage,of an event
or a group of scriptural texts, the midrashic development with a
given text (sometimes composite) as its point of departure, the
midrashic actualisation of ancient texts so as o apply them to the
present (Matthew, Acts 1 :15-22,etc.), the homiletic midrash, even
the halakic midrash (see Mat 5 :32; 19:9 regarding divorce; 1 Cor
9 :8-10 on Deut 25 :4). One could also mention certain non-bibli-
cal midrashic traditions which have entered the New Testament,
and certain loca classicaof the apostolic preaching which equally
belong to the midrashic genre.
12. ibid., 1279-1280; rans. 48-49.
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...rabbinic midrash s a literature concerned with the Bible;
it is a literature about a literature. A midrash is a work that
attempts to make a text of Scripture understandable, useful,
and relevant for a later generation. It is the text of Scripture
which is the point of departure, and it is for the sake of the text
that the midrash exists. The treatment of any given text may
be creative or non-creative, but the literature as a whole is pre-
dominantly creative in its handling of the biblical material. The
interpretation is accomplishedsometimesby rewriting the bib-
lical material, sometimesby commentingupon t. In either case
the midrash may go as far afield as it wishes provided that at
some stage at least there is to be found some connection,
implicit or explicit, between the biblical text and the new
midrashic composition. At times this connection with the text
may be convincing, at times it may be desperate; t is sufficient
merely that a connection be there. Frequently the midrashic
literature is characterisedby a careful analysisof and attention
to the biblical text.
The study goes on to give examplesof pre-rabbinic midrashim,
tending to exclude the Gospel Infancy Narratives from the genre
midrash. The fundamental criterion in regard to both Luke's and
Matthew's accounts n this regard is : do the narratives in question
actualise biblical texts? It is hard to see how Luke's narrative does
while the citations in Mat 1-2 seem o be used not to direct atten-
tion to the OT material so that it might be explained but to explain
the person of Jesus 18.
iii. R. Le De-aut. n a review essayof Wright's work, under the
title A propos d'une definition du midrash , published in 196919,
Roger Le Deaut has made what in fact is a major contribution to
the understanding of midrash, a contribution that was to become
highly influential in later discussionof the subject. Le Deaut cites
the texts of Wright given above, and objects o his practical reduc-
tion of midrash to a literary genre. For Le Deaut midrash s much
more2O
When we try to discoverand to classify he literary genresof
the Bible we use the categories which are attested in a great
number of literatures, especially hose of the West(history, eg-
18. WRIGHT, 1967, p.139-142, at 141.
19. LE DE-AUT, 1969; English translation 1971
20. ibid., p. 400-402; trans. 267-269.
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IDRASH, APOCRYPHA
end, parable). But in the caseof midrash one is in the presence
of a Jewish category for which there is no equally compre-
hensive analogy in our Western categories and vocabulary...
It [i.e. midrash] is part of a specific mental constellation in
which it is endowed with an emotional and religious charge
which, we think, obliges us to reserve o it exclusively ts tradi-
tional meaning. But it is a very broad meaning which has been
adopted by the Jewish and christian authors who have dedi-
cated the most important studies to it. Midrash is in effect a
whole world which canbe discoveredonly by accepting ts com-
plexity at the outset. It is pervasive throughout the whole Jew-
ish approach o the Bible, which could in its entirety be called
midrash. Technique and method cannot be separated, even if
they ead to different literary genres.Midrash may be described
but not defined, for it is also a way of thinking and reasoning
which is often disconcerting to us. One may best perceive its
nature, therefore, by listing its characteristics,as Zunz, Bloch,
Seeligman,and others have done. Studies ike Wright's can then
sharpen he literary structuresand their different forms in order
to classify them in precise genres. But reducing midrash itself
to a very definite and limited literary genre would ...be com-
parable to cutting down a forest in order to make a box of
matches.Ancient hermeneutics,and that of the Semites n par-
ticular, is often diametrically opposed to modern scientific
requirements; but in order to understand hem one must adopt
their point of view, and midrash represents a privileged form
of it.
3. Reflectionson newapproaches
One gets the impression, Le Deaut remarks21,hat the primary
aim of Wright's researchwas to furnish christian exegeteswith a
rigorous terminology and that problems raised by the Infancy Nar-
ratives have been at the background of the inquiry. He had not the
intention of studying midrash for its own sake, as otherwise his
study of the rabbinic literature would be quite insufficient. In his
observations on the understanding of the use of the Scripture in
the New Testamentand of what Le Deaut would call Christian
Midrash, and Wright's position on Mat 1-2,Le Deaut speaksof the
Copernican revolution that has been brought about by the incar-
nation, sinceGod has now spoken o us through his Son (Heb 1 :2).
21. ibid., p. 395; trans. 265.
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M. McNAMARA
He cites C. Perrot's words in his study on Infancy Narratives in the
Haggadah: if the older midrashim always have the Scripture as
the basic point of reference, he first (Christian) oral tradition and
the Gospels effect a complete reversal of the situation. The basic
point of reference is the Christ 22.Christ becomes he key to the
Scriptures.The quest , inquiry (recherche)s henceforthcentered
on him and the Spirit is the tanna and the amora who recalls his
doctrine and reveals ts deepestmeaning.This radicalchange,how-
ever, n Le Deaut's view altered nothing, or next to nothing, of the
methods involved and thus we find Paul in 2 Cor 3 constructing a
Christian midrash after the fashion of a Jewish abbi23.
i. G. Porton. Studies on the nature of midrash and of its pres-
ence in the New Testament continued to appear even in greater
numbers in the quarter century that followed. In an essayon the
subjectpublished in Aufstieg und Niedergangder romischen Welt,
volume 19.1 n 1979,and in a revised form in 198124,he Jewish
scholar Gary Porton begins with the telling sentence: The schol-
arly study of midrash is in its infancy . He notes that although
there have been a number of studies n the last few decadesdeal-
ing with midrash, many have complained about the vague manner
in which the term is defined. At the same imes, he continues,oth-
ers have warned against too narrow a definition which would
exclude material which is probably midrashic. He gives nstances
of the variety of definitions given over the preceding decades.
Among other tendencieshe notes the Jewishscholar's Meir Gert-
ner's distinctiow5 between covert midrash in which neither the
scriptural text nor the midrashic dea, nor the midrashic echnique
is defined or mentioned and covert midrash in which the verse,
idea, and most often the technique are explicitly stated. He also
notes J. Sander'ssimilar opiniow6 arguing that any definition of
midrash which limits its scope o the citation and use of an actual
biblical Passages deficient . It is difficult, he continues27,o bring
these various comments made on midrash into relationship with
one another. Frankel and Brownlee derive their descriptions of
midrash from the content of some midrashic texts. Lieberman,
22. See ibid., p. 407; trans. p. 275; citing C. PERROT,1967.
23. LE DEAUT, 1969, p. 408; trans. 276.
24. G. PORTON,1979 and 1981.
25. PORfON, 1979, p. 110; 1981, p. 60; with reference to M. GERTNER,1962,
268-269.
26. ibid. 1979, p. 110; 1981, p. 60; with reference to J. SANDERS,1972, p.
xiv.
27. PORTON,1981, p. 60-61.
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IDRASH,APOCRYPHA
Childs, Wright, Zunz, Vermes,and Bloch seem o focus their atten-
tion on the process hrough which some midrashic texts were cre-
ated or the function certain midrashic passages layed in the life
of the community. Le Deaut has argued that midrash s an attitude,
and Sandershas written that midrash is a way in which a commu-
nity finds its identity. Gertner, Sandersand Wright have also dis-
cussedmidrash in terms of literary features, that is, how does it
relate literarily to the canonical text and traditions. In brief, these
severalwriters do not seem o me to be describing he samephe-
nomenon in a similar manner . After a little further discussionof
the matter he gives his own definition of midrash as follows28
In brief, I would define midrash as a type of literature, oral
or written, which stands n direct relationship to a fixed, canon-
ical, text, considered to be the authoritative and the revealed
word of God by the midrashist and his audience,and in which
this canonical text is explicitly cited or clearly alluded to.
Before he comes o discuss he different midrashic collections,
as he sees hem, he makes the poinf9 that the Torah was not the
sole source of religious authority before 70 CEo During the
intertestamentalperiod there were two possiblesourcesof author-
ity, two parallel but possibly conflicting paths to God: the priest-
hood/priestly tradition and the Torah. Until the destruction of the
Temple in 70 CE, it is likely that the former were the more impor-
tant. There was some limited midrashic activity among Palestin-
ian Jewsbefore 70. The supposedwork of the scribes, he earliest
parts of the targumim and some early material from Qumran fall
into this category. However, he remarks further, claims that the
Bible as a closed, revealed text was the central force within the
Jewish communities and that this fact necessitated extensive
midrashic activity fail to recognise the importance of the priest-
hood and its traditions or the wide variety of ideas and sourcesof
authority within the Jewishsociety.Those who argue that the reg-
ular readings of the Torah within the synagogueservice gave rise
to the midrash find little evidence upon which to base their theo-
ry. In short, he continues, we have little which suggests hat the
creation of midrashwas of central importance for PalestinianJews
before the first century of our era.
28. ibid., p.. 62.
29. ibid., p. 63-65; 1979,p.114-115.
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M. McNAMARA
On the assumption hat his definition of midrash s accepted,he
states hat post-biblical midrash ncludes more than the rabbinical
collections. There are, he says,at least four classes f Palestinian,
Jewish midrashic activity in the post-biblical period: translation
(with targumim as the example), the rewriting of the biblical text
(the most important examples being the Liber Antiquitatum Bib-
licarum and the [Qumran] GenesisApocryphon), the (Qumran)
pesherand rabbinic midrash3°.
ii. J. Neusner. n his work Midrash in Context. Exegesisnfor-
mative Judaism (1983)31, acob Neusner generally avoids he term
midrash despite the title of his work. He explains why32
Midrash stands for at least hree specific things, as well as a
great many hings in general. It refers, first, to a particular kind
of book, a compilation on biblical exegeses, mplifications, and
compositions, as n GenesisRabbah... It speaks,second, o an
activity of explaining or applying he meaningof a biblical verse
(or group of verses), as in the midrash of this verse is... In
this sense, he Gospel of Matthew is not a midrash but it con-
tains much midrash.
He goes on to note that a word so rich in ambiguities is best
avoided; other words, eachof them standing for some one thing,
will prove more useful. This is still clearer, he continues, when we
realize that the word midrash may stand for yet a third thing:
hermeneuticsof a particular kind. As a mode of interpretation,
people use the word midrash to mean the reading of one thing in
terms of some other. The usage s so general as to defy concrete
application, as in the statement, Life itself is a midrash on the
Torah . That is to say, hings that happenconstitute amplifications
and applications of statements made in Scripture. He then
remarks33
The range of defihitions of the word midrash, of the modes
of exegesisencompassed within that word (as well as those
excluded by it, if there are any), of the sort of books that con-
stitute midrash (and those that do not) -those are so vast as
30. ibid., p. 70.
31. J. NEUSNER,1983. See also M. McNAMARA, in Irish Biblical Studies 9
(1987),146-148.
32. NEUSNER,1983, p. xvi.
33. ibid., p. xvi.
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IDRASH,APOCRYPHA
to make the word, by itself, more of a hindrance than a help in
saying what we mean.
He notes Porton's essayon the subject, and cites his definition
of midrash given above, and comments34
That definition encompasses vast range of Judaic and early
Christian literature -as Porton says... "broad enough to
include a large variety of treatments of the canonical exts and
traditions, and yet narrow enough to distinguish this activity
from other literary activities".
Since Neusner finds these statements accurate, he cannot use
the word midrash at all, becausehe addresseshe genre of writing
and thinking known as midrash in only one context, namely that
of Rabbinic Judaism.
Thus has it come about that due to the extended meaning of a
term drawn from Rabbinic Judaism, a leading authority on this
same Judaism inds that he can no longer profitably use t at all in
this samearea
A few years ater Neusner eturns to the same opic with a book-
let entitled What is Midrash ?35He opens the work in the preface
by noting that many people these days refer to "Midrash", but few
tell us what they mean. The reason or prevailing confusion about
Midrash, he continues, s that a common English word "exegesis",
meaning "interpretation and explanation", is replaced by an
uncommon Hebrew word. The result is that people obscure mat-
ters that should be clear. In this book he sets outs three types of
midrash, meaning simply "biblical exegesis by ancient Judaic
authorities". The three types of Midrash-exegesis,deriving from
three distinct Judaisms or Judaic religious systems n Antiquity,
involve the interpretation of Scripture in one of three ways: as (1)
prophecy, characteristic of the Judaism set forth in the Dead Sea
Scrolls as well as of the Judaism aid out by the schoolof Matthew,
the (re )reading of Scripture through (2) systematic paraphrase,
accomplished by the translators of Scripture into Aramaic and
Greek, and the reconsideration of Scripture as (3) parable, nclu-
sive of allegorising tendencies,characteristic of the biblical inter-
pretation of the Judaismof the dual Torah. In his considerationof
34. bid.,p. xvii.
35. NEUSNER,987.
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140
M. McNAMARA
definition, he observes that the word Midrash stands for many
things, but is mainly understood in three ways36.f one says the
Midrash says , his may refer to Midrash as (1) a concreteunit of
scriptural exegesis; 2) a compilation of the results of that process;
(3) a processof interpretation of a particular text (i.e. Midrash-
process: paraphrase,prophecy, parable). It follows, he goes on to
say, hat for clear speech he word Midrash , standing by itself,
bears no meaning. In place of the word Midrash , he prefers to
use the following compound designations: (1) midrash exegesis;
(2) Midrash-compilation of exegeses or compilation of Midra-
shim); (3) Midrash-process or a particular way of reading Scrip-
ture in general or a discrete verse. The best definition of Midrash
known to him derives from Gary G. Porton (part of which I have
cited earlier).
The third part of this work of Neusner,and over half the book-
let, is entitled When Things are not what they seem and is on
what he calls parable or allegory , reading one thing in terms
of another. Here he deals with the treatment of the biblical text in
the great compilations GenesisRabbah,LeviticusRabbah and Sifre
on Numbers. Midrash, as produced by the Judaism of the dual
Torah, appeals o some other set of values or considerations than
those contained within the verse or topic at hand. For this reason
he classifies rabbinic Midrash as allegorical, in the sense hat it
compares something o something else, as does a parable37.Rab-
binic Midrash readsScripture within the principle that things never
are what they seem. What changed he sages'world between he
advent of the Mishnah in 200 and the making of the major
Midrash-compilations at the end of the fourth century was the
challenge of Christianity, specifically three challenges: (1) the
claim that Jesus of Nazareth was the Messiah; (2) the Church's
claim to be the successor f Israel as God's people; (3) the appeal
to Scripture to demonstrate these two propositions38.
In the epilogue Neusner sharessome of his reflections with us :
Midrash shows us how the Judaic sagesmediated between God's
Word and their own world, equally and reciprocally invoking one
as a metaphor for the other. They learned from Scripture about
what it means for humanity to be in our image, after our like-
ness . In the dual Torah of Judaism, but also in the Gospel of the
36. ibid., p.9.
37. ibid., p.44.
38. ibid., p.47-48.
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MIDRASH, APOCRYPHA
incarnate God, Scripture, read in the prism of Midrash, forms a
commentary on everyday ife -as much as everyday ife brings
with it fresh understanding of Scripture. That theological convic-
tion, moreover, frames a theology of culture, one that constantly
refers to Scripture in the interpretation of everyday life, and to
everyday ife in the interpretation of Scripture. Sucha theology of
culture invokes both the eternal and continuing truths of Scripture
and the ephemeral but urgent considerationsof the here and now.
Midrash then forms that bridge, defines that metaphor, holds in
the balance hose wo worlds of the here and now and the always39.
iii. P. S. Alexander. In recent years, other scholars too have
become uneasy with the use of the term, and this for a variety of
reasons.Some have objected to its application to New Testament
literature40. They do not believe that there is midrash in the
Gospels. In 1982 Philip S. Alexander read a paper on Midrash
and the Gospels at the Gospel Conference, Ampleforth, York.
The first part of this conferenceappearedunder he heading Rab-
binic Judaism and the New Testament in 198341. his part was
intended as a preamble to the body of his study and is concerned
to identify and define in a generalway someof the weaknesses till
in evidence in many New Testament scholars' handling of Rab-
binic literature, such as the state of Jewish texts being used, the
understanding of the texts, the problems of dating the texts, the
accuracyof the attributions of sayings o a given rabbi, the mas-
sive and sustainedanachronism on the part of many New Testa-
ment scholars n their use of Rabbinic sources,who time and again
quote texts from the third, fourth or fifth centuries AD, or even
later, to illustrate Jewish teaching in the first century, and finally
parallelomania.
The body of Alexander's paper, entitled Midrash and the
Gospels appeared in 198442. e notes the confusion concerning
the definition and states he principles that, in his view, the cor-
rect procedure in the definition of midrash should be to isolate a
corpus of midrashic texts; to examine these texts in order to dis-
cover their characteristics; and then to consider the question of
whether there are texts outside the corpus which possesshe same
39. bid., p.102.
40. See, for instance, B. CHILTON, 983; also R. T. FRANCE, 983a and
1983b.
41. ALEXANDER, 983.
42. ALEXANDER, 984.
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M. McNAMARA
features . In establishinga corpus of midrash on which to base our
investigations, priority should be given to early Rabbinic litera-
ture43, ince midrash as a technical term in modem scholarshipwas
borrowed from Rabbinica, having been first applied to Rabbinic
literature. He believes t is necessaryo make a distinction between
midrashic form and midrashic method. Texts suchas BereshitRab-
bah are in midrashic form and exemplify midrashic method,
whereas the Targums, for example, could be described as
midrashic in method, but with regard to form must be classedas
translation. With regard to form, the basic iterary form of midrash,
he notes, s biblical lemma (i.e. the text of scripture for comment)
plus commentary.The commentary reveals he following five fea-
tures44: (i) it quotes freely verses of scripture as proof-texts; (ii)
the darshan s particularly fond of stringing biblical verses ogeth-
er; (iii) he quotes freely named authorities -Rabbi Ishmael, etc.;
(iv) he cites different and sometimes contradictory interpretations
of the same verse; (v) he commonly employs meshalim ( para-
bles ), especially o resolve theological problems. This set of char-
acteristics, Alexander believes, s sufficient to set midrash off from
targum and Mishnah. It is problematic whether we can differenti-
ate midrash from Gemara (i.e. the commentary on the Mishnah in
the Talmuds), since the formal similarities between midrash and
Gemara are unquestionably great. But this may indicate that the
Mishnah had been elevated to the status of a canonical text.
He admits that defining midrashic method is much more diffi-
cult than defining midrashic orm, and stresseshe importance here
of twofold Torah, written and oral, in the rabbinic scheme of
things. The oral torah was Tradition. Somehow a way had to be
found in meshingScripture and Tradition which would make them
in a senseone, while at the same ime preserving their individual
identity. The Rabbis achieved this by presenting Tradition in the
form of midrash on Scripture. By so doing they were implying that
Scripture had priority over Tradition. This priority was logical or
symbolic: formally at least it was Tradition that was brought into
relationship with Scripture, and not vice versa. New ideas and
developments within Judaism have to be legitimated by being
brought into relationship with Scripture: it must be shown that
they are somewhere present in Scripture. At first sight this condi-
tion imposes severe restraints on the development of Judaism; it
limits its options for change. In practice, however, the only limit-
43. ibid. p. 2.
44. ibid., p. 3-4.
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143IDRASH, APOCRYPHA
ing factor has proved to be the ingenuity of the interpreter. So
although at a formal, superficial, level it is Tradition that is accom-
modated to Scripture, at a deeper evel Scripture is accommodat-
ed to Tradition45.Midrash becomes he means whereby Scripture
canbe made over in the image of the Tradition. Midrash s the link
between Holy Writ, fixed by the Canon, and the Tradition. It is the
flexible joint which keeps he Oral and the Written Torah in con-
stant alignment. It enables he sacred text to be brought to bear
upon and made relevant to changing historical circumstances.
The darshan, he Jewish eacher nvolved in the midrashicexpla-
nation of Scripture, had, then, as a major aim- perhaps, Dr
Alexander notes, one might say the major aim -to find ways of
convincingly validating Tradition in terms of Scripture. He had
other aims as well, related specifically to his view of the nature of
the Written Torah. On these aims Alexander writes46
Scripture contained God s supremely authoritative revela-
tion to Israel: above all other texts, therefore, it was worthy of
study and meditation. Its teachings had to be searched out,
explained, and applied to the heart and conscienceof the Jew.
It was divine utterance, and its content had originated in the
mind of God. It was, in consequence,not like other texts. The
darshan was continually looking for evidence of Scripture s
unique character, and trying to draw out its glory and beauty.
From his belief in the divine origin of Scripture the darshan
made three important deductions.First, the text of Scripture is
totally coherent and self-consistent.This meant that any part
of Scripture may be interpreted in the light of any other part
and harmonized with it. Contradictions in Scripture can only
be apparent, not real. The darshanim spend much time weav-
ing together diverse Scriptures, and reconciling Scripture with
Scripture. Second, he text of Scripture is polyvalent. It con-
tains different levels and layers of meaning. It is not a question
of finding one, true, original meaning of Scripture: Scripture
can mean several -sometimes seemingly contradictory -
things at once...Third, Scripture is inerrant. It is the darshan s
business o explain away any apparent errors of fact.
The writer goes on to note that the darshanim are adept at
exploiting real problems in the text as a way of reading their own
45. ibid., p. 6.
46. ibid., p. 7.
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M. McNAMARA
ideas
into Scripture. In any given instance it will probably beimpossible
to say whether the interpretation was suggestedsimply
by meditation on Scripture, or devised deliberately as a way of
attaching certain ideas to Scripture. The darshanim are so inge-nious
at finding points of contact for Tradition in Scripture, and
argue their case with suchverve and conviction, that it is very easyto
suppose that their whole interpretation has simply emerged
from pious meditation on Scripture. His strong suspicion s, that,
despite appearances, he dynamo which drives midrash forward is
located not in pure and disinterested meditation on Scripture, but
in the need to validate the tradition47.
After consideration of the function of midrash and its aims,
Alexander treats of the means to achieve these aims. The dar-
shanim had a whole array of techniques: wordplay, etymology,
numerical value of words. He notes the middot (hermeneutical
rules) of Hillel, Ishmael and Eliezer ben Yose Ha-Gelili, noting
that if they were intended as actual rules for midrash of Scripture,
they bear ittle relationship to the actual exerciseof midrash as his
is known to us from the texts48.
He then highlights four generalcharacteristicsof early Rabbinic
Bible exegesis49.t is in no sense a substitute for Scripture, or a
rewriting of it. Midrash is argumentative, frequently setting out
different options and debating heir merits. Under this heading he
crypto-midrash of New Testament scholars, in the senseof an
interpretation of someunquoted text of Scripture, s rejected.Thus
understood, the notion is seenas decidedly odd in the context of
Rabbinic midrash. The third characteristic s that normally midrash
has a point of contact, a peg in the text on which it hangs.Final-
ly, the darshanim felt that they were working within a very defi-
nite, ongoing, tradition of scholarship. They seemed to regard
themselves primarily as ransmitters of the tradition.
After his definition of midrash, Alexander asks whether in the
light of it it is possible to identify midrash outside Rabbinic liter-
ature. He is inclined to say,No : midrash is best confined to early
Rabbinic Bible exegesis5O.he differences he perceives between
the Rabbinic and the non-Rabbinic texts are more important than
47. ibid.,p. 8.
48. ibid.,p. 9.
49. ibid.,p. 9-11
50. bid.,p. 11.
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IDRASH, APOCRYPHA
the similarities. To call these other, non-Rabbinic interpretations
of the Bible midrash is, to his mind, highly tendentious. The only
effect of a lack of discrimination betweenBible exposition in such
texts as Chronicles, the Testaments of the Twelve Patriarchs,
Enoch, Jubilees, Philo, Josephus, he LXX and Targumim, the
Qumran Pesharim, the Genesis Apocryphon, the Mekhilta of
Rabbi Ishmael, is to evacuate midrash of any real meaning:
midrashbecomessimply a fancy word for Bible interpretation 51.
If midrash meansno more than this, then it would be advisable o
drop the term. Dr Alexander ends his section on midrash proper
by noting that the way forward lies in trying to define these dis-
tinctive styles of Bible interpretation, rather than in treating them
as an undifferentiated mass.
4. Inner-biblical development: interpretation, exegesis
At the beginning of the period with which we began our survey
(1934) Andre Robert published a study in which he drew atten-
tion to the reuse of earlier biblical texts in later canonical writ-
ings52,n what he called a style anthologique . In 1954and later
R. Bloch was arguing that midrash was present already in the
Bible53. nner-biblical interpretation, or exegesis,has become he
subject of detailed study by various scholars during the past
decade, especially by Michael Fishbane54.
Fishbane speaks both of inner-biblical exegesis and (inner-bib-
lical) interpretation. Since part of our concern here is terminolo-
gy, a caveat can be entered with regard to the use of either of these
two terms in this context. Their use depends somewhat on what
one means by either of the terms. For some, each of these terms
would imply examination of a text with the intent of determining
what its author had in mind. With regard to the biblical data the
later author may not have been particularly interested in what the
original sense of a text or tradition was, but rather in what mes-
sage the traditional passage or tradition had for the later genera-
tion recalling it. Another point to be noted is that exegesis and
interpretation imply a fixed text to be interpreted or exegeted.
Undoubtedly, in many cases the reformulations we find in later
51. ibid., p. 12.
52. A. ROBERT,934-1935;1944; 1957,esp. p. 413-416.
53. See iterature indicated in note 13 above.
54. M. FISHBANE,980; 1985; 1986.
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M.
McNAMARA
biblical tradition are based on earlier written texts. Nonetheless,
it is not always necessary o postulate a text, and a certain amount
of what we find in this regard in the Hebrew Scriptures could also
have taken place at the level of oral tradition.
From our present point of view what is important is that we
examine the evidence provided by the books of the Hebrew Bible
on the later re-presentation of earlier material. How we designate
such ater use (re-use, exegesis,nterpretation, or whatever) s less
important. In this present context by Bible I mean the books ofthe
Hebrew Canon. We must recognise,of course, that laws oper-
ating with regard to these books may have been presentbefore the
tradition in these works was written down, and that they may alsobe
found in later Jewish texts, not accepted as part of this canon
(for instance Sirach and the Wisdom of Solomon). It must also be
noted that even in the inner-biblical period it is not always easy o
determine whether we are dealing with a fixed written text, or an
evolving oral tradition. And even when we are dealing with a fixed
text, it is not always clear whether what appears o be re-use, nter-
pretation etc. really has reference to an earlier fixed text, or is
merely the articulation of a religious tradition in the light of belief
in a living God, in his word and the promises that he has made in
the past.
Fishbane examines inner-biblical interpretation (or exegesis)
under four headings: scribal comments and corrections; legal exe-
gesis; aggadic exegesis; mantological exegesis. While other
approaches could be taken to the subject, the biblical evidence
seemsclear that our present text of the Hebrew Bible came about
through a lengthy processof re-use, reformulation, re-interpreta-
tion of the earlier tradition. A few examples will suffice to illus-
trate, showing how the biblical tradition is in dialogue with its past.
The principle of individual responsibility in Ezek 18 :1-4and Jer31
:27-30 seems o be a reformulation of the earlier principle of
God's vengeance extending to the children and grandchildren of
sinful parents (Exod 20 5-6; 34 6-7; Deut 5 :9-10).
We have evidence on the growth of tradition in the expanded
editions of certain canonical books, for instance Jeremiah in the
Hebrew Text, which is longer by some 2700words than the Greek
Septuagint.
Within Jeremiah we can see the development in messianicprophecies,
for instance Je;remiah's prophecy of the righteous
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Branch (23 :5-6) expanded in the Hebrew Text, absent from the
Greek of Jer 33 :14-22. Similarly, Jeremiah's words on king
Jehoiachin (Koniah) as signet ring are reapplied, with reference
to Zerubbabel, in Hag 3 :23.
We may also note the expansions n the Book of Sirach. While
Sirach's original Hebrew text seems o have the older and Penta-
teuch view regarding he afterlife (that is without assertioneither
of immortality or of bodily resurrection), other forms are found in
Greek texts, in the Latin and Syriac versions and also in some
Hebrew manuscripts. In these we have a later, more developed
(Essene?) view of an afterlife of bliss for the just and of darkness
for the sinner. In the words of C. Kearns, the expansions,above
all, supplement the rudimentary eschatologyof the Primary Text
by stressing he ideas of judgment at or after death, of conscious
survival in the next world, in the moral aspectsof human mmor-
tality, of lasting punishment and reward beyond the grave 55.
5. Inner-biblical evelopment: anonical rocess; omparative
midrash
Analysis of the biblical evidence seems o make clear that with-
in the Hebrew Scriptures themselves here is a development, and
a later re-use of earlier material (written, and possibly also oral),
and that in this re-use here are certain eatures ound also in what
is commonly known as midrash. The transmission (traditio) of the
earlier accepted body of beliefs (the traditum) nvolved interpre-
tation, reformulation, and recasting or a new age.
While there is general agreementon what appear o be the facts
of development, scholars differ on how present what is agreed on
in a theoretical manner, how describe t and how work it into a syn-
thesis. The phenomenon s examined in tradition criticism and in
canonicalcriticism, generally associatedwith the name of Brevard
S. Childs. Speaking of the canonical process Childs writes56:
55. C. KEARNS, 953,p. 512; in a more nuanced manner n KEARNS, 969,
p. 549 (with separate reatment of The eschatologyof (Sirach) Greek II
and VL , and The Eschatology of Syr (the Syriac version); the Esse-
nian origin of the expanded ecensions(s).SeealsoA. A. DI LELLA,1987,
p. 86f., with indication of the studies of M. Fang Che-Yong in the biblio-
graphy (p. 101).
56. B. S. CHILDS, 979,p. 60.
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The heart of the canonical process lay in transmitting and
ordering the authoritative tradition in a form which was com-
patible to function as scripture for a generation which had not
participated in the original events of revelation. The ordering
of the tradition for this new function involved a profoundly
hermeneutical activity, the effects of which are now built into
the structure of the canonical ext.
JamesA. Sandershas reflected on the same biblical evidence,
the same process, he re-use of earlier biblical tradition by later
biblical writers, but uses a different terminology to describe it.
Writing on canonical hermeneutics in 197657 e says that in this
process he most common hermeneutical rule employed was that
of historical analogy or typology. In other writings he will refer to
the process as comparative midrash . In 1972, in Torah and
Canon,he wrote58
One of the results of form criticism was a special type of
investigation of the appearanceof certain crucial traditions in
the works of more than one early biblical author, editor,
prophet, or psalmist. The name given to such exercises s tra-
dition criticism... Tradition criticism traces he life or history of
an early idea or concept n the hands of more than one editor,
composer,or writer, or in more than one segmentor period of
the ongoing ife of the believing community.
A delicate question arising out of an extensionof suchwork,
which is called comparativemidrash59,s when the use of a tra-
dition ceases o be tradition-critical and becomes midrashic.
Renee Bloch wrote a remarkable article published in 1955 on
the origins of midrash within the Old Testament tself. There
are those who feel that tradition criticism and comparative
midrash are one and the same discipline, the first concentrat-
ing on the use and function of early raditions (suchas he Reed
Sea crossing) n preexilic times, the midrashic study coming in
with early Judaism in exilic and post-exilic biblical materials.
57. J. A. SANDERS,1976, at p. 404.
58. J. A. SANDERS,1972, p. xii-xiii. See also J. A. SANDERS,1984, p. 26:
A new approach to the study of early Jewish interpretation of Scriptu-
re, comparative midrash, began to emerge in the 1950s (italics in the ori-
ginal). See M. FISHBANE, 1985, p. 7, note 231: In the past decade J. San-
ders has frequently articulated the link between tradition-history and
midrash (by which is meant what is here called inner-biblical exegesis,
as well as what post-biblical Judaism called midrash ) .
59. Italics added by present writer.
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Certainly the two disciplines are related, tradition criticism
being he older and more establishedand comparative midrash
the younger, still groping for sound methods and controls.
We need not here enter the debate concerning canonical criti-
cism. Objections have been aised o the use of canon n suchstud-
ies, as if the perception of a text as canonicalwas operative in the
original process.True, the process n question did give rise to the
canon, and once books were acceptedas canonicaland closed, he
results of the process that gave them birth could no longer be
included as part of the canon, but must remain foreign to it.
Canonisation, however, does not mean that the original process
was brought to an end. Furthermore, there is disagreement on
what exactly constitutes the canon of the Old Testament, and
whether it includes such work as such Old TestamentApocrypha
as Sirach, the Wisdom of Solomonetc.
Objections can be raised, too, to the designationof the process
in question as comparative midrash . The term midrash has
sufficient problems attached to it that it is best reserved for rab-
binic literature and the process that produced this. Rather than
designate earlier biblical, or later Christian, literature as
midrash , it may be better to identify certain characteristics un-
ning through these, which we may describe as midrash-type fea-
tures . To these we now turn.
6. Somemidrash-typeeaturesor techniques
Here I wish to examine some eatures of biblical and postbibli-
cal Jewish iterature, which we may refer to as midrash-type tech-
niques , techniques used in the effort to have the community reli-
gious message ransmitted and transformed. The list I give is, as s
to be expected, selective.
i. Ideal (or idealized) figures. In biblical and postbiblical Jewish
literature certain persons, apart from what historical existence they
may have had, are also presented as carriers of particular messages,
e.g. Moses as lawgiver, recipient of revelation, intercessor; Samuel
as udge, ruler, prophet, intercessor; David; Daniel and so on. As
J. J. Collins and G. W. E. Nickelsburg put it60:
60. J. COLLINS n COLLINSand NICKELSBURG, 980, p. 5. See also M. FISH.
BANE, 1985, p. 372-379 ( Typologies of a biographical nature ).
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M. McNAMARA
While tradition plays a part in the portrayal of all ideal fig-
ures, it never determines them full. Traditional conceptions
undergo modifications to reflect more closely the circum-
stances, urposes,and ideals of the authors.Ultimately, all ideal
figures are generated by the ideals of the day.
Among these deal (or preferably idealised) igures we may also
include the villains, or those made so in the processof tradition,
as for instance Balaam. Tradition may also create personalities to
carry its message.The Books of Chronicles contain good exam-
ples of the transformation of earlier biblical tradition, and the oth-
erwise unknown prophet Azariah ben Oded of 2 Chron 15 :1-7
may be sucha creation.
Needless o say, his phenomenon of ideal or idealised figures
holds true also for the New Testament, and later Christian litera-
ture.
ii. Midrashic reflection on biblical texts of similar nature. One
characteristicof Jewishmidrashic reflection seems o be the bring-
ing together in a creative manner a chain of biblical texts on a sim-
ilar subject. Two example of this can be given.
One concerns biblical texts with reference to some event in the
past having occurred, according to the Bible itself, on the third
day , with which rabbinic reflection sometimescombines he sig-
nificance of biblical reference to rain or dew 61. Showers of
Hos 6 :3 and dew of Isa 26 19 are taken as referring to the res-
urrection. Hos 6 :2 speaks also of the third day , and also else-
where, e.g. Gen 22:4 (Isaac on Moriah), Gen 42 :17 Joseph),Jona
2:1; Exod 19:6 (The Sinai event), Esther 5,1. Midrash Rabbah 9,2
(on Esther 5 :1) remarks: The Rabbis noted that in all these here
is question of rescuing Israel from distress . With such a Jewish
reflection behind it the Targum thus paraphrasesHosea 6 :2 : He
will give us life in the days of consolation that are coming; and in
the day of the resurrection of the dead (HT: on the third day )
he will revive us so that we will live before him . There seems o
be general agreement hat at leastone of the principle texts behind
1 Cor 15:4 (Christ raised from the dead on the third day in accord
with the Scriptures) s Hos 6 :2. This is all the more probable when
the Jewish midrashic interpretation of this text is taken into con-
sideration.
61. See McNAMARA, 1983,p.183-185.
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MIDRASH,APOCRYPHA
Another chain of texts brought together by rabbinic tradition
are those with the keywords oz ( strength , bulwark ), babes ,
sucklings , fount , womb 62. The texts occur at Ps 8:2 (3);
Exod 15 :2,4; Job 3 :16; Joel 2 :16; Ps 68 26(27); Ps 29 :1. Israel's
fountain (Ps 68 :26) is the mother's womb. These texts were
brought together in a midrash that spoke of babes (even in the
wombs) praising God. The praise was believed to have been ren-
dered by the babesand sucklings n the very womb and at the first
redemption of Israel at the crossingof the Red Sea Exod 15 :2,4)
and at Sinai. Thus already for the Red Sea Wisdom of Solomon
10 21 (and naturally the Palestinian Targums of Exod 25 :2,4).
Such a midrash, inked with Ps 8 :2, may stand behind the events
of Matt 21 :15-16,with its reference to Ps 8 :2.
iii. Basing ater doctrine on the Bible, particularly the Pentateuch.
The desire to link with Moses and the Pentateuchparticular doc-
trines (as well as laws) formulated only after Moses's ime would
have been natural for Pharisaicand Rabbinic Judaism. t may have
been hard to envisagea Pentateuchwithout having suchdoctrines
in some orm, implicitly or explicitly. A typical example would be
the resurrection (or in rabbinic terminology vivification ) of the
dead. In a debate on the matter Jesus efers to Exod 3 :6 ( the pas-
sageabout the [burning] bush ). In rabbinic sourcesa given Rabbi
is given as asking: How do you prove the vivification of the dead
from the Torah? ( Torah in this context sometimesmeaning the
Scriptures , or the Psalms ). The Scripture texts adduces often
differ (Deut 33 6; Exod 15:1; Ps 84 4; Gen 3 :19).
In this regard it is quite interesting to find in 4 Mac 18 :16-19
(probably first cent. CE) an attempt to base the doctrine of the
immortality of the soul (not bodily resurrection) on the Scripture,
on the Law, the Prophets and the Writings, adducing he follow-
ing texts: Prov 3 :18; Ezek 37 2-3; Deut 32 :3963.
iv. Adding later doctrine to earlier incomplete formulation or
understanding n the biblical text. As an nstance of this I may give
God's words to Adam in Gen 3 :19: For your are dust and to dust
you shall return . The PalestinianTargumsadd to this: But from
the dust you are to arise again o giver an account and a reckon-
ing of all that you have done . In our own Roman Catholic burial
62. See ibid., p. 185-188.
63. See ibid., p. 180-183.
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M. McNAMARA
rite, I may note, the words of Gen 3 :19 are also used, ollowed by
the statement: "But the Lord will raise you up on the last day".
v. Adding messianic eferences o the biblical text. Of the many
examples hat could be given I instanceGen 3 :15,with the obscure
passagen the Hebrew Text hu yesupkar'os, "it (the seed; or "he")
will crush (?) your head". The Greek LXX rendered as masculine
(autos). The Aramaic Palestinian Targums paraphrase at some
length, with a reference to "the days of King Messiah" at the end.
The Vetus Latina, followed by the Vulgate, has a feminine subject,
ipsa, she will crush your head", paving the way for the later Mar-
iological interpretation, if not already emanating from such an
Mariological understanding.
7. Midrashmind-set ewish nd Christian
If it is proving nigh well impossible to define or even accurate-
ly describemidrash, it would seem hat it will be much more so for
the larger but related phenomenon to which I believe midrash
belongs, he question we have been examining.
I believe that in the whole question of midrash we are in the
presenceof a complex phenomenon of religious psychology,and
probably with the atmosphere,ambient, projected around itself by
the religious mind in an effort to better achieve self-articulation.
Since he desire for self-articulation in line with a clear conceptof
self-identity need not be restricted to the religious mind, much of
what we say n this regard could also be applied to other traditions,
whether religious or philosophical. For the moment, however, we
can restrict our attention to religious psychologyM.
64. See M. FISHBANE, 985,p. 1 : "One of the most remarkable features
of the great world religions is the emergence o independent dignity of
traditions and commentaries which supplement he original authoritati-
ve teachings-be these latter the product of divine revelation or human
wisdom. The phenomenon s not restricted to religious literature, of cour-
se,as he commentariesand supercommentaries o Aristotle in the midd-
le Ages, or to Freud in modernity, fully attest. But it is in the classical
expressionsof Judaism,Christianity, and Islam on the one hand, and Hin-
duism, Buddhism, and Confucianism on the other, that interpretation has
become a cultural form of the first magnitude -transforming the foun-
dational revelations of the first group and the metaphysical nsights of the
second.and determininl the fateful historical uaths of both".
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153IDRASH, APOCRYPHA
Discussing the question once with me, a French-speaking col-
league spoke of midrash as the bouillon de culture required by the
mind to develop its concepts. The French words I render as culture
medium . Microbiologists speak of a culture medium required for
the growth and development of micro-organisrns. Midrash, in a sense,
might me considered as such a medium for the religious mind, a pro-
jected atmosphere facilitating quiet reflection on God, on the truths
revealed by him, on his law and the demands it makes for believers
in the changing fortunes of the centuries and of everyday life.
Together with this, in the midrashic mind-set there is an element
of immediate contact with the earlier sacred text or tradition. The
sacred text or tradition is taken as speaking directly to the later
generations. When there is an unacceptable distance in expression
or formulation, when non-canonical the earlier text or tradition is
recast and reformulated; when canonical it can be rephrased in
translation or supplemented by a new understanding in the inde-
pendent midrashic-like compositions.
There is good evidence hat sucha mentality transcends he cen-
turies. It is present in the Hebrew Scriptures, in the New Testa-
ment interpretation of the Old, in the New Testamentarticulation
of its own tradition, in post New Testament Christian tradition,
whether in the mainstream theological reflection and treatises or
in the apocrypha.
In both the Old and New Testaments, efore a tradition became
text and canon, he inner-biblical development becameenshrined
as part of the text. After canonisation he sacred text was closed
and fixed, but articulation went on.
In fact, within Christian tradition we have since early times the
presenceof two schools of thought in this regard: the allegorical
and the historical, representedchiefly by Alexandria and Antioch.
The Alexandrians were suspiciousof the Antiochenes in matters
Christological, since they tended to believe that the Antiochenes
were too much bound by older Christo logical concepts and for-
mulation, beyond which they were loathe to move. In the exeget-
ical field the Antiochenes avoured an historical approach, espect-
ing the distance in time between text and interpreter. The
Alexandrians, through allegorisation, more easily ound doctrines
and practices close o their hearts in the biblical texts themselves.
The attitude continued down through the Middle Ages, and at
one level of the believer's being it can be present even with high
regard for historical interpretation. At the Reformation period it
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M. McNAMARA
characterised heologians on either side of a denominational reli-
gious divide, who took their own beliefs to the Scriptures and
believed they found them there. As the situation is described n a
saying of uncertain attribution:
Affert ad eam (i.e. Scripture) sua quisquedogmata
lnvenit in eadogmata quisquesua.
8. Someexamplesof midrashic Jewishand Christian
i. Trinitarian and Christological doctrines. Passingbeyond the
Bible into Christian tradition, I believe we can find a similar use
of Scripture in earlier Trinitarian and Christological debates and
also in later instancesof doctrinal development. The Trinitarian
and Christo ogical debatesas a sort of culture medium had Greek
philosophical syntheses,such as are found in middle Platonism,
but had likewise the Old TestamentWisdom synthesis.Central to
the entire process,however, was the perception on the person of
Christ. The syntheses,whether they be Greek or Jewish,were but
the backdrop, the wall on which to bounce their developing con-
cepts in order to better formulate both concept and expression.
ii. Synthesisrom a combination of relatedScripture texts. have
earlier drawn attention to such collections of texts (on the third
day ; on infants in the womb) in Jewish writings65.As a similar
phenomenon from Christian writings I may nstance Gregory the
Great's description of the Last Judgmentscene,with four groups:
two to be udged, two others not for judgment; two to be damned,
two for eternal bliss. The scenario s built up from Scripture cita-
tions (Matt 25:42,43; 25:41; Jn 3:18; Rom 2:12; Matt 25:35;
25 :34; Matt 19 18; Isa 3 :14; Prov 31 :23)(Gregory, Moralia in lob
26,27,50; on Job 36 6; PL 75, 378-379).
iii. The Intermediatestateand Purgatory. We have noted above
the midrashic situation with regard to the resurrection of the dead
and immortality. The belief can be presumed o have arisen nde-
pendent of any particular text. Belief in bodily resurrection was
later linked with different texts. Similarly with the belief in the
intermediate state, later referred to as Purgatory. Belief in the
value of prayers for the faithful departed is an old one in Chris-
tianity, and with it belief in some ntermediate state, distinct from
65. McNAMARA, 1983,p.183-185;185-188.
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IDRASH,APOCRYPHA
Hell in the strict sense.This belief was nvoked in solving he prob-
lem of the threat of Gehenna in Mat 5 :22 (Gehenna of this text
being understood as ignis purgatorius) and was also linked with
other Bible texts, principally 2 Macc 12 :42-45 and 1 Cor 3 :15.
9. Midrash, apocrypha,biblical commentaries,heological reatises
What essentially constitutes an apocryphal writing is probably
less easy o define than midrash. And the apocrypha differ con-
siderably one from the other. Apocrypha in general, however,dif-
fer from midrash in that (a) they stand over against a canon of
scripture and (b) as a consequence they can elaborate themes
freely without need to refer to a biblical text.
In the approach to their themes the apocrypha may have much
in common with biblical commentaries and theological treatises.
These writings, particularly with regard to the afterlife and to Mar-
ian doctrine and devotion, should not be too clearly set off one
against the other.
In the relation of midrash to a biblical text the question has been
asked as to where the dynamo lies -in the biblical text control-
ling the midrashic interpretation or in the midrash which has the
biblical text say what the darshan wants expressed. For the author
of at least some apocrypha, the problem would not appear to exist,
since the message intended to be conveyed is central. I illustrate
with some examples on Marian doctrine.
i. The Protevangelium Jacobi. In Oscar Cullmann's words with
regard to this66: The whole work is written for the glorification
of Mary. Not only are Jewishcalumnies by implication vigorously
refuted; all the themes of future Mariology are propounded:
although, it is true, the Immaculate Conception of the mother
of Jesus s not taught, her miraculous birth is recorded .
ii. Continued Mariological reflection and later re-working of the
Protevangelium acobi. It would be misleading o consider he Pro-
tevangelium of Jamesas a Christian midrash67. t has in common
66. O. CULLMANN, 1963, p. 373; 1991, p. 425.
67. In an earlier writing E. Cothenet refers to motifs of Jewish haggadah
in Protevangelium Jacobi (COTHENET,1972, at col. 1382. In his later wri-
ting (COTHENET, 1988) he designates it a midrash: Le Protevangile de
Jacques: Origine, genre et signification d'un premier midrash sur la nati-
vite de Marie ; ( Le genre litteraire : un midrash chretien , p. 4259-4263).
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M. McNAMARA
with midrash that it is not impeded by canon and can freely devel-
op insights with regard to Mary. Reflection on the same themes
will continue in the Church, in suspect apocrypha and in main-
stream orthodox circles.The PJ will be freely updated in later cen-
turies, in keeping with developing Mariological doctrine and Mar-
ian devotion, to give us the Gospel of Pseudo-Matthew (sixth
century?) and later (9th-11th century) the De nativitate Mariae.
During the Middle Ages from the eighth century onwards, Mari-
ological doctrine was articulated in differing contexts and against
varying backgrounds68 in the liturgy, in the interpretation of the
Songof Songs, n apocryphal writings and in theological treatises.
The perceptions concerning Mary were the same, but were
expressed n different media. In this particular context it seemsdif-
ficult to single out anyone of these as more important than the
other.
10. Irish apocrypha, theological reflection and theological trea-
tises on the afterlife
In treating of the resurrection of the body in 1 Cor 15 Paul can
be regarded as being in the tradition and of using techniques of
Jewish midrash. Christian theologians inherited his teaching,
together with other biblical texts, and had to attempt o work them
into a synthesis, n keeping with what they regarded he essentials
of Christian belief and their own particular philosophical and the-
ological views. Augustine treated in extenso of the bodily resur-
rection, with an eye to critics of the Christian faith. He allows him-
self to be drawn into details as o the nature of the risen body and
the many questions arising from belief in the material nature of
this body. Gregory the Great also treats of the question, and had
to enter into open debate on the issue at Constantinople with
Eutyches, bishop of the city. From these two Christian Fathers
there was developed a synthesis on the matter which was trans-
mitted to the Middle Ages.
We find an early form of this synthesis n the Irish Reference
Bible , a one-volumecommentary on the Bible composed owards
the end of the eighth century. We have an Irish text, Scelana hEs-
ergi, Tidings of the Resurrection (probably of the tenth centu-
ry), which is heavily dependent on the writings of Augustine and
68. SeeE. Ann MATTER, 990,p. 151-178 The Woman who is all'
also R. BEYERS, 990.
See
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IDRASH,APOCRYPHA
Gregory, apparently through an ntermediate writing rather than
directly. The work is to be regarded as a theological reatise rather
than as an apocryphal text69.
Tidings of the Resurrection is a semi-canonical theological
text, representing an acceptedsynthesiswhich scarcelypermitted
much personalspeculation.For this, further use of a culture medi-
um , free from chains,would be indicated.
In another medieval Irish text, Scela Lai Bratha, Tidings of
Doomsday , we have a text which at first sight appears o be less
in the tradition of Patristic or medieval theology. R. Flowero was
of the opinion that this text probably representsa lost Questions
of Matthew resembling he part of the Book of John the Evange-
list dealing with the last things as printed by James 71. his Irish
text is currently being critically studied. It was probably composed
in the eleventh century. In part it depends on the verse composi-
tion Saltairna Rann ( Psalter of the Quatrains ), composed n 988.
It divides those gathered for judgment into four classes: he very
good, the not very good, he very bad, he not very bad (boni valde,
boni non valde,mali valde, mali non valde). In this (terminology
apart) it depends on a text of Gregory's Moralia in lob. It is in the
form of a homily, with exordium and final peroratio as in a series
of eleventh-century Irish homilies, of which it may have formed
part. It may represent, however, a mixed genre, part homily, part
apocryphon, or with a sectionof an apocryphal writing worked in
as part of the homily. In any case t representsa less ormal, stereo-
typed, medieval Irish approach o eschatology72.
Th. Silverstein has noted73 hat the vision of Saint Paul became
one of the chief formative elements in the developments of the
later legends of Heaven and Hell which culminated in the Divina
Commedia of Dante . While the Latin texts go back to the fifth
and the sixth centuries, he original long Latin text gaveway from
the ninth century forward to shorter Latin versions and vernacu-
lar adaptations. The Latin Version VI represents a complete
69. For text and editions seeM. McNAMARA,1975 (1984),p. 141 (#107).
For source analysis see M. McNAMARA, 1995, at 263-264, 276-281.
Although listed among the Irish Apocrypha in McNAMARA,1975, ource
analysisndicates hat the work s a theological reatise ather than an
apocryphon.
70. R. FLOWER, 926 (reprint Dublin, 1992),p. 502,note.
71. In The Apocryphal New Testament,Oxford, 1953,pp. 191-193.
72. See further, McNAMARA, 1995,p. 265-270.
73. TH. SILVERSTEIN,935; p. 3. See also P. PIOVANELLI,993.
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rewriting of the Apocalypse, and has close similarities in the
description of Hell with a group of early Irish revelations: the
Visions of Laisren, the Vision of Adamnan, The Voyage of Vi
CorraoThere is an Irish translation of the Visio Pauli, of the Recen-
sion IV type, and there are other vernacular Irish texts clearly in
the tradition of the Visio Pauli.
It seems clear, then, that from the ninth or tenth century
onwards Irish eschatological hinking was changing from the for-
mal semi-canonical reatise to the more amenable(and midrashic)
Vision type. Noteworthy in this regard is the Vision of Adamnan,
probably from the early eleventh century (it seemsdependent on
Sa/tair na Rann,composedas said988). Using the freedom o spec-
ulate arising from the Vision genre, t also shows clear dependence
on the apocrypha: the Visio Pauli, he SevenHeavensapocryphon,
such Irish apocrypha as The Two Sorrowsof the Kingdom of Heav-
en,and the TransitusMariae. It remains for future research o see
how dependent t is on the Irish patristic-homiletic tradition going
back to Gregory and Augustine.
We may finish our rapid survey of the Irish Vision literature with
the Visio Tnugdali. This was written down in 1149 n Regensburg,
Bavaria, by an Irishman named Mark (undoubtedly a monk), and
is presented as he Latin translation of the accountof a nobleman
called Tnugdal (or Tundale). In the vision of the other world he
mentions the various classes,among them explicitly the mali non
valde and the boni non valde. The author was evidently conver-
sant with earlier Irish with earlier Irish apocrypha: the homiletic-
theological synthesis dependent on Gregory the Great. The view
has been put forward that Mark in Visio Tnugdali is engaging n
the twelfth-century debate on the nature of purgatorial existence
and in the nature of the soul, and furthermore taking sides with
the position of Hugh of Saint Victor (in Paris) and William of Saint
Thierry against he position of Origen and John Scottus Eriuge-
na, whose writings were being promoted by Mark s contemporary
Honorius Augustodunensis74.
The Vision genre came o Ireland from outside. The VoyageLit-
erature was another genre in which eschatological deas were pro-
moted in medieval Ireland. In the view of some, this genre was
basically pre-Christian, although later widely used for Christian
compositions. t, too, was free from the restraints of canon and the
74. SeeC. CAROZZI, 981.
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IDRASH, APOCRYPHA
restrictions of semi-canonical heological treatises.
It will be a matter for the research currently now being con-
ducted to determine how much of this medieval Irish material
belongs o the genre of apocrypha,and can egitimately be includ-
ed in the publications of AELAC. In any event we can safely say
that the Irish Vision and Voyage genres provided that mental
ambient, the culture medium, in which speculation on the After-
life, the Otherworld, could flourish, producing works that had
influence on national literatures and on theological speculation.
11.Conclusions
This paper set out to examine the links which appeared o the
writer to exist between midrash, some Christian apocrypha, and
the frame of mind that produced both. The paper was ntended to
explore this particular field.
Perhaps he results of the enquiry have been meagre.The field
of apocrypha s immense, ncluding writings of many kinds: gnos-
tic, encratite, Judaeo-Christian etc. Only a very small portion of
the corpus of apocrypha has been explored in the paper.
The central position put forward, however, seems o warrant
consideration, namely that midrash s a many-sided affair and that
some of its concernsand techniquesare already very much part of
biblical literature, both of the Old and of the New Testaments.
Midrash and apocrypha o a certain extent have in common that
they presupposea fixed and unalterable text, be it biblical canon
or in the caseof some apocrypha) Conciliar statements, Church
doctrine or semi-canonical heological treatises.
Midrash and apocrypha have to do with a spiritual ambient
where reflection on revealed truths can take place without the
constraints of canon, in an atmosphere in which the messageof
traditional texts in changedcircumstancescanbe reflected on and
new nsights deriving from old truths developed.
The mentality, the mind-set, of midrash and the apocrypha has
existed side by side with Canon, and with historical exegesis to the
extent that this was there) almost from the beginning. Today, after
the contributions of suchdiverse disciplines as tradition criticism,
canonical criticism, the new hermeneutic, here is a greateraware-
ness hat biblical books and biblical tradition had a long and cre-
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160 M.McNAMARA
ative history of transmission; there is an awareness hat approach-
es o the biblical text other than the historical, were part of the bib-
lical tradition itself. In the ongoing hermeneutical quest, it might
be well to consider that the apocrypha and the religious mentality
that produced them, could have a very valid contribution to make.
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Bernard OUTTIER
CNRS
DEUX HOMELIES PSEUDO-
CHRYSOSTOMIENNES POUR LA FETE
MARIALE DU 15 AOUT
In this paper, two homilies known only in Georgian and attributed to
John Chrysostomare introduced and translated.Their relations to homi-
lies composed n Jerusalemare discussed; o is their dateof composition,
tied with their subject: Praise of Mary, or the east of her commemora-
tion, the 15th ofAugust.
Presentationet traductionde deux homeliesattribueesengeorgien i saint
Jean Chrysostome. eur appartenancei l'homiletique de Jerusalemestdis-
cutee,ainsi que leur date de composition, liee i leur objet.. la Fete de la
Memoire de la Vierge, e 15 aoat.
.On a l'habitude de compter parmi les temoins des raditions lit-
teraires sur Ie sort final de Marie les homelies, en particulier celles
sur Ie transitusde la sainte Mere de Dieu, et cela est bien ustifie.
Deux de ceshomelies n'ont pu,jusqu'a maintenant, etre prises en
consideration, parce que, d'une part, leur langue de transmission
les rendait difficilement accessibles t que, d'autre part, elles n'en-
traient pas dans es essaisde classification de la litterature relati-
ve aux textes itteraires sur a dormition et l'assomptionde Marie1.
Ce sont ces deux homelies, conserveesuniquement, semble-t-il,
en georgien, ou elles sont attribuees a saint Jean Chrysostome -
patronagedesplus accueillants que nollSdesirons aire connaitre.
1. Voir M. VANESBRffiCK,Les Textes itteraires sur l' Assomption avant
Ie xe siecle », n Les Actes apocryphesdesApotres. Christianismeetmonde
pai en,Geneve, 1981,p. 265-285;S.C. MIMOUNI,Dormition et Assomption
de Marie. Histoire des raditions anciennes,Paris, 1995.
Apocrypha 6, 1995,p. 165-177
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B. OUTI1ER
Nous presenterons es manuscrits2,donnerons un bIer aperc;u
des deux textes avant d'en proposer une traduction encore provi-
soire,car elle ne reposepas sur 'edition de l'ensembledes emoins,
puis nons essayerons e dater et localiser cesdeux homelies, que,
par convention, nons appellerons home ie I et home ie II, sans
vouloir aucunement prejuger de l'unite d'auteur ni d'une quel-
conque priorite.
Homelie I
1. -Cette homelie estpresente dans e manuscrit Athos, Iviron
georgien 11, copie probablement au moot Olympe de Bythinie
dans a secondemoitie du xe siecle. Voici la traduction du titre:
«Le 15 (correction, sur: 14), aoDt, repas de la sainte Theotokos.
Lecture. Sermon de notre saint PeTeJean Chrysostome, arche-
veque de Constantinople, pour la louange de notre sainte Reine ~~.
Elle y est suivie de l'homelie II et de la Dormition du Pseudo-Jean
(CANT 170); ces rois pieces n'ont pas ete editees.
2. -Un deuxieme temoin est e plus ancienhomeliaire georgien
date, qui a ete copie au monastere de Saint-Sabasen l'an 864; il
porte la cote Sinal, Monastere de Sainte-Catherine, georgien 33.
L'homelie I estsuivie de l'homelie II. Voici son itre: «Le 15 aoDt,
fete de Marie. Sermon de noire saint et bienheureux PeTeJean
Chrysostomepour Ie trepas pour la sainteTheotokos ~~. e manus-
crit a ete integralement edite par A. Sani3e3.
3. -De celie homelie, il ne Teste, ans e manuscrit Tbilisi, Ins-
titut des manuscrits A-II09, que deux feuillets. La piece est donc
lacunaire du debut et de la fin; elle a ete identifiee par M. van
Esbrreck. Elle etait suivie de l'homelie II. Ce manuscrit du Ixe
siecle provient de Georgie du sud-ouest; nedit.
4. -Le quatrieme temoin date de la secondemoitie du xe siecle
et provient egalementde Georgie du sud-ouest. C'est lui qui a Ie
cycle Ie plus developpe sur la Dormition : pour Ie 13. VIII, un
«Sermon du prohete Jeremie ~~4;our Ie 14,noire homelie II; pour
Ie 15, Dormition du Pseudo-Jean, es ragments de Transitus5, n
2. Pour taus les details concernant es manuscrits, on se reportera a M.
VANESBRffiCK, es Plus ancienshomeliairesgeorgiens.Etude descriptive
et historique, Louvain-la-Neuve, 1975.
3. A. SANI3E,Sinuri mravaltavi 864 c'lisa (L'homeliaire sinai tique e l'an
864) Tbilisi, 1959.
4. M. VANESBRffiCK, Nouveaux apocryphesde la Dormition conserves
en georgien », in Analecta Bollandiana 90 (1972),p. 363-369.
5. M. VANESBRffiCK,Apocryphes georgiensde la Dormition ». in Ana-
lecta Bollandiana 91 (1973),p. 55-75 59-66].
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EUX HOME-LIES PSEUDO-CHRYSOSTOMIENNES
Transitusacephale6,notre homelie I: «Lecture 6. De saint Jean
Chrysostome pour Ie trepas de la sainte Theotokos » et, pour finir,
Ie debut de la deuxieme homelie de saint Jean Damascene sur
l Assomption (CPG 8062). Les Testesde cet homeliaire ant ete
integralement edites7.
5. -K . K ek eli3e signale encore un temoin: l actuel manuscrit
georgien 250 b de l Institut Oriental de l Academie des Sciences
de Russie a Saint-Petersbourg; DOUg avons aucune nformation
sur ce manuscrit nedit.
Homelie II
1. -Est presente dans Ie manuscrit 1:« Sermon du meme pour
Ie trepas de Ia sainte Theotokos}} (inedit).
2. -Egalement dans e manuscrit 2 : « Sermon du meme pour Ie
trepas de Ia sainte Theotokos }} (edite).
3. -Grace a un calcul de proportions, M. van Esbrrecka pu res-
tituer la piece dans Ie manuscrit 3, apres homelie I.
4. -Dans Ie manuscrit 4, elle precede homelie I: «Le 14aout.
A Bethleem, reunion des saintsApotres, quand trepassait a sain-
te Theotokos. Lecture de Ia vigile (Iitt. : avant-fete). Sermon de
saint Jean Chrysostome (edite).
On pent conclure de cette breve presentation des temoins
manuscritsde cesdeux home ies que nons ne sommespas dans de
trop mauvaises onditions d accesau exte, puisque deux des rois
temoins complets des Ix-xe siecles sont edites.
II convient maintenant de presenter brievement Ie contenu des
deux home ies « purs hymnes a la louange de la Vierge »8.
Hometie I
Elle s ouvre par une invitation ala louange (1; nons renvoyons
a la division en paragraphes ntroduite pour faciliter leg renvois),
justifiee par leg annoncesprophetiquesde l incarnation d une vier-
ge (2); leg chairetismoi (4) sont introduits par Ie message de
Gabriel, qui affirme la realisation des annoncesdes Prophetes 5),
puis il y a une reprise des chairetismoi 6). La premiere conclusion
(7) est sylistiquement parallele a l introduction:
6. M. VANESBRffiCk, Op. cit. », in Analecta Bollandiana 91 (1973).
7. T. MGALOBLISVILI,larjuli mravaltavi (L homeliaire de K larjeti), Tbi-
lisi, 1991 avecone mportante introduction,resumeeen anglaisp. 466-490).
8. M. VANESBRffiCK,p. cit., Louvain-la-Neuve, 1975,p. 345.
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168
B. OUTflER
(1) ...Ia Iouange de
Ie sainte Vierge...
Mais je parlerai...
(7) Je veux me taire et me con-
tenter de cette louange de la
sainte Vierge Marie, mais... it
ne me laisse pas me contenter.
Le § 8 introduit un theme nouveau: «Aujourd hui, la Vierge est
transfereede terre en ciel ». 11est d ailleurs necessaire e defendre
l objet de la fete (9). One breve conclusion revient a la «memoi-
re de la toute-sainte Vierge » (10).
Tout se passedonc comme si nous avions une structure concen-
trique presque reguliere (3 et 4 sont inverses) avec, au centre, Ie
mystere de l Incarnation, mais qu un nouveaucontenu, 8-9, avait
dfi etre greffe sur ce texte pour un reemploi :
1 Louange
2 Propheties
3 Gabriel
4 Chairetismoi
5 Propheties
6 Chairetismoi
7 Louange
HomeIie II
Cette fois, nous avons un developpement lineaire, avec t peu
pres les memeselements que dans homelie I.
Le mystere de la fete est enonce, mais des a quatrieme excla-
mation, il n est question que de la matemite de la nouvelle Eve,
avec a citation de Lc 1,28,comme en homelie I 3. Suiventdeschai-
retismoi, au nombre de 25, Ie temoignage des prophetes (II 3,
comme I 2 et 5) et une conclusion sur Ie role de Marie.
Voici a traductionde homelie
Sermon de saint Jean Chrysostome
sur Ie trepas de la sainte Theotokos
i. invitation Ii la louange
Bien-aimes, venez et ecoutez a louange de la sainte Vierge;
comment l enfant a glorifie celIe qui l a engendre, e fils de Dieu
et Dieu, sa mere. Que dirons-nous, oes reres? Avec quelle langue
ou quelle bouche pourrons-nous dire quelque chose qui equivale
a la louer? Car cette Vierge est arrame plus elevee que les cieux
et les traDes et a causede cela, celie mienne langue de la terre ne
pent l exprimer. Mais je parlerai et ne me tairai pas.
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DEUX ROMP-LIES PSEUDO-CRRYSOSTOMIENNES
169
2. Temoignages rophetiques
En effet, au sujet de cette Vierge, MoIse, Ie grand prophete, a
parle ainsi par l'Esprit Saint: «Je viendrai habiter parmi leg
hommes, etc (Lv 26,11-12) ».
Le prophete Osee a dit: «J'ai vu un enfant dans Ie sein d'une
vierge (?) ».
Et Ezechiel vit une porte fermee que personnene franchira, sauf
Dieu, et elle restera fermee (Ez 44,2).
Daniel a dit : « De la montagne, une pierre detacheesans main
d'homme (Dn 2, 34,45»>: c'est l'enfantement sanshomme.
Mais Isale a connu la parole de MoIse aux desobeissants et
nuques-raides (Ex 33,3) qui dit que: «Cette generation est
devoyee, ils n'ont pas de foi (Dt 32,5); c'est pourquoi il clama
ouvertement et dit: «Voici : une vierge concevra et enfantera un
fils et on l'appellera Emmanuel, qui est: Dieu avec nous (Is 7,14;
Mt 1,23) ».
Le message e Gabriel
Quand Dieu vit la race des hommes perdue et assisedans leg
tenebres et leg ombres de la mort (Ps 106, 10; Lc 1,79), l envoya
l'archange Gabriel ala vierge Marie pour lui annoncer a bonne
nouvelle. II vint et illui dit : «Rejouis-toi, comblee de grace Le
Seigneur est avec toi (Lc 1,28). Tu es en effet devenue emple de
l'Esprit-saint et Ie Christ naitra corporellement de toi ».
Chairetismoi
Voila que j'ai ete emu par la bonne nouvelle, surtout par la
bonne nouvelle portee par un archange,et 'offre celie louange a
la sainte Vierge, je dis a l'incorrompue:
Rejouis-toi, pleine de grace Le Seigneurest avec toi (Lc 1,28),
sainte Theotokos Marie
Rejouis-toi, reine eclatante
Rejouis-toi, Vierge, mere de noire SeigneurJesusChrist
Rejouis-toi, arche de la Loi
Rejouis-toi, tente du temoignage
Rejouis-toi, temple du Seigneur
Rejouis-toi, trone du Christ
Rejouis-toi, vasenoble
Rejouis-toi, urne d'or, pleine de manne, de roseeceleste
Rejouis-toi, nuee lumineuse
Rejouis-toi, rempart solide
Rejouis-toi, colonne inebranlable
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170
B. OU1TIER
Rejouis-toi, source de purete
Rejouis-toi, demeure de verite
Rejouis-toi, territoire de foi
Rejouis-toi, perle de verite
Rejouis-toi, pierre precieuse
Rejouis-toi, cherubin et trone du Seigneur
Rejouis-toi, sainte Vierge et demeure du Christ, fils de Dieu, car
Ie prophete Habacuc a dit de toi: «Le soleil s'est eve et la lune
est demeuree a son rang (Ha 3,11) », c'est: «Ie soleil s'est eve»:
Dieu sera enfante par une vierge, « et la lune est demeuree a son
rang » : la vierge demeurera vierge.
5. Predictionsprophetiques
David a dit: «II descendra comme la pluie sur la toison, et
comme la rosee qui mouille la terre (Ps 71,6)».
Jadis MoIse te vit sur Ie mont Sinal comme un buisson non-
consume (Ex 3,2) et Gedeon te connut comme toison (Jg 6) et
David vit comme une rosee qui descendait Ps 71,6), Osee e pro-
clama vierge incorrompue (?), Ezechiel, porte de saintete (Ez
44,2), Daniel, montagne inebranlee (Dn 2,35), Isale te proclama
racine de Jesse Is 11,1), Nathan dit: «Toute chair se rejouira de
l'enfant de la vierge (?), comme te l'a annonce l'archange:
« Rejouis-toi, temple de l'Esprit-saint, trone du Seigneur ».
6. Chairetismoi
Maintenant, no us taus, croyants, rendus sages par Dieu et
savammentenseignes ar les saintesEcritures, nous te confessons
Theotokos et t'adorons, nous clamons et redisons «Rejouis-toi,
pleine de grace, e Seigneur est avec toi (Lc 1,28)
Rejouis-toi, buissonnon-consume (Ex 3,2)
Rejouis-toi, ciel visible et trone du Seigneur, duquel a brille Ie
soleil de justice (Mal 3,20)
Rejouis-toi, paradis de saintete, qui nous as produit immortali-
te et vie
Rejouis-toi, arbre de vie, par lequel nous vivons tous Car au
commencement e la creation deshommes, e protoplaste, du fruit
de l'arbre qu'il prit pour connaitre Ie bien et Ie mal, il fut trompe
par la femme et en mangea et il fut chassedu paradis, lui et nous
taus. Mais quand a sainte Vierge accueillit de l'ange Ie : «Rejouis-
toi », aussitot e protoplaste, notre peTe,se releva de sa chute et la
malediction de notre premiere mere Eve fut detruite, et elle dit
avec oie : « Tu es benie, fille, car nous, es dechus,avons ete rele-
ves par toi ».
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172
B. OUTnER
qui ment Mais relisons es commandementsde Dieu, que Ie Sei-
gneur nons enseigne: «Honore ton pere et ta mere (Mt 15,4; 19,9
= Ex 20,12)». Le Seigneur ui-meme, plus que tons, n'aurait-il pas
honore sa mere?
Et ce que nons avons dit de la gloire de la sainte Vierge, nons
avons dit un pen de beaucoup, mais l' mmaculee est parvenue a
line plus grande gloire, que ma langue ne pent dire, comme e l'ai
deja dit.
10. Peroraison
Mais, tres chefs,venez, rejouissons-nouset soyons oyeux en a
memoire de la toute-sainte Vierge, car es anges,dans es cieux, se
rejouissent, et nous, sur terre, fils d'hommes, liberes de l'erreur,
faisons ete et offrons gloire et louange du Pere, du Fils et du Saint-
Esprit, a qui est gloire et honneur, puissanceet force de siecle en
siecle. Amen.
Voici maintenanta traductionde 'homelie I
Discours de Saint Jean Chrysostome
1.
Le mysterede la fete
Je vois un mystere,mes reres bien-airnes,etonnant, naccessible
et ires insondable, car aujourd'hui la sainte Vierge est ransferee
de terre au ciel dans une gloire indicible, et leg armees celestes
s'etonnent et disent avec crainte: «Une fille d' Adam, venant de
la terre, devient plus elevee que DOUg.
Les archanges et leg armees des anges contemplent la sainte
Vierge plus elevee que toutes leg principautes et s'etonnent.
Le Cherubin qui se tient et garde l'arbre de vie (Gn 3,24) vit la
sainte Vierge elevee au ciel et dit : « Voila que e me liens et garde.
Est-ce qu' Adam aurait mangede quelque part de l'arbre de vie et
aurait trouve la vie? ».
Les Seraphinsdisaient: «Comment est-cequ'une fille d' Adam
a con~u eur createur, et a causede cela, ceux qui etaient dechus
du paradis ont repris vie? ».
La Vierge devient un Cherubin et n'est plus elevee sur Ie che-
min du paradis, mais sur Ie chemin du ciel. Adam est releve de sa
chute.
Aujourd'hui, Ie deuil, la tristesseet l'affliction d'Eve sont rans-
formes en oie.
Aujourd'hui, l'archangeporte la bonne nouvelle a la sainteVier-
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173EUX HOMELIES PSEUDO-CHRYSOSTOMIENNES
ge et lui rut : « Rejouis-toi, pleine de grace (Lc 1,28), ar tu as con~u
Dieu et Ie Fils de Dieu, tu as gueri la plaie du monde et tu as llu-
mine la race entenebree des hommes ».
2. Chairetismoi
Or moi maintenant,bien-aimes, omme aible de voix et lourd de
langue (Ex 4,10), e proclamebienheureusea sainteVierge, e berns,
glorifie et loue la lampe allumee, nextinguible, et e lui dig :
Rejouis-toi, Marie, sainte vierge, mere de la Lumiere et vase
immacule
Rejouis-toi, Marie, mere et vierge, salvatrice, parce que tu as
enfante Dieu sanscorruption; servante,parce qu'il s'est revetu de
toi de l'image du serviteur En effet, Ie Roi est venu en ta ville et
en est ressorti comme ll'a voulu, et la porte estdemeuree ermee.
Tu as con~usanscorruption et tu l'as enfante de la divinite.
Rejouis-toi, Marie, temple indestructible et saint, comme dit Ie
prophete David: « Ton temple est saint, etonnant de ustice (Ps 64,
5-6)
Rejouis-toi, Marie, colombe sans ache et sansdefaut
Rejouis-toi, Marie, flambeau inextinguible, car par toi DOUg
avons vu Ie Soleil de justice (MI3,20)
Rejouis-toi, Marie, qui as contenu l'Incomprehensible, qui as
porte Ie Fils unique de Dieu sanssemenceet as produit un fruit
qui ne se fletrit pas
Rejouis-toi, Marie, toi que chantent leg prophetes et glorifient
leg pasteurs; eg angesdisent un chant redoutable : « Gloire aDieu
dans eg hauteurs, paix sur terre, bon plaisir parmi leg hommes (Lc
2,14) ».
Rejouis-toi, Marie, par qui leg angessoot en fete, leg archanges
se rejouissent et Ie saint archange Gabriel te porte la bonne nou-
velle et te dit : « Rejouis-toi, pleine de grace, e Seigneur est avec
toi (Lc 1,28) ».
Rejouis-toi, toi qui la premiere enfantes un enfant qui libere de
la malediction
Rejouis-toi, pour la joie de toute ta race
Rejouis-toi, toi qui as enfante la vie du maude entier
Rejouis-toi, vierge incorrompue et bienheureuse, mmaculee
Rejouis-toi, toi qui as enfante sansmariage
Rejouis-toi, toi qui as enfante sanssemence
Rejouis-toi, toi qui as enfante Ie Sauveur,createur de ton peTe
Adam
Rejouis-toi, toi qui sans abeur es mediatrice entre leg hommes
mortels et la divinite
Rejouis-toi, toi qui as enfante un Dieu parfait et un homme par-
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174
B. OUTTIER
fait, que les Mages ant adore, guides par l'etoile
Rejouis-toi, Marie, sainte vierge, car alors que Jean etait enco-
re dans Ie sein de sa mere, il tressaillait, et la lampe adora la
Lumiere sans declin (Lc 1,41)
Rejouis-toi, Marie, sainte vierge, par qui nous a ete donnee la
grace neffable au sujet de laquelle l'apotre Paul a dit: «La grace
de Dieu est apparue pour sauver to us les hommes (Tt 2,11) ».
Rejouis-toi, Marie, sainte Theotokos, de qui est sortie la vraie
Lumiere, notre Seigneur Jesus Christ, qui disait et annon~ait:
«Moi, je suis a lumiere du maude (Jo 8,12) ».
Rejouis-toi, Marie, sainte vierge, de qui ant resplendi lumiere
et salut pour ceux qui siegeaient dans les tenebres et les ombres
de la mort, comme dit Isaie: «Ceux qui siegeaient dans les
tenebres ant vu une grande lumiere (Is 9,2) ». Quelle lumiere?
Notre Seigneur Jesus Christ, lumiere veritable qui illumine tout
homme (Jo 1,9).
Rejouis-toi, Marie, sainte vierge, de qui il est proclame dans Ie
saint Evangile: «Beni soil qui vient au nom du Seigneur (Mt
21,9) ».
Rejouis-toi, Marie, sainte vierge, de qui est sarti Ie vainqueur
de la mort et Ie briseur de l'enfer
Rejouis-toi, Marie, sainte Theotokos, de qui est sarti Ie createur
du protoplaste, Ie destructeur de la seduction et l'acquereur du
royaume des cieux
Rejouis-toi, Marie, sainte vierge, qui as produit la fleur de la
resurrection des marts
Rejouis-toi, Marie, sainte Theotokos, par qui nous avons ete
illumines et qui as fait jaillir pour nous a benediction du Jourdain,
par laquelle Jean et Ie Jourdain soul llumines
Rejouis-toi, Theotokos Marie, par qui toute ame des croyants
en Christ trouve la vie, la multitude des demons est chassee
Propheties
Les prophetes se devancent les uns les autres pour te lauer,
comme dit Ie prophete MoIse; «Un buissonembraseet non-consu-
me etait embrase et ne se consumait pas (Ex 3,2) »; c'est: elle a
enfante Dieu et Ie seinne fut pas corrompu; elle con~ut, et la Vier-
ge demeura vierge ; II sortit, laissa e sein erme. Elle porta sur ses
bras un fils, et personne ne connaissait Ie pere de l'enfant. Elle
devint mere d'un nourrisson, et elle n'avait jamais ete epousee.
L'enfant etait nourri, et on ne trouvait pas de pere. Le champ
devint fertile, dans equel un ouvrier n'avait pas ravaille. La mois-
son advint, et fut moissonneen qui semencen'avait pas ete semee.
Le fleuve coulait, et la source du fleuve etait close. Elle devint
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DEUX HOMELIES PSEUDO-CHRYSOSTOMIENNES
175
mere de l'Unique-enfante, mais ne subit nullement a passion emi-
nine. La Vierge re~ut Ie Roi de tOllSdans sa porte, et il en ressor-
tit et, ni a la conception ni a l'enfantement du grand Roi, la porte
ne s'ouvrit.
II t'a appelee toi, sainte Vierge, «jardin clog et fontaine scelee
(Ct 4,21»>: jardin clog, parce que la faucille de l'ouvrier ne t'a
absolument pas approchee; qu'il pousse comme fleur de Jesse
pour la vie de la race des hommes II t'a appelee «fontaine scel-
lee », parce que Ie fleuve de vie est sorti de toi et a empli Ie monde
entier, et la source n'a jamais manque.
Car Ie prophete Michee clamait a ton sujet et disait : « Et toi,
Bethleem, maisonde Juda, tu n'es nullement Ie moindre parmi leg
princes de Juda, car de toi sortira un prince qui paitra moo peuple
Israel (Mi 5,2) », c'est-a-dire notre Seigneur Jesus Christ, que
Marie, l'epousee du ciel, enfanta a Bethleem, elle Ie temple et la
demeure de l'Esprit-Saint, traDe de la divinite, ineffable tresor du
paradis.
4. Le role de Marie
Car jadis, les anges blamaient Eve, mais maintenant, ils glori-
fient Marie, car elle a gueri 'infirrnite des emmes,a releve sa mere
tombee et a accompagne sur Ie chemin du ciel Adam chassedu
paradis, elle qui a ouvert Ie paradis ferme et y a fait demeurer Ie
larron (Lc 23,43), car par toi, Ie mur-barriere a ete supprime (Ep
2,14), par toi encore, sainte Vierge, la paix du ciel a ete accordee
aux extremites de la terre, par toi, les fils d'hommes sont devenus
des anges et par toi, Ie bois de la croix a resplendi dans Ie monde
entier. Ton enfant y fut cloue, noire SeigneurJesusChrist, et par
toi aussi, a mort fut foulee aux pieds, l'enfer devint captif et par
toi, les idoles tomberent dans Ie monde, la verite a germe de la
terre et la justice est apparue du ciel (Ps 84,12) et par toi, DOllS
comprenons Ie Fils de Dieu Unique-Engendre, que les anges, et
DOllSes hommes, adorons et DOllS isons: « Pere sanscommen-
cement, Fils sans commencement, Esprit-saint sans commence-
ment, une seule divinite, DOllSe glorifions, te louons et t'adorons,
maintenant et toujours, de siecle en siecle. Amen.
*****
Maintenant que nous avons fait connaissanceavec ces textes,
nous pouvons nous poser plu;sieursquestions. D'abord: I'auteur
en est-il Jean Chrysostome? Quiconque connait tant soil peu son
style n'hesitera pas a repondre: «Non », mais ajoutera aussitot:
« Cet auteur -ou : ces auteurs -connaissent Chrysostome et des
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177
EUX HOMELIES PSEUDO-CHRYSOSTOMIENNES
retismoi extraits de CPG 6680, homelie attribuee a Antipater de
Bostra. Les propheties II 3 font se succederun emprunt a Hesy-
chillS de Jerusalem (CPG 6569) -demarque par Chrysippe de
Jerusalem (CPG 6705) -puis la fin de l homelie attribuee a Epi-
phane, CPG 3771.
II faut probablement conclure de ces faits que noire auteur ou
nos auteurs soul des pseudo-Chrysostomepalestiniens, sinon hie-
rosolymitains.
Cela DOllSnvite a comparer es textes bibliques de nos homelies
avec les lectures de la liturgie de Jerusalem. Peu de points de
contact -et ils soul obliges -avec les textes pour Ie 15 aoilt: Is 7,14
et Ez 44,2 horn. I 2; Lc 1,41-horn. II 2. Par contre, les references
abondent avec l Annonciation et la Noel. II y a un parallelisme
interessant entre nos homelies et les textes du Iadgari georgien -
traduction de la liturgie grecque de Jerusalem, ci, des hymnes-
pour Ie 15 aoilt: «Aujourd hui, Ie temple terrestre du Dieu- Verbe
est ransfere dans a Jerusalemd en-haut... il devient nvisible a ce
monde-ci» et horn. 18; «Un sein a compris l lncomprehensible»
(Sanctus) et horn. II 2.
Nous sommesdonc amene a formuler l hypothese suivante : ces
deux homelies out ete primitivement des homelies de la Memoi-
re de la Vierge: «Fetons la memoire de la sainte Vierge (I 7) ;
Soyons joyeux en la memoire de la toute-sainte Vierge (I 10) ».
Puis, quand la fete est devenue un natalis,qu on a eu un vrai Tran-
situs, es textes out ete adaptes « Aujourd hui, la Vierge est rans-
feree de terre en ciel (I 8); Aujourd hui, la sainte Vierge est rans-
feree de terre au ciel (II 1) »1°.
En conclusion, nous devons etre reconnaissantsa la tradition
georgienne, a genIea nous avoir conserveces home ies de la tra-
dition de Jerusalem, qui nous montrent ce qu a dO etre la predi-
cation courante : comment un homeliste pouvait piller habilement
sespredecesseurs t transformer la matiere qui lui venait de la tra-
dition, pour l adapter au developpement de la liturgie vivante.
hypothese repose sur S.C. MIMOUNI,op. cit., Paris, 1995.
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David W PAD
Harvard University
THE GENRE OF THE ACTS OF ANDREW
Les Actes apocryphesdesApotres sont generalement lasses ans a cate-
gorie desnouvelles.Dans cet article, ' auteurse demande i une telle conclu-
sion est toujours fondee en examinant un de cesActes -les Actes d'An-
dre. Utilisant un modele relationnel commegenrede classification,l essaye
de situer lesActes d'Andre dans a lignee desbiographies desphilosophes.
Des aspects e la structure et du contenu desActes d'Andre sont analyses;
et e Sitz im Leben de ce travail estaussidiscuteen relation avecsongenre.
Dans la derniere partie, la relation generique entre les biographies et les
nouvellesest notee.
The Apocryphal Acts of the Apostleshave generallybeen ocated with-
in the genre of novels. In this paper, the author attempts to question the
validity of sucha conclusion by examining one of theseActs -the Acts of
Andrew. Utilizing a relational model of genre classification,he attempts o
locate the Acts of Andrew within the trajectory of the biographies of
philosophers. Aspects of both the structure and content of the Acts of
Andrew are examined;and the Sitz rn Leben of his work is also discussed
in relation to its genre. n the inal section, he generic relationshipbetween
biographies and novels s noted.
L Introduction
In his introduction to the second and third century Acts of the
Apostles, Schneemelcher oncludes hat theseActs "are connect-
ed in various ways with the hellenistic novel" and one "probably
cannotregard the Vitae of the philosophersasa model for the Gat-
tung of the AGG [Apocryphal Acts of the Apostles]" . While
most, f not all, of the scholarsworking on the texts of these Apoc-
1. W. SCHNEEMELCHER, Second and Third Century Acts of Apostles:
Introduction", in W. SCHNEEMELCHER- . McL. WILSON (ED.), New Tes-
tament Apocrypha, vol. 2, Louisville, 1992, p. 82-83.
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180
D. W. PAD
ryphal Acts agree with Schneemelcher concerning the genre of
these Acts2, his consensuss by no meansbeyond dispute. In this
paper, I shall examine one of these Acts, the Acts of Andrew
(AA), and attempt to make an appeal o scholars o reconsider he
possibility of including this work within the genre of biography
and more specifically biography of philosophers . In doing so, I
do not claim to have obtained proofs that AA is indeed a biog-
raphy of a philosopher; nevertheless, I hope that this study will
show that we should not eliminate the genre of biography in our
consideration of the genre of the individual Acts. Furthermore, I
do not intend to present a comprehensive discussion of every
aspectconcerning he genre of AA; my goal is simply to examine
the relevant material in an attempt to highlight a neglected aspect
in the previous discussionof the genre of AA3.
First, the generalpractice of genre criticism will be discussed. n
the main section of this paper, I shall attempt to locate AA with-
in the trajectory of the biography of philosophers. In doing so, I
shall provide a brief introduction to the Greco-Romanbiographies
of philosophers, ollowed by a discussionof the genre and the Sitz
im Leben of AA as a biography of a philosopher. Finally, the
generic relationship between ancient novel and biography will be
briefly discussed.
2. For a detailed discussionof the history of research,seeJ.-D. KAESTLI,
Les principales orientations de la recherchesur es Actes apocryphesdes
Apotres, , in F. BOYaN ED.), Les Actes apocryphesdesApotres: chris-
tianisme et monde palen, Geneve, 1981,p. 57-67; and V. BURRUS, hasti-
ty asAutonomy: Women n the Stories of he Apocryphal Acts, Lewiston,
1987,p. 7-24. Pervo's conclusion (Profit with Delight: The Literary Genre
of the Acts of the Apostles,Philadelphia, 1987,p.135) represents he opin-
ion of many when he concludes hat generically, they [AAA] are repre-
sentativesof a subgroup within the broad category of the ancient novel .
3. In this paper I shall follow the reconstruction of J.-M. PRIEUR,Acta
Andreae, 2 volumes, Turnhout, 1989, n treating the AA and the Acts of
Andrew and Matthias (AAMt) as two separateworks. For further infor-
mation concerning the reconstruction of the text of AA, see he discus-
sion between D. R. MacDonald and Jean-Marc Prieur in Semeia 38
(1986), p. 9-39. Prieur has provided a further defense of his reconstruc-
tion in Acta Andreae.
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181
E GENRE OF mE ACfS OF ANDREW
2. Genre Classification
In general erms, genre can be understoodas a contract between
the author and the reader to guide the interpretation of the text4.
It provides a context in which signals can be communicated and
interpreted. With a proper understandingand agreementbetween
the author and the readers through a common recognition of the
generic form, the readers can derive meaning out of the signals by
means of such proper expectations.
More specifically,genre refers o a group of literary works relat-
ed to one another by some kind of shared resemblance.There is
little agreementamong iterary theorists, however, concerning he
criteria that determine generic memberships. n this paper, both
formal and thematic elementswill be noted in highlighting he sim-
ilarity between AA and biographies of philosopher.The study will
begin, however, by concentrating on an examination of the text of
AA; and a detailed list of criteria with which to measure the text
of AA will not be used.
A strict set of external criteria can be used only if one maintains
a static understanding of genre classification. It should be noted,
however, that genres continue to mix in their development.
Despite the presence of strict rules about purity of genres, both
classicaland neo-classicalworks witness o the mixing of genres6.
Here, Downing's question s most appropriate: the question must
be asked whether many or indeed any first-century hellenistic writ-
ers once out of school paid more than lip-service to such ideal
recipes and theoretical distinctions ?
Instead, generic definitions should be understood in relational
terms where the relative similarities between literary works are
noted. We should note not only that authors go beyond the strict
4. For the definition of genre, I am indebted to W.G. DoTY, The Con-
cept of Genre in Literary Analysis , in SBL Proceedings 1972),p. 413-
448.
5. For a discussion of the history of genre criticism, see P. HERNADl,
Beyond Genre: New Directions in Literary Classification, Ithaca, 1972.
6. SeeA. FOWLER, inds of Literature: An Introduction to the Theory of
Genresand Modes,New York-Oxford, 1982,p. 170-90.
7. F.G. DOWNlNG, Contemporary Analogies to the Gospels and Acts:
'Genres' or 'Motifs' ? , in C.M. TUCKElT (ED.), Synoptic Studies,
Sheffield, 1984,p. 53.
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182
D. W. PAa
rules of literary genres, but also that various genres develop
throughout history. The complexity of suchdevelopmentsshould
be highlighted and the frequent intersections between different
genres should be expected. Here, one must agree with Doty who
suggests hat the primitive Christian literary genres can best be
comprehended by the approach which locates them not in terms
of absolute generic identity but as positioned upon particular
generic trajectories prevailing in Greco-Roman Hellenism 8.
Only with such an understandingof genre classificationcanone
begin to examine he genre of AA. First, when one argues hat AA
belongs o the genre of biography, his does not imply that AA will
fit the ideal type of this genre. It only suggests hat AA can be
understood as an extension of the works that have been consid-
ered as biographies. Second, n light of the fact that generic dis-
tinctions are vague, he presenceof novelistic elements n AA does
not necessarily ule out the possibility that it belongs o the genre
of biography.One can evenargue that AA is a biographicalnovel9.
The purpose of this paper is simply to highlight the affinities of
AA with Greco-Roman biographies of philosopher (although its
differences with the ancient novels will also be noted when appro-
priate )1°.
3.The Location of Acts of Andrew within the Trajectory of the
Biographies of Philosophers
3.1.
Greco-Roman iographies ofPhilosophers
In the words of Cox, ancient biography is unique in concen-
trating on the life of a single personality and its panegyrical ten-
dencies o exaggerate he accountof that person'sachievements 11.
8. W.G. DoTY, op. cit. , in SBL Proceedings 1972),p. 414.
9. This point will be further developed in section four of this paper.
10. It should be noted here that the role of the oral traditions behind the
individual units and the influence of the oral structure of these units on
the literary form of the Apocryphal Acts should also be examined. Due
to the limit of this paper,a further discussionof the relationship between
orality and generic analysiswill not be provided here. SeeC.M. THOMAS,
Word and Deed: The Acts of Peter and Orality , in Apocrypha 3 (1992),
p. 131ff.
11. P. Cox, Biography in Late Antiquity.. A Quest or Holy Man, Berke-
lev. 1983. D. XIII.
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183
IB GENRE OF mE ACTS OF ANDREW
Hellenistic and Greco-Roman biographers wrote lives of politi-
cians, emperors, generals,philosophers and other significant fig-
ures. Lives of politicians tended to remain close o political histo-
ry while lives of philosopherswere idealized and often used by one
school of philosophy as propaganda against other groups12.
Although some form of biographical writings is attested in the
fifth century BCE, the word biographia does not appear until
Damascius' Life of Isidorus, written in the fifth century CEoThe
description used from the Hellenistic age onwards was simply f3LOL
or vitae13.Greco-Roman biographies that circulated alone and for
which we have significantportions include: Satyrus,Life of Euripi-
des (3rd c. BCE); Andronicus, Life of Aristotle (ca. 70 BCE);
Nicolaus of Damascus,Life of Augustus (1st c. BCE); Tacitus, Life
of Agricola (98 CE); the anonymous Life of Aesop (2nd c. CE);
Lucian's Life of Demonax,Life of Alexander,and Passing of Pere-
grinus (ca. 180 CE) ; Philostratus, Life of Apollonius of Tyanna
(216 CE); and Porphyry's Life of Pythagorasand Life of Plotinus
(3rd c. CE). Greco-Romancollectionsof biographies nclude: Cor-
nelius Nepos, Lives of Great Generals 1st c. BCE); Plutarch, Par-
allel Lives (100 CE) ; Suetonius, Lives of the TwelveCaesars 120
CE) and Lives of Illustrious Men (110 CE); and Diogenes Laer-
tius, Lives of Eminent Philosophers 3rd c. CE)14.
Concerning the subject of the biographies of the philosophers,
the divine statusof the philosophercan be seen n many of these
works 15. n the words of Talbert, the proper model for under-
standing the role of a founder of a philosophical school in antiq-
12. P. Cox, op. cit., Berkeley, 1983, p. IV The earliest known propagan-
distic biography was written by Aristoxenus of Tarentum, a fourth-cen-
tury BCE Pythagorean whose life of Pythagoras was written in conscious
opposition to the Platonists. For a further discussion of this aspect of the
function of biographies, see section 3.3 of this paper.
13. See A. MOMIGLIANO, The Development of Greek Biography., Cam-
bridge/MA, 1993, p. 12ft. This nomenclature is clear from its use on man-
uscripts (Satyrus' B[wv 'Avaypa<jlll) and in ancient references to such
works, e.g., Eunapius' comment that Lucian AllI1WVaKTOS jIlAOcr6<j>OU...
f:I[ov avEypaI/JEv Eun. VS 454).
14. For a more detailed list which includes Jewish and Christian biogra-
phies, see C.H. TALBERT, Once Again: Gospel Genre , in Semeia 43
(1988), p. 54-55.
15. For a detailed discussion, see R. GOULET, Les Vies de philosophes
dans l' Antiquite tardive et leur portee mysterique , in F. BOVON (ED.),
Les Actes apocryphes des Apotres : christianisme et monde pai'en, Geneve,
1981, p.161-208.
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184
D.
W. PAO
uity is a religious, not an academicone"16.For example, Pythago-
ras was claimed to be no ordinary man, but God17; and he was
believed to have been born of immortal seed18. his understand-
ing of the philosopher is also reflected in Laertius' Lives of Emi-
nent Philosophers19.n thesebiographies, here is no development
of character but the subject s treated as a finished product2O. ur-
thermore, through the mouths of these figures, the teachings of
the philosophical schools are also presented21,
In terms of the form of thesebiographies, t seems hat the struc-
tural framework of ancient biography is simple as it is based pri-
marily on the account of events in a man's life22.The individual
episodesare only loosely inked by chronological notices that pro-
vide a narrative transition from one event to another3.
The boundaries between 3l0~and other genresare flexible, and
the development of 3l0~ tself in the Greco-Roman period pre-
vents us from using a strict set of "generic criteria" in measuring
these works. Therefore, without providing a further discussionof
the boundaries of the biography genre, I shall proceed with the
discussionof AA and examine elements of the text that are simi-
lar to some of the Greco-Roman biographies.
16. C.H. TALBERT, iterary Patterns,Theological Themes, nd the Genre
of Luke-Acts, Missoula/MT, 1974,p. 125.
17. Iamblichus, Life of Pythagoras 28 140-42.
18. Porphyry, Life of Pythagoras2.
19. See, for example, Laertius, Lives of Eminent Philosophers, 2.100; 3.45;
8.66,68,70; 8.41.
20. For a discussion of the portrayal of the subject in these biographies,
see D. R. STUART, Epochs of Greek and Roman Biography, Berkeley,
1928, p.178f.
2L See, or example, Laertius, Lives of Eminent Philosophers,7.1.38,68,
71,79,87,89, 120,121.
22. See P. Cox, op. cit., Berkeley, 1983,p. 55-60 for a discussion of the
forms of these biographies.
23. Scholars such as C.H. TALBERT, Biographies of Philosophers and
Rulers as Instrument of Religious Propaganda n Mediterranean Antiq-
uity", in ANRW 11.16.2 1978), p. 1619-1651,claim to have detected a
more detailed narrative framework in certain biographies of philosophers.
His attempt, however, has been rightly criticized by D. AUNE, The New
Testament n Its Literary Environment, Philadelphia, 1987,p. 79f., since
the framework Talbert uncovered can only be detected in a very limited
number of ancient biographies of philosophers. Similarly, P.Cox, op. cit.,
Berkeley, 1983,p. 54, also claims that "attempts to discern a formal bio-
graphical pattern have failed because the biographies do not fit the
abstract ormulation".
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185
rn GENREOF nrn ACTSOF ANDREW
3.2.
TheActs ofAndrewas a Biography ofa Philosopher
3.2.1. The Role of Andrew in the Acts of Andrew
In AA, Andrew was portrayed as a divine man with the vener-
ation of the crowd. In AAgr 3.9-11, we read those who already
had met Andrew and had seen him at work gave ground, fearing
him like some god (Ws TLVL 6E~ </>O(30VI.lEVOL) 24.uch emphasis
on the adoration Andrew received can be found throughout Gre-
gory's Epitome (GE). For example, in GE 9.9-10, we read the
blessed apostle passed by with his entourage unscathed, for the
entire throng threw away their swords and adored him 25.
Furthermore, the passage n AAgr 37.1-4should also be noted
as one discusseshe portrayal of Andrew as a divine man:
At the usual time, Maximilla again went with Iphi-
dama to Andrew. Putting his hands on her eyes and
then bringing them to her mouth, she kissed them and
began to seek his advice about every aspect of
Aegeates' ultimatum.
In this passage,with the comparison with other texts26, ne can
detect an attempt by Maximilla to establisha direct contact with
the hero, to participate in his divine power, and to obtain some
part of the supernatural hat emanated rom the apostleAndrew27.
Again, the portrayal of Andrew as the divine man can be seen.
It seems hat the adoration and the understanding of Andrew
as a divine man are rooted in the miraculous deeds Andrew per-
formed. These acts were best summarized by the words from the
mouth of a servant of Aegeates (AAgr 25.1-5)
There is a certain stranger sojourning here who has
become renowned not only in this city but throughout
24. In this paper, will use Prieur's designation of AAgr as referring his
reconstructed Greek text of AA and I will follow his division of chapters
and lines. For the English translation, I will use MacDonald's translation
(The Acts ofAndrew and theActs of Andrew and Matthias in the City of
the Cannibals,Atlanta, 1990,p.181-449) when his reconstruction agrees
with Prieur.
25. See also GE 4.30-31; 11.15-16; 12.2-3,39-40; 13.17-18;15.16-17.
26.E. JUNOD-J.-D.KAESTLI, cta Iohannis,vol. 2, Turnhout, 1983, . 436-
437.
27. See J.-M. PRIEUR,Acta Andreae,vol. 2, Turnhout, 1989,p. 302-303.
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186
D. W. PAO
Achaea. He performs great miracles (8UVclJ.lEll;
J.lEYLcrtal;)nd cures exceedinghuman strength,as I in
part can corroborate in that I was presentand sawhim
revive corpses.
Such emphasis on the divine power of the hero is an element
one frequently finds in biographies of philosophers. In the words
of Cox, biographers of Late Antiquity thought divinity to be a
distinguishing characteristic of the philosopher 2B. n one sense,
the philosopher. ..had become a holy man in the eyesof his fel-
lows, and his prestige was such that admirers were able to make
extravagant claims for his abilities 29.As a result, the great wis-
dom and noble character of the philosopher are augmented,and
sometimesovershadowed,by specific qualities and talents linking
him to divinity 3°. The similarities between the depiction of the
lives of philosophers n biographiesand Andrew in AA should not
be underestimated. In both cases,one finds a divine man per-
forming miracles and being adored and honored as one who pos-
sesses pecialpower31.
While Junod doesacknowledgehe presence f dramaticelements
in the Apocryphal Acts, he makes the distinction between the
philosopher and the apostle in that the apostle simply utilizes his
power to accomplish he divine plan32. urthermore, Junod argues
that unlike the philosophers n the biographiesof philosopherswho
are becomingdivine, the apostle s only assisted by God33. hese
28. P. Cox, op. cit., Berkeley, 1983,p.17.
29. P. Cox, op. cit., Berkeley, 1983,p. 19.
30. P. Cox, op. cit., Berkeley, 1983,p. 19.
31. Outside of miracles, Andrew is presented with remarkable character-
istics. In GE 11.18we read that the face of the blessedapostleshone ike
the sun to such a degree that all were amazed and honored him. Fur-
thermore, in AAgr 59.7-10, we find the following description: they
observed his [Andrew's] nobility, the adamanceof his thought, the sheer
abundance of his words, the value of his exhortation, the stability of his
soul, he prudence of his spirit, the firmness of his mind, and the precision
of his reasoning .
32. E. JUNOD,Les Vies de philosophes et les Actes apocryphes on des-
sein similaire ? , in F. BOVON ED.), Les Actes apocryphes desApotres:
christianismeet monde palen, Geneve, 1981,p. 215: Le philosophe,dans
sonetre propre, s'assimileau divin; il disposede pouvoirssurnaturelspour
se es etre acquis.L' apOtre,en revanche, sed one 8walllS' qui est iee, non
a sa propre personne,mais a l'accomplissement de l'economie divine .
33. E. JUNOD, op. cit. , in F. BOVON ED.), Les Actes apocryphes des
Apotres: christianisme et monde paien, Geneve, 1981,p. 218: Dans les
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THE GENRE OF mE ACTS OF ANDREW
187
distinctions between he subjectof the biographiesof philosophers
and the subjectof AA with regard o the utilization and appropria-
tion of divine power cannotbe maintained,however.From the text
of AA, one cansee hat Andrew is portrayed asutilizing the divine
power and was himselfhonored assomeone ike God. Furthermore,
in the case of AA, the role of the divine plan is not sufficient to
explain he prominenceof the role of the apostleAndrew34. n short,
one can only agree with Achtemeier in concluding hat the apos-
tles, however much their power may be attributed to Christ, never-
thelessoccupycenterstage n the drama 35. his may n turn explain
the lack of an explicit Christology n the text of AA.
The Revealer n theActs ofAndrew
Not only is Andrew portrayed as a divine man, he is also a
revealer whose speeches orm a major part of AA36. Andrew's
unique role as a revealer again shows he importance of Andrew
as more than merely an ordinary character. Such revelation
requires Andrew to be a unique revealer : I have handed over to
you words which 1 pray you received in the way the words them-
selveswould want (AAgr 48.7-9). Furthermore, the divine origin
of Andrew's message is reflected from the statement that
although he has eaten nothing, he has glutted us with his words
(AAgr 57.18-19)37.
Vies de philosophes, on voit un homme devenir divin; l'assimilation it
Dieu estune assomption.Dans les Actes apocryphes,on voit deshommes
secouruspar Dieu .
34. In examining the Acts of Paul, R. BAUCKHAM,The Acts of Paul as a
Sequel o Acts , in W.W. Bruce-A. Clarke (Ed.), The Book ofActs in its
First Century Setting,Grand Rapids, 1993,p.142, essentially eaches he
sameconclusion.
35. P.J. ACHTEMEIER,Jesusand the Disciples as Miracle Workers in the
Apocryphal New Testament , in E. SCHOSSLERIORENZAED.), Aspects
of Religious Propaganda n Judaism and Early Christianity,Notre Dame,
1976,p. 174.
36. Since Gregory's Epitome has intentionally eliminated Andrew's
speech, his section will be based on the Greek text for the account of the
ministry and martyrdom of Andrew at Patras.
37. This point is made by F. BOYaN, The Words of Life in the Acts of the
Apostle Andrew , p. 8 (Unpublished translation of F. BOYaN, Les
paroles de vie dans es Actes de l'Apotre Andre , in Apocrypha 2 (1991),
p.99-117).
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189
IB GENRE OF nIB ACfS OF ANDREW
Further Platonic nfluencecanbe detected n other speeches.
This s apparentn the followingpassageAAgr 47.5-13):
I have urged you to pursue things that are stable,
and to flee from all that undulates. Look, not one of
you stands irm, but everything-including human con-
ventions-is in flux. This happensbecauseof the une-
ducated soul'swandering into nature and retaining the
pledges of its mistake. Therefore, I consider blessed
those who have obeyed the words preached and who
through them observe, as in a mirror, the mysteries
concerning their proper nature, for the sake of which
all things were constructed.
Such a speech certainly reminds one of the philosophical dis-
course. The role of Andrew as a type of philosopher and the inter-
est of AA in philosophical activities are also reflected from a num-
ber of texts. In GE 17.16, we are told that even philosophers
would come and debate with him [Andrew], and no one could
oppose his teaching. In AAgr 1, Stratocles was portrayed as a
philosopher and Andrew's comment on Stratocles inner self
implies a comparison between Stratocles' beliefs and Andrew's
true philosophy (AAgr 7.16-18):
Whatever his [Stratocles' inner self's] former phi-
losophy «j>lAooo<j>la),e now knows that it was hollow.
He sees that it is destitute and worthless. Now he learns
that it promises nothing essential. Now he admits that
it pledges nothing useful.
From this, one can see that while Andrew is portrayed as a
unique revealer,he is also depicted as a philosopherwhosespeech-
es convey he true philosophy.
In the previous section (3.2.1), we have examined the unique
portrayal of Andrew as a divine man. In this section, the impor-
tance of speechesand the role of Andrew as a revealer is high-
lighted. These wo sectionscomplement each other as he life and
activities of the subject are combined with his teachings n order
to illuminate the essence f the person. This emphasison both the
lives/ activities and teachings of the subject s a typical feature of
the biographies of philosophers.Furthermore, in the words of Tal-
bert, in antiquity juxtaposition of a philosopher's ife and teach-
ing/works served as an inte~retative clue and as a legitimation
for his philosophical stance 4
42.C.H. TALBERT,Biographies of Philosophersand Rulers as Instrument
of Religious Propaganda n Mediterranean Antiquity , in ANRW 11.16.2
(1978),p. 1642.
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190
D. W. PAO
The Martyrdom Narrative in the Acts of Andrew
In AA, the emphasis on the martyrdom of Andrew cannot be
ignored. Like the Gospel of Mark, one can almostdescribe AA as
a passion narrative with a long introduction43. Parallels to this
emphasis on the martyrdom can be more easily located in bio-
graphical iterature than in ancient novels. Historically, in the late
Hellenistic and early Roman periods there was an ncrease n the
emphasis on violent death and martyrdom in biographical itera-
ture44. his is reflected in the numerousanonymous ives of Greek
poets, in the lives of philosophers by Dionysius Laertius (ca. 3rd
c. CE), and in the depiction of Israelite prophets in the anonymous
Lives o/the Prophets (ca. 1st c. CE). Plutarch's life of Coto the
Younger ocuses on his death, and other short lives emphasizing
the death of famous men (a kind of martyr literature) were writ-
ten at the end of the first century CEo
According to Aune, one of the forerunners of biography was
the epic tradition celebrating the valiant deedsof the hero whose
death had rescued him from oblivion and made him memorable,
thus giving him 'individuality '45. The exemplary deathof Socrates
in particular had a powerful impact on ancient biographical iter-
ature. It is these Socratic traditions that one can find behind the
passionof Andrew in AA.
Already in the earlier passages AAgr 1-50), one can ind par-
allels to some Socratic discourses.The Theaetetusprobably lies
behind Andrew's maieutic speeches o Stratocles (AAgr 7-9 and
42-43) and his discussionof the Lord's seal (AAgr 11-12). phi-
dama's visit with Andrew in prison (AAgr 28-30) and Stratocles'
inquiries about the spiritual development of one's soul after
Andrew's death (AAgr 44) call to mind the Phaedo46.
43. The similarities between the Gospel literature and the Apocryphal
Acts should not be ignored. See F. BOYON, La vie des apotres: Tradi-
tions bibliques et narrations apocryphes , n F. BOYON ED.), Les Actes
apocryphesdesAp6tres: christianisme et monde palen, Geneve, 1981,p.
141-58; and D.R. MAcDoNALD, Apocryphal and Canonical Narratives
about Paul , in W.S. BABCOCK, aul and the Legacies of Paul, Dallas,
1990,p. 55-70.
44. See D.E. AUNE, Greco-Roman Biography , in D.E. AuNE (ED.),
Greco-RomanLiterature and the New Testament, tlanta, 1988, . 122-23.
45. D.E. AuNE, op. cit. , in D.E. AUNE (ED.), Greco-Roman Literature
and the New Testament, tlanta, 1988,p. 123.
46. I am indebted to MacDonald for these parallels. See D.R. MACDo-
NALD,ChristianizingHomer: The Odyssey,Plato,and theActs of Andrew,
New York-Oxford, 1994,p. 211-239.
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191
E GENRE OF mE ACTS OF ANDREW
In the later passages f the passion narrative (AAgr 51-64),
one can find further parallels between AA and Phaedo.The par-
allels include the charges againstAndrew, his laughter in spite of
his execution, his teachings on the immortality of the soul, his
refusal to escape rom his death, and the weeping of his friends.
The follow list provides a clearer picture of the parallels between
the two texts47
Plato's Phaedo
84d-e
64-81
64c
64d
96c
64d
64d
64e
67a
67b-c
80d-81a
81a-b
AAgr 55-63
55
56-58
56
56
56
56
56-57
57
57
57
58
58
67d-68a
61-62
The Laughing Martyr
The Immortality of the Soul
-Separation of the body and soul
-Pleasures of eating
-Food and bodily bulk
-Pleasure of sex
-Possessions
-Care for externals
-Fellowship with the body
-Teacher going ahead o afterlife
-Fate of pure souls
-Fate of impure souls
Philosopher Longing for
Release of the Soul
The Death of the Hero and
the Weeping of Friends
117c-d
63
From this comparison,one can probably conclude that the mar-
tyrdom narrative of AA is to a certain extent influenced by the
narrative concerning the death of Socrates.Therefore, while the
presenceof an extended martyrdom narrative points to the affin-
ity with Greco-Roman biographical literature, the parallels
between AA and Phaedo points to a portrayal of Andrew in the
type of a philosopher.This strengthensour evidence n placing AA
within the category of biographies of philosophers.
The Epilogue of the Acts of Andrew
Unlike all other Apocryphal Acts, AA concludes with a post-
script written by the author himself (AAgr 65) :
Hereabouts I should make an end of the blessed
tales (8lll'Y1l~aTWV), cts (TTpa':Ewv),nd mysteries
47. This list is taken from (with modifications) D.R. MACDoNALD, p. cit.
New York-Oxford. 1994.P. 274.
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192
D. W. PAO
(I100TllPlWV)ifficult--or should I say mpossible-to
express. Let this stroke of the pen end it. I will pray
first for myself, that I heard what was actually said,
both the obvious (crVI1cj>avES-)nd also the obscure
(dcj>avwv), omprehensible only to the intellect
(8lavol~). Then I will pray for all who are convinced by
what was said, hat they may have fellowship with each
other, as God opens the ears of the listeners, n order
to make comprehensibleall his gifts in Christ Jesusour
Lord, to whom, together with the Father, be glory,
honor and power with the all holy and good and life-
giving Spirit, now and always, orever and ever,amen.
The epilogue, written in the first person singular,confers on the
work a value of revelation, initiation, and unveiling of the mys-
teries 48.Furthermore, to underline the importance of this work,
the author concludeswith two prayers.The first concerns he accu-
racy for that which have been written down. The secondconcerns
the gifts and the communion of those having received the words.
The content of the work is highlighted by the author's empha-
sis on the distinction between the obvious (aUI1<t>avEr;)nd the
obscure «i<j>avwv).hese realms (and the distinction between
the two) are comprehensible only to the intellect (8luvOlq).This
phrasepoints to the existenceof a deeper meaningbehind the dra-
matic narratives as they appear on the surface of the text of AA.
Such a use of external forms to express nternal meaning is not
unusual among he biographies of philosophers49.
In addition to the content of this epilogue, the narrative form
also needs to be noted. In his work on narrative asides n Luke-
Acts, Sheeleymakes a comparison between he voice of narrator
in romance novels and biography5O.According to Sheeley, the
most interesting trend in self-consciousasides o be noted is the
strong emphasis on self-consciousnarrators in the genre of biog-
raphy 51.Unlike the narrative asides n biography, the narrative
48. F. BOVON, The Words of Life in the Acts of the Apostle Andrew ,
p.11.
49. E. JUNOD,Les Vies de philosophes et les Actes apocryphes: un des-
sein similaire ? , in F. BOVON ED.), Les Actes apocryphesdesApotres :
christianismeet monde pai en,Geneve, 1981, . 211: Tout comme es Vies
de philosophes, ls utilisent la forme du fecit pour rapporter une expe-
rience religieuse et interieure .
SO.S.M. SHEELEY, arrative Asides n Luke-Acts, Sheffield, 1992.
51. S.M. SHEELEY,p. cit., Sheffield, 1992,p. 94.
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THE GENRE OF THE AcrS OF ANDREW
193
asides of romance show an emphasis on necessarymaterial and
inside views, with less emphasis on self-conscious narration 52.
Therefore, in examining the epilogue of AA (AAgr 65), the sig-
nificance of this self-conscious voice of the narrators should be
understood as an important generic signal53.
Response o Objections
Before concluding his section, I must presenta response o cer-
tain objections concerning designating AA as a biography of a
philosopher. Suchresponse will also provide necessary larifica-
tion concerning he genre itself.
First, based on the issue of authorship, Junod has argued that
there is a major difference between AA and the biographies of
philosophers. According to Junod, the biographies of philosophers
are works of philosophers hemselveswho are disciplesof the sub-
ject of the biography but the same cannot be said of Apocryphal
Acts54. n response o this objection, two points should be made.
First, it is highly questionable whether authorship should be con-
sidered as a generic criterion for biographiesof philosophers. Sec-
ond, Junod's criticism cannot be applied equally to all the Apoc-
ryphal Acts. For AA, we have two important external witnesses
to the authorship of the Acts. Philaster of Brescia (prior to 385
CE) attributed AA to disciples who followed the apostle (PL
12 1200).Another piece of evidencecomes rom Innocent I (early
5th c. CE), in a letter to an Exuperius of Toulouse,who claims that
AA was the work of the philosophers Xenocharides and
Leonidas (Epistle 6.6)55.Taken together, these wo pieces of evi-
dence show that the author(s) of AA may well be disciples of
Andrew who were philosophers hemselves.Although this cannot
be certain becauseof limited evidence, he force of Junod's criti-
cism s thus limited.
52. S.M. SHEELEY,p. cit., Sheffield, 1992,p. 95.
53. Of course,one cannot reacha conclusionconcerninggenreby the pre-
sence of an individual unit alone. Nevertheless, he significance of this
self-conscious narration should also be considered when one is to dis-
cuss he genre of AA.
54. E. JUNOD, op. cit. , in F. BOVON ED.), Les Actes apocryphes des
Apotres.. christianismeet monde pai en,Geneve, 1981,p. 214.
55. See he discussion n D.R. MACDONALD, he Acts of Andrew and the
Acts ofAndrew and Matthias in the City of the Cannibals,Atlanta, 1990,
p. 48-51.
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D. W. PAO
Another objection is the absenceof birth narrative in AA. This
objection again ails since he presenceof the birth narrative is not
an essential element in ancient biographies. Some biographies
begin with the hero's adult ife (for example, Nepos , Miltiades ,
Aristides , Pausanias )56. he extent of the life portrayed in the
biography is not important as long as he essence f the person s
revealed.
Similarly, the objection that AA does not contain a basic/com-
plete outline of Andrew's life is equally unjustified. Biography does
not aim to give exhaustive historical reporting. It accomplishests
task by selecting whatever events serve to illustrate best the
essenceof the character57.
Finally, there are some who have argued that the individuality
of the main character fails to emerge when one compares the var-
ious Apocryphal Acts. In other words, the failure to see the real
Andrew behind AA has been used as an argument against under-
standing AA as a biography58. This criticism also originates, how-
ever, from a misconception of the genre of biography. In bio-
graphical writings, the author has the freedom to create the
character by the molding of a man's character to a preconceived
model 59. The formation of the subject's character was based on
its propagandistic value. Therefore, the failure to detect the real
Andrew behind the text of AA does not exclude AA from the
biographical genre.
From the above discussion (3.2.1-3.2.5), one can see the simi-
larities between AA and the biographies of philosophers.
Although it is not possible to respond to all possible objections
and to show that AA is indeed a biography through the applica-
tion of a strict set of generic criteria, the above discussion does pro-
vide enough basis for us to reconsider the generic affinities
between AA and the biographies of philosophers.
56. C.H. TALBERT, hat s a Gospel? The Genre of he Canonical Gospels.,
Philadelphia, 1977,p. 56. P. Cox, op. cit., Berkeley, 1983,p. 53,notes that
the heroes of biographies have reached the pinnacle of glory [which] is
evident from the beginning of their biographies,and the stories n the nar-
rative serve to document their multifaceted perfection .
57. See P. Cox, op. cit., Berkeley, 1983,p. 12.
58. See, or example, E. JUNOD,op. cit. , in F. BOVON ED.), Les Actes
apocryphesdesApotres: christianisme et monde paien, Geneve, 1981,p.
214.
59. P. Cox, op. cit, Berkeley, 1983,p. 15.
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195
E GENRE OF THE ACTS OF ANDREW
3.3. The Sitz im Leben of the Acts of Andrew as a Biography of
a Philosopher
In this section, I shall limit myself to a discussionof the Sitz m
Leben of AA as mplied through its generic designation as a biog-
raphy of a philosopher.
The Greco-Roman Biography as Propaganda
In the Greco-Roman era, biographers of philosophers contin-
ued to emphasize he achievements f the mastersof various philo-
sophical schools. Suchdepictions of philosophers not only served
as the models for the perpetuation of particular philosophical
schools, hey were also polemics employed in developing one tra-
dition against he others. Cox has rightly emphasized hat biog-
raphy was from its inception a genre that found its home in con-
troversy 60.Furthermore, since the authors of biographies were
fighting each other, we could say that their heroes had become
emblems in a holy war 61.
This polemical setting can be found in numerous biographies.
For example, in Laertius treatment of Epicurus, the author says
that the biography was written that you may be in a position to
study the philosopher in all sides and know how to judge him 62.
This statement s made in an attempt to defend Epicurus against
attacks regarding such ssuesas he philosopher's overindulgence,
poor writing style, and hostility to other people63.n tqe middle of
his defense,Laertius says, And, as we go on, we shall know this
better from his doctrines and his sayings 64. his is followed by the
summary of doctrine in the three letters and forty maxims. The
polemical/ apologetic intent of such a work is apparent.
Ancient biographies often presuppose worshipping commu-
nities -communities attached to the subject of the biography. It is
to these communities that the lives of the philosophers become
meaningful.Thesebiographiesprovided the basis or the existence
of the community, and they gave directives for the life of the com-
60. P. Cox, op. cit., Berkeley, 1983,p. 135.
61. P. Cox, op. cit., Berkeley, 1983,p. 135.
62. Laertius, Lives of Eminent Philosophers,10.29.See he discussion n
C.H. TALBERT, iterary Patterns, Theological Themes,and the Genre of
Luke-Acts, Missoula/MT, 1974,p. 128ft.
63. Laertius, Lives of Eminent Philosophers, 10.6-14.
64. Laertius, Lives of Eminent Philosophers,10.12.
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D. W. PAO
dynamic (or relational) model, however, a particular work can be
located within a particular trajectory without having o fulfill a cer-
tain set of external criteria that were derived from the examina-
tion of some ideal types of sucha genre. Furthermore, an over-
lapping of genre erritories is an expectedphenomenonwithin this
model. It is within this framework that I make an appeal to the
majority of the scholarswho find similarities between ancientnov-
els and the Apocryphal Acts to reconsider he affinities between
one of these acts (Acts of Andrew) and the biographiesof philoso-
phers. Such an appealshould not be taken as a rejection the value
of the works of the scholarswho have worked on this area, since
a strict either / or perspectiveshould be abandonedwhen we exam-
ine at least one of theseActs.
First, many have recognized he difficulty of defining the genre
novel. Pervo has provided us with a working definition72:
Prescriptively defined, the ancient novel was a rela-
tively lengthy work of prose fiction depicting or derid-
ing certain deeds hrough an entertaining presentation
of the lives and experiences of a person or persons
whose activity transcends he limits of ordinary living
as known to its implied readers.
The usefulnessof this definition to delineate the novel genre s
questionable. Bauckham's statement represents the opinion of
many when he states that Richard Pervo, in his attempt to clas-
sify apocryphal and canonical Acts alike as historical novels,
defines he novel so broadly as o include any kind of narrative fic-
tion 73.Pervo himself, however, recognizes he difficulty in pro-
viding a strict set of criteria since here is greater variety in plot,
structure, tone, and style within the group of Greek romantic nov-
els alone than some surveyswould suggest 74.he problem is fur-
ther complicated by the fact that the ancientauthorswere not con-
72. R.I. PERVO, rofit with Delight: The Literary Genreof the Acts of the
Apostles,Philadelphia, 1987,p.10S.
73. R. BAUCKHAM,The Acts of Paul as a Sequel o Acts , in B. W. WIN-
TERand A. CLARKE. ED.), The Book of Acts in its First Century Setting,
Grand Rapids, 1993,p. 140.Seealso the criticism in D.E. AUNE,The New
Testamentn Its Literary Environment, Philadelphia, 1987,p.1S3.
74. R.I. PERVO, p. cit., Philadelphia,1987,p. 105. Similarly, B.E. PERRY,
The Ancient Romances: A Literary-Historical Account of their Origins,
Berkeley, 1967,p. 29,also states hat of all the recognized iterary forms,
the romance, or novel, is by nature the most unbounded and the least
confined in the range of what it may nclude .
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200
D. W. PAO
5. Conclusion
In this paper, I have attempted to (re )introduce the importance
of the biographies of philosophers behind the structure and con-
tent of AA. In utilizing the dynamic model of genre classification,
I am convinced that AA can be justly located within the trajecto-
ry of the biographiesof philosophers,while I do admit that certain
novelistic motifs do exist. In this paper, he conclusionconcerning
the exact generic designation of AA is intended to be ambiguous
since he purpose of this paper s not to prove that AA should not
at the same ime be considered a novelso. n order to draw further
conclusions, a detailed comparison between AA and the ancient
novels is necessary.This, however, is beyond the limit of this
paperS .
so. Nevertheless, did provide some evidence n section3.2 of this paper.
81. There are indeed significant differences between AA and ancient
novels. Due to the limit of this paper, can only refer the readers o the
further discussionn works suchas D.E. AUNE,op. cit., Philadelphia, 1987,
p. 153ff.
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201
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D. W. PAO
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Madeleine COPELLO
CNRS
VERITES ET CONTRE- VERITES
LA VIE DE MANI SELON LES
ACTA ARCHELAI*
The key to understand Mani's life as counted n Acta Archelai ch. 62-
66, is to be found in ch. 61. Here the authot; talking in the iterary fiction
through bishopArchelaos,defineshisparty (the Great Church) and, mpli-
citely, he opposing one (heresy), by using heresiological ools. A mapof
heretic is so layed out in thepolemical speech ofArchelaos. Mani's life, as
countedby the heresiologist, ontains ruths and untruths. By relieving each
elementof its polemical coating, we obtain a quite reliable picture of the
main facts of Mani's life as well as informations on his missionary work.
La clef de l'interpretation de la vie de Mani (Acta Archelai ch. 62-66)
est ournie par la mise au point qui la precede (ch. 61). Maniant des outils
heresiologiques,'auteul; qui dans afiction litteraire s'exprimepar la voix
de l'eveque Archelaus, difinit son camp (la Grande Eglise) et implicite-
ment, e campadverse l'heresie). Une cartede l'heretique,visant ci Mani,
est raceedans e discourspolemique d'Archelaus. La vie de Mani que 'he-
resiologuemet en scene, ontient desveriteset descontre-verites.En debar-
rassant haqueelementde saganguepolemique,on obtientune mageassez
fidele deschafnonsessentiels e a vie de Mani ainsi que des enseignements
sur sa mission.
Les Acta Archelai1 soot Ie premier temoignage connn de I'he-
resiologie chretienne cantle Ie manicheisme2.Rediges, vraisem-
* Cet article est ire d'une communication presentee au College de Fran-
ce Ie 6 avril 1994au Seminaire du ProfesseurMichel Tardieu sur Ie mani-
cheisme.
1. Les Acta Archelai ont ete edites par C.H. BEESON, egemoniusActa
Archelai, Leipzig, 1906 GCS 16). Cette edition tient compte d' un nou-
veau manuscrit latin (Monacensis), decouvert dans une bibliotheque de
l'Italie du Sud par L. Traube en 1903.La bibliographie modeme sur es
Acta Archelai est oin d'etre fiche. Je signale ci un article recent et docu-
mente de S.N.C. LIEu, Fact and Fiction in the Acta Archelai , in Mani-
chaean Studies, n Proceedings of he First International Conferenceon
Apocrypha 6, 1995, fJ.203-234
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M.SCOPELLO
blablement en grec, vers 340, ils sont attribues a Hegemonius,
selon e temoignaged'Heraclien de Chalcedoine,cite par Photius3.
Hegemonius est par ailleurs inconnu.
Le texte grec des Acta Archelai n'a pas ete conserve,mis a part
quelques extraits transmis par Epiphane de Salamine, dans son
Heresie66 contre leg manicheens, edigee en 3764.
En revanche, e texte integral de cette oeuvre a survecu en une
traduction latine, faite vers 365. C'est sur la version latine que se
fonde cette etude5.
Les Acta Archelai connurent un grand succesdans 'histoire de
l'heresiologie anti-manicheenneoccidentale. Le premier Pere de
l'Eglise qui leg cita fut Cyrille de Jerusalem,dans sa Sixiemecate-
chesecontre les manicheens, rononcee en 3486.Les Acta Arche-
lai furent composespeu avant cette date. Leur influence ne faisait
que commencer: la plupart des heresiologuesde langue grecque
et latine se sont inspires de ce texte, et ce jusqu'au Moyen Age7.
L'image qu'eut l'Occident de Mani et du manicheisme a ete en
eifel celIe, malveillante et polemique, construite par l'auteur des
Acta Archelai. Trois elements en ant ete principalement retenus :
Ie portrait de Mani, brosse, tout au fil de l'oeuvre, aux sombres
couleursde l'heretique8,sa vie9 et l'expose d'introduction a la doc-
trine manicheenne du disciple Turbon1O.
Les Acta Archelai se presentent comme la transcription d'un
debat public qui eut lieu dans la ville de Carchara (Carrhe), en
Mesopotamie romaine, dans a deuxieme moitie du IIIe sieclell.
Dans ce debat, l'eveque chretien de la ville, Archelaus, s' oppose
Manichaeism,August 5-9, 1987,Department of History of Religions,Lund
University,Sweden,Lund, 1988,p. 69-88.
2. La refutation du philosophe neoplatonicienAlexandre de Lycopolis est
anterieure (entre 277 et 297). Cf. A. VILLEY,Alexandre de Lycopolis,
Contre la doctrine de Mani, Paris, 1985, . 22.
3. Bibliotheca 85.
4. L' Heresie66a ete traduite et amplementcomrnenteepar C. RIGGI,Epi-
fanio contro Mani, Rome, 1967.
5. Comme es Acta Archelai n'ont pas fait jusqu'a ce our l'objet d'une tra-
duction ni d'un commentaire suivi, j'ai prepare une traduction, accom-
pagnee d'une introduction et de notes, a paraitre aux Editions du Cerf,
Paris,dans a collection Sourcesgnostiques et manicheennes .
6. PG 33,col. 535-604.
7. Parmi les auteurs qui se sont inspires des Acta Archelai, on peut men-
tionner Ie Pseudo-Jerome,Augustin, Theodoret de Cyr, Filastre de Bres-
cia et plus lard, Photius, Psellus et Pierre de Sicile.
8. Voir surtout ch. XIV; 3-4.
9. Ch. LXIV, I-LXV, 9.
10. Ch. VII-XIII.
11. Cf. M. TARDIEU,Art. Archelaus , in Encyclopaedia ranica, vol. II,
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205
A VIE DE MANI SELON LES ACTA ARCHELAI
a Mani, devant quatre juges de religion palenne et une tres gran-
de foule12.
Mani, disent eg Acta Archelai, avait reussia se faire inviter par
un homme tres en vue de la ville, un certain Marcellus13, I espe-
fait Ie convertir et, par son..biais, iffuser son message ans toute
la region. Apres avoir envoye une lettre a Marcellus, annon~ant
quelques points de sa doctrine14, Mani obtient une invitation
pour se rendre a Carchara et se met en route. Pour calmer la
fureur de l'eveque Archelaus, nullement satisfait de la venue de
Mani, Marcellus decide d'organiser un debat public entre leg
deux, de fa~on a ce que l'on juge de la valeur de leurs theories
respectives15.
L'arrivee de Mani a Carchara fait sensation: il est habille a la
mode des Mages perses.L'heresiologue decrit la sceneavec sar-
casme et ironie : Mani, par sa fa~on vestimentaire, revele sa veri-
table nature: c'est un Perse,un barbare, un etranger,un ennemi16
tasc. 3, London-Boston, 1986,p. 279-281;M. SCOPELLO,Notes de geo-
graphie manicheenne les Acta Archelai" [Exposepresentea l'Ecole Pra-
tique des Hautes Etudes, Sectiondes sciences eligieuses,mai 1988dans
le Seminaire de M. Tardieu], in Annuaire de l'Ecole Pratique des Hautes
Etudes, Section des sciences eligieuses96 (1987-1988),p. 301; M. Sco-
PELLO,Simon e Mage prototype de Mani dans es Acta Archelai", Revue
de la SocieteErnest Renan 37 (1989), p. 67-79, surtout p. 69-71 (sur les
toponymes attestesdans es Acta Archelai); voir aussiS. N.C. LIEu, "Fact
and Fiction", p. 76-78.
12. Archelaus n'est pas mentionne dans les listes episcopalesde Meso-
potamie des premiers siecles.La mise en place du debat est racontee au
ch. XIV; les noms des uges sont : Manippus, Aegialeus, Claudius, Cleo-
bulos.
13. Les ch. I-IV tracent la personnalite de Marcellus.
14. Voir le ch. v: Le debut de la lettre rappelle celui de l'Epistula Funda-
menti, transmise par Augustin. Cette lettre fut ameneea Carchara par Ie
disciple de Mani, Turbon, apres un voyage perilleux.
15.Ch.VI.
16. Ch. XIV, 3-4: "Quo ille visa, admiratus estprimo habitus indumenta,.
habebatenim calciamentigenus,quod trisolium vulgo appellari solet; pal-
lium autem varium, tamquam aerina specie,.n manu vera validissimum
baculum tenebatex ligna ebelino; Babylonium vera librum portabat sub
sinistra ala; crura etiam bracis obtexeratcolore diverso,quarum una ruta,
alia velut prasini coloris erat; vultus vera ut senis Persaeartificis et bello-
rum ducisvidebatur." Ct. aussich. XL, 5 : "Persa barbare,non Graecorum
linguae, non Aegyptiorum, non Romanorum, non ullius alterius linguae
scientiamhabere potuisti; sed Chaldaeorum salam, quae ne in numerum
quidem aliquem ducitur" p. 59,19-22... "0 barbare sacerdosMithrae et
conlusor" (p. 59, 27). Sur cette description de Mani, ct. M. SCOPELLO,
"Simon Ie Mage...", p. 73-76.
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M. SCOPELLO
Le debat s'engage ch. XV-XLIII) : tout au long de la joute ora-
taiTe,Archelaus assaisonne esargumentscontre Mani d'insultes
parfois tres lourdes. L'eveque est neanmoins conscientde l'indis-
cutable talent de son adversaire.III'admet a contre-creur: Mani,
d'une voix forte et claire savait s'imposer a l'auditoire et Ie capti-
ver 1? .
Archelaus sort vainqueur de ce premier debat. Tout au long de
la dispute, il n'a cessede peindre son ennemi aux redoutablescou-
leurs de la ruse et de la tromperie. Faux Christ et faux prophete,
Mani incame, aux yeux de la cite, Satan en personne.Comparesa
Mani, meme Valentin, Basilide et Marcion doivent etre reevalues18.
Les juges donnent, cela va de soi, la palme de la victoire a
l'eveque Archelaus (ch. XLIII).
Mani est chassede Carchara. II se refugie alors dans un village
des environs, Diodoris, ou il engageun debat avec e pretre de ce
lieu. Ayant pris un mauvais depart -ne se sentant pas de taille a
affronter Mani en one dispute theologique -Ie pretre appelle son
eveque au secours ch. XLIII-LII). Une deuxieme dispute s'enga-
ge alors entre Mani et Archelau$ : l'eveque en sortira encore vain-
queur.
C'est au terme de sa deuxiemedispute contre Mani que l'eveque
Archelaus brosse, pour la foule qui l'ecoute, un portrait de son
adversaire, dans lequel il resume, a sa fa~on (ch. LXII-LXVI), la
vie et les oeuvres ( genus vobis dicam et actum )19. I avait deja
annonce son ntention, par one formule analogue ( quis et unde et
qualis sit ), loTsde sa premiere dispute avecMani20.Toutefois,pris
par la tougue du debat, il n'avait pas tenu parole.
Le compte Tendode la vie de Mani estpreceded'une breve mise
au point (ch. LXI) dans aquelle Archelaus, avant de rentrer dans
Ie vif du sujet, s'adresseau public des ideles, amasses ur a place
du village de Diodoris, dans un but precis: asseoirsapropre auto-
rite, en se situant dans Ie sein de la Grande Eglise, dans sa suc-
cession egitime, dans a tradition apostolique.
Sesarguments aissententendre,meme s'il ne prend pas a peine
de les expliciter, que celui dont il va rapporter les faits et gestesse
17. Ct. aussi e jugement du pretre de Diodoris sur Mani : Re vera enim
vir valde vehemens am sermonequam opere, sed et adspectu pso atque
habitu adparet (ch. XLIV, 4).
18. Ch.XLII, 1 : Et ego quidem beatifico Marcionem et Valentinianumac
Basilidem aliosque hereticos, icut istius comparatione,qui velut intellectu
aliquo usi sunt, qui viderentur sibi omnem scripturam posse ntellegere,et
ita se ductoresstatueruntqui se audire voluissent .
19. Ch. LXII, 1 = p. 90, 9-10.
20. Ch. XXX, 2 = p. 43,2-3.
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207
A VIE DE MANI SELON LES ACTA ARCHELAI
situe en dehors de cette structure ecclesiale,de cette legitimite, de
cette tradition.
11suffit, en effet, de lire a l'envers, les tins apres es autres, les
arguments d' Archelaus pour voir se dessiner ine carte de l'he-
retique.
Dans la premiere partie de cette etude 'entends analyser a mise
au point faite par Archelaus (ch. LXI). Cette analyse n'est pas
inutile: elle fournit en effet les nstruments pour interpreter la sec-
tion suivante de l'expose de l'eveque (ch. LXII-LXVI): consacree
a la vie de Mani, elle constitue la deuxieme partie de cette etude.
I. LA MISE AU POINT
Le ch. LXI21 est un texte tres dense oil I' auteur des Acta Arche-
Lai se sert de nombreux outils heresiologiques pour donner une
definition de son camp (la Grande Eglise). C'est de cette defini-
tion que decoule implicitement celIe de l'heresie, a laquelle est
identifiee la doctrine de Mani.
Le discours de l'heresiologue, qui dans a fiction litteraire s'ex-
prime par la voix d' Archelaus, vise non seulement a personne et
la doctrine de Mani mais aussi a structure qui se dessinederriere
lui, son Eglise.
On rappelle tout d'abord en ce texte l'authenticite de la doctri-
ne d' Archelaus (veritas doctrinae)22, cclame par la foule: il a en
effet remporte a deux reprises,a Carchara,puis a Diodoris, la vic-
toire sur Mani. Doctrina signifie, en ce contexte, a doctrine scrip-
turaire, l'enseignement onde sur eg Ecritures23. a dispute entre
l'eveque chretien et Mani, relatee dans leg Acta ArcheLai, s'est
faite, en effet, a coups de citations bibliques dont leg deux adver-
sairesproposaient, chacun, son nterpretation.
La veritasdoctrinaed' Archelaus implique et sous-entend,a l'in-
verse, Ie mensonge de la doctrine de Mani. Le theme n'est pas
21. Le texte latin du ch. LXI, 2-8 se rouve aux pages89-90de l'edition de
Beeson.
22. Ch. LXI,1= p. 89,5-6. La veritasd' Archelaus a ete auparavant econ-
nue par les quatre juges de religion palenne : Et ideo ipsa veritate edo-
centeclaruit his quae ab Archelao dicta suntpalmam nos debere onferre
(ch. XXIX, 4 = p. 42, 29).
23. En ce sellS,doctrina equivaut au grec didake, didaskalia,qui petit indi-
quer l'enseignement religieux des apotres (par ex., Tertullien, De praes-
criptione 44), mais aussicelui des evequeset des pIetIeS (Jerome,Epftre
46,9,1).
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M.SCOPELLO
explicite ici, la terminologie de I'erreur, empruntee a la tradition
heresiologique, est toutefois I un des fils conducteurs des Acta
Archela;z4 et se retrouve egalement dans la vie de Mani qui va
suivre. On peutmettre en opposition25
veritas
#
[mendacium, alsitas, error]
Une grande foule se reunit p()ur ecouter I'eveque. Ces gensne
viennent pas seulementdu village oil se deroulent Ies evenements,
mais de toute Ia province et des regions avoisinantes
Ayant fait faire silence,Archelaus entreprit de par-
ler de Mani en ces ermes : vous avezappris quelle est
notre doctrine et vous avez saisi es argumentsde notre
foi. Dans la mesureou j'ai pu comprendre es Ecritures,
je les ai exposees devant vous. Mais, maintenant, je
vous supplie de m'ecouter dans Ie silence, car e veux
parler tres brievementpour que vous appreniezqui est,
d'ou vient et de quelle sorte est cet homme qui est arri-
ve ici (p. 89, 11-16).
Archelaus souligne trois points au debut de son discours: c'est
par lui que ses ideles ant appris a doctrine, notre doctrine ; par
lui ils ant egalement saisi 'apprentissage de la foi, notre foi ;
enfin c'est toujours par lui qu'ils ant ecoute l'interpretation des
Ecritures.
L'eveque rappelle ainsi a ses auditeurs leg fonctions de son
magistere: l'enseignement heorique des Ecritures (doctrina), la
mise en pratique de l'enseignement (experimentafidei)26 et l'in-
24. Par ex., p. 39, 16; p. 45,16; p. 90, 14; p. 94,28 et passim. L' heresio-
logue lie Ie mensongede Mani it la tuse et it la tromperie heretique. Mani,
quant t lui, accuseegalementde mensongesesadversaires hretiens voir
la Iettre qu'il adresse t Marcellus (ch. V, 2-4), surtout p. 6,21-22: prop-
ter quod ad emendationemgenerishumani missuset subvenienshis qui se
seductionibus atque erroribus tradiderunt haec scripta ad te necessarium
duxi transmittere .
25. Je deduis Ie deuxieme terme de l'opposition, en cet exemple comme
dansceux qui vont suivre,de l'argwnentation d' Arch6laus. Comme l n'est
pas present,de fa~n explicite, dans e texte que e commente, e l'indique
entre crochets CarTes.
26. La formule experimentaidei est d'origine neo-testamentaire.Elle est
calquee sur Ie grec to dokimion respisteosde Jacques1, 3 et de la Prima
Petri 1,7.
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A VIE DE MANI SELON LES ACTA ARCHELAI
terpretation desEcritures. 11 eposedonc non seulementen maitre
(didaskalos)mais en exegete.
Dans l'enchainement qu'il fait entre la doctrine et la foi, Arche-
laus evoque mplicitement Ie dangerque constitue Mani aussibien
pour l'une que pour l'autre. Mani est en effet celui qui a tente de
devertere Marcel/urn a nostra doctrina et a ide (p. 78, 23). Ce
riche notable chretien etait l'enjeu de la dispute: s'il se convertis-
gait a la doctrine de Mani, toute la province l'aurait suivi27.
A lafides d' Archelaus et des sienss'oppose 'irnpietas (p. 78, 23)
ou la perfidia (p. 90, 16) de Mani. Ces ermes soot ypiques du lan-
gage heresiologique28.
On peutmettre en opposition
(impietas, perfidia]
Archelaus rappelle egalementa son public Ie probleme de l'in-
terpretation des Ecritures (intellegerescripturas: p. 89, 14). Ses
paroles laissent entendre qu'il est autorise a pratiquer l'exegese
scripturaire, puisque, etant eveque, il se situe dans a succession
apostolique. Cet argument mplique, a contrario, que Mani ne l'est
aucunement: son exegesen'a, par consequent,aucune egitimite.
Mani s'insere dans la filiere de l'erreur9, dont il est Ie plus dan-
gereux representant, Archelaus,en revanche, dans a filiere de la
verite.
27. Ainsi au ch. IV, 2 = p. 4, 25-26; ct. ch. LIII, 6 = p. 78,23-26 istum ego
no vi tunc cum ad loci mei partes nprobus advenissetMarcelli viri inclita
gratia, volenseum deverterea nostra doctrina et a fide, videlicet,quo inpie-
tatis huius idoneus efficeretur adsertor . On sait par les sourcesdirectes
que Mani s'adressesouvent aux puissantsdans Ie but de diffuser sa doc-
trine. Ct. M 7 I, en parthe (conversion de Mihrshah) et M 48 I (conver-
sion deTuran Shah et de la noblesse).
28. Pour l'impietas heretica,voir Augustin, De GestisPelagii 5, 15; ct. la
sabelliana impietas dont parle Jerome dans 'Epitre 17,2,2. L'impietas,
l'impiete, l'heresie, s'oppose t la pietas, 'orthodoxie. La perfidia, oppo-
see it la fides, caracterise egalement l'heretique et Ie palen: par ex.
Ambroise (ariana perfidia), De Fide 4,11,154; Jerome, Adversus Rufi-
num 1, 16. Archelaus appelle Maniperfidus en XXVI, 5 = p. 39,4: nolo
moretur hic perfidus, sed am confiteatur dualitatis suae n unum refusam
esse ubstantiam .
29. Sur la diadoke de l'erreur opposee it celIe de la verite, voir A. LE
BOULLUEC, a notion d'heresiedans a litterature grecque, Ie-IIIe siecles,
I-II, Pa.ris,1985,p. 89 ; ct.l'index it erreur .
fides
#
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M.SCOPELLO
AI'
s'oppose
[interpretatio errata
Les paroles d' Archelaus revelent qu'il est conscient du danger
que representaient eg manicheens,subtils exegetesde la Bible30,
pour l'Eglise.
L'insistance sur ce qui est notre , notre doctrine , notre foi ,
doit etre egalement elevee. Par ce martelement d'adjectifs et de
pronoms possessifs,'eveque souligne l'union de sa communaute
et renforce son esprit de cohesion ace a.une menaceexteme, celIe
de Mani et de ses heories. Ceci mplique et sous-entendune atti-
tude d'exclusionvis-a.-vis e l'adversaire: Mani l'heretique est eje-
te hoTS es canting de la communaute chretienne ou il essayaitde
s'infiltrer31, car il est I'autre par excellence. Ses heories en effet
sont alienae.Archelaus ne developpepas ci ce theme, un classique
de l'heresiologie32.lI'avait toutefois fait precedemment,au COUTS
de la dispute:
Manes adsereret peregrina quaedam et aliena a paterna
traditione (p. 64, 6).
Scientiam aliam praeter earn quae apostolicaet
ecclesiasticantroducere cupiebat (p. 67, 3).
C'est cette opposition
Nous
#
L'autre
qui permet de classeregalement eg autres elements du discours
d' Archelaus.
Apres ces quelques propos, Archelaus revient au sujet qu'il
envisageaitde traiter : la vie de Mani. 11commence par indiquer
sessourcesd'informations. EIles sont de deux sortes des rensei-
30. Voir M. TARDIEU, Principes de l'exegesemanicheenne du Nouveau
Testament , in M. TARDIEU ED.), Les regles de l'interpretation, Paris,
1987,p.123-146.
31. A ce propos,ch. XLII, 8 = p. 62, 30-32 Et quomodo nunc adstat ste,
persuadenset rogans unumquemqueManichaeum effici et circum venit et
ingreditur domos,deciperequaerensanimas oneratas eccatis? L'activi-
te de la manicheenneJulie a Gaza estdecrite en des ermes analoguespar
Marc Ie Diacre, Vita Porphyri 85.
32. Voir A. LE BOULLUEC, p.cit., II, p. 460-488et index a alterite .
interpretatio vera
#
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A
harmonia soutenue par l'Eglise
#
[diaphonia] de l'heresie39.
'opposea
L'argument qu'il aborde ensuite (p. 89,32) est celui du nom de
chretien, nom qu'il revendique pour lui et sa communaute ( nous
avons ete appeleschretiens ). Trois autorites soot citees a l'appui
de cette revendication: Ie Sauveur ui-meme, la terre entiere40 t
l'autorite apostolique.Theme classiquede l'heresiologie, a reven-
dication du nom de chretien41, igne de cohesion et de reconnais-
sance a l'interieur de la communaute, implique, par opposition,
que l'heretique, en ce casprecis Mani, n'a pas e droit de porter ce
nom. Il est ainsi exclu, rejete a l'exterieur de la communaute.L'ex-
clusion de Mani est mplicite dans Ie raisonnement d' Archelaus :
on peut mettle en opposition
l'inclusion
#
[I' exclusion]
Cet argument est repris par la suite (ch.LXV, 21-24): les mani-
cheens lit-ii, cherchenta s'infiltrer chez es chretiens, en mettant
en avant Ie nom du Christ. Mani a revetu ses heories d'un vernis
chretien pour persuader es gens d'adherer a sa doctrine42o
Afin de prouver a legitimite du nom de chretien, Archelaus rap-
pelle l'autorite apostolique (p. 89, 33). Ceci lui sert d'enchaine-
ment pour introduire l'argument suivant: Paul (po 90, 1-7).
L'apOtre est decrit par une terminologie emprunteea I Corinthiens
3,10 ( optimus architectusetfundamentum nostrum )43.Le fon-
dement pose par Paul est Ie fundamentum nostrum, d est eccle-
39. Par ailleurs l'heresie, avec sesdissensionsmultiples, est, elle-meme,
aUK eux des Peres,symbole de diaphonia.One seule et unique verite est,
en revanche,symboliseepar l'union de 'Eglise. Sur a diaphonia entre leg
sectesheretiques, voir l'index de A. Le BOULLUEC, p.cit., a ce mot. Cf.
J. MANSFELD,Diaphonia : the Argument of Alexander De Jato Cbs. 1-
2 , in Phronesis33 (1988),p. 181-207.
40.11 s'agit d'une allusion a l'universalisme de l'Egiise.
41. Voir leg pages de A. LE BOULLUEC, p.cit., index a nom (nom des
chretiens) avec eg principales referencesheresiologiques.
42. Homo astutus coepit in nostris Libris occasionesnquirere duaLitatis
suae et ex nostris Libris...adsertionemuamproferre, quaedam n his accu-
sans,quaedampermutans,soLoChristi nomine adiecto .
43. L'optimus architectuspeut evoquer une expressionanalogue,celIe du
Grand architecte, ils de l'Esprit vivant, du pantheon manicheen.Je dois
cette suggestiona Jean-Daniel Dubois.
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A VIE DE MANI SELON LES ACTA ARCHELAI
siae (p. 90, 1). L'identification nous-Eglise reprend Ie theme de
l'exclusion de l'heretique de la communaute des chretiens. La
mention qu' Archelaus fait de Paul est egalement significative:
l'auteur des Acta Archelai ne devait en effet pas ignorer l'impor-
tance de l'apotre dans a religion de Mani44.C'est a Paul qu' Ar-
chelaus attribue l'organisation de la structure et de la hierarchie
ecclesiale, dans les moindres details ( il a transmis la loi et il a
ordonne en elle les diacres, es presbytres et les eveques )45.Cet
argument mplique et sous-entend, ar opposition, une critique de
l'organisation ecclesialemanicheenne.Eglise tres structuree, dont
Mani fixa lui-meme les statuts46, lle est source d'inquietude pour
les responsablesde la Grande Eglise :
Ala Grande Eglise
#
[Eglise manicheenne]
'oppose
De la hierarchieecclesiastique, t c'est son argument inal, Arche-
laus souligne a conforrnite a la regie et les elementspermanents p.
90, 5-7), ce qui implique et sous-entendqu'il en va tout a fait autre-
ment dans e campde l'adversaire.A la stabilite de la regle47 'op-
44. Ce texte est t.comparer avec a p. 55, 22-24 Qui senim nostrum spe-
rare poterat persecutoremPaulum et inimicum ecclesiae efensoremeius
ac furorem uturum? et non solum hoc, verum etiam et magistrum,eccle-
siarum conditorem et architectorem . Sur le role de Paul dans Ie mani-
cheisme,voir H.-Ch. PUECH,Saint Paul chez es manicheensd' Asie Cen-
trale , in Sur le Manicheismeet autres essais, aris,1979 l'article remonte
it. 1958), p. 153-167. A Paul s'inspire l'ideal missionnaire manicheen,
exemple de l'apotre itinerant.
45. Ct. 1 TlIDothee 5,17-19; Actes 1,23.
46. Selon M. TARDIEU,Le manicheisme,Paris, 1981,p. 31, Mani compo-
se it.Ctesiphon, en 262-263, es statuts definits de son Eglise. Ct. Kepha-
laion 154 (traduction par M. Tardieu, op.cit.,p. 33): Celui (Jesus)qui a
elu son Eglise en Occident, son Eglise n'a pas atteint l'Orient. Celui
(Bouddha) qui a elu son Eglise en Orient, son election n'est pas arrivee
en Occident. Quant it.mODespoir, e l'administre de fa~on it.ce qu'il par-
vienne en Occident et qu'il soil porte pareillement en Orient mODEgli-
se, e l'administre de fa~on t.ce qu'elle parvienne dans outes les villes et
que sa bonne nouvelle atteigne tout pays . Voir aussiM 5794,en moyen
perse: la religion de Mani est superieure aux autres car il a lui-meme mis
par ecrit ses ondements.
47. Le texte latin fait ressortir Ie cote technique des termes employes:
Quae omnia bene nobis et recte disposita usque in hodiernum statum
suum custodiunt et permanent apud nos huius regulae disciplinae . Les
chapitres 6, 15, et 21 du De pudicitia de Tertullien presentent tine termi-
nologie identique it.celle employee ci.
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M.SCOPELLO
pose en effet l'instabilite de l'heresie qui, selon egPeres,n'a pas de
DOrIne orthOS)48. la duree et a la continuite de la Grande Eglise
s'oppose e cOteephemere et changeantde 'heresie:
[ephemere]
II. LA VIE DE MANI
a. Scythianuset Terebinthe
Ayant assis son autorite, Archelaus arrive enfin au coeur du
sujet: Mani. Je valls exposerai dit-il-l'origine et la conduite de
cet homme qui a jailli it gros bouillons49 usqu'it nous, provenant
de la province des Perses, et qui s'appelle Mani, avec lequel j'ai
desormaisengage,pour la deuxieme fois, une discussion.Mais je
montrerai aussi res clairement d' ou provient sa doctrine (ch.
LXII, 1 = p. 90, 8-11). Puis il ajoute, avec une phrase t effet: cet
individu n'est pas e premier ni l'unique auteur de cette doctrine .
Quel artifice va inventer Archelaus pour etayer son affirmation
et discrediter ainsi Mani? 11va fabriquer de tallies pieces des
devanciersque celui-ci n'aurait fait que copier. Le but d'une telle
demarcheestclair: depossederMani de sapropre doctrine, en 'ac-
cusant de plagiat. Cette accusation ait partie du bagageheresio-
logique50, uquel Archelaus puise volontiers.
L'eveque emprunte ainsi un detour supplementaireet construit,
devant sesauditeurs, a vie des soi-disantpredecesseurs e Mani :
48. Cette critique rut souvent adresseepar les Peres,et tout particuliere-
ment par Irenee de Lyon, aUK nostiques.
49. P. 90,8 : Ex Persarumprovincia ebullivit . Ebullio, jaillir en bouillon-
nant, est employe, au sens figure, pour indiquer les heresies qui se met-
tent a pulluler : Augustin, Contra duas epistulasPelagianorum ad Boni-
fatium 4, 12,32 et Jerome, Commentariorum n epistulamad Galatas312
d. La vermine qui pullule dans es mondes nfemaux, decrits par es textes
manicheens,n'est peut-etre pas etrangere a l'emploi de ce terme dans e
discoursheresiologique.Ebullio pourrait egalementevoquer es rniasmes
de l'heretique (suggestionde M. Tardieu loTS e la discussion e ce texte
au College de France). La formule des Acta Archelai n'est pas sans ap-
peler celIe de 2 Macchabes 1, 12 (V g): ebullire fecit de Perside eos qui
pugnaverunt contra nos .
50. Sur e plagiat heretique, voir A.. LE BOULLUEC,p.cit.,a plagiat . Ire-
nee de Lyon, par exemple,accuse es heretiques d'avoir plagie les philo-
sophes et les pbetes (Adversus Haereses 1,14,1-7).
continuite,duree
#
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A VIE DE MANI SELON LES ACTA ARCHELAI
Scythianus(ch. LXII, 3-7 = p. 90, 12 -p. 91, 11) etTerebinthe (ch.
LXIII, 1-6 = p. 91, 12 -p. 92, 15). Ces personnages,probablement
imaginaires, sont chargesde symboles.
Non une mais trois vies, emboitees I'une dans I'autre, sont
contees par Archelaus devant Ie public qui I'ecoute:
"Un certain Scythianus,au temps des apotres, rut Ie
fondateur et Ie chef de cette secte, comme Ie furent
bien d'autres apostatsqui, poussespar la convoitise de
revendiquer pour eux la primaute, ant ecrit des men-
gangesau lieu des verites, en entrainant dans l'erreur
leg plus simples,selon eur caprice, et dont Ie temps ne
me permet pas, maintenant, de mentionner leg noms
et leg doctrines heretiques. Ce Scythianus, donc, avait
introduit cette dualite qui se contredit d'elle-meme,
concept qu'il tira de Pythagore,comme taus leg autres
partisans de cette fausse doctrine, qui defendent taus
la dualite, se detournant du droit chemin de l'Ecritu-
reoMais ils ne tireront pas davantage de profit. Per-
sonne toutefois n'obtint impudemment plus de credit
que ce Scythianus. I avait introduit, en effet, l'hostili-
te entre leg deux (principes) nengendres et tout ce qui
decoule d'une affirmation de cette sorte. Ce Scythia-
nus etait de gauchesarracene et il prit comme femme
une captive de la Thebaide Superieure, qui Ie persua-
da d'habiter en Egypte plutot que dans egdeserts.Ah
si Ie ciel avait voulu que cette province ne l'eut jamais
accueilli, car, habitant en elle, ayant appris la sagesse
des Egyptiens... il etait en effet, a dire vrai, tres fiche
de dons naturels et de biens, comme ceux qui l'ont
connu nous l'ont aussi temoigne oralement. n eut
d'autre part un disciple, qui ecrivit pour lui quatre
livres, dont il appela 'un Des mysteres,'autre, Des cha-
pitres, Ie troisieme, en revanche, L'evangile et enfin il
appela Ie dernier de taus leg livres, Le tresor. II avait
ces quatre livres et un seul disciple dont Ie nom etait
Terebinthe. Ayant concerte taus leg deux entre eux
pour un certain temps, Scythianus rut d'avis de par-
courir seulla Judee pour aller y trouver taus ceux qui
avaient en ce lieu une reputation de maitre. Mais il
advint qu'il mourut subitement et on n'en fit rien" (p.
90,12-91,11).
La vie de Scythianus,comme celIe de Terebinthe qui va suivre,
meriterait un commentaire detaille; je Ie ferai ailleurs, me limitant
ici a quelques remarques utiles dans Ie cadre de cet article.
Archelaus a recours au angagepolemique qu'il affectionne pour
racorrter a vie de Scythianus.Ce pretendu fondateur et chefSIde
51. P. 90, 13: "sectaehuius auctor etprinceps'
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M.SCOPELLO
secte,qui aurait ete contemporain des apotres, est nsere dans une
filiere heretique jalonnee d'apostats52,au service du mensonge
falsa pro veris conscripserunt . Leur but a eux tous fut de dever-
teTe impliciores,c'est-a-dire Ie peuple des chretiens53.
Faire remonter aux empsapostoliques'origine d'une hairesiY st
un argumentutilise par es Peres.C'esta cette epoque,par exemple,
qu'aurait vecu Simon e Magicien, ancetre,seloneux, de toute secte
gnostique.Archelaus fabrique ici, vraisemblablementpar analogie
avec Ie gnosticisme, un chef fondateur du manicheismequi serait
contemporain des apotres. Par ailleurs Ie montage que firent les
heresiologues u personnage e Simon,a pu influencerceluide Scy-
thianus dans es Acta Archelai: certains elementsde sa vie recou-
pent en effet de pres ceux de la vie du Magicien54.On note toute-
fois une incoherencechronologique dans e discoursd' Archelaus :
celui-ci,quelques ignes plus bas,affirme qu'il a recueilli des emoi-
gnagesoraux sur Scythianuspar desgensqui l'ont personnellement
connu.Or, res evenements e deroulent veTSa moitie du llIe siecle
comment 'eveque aurait-il pu entendre des emoins ayant vecu au
courant du ler siecle? Cette contradiction vient peut-etre du fait
qu' Archelaus cherche a tout prix a rendre plus credible son argu-
mentation, en faisant etat de preuves et de temoignagesdirects.
De Scythianus, Archelaus brosse un tableau qui veut rendre
compte, a la fois, de sa doctrine et de sa vie. La doctrine est fon-
dee sur la notion de dualitas55, ue Scythianus aurait tiree de
Pythagore.Rendre Ie philosophe responsabledes deviations here-
tiques est un theme que l'on rencontre frequemment chez les
Peres.Qui soot es autres sectatores ui se rallient a la meme orme
de pensee,en s'eloignant de la via directades Ecritures56?Arche-
laus ne rentre pas ici dans Ie detail, mais dans es dernieres pages
52. L'accusationd'apostasie est egalementadresseea Mani dans es Acta
Archelai. Sur I'apostasie heretique, voir A. LE BOULLUEC,p. cit., index
a ce mot.
53. Ce sont en effet les simpliciores l'enjeu ultime de la dispute: cf. aussi
p.6,25.
54. Ceci ressort surtout avec evidence de la version sur a vie de Scythia-
nus donnee dans I' Heresie66 d'Epiphane. Ce dernier brode sur les ele-
ments des Acta Archelai et les enrichit de details romanesquesqui font
songera ceux de la vie de Simon: par exemple, a femme captive des Acta
Archelai devient ici une prostituee comme 'Helene de Simon.
55. Sur Pythagore ancetre des heresies (par ex., pour Clement d' Alexan-
drie et Irenee de Lyon), voir l'index a ce mot de A. LE BOULLUEC,p.cit.
56. Cf. Augustin, De Baptismo 6, 44,86 : sectatores aeresum. a via direc-
ta des Ecritures implique, dans e raisonnement heresiologique,que celie
de l'heretique ne I'est pas. Elle a un caractere ortueux: sur ce theme, e
renvoie a mon article Le renard, symbole de I'heresie dans les pole-
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A VIE DE MANI SELON LES ACTA ARCHELAI
de l'ouvrage (ch. LXVII-LXVIII), il s'etend longuement sur Basi-
lide qui dualitatem istam voluit adfirmare (p. 96, 14) et develop-
pe en ce sellS e systemede ce maitre a penser. Par ailleurs, dans
Ie catalogue d'heresies que Ie manuscrit Monacensis accole aux
Acta Archelai, et qui fait tres probablement partie de cette
oeuvre57,e fil qui unit les heretiquesentre eux estcette meme dee
de dualitas qui impregne aussi bien les ecrits de Cerdon que de
Marcion, de Valentin que de Basilide58.L'opinion selon aquelle
les speculations heretiques, dont celIe de Mani, proviennent de
Pythagore, est ici egalement affirmee: Huius heresisde Pytha-
gorae fonte libatur et commixta magicisartibus astrologia quoque
utuntul; siGutet ipse Pythagorasde his exordium sumit (p. 99, 8-
10).
Archelaus liquide en quelques mots Ie contenD de la doctrine
de Scythianus - il introduit l'hostilite (inimicitias) entre les deux
inengendres, et tout ce qui decoule d'une affirmation de cette
sorte - pour se pencher sur sa vie, aventureuse a souhait. On y
trouve plusieurs ingredients des romans heresiologiques59:'ori-
gine etrangere du penseurheretique (Scythianusest d'origine sar-
racene) une femme aupasse rouble (une captive) d'origine egyp-
tienne60;un sejour en Egypte, pays des sciences e l'au-dela, terre
d'astrologueset de magiciens,oil Scythianusaurait appris a sages-
se du cru61.Ajoutons a cela que Scythianus est un homme fiche -
Archelaus ne dit mot sur 'origine de sesbiens- mais ausside vive
intelligence, donc, doublement dangereux aux yeux du pasteur
chretien62.Meme Ie disciple de Scythianus,Terebinthe63, st decrit
de fa~onambigue: d'abord il en eut un seul. Ensuite, ce fut lui qui
ecrivit pour son maitre quatre livres. Faut-il entendre par la que
ce fut Ie disciple Ie veritable auteur des ouvrages,ou alors qu'illes
ecrivit pour son maitre SODSa dictee? Scythianus, dit toujours
Archelaus, intitula ces ivres Des mysteres,Des chapitres,L'evan-
gile et Le tresor. On reconnait ici les titres de trois des oeuvres de
Mani, attestees aussi bien par les sources ndirectes que par les
miques patristiques contre leg gnostiques , in Revue d'histoire et dephi-
losophie religieuses 1 (1991),p. 73-88 (voir p. 86-87).
57. Ce catalogue se rouve aux p. 98-100de l'edition de Beeson.
58. P. 98,24-27.
59. L'expressionde roman heresiologique est de Michel Tardieu.
60. On developpera ailleurs ces hemes c,?ncemantScythianus.
61. A propos de l' Egypte, la reprise qu'Epiphane fait de cet extrait des
Acta Archelai est haute en couleurs: cf. heresie 66,1-2, trad. C. RIGGI
op.cit.,p. 7-13.
62. Selon la version d'Epiphane, Scythianus est un fiche commer~ant.
63. Cf. C. RIGGI, op.cit.,p.18-23 et notes.
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M.SCOPELLO
temoignages irects64:Mysteres,Evangile, Tresor.Les chapitres ,
mieux connuscomme Kephalaia, ont en revanchepartie de la tra-
dition manicheenne. La mort subite qui frappe Scythianus, a la
veille de son depart pour la Judee, rentre, elle aussi,dans e cadre
des vies des heretiques qui se terminent, souvent, par une issue
fatale65.
Quanta Terebinthe,Archelaus 'exprimeainsi
Ce disciple-la, en verite, ayant ramasse outes les
affaires de l'autre, prit la fuite et gagna a Babylonie,
province qui est actuellementhabitee par les Perseset
qui esta une distance d'environ six ours et six nuits de
marche de notre pays. Btant arrive en ce lieu, ce meme
Terebinthe fit courir un grand bruit autour de sa per-
sonne, en disant qu'il etait comble de route la sagesse
des Bgyptiens et que, des maintenant, il ne s'appelait
plus Terebinthe mais Budda et que ce nom lui avait ere
impose. Or, il fit semblant d'etre ne d'une vierge et
d'avoir ere nourri par un ange sur les montagnes. Or
un certain Parcus, prophete, et Labdacus, fils de
Mithra, l'accusaient de mensonge et chaque jour il y
avait entre eux un debar tres passionnesur cette affai-
re. Mais pourquoi en dire plus? Bien qu'il fur tres sou-
vent critique, il ne cessait outefois pas de leur expli-
quer ce qui etait avant e temps et au sujet de la sphere
celeste et des luminaires, mais aussi et comment les
ames se separent des corps et de quelle fa~on a nou-
veau elles y retoument et bien d'autres arguments de
cette sorte et encore plus infames de ceux-ci,- c'est-a-
dire qu'une guerre avait ere suscitee contre Dieu au
commencement -, afin qu'on Ie rienne pour un pro-
phete. Du moment qu'il avait ere refute a causede ses
theories, il se retira avec ces quatre livres chez une
veuve. En effet, il ne s'etait fait aucun disciple en ce
lieu a l'exception de cette seule vieille femme qui
devint sa complice. Par la suite, un marin tres tot, il
monta sur une haute terrasse pour invoquer certains
noms que Turbon nous a dit n'etre connus que par les
seuls septelus. Btant donc monte, e ne sais pour quel-
Ie ceremonie ou que ie pratique magique qui etaient
les siennes il monta d'ailleurs seul pour n'etre accuse
par personne,puisque,dans e cas oil il eut menti ou on
l'eut juge un rien, il pensait qu'il aurait ere soumis au
chatiment des archontesde l'air. Comme il remuait ces
chosesen son for interieur, Ie Dieu tres juste ordonna
qu'il soit precipite sous erre par un esprit et, ayant ere
64. Sur ce point, M. TARDIEU, e manicheisme, . 64-67,
65. Par exemple,celIe de Simon e Magicien.
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219
A VIE DE MAN SELON LES ACTA ARCHELAI
subitementjete du sommet, e corps sansvie rut preci-
pile en bas. La vieiIIe femme alors, compatissante, e
recueiIIit et l'ensevelit au cimetiere" (p. 91, 12-92,5).
La vie de Terebinthe est encore plus mouvementeeque celIe de
Scythianus. Sur elle plane Ie soup~ondu vol66 Terebinthe s'em-
pare des effets de sonmaitre et fuit d'Egypte en Babylonie. Parmi
ces effets il y a, bien sur, les quatre livres. Terebinthe fait ej ,ale-
ment passerpour sienne a sagesse ue sonmaitre apprit en Egyp-
te. Pare de ces connaissances, cquisespar la fraude sinon par ses
propres moyens, l se construit une nouvelle identite dans Ie nou-
veaupays qu'il va desormaishabiter. Son but etant de se aire croi-
re prophete67,l insere danssa biographie desevenementsqui rele-
vent du miraculeux (la naissance 'une vierge et l'education re~ue
par un ange 68. I en va de meme pour son changementde nom:
Ie nouveau, dit-il, lui a ete impose69, robablement par Ie vouloir
d'un dieu. En Babylonie, il s'adonnea des outes theologiquesavec
les depositairesde la culture zoroastrienneet es pIetIes de Mithra.
Ne parvenant pas ales convaincre, il a recours a la magie (invo-
cations de nomina barbara, levitations), mais encore une fois il
echoue et il peTit tragiquement. Archelaus ironise sur Ie peu de
succesqu'eut Terebinthe en Babylonie. Seul une vieille femme,
veuve de son etat, devint sa disciple et sa complice (particeps)7o.
On n'hesitera pas a reconnaitre dans es theories de Terebinthe
rapportees par Archelaus, une esquissede la doctrine des trois
temps de Mani71.Si l'on y ajoute ce qu' Archelaus avait attribue a
Scythianus,on obtient un resume assezprecis du systeme heolo-
gique de Mani.
Par ailleurs, les elements fondamentaux de la penseedes deux
devanciers ecoupent es glandes articulations de l'expose de Tur-
bon sur a doctrine de Mani (Acta Archelai ch. VII-XIII)72. C'est
dans ce texte que l'heresiologue a puise les elements necessaires
pour batir la doctrine des soi-disant "predecesseurs" de Mani.
Quelques elements de leurs vies trouvent une explication dans
celle de Mani. J'y reviendrai, apres avoir illustre la vie de ce der-
flier selon ce qu' Archelaus va enfin raconter.
66. Epiphane developpe l'episode du vol des effets de Scythianus.
67.P. 92,5.
68.P.91,18-19.
69. P. 91, 17 "sed Buddam nomine sibique homen impositum".
70. P. 92, 7.
71. Sur ce point fondamental de la doctrine manicheenne,e renvoie a H.-
Ch. PUECH, e manicheisme, . 284 Ie lecteur y trouvera les principaux
textes, ires des sourcesdirectes et indirectes, occidentales et orientales,
sur la doctrine des deux principes et des rois temps.
72. P. 9-22.
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220
M.SCOPELLO
b. Mani
On pent illustrer, d une fa~on schematique, eg elements de la
vie de Mani dans ordre donne par Ie fecit d Archelaus. Je leg pre-
sente,divises en quatre sections,sur a colonne de gauche du sche-
ma qui suit. J ai repris textuellement leg termes employes par
Archelaus, en leg liberant toutefois du carcande la narration.
Sur la colonne de droite se trouve, en revanche, moo interpre-
tation des aits exposespar Archelaus : en eg debarrassantde leur
ganguepolemique, on voit se dessiner,avec ine certaine clarte, leg
chainons essentielsde la vie de Mani.
Presque tons ces elements trouvent un echo dans leg sources
directes du manicheisme Mais si certains font allusion a des faits
reels de la vie de Mani, prouves par ailleurs, d autres, en revanche,
ne contiennent qu une part de verite, d autres encore soot des
contre-verites, d autres enfin soot confirmes par d autres textes
mais soot volontairement deplacesdans ordre chronologique par
l heresiologue.
FAITS
TRANSMIS PAR LES
ACTA ARCHELAI
INTERPRETATION
I
La veuveacheteun petit esclave
de 7 aDS:Corbicius.
L ENFANCE
Elle l affranchit et instruit.
L enfant a 12 ans quand la veuve
meurt. II en h6rite les biens et les
4 livres de Scythianus.
LA RUPTURE
11quitte I endroit. 11profite de
I heritage. 11s en va au centre
de Ia vine oil reside Ie roi.
II change de nom: il va s appeler
Mani.
A l age de 60 ans,devenu res savant
dans a sagessee cette egion,
il medite eg4 ivres herites.
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221
A VIEDEMANISELONLESACTAARCHELAI
LES PREMIERS
DISCIPLES
LA REDACTION
DES LIVRES
11 e fait 3 disciples: Addas,
Thomas, Hermas.
11 astiche es livres avec des
theories de son cru ( des contes
de vieille femme ).
11Y appose son nom, ayant efface
Ie nom de Scythianus.
LA SIGNATURE
DES LIVRES
II envoie les disciples avec es livres
a- vers les lieux les plus eleves de
cette province b- vers villes et villages
pour faire des proselytes.
LES
PREMIERES
MISSIONS
LE PARTAGE
DE L'OIKOUMENE
Thomas va en Egypte
Addas en Scythie
Hermas Testeavec Mani
II
Ie depart des disciples
Ie fils du roi tombe malade;
Ie roi pub ie un edit pour Ie faire
soigner(recompense).
MANI
MEDECIN
LARENCONTRE
AVEC LE ROI
Mani se presente devant Ie roi,
assurequ'il guerira l'enfant.
Le roi l'accueille avec bienveillance.
Mais l'enfant meurt dans es mains de
Mani (ou plutot il fut tue).
LA PRISON
e roi jette Mani en prison,
et ordonne qu'on Ie charge d'un talent
de chaines.
LA DIFFUSION
DE LA
DOCTRINE
Le roi fait rechercher es disciples
pour les punir mais ils s'enfuient et
introduisent, lieu par lieu, la doctrine.
Les disciples retournent chez Mani
ils font un compte rendu de leur
mission: ils ont endure des peines
en chaque ieu. Mani les exhorte it
ne lien craindre.
LE COMPTE
RENDU DE LA
MISSION
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222 M.SCOPELLO
III
LA PLACE DU
CHRISTIANISME
LES LIVRES
Par la suite, toujours en prison,
Mani se eve pour parler. II ordonne
qu'on lui achete es livres de la
loi des chretiens.
En effet, les disciples avaient rencontre une
tIes grande opposition surtout en milieu
chretien.
Les disciples se dirigent veTs es lieux ou
l'on ecrit les livres des chretiens. is se
font passerpour des novices. is achetent
tous les livres "de nos ecritures", ils les
amenent t.Mani.
Mani cherche dans ces ivres leg pre-
textes de son dualisme. Il rejette certains
textes, il en altere d'autres.
Puis il exprime son affirmation en ayant
ajoute Ie seul nom du Christ. ("c'est une
ruse pour appater es chretiens"). Ainsi
sesdisciples ne sont plus chasses.
11 eprend l'idee de Paraclet dans e
Nouveau Testament et dit qu'il est
Ie Paraclet.
Apres avoir fabrique ces heories, Man
envoie a nouveau sesdisciples sur es
routes ("ce sont des erreurs forgees de
toutes pieces").
IV
LE SUPPLICE
ET LA MORT
Le roi, apprenant que Mani continue de
diffuser sa doctrine, veut Ie mettre a mort.
Mani s'echappe e prison,ayant
soudoyees geoliers.Un songe'a averti
du danger.
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223A VIE DE MAN SELON LES ACTA ARCHELAI
II se cache dans Ie bourg fortifie
d'Arabion, d'ou il ecrivita Marcellus.
Le roi Ie recherche oujours pour l'arreter.
Par la suite Arch61aussaura que
Mani, capture, a ete amene devant Ie roi.
Voulant venger a mort de son ils et du
gardien, Ie roi ordonne de l'ecorcher,
de suspendre son corps aux portes de
la ville, de goofIer sa peau a l'aide de
drogues, de doDDerson cadavre en
proie aux rapaces.
Les quatre partiesde ce schemameritent quelquespoints de com-
mentaires.
Premierepartie
L'ENFANCE
La premiere information donnee par Archelaus concerne 'en-
fance du petit esclave. Celui-ci a sept aDS uand la veuve, heritie-
re des biens de Terebinthe, l'achete pour son service. Elle l'af-
franchit aussitot.n resteraavec a veuve usqu'a la mort de celle-ci:
il aura alors douze aDS. e nom qu'il porte, Corbicius, derive, peut-
eire, du moyen perse Kirbakkar (celui qui est pieux, charitable).
Ce nom est par ailleurs un des itres donne a Jesuscomme a Mani
dans les sources manicheennes orientales73.Corbicius, Ie futur
Mani, est presentecomme etant de condition servile: il s'agit vrai-
semblablementd'un renseignement olemique, en opposition aUK
legendes qui circulaient en Orient sur l'origine royale de Mani74.
L'enfance de Corbicius se deroule dans un endroit clos, prote-
ge, a maison de la veuve, et elle est consacreea l'etude. La vieille
femme en effet lui donne une instruction litteraire75.
73. A ce propos H.-Ch. PUECH, e manicheisme,n. 73. Pour Ie titre de
qyrbkr donne a Mani, voir M 6031 recto: "Patecius vit un autre signe et
parla ainsi e vois que Ie Pieux ([ qy rbkr) estmonte et que pour sept ours
Ie tigre..." et M 6033 ecto: "En ce temps-la,quand Ie Pieux quitta Ia viIIe
de Ctesiphon et avec e roi BaL.".
74. Ct. H.-Ch. PuECH, e manicheisme, . 36 et n.; M. T ARDIEU, e mani-
cheisme, . 5.
75. P. 92,22: "litteris erudivit".
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M.SCOPELLO
Quant au lieu oil reside la veuve, il s'agit de la Babylonie, ainsi
que DOUg'a precedemment appris la vie de Terebinthe76.
LA RUPTURE
Quand Corbicius atteint l'age de douze aDs, l se produit une
rupture, marquee par la mort de la veuve. Corbicius quitte l'en-
droit oil il avait usqu'alors vecu, muni de la totalite des biens que
la vieille femme lui avait legues en heritage, mais aussides ivres
de Scythianus. Archelaus DOUg pprend qu'il s'agit de quatre
petits livres dont aucun n'avait beaucoup de lignes 77.Avant de
quitter la maison, Corbicius ensevelit sa maitresse, tout comme
Terebinthe l'avait fait pour Scythianus, et la veuve, pour Tere-
binthe.
Cette rupture est marquee par un changementde nom: Corbi-
crusva desormaiss'appelerMani. C'est un nom iranien, dit Arche-
laus, en evoquant a l'appui leg declinaisons de la langue perse78.
En quittant la maison de sa protectrice, Mani-Corbicius se diri-
ge veTSe centre de la ville, la oil reside Ie roi. Puisque a maison
de la veuve est en Babylonie, la ville dont il s'agit ici est donc
Seleucie-Ctesiphon, capitale sassanidesur leg rives du Tigre. Le
palais du roi des rois se trouvait sur a rive gauchedu fleuve, a Cte-
siphon. De Qesiphon partaient leg routes veTSe Nord, l' Armenie
et Ie Khorasan. Quant a Seleucie,elle se trouve sur a rive en face.
Les manicheens avaient coutume, dans leurs textes, d'appeler
Seleucie-Ctesiphon les villes (ai poleis,. al Madain )79.
Cet episode est a comparer avec Ie Codex manicheen de
COlOgneBO,ourcede premiere main de type hagiographique Mani,
en quittant la communaute oil il avait vecu avec son peTe, ongea
traverser Ie pont pour se rendre aux villes 81.C'est Ie debut d'une
nouvelle periode de sa vie, car Mani fait ainsi son entree dans e
monde iranien, en se rendant a la capitale, et precisement a oil il
76.P. 91, 13;p. 92,7.
77. P. 92, 24-25: quattuor illos libellos quos Scythianus scripserat,non
multorum versuumsingulos .
78. P. 93, 2-4: et commutato sibi nomine Manen semel psumpro Corbi-
cia appellavit, nec Manen, sed Manes,.Persarum enim lingua tali utitur
declinatione .
79. Sur les villes et Ie pont, ct. CMC~. 109,14-111,18.
80. Codex Manichaeus Coloniensis,Ed. A. HEINRICHS t L. KOENEN,n
Zeitschrift fur Papyrologie und Epigraphik 19 (1975),p. 1-85; 32 (1978),
p. 87-199; 44 (1981),p. 201-318;48 (1982),p.1-59.
81. Le texte du CMC relatif a ce point a ete etudie par M. Tardieu dans
son seminaire du College de France sur Ie manicheisme (1994).
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A VIE DE MANI SELON LES ACTA ARCHELAI
y a la cour du roi des rois 82.Le renseignementque donne ici l'au-
teur des Acta Archelai est donc historiquement onde.
L'information qui suit illustre l'erudition de Mani: il devient
tres savantdans a sagesse ui a COUTSans cette region -je dirai
presqueplus que taus les autres ajoute a contre coeur Archelaus.
Qu'est-ceque cette sagesse?I s'agit res probablement du zoroas-
trisme. Donc, l'instruction que l'enfant Corbicius avait rec;uepar
la veuve portait sur d'autres domaines du savoir. S'agissait-ilde la
sagesseuive et chretienne, compte tenu de la repugnance de la
veuve face aux pratiques magiquesde Terebinthe83?
Mani, dit Archelaus, etudie alors encore plus consciencieuse-
ment les theories qui etaient contenuesdans es quatre libelli. Ce
renseignement ait peut-etre allusion a la periode oil Mani medi-
te sur a fac;onde mettre son messagepar ecrit. Un detail est ou-
tefois surprenant et historiquement ndefendable cesevenements
auraient eu lieu quand puer ille annorum prope sexaginta : de
l'enfance, Archelaus passe directement a la vieillesse de Mani84.
Deux dates fondamentales de la vie de Mani sont mentionnees
ici. Connues par ailleurs, elles sont toutefois chargeesd'une signi-
fication differente. Selon e Codex manicheende Cologne,c'est a
douze ans que Mani rec;oit a premiere revelation par son suzugos
celeste.Ce texte parle aussid'une rupture, ainsi que nous 'avons
note auparavant Mani quitte sa communaute baptiste et se rend
a la capitale. Celie rupture toutefois se consommequand Mani a
vingt-quatre ans, et non douze comme dans es Acta Archelai 85.
Enfin, pourquoi ce detail de l'age de soixante ans? L'on sait par
ailleurs que Mani serait mort a cet age86.
LES PREMIERSDISCIPLES
Archelaus parle ensuite des premiers disciples de Mani, com-
plices de ses delits87. Addas et Thomas sont attestes dans leg
82. L'expression est de M. Tardieu dans son seminaire sur Ie manicheis-
me au College de France (1994).
83. P. 92, 16-19.
84. SelonH.-Ch. Puechcette expressionest quelque peu ridicule.
85. Ct. Ibn al-Nadim, Kitab al-Fihrist: Quand il eut douze ans, l vint a
lui la revelation (trad. B. DODGE,The Fihrist of al-Nadim, t. II, New
York-London, 1970,p. 774-775.En CMC 18,1-161a evelation survient a
24 ans. Ct. W. SUNDERMANN,Mani's Revelations in the Cologne Mani
Codex and in Other Sources in Codex Manichaicus Coloniensis,Atti del
Simposio lnternazionale (Rende-Amantea3-7 settembre1984), Cosenza,
1986,p. 205-214.
86. Sur cette date, H.-Ch. PUECH,e manicheisme, . 74.
87. P. 93, 10-11: habebat ergo tres istos discipulos consciosmalorum suo-
rum .
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226
M.SCOPELLO
sourcesdirectes, Hermas en revanche n'est pas connu ailleurs 88
LA REDACTION DES LIVRES
Celie information est teintee de polemique: Mani pastiche
(transfert eos) eg ivres ecrits par Scythianusqu'il a re~us en heri-
tage. Le terme transfero89ait partie du langageheresiologique et
indique la falsification et Ie remaniementdes textes,dans esquels
excellaient eg heretiques.Les theories que Mani ajoute au conte-
nu des ivres sont compareesa des contes de vieille femme : celie
expressionest un lieu commun de l'heresiologie90.
Degage du revetement polemique, ce renseignementpeut faire
reference au moment ou Mani commence a mettre ses dees par
ecrit, etape suivant celIe de la reflexion, de la meditation.
88. Ct. H.-Ch. PUECH,e manicheisme, . 76 et M. TARDIEU, Seminaire
sur e manicheisme, onsacreaux disciplesarameens e Mani , in Annuai-
re du College de France, 1991-1992,Resume des cours et travaux, 92e
annee,p. 506-509.Hermas n'est pas atteste dans es sourcesdirectes. II
apparait toutefois dans une abjuration imposee aux Pauliciens(Parisinus
grec 1372). Quant a Adda(s), il etait a la tete de la missionmanicheenne
en Egypte (cf. M 2). Thomas aida Papposdans 'organisation d'une equi-
pe de traducteurs et de copistes, oujours en Egypte : a ce propos, voir A.
VILLEY,Alexandre de Lycopolis...,p. 108-114.
89. Sur l'habilete heretique a pasticher les textes, voir Irenee de Lyon,
Contre es heresies , 8,1 (traduction de A. Rousseau,Paris, 1984,p. 53-
54): Tout en alleguantdes extes etrangersaux Ecritures et tout en s'em-
ployant, comme on dit, a tresserdes cordesavec du sable, ls ne s'eneffor-
cent pas moins d'accomodera leurs dires,d'une maniere plausible, antot
des paraboles du Seigneur, tantot des oracles de prophetes, tantot des
paroles d'apotres, afin que leur fiction ne paraisse pas depourvue de
temoignage. lIs bouleversent 'ordonnance et l'enchainement des Ecri-
tures et, autant qu'il depend d'eux, ls disloquent es membresde la veri-
te. lIs transferentet transforment , et, en faisant une chosed'une autre, ls
seduisentnombre d'hommes par Ie fantome inconsistant qui resulte des
paroles du Seigneur ainsi accomodees. ..C'est exactement de la meme
fa~on que ces gens-la,apres avoir cousu ensemble des contes de vieille
femme, arrachent ensuite de-ci de-la des textes,des sentences, es para-
boles et pretendent accomodera leurs fables es paroles de Dieu .
90. P. 93, 10: anilibus fabulis similia sunt . L'expression,d'origine neo-
testamentaire (1 Timothee 4, 7: Quant aux fables profanes, contes de
vieille femme, ecarte-Ies ), revient souvent chez renee (cf. n. 89 in fine)
et chezEpiphane.
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LA VIE DE MANI SELON LES ACTA ARCHELAI
227
LA SIGNATURE DES LIVRES
Mani remplace, sur les livres, Ie nom de Scythianus par Ie sien,
comme s'illes avail composes ui seul91.Complementaire a celIe
du plagiat, fournie auparavant par Archelaus, cette information,
hoTspolemique, se revele exacte: Mani signe es livres qu'il ecrit.
L'une des glandes ntuitions de Mani avail ete, en effet, celIe de
mettle lui-meme par ecrit les principes de sa religion et de faire
circuler ses ivres pour diffuser sa doctrine. II voulait se distinguer
ainsi de Buddha et de Jesusdont les paroles avaient ete ecrites par
des disciples, ce qui impliquait, deja a l'origine, une alteration de
la pensee du fondateur92.
PREMIERESMISSIONS
Le renseignementqu' Archelaus donne ici concerne eg modali-
tes et la direction de la mission.
Le detail sur leg disciples qui partent avec leg libelli est tIes
important et tout a fait exact. Les missionnairesmanicheensvoya-
geaient en effet avec eg livres du maitre (des livres etaient aussi
envoyes aux communautes ointaines)93.Non seulement a parole
91. P. 93, 11-13: "Nomen veTOibellis proprium adscribit, prioris nomine
deleto, amquam si eossolus ex semet pso conscripserit".
92. Voir la preface aux Kephalaia, p. 7,6-8,12 Ed. K. SCHMIDT, tuttgart,
1940): les predecesseursde Mani, Jesus,Zarades et Buddfia, n'ont rien
ecrit, eurs doctrines ant ete ainsi sujettes t la corruption i ct. aussiKepha-
laion 154 et fragment pehlevi M 5794.
93. Par exemple, e fragment M2 (moyenperse): "...devient familier avec
les livres lIs allerent dans Ie royaume des Romains et its assisterent t
nombre de disputes avec les religions. Beaucoup d'elus et d'auditeurs
furent choisis. Pateg y resta une annee, puis il fit retour (et apparut)
devant I'Apotre. Alors Ie Seigneur i.e. Mani) envoya rois scribes, 'Evan-
gile et deux autres livres it Adda Adda travailla durement en ces
contrees, onda plusieurs monasteres,choisit nombreux elus et auditeurs,
composa des ivres et fit de lasagesse son arme. IIlutta contre les dog-
mata avec ces livres-lit et il remporta la victoire en toute circonstance".
En M 5815 (parthe), lettre d'un dignitaire manicheen -peut-etre de Mar
Sisin t Mar Ammo, il est questionde livres que Mar Ammo a amenesavec
lui au Khorasan Ie Livre des geants et l' Ardahang. II est aussi question
de copies de ces deux livres, it I'usage des fideles, faites it Marw. En
M 216c (parthe) on lit: "Et quand I' Apotre etait it Veh-Ardashir, alors [it
envoya]...le maitre, Adda l'eveque... [et] d'autres scribes t Byzance [et il
leur donna] quatre instructions... et des ecrits de lumiere... il refuta lesdogmata"
(textes tires de J. P. ASMUSSEN,anichaean Literature, New
York, 1975,p. 21-23).
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228 M.SCOPELLO
mais aussi 'ecriture sont a la basede la diffusion de la religion de
Mani.
Archelaus ndique egalement a direction de la mission -veTSes
lieux les plus eleves de cette meme province -puis il souligne, a
juste titre, ses amifications en tout lieu: a travers diversesvilles
et villages. Les manicheensetaient, on Ie sail, desvoyageurs nfa-
tigables et des missionnaires avises. Nous trouvons, dans ces
quelquesphrases,une indication d'une mission qui se dirigea vers
Ie Nord de l' ran. Celie information estconfirmee par Ie fragment
moyen perse 5815 II (Iettre adresseea Mar Ammo): "j'enverrai
des evequeset des maitres en chaqueville et dans chaqueprovin-
ce des districts du Nord"94.
,E PARTAGE DE L'OIKOUMENE
Archelaus indique Ie partage de l'oikoumene pamli les trois dis-
ciples de Mani. Si l'on compare ce texte avec Ie chapitre XIII de
l'expose de Turbon, on notera que l'envoi des disciples in tres
mundiplagas95 n'est pas Ie meme. Au chapitre XIII, Adda, par
tirage au sort, re~ut l'Orient (ici Adda choisit a Scythie), Thomas
accepta es terres des Syriens (ici it voulut occuper en premier les
regions de l'Egypte), Hermas, entin, partit pour l'Egypte (ici, il
choisit de demeurer avec Mani).
Deuxiemepartie
MAN MEDECIN
Ce renseignementdonne par Archelaus est un exemple d'une
contre-verite : il porte sur Mani medecin96.
Le theme de Mani medecin, medecineclaire, medecindes ames
et des corps, est souvent presentdans es sourcesmanicheennes97.
La medecine constitue l'un des fils conducteurs de la vie de
Mani: elle marque sonentree sur scene,elle marquera aussisasor-
tie.
Le fragment moyenperseM 566 raconte ainsi a premiere entre-
vue de Mani avec Ie monarque d' ran (il s'agit probablement de
Shabour, qui devint son protecteur):
94. Traduction de J. P. ASMUSSEN,p.cit.,p. 23-24.
95. Cf. H.-Ch. PUECH,e manicheisme, . 76.
96. P. 93, 17-25.
97. Plusieurs eferencesdans L. J. R. aRT, Mani. A Religio-Historical des.
cription of His Personality, Leiden, 1967,surtout p. 95-100 "Mani as thf
great physician").
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A VIE DE MANI SELON LES ACTA ARCHELAI
"Je me suis presente devant Ie roi. Le roi dit: d'ou
viens-tu? Mani repond : Je suis un medecin qui vient
du pays de Babel".
C'est donc d'abord comme medecin que se definit Mani.
La demiere entrevue de Mani avec un roi est aussimarquee par
Ie theme de Ia medecine. 11ne s'agit plus ici de Shabour mais de
Vahram I, qui Ie mettra a mort. Le fecit de celie entrevue est
conserve dans e fragment M 398
" -Vahramdit: tu n'es pas e bienvenu Eh a quoi
es-tu bon? tu n'es ni soldat ni chasseur Peut-etre a-t-
on besoin de toi pour administrer drogues et mede-
cines? Mais tu n'es meme pas capable de Ir'a Et Mani
repond: -Je n'ai rien fait de mal. J'ai toujours bien agi
envers oi et les tiens. Nombreux tes serviteursque 'ai
delivres des demons et d'envoutements, nombreux
reux que 'ai gueris de la maladie, nombreux reux dont
j'ai ecarte toute sorte de fievres, nombreux reux qui se
mouraient et a qui j'ai rendu la sante "
Le medecin qu' Archelaus decrit dans eg Acta Archelai est un
charlatan: l'enfant royal meurt en effet entre ses mains: cette
information est Ie pendant speculaire aUK egendes hagiogra-
phiques sur Mani guerissantdes membresdes amilles princieres99,
II en va de me-meen ce qui conceme la pratique de la medeci-
ne dans un but lucratif: leg Acta Archelai laissent entendre que
Mani se presenta a la cour pour offrir res servicesde medecin100,
appate par la promesse d'une large recompense.Les sourcesde
premiere main presentent en revanche Mani comme un medecin
qui soigne gracieusemenPO1.
LA RENCONTRE AVEC LE ROI
Le theme de la bienveillance du roi se retrouve dans es sources
directes. Elle sera neanmoins de courte duree dans Ie fecit here-
siologique. Les textes manicheens decrivent l'estime de Shabour
98. Traduction par M. TARDIEU, e manicheisme, . 38.
99. Voir H.-Ch. PuECH, Le manicheisme, n. 75; S.N.C. LIEu, "Fact and Fic-
tion...", p. 87-88.
100.P. 93, 19-20: "praemio multo proposito".
101.Par exemple, a guerisonde la fille du gouverneurde Ganazak, ontee
en CMC p. 121,6 -123,13. A la question "demande-moi ce que tu veux",
Mani repond: "je n'ai besoin d'aucun de tes biens, ni en or ni en argent,
mais seulement a nourriture quotidienne pour les freres de la communau-
te" (traduction M. Tardieudans sons6minaireau Collegede France,1995).
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M.SCOPELLO
a l'egard de Mani et l'attention avec aquelle il re~ut sa doctrine.
Les sources orientales soulignent egalement l'accueil favorable
que firent a Mani plusieurs princes et roitelets, sur es routes de la
missioni°2,
LA PRISON
Le roi, raconte Archelaus, accable par la peTie de son enfant,
jette Mani en prison et ordonne qu'il soit charge d'un talent de
chaines1°3. 'episode de la prison est authentique, ainsi que Ie
detail deschaines.Mais l'evenementest chronologiquementdepla-
ce et la causede l'emprisonnement differe. C'est en effet a la fin
de sa vie que Mani est emprisonne, par Vahram ref, a Beth Lapat,
en Susiane,a causede sa doctrine, et non, comme dans eg Acta
Archelai, pour n'avoir pas reussia soigner e fils du roi. Influence
par Kirdir, chef du clerge mazdeen1O4,ahram ref, successeur e
Shabur et d'Hormidz, se Tallie totalement a la religion tradition-
nelle, et evince Mani. D'abord, ill'assigne a residence, ensuite,
apres l'avoir convoque a Beth Lapat, Ie jette en prison. Charge
d'un demi-quintal de chaines, doni une au cou, trois aux pieds et
trois aux mains, Mani mourra d'epuisementquelques ours apres.
A DIFFUSION DE LA DOCTRINE
Le roi fait rechercher es disciplesde Mani, partis sur es routes
pour diffuser Ie message, fin de les arreter. Archelaus dement, de
fa~on involontaire, par ce detail, ce qu'il venait de dire sur les
causes e l'emprisonnementde Mani et montre ainsi que son recit
sur Mani faux medecin est abrique de toutes pieces.C'est it.cause
de la doctrine et non d'une mauvaisepratique de la medecineque
Mani est ncarcere. C'est pour cette raison que sesdisciples soot
recherches.Plusieurs sourcesconfirment ces aits.
Archelaus ne manque pas de souligner au passageque la doc-
trine propagee par les disciples est etrangere et inspiree par l' An-
tichrispO5.
102. Ct., par exemple, Ie Kephalaion 15 : Mani est re~u avec de grands
honneurs a la cour de Shabur. Peroz avant, Shabur ensuite, 'entourerent
de leur protection. Ct. plus haul n. 27.
103. Un dossier sur les chaines est tourni par H.-Ch. PUECH,e mani-
cheisme, . 77 et 209.
104. Sur Ie complot de Kirdir, du point de vue manicheen,voir M 631
(parthe) : Kirdir Ie Mobad complota avec sesamis qui servaient devant
Ie roi .
105. P. 94, 1-2.
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A VIE DE MANI SELON LES ACTA ARCHELAI
COMPTERENDU DE LA MISSION
La visite des disciples a Mani en prison est un element que l'he-
resiologue deplace dans Ie temps, mais qui contient une part de
verite. L'on sait par les Home-liesmanicheennes opies du Fayoum
que quelques disciples, parmi les plus proches, rendent visite a
Mani incarcere,peu avantsa mort, Ils y re~oiventdesparoles d'en-
couragement et lesdemieres conslgnesdu MaitrelO6.
Les comptes rendus reguliers sur Ie deroulement de la mission
et de sesdifficultes qu'evoque Archelaus, sont une reference exac-
te a la structure missionnaire manicheenne, constammentsuper-
visee par son fondateur tout au long de sa vielO?
Troisieme artie
LA PLACE DU CHRISTIANISME
Cette partie touche au probleme de l'influence du christianisme
sur la doctrine de Mani.
Dans la fiction heresiologique, Mani se rouve en prison, en ter-
ritoire iranien. 11 onge outefois a une perceede l'autre cote de la
frontiere, en Mesopotamie romaine, on il envisagede couler dans
un moule chretien l'essence de sa doctrine dualiste. Le roman
d' Archelaus est bien ficele : Mani en effet se rendra a Carchara.
Apres l'instruction litteraire re<;ue ar la veuve (p. 92,22), apres
avoir assimile a sagesse oroastrienne (p. 93,5), c'est donc vers Ie
christianisme que Mani se tourne.
Ce renseignement ' Archelaus contient quelque verite: Ie mani-
cheisme a su en effet s'adapter a la culture et aux traditions reli-
gieusesde l'endroit on il allait s'implanter.
La raison pour laquelle Mani introduit des elements chretiens
dans son systeme est de rendre sa doctrine moins exotique aux
yeux de ceux qui pourraient se convertir. 11s'agit donc, selon
Archelaus, d'un placage artificiel, fait a des seules ins de propa-
gande: ayant donc fabrique (his compositis)ces heories d'une
106.Voir, it. itre d'exemple,M 454 : et que chacunpuisseetre de secours
pour la religion. Et ne soyezpas craintifs d'endurer es souffrancesdu Sei-
gneur (i.e. Mani), ainsi vous trouverez une pieuse recompense, 'honneur
et la vie etemelle dans es hauteurs (recto). Ibid., verso: ...enseignement
...il envoya, par Ie biais de Mar Ammo, Ie maitre, it. oute l'Eglise. Et tOllS
ses enfants, es ustes et les auditeurs, revererent Ie Seigneurde vertu. Et
Ie Seigneur umineux es benit tOllSet ls s'en allerent en pleurant. Et Uzzi,
Ie maitre, et deux ustes resterent en arriere .
107. Ct. M2 (moyen perse).
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M. SCOPELLO
fa<;onsi infame, Mani envoya ses disciples pour qu'ils prechent
courageusement es erreurs ausseset forgeesde toutes pieces (fic-
tos simulato que errores)et pour qu'ils annoncent, en chaque ieu,
les nouvelles et mensongeresparoles (p. 94,26-29).
Le nom du Christ servirait de mot de passeaux manicheens our
s'infiltrer en milieu chretien: il fit semblant (simulavit) d'adop-
ter ce nom, afin que, dans chaque ville, les gens, en entendant Ie
saint et divin nom du Christ, ne les execrentpas et ne chassent as
sesdisciples (p. 94,21-24). Le theme du nom du Christ reprend
celui du nom de chretien qu' Archelaus avait utilise auparavant
(p. 89, 32): c'est Ie meme procede d'exclusion visant l'adversaire
qui apparait ici.
Mani recherchedans e Nouveau Testament es pretextesde son
idee dualiste (occasiones ualitatis suae p. 94,18) a vrai dire celIe
de Terebinthe. Archelaus songe probablement ici aux citations
exploite~s par Mani dans e debat, se pretant a une interpretation
allant dans ce sens (la citation des deux arbres, par exemple 108.
L'exegesepratiquee par Mani consistea rejeter quelques extes,
a en alterer (permutare)d'autres: non seulement es manicheens,
mais les gnostiques avant eux, avaient ete juges maitres par les
Peres en ce genre d'exercicelO9.
Le result at obtenu par Mani est que les disciples ne soot plus
renvoyes Archelaus reconnait un certain succesa la propagande
manicheenne.
L'eveque rappelle egalement Ie concept de Mani-Paraclet:
trouvant par ailleurs aussi a parole qui est dans es Ecritures au
sujet du Paraclet, l insinua qu'il etait lui-meme Ie Paraclet,n'ayant
pas lu assezattentivement pour savoir que Ie Paraclet etait deja
venu quand les Apotres etaient encore sur terre (p. 94, 24-26).
Cet argument, onguementdeveloppe au COUTSe la dispute, rou-
ve des paralleles dans eg sourcesdirectes et indirectes1l0.
LES LIVRES
L'information sur 'achat de livres est nteressanteau moins pour
deux raisons.D'abord, elle atteste 'existence de lieux oil l'on ecrit
les ivres des chretiens. C'est a oil font route les disciplesde Mani,
munis d'une petite sommed'argent. Faut-il entendre par la que les
108. Ch. V et XIX.
109. Cf. Ie texte, deja cite, d' Irenee de Lyon, Adversus Haereses , 8, 1.
110. La discussion sur Ie Paraclet est relatee au ch.XXV, avec une note
tres polemique referee a Mani (p. 37.2 : ab isto qui separacletum esseprofitetu1;
quem ego magisparasitum quam paracletum dixerim ), et aux
ch. XXX-XXXII.
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A VIE DE MANI SELON LES ACTA ARCHELAI
disciples se rendent dans un territoire davantagechristianise que
l'Iran, ils passeraientdonc la frontiere pour atteindre la Mesopo-
tamie romaine -ou faut-il y voir une allusion precise a des scripto-
ria oil l'on recopie es extes desEcritures? Ensuite, il y a peut-etre
ici une reference a l'existence, et a la richesse,des bibliotheques
manicheennes, oumies en oeuvres de provenances religieuses
diverses.
Enfin, par l'expression oilsachetent es ivres de nos ecritures ,
Archelaus ndique, une fois de plus, que l'heretique n'a pas e droit
de posseder, et par consequent, d'etudier les textes de la Bible
chretienne.
Quatriemepartie
LE SUPPLICEET LA MORT
Archelaus termine son expose sur a vie de Mani par Ie fecit de
son supplice et de sa mort.
Cette partie du texte contient un vrai et un faux enseignement.
D'abord Archelaus reconnait que Mani a ete mis a mort a cause
de sa doctrine. Mais comme cette verite mettrait en danger out
l'edifice de son fecit heresiologique, il se hate de la modifier, en
rappellant, quelques ignes plus bas, que Ie roi a condamne Mani
pour venger a mort de son ils, et aussicelIe du gardien de prison.
Car Mani s'echappe de prison, averti en songe des ntentions du
roi a son egard, et Ie gardien en est tenu pour responsable.
Le detail de la fuite de prison est un motif heresiologique1llqui
permet de noircir un pen plus Ie portrait de Mani: en s'echappant
de sa geole, celui-ci revele pleinement sa achete.
Pour decrire Ie supplice dernier de Mani, Archelaus eprend cer-
taines coutumes qui avaient cours chez eg Perses l'ecorchement,
la depouille suspendueaux partes de la ville, la peau gonflee par
des drogues)112. 'accumulation de ces details macabres,aucune-
ment confirmes par leg sourcesdirectes113,ermet a Archelaus de
souligner 'ignominie de son adversaire auquel l inflige Ie dernier
outrage.
111. Ce theme est egalement applique it Simon Ie Magicien. En ce qui
concerne Mani, Cyrille de Jerusalem Catechese I) developpe e theme
du vol.
112. Sur les modes du supplice final, je renvoie au dossier et it la biblio-
graphie cites par H.-Ch. PuECH,e manicheisme, . 47-64.
113. Voir M 5569 (parthe).
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IsabelleULLERN-WElTE
EcolePratiquedesHautesEtudes,Paris'
POUR UNE COMPREHENSION DE LA
SIGNIFICATION APOCRYPHE
DANS LE CONTINENT SCRIPTURAIRE
Wesuggest ere o let ourselves e inspired by the thoughtprocessF.D.E.
Schleiermacheractivated when inking upgeneral hermeneuticswith par-
ticular perspectives nd critical observations. t would indeedbe suitable o
exposepresentproblematics governing ancient apocryphal studies o the
samekind of undamental discussion.The approach of apocryphal ques-
tions to-day remains empirical; it prizes all singularities and their half-
hazard accumulation. This proposition immediatelybearson the verypre-
suppositions of researchwhich implicitly produce this seemingdispersion
if not disparity. Its aim is to answer he needsof locating and establishing
conditions for a general comprehensionof those apocryphal procedures
the researches tudy.Rather than circumscribeand define the ield of apo-
cryphal studies, et us primarily think out the meaning of apocryphity itself
as a scripturary phenomenon of Antiquity.
Cet article propose de s'inspirer du mouvementde a penseeque ED.E.
Schleiermacher ngageaiten reliant l'hermeneutique enerateaux points
de vueparticuliers et aux observations e ype critique. l conviendraiteffec-
tivementd'engager a problematique desetudes ur lesapocryphesanciens
dans un debar ondamental du memestyle. L 'avancee u dossierapocryphe
est actuellementempirique. Cettedemarchey valorise routes esparticula-
rites, autant que leur accumulation aleatoire. La mise en mouvementpro-
poseesesitue ainsi d'embleeau niveau despositions de recherchequi gou-
vernent mplicitement cetteapparente dispersion,ou disparite. Son enjeu
estde repondre a la necessite e reperer et d'etablir les conditions d'une
comprehension enerate e cespratiquesapocryphesqu'observent escher-
cheurs. Il s'agirait alors mains immediatementde circonscrire un champ
des apocryphes,mains de definir des documentsapocryphes,que de pen-
ser a signification de l'apocryphite en rant que phenomene scripturaire
antique.
* Isabelle Ullem- Weite prepare un docto,rat a la Section des sciences reli.
gieuses de I'Ecole Pratique des Hautes Etudes.
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237
A SIGNIFICATION APOCRYPHE
re attentive de Schleiermacher et de certains de ses contemporains3.
Quelques philosophes nous montrent en effet que ceux-ci semblent
plus proches qu'on ne Ie dit encore de l'architectonique kantienne
que des crispations rationalistes et de l'idealisme romantique,juste
posterieurs, auxquels on a diversement pu les identifier4. Vne iden-
tification feconde autant que reductrice; c'est par elle que l'on a
retrospectivement invalide l'hermeneutique modeme, notamment
dans Ie cadre de l'histoire des religions et de l' Antiquite5, au bene-
fice d'un developpement majoritairement critique de ces disci-
plines. Designons au sellS restreint, par ce qualificatif critique ,
les deplacements epistemologiques de ces recherches historiques
veTSes differentes disciplines linguistiques, veTS'ethnologie et l'an-
thropologie sociale, entre Ie structuralisme et les philosophies prag-
matiques du langage6. Tout ceci au prix de specialisations crois-
sanies, et de la suspension parallele des debats fondamentaux.
3. Voir principalementA. LAKs-A. NESCHKEED.), La Naissance u Para-
digme Hermeneutique,Lille, 1990.
4. H. WISMANN,Seminaire sur la philosophie dialectique de Schleier-
macher,Ecole des Hautes Etudes en SciencesSociales E.H.E.S.S.), Paris,
1994-1995;C. BERNER, e problemes des apports entre hermeneutiqueet
dialectiquechez F.D.E. Schleiermacher,Caen, 1993,p. 387s Annexe sur
Les lectures de Schleiermacher ] (These de Doctorat).
5. A titre d'exemple, voir l'histoire d' Alexandre et de sa posterite helle-
nistique adis etablie par G. DROYSEN, eschichte es Hellenismus,Gotha,
1877 (reevaluation in C. PREAUX, e monde hellenistique, 2 t., Paris,
1992); cf. aussi a double preface de P. Grimal a l'edition fran~aisede C.
BAILEY (ED.), The Legacyof Rome, Oxford, 1923 et M.I. FINLEY ED.),
The Legacyof Greece,Oxford, 1981, n L heritagede a Greceetde Rome,
Paris, 1992.Voir aussi es prefaces de M. Baridon a l'edition fran~aisede
E. GIBBON,Histoire du declin et de la chute de l'empire romain (1776-
1788),Paris, 1983 et de C. Nicolet a l'edition fran~aisede Th. MOMMSEN,
Histoire romaine (1854-1856),Paris, 1985.Voir entin, M. DEllENNE,L'in-
vention de la mythologie,Paris,1981;A. MOMIGLlANO,es ondations du
savoir historique, Paris, 1992; J-P. VERNANT, eligions, histoires, raisons,
Paris,1979.
6. Voir la diversification de l'anthropologie sociale, eligieuse et politique
de l'Antiquite, par exemple: J-P. VERNANT, es origines de lapensee
grecque,Paris,1962; P. VillAL-NAQUET,Le chasseurnoir, Paris,19881;M.
DETIENNEED.), Les savoirs de l'ecriture en Grece ancienne,Lille, 1992.
Pour Ie transfert de ce type d'anthropologie dans 'histoire anciennedes
livres bibliques (Bible juive, et Bible chretienne),O. ABEL-F.SMYTH, e
livre de Traverse.De l'exegese iblique a l'anthropologie, Paris, 1993; P.
GEOLTRAIN-F.CHMillT, Pour une histoire des deologies uives et chre-
tiennes antiques , dans F. CHATELET,Histoire des ideologies, .1. Les
mondesdivins usqu'au VII Ie siecle,Paris, 1978, . 213-257.L'avatar reso-
lument pragmatique du debat est melle, notamment, par G.E.R. LLOYD,
Pour en inir avec es mentalites,Paris, 1993.
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238
I. ULLERN-WEITE
Cette reference,globale, voudrait servir Ii.sittler d'emblee e pre-
sent ravail vis Ii.vis de l'horizon de parente reconnueentre Ie para-
digme de l'hermeneutique etcelui de la critique historique et phi-
lologique. Le paradigme critique gouveme, en eifel, SOliSa forme
renouvelee des scienceshumaines, la connaissancescientifique,
notamment celIe des religions de l' Antiquite hellenistique et
romaine. Considerons que celie relation de parente ne petit etre
de caractere simplement contextuel (l'univers politique et cultu-
reI Ii. 'aune duquel se developpe l'analyse des phenomenesapo-
cryphes anciens) ni de type epocal (servant Ii. rappeler,en quoi
consiste et comment redefinir la modemite des dites sciences7).
Mais consideronsqu'elle s'avere de caractere undamental, rela-
tit Ii. ' edification despositions de recherches. e recours Ii. a pro-
position de Schleiermacher e presente ainsi comme ine ambition
scientifique doni on pourrait proposer Ii. 'actualite meme du dos-
sier apocryphe de bien vouloir debattre pour son propre compte;
d'autant plus si celie actualite se situe en pleine fecondite, aussi
bien de relance editoriale que de redefinition et d'extensionde son
champ de travail.
2. Le site apocrypheevisite
II ne s'agit donc pas de configurer, dans ces pages, un etat de
la question qui ne releve pas de la competencede ce type de pro-
position, ni non plus d'engagera titre definitifune edification gene-
Tale qui revient de droit au dialogue reel entre specialistes du
domaine considere,et non a une publication singuliere.Notre pre-
tention se imite a chercher comment deployer une specialite his-
torique et anthropologique selon une position inaugurale de
connaissance, ous a reserve qu une telle demarchepuisseparaitre
compatible avec es nterets des specialistes I). Considerantcette
reserve au titre serieuxd'une objection prealable, a demarchede
Schleiermacher pourrait, dans la posture virtuellement conflic-
7. Problemes et methodes d'histoire des religions, Melanges publies par la
Section des Sciences religieuses a J'occasion du Centenaire de l'E.P.H.E.,
Paris, 1968. F. LAPLANCHE,La Bible en France. Entre my the et critique. XVI'
-XIX' srecle,Paris, 1994 (Ie souci del'ouvrage est de tracer une histoire cri-
tique de l'histoire modeme des religions). ]'emprunte la distinction epo-
cat -non epocal a P. Ricoeur, dans un debat avec R. Rochlitz, mettant en
evidence que Ie theme de la modernite ne releve pas d'une poJemique
historienne mais bien d'enjeux phiJosophiques contemporains: penser
transhistoriquement , dans C. BOUCHINDHOMME R. ROCHLITZ, Temps
et recit de Paul Ricoeur en debat, Paris, 1990, p. 206-207 et p.139-140.
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A SIGNIFICATION APOCRYPHE
tuelle qu'elle autorise, etre expliquee en articulant sa compre-
hension presente aux donnees, ouvertes et dispersees,de la cri-
tique apocryphe actuelle (II) -telle qu'elle apparait historique-
ment liee au dossier de la critique biblique8 : ces deux domaines
jumeaux se trouvent specifiquement correles a l'historiographie
moderne, puis contemporaine, du judalsme et du christianisme
antiques. Un des enjeux internes du dossiercritique s'avere donc
saillant sur cette specificite recurrente, de l'aveu meme des cher-
cheurs. C'est aussi sa raison d'etre qu'il conviendrait d'eclaircir
(III). Alors seulement nous pourrons engager a reflexion sur la
question scripturaire de l'apocryphite (IV).
Si 'on ecoute Schleiemlacher u point de vue propose,on est nvi-
te a juger que la dispersioneffectivedesdossiers e recherches po-
cryphes, qui correspond etroitement aux conditions de renouvelle-
ment du champ apocryphe, equivaut a la dilution de la
comprehension cientifique.Ceci,dans a mesureoil l'agregationdes
localites multiples,qui composente "continent apocryphe",sonsun
intitule communprecisement roblematique9,este a questionnoda-
Ie des nitiatives actuelles.Autrement dit, chaquesite d'apocryphi-
8. Voir notamment L. LELOIR, Utilite ou inutilite de l'etude des apo-
cryphes", in Revue Theologique de Louvain 19 (1988), p. 38-70; A.
CAQUOT ED.), La litterature intertestamentaire,Paris, 1985; F. BOYON
(ED.), Les acres pocryphesdes apotres,Geneve,1981;H. KOSTER," po-
cryphal and canonicalGospels", n F. BOYON-H.KOSTER, enese e l'ecri-
ture chretienne,Paris, 1991,p. 59-69. Pour ce qui conceme es references
aux etudes apocryphes dans ces pages, e panorama est vise dans son
entier, bien que chaque mention de travaux a titre d'exemple ne preten-
de jamais a l'exhaustivite. II nous appartient seulement d'appuyer une
reflexion, d'engager e dialogue a l'horizon d'un dossierouvert, selon qu'i
bouleverse a travers de multiples redecouvertes l'ensemble d'une perio-
disation et d'une conceptualisationde l'histoire des penseeset formes de
penseeanciennes.
9. Voir notamment les articles de J.-C. PICARD, L'apocryphe a l'etroit.
Notes historiographiques sur es corpus d'apocryphesbibliques" et de F.
SCHMIDT,John Toland. Critique deiste de la litterature apocryphe", in
Apocrypha 1 (1990),p. 69-117et p.119-145.
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240
I. ULLERN -WElTE
tela -archeologique,ethnologique,artistique, itteraire, ou pratique,
discursif, maginaire, et autres -engage es chercheursa developper
des methodes particulieres, adequatesa leur materiau, en meme
temps qu'a maintenir, plus ou moms ixement, despoints aleatoires
de comparaisonexteme, au regard de la composition d'ensemble
d'une apocryphitepolymorphe. Cespoints sontdits aleatoiresen ce
qu'ils dependentde la definition que l'on donne du materiau; dans
Ie meme emps esparticularitesmemesde ce materiau e font echap-
per aux cadresdefinitionnelsll. De la sorte, es particularites l'em-
portent deliberementsur une quelconque forme generale possible
de l'apocryphite.
3. L'enjeu reconnu
C'est celui de l'intelligibilite scientifique. C'est egalementcelui
de la verite, comme garantie d'un result at par une procedure
convenue.1l s'agit de verifier la pertinence, ou non, d'un tel juge-
ment concernant la dilution de la comprehension scientifique, a
priori applique au casapocryphe de l'histoire complexe du juda is-
me et du christianisme de l'antiquite hellenistique, puis romaine.
Comprenons que c'est en reponse a ce genre de specialisationde
la scientificite que l'amplitude hermeneutique doit etre de nou-
10. Apocryphite, voir E. LfITRE, Dictionnaire de La angue franfaise, Paris,
1956, t.l, col. 476. Nous choisissons ce mot plutot que Ie neologisme scien-
tifique apocryphicite (cf. Apocrypha 1 (1990), p. 11), deja en usage
majoritaire, afin nous eloigner deliberement de ce qui nous semble rele-
veT d'une contagion acoustique, insue ou subversive, entrant en contra-
diction avec Ie souci scientifique affiche : elle favorise, ou proviendrait de
la synergie precisement a deconstruire entre canoni-cite et apocryphi-
cite: A moins qu'il ne s'agisse de faire echo a la scientifi-cite. Tout est
dans Ie ci , ou Ie comme si ...
11. Ainsi W. Schneemelcher, affinant progressivement la definition des
apocryphes (qu'il restreint au rapport avec Ie Nouveau Testament, dans
Ie cadre d'une histoire de l'Eglise, durant une periode courte de trois
siecles), souligne qu'il taut proceder au cas par cas, pour tout ce qui rele-
ve des contenus et des genres de cette litterature. Outre leg editions suc-
cessives de E. HENNECKE-W. SCHNEEMELCHER, eutestamentliche Apo-
cryphen in deutscher Obersetzung, 2 volumes, Ttibingen, 1959-1964
(plusieurs reeditions depuis), voir E. JUNOD, Apocryphes du Nouveau
Testament ou apocryphes chretiens anciens? Remarques sur la designa-
tion d'un corpus et indications bibliographiques sur leg instruments de tra-
vail recents , in Etudes Theologiques et Religieuses 58 (1983), p. 409-421,
et Apocryphes du Nouveau Testament. Une appellation erronee et une
collection artificielle. Discussion de la definition proposee par W. Schnee-
melcher , in Apocrypha 3 (1992), p. 17-46.
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241
A SIGNIFICATION APOCRYPHE
veau articulee a celIe de la critique. Schleiermacher, e premier,
considere que la critique developpe certesdes specialites,mais ne
rend paspossibleun procesd'intelligibilite generale.Selon ui, c'est
a l'hermeneutique qu'il revient d'appuyer a generalitedialectique,
constitutive d'une science dont Ie sujet procede alors -philoso-
phiquement -de discours et de l'interpretation de ces discours,
mais egalementde la penseeque chacun d'eux a formee. Le pro-
jet de Schleiermachern'est pas de dresserune quelconque essen-
ce, encore moins une quelconque ntemporalite de l'objet etudie12.
II consiste a souligner que I' art de comprendre ne commence
qu'en presenced'une penseeelaboree 13.Et cette precision nous
amene, non pas a la constitution du cercle hermeneutique 14,
mais a la prise en compte de la fonction conferee au sujet de la
recherche; c'est a dire a sa possibilite de signifier quelque chose
et de signifier en verite: C'est cela qui, s'il represente une pensee
elaboree , est seul a meme de s'offrir a l'intelligence scientifique.
Or, un tel art ne peut developper ses egles qu'a partir d'une for-
mule positive qui est: Reconstruire Ie discours donne de fa<;ona
la fois historique et divinatoire, objective et subjective 15. ne telle
entreprise de reconstruction designe a tache hermeneutique en
soi, dont Ie detail TestehOTS u presentpropos16.
12.11 ouligne au contraire Ie developpement istorique de a pensee, ntre
des formes culturelles generalesde pensee et des penseesparticulieres,
illustrant, s'opposant, transformant ces formes generales (C. BERNER,
op.cit., Paris, 1987,p.115), mais toujours relativement a ce qu'elles expri-
ment : la nature, l'esprit, et les conditions du savoir, -ceci aux differents
niveaux de la pensee connaissante,a penseepratique (visant a produc-
tion d'un resultat objectif), artiste (tendant a l'empathie et a l'apaisement
des tensions), et pure (s'attachant aux conditions de possibilite, c'est Ie
niveau abstrait de la reflexion). Pour Schleiermacher, t pour sescontem-
porains, a pensee est toujours penseede quelque chose qui lui est exte-
rieur (l'etre comme inadequation a soi). C. BERNER, p. cit., Paris, 1987;
H. WISMANN, eminaire £.H.£.S.S., 1994-9595.
13. C. BERNER, p. cit., Paris, 1987,p. 115.
14. Bien qu'elle en accompagne 'etablissement, e developpement et la
discussion.Cf. supra n. 2; P. RICOEUR, e conlit des nterpretations,Paris,
1969,p. 7-28; P. SZONDI,ntroduction a l'hermeneutique litteraire, Paris,
1989,p. 95-108et p. 7-18.
15. C. BERNER, p. cit., Paris, 1987,p. 123.
16. Analyse par C. BERNER, p. cit. Paris, 1987,p. 124 et p.XIII, quatre
momentsdu travail hermeneutiquecombinent es quatre adjectifs : histo-
rique , divinatoire , objectif', subjectif', et renvoient a ce que 'herme-
neutique recherche,en combinant es niveauxde a langue (grammaire,dis-
COuTs),'evolution historique (d'une langue,d'une culture, d'un auteur), et
l'interaction entre culture (spherede langage)et individus (discours,deci-
sionsinguliere .
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243
A SIGNIFICATION APOCRYPHE
neutique s'avere indispensable18;pour la recherche hermeneu-
tique : une procedure entre l'histoire et la critique -comme eluci-
dation -est Ie prealable inaugural. 11s'agit, a partir du continent
apocryphe, de cherchera ajuster ces egistres afin d'etre en mesu-
re de passerde la prevalanceempirique de l'objectivite historique,
revendiquee par plusieurs interets disciplinaires (a un niveau lit-
teral de conflit des interpretations ), a la consideration fonda-
mentale de la recherchecommeprocessus 'intersubjectivite. C'est
ce moment second et principiel qui doit etre celui de l'efficace du
conflit des interpretations, et non Ie precedent durant lequelles
conflits ont pour principal inconvenient de melanger eg nterets
qui leg motivent aux resultats que ces derniers produisent.
11sera donc suffisant de considerer comment la reliure her-
meneutique d'un dossier critique particulier permettrait de Ie
determiner, relativement a des questions generales de connais-
sance.De ce point de vue, la perspectivescientifique, ndiquee par
une referencecontemporaine et non historienne a Schleiermacher,
supposed'emblee qu'une problematisation du type de celles ren-
dues possible par Ie recours aux scienceshumaines ne suffit pas a
elucider ni a penser certains aspectsde ces questions generales
notamment l'aspect de la subjectivite et de la reference19, otam-
18. Entre autres exemples, ette note de 1828a la troisieme these de 1819
(cf. C. BERNER,p. cit., Paris, 1987, .114): 3. Puisque dans 'hermeneu-
tique,) 'artde discouriret 'art de comprendre efontface,maisque discourir
n'est rien d'autre que a face externede a pensee,'hermeneutique ntretient
un lien avec 'art de penseret (est) donc philosophique. * note: De meme
que l'hermeneutique generaleva ensembleavec a critique, de meme elle
va ensembleavec a grammaire.Mais puisqu'il n'y a ni communicationdu
savoit; ni fixation de celui-cisansces rois (arts,) et qu'en meme emps tout
actede pensercorrect a en vue un actede parler correct, ls sont egalement
tOllS rois parfaitement ies ala dialectique. (noussoulignons); I'art de par-
ler designe a rhetorique. Pour Ie projet de dialectique philosophique de
Schleiermacher, oir C. BERNER,p. cit., Paris,1987; H. WrsMANN, emi-
naire E.H.E.S.S.,1994-95;A. LAKs, Platonisme et systemechezSchleier-
macher : des Grundlinien a la Dialectique , n A. LAKs-A. NESCHKEED.),
op. cit., Lille, 1990,p. 155-181.Traduction fran~aisedes Dialectiquesde
Schleiermacher ar C. Berner et D. Thouard (a paraitre en 1995).
19. Sur a question du sujet et celIe de la reference,cf. par ex. P. Ricoeur
lan~ant e debat avec e structuralisme de l'anthropologie sociale et avec
la linguistique semantique et structurale, n Le Con lit des nterpretations,
Paris, 1969,p. 31-97 lere partie) : La conquete du point de vuestructu-
Tal est a coup sUr une conquete de la scientificite. En constituant I'objet
linguistique comme objet autonome, a linguistique se constitueelle-meme
comme science.Mais a quel prix ? (...) Les chosesditesne sont pas for-
cement une architecture similaire a celIe du langage, en tant qu'instru-
ment universel du dire. , p. 84 et p. 41 (nous soulignons).
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I. ULLERN-WEITE
ment celui de la pretention a la verite20; l'un et l'autre aspects
comme positions memes du conflit de la signification et de l'in-
terpretation.
Considerant de la sorte jusqu'a la finalite de l'elucidation, la
reliure de la critique et de l'hermeneutique change a terme de
fonction; elle n' est plus en effet seulement anthropologique, ni
meme epistemologique. Elle s'estompe devant un geste fonda-
mentalement deplace, constructif autant qu'emancipatoire, a la
fois contingent et en verite : la faculte retablie d'un jugement.
Une telle disposition, naturellement liminale, deborde en fuite la
proposition choisie pour ces ignes, mais lui confere un relief deje-
te,indispensable.
II. La disposition du dossierapocryphe: En quoi est-il an-
thropologiquement ritique et non de critique hermeneutique?
1. Pour un passageynamique ntre a generalite t a speciali-
sation.
II s'agit de chercher Ie passaged'une dynamique, composite
mais fondamentale, que les etudes apocryphes n'elaborent pas
encore directement a partir de leurs presuppositions empiriques.
En distinguant dans une situation scientifique donnee ce qui, en
ene, peut permettre de tracer despoints de vue a mettre en debat,
l'on cherchera les positions qui seraient a meme de s'inscrire en
dialogue, au point que cette inscription soit la condition meme de
la visee de connaissance. I nous taut alors parcourir la textualite
apocryphe particuliere en l'evaluant selon les interets de
recherchesqu'ene expose explicitement, ainsi que selon es pre-
supposesqui les gouvement hOTSoute auto-reflexion .
20. Ct. notamment, P. LEGENDRE, 'amour du censeur,essaisur l'ordre
dogmatique, Paris, 1974,p. 232-245 ( Aussi, Ia question sabbatine. Qui
tient aujourd'hui Ia place du canoniste ? ); Ies travaux de J. Habermas
sur Ies sciences ociales,et son debat avec 'hermeneutiquede H.G. Gada-
mer (cf. supra note 2); J. HABERMAS, onnaissance t Interet,Paris, 1991,
p. 347-48 Quand DOllS isons que Ies faits soot des etats de choses qui
existent, alors DOllS e pensonspas a I'existenced'objets mais a Ia verite
de contenuspropositionnels. ...On ne produit rien d'autre dans e proces
discursif que des arguments.Les faits se trouvent sous eserve d'existen-
ce: on discute d'etats de chases. ..(I') objectivite d'une experience affir-
mee n'est pas dentiaue a Ia verite d'un enonre affirme.
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A SIGNIFICATION APOCRYPHE
Nous anIons l'occasionde verifier que c'est, en partie par l'obli-
gation ou elles se trouvent de collaborer a priori sans imites de
disciplines, en partie orientees par la critique du modernisme
qu'elles exposent, en partie enfin par leur statut de sciences
sociales ou de sciences eligieuses),que les recherchesapocryphes
se donnent aujourd'hui un cadre specialise elles avancent a mi-
chemin entre Ie monde biblique et sessatellites savants ou tradi-
tionnels, et Ie monde anthropologique et ses enjeux scientifiques
et ideologiques. Dans cette mesure, Ie champ apocryphe illustre
parfaitement toute une serie de questions, elative au comparatis-
me, necessairemais delicat en matiere d'anthropologie religieuse.
Ce comparatisme s'impose a comme decentrementdes points de
vue21, n tant qu'il a accompagne e developpementdes principes
classificatoiresdes sciencessociales22 ar leurs posterites structu-
rales et linguistiques23.Dans ces conditions, l'anthropologie com-
paree travaille en priorite sur des nventaires etendus, autant que
sur les ecarts dynamiques et differentiels des champs etudies.
Ainsi, la recherchepratique, dans sa orme critique et empirique,
est requise pour sillonner -plutot que pour encadrer -l'indeter-
mine et Ie divers culturels. La generalite y tient a un seul fil de
l'echeveau ecarte des nterets de recherches: Ie fil de l'alea com-
21. M. DETIENNE,Qu'est-ce qu'un site?", in Critique 503 (1989),p. 211-
227 repris dansM. DETIENNE, races e ondation, Louvain-Paris, 1990)
"Comment amenagerun terrain de reflexion commun entre des anthro-
pologues ..? ...La comparaison aisait son chemin, silencieusement, ntre
gensde terrain et observateursde textes. Dans cette perspective, 'atten-
tion se depla~it...". Et dansO. ABEL-F.SMYrn, op. cit., Paris, 1993,p.ll-
14, "L'anthropologie nait comparative, on Ie sait, tandis que l'histoire,
certes,petit se Caire omparee 1 aisau prix de grandes nquietudes,et sans
autre resultat que de reinventer a son usage es fins de l'anthropologie :
soit, la recherche des proprietes les plus generalesde la vie sociale. Des
qu'un historien se propose de rendre compte de la variabilite des cultures
humaines, il pense en anthropologue et tant mieux, s'il n'oublie pas les
societes historiques et a histoire." Parfois la recherche de deplacement
passea proximite d'une recherche de de-jugement,comme un renverse-
ment esthetique; voir F. SMYTH-FLORENTlN,'ecriture egyptienne,nsti-
tut Protestant de Theologie, Faculte libre de Paris, 1988 (Polycopie).
22. E. DURKHEIM-M. MAUSS, De quelques formes de classification -
contribution a l'etude des representations collectives", in Annee Sociolo-
gique 6 (1903).
23. M. KILANI, Introduction a l'anthropologie, Lausanne, 1992,n'aborde
pas 1'anthropologie specifiquement religieuse sur l' Antiquite.
P. LABURTHE-ToLRA I-P. WARNIER,Ethnologie, anthropologie, Paris,
19942 introduction tres scientifique, au sens du modele des sciencesde
la nature). Voir aussi Le grand atlas des religions,editions de l' Encyclo-
pedia Universalis,Paris, notamment F. HARTOG, Les religions comme
objet de savoir" aux p. 44-45.
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I. ULLERN-WEITE
binatoire, Ie plus apte a arpenter l'espace anthropologique, en
toute legitimite de la collaboration scientifique -mais en tout arbi-
traire finalement dirimant. L'objet scientifise , positif, est ainsi
directement requis pour tenir lieu de fondation d'une interdisci-
plinarite, en ce gens rreflechie.
C'est selon de telles dispositions que Ie propre de l'apocryphite
serait de faire transgresser aux recherches des frontieres perio-
diques ou culturelles -donc traditionnelles et ideologiques. C'est
vraisemblablementpour favoriser egpassages isciplinairesqu'elle
est a nouveaux frais re~ue comme litterature. La relance des
etudes sur eg apocryphesanciensdeploie effectivementcette natu-
re litteraire, en lui octroyant meme une propriete polemique : il
s'agit de valoriser leg documents apocryphes, de leg extraire du
rebut d'une marginalite classique eg ayant definitivement quali-
fies de batards z4. Ainsi advientl'apocryphite, demi-metamor-
phosee en reconquete critique d'un oubli orchestre selon cette
autre litterature, eminemment institutionnelle: la litterature
biblique. Or, il s'avere que l'apocryphe partage avec Ie biblique
une fonction litteraire majeure: orchestrer des passagesnter-cul-
turels dans une aile politique donnee, et connaissant 'inevitables
variations sociales.Mais par Ie court-circuit pratique decrit plus
haut, fondant la dynamique de la recherche, sansmediation, sur
celIe meme de sonobjet, la litterature apocryphesembleetre char-
gee du devoir historique d'arracher toute la litterature juive et
chretienne antique d'une polarite biblique, anachroniqueet eccle-
siale25.
24. EUSEBE, istoire EccLesiastique,II, XXV; 4. Pour Ie point de vue clas-
sique sur les apocryphes, voir par exemple P. BATIFFOL,Apocryphes
(livres) , in Dictionnaire de LaBible I (1906),col. 767-772.Pour un regard
renouvele sur la me-me istoire du mot, F. SCHMIDT,L'ecriture falsifiee.
Face a l'inerrance biblique : l'apocryphe et la faute , in Le Tempsde la
Reflexion 5 (1984),p. 147-165.Entin pour reconsiderer en detaill'histoi-
re anciennede certainsdossiersapocryphes,E. JUNOD,Actes apocryphes
et heresies: Ie jugement de Photius , in Les acresapocryphesdes apotres,
Geneve, 1981,p. 11-24E. JUNOD-J.D.KAESTLI, 'histoire desActes apo-
cryphesdu II Ieau Ixe siecle: Ie casdesActes de Jean, Lausanne,1982; E.
PATLAGEAN,Remarques sur a production et a diffusion des apocryphes
dans e monde byzantin , in Apocrypha 2 (1991),p. 155-1.63.
25. Par exemple,point de depart de la communication d'E. Norelli sur es
apocalypses pocryphes oTS u Colloque international sur es itteratures
apocryphes chretiennes, Lausanne-Geneve,mars 1995.
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A SIGNIFICATION APOCRYPHE
La question que l'on est en droit de poser aux etudes apo-
cryphes, cristallisant de la sorte un enjeu restrictivement historien,
doit aussitot anticiper: dans quelles conditions l'arrachement
requis autorisera la comprehension du phenomene itteraire lui-
meme, ainsique celIe de son nscription factice en corpusulterieurs
artificiels? Plusprecisement,en des ermesplus anthropologiques
la repartition posterieure d'un phenomene culturel en cloisonne-
ments institutionnels divers (chretien/juif, chretien/palen, nou-
veau/ ancien, canonique/fabuleux, patristique/heretique...) parti-
cipe-t-elle en propre au phenomene culture 1particulier? Si Qui,
comment? Neammoins, 'honnetete impose de distinguer une fois
pour toutes l'apport de l'anthropologie de ses apories involon-
taires, meme si elle en est responsable: Ie merite premier du
renouvellement des etudes apocryphes est d'avoir oeuvre au
reexamen d'un domaine de recherchesneglige. C'est bien en s'at-
tachant are-presenterce nouveauphenomene l'histoire descor-
pus... qui (a) fait des apocryphes cet objet d'apparence etrange 26
-que leg etudes critiques n'elaborent pas dans Ie meme temps leg
conditions de comprehensionde l'apocryphite litteraire.
Precisonsde surcroit que toute recherche appuyant a critique
sur la potentialite critique supposee de l'objet qu'il circonscrit,
toute recherche tendant a se poser comme l'inversion de ce qui la
precede Ie plus etroitement, n'evite pas la question de son ns-
cription inherente ala refiguration qu'elle dessine: simplement
par Ie biais du langage ordinaire qu'elle emploie pour decrire leg
phenomenes,autant que pour leg nterpreter27.Pretant sesmots a
la transcription des mots antiques, elle vient inscrire un champ
d'elocution et de signification commun a la recherche et aux phe-
nomenesetudies. A partir de la, elle ne peut plus pretendre simul-
tanement s'exterioriser de cette sphere d'expressiondoni elle par-
ticipe. Ce type d'impassede la critique ideologique rut reconstruit
par J. Habermas qui conjugue philosophie pragmatique et philo-
26. Ct. Apocrypha 1 (1990),p. 6.
27. J. HABERMAS, p.cit., Paris, 1987,p. 240: La rhetorique et l'herme-
neutique soul des arts qui developpent et cultivent methodiquement une
faculte naturelle. ...La reflexion sur l'art de comprendre et de faire com-
prendre, d'une part, de convaincre et de persuader,de l'autre, ne vise pas
a son tour un art, mais La connaissancephiLosophique des structures
propres de Lacommunication au moyen du Langage rdinaire. (nous sou-
lignons).
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I. ULLERN-WEITE
sophie transcendantale28, rincipalement a l'encontre d'un defaut
de scientificite de la logique dessciences ociales29.'ambition phi-
losophique est, depla~ant es cerclesdualistes d'oppositions de la
raison a elle-meme, ou a ce qu'elle n'est pas, de depasseres apo-
ries critique, rationaliste, dealiste,afin de parvenir a vensel a pre-
tention a la verite de la science comme interlocution contingen-
te et performative, posant de droit (et non de fait) la situation
sociale de la communication, constitutive de l'edification concer-
tee de la pensee (de la raison pratique )3°. La encore, il s' agit du
point de fuite de l'etude engagee.Tel que nons allons Ie dechiffrer,
Ie casapocryphe eleve de cette problematique de la verite comme
position de La eflexion. En tout etat de cause, 'accord s'y fait vrai-
semblant a l'aide de la critique positive tenant lieu de presupposi-
tion fondamentale. II se trouvera une persistancede relation spe-
culaire - reflechissante , comme en miroir -entre Ie deploiement
de l'objet et Ie deploiement de la recherche -ensemble: scienti-
fiques, ensemble: critiques. Or c'est finalement a la mediation
d'une reflexion veritable, seule a meme de depasser usqu'aux
oppositions actuelles entre hermeneutique et critique, qu'il peut
revenir d'aerer la relation entre la recherche, son ambition fon-
datrice, son objet et son propre horizon socio-culturel.
A partir de la proposition generalechoisie, e dossierapocryphe
se transformerait de la sorte : cherchercommentpasseet peut etre
disposee a comprehension, en tant qu'elle correspondrait simul-
tanement a l'elucidation des presupposeset a la situation meme
de l'apocryphite. II convient alors de revenir au texte annonce,
ainsi qu'aux positions divergentes qui l'abordent.
28. Comme critique de la culture , position negligee de l'anthropologie
sociale,dans aquelle a part historiographique des echerchesapocryphes
s'inscrit cependant. Voir E. CASSIRER,ogique dessciences e a culture,
Paris, 1991,et l'importante preface de J. GAUBERT,bid. p. 9-72. Voir T.
ADORNO, La sociologie de la connaissance, orme de conscience , et
Critique de la culture et societe , n Prismes,Paris, 1986, . 24-36,et p. 7-
23. Ct. J.M. FERRY, abermas.L'ethique de a communication,Paris 1987,
p. 223-277 chapitre Histoire et utopie ).
29. A propos de la problematique de la comprehensiondu sellSdans es
sciences raxeologiquesempirico-analytiques ,op. cit.,Paris, 1987, . 118-
215. Sur l'ecole de Francfort, voir R. Rochlitz, lors d'une recente emis-
sion de radio, France Culture, Les chemins de la connaissance L'ecole
de Francfort , Paris,mars 1995; M. ABENsoUR,La theorie critique: une
penseede PExil ? , in Archives de philosophie, 45, (1982).
30. Bien evidemment, nous resumons t Pextreme. Ct. J. HABERMAS,p.
cit., Paris, 1987,p. 329-411 (Signification de la pragmatique universelle);
J.M. FERRY, p. cit., Paris, 1987,p. 223-277.
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A SIGNIFICATION APOCRYPHE
2. L'actualit6des echerches pocryphesend a s'6difiergloba-
lementsurelle-meme, n ermesdoublement ritiques.
En parcourant Ie relief bigarre des etudes apocryphes, dont la
recente relance (a partir des travaux de la secondemoitie du XXe
siecle31) e trouve comme encadree -certes, provisoirement -par
un double colloque32, tine ligne de tension en emane qui,
ensemble, maintient la diversite, voice l'heterogenelte des nves-
tigations, et deploie Ie desseind'un interet communcentre sur 'ap-
pellation apocryphe . Tout sepasse omme si c'etait bien sur 'ob-
jet scientifique meme, exactement sur Ie statut scientifique
octroyable a l'objet-meme, que reposait Ie volumineux montage
des echangesde recherche -quel que soit Ie propos thematique
occasionnelde ces echanges.Nous venons de suggerer comment
tine situation de ce genre n'est en rien Ie propre des etudes apo-
cryphes; elle repond a ce type de fonctionnement scientifique qui
entend garantir sa egitimite, entre autres moyens par la pluralite
des nvestigations.Marquee par la prudence,se mefiant desgrands
systemes educteurs ou simplistes, cette pluralite methodique est
immediatementdonnee comme gagenecessaireet suffisantd'ade-
quation empirique a l'objet etudie. Ceci permet aux chercheurs
d'etablir un avancementpragmatique des resultats de recherche,
parallelement partageablesen continu33. 'hypothese est mainte-
nant d'examiner comment estcirconscrit, de fa~on res particulie-
re, Ie debat actuel sur es apocryphes et d'en faire ressortir la pos-
sibilite d'une scientificite constitutive et pas seulementmethodique.
La demarche est claire: inscrire d'abord la problematique domi-
Dantedans a position reflexive que nons avonsevoquee et depas-
ser du meme coup l'opposition entre general et specialise ;
31. J-C. PICARD, op.cit. , in Apocrypha 1 (1990), p. 87 (§ Jalons pour
une histoire des apocryphes (1722 -1964) ). E. JUNOD, op. cit. , in Etudes
Theologiques et Religieuses 58, (1983), p. 409-421, J.-D. KAESTLI, Les
principales orientations de la recherche sur les actes apocryphes des
ap6tres , in F. BOYON (ED.), op.cit., Geneve, 1981, p. 49-67.
32. Les litteratures apocryphes, Colloque du centenaire, 22-24 septembre
1986, E.P.H.E. Section des sciences religieuses, Paris, voir CANAL-infos 2
(1985), p.13 (actes publies in Apocrypha 1 (1990) etApocrypha 2 (1991»;
Colloque international sur la litterature apocryphe chretienne, Facultes de
theologie des Universites de Lausanne et de Geneve 22-25 mars 1995
(actes it paraitre).
33. Si cette caracteristique generale releve bien de l'echelle specifique de
l'histoire des siences et des sciences sociales, elle deborde Ie present pro-
pos. Pour une approche philosophique de la question comme histoire non
des disciplines scientifiques mais de la pensee, voir notamment les recueils
d'articles de E. CASSIRER,of. cit., Paris, 1991, et de A. KOYRE, Etudes
d'histoire de la pensee scientifique, Paris, 1992.
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I. ULLERN-WEITE
puis, poursuivre la deliberation au-dela de la mediation necessai-
re -mais qui n'est qu'une etape -de la critique et l'hermeneu-
tique34.
Sanspretendre indument a l'unanimite, l'avant-propos inaugu-
ral de la revue Apocrypha foumit une expressionde cette relance
scientifiqueque nouspouvons enir comme epresentatived'un pan
majeur -et peut etre pour un temps confederateur -de l'etat pre-
sent du dossier apocryphe. Revue intemationale specialisee,elle
est apparue en meme temps qu'une nouvelle entreprise editoriale
d'envergure35, a egitimite, ala fois collective et scientifique, est
d'emblee assise ans a publication iminale desactesd'un colloque
de sciences eligieuses, soucieuxalors de prendre acte des acquis
d'un certain nombre de deplacements cientifiques, selondiverses
periodes et diverses aires, afferentes aux litteratures apocryphes
bibliques. Dans ces conditions generales, a revue exprime une
orientation d'emblee inter-disciplinaire et strictement objective
(pointee sur l'objet) des recherchesapocryphes: Les litteratures
apocryphes n'ont pas encore vraiment trouve leur statut d'objet
scientifique 36.La revue Apocrypha propose ainsi l'horizon com-
mUD ossibledesconfrontations: ouvrir un espace a taus ceux qui
s'emploient (...) a reorganiseret transformer l'ancien objet d'eru-
dition en un nouvel objet pour faire de 'histoire. Autrement
dit, tout se passecomme si, pour l'heure, les etudesapocryphesse
devaient d'avancer en visant, plus ou moins precisement,plus ou
moins principalement, la definition inter-disciplinaire (= la scien-
tifisation) de l'objet apocryphite . Agencee dansces ermes hos-
pitaliers de la critique documentaire enouvelee37,'orientation des
recherchesest confirmee en edifiant et critiquant l'historiographie
modeme du terme apocryphe , au meme itre que l'investigation
34. Que ron pense au mouvement ondamental de la triple mimesis de
P. Ricoeur, qu'il conviendrait d'affronter en me-me emps que la raison
communicationnelle de J. Habermas.
35. Corpus Christiano rum SeriesApocryphorum (C.C.S.A.), dirige par
I' A.E.L.A.C., aux editions Brepols, Turnhout. Voir J.-D. DUBOIS, Pour-
quoi publier la litterature apocryphechretienne? , in CanaL-infos (1985),
p. 15-22.
36. Apocrypha 1 (1990), iminaire, p. 4 et 6, de me-me ue p. 7-12.
37. Faire de I'histoire renvoie precisementa un article de M. de CER-
TEAU: L'operation historique , in J. LE GOFF P. NORA ED.) Faire de
L'histoire, t.1, Paris, 1974. En France, poursuite du debat par un autre
recueil (de moindre envergure), se complaisantquelque pen dans a dis-
persion des problematiques,J. BOUTIERD. JULIA (ED.), Passes ecom-
poses.Champs et chantiersde L'histoire,Paris, 1995.
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251A SIGNIFICATION APOCRYPHE
de sonantiquite complexe Ie renouvellementdesproblematiques
et des methodes anthropologiques, historiques, inguistiques per-
met d'envisagerd'autres approchesdes phenomenesdont temoi-
gnent eg itteratures apocryphes ; une antiquite conduite usqu'a
sesmultiples deploiementsmedievaux la redecouvertede la pos-
terite des apocryphes .
Le travail critique est donc double: d'une part, il s'agit de cir-
conscrire un objet antique -et medieval- polymorphe, c'est a dire
determiner ces nombreux phenomenes dont temoigne l'apocry-
phite. Il s'agit simultanement d'edifier la critique de sa circons-
cription traditionnelle, presenteecomme etriquee, au regard pro-
gressifde ce que chaque dossierparticulier permet de remettre en
cause sur des points historiques auparavant acquis38.C'est en ce
gensprecis que l'entreprise actuelle des etudes apocryphes peut
etre qualifiee de programme de recherches en histoire et en
anthropologie socio-religieuses, selon cette premiere tonalite
majeure de sa scientificite : au titre general de critique documen-
taire et de critique semantique, renvoyant a des phenomenesde
significations et non a de simples lexiques. Le renouvellement
consiste d'abord en ceci qu'il taut a present circonscrire non des
chaines de mots et d'usagesde mots, non des listes de textes ou
des imitations de corpus generiques,mais bien des situations his-
toriques, grace a quoi les auteurs (...), partant de documents de
genresdifferents, de cultures autres et de problematiques diverges,
remettent en question quelques dees re~ueset dessinentde nou-
38. Sur a basede la revue, es principaux dossiers etraverses P. ALEXAN-
DER, Late Hebrew Apocalyptic: a Preliminary Survey. , n Apocrypha
1 (1990),p. 197-217;R. BAucKHAM, The conflict of Justice and Mercy:
Attitudes to the Damned in Apocalyptic Literature , in Apocrypha 1
(1990),p.181-196, The apocalypseof the SevenHeavens, n Apocrypha
4 (1993),p. 141-175, The apocalypseof Peter: a Jewish Christian Apo-
calypse from the Time of Bar Kokhba , in Apocrypha 5 (1994),p. 7-111;
P. PIOVANELLI,Les aventures des apocryphes en Ethiopie , in Apocry-
pha 4 (1993), p. 197-224; M. STONE,Travaux actuels sur la litterature
apocryphe armenienne , n Apocrypha 1 (1990),p. 303-311.Voir en outre
la revisitation apocryphe de la mariologie et de l'histoire des representa-
tions qu'elle focalise, par S.C. MIMOUNI, Les apocalypsesde la Vierge.
Etat de la question , in Apocrypha 4 (1993), p.101-112; cf. aussi S.C.
MIMOUNI, Dormition et Assomption de Marie. Histoire des traditions
anciennes,Paris, 1995.
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252
I. ULLERN-WEll'E
velles pertinences 39.Glissons alors, par celie breche contextuel-
Ie, combien l'apocryphite est l'occasion, pour l'histoire et l'an-
thropologie en question, de rallier d'anciens auguresde decou-
verte de nouveauxcontinents , qu'elle aborde de cet allant serieux,
souleve de franges epiques Or ce Testedelaisseest a lui seul un
univers. ...Enfin, au dela du monde de l'ecriture, on voit l'apo-
cryphe envahir l'espace des pratiques semiotiques differenciees,
souvent articulees au double registre de l'oralite et de l'ecriture...
la demarche (est) entreprise ...pour rendre aux plaisirs de la Fable
et aux appetits d'histoire un monde oublie : celui du continentapo-
cryphe .
La croisee soutenant l'aventure enlace au premier plan l'an-
thropologie historique et la litterature, selon une visee sur aquel-
Ie il conviendra de s'attarder, dans a mesure 011 'est autour d'el-
Ie qu'un debat latent se profile, II.propos de divergencesaffichees
concernant eg criteres de delimitation de l'apocryphite40.
3. La critique historiographique accompagne e developpement
empirique des champs de recherche.
Avec sespairs historiens anthropologuesde taus domaines,une
part des apocryphiens raftage celie demarche: construire des
champsnouveaux, ayant delite les vieux objets de leurs assauts ri-
tiques.Dans celie mesurecognitive ou l'objet de 'enquete en est e
champmeme a circonscrire, ' apocryphe en soi n' est pas mmedia-
tement interroge; c'est en observant e champ mouvant d'ou elle
emaneque l'on saisirait 'apocryphite,commeune manifestation,un
phenomeneplutot qu'un document.Ce type de suspension evient
a edifier a science ur a contingenceen soi, autantdire sur es sables
mouvants.Retenons deja qu'a l'image de cet objet plurivoque, un
champ demultiplie et curieusementedificateur, a recherche apo-
cryphe, meme selon Ie point de vue d'une seule revue, apparait
39.Apocrypha 1 (1990),p. 7, suit l'enumeration des mises en place de ces
nouvelles pertinences, usque dans Ie n° suivant : La Fable, du texte Ii.
l'image , in Apocrypha 2 (1991). Voir aussi es sommaires et resumesde
la revue Apocrypha, des no1 (1990) i.5 (1994),puisque chaque fois une
equipe differente constitue un dossier.Se reporter aux bibliographies des
volumes parus du C.C.S.A. et des encyclopedies ou dictionnaires, ct.
bibliographie in Apocrypha 1 (1990).
40. E. JUNOD, p. cit., Paris, 1983. Voir aussi 'etat de la question par R.
Mc.L. WILSON avec une importante bibliographie), New Testament
Apocrypha , in E.J. Epp-G.W. MAC RAE (ED.), The New Testament nd
its Modem Interpreters,Atlanta, 1989,p. 429-456.
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253A SIGNIFICATION APOCRYPHE
d'emblee pluraliste et stratifiee; elle est dispersee,a celie reserve
partielle pres: pour autant que la sciencecritique guide les nvesti-
gations.On sedemanderasi ce guidagecritique suffit toutefois a l'ar-
ticulation des incessantesdissolutions qui Ie soutiennent, car il
revient a esquisserun champparallele d'incompatibilites, suspen-
dues precisementpar l'irresolution inherente du champhistorique.
Pour etre intelligible, l'irresolution demande a etre problema-
tisee des son amont41. Ceci n'est possible qu'au moyen d'une
double elucidation, celIe de l'objet et celIe de l'interrogation. Il
DOllSaut preciserque la critique apocryphevise plus au moins une
elucidation, mais de type ideologique et d'une maniere chronolo-
gique plutot qu'architectonique, en croisant litteralement l'histo-
riographie des corpus erudits a l'histoire antique des phenomenes
mis en corpus. Dans la proposition de la revue Apocrypha, la per-
spective du debat demeure historienne, seule a critique y change
d'objectif. Elle devient celIe des presupposesperiodiques gravi-
tant autour de l'objet apocryphe. Par ce geste critique, Ie conflit
des presuppositions est transpose sur l'objet: l'apocryphite est
d'abord caracterisee a grands traits comme l'histoire d'une mar-
ginalite chapitree par tine histoire officielIe, elle est ensuite tine
marginalite dont il s'avere qu'elle a contribue a travailler Ie patri-
moine imaginaire des representations antiques et medievales.
Celie critique des deologies prevaut ainsi aux conditions de l'in-
ventaire d'un ensemble autant epars qu'heterogene, qualifie de
culture I afin de mieux en deployer une saisie dite exhaustive,
contre tine autre, dite restrictive: les archives d'une culture
contre l'apocryphe a l'etroit .
41. Par exemple, R. GOUNELLE,Sens et usage d'apocryphus dans la
Ugende Doree , in Apocrypha 5 (1994),p. 190 et p. 192,ecarte un double
risque: hypertrophier, magnifier, ou bien reduire, minorer l'apocryphite.
Mais il insere un interet, incongru du point de vue de la critique historio-
graphique qu'il developpe par ailleurs: celui de la reflexion theologique
et de la pratique liturgique contemporaines a partir d' Apocryphes. Non
que cela soit injustifie, mais l'auteur ne signale tout simplementpas ce qui
autorise la correlation dans e cadre precis de son propos critique (histo-
rique et contemporain a la fois puisqu'il se refere aux dommages
modemes subis par les textes apocryphes).Une accroche eleologique ne
suffit pas a garantir la compossibilite des demarches, ni meme a argu-
menter la finalite qu'il invoque a demi. 1. Compte tenu du passif occi-
dental Eglise(s) / Apocryphes, comment engager a reference de(s) une(s)
aux autres ?2. Comment elucider la relation parallele entre cette finali-
te de critique eclaire et celIe de la relecture d'une lecture dominicaine
predicative d'apocryphite ?
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I. ULLERN-WElTE
En ces termes polemiques, Ie projet d'Apocrypha cherche it
dresser leg conditions cognitives de la saisie du champ apo-
cryphe , circonscrit de la maniere a plus extensivequi puisseetre :
1. n'exclure a priori rien de l'ensemble dit apocryphe, si inde-
termine que cela s'y presente;
2. collecter Ie materiau de telle sorte qu'il serve de source docu-
mentaire, en en reperant es supports existant, -des traces archeo-
logiques a la litterature constituee, en passantpar tous les types
d'apocryphite qu'ils transcrivent (des ecritures aux pratiques, des
arts aux ecrits, des marges aux institutions, aux oublies de l'his-
toire) -et par les aires, periodes et contextes de leurs manifesta-
tion et transmission oil les echellesspatio-temporellesse croisent,
oil l'ecriture reste un enjeu d'oralite);
3. en retour, etre attentif a remonter des discours, accessibles
sur cesdivers documents, aux representationsculturelles de la rea-
lite qu'ils travaillent, les redisposant;
4. entin, ouvrir les etudes a toutes les combinaisons igoureuses
de disciplines de dechiffrement possibles archeologie, philologie,
histoire, linguistique, ethno-sociologie,critique litteraire, etc. -sans
eviter parfois de froler, par la-meme, jusqu'au melange ncontro-
Ie des contextes et des objets d'etude42.
L'exhaustivite se pare en tout points de la rigueur epistemolo-
gique necessaire,suffisamment extensive pour accueillir a l'infini
conditionnel toute recherche pouvant en decliner les structures.
Cette qualification particuliere du champ apocryphe peut alors
etre dite de critique empirique en ce qu'elle definit d'emblee un
ensemble ouvert, constitue non par une somme finie d'elements
42. J-P. ALBERT, Le parium et Ie sang , in Apocrypha 4 (1993),p. 225-
243, comme dans son ivre Odeurs de saintete.La mythologie chretienne
des aromates,Paris, 1990,deploie Ie materiau des traditions et coutumes
occidentales passees la christologie sauvagedes egendes et des gloses
allegoriques , p. 231) dans ce qu'il appelle une mythologie ou sym-
bolique des aromates. Outre la richesse et l'ingeniosite malicieuse des
enquetes, qui amplifie notoirement l'apocryphite medievale, 'auteur ne
circonscrit pas veritablement leg sites symboliques qu'il investit en eg
accumulant.On ne distingue alors pas ce qui l'autorise it parler de mytho-
logie des aromates,encore moins de mythologie chretienne . Pour pas-
ser de la fabulation sauvagedes dogmes t un paradigme mythologique, l
y aurait -pour Ie lecteur en quete de partages de recherches -besoin de
quelques assises, u moins contextuelles, sinon cognitives, mieux preci-
sees.
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256
I.
ULLERN-WEITE
4. La critique historiquecomme critique des deologies'
En realite, la critique ideologique revient a defendre un princi-
pe commun d'appartenance, reconduit au titre d'une periodisa-
lion genealogique . Pour leg co-signataires du projet de la revue
Apocrypha, ce qui preside implicitement au niveau de la genera-
ligation des recherchesest, d'une part, Ie statut refondu de l'objet
en ensemble des champs historiques auxquels renvoie l'indeter-
mine de l'apocryphite. C'est, d'autre part, la production parallele
d'une dimension de l'objet adequate a la critique de sa posterite,
l'ayant edifie en surgeon fabuleux de la litterature biblique. Cet
aspectsecond gouverne en termes historiogaphiques la possibili-
te de l'elucidation45. Ce faisant, Ie projet d'etudes suppose tout
d'abord une sorte d'actualite de la gestion historienne d'un patri-
moine litteraire. C'est a ce niveau qu'intervient Ie recoursa la figu-
re rhetorique du legs culturel 46. Avec une volante d'affronter
deliberement Ie conflit des interets mis en jeu47, ette figure per-
met aux chercheurs d'insister sur la necessite qu'une legitimite
reconnue par taus -et non par Ie plus grand nombre48gouverne
l'inventaire du legs culturel que constitue a fable apocryphe,dans
l'ensemble large des litteratures juives et chretiennes de I' Anti-
quite . Or, si c'est a la posture d'heritage qu'il incombe d'assurer
l'actualite comme pertinence d'une recherche, c'est qu'en de~ade
la science, cette posture cree une obligation quasi civique, donc
une reference a la dimension politique legale du champ scienti-
rique contemporain. Precisons que cette accroche deliberee a la
realite sociale et politique consiste a DOUgendre disponible un
45. De la provient, parfois, l'impression superficielle que la critique cor-
respond a un liberalisme heureux de l'histoire contre une tradition
etroite d'esprit de la philologie theologique, -ou l'enjeu serait donc
celui, simplifie, duel, de l'ouverture contre la cloture.
46. P. Geoltrain (cf. Annuaire de [,E.P.H.E., . XCIX, Paris, 1992,p. 289-
290) nsiste constamment sur la fonction de representation du langage,
souvent en reference a E. AUERBACH,Mimesis. La representationde la
realite dans a litterature occidentale,Paris, 19923.
47. P. GEOLTRAIN,Abraham notre Pere et Ie probleme de la filiation ,
in Canal-infos 7 (1990-1991), p. 11-23. Voir, pour memoire, Centre
d'Etudes des Religions du Livre, In Principia. Interpretationsdespremiers
versets e la Genese, aris 1973. Au regard de ce qu'apporte une relectu-
re diagonale de la mise en scene du Livre comme clou de fondation , la
Bible juive dans son evolution au Proche Orient ancien, F. SMYTH-FLO-
RENTIN,La Bible mythe fondateur. Des Temples aux millS ncrits a l'Ecri-
ture comme Temple , in O. ABEL F. SMYTH, p.cit., Paris, 1993,p. 59-66.
48. L'enjeu est celui d'un horizon prealable d'universalite de la connais-
sance.
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257
A SIGNIFICA110N APOCRYPHE
savoir de l'histoire des representations, -en tant que cesdernieres
soot deliberement, et non par hasard ou par necessite nherente,
organiseesen corpus re~us ou rejetes49. e celie maniere, Ie debat
invoque par la figure du legs n'evite alorspeut etre pas l'inscrip-
tion des attendus memesde la recherchedans a periodisation his-
torique par laquelle Ie legs nventorie parvient aux heritiers; ceci
en depit de la mise en question de celie periodisation historique.
Car celie derniere TestecelIe qui, ayant fa~onne sa mise a l'ecart,
determine la mise en valeur de l'apocryphite -ou bien comme lit-
terature specifique (c'est-a-dire non canonique), ou bien comme
manifestation d'un phenomene imaginaire (d'ordre litteraire, et
culturel).
La double entree critique du dossier mene de la sorte a recon-
siderer 'histoire des representationspresentes et passees e l' An-
tiquite. Il y a l' Antiquite telle qu'elle est per~ue aujourd'hui, a tra-
vers ses enouvellementsscientifiques.Et il Y a la modalite erudite
et antiquaire5O,'interposant indeniablement entre l' Antiquite et
sa refiguration scientifique recente, parce qu'elle a tout simple-
ment oeuvre a l'etablir. Comme leg articles critiques sur l'apocry-
phite depuis Fabricius Ie confirment taus, a perspectiveapocryphe
critique se developpe, pour l'instant majoritairement, a partir des
redecouvertesengageespar l'erudition et la passionde l'antique:
heritage de a synergie baroque de la Reforme et de la Contre-
Reforme51.Cesdernieres ant de fait impose ensemble (en littera-
49. Pour la fonction repoussoir de l'apocryphite, d'ou se detachent la veri-
te et la beaute bibliques, J.-C. PICARD, "op.cit.", in Apocrypha 1 (1990),
p. 105. Pour la perspective politique (institutionnelle) des corpus, P. GEOL-
TRAIN, "Lettre a Sarah. Sur la diversite des corpus", in Cahiers bibliques
de Foi & Vie 89 (1990), p. 3-9, en reference majeure a M. FOUCAULT,
L'ordre du discours, Paris, 1971.
SO.A. SCHNAPP, a conquete du passe. Aux origines de l' archeologie, Paris,
1993, a partir de la p. 121 (chapitre sur "I'Europe des antiquaires"); P.
VIDAL-NAQUET, "Oedipe a Vicence et a Paris: deux moments d'une his-
toire", in J-P; VERNANT -P. VIDAL-NAQUET, My the et tragedie, t. II, Paris,
1986, p. 213-235.
5L Voir la collection Bible de Tous les Temps, 8 vol., Paris, de 1985 a 1989:
specifiquement vol. 5 (B. RoussEL (ED.), Le temps des Reformes), vol. 6
(J. R. ARMOGATHE (ED.), Le grand siecle et la Bible), vol. 7 (Y. BELAVAL-
D. BOUREL (ED.), Le siecle des Lumieres et la Bible); B. ROUSSEL,
"L'epitre aux Ephesiens, de Laurent Valla a Sixte de Sienne et Theodo-
re de Beze: quelques aspects de l'histoire des ecrits bibliques au XVIe
siecle", in M. TARDIEU (ED.), Les regles de l Interpretation, Paris, 1987,
p. 173-194; A. LE BOULLUEC (ED.), Naissance de la methode critique,
Paris, 1995, p. 29-64 (deuxieme chapitre), p.117-145 (quatrieme chapitre).
Enfin, marques scientifiques d'une ambivalence et d'une prevalance his-
toriennes croissantes de la notion biblique mal definie, et de surcroit
reduite au fait canonique (en depit de la qualite des informations histo-
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258
I. ULLERN-WEITE
ture et en politique, en scienceet en metaphysique, en droit et en
theologie, etc.) l'entite Antique et l'entite Biblique, en leg arra-
chant de leur inscription medievale -censuree. Dans cette pers-
pective, qu'il s'agisse ' Antiquite ou de Bible, il est au ond deman-
de de leg croire d'une maniere ou d'une autre originaires pour nos
configurationscontinentales,etatiques,modemes52. 'est de la que
l'actualite apocryphe continue d'emerger hOTS e l'ombrage
antique fondateur. On la jugeait fabuleuse et fausse,elle devient
une source maginaire fiable. Des loTs, l est nevitable que l'apo-
cryphite confirme en eg faisant reapparaitre leg scelles etes sur a
temporalite medievale . Cela conforte necessairementeg croi-
sements qui servent de repoussoir autant que de base de depart
pour delimiter l'apocryphite: l'histoire eclesiale (conciliaire et
patristique) des Ecrits chretiens conjointe a l'histoire chretienne
des origines, auxquelles a scienceanthropologique oppose,a pre-
sent, l'histoire decentree des christianismes multiplies, ainsi que
celIe des bibliotheques meconnuesdujudalsme53.
Notons que, dans ce debat, tine tendance des recherchesapo-
cryphes maintient qu'apocryphite equivaut a la pluralite enfin
desenclavee l'histoire des vaincus de l'histoire, comme histoire
des singularites54). e choix equivaut de nouveaua maintenir l'in-
determine au niveau meme des conditions de comprehension: la
pluralite, en ce cas itteraire, precede a regulation, en ce cassocia-
Ie. Une autre tendance prefere considerer que l'apocryphite est
riques), P. Buc, L'ambigulte du Livre. Prince, pouvoil; etpeupLedans Les
commentairede LaBible au Moyen Age, Paris,1994.D'ou il ressortque la
sacralisationridentine de la cloture canonique,et es editions bibliques qui
suivirent, ont bien plus marque l'histoire du canoncomme ivre et princi-
pe hermeneutique et dogmatique a La ois, que les periodes precedentes,
orchestrantune autre scene maginaire du livre; cf. P. LEGENDRE,e desir
poLitiquede Dieu, Paris, 1988,notammentp. 218-269 sur I'Ecrit Vivant ).
52. J. HABERMAS,Je ne pensepas que nons soyonsautorisesa etre narIs,
et a sauter par dessusnotre condition moderne pour nons retrouver de
plain-pied avec es Anciens. Nous avons a etre honnetes,nons ne pou-
vons pas aire mine d'adopter des premissesque nons ne pouvons ni croi-
re, ni vivre , interview dans A quai pensentLes hiLosophes?, aris, 1988,
p. 26-27. II n'est qu'a regarder au musee du Louvre les quatre saisons
de Poussincombinant des hematiquesbuccoliqueset bibliques, selonune
invention picturale, spatiale et corporelle, particuliere«toiles peintes a
Rome entre 1660 et 1664).
53. Notamment, M.D. HERR, Les raisons de la conservation des Testes
de la litterature juive a l'epoque du Second Temple , in Apocrypha 1
(1990),p. 219-230.
54. Ct. Apocrypha 1 (1990), p. 5 : Longtemps considereescomme des
sous-produits itteraires... .
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259A SIGNIFICAnON APOCRYPHE
l'histoire contingente de deviations , regulee au rythme de choix
institutionnels successifs55.ela revient tout autant a betonner la
prevalance du principe canonique, en de<;a e sa fermete histo-
rique progressive.Comme si Ie canonbiblique chretien DOUg tait
une ere calendaire rreformable, universelle56. 'est de la sorte que,
dans Ie champ du christianisme ancien, l'apocryphite demeure
contradictoirement con<;ue omme a sourcedes marges ou celIe
de la profusion enchevetrees.Dans celie mesure,de la legende au
centon, des fresques aux enluminures, de l'image a l'edification
morale, mais ausside l'exegesegnostique a l'allegorie origenien-
fie, de l'apocalyptique au culte a mystere, des recits fragmentaires
aux enjeux identitaires discontinus, l'histoire de l'apocryphite
ancienne estea son niveau e plus determinantet Ie plus arbitraire
l'histoire generaled'une gravitation biblique factice.
Gravitation pesante au sein de laquelle la critique concourt, en
realite, a l'ajournement empirique de l'elucidation comme distan-
ciation ou comme deplacement : une telle regulation chronolo-
gique de la recherche apocryphe oriente d'une fa~on majeure la
recherche du passeaux ins d'une elucidation du present, mais sur
la base d'une obligation, et non sur la base d'un debat lui-meme
producteur de la legitimite de la science.C' est en dehors du desir
de La connaissance u'est ondee La connnaissance, utorisee rela-
tivement a des conditions civiles de legitimite. C'est de plein
55. P. GISEL,Croyance ncamee.Tradition. Ecriture. Canon.Dogme,Gene-
ve, 1986,p. 70-71 et Verite et Histoire, Geneve, 1977,defend l'idee que les
apocryphes (a l'instar des contradictions internes -redactionnelles -du
canon biblique) temoignent de la pluralite du croire, en des diversifica-
tions contemporaines es tines des autres,mais que chaque periode his-
torique regule tine foi centrale , au regard d'un ensembledisponible de
traditions. Contrairement a la majorite des systematiciens,P. Gisel dis-
perse la polarite ontologique de la verite, au benefice de la pluralite
contingente. Par contre, il pose tine forme latente et universelle du croi-
re, semblable a tine ontologie informelle, attendant d'etre regulee cir-
constanciellement par la polarite interiorisee de la verite. Voir aussisa
communication au colloque de Lausanne sur es litteratures apocryphes,
1995 a paraitre).
56. I.-D. DUBOIS,L'exegesedesgnostiqueset 'histoire du canondesecri-
tures et M. TARDIEU, Principes de l'exegesemanicheennedu Nouveau
Testament , in M. TARDIEU ED.), Les reglesde l'interpretation, Paris,
1987,p. 89-97,p.123-146, montrent en fonction du renouvellement des
etudes gnostiques et des etudes manicheennes, ue les regles d'interpre-
tation se forment de fa~on contemporaine dans 'ensemble des milieux
exegetiques,et que ni un corpus ni des principes d'interpretation cano-
niques (= universels ) distincts ne sont discemablesautrementque d'une
maniere retrospective.
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I. ULLERN-WEITE
fouet que peuvent ainsi se heurter divers types de regulations des
recherches. Et ces regulations proviennent d'un horizon institu-
tionnel autant que d'un horizon historique: notre horizon cul-
turel traditionnel, au sens Ie plus large du terrne (Ie plus vague
aussi). Par un subterfuge chronologique, la science se detache
naturellement de cet horizon, plutot que d'un droit qu'elle aurait
a reposer regulierement au seinde res dispositionsnaturelles, afin
de justifier sa pretention fondamentale a la validite scientifique.
5. Le recouvrement des nterets et leur dispersion renvoient les
contradictions a diversesmodalites de pensee.
Dans Ie cas apocryphe, Ie volume amplifie de la matiere n'au-
torise pas a negliger, en premier lieu, Ie risque que la profusion des
observations et des dechiffrements fait courir aux discours ecar-
teles par les approches, ou recomposes par les debuts de com-
mentaires, ceux-ci desquament et perdent leur tangibilite. Leurs
contradictions -dissonancesvives, nternes ou generales flottent
entre l'indetermine et des presuppositions ne leur correspondant
plus tout a fait. Ce risque, nous l'avons dit, est celui de la dilution
de la comprehension. II est maintenu tant qu'aucune des
approchesne cherche a rencontrer les penseesetrangeresque ces
discours exposent, et ales rencontrer simultanement en un dia-
logue concerte avec Ie dialogue prealable des penseesqui inter-
rogent5?Par ailleurs, source ou manne documentaire nouvelle, Ie
champ apocryphe ne va pas sans stigmatiser egalement certains
epuisementsspecifiques a la recherche historico-critique, recon-
duisant sur es nouveaux textes, es memes eflexes58. omme si
elle s'offrait sur ce dos neufl'economie illusoire d'une elucidation
radicale.
57. II suffit d'evoquer Ie cas biblique (philologiquement proche du dos-
sier apocryphe), et les apories que les exegetesont dresse pour illustrer
Ie decalage.
58. Pour a mise en questionpragmatiquedeshabitudesphilologiques, on-
dees par Ie consensus achmannien ayant revisite Ie textus receptus
des editions de la Reforme, 1. en general (mais du point de vue des etudes
medievistes): B. CERQUIGLINI,loge de la variante.Histoire critique de la
philologie, Paris,1989;2. specifiquementpar rapport a l'historico-critique
biblique: C.B. AMPHOUX,A propos de l'histoire du texte de Jean avant
300 quelques ieux variants significatifs , in Origine etposteritede ' Evan-
gile de Jean, Paris, 1990, p. 205-224; E.J. Epp, Textual criticism , S.
BROWN,Philology , E.V: McKNIGHT, Form and Redaction Critcism , in
E.J.Epp G.W. MAC RAE (ED.), op.cit., Atlanta, 1989,p. 75-126,p.127-
148,et p.149-174.
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LA SIGNIFICATION APOCRYPHE
Ainsi, l'interet esthetique ou theologique n'estni sembable ni
reductible a l'interet historique, ou encore a l'interet litteraire, etc.
Les uns soot empathiques (visant une satisfaction, une fusion ou
une appartenance), es autres pragmatiques (visant d'abord a pro-
duire un resultat). Ce soot en verite des registresde penseequi fei-
gnent de parler des memes questions a propos d'un meme objet,
alors que leurs modalites soot tout simplementetrangeres es unes
aux autres59. 1 e suffit pas qu'ils se rencontrent effectivementsur
les fluctuations d'un meme champ pour que leurs resultats res-
pectifs dialoguent. A fortiori puisque ces resultats repondent en
priorite aux questionsposeesdepuis eurs structuresd'attentes res-
pectives.Ainsi I' etude des racesarcheologiquesou documentaires
n'est pas celIe qui s'attache aux dechiffrements de phenomenes
culturels. S'il va de soi qu'elles se completent, cela ne dit pas auto-
matiquement de queUemaniere60.
Dans ce registre d'incompatibilites et de contradictionsretenues,
la distinction des genres de penseeset de leurs interets respectifs
est souhaitee lorsqu'il s'agit de discerner es pretentions a la vali-
dite ou a l'autorite d'une saisie quelconque. Compte tenu de la
transposition massivedes modeles historico-critiques et d'herme-
neutique theologique depuis Ie domaine biblique vers celui des
documents apocryphes61,a question qui s'impose est a suivante:
59. Voir supra n. 12,cette distinction des niveaux de penseequi se trouve
clairement, par ex., chez Schleiermacher,dans sa DiaLectiqzie e 1833. H.
Wismann, montre que sur ce point architectonique, c'est de Kant que
Schleiermachers'inspire (cf.les trois critiques). .
60. J. ELAYI J. SAPIN,Nouveaux regards sur La Transeuphratene, urn-
bout-Paris, 1991; J.B. HUMBERT,La chaise de Pascal ou l'archeologie
comme pretexte , in Naissance e Lamethode critique, CoLLoque u Cen-
tenaire de L'EcoLebibLique et archeoLogiquede Jerusalem, Paris, 1992,
p.l07-114.
61. Philologie: E. JUNOD J.-D. KAESTLI,Les Actes de Jean, Turnhout,
1983, C.C.S.A. 1-2),etJ-M. PRIEUR, esActes d'Andre , Turnhout, 1989,
(C.C.S.A. 5-6), recomposent leurs Actes apocryphes selon la meme
hypothese du texte majoritaire qu'utilisent leg editeurs des livres
bibliques (par exemple, Novum TestamentumGraece, Stuttgart, 198326;
Greek New Testament,Stuttgart, 19833).Compte tenu de l'inestimable
apport de ceseditions remarquables,pourquoi avoir choisi de poursuivre
Laproduction apocryphe aujourd'hui en etablissantces montages chro-
no-biographiques -sans envisagerde rendre compte de la lecture redac-
tionneUe precisement nterrompue, si ce n'est en vertu d'un presuppose
de posterite vive (plutot que de tradition), gouvenant a critique? A bien
des egards, e dialogue a engager ci partirait d'une comparaison avec Ie
geste de R. Bultmann, recomposant 'evangile johannique dans son com-
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262
I. ULLERN -WElTE
jusqu'a quel point la pretention scientifique a l'universalite intel-
lectuelle cohabite-t-elle avec 'obedience qu'orchestre la theolo-
gie -diffuse et irresolue dans Ie modele historico-critique -expli-
cite et plus debattue dans a reprise systematiquedes recherches
hermeneutiques62?En ce cas, e melange des registres differents
de penseesempeche radicalement a composition d'un con lit des
souverainetes egulant diverses modalites de reconnaissancede
l'apocryphite et de ce qu'elle est censee epresenter. Il ne s'agit
pas de dire que l'une ou l'autre allegeancea tort ou bien raison,
mais de poser que la comprehension du phenomene apocryphe
demarre a un niveau non chronologique. Autrement dit, que la
connaissanceexige la suspensionde l'appartenance, que qu'en
soit l'horizon legitime, traditionnel.
Nous pouvons encore observer que l'appartenance des recher-
ches actuelles au site apocryphe ne releve pas que d'une periodi-
sation reconduite par des gestes ritiques et empiriques.Elle enga-
ge egalement a des positions de nature plus directement
hermeneutique, celles relatives a l'articulation des donneeshisto-
mentaire. lntervenir activement en changeant 'etat archeologique d'un
texte (fut-il disperse ou compose)suppose ine intention et line legitimi-
te precisesde l'interpretation. Qu'on en debatte seulement...
Theologie: it partir de G. POUPON,Les Actes des Apotres de Lefevre it
Fabricius , in F. BOYON ED.), op.cit. Geneve, 1981,p. 25-47,on mesure
comment e dossierapocryphes'engaged'une maniere rreductible paral-
lelement it la critique biblique. Voir pour l'histoire de l'exegesebiblique
l'ensemble des rois articles de F. Laplanche,J. R. Armogathe et C. Theo-
bald, in Naissance e Lamethodecritique, Paris, 1992,p. 29 it 64; voir com-
ment, dans e me-me olume, Ie 4e chapitre place la critique inter-testa-
mentaire dans l'evolution de l'histoire de la Bible, du Livre, ibid., p.
117-154 ce qui est confirme par la mise en scene editoriale des trois
volumes testamentaires bibliques des editions Gallimard: La Bible:
Ancien Testament 2 t.) ; La Bible: Ecrits lntertestamentaires;La Bible:
Nouveau Testament, ibliotheque de la Pleiade, Paris,depuis 1956). Voir
aussi a mise en scenecollective d'une relecture canonique de la pseude-
pigraphie (via la lIe epitre de Pierre) au benefice de l'energie genera-
trice du canonde la Bible, dansC. THEOBALDED.), Le Canon desEcri-
lures. Etudes historiques,exegetiques t systematiques, aris, 1990.
62. Voir deux approches hretiennescontemporaines res differentes,aussi
construites et engageesdans eurs points de vue systematiques (catho-
lique, protestant), qui partent des plus serieusesapories de l'hermeneu-
tique biblique: C. THEOBALD, Le canon des Ecritures: l'enjeu d'un
conflit des Facultes. , in C. THEOBALDED.), op.cit., Paris, 1990,p.13-
73; G. EBELING,L'hermeneutique entre a puissance e la Parole de Dieu
et sa perte de puissancedans es Temps Modemes , in Revuede TheoLo-
gie et de PhiLosophie126 (1994),p. 39-56.
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LA SIGNIFICATIONAPOCRYPHE 263
riques au sein meme des extes anciens. l s'agit cette fois plus pre-
cisement de la relation (d' origine historico-critique) entre un
contexte, un texte et l'interpretation, registre ou larecherche apo-
cryphe s'inscrit autant que dans celui de l'anthropologie religieuse
jusqu'a present observe.
III. Le champ des apocryphes ou la definition de l'apo-
cryphe : deux conditions adversesde comprehension, opposant
la representation au fait
1. Les termes du debat engage sur un meme site historique.
Eric Junod, dans une perspective bien centree sur la question
litteraire, pose en termes explicites la question majeure de la defi-
nition de l'apocryphe, en ce qu'elle doit servir a nuancer sa gravi-
tation biblique63. C'est egalement son article qui permet de
recueillir leg accrochesplus explicites d'un debat atent. E. Junod
s'appuie sur eg enjeux de la delimitation de la matiereapocryphe;
mais a l'instar d'autres chercheurs, lIa con~oit oujours en termes
de corpus plutot qu'en termes phenomenaux. C'est en cela que,
parlant apparemment litterature dans eg memes ntentions que
celles de la revue Apocrypha -en sesdeux premieres livraisons -
sa position represente neammoins une divergence fondamentale
de prise en compte de ce que peut etre l'actualite apocryphe:
La constitution d'un corpus itteraire et sa denomination sont une
operation lourde de consequences.Une fois effectue~, elle deter-
mine Ie sort des ecrits reunis en leg range ant dans un champ
d'etudes determine, en leur attribuant un statut.similaire et en
favorisant a leur propos une interpretation qui privilegie leurs rap-
ports internes . E. Junod confirme plus loin combien cela s'avere
artificiel et anachronique, notamment dans Ie cas admis de l'his-
toire des corpus chretiens. Notons qu'a l'inverse de ce que nous
avons deja vu, il cerne d'abord un corpus litteraire, qu'il insere
ensuite dans un domaine disciplinaire historique, determine par Ie
corpus meme. Tandis que l'autre point de vue de la revue Apo-
crypha determine un champ nouveau, a l'interieur duquel tout
demande a etre redefini.
Or, l'interlocuteur principal de E. Junod n'est pas l'anthropo-
logue ou l'erudit, mais Ie theologien historico-critique. S'opposant
principalement a la definition proposee par W. Schneemelcher,
l'auteur cristallise des divergencesafferentes aUKcriteres de defi-
63. E. JUNOD,op. cit. , in Apocrypha3 (1992) .17-46.
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264
I. ULLERN-WEITE
nition d'un objet historique. A l'instar des premiers signatairesdu
projet de la revue Apocrypha, E. Junod rejette certes es principes
de la Formgeschichte 64, entree sur Ie reperage des genres itte-
raires. II objecte egalement qu'un contexte ne suffit pas a cemer
Ie phenomene specifique degage par l'apocryphite -qui deborde
ala fois l'histoire du christianisme ancien (et de son canon scrip-
turaire), l'histoire du judalsme, et les homes generiques (littera-
lures haggadiqueset apocryphes, itteratures hagiographiques et
apocryphes), es repereschronologiquesqu'elles ont oeuvre a eta-
blir65. I justifie, a l'aide de deux exemples,qu'il n'est scientifique-
ment pas legitime de contenir l'apocryphite -qu'il nomme plutot
l'apocryphe -d'une part dans la periode courte des trois pre-
miers sieclesde l'antiquite chretienne, d'autre part relativement a
un canon neotestamentaire anachronique. Ses arguments Ie
menent au point limite d'une definition extensivede l'apocryphi-
te, par laquelle il semble rejoindre la critique apocryphe pheno-
menale: La production de la litterature apocryphechretiennen'a
pas de limite chronologique. ...L' apocryphe appartienta une itte-
rature incontrolable.L' enfermet;c' est a denaturer. ..II n' estguere
possible, selon des criteres de critique litteraire, de ranger tollS es
apocryphes dans (les) genres itteraires (bibliques neotestamen-
taires). ...Pour saisir e phenomene apocryphe dans sa complexi-
te, il taut se garder de valoriser unilateralement une epoque, une
culture et une langue. L'histoire et la vie de cette litterature se
jouent des frontiere . Obervons qu'en depit d'une divergence
majeure de points de vue, Ie conflit Testepose sur Ie site exclusif
du christianisme antique. Selon E. Junod, qui se refere a l'analy-
se de J.C. Picard, la topique des origines du christianisme
demeure bien Ie site etudie66. lle ne temoignerait cependantpas
tant du canon que de la dimension culturelle du christianisme.
64. Apocrypha 1 (1990), p. 5-6: Encore taut-il dans cette voie vouloir
echappera la fascination qu'exercent 'ideologie du texte original et Ie
modele traditionnel des genres itteraires.
65. E. JUNOD,op. cit. , in Apocrypha 3 (1992),p. 37,n. 29 evoquememe
l'actualite de la production apocryphe.
66.J.-C. PICARD, op. cit. , in Apocrypha 1 (1990),p. 74-75; notons que
la reference a J.-C. Picard lui attribue l'idee au moment ou celui-ci la
constate simplement comme critere de definition utilise par leg Codices
de FABRICIUS,bid. p. 94 (§ Une nouvelle topique des origines du chris-
tianisme ). Ce n'est que dans un article ulterieur (dans l'introduction a F.
BOVONH. KOESTER, enese e l'ecriture chretienne,Paris, 1991, . 7-22)
que J.-C. Picard developpe l'idee des recits de memorables geniteurs
d'une ecriture chretienne.
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A SIGNIFICATION APOCRYPHE
Le conflit est ici focalise sur la relation exclusive cano-
nique/non canonique dans Ie cadre d'une histoire litteraire du
christianisme, et moins sur celIe d'une histoire ecclesiale contre
une histoire culturelle de la basseAntiquite. Profitons de cette
precision pour ne pas soler, dans cette analyse, a position de E.
Junod qui fait echo aux recents travaux afferents a l'histoire du
christianisme antique, deplacessur des sites plus litteraires qu'ec-
clesiaux67. . Junod confirme la l'inscription des recherchesapo-
cryphes dans la problematique de la genese de l'ecriture chre-
tienne 68, roblematique qui travaille de l'interieur de la tradition
historico-critique et la circonscrit a des interets purement histo-
riens. Sur cette disposition, res derniers sont supposes istincts des
interets theologiens69.Si la theologie historico-critique etudie la
Bible et sessatellites, a critique litteraire historique observequant
a elle cette constellation biblique au titre d'une histoire generale
de la litterature chretienne. Et quand la theologie cherche a eta-
blir l'authenticite du principe canonique a partir de son origine
supposee, 'histoire litteraire deploie plutot la longue duree des
litteratures et Ie composite des traditions qui y evoluent. Ce fai-
sant, elle elargit certes Ie site originel de base,mais sans e chan-
ger pour autant. E. Junod cherchedonc a engagerune histoire lit-
teraire, qu'il maintient en des frontieres chretiennes. Sa position
differe en cela de celles d'autres apocryphiens qui edifient un site
litteraire antique non specifiquementchretien. En ce dernier cas,
la recherche end a decentrer radicalement a questionapocryphe,
comme a question chretienne qu'elle n'est pas.
67. Outre Ie bilan propose par A.J. MALHERBE,Greco-roman Religion
and Philosophy , n E.J. Epp G. W. MAc RAE (Ed.), op.cit.,Atlanta, 1989,
p. 3-26,voir les travaux de H. Koester, notamment avecJ.-M. ROBINSON-
H. KOESTER, rajectories hrough Early Christianity, Philadelphia, 1971,
et H. KOESTER,ntroduction to the New Testament, vol., Philadelphia,
1982.
68. F. BOVONH. KOESTER, p.cit., Paris, 1991.
69. Notamment depuis Ie developpement d'une philologie linguistique
plus semantiqueque terminologique, ct. J. BARR,Semantiquedu langage
biblique, Paris, 19882, ontre l'entreprise du TheologischesWorterbuch
zum Neuen Testament e G. Kittel (Stuttgart, depuis 1933).
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A SIGNIFICATION APOCRYPHE
Dans ce cadre commun, l'accord historique sur Ie site de l'ori-
gine repose donc sur Ie presuppose heologique de l'enquete his-
torico-critique. II ne peut entrer dans noire propos d'engager un
debat tenant compte des argumentationssingulieresdes positions
de systematiquehermeneutique, mais DOllS ouvons en dresser e
schematisme general de la maniere suivante: l'historico-critique
supposeque Ie christianisme depend absolumentde la fa~on doni
vont etre articules l'un a l'autre, un evenementdecisif, rreductible
et contingent a la fois72, t Ie deroulementhistorique des saisiesde
cet evenement (saisiesposterieures, textuelles, institutionnelles,
marginales, etc.). La critique historique propose de definir, d'une
part Ie fait (vie de Jesus, ou kerygme evangelique -peu ou prall
neotestamentaire, ou predication de l'Eglise, ou manifestation de
l'Esprit, ou saisieexistentielle, ou acte de foi, etc.), d'autre part les
evolutions historiques alterant ou manifestantce fait (histoire des
corpus, des eglises ocales,des conciles et refo~es institutionnels,
des raditions d'interpretations, etc.). Sur cette basedualiste entre
historicite (la tradition) et inherence (l'origine)73, ce qui se tient
au coeur de toute la litterature et de l'existence chretiennes est de
nouveau Ie fait canonique -meme dans son caractere anachro-
nique, c'est a dire posterieur aux evenements historiques dits
bibliques , c'est a dire enfin dans son caractere factice institu-
tionnel. Les debats se deploient ainsi d'une maniere ires crispee
sur l'exclusive Histoire -Verite 74. Cette alternative est fondee
sur l'inexpugnable et moderne fondamentalisation canonique,
a partir d'une sacralisation bien ulterieure du livre-canon, clos et
depouille, notamment de sesgloses, par les editions post-triden-
tines autant que par Ie textus receptus , ransforme en texte
neutre . Le prix en est a reduction du canon a une manifestation
historique, objective. Non seulementon demande au canon d'etre
quasi litteralement l'expression identitaire, virtuellement totale,
mais on oublie sa valeur et sa fonction juridiques -Ie canon est
une definition canonique conciliaire, une regulation juridique
72. lrreductible parce qu'il est d'origine divine; humain parce qu'il affec-
te l'individu chretien. L'enjeu est d'articuler la problematique de l'incar-
nation en cle d'interpretation biblique.
73. P. GISEL,op.cit., Geneve, 1986,p. 5-23, denonce ce dualisme, dans
lequel il circule cependantencore. Pour l'opposition blondelienne reve-
lation ou historicite du canon, cf. l'article de H. HOPFL canonicite , in
Dictionnaire de la Bible. Supplement (1928),col. 1022-1045.
74. Exclusive qui continue majoritairement de Caire 'economie de l'effi-
cace proprement langagiere. Objection deja formulee par P. Ricoeur, in
R. BULTMANN,esus.Mythologie et demythologisation,Paris, 1968,p. 9-
28 (Preface).
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268
I. ULLERN-WEITE
romaine, pontificale donc emblematique, non Ie livre lui-meme -
dont la dynamique et sa comprehension restent alors totalement
a repenser5.
Sans a detailler plus avant, il est outefois possiblede souligner
que la fonction premiere de cette exclusive, ocalisee sur la ques-
tion canonique, est d'engager e type confessionneld'appartenan-
ce chretienne occidentale, uniquement a partir de la question de
sonorigine -de la meme maniere dogmatiqueque a figure du legs
l'engageait a un niveau civique, laIc. Dans un cas comme dans
l'autre, l'histoire n'est comprise qu'en tant qu'elle est a succession
contingente des deploiements traditionnels d'une origine intan-
gible et irreductible, divine ou ontologique. En tant qu'elle pent
etre aussi e lieu de la manifestation paradoxale de l'origine qua-
siment dans 'identite. A cesconditions, orsque 'exegesebiblique
comme a critique empirique valorisent e presuppose 'une appar-
tenance quasi-genetique76, 'hermeneutique n'est plus que Ie
moyen d'acceder a l'origine77. I en resulte une structure dogma-
tique de la foi ou de l'histoire, demandanta etre acceptee,ou bien
un absolude la croyancecomme nature humaine , demandanta
etre regule dans Ie corps individuel par Ie corps sociap8.
75. Cf. F. SMYTH-FLORENTIN,n livre en quete de sujets,Geneve, 1993
(conference polycopiee).
76. Plutot sous a forme d'une precomprehension= Vorverstiindnis , que
d'une teleologie instituante; R. Bultmann, en 1957, Une exegesesans
presupposition est-elle possible ? , in Foi et Comprehension.2. Eschato-
logie et demythologisation, Paris, 1969,p. 167-175.Noter que R.Bult-
mann se situe selon a lecture heideggerienne de W. Dilthey (Cf. supra,
note 4), voir son article de 1950 Le probleme de l'hermeneutique , in
Foi et comprehension, . L 'historicite de 'homme et de a revelation,Paris,
1970,p. 599-626.
77. C. THEOBALD, p.cit., Paris, 1990,p. 49: La difference confession-
nelle est plutot une difference hermeneutique qui ne se aissepas redui-
re a une preference pour telle ou telle pericope mais conceme a structu-
re meme de l'interpretation de la Bible danssa otalite. (nous soulignons)
totalite designe ci quasiment plus Ie corpus en soi que sa representa-
tion ideate.
78. R. BULTMANN,Die Geschichtlichkeit des Daseins und der Glaube ,
in Zeitschrift fUr Theologie und Kirche 5 (1930). P. GISEL, op.cit.,Gene-
ve, 1986: C. THEOBALD, p.cit., Paris, 1990,p. 73, (en reference a l'exis-
tentialisme exegetique, et explicitement a M. de Certeau sur Ie type de
conversion naugure par Jesus ) L'inscription resolue et critique d'une
telle experience evangelique de desaisissement adical dans le debar sur
Ie canon mplique inversement a capacite de cette foi a se aisser nfor-
mer par ce que les deplacementsmethodologiqueset philosophiques,sug-
geres a l'instant, disent de sa structure dogmatique. (...) Liee a la consti-
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A SIGNIFICAll0N APOCRYPHE
3. C'est en amont de la reduction factuelle de la litterature qu'il
convient de reposer a question scripturaire.
Des lors que la problematique apocryphe demarre sur la
conjonction, en un site d'une seule nature generique, du fait litte-
raire et de l'origine comme ontologie, afin de determiner es condi-
tions critiques de l'apocryphite, elle s'engage t. ejoindre les termes
memes du debat biblique actuel sur a canonicite : de toutes parts,
Ie canon biblique dans sa cloture chretienne sature a dynamique
litteraire de l'apocryphite. Devenu Ie critere litteraire de l'anti-
quite chretienne, il n'est plus une instance metaphorique79,e qui
oblige it. aire de toute lecture qui en procede, a reproduction de
l'appartenanceso,'apocryphite ne peut y etre qu'un objet reel, un
corpus tangible de traces diverses, et non un ensemblede formes
de pensee.Un objet auquel on continue d'opposer sa dissolution
comme condition de sa edecouverte Le renouvellement consis-
terait simplement t.accentuer a posterite apocryphe,au detriment
de la posterite biblique, minoree. L'alternative demeure, recen-
trant simplement un objet sur 'autre.
Une telle exclusive est inacceptable pour definir la litterature
chretienne, notamment it.causedes reductions de l'intelligibilite
propre it. ' Antiquite. Si Ie canon au sellS rident in est anachro-
nique, il n'est en aucuncas ustifie it. onder l'intelligibilite interne
d'une periode it. aquelle il n'appartient pas. Precisonsclairement
tution des grands symboles de l'Eglise des premiers siecles, 'irreforma-
biblite de la delimitation ecclesiale du canon ne signifie pas necessaire-
ment que Ie kerygme soil desormaisamarre a une tradition d'interpreta-
lion. Ne petit-on la comprendre plutot comme line "normativite oliveTte"
qui, tout en reliant desormais 'acte de foi a un travail incessantd'inter-
pretation, autorise et regulea la fois l'infinie richessedes raditions et des
inscriptions culturelles a venir d'une me-me oi evangelique?" (nous sou-
ligons); "l'irreformabilite du canon" consiste en sa egitimite referentiel-
Ie et non auto-proclamee.
79. Au sensou P. Ricoeur en elabore a fonction stratifiee, d'ailleurs noda-
Ie pour l'ensemble de son travail, La metaphore vive,Paris, 1975,a partir
de la 6e etude, p. 221. Notons tout de me-me ue P. GISEL,op.cit., Gene-
ve, 1986,cherche de ce cote dynamique Ie depassement e l'aporie, mais
ille fait egalementplus sur line question dentitaire que sur line prise en
compte du langagecomme enjeu de la signification. Ceci pourrait consti-
tuer l'ebauche d'une discussion,en aucuncas a resolution de la question
posee par ce systematicien.
SO.P. LEGENDRE, e crime du Caporal Lortie. Traite sur le Perf, Paris,
1989,p. 17-23,pagescinglantes et incontournables sur a conceptionbou-
chere de l'humanite, "Que savons-nousdu meurtre? One interrogation
inlassablementa reprendre dans es societespost-hitleriennes".
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270
I. ULLERN-WEITE
qu'il ne s'agit pas de reprocher a ce type d'interet apocryphe de
deployer en sons-mainune identite chretienne. La theologie ne
s'opposepas a l'histoire, mais visent-elles seulementa dire l'iden-
tite? 11est ci demandea la sciencehistorico-critique de consentir
a mesurer combien elle engage 'apocryphite en recourant obsti-
Dementaux blocagesontologiques indiscutesde l'hermeneutique
systematique et generale. En retour, l'on demanderaaux sciences
sociales, nteressees a l'apocryphite, de ne pas refuser non plus
d'expliciter Ie debat evoque, en ne l'ecartant pas d'un non-lieu de
majeste scientifique, propice a la permanencede l'insu comme a
son nsolvabilite, comme s'il suffisait de promouvoir l'espacescien-
tifique sur les lieux memes de l'espace heologique.
Sur ce seul plan de la canonicite, cette problematique apparait
de plus en plus comme l'histoire d'une confusion, oil l'on aurait
melange les diverses listes conciliaires attestees, avec Ie propos
hermeneutique antique, exprime, ui, par la referencebiblique que
l'on trouve diversementemployee dans 'ensembledes itteratures
juives ou chretiennes anciennes.Or, il s'agit d'autant de mises en
scenedifferentes de l'ecriture, comme fonction de regulation de
la question de la verite. Cherchons desormaisa poser cette ques-
tion de la verite non plus sous es auspicesde l'autorite ou de l'ap-
partenancemais selon 'universalite des onctions du langage.Lan-
gagier et non canonique, dialectique et non dogmatique, Ie
scripturaire est alors une forme particuliere de la signification.
IV. L'apocryphite, e a litterature ala pensee:one rationalite
scripturaire, ntre maginaireet ugement
Le deplacementequis.
Pour atteindre une position generale de reflexion sur 'apocry-
phite, Ie recours a une mediation plus dialogale que chronologique
pent engager a levee des ecrous de l'implicite et du presuppose
que nons avonsreleves.11 e suffit pas de contourner par Ie criti-
cisme les impassesque pose ce verrouillage ou d'en dresser 'his-
toriographie, meme consciente.11 e suffit pas non plus de les elu-
cider.Nous avanc;ons ne proposition: la possibilitede degagerune
question de type scripturaire dans des termes constitutifs et non
definitionnels. Le debat scientifique pourrait bouleverser e cliva-
ge historiographiqueen Ie disposantde a sorte la viseede connais-
sance maintient une double entree, mais sons a gouverne de la
reflexion et non de la deconstruction. L'objet change: il n'est plus
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A SIGNIFICAllON APOCRYPHE
un champ ou tine litterature, il est a situation memed'une interlo-
cution inactuelle.L'apocryphite comme mode de signification est
dissociee du niveau des pretentions a la validite mises en ell. Le
debat ne porte plus sur les conditions de raftage possible de la
reflexion, il concerne les conditions de l'objectivation de l'apo-
cryphite. II convient alors de poser que l'ensemble de ces mani-
festations scripturaires, toutes apocryphes,est ine recherchespe-
cifique de connaissance. esmanifestations,par desproceduresde
distorsions, construisent leur propre contemporaneite; elles tra-
duisent eur historicite et leurs nterrogations en apocryphite. C'est
leur mode particulier de connaissance, ansdoute plus scriptu-
ral que litteraire. II DOllS emble que c'est seulementa partir de
cette generalisaiton que la reflexion scientifique pourra, en cette
matiere, acquerir l'objectivite constituante qui lui fait encore
defaut.
2. Traduire l'apocryphite en un phenornenehistorique langagier.
L'on retiendra donc que, d'un point de vue historique, l'apocry-
phite se manifeste a la croisee de sites archeologiques et docu-
mentairesparticuliers d'une part, et de modesantiquesde discours
referentiels et des ugementshistoriquesqu'ils out produits, d'autre
part. Celie maniere de l'etudier a permis aux chercheurs de cir-
conscrire, a defaut d'un corpus demantele, un champ culturel apo-
cryphe, a l'aide des decombres extuels et iconographiques, adis
recouverts par une histoire officielle. Cependant, 'indetermine et
l'aleatoire de ce champ ne suffisent pas non plus a rendre intelli-
gible la dimension fonctionnelle qui peut en etre degagee,ou lui
etre reconnue. Ce constat emoigne d'une evolution des points de
vue historiques, demeurant contradictoires du point de vue de la
signification. L'apocryphite existe a presentcomme champdiscur-
sir, et elle n'existe pas comme fait ou comme objet. Pour conside-
ref l'apocryphite au niveau de sa possible signification, il convient
de traduire les constatshistoriques en des caracteristiques onda-
mentales d'intelligibilite. Tel serait Ie point de depart: aux condi-
tions de l'intertextualite antique, l'apocryphite designeune posi-
tion discursive qui propose un mode d'inscription particulier de ce
qu'elle fait. Nous devons situer ce que P. Geoltrain designepar l'in-
tertextualite -dans une definition d'inspiration semiotique -pour
saisir un premier niveaude production d'intelligibilite. Appliquant
la notion d'intertextualite a la problematique historique des itte-
ratures specifiquementchretiennes, l s'en sert pour elucider 'en-
semble des eux discursifs que l'on constate dans es divers ecrits
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I. ULLERN-WEITE
anciens, afferents aux differentes aires chretiennes81. 'intertex-
tualite advient concretementen tant que pratique de redaction ou
de transmission esdiscours,agences n extes82.'apocryphitepro-
cede de cette intertextualite pratique comme stratageme itteraire
de pseudepigraphie t d'antidatation83. lle marque ainsi non exclu-
sivement es litteratures theologiques uives et chretiennes (dont
les selectionsbibliques differentes, en eurs specificitesa redefinir),
mais aussi es itteratures philosophiques, et palennes 84.
Dans res conditions, 'etude desapocryphes st 'occasionde dres-
serune cartographie ransversale e ' Antiquite, a partir de sesmani-
festations scripturaires , orsque 'ecriture est 'expressionprivile-
giee du politique ou du religieux (ecriture, au sens ci Ie plus vague
de systemede reference et d'innovation conjointesde discours ns-
crits). De ce point de vue general,ce que ' on peut qualifier de scrip-
turaire -par rapport a quoi oue de 'apocryphite -est donc un jeu
socio-religieuxde mise en scenede l'autorite d'une parole, d'un dis-
COUTS,'une representation.Ce genre de mise en scenes'appuie en
partie sur Ie fondement de figures auctoriales d'innovation ou de
transmission figures genealogiques d'auteurs,gested'anonymat,
etc.), en partie sur Ie fondementde leur mise par ecrit (traditionnel-
Ie ou nouvelle). L'intertextualite, dans aquelle s'inscrit e stratage-
me apocryphe, n'est en ce caspas celle interne a un seul exte (en
renvois infinis de la signification), mais elle est d'abord une conju-
gaisonpratique de discours,agen~antdiverssystemes e represen-
tations, dont on constate qu'ils sont autant circonstancielsqu'em-
blematiques. C'est a dire que l'intertextualite indique, d'un texte a
un autre pris au seind'une meme ire de references hematiquesou
de pratiquessociales, ommentvoyageet se modifie un ensemble e
representations,selondes aires culturelles differentes, peu ou prou
contemporaines es unes des autres.Elle inscrit egalement es pra-
tiques discursives ans ce que Paul Ricoeur appelle la quadrature
du langage ,a savoirque Ie langageesta la fois un systemede signi-
fication (signifiant et signifie), et de representation (reference et
81. P. GEOLTRAIN,Remarques sur Ia diversite des pratiques discursives.
L'exemple de V Esdras , in Apocrypha 2 (1991),p. 17-30.J. DELORME-
P. GEOLTRAIN,Le discours religieux , in Semiotique. L'ecole de Paris,
Paris, 1982,p. 103-126.
82. Par compilation, corrections, nsertions ou suppressions, dition tota-
Ie ou partielle de textes, amplifiee ou interrompue.
83. D'une maniere Iibre ou imposee, mettle au secret ou non pour un
public restreint, un lieu communautaire precis,etc.
84. M. T ARDIEU ED.), La formation descanonsscripturaires,Paris,1993;
R. GOULET,Les vies de philosophe dans ' Antiquite tardive et leur por-
tee mysterique , in F. BOYaN (ED.), op.cit., Geneve, 1981,p. 161-208.
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A SIGNIFICATION APOCRYPHE
monstration), dans une situation constanted'interlocution85.Dans
res conditions angagieres,es pratiquesdiscursives t ntertextuelles
desquellesprocede 'apocryphite articulent 'autorite des represen-
tationsqu' elles manipulentavec ' explicationmetalinguistique cette
fonction ordinaire du langage,servanta rendre explicite Ie systeme
commundans equel l evolue86.'apocryphite,en tant qu'une de res
formesparticulieresd'articulation, ne sedetachepas specifiquement
du monde biblique ni ne pent etre consideree omme un phenome-
ne isolable d'un ensembleculturel, aux religions diverses.Mais elle
participe de n'importe quelle litterature dans aquelle elle se mani-
feste, et elle s'inscritdansce que nonspouvonsappeler e continent
scripturaire des mondesa ecriture.
Dans Ie meme temps ou l'on ceme un continent scripturaire ,
est exigee la mise a distance systematique des temporalites qu'il
comprend, sons 'angle de l'intellection apocryphe. Cela suppose
vraisemblablement de concevoir aussi 'apocryphite au niveau de
la reflexion (pure) du temps: de que Ie maniere l'apocryphite
agencecette reflexion87?Si l'on decide de marquer la distance en
premier lieu, la caracteristique la plus determinante de l'apocry-
phite est qu'elle ne releve pas en soi de la temporalite de l'origi-
fie, encore moins de notre origine, qu'elle ne releve pas en soi
de l'espace de la marge, meme biblique, de tel ou tel phenomene
culturel, philosophique ou religieux. Elle deploie au contraire, elle
meme, des discours sur es qualites emporelles -l'origine ou la fin,
la permanence, l'etagement du temps, etc. -se les octroyant
comme site propre. Se dessine une circonscription antique que
85. Ct. P. RICOEUR, p. cit., Paris, 1986,p.137-141: cette croisee provient
de son dialogue avec a semiotique, ct. Hermeneutique et semiotique ,
in Supplementau Bulletin du Centre Protestantd' Etude et de Documen-
tation (C.P.E.D.),novembre 1980,p. I-XIII; ct. C. BOUCHINDHOMMER.
ROCHLITZ, p.cit., Paris, 1990,p. 20s.
86. Chaque site d'intertextualite configure en propre, partiellement ou en
totalite, une proposition singuliere : par exemple en croisant des repre-
sentations,1. generales t un contexte socio-culturel (telle ou telle repre-
sentation du monde),2. litteraires (tel ou tel personnage,ou theme, ou
episode epique, legendaire,mythologique, cite selon elle ou telle version
attestee),3. specifiques (de telle ou telle position intellectuelle precise).
87. Ce qui est d'ailleurs Ie niveau vise par P. Ricoeur lorsqu'il analyse,
dans es trois tomes de Tempset Recit,Paris, 1983,1984et 1985, a com-
plexite des saisiesdiscursivesde la temporalite, sur la basememe de son
irreductibilite. En n'oubliant pas que cette recherche du temps raconte
s'oppose t sa neutralisation simpliste, par des configurations narratives,
pseudo-narratologiques, ui serventde repere aise t une figuration exclu-
sivement chrono-logique des differentes qualites de la temporalite.
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LULLERN -WElTE
l'historien se doit de maintenir, considerant, a l'instar de A. de
Libera, que l' Antiquite releve d'une temporalite separee88: lle
n'est jamais immediatement reliee a la temporalite occidentale.
De la sorte, sont radicalementbouleversees egperiodisations his-
toriennes, dont Ie defaut est moins d'etre institutionnelles que cal-
culeesa partir de la seule emporalite occidentale-de surcroit gre-
gorienne.
Le secondcaractere de celie phenomenalite apocryphe accom-
pagne sa situation intertextuelle: l'insistance sur leg representa-
tions, comme contingence referentielle et comme condition de la
signification, plutot que sur leg faits, comme preuve tangible et
positive. Les jeux de reference et leg debats qu'ils orchestrent,
viennent s'inscrire en faux contre la pretention a la verite du fait
historique. Ce sont bien eux qui servent a valider leg discours, oil
la verite, pourtant universelle, depend paradoxalement de l'idee
que la raison s'en fait. C'est dans ces conditions essentiellement
contrafactuellesque l'apocryphite advient, contre toute efficace
illusoire du discours qui renverrait immediatement a des faits, et
non a des jugements de faits89: Les pratiques discursives apo-
cryphes renvoient a des intelligibilites elaborees de faits, elles
consistent tres exactement en des pretentions a la verite, cultu-
Telleset socialesantiques, que ces ntelligibilites produisent prea-
lablement. C'est la, la deuxieme disposition reflexive de l'apocry-
phite. L'enquete commencerait, ici, par poser aux discours
apocryphes a question de leur propre type de pretention artifi-
cielle a la validite, ni naturelle, ni factuelle, des pretentions rele-
vant d'une rationalite discursive et scripturaire.
88. A. de LIBERA, La philosophie me-die-vale, aris, 1993, it.propos du phe-
nomene de la pluralite des temps : suivre des mondes multiples qui
sont simultanes dans Ie temps de notre histoire, mais qui ne Ie sont pas
necessairement dans celui de leur histoire. Faire coexister, dans une meme
histoire generale, des temps qui ne coincident pas pour ceux qui y vivent,
tel est Ie probleme pose par l'histoire de la philosophie medievale (- et
de l'apocryphite ancienne comme histoire des modes de redaction, pour-
rions-nous ajouter), p. XI\':
89. J. HABERMAS, op.cit., Parif, 1986, p. 371: Mais que l'espece humaine
ne puisse se reproduire dans sa forme d'existence socio-culturelle que par
l'idee hautement non naturelle de la verite au gens de la possibilite, tou-
jours supposee de maniere contrafactuelle, d'une comprehension univer-
selle est manifestement un fait de la nature -que nous devrions essayer
de comprendre. Parce que Ie discours empirique n'est possible que grace
aux normes fondamentales du discours rationnel... .
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I. ULLERN-WEITE
Dages, pocryphes. En ce sens,ce systeme oral serait mplicite-
ment dialogal et teleologique : il appuie es argumentationssur des
personnes deales.Un tel phenomene est propre a une temporali-
te culturelle dans aquelle l'ecriture n'est en premier lieu ni la pro-
blematique de la redaction de pensees, ni la problematique du
droit de l'auteur a disposer de lui-meme a travers son propre dis-
COUTS.ais elle est celIe de la manifestation inscrite de la parole,
c'est a dire de la situation socio-culturelle, publique ou collective,
legitime dans aquelle une idee est manifestee en tant qu'inscrip-
tion. Et Ie discours, c'est-a-dire ce que dit une parole, y est moins
une communication qu'une revelation d'une signification, ou
bien comme devoilement peu ou prou rituel (oracle, prophetie,
enigme), ou bien comme reminiscence (mysterique, maleutique,
dialectique), ou bien comme prefiguration (litteraire, theologique).
L'apocryphite vient ainsi se poser entre l'oralite et son nscrip-
tion, comme a garantie d'un rapport decale a la verite. Une garan-
tie situee au passagede trois questions: L'apocryphite est, pour
une part, la signature qui vient mimer et restaurer l'oralite dans
l'ecriture, c'est a dire tout ce que suppose I'oralite 92 -du dia-
logue a la prophetie, du theatre a la rhetorique, du fecit au mys-
teTe ou au rite selon Ie cas.Elle est, pour une autre part, Ie geste
epigraphe et redactionnel qui inscrit l'autorite en verite d'une pen-
see. Elle est enfin l'occasion d'un debat et d'un jugement: puis-
qu'elle pretend a une representationscripturaire de tel ou tel mode
de manifestation ou d'efficience de la verite. On peut donc lui en
contester a legitimite. Elle aurait pour fonction, non de dissoudre
les marges ou de renforcer l'orthodoxie, mais d'agencer des tra-
versees angagieres,des mises a l'epreuve particulieres de la pen-
see -comme embleme de la croisee entre oralite et inscription, et
non comme litteralite, meme biblique. A partir de celie edifica-
tion de traverse seulement, 'apocryphite ouvre la question scrip-
turaire -lorsque l'inscription prend Ie pas -elle deploie l'ecrit
comme image d'une reference permanente mais toujours singu-
liere, amais comme localisationde l'autorite. Elle se revele comme
un mode de reference ayant pris celie particularite de focaliser Ie
processusconflictuel sur lui.
A l'instar du discours mythique, au niveau editorial de sa onc-
tion, la mise en sceneapocryphe denude la question de la verite.
II en va de l'apocryphite scripturaire comme de l'interculturali-
92. II s'agit bien de saisir un systemede representation et de relation a la
Verite, non cette antiquite parlee qu'on aime a imaginer avant l'ecri-
ture .
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A SIGNIFICATION APOCRYPHE
te problematique, car il en va des conditions de la signification:
l'apocryphite est non seulement un stratageme et une garantie,
mais egalement un argument, et a ce titre seulement tenant lieu
de preuve 93, usceptiblede determiner la valeur du discoursqui
l'emploie. Elle est, en ce sens,plus precisement nterrogee sur 'al-
ternative entre la legitimite et l'illegitimite, que sur celIe opposant
Ie faux a la verite. Ceci veut dire que l'apocryphite n'existe qu'en
tant qu'elle est nterpretanteautant qu'interpretee, ue si Ie discours
qu'elle presente a sa maniere est nterprete. L'apocryphite parti-
cipe simultanement de la presentation d'un discours et de l'inter-
pretation qu'il susciteautour de lui -et non en ui.1l ne s'agit certes
pas de chercher e lecteur ideal (et reel) -Ie locuteur ideal (et reel)
face a face dans e texte94mais bien de constaterune synergiedia-
lectique, active dans a problematique de la signification. Car celie
derniere ne devient possiblequ'a partir de l'interpretation comme
replique, a la condition expresse outefois que la replique se asse
contemporaine du discours considere95. n ce cas, l s'agit d'une
efficace dialogique inherente a l'inscription discursive meme,
venant raisonner litterairement a partir du seuil dynamique, ma-
ginaire, qu'est l'apocryphite.
La signification de l'apocryphite n'est alors possible que si l'on
prend en compte Ie dialogue alterne qu'elle constitue en lexie,
selon es temporalites particulieres des discours ntervenants. C'est
ainsi que Ie propre de l'apocryphite, telle qu'elle revele la dialec-
tique de l'ecriture, serait bien qu'elle la deploie dans un espacede
jugementsheterogenes.Seulsunjugement, un conflit de ugements
disent ce qu'est l'apocryphite, dans tel contexte, de tel point de
vue. Ce qui reviendrait a dire que seulle debat qui s'etablit aux
conditions de la reliure de l'imagination repr~sentative et de
l'acte rationel du jugement, etablit les conditions d'une produc-
93. Meme si c'est un anachronisme d'evoquer la notion de preuve en un
sens aussinodal, a partir des montagesscolastiquesdu droit romain revi-
site, voir notamment es travaux de E. KANTOROWICZ,La royaute medie-
vale sous 'irnpact d'une conception scientifique du droit , in Phiiosophie
20 (1988),p. 48-72. Pour l'emploi de la preuve dans une antiquite, de ce
point de vue pre-romaine , voir G.E.R. LLOYD,op.cit.,Paris,1993, .118-
162 (chapitre 3).
94. Ainsi que Ie font les pragmatiquescommunicationnelles ranstormees
en narratologie dans e secteurbiblique, voir notamment es travaux de
R.A. Culpepper et ceux de G. O'Day sur 'evangile johannique.
95. Ct. l'apocryphe allemand, pietiste -anti- Lumieres , edite et traduit
par Y. SOMET-M.LAFOUT,Reponsedu professeur Kant de Konigsberga
i'abbe Sieyesde Paris (apocryphe,1796), Paris, 1995.
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I. ULLERN-WEITE
tion et d une signification perforrnative de l inscription apocryphe
pratique. A terme, toute lecture de texte, a son tour ecrite, releve
de l apocryphite, dans a stricte mesure oil la lecture est une com-
prehension qui se donne les moyens de poser a contemporaneite
de ce que presente Ie texte et de ce qu elle meme represente. La
contemporaneite etant alors la compossibilite fondamentale et
pragmatique de jugements heterogenes,articulee a une position
de reflexion transcendantale.
Reste a circonscrire et a penser, c est-a-dire a conceptualiser,
l ensemble des pratiques apocryphes de l Antiquite. L interroga-
tion ne peut etre poursuivie en solitaire, pas plus qu elle ne peut
se dispenser de la lecture des multiples inscriptions apocryphes.
Une comprehension elucidee est a partager aut ant qu a produi-
re96.
96. £t qu il nous soit possible de dedier ces pages a L. Traig, dont les
Memoires anticipes (Paris, sansdate precise) ont, les premiers, medite la
question de l imaginaire litteraire de l apocryphite.
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Witold WITAKOWSKI
Universite d'Uppsala
THE MIRACLES OF JESUS:
AN ETHIOPIAN APOCRYPHAL GOSPEL
L' apocrypheen question rapporte 'histoire de Jesusen 40 a 80 (en onc-
tion du systeme e division) episodes ppeles« miracles». Le texteestprin-
cipalementune traduction de l'apocryphe arabede 'Evangile de Jean, qui
a ere ecrit au Xe Xle siecle sur la base des evangiles canoniques et apo-
cryphes,commepar exemple e Protevangile de Jacques, esActes de Pila-
te, un Recit sur es Mages, a Caverne des Tresors, ' Apocalypse du Pseu-
do-Methode. Toutes es sources ant ere remanieesavecplusieurs autres
«miracles », incluant souvent des animaux; elles ant ere mises en orme
ainsi dans un nouvel apocryphe narratif A la traduction ethiopienne du
XIVe siecle)ant ereajoutesulterieurement 'Evangile de l'enfance de Tho-
mas et lesLettres d' Abgar et de Jesus.
The apocryphon in question tells the storyof Jesus n 40 to 80 (depend-
ing on the division system)episodescalled « miracles». Most of the text is
a translation of the Arabic apocryphal Gospel of John, which was com-
posed in the 10th/11th C. on the basisof the canonical gospelsand apo-
crypha, as or instance he Protevangeliurnof James, heActs of Pilate, an
account of he Magi, the Cave of Treasures, he Apocalypse of Pseudo-
Methodius. All the sourcesare reworked and together with severalorigi-
nal «miracles », often involving animals, make upa new apocryphal nar-
rative. To the Ethiopic translation (of the 14th C.) the Infancy Gospel of
Thomas and the Letters of Abgar and Jesus were subsequentlyadded.
The Miracles of Jesus Ta'ammera lyyasus) is a popular piece
of religious iterature in Ethiopia. It is a collection of episodes,usu-
ally called "miracles", which tell the story of Jesus, starting with
the Annunciation and ending with the Assumption of Mary, and
in some caseswith the correspondencebetween King Abgar and
Jesus.As such t is one of the fullest and longest, f not the longest,
known apocryphal gospels.
1. M. GEERARD, lovis apocryphorum Novi Testamenti, umhout, 1992,
fir. 45 (henceforth: Clovis).
Apocrypha 6,1995,p. 279-298
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280
W. WITAKOWSKI
The
manuscript asisand he situationregardingpublication
The Miracles of Jesus henceforth: MJ) is known from a large
number (ca. 80) of manuscriptswhich contain either the entire text
or some episodesonly. Most of them are rather recent (nineteenth
& twentieth centuries), a. 25 howeverare from the eighteenthcen-
tury or earlier. The oldest known manuscript, although containing
only a part of the collection, dates from the fifteenth century2.
The text of the Miracles of Jesus can be found in many Euro-
pean libraries, especially those which own larger collections of
Ethiopic manuscripts, like the British Library, the Bibliotheque
Nationale de France, the Biblioteca Vaticana, but also in smaller
collections like those of the Bibliotheque Royale de Belgique, the
Chester Beatty Library in Dublin, etc. However, most of the
known manuscripts containing our text are preserved, not sur-
prisingly, in Ethiopia itself. Those of the churches and monaste-
ries of central Ethiopia were microfilmed in the 1970's,and are
accessible n this form at the Hill Monastic Manuscript Library of
St. John's University at Collegeville, Minnesota, and at the Insti-
tute of Ethiopian Studies,Addis Ababa.
The large number of the manuscripts mplies liturgical or monas-
tic usage of the MJ. In some manuscripts notes can be found, in
which passages f the Miracles are recommended for reading on
special days and at specialhours. A remark found for instance in
an eighteenth century manuscript says: Read this on Thursday,
at sixth hour (and) at Easter 3. This note suggests hat already at
that time the MJ was read during Passionweek. According to E.
Hammerschmidt fragments of the Miracles are included into the
Lectionary or Passion Week Gebra hemamat)4 ut one gets the
impression that this is a rather recent phenomenonas it does not
seem o be present in early manuscripts of the Lectionary5.Also
2. Vaticano Cerulli Etiopico 238.
3. Chester Beatty 913, f. 47va, 1 : gize 6-tani sa'at ba-'elata hamus 'elata
f sh Z nta 'anbeb.
4. E. HAMMERSCHMIDT, Gebra hemamat , in J. ASSFALG& P. KRUGER
(ED.), Kleines Worterbuch des Christlichen Orients, Wiesbaden, 1975,
p.117.
S. A rather cursory check suggests that they may be absent from eigh-
teenth century manuscripts, for instance those in the British Library (at
least as far as the argument e silentio goes, since they are not noted in W.
Wright's catalogue) and they are certainly absent from the ms. Or. 2083,
from between 1694 and 1706, as can be seen from the detailed description
by S. STRELCYN,Catalogue of Ethiopian Manuscripts in the British Library
acquired since the year 1877, London, 1978, p. 57-71; they do occur how-
ever in ms. EMML945, written between 1959-70, W. MACOMBER,A Cat-
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281
E MIRACLES OF JESUS
the MJ has entered the horologion as for instance in ms. EMML
2626 of the early nineteenth century, where eight miracles are
included for reading during the night hours6.A manuscript of the
eighteenth century contains even a Table for the reading of the
book divided according o the hours ?
It is possible that this usage ies behind the custom of produc-
ing manuscripts which contain only a few miracle stories, though
the criterion of selection s not clear. Also separateepisodeswere
combined with those of the Miracles of Mary to create a new com-
pilation entitled the Miracles of Mary and Jesus (Ta'ammera
Maryam wa-lyyasus). This may contain, as in the caseof the ms.
0 Etiop 15 of the Uppsala University LibraryS, 48 miracle stories
of Mary divided into groups of three each, between which 16
episodesof the MJ are interspersed. A version of the Miracles of
Mary and Jesuscontaining11 episodesof the MJ appeared n print
in 1%3/649.
Some of the manuscripts of our text are illuminated. A cursory
review of two of them reveals that these are eighteenth-century
products of the so-called Second Gondar School of miniature
painting1O. he largestset of miniatures (57) seems o be contained
in the manuscript 913 of the Chester Beatty Library in Dublini1.
So far there is no full critical edition of the MP2. The first to pub-
lish a fragment of the Miracles was the Russian scholar Boris
Turayev in 191213, ho edited two small pieces from manuscripts
in the St. Petersburgcollections. In 1914Adolf Grohmann edited
from a Vienna manuscript wo pieces of what would partly corre-
alogue of Ethiopian Manuscripts Microfilmed for the Ethiopian Manu-
script Microfilm Library, Addis Ababa, and for the Hill Monastic Manu-
script Library, Coltegeville, vol. III, Collegeville/MIN, 1978, p. 273.
6. Ibid. vol. VII, 1983, p. 51.
7. Ms. EMML 2180, fol. 167a; ibid., vol. VI, by GETATCHEW HAILE &
W.M. MACOMBER, Collegeville/MIN, 1982, p. 293.
8. O. LOFGREN, Katalog aber die iithiopischen Handschriften in der Uni-
versitiitsbibliothek Uppsala, Uppsala, 1974, p. 100-105.
9. Tii'ammerii Maryam wii-tii'ammerii lyyiisus meslii kal'an tii'ammerat,
Addis Ababa, 1956 [Eth. era = 1963/64], non vidi.
10. I am obliged for this information to Dr. Ewa Balicka- Witakowska.
11. E. CERULLI, « I manoscritti etiopici della Chester Beatty Library in
Dublino », in Atti delta Accademia Nazionale dei Lincei, Classe di scien-
ze morali, storiche e filologiche: Memorie, 8: 11 (1965), p. 289f; illS. Or.
8824 of the eighteenth century in the British Library has 40 miniatures;
S. STRELCYN,Catalogue ...(see in n. 5), p. 21.
12. The present author is preparing such an edition.
13. B. TuRAYEV, Chudesa Khristovi», Khristianskiy Vostok 1 (1912), p. 56-59.
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HE MIRACLES OF JESUS
preliminary survey of the apocryphon in 191119. is unfinished
publication of the Ethiopic text was used in further studies by
other scholars.
In 1951 Arthur Voobus, who was nterested n the early versions
of the New Testament,analysed he Gospelquotations in the Mir-
aclesand found that they do not follow the standardEthiopic Bible
text but often agree with the Old Syriac (pre-Peshitta) ext of the
Gospels2O.oobus, taking for granted that the MJ was an original
Ethiopian composition, thought that he found here traces of an
old Ethiopic Gospel ranslation, influenced by the Old Syriac one,
which were deleted in the course of the later revision of the
Ethiopic text.
In the meantime, more precisely in 1939, he Swedish arabist
and ethiopologist Oscar LOfgren re-discovered n a manuscript of
the Ambrosiana Library in Milan the Arabic Apocryphal Gospel
of John (henceforth: AGJ)21.Soon t was recognizedalmostsimul-
taneously by O. Lofgren22and Jean Simon of the Pontificio Isti-
tuto Biblico as the Urtext of the MP3. Starting in the 1940 sLof-
gren devoted a number of articles to the AGp4 and intended also
to publish the Arabic text, in which however he was thwarted
being unable to obtain the microfilm of the apocryphon from the
library. Instead it was Giovanni Galbiati, the chief librarian of the
Ambrosiana at the time, who in 1957published the Arabic text
with a Latin translation25.SubsequentlyLOfgren ranslated it into
Swedish,which eo pso became he first modem language n which
19. S. GREBAUT, Aper~u sur es Miracles de Notre-Seigneur», Revuede
l Orient chretien16 (1911),p. 255-265, 56-367; « Aper~u sur es Miracles
de Jesus», Revuede l Orient chretien21 (1918-19),p. 94-99; the aperru
remains unfinished.
20. A. VOOBUS, Ta iimera lyasus: Zeuge eines altereD athiopischen
Evangelientypus », Orientalia Christiana Periodica 17 (1951),p. 462-467.
21. O. LOfgren announcedhis discovery first in the Swedishdaily Svens-
ka Dagbladet of 3.11.1940 «<Evangelium Ambrosianum: en forbisedd
apokryf»), and then to the international scholarlyworld in Orientalistische
Literaturzeitung 46 (1942),col. 153-159: « Ein unbeachtetesapokryphes
Evangelium ».
22. O. U>FGREN,Fakta och dokument angaendedet apokryfiska Johan-
nesevangeliet», Svenskexegetisk rsbok 7 (1942),p. 30.
23. G. GRAF,Geschichteder christlichen arabischenLiteratur, I, Citta del
Vaticano, 1944,p. 237,n.1.
24. O. LOFGREN, Fakta och dokument...» (see in n. 22), p. 1-31; « Zur
Charakteristik des apokryphen Johannesevangeliums , Orientalia Sue-
cana 9 (1960), p. 107-130; «Erganzendes zum apokryphen Johannes-
evangelium », Orientalia Suecana10 (1961),p. 137-144.
25. JoannisEvangeliwnapocryphum arabice, n luceroedidit, atine conver-
tit praefatione et commentario instruxit I. GALBIATI,Mediolani, 1957.
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W. WITAKOWSKI
the Gospel could be read26.Recently an Italian translation has
been provided by Luigi Moraldf7.
The publication of the Swedish ranslation did not evoke much
interest among the Scandinavianscholars. An article in Swedish
by Gosta Lindeskog was an exception. The author explored in it
the christology of the AGJ, analysing he terms by which Jesus s
referred t028.A couple of years earlier a similar attempt concern-
ing both christology and mariology was undertaken by Licinio M.
Perett029.Short but important is also Marek Starowieyski's ntro-
duction to a Polish translation of fragments of the A GJ, with
remarks on the mariology, christo ogy, and trinitarian views
expressed n the apocryphon30.
In the 1970'sMichel van Esbroeck drew attention to other man-
uscripts of the Arabic Gospel,among hem one which being almost
complete (Sinai Arab. 441) is more important than that of the
Ambrosiana, which has more lacunae31.
In the early 1970's he SocietedesBollandistesbegan o prepare
the critical edition of the Infancy Gospel of Thomas. As the MJ
contains material of the Infancy Gospel n Ethiopic version, a pre-
liminary study of this material was undertakenby Victor Arras and
Lucas Van Rompay32,although the edition itself did not follow.
The latter also published a separatearticle on the Infancy Gospet
in the MP3.
26. Det apokryfiska Johannesevangelietoversiittning ran denenda kiinda
arabiska handskriften i Ambrosiana,med inledning och anmarkningar av
O. U>FGREN, tockholm, 1967.
27. L. MORALDI,Vangeloarabo apocrifo dell'apostolo Giovanni da un
manoscritto della Biblioteca Ambrosiana, Milano, 1991.
28. G. LINDESKOG,Kristologien i del apokryfiska Johannesevangeliet ,
TeologinenAikakauskirja [= Teologisk Tidskrift] 73 (1968), p. 249-262.
29. L.M. PERETfO, Cristo e la Vergine net Vangelo arabo di Giovanni »,
Marianum 25 (1963),p. 99-138.
30. M. STAROWIEYSKIEGO,pokryfy Nowego Testamentu,. I : Ewangelie
apokryficzne, Lublin, 1980,p.141-145.
31. M. VANESBROECK,A propos de l'Evangile apocryphearabe attribue
a saint Jean », Melangesde l'Universite Saint-Joseph 9 (1975-76), . 595-
603.
32. V. ARRAs & L. V AN ROMPAY,« Les manuscrits ethiopiens des
Miracles de Jesus (comprenant 'Evangile apocryphede Jean et 'Evan-
gile de l'Enfance seton Thomas l'lsraelite) », Analecta Bollandiana 93
(1975),p.133-146.
33. L. VAN ROMPAY,De Ethiopische versie van bet Kindsheidsevangelie
volgens Thomas de Israeliet », in L enfant dans les civilisations orientales
[=] Het kind in de oosterse eschavingen, Oilsa dir. de A. THEODORIDES
P. NASTERJ. RIEs, Leuven, 1980,p.119-132.
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HE MIRACLES OF JESUS
On similar lines, it seems,Stephen Gero's interests in our text
developed. In 1971 he published a study of the Infancy Gospelof
Thomas n its various versions, and this must have led him to the
MP4. At the Eighth International Conference of Ethiopian Stud-
ies in Addis Ababa in 1984he presented a general review of the
problems posed by the texp5.The most recent contribution devot-
ed to the Infancy Gospel,and naturally important also for the MI,
is SeverVoicu's article published in 199136.
The title and he supposed uthor
The full title of our apocryphon reads:
The miracles which our Lord, our God and our Saviour Jesus
Christ wrought...37 his is the divine mystery which our Lord, our
God and our Saviour JesusChrist told (about) to His disciple and
apostle John, son of Zebedee, before the ascension o heavenof
our Lord, our God and our SaviourJesusChrist, who did not sep-
arate from His Father and from the Holy Spirit for one hour, nor
even for the twinkling of an eye 38.
Thus our apocryphon presents itself as an apocalypse rather
than a gospel, he receiver of the revelation being John, the apos-
tle. We read more about him somewhat urther on in the preface :
Also John wrote down the mysteries, with which his God
instructed him, in a number of books. He deposited all the books
in the city of Rome ...This book of John, the beloved disciple, is
(one) of the books of mysteries which he wrote, and the book is
called' AI'a Teqarfa [variants: ' Afal Taqart, 'el'atqarfa] 39.
The latter was explained by O. LOfgren as a corruption of Ara-
34. S. GERO,«The Infancy Gospel of Thomas: a study of the textual and
literary problems », Novum Testamentum 3 (1971),p. 46-80.
35. S. GERO,« The Ta'iimra lyasiis : a study of textual and source-critical
problems », in Proceedings of the Eighth International Conferenceof
Ethiopian Studies, University of Addis Ababa, 1984, ed. by TADDESE
BEYENE, ol. I, Addis Ababa, 1988,p. 165-170.
36. S. VOICU,« Notes sur l'histoire du texte de l' Histoire de 'enfance de
Jesus», Apocrypha 2 (1991),p. 119-132.
37. Here comesan invocation to God for the blessing of the owner of the
manuscript, which is repeated at the beginning of every miracle. This
insertion varies from one manuscript o another, both as o the form and,
of course, he names.
38. The Ethiopic text: S. GREBAUT, atrologia Orientalis 12:4 (1917), =
60 (1985),p. 558,1-5.
39. S. GREBAUT, . 559,5f; 9f.
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W. WITAKOWSKI
bic 'al-'abuqrifa, i.e. a1ToKpu<j>a40.n accordance with the etymo-
logical meaning of this term nothing is known about the real
author of the text.
The title Miracles of Jesusby which the text is referred to in the
West and which is used throughout in the present paper, though
in fact popularised mainly by Grebaut's edition, is not a conven-
tion of Western scholarship but an abbreviated title form used in
Ethiopia itself. The apocryphon is called by this name, i.e.
Ta'ammera lyyasus, in the lists of books in the possessionof
churches and monasteries, as for instance in the list of the ~eyon
(Zion) Church in Aksum41.This short title can also be found in a
note indicating ownership of the manusript, which was put by a
later hand on the top margin of the first folio of our text in ms. Or.
8824of the British Library42.
The short title was probably derived from the phrase Miracle
which our Lord Jesus Christ worked... (Ta'ammer za-gabra
'egzina lyyasus Krstos...), with which many of the episodesbegin,
but it may also have been influenced by the title of another col-
lection of thaumaturgical stories -the Miracles of Mary
(Ta'ammeraMaryam), which entered Ethiopic literature in the late
fourteenth century via a translation from Arabic43.The genre of
miracles was no doubt popular in Ethiopia, as may be inferred
from the existence here of other collections so titled, e.g. the Mi-
raclesof Gabriel, the Miracles of Michael and the Miracles of the
Trinity. It seemshowever that the similarity between hem and our
text is limited to the title, since hese texts contain mostly stories
of wonders wrought from on high by the holy figures named in
the titles on behalf of the faithful below , who may have nvoked
the holy ones n their prayers. On the contrary, he MJ is altogether
maintained as a gospelnarrative: the miracles are performed by
Jesuson earth.
The origin and he date
Basically the MJ is a translation of the Arabic Apocryphal
Gospel of John, but the Ethiopic version has been supplemented
40.O. WFGREN, Fakta och dokument... » (see n n. 24),p. 23; «Zur Cha-
rakteristik...» (see n n. 24), p. 111.
4L J. KOLMODIN,AbessinischeBficherverzeichnisse , Le Monde Orien-
tal 10 (1916),p. 248f.
42. Tii'ammerii lyyiisus zii-Qeddus Miidhane 'Aliim - The Miracles of
Jesusbelonging to (the Church of) the Saviour of the World at Magda-
la; S. STRELCYN,atalogue see n n. 5), p. 21.
43. E. CERULLI,Storia della letteratura etiopica,Milano, 1961,p. 82.
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HE MIRACLES OF JESUS
with additional material. The process of supplementation was
undertaken at different places and at different times, and the text
was never standardized (especiallyas regards he inclusion of the
Legend of Abgar).
The Ethiopic translation of the Arabic Vorlage may date as far
back as he fourteenth century, .e. the first period of translations
from Arabic into Ge'ez associatedwith the name of Metropolitan
(Abunii) Abba Salama (1348-88)44.n any case he terminus ante
quem is provided by the mention of a manuscript of our text
among he books donated by the emperor Zar'a Ya'qob (1434-68)
to the monastery Dabra Karbe (Amba GeSen)45.
The date of the composition of the Arabic AGJ is not known
either. Whereas he date of the oldest known manuscript s 117546,
the post-quemdate is lessprecise -the eighth century, the date of
the composition of the Book of the Rolls (Kitab al-Malal/), which
is referred to in the AGJ (see below)47.
The contents
As was mentioned above he text of the Miracles s not uniform,
and ts contents ary in different manuscripts. t is made up of a pro-
tological introduction and episodes rom Jesus' ife and activities
together with accompanyingstories. The episodesare most often
called «miracles» (in sing.: ta'ammer, manker) but also simply
«chapters» (kefl, meraf) or stories (nagar). Their numbervaries
from one manuscript o another, ranging from over 4()48o double
as much and reaching 88 in a twentieth-century manuscript49. n
some manuscripts he numbering system s provided only as far as
the middle of the text, and then disappearsaltogether.
44~ On whom see: A. VANLANTSCHOOT,Abba Salama,metropolite
d'Ethiopie (1348-88) et son role de traducteur », in Atti del Convegno
intemazionaledi studi etiopici (Roma 2-4 aprile) 1959,Roma, 1960,p. 397-
401.
45. A. CAQUOT, Aper~u preliminaire sur Ie Ma~1.Iafa 'efut de Gechen
Amba », Annales d'Ethiopie 1 (1955), p. 107; cf. O. LOFGREN, Ergan-
zendes...» see in n. 24), p. 137.
46. Ms. Sinaiticus Arab. 441,see above n. 31.
47. According to O. Lofgren, the AGJ was composed between 1000and
1150; M. van Esbroeck opts for the eighth century.
48. Eg. 44 in the British Library ms. Or. 8824; see he list in S. STRELCYN,
Catalogue see in n. 5), p. 19-21.
49. In ms. EMML 885 of 1930, written for the Empress Zawditu;
W. MACOMBER, atalogue see n n. 5), vol. III, 1978,p. 210.
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W. WITAKOWSKI
The growing number of episodes s not a result of text expan-
sion, but only of changes n the division of the same ext, by which
the length of the episodes s made more equal, perhaps to meet
the time requirements of liturgical or monastic readings. Miracle
33 which is particularly long in the manuscripts with the shorter
division system s in those with the longer one divided into sever-
al sections (me'rafat).
Below the list of the episodes s given according to the manu-
script (d' Abb. 168) which was the basis of Grebaut's edition5°.
Introduction: the creation of the angelsand of Adam; the rebel-
lion of the angels; the fall of Adam; Abel and Cain.
1. The choosing of Mary; the Annunciation and Conception of
Jesus; the trial of Mary and Joseph by the «bitter» water.
2. The birth of Jesus; he midwife Salome doubting Mary's vir-
ginity.
3. Salome's hymn to Jesus.
4. The fear of Satanand the demons at Jesus'sbirth.
5. The Presentation of Jesus n the Temple.
6. The coming of the Magi; the Flight to Egypt.
7. The return of the Holy Family from Egypt and the meeting
with three brigands (Titus, Darkes, Gamhur)51.
8. The miracles of infancy:
A. Jesus makes 12 bird figures on the Sabbath day and causes
them to fly.
B. The son of the scribe Hanna is punished with withering of his
body for letting the water of Jesus'spools run away.
C. The death of a child who struck Jesus'sbreast.
D. Jesus at school with the teacher Zacchaeus:
E. Jesus esuscitatesa boy who was killed by falling from a roof.
F. Jesusbrings water in his cloak when the jar is broken.
G. Jesusworks as a carpenter to help Joseph.
H. The death of a teacher who struck Jesus at school.
I. Jesusastonishesanother teacher with his knowledge.
J. The healing of Jacob, Joseph'sson, bitten by a snake.
K. Jesus eaches n the temple in Jerusalem.
L. Jesus ides a sunbeam.
M. The miraculous harvest from five grains of barley sown by
Jesus.
50. For another (shorter) list of the episodes eeV. ARRAS L. VAN ROM-
PAY see in n. 32), p. 136f.
51. In theAGJ only two brigands are named; the figure of Gamhur came
into being as a result of mistranslation of the Arabic text, O. LOFGREN,
«Zur Charakteristik... » (see in n. 24), p.118, n. 3.
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HE MIRACLES OF JESUS
9. The theft of the cattle of the righteous Tetmena.
10. The theft offish from a fisherman of Tiberias.
11. The theft of a heifer.
12. Josephand a lion, which confesses esus sdivinity.
13. Jesusmakes a flooded field dry.
14. The four beasts of Ezechiel s vision, and the patriarchs
(Abraham, Jacob and Moses) testify to Jesus sdivinity.
15. The adulteress.
16. Berfsinya, the Samaritan woman.
17.The calling and baptismof Simon (Peter) and Andrew; Peter
is given priestly authority.
18. The healing of the deaf, dumb and blind man.
19. The resurrection of the son of the widow of Nain.
20. The resurrectionof a dead man and the glorification of Jesus
by sheepand an ox.
21. Zacchaeus s live branch blessedby Jesusyields abundantly.
22. Sara, Rebecca and Rachel testify to Jesus s ivinity.
23. The miraculous harvest of melons.
24. The healing of the woman suffering from a haemorrhage a
talking gazelle testifies to Jesus sdivinity.
25. The healing of the deaf mute suffering from elephantiasis.
26. The expulsion of locusts from Galilee and Judaea,and the
question of the Sabbath.
27. The lions of Ascalon eave he region at the behestof Natha-
niel.
28. Eschatological discourseof Jesus n Jericho.
29. Jesus ssermon to the apostles on the Mount of Olives.
30. The Baptism and Temptation of Jesus.
31. The wedding feast at Cana.
32. The resurrection of Lazarus.
33. Jesus ssermon to the apostles on Mount Sinai (in 12 chap-
ters).
34. Jesus sspeachconcerning Jerusalem (in 2 chapters).
35. Jesus sentry into Jerusalem (Palm Sunday).
36. Mary (Magdalene) anoints Jesus.
37. The Last Supper.
38. Judas eaves he Cenacle.
39. Gethsemane: Jesus s arrested.
40. Jesusbefore Pilate.
41. Pilate delivers Jesus o the Jews; Peter s denial.
42. The Crucifixion.
43. Titus the good thief; the Death of Jesus.
44. The Burial of Jesus.
45. Judashangshimself; the priests of the Jews consult Nicode-
mus about Jesus.
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W. WITAKOWSKI
46. The Resurrection.
47. The women and the disciples at Jesus s omb; Pilate inter-
rogates he guards of the tomb who have been bribed by the Jews.
48. Jesusand the disciples at Emmaus.
49. The imprisonment of Josephof Arimathaea and of many of
the seventydisciples; their miraculous deliverance.
50. The appearance of Jesus to the apostles on the Sea of
Tiberias; the miraculous draught of fishes; he appearance o Peter
and John.
51. Jesus sappearance o the apostles n the cenacle; doubting
Thomas.
52. The Ascension.
53. The Pentecost.
54. The missionary regions of the apostles; the lapidation of
Stephen.
55. The apostles and the disciples spread the Gospel in the
world; the Assumption of Mary.
[56. The correspondencebetween King Abgar and Jesus]52.
Sources
As can be seen from the history of the research so far done on
the MJ, it is still in an initial stage and, of course, the same applies
to the search for the sources. Nor will it be possible to give an
exhaustive analysis of them here. Instead we shall limit our account
to reviewing the main sources detected so far and to giving a few
suggestions of our own.
The basic source of the Miracles is the Arabic Apocryphal
Gospel of John, already mentioned. The Ethiopic translation is,
according to Lofgren, quite close, but occasional deviations do
occur, e.g. in episode 3353, s well as mistranslations54. LOfgren also
showed that the Arabic basis of the MJ was a text somewhat short-
er than that published by Galbiati55.
In the postscript to the A GJ it is alleged that it was translated
from Syriac56. However in another manuscript (Sinai Arab. 441)
it is stated that the AGJ was translated from Hebrew. This state-
52. In the manuscript under review this episode follows mir. 55 but as a
separate composition, not as part of the MI.
53. O. LOFGRENsee in n. 26), p. XVI.
54. O. LOFGRENsee n. n. 24), p. 140f.
55. Ibid., p.14lf.
56. I. GALBIAn (see in n. 25), p. 267; O. LOFGRENsee in n. 26), p. 194.
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HE MIRACLES OF JESUS
ment is, to be sure, a topos in apocryphalliterature57, but it does
not necessarilymean that the alternative, the Syriac origin, is true.
A direct Syriac counterpart of the text is unknown today and it is
doubtful whether it ever existed in the past. O. Lofgren's opinion
was however that the AGI was not a translation but rather was
composed in Arabic, although, at least in part, on the basis of
sources n Syriac58.No doubt a number of Syriac sources,as will
be argued below, do underlie the narrative of the AGI.
If the AGI constitutes the core of the Miracles, we find in the
latter additional material of a different origin. This is contained in
miracles 8 (the miracles of childhood) and 56 (the Abgar-Jesus or-
respondence). Thus the search for the sources must be pursued
separately or the part based on the A GI and for the two piecesof
additional material.
We can divide the sources of the AGI into three groups, sim-
plifying the schemeof O. Lofgren59
1. the canonical gospels;
2. apocryphal gospels;
3. other apocryphal iterature.
The canonical gospelsunderlie the concept of the MJ / AGJ to
the extent that the narrative of the latter is generally modelled on
the former. The most important eventsof the story of Jesus,as old
in miracles 1-2, 5-6, 30-32, 35-44, 48, 50-53, are of course taken
from the canonicalgospels.However the episodesadopted are not
simply rephrased repetitions of their Vorlagen. Rather they are
"developed" in the typical apocryphal way, .e. by the addition of
some details (such as names for persons not named in the canon-
ical gospels)and the omission of others.
From miracle 31 (AGJ chapter 35) concerning the wedding at
Cana, which we can take here as an example, we learn that the
name of the groom was Dokimas son of Yokan. The episode has
been dramatized by addition of dialogues, yet all the added ele-
ments change ittle of the character of the original canonicalnar-
rative or of its religious significance.The author of the apocryphon
does not even try to avoid 'difficult' passages,as for instance
Jesus's aying o Mary: "What do I have with thee, woman " (ment
beyyamesleki o-be'sit;cf. Jn 2,4)60. everthelessan attempt o play
57. M. VAN ESBROECK,« propos» (see in n. 31), p. 601.
58. O. LOFGRENsee n n. 26), p. XXIII.
59. Ibid., p. XVII-XXIII.
60. On which see F.C. BURKfIT,« Woman, what do I have with Thee? »,
Journal of Theological Studies13 (1911-12),p. 594f.
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292
W. WITAKOWSKI
down the harsh utterance can be observed: an « explanation » is
provided to the effect that Jesus's ntention was o wait for Judas's
arrival in order to perform a miracle before him, that he might
abandon the evil thing that he had conceived.
Another group of sources are apocryphal gospels, hose con-
cerningJesus's hildhood and those concerningHis passion.Out of
the former group the Protevangelium of James (Clavis 50) is the
ultimate source of miracles 1 and 2 (AGJ ch. 4-5) and more specif-
ically of the trial by the water of conviction (maya zalafa; Pro-
lev. 16)61, f the fact of Jesus'sbeing born in a cave (Protev. 18,1),
and of the episode with the midwife Salomewho did not believe in
Mary's undefiled conception (Protev. 19,3-20,1).
Also when using he Protevangelium he author of the A GJ did
not simply copy he pertinent fragmentsof his sourcebut reworked
the material taken over by omitting some details (in the Protev.
both Joseph and Mary had to undergo the trial of water, in the
AGJ / MJ only Mary), by adding others (e.g. the shining face of
Mary while drinking the water), and by expanding he story with
religious-literary additions, suchas Salome'shymn glorifying Jesus
(mir. 3 ; A GJ ch. 6) which replacesher short prayer in Protev. 20,2.
Another ultimate apocryphal source of the MJ / A GJ is a pas-
sion gospelof the secondcentury, conventionallycalled the Gospel
of Nicodemus,but also known as Acta or GestaPilati (Clavis62).
Here we have to do with a Syriac source62or the AGJ, since no
Arabic version of the Gospel of Nicodemus is known. From this
composition comes the episode (in mir. 40; AGJ ch. 44) of the
Roman military signa (Syr. sygnys; Eth. 'arma}:l- spears ) which
bowed to Jesus when he entered Pilate's palace. The story is not
repeated in its original form63,but once again some details have
been changed: instead of twelve Jewish men chosen o hold the
banners, the AGJ / MJ have 10 men in the first attempt ordered
by Pilate and 15 in the second. It is thus to be admitted that the
61. The purpose of the trial, in accordancewith Num. 5,11-31,was o prove
Mary's purity.
62. Published by I.E. RAHMANI,Apocryphi Hypomnemata Domini nostri
seu Acta Pilati: antiquo versio Syriaca, Scharfe, 1908 (Studia Syriaca 2),
p. 3-15/11-28; a German translation (missing in Clavis): «Neue Pila-
tusakten », besprochenu. fibers. v. J. SEDLACEK,estnikKrtilovske Ceske
Spolecnosti Ntiuk: Trida filosoficko-historicko-jazykozpytnti [= Si-
tzungsberichte er Kgl. bohmischen Gesellschafter Wissenschaften:Hist.
KlasseJ,Praha, 1908.
63. Acta Pil.1,5-6; Rahmani, p. 3,19-4,12 Syr.)/12f (tr.); the German tr.,
Sedlacek,p. 6.
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293
HE MIRACLES OF JESUS
Arabic author knew the story from a Syriac source,perhaps rans-
mitted to him orally.
As far as he apocryphal non-gospel iterature is concernedUlf-
gren names the Cave of Treasures64s a source of the AGI. The
Cave s a Syriac composition of the sixth century which however
contains material that may date back to the third century. It
retraces he Old Testamenthistoria sacraand combines t with that
of the New Testament. The Cavewas translated into Arabic and
extensivelyedited in that language.The resulting version s includ-
ed in the Book of Rolls (or: Volumes,Kitab al-Magall)65,which
came nto being in the second half of the eighth century66.
The Book of Rolls s referred to in the MI. In miL 55 (AGI56 :5)
we read that after the apostle Peter's martyrdom his disciple
Clement put down all that Peter had revealed to him in the book
of mysteries called Mezhal (in other manuscripts: Mezal), which
means volume (za-ba-tergwamehuertas)67.his however s only
a reference made by the author of the AGI / MI to a composition
apparently known to him. As a source, on the other hand, the
Book of Rolls canbe detected n the introduction, in the narrative
of the creation of Adam who, we learn,was made of four elements
(heat and cold, moisture and dryness, according to the Book of
Rolls 5,19/6, unnamed n theAGI / MI, p.l?), and in Adam's giv-
ing names to the animals. Further, in the story of Adam after his
expulsion from paradise, we read that he and Eve came to live
upon the holy Mountain of Treasures Dabra Mazagebt 23,12; n
64. Su-MIN RI, La Caverne des tresors: ies deux recensions syriaques, Lou-
vain, 1987 (Corpus Scriptorum Christianorum Orientalium 486-487, Scrip-
tores Syri 207-208).
65. Only part of the composition is published: Kitab al-magall, or the
Book of the Rolls in Apocrypha Arabica, ed. & transl. by M. DUNLOP-
GIBSON, London, 1901 (Studia Sinaitica 8), p. 1-56 (Arab.)/1-58 (tr.).
66. G. GRAF (see in n. 23), p. 287. A large part of it (up to the epoch of the
Israelite Judges) has been translated into Ethiopic and is included (as book 1)
in the Qaiementos, the Ethiopian Pseudo-Clementine collection; for a Fren-
ch translation of part of the text see: S. GREBAUT, « Litterature ethiopien-
ne pseudo-clementine », Revue de ['Orient Chretien 16 (1911), p. 72-84,167-
175,225-233; 17 (1912), p. 16-31, 133-144,244-252, 337-346; 18 (1913), p.
69-78; 19 (1914), p. 324-330; 20 (1915-17), p. 33-37,424-430; 21 (1918-19),
p. 246-252; 22 (1920-21), p. 22-28, 113-117, 395-400; 26 (1927-28), p. 22-31;
a new translation is being prepared by A. BAUSI, Ii Qaiementos: ia rive/a-
zione di Pietro a Clemente: i iibri 3-7, Napoli, 1992 (Studi Africanistici: Serie
Etiopica 2). Qaiementos represents however only a parallel literary tradi-
tion, without any discernible influence on the MI.
67. S. GREBAUT,« La Pentecote...» (see in n.17), p. 211,13f/63; another
mention: AGI 55 :10, MI mir. 54, S. GREBAUT, ibid., p. 208,18f/60.
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W. WITAKOWSKI
the Rolls on a holy mountain in which there was he Cave of Trea-
sures, 10,2Of; 1,8/11).The influence of the Book of Rolls canalso
be seen n its stating that the cause of Cain's killing Abel was the
former's wish to marry his twin sister Lusia in the Rolls, 11,14/11;
unnamed in the AGJ / MJ).
There is no textual agreementbetween he Rolls and our apoc-
ryphon, and the similarity lies only on the conceptual evel. Again
the influence of the former on the latter may have been exerted
orally.
Another passagehaving some connection with the Cave s the
episode of the Magi (mir. 6; A GJ 9). We read here that the kings
or Magi, having seen he light of a star resembling a shining col-
umn, consulted the Books of Commandments about its signifi-
cance. They found there Adam's testament given to Seth, from
which they learned that the Sonof God would put on the human
body and that this would be announced by a star like that which
they had seen.They took the gifts, gold, myrrh and incense, rom
the Mountain of Treasuresand went whither the star guided them.
This story was believed by Lofgren to be taken from the Book
of Rolls (and ultimately from the Cave of Treasures68,but the
roots of the episode of the Magi in the AGJ / MJ reach urther. It
seems o be a reworking of material in the Storyof theMagi which
is known from the Syriac Chronicle of Pseudo-Dionysius of Tel-
Mahre, written in 775-77669. he anonymous chronicler copied
so~e of his sources n full, thus preserving for us many pieces of
Syriac iterature which otherwisewould have been10sfO. he Story
of the Magi is much longer than the episode n the MJ and a num-
ber of details are different (the Mountain of Treasures s called the
Mountain of Triumphs in the Chronicle, a longer passage here
describes he Magi's custom of climbing the mountain every day
to see whether the star they were waiting for had already
appeared; all this is missing from the A GJ / MJ,. in the Story he
number of the Magi is twelve, but three in the MJ, which is thus
brought into accord with the canonical Gospel narrative.
68. O. WFGREN, (see in n. 26), p. XIX.
69. lncerti auctoris Chronicon Pseudo-Dionysianum vulgo dictum, I, ed.
[& interpr.] I.-B. CHABOT, Paris, 1927 (text), 1949 (tr.) (Corpus Scripto-
rum Christianorum Orientalium [91], Scriptores Syri 3:1 [43)), p. 57,1-
91,3/45-70; an Italian translation by G. LEVI DELLA VIDA is published in
U. MONNERETDE VILLARD, Le leggende orientali sui magi evangelici, Citta
del Vaticano, 1952, p. 27-49.
70. For the sources of the Chronicle see: W. WITAKOWSKI, The Syriac
Chronicle of Pseudo-Dionysius ofTel-Ma~re: a study in the history ofhis-
toriography, Uppsala, 1987, p. 124-136.
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295
nIB MIRACLES OF JESUS
The Story, although found in an eighth century chronicle, is
much older. In one way or another, in writing or orally, its earlier,
lessdeveloped stagewas ransmitted to the West. A Latin version
called Liber apocryphus nomine Sethwas included in the Opus
imperfectum n Matthaeum71 f the late fourth or early fifth cen-
tury, falsely attributed to John Chrysostomus.Whereas the Latin
composition is based on Greek sources originating in Syria72,he
Story of the Magi has some connections with Iranian material (the
so-called Prophecy of Zoroaster) and is according o some schol-
ars a christianized Persian composition73. ts complicated origin,
literary history and ramifications cannot however be adequately
treated here; they deserve a separatestudy.
Much of the material of the AGJ / MJ is original. Especially he
episodes nvolving animals and plants, marked by a certain naivety,
seem o be the original inventions of the author of the apocryphon.
Here belong miracles 9-13, 20, 21, 23, 24, 26 & 27, in which ani-
mals often speakwith human voices o testify that Jesus s the true
God. The samepurpose s served by miracles 14& 22 n which Old
Testament igures are called to life to give their testimonies con-
cerning Jesus.
Also the sermons contained in mir. 28, 29 and 33 seem o be
composed by the author of the AGJ, though not entirely without
recourse o recognizablesources. Mir. 29 (A GJ 37) containsa long
sermon of Jesus,which is in part an apocalypsedirected against
the Muslims. Here traces of the influence of the Apocalypse of
Pseudo-Methodius74,Syriac compositionof the last decadeof the
seventh century75, an be found. Subsequentelements originate
from (the tradition of) the Apocalypse of Pseudo-M ethodius A GJ
37,2676 peaks of the people from the desert calling them wild
71. Liber apocryphusnomine Seth in: Opus Imperfectum,horn. 2) Patro-
logiae Graecaecursus completus,. 56 (JohannesChrysostomus), ol. 637-
646.
72. J. BIDEZ & F. CUMONT, es maKes ellenises: Zoroastre, Ostaneset
Hystasped'apres a tradition grecque, I, Paris, 1938,p.118.
73. G. WIDENGREN,ranisch-semitischeKulturbegegnung n parthischer
Zeit, Koln, 1960,p. 71-81.
74. G.J. REININK,Die syrischeApokalypse des Pseudo-Methodius,Lou-
vain, 1993 Corpus Scriptorum Christianorum Orientalium 540-541,Scrip-
tores Syri 220-221).
75. G.J. REININK,«Ps.-Methodius: a conceptof history in response o the
rise of Islam » in The Byzantine and Early Islamic Near East, : Problems
in the literary source material,ed. by A. CAMERON L.I CONRAD, rin-
ceton/NJ, 1992,p. 186.
76. Arabic text (see in n. 25),133,4.
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W. WITAKOWSKI
ass 77, n expression o be found in the Apocalypse24,13f/tr. p. 42
and 31,2/51; according to the Apoc. 44,7-11/72f he last Roman
emperor will put his imperial crown on the crosson Golgotha, and,
as AGI 37,55confirms, it will be lifted to heaven.
Finally we turn to the sourcesof the additional material incor-
porated into the Miracles. Episode 8, containing the miracles
worked by Jesusas a child, is an Ethiopic translation of the Infan-
cy Gospelof Thomas, GT (Clavis 57). From the analysismade by
S. GerD t appears hat the Ethiopian version s closest o the Syr-
iac78, hereas according o S. Voicu the two are no closer o each
other than to the Georgian and early Latin, with which they con-
stitute an older branch of the transmissionof the IGT, as opposed
to the Greek one79.
As far as can be judged on the existent manuscript tradition of
the Miracles, he IGTwas incorporated into it very early. As was
shownby v: Arras and L. Van RompaySOwo stages n the process
canbe observed.To the primary text corresponding o the Arabic
AGI, which is represented for instance by the British Library ms.
Or. 654of the second half of the seventeenthcentury, and Or 621
and 623of the eighteenthcentury (Arras & Van Rompay MI type
AI), the IGTwas added by a purely mechanical procedure, i.e.
the scribesplaced it at the end of the collection (MI type A2a)81.
Soonsome other scribes ealized that this was he wrong place for
the infancy miracles. A scribe or a reader, apparently worried by
this chronological irregularity, remarked in the margin of fol. 52r
in ms. Or. 633 And after that [i.e. after the mir. 7 : The return of
the Holy Family from Egypt] read what he did when he was a
child 82,apparently referring to the text of the IGT to be found at
the end of the manuscript. Then there are manuscripts testifying
to an attempt to find a better place for the IGT; not totally suc-
cessful,as it was placed after mir. 9, which seems o be performed
77. According to Gen 16,12 shmael will be the wild ass of man ; G.J.
REININK,« Ismael, der Wildesel in der Wtiste : zur Typologie der Apoka-
lypse des Pseudo-Methodios», ByzantinischeZeitschrift 75 (1982),p. 336-
344.
78. S. GERO,«The Ta'amra lyasiis...» (see in n. 35), p. 167; the Syriac
version published by W. WRIGHT,Contributions to the Apocryphal Lite-
rature of the New Testament, ondon, 1865,p.11-16/6-11.
79. S. VOICU, «Notes...» (see in n. 36), p. 131 and the stemma p. 132.
SO. : ARRAS& L. VAN ROMPAY,see in n. 32), p. 137-143.
81. Cf. above n. 52.
82. V. ARRAS& L. VAN ROMPAY,. 140.
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HE MIRACLES OF JESUS
by an adult Jesus83MJ type A2c, three mssof the eighteenthcen-
tury). Finally the correct place was established n accordancewith
the suggestion of the marginal remark quoted above (MJ type
A2b). The incorporation process ust described should be under-
stood in logical terms rather than chronological, since he earliest
manuscript containing the IGT as mir. 8 dates from the late sev-
enteenth century (Or. 712), whereas here are manuscripts from
the eigtheenth century which have the IGT at the end (e.g. Brit.
Libr. Or. 8824) and other ones from as ate as the nineteeth cen-
tury which continue the misplacementof the IGT (after mir. 9). It
seems herefore that various scriptoria followed different, pro-
gressive or conservative , traditions.
In addition two manuscripts are known which have the IGT
twice first after miracle 9, and again at the end. The latter is how-
ever not a repetition but represents another recensionof the IGT
(there are only three episodes, ariants of the miracles8L, 8A, and
81)84. his second cycle of the IGT has also had a separate ife in
Ethiopic literature, as testified by the texts published by A.
Grohmann85.The episodes of the second cycle may have come
from the Arabic Infancy Gospel (Clavis 58)87.
The last episode of our apocryphon, the correspondence
between king Abgar of Edessaand Jesus (Clavis 88), occurs both
as appended o the Miraclesand in an independantmanuscript ra-
dition. Altough the earliest attestation of this piece of apocryphal
literature is in Greek (in Eusebius of Caesarea'sChurch History
1, 13), ts origin is no doubt Syriac. According to a modern hypoth-
esis t came nto being in the third century as an attempt to chris-
tianize a Manichaeanmissionary,active in Syria and Mesopotamia,
by the name Adda88. n Ethiopia four versions of the Legend of
83. It is true, both in this (9) and following (10) miracle Jesus s still living
with Mary and Joseph,but in mir. 10he is called wareza Patrologia Orien-
talis 12 :4, p. 647,8) young man , not ~e~an child .
84. V. ARRAS& L. VAN ROMPAY,. 145f.
85. See above n. 14.
86. S. GERO, The Ta'amra 1yasiis» (see in n. 35), p. 168.
87. S. VOICU,«Notes...» (see in n. 36), p. 124. A task group within l' As-
sociation pour l'etude de la litterature apocryphe chretienne (AELAC)
might be created to prepare editions of various versions of the IGT and
to study the relations between hem.
88. H.J.W. DRIJVERS,Addai und Mani : Christentum und Manichiiismus
im dritten Jahrhundert in Syrien », in III SymposiumSyriacum 1980.Les
contactsdu monde syriaque avec es autres cultures (Goslar ...1980), ed.
par R. LAVENANT, oma, 1983,p.171-185.
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W. WITAKOWSKI
Abgar are known89.The one appended to the Miracles, the so-
called longer version90,s greatly filled out with devotional mate-
rial. For the time being it is difficult to say whether the additions
are Ethiopian or have been taken over from an Arabic version,
which in its turn may be a translation from yet another anguage91.
89. GETATCHEW AILE, The Legend of J\bgar in Ethiopic tradition ,
Orientalia Christianaperiodica 55 (1989),p. 375.
90. Published with a French translation by S. GREBAUT, Les relations
entre Abgar et Jesus» (see in n. 17).
91. As another task group of the AELAC has already been working for
some time on the Legend of Abgar the affinities of the Ethiopic version
may be clarified quite soon.
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ERRATUM
Plusieurs erreurs se sont glissees dans l'article de Fran\ois
BOVON intitule « Une nouvelle citation des Actes de Paul chez
Origene », vaTu dans Apocrypha 5 (1994), p.113-117.
L'une d'elles portait prejudice a l'argumentation developpee par
l'auteur: p. 117, 1. 7-8: «Ainsi Ie Parisinus gra cus 769 lit-il :
[laKaplOl Ol EXOVTES"»oit etre corrige en « Ainsi Ie Parisinus gra -
cus 769 lit-il : [laKaplOl Ol [l~ EXOVTES".
Le Secretaire de Redaction presente ses excuses a l'auteur et
prie leg lecteurs de bien vouloir corriger Ie texte en consequence.
******
VIENT DE PARAITRE
J.-D. KAESTLI & D. MARGUERAT (SOUSLA DIRECTIONDE), Le
mystereapocryphe. ntroduction a une itterature meconnue,Gene-
ve, 1995,152pages Labor et Fides,CollectionEssaisbibliques,
26).
Cet ouvrage de vulgarisation rassemble eg contributions pre-
sentees oTSdu COUTSublic organise par la Faculte de Theologie
de l'Universite de Lausanne en 1994.
Les premiers articles, dug a E. Junod et J.-D. Kaestli, esquissent
un tableau d'ensemble de la litterature apocryphe et de la recep-
tion contrastee dont elle a ete l'objet.
La secondepartie de l'ouvrage est consacreea la presentation
et a l'analyse de cinq ecrits : ' Evangile de Thomas (J.-D. Kaest-
Ii); Ie fecit de la descente aux Enters transmis par l' Evangile de
Nicodeme (R. Gounelle); l' Evangile secretde Marc, avec a pre-
miere traduction integrale en tran~ais de la Lettre de Clement
d' Alexandrie decouverte par Morton Smith (J.-D. Kaestli); leg
Actes de Paul (D. Marguerat-W. Rebell) et leg Actes de Philippe
(F. Amsler). Chaque contribution donne une idee d'ensemble du
texte etudie et presente leg resultats, souvent originaux, de
recherches dans lesquelles eg auteurs eux-memes sont actuelle-
ment engages.
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CORPUSCHRISTIANORUM
REPERTOIRE DES BIBLIOTHEQUES
ET DES CATALOGUES DE
MANUSCRITS GRECS DE MARCEL RICHARD
Troisiemeedition entierement efondue
par Jean-Marie Olivier
Il est inutile de presenter aux hellenistes, aux specialistesdes textes chretiens en
langue grecque, aux byzantinistes, aux bibliothecaires, bref a tous ceux qui s inte-
ressenta un titre ou a un autre aux manuscrits grecs, e celebreRepertoiree Marcel
Richard.
La seconde dition de cet indispensableoutil, pame en 1958, est depuis ongtemps
epuisee,de meme que Ie Supplement, pam en 1963.
Depuis 30 ans, notre connaissance es collections de manuscrits grecs a tellement
progresse,qu a l evidence une nouvelle edition s imposait pour tenter de rendre
compte de leur frat present. Cette troisieme edition, due a un disciple de Marcel
Richard, compte plus de 2.500 unites bibliographiques (alorsque a seconde dition
du Supplementen potraient 950). L auteur a fait un effotr patriculier de depouille-
ment des publications signalees afin d eviter a l utilisateur d inutiles pertes de
temps.
On trouvera -notamment- dans cet ouvrage de nombreuses nformations inedites
sur les collections, jusqu a present mal connues, d Europe de l Est. Une table de
concordancepermettra de retrouver aisement es numeros affectesaux publications
dans la secondeedition et Ie Supplement. Le volume s acheve ur un index entiere-
ment consacreaux bibliotheques, possesseurst manuscritscites.
Tabledesmatieres:
Avant-propos
Table des villes et lieux ou sont (ou etaient) conservesdes manuscrits grecs, avec
renvoi aux pagesdu present ouvrageou il en est fait mention
I. Bibliographie
II. Recueils de travaux
III. Catalogues pecialises
IV. Catalogues egionaux et repartition par paysdes villes et autres ieux nommes
au ch. V
V. Villes et autres ieux
Appendice I: Concordancedes cotes bibliographiques de la deuxieme edition (et
son Supplement) et de celles de la troisieme edition
Appendice II: Revue et acresacademiques ites
Index
956 p. -155 x 245 mm -1995 -ISBN 2-503-50445-0
relie: 7500 BEF + TVA 1300 FRF 1TC
broche: 7000 BEF + TVA 1250 FRF 1TC
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MANUEL D ETUDES BYZANTINES
OTTO MAUL
Pendant plus de 1100 ans, ancienne Byzance,etigee en residence mperiale par
Constantin I en 324, fut Ie centre d un empire qui sedisait Ie successeur irect de
l empire romain.
Par une synthese ncomparable entre la culture grecque, es institutions romaines
et la foi chretienne, empire byzantin creadesconditions intellectuelles qui eurent
une influence decisive sur Ie developpementde Occident.
Ce Manuel detudes yzantines resence our la premiere fois un aper~ucampier de
la culture byzantine. 11ne se contente pas de doGGer etat des connaissances un
domaine specialisede l erudition, il fournit une contribution de grande valeur a la
vision globale du moyen age europeen.
Traduction de l allemand pat Claude DETIENNE
TABLE DES MATIERES
I. Objet et taches de la byzantinologie; II. Histoire des etudes byzantines; III.
Histoire de l Empire byzantin; IV. Histoire de la constitution et de l administra-
tion byzantines: V. Population, societe et economie; VI. L Eglise byzantine,
Organisation de l Eglise imperiale, Hagiographie, liturgie et musique; VII. Le
monachismebyzantin; VIII. La langue grecque a epoque byzantine; IX. Histoire
de la litterature byzantine, Litterature theologique, Litterature savanteprofane,
1. Poesie profane, Poemesepiques, 2. Litterature philosophique, 3. Philologie et
rhetorique, 4. Historiographie, 5. Geographie,6. Mathematique et astronomie,7.
Sciences naturelles, 8. Musique, 9. Medecine, 10. Litterarure juridique, 11.
Science militaire, Litterature populaire; X. L enseignement byzantin; XI. L art
byzantin, Architecture, Mosaiques,Peinture murale, Miniature, Peinture de che-
valet, Sculpture, Ivoires et petite sculpture, <Euvresen metal, Emaux, Art textile,
Verrerie et ceramique; XII. Histoire de ecriture grecque;XIII. Sciences uxiliai-
res de la byzantinologie; XIV. L heritage de Byzance;Liste des empereursbyzant-
ins; Liste des patriarches de Constantinople; Bibliographie; Lexique; Index.
240
x 160 mm -relit -360 pp. -2354 BEF + TV A /395 FRF 1TC
ISBN 2-503-50358-6
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CORPUS FONTIUM M NICH EORUM
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Many of the texts recovered from Central Asia and Egypt are in a frag-
mentary condition and some are still unpublished (esp. many Turfan frag-
ments) or published only in facsimile form (esp. the still unedited codices
of the Medinet Madi corpus).
However, systematic work has been undertaken on these texts in several
major institutions of learning, especially in Germany, Great Britain,
France, Denmark, Sweden, Switzerland, The Netherlands, Belgium,
Russia, Japan and the PRC. The new Corpus Fontium Manichaeorum will
make all this material, hitherto diversely published, available in a series
which can be easily consulted by historians of religion, theologians,
ancient and medieval historians, orientalists as well as by specialists in the
languages in which the documents were composed. Since major progress
has been made in the study of the languages of these documents as well as
in the content of the religion in the last few decades, the re-editing of
many of the texts published in the earlier parr of this century (and now
unavailable) has now become more and more necessary. To these more
recently discovered texts should also be added the important citations of
Manichaean writings in anti-heretical writings in Syriac, Greek, Latin,
Arabic, Persian, Armenian, Georgian, Tibetan and Chinese.
Editorial Board:
Executive Officers:
AloIS Van Tongerloo (Leuven), editor in Chief, Samuel N.C. Lieu
(Warwick), Associate Editor, Johannes Van Oort (Utrecht), Associate
Editor
Officers of the Subseries:
Series Syriaca (I), E. Hunter (Cambridge) -Series Arabica (II), S. Calderini
(London) and A. Van Tongetloo (Leuven) -Series Coptica (III), M. Krause
(Munster) -Series Dachlaica (IV), I. Gardner (Perth) -Series (Medio)
Irancia (V) W. Sundermann (Betlin) and P. Zieme (Betlin) -Series Sinica
(VII) S.N.C. Lieu (Warwick) -Serie Latina (VIII) L. Cirillo (Napoli) and
S.N.C. Lieu (Warwick) -Series Graeca (IX).
MANICHAEAN STUDIES
A. Van Tongetloo J. Giversen (ed.)
Manichaica selecta,StudiesPresented oJulien Ries
240 x 160 mm / 402 pages / 1991
2311 BEF + TVA / 415 FRF TTC
A. Van Tongetloo J. Van Oort (ed.)
The Manichaean NOUS. Proceedingsof he International Symposium t Louvain.
240 x 160 mm / 399 pages / 1995
2783 BEF + TV A / 500 FRF TTC
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