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DIAP TOMBOUCTOU L’engagement du CEGID auprès des enfants victimes de violences : D’une
intervention dans un contexte de crise sociale au Sénégal à une intervention en contexte de crise post-conflit armé au Mali
30 MARS 2014 CEGID
ONG CEGID 15 route du Front de Terre, DAKAR (SENEGAL)Bureau: (00 221) 33 864 05 49 Mail: [email protected]
Le Pr. Serigne Mor Mbaye (3ème place) et Mme Rokhaya Ndoye MBAYE du CEGID (2ème place) avec le responsable des
communicateurs traditionnels à TOMBOUCTOU,Mars 2014
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L’appui psychosocial auprès des enfants ayant vécus durant
l’occupation djihadiste au Mali: un enjeu essentiel pour le bien-être
des enfants et la restauration du lien social
La protection des enfants victimes de violences et, particulièrement d’abus
sexuels, est l’une des préoccupations de l’ONG CEGID (Centre de Guidance Infantile
et Familial) dont le siège est à Dakar au Sénégal1. Son principal combat est que les
enfants victimes puissent être accompagnés sur le plan psychosocial de manière
effective par un personnel spécialisé eu égard aux lourdes répercussions
psychologiques et sociales des violences sur l’enfant qui perturbent son
développement et peut impacter sur sa vie future et son équilibre.
L’expertise de l’ONG sur cette question lui permet d’apporter un appui aux
communautés et aux institutions en charge de la protection des enfants, au-delà des
frontières, dans la sous-région ouest africaine afin que les enfants victimes ou affectés
par une situation de crises bénéficient d’un appui psychosocial à court et à long terme.
Ainsi, après 11 mois d’occupation par les djihadistes au Nord Mali, le Pr. Serigne
Mor MBAYE, psychologue clinicien et Directeur du CEGID s’est rendu avec son équipe
au Mali auprès des populations victimes du conflit.
De nombreux enfants et femmes ont été victimes d'abus sexuels lors de l’invasion et
des jeunes garçons ont été enrôlés par les djihadistes.
L’intervention du CEGID au Mali est le fruit de longues années de collaboration avec
l’organisation international Plan. En effet, Plan est sensible au développement de
programmes de protection des enfants qui sont axés d’une part 1/ sur
l’accompagnement psychosocial des enfants victimes des crises en formant du
personnel en appui psychosocial capable d’offrir des services de qualité adaptés à la
gravité des situations de victimisations et d’autre part 2/ en évaluant l’impact des crises
sur la santé mentale et le développement des enfants.
Avant le Mali, le Pr. MBAYE a mené des études dans les contextes de crise et de
catastrophes au Togo, au Libéria, en Sierra Leone, au Cameroun et au Burkina Faso
où des Dispositifs Itinérant d’appui psychosocial ont été mis en place là où il n’y a pas
de psychologues.
C’est ainsi que le CEGID partage son expérience dans le domaine depuis juillet
2013 au Mali où l’invasion moyenâgeuse des djihadistes a laissé une population
traumatisée et vivant avec un sentiment d’angoisse au quotidien dans un contexte où
il y a une faiblesse de l’offre de service en appui psychosocial.
Accompagner sur le plan psychosocial les populations et particulièrement les
femmes et enfants est un enjeu fondamental pour la réconciliation du peuple malien.
La restauration du lien social et l’équilibre d’une société dépend du bien-être des
individus qui la composent.
1 Page FACEBOOK: CEGID (Centre de Guidance Infantile et Familiale)
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Les missions du CEGID auprès des enfants ayant vécus en situation
de conflit au Mali
En partenariat avec Plan, l’intervention du CEGID au Mali a débuté en
juillet 2013 durant cinq semaines où 1/ 75 personnes locales ont reçu une formation
en appui psychosocial de niveau un (1) à Tombouctou, Goundam et Mopti (Savare) et
2/ 10 personnes ont été formées au niveau (2) à Tombouctou.
Participants et formateurs à Mopti, Juillet
2013 (droite), Tombouctou (Gauche)
En mars et avril 2014, la mission du CEGID consiste à évaluer l'impact de la
crise et des réponses existantes en accompagnement psychosocial auprès des
enfants vivant dans un contexte de post-urgence au Mali et en particulier à
Tombouctou. Dans ce cadre, l’ONG CEGID est en train d’ :
1/ Effectuer une évaluation de l’impact de la
crise du Nord Mali sur le bien être psychosocial
et émotionnel de 200 enfants ayant été affectés
par le conflit et
des communautés dans lesquelles ils vivent ;
Visite du Pr. MBAYE à l’Association des
femmes Soroptimistes de Tombouctou,
Mars 2014
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2/ Identifier les indicateurs de résilience et les
besoins d’appui psychosocial précis pour
améliorer le bien-être des enfants ;
3/ Mettre en place un Dispositif Itinérant
d’appui Psychosocial (DIAP) qui permettra
d’accompagner les enfants victimes de post-
trauma identifiés dans le cadre de l’étude en
fédérant les structures locales afin d’offrir des
services pluridisciplinaires.
Visite du Pr. MBAYE à Unicef Tombouctou,
Mars 2014
Associer les acteurs locaux dans la réponse aux
besoins psychosociaux des enfants identifiés
comme étant en situation de post-trauma : Visite
à Enda Mali, Mars 2014
Perspectives : Mettre en place une unité thérapeutique adossée aux
facilitateurs formés en appui psychosocial au sein des communautés
DIAP Tombouctou- Interview réalisée au Mali par Plan avec le
Professeur Serigne Mor Mbaye, Directeur du CEGID
Tombouctou, 25 Mars 2014
Après l’étape de la formation des facilitateurs communautaires, le dispositif itinérant
d’appui psychosocial (DIAP) connaît sa phase opérationnelle à travers le projet
« Soutien à la protection de l’enfance au sein des populations affectées par la crise à
Tombouctou, MLI0170» financé par Plan Suisse. En effet, Plan a, dès les premières
interventions en urgence en Mai 2013 dans la région de Tombouctou, mis en place un
programme de protection en faveur des enfants affectés par la crise et parmi eux les
enfants gravement atteints. C’est dans ce cadre qu’il a été fait appel au Professeur
Serigne Mor Mbaye, psychologue de renommée internationale, ayant une expérience
de plus de 25 ans avec Plan en Afrique de l’Ouest. Depuis Juillet 2013, le professeur
Mbaye apporte son expertise pour la mise en place d’un mécanisme d’appui et de
prise en charge psychosociale qui a déjà fait ses preuves dans d’autres pays de la
sous-région. En visite au Mali pour le lancement officiel de la phase opérationnelle du
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DIAP dans la région de Tombouctou, le Professeur Mbaye nous a accordé une demi-
heure pour nous donner des détails sur sa mission avec Plan au Mali.
Pr. Serigne Mor MBAYE, Photo de Plan
Plan : « Pr Mbaye, qu’est-ce-que le
DIAP ? »
Pr. Mbaye: « Le DIAP est défini comme
le Dispositif Itinérant d’Appui
Psychosocial. Il constitue une réponse à
la préoccupation de Plan à étudier
l’impact des crises sur la santé
mentale et le développement des
enfants. Avant le Mali, 5
études avaient déjà été menées au Togo,
Libéria, en Sierra Leone, au Cameroun, au Burkina Faso. Les résultats de ces études
ont levé le voile sur la situation des enfants victimes de maltraitance, abusées
sexuellement et dans certains cas présentant des symptômes
post-traumatiques. Il s’est alors avéré indispensable, au vu de ces cas, d’instituer un
mécanisme efficient de prise en charge de ces enfants qui
ne pouvaient être laissés à leur propre sort. C’est ainsi qu’est né le DIAP.
Dans la mise en œuvre proprement dite, des chercheurs issus de la communauté sont
formés à des thérapies brèves et un programme spécial d’appui est mis en œuvre
pendant 3 mois. L’intégration et la formation des chercheurs locaux restent une
initiative unique aux retombées positives. Elle a aidé pallier au manque de
psychologues et de psychiatres souvent inexistants dans les régions où se trouvent
ces enfants. Une autre innovation du DIAP a été d’incorporer aux thérapies, les
pratiques culturelles positives pouvant concourir au mieux-être des enfants.»
Plan : « Pourquoi était-il nécessaire de mettre en place le DIAP au Mali et plus
particulièrement à Tombouctou ? »
Pr. Mbaye: « Comme nous le savons tous, la ville de Tombouctou a été occupée
pendant près d’un an par les groupes armés. Cette situation a eu pour conséquence
la désorganisation de la vie sociale, culturelle, relationnelle et affective de ses
habitants. Parmi ces derniers, les femmes et les enfants ont payé le plus lourd tribut.
Pour les enfants, il était interdit de jouer, d’aller à l’école…Ils ont aussi, à plusieurs fois,
vu la violence exercée autour d’eux et certains en ont même été victimes. Pour tout
dire, les droits fondamentaux de la personne humaine et ceux des enfants ont été
bafoués. Il était primordial de mettre en place ce mécanisme d’appui psychosocial qui
est une réponse d’urgence à la situation dont ont été victimes ces enfants.
Plan : « Quelles sont les différentes étapes de mise en place du dispositif ? »
Pr. Mbaye: « Dans le cadre du DIAP à Tombouctou, nous avons dans un premier
temps en Juillet 2013, formé 75 facilitateurs communautaires intervenant dans les
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Espaces Amis des Enfants à Tombouctou et à Mopti. En second lieu, nous avons
formé une dizaine de chercheurs qui sont à présent capables de conduire des
thérapies brèves avec des enfants gravement affectés à Tombouctou. Ces chercheurs
ont été aussi formés à la recherche opérationnelle. Actuellement en cours dans tous
les cercles de la région, cette recherche cible un échantillon
total de 144 enfants et servira à évaluer l’impact de la crise sur le bien-être émotionnel
des enfants. Les résultats de cette étude permettront aux divers acteurs impliqués de
mieux intervenir au côté de 660 enfants ciblés dans cette phase actuelle où
apparaissent les symptômes post-traumatiques. Au-delà de la recherche
opérationnelle, nous faisons aussi l’analyse des institutions présentes dans la région
et susceptibles d’apporter leur contribution à la mise en place d’un dispositif efficace
et efficient. Il est vrai que Plan a pris les devants pour lancer cette initiative, mais
une mutualisation des efforts des différents acteurs de la protection intervenant dans
la région facilitera les systèmes de référencement entre institutions pour une réponse
complète et adaptée à chaque type de besoin. Ces différents acteurs de la protection
de l’enfance ont tenu une réunion de concertation le lundi 24 Mars dans les locaux de
Plan à Tombouctou. »
Plan : « Et quelles sont les actions prévues prochainement ? »
Pr. Mbaye: « Nous prévoyons de former nos 10 chercheurs à la supervision de l’action
des divers acteurs gouvernementaux et autres organisations impliqués dans la mise
en œuvre de la réponse. 35 acteurs communautaires seront aussi formés à des outils
pour détecter rapidement les cas d’enfants gravement atteints et à apporter l’appui
psychosocial adapté. Ensuite, il s’agit de procéder à la restitution des résultats de
l’étude et de formuler des recommandations dont la mise en œuvre constitue un gage
pour la pérennité de cette initiative. Au nombre de ces recommandations, l’implication
des structures de prise en charge sociale de l’Etat dans la phase opérationnelle du
DIAP. Aussi, la formation des enseignants des écoles à l’écoute et à l’appui
psychosocial pour le long terme. »