traduction du droit et droit de la traduction

39
Colloque CECOJI-Juriscope (Poitiers,15-16 octobre 2009) Traduction du droit et droit de la traduction Communication présentée par Jean-Claude Gémar, Professeur émérite (Universités de Montréal et de Genève)

Upload: others

Post on 19-Jun-2022

12 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: Traduction du droit et droit de la traduction

Colloque CECOJI-Juriscope (Poitiers,15-16 octobre 2009)

Traduction du droit et droit de la traduction

Communication présentée

par

Jean-Claude Gémar, Professeur émérite (Universités de Montréal et de Genève)

Page 2: Traduction du droit et droit de la traduction

Le traducteur et le texte juridique. Langage, culture et sens

“Si l’on se tient au pied de la lettre pour en exprimer l’esprit, les victimes des préjudices seront

nécessairement innombrables.”

Liu Yin

Page 3: Traduction du droit et droit de la traduction

Plan de l’exposéPlan de l’exposé

1.

Langue, culture et traduction2.

Le langage du droit, langue de spécialité

3.

Le langage du droit devant la traduction4.

Le texte juridique

et le traducteur

5.

La question de l’équivalence6.

Les limites de l’équivalence

7.

La lettre, l’esprit et le sens

1.

Langue, culture et traduction2.

Le langage du droit, langue de spécialité

3.

Le langage du droit devant la traduction4.

Le texte juridique

et le traducteur

5.

La question de l’équivalence6.

Les limites de l’équivalence

7.

La lettre, l’esprit et le sens

Page 4: Traduction du droit et droit de la traduction

Traduire procède d’une démarche que l’on peut qualifier

d’anthropologique

Traduire procède d’une démarche que l’on peut qualifier

d’anthropologique

Un texte traduit n'est qu'une approximationdu texte de départ,

un reflet en trompe-l’œil de l’original

Un texte traduit n'est qu'une approximationdu texte de départ,

un reflet en trompe-l’œil de l’original

Page 5: Traduction du droit et droit de la traduction

La traduction n’en reste pas moins le principal mode de transfert d’un texte écrit dans une langue vers un texte

rédigé dans une autre langue

La traduction n’en reste pas moins le principal mode de transfert d’un texte écrit dans une langue vers un texte

rédigé dans une autre langue

Elle est sans doute le vecteur le plus

utilisé

dans le monde à

cette fin

Nombre de pays s’y sont illustrés, dont le Canada

Elle est sans doute le vecteur le plus

utilisé

dans le monde à

cette fin

Nombre de pays s’y sont illustrés, dont le Canada

Page 6: Traduction du droit et droit de la traduction

1. Langue, culture et traduction1. Langue, culture et traduction

La langue est le creuset où

se fondl'histoire d'un peuple

Les mots qui la composent et le discours qui l'exprime traduisent les valeurs profondes d’un

patrimoine commun, celui que chaque génération s'efforce de transmettre

en lui imprimant

sa marque:

la «

trace

»

(Glissant),celle de sa «

culture

»

La langue est le creuset où

se fondl'histoire d'un peuple

Les mots qui la composent et le discours qui l'exprime traduisent les valeurs profondes d’un

patrimoine commun, celui que chaque génération s'efforce de transmettre

en lui imprimant

sa marque:

la «

trace

»

(Glissant),celle de sa «

culture

»

Page 7: Traduction du droit et droit de la traduction

Selon Norbert Rouland, «pour forger son

identité, l’homme produit de la différence»

La culture du juriste comporte pour sa part«une solide dimension historique»

(Alland et Rials)

Le fait culturel«résiste

fortement à

l’opération de traduction, d’abord en

raison de son irréductible singularité, de son ancrage dans une culture originelle plus ou moins différente de

la culture réceptrice »

(Bensimon)

Page 8: Traduction du droit et droit de la traduction

Agir sur les langues revient à

agir sur «

les cultures elles-mêmes

»

(Hagège)

Langue et culture sont indissociables.

C’est le défi que doit relever

le traducteur.

Agir sur les langues revient à

agir sur «

les cultures elles-mêmes

»

(Hagège)

Langue et culture sont indissociables.

C’est le défi que doit relever

le traducteur.

Page 9: Traduction du droit et droit de la traduction

Grâce à

la traduction, l’État canadien peut faire fonctionner efficacement ses institutions sur un

territoire immense

Grâce à

la traduction, l’État canadien peut faire fonctionner efficacement ses institutions sur un

territoire immense

Il le fait par le canal de ses deux langues officielles,

l’anglais et le français, inscrites dans sa constitution

(1867, 1982)

Il le fait par le canal de ses deux langues officielles,

l’anglais et le français, inscrites dans sa constitution

(1867, 1982)

Page 10: Traduction du droit et droit de la traduction

À

l’ère du «village global», le besoin de traduire est plus pressant que jamais. L’Union européenne, avec ses 27 États

membres, en est la preuve par

23 langues.

Babel est à nos portes, et la traduction a de beaux jours

devant elle!

À

l’ère du «village global», le besoin de traduire est plus pressant que jamais. L’Union européenne, avec ses 27 États

membres, en est la preuve par

23 langues.

Babel est à nos portes, et la traduction a de beaux jours

devant elle!

Page 11: Traduction du droit et droit de la traduction

Si

l'opération de traduction est bien un acte de communication avant tout,

elle est au moins autant un

acte de foi

du traducteur dans le succès de la communication interlinguistique,

malgré

les obstacles que les langues sèment sur sa route.

Pour atteindre cet objectif,

le traducteur devra-t-il aller jusqu’à

«

amener l’auteur au lecteur

» et

« le lecteur à l’auteur » (Ricoeur)?

Page 12: Traduction du droit et droit de la traduction

Le traducteur a une obligation quadruple à la fois vis-à-vis des langues source et cible

et à l'égard des textes de départ et d'arrivée.

Sa responsabilité devant la société en estd’autant plus grande.

Elle sera plus ou moins lourde selon le type de texte en cause, selon qu'il sera porteur ou non

d'enjeux engageant la totalité ouune partie de la collectivité,

un groupe ouune personne seulement.

Page 13: Traduction du droit et droit de la traduction

2. Le langage du droit, langue de spécialité2. Le langage du droit, langue de spécialité

Chaque domaine possède sa langue, sa manière de penser les choses, avec les mots pour le dire.

Le droit également

Page 14: Traduction du droit et droit de la traduction

En simplifiant la question à l’extrême, le texte juridique présente trois caractéristiques principales

qui le distinguent:

En simplifiant la question à l’extrême, le texte juridique présente trois caractéristiques principales

qui le distinguent:

il s’agit d’un texte normatif

dont la forme (le style) est singulière

et le vocabulaire (ou terminologie), unique.

Page 15: Traduction du droit et droit de la traduction

Aussi le texte juridique, lorsqu’il est transvasé dans une autre langue, peut-il subir des transformations parfois étonnantes.

Cet écart se manifeste dans « l’asymétrie culturelle »,soit le fossé qui sépare culturellement deux termes

et les notions qu’ils véhiculent

QuickTime™ et undécompresseur TIFF (non compressé)

sont requis pour visionner cette image.

Page 16: Traduction du droit et droit de la traduction

4. Le texte juridique et le traducteur

Au fil de leur histoire, la plupart des pays ont recouru

tantôt à la traduction littérale,tantôt à la traduction libre.

Chaque méthode possède ses partisans etses adversaires. Cicéron, déjà, parlait à ce propos

d’interpres ut orator (traducteur ou auteur/écrivain).

Page 17: Traduction du droit et droit de la traduction

Le cas du Canada sur ce point est aussi exemplaire Le cas du Canada sur ce point est aussi exemplaire ququ’’intintééressantressant

On y est passOn y est passéé dd’’un extrun extrêême me àà ll’’autre, de laautre, de latraduction la plus servile,traduction la plus servile,

celle de sa constitution fondatricecelle de sa constitution fondatrice (1867)(1867)::

Page 18: Traduction du droit et droit de la traduction

The The Constitution Constitution ActAct,, 1867, 30 & 31 Victoria, c.3 (U.K.)1867, 30 & 31 Victoria, c.3 (U.K.) Loi constitutionnelle de 1867Loi constitutionnelle de 1867, 30 & 31 Victoria, , 30 & 31 Victoria, chch. 3 (R.. 3 (R.--

U.)U.)

3. 3. It shall be lawful It shall be lawful for for the Queenthe Queen, , by by and with the Advice and with the Advice of of Her Her Majesty's Most Majesty's Most Honourable Privy Honourable Privy CouncilCouncil, to , to declare declare by by Proclamation Proclamation thatthat, on , on and after and after a a Day therein appointedDay therein appointed, not , not being being more more than than Six Six Months after the Months after the passing of passing of this Actthis Act, , the the Provinces Provinces of Cof Canada, Nova anada, Nova ScotiaScotia, , and and New New Brunswick Brunswick shall form and be shall form and be One One DominionDominion under the Name under the Name of of Canada; Canada; and and on on and after that Day and after that Day those Three those Three Provinces Provinces shall form shall form and be and be One One DominionDominion under that under that Name accordinglyName accordingly

[82 mots][82 mots]

3. 3. Il sera loisible Il sera loisible àà

la Reine, de la Reine, de l'avis du l'avis du TrTrèèss--Honorable Honorable Conseil Conseil PrivPrivéé

de Sa Majestde Sa Majestéé, de d, de dééclarer clarer par proclamation qu'par proclamation qu'àà

compter compter du jour y ddu jour y déésignsignéé, mais pas plus , mais pas plus tard que six mois aprtard que six mois aprèès la s la passation de la prpassation de la préésente loi, les sente loi, les provinces du Canada, de la provinces du Canada, de la

NouvelleNouvelle--ÉÉcosse et du Nouveaucosse et du Nouveau--

Brunswick ne formeront qu'une Brunswick ne formeront qu'une seule et mseule et mêême me PuissancePuissance

sous le sous le nom de Canada; et dnom de Canada; et dèès ce jour, s ce jour, ces trois provinces ne formeront, ces trois provinces ne formeront, en consen consééquence, qu'une seule et quence, qu'une seule et mmêême me PuissancePuissance

sous ce nom.sous ce nom.[82 mots][82 mots]

Page 19: Traduction du droit et droit de la traduction

…à l’expression quasiment libre qu’est la corédaction:

Constitution Act, 1982 - Loi constitutionnelle de 1982

Enacted as Schedule B to the Canada Act 1982 (U.K.) 1982, c. 11, which came into force on April 17, 1982.

Whereas Canada is founded upon principles that recognize the supremacy of God and the rule of law: 1. The Canadian Charter of

Rights and Freedoms guarantees the rights and freedoms set out in it subject only to such reasonable limits prescribed by law as can be demonstrably justified in a free and democratic society.

Édictée comme l'annexe B de la Loi de 1982 sur le Canada, 1982, ch. 11 (R.-U.), entrée en vigueur le 17 avril 1982.Attendu que le Canada est fondé

sur des principes qui reconnaissent la suprématie de Dieu et la primauté

du droit :

1. La Charte canadienne des droits et libertés

garantit les droits et libertés

qui y sont énoncés. Ils ne peuvent être restreints que par une règle de droit, dans des limites qui soient raisonnables et dont la justification puisse se démontrer dans le cadre d'une société

libre et démocratique.

Page 20: Traduction du droit et droit de la traduction

Peu importent la méthode et la manière retenues toutefois,

le but de la traduction, quel que soit le domaine du texte à traduire, est

d'atteindre sinon l'utopique identité – soit la traduction « totale » que certains

croient possible – du moinsl'équivalence des textes.

Page 21: Traduction du droit et droit de la traduction

5. Équivalence des termes, équivalence des textes ?

Quelle que soit la nature du texte à traduire, le principe reste le même: faire passer la

teneur du messaged'un texte dans un autre.

QuickTime™ et undécompresseur TIFF (non compressé)

sont requis pour visionner cette image.

Page 22: Traduction du droit et droit de la traduction

Un postulat prime en traduction de textes pragmatiques: seul compte le sens

Des sept «

procédés de traduction

»

définis par Vinay et Darbelnet (1958), l’équivalence

est celui

qui a fait couler le plus d’encre, suscité

le plus

de débats.

Fondée sur le principe de l'universalité

du langage,

l’équivalence constitue un but réalistelorsque les situations sont comparables

Page 23: Traduction du droit et droit de la traduction

Chaque langue

«

impose ses grilles aux objets du monde, en sorte que tout passage

dans une autre n’est au mieux qu’une équivalence

» (Hagège 1985 : 49)

[Je souligne].

En traduction juridique, depuis l’article du juge L.-P. Pigeon,

« La traduction juridique. L'équivalence fonctionnelle »(Meta, 1982),

« l’équivalence fonctionnelle » est la méthode de traduction

la plus généralement suivie.

Page 24: Traduction du droit et droit de la traduction

C’est ainsi qu’au Canada, le législateur, à

l’article 16 (1) de la Charte canadienne des droits et libertés

(1982),

prévoit l’égalité

des deux langues officielles du Canada:

English and French are the official languages of Canada and have equality of status and equal rights and privileges as to their use in all institutions of the Parliament and government of Canada.

Le français et l'anglais sont les langues officielles du Canada; ils ont un statut et des droits et privilèges égaux quant à

leur usage dans les

institutions du Parlement et du gouvernement du Canada.

Page 25: Traduction du droit et droit de la traduction

Il s’ensuit, aux termes de l’article 18 (1), que :

The statutes, records and journals of Parliament shall be printed and published in English and French and both language versions are equally authoritative

Les lois, les archives, les

comptes rendus et les procès-verbaux du Parlement sont imprimés et publiés en français et en anglais, les deux versions des lois ayant également

force de loi

et celles des autres documents ayant même valeur.

[Je souligne]

Page 26: Traduction du droit et droit de la traduction

Telle est la volonté du Législateur. Mais de quelle « équivalence » parle-t-on ?

Est-ce que les termes Dominion

et «

Puissance

» que présente la Constitution de 1867 sont

équivalents

?

Allons plus loin. Est-ce que les termes ci-dessous donnés comme équivalents dans la plupart des dictionnaires bilingues et multilingues, s’équivalent vraiment

?

Rule of LawÉtat de droit

Rechtsstaat

Page 27: Traduction du droit et droit de la traduction

Dans un tel cas ces termes se situent sur un plan

d’équivalence « fonctionnelle »

Stricto sensu, la réalité

que désigne chacun d’eux, soit la manière de concevoir

l’État de droit,

est propre à

chaque pays,et donc unique dans ses modalités.

Elle n’en correspond pas moins, lato sensu, à un principe bien établi dans les démocraties

occidentales:

l’État édicte des règles qu’il s’appliqueà lui-même.

Page 28: Traduction du droit et droit de la traduction

6. Limites de l’équivalence

•L’équivalence – réelle ou supposée – des textes s’étend-elle à leurs effets, à l’incidence pratique du texte juridique ?

•Ce problème d'équivalence des effets juridiques du texte traduit par rapport à l’original ne se pose pas dans les mêmes termes pour le traducteur et pour le juriste. Les préoccupations de l’interprète de la loi ont trait notamment

• « à l’incidence pratique de la loi, à la sécurité juridique et à la rationalité du droit »

•(Côté 2009 : 178)

• aspects étrangers aux préoccupations linguistiques du traducteur

Page 29: Traduction du droit et droit de la traduction

Mais cette équivalence est-elle aussi réelle que le pense

le législateur?

Mais cette équivalence est-elle aussi réelle que le pense

le législateur?

Dans l’exemple qui suit, tiré

des définitions présentées en tête du Code criminel du Canada, on notera les effets de la polysémie et les différences qu’elle entraîne d’une langue à

l’autre.

L’ambiguïté

du terme anglais property

oblige le

rédacteur

français à

présenter ses deux sens «

biens

»

et «

propriété

»,

ce qui n’est pas de nature à

en faciliter l’interprétation.

Dans l’exemple qui suit, tiré

des définitions présentées en tête du Code criminel du Canada, on notera les effets de la polysémie et les différences qu’elle entraîne d’une langue à

l’autre.

L’ambiguïté

du terme anglais property

oblige le

rédacteur français à

présenter ses deux sens

«

biens

»

et «

propriété

»,

ce qui n’est pas de nature à

en faciliter l’interprétation.

Page 30: Traduction du droit et droit de la traduction

Criminal Criminal Code of CanadaCode of Canada. . Code criminel du CanadaCode criminel du Canada (R.S. 1985, c. C(R.S. 1985, c. C--46)46)

"property" includes"property" includes[...][...](c) (c) any any postal postal cardcard, postage , postage stamp stamp

or or other stamp issued other stamp issued or or prepared prepared for issue for issue under the under the authority authority of of Parliament Parliament or or the the legislature legislature of a province for of a province for the the payment payment to to the the Crown or a Crown or a corporate corporate body of body of any feeany fee, rate , rate or or dutyduty, , whether whether or not or not it is it is in in the the possesspossession of ion of the the Crown or Crown or of of any personany person;;

«« biensbiens »» ou ou «« propripropriééttéé »»[...][...]cc) toute carte postale, tout timbre) toute carte postale, tout timbre--poste poste

ou autre timbre ou autre timbre éémis, ou prmis, ou prééparparéé pour pour êêtre tre éémis, sous lmis, sous l’’autoritautoritéé du du Parlement ou de la lParlement ou de la léégislature gislature dd’’une province en vue du une province en vue du paiement, paiement, àà la Couronne ou la Couronne ou àà une une personne morale, dpersonne morale, d’’honoraires, de honoraires, de droits ou de taxes, que les susdits droits ou de taxes, que les susdits soient ou non en la possession de la soient ou non en la possession de la Couronne ou de quelque personne.Couronne ou de quelque personne.

Page 31: Traduction du droit et droit de la traduction

Les limites de l’équivalence des mots, termes et expressions lorsqu’ils passent au crible de la traduction sont vite atteintes lorsque l’on se penche d’un peu plus près sur leur correspondance d’une langue à

l’autre, trop souvent tenue pour aquise.

Un exemple suffira pour le démontrer.Je l’ai relevé

dans le

«

Règlement de procédure et de preuve »de la Cour pénale internationale (CPI/ICC) adopté

par

l’Assemblée des États Parties à

New York, en septembre 2002. Les deux langues officielles de la Cour sont

l’anglais et le français.

Un exemple suffira pour le démontrer.Je l’ai relevé

dans le

«

Règlement de procédure et de preuve »de la Cour pénale internationale (CPI/ICC) adopté

par

l’Assemblée des États Parties à

New York, en septembre 2002. Les deux langues officielles de la Cour sont

l’anglais et le français.

Page 32: Traduction du droit et droit de la traduction

La Règle 144 (Prononcé des décisions de la Chambre de première instance) prévoit ceci:

2. Des copies de toutes les décisions susmentionnées sont fournies le plus rapidement possible :

a) À tous ceux qui ont participé à la procédure, dans une langue de travail de la Cour;[...]

Page 33: Traduction du droit et droit de la traduction

[[……]]

(b) (b) The accusedThe accused, in a , in a language he language he or or she she fullyfully understands understands or or speaksspeaks, if, if necessary necessary to to meet the requirements meet the requirements of of fairness under fairness under article 67, article 67, paragraphparagraph

1 (f).1 (f).

b) b) ÀÀ ll’’accusaccuséé dans une dans une langue qulangue qu’’il comprend il comprend et parle et parle parfaitementparfaitement, , pour pour satisfaire si satisfaire si besoin est aux besoin est aux exigences de lexigences de l’’ééquitquitéé conformconforméément au ment au paragraphe 1 f) de paragraphe 1 f) de ll’’article 67.article 67.

Page 34: Traduction du droit et droit de la traduction

La différence saute aux yeuxLa différence saute aux yeux

Elle n’a d’ailleurs pas échappé à un accusé (ou, plutôt, à ses avocats...), qui fait appel du jugement le condamnant rendu en première instance.Il allègue que les deux adverbes employés,

fully et parfaitement,ne sont pas équivalents et qu’en outre, s’agissant d’une

question de langue, l’exigence de perfectionque fixe l’adverbe du texte français estune condition impossible à satisfaire.

L’appel est porté devantla Chambre d’appel de la CPI.

Cui bono ?

Page 35: Traduction du droit et droit de la traduction

La question pourrait donner lieu La question pourrait donner lieu àà un dun déébat interminablebat interminable

entre linguistes entre linguistes –– francophones et anglophones.francophones et anglophones.

Elle dElle déépasse le simple problpasse le simple problèème terminologique me terminologique de correspondance de correspondance –– tel mot correspondtel mot correspond--il il àà tel tel

autreautre ? ? –– et se pose plutet se pose plutôôt t sur un plan sur un plan anthropologiqueanthropologique ooùù chaque groupement humain chaque groupement humain

organise sa culture, sa organise sa culture, sa WeltanschauungWeltanschauung,,selon la reprselon la repréésentation intellectuelle et affective sentation intellectuelle et affective

ququ’’il se faitil se faitdu monde qui ldu monde qui l’’entoure. entoure.

Page 36: Traduction du droit et droit de la traduction

7. La lettre, l’esprit et le sens

Traduire«

signifie transmettre le sens des

messages que contient un texte et non convertir en une autre langue

la langue dans laquelle il est formulé

»

(Seleskovitch 1979

: 7)

Page 37: Traduction du droit et droit de la traduction

La croyance que la traduction est possible repose sur le principe de l’équivalence des situations plutôt que

sur l’équivalence supposée des langues.

Les « mots » du texte de départ disparaissent pour réapparaître sous une autre forme, celle d’un texte (d’arrivée) exprimant à la fois

le message véhiculé par le texte de départ et son esprit.

Car, comme le pense Paul Ricoeur,

« il est toujours possible de dire la même chose autrement »

Page 38: Traduction du droit et droit de la traduction

L'opération traduisante, comme tout acte de langage, est une opération approximative. Le

texte juridique n’échappe pas à la malédiction

de Babel.

L'opération traduisante, comme tout acte de langage, est une opération approximative. Le

texte juridique n’échappe pas à la malédiction

de Babel.

Or, produire une traduction satisfaisante du double point de vue de la lettre et de l'esprit

est la fonction même du traducteur, sa « tâche » (Benjamin)

Or, produire une traduction satisfaisante du double point de vue de la lettre et de l'esprit

est la fonction même du traducteur,sa « tâche » (Benjamin)

QuickTime™ et undécompresseur TIFF (non compressé)

sont requis pour visionner cette image.

Page 39: Traduction du droit et droit de la traduction

À charge pour lui de réaliserÀ charge pour lui de réaliser

la « construction du comparable » (Ricoeur)la « construction du comparable » (Ricoeur)

QuickTime™ et undécompresseur TIFF (non compressé)

sont requis pour visionner cette image.